CÂKHET DE BALADEFOETAN BRO

SUR LA TRACEDES PEINTRESDE PONT-AVEN

Par Stéphanie Biju

Lumières saturées, paysages changeants, parler etcostumes bretons ont attiré de nombreux peintres,à La fin du XIXe siècle, à Pont-Aven. Robert Wylieet les Américains d'abord, puis Paul Gauguin, PaulSérusier, Emile Bernard, Maxime Maufra... ont ainsicontribué à La renommée de cette cité finistérienne.On suit Leurs pas, Le Long de la rivière, de lavoirsen biefs de moulins. Ils mènent des auberges où ilsont vécu jusque dans les allées du bois d'Amour, del'émouvante chapelle de Trémalo jusqu'au Pouldu...

[ Le chaos de Pont-Aven se situe dans le prolongement de la promenadeXavier-Grall. Un peintre américain aurait comparé l'apparence de ces blocsde granit polis par l'eau et le vent, à une peau de cochon. ® SB / LMDP ]

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s, meubles et aussi reproductions des œuvrespeintes à même les murs par De Haan ou Gauguin :la maison-musée du Pouldu a voulu recréer l'ambiancequi régnait à la Buvette de la plage à l'époqueoù les peintres s'y sont installés. Des tablettesinteractives enrichissent la visite. ® SB / LMDP\e la Buvette de la plage, un circuit mène sur les différents sites peints par Gauguin

et ses camarades. Ce couloir de mer qui s'engouffre dans les falaises est par exemplereproduit dans «Au dessus du gouffre» de Gauguin. ® SB/ LMDP ]

Dans l'atelier du manoirde Lézaven

[ffesté dans son jus, l'atelier de Lézaven,loué par de nombreux artistes, est saisissantd'authenticité. Jean Le Reste, propriétaire, enouvre les portes aux peintres qui en font lademande. © SB / LMDP

Le secret semble bien gardé. Au cœurde Pont-Aven, au bout d'une allée detilleuls, le manoir de Lézaven abriteun atelier qui «fut un grand lieu decréation», indique Jean Le Reste, pro-priétaire actuel. «C'est même un peuici que tout a commencé .'». Saisissantd'authenticité, l'atelier de Lézavenporte encore les traces des pinceauxessuyés sur ses murs par les artistes quil'ont loué. Wylie, Clairin, Gauguin...«et beaucoup d'autres», note JeanLe Reste. « Ces peintres^ se sont servisdes alentours du manoir, sa cour, sesjardins, sa cuisine, pour les représen-ter». Fermé au grand public, l'atelierde Lézaven accueille les artistes qui enfont la demande. «Pour perdurer l'espritet l'histoire de cet atelier», motive sonpropriétaire.

I ci quand le soleil brille, les cou-leurs sont intenses, à l'image du ciel,d'un bleu vif. S'il fait gris, c'est toute

une palette de verts qui ressort», observeCatherine Boyle-Turner, historienne d'art etspécialiste de l'École de Pont-Aven*. Ce sontces lumières contrastées, des paysages val-lonnés et boisés et aussi l'exotisme des cos-tumes et du parler breton qui ont attiré lespeintres à Pont-Aven. Mais, «c'est la présenced'auberges bon marché et la qualité d'accueilde leurs hôtesses qui les a fait s'établir dura-blement», insiste Catherine Boyle-Turner.Robert Wylie et les Américains, dès les an-nées 1860, puis toute une colonie d'artistesdont Paul Gauguin, Paul Sérusier, Emile Ber-nard ou encore Maxime Maufra, ont ainsiposé leur chevalet à l'hôtel de Julia Guillouou à la pension de Marie-Jeanne Gloanec.Sur la place de l'hôtel-de-ville, des plaqueset médaillons apposés sur ces bâtimentsabritant désormais une galerie d'art et unemaison de la presse, témoignent du séjourdes artistes dans leur mur.

Pose sur les lavoirset escaliers de pierreDe ces auberges, centrales, les peintresn'avaient que quelques mètres à parcourirpour croquer Pont-Aven, le lit de sa rivièrejonché de blocs de granit, les biefs de sesmoulins et «ses habitants qui prenaient vo-lontiers la pose pour quelques sous», raconteCatherine Boyle-Turner. Lavandières, jeunescouples ou enfants sont ainsi représentéssur les Lavoirs et escaliers de pierre qui ja-lonnent la promenade Xavier-Grall. Un petit

havre de verdure bâti sur un îlot auquel onaccède depuis le pont au centre du village(photo ci-contre). Agrémenté d'un large choixd'essences, cet itinéraire fleuri à longueurd'année longe l'Aven et traverse le canal del'ancien moulin de Poulhouars, dont seulesles vannes sont encore en place.Dans le prolongement de la promenade, d'im-posants blocs de granit créent le tumultedans la rivière. Un chaos de pierres poliespar l'érosion, qu'« un peintre américain auraitcomparé à la peau des cochons», rapportel'historienne.

Leçon de synthétismeauHois d'AmourEn passant sous le pont de chemin de fer,on arrive au début de la promenade préféréedes peintres. Celle du bois d'Amour, longéede hêtres et de frênes, semée de grossespierres moussues lui conférant un air de Bre-tagne mystique. Ce bois a été maintes foisreproduit, tant dans une veine académiquequ'avant-gardiste. Gauguin y a même donnésa célèbre leçon de synthétisme au jeune Sé-rusier lui conseillant de peindre non pas cequ'il voyait mais ce qu'il ressentait pour son«Talisman». «À l'époque, les arbres n'étaientpas si hauts. Il y avait davantage de refletssur la rivière», fait remarquer CatherineBoyle-Turner.Après le Moulin du Pont-neuf, le chemin sepoursuit dans les hauteurs de la ville, jusqu'àl'émouvante Chapelle de Trémalo. Le tempssemble ici s'être figé au milieu du XIXe siècle.Cachée au milieu d'arbres centenaires, Lachapelle gothique se distingue par son toit

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[Si les peintres se sont installés durablement à Pont- [Catherine Boyle-Turner, historienne d'art, spécialiste de l'École de Pont-Aven, nous conduit\ven, c'est aussi parce qu'il y ont trouvé des auberges dans les allées du Bois d'Amour, mainte fois reproduit dans un style académique ou avant-gardiste.>on marché. À l'image de la pension Gloanec, devenue Le site est notamment connu pour la leççai de synthétisme donné par Gauguin à Sérusier pourme librairie. ® SB / LMDP\ oeuvre «Le talisman». ® SB/ LMDP\e et son escalier à ciel ouvert. A

l'intérieur, son christ en bois polychrome anotamment inspiré Gauguin pour son «Christ

jaune», qu'il a situé dans un champ, veillépar des paysannes.

Ambiance d'époqueà la Buvette de la plage« Le "Christ vert ", lui, a été peint au Pouldu »,assure Virginie Gorrec, responsable de lamaison-musée du Pouldu. «Il représente une

femme adossée au calvaire de Nizon, avec enarrière-plan la plage des grands sables, avantla construction des lotissements qui ont casséles dunes formées par le vent».Quand Paul Gauguin et Meyer De Haan, lasde l'agitation de Pont-Aven, s'installent, en1889, dans ce hameau de Clohars-Carnoët,

«// n'était pas encore une station balnéairemais un village avec des maisons dispersées,des cours de fermes», retrace Virginie Garrec.Gauguin, De Haan et dans leur sillage, Séru-sier, Filiger, Moret, Clairin ou Maufra prennentleur quartier à la Buvette de la plage de MarieHenry, dont la maison-musée du Pouldu estune reconstitution fidèle. Objets et mobiliersd'époque garnissent la cuisine, les chambreset la salle à manger aux murs ornés des re-présentations de «Teilleuses de Lin» de DeHaan ou de «L'oie» de Gauguin. «On a vrai-ment voulu recréer l'ambiance qu'ont connuici les peintres», indique Virginie Gorrec.À quelques pas de la maison-musée, un «che-min des peintres» permet de découvrir les

paysages cornouaillais qui les ont tant ins-pirés. Autant de falaises, de rochers, de boutde plages, de champs descendant vers la mer

Pont-Aven :réouverture du muséedes Beaux-ArtsAprès un important chantier d'agrandis-sement et de modernisation entamé en2012, le Musée de Pont-Aven rouvrirases portes au printemps 2016. Le par-cours de ce musée, dont la vocation estde faire découvrir l'aventure artistique àPont-Aven de 1860 à 1950, a été enrichide nouveaux dons, achats et dépôts,qui en font l'une des plus importantescollections de tableaux de l'école dePont-Aven, de Bretagne. Son expositioninaugurale sera consacrée aux «Rouart,de l'impressionnisme au réalisme ma-gique». Elle sera visible du 26 mars au18 septembre 2016.

que l'on retrouve sur d'illustres tableaux, ex-

posés dans les musées du monde entier.

(*) Nom donné au groupe formé par les peintres sym-bolistes et synthétistes qui se sont rendus régulière-ment à Pont-Aven.

Pont-Aven et ses peintres, par Estelle Guille des Buttes-

Fresneau, éd. Gisserot

Plaquette La route des peintres en Cornouaille, rédigée par

R. Le Bihan, M.-P. Rivière et H. Depoid, disponible à l'OTde Quimper.

Guide du Routard La Bretagne et ses peintres.

Sérusier en Bretagne, par Catherine Boyle-Turner, éd.

Chasse-Marée

PLUS D'INFOS +++www.finisteretourisme.com

www.pontaven.com

www.maisonmus.eedupouldu.blogspot.com

www.museepontaven.fr

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