suisse la terminologie et la construction, dans un pays

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Suisse La terminologie et la construction, dans un pays trilingue comme la Suisse En Suisse les problèmes terminologiques se posent sous un angle de vision particulier: celui de l'effort constant, quotidien, de corrélation entre des textes allemands, français et italiens. Le plurilinguisme interne, caractéristique de ce pays, présente de grands avantages: il incite chacun à connaître la civilisation d'un voisin dont il est solidaire et il pousse les milieux professionnels - le milieu de la construction en particulier - à créer des instruments de travail propres à alléger leur tâche. Mais l'inconvénient réside dans le fait que chaque langue exerce sur celle du voisin une influence pouvant être dommageable à la clarté de l'expression. Il convient de prendre garde à cette situation qui pourrait se retrouver dans les relations entre nations européennes le jour où celles- ci intensifieront encore leurs échanges économiques et intellectuels. Termes-clés: construction; normalisation; Suisse; terminologie plurilingue. 1 n'est sans doute pas inutile, avant d'entrer dans le vif du sujet, de rappeler que la construction est le domaine d'activité de groupes opérationnels formés principalement d'architectes, d'ingénieurs travaillant dans diverses spécialités, et d'entrepreneurs appartenant aux divers corps d'état. Pour faire connaître ses intentions à ses différents partenaires, le concepteur a principalement recours à ces deux moyens d'expression, des plans, des textes descriptifs. La première phase de toute opération - lorsque le projet n'en est encore qu'au stade des intentions - consiste à établir un cahier des charges décrivant le terrain, les accès, les dispositions légales applicables, puis les fonctions de l'édifice, son caractère, son contenu, son organisation interne. C'est sur cette base que l'architecte va établir son avant-projet, éventuellement à la suite d'un concours d'architecture. Le mot avant-projet relève de la terminologie de langue française utilisée en Suisse; il correspond à ce que nos confrères français appellent avant-projet sommaire. A la suite de cette deuxième phase d'étude, le parti architectural sera défini, l'image offerte par l'édifice sera connue, de même que la distribution des locaux et des circulations. Une troisième phase intervient, celle que nous appelons en Suisse le projet définitif, qui correspond à la définition de l'avant-projet détaillé aux termes des règlements français. Le projet a pris sa forme définitive. Il fait apparaître la solution d'ensemble des problèmes techniques qui se sont posés. Enfin dans une quatrième phase d'étude, on élaborera les plans d'exécution et les descriptifs détaillés et quantitatifs. Vient enfin une cinquième phase qui est l'exécution des travaux. Disons en substance que dans la deuxième et dans la troisième phase le moyen d'expression dominant est le dessin (assisté maintenant de l'ordinateur) et que dans la quatrième phase (où l'ordinateur intervient aussi) ce sont surtout les chiffres et les mots. Les chiffres, parce qu'à partir des innombrables éléments d'un avant-métré il faut savoir ce que coûtera la construction, les mots, parce que le concepteur doit se faire comprendre de ses partenaires. Or en Suisse, il faut qu'il se fasse comprendre non seulement de ceux de ses partenaires qui sont de la même langue que lui, mais aussi de ceux qui travaillent dans une des deux autres langues principales de ce pays. Il peut arriver en effet qu'un architecte ait un chantier dans une région linguistique autre que celle à laquelle il appartient. Il arrive aussi qu'une grande administration fédérale ait à réaliser un bâtiment type ou un ouvrage type de génie civil dans des régions linguistiques différentes. uisse 53

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Suisse

La terminologie et la construction,dans un pays trilingue comme la Suisse

En Suisse les problèmesterminologiques se posent sous un

angle de vision particulier: celui del'effort constant, quotidien, de

corrélation entre des textes allemands,français et italiens. Le plurilinguisme

interne, caractéristique de ce pays,présente de grands avantages: il incite

chacun à connaître la civilisationd'un voisin dont il est solidaire et il

pousse les milieux professionnels - lemilieu de la construction en

particulier - à créer des instrumentsde travail propres à alléger leur tâche.Mais l'inconvénient réside dans le faitque chaque langue exerce sur celle du

voisin une influence pouvant êtredommageable à la clarté de

l'expression. Il convient de prendregarde à cette situation qui pourrait se

retrouver dans les relations entrenations européennes le jour où celles-ci intensifieront encore leurs échanges

économiques et intellectuels.

Termes-clés:construction; normalisation; Suisse;

terminologie plurilingue.

1 n'est sans doute pas inutile,avant d'entrer dans le vif dusujet, de rappeler que laconstruction est le domained'activité de groupesopérationnels formés

principalement d'architectes,d'ingénieurs travaillant dans diversesspécialités, et d'entrepreneursappartenant aux divers corps d'état.Pour faire connaître ses intentions àses différents partenaires, leconcepteur a principalement recoursà ces deux moyens d'expression, desplans, des textes descriptifs. Lapremière phase de toute opération- lorsque le projet n'en est encorequ'au stade des intentions - consiste àétablir un cahier des charges décrivantle terrain, les accès, les dispositionslégales applicables, puis les fonctionsde l'édifice, son caractère, soncontenu, son organisation interne.C'est sur cette base que l'architecteva établir son avant-projet,éventuellement à la suite d'unconcours d'architecture. Le motavant-projet relève de la terminologiede langue française utilisée en Suisse;il correspond à ce que nos confrèresfrançais appellent avant-projetsommaire. A la suite de cettedeuxième phase d'étude, le partiarchitectural sera défini, l'imageofferte par l'édifice sera connue, demême que la distribution des locauxet des circulations.

Une troisième phase intervient,celle que nous appelons en Suisse le

projet définitif, qui correspond à ladéfinition de l'avant-projet détailléaux termes des règlements français.Le projet a pris sa forme définitive. Ilfait apparaître la solution d'ensembledes problèmes techniques qui se sontposés. Enfin dans une quatrièmephase d'étude, on élaborera les plansd'exécution et les descriptifs détailléset quantitatifs. Vient enfin unecinquième phase qui est l'exécutiondes travaux.

Disons en substance que dans ladeuxième et dans la troisième phase lemoyen d'expression dominant est ledessin (assisté maintenant del'ordinateur) et que dans la quatrièmephase (où l'ordinateur intervientaussi) ce sont surtout les chiffres etles mots. Les chiffres, parce qu'àpartir des innombrables élémentsd'un avant-métré il faut savoir ce quecoûtera la construction, les mots,parce que le concepteur doit se fairecomprendre de ses partenaires. Or enSuisse, il faut qu'il se fassecomprendre non seulement de ceuxde ses partenaires qui sont de lamême langue que lui, mais aussi deceux qui travaillent dans une des deuxautres langues principales de ce pays.Il peut arriver en effet qu'unarchitecte ait un chantier dans unerégion linguistique autre que celle àlaquelle il appartient. Il arrive aussiqu'une grande administration fédéraleait à réaliser un bâtiment type ou unouvrage type de génie civil dans desrégions linguistiques différentes.

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1 La situation linguistiquede la Suisse

La situation linguistique que l'onpeut observer en Suisse a ceci departiculier que les frontièreslinguistiques qui la traversent nenuisent nullement aux échangescon tant qui y ont lieu, échangesd'ordre économique, commercial,technique, scientifique, intellectuel,administratif, etc. Le plurilinguismeprésente ici des avantagesconsidérables: les gens sont obligés às'intéresser à la civilisation du voisin,souvent à en apprendre la langue. Orla connaissance des langues étant utileà la communication des idées et àl' harmonie des relations entre leshommes, la paix règne entre ungroupe de Burgondes romanisés (lesRomands), d'Alémanes (les Suisses-Allemands) et de Lombards (lesTessinois et les italophones grisons,auxquels on peut ajouter lesRomanches). Si les Allemands, lesFrançais et les Italiens avaiententretenu entre eux depuis 1815 desrelations analogues à celles que lesCantons suisses ont entretenues entreeux depuis lors, on imagine combienl' histoire cruelle du XIX· siècle et dela première moitié du XX· en auraitété modifiée.

Mais cette situation linguistiqueprésente aussi ses inconvénients:chacune des trois langues subit desagressions dues au fait que les gensont tendance à imiter le parler d'unvoisin avec lequel le dialogue estconstant. Or l'allemand et le français,pour ne prendre que ce cas, sont deslangues de structure psychologiquetrès différente, de sorte quel'influence qu'elles exercent l'une surl'autre risque de provoquer unmanque de clarté dans l'expressionorale comme dans l'expression écrite.A ce phénomène s'en ajoute unautre: l'ampleur et la difficulté de latraduction. Le volume des textes qu'ilest nécessaire, en Suisse, de traduire

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quotidiennement sous forme écriteest considérable. Or la traductionécrite est un art difficile, elle réclameà la fois la connaissance du domainetraité et le sens de ce qui distingue lalangue de départ de la langued'arrivée, c'est-à-dire leur caractère,leur esprit, leur angle de vision. Elleréclame aussi du temps et de laréflexion, deux valeurs qui tropsouvent doivent céder devantl'urgence.

2 Où l'esprit d'initiativese manifeste

C'est là qu'interviennentutilement, du moins dans le secteurprofessionnel considéré ici, lespublications du CRB (Centre suissed'études pour la rationalisation dubâtiment). Avant d'en parler il fautrappeler que la Suisse est un pays oùl'initiative privée n'a pas perdu tousses droits. Il q'y existe aucunorganisme d'Etat qui ferait lesnormes applicables en construction.Ces normes sont élaborées et publiéespar les organisations professionnellesconcernées, notamment par la Sociétésuisse des ingénieurs et des architectes(SIA). Elles résultent donc del'expérience pratique acquise par desprofessionnels actifs et sontconstamment mises à jour. Desreprésentants des administrationstechniques publiques participentd'ailleurs aussi à leur rédaction, étantà titre personnel membres de la SIA.

Le CRB est l'une desmanifestations de cet espritd'initiative privée. C'est uneassociation sans but lucratif soutenuepar les grandes associations suissesd'architectes, d'ingénieurs, etd'entrepreneurs. Son objectif:introduire des méthodes derationalisation et de coordinationdans le travail de ces professionnels.Plus précisément: mettre desdocuments de travail précieux à ladisposition des architectes, des

L'une des premières tâches duCRB a été d'élaborer le documentintitulé Code des frais de construction(CFC). C'est une classification despostes de dépense, remarquable parson caractère absolument complet,par la clarté qu'elle introduit dans laprésentation des comptes en ce sensqu'elle rend réellement comparable lecoût des constructions en classantdans des groupes séparés tous leséléments accidentels qui seraient denature à fausser les comparaisons.Établi dans trois langues, le Code desfrais de construction présente plusieursdegrés dans l'expression du détail, etreste valable à travers toutes les

ingénieurs intervenant dans lesconstructions et des entrepreneurs.Avant de décrire les principaux de cesdocuments, deux remarques:- Le sigle CRB a été adopté par nostrès majoritaires confédérésalémaniques quand bien même cesinitiales sont celles du nom françaisde l'association; nous ne faisons pas laguerre des langues.- D'autre part, le titre en languefrançaise vient de changer pour unebonne raison: désormais lesdocuments publiés par le CRB ne selimitent plus à la construction vuesous l'angle de l'architecture maisintéressent tout le domaine de laconstruction, lequel comprendévidemment aussi les routes, les voiesferrées, les tunnels, les ponts, les mursde soutènement, les barrages et engénéral tous les ouvrages de géniecivil. Ainsi le Centre suisse d'étudepour la rationalisation du bâtimentest devenu le Centre suisse d'étudepour la rationalisation de laconstruction. Le champ d'action s'estétendu mais le sigle est resté ce qu'ilétait. Nous sommes desconservateurs. Un peu trop parfois,avouons-le.

3 Un instrument de travailrédactionnel trilingue

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phases d'une opération, dès lapremière évaluation jusqu'au comptefinal des travaux. Les numéros decode dont il est assorti permettent deprésenter en cours de travaux, depréférence à l'aide de l'informatique,la situation financière etprévisionnelle d'une opération deconstruction. C'est donc undocument trilingue contenant defaçon ordonnée et systématique toutela terminologie de désignation desouvrages relevant des plus diverscorps d'état. Remarquons que Codedes frais de construction se dit enallemand Baukostenplan. Comme quoile mot allemand Plan ne désigne pastoujours un plan.

4 Une triple mmeterminologique

Autre domaine d'activité danslequel la terminologie est de premièreimportance: la rédaction desdescriptifs de travaux, qui a toujoursété une lourde tâche dans les bureauxd'études techniques. Or, pour peuque des descriptifs normalisés,complets, précis, offrant un choix detextes au concepteur, soient établis etadoptés de façon générale puisenregistrés dans la mémoire d'unordinateur, l'architecte ou l'ingénieurpeut être libéré du labeurrédactionnel qui est attaché à lapréparation des textes d'appeld'offres. Tel est le but qu'a poursuivile CRB en publiant le volumineuxCatalogue des articles normalisés(CAN), grâce auquel l'auteur du texten'a pas à tout écrire; il fait un choixd'articles qu'il désigne simplement aumoyen d'un numéro de code etauquel il ajoute les quantités.L'imprimante de l'ordinateur luifourn~r~ des textes prêts à être mis ensoumission.

Or, et ce n'est pas ce qu'il y a demoins remarquable dans le système,l'architecte ou l'ingénieur, aprèsavoir établi son choix d'articles

d'après l'une des versions du CAN, saversion française par exemple, peutobtenir aussi les textes rédigés en'allemand ou en italien, ce qui luipermet de consulter des entreprisesétablies dans l'une ou l'autre desrégions linguistiques. Aucun effort detraduction! Il lui suffit d'indiquer surson bordereau de commande lesymbole d (pour l'allemand) et i(pour l'italien) en plus du symbole!(pour le français). Ainsi le CAN estune triple mine terminologique.

Examinons d'un peu plus prèsune question de termes: en allemandle Catalogue des articles normalisés estappelé Normpositionenkatalog. On saitque les germanophones ont tendanceà faire à la langue française de trèsnombreux emprunts. Le mot Positionen est un exemple typique. Ilcorrespond au mot français article,dans le sens que nous donnons à untexte court, numéroté, faisant partied'une loi, d'un règlement, d'undescriptif. Mais les germanophonesl'ont dénaturé, puisqu'en françaisposition veut dire tout autre chose.

5 Des emprunts qui sontautant de pièges

Nous touchons là à une difficultéspécifique de la traduction d'allemanden français, et d'ailleurs d'allemanden toute langue latine. Enempruntant un mot d'une autrelangue, l'allemand lui attribue - ou luiajoute - un sens particulier. Certes ilarrive que le français fasse de même.Le mot talweg, emprunté à l'allemandpar les géographes et les topographes,désigne la ligne sinueuse qui court auplus bas d'une vallée, tandis que derTalweg est simplement le chemin quilonge la vallée. Mais on pourraitcompter sur les doigts les empruntsdu français à l'allemand, tandis queles emprunts de l'allemand aufrançais ou au latin représentent unebonne part du dictionnaire appeléFremdtoôrterbuch. D'ailleurs ces

emprunts ne nous gênent en aucunemanière lorsqu'ils gardent le sens dumot prêté: der A rchitrav, das Kapitell,die Metope, das Material, der Meridian,voilà des emprunts non dénaturés. Àla bonne heure! Mais trop souvent lesemprunts changent de sens. Letraducteur tombe alors d'autant plusfacilement dans le piège, qu'il traiteun sujet qui ne lui est pas familier, ledomaine technique par exemple, desorte que des habitudesterminologiques déplorabless'introduisent non seulement dans lestextes traduits, mais aussi, parcontamination, dans des textesoriginaux. À cet égard, en Suisse,nous ne sommes pas exemplaires, ilfaut l'avouer. Voici quelques-unes desfautes les plus criantes que l'onrencontre; en les dénonçant ici, peut-être les combattrons-nous avecquelque succès:- die Daten ressemble à les dates,mais signifie «les données »;- dezentral n'est pas décentralisé,mais excentrique;- substituieren est un piège perfidecar si l'on substitue A à B on neremplace pas A, on remplace B. Orce verbe allemand veut dire remplaceret non substituer.

Autre cas: le traducteurrencontre un mot allemand qui n'estpas nécessairement dénaturé, mais quiressemble à un mot français d'autresignification. Rencontrant diePlanung, le traducteur trouvecommode d'écrire planification. Or cen'est pas du tout pareil: planifier,c'est organiser le développement dequelque chose selon un programme.Le planificateur ne dessine pas deplans, tandis que der Planer c'estl'auteur du projet, ou c'est leconcepteur. Die Planung, c'est l'étudedes plans et non la planification.

Il y a aussi des néologismesallemands qui donnent l'impressionde correspondre à un mot français,mais dont la structure est illogique.Nous devons les refuser. Mais cetteremarque ne concerne nullement lesnéologismes en général. Les

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néologismes sont indispensables. Ilspermettent à la langue de s'adapteraux nécessités de l'évolutionscientifique et technique. Mais il nefaut pas qu'ils soient une offense aubon sens, comme dans cet exempletypique:

On voit apparaître le motimmission, calqué sur un néologismeapparu dans les régions linguistiquesgermaniques et angle-saxonnes, pourdésigner l'inconvénient d'être soumisà une action polluante ou nocive, àune nuisance, à un bruit indésirable, àdes retombées de toutes sortes, bref, àquelque chose de plus ou moinsdésagréable que l'on reçoit. Or leterme de mission vient du latinmittere (supin: missum), qui signifie«envoyer». Le néologisme immissionsuggère donc le contraire même de cequ'on veut lui faire dire.

Il faut enfin signaler le risque quecomportent les mots allemandspolysémiques: le traducteur prendl'un des sens du mot, mais fait malson choix. Exemple: on a rencontrécette expression sanierungsbedürftigeVerkehrsanlage. La version française,imprimée et publiée, dit: voie decommunication nécessitant unassainissement. En construction,l'assainissement désigne l'évacuationet le traitement des eaux usées. Dansson sens général le mot ne s'appliquequ'à ce qui est malsain, insalubre. Lesvoies de communication dont il s'agitne sont pas malsaines. Elles sont tropbruyantes. Diverses dispositionspourraient être prises pour lesaméliorer à cet égard. Ainsi Sanierunga souvent le sens d'« amélioration »,

6 Un effort à accomplir

Ces quelques exemples d'uneterminologie défectueuse, due àl'influence de locuteurs parlant uneautre langue et avec lesquels lesrapports écrits sont constants,montrent qu'un effort doit êtreaccompli pour que les mots français

gardent le sens qu'ils ont en réalité.La situation qui existe en Suisse à cetégard pourrait servir d'avertissementcar elle pourrait devenir celle del'Europe au moment où les relationséconomiques et intellectuelless'intensifient entre les nations.

Lorsqu'il y aura en Europe,entre nations, des échanges quotidiensde tous ordres comme il y en a àl' intérieur de la Suisse, échangesaccompagnés de textes publiés enplusieurs langues, nécessitant doncl'intervention du traducteur, ilconviendra de prendre garde à unesituation qui pourrait s' y produire:l'une des versions de textesréglementaires ou même légauxpourrait contenir une expressiondéfectueuse qui y aurait été introduiteaccidentellement. Dans un tel cas ilfaut qu'un rédacteur qui serait appeléultérieurement à traiter du mêmesujet que le texte réglementaire oulégal en question ne se sente pas tenude réutiliser cette expression. Laclarté du langage, le respect du sensdes mots, voilà ce qui dans chaquelangue est plus important quel'observation d'une terminologieofficielle résultant de la traduction.

Claude Grosgurin,Architecte SIA,Ancien directeur-suppléant de l'Officedes constructions fédérales à Berne.

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