symposium n°7 **** petroglyphes et art...

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SYMPOSIUM N°7 **** PETROGLYPHES ET ART RUPESTRE PETROGLYPHS AND ROCK ART PETROGLIFOS Y ARTE RUPESTRE ETUDE SUR LES PETROGLYPHES DE GUYANE Premiers résultats Marlène et Guy MAZIERE Les roches gravées sont présentes dans l’ensemble des aires amazonnienne et caraïbe. Pour la région Guyane, en 1992, à partir de la documentation existante, on dénombrait dix sites à pétro- glyphes et un site d’assemblages de pierres (Dubelaar, 1985, Rostain, 1987). Depuis, les recherches engagées sur l’ensemble des sites à gravures du département ont permis la découverte ou redé- couverte de onze nouveaux sites à pétroglyphes (le complexe gravé de La Carapa à Kourou, cinq roches à Rémire, deux à Roura, une aux sources du Marouini, l’ensemble des roches gravées de la Montagne d’Argent, une gravure sur l’île Saint-Joseph) et un nouveau site d’alignements de pierres sur la roche Touatou au sud de Camopi (fig. 1). Des études pluridisciplinaires accompa- gnées de sondages ont été entreprises sur certains sites (La Carapa, le Marouini, Kaw). Par ailleurs, une première campagne de moulages a été réalisée sur les roches de la crique Pavé, du Serpent de Pascaud, de la Carapa et de Kaw qui sera poursuivie en 1996 sur les autres sites. Cette approche répond à trois objectifs principaux : la conservation du document à un moment donné, la possibi- lité d’étudier le document en laboratoire et la présentation à un large public des oeuvres difficile d’accès. Actuellement, neuf sites font l’objet de traitements informatiques (CD-Rom, restitutions photo- grammétriques..) : La Carapa, Kaw, La crique Pavé, Pascaud, Evrard, Le Marouini 1 et 2, le site d’assemblage de la borne 1 et celui de la roche Touatou). INVENTAIRE ET RELEVES D’ART DES PETROGLYPHES DE GUYANE Autrement que dans les cavernes où l’art pariétal se trouve dans des milieux confinés à atmo- sphère constant, l’art rupestre de plein air est soumis directement aux agressions bioclimatiques naturelles et aux effets altéragènes de la présence humaine. Dans les milieux très éloignés de l’ur- banisation, ces vestiges ne souffrent, avec une relative lenteur, que des altérations naturelles. Dans les milieux où, pour des motifs divers, l’Homme manifeste sa présence, l’art rupestre subit le plus souvent, de façon sensible et rapide, des dommages parfois irréversibles. 373

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  • SYMPOSIUM N°7****

    PETROGLYPHES ET ART RUPESTRE

    PETROGLYPHS AND ROCK ART

    PETROGLIFOS Y ARTE RUPESTRE

    ETUDE SUR LES PETROGLYPHES DE GUYANEPremiers résultatsMarlène et Guy MAZIERE

    Les roches gravées sont présentes dans l’ensemble des aires amazonnienne et caraïbe. Pour larégion Guyane, en 1992, à partir de la documentation existante, on dénombrait dix sites à pétro-glyphes et un site d’assemblages de pierres (Dubelaar, 1985, Rostain, 1987). Depuis, les recherchesengagées sur l’ensemble des sites à gravures du département ont permis la découverte ou redé-couverte de onze nouveaux sites à pétroglyphes (le complexe gravé de La Carapa à Kourou, cinqroches à Rémire, deux à Roura, une aux sources du Marouini, l’ensemble des roches gravées de laMontagne d’Argent, une gravure sur l’île Saint-Joseph) et un nouveau site d’alignements depierres sur la roche Touatou au sud de Camopi (fig. 1). Des études pluridisciplinaires accompa-gnées de sondages ont été entreprises sur certains sites (La Carapa, le Marouini, Kaw). Par ailleurs,une première campagne de moulages a été réalisée sur les roches de la crique Pavé, du Serpent dePascaud, de la Carapa et de Kaw qui sera poursuivie en 1996 sur les autres sites. Cette approcherépond à trois objectifs principaux : la conservation du document à un moment donné, la possibi-lité d’étudier le document en laboratoire et la présentation à un large public des oeuvres difficiled’accès.Actuellement, neuf sites font l’objet de traitements informatiques (CD-Rom, restitutions photo-grammétriques..) : La Carapa, Kaw, La crique Pavé, Pascaud, Evrard, Le Marouini 1 et 2, le sited’assemblage de la borne 1 et celui de la roche Touatou).

    INVENTAIRE ET RELEVES D’ART DES PETROGLYPHES DE GUYANE

    Autrement que dans les cavernes où l’art pariétal se trouve dans des milieux confinés à atmo-sphère constant, l’art rupestre de plein air est soumis directement aux agressions bioclimatiquesnaturelles et aux effets altéragènes de la présence humaine. Dans les milieux très éloignés de l’ur-banisation, ces vestiges ne souffrent, avec une relative lenteur, que des altérations naturelles.Dans les milieux où, pour des motifs divers, l’Homme manifeste sa présence, l’art rupestre subit leplus souvent, de façon sensible et rapide, des dommages parfois irréversibles.

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  • Les relevés

    Pour réaliser le répertoire graphique des pétroglyphes de Guyane, nous avons choisi l’instrumentphotographique comme moyen d’enregistrement des données mais aussi comme moyen d’analy-se et d’interprétation des gravures. Le cliché photographique accompagné de son exploitation parles méthodes informatiques modernes est un moyen précieux de traiter le sujet des pétroglyphes.En effet, sa manipulation, -somme toute accessible à qui souhaite investir son temps et sa réflexionau sujet-, ses possibilités très étendues de traitement, sa faculté de préservation de l’oeuvre, lasupériorité de «l’oeil» photographique sur la perception humaine, en font un excellent instrumentde travail. Bien entendu, tout cela n’exclut pas l’analyse de terrain, les observations faites sur place,la part importante de l’appréhension sensible et intuitive de l’archéologue devant l’oeuvre. Toutcela accompagné, comme nous l’avons évoqué plus haut, de l’étude du support et de son envi-ronnement.

    La photogrammétrie non stéréoscopique

    La photogrammétrie stéréoscopique est la méthode idéale pour constituer une précieuse biblio-thèque de répliques tridimensionnelles des vestiges archéologiques. Malheureusement, elle estcoûteuse par le prix du matériel qui est mis en oeuvre et le temps de traitement des données pardes personnes hautement qualifiées. D’où l’intérêt d’une méthode simplifiée, par exemple : le sys-tème ELCOVISION de LEICA.

    La chambre de prise de vues est un simple appareil reflex sur lequel a été adapté un fond dechambre gravé de croisillons permettant la calibration de l’image. Les clichés sont réalisés dans unbut photogrammétrique : 2 images d’un point de vue différent du même objet, mais sans souci destéréoscopie ; seul le recouvrement maximum des images sera assuré pour une exploitation opti-male. Les films 24/36 sont agrandis et tirés sur papier. Ces tirages sont disposés sur une table àdigitaliser sur laquelle on déplace un capteur numérique qui permet, point par point, une explo-ration fine de la géométrie des deux clichés.Un logiciel de photogrammétrie traite les mesures : orientation des images et permet une restitu-tion en trois dimensions des points caractéristiques de l’objet. Ces points seront exploités pour réa-liser un dessin tridimensionnel. Le résultat est sensiblement le même que dans la méthode stéréo-scopique mais, de la prise de vues au dessin, la réalisation est simplifiée et plus rapide. Une per-sonne polyvalente dans le domaine de la géométrie et familiarisée au traitement des données infor-matiques peut mettre en oeuvre ce type de système.La photogrammétrie est l’outil idéal pour la conservation du patrimoine archéologique. Grâce autraitement numérique des informations, des systèmes photogrammétriques simples et bon marchéont vu le jour. Les perspectives dans ce domaine sont donc prometteuses et portent déjà leurs fruitsen Guyane grâce à la collaboration de la société SATTAS.En effet, un travail a été engagé pour le traitement par photogrammétrie des principaux sites àpétroglyphes de Guyane. L’avantage de cette méthode réside dans la rapidité d’exécution sur le terrain mais il faut savoirque la partie la plus longue (et la plus coûteuse) d’un relevé photogrammétrique se passe loin dusite. Les photographies sont exploitées sur un matériel informatique spécifique avec des logicielsadaptés. Par ailleurs, la photogrammétrie est une méthode de relevé géométrique, il ne faut doncpas en attendre une interprétation archéologique de l’oeuvre qui ne peut venir que d’un spécialis-te de ce domaine. Il faut donc instaurer un dialogue entre le photogrammètre et l’archéologue pourle choix des détails à représenter et la façon de le faire.

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    Pour certains sites, l’état de dégradation des surfaces décorées peut être alarmant : les actionsconjuguées, depuis des siècles, des érosions naturelles, surtout des desquamations liées à la schis-tosité du support (Carapa) et pour certaines (Mahury) des altérations anthropiques, fournissent unexemple de ce que la nature et l’homme peuvent additionner en matière de dégradation de l’art rupestre de plein air.Les nécessités de la mise en valeur d’un territoire, pour son développement économique et pouraméliorer les conditions de vie des populations, entraînent, dans tous les cas, des contraintes surl’environnement. Proches ou non des zones industrielles et de leurs cortèges de nuisances et depollution, les zones d’art rupestre de plein air plus ou moins aisément accessibles au public subis-sent de façon plus ou moins apparente, lente ou rapide, des altérations.Il faut bien être conscient que l’art rupestre de plein air est un art fossile soumis aux effets atmo-sphériques et qu’il est inéluctablement en voie de disparition.

    Les buts de l’étude entreprise couvrent un champs très large, de répertoire, d’étude et de préser-vation de ce patrimoine fragile. Ils comprennent :

    - La réalisation d’un inventaire complet des sites d’art rupestre de Guyane ;- l’étude des phénomènes qui participent aux processus de dégradation de l’art rupestre ou de

    son environnement immédiat ;- l’instruction des dossiers en vue d’une protection au titre des sites ou d’un classement au

    titre des Monuments Historiques ;- la mise en place d’un enregistrement systématique de toutes les données avec l’ensemble des

    moyens mis à notre disposition : relevés par projection de l’image, relevés topographiques parrayons laser, enregistrement informatique, vidéo, moulages..

    - la mise en valeur de ces sites dans une optique éducative et sociale ;

    LES METHODES D’APPROCHE

    La prospection-inventaire

    Sur le terrain, la découverte de sites d’art rupestre est très aléatoire, il n’est pas possible d’envisa-ger de prospection systématique devant les nombreuses difficultés pratiques qu’une telle explora-tion entraîne : temps disponible, moyens financiers et matériels, milieu tropical, etc....En revanche, à partir d’un site ou d’un groupe de stations déjà connus, parfois depuis longtemps,en général a proximité de voies de circulation, anciennes ou actuelles (routes, pistes, fleuves ourivières), un quadrillage du terrain peut aboutir à de nouvelles découvertes, comme c’est le cas, surle Mont Mahury ou la seconde roche du Marouini.Par ailleurs, le dépouillement systématique de tous les documents d’archives et des ancienscadastres ainsi que les relations des premiers voyageurs, nous apportent des indices et nous per-mettent d’organiser nos prospections de façon rationnelle. Nous avons pour exemples le site de LaCarapa à Kourou ainsi que ceux de la Montagne Anglaise et de la Montagne d’Argent.

    Une bonne cartographie des gisements d’art nous permettra d’étudier la répartition géographiquedes sites dans un secteur donné : densité, distances relatives entre eux, interrelations chrono-sty-listiques et socioculturelles. Elle mettra également en relation les sites avec les formes du relief, lastructure topo-géologique du terrain et les roches support.

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  • Dès 1993, un programme d’étude, de protection et de valorisation a été mis en place dans un cadrede partenariat Etat-Municipalité-C.S.G.-Europe, comprenant la fouille, les relevés d’art, le moulagecomplet des roches, la protection provisoire du site par la construction d’un carbet, une étude defaisabilité pour la consolidation de la roche et une étude architecturale de mise en valeur.

    Les gravures sont réalisées sur un support identifié par J.P.Cautru, géologue au BRGM, comme un«micaschiste sombre à biotite et amphibole dominantes à rares quartz et feldspath et grenat tour-maline accessoires», dit «gros hipoppotames de savanes».

    Les gravures sont présentes sur au moins cinq bancs rocheux et peuvent être regroupées en pan-neaux localisés sur les deux flancs des roches (fig. 2).. L’ensemble des figurations est assez homo-gène (fig. 3). Il s’agit de personnages schématiques aux tracés filiformes d’environ 30 à 50 cm dehauteur en moyenne. La construction est simple : un trait vertical compose l’axe du corps, la têtetriangulaire vient s’appliquer dans la partie supérieure du trait, les bras et les jambes étant à leurtour gravés sans toutefois surimposer le trait principal ; les yeux sont circulaires, d’un diamètre de10 à 12 mm environ et paraissent creusés au foret. Si le trait axial dépasse rarement le sommet dela tête, il n’en est pas de même pour la partie inférieure qui se prolonge souvent de plusieurs cen-timètres, ce qui peut faire penser à un appendice sexuel. Les doigts des mains et des pieds peuventêtre au nombre de 3, 4 ou 5. Une coiffe, quadrillée dans certains cas, se trouve ajoutée sur certainestêtes. On trouve un petit corps entre les jambes d’un sujet, ou sur sa poitrine, ou encore des têtes àla place des mains (fig. 4).

    Un enregistrement photographique systématique et exhaustif a été réalisé par Norbert Aujoulat,Ingénieur au Centre National de Préhistoire, spécialiste des relevés d’art pariétal. A partir des données topographiques du site fournies par les géomètres du Centre spatial guyanais,puis des observations réalisées par l’équipe chargée du moulage des roches, la localisation et l’iden-tification des figures, ainsi qu’un examen minutieux des surfaces, ont été effectués. A la suite de cesobservations, 34 groupes de figures ont été enregistrés, soit un total de 232 entités.Une esquisse graphique de ces représentations a été réalisée sur calque directeur, application auto-risant l’identification des figures et leur répartition au sein de chaque panneau, cet ensemble dedocuments ayant valeur métrique.La couverture photographique de l’intégralité des figures reconnues a été réalisée sur film inver-sible couleur au format 35 mm. Les plus représentatives ont fait l’objet d’un enregistrement sur filmau format 120, inversible et noir-et-blanc. Des couples stéréophotographiques et des macrophoto-graphies ont été réalisés pour une étude plus spécifique des figures majeures du site (fig. 5).

    Les fouilles effectuées au pied et autour des roches se sont avérées très décevantes ; en effet, aucu-ne couche archéologique n’a pu être mise en évidence et les quelques éléments mobiliers recueillis-quartz taillés ou rares tessons de poterie très localisés- apportent peu d’indications.

    Le nombre de bancs rocheux gravés -au moins 5-, le nombre de figurations, l’état des gravures -lesunes paraissant mieux conservées que les autres, sont autant d’éléments qui peuvent évoquer uneoccupation assez longue du site ou des visites répétées sur un laps de temps assez long.

    Deux observations ont pu être notées et feront l’objet d’une étude plus approfondie :

    . La présence de nombreuses cupules sur l’ensemble des roches supportant des gravures et leurquasi absence sur les autres. Profondes de près de 2 cm, elles ont un diamètre variant de 1,5 cm à3,5 cm, elles sont situées très souvent au sommet des blocs (fig. 6) ou bien sur des roches emergeantau niveau du sol et se trouvent de ce fait très érodées.

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    C’est ce qui a pu être mis en place en Guyane entre la Société SATTAS et le Service d’Archéologie,par l’intermédiaire de deux personnes (H. Sec et D. Bironneau) qui accordent un vif intérêt à l’ar-chéologie et aux pétroglyphes.

    Enregistrement photographique, analyse d’image, analyse statistique, archivage, diffusion.....Un enregistrement photographique systématique et exhaustif a été débuté par Norbert AUJOU-LAT, Ingénieur au Centre National de Préhistoire et spécialiste des relevés d’art pariétal sur lessites de La Carapa, du Mont Mahury et de Kaw L’ensemble de ces photographies, environ 800,fait actuellement l’objet d’un traitement informatique pour la réalisation d’un CD-Rom.

    “Les travaux relatifs à l’étude des graphismes sur support lithique impliquent nécessairement unesérie d’opérations ayant trait, d’une part, à l’enregistrement des données collectées in situ et à leurtraitement et, d’autre part, à la diffusion des résultats obtenus.Afin d’optimiser l’enchaînement de ces différentes étapes, nous avons proposé -dans le cadre rela-tif à l’étude des gravures rupestres de Guyane- d’appliquer et d’adapter à ce milieu -nouveau à lafois par ses caractéristiques géographiques, matérielles et thématiques- l’ensemble du dispostitifmis en place pour la recherche sur l’art pariétal paléolithique d’Europe occidentale.Notre approche consiste, en outre, à lier à l’enregistrement photographique traditionnel sur le ter-rain, les capacités de création, d’archivage, d’analyse et de transfert des données qu’offre l’instru-ment informatique. Son rôle ne se limite pas seulement à la mise en forme de données textuelles,mais participe à la création de documents graphiques (cartes, topographies, relevés), au traitementdes données (analyse statistique, analyse d’image...), à la traduction et à la diffusion de l’informa-tion sous ses différentes déclinaisons : fichiers, banque d’images, édition papier et CD-Rom...

    L’originalité du dispositif proposé réside non seulement dans les facilités de saisie, de consultationet d’exploitation du fonds documentaire collecté, mais aussi dans les possiblités d’évolution per-manente à la fois du procédé informatique mis en place et dans les facultés de réactualisation destraductions et des interprétations proposées des données, qu’elles soient textuelles, sonores ou gra-phiques. En outre, la forme de la structure de consultation et celle des modalités d’accès peuventsuivre des protocoles personnalisés. Ainsi, nous avons proposé, pour l’art rupestre de Guyane, uneversion spécifique de la base documentaire HADES, initialement élaborée pour la gestion de l’ico-nographie paléolithique des grottes et abris ornés d’Europe.Pour une diffusion étendue de ce patrimoine, le fonds documentaire recueilli est traduit sur CD-Rom, vecteur sélectionné à la fois pour ses capacités élevées d’archivage et son universalité dansla diffusion des informations. De plus, cette base documentaire HADES-Guyane sera portée surInternet.” (N. Aujoulat, 1995).

    PRESENTATION DES SITES

    KOUROU - La CarapaDans le cadre de l’élaboration de la carte archéologique de la Guyane, un recensement des sites àpétroglyphes a été entrepris par le Service régional d’archéologie dès sa création en 1992. C’est àFrançois Colin, chef du service du cadastre et à Yves Dejean, adjoint au directeur du Centre SpatialGuyanais, que nous devons la redécouverte de cet important site à gravures.Après avoir figurées sur le cadastre de 1904, ces roches étaient tombées dans l’oubli jusqu’en 1955,date à laquelle elles seront à nouveau mentionnées, sans localisation précise, dans l’ouvrage “meschasses aux papillons” publié par Eugène Le Moult qui en donne un croquis fait de mémoire.

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  • Les gravures sont réalisées par piquetage comme celles du Serpent de Pascaud et de Pallulu ainsique celle de la montagne Favard à Kaw.Les yeux sont formés par des cupules de 1 à 1,5 cm de profondeur et 2 à 3 cm de diamètre. La lar-geur du trait est en moyenne de 1,5 cm pour une profondeur de 1 cm.

    Ces roches se trouvent dans un abattis où la pente est relativement forte. Une fouille à la base desblocs permettra de préciser s’ils sont bien dans leur position originelle.

    ROURA -Les roches gravées de la Montagne Anglaise-

    De l’intérêt de l’étude des archives, cartes et plans anciens.

    C’est en 1743 que des gravures amérindiennes sont signalées sur la Montagne Anglaise. En effet,dans un texte retrouvé au Service du Cadastre à Cayenne, l’arpenteur royal Molinié, chargé dedélimiter la propriété du Sieur Tisseau, relate ses recherches de la façon suivante :

    «... Nous serions enquis a une vieille négresse nommée Caco trouvée sur ladite habitation ; ou pourroit êtreune grosse roche de figure humaine, laquelle nous auroit dit ne la point sçavoir, ce que voyant ledit SieurLeau, il auroit parcouru les abatis dudit Sieur Tisseau et seroit venu nous dire qu’il avoit trouvé ladite rochesurquoy nous dit arpenteur nous serions transporté au dit lieu ou effectivement nous aurions vu plusieursroches gravées de quelques figures mais entrautres une plus remarquable sur laquelle il y a au bout du cottédu levé du soleil une tête face humaine grande en rencontre et pareille figure sur le cotté gauche de la diteroche et ne pouvant doutter que ce ne soit celle désignée en la dite sentance nous avons, en exécution de cettesentance pour notre point de partence de ladite roche qui est au sud sud est de la case du dit Sieur JeanTisseau, environ cinquante pas au dessus de la dite case, nous aurions sur le dessus de la dite roche fait gra-ver une fleur de lis et de cet endroit aurions tiré une ligne au sud ouest contenant trente trois pas un pied decontenance...»1743, Molinié, arpenteur royal. Habitation Tisseau, Montagne anglaise. (extrait -traduction Y. LeRoux).

    L’arpenteur du Roi a gravé une fleur de lys sur un rocher déjà gravé par les «sauvages». Nousétions donc en possession d’une information majeure pour nos recherches, mais il nous fallut deuxannées et de nombreuses journées de prospections dans la montagne pour enfin, un jour de février1995, en compagnie de François Colin et Pierre Thibeaudeau, découvrir ces roches tant cherchées.Ne possédant aucune indication de dimensions, nous imaginions la roche dite «remarquable» deMolinié comme un gros rocher assez imposant. Or, il s’agit en fait d’un bloc parallélépipédique de85 cm de long pour une hauteur moyenne de 60 cm et une largeur de 50 cm.

    La fleur de lys est gravée sur le dessus du bloc, dans sa partie supérieure qui est relativementplate. Elle est très bien gravée, avec un trait régulier assez profond et bien maîtrisé (fig. 8). Le trait,à section triangulaire, semble réalisé avec un instrument métallique.Sur la face Est du bloc, une figure évoquant une face humaine est sculptée (fig. 9). On peut en effetrattacher cette oeuvre à la sculpture car l’artiste a certainement eu la volonté de donner du relief àsa représentation et s’est servi de la forme du bloc pour travailler son sujet. Une partie a du mal-heureusement être endommagée par l’érosion et se trouve amputée.Cette figure est tout-à-fait remarquable et diffère nettement des gravures connues en Guyane etmême peut-être en Amazonie. On peut en effet, en observant cette figure, évoquer certaines repré-sentations des plateaux andins ou d’Amérique centrale.

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    La démarche anthropique de ces témoignages peut être validée par le fait que nous retrouvons cescupules -en plus ou moins grand nombre- sur la plupart des sites gravés de Guyane.Une étude devra donc être entreprise sur l’importance et éventuellement la signification liée à cescupules.

    . Deux types de polissoirs sont visibles sur les roches de La Carapa. Les uns, ovalaires, se trouventà proximité d’une réserve naturelle d’eau et ont pu permettre l’aménagement de la partie plate depetites haches. Les autres sont du type «polissoirs en rainure» et ont pu servir à la confection depointes ou au réaffûtage de tranchants.Sur la roche du Marouini, un polissoir circulaire assez profond est également présent sur l’une desfaces. Il est intéressant de noter que les auteurs des gravures aménageaient leurs outils directementsur place et il sera certainement possible de faire un lien entre les sites éloignés d’un lieu de polis-sage, comme par exemple Le Marouini et ceux proches de roches à polissoirs comme la criquepavée au pied du Mahury.

    Les moulages

    Le moulage complet de toutes les roches présentant des gravures -soit 104 m2- a été effectué parGeorges Brocot, Ingénieur au Centre National de Recherche Archéologique Subaquatique, avec lacollaboration de Régis Picavet de la société Lythos et Abel Prieur, ingénieur de recherche au CNRS.Il s’agissait de “mémoriser” l’ensemble des témoignages anthropiques parvenus jusqu’à nous. Eneffet, certaines informations (traits, cupules, sujets en partie effacés...) sont appelées à disparaîtredans les prochaines années quelque soit la protection adoptée.Hormis la possibilité d’une présentation au public dans le cadre d’un musée ou d’expositions, lesmoulages permettent une étude scientifique des gravures beaucoup plus facile et complète que surl’original ; en effet, apparaissent sur les moulages des éléments gravés que l’on distingue difficile-ment sur la roche en place.

    REMIRE-MONTJOLY-Abattis Evrard

    Deux nouvelles roches gravées ont été découvertes sur le Mont Mahury, à proximité du vieuxbourg de Rémire et signalées au service d’archéologie par Olivier Puaux, contractuel AFAN.Une distance de 2 m 40 sépare les deux blocs et leur disposition évoque la délimitation d’une entréeou d’un passage vers le sommet de la montagne. La roche 1 présente sur sa face la plus plate, orientée vers l’est, la gravure d’un personnage tout enrondeur qui fait penser à la représentation commune du fantôme (fig. 7). Le panneau mesure 66 cmde haut pour 60 cm de large. La face nord, dont les dimensions sont de 1 m 55 de long pour unemoyenne de 60 cm de haut, présente également une gravure à l’extrémité est du panneau où figu-re un corps identique à celui précédemment décrit, mais sans tête.

    La roche 2, de forme parallélépipédique, est gravée, sur sa face est, du même personnage «fantô-me», mais sans bras et représenté couché -il ne semble pas, a priori, que ce bloc ait été dressé diffé-remment à un moment donné-. Ce panneau mesure 90 cm de large pour 70 cm de haut. La face nord-de 70 cm de large et 65 cm de haut- présente également, dans sa partie est, une représentation iden-tique mais sans que la tête se détache alors que les yeux sont apparemment bien représentés.

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  • Deux techniques de gravures distinctes peuvent être observées. Les gravures situées au sud dupanneau (représentations anthropomorphes) sont réalisées par un piquetage complet du person-nage représenté qui atteint 0,5 cm de profondeur en moyenne (fig. 12). Il a du être réalisé au moyend’une pierre dure vraisemblablement une pointe mousse en quartz, par pression et rotation pro-voquant une forte abrasion de la roche.Au centre du panneau, deux figures ont été traitées de façon très différente, en utilisant le trait pro-fond, permettant de mettre en évidence les formes, notamment la partie centrale du personnage(abdomen), la tête ayant par contre été creusée sous forme de cupule. Cette technique donne auxfigures un aspect de relief. Elles ne sont cependant lisibles qu’à la faveur d’un certain éclairage etsous un certain angle de vue.

    On trouve ensuite une figure énigmatique composée d’une forme géométrique supportant undemi-cercle évoquant une couronne. Le demi-cercle est réalisé par piquetages et le triangle pré-sente un trait de contour effectué également par piquetages avec l’intérieur aménagé par bouchar-dage.

    A l’extrémité nord de la roche, dans une cassure, on peut voir un grand personnage réalisé enpiquetage léger dont seules les jambes pliées ont été légèrement creusées pour les mettre en évi-dence.

    Les représentations qui se trouvent sur cette roche sont très conformes aux figurations amérin-diennes : anthropomorphes ou zoomorphes, position toujours identique des bras levés et jambesrepliées. Les ventres ronds sont parfois représentés mais souvent de façon moins nette qu’ici.Quant à la figure en couronne, elle est tout-à-fait originale. La hauteur moyenne des sujets est de25 cm.

    Ce site se distingue également par l’importance ses deux séries de polissoirs. Le sommet de la roche comporte 62 polissoirs. Quelques uns sont desquamés et semblent de fac-ture très ancienne. Ils sont majoritairement circulaires et certains sont mixtes avec fuseaux.Sur le sommet, au milieu des polissoirs, nous avons découvert la gravure d’un petit personnage,effectué par un piquetage profond (1 cm) mesurant 26 cm de haut sur 16 cm de large : bras écartéslevés et jambes écartées pliées.

    Au pied de la roche gravée, une dalle de 3 mètres de long sur environ 1 m 50 de large présente unetrentaine de polissoirs majoritairement circulaires.

    Ces deux ateliers de polissages, l’un au sommet de la roche et l’autre au pied, permettaient doncde pratiquer cette activité toute l’année. La dalle située à la base ne se trouve découverte qu’enpériode de très basses eaux

    MARIPASOULA- Les roches gravées du Marouini

    La roche gravée du Marouini a été découverte par Jean Hurault en 1948, lors d’une de ses missionsde relevés astro-géodésiques et de délimitation de la frontière avec le Brésil. En 1963, il publie 24gravures dans le Bulletin de la Société des Américanistes. Cette roche se trouve près des sourcesdu Marouini, affluent du Litany, non loin de la borne n° 2, à la frontière du Brésil.

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    Toujours sur ce même bloc, sur la face Nord, on peut voir une figure à tête humaine mais d’unefacture différente. Elle est gravée par piquetage. On distingue bien les yeux, le nez et la bouche. Dechaque côté, des traits horizontaux, lui donne une allure de tête sans corps pourvue seulement demembres.

    Ces deux figurations tiennent une place marginale dans l’art amérindien connu actuellement,mais nous ne mettons cependant pas en doute leur origine précolombienne.

    Un second bloc découvert à quelques mètres plus en amont, présente des proportions à peu prèsidentiques mais sous une forme différente, plutôt «patatoïde», avec une face plus plate d’une hau-teur d’environ 80 cm, tournée vers l’ouest.Sur cette face, on trouve une gravure dont il est difficile de déterminer le sujet. Il s’agit d’un corpsavec des pattes d’oiseau, une tête de serpent et une queue de singe enroulée (fig. 10). Malgré sesattributs anachroniques on tend cependant à le considérer comme un oiseau. Cette figure entredans un rectangle de 25 cm par 18 cm ; elle est très bien gravée avec un trait effectué par pique-tages successifs assez profonds et un évidage par raclage pour le corps. Sur cette face, plusieursautres gravures sont discernables mais difficilement définissables. On peut cependant voir l’es-quisse de deux petits hommes très schématisés.

    Sur la face Nord, on voit la représentation classique de ce que l’on nomme «grenouille» : corpsarrondi, tête ronde, membres écartés. La gravure est réalisée par un trait effectué par piquetages,les deux yeux sont bien creusés en cupules. Cette figure entre dans un carré de 23 x 23 cm.

    Autour de ces deux roches, de nombreux autres blocs présentent des traits gravés, des cupules,etc., mais sans pour cela qu’il soit possible de distinguer des représentations précises.Cependant, à quelques cinquante mètres au-dessus, une pierre présente une gravure très nette tra-cée profondément. Cette gravure n’est pas réalisée selon les mêmes méthodes que les précédenteset surtout nous paraît faire intervenir un instrument en métal. Il s’agit d’un visage losangique aumilieu duquel les yeux et la bouche sont représentés de façon très accentuée par le creusement pro-fond de rectangles. Sur le côté gauche de la figure, un piquetage peut représenter une oreille, lecôté droit ayant disparu par l’érosion de la roche.Cette gravure nous semble de facture plus récente et d’un style tout-à-fait inconnu.

    CAMOPI - La roche Jésuite de la crique Inipi

    Située en amont du Petit Saut Inipi, sur la crique Inipi, à environ 6 km de la confluence avec larivière Camopi, elle fut découverte en 1941 par le Docteur Heckenroth. Son appellation de «rocheJésuite» provient, d’après les indiens Emerillon, du souvenir des Pères Jésuites qui s’étaient arrê-tés là pour observer la roche.

    Il s’agit d’un rocher en granite, barrant en partie la rivière, dont la paroi face à l’aval est rectangu-laire et relativement verticale, c’est sur cette face que se trouvent les gravures (fig. 11). Ce panneaumesure 7 m 40 dans sa totalité et présente des gravures sur 5 m 40. Le rocher émerge de 1 m 60 dehaut et est orienté Nord-Sud.Derrière cette paroi verticale, le rocher prend une forme arrondie en pente, avec un léger méplatde 4 m 80 de large au sommet, sur lequel les amérindiens ont établi un atelier de polissage.

    380

  • Le personnage est de grande taille : 1 m 25 de haut, il est surtout imposant par sa largeur et l’im-portance de ses membres qui sont longs et pourvus d’extrémités, mains et pieds, très larges. Il estdoté d’un troisième bras très net et on peut se demander s’il n’en possède pas un quatrième. Il fautreconnaître qu’il doit porter à lui seul deux casse-têtes, un arc, des flèches et une hache (fig. 14).Son abdomen est représenté par un cercle et il porte, fait assez rare, un calimbé (tissu porté par lesamérindiens pour protéger le sexe).Apparemment, ce grand chasseur a du abattre le jaguar représenté à ses côtés qui lui-même auraitattaqué et renversé le petit homme qui se trouve sous la tête du jaguar. L’objet représenté près dujaguar nous semble faire partie de la composition ; il a été répertorié en «non-identifié» mais, aprèsréflexion, il semblerait bien pouvoir être un casse-tête, peut-être celui tenu par le petit personnageavant d’être renverser.

    Les techniques utilisées dans cette composition sont de plusieurs ordres :

    - le trait, profond pour les membres du chasseur et plus fins pour les instruments de chasse :arc, flèches, casse-têtes. Le trait est effectué par passages successifs pour obtenir un trait profond,après que l’amorce ait été réalisée par une succession de points jointifs.

    L’incision fournissant un trait régulier, étroit et poli, n’est guère utilisé au Marouini, contrai-rement au site de la Carapa où il s’agit de la technique principale. En revanche, le piquetage esttrès présent.

    - le piquetage avec bouchardage pour la tête du chasseur, son abdomen, le calimbé et les pieds.

    - le bouchardage puis le raclage pour la hache. L’intérieur ayant du ensuite être lissé pour don-ner une impression de bas-relief.

    - la ponctuation disjointe pour la représentation du jaguar ; seule la tête a fait l’objet d’unrajout au trait pour bien la délimiter.

    Les scènes de pêche

    Plusieurs représentations évoquent un fait de pêche. Cinq cas sont évidents. Le personnage est tou-jours de taille relativement réduite alors que le poisson, en principe, tenu à bout de bras, est déme-surément grand, sauf dans un cas où les proportions sont réalistes. Pour les grands poissons onpeut penser à l’aïmara fréquent dans les rivières et criques du sud de la Guyane et de taille sou-vent impressionnante.

    Les bancs de poissons sont assez spectaculaires, gravés en lignes verticales le long de la paroi (8pour l’une, 12 pour l’autre et 5 pour la troisième). Les poissons figurés dans les files sont de facture différente de ceux représentés isolément ou entrophée. Plus petits, même parfois très très petit, ils ont une forme plus large et trapue qui peutfaire penser au piraie (piranha) ou au pacou.La réalisation de ces frises de poissons a certainement représenté un travail considérable deman-dant rigueur et maîtrise.

    On peut donc constater que dans la vie des artistes du Marouini, le poisson tenait une place pri-mordiale. Cela ne nous étonne guère si on considère la richesse halieutique des rivières de Guyaneet la saveur de toutes ses variétés de poissons qui sont la base alimentaire des peuples de la forêt.Ici, où que l’on s’installe, il est rare que l’on soit très loin d’une rivière ou d’une crique qui, mêmeà la saison sèche, est rarement tarie.

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    Deux expéditions ont été organisées par le S.R.A., la première pour retrouver la roche déjà signa-lée, la seconde pour effectuer l’étude des pétroglyphes. Grâce aux indications précises de Jean Hurault et à l’aide de la balise GPS, il fallut 14 jours depirogue et de marche pour atteindre la roche gravée. Une deuxième roche présentant une vingtai-ne de gravures a été découverte à 10 m de la première. Le site se trouve au sein d’un relief très morcelé avec de fortes pentes sans que les altitudes nedépassent 350 m. Le sous-sol est constitué de granites caraïbes. Le lieu choisi par Jean Hurault pourimplanter sa borne est une boule de granite, au sommet d’une des collines les plus élevées du sec-teur.

    Le travail de recensement effectué lors de la deuxième mission a fait l’objet d’études diverses.Toutes les données recueillies sur le site sont traitées par informatique selon le principe de la pho-togrammétrie et de la méthode Elcovision (cf. supra).

    La roche principale est d’un intérêt tout-à-fait exceptionnel. Il s’agit d’un bloc de granite oblong de17 m de long qui présente deux sommets formant un méplat sur lequel aucune gravure n’a étéobservée et où Jean Hurault avait implanté la borne. Cependant, les flancs amorçant les deux par-ties du rocher présentent une quantité importante de gravures. 165 figurations ont pu être décomp-tées (fig. 13).

    Pour l’heure, l’exploitation de la face nord de la roche est quasiment terminée ainsi que la partiesommitale (flancs du replat). La face sud sera exploitée au cours du premier trimestre de l’année1996.

    Le travail est réalisé par la Société SATTAS (Société Américaine de Topographie et de TopographieAppliquée au Spatial), sur du matériel appartenant en partie au Centre Spatial Guyanais.L’exploitation spécifique de la roche du Marouini est réalisée par Didier Bironneau qui investitbeaucoup de son temps personnel, de ses compétences bien sûr mais aussi de sa sensibilité etréceptivité à l’art amérindien.

    L’intérêt de la méthode décrite plus haut reste avant tout l’aspect «exact» du relevé. Chaque pointest situé très précisément sur la roche et entre dans une logique topographique d’ensemble. Parailleurs, une fois terminée, la restitution en trois dimensions peut permettre une exploitation enimages virtuelles et, éventuellement, servir de base à la réalisation d’une maquette.

    L’importance de son registre iconographique place cette roche au premier plan des sites à pétro-glyphes d’Amazonie. Le site de La Carapa à Kourou, remarquable par la superficie gravée et laqualité de ses gravures est somme toute très limité dans son registre tant iconographique que tech-nique. Le personnage géométrique filiforme que l’on connaît et la gravure au trait sont les deuxpoints majeurs de ce site. Sur la roche du Marouini, non seulement le registre iconographique estvarié, mais on peut également observer des mises en scènes, notamment les scènes de pêche et dechasse.

    La scène de l’homme et du jaguar

    Cette scène est la plus remarquable. Son interprétation est bien entendu, comme toute interpréta-tion, forcément subjective et personnelle.

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  • Les premiers travaux effectués sur ce site ont permis le recensement des figurations, l’étude destechniques et l’association figurations/polissoirs. Les techniques de gravure se résument en points/traits ; les points subsistant encore à certainsendroits. Les outils employés -foret et/ou ciseau- devaient être en roche dure. L’ensemble desreprésentations est exposé sur un seul flanc du rocher (sud-est). Nous pourrons, dès que l’en-semble des gravures du Marouini seront traitées informatiquement, établir des comparaisonsmétriques avec celles de la roche de Bigistone, principalement pour les humains et anthropo-morphes. Un prochain travail sera consacré à effectuer un relevé complet de l’ensemble des traces laisséespar les indiens sur cette roche.

    Les polissoirs se répartissent en deux groupes, les circulaires ne dépassant jamais 30 cm. de dia-mètre mais pouvant atteindre 6 cm. de profondeur et les fuseaux larges de 5/6 cm., d’une longueurmoyenne de 25 cm, situés souvent sur les rebords du rocher. Il est à noter que les figurations ne recoupent jamais les polissoirs et que les polissoirs n’empiètentjamais les figurations.

    LES ASSEMBLAGES ET ALIGNEMENTS DE PIERRES

    Le sud de la Guyane, actuellement inhabité, -tout du moins par des populations sédentaires- étaitoccupée, jusqu’au milieu du XIXe siècle par de nombreuses ethnies amérindiennes.La rivière Marouini, affluent du Litany, formateur principal du Maroni, fut le secteur privilégié desinstallations Wayana. Les premiers voyageurs, tels Patris (1766) et Leblond (1789) comptent plu-sieurs milliers de personnes. Décimés à de nombreuses reprises, la moitié sud de la Guyane estmaintenant peuplée de quelques villages Wayana sur le Litany et des villages Oyampi et Emerillondu Haut Oyapock.

    Le sud-ouest de la Guyane, particulièrement la région située sur la ligne de partage des eaux entreles bassins du Maroni au nord et du Mapaony au sud, offre un paysage de grandes collines boi-sées, très accidentées, irrégulières et aux pentes exceptionnellement fortes qui sont parsemées dedômes rocheux, nommés inselberg -terme norvégien signifiant «île montagne» partiellementrecouverts de «savanes-roches» -terme guyanais désignant les formations basses, herbacées et dis-continues à caractère xérique sur affleurements rocheux-.La multiplicité et les dimensions de ces inselbergs font l’originalité de cette région et lui donnentun caractère tout-à-fait exceptionnel.Le sommet de l’inselberg est recouvert par une forêt basse à composante végétale rappelant la forêtde transition. Les sommets granitiques sont soumis à un mode d’érosion particulier qui délite laroche par écaillage. Des écailles épaisses de 1 à 10 cm se détachent de la roche par plaques parfoisde plusieurs mètres carrés, puis, par différents phénomènes se trouvent brisés.

    Dans l’Amapa, au Brésil, onze sites à alignements de pierres sont connus actuellement. Ils sontlocalisés sur des élévations naturelles offrant un vaste panorama. A notre connaissance, ils nereprésentent jamais de figurations mais sont disposés en alignements, en cercles, en triangles ouentassés.Ces sites sont considérés à fonction cérémonielle.

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    Comme on peut le voir sur les relevés, l’oiseau est également bien représenté. Il bénéficie souventd’une gravure bien nette et élaborée. Dans tous les cas, il s’agit d’échassiers aux corps frêles avecde longues pattes -parfois très longues- où les doigts sont figurés dans de nombreux cas.

    Parmi les gravures, on observe que certaines figures sont réalisées avec beaucoup de soins et sur-tout de façon très accentuée avec des traits profonds ou des piquetages très travaillés. En revanche,d’autres figures paraissent faites de façon plus rapide et sans réel investissement de la part de l’au-teur. On trouve également des éléments qui ne semblent pas terminés : silhouette humaine inache-vée, poisson piqueté seulement sur une partie, etc.. On a aussi le sentiment que certaines gravuressont beaucoup plus anciennes que d’autres. On observe quelques rares recoupements comme parexemple un oiseau et un poisson. On peut également noter des repentirs -les pattes des échassierssont, dans plusieurs cas, rallongées-.

    La deuxième roche se trouve à quelques mètres de celle décrite précédemment. Il s’agit d’un blocsubcirculaire de 6 m de long sur 5 m de large, qui présente sur ses arêtes de larges écailles de des-quamation. La technique utilisée pour les gravures est la même que pour la première roche :piquetages, ponctuations, zones grattées...On y trouve 7 oiseaux, 2 anthropomorphes, 9 singes, 1 poisson, 2 sujets non identifiés.

    LE MARONI- la roche gravée de “BIGI STONE” ou “ROCHE TINERI”

    Signalée pour la première fois par J. Crevaux en 1879, la roche gravée de Bigi Stone ou RocheTinéri se situe sur la rive gauche du Maroni face à l’ilet Portal, à moins de 10 m du Surinam. Il s’agitd’un petit îlet granitique dont la partie inférieure reste toujours immergée. Cette roche, très sem-blable aux “hippopotames de savane” décrits par J.P. Cautru (cf. supra), a, dans sa partie supé-rieure été utilisée comme atelier de polissage (fig. 15).Les gravures semblent disposées de manière très arbitraire, elles ne sont jamais recoupées par lespolissoirs. Si les figurations anthropomorphes sont très semblables à certaines rencontrées sur laroche du Marouini, les autres représentations sont originales. Certaines gravures peuvent suggé-rer des représentations zoomorphes (la raie par exemple, -ce poisson fréquente les bancs de sabledu Maroni-.Larges de 1 à 2 cm. et assez profondes, les gravures semblent réalisées par percussions avec unoutil d’un diamètre variant de 1 à 2 cm. Nous avons dénombré 14 figurations qui se répartissent en 5 humains ou anthropomorphes, 6zoomorphes, 3 divers. Les humains et anthropomorphes sont, de par leurs proportions, très proches de ceux découvertssur le Marouini. Deux ont une tête sub-circulaire, l’un avec deux yeux et une bouche gravés pro-fondément -il s’agit de cupules de 3 cm de diamètre, la bouche atteignant 5 cm-, l’autre, avec laprésence seule des yeux. La tête des autres personnages est matérialisée par une cupule, le corpset les membres restant filiformes.Parmi les autres représentations, certaines peuvent être interprétées comme des figurations zoo-morphes, tandis que d’autres restent très énigmatiques. Par exemple, on peut voir une tête stylisée avec les yeux et la bouche, mais des volutes ou ara-besques sur les côtés suggérant la coiffure ou les oreilles (fig. 16) (la légende des Oyaricoulet ouindiens longues oreilles-anthropophages- auraient pu, à une période ancienne, remonter jusqu’àl’embouchure du Maroni.)

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  • Description de certaines structures :

    Le Cairn. Il s’agit d’une construction de pierres plates située sur un mamelon visible tant de la val-lée que du sommet de l’inselberg. Ce cairn pouvait servir de «borne», permettant une liaison entreles deux bassins versants : Amazone d’un côté et Maroni de l’autre. Cette structure est posée sur 5 dalles, larges en moyenne de 60 cm et épaisses de 8 cm. Le deuxiè-me niveau, en partant du bas, est lui aussi composé de 5 dalles plates, le troisième niveau est com-posé de 8 dalles, certaines dépassant les 10 cm d’épaisseur, les autres niveaux en comportent 8 à 9selon l’emplacement et sont composés de blocs très variables, tant par leur forme que par leurvolume, assurant à l’édifice une très bonne stabilité.Les lichens, mousses et champignons sont très développés sauf sur la face ouest exposée aux ventset à la pluie. Le cairn est ouvert et vide à l’intérieur.

    La tortue. Sur ce même mamelon, un peu en contrebas, sur une petite plate-forme légèrement incli-née O-E, on peut voir une figuration zoomorphe qui représenterait une tortue. De forme losan-gique, elle mesure 4 m 10 de la tête à la queue. Cette figure est composée de 73 éléments, le corpsest composé de 44 pierres, la tête en compte 8 et le cou 4. Les autres blocs composent les membreset la queue.

    Le lézard. Cette figuration présente une longueur totale de 2 m. La tête et la queue sont forméeschacune de 7 blocs, le corps comprend 11 éléments et 7 petits blocs. La forme évoque bien le lézard,seule la patte droite inférieure a été bougée (fig. 17).

    Les anthropomorphes

    Deux anthropomorphes se côtoient. Le premier a une tête triangulaire, le corps très trapu délimi-té par 5 pierres, les bras peuvent se confondre avec les épaules ; son épaule gauche est représen-tée par un bloc de 7 cm d’épaisseur alors que celle de droite est réalisée avec une dalle de 1 cm.De même pour les jambes, celle de gauche, longue de 45 cm est figurée par un seul bloc épais deprès de 5 cm alors que celle de droite, de même longueur, est composée de trois plaquettes dontune est inférieure à 2 cm d’épaisseur.Un petit bloc semble lié les deux figures.Le deuxième personnage conserve un corps trapu, les membres sont cependant filiformes, les braset les jambes sont représentés par une succession de petits blocs de formes indéterminées.

    Deux anthropomorphes se côtoient tête-bêche. A cet endroit, le sol présente une faible déclivité. Lepremier corps est de forme rectangulaire composé de 10 blocs, la tête de forme quadrangulaire,orientée vers le bas, est bien détachée du corps. La jambe gauche est figurée par trois pierres, ladroite par six dont la dernière peut représenter un pied. Les deux bras sont horizontaux, mainslevées. Nous avons un total de 32 éléments.Le deuxième personnage est composé d’une tête de forme triangulaire, orientée vers le haut, biendétachée du corps. Les bras sont relevés et les jambes et pieds sont très bien figurés. Cette figura-tion est implantée sur une zone en phase de desquamation et fissuration de la plaque en pelure(fig. 18)

    Les alignements

    Au nombre de cinq, ils sont variables par leur longueur, leur position et leur composition. Ilssont, dans la plupart des cas, sur des zones à légère déclivité.

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    Arie Boomert (1981) classe les ensembles mégalithiques du nord-est de l’Amérique du sud en 6catégories :

    - les rangées de pierres espacées (alignements)- les cercles de pierres espacées- les simples pierres dressées- les tas de pierres- les murs de pierres- les figures de pierres -que l’on trouve uniquement sur le Mitaraka-.

    A cette liste, nous ajouterons deux autres catégories : les assemblages de pierres formant des figu-rations et les alignements jointifs (Le Mitaraka, Touatou).

    Le site de la Borne 1 sur le massif du MITARAKA

    Sur le sommet de la savane roche de la borne 1, situé à 600 m d’altitude, des assemblages et ali-gnements de pierres ont été découverts par Jean Hurault en 1956. Il en avait fait une descriptiondans le bulletin de la Société des Américaniste en 1963. Depuis, aucune étude n’avait été effectuéesur ce site.

    Certaines savanes roches présentent l’avantage de permettre la pose d’un hélicoptère. C’est le casde celle de la borne 1, ce qui nous a engagé à entreprendre une étude de ce site.

    Une première mission a eu lieu pour une reconnaissance du terrain : observer l’état des vestiges,étudier les possibilités de s’installer sur place plusieurs jours, établir un premier relevé topogra-phique par photographie aérienne.Une deuxième mission a permis à une équipe de 5 personnes de réaliser un travail élaboré à par-tir de plusieurs objectifs :

    - l’étude topographique du lieu et du site archéologique ;- la reconnaissance de l’ensemble des figurations, positionnement sur le plan d’ensemble et

    relevé détaillé pour les principales structures ; - la différenciation des groupes de pierres sous deux rubriques :

    . les figurations anthropiques (assemblages et alignements)

    . les regroupements accidentels : action des eaux pluviales, des animaux et de la végéta-tion ;

    - la recherche d’une organisation spatiale -il est en effet impossible d’avoir une vue d’en-semble des structures- ; y a t-il un lien entre figures anthropomorphes et zoomorphes et entre cesfigurations et les alignements ? ;

    - la recherche du ou des modes de construction, car nous nous trouvons en face d’au moinsdeux techniques -petits blocs-gros blocs et blocs espacés-blocs jointifs ;

    - la recherche de vrais «cololos» (bancs de pierres) comme sur la roche Touatou ;- l’étude des ateliers de débitage ;- l’appréhension du problème de la desquamation de la roche ;- la recherche, dans l’environnement immédiat, de traces d’occupations amérindiennes

    anciennes -poterie, objets lithiques-.

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  • CONCLUSION

    Sur les pétroglyphes de Guyane, plusieurs techniques de gravure ont pu être distinguées : latechnique du trait droit effectué probablement dans certains cas à l’aide d’un “guide” (LaCarapa), les ponctuations reliées entre elles (Kaw, Abattis Evrard), la technique des figurations“évidées” : le contour du sujet représenté est tracé soit par un trait, soit par des ponctuations etl’intérieur est “gratté” pour donner du relief (Le Marouini ), la technique du «bouchardage» quiconsiste, comme la précédente, à délimiter le sujet et, à partir de chocs successifs d’aménager l’in-térieur (Le Marouini), l’utilisation du relief de la roche pour une approche de la sculpture (laMontagne anglaise).

    Parmi le registre iconographique, on peut remarquer une certaine variété des sujets représentés.Si les techniques de gravure peuvent variées selon les types de support, il ne peut en être le caspour les représentations.On peut constater qu’un site comme La Carapa évolue autour d’un même sujet : personnages auxbras et jambes levés, alors qu’un site comme Le Marouini fournit une quantité de sujets différents,tant zoomorphe qu’anthropomorphe.On peut constater que le serpent et la grenouille sont très fréquents parmi les figurations zoo-morphes.

    Chaque site semble présenter une originalité tant du point de vue du registre iconographique quede celui des techniques mises en oeuvre ; ce qui peut peut-être caractériser un groupe ou une eth-nie, tout au moins ce qui en fait son appartenance culturelle.

    Le support et les relations avec le milieu naturel

    Le regroupement d’éléments descriptifs d’inventaire des représentations, les comparaisons stylis-tiques, les corrélations interrégionales, etc. permettent de construire un cadre ethno-archéologiquecohérent. Cependant, l’art rupestre de plein-air est, d’une part, intimement lié à son environne-ment géologique et géomorphologique, et d’autre part, il n’est pas envisageable d’exclure la ques-tion des auteurs de ces oeuvres et de leur évolution au sein de ce milieu naturel. En effet, aux côtésde l’aspect symbolique, artistique ou religieux de ces vestiges, il ne nous faut pas oublier les condi-tions concrètes, corporelles et matérielles de l’existence de l’Homme qui s’est exprimé.Par ailleurs, la lecture des parois rupestres doit être une analyse multifactorielle des événementsnaturels (écomorphologie de surface) et anthropiques (représentations) survenus sur un mêmesupport. Comprendre et essayer de maîtriser les processus naturels et anthropiques qui le détrui-sent sont des démarches qui reposent sur une bonne connaissance de l’environnement de cet art.

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    Ils peuvent présenter en profil une ondulation même si leur forme est bien rectiligne. Il est ànoter que d’un alignement, il est toujours possible d’en voir un second, soit en amont, soit enaval.Le plus important présente 287 plaques de tailles très variables, sur une distance d’environ 65 m,dans une pente à déclivité moyenne (fig. 19).Un autre, édifié en direction de la tortue, est composé de 76 blocs et semble, à son extrémité, pré-senter une tête avec quatre pierres. Cet alignement est très rectiligne.Très dispersé, un autre alignement devait à l’origine indiquer le cairn. Il est composé de blocs trèsépais -10 à 12 cm d’épaisseur- placés sur une pente abrupte. Il s’agit d’une structure dont il ne resteque 17 éléments.Un alignement en continu, dessinant une ligne droite, est composé de 22 éléments d’épaisseursvariables mais presque toujours trapus.Longeant le couvert forestier, un autre alignement discontinu a été remarqué. Il comporte 20 blocsdont certains sont d’assez grandes dimensions et plats.

    Zones de débitage. Les ateliers de débitage ont été exploités à la faveur du soulèvement degrandes plaques de la roche support. A plusieurs endroits, on trouve des zones où des prélève-ments ont été apparemment opérés. Les études concernant les techniques employées -calage degrosse dalle, cassures par projection, etc... , sont actuellement en cours.

    25 structures ont été dénombrées sur ce site dont 19 bien identifiables.

    LE SITE DE LA SAVANE ROCHE DE TOUATOU

    Une équipe de scientifiques de l’ORSTOM et du CNRS, dans le cadre du projet de Parc Tropical, aeffectué une mission d’étude de 10 jours sur l’inselberg de Touatou, au sud de Camopi. Cet insel-berg avait été repéré par télédetection spatiale au cours de travaux menés par l’ENGREF.Ces chercheurs venus là pour étudier la faune et la flore, ont découvert des alignements de pierresidentiques à ceux connus sur l’inselberg de la borne 1. Il s’agit donc du second site de ce typeconnu en Guyane.

    Une mission de reconnaissance a été organisée afin d’authentifier ces structures, d’en faire un pre-mier inventaire et de réaliser un relevé topographique des lieux.

    Le massif rocheux de Touatou émerge à environ 300 m. d’altitude. La roche, initialement de cou-leur blanc-gris, avec de nombreuses inclusions de quartz, est patinée comme celle de la borne 1.Les lichens qui recouvrent de grandes surfaces ne semblent pas avoir fixé aussi étroitement les«blocs» à la roche support.

    Les figurations sont composées exclusivement d’alignements, nous n’avons remarqué aucunassemblage. En revanche, deux «cololos» (bancs de pierre) sont présents.

    388

  • Fig. 1- localisation des stationsPETROGLYPHES DE GUYANE

    1,2,3,4 Roches gravées du Mahury5 La Carapa à Kourou6 Malmanoury7 Ile Saint Joseph8 Montagne anglaise9 Kaw10 Montagne d’argent11 Crique Alikéné12 Roche Marquée de l’Inipi13 Roche Ecrite de l’Inipi14 Roche gravée du Marouini15 Roche Tinéri16 Assemblage de pierres du Tumuc Humac

    390

    Fig. 2 - Plan topographique du site de La Carapa à Kourou -Centre Spatial Guyanais-

    391

  • Fig. 5 - Kourou-La Carapa - Relevé restitué sur informatique -Travaux N. Aujoulat-

    393

    Fig. 3 - Kourou-La Carapa - Vue la face A -cliché N. Aujoulat-Fig. 4 - Kourou-La Carapa ( ci dessous)- Vue d’un sujet possédant des têtes dans les mains

    -cliché N. Aujoulat-

    392

  • Fig. 10 -Roura -Montagne Anglaise- Figuration d’un animal non identifié- cli-ché M. Mazière-

    Fig. 11 -Camopi -crique Inipi- Face gravée de la roche-cliché M. Mazière-

    Fig. 12 (médaillon-Camopi -crique Inipi- Détail defigurations anthropomorphes -cliché M. Mazière-

    Fig. 7 - Rémire-Montjoly -Sitede l’abatti Evrard- Figurationanthropo-zoomorphe -clichéN. Aujoulat-

    Fig. 6 - Kourou-La Carapa - Série de cupules sur le sommet d’un banc rocheux -cliché N. Aujoulat-

    394 395

  • Fig. 15 -Le Maroni- roche Bigi Stone ou Tinéri -vue des polissoirs et d’une gravure -cliché M.Mazière-

    Fig. 16 - Le Maroni -Roche Bigi Stone ou Tinéri - Figuration aux arabesques-cliché M. Mazière-

    397396

  • RECENT ROCK ART RESEARCH IN THE CARRIBEAN ISLANDS, A SURVEYDr C.N. DUBELAAR Haren, The Netherlands.

    RésuméCet inventaire traite de la recherche des roches gravées présentes à Trinidad et Tobago, les PetitesAntilles, les iles Vierges, les Grandes Antilles et Aruba, Curacao et Bonaire pendant la période1991à1994. Aucune roche n’a été signalée sur les autres iles de la Caraibe.Après une courte introduction sur l’histoire des populations de ces régions du continent sud-amé-ricain, et l’énumération des iles qui recèlent des roches gravées ou peintes, ou parfois les deux. Ilsera donné une énumération des chercheurs qui ont travaillé dans ce domaine pour chaque ile . Unchapitre particulier traite de l’importance de cette recherche, des études comparatives qui peuventetre effectuées sur des motifs recencés , et des conclusions ou hypothèses qui peuvent etre émisessur la préhistoire de la région.AbstractThis survey deals with rock art investigations in Trininad and Tobago, the Lesser Antilles, the Virgin Islands,the Greater Antilles and Aruba, Curaçao and Bonaire during the period 1990-1994. From the other islandsin the Caribbean Sea no rock art has been reported.After a short introduction about the history of population of these areas from the South American continent,and an enumeration of the islands which have petroglyphs, rock paintings or both, a survey is given for eachisland about the investigators who worked there in these four years, the results of their work,and their publi-cations about it. A general paragraph deals with the importance of this research, which makes comparativestudies on the basis of motif comparison possible and in this way may lead to important conclusions or hypo-theses about the prehistory of the region.

    Introduction.According to José A. Martínez Oquendo ( Inventario de Cuevas y Cavernas. Departamento deRecursos Naturales, Puerto Rico, n.d.), the island has c. two thousand caves, about two hundredand fifty of which have been explored. As the majority of its petroglyphs and pictographs occur incaves and rock shelters, this means that to present a more or less complete survey of Puerto Ricanrock art is impossible at the moment. But even if we restrict our inventory to the sites mentioned inthe literature such a survey must necessarily be incomplete, for in various sources the location isindicated insufficiently. This was sometimes done on purpose: vandalism at rock art sites is alar-ming. Still, we are of the opinion that a survey, even an incomplete one, is an essentiel requirementfor the study of the petroglyphs and rock paintings in Puerto Rico. This list is an attempt to fulfillthis requirement.

    Note: Pinart (1890 b,c) supplies an elaborate outline, however, it is nowadays outdated.

    The survey is based on the following sources:

    a. An elaborate collection of publications on the subject we compiled during more than thirty years,the last eight years;with the help of Angel Rodríguez Alvárez, San Juan, who sent us more than ahundred items. Besides, various authors sent us copies of their publications.b. The data collection in the Consejo de Arqueología Terrestre of the Instituto de CulturaPuertorriqueña (CAT), especially the information ordered per municipio in cardboard boxes andthe data in their card index.c. The results of rock art investigations by Angel Rodríguez Alvárez: site descriptions with measu-rements and orientation of the figures, and colour slides (in this list referred to as «RodríguezAlvárez, personal communication 1993»).

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    Fig. 18 -Mitaraka -Borne 1- Assemblage de pierres représentant un anthro-pomorphe -cliché M. Mazière-

    Fig. 17 -Mitaraka -Borne 1- Assemblage de pierresreprésentant un lézard -cliché M. Mazière-

    Fig. 19 -Mitaraka -Borne 1- Alignement depierres -cliché M. Mazière

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