sur l’analyse spectrale et le filtrage des séries chronologiques (cahiers du plan n° 46)
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LesLes
C a h i e r sC a h i e r sd u P l a nd u P l a n
Mesure multidimensionnelle de la cohsion sociale :
Une analyse benchmarking sur un panel de pays
Khalid SOUDI et Jihane BENNANI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Sur lanalyse spectrale et le filtrage des sries
chronologiques
Ali ELGUELLAB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Accs au logement en milieu urbain au Maroc :
Tendances et facteurs explicatifs
Jamal AIT MOUHA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
s o m m a i r e
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Le retour en vogue de la question de la cohsion sociale au rang desproccupations des instances statistiques et conomiques internationales(OCDE, PNUD, Banque Mondiale, etc.), des ONG, et dans le vocabulaire desdcideurs politiques, suggre de poser trois questions essentielles songard : la cohsion de quoi ? Quest ce qui favorise ou dfavorise la cohsion
sociale ? Et comment la cohsion sociale peut-elle contribuer faire voluerles politiques sociales ? Ce questionnement exige dans un premier tempsde placer cette thmatique au cur dune rflexion paradigmatique pourtenir compte de dveloppement conceptuel et empirique sy rapportant.Ensuite, pour clairer larticulation et les implications de la cohsion
sociale dans diffrents domaines de la vie, une dmarche empirique a tdveloppe pour analyser la cohsion sociale en tant que ralit plurielle.
Le background de la question a permis didentifier dans un premier temps un socle de facteurs susceptibles dexpliquerla cohsion sociale. Une srie danalyse factorielle en composantes principales a donn lieu un sous-ensemble defacteurs explicatifs, non redondants et non corrls, compos de 15 indicateurs dapport/input et de rsultat/outcome
mesurant les diffrentes dimensions de la solidarit organique. Ces facteurs ont servi la conception dun indicecomposite de cohsion sociale dont la mesure se rfre lapproche empirique des ensembles flous.
Ayant le mrite de hirarchiser la contribution des facteurs explicatifs lindice composite de la cohsion sociale,cette approche de mesure a permis dinformer sur les pistes emprunter pour renforcer la cohsion sociale et les dfisauxquels font face les pays son gard.
De tous les rsultats manant de cette tude, retenons, essentiellement, que le paradigme de la cohsion sociale estplus large que celui du dveloppement humain. Il est fond sur la justice sociale, le bien-tre dans ses dimensionsqualitative et quantitative, et sappuie sur une dmarche dinclusion sociale couple aux bonnes pratiques de lagouvernance et la participation. En outre, le mot dordre de la cohsion sociale est la discrimination positive pour
promouvoir lquit gendorielle.
En somme, le niveau de la cohsion sociale met en exergue la diversit en termes dexprience humaine, et reste disparateselon le niveau de dveloppement des pays. En dpit de ces contrastes, les stimulants de la cohsion sociale semblent rsulter
dun brassage de facteurs conomiques, politiques et institutionnels lis linsertion professionnelle, la lutte contre lapauvret, au degr de bonheur de la population, au renforcement de la dmocratie, la libert de presse et la lutte contrela corruption. Dans les pays dvelopps, deux facteurs sy ajoutent, savoir lquit de genre et la bonne gouvernance.
En revanche, les ferments de la cohsion sociale sont irrductibles aux ingalits de revenu. Ils sont dus une conjonctionde facteurs divers, notamment ltroitesse de linvestissement dans le capital humain au moyen de politiques de la santet de lducation, la faible confiance envers le systme de scurit conomique et sociale et lingalit de genre. A cesmenaces communes tous les pays, se joignent des facteurs spcifiques leurs niveaux de dveloppement. Il sagitde la participation limite de la femme au march du travail et linsuffisance de bonheur, pour les pays dvelopps, lafaible scolarisation des femmes et la faible gouvernance, pour leurs homologues en dveloppement.
Larticulation de la cohsion sociale et du dveloppement humain a soulign les carences de lIDH comme indicateurdu progrs social. La focalisation du dbat sur les seuls indicateurs de lIDH nest pas en mesure de reflter lesdimensions constituant le socle du progrs humain. Cest en cela que la cohsion sociale est replacer dans le modlede dveloppement au moyen de politiques spcifiques destines renforcer lquit sociale, lgalit des chances, le
sentiment dappartenance, la participation et les bonnes pratiques de la gouvernance.
Khalid SOUDI (HCP) et Jihane BENNANI (HCP)
Mesure multidimensionnellede la cohsion sociale
Une analyse benchmarking sur un panel de pays
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Pourquoi mesurer la cohsionsociale ?
Bien quelle soit un leitmotiv de la vie courante etun lment fondamental des valeurs citoyennes etreligieuses, universellement partages, la cohsionsociale na t considre comme un cadre de rflexionrfrentiel pour promouvoir lordre social et le bien-tre socital que depuis 2000. Cette date concideavec ladoption par le Conseil de lEurope dunestratgie pour la cohsion sociale, destine renforcer
leffectivit des droits de lhomme, la dmocratie et lalutte contre les divers travers de lexclusion sociale etdes disparits territoriales.
Cette orientation a t concrtise par la Stratgie deLisbonne, lance en 2000, en considrant la cohsionsociale comme un lment central dune conomiecomptitive et en linscrivant dans les objectifs deLisbonne 2000-2010 (TFSC, 2007). Certes, en amontde ce regain dintrt pour la cohsion sociale en tantque levier de progrs humain et damlioration du bien-tre, plusieurs facteurs se sont conjugus ces derniresannes.
Dabord, de par le monde, un constat sest impos lacommunaut internationale, savoir que les socitsdans lesquelles rgnent lgalit des chances et lareconnaissance, connaissent une meilleure performanceconomique et un niveau amlior de bien-tre de leurspopulations (Stiglitz-Sen-Fitoussi, 2009). Cest cettearticulation qui a conduit un bon nombre de pays duConseil de lEurope renforcer leffectivit des droitsconomiques et sociaux, et la scurit sociale. Et ce,
en conjonction avec les politiques gouvernementalesdestines renforcer la comptitivit conomique.
Ensuite, une socit cohsive caractrise par desdisparits moins prononces favorise le sentimentdappartenance chez la population et dbouche surune amlioration gnrale du bien-tre social et unrenforcement de lintgration des individus dans leprocessus de dveloppement (Conseil de lEurope,2005). Lenjeu est de faire face au creusement desingalits dans un contexte marqu par la capillarit ou laviscosit de la mobilit sociale ascendante, conduisant,
entre autres, au dlitement des valeurs sociales et desformes de solidarit notamment mcaniques.
Dans ce contexte, le dernier rapport sur le dveloppementhumain 2013 a mis en exergue que devant les avancesnotables en matire de dveloppement dun large pan depays en dveloppement, touchant les trois composantesde lIDH, des dficits sociaux persistent en termes depauvret et dingalits dans leurs diffrentes facettes(RDH, 2013).
Telle situation est plus proccupante en Afrique o les
pays vivent une transition en triptyque dmographique,
conomique et socitale conduisant, entre autres, au
dlitement des valeurs sociales, la fragmentation des
formes de solidarit et lmergence de lindividualismemarqu par de nouveaux besoins de consommation et
ladhsion de nouvelles valeurs (Lahlimi Alami, 2012).
En Inde, pays marqu par dnormes diversits ethniqueset culturelles et dimmenses ingalits conomiques etsociales, les travaux sur la cohsion sociale (Mukerjeeet Ray Saraswati, 2006) ont montr que les femmesissues de groupes marginaliss et des rgions fortepopulation sont trs exclues dans leur socit. Lemanque de confiance lgard du gouvernement est
identifi lun des facteurs fragilisant notablement lacohsion sociale dans ce pays.
A lheure actuelle, le vritable dfi des travaux portantsur la cohsion sociale consiste dterminer lesmcanismes et les politiques ncessaires pour assurerune socit cohsive en mesure de garantir un ordresocial et dtablir un quilibre entre lquit socialeet la cohsion sociale. Il sagit de mcanismes et depolitiques qui permettent de continuer valoriseret promouvoir lgalit des chances et lquit enrespectant tous les aspects de la diversit.
Pour ce faire, ces travaux dveloppent des approchesde mesure permettant de classer les socits des moinscohsives aux plus cohsives, pourvu didentifierpertinemment les dimensions et les facteurs qui mettenten effectivit la cohsion sociale. Cette identificationest une tape cl dans toute mesure ambitieuse desphnomnes aussi multidimensionnels que la cohsionsociale.
Cest en cela que cette tude sassigne comme objectifs :(i) la construction dun indice composite de cohsion
sociale (ICCS) pour 140 pays en tenant compte des dfisconomiques et sociaux auxquels ils sont confronts ;
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(ii) la dcomposition de cet indice par dimension de lacohsion sociale en tenant compte de la diversit delexprience humaine par niveau de dveloppement despays et espace rgional dappartenance.
Dans ce cadre, la dmarche analytique adopte, fondesur une approche empirique et comparative, repose surun cadre conceptuel largi de faon dresser des regardscroiss sur la ralit plurielle de la cohsion sociale.Elle est charpente en trois sections :
(i) la premire section est ddie la prsentation de laproblmatique de la cohsion sociale. Elle se dclineen prcisions conceptuelles, prsentation des cadresthoriques qui ont abord cette thmatique, et mise enexergue des lments qui stimulent et qui menacent lacohsion sociale.
(ii) la deuxime section est consacre au cadremthodologique de mesure empirique de la cohsionsociale. Elle consiste prsenter la base de donnesconstitue de 45 indicateurs pour 140 pays, appliquerlanalyse factorielle des donnes pour dcider desindicateurs retenir pour la construction dun ICCS, et proposer une approche de mesure multidimensionnellepour llaboration de cet indice.
(iii) quant la dernire section, elle est ddie, entreautres, la prsentation des rsultats de lanalysebenchmarking sur ce panel de pays, et lapprhension,tant que faire se peut, des dterminants de la cohsionsociale en termes de stimulants et de menaces. Endernier point, cette section jette un regard sur en quoila cohsion sociale est diffrente du dveloppementhumain et sur ce quelle apporte de nouveau par rapport ce dernier. Cette analyse offre un cadre appropri pour
clairer les dcideurs sur les politiques sociales capablesde renforcer la cohsion sociale.
Fondements conceptuels de la cohsion
sociale : de la thorie lempirisme
Place de la cohsion sociale dans
les approches thoriques
Donner une bauche de dfinition de la cohsion socialeest une tche pineuse au regard de la raret des travauxthoriques consacrs cette notion, et au regard de
la diversit des socits humaines et de leurs tats dedveloppement.
La cohsion sociale fut conceptualise par lun des pres de la sociologie, mile Durkheim (1893),gnralement reconnu comme le premier avoirpopularis ce concept. Il dfinissait la cohsionsociale comme tant ltat de bon fonctionnement dela socit o sexprime la solidarit entre individus etla conscience collective. Lors du dveloppement de ceconcept, Emile Durkheim a insist sur deux lmentsconceptuels, lintgration (1) et la solidarit (2). Eneffet, une socit cohsive, pour lui, est fonction duneloyaut rciproque, que les citoyens doivent sattribuer
les uns aux autres et ltat parce quils sont retenuspar les liens de linterdpendance.
Dautres thories sociales et politiques adoptent deshypothses considrablement diffrentes concernantles units fondamentales de la socit, la nature dupouvoir et des conflits, et donc, le lien social. Il sagitnotamment du courant libral-classique, qui se fondesur la thorie du comportement individuel, cest--direune socit qui fonctionne bien est un sous-produit decomportements privs qui assure le maintien de lordresocial dans les institutions comme les marchs et les
associations prives (De Toqueville, 1986), dans lesfamilles et les rseaux damiti (Putnam, 1993).
Les socialistes dmocrates (Gomber et al., 2009)peroivent lordre social comme la rsultante dungouvernement actif et apte assurer lgalit de laredistribution des revenus. Cette redistribution peut sefaire travers la politique sociale et les programmesvisant assurer une protection contre les risquesde la vie dans une socit industrielle (des rgimesdassurance pour les chmeurs et de retraite, pour
les personnes ges, des allocations familiales et desassurances mdicales, etc.)
Cependant, en labsence dune dfinition largementpartage de la cohsion sociale, force est de constaterque les diffrents travaux portant sur cette question
(1) Lintgration ncessite le partage dune culture commune et desbuts communs entre les membres de la socit qui sont en interactionet en interdpendance avec les autres.(2) La solidarit peut prendre deux mesures, soit elle est mcanique,dans ce cas la cohsion sociale est assure par la ressemblance desindividus qui partagent des croyances et des valeurs communes.
Soit elle est organique. Dans ce type de socit les citoyens doiventcooprer pour maintenir lordre social.
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sentendent davantage sur ce qui la menace que sur cequi la favorise, notamment : le chmage, les ingalitsde revenu, lexclusion sociale, la pauvret, lintolrance,lillgitimit institutionnelle, etc.
Dfinitions de la cohsion sociale selon
les approches empiriques
Plusieurs organismes internationaux ont dfini lacohsion sociale. Les dfinitions les plus clbressont celles du Conseil de lEurope, de la Fondationinternationale et ibro-amricaine dadministration et
politiques publiques (la FIIAPP) et du CommissariatGnral du Plan Franais.
Le premier organisme dfinie la cohsion sociale dunesocit moderne comme la capacit dune socit assurer le bien-tre de tous ses membres, minimiserles disparits et viter la polarisation. Une socitcohsive est une communaut solidaire composedindividus libres, poursuivant des buts communs pardes voies dmocratiques . (Comit europen pour lacohsion sociale, 2005.)
La Task Force de haut niveau sur la cohsion sociale au21e sicle a appuy cette dfinition tout en insistant surla gestion des conflits dans un contexte de citoyennetdmocratique La cohsion sociale est la capacit dunesocit assurer le bien-tre de tous ses membres, enrduisant les disparits, en vitant la marginalisation, grer les diffrences et les divisions et se donner lesmoyens dassurer la protection sociale de lensemble deses membres. Les principes fondateurs de la cohsionsociale sont : (i) accs quitable aux droits et ressources,en prtant une attention particulire aux groupesvulnrables et dignit/reconnaissance de la personnetel quexprim par les droits de lhomme ; (ii) partagedes responsabilits ; et participation et rconciliation (TFSC, 2007).
La FIIAPP donne un autre point de vue concernantce concept. Pour elle, la cohsion sociale est plusquun moyen ou une fin, cest un principe directeur delaction publique. Elle vise la cration dun tissu socialqui structure les diffrents groupes dans un pays etassure la consolidation des institutions dmocratiqueset la mise en uvre des politiques publiques durables
favorisant la protection et le renforcement des capacitset opportunits des citoyens (Poyato, 2011).
Quant au Commissariat Gnral du Plan Franais, ilconsidre la cohsion sociale comme un ensembledes processus sociaux qui contribuent ce que lesindividus aient le sentiment dappartenir une mmecommunaut et se sentent reconnus comme appartenant cette communaut (Comit europen pour la cohsionsociale, 2005).
Suivant ces dfinitions, la cohsion sociale est unphnomne transversal associant des dimensionssociales, conomiques, politiques et culturelles imposant,de par sa nature protiforme, la participation de tousles acteurs de la socit pour renforcer la solidarit etlinclusion sociales.
En somme, Dans son acception la plus courante, lacohsion sociale implique lgalit des chances pourminimiser les disparits sociales et assurer le bien-trede tous. Dans ce cadre, leffort des politiques publiquesdoit tre redfini en faveur dun dveloppementinclusif qui vise luder les tendances ingalitaireset promouvoir lquit sociale. En dautres termes, lalutte contre les diffrentes facettes de la pauvret et
des ingalits, le bien-tre et la mobilit sociale sontdes composantes fondamentales de la cohsion sociale.
Les mesures de la cohsion sociale
Il nexiste pas une mesure unique universellementacceptable pour la cohsion sociale, lUnion europenneutilise 21 indicateurs pour la mesurer. Ces dernierscouvrent les domaines suivants : le revenu, lemploi,lducation et la sant (UE, 2005). Dans sa conception
de la cohsion sociale, la Commission conomique desNations Unies pour lAmrique latine et des Carabes(CEPALC) distingue les indicateurs dcart, par exemplele revenu, la pauvret, lemploi et les indicateursdappartenance, de confiance et de participation(CEPALC, 2007).
Quant la Banque Interamricaine de Dveloppement(BID), elle construit un indice de la cohsion socialequi se compose de deux dimensions : la rpartition desopportunits et du capital social. La premire se fonde
sur la rpartition du revenu, le niveau de pauvret, lataille de la classe moyenne et laccs lducation,
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alors que la deuxime est base sur la confiance, laparticipation, les conflits et la criminalit (BID, 2006).
Selon lOCDE, la mesure de la tendance de lacohsion sociale (Conseil de lEurope, 2005)peut tre approche par lvaluation et le suivi desindicateurs suivants : (1) taux de divortialit, (2) taux defcondit, (3) pourcentage de familles monoparentales,(4) appartenance des associations dintrt local,(5) taux de participation aux lections, (6) populationne ltranger, (7) mariages mixtes, (8) demandeursdasile, (9) taux de suicide, (10) age des femmes
la naissance du premier enfant, (11) femmes activesayant des enfants,(12) taux de criminalit, (13) tauxde dcs dus lusage de la drogue, (14) arrts detravail, (15) personnes dtenues dans des tablissementspnitentiaires et (16) acquisition de la nationalit.
Dans son rapport mthodologique sur la mesure de lacohsion sociale, le Conseil de lEurope (2005) proposeune mesure multi-niveaux couvrant quatre domainesde vie :
Equit dans la jouissance des droits :mesure par
lingalit de rpartition des revenus, le taux de chmagede longue dure, lesprance de vie la naissance et laproportion des sans domicile dans la population.
Dignit/ reconnaissance :traduite par laccs desresponsabilits suprieures pour les femmes ayantplusieurs enfants, les personnes ges bnficiant duneallocation vieillesse minimum et lcart entre le montantde laide sociale minimum et le seuil de pauvret.
Autonomie, dveloppement personnel, familial
et professionnel : reprsents par la proportion desmnages dont les deux parents travaillent et vivent endessous du seuil de pauvret, la population percevantle revenu minimum dinsertion, le taux dabandon lge minimum de dpart de lcole sans diplme et lenombre denfants travaillant avant lge lgal de dpartde lcole.
Participation/engagement : dfinie par la participation
aux votes des 18-34 ans, la part du budget dvolue
aux questions sociales, la proportion de travailleurs
handicaps dans le secteur public et priv, la part des
emplois dans le milieu associatif, la confiance dans
les institutions, les enfants abandonns, lindice decorruption, le taux de suicide, le taux dhomicide, le
nombre de condamns ou de dtenus pour 1 000 habitantset le sentiment dinscurit.
Il ressort de ces dfinitions empiriques que lacohsion sociale est un processus de construction etde rhabilitation de lorganisation sociale assurantlordre social. Tout en ciblant le bien-tre de tous etlquit sociale, elle place les individus au centre de sesproccupations, en mettant laccent sur les conditionspermettant de les rassurer. Conduisant une solidaritforte aussi bien organique que mcanique et des lienssociaux intenses entre les individus, la cohsion sociale
constitue un vecteur dintgration des individus et deleur attachement au groupe et conforte leur participation la vie sociale.
Approche mthodologique pour
une mesure multidimensionnelle de
la cohsion sociale
Conception dune base de donnes
sur un panel de pays
La collecte des donnes est la premire dmarche
entamer pour russir une tude empirique lchelleinternationale. Cest une phase pineuse ncessitantla validation de trois critres de qualit de donnes :(i) la pertinence des donnes pour dterminer le degrdincohsion sociale dans un pays donn ; (i i) ladisponibilit des donnes pour la majorit de pays deltude ; et (iii) la fiabilit et la transparence des sourceschoisies.
Le recours ces critres nous a permis de constituerune base de donnes de 45 indicateurs couvrant140 pays, dont 39 pays dvelopps et 101 pays envoie de dveloppement. Ces indicateurs proviennentessentiellement des bases de donnes internationalespour le dveloppement conomique et social : rapportsde lIDH 2012 et 2013, le site de la Banque mondiale,la base de donnes tire de lencyclopdie Britannica (2012), la base de donnes Gender, Institutions andDevelopment et celle de Components of PopulationGrowth for Region Summary de 2012, le rapportde Happy Planet Index de 2012, et le rapport de lOrganisation mondiale de Sant .
Les indicateurs retenus sont structurs selon troisdomaines de vie :
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Domaines de vie Indicateurs de mesure Source de donnes
Bien-tre
de la population
Taux de pauvret Banque mondiale
Rapport du Happy Planet Index(2012)
Programme des Nations Uniespour le Dveloppement (PNUD,2012, 2013)
Base de donnes Componentsof Population Growth for RegionSummary (2012)
Encyclopdie Britannica
(2012)
Produit national brut par habitant
Population rfugie
Taux dincarcration
Indice composite de bonheur
Bien-tre
Satisfaction lgard de la communaut
Satisfaction lgard du gouvernement
Confiance entre personnes Satisfaction professionnelle
Violation des droits de lhomme
Intensit de la guerre civile
Taux de croissance de la population
Nombre net de migrants
Diffrences ethniques
Diffrences linguistiques etuistiques et
Diffrences religieuses
Contexte
socio-conomique
et politique de la
cohsion sociale
Taux de croissance du PIB Site de la Banque mondiale
Programme des Nations Uniespour le Dveloppement (PNUD,2012, 2013)
Rapport de lOrganisationmondiale de sant
Classement de reporters sansfrontires
Rapport du Happy Planet Index
Taux dinflation
Taux du chmage
Dpenses publiques en ducation
Taux de dcrochage dans lenseignement primaire
Nombre moyen dannes de scolarisation
Dpenses publiques en sant
Dmocratie
Libert de presse
Gouvernance
Corruption
Engagement politique des citoyens
Densit de mdecins par 10 000 habitants
Taux de mortalit infantile
Esprance de vie la naissance
Esprance de vie 60 ans
Taux de fcondit et
Part de la population rurale
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Domaines de vie Indicateurs de mesure Source de donnes
Ingalits Indices desprance de vie ajusts aux ingalits Programme des Nations Uniespour le Dveloppement (PNUD,2012 et 2013)
Base de donnes Gender,Institutions and Development .
Rapport de lOrganisationmondiale de sant
Indices dducation ajusts aux ingalits et
Indices de revenu ajusts aux ingalits
Taux dactivit des deux sexes
Indice dingalit de genre
Population fminine ayant au moins lenseignementsecondaire
Population masculine ayant au moins lenseignementsecondaire
Proportion des siges occups par des femmes dans lesparlements nationaux
Indice de violence contre les femmes
Analyse factorielle des indices dimensionnels
Du point de vue analytique, lanalyse factorielle adoptedans le cadre de cette tude, consiste dceler les liensrelationnels existants entre les indices dimensionnels.A partir du moment o on peut dresser un schma
corrlationnel entre les diffrentes dimensions, il seraitplus ais didentifier les indices intrinsques susceptiblesdexpliquer et de mesurer la cohsion sociale.
Telle dmarche a le mrite de : (i) rechercher lesstructures caches dans les donnes et de raliser unschma descriptif des liens causaux entre le phnomnetudi et les diffrentes mesures et observations traduitespar ces donnes ; et (ii) expliciter les dimensions en liencorrlationnel pure, sans redondance et sans colinarit,avec la cohsion sociale. Lobjectif est de rechercher
les dimensions pertinentes pouvant mesurer la cohsionsociale tout en vitant la colinarit et la redondancede linformation.
Devant des variables purement quantitatives nonordinales, il est souhaitable dutiliser une analyse encomposantes principales (ACP(3)). Cette techniquepermet de mettre en vidence les fortes relations entre lesvariables, dvaluer les proprits du modle factoriel,et dextraire les dimensions les plus pertinentes pourmesurer la cohsion sociale. Pour ce faire, nous avons
(3) Cf. annexe 2 prsentant la consistance et lobjet de lACP.
procd par tapes itratives pour approcher le vritableportrait de la cohsion sociale :
(i) la premire tape consiste appliquer lACP surlensemble des indices dimensionnels susceptibles detraduire les diffrentes composantes de la cohsion
sociale ;(ii) la deuxime tape consiste liminer les indicesredondants en examinant la matrice de corrlationslinaires, la matrice de corrlations anti-images et lestests de satisfaction des critres de pertinences de lACP(KMO et sphricit) ;
(iii) la troisime tape consiste chercher la meilleureprojection des indices retenus dans un espace deuxdimensions, dont la premire permet la meilleureconsistance ordinale des pays selon les indices retenus.
Interprtation du premier plan factoriel :
projection des indices dimensionnels
retenus
Aprs une srie danalyse factorielle en composantesprincipales (les rsultats finaux de cette dmarche sontprsents dans lannexe 1), il en ressort que les indicesdimensionnels susceptibles de mesurer la cohsionsociale sont au nombre de 15 indices. Ils sont en mesurede reflter le degr de la cohsion sociale des pays, et
prsentent des informations statistiques non redondanteset non colinaires. Les tests statistiques conduits dans
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ce sens (KMO et sphricit) ont permis didentifier lesprincipales composantes de la cohsion sociale.
Le premier plan factoriel explique 50,4 % de linertietotale. Il permet de dceler les structures caches dansles donnes et de raliser un schma descriptif des lienscausaux entre les indices dimensionnels retenus. Eneffet, les rsultats factoriels obtenus font ressortir unschma de cohsion deux faces :
(i) la premire face dvoile le rle des indices
dimensionnels dapport/appui dans la dtermination de
politiques socioconomique. Il sagit, essentiellement,de linteraction entre, dune part, lquit dans larpartition, le bonheur de la population, la scurit,lments favorisant la cohsion sociale, et, dautre part,la pauvret, le chmage, la corruption, comme facteursde menace.
En somme, les indices dimensionnels susceptiblesde mesurer la cohsion sociale sont : le chmage, lapauvret, lingalit du revenu, le bien-tre (le bonheur),la scurit conomique et sociale, la corruption,lingalit de genre, lactivit fminine, la scolarisationdes femmes, les dpenses publiques en sant, lesdpenses publiques en ducation, la dmocratie, la
gouvernance, la libert de presse, et les diffrenceslinguistiques.
Projection des indices dimensionnels retenus sur le premier plan factoriel (option varimax)
Dpenses_ducation
Dpenses_sant
Gouvernance
Chmage Corruption
Pauvret
Difrences_linguistiquesIngalit_genre
Activit_fminine
Libert_presse
Indice_Bonheur
Scurit
Scolarisation_femmes
Revenu_ajust_ingalits
1,0 0,5 0,0 0,5 1,0
1,0
0,5
0,0
0,5
1,0
Component 1
Component2
(ii) la deuxime face de ce schma met en exerguele rle des indices doutput/rsultat dans la mesurede la cohsion sociale. Ainsi, le deuxime axe (4)traduit une forte interaction entre les rsultats des
(4)labsence de leffet de Guttman, montre que leffet explicatif dupremier axe ne domine pas celui du deuxime. Ce qui arrange ces deuxtypes dindices dimensionnels dans le mme ordre dimportance.Il est prciser que leffet de Guttman permet de comprendrelintelligibilit de la structure des dimensions factorielles retenuesdans la recherche des liens logiques entre les variables effectuant lestraitements multidimensionnels. Gnralement, un nuage de pointsde forme parabolique indique une redondance entre les variablestudies. Dans tel cas, pratiquement toute linformation est contenuedans le premier axe factoriel. Cette configuration se prsente lorsque
les variables classent les sujets de la mme faon. Ce qui indiquela prdominance explicative du premier axe factoriel.
la cohsion sociale. Elle est dtermine par le premieraxe factoriel, qui traduit limportance des politiques
publiques dans la solidarisation de la cohsion sociale.
Ainsi, les dpenses publiques de sant, la scolarisation
des femmes, les dpenses publiques de lducation,
la dmocratie, lingalit de genre, linsertion
professionnelle de la femme, la gouvernance et la
libert de presse, sont autant de facteurs qui gnrent
des diffrences pertinentes, dans la cohsion sociale,
entre les pays.
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Mesure multidimensionnelle de lacohsion sociale : approche des
ensembles flous(5)
Appliqu dans diffrents domaines scientifiques, lecadre mathmatique de cette approche offre un outiltrs intressant pour traiter des problmes pour lesquelsil nexiste pas de consensus sur les facteurs permettantde classer une unit dobservation dans un ensembledonn. Par rapport la mesure de la cohsion sociale,phnomne protiforme, cette approche savre
plus adapte sa nature complexe ; elle permettraitdvaluer dans quelle mesure un pays est plus cohsifquun autre. Selon Chiappero-Martinetti (2000), telleapproche a le mrite de traiter la connaissance inexacteet le raisonnement approximatif sur des phnomnes sicomplexes. De ce fait, la thorie des ensembles flousest plus adapte au besoin dtablir un benchmarkingde pays selon le degr de cohsion sociale calcul surla base dun indice multidimensionnel dont le quantumvarie dun pays un autre.
Empiriquement, la mise en application de cette approche
ncessite, dans un premier temps, le choix des critrespertinents pour mesurer multidimensionnellement lacohsion sociale. Ensuite, par rapport chaque critre,il est question dvaluer le positionnement de chaquepays dans la distribution des indices dimensionnels dela mesure floue de la cohsion sociale. Pour ce faire, onchoisit pour chacun des critres didentification, selonquils soient mesurs par des variables quantitatives oudes variables qualitatives, la fonction dappartenancela plus approprie.
Dans ce qui suit, un aperu succinct sur les principaux
lments techniques de cette approche permettant demesurer la cohsion sociale est prsent:
Le mode calculatoire des indices
dimensionnels : choix du mode de
normalisation
Lhtrognit de la base des donnes oblige de procder la normalisation de lensemble des indicateurs de labase de donnes pour les ramener sur une mme chelle
(5) Pour une prsentation dtaille de cette approche, voir lesCahiers du plan n 38 (dcembre 2011), Haut Commissariat au Pan.
de mesure. Il est galement une tape incontournablepour pouvoir les agrger en un seul indice. Pour ce faire,il convient de transformer les indicateurs bruts en uneforme de notation commune. Cette dernire consiste fixer pour chaque indicateur une valeur maximale(taux plafond quivaut 1) et une valeur minimale(taux plancher quivaut 0). Les nouveaux indicesobtenus sont appels par les experts du PNUD indicesdimensionnels .
On notera au passage quil y a de nombreusestransformations pour aboutir une meilleure
normalisation, les plus rputes sont :MinMax 1: ,= () /() () MinMax2: ,= () /() () MinMax3: , = / Quant 1: , = (,)/()Quant 2: , = / !Les trois premires mthodes consistent en uneinterpolation entre valeurs maximales et minimales des
distributions, la premire est utilise pour normaliserdes indicateurs positivement corrls avec la cohsionsociale. En revanche, on recourt la deuxime mthodepour normaliser une variable dont les valeurs levesmenacent la situation cohsive de la socit. Plus lesvaleurs normalises par une de ces deux mthodestendent vers 1, plus lindice dimensionnel contribuefortement au renforcement de la cohsion sociale.
Les mthodes de type quantile (Quant1, Quant2) sontde nature trs diffrentes. En effet, la premire (Quant1)se base sur le calcul du rang de chaque pays pour lecritre considr, puis le diviser par le nombre totalde pays. Quant la deuxime mthode (Quant2), elleconsiste garder la solution prcdente de classementmais diviser le cumul repr au niveau de chaqueindicateur par le cumul total.
Ces deux dernires mthodes semblent scientifiquementprfrables aux mthodes dinterpolation entre bornesextrmes car, mme si elles modifient lchelledintervalle initiale de la distribution, elles sontmoins soumises au choix de valeurs exceptionnelles
(MinMax1et MinMax2). Sagissant de la mthode(MinMax3), elle dpend de la dfinition de la valeur de
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Analyse benchmarking dela cohsion sociale
Loin de prtendre lexhaustivit et sans vouloir tresystmique, cette analyse comparative, fonde sur lesexpriences des pays, a pour objet lidentification destendances, des forces et des menaces qui caractrisentltat de la cohsion sociale lchelle internationale.
Elle se rfre, entre autres, aux niveaux moyensdes quinze indices dimensionnels retenus et de
leurs contributions la moyenne globale de lindicecomposite de la cohsion sociale. La hirarchisationde ces contributions informe sur les pistes emprunterpour renforcer la cohsion sociale et les dfis auxquelsfont face les pays son gard.
Cependant, cette tentative est une tche holistique donton ne peut omettre de souligner la difficult tant donnlhtrognit des pays et lincertitude de certainsindicateurs dont lestimation ne fait pas consensus
ni sur la mthodologie de mesure ni sur la qualit
de linformation utilise. Cette question concerne
essentiellement les indicateurs mesurant la libert depresse, la gouvernance, la dmocratie et la corruption.
Partant de ces limites et des implications quils sous-tendent, il serait possible, moyennant une analyse
dsagrge par niveau de dveloppement des pays et parniveau de cohsion sociale, de pallier ces insuffisanceset de se faire un schma sur les forces et les menacesde la cohsion sociale prvalant dans diffrents espacesrgionaux.
Dans ce cadre, lanalyse conduite ci-dessous se dclineen trois sections : (i) valuation gnrale de la cohsionsociale et reconstruction de ses tendances selon lesprincipaux facteurs conomiques, sociaux et politiques ;(ii) valuation de ses tendances selon le niveau dudveloppement des pays et par niveau de cohsion
sociale ; (iii) analyse de larticulation entre cohsionsociale et dveloppement humain.
Vue densemble
Lanalyse descriptive de lindice composite de la cohsionsociale (ICCS) examine les tendances mergenteset les menaces qui caractrisent la configuration lchelle internationale des vecteurs du paysage dudveloppement. Elle met en exergue une hirarchisationdes facteurs qui contribuent au progrs en matire de
cohsion sociale.Le niveau moyen de lindice composite de la cohsion
sociale est de 0,605 : cest un ratio qui exprime la part
de la cohsion sociale explique par les facteurs retenus
Source: nos propres calculs.
0,871
0,8280,808
0,733
0,690,673
0,6310,608 0,6
0,5960,5340,525
0,4920,469 0,46
0,4260,393
0,3640,347
0,321
Norvg
e
Sud
e
Pays-bas
Italie
Brsil
A
rgen:n
e
Prou
Mexique
Indonsie
Turquie
Qatar
Maroc
Pakis
tan
Algrie
Sngal
Cam
eroun
Nigeria
Mauritanie
Tcha
d
Angola
Tendance de lindice composite de la cohsion sociale selon. Illustration sur quelques pays
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dans sa dfinition ; plus cette valeur tend vers 1, plus lasocit est cohsive, et vice versa. Cependant, en tant que
moyenne, cette valeur recle des carts pertinents entre
les pays ou groupes de pays. Ainsi, de grandes diffrences
mergent de la comparaison de lICCS entre pays : la
Norvge prsente lICCS le plus lev (0,871), suivie par
lIslande (0,831), la Sude (0,828), le Danemark (0,825),
lAutriche (0,821), lAllemagne (0,819). Sagissant
des pays prsentant un niveau moyen de lICCS, il y
a lieu de citer, titre indicatif, la Tunisie (0,618), le
Mexique (0,608), la Turquie (0,60), le Bahrayn (0,584),
le Bhutan (0,580), le Honduras (0,579). Quant aux cinqpays prsentant le niveau de lICCS le plus faible, ils
sont la Mauritanie (0,364), la Cte dIvoire (0,356), le
Tchad (0,347), la Zimbabwe (0,328), lAngola (0,321).
Ingalement rparti travers les pays, et fortementdisparate entre les pays du Nord et du Sud, lICCSreflte vraisemblablement la diversit en termesdexprience humaine et cache de fortes variations
selon le niveau de dveloppement des pays. Ceci dit,il savre pertinent de nuancer cette analyse descriptivepar niveau de cohsion sociale.
Telle dmarche a le mrite de mieux cerner laproblmatique de la cohsion sociale traversune segmentation des pays selon des critresdhomognisation, en loccurrence le niveau dudveloppement, lespace rgional des pays. Demble,elle permet de situer les dcalages existant entre lesgroupes de pays en termes de cohsion sociale, et deretracer les opportunits et les menaces de la cohsion
sociale en tenant compte de ces ingalits.Pour ce faire, le recours est fait la notion dite les-coupes issue de la thorie des ensembles flous.
Lapplication de cette dmarche permet de classer lespays dans des groupes homognes vis--vis des facteursdterminant la cohsion sociale. Autrement dit, on esten prsence des mmes lments qui renforcent oumenacent la cohsion sociale au niveau de ces groupes.
Segmentation de lICCS par niveau de cohsion sociale
a-coupes Frquence Pourcentage Cumul Moyenne
Score 0,701 37 26,43 26,43 0,762
0,504 Score 0,498 70 50,00 76,43 0,601
Score 0,498 33 23,57 100,00 0,429
Total 140 100,00 0,604
Les -coupes construites de lICCS ont permis didentifier
trois sous groupes homognes. Regroupant les pays
prsentant un indice de cohsion sociale suprieur
0,70, le premier groupe est le sous ensemble compos
de 26,4 % des socits les plus cohsives. Quant au
deuxime groupe, il concerne les pays dont lindicese situe entre 0,699 et 0,504. Ce groupe reprsente
50 % des socits juges moyennement cohsives. Le
dernier groupe, le troisime, est labri des pays les moins
cohsifs dont lICCS est infrieur ou gale 0,498.
Cas des pays ICCS lev
Au nombre de 37, ce groupe est compos de la plupartdes pays dvelopps. Il prsente lICCS le plus lev,soit une moyenne de 0,762 distanant celle de tous les
pays (0,604). Le peloton de ce groupe est compos despays scandinaves (la Norvge, lIslande, le Danemark
et la Sude) caractriss principalement par des niveauxlevs de cohsion sociale (ICCS>0,825, de lAutriche(0,821), de lAllemagne (0,819) et des Pays-Bas (0,808).Les autres pays situs en bas du classement (lAlbanie,lAndorre, le Chili, le Brunei Dar Essalam, le Chypre
et lEspagne) sont essentiellement des pays europensou mergents.
Loin dtre fortuit, cette prminence dans le classement,traduit, grosso modo, limpact des performances socialeset socitales des pays de ce groupe sur laffermissementde la cohsion sociale. Une manire de se rendre comptede ces performances est de comparer la distribution desindices dimensionnels entre les valeurs maximale (1)et minimale (0) de chaque composante de la cohsionsociale. Plus la valeur de lindice dimensionnel tendvers 1, plus cette composante renforce la cohsion
sociale. Inversement, plus cette valeur tend vers 0, pluscette composante est une source dincohsion.
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Liste des paysICCS lev
Classement Pays ICCS Classement Pays ICCS Classement Pays ICCS
1 Norvge 0,8716 14 Canada 0,7853 26 Malte 0,7419
2 Islande 0,8313 15 Australie 0,7769 27 Luxembourg 0,7394
3 Sude 0,8283 16 Core du Sud 0,7743 28 Italie 0,7333
4 Danemark 0,8253 17 Hong-Kong 0,7657 29 Costa Rica 0,7293
5 Autriche 0,8210 18 Slovnie 0,7608 30 Estonie 0,7287
6 Allemagne 0,8195 19 Etats-Unis dAmrique 0,7590 31 Slovaquie 0,7176
7 Pays-Bas 0,8083 20 Pologne 0,7556 32 Brunei Dar Essalam 0,7175
8 Suisse 0,7978 21 Belgique 0,7534 33 Andorre 0,7154
9 Irlande 0,7970 22 Nouvelle-Zlande 0,7527 34 Espagne 0,7116
10 Finlande 0,7969 23 Portugal 0,7479 35 Chypre 0,7105
11 France 0,7932 24 Rpublique tchque 0,7462 36 Chili 0,7031
12 Royaume-Uni 0,7876 25 Barbade 0,7432 37 Albanie 0,7017
13 Japon 0,7862
Distribution des indices dimensionnels de linsertion professionnelle, de la pauvret et de lquit de genre.
Cas de quelques pays ICCS lev
Norvge
Islande
Sude
Danemark
Autriche
Allemagne
Pays-Bas
France
Japon
Canada
Australie
CoreduSud
Etats-Unis
dAmrique
Belgique
Luxembourg
Italie
Espagne
Chypre
Chili
Albanie
Lutte contre la pauvret Equit de genreInsertion professionnelle
0,0
1,0
0,9
0,8
0,7
0,60,5
0,4
0,3
0,2
0,1
Lexamen de la distribution des indices dimensionnelsfait ressortir que les pays de ce groupe se distinguentpar leur capacit rsorber le chmage, en enregistrantune forte insertion professionnelle, lutter contre la
pauvret et promouvoir lgalit de genre. Cettesimultanit des performances concerne la majorit
des pays de ce groupe, hormis le Chili et lAlbanie quimarquent une performance moyenne dans la lutte contreles ingalits de genre. Ces performances refltent, entreautres, la grande place que prtent ces pays aux secteurs
sociaux qui constituent le pilier de toute marche versune socit cohsive.
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Sagissant des composantes socitales (6), en loccurrence
la dmocratie, la libert de presse et la gouvernance, la
majorit des pays de ce groupe enregistrent des avancs
notables par rapport au reste des pays. Les progrs
raliss dans ces domaines expliquent en partie le niveau
lev de la cohsion sociale des pays de ce groupe.
Cas des pays ICCS moyen
Cette strate de lICCS est compose de 70 pays dont5 pays dvelopps, savoir la Croatie, la Grce, laHongrie, la Lettonie et la Lituanie. Elle se discernepar un niveau moyen de lICCS (0,601) avoisinant lamoyenne internationale (0,604). Le deuxime constatcaractrisant la composition de ce groupe, est ladiversit des espaces rgionaux auxquels appartiennentles pays qui le composent. LAfrique, lAmriquelatine, lAsie et lEurope y sont tous reprsents. tantdonn la forte diversit de ce groupe, le portrait des
(6) Lapport dtaill des diffrentes dimensions sociales, conomiques
et politiques la cohsion sociale sera analys dans la deuximesection.
facteurs explicatifs de la cohsion sociale dpendranotablement des choix politiques de ces pays, des dfis leurs gards et de leurs opportunits en matire deprogrs humain.
En effet, lanalyse des indices dimensionnels parcomposante de la cohsion sociale montre que les paysde ce groupe ont tous dploys des efforts notables dansla lutte contre le chmage et la pauvret. Par rapportaux autres facteurs, deux cas se prsentent : le premiercas marque une forte divergence dans les performances
des pays, il concerne notamment les domaines suivants :lactivit fminine, la lutte contre la corruption, lagouvernance, le bonheur de la population. Quant audeuxime cas, il sagit des handicaps qui menacent lacohsion sociale dans ce groupe de pays. Ils concernentparticulirement des retards enregistrs dans le domainede lducation, de la scurit, et de la lutte contre lesingalits de genre.
Distribution des indices dimensionnels de la dmocratie, de la libert de presse et de la gouvernance. Cas dequelques pays ICCS lev
0,0
1,0
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,30,2
0,1
Norvge
Islande
Sude
Danemark
Autriche
Allemagne
Pays-bas
France
Japon
Canada
Australie
CoreduSud
Etats-Unis
dAmrique
Belgique
Luxembourg
Italie
Espagne
Chypre
Chili
Albanie
Libert de presse GouvernanceDmocratie
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Liste des pays ICCS moyen
Classement Pays ICCS Classement Pays ICCS Classement Pays ICCS
1 Jamaque 0,6996 25 Montngro 0,6277 48 Paraguay 0,5741
2 Serbie 0,6976 26 Thalande 0,6250 49 Suriname 0,5741
3 Croatie 0,6951 27 Tunisie 0,6189 50 Malawi 0,5738
4 Uruguay 0,6913 28 Moldavie 0,6109 51 Philippines 0,5701
5 Brsil 0,6906 29 Mexique 0,6084 52 Bolivie 0,5694
6 Grce 0,6903 30 Malaisie 0,6082 53 Viet Nam 0,5682
7 Gorgie 0,6869 31 Equateur 0,6048 54 Guyana 0,5581
8 Hongrie 0,6787 32 Rp. Dominicaine 0,6024 55 Fdration de Russie 0,5569
9 Singapour 0,6752 33 Indonsie 0,6009 56 Chine 0,546410 Argentine 0,6730 34 Nicaragua 0,6001 57 Emirats arabes unis 0,5412
11 Lituanie 0,6672 35 Maldives 0,5996 58 Kowet 0,5406
12 Bulgarie 0,6610 36 Turquie 0,5965 59 Guatemala 0,5405
13 El Salvador 0,6593 37 Botswana 0,5945 60 Cambodge 0,5389
14 Kiribati 0,6524 38 Venezuela 0,5914 61 Npal 0,5384
15 Panama 0,6508 39 Mongolie 0,5868 62 Qatar 0,5349
16 Cap-Vert 0,6494 40 Jordanie 0,5865 63 Burundi 0,5346
17 Lettonie 0,6460 41 Madagascar 0,5863 64 Maroc 0,5245
18 Maurice 0,6414 42 Micronsie 0,5856 65 Guine quatoriale 0,5242
19 Antigua-et-Barbuda 0,6389 43 Bahren 0,5844 66 Burkina Faso 0,5228
20 Colombie 0,6363 44 Kirghizistan 0,5830 67 Inde 0,522721 Roumanie 0,6321 45 Ukraine 0,5818 68 Gabon 0,5105
22 Prou 0,6311 46 Bhoutan 0,5805 69 Egypte 0,5094
23 Sri Lanka 0,6293 47 Honduras 0,5793 70 Afrique du Sud 0,5048
24 Ghana 0,6280
Distribution des indices dimensionnels de linsertion professionnelle, de lactivit fminine, de la pauvret
et du degr de bonheur. Cas de quelques pays ICCS moyen
Activit fminine Lutte contre la pauvret Degr de bonheurInsertion professionnelle
Jamaque
Serbie
Croatie
Brsil
Bulgarie
Roumanie
SriLanka
Ghana
Mexique
Turquie
Jordanie
Fdration
deRussie
Chine
Kowet
Qatar
Maroc
BurkinaFaso
Inde
Eqypte
Afrique
duSud
0,0
1,0
0,90,80,70,60,50,40,30,20,1
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Distribution des indices dimensionnels de la corruption, de la gouvernance, de lquit de genre, de lascurit et du bonheur. Cas de quelques pays ICCS moyen
0,0
1,00,90,80,70,60,50,40,30,20,1
Jamaque
Serbie
Croatie
Brsil
Bulgarie
Roumanie
SriLanka
Ghana
Mexique
Turquie
Jordanie
Fdration
deRussie
Chine
Kowet
Qatar
Maroc
BurkinaFaso
Inde
Eqypte
Afrique
duSud
Gouvernance Egalit de genre Scuri t conomique et socialeLutte contre la corruption Dpenses publiques en ducation
Cas des pays ICCS faible
Cette dernire strate est labri des pays connaissant une
faible cohsion sociale. Elle est compose de 33 pays
dont 25 sont africains et 8 asiatiques. Le niveau moyende lICCS de ces pays (0,429) reste en de de la
moyenne internationale (0,605). Cette situation traduit
vraisemblablement les retards enregistrs dans les
domaines sociaux et les obstacles limitant lextension
des bnfices du progrs et, partant, lamlioration du
bien-tre des populations de ces pays ; lesquels nont past sans impacter les divers travers de lexclusion sociale.
Liste des pays ICCS faible
Classement Pays ICCS Classement Pays ICCS Classement Pays ICCS
1 Lesotho 0,4986 12 Sngal 0,4605 23 Mozambique 0,4104
2 Pakistan 0,4928 13 Mali 0,4571 24 Nigria 0,3931
3 Rwanda 0,4882 14 Arabie saoudite 0,4569 25 Afrique du Centre 0,3916
4 Bangladesh 0,4876 15 Bosnie-Herzgovine 0,4488 26 Myanmar 0,3887
5 Bnin 0,4871 16 Togo 0,4399 27 du Congo 0,3730
6 Tanzanie 0,4854 17 Hati 0,4369 28 Iran 0,3680
7 Sierra Leone 0,4821 18 Syrie 0,4335 29 Mauritanie 0,3639
8 Bilorussie 0,4776 19 Cameroun 0,4264 30 Cte d'Ivoire 0,3557
9 Namibie 0,4754 20 Kenya 0,4261 31 Tchad 0,3476
10 Algrie 0,4696 21 Zambie 0,4218 32 Zimbabwe 0,3286
11 Ouganda 0,4623 22 Ethiopie 0,4192 33 Angola 0,3212
Lexamen des indices dimensionnels relatifs auxdiffrentes composantes de la cohsion sociale
explicitent, en partie, en quoi consistent ces retards etces obstacles. A caractriser ces insuffisances, force
est de constater le niveau relativement bas de lquitde genre (0,202), de lquit de revenu (0,206), des
dpenses en sant (0,249) et de la scolarisation desfemmes (0,229). Ces dsquilibres conomiques et
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sociaux saggravent davantage lorsquils se conjuguentavec le problme des diffrences linguistiques (0,328),le niveau limit des investissements en ducation(0,344), le manque de scurit (0,423), les pratiquesde la corruption (0,437), linsuffisance des pratiquesdmocratiques (0,454) et lincapacit des pays rduiremassivement la pauvret (0,478).
Cependant ces insuffisances sont sans rapport avecle contraste saillant de lindice de lactivit fminine
qui demeure en moyenne plus leve (0,588) dans cegroupe que dans le groupe 1 (0,542) et le groupe 2(0,522). Et ce, en dpit dune faible performanceen termes de lducation de la femme (0.229). Telleexception sexplique vraisemblablement par le travaildes femmes -surtout africaines- dans le secteur informel,principalement dans lagriculture, et par la part delemploi familial dominant dans le tissu conomiquedes pays africains.
Distribution des indices dimensionnels de lquit de revenu, de la gouvernance, de lquit de genre, desdpenses publiques en sant. Cas de quelques pays ICCS faible
0,0
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
Lesotho
Pakistan
Rwanda
Bangladesh
Algrie
Sngal
Mali
Syrie
Cameroun
Kenya
Zambie
Ethiopie
Mozambique
Nigria
Afrique
duCentre
Mauritanie
Cted'Ivoire
Zimbabwe
Angola
Arabie
saoudite
Gouvernance Equit de genre Dpenses publiques en santEquit de revenu
Cas des pays arabes
Le tableau ci-dessous prsente le classement des12 pays arabes de notre chantillon selon lICCS. Leniveau moyen de cet indice (0,513) est infrieur lamoyenne internationale (0,604). Ce constat semble apriori tonnant dans la mesure o ce groupe est composdes pays du Golf se caractrisant par la prvalence desressources ptrolires, notamment les Emirats ArabesUnies, le Kowet, lArabie Saoudite, le Bahren et leQatar. Or, de par sa conception et sa nature composite,la cohsion sociale ne pourrait rsulter uniquement des
performances dune seule dimension comme le revenudes ressources ptrolires.
Le classement des pays arabes selon lICCS montre
que la Tunisie occupe la premire place avec unindice composite de 0,618, dpassant non seulementla moyenne de ce groupe, mais galement la moyenneinternationale. Les autres pays arabes, quels que soientleurs revenus, ont un ICCS au dessous de cette dernire.La Jordanie, malgr ses ressources limites, se classe endeuxime position devanant galement tous les paysdu Golf. Quant au Maroc, il se positionne la 7eplaceaprs le Qatar et avant lEgypte et lArabie Saoudite.
Grosso modo, ce niveau assez moyen de lICCS des
pays arabes est rechercher dans la performance deleurs politiques socioconomiques. Lanalyse des indices
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dimensionnels montre la diversit des menaces et le poidsdes insuffisances qui restent combler dans diffrents
domaines de la cohsion sociale. Lactivit fminine
(0,206) est son niveau le plus bas dans ce groupe de
pays. Lampleur de ce retard et les aspects auxquels elle
a trait exacerbent ces menaces. Cette situation est plus
critique pour lAlgrie, la Jordanie, lArabie saoudite et
la Syrie, et lurgence de mesures incitatives lgard de
la participation de la femme arabe au march du travail.
Le deuxime trait de ces insuffisances concerne lespratiques dmocratiques. Le retard enregistr dans cedomaine est traduit par un indice dimensionnel de 0,25.Cet indice est rvlateur de lamoindrissement du droit la parole dans cette rgion. Son troitesse constituecertes une exacerbation des menaces de la cohsionsociale. Cette menace demeure plus proccupante enJordanie, Kowet, Mauritanie, Qatar, Arabie saoudite,Syrie et Emirats arabes unis.
Classement des pays arabes selon lICCS
Classement Pays ICCS Classement Pays ICCS Classement Pays ICCS
1 Tunisie 0,6189 5 Kowet 0,5406 9 Algrie 0,4696
2 Jordanie 0,5865 6 Qatar 0,5349 10 Arabie saoudite 0,4569
3 Bahren 0,5844 7 Maroc 0,5245 11 Syrie 0,4335
4 Emirats arabes unis 0,5412 8 Egypte 0,5094 12 Mauritanie 0,3639
Distribution des indices dimensionnels de lactivit fminine, de lquit de revenu, de lquit de genre, de la
dmocratie. Cas des pays arabes
0,0
1,0
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0,8
0,7
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Equit de revenu Equit de genre DmocratieActivit fminine
Tunisie
Jordanie
Bahren
Emirats
arabesunis
Kowet
Qatar
Maroc
Egypte
Algrie
Arabie
saoudite
Syrie
Mauritanie
A ces ingalits viennent sajouter dautres types
dingalits concernant les disparits conomiques etsociales lchelle nationale des pays et les disparits
homme-femme de type genre. Ainsi, traduite par un
indice dimensionnel faible (0,364), lquit en termesde la rpartition des richesses demeure trs limite. Ce
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type dingalit trouve son origine dans lorientationcentralisatrice des politiques dveloppementalistes dela majorit des pays arabes.
Sajoutent cette forme dingalit, les ingalitsde genre rsultant dun contexte politique etsocioconomique en dfaveur de lpanouissement de lafemme arabe. Lacuit de ce retard reste proccupante,soit un indice dimensionnel de 0,369. Cependant, forceest de constater que cet indice est fort contrast selonles pays de ce groupe. Ainsi les pays connaissant desretards aigus en termes dquit de genre sont lArabie
Saoudite, la Mauritanie, lEgypte, la Syrie, le Qatar, laJordanie.
Etat de la cohsion sociale en Afrique
Au nombre de 38, les pays africains de notre panelcomposent un groupe dmographiquement, socialementet conomiquement disparate. Traverse par desingalits en matire de dveloppement humain et de
progrs, lAfrique est une mosaque despaces contrasts,subissant de plein fouet les retombes de la transitiondmographique gomtrie variable, les mutationssociales et conomiques dues la mondialisation et lemorcellement d aux conflits politiques.
Dans un tel contexte, ce groupe se distingue par unfaible niveau de la cohsion sociale, soit un ICCSmoyen de 0,476 en de de la moyenne internationale(0,604). Demble, les valeurs de cet indice enregistrentdes carts pertinents entre les pays, elles se dgringolenten passant de 0,649 0,321, enregistrs respectivement
en Cap Verte et en Angola. Si lampleur de cet cartmontre que la cohsion sociale est un phnomnemultiniveau en Afrique, il souligne galement lesefforts dvelopper pour endiguer les retards et lesinsuffisances en termes de progrs et de dveloppementhumain. Encore est-il que 14 pays de ce groupe ontun ICCS au dessus de la valeur centrale (0,5), dont leMaroc.
Classement des pays africains selon lICCS
Classement Pays ICCS Classement Pays ICCS Classement Pays ICCS
1 Cap-Vert 0,6494 14 Afrique du Sud 0,5048 26 Cameroun 0,4264
2 Maurice 0,6414 15 Lesotho 0,4986 27 Kenya 0,4261
3 Ghana 0,6280 16 Rwanda 0,4882 28 Zambie 0,4218
4 Tunisie 0,6189 17 Bnin 0,4871 29 Ethiopie 0,4192
5 Botswana 0,5945 18 Tanzanie 0,4854 30 Mozambique 0,4104
6 Madagascar 0,5863 19 Sierra Leone 0,4821 31 Nigria 0,3931
7 Malawi 0,5738 20 Namibie 0,4754 32 Afrique du Centre 0,3916
8 Burundi 0,5346 21 Algrie 0,4696 33 Congo 0,37309 Maroc 0,5245 22 Ouganda 0,4623 34 Mauritanie 0,3639
10 Guine quatoriale 0,5242 23 Sngal 0,4605 35 Cte dIvoire 0,3557
11 Burkina Faso 0,5228 24 Mali 0,4571 36 Zimbabwe 0,3286
12 Gabon 0,5105 25 Togo 0,4399 37 Angola 0,3212
13 Egypte 0,5094
Gnralement, ces carts prennent encore plus dampleurlorsquon se rfre aux niveaux dindices dimensionnels.
De tous les indices considrs, lAfrique enregistre desretards svres en termes dquit de la rpartition, soit
un indice dimensionnel de 0,207. Les pays les plusconcernes par ce retard sont : Namibie (0,069), Tchad
(0,069), Mozambique (0,081), Centrafrique (0,087),Zambie (0,1), Lesotho (0,109), Malawi (0,113).
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Le deuxime facteur menaant la cohsion sociale dansce continent est lingalit de genre. Il constitue, depar ltroitesse de son indice dimensionnel (0,225),un obstacle srieux lextension du progrs et audveloppement humain dans ses diffrentes dimensions.Les pays qui accusent les retards les plus svres dansce domaine sont : Centrafrique (0,044), Mali (0,051),Mauritanie (0,061), Sierra Leone (0,061), Cte dIvoire(0,078), Cameroun (0,084), Zambie (0,092).
Avec un indice dimensionnel de 0,243, le retardde scolarisation fminine limite notablement lerenforcement de la cohsion dans le continent africain.Hormis lAfrique du Sud et le Botswana, cette situationest quasi-gnrale en Afrique. Bien que des disparitsexistent entre les pays, la Tanzanie, le Burundi, leTchad, le Mozambique et le Mali, le Rwanda sontles plus menacs par le retard de scolarisationfminine.
Distribution des indices dimensionnels de la scolarisation fminine, de lquit de revenu, de la gouvernanceet de lquit de genre. Cas des quelques pays africains
Cap-Vert
Maurice
Ghana
Tunisie
Malawi
Burundi
Guine
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BurkinaFaso
Gabon
Afrique
duSud
Sngal
Mali
Nigria
Afrique
duCentre
Congo
Mauritanie
CtedIvoire
Tchad
Zimbabwe
Angola
Equit de revenu Gouvernance Equit de genreScolarisation fminine
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Sajoute ces pesanteurs socioconomiques et culturellesdautres facteurs qui achoppent le renforcement de lacohsion sociale, savoir linsuffisance des dpensespubliques destines la sant, soit un indice dimensionnelde 0,281, le dficit en termes de gouvernance (0,354),les diffrences linguistiques (0,357) et linsuffisancedes dpenses publiques de lducation (0,374). Cesdsquilibres considrablement concentrs surlconomique et le social saggravent davantagelorsquils se conjuguent avec dautres facteurs pesantsur la stabilit de lAfrique, notamment les conflits
ethniques et religieux, les guerres civiles, les vagues defamine et les troubles politiques. Dans un tel contexte
dvolution, lAfrique savre moins lotie et mal armepour renforcer la cohsion sociale en son sein.
Contribution des facteurs explicatifs
de la cohsion sociale lICCS :
opportunits et menaces
Vue densemble
Partant de la complexit des mcanismes conduisant la cohsion sociale et sappuyant sur lhtrognitdes facteurs dterminant son issue, il convient ds
lors dadopter une approche de mesure permettant desynthtiser et de hirarchiser leurs impacts. Procder
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de cette faon a le mrite de saisir les dterminantsqui favorisent la cohsion sociale et les adversits quila menacent.
Par ailleurs, cette approche empirique a lavantage dedonner des indications non seulement sur lvolutionde la cohsion sociale dans son ensemble, mais aussisur celle de ses diffrentes dimensions. Pour cefaire, il serait question de dterminer la contributionde chaque indice dimensionnel lindice compositeglobal mesurant la cohsion sociale. Lobjectif est demettre en perspective comparative les ralisations et les
aspirations en matire de cohsion lchelle globale,par niveau du dveloppement, et par espace rgional.
De la juxtaposition de la contribution des diffrentesdimensions lICCS, il ressort (7) que linsertion
(7) Plusieurs indications porte statistique pertinente ressortent dela lecture de ce graphique : primo, aucune dimension ne dtient un
pouvoir explicatif omnipotent comparativement titre indicatifavec la contribution moyenne ; secondo, la hirarchisation de
professionnelle sidentifie au facteur socioconomiquele plus dterminant de la cohsion sociale. Il se distinguepar une contribution deux chiffres de 14,5 % lICCS.Cela voudrait dire que par rapport toutes les dimensions,la lutte contre le chmage constitue une politique derenforcement de la cohsion sociale. En effet, laccs un emploi dcent permet de protger la dignit descitoyens et de rduire le degr des disparits sociales.
Un constat notable et consquent pour cette analyseest celui du rle pertinent de la dmocratie danslaffermissement de la cohsion sociale. De par sa
contribution, hauteur de 11,6 %, lICSS, la dmocratieen tant que choix politique pour la gestion des affairespubliques et socitales, offre une opportunit certaine saisir pour btir une socit cohsive.
limpact des facteurs explicatifs est bel et bien observe ; et tertio,
lcart absolu entre les contributions maximale et minimale eststatistiquement significatif.
Contribution des facteurs de la cohsion sociale lICCS. Ensemble des pays
14,5%
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Le deuxime groupe de facteurs dimportanceostentatoire dans lexplication de la cohsion sociale,soit une contribution de prs de 33 %, consiste en lalutte contre la pauvret (9,4 %), la libert de presse(8,8 %), la lutte contre la corruption (7,9 %) et lebonheur des citoyens (7,1 %). Bien quelles soient assezlies, ces trois dimensions contribuent notablement laccroissement de la cohsion. Elles sous-entendent larduction des disparits en rduisant la marginalisation,la lutte contre les discriminations et les ingalitsextrmes, la lutte contre la corruption, le dtournement
des deniers publics et la fraude, le renforcement de lalibert de presse, et la promotion de la qualit de vie enmesure de compenser socialement le mal-tre ressenti.
En revanche, les ferments de la rupture sociale semblentrsulter de ltroitesse des dpenses publiques de sant(2,4 %) et dducation (2,6 %), des ingalits de revenu(3,2 %) et des ingalits de genre (4,7 %). De par leursfaibles contributions lICCS, ces quatre facteursconstituent des menaces contre la cohsion sociale. Cequi veut dire quil reste encore des efforts fournir enmatire de gnralisation des services sociaux de base
et de rduction des ingalits de revenu et de genre.Le ciblage de ces dficits socioconomiques permetde mieux orienter les politiques publiques mettre enuvre pour renforcer la cohsion sociale.
Contribution des facteurs explicatifs
de la cohsion sociale lICCS :
analyse comparative par niveau de
dveloppement des pays
Pour placer lanalyse prcdente dans une perspective
comparative, une dcomposition de lICCS par niveaude dveloppement des pays est effectue. Les payssont ainsi rpartis en deux groupes : pays dveloppset pays en voie de dveloppement. La juxtaposition desgraphiques ci-dessous a permis de nuancer le schmaexplicatif de la cohsion susmentionn en contrlant leniveau du dveloppement des pays.
Lexamen de la contribution des indices dimensionnels lICCS pour les deux catgories de pays, permetde constater que, abstraction faite du niveau dudveloppement, la dmocratie, la libert de presse,linsertion professionnelle, la lutte contre la pauvret etla corruption, sont les principales sources de la cohsionsociale. Ce groupe de facteurs explique prs de 40 %de la cohsion dans les pays dvelopps et de 46 %dans leurs homologues en voie de dveloppement.Cet cart rsulte essentiellement de la contribution delinsertion professionnelle qui reste plus marque parmi
ces derniers (17,1 %) que parmi les premiers (12,0 %).Ce quasi-paralllisme des facteurs favorisant la cohsionsociale ncarte pas lexistence dune opposition nettede limpact de certains facteurs dans la dterminationde la configuration de la cohsion sociale. Ainsi, forceest de constater que la gouvernance qui contribue aurenforcement de la cohsion sociale hauteur de 8,6 %pour les pays dvelopps, constitue une menace pourles pays en dveloppement, soit une contribution faiblede lordre de 4,1 %. Cette opposition est plus marquedevant la lutte contre les ingalits de genre. Au moment
o ce facteur contribue pertinemment la consolidationde la cohsion sociale dans les pays dvelopps (8,8 %),il demeure, en revanche, un ferment de la rupture socialedans les pays en dveloppement (2,9 %). Inversement, lacontribution de degr de bonheur la cohsion socialemarque galement un contraste mais moins prononcselon le niveau du dveloppement : il contribue aurenforcement de la cohsion plus dans les pays en voiede dveloppement (8,7 %) que dans les pays dvelopps(4,3 %).
Notons, en dernier constat, que parmi tous les facteurs
menaant la cohsion sociale, les dficits en termesdinvestissement dans lducation et la sant concernenttous les pays, abstraction faite de leur niveau dedveloppement. La contribution la cohsion socialedes efforts publics dans ces deux domaines est de 5,1 %pour les pays en dveloppement et de 4,8 % pour lespays dvelopps.
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Contribution des facteurs de la cohsion sociale lICCS. Cas des pays dvelopps
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Contribution des facteurs de la cohsion sociale lICCS. Cas des pays en dveloppement
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Contribution des facteurs explicatifsde la cohsion sociale lICCS :
cas des pays arabes
De par leurs contributions lICCS, linsertionprofessionnelle (19,2 %), la lutte contre la pauvret(15,1 %), le ressenti de la scurit (8) (12,3 %), lesfaibles diffrences linguistiques (11,6 %), constituentle socle de la cohsion sociale dans la rgion arabe.En somme, ces quatre facteurs expliquent prs de 58 %de lICCS. Ce chiffre offre un clairage utile sur les
possibilits de renforcement de la cohsion sociale dessocits arabes. Non seulement la solidarit mcanique,articule autour des liens familiaux et religieux etfortement ancre dans le lien social des pays arabes, quisemble dterminer la cohsion sociale, mais galementla solidarit organique, axe sur lemploi et le bien-treconomique et social. Cette tendance de la configuration
(8) Cette variable mesure le degr de confiance des citoyens dans lesystme de scurit de leur pays (source: PNUD, 2012). Les valeurs
de cet indicateur sont estimes par le pourcentage de la populationenqute juge satisfaite de : (i) la scurit conomique, au sens
de la cohsion sociale des pays arabes est en mesurede faire consolider leur capital social sur la base desinvestissements conomiques et sociaux.
Cependant, les menaces de la cohsion sociale sontnombreuses et caractre diversifi. Elles concernentlaccs limit des femmes au march du travail, soitune contribution de 1 %, le manque de dmocratie(1,5 %), les ingalits de revenu (3,2 %) et de genre(3,2 %), linsuffisance des investissements publics dansla sant (0,8 %) et lducation (2,6 %). Ces indicationsmontrent que les retards accumuls par la femme arabeconstituent une composante centrale de ces menaces.Ce qui laisse entrevoir que le changement et le progrsde la condition des femmes est une opportunit saisirpour btir une socit arabe plus cohsive. A dfaut dequoi, cette fracture sociale risque de fragiliser davantagele tissu social arabe.
large de scurit financire et demploi ; (ii) la scurit en matirede sant, au sens de protection contre les risques de maladies et de
blessures ; et (iii) la scurit physique, au sens de se sentir labrides crimes violents et du vol.
Contribution des facteurs de la cohsion sociale lICCS. Cas des pays arabes
19,2%
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Cas du Maroc
Sagissant du cas du Maroc, la dcomposition de lICCS
par dimension montre, hormis certaines exceptions, un
schma explicatif de la cohsion sociale quasi-similaire
celui des pays arabes. En effet, la lutte contre la
pauvret (19,8 %), linsertion professionnelle (18,8 %),
le ressenti de la scurit socioconomique (11,3 %) et le
bonheur de la population (11,3 %), sont les principaux
facteurs contribuant au renforcement de la cohsion
de la socit marocaine. Cette dcomposition montre
galement lmergence dun vecteur prometteur de lacohsion sociale. Il sagit notamment de la libert de
presse qui contribue hauteur de 6,8 % lICCS, de
la dmocratie (5,7 %), et de lexigut des diffrences
linguistiques (5,5 %).
Cependant, les menaces qui psent sur la cohsionsociale sont diverses. Elles concernent ltroitesse delactivit fminine, caractrise par une trs faiblecontribution lICCS (0,7 %), la scolarisation de lafemme (0,9 %), linsuffisance des investissementssociaux en sant (1,4 %), les ingalits de revenu(2,3 %), la corruption (2,7 %) et les ingalits de genre(3,2 %). Par rapport cette situation, telle que dcritepar ces contributions relatives, la solidarit organiquesemble peu efficiente, particulirement lgard desfemmes marocaines, elle ncessite la constitution
ou le renforcement dautres facteurs dquilibresocial, notamment travers lhabilitation sociale etconomique de la femme pour lui rendre justice, larduction des ingalits sociales et la promotion despratiques de bonne gouvernance.
Contribution des facteurs explicatifs
de la cohsion sociale lICCS : cas
des pays africains
La caractrisation de la cohsion sociale en Afriqueest dlicate puisque cest le continent qui cumule le
plus dattributs socioconomiques dfavorables et sedistingue par un faible niveau de lICCS (0,476). La
dcomposition de cet indice, en dpit de son troitesse,fait ressortir que linsertion professionnelle est lefacteur qui contribue le plus la cohsion (17,4 %).Lactivit fminine (13,1 %), la libert de presse(12,7 %) et le renforcement de la dmocratie (11,7 %)mergent galement en tant que facteurs qui favorisent
notablement la cohsion en Afrique.
Contribution des facteurs de la cohsion sociale lICCS. Cas du Maroc
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Cependant, tel constat ne peut tre apprci en tantque rsultat dun paradigme de dveloppement et depolitiques destins assurer un partage plus quitabledu progrs. En effet, la contribution de la lutte contrela pauvret la cohsion sociale, outre son caractremodr et insuffisant, demeure plus rduite en Afrique(7,2 %) que dans les autres groupes de pays (15,1 % dansles pays arabes, 19,8 % au Maroc, 9,8 % dans les paysen dveloppement). Demble, les ingalits de revenu,de par leur exacerbation et dveloppement, sidentifientcomme le ferment majeur de la cohsion sociale.
Outre cette menace, de multiples fractures affaiblissentla cohsion sociale des socits africaines. Ellesconcernent les ingalits de genre, caractrises par unefaible contribution lICCS (1,4 %), le faible niveau descolarisation des femmes (1,8 %), linvestissement ensant (2,3 %), la gouvernance (3,7 %), les diffrencesethniques, linguistiques et religieuses (3,7 %) et, dansune moindre mesure, linvestissement en ducation(4,2 %). Ces indications ouvrent une piste de rflexionpour promouvoir des politiques destines renforcerla cohsion.
Contribution des facteurs de la cohsion sociale lICCS. Cas des pays africains
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Cohsion sociale et
dveloppement humain :
quels liens ?
Concepts polysmiques, mais convergents, la cohsionsociale et le dveloppement humain placent le bien-tre
de lhomme au centre de leurs intrts. Cependant,leur articulation nest pas empiriquement teste.
Dfini comme tant un processus dlargissementdes opportunits offertes chacun, le dveloppementhumain est irrductible au revenu, la sant et le savoir(RDH, 1990). Dans la conception des capabilities deSen, lexpression dveloppement humain stend embrasser des besoins fondamentaux, en loccurrencela libert politique, conomique ou sociale, le respect
de soi et la garantie des droits humains fondamentaux(RDH, 1990).
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Ces dimensions couvertes par le dveloppement sont denature favoriser la convergence de la cohsion socialeet du dveloppement humain. Toutefois, force est deconstater que la mesure empirique du dveloppementhumain via lIDH (9) est partielle dans la mesure oelle nintgre pas toutes ces dimensions. En revanche, lamatrice de mesure de la cohsion sociale est composedindicateurs qui rapprochent ces dimensions. A cepropos, il serait intressant de sinterroger sur lacorrlation entre cohsion sociale et dveloppementhumain.
La juxtaposition de lICCS et lIndice de DveloppementHumain (IDH, 2012) par pays a permis de tester le degret la nature de la corrlation entre ces deux indices.Les coefficients de corrlation linaire (+ 0,832) et decorrlation de rang (+ 0,856) montrent que les deuxindices sont fortement corrls et que la connaissancede lun deux renseigne sur lautre. Cependant, tantdonn que ces deux coefficients ne concident pas aveclunit (+ 1), cela suppose lexistence de distorsions (10)dans le classement des pays selon lICCS et lIDH.
En ce sens, il est envisageable que certains pays
peuvent afficher un niveau de dveloppement levsans, toutefois, tre caractriss par une forte cohsionsociale. Inversement, les pays faible niveau dedveloppement peuvent connaitre de bons rsultats enmatire de cohsion sociale. Pour tester cette assertion,on a distingu trois groupes de pays : les gagnants enclassement entre les rangs de lICCS et de lIDH, lesperdants et le reste des pays qui nont pas connu unchangement significatif.
Ainsi, avec cette classification compare entre lICCSet lIDH, apprcie-t-on mieux larticulation entre lacohsion sociale et le dveloppement humain. Un bonnombre de pays bien classs selon lIDH, se trouventparmi les derniers du classement de la cohsion sociale.Cette situation concerne particulirement les pays duMoyen-Orient : lIran enregistre la plus forte chute duclassement en passant de lIDH (63e rang) lICCS(135e), soit une perte de 72 places. Cette dclinaison
(9) IDH : indice de dveloppement humain (RDH, 2012).(10) De par leur construction mthodologique, lICCS fond sur15 indicateurs conomiques, politiques et sociaux et lIDH fond
sur le savoir, la longvit et le revenu ne peuvent convergerparfaitement. Outre cette source de divergence, le rapport sur le
est galement remarquable pour lArabie Saoudite( 68 places), le Qatar ( 65), les Emirats arabes unis( 58), le Kowet ( 48), la Syrie ( 35) et le Bahren( 35).
De tous les pays de lAfrique du Nord, lAlgrie a connuun fort dclassement entre les rangs du classementde lICCS et de lIDH se traduisant par une perte de43 places. Elle est suivie du loin par lEgypte qui afficheune perte de 19 places.
Sagissant des pays dvelopps, quatre pays de lEuropede lEst enregistrent les pertes en classement lesplus importantes en termes de cohsion sociale : laBilorussie sest distingue par une perte de 69 places,suivie par la Bosnie-Herzgovine ( 55), la Fdrationde Russie ( 42) et lUkraine ( 17).
Par rapport au continent asiatique, seuls deux paysont connu une chute notable du classement selonlICCS en comparaison avec celui de lIDH : leSingapour a perdu 28 places et la Birmanie ou Myanmar18 places.
Quant aux pays de lAfrique subsaharienne, les pertes
les plus importantes concernent lAngola ( 26 places),la R.D. Congo ( 24), le Gabon ( 23), le Kenya ( 16)et la Namibie ( 16).
En revanche, la tendance inverse montre que certainspays affichent de forts niveaux de cohsion socialesans toutefois connatre de bons rsultats en matirede dveloppement. Cette tendance se traduit par ungain en termes de classement plus important selonlICCS que selon lIDH. Elle est plus explicite dansles pays en dveloppement. Le Cap-Vert enregistre leplus fort gain en termes de classement, il est pass du
103erang selon lIDH au 53eselon lICCS, soit un gainde 50 places. Cette progression importante concernegalement le Kiribati (+ 44 places), le Ghana (+ 44), leMalawi (+ 44), le Madagascar (+39), le Burundi (+ 35),le Burkina-Faso (+ 35), etc.
dveloppement humain 2013 a notifi que les pays classs dans lescatgories infrieures ou moyennes du dveloppement humain ontralis des progrs significatifs tout en tant accompagns dune
augmentation des ingalits des revenus, des dpenses militairesleves et une faible cohsion sociale (PNUD, 2013).
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7/22/2019 Sur lanalyse spectrale et le filtrage des sries chronologiques (Cahiers du Plan N 46)
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Pertes en termes de cohsion sociale (11)Nombre de places perdues entre les rangs du classement de lICCS et de lIDH
16
16
16
16
16
17
18
19
23
24
26
28
35
35
42
43
46
54
55
65
68
69
72
0 10 20 30 40 50 60 70 80
USA
Nouvelle-Zlande
Grce
Namibie
Kenya
Ukraine
Myanmar
Egypte
Gabon
R. D. du Congo
Angola
Singapour
Bahren
Syrie
Fdraon de Russie
Algrie
Kuwet
Emirats arabes unis
Bosnie-Herzgovine
Qatar
Arabie saoudite
Blarus
Iran
Les pertes en termes de cohsion sociale.Nombre de places perdues entre les rangs du classement de lICCS et de lIDH
50
44
44
44
39
35
35
33
30
30
27