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Vincent SEDOGO Historien, chargé de recherche, Institut des Sciences des Sociétés (INSS) Ouagadougou, Burkina Faso [email protected] Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, n° 18- 2015 RÉSUMÉ La modernisation de la société moaaga amorcée depuis la conquête coloniale à la fin du XIX e siècle a entrainé des bouleversements dans la vie culturelle et religieuse des Moose, notamment par l’abandon de certains rites coutumiers. Les centres urbains sont particulièrement touchés par ces bouleversements. Mais dans les zones rurales et périurbaines, il existe encore des foyers où l’on célèbre encore le basga régulièrement, la principale cérémonie coutumière de ce peuple. C’est ce que montre cette étude réalisée à la suite de notre participation au basga de Bouli, un quartier du village de Taonsgo dans le Nord de Ouagadougou. Elle présente l’historique du village, décrit le rite du basga et montre son importance pour les populations. Mots-clés : Moose , Rites coutumiers, Basga , Ancêtres, Divinités, Sacrifices. ABSTRACT The modernization of society Moaaga initiated since the colonial conquest in the late nineteenth century led to upheavals in the cultural and religious life of the Moose, including the abandonment of certain customary rites. Urban centers are particularly affected by these changes. But in rural and peri-urban areas, there are still homes where they still celebrated the Basga regularly, the main traditional ceremony of the people. This is what this study shows the result of our participation in BasgaBouli, a district of the village of Taonsgo in Northern Ouagadougou. It presents the history of the village, describes the rite of Basga and shows its importance to the people. Keywords : Moose, Customary rites, Basga, Ancestors, Deities, Sacrifices. SURVIVANCE DES RITES COUTUMIERS DANS LA ZONE PERIURBAINE DE OUAGADOUGOU : CAS DU BASGA DE BOULI, VILLAGE DE TAONSGO

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Vincent SEDOGOHistorien, chargé de recherche, Institut des Sciences des Sociétés (INSS)

Ouagadougou, Burkina [email protected]

Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, n° 18- 2015

RÉSUMÉ

La modernisation de la société moaaga amorcée depuis la conquête coloniale à la fin du XIXe siècle a entrainé des bouleversements dans la vie culturelle et religieuse des Moose, notamment par l’abandon de certains rites coutumiers. Les centres urbains sont particulièrement touchés par ces bouleversements. Mais dans les zones rurales et périurbaines, il existe encore des foyers où l’on célèbre encore le basga régulièrement, la principale cérémonie coutumière de ce peuple. C’est ce que montre cette étude réalisée à la suite de notre participation au basga de Bouli, un quartier du village de Taonsgo dans le Nord de Ouagadougou. Elle présente l’historique du village, décrit le rite du basga et montre son importance pour les populations.

Mots-clés : Moose, Rites coutumiers, Basga, Ancêtres, Divinités, Sacrifices.

ABSTRACT

The modernization of society Moaaga initiated since the colonial conquest in the late nineteenth century led to upheavals in the cultural and religious life of the Moose, including the abandonment of certain customary rites. Urban centers are particularly affected by these changes. But in rural and peri-urban areas, there are still homes where they still celebrated the Basga regularly, the main traditional ceremony of the people. This is what this study shows the result of our participation in BasgaBouli, a district of the village of Taonsgo in Northern Ouagadougou. It presents the history of the village, describes the rite of Basga and shows its importance to the people.

Keywords : Moose, Customary rites, Basga, Ancestors, Deities, Sacrifices.

SURVIVANCE DES RITES COUTUMIERS DANS LA ZONE PERIURBAINE DE OUAGADOUGOU :

CAS DU BASGA DE BOULI, VILLAGE DE TAONSGO

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INTRODUCTION

Le lundi 13 janvier 2014, les Yônyôose1 de Bouli, un sous-quartier du village de Taonsgo, à vingt-cinq km dans le Nord de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, ont célébré le basga, la principale cérémonie coutumière que les Moose2 du centre et du centre-Est organisent en l’honneur de leurs ancêtres.

Justement, parce que cette cérémonie est très importante dans la vie des Moose, et qu’en plus ce sont des Yônyôose, l’un des sous-groupes moaaga réputé pour sa maîtrise de forces surnaturelles et au sein duquel on trouve les principaux prêtres du culte de la terre et des ancêtres qui l’organisent, nous avons porté un intérêt particulier à sa célébration, dans le but de l’étudier, de décrire et pour connaître sa particularité, et, diffuser ses informations.

L’actualité nationale au Burkina Faso étant actuellement dominée par la crise économique et sociale et par les compétitions politiques en vue des élections présidentielles en 20153, des événements comme le basga rompent utilement la monotonie du paysage littéraire et médiatique, et invite les différents protagonistes et acteurs à la modération et à la retenue.

Ce genre d’événements culturels qui interviennent généralement à la fin de la saison des pluies, entre les mois de novembre et de janvier, et après les fêtes modernes de fin d’année, rappellent aussi à dessin la nécessité pour les vivants de ce monde ici-bas, de

1- Les Yônyôose font partie des anciens occupants du pays moaaga. D’après l’histoire, les Yônyôose étaient de paisibles agriculteurs que leurs voisins Nînsi pillaient régulièrement. Pour en finir, ils sollicitèrent l’aide des Moose-dagomba, alors des cavaliers redoutables, qui chassèrent les Nînsi et composèrent avec les Yônyôose pour fonder le pays moaaga. Les Yônyôose d’ici viendraient de Guiloungou, considéré comme l’un des principaux centres de dispersion de ce peuple autour de Ouagadougou.

2- Le Moogo ou pays des Moose du Burkina Faso se trouve au centre du Burkina Faso. A la fin du XIXe siècle, il comprenait quatre grands royaumes ou riungu que sont :Wubr-tenga au centre, Tenkodogo au Sud, Busma au Nord-est et Yatenga dans le Nord-ouest. A ces royaumes s’ajoutent quinze autres petits royaumes interdépendants, unis par les liens de l’histoire, la parenté commune, la langue, les us et coutumes. Ici, il s’agit des riungu du centre.

3- Depuis 1991, le Burkina Faso est retourné dans la vie constitutionnelle après une série de régimes d’exception (1982-1991). On est passé d’un système électoral septennal à un quinquennat. Les prochaines échéances sont prévues pour novembre 2015.

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marquer de temps à autre un arrêt dans leur parcours sur terre. Ces événements les invitent également à s’interroger sur eux-mêmes, dans leur cadre ambiant, leur quête de bien-être et à se remettre en cause. En somme, il s’agit pour eux de mourir momentanément4, de renaître ensuite pour reprendre de plus beau le combat pour la vie.

Le basga est une cérémonie « de remerciement des ancêtres pour les nouvelles récoltes et pour leurs divers bienfaits » (Bonkongou 1985, p. 113). Il est l’occasion d’implorer leur grâce pour le bonheur continuel des hommes, pour leur permettre entre autres d’obtenir de bonnes récoltes les années à venir. Dans son déroulement et sa finalité, il s’apparente à une sorte de mise en scène rituelle d’un processus cyclique d’introspection et de recueillement. C’est en quelque sorte une manifestation de la religion des Moose du Burkina Faso, qui intervient dans leur quête de conciliation et de communion avec leurs ancêtres et leurs divinités protectrices comme la solution religieuse la meilleure pour eux. Au fil des siècles, ce processus a fini par être institutionnalisé.

D’une manière générale, la célébration des rites coutumiers et l’organisation des cultes comme ceux du basga faisaient partie des principaux moyens de réussir le passage des êtres humains sur terre5. Mais le contact avec l’Occident d’une part6, l’introduction des religions révélées d’autre part, ont mis en évidence d’autres canaux de réussite dans la vie religieuse, si bien que de nos jours, avec la modernisation de la société moaaga, les pratiques traditionnelles comme celles relatives au basga ont perdu de l’importance. Les grands centres urbains comme Ouagadougou, la capitale du pays, aux populations cosmopolites et

4- Ici, il ne s’agit pas de mort biologique mais de mort symbolique et rituelle. Les initiations, le mariage, l’intronisation entre autres font partie de ce genre de mort rituelle.

5- Dans la conception traditionnelle des Moose, l’être humain doit vivre comme s’il prépare sa mort. Par les rites, les pratiques et les observances, il se met en relation avec les divinités qui peuplent son univers et avec les ancêtres et les divinités suprêmes. C’est parce qu’il aura réussi dans les pratiques et les observances qu’il pourra mériter, après la mort, de rejoindre le royaume des ancêtres, et plus tard pouvoir renaître.

6- Les premiers contacts entre les Moose et les Occidentaux datent du XVe siècle. A partir de cette époque, les Portugais et les Espagnols ont commencé à produire des notes sur les souverain moose. Mais c’est principalement à partir de la seconde moitié du XIXe siècle que les explorateurs vont sillonner l’Afrique occidentale et le Moogo, pour décrire leurs réalités et les révéler au monde.

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multiculturelles, sont les plus concernées par le manque d’intérêt pour ces pratiques culturelles et la perte de l’engouement général et collectif pour les valeurs anciennes7. Toutefois, malgré la perte d’engouement pour les traditions dans ces milieux fortement ouverts sur le reste du monde, certains villages des zones périphériques comme Bouli semblent avoir pu résister. Dans ces ilots encore épargnés, les habitants continuent de se mobiliser pour perpétuer les pratiques ancestrales, presque dans leur quasi-originalité. Aussi, sur invitation d’un natif du village de Taonsgo à assister à la cérémonie et à la fête du basga, en avons-nous profité pour prendre quelques notes8 sur l’origine, l’évolution et l’organisation sociopolitique ancienne de Taonsgo et de son quartier Bouli, décrire le rituel et jeter quelques notes de réflexion sur le présent et l’avenir de ce patrimoine essentiel de la vie collective des habitants de Bouli. Mais avant de décrire le basga de ce mois de janvier 2014, intéressons-nous d’abord à l’histoire de Taonsago et de Bouli à partir des informations recueillies et des données documentaires.

I- RAPPEL HISTORIQUE DE TAONSGO ET DE BOULI

Etymologiquement, le mot « taonsgo » de la langue moore, émane de l’expression : « taons raodo », qui veut dire « faire preuve de courage », « démontrer sa bravoure ». Au départ dit-on (à une date inconnue), Taonsgo était habité par des Yônyôose originaires de Bogdgo, à cinq km à l’Ouest de Ziniaré, le chef-lieu de la région9, et des Silmiisi (Peulh) originaires de Barkoundba10. Les Peuls subissaient des exactions de leurs voisins nînsi de Wargoandga. Ils allèrent demander la protection de naaba Yandfo,

7- Actuellement, il n’y a que les chefs et leurs entourages qui continuent àorganiser les rites coutumiers, presqu’à l’insu des communautés nationales.

8- Nos principaux informateurs ont été ceux qui officient les rites. Il s’agit d’abord du teng-soaba ou chef de terre de Bouli, le principal prêtre. Il s’agit aussi du chef du village. Ces deux informateurs, en plus d’être les principaux acteurs de la cérémonie du basga, figurent aussi parmi les plus âgés. Nous avons aussi bénéficié de l’aide d’autres ressortissants de Bouli vivant à Ouagadougou et participant régulièrement à l’organisation des rites.

9- Le Burkina Faso compte treize régions administratives. Taonsgo se trouve dans la région du plateau central dont le chef-lieu est Ziniaré, à trente-cinq km dans le Nord de Ouagadougou

10- Barkoundba se trouve à quarante-cinq km à peu près, dans le Nord de Ouagadougou, sur l’axe Ouagadougou-Kaya. C’est l’un des principaux foyers occupé par les Peul. L’origine des Peul de Barkoundba remonte au XVIe, avec la chute de l’empire songhay et la descente progressive des groupes vers les régions du Sud. Dans ce cadre, des Peul originaires du Macina pénètrent le Moogo et sont installés à Barkoundba.

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10e Moog-naaba, l’un des premiers rois moose à établir sa résidence à Ouagadougou11. NaabaYandfo leur envoya un de ses fils dont on ignore le nom, qui parvient à s’imposer de force à tous les autres ; d’où l’expression « a taonsaraodo : il a démontré qu’il est (le plus) brave », plus simplement « taonsgo ». Avec lui, les membres de sa lignée, les Peulh et les Yônyôose vécurent désormais en paix. Cette situation de stabilité relative attira d’autres groupes sociaux en quête de tranquillité et de protection. Ensemble, ils s’organiseront au sein des quartiers dont les principaux sont actuellement : Nayiri le quartier des Nakombse (nobles descendants de Yandfo), Bagtenga le quartier des Yônyôose, et Silmiisin ou Bangrin, le quartier des Peulh. L’ensemble forme le village actuel de Taonsgo.

Les Yônyôose rapportent à travers un mythe caricatural et idéalisé de la création comment étaient les conditions de vie sur terre au temps où leurs ancêtres s’installaient à Bogodogo et à Bagtenga : « enduni ra yaanoogo :les conditions de vie étaient meilleure sur terre » (Kietega Nakombse, 13 janvier 2014 à Bouli). Ce propos s’apparente à ceux de Marie-Georgette Ouédraogo (1973, p.20) d’après lesquels : « Le ciel et la terre étaient proches l’un de l’autre. Cela permettait à chaque homme de couper dans le ciel sans travailler et sans effort, ce dont il avait besoin ».

En ce temps-là, dit-on encore, les hommes vivaient aussi en parfaite harmonie et en complicité avec leurs divinités et leurs ancêtres. Pour eux, la vie sur terre était sacrée et chacun vivait dans l’observance des règles de la société, dans la croyance et le respect des choses, convaincus comme chez les Kurumba ou Fulse du Nord du Burkina Faso, du fait que « Dieu a créé tous les êtres, et (pour que) tous vivaient éternellement » (Porgo et Almissi 1986, p. 35).

Il semble également d’après leurs mythes, qu’à cette époque, de puissants prêtres officiaient les cultes dédiés aux principales divinités : naabazidwende (dieu-ciel (soleil) ne a pagatenga (et son épouse, la déesse terre). Leurs récits mythiques ont l’avantage de montrer que les Yônyôo se croyaient en l’existence d’un Dieu suprême. A ce propos, Pierre Ilboudo note ce qui suit : «…couramment désigné sous le nom Winnam, Wende ou Naba Zidwende. Sa nature échappe à toute définition logique. Il est tantôt assimilé au soleil (wintoogo),

11- D’après Yamba Tiendrebéogo (1964, Histoire et coutumes royales des Mossi de Ouagadougou, Presse africaine, Ouagadougou, p. 22), naaba Yandfo eut un long règne (70 ans) et une importante descendance.

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tantôt au ciel lumineux, parfois encore à la lumière du jour » (Ilboudo, P., 1990, p 61). Wende ou zidwende est assimilé à un Dieu astral.

Les Yônyôose considèrent aussi que la terre (tenga) est une déesse importante. La terre, « déesse d’importance capitale sert outre les fonctions qui lui sont propres d’intermédiaire entre son époux (le soleil) et les hommes, desquels elle reçoit les sacrifices destinés à la divinité soleil » (Badini 1978, p. 27). Tenga est considérée comme l’épouse du soleil (wintoogo). C’est ensemble que le soleil et la terre constituaient les divinités principales des Moose en général, si bien que : « Il serait hasardeux d’envisager l’existence d’un Dieu suprême chez les Moose en dehors de la dualité soleil terre» (Badini 1978, p 25). Le culte de la terre, procédant d’un culte chtonien, est le propre des sociétés sédentaires, plus généralement des autochtones comme les Yônyôose.

L’étude des mythes fondateurs du peuple yônyôaaga de Bouli révèle éloquemment aussi les récits d’exploits des prêtres du culte de la terre des temps anciens, des gens décrits comme des êtres humains vivant en parfaite communion et en complicité avec les divinités, capables d’inverser le rythme des saisons, rappelant les pluies en début de saison sèche pour féconder la terre nourricière, déviant les vents violents et dévastateurs, les maladies, les invasions acridiennes, les orages, les mauvais sorts et autres catastrophes qui menacent les êtres et les choses. Les bonnes conditions de vie étaient réunies, de sorte que chaque humain trouvait satisfaction à ses besoins, presque sans effort. Sans pour autant sombrer dans le mythe d’un passé paradisiaque, notons que ces informations ne montrent que les faces heureuses de leur histoire. Qu’en est-il des phases difficiles qui n’ont certainement manqué d’exister ?

Si nos informations permettent de se faire une idée sur une partie des conditions de vie passées des Yônyôose, elles insistent aussi sur le fait que c’est dans un contexte plus ou moins favorable que, devenus trop nombreux, une partie d’entre eux aurait quitté Bagtenga pour trouver refuge à cinq km dans l’Ouest de Taonsgo, sous la conduite d’un certain Nonsyandé12.

12- De nons, relatif à nonse (sing.=noaaga) ou poules, et de yande ou honte. Nonsyande se traduit littéralement par « honte des poulets », leur déchéance. Mais concrètement, ce terme désigne celui qui tue, qui décime les poulets, faisant référence au fait que pour les besoins des sacrifices, il en tuait beaucoup.

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Celui-ci considéré comme le plus âgé et le responsable du groupe aurait eu un projet consistant à jeter les bases de création d’une société ; ce qui s’est traduit par le mot « bouli » qui signifie en langue moore, faire pousser, germer, autrement dit, faire sortir quelque chose du sol telle une plantule quelques jours après une pluie tropicale. Bouli est le lieu où lui et les siens se sont établis pour la première fois et où résident actuellement leurs descendants.

Depuis quand cette société existe-t-elle? On ne saurait y répondre avec toute la précision qui sied. On sait seulement que de leur arrivée sur les lieux à nos jours, douze chefs de terre ou teng-sobendamba (sing.=tengsoaba) se sont succédé suivant leur principe en vigueur : la gérontocratie. En prenant en compte des moyennes générales de règne de cinq (5), dix (10) et quinze (15) ans maximum pour chacun d’eux, on obtient des totaux de 60, 120 et 180 ans de règne pour les douze chefs. Chronologiquement, les fourchettes admises dans l’ordre de la fondation de Bouli seraient comprises donc entre 1833 et 1953, soit à peine deux siècles d’existence de Bouli. Historiquement, ce foyer yônyôaaga est donc de création relativement récente.

II- ORGANISATION SOCIALE ET POLITIQUE DE TAONSGO ET BOULI

Depuis la création de Bouli, ses habitants entretiennent des liens solides avec ceux du quartier Bagtenga du village de Bogodogo dont ils sont originaires.Une partie d’entre eux aurait aussi quitté Bouli pour s’établir à Goué, à deux km au Sud de Bouli. Dans l’ordre de la colonisation des terres, les Yônyôose de Goué viennent donc en dernière position.

Les Yônyôose entretiennent aussi des relations d’échanges socioculturels et économiques avec les autres couches de la société, notamment avec les Nakombse ou princes13. Il existe une sorte de division des rôles dans la société qui fait des uns (Yônyôose), généralement les premiers venus, les travailleurs de la terre (sacrifices, production, inhumation) mais aussi les détenteurs des

13- La société moaaga a été constituée d’abord de la juxtaposition entre une couche sociale d’autochtones (Ninsi, Yônyôose) sur une couche de Dagomba venus du Nord-Ghana. Ensuite, d’autres groupes sont venus comme les Yarse, les Marense, les Haussa, les Peul. Les Moose-Dagomba, guerriers sont les détenteurs du pouvoir politique, ce sont les nobles.

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pouvoirs magico-religieux. Pour cela, ils ont à leur tête un chef de terre ou teng-soaba, choisi parmi les plus âgés du groupe.

A l’inverse, aux Nakombse incombent généralement le contrôle et la gestion de l’appareil politique (le naam) et entre autres le pouvoir de décision et de coercition ainsi que le rôle de protection de l’ensemble de la communauté. A Taonsgo, celui à qui incombe cette responsabilité a le titre de nabiiga, de na, relatif au naam ou pouvoir, et biiga ou fruit, enfant. Nabiiga signifie fils de quelqu’un qui détient le naam, le prince. Il est issu des descendants en lignée masculine de naaba Yandfo.

Le nabiiga de Taonsga est un doyen (kasma). C’est aussi un chef de village ayant un statut particulier en ce sens qu’entre autres, il ne porte pas le bonnet du naaba (chef) investi du naam. Mais il dispose d’un titre de noblesse (de naissance et de sang) qui lui confère le droit coutumier moaaga de commandement et d’administration dans son village. C’est pourquoi, comme certains na-nambse (chefs), le nabiiga n’est pas un homme ordinaire mais un noble, cousin ou oncle du Moog-naaba (chef suprême des Moose du Wubr-tênga), qui l’intronise et de qui il détient un pouvoir de vie et de mort sur les habitants de son village. Son pouvoir se transmet (en principe) de frère aîné à frère aîné.

Sur le plan social, les habitants de Bouli sont les sujets des princes de Taonsgo, qui, eux-mêmes entretiennent des liens de fraternité avec les princes des chefferies de Kartenga à deux km dans le Sud-ouest de Taonsgo, et de Tanghin Niandéghin à six km à l’Ouest de Taonsgo. Les Nakombse (princes) de ces villages sont aussi des descendants de naaba Yandfo.

Yônyôose et Nakombse de Taonsgo entretiennent aussi des relations rapprochées avec les habitants de Bangrin, près de Loumbila, à trois km environ dans le Sud-est de Taonsgo, dont on dit que le fondateur a été un fidèle serviteur de naaba Yandfo.

Sur le plan culturel, les Yônyôose, que ce soit ceux de Bogdogo, de Bagtenga ou de Bouli sont les principaux alliés des autres populations. Cette alliance se manifeste essentiellement en cas de décès. En effet, dans tous les villages environnants, quelque soit le type de mort dit-on, ce sont les Yônyôose qui se chargent de délimiter

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l’emplacement approprié pour l’inhumation, de creuser les tombes et de coucher les morts. Tous les voisins reconnaissent leur importance en matière d’inhumation. Face à certains cas de mort dramatique, on se plait même à comparer le Yônyôaaga au corbeau (gâabgo) qui nettoie et débarrasse la savane des cadavres encombrants.

De même, sur le plan religieux, Bogodogo, Bagtenga, Bouli et Goué sont les principaux foyers du yônyôore leur religion,qui a fini par devenir la religion traditionnelle des Moose. Le yônyôore peut être défini comme l’expression du culte de la terre et des ancêtres en pays moaaga. Il constitue une religion avec des croyances et des pratiques singulières, difficiles à décrire toutes dans ces notes. Retenons simplement que ses adeptes croient en l’existence d’un dieu suprême résidant dans le ciel où il se confond au soleil (windga). Ils croient aussi en l’existence d’une déesse vivant et se confondant à la terre (tenga) ainsi qu’en d’autres formes et/ou manifestations surnaturelles qui rythment le cours de l’existence.

Ils croient également en l’existence d’un monde invisible, double de notre monde visible, en la survie des divinités et des morts dans ce monde invisible, ainsi qu’à leur capacité à intervenir dans le cours de la vie des hommes, soit pour leur apporter secours, soit pour leur nuire. Pour se concilier leurs grâces et leurs aides, les hommes ont recours à des pratiques rituelles et à des offrandes consistant en des sacrifices et en des libations. En général, les prémices (nouvelles récoltes, animaux des basses-cours) leur sont offerts.

En général aussi, les adeptes du yônyôore croient que la venue attendue des pluies et des enfants, des bonnes récoltes et de la santé dans les villages, la prospérité, etc., sont les œuvres des ancêtres et des divinités bienveillants.

En revanche, les sécheresses, les mauvaises récoltes, les épidémies, la dénatalité entre autres sont attribués à des divinités malveillantes. Ces malveillants seraient des divinités qui ne reçoivent plus un culte régulier. Devenues vindicatives, elles s’acharnent sur les vivants, leur causant des torts. C’est en l’honneur des divinités et des ancêtres bienveillants que le basga est célébré.

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III- ORGANISATION ET CÉLÉBRATION DU BASGA À BOULI

Le basga est une cérémonie solennelle qui réunit les vivants autour de leurs ancêtres ; les premiers attendant des seconds, toute l’attention et le soutien nécessaires pour que la terre soit fertile, humide et féconde pour donner de bons rendements. Les seconds attendent des premiers toute la sagesse nécessaire pour éviter toute irruption injustifiée des puissances maléfiques dans leur monde de quiétude. A Bouli, la célébration du basga qui matérialise cette relation de complicité entre eux incombe surtout au teng-soaba, chef de terre, le principal prêtre sacrificateur.

Rappelons que le teng-soaba de Bouli dépend de celui de Bagtenga qui dépend à son tour de celui de Bogdogo. En revanche, les Yônyôose de Goué moins nombreux et nouvellement installés sur leur territoire n’ont pas de chef de terre mais se réfèrent au teng-soaba de Bouli. Suivant cet ordre donc, c’est après la célébration dubasga de Bogodogo et de Bagtenga que les Yônyôo se de Bouli et de Goué célèbrent le leur conjointement.

Quelque temps auparavant, la pog-kêema (première épouse) du teng-soaba a pris soin de faire germer et sécher la quantité de sorgho (sorghumvulgarea ou mil rouge) de la nouvelle saison nécessaire à la préparation du raam (bière) et d’apprêter les calebasses neuves et la farine du mil (pennisetium ou petit mil)pour les libations.

Pour les sacrifices sanglants, en principe, le teng-soaba n’a pas besoin d’acheter les animaux. Chaque habitant trouve comme un devoir d’y contribuer. C’est un honneur d’avoir dans sa basse-cour le poulet au plumage correspondant ou le ruminant au goût des ancêtres. Après s’être assuré que tous ces moyens sont réunis, le teng-soaba de Bouli se rend chez son frère teng-soaba de Bagtenga et ensemble, ils s’en vont saluer le nabiiga de Taonsgo. Celui-ci attendait leur visite après la célébration du basga de Bagtenga. Ensemble, ils échangent leurs points de vue sur la saison écoulée, sur le présent et sur la conduite à tenir pour avoir un avenir meilleur. Ensuite, le nabiiga leur fait remettre une contribution en nature, généralement des poulets, et autorise la tenue du basga à une date retenue de commun accord.

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Une semaine avant, l’information est portée aux voisins, amis et alliés. Elle est portée aussi aux rakiiba (parents à plaisanterie) qui ne devraient manquer pour rien au monde l’occasion du basga pour relever et rapporter aux Yônyôose tous leurs manquements, leurs maladresses et leurs « bêtises» de l’année et s’en moquer14.

Le top départ de la célébration est donné trois jours avant, généralement un après-midi de vendredi15, après que les femmes ont fini d’écraser le mil germé et de l’avoir séché. Une poignée de la farine de mil est diluée dans de l’eau que le teng-soabaverse sur l’autel des kiimse (ancêtres) en les invoquant, en guise de prémices aux libations. Autrefois dit-on, ce n’était qu’après cette libation que la communauté yônyôaaga était autorisée à consommer le nouveau mil de l’année. Alors, de la pâte du mil germé en préparation était prélevée et consommée par le têng-soaba après quoi, tous les autres en consommaient.

Les sacrifices proprement dits ont lieu au soir du deuxième jour, après que les derniers rayons du soleil ont disparu de l’horizon, que de loin là-bas on entende de façon répétée, les aboiements des chiens qui devinent et annoncent l’avènement des êtres du monde caché. Le teng-soaba entre alors dans le kiim-doogo (case des ancêtres) et procède aux sacrifices. Assis à même le sol, face à l’autel constitué d’une motte de terre crue séchée et de morceau de récipients en céramique imbibés de sang et de plumes de poulets (à gauche à l’entrée de la case)16, il invoque les divinités par ordre de grandeur :

naabazidwende (dieu soleil), …ne apaga-tenga (…son épouse, la déesse terre,…) ;

teng-soaba…bondo… (ancêtre…untel… (il cite les ancêtres dans l’ordre de leur succession) ;

sin yim’bramab… (ceux dont les noms sont oubliés…) ;

14- La parenté à plaisanterie est une forme de relation développée entre deux familles ou deux groupes sociaux. Les parents à plaisanterie usent de railleries, d’insultes pour se faire entendre. Pour en savoir plus, lire le livre de Alain Joseph Sissao, 2002, Alliances et parentés à plaisanterie au Burkina Faso, Ouagadougou,Sankofa et Gurli Editions, 186 p.

15- Chez les Moose, mardi et vendredi sont les meilleurs jours pour les sacrifices, les salutations et l’exécution des sentences.

16- La configuration de l’habitat traditionnel moaaga a fait l’objet de nombreuses recherches dont l’une des plus importantes et récentes est le mémoire de Annie Bruyère, 1985, Que font en brousse les enfants du mort ? Morphologie et rituels chez les Mossi. Thèse de 3è cycle en ethnologie ; E.H.E.S.S ; Paris VII ; 374 p.

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kiimsafâa… (tous les ancêtres…) ;« yikiin’deegkoom n yû…(Réveillez-vous et recevez l’eau

de boisson…) ».

De la main gauche, il verse l’eau de farine de mil (zom-koom) sur l’autel et de la main droite le raam (bière).

La liste des ancêtres ainsi conviés se poursuit par les noms de quelques femmes illustres et celles dont les noms sont oubliés. Enfin, on invoque tous les esprits qui ne font que passer par là, vers d’autres destinations, tous conviés à recevoir des offrandes. Ce geste est répété trois fois pour les hommes et quatre fois pour les femmes17.

Après les libations, viennent les sacrifices sanglants. De la même manière, les poulets réunis par la communauté sont « présentés » 18tour à tour aux ancêtres. Puis, après les avoir égorgés, que leur sang et leurs plumes recouvrent l’autel, les « victimes », jetées hors de la case, se débattant entre la vie et la mort, sont soumises à une observation attentive. Lorsque l’animal sacrifié passe de vie à trépas couché de côté ou sur le ventre, cela est interprété comme un mauvais signe, un mécontentement des ancêtres. Mais lorsque la volaille termine sa lutte sur le dos, les ailes largement ouvertes et les pattes en l’air, le soulagement est général car cela signifie que les ancêtres comblés ont agréé la prière et les sollicitations des vivants.

A la fin, les pattes gauches et les ailes droites des poulets de sacrifices sont brisés par le teng-soaba, qui prend soin, par ce geste, de demander aux ancêtres de sanctionner et d’entraver les ennemis du peuple yônyôaaga et de faire en sorte qu’ils soient vaincus.

Ce soir là également, la pog-keema (première femme du teng-soaba) a pris soin de déposer près de l’autel un plat de sagbo (pâte de mil) et de sauce pour le repas des « invités invisibles et nocturnes ». Quelques poignées du sagbo trempées dans la sauce sont déposées autour de l’autel.

17- Chez les Moose, le chiffre « 3 » est le symbole représentatif de l’homme et le « 4 » se rapporte à la fécondité et à la féminité.

18-La présentation est une opération qui consiste à dire aux ancêtres la couleur du plumage du poulet à sacrifier et le nom de celui qui le leur offre. Selon la nature du sacrifice, la couleur des plumes du poulet compte.

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Devant la case des ancêtres et devant la porte ouest de la concession du teng-soaba, les mêmes rituels sont répétés sur deux autres autels de même nature mais dédiés l’un aux ancêtres des femmes et l’autre aux kinkirsiou génies de la nature. L’autel des ancêtres des femmes est situé devant le kim-doogo, la case servant de lieu de recueillement de tous les ancêtres (hommes comme femme) issus des lignées (buudu) yônyôose. La raison de ce positionnement serait qu’à l’instar des vivants, les ancêtres communient avec d’autres lignages d’ancêtres par alliance, constitués des femmes mariées décédées. Les ancêtres des femmes mariées sont donc à côtés des ancêtres du lignage. Cet autel représente aussi le tempeelem, l’incarnation de la déesse terre.

Quant aux kinkirsi (sing.=kinkirga), ils représentent le capital d’enfants qui viendraient à intégrer le lignage par le truchement des naissances. Le kinkirga est considéré comme une composante de l’âme d’un homme19, qui s’échappe du corps après la mort pour vivre dans la nature, dans les clairières, les fourrées, sous les grands arbres, etc.20. Pour les Moose, l’acte sexuel ne transmet pas la fécondité mais l’hérédité. Au moment de l’accouplement, c’est un kinkirga invisible qui pénètre le ventre de la femme pour qu’elle soit féconde. Dans la plupart des cas, la femme qui désire enfanter doit solliciter les kinkirsi par divers procédés21. Les enfants d’un lignage sont donc conçus comme des kinkirsi apprivoisés qui viennent au monde par un processus de participation et de cooptation. Le meilleur moyen de les coopter consiste à les attirer dans un autel en leur offrant des libations. L’autel dédié aux kinkirsi se trouve ainsi à la

19- Il est admis que l’âme chez les Moose est composée de plusieurs éléments : le tuule, le wuusum, le kinkirga et le kiima. Le tuule ou tuundo serait l’apparition corporelle d’un individu en danger de mort. Les initiés l’apercevraient quelque temps avant la mort de l’individu. Le kiima est ce qui survit à l’homme après la mort. Cet élément rejoindrait le pays des ancêtres. Le wuusum ou siiga quitterait momentanément le corps à certain moment (rêve, peur, etc.) ou définitivement à la mort.

20- On le décrit comme ayant un physique humain, de petite taille, la tête grosse et disproportionnée par rapport au reste du corps, les membres courts, etc. Il ne se montrerait qu’à des individus ayant subi une initiation spéciale. Tous les peuples de l’Afrique au Sud du Sahara semblent les avoir connus. Chez les Bambara du Mali, on les nomme Wokolo puis Atakurma chez les Kurumba, les Zarma et les Haoussa, Andoumboulou chez les Dogon, Iobodo chez les Sarakolé, Kuss chez les Wolof, etc.

21- Les moyens le plus souvent employés consistent à consulter les devins ou à faire des sacrifices. On dit aussi d’eux qu’ils sont friands de certains aliments comme le sésame, le miel, le haricot, etc., qu’on peut utiliser pour les attirer.

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porte, entre l’intérieur et le monde extérieur à la concession pour permettre aux couples d’attirer un plus grand nombre de visiteurs extérieurs vivant dans la nature. Ces trois catégories d’autels sont donc complémentaires et indispensables les uns pour les autres. Ils reflètent la structuration de la société yônyôaaga, composée de natifs (les membres du buudu), d’alliés (femmes) et d’étrangers (amis et enfants). Les sacrifices et les libations du basga vont à ces trois catégories d’individus de la société.

Ainsi, à la fin de ce processus, le teng-soaba convie les autres membres de sa communauté présents à partager le reste de la boisson et du sagbo. Les poulets sacrifiés sont remis à la pog-kêema afin qu’elle les fasse bouillir en même temps qu’elle prépare du sagbo pour les derniers sacrifices qui ont lieu le lendemain matin.

Au petit matin du troisième jour, avant que la dernière ombre de la nuit ne fasse place au jour, le teng-soaba reprend le même pèlerinage rituel que celui de la veille au soir pour apporter les dernières offrandes à ses ancêtres. La seule différence est qu’en plus du sagbo, du zom-koom et de raam, cette fois-ci, ce sont des morceaux de viande des poulets sacrifiés la veille qui sont prélevés et déposés sur les autels en guise d’offrandes. Les parties de prédilection sont des morceaux de gésiers, de foies, de becs et de pâtes.

Le gésier (pesongo) symbolise le ventre, siège de la franchise, de la fidélité et de l’honnêteté des membres du buudu (lignage) entre eux et entre eux et leurs ancêtres. C’est le symbole du communautarisme, l’expression du vivre ensemble, les vivants ensemble avec leurs morts.

Le foie (sôore) représente l’intelligence, la capacité à la transcendance, au dépassement. Il symbolise le pouvoir.

Le bec (nôore) symbolise la quiétude et l’assurance. Ces états ne sont cependant réalisables que quand l’homme sait contenir ses sentiments et ses désirs. Il lui faut donc faire preuve de retenu pour contenir ce qui sort et entre dans sa bouche. C’est la représentation caricaturée de la femme, indispensable mais insaisissable.

Enfin, il y a la patte (karga) symbole de liberté et de puissance : les pieds mènent partout où se trouvent le bonheur et le bien-être. Mais ils mènent aussi à dans des situations difficiles. C’est le symbole de l’homme.

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L’ordre social ainsi rappelé, les ancêtres étant maintenant servis, le teng-soaba réunit tout le monde, hommes comme femmes, et partage la viande des animaux sacrifiés. Chacun, en fonction de son âge et de son rôle social, reçoit un morceau d’une partie du poulet lui revenant :

- les ailes et les dos reviennent aux femmes. Dans cette société exogame, les ailes appartiennent aux pog-tanpa (sœurs ou cousines) et aux kom-pugli (filles) qui s’en iront tôt ou tard monnayer leurs capacités procréatrices ailleurs ;

- les dos, symboles de repos reviennent aux pagba ou femmes de la communauté, qui se sont sédentarisées (endormies) avec le mariage ;

- les têtes et les pattes reviennent aux enfants (garçons) pour les contenter pour les corvées ; ce sont eux qui déplument et grillent les poulets sacrifiés ;

- les cuisses sont partagées entre les hommes pour instaurer la convivialité.

Une fois que ce partage rituel est respecté, un grand repas est servi aux convives, arrosé de raam (bière de mil) en abondance. C’est alors que par vagues, arrivent des délégations d’hommes et de femmes venues des quartiers voisins de Bouli, leurs chefs en tête, les amis, les alliés, etc. Chaque groupe arrive, salue, offre un présent (poulet, mouton ou argent) et retrouve une ombre quelque part sous un arbre. Les invités reçoivent un traitement particulier suivant qu’ils représentent un donneur ou un receveur de femme du buudu (lignage), un bienfaiteur, un prétendant, un parent à plaisanterie. Le traitement est fonction aussi de contexte de joie, d’abondance de récoltes et de disponibilité de moyens.

IV- LE BASGA D’HIER ET D’AUJOURD’HUI

Au basga de Bouli, l’occasion nous a été donnée d’assister à l’organisation d’une cérémonie coutumière qui n’existe presque plus de cette manière ailleurs : impliquant tout le monde sans distinction, chacun se sentant en tant que vivant et mortel religieusement concerné et responsabilisé. Chaque rôle, geste et acte posés pour le compte du basga est hautement symbolique. C’est d’abord un acte d’identité (yônyôaaga) et de responsable commun membres de ce groupe.

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Ensuite, une journée durant, nous avons pu aussi observer les nombreux groupes venus de toutes parts pour communier avec les Yônyôose et mesurer un tant soit peu l’importance des relations que cette communauté a nouées et entretenues autour d’elle. Il s’agit d’une sorte de réseau social plus élargi qui s’est construit sur la base de la sympathie, de la solidarité, de la filiation et de la communauté de destin. En quelque sorte, on peut dire que c’est un regroupement d’individus et leurs familles ayant en partage un sentiment (fort) d’union sacrée fondée, sur les principes et valeurs ancestrales.

Vu sous cet angle, le basga constitue pour l’homme de la « société occidentalisée » un moment de découverte ou redécouverte d’un autre sens que cette autre « catégorie » des Burkinabé attribue au « voisinage (bon) », l’importance qu’ils accordent à la « nécessaire complémentarité » et à la pratique du « donner et de recevoir ».

Même dans la façon d’organiser le basga, Bouli diffère des autres quartiers et villages moose qui le célèbrent toujours. La description que nous en avons faite rejoint à peu près celles de nos prédécesseurs d’il y a plusieurs décennies comme Yamba Tiendrebéogo (1964) et Elliot P. Skinner (1972) ; quand bien même, à leur temps aussi, dans la ville de Ouagadougou, leur cadre géographique d’étude, tout le monde ne connaissait pas et ne célébrait pas basga. La particularité de Bouli réside surtout dans son peuplement uniquement composé de Yônyôose, et où on a de chrétiens et de musulmans que de noms. L’enracinement particulier de ce groupe dans les pratiques anciennes s’explique essentiellement par leur isolement et leur enfermement, dans un milieu pourtant marqué par de grands mouvements et brassages de populations. L’existence de Bouli dans ce contexte explique davantage la singularité des comportements des Yônyôose et partant leur manière de célébrer le basga. Bouli constitue donc une sorte d’ilot perdue au milieu des flots, des dérives de la mondialisation et surtout de l’urbanisation de la ville de Ouagadougou.

Même dans un tel contexte, son teng-soaba (chef de terre) semble être singulier. Nous avons rencontré un hommetrès versé dans son univers naturel et spirituel avec lequel il ne semble faire qu’un. Malgré la proximité avec Donsin, un important centre du catholicisme, malgré la montée de l’islam dans le voisinage, l’adoration des ancêtres et des forces surnaturelles est une pratique encore bien développéedans son village. Bouli, comparé à d’autres

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quartiers et villages, présente cette physionomie caractéristique, mais reste confronté aux réalités du moment.

D’abord, même si les croyances et les pratiques anciennes y survivent encore,presque dans leur originalité, elles sont gérées par un groupe d’individus d’un certain âge. De nos jours ces hommes demeurent influents spirituellement, mais moins nombreux et souvent peu influents sur le plan économique et politiques. Ce qui met à rude épreuve leur tentative d’occuper une place de choix dans la société moderne et mercantiliste.

Ensuite, autour de Ouagadougou et près de Bouli, Bogodgo et Bagtengaont été d’autres sanctuaires similaires où les pratiques ancestrales étaient très vivaces. Ces villages ont longtemps entretenu entre eux des échanges réguliers ayant fortifié les systèmes d’organisation culturels mis en place, en relation avec Bouli. Mais de nos jours, ils sont ouverts, fortement impactés et leurs traditions anciennes altérées. Bouli n’est donc pas à l’abri des transformations. Déjà, on remarque que la structuration actuelle de la société ne tient pas compte de l’antériorité de l’occupation comme un critère soutenu dans le processus de l’appropriation et de la gestion des terres et des ressources naturelles par les groupes sociaux. L’ancienneté des Yônyôose ne pourrait plus leur servir d’explication pour assurer le maintien de leur quartier Bouli dans son originalité. Ses habitants devront s’adapter aux réalités imposées par les circonstances du moment.

La structuration ne reconnaît pas non plus le droit coutumier des groupes sociaux, un élément déterminent dans le cas de Bouli, mais se fonde sur le droit moderne. La communauté yônyôaaga pourrait se voir relayer au banc des oubliés si elle n’intègre pas d’autres dispositions modernes.

De façon spécifique aussi, dans notre de communauté nationale, les fonctions de sacrificateurs, de producteurs et de faiseurs de pluies qui étaient l’apanage des Yônyôose ne semblent plus d’actualité. Même l’important rôle qu’on attribuait à ceux de Bouli dans les arts de l’inhumation est de plus en plus compromis par d’autres façons d’enterrer plus simples, modernes et attractives.

Outre les facteurs ci-dessus évoqués, l’insuffisance voire le manque d’intérêt de la jeunesseconstitue un autre facteur dont la contribution à la détérioration progressive des pratiques traditionnelleset à leur

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abandon reste déterminante. Ce manque d’intérêt compromettraà terme les chances de préparation d’une relève capable de perpétuer les traditions s’il n’est pas corrigé.

Mais malgré cette situation qui semble perdue d’avance, des cultes comme ceux du basga bénéficient néanmoins de mesures atténuantes et d’innovations qui participent à leur préservation et à leur perpétuation. C’est ainsi qu’on assiste à un regain d’intérêt pour les inventaires, les études et la caractérisation des biens du patrimoine culturel et touristique en vue de leur promotion dans toutes les régions du pays. Dans ce cadre, le basga figure parmi les cérémonies cultuelles les plus répandues mais aussi qui sont menacées. Ces biens négativement impactés nécessitent qu’une attention soutenue leur soit accordée. Le basga de Bouli pourrait ainsi servir de cadre de référence.

De même, parmi les responsables praticiens, on compte des intellectuels et hommes de culture ayant pour fonctions de collecter,de protéger et/ou de valoriser les éléments du patrimoine culturel national dont les rites du basga. Leurs contributions, soient-elles encore minimes permettent de plus en plus de disposer d’informations écrites et de documents sur divers supports y relatifs. Leurs documents offrent aussi une gamme de possibilités de manipulation, d’études, de comparaisons, de diffusions et de valorisation des informations ; autrement dit de modernisation et d’adaptation des pratiques aux réalités du moment.

CONCLUSION

Actuellement, les zones périurbaines ne sont pas les seuls endroits où les impacts de l’occidentalisation de la société sur le patrimoine culturel sont importants. Ces impacts touchent toutes les provinces et les ethnies du pays. Paradoxalement, nombreux sont les Burkinabé qui recourent aux « doua » (sacrifices musulmans) et aux pratiques traditionnelles pour obtenir diverses grâces. Dim Delobsom souligne la profondeur de cette foi « indigène » : « qu’ils se convertissent à l’islam ou au christianisme, ils demeurent avant tout animistes, se couvrent d’amulettes et sacrifient en secret aux fétiches, aux esprits de l’au-delà, aux mânes des ancêtres.» (Delobsom AAD, 1934, p 26). Même à l’heure de la mondialisation et des inforoutes, cette foi est très développée. C’est la façon de la proclamer et de la vivre qu’il faut sans doute revoir afin de libérer les fidèles adeptes

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du culte des ancêtres et de la terre, oh ! combien nombreux des barrières inutiles dont ils s’entourent et rendre leurs pratiques publiques et sans gènes comme le font encore les Yônyôose de Bouli et d’ailleurs.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Eléments de sources oralesNoms et prénoms Fonctions Statuts Ages Lieux

d’enquête Dates d’enquêtes

Kiethéga Nakombse Cultivateur Chef de terre

(teng-soaba)54 ans Bouli 13 et 14 juillet 2014

Kientéga Geramain Commerçant - 48 ans Bouli 14 juillet 2014

ConseinboTibo Cultivateur - 60 ans Bouli 14 juillet 2014

Sawadogo Jean-Marie Cultivateur - 51 ans Bouli 13 et 14 juillet 2014

Sawadogo Tendaogo Cultivateur Chef (naaba) 69 ans Bouli 13 et 14 juillet 2014

Bibliographie BADINI A., 1978, La représentation de la vie et de la mort chez les Moose

traditionnels de Haute-Volta, Thèse de 3e cycle, non publiée, Lille ; 300 +4 p. multig.

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DELOBSOM A.A.D., 1934, Les secrets des sorciers noirs, Collection sciences et magie n°2, Paris.

ILBOUDO P., 1990, Croyances et pratiques religieuses traditionnelles des Mossi. Etudes sur l’histoire et l’archéologie du Burkina Faso, (3). Franz steinerVerlag, Stuttgart.

OUEDRAOGO M.G., 1973, Réflexion mossi sur Dieu, le monde et l‘homme, Mémoire de fin d’étude, Haute-Volta, Ouagadougou, ENA, 26 p.

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SISSAO A.J., 2002, Alliances et parentés à plaisanterie au Burkina Faso. Sankofa et Gurli Editions, Ouagadougou.

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SKINNER E.P., 1972, Les Mossi de la Haute-Volta. Edition nouveaux horizons, Paris (traduction du livre original publié par Stanfor University Press, Stanfor, 1964 : The Mossi of the Upper Volta).

TIENDREBEOGO Y., 1964, Histoire et coutumes royales des Mossi de Ouagadougou. Presse africaine, Ouagadougou.

ANNEXES

Photo 1 : sacrifices sur l’autel des ancêtres (kiimse) dans le kiim-doogo (case des ancêtres). On aperçoit l’autel au milieu, couvert de plumes de poulets et autour, une calebasse contenant du dolo, trois plats contenant de la sauce, de la patte de mil (to) et de la viande destinés aux ancêtres. Photo de Barthélémie Kaboré, 13 janvier 2014 à Bouli

Photo 2 : un poulet sacrifié se débattant près de l’autel du tempeelem (déesse terre), un autel en terre crue séchée, de forme conique. Photo de Barthélémie Kaboré, 13 janvier 2014 à Bouli

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Photo 3 : le teng-soaba (chef de terre) versant de la bière de mil (dolo) sur l’autel du tempeelem (déesse terre). On aperçoit aussi les plumes des poulets sacrifiés sur l’autel. Photo de Barthélémie Kaboré, 14 janvier 2014 à Bouli.

Photo 4 : scène de partage de la viande de poulet aux enfants. On aperçoit sur un plateau, des pattes de poulets.Photo de Barthélémie Kaboré, 14 janvier 2014 à Bouli

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Photo 5 : arrivée du chef de Bouli et sa suite. On remarque la couverture en cotonnade (rayures vertes et blanches) qu’il porte en bandoulière. Photo de Barthélémie Kaboré, 14 janvier 2014 à Bouli

Photo 6 : le teng-soaba (chef de terre), le naaba (chef politique) et leurs sujets se souhaitant bonne année à la fin des sacrifices. Photo de Barthélémie Kaboré, 14 janvier 2014 à Bouli

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Photo 7 : le teng-soaba (chef de terre) et le naaba (chef politique) ensemble, partageant la bière de mil (dolo) après les sacrifices. Photo de Barthélémie Kaboré, 13 janvier 2014 à Bouli