stratÉgies et marchÉs internationaux...

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S elon la Direction générale du Tré- sor (établies sur l’année 2014), la France est le septième four- nisseur de la Turquie avec 5,9 milliards d'euros d’exportations, et son cinquième client, avec 6,1 milliards d’importa- tions. La Turquie est notre 14 ème débou- ché dans le monde et notre 6 ème client hors Union Européenne et Suisse, der- rière les Etats-Unis, la Chine, le Japon, la Russie et l’Algérie. La Turquie absorbe 1,4% des exportations des sociétés françaises. A quelques heures d'avion, ce pays, que certains appellent parfois la «petite Chine», a été le premier de l’OCDE en croissance cumulée sur la période 2003-2010. Et selon les pré- visions actuelles, il le sera encore de 2011 à 2017. Un des pays émergents qui continuent à alimenter la croissance mondiale Si la croissance des grands pays émergents a ralenti, ils jouent un rôle majeur dans les échanges internatio- naux. Ainsi, pour l'économiste Alexandre Kateb, il faudrait préférer, à l’acronyme BRICS (le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud) celui de BRIICSSAMT (Brésil, Russie, Inde, Indonésie, Chine, Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Argentine, Mexique et Turquie). Seraient ainsi inclues toutes les économies émergentes du G20 «qui ont franchi le seuil des 1000 milliards de dollars de PIB, mise à part l'Argentine qui est autour de 500 milliards de dollars». Mais un acronyme peut en cacher un autre. La Turquie fait déjà partie du CIVETS (Colombie, Indonésie, Vietnam, Égypte, Turquie et Afrique du Sud. Le CIVETS, un sigle du à un analyste de l’Economist Intelligence Unit et rendu public par la banque HSBC, qui regroupe les pays dont le taux de croissance annuel moyen est évalué à 5% pour les vingt prochaines années. De fait, dès 2011, la Turquie avait le deuxième taux de croissance mon- diale, juste derrière la Chine et ses 9,6 %. Avec un chômage à 9 %, un déficit public inférieur à 1 % et une dette évaluée à 40% du PIB annuel en 2011, la Turquie affiche de bons indi- cateurs macro-économiques. Elle a été en large part épargnée par la crise de 2008, protégée par son sys- tème bancaire et financier, refondé à l’issue de la crise de 2001. Grands atouts : population, pouvoir d’achat moyen, qui progresse, etc. L'économie turque possède plu- sieurs grands atouts. A commencer par un marché intérieur dynamique de 75 millions de consommateurs. L'âge moyen de sa population autour de 29 ans offre de belles 102 TURQUIE En 2015, les relations bilatérales entre la France et la Turquie présentent un haut potentiel. Les premières relations diplomatiques entre la Turquie et la France datent de 1526, lorsque Soliman le Magnifique apporta une réponse positive à la demande d’aide de François 1 er . Ces liens bilatéraux, on le voit, puisent leurs racines dans l'histoire. Ils sont dynamiques aujourd’hui dans le domaine économique. La Turquie, marché attractif STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX ©DR

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Page 1: STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX …advantisconseils.com/assets/images/haber/23eb6828-0580-4...Unit et rendu public par la banque HSBC, qui regroupe les pays dont le taux de

Selon la Direction générale du Tré-sor (établies sur l’année 2014),la France est le septième four-

nisseur de la Turquie avec 5,9 milliardsd'euros d’exportations, et son cinquièmeclient, avec 6,1 milliards d’importa-tions. La Turquie est notre 14ème débou-ché dans le monde et notre 6ème clienthors Union Européenne et Suisse, der-rière les Etats-Unis, la Chine, le Japon,la Russie et l’Algérie. La Turquie absorbe1,4% des exportations des sociétésfrançaises.A quelques heures d'avion, ce pays,que certains appellent parfois la«petite Chine», a été le premier del’OCDE en croissance cumulée sur lapériode 2003-2010. Et selon les pré-visions actuelles, il le sera encore de2011 à 2017.

Un des pays émergents qui continuentà alimenter la croissance mondialeSi la croissance des grands pays

émergents a ralenti, ils jouent un rôlemajeur dans les échanges internatio-naux. Ainsi, pour l'économisteAlexandre Kateb, il faudrait préférer,à l’acronyme BRICS (le Brésil, laRussie, l'Inde, la Chine et l'Afrique duSud) celui de BRIICSSAMT (Brésil,Russie, Inde, Indonésie, Chine,Afrique du Sud, Arabie Saoudite,Argentine, Mexique et Turquie).Seraient ainsi inclues toutes les économies émergentes du G20 «quiont franchi le seuil des 1000 milliardsde dollars de PIB, mise à partl'Argentine qui est autour de 500milliards de dollars». Mais un acronyme peut en cacher unautre. La Turquie fait déjà partie duCIVETS (Colombie, Indonésie,Vietnam, Égypte, Turquie et Afriquedu Sud. Le CIVETS, un sigle du à unanalyste de l’Economist IntelligenceUnit et rendu public par la banqueHSBC, qui regroupe les pays dont le

taux de croissance annuel moyen estévalué à 5% pour les vingt prochainesannées.De fait, dès 2011, la Turquie avait ledeuxième taux de croissance mon-diale, juste derrière la Chine et ses9,6 %. Avec un chômage à 9 %, undéficit public inférieur à 1 % et unedette évaluée à 40% du PIB annuel en2011, la Turquie affiche de bons indi-cateurs macro-économiques. Elle aété en large part épargnée par lacrise de 2008, protégée par son sys-tème bancaire et financier, refondé àl’issue de la crise de 2001.

Grands atouts : population, pouvoird’achat moyen, qui progresse, etc.L'économie turque possède plu-sieurs grands atouts. A commencerpar un marché intérieur dynamiquede 75 millions de consommateurs.L'âge moyen de sa population autour de 29 ans offre de belles

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En 2015, les relations bilatérales entre la France et la Turquie présentent un haut potentiel. Les premièresrelations diplomatiques entre la Turquie et la France datent de 1526, lorsque Soliman le Magnifiqueapporta une réponse positive à la demande d’aide de François 1er. Ces liens bilatéraux, on le voit, puisentleurs racines dans l'histoire. Ils sont dynamiques aujourd’hui dans le domaine économique.

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perspectives. De plus, si le pouvoird'achat moyen progresse, la consom-mation est encouragée par le secteur bancaire.A ce potentiel s'ajoute une politiqued'investissements soutenus, qui stimule la commande publique etprivée. Des sociétés françaises investissentdans ce pays, font des acquisitions,prennent des participations dans desentreprises turques tandis que lesentrepreneurs français s'intéressentde façon croissante aux potentiels dece marché. L’investissement directfrançais joue un rôle important dansl’économie turque avec 400 implan-tations et filiales d’origine françaiseconcentrant près de 100.000 emplois. De beaux succès français sont àsignaler, notamment dans le secteurdes transports et de l’aéronautique,qui donnent lieu à de grandscontrats. Par exemple, ADP est leprincipal actionnaire de l’opérateuraéroportuaire TAV. Renault, premièreentreprise exportatrice du pays, enexporte près de 85 % de sa produc-tion et y produit sa première berlineélectrique. Le groupe Alstom possè-de à Gebzeson l’usine de transforma-teurs électriques l’une des plusmodernes au monde, tandis que GDFSuez a remporté l’appel d’offre pourIzgaz, troisième distributeur turc degaz naturel. EDF Energies Nouvellesparticipe de 50 % dans le capital de lasociété PolatEnerji, l’un des princi-paux développeurs éoliens enTurquie. De la même façon, les grou-pes Carrefour, Darty, Décathlon,Danone, fromageries Bel, l’Oréal, ouencore les stations de service Totalont investi le marché turc.Compte tenu des réformes initiéesdans la perspective de son éventuel-le intégration au sein de l'UnionEuropéenne, la Turquie a entamé samutation institutionnelle et législati-ve au début des années 2000, uneévolution qui a concerné déjà lescodes du travail et du commerce. Defait, pour Jim O'Neil, économiste deGoldman Sachs, le pays rejoindra letop 10 mondial d’ici 2050.

Francophonie, échanges culturels…2 000 étudiants turcs choisissent laFrance chaque année Aujourd’hui, seuls 1 % des élèvesturcs parlent le français, en dépitd'«une implantation ancienne de la

francophonie » commel'explique le ministère desAffaires étrangères. Pourpromouvoir la francopho-nie en Turquie, le réseaud'établissements bilin-gues accueillant 9000 élè-ves, le MICEL (Mission deCoopération Educative etLinguistique), « met desenseignants français à ladisposition du dispositifintégré Galatasaray (lycéeet université) » ; de leurcôté, les établissementsscolaires français jouentaussi un rôle actif, dont leslycées Charles de Gaulle àAnkara et Pierre Loti àIstanbul qui comptent plusde 1800 élèves. Environ 2000 étudiantsturcs choisissent chaquea n n é e l a Fra n ce , u n nombre en augmentation ;l’Hexagone se classe ainsit r o i s i è m e a p r è sl'Allemagne et les Etats-Unis. Si Campus Franceassure la promotion de la France auprès des étudiants turcs, l'Institutfrançais est chargé de lacoopération culturelle etartistique grâce à ses sites d'Ankara, Izmir etIstanbul.

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Sources : ministère des Affaires étrangères, DG Trésor, JOL Press

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Quels sont les points forts aujour-d’hui, de la société Advantis?

Nos activités concernent des secteursvariés. Notre savoir-faire opérationnelpour la gestion des opérations desentreprises françaises est reconnu,pour orienter une stratégie dans unenégociation, trouver un responsablecommercial pour une société françaiseet accompagner à l’export de nom-breuses entreprises dans des domai-nes où la compétition peut s’avérerféroce. Nos connaissances en matière de gestion et de fiscalité nouspermettent de proposer des solutionsimpliquant un investissement mini-mum et des économies en capitalinitial. Nous bénéficions d’une grandeexpérience du terrain tant au niveaudes collectivités locales, des préfec-tures que des ministères. Noussavons identifier la manière dont l’entreprise doit « démarcher ».

Quel est le volume des échanges commerciaux entre les deux pays?La Turquie est le 14ème client de laFrance (6ème hors UE et Suisse), avecprès de 6 milliards de dollars d’ex-portations. La France enregistre unebaisse de 4,3 % de ses exportationsvers la Turquie en 2014 par rapport à2013. En revanche, nos importationsen provenance de Turquie sont enhausse. La France était le 4ème clientdu pays fin 2014, mais 6ème client en2013. La France se place au 7ème rangen matière d’investissements directsen Turquie, avec 450 entreprises,dont 30 classées au CAC 40, générantenviron 100 000 emplois.

Quelles sont les spécificités juridiquesde la Turquie ?De nos jours, il y a une réelle ouver-ture et liberté d’investissement et les

réglementations turques sont pro-gressivement harmonisées avec lesstandards européens. Le nouveauCode du Commerce, entré en vigueurle 1er juillet 2012, comprend desrèglementations plus protectrices.Les investisseurs étrangers sonttraités de la même manière que les nationaux et peuvent librementréaliser des acquisitions sans autori-sation ni procédure spéciale.La Turquie a compris que des règlesfiscales adaptées lui ouvriraient unimportant retour de bénéfices. Il existe désormais des accords denon double-imposition. La protectionde l’activité commerciale, garantiepar des taxes réduites (entre 15 et20%), permet de faire face à uneconcurrence équitablement imposée.La Turquie est membre de l’Uniondouanière.

Quels sont les secteurs porteurs ?Des opportunités majeures sont àsaisir dans les secteurs « historiques »que sont la chimie, l’automobile etl’agriculture. Les technologies envi-ronnementales, le luxe et le secteurbancaire et financier sont en pleindéveloppement.Concernant l’énergie, deux projets decentrales nucléaires ont été validés.Dans un pays qui enregistre unecroissance annuelle de son marchéde l’énergie de l’ordre de 6 %, 71 % del’énergie est importée et la Franceest bien positionnée dans le domainede la sous-traitance.Dans le secteur du BTP, Istanbul estla deuxième ville après Moscou entermes de dynamisme de la cons-truction, avec un besoin annuel de800 000 nouveaux logements. Dans legénie civil, de nombreux « mégapro-jets » sont en cours (3ème pont sur le

Bosphore et le nouvel aéroportd’Istanbul, d’une capacité de 150millions de voyageurs). La France esttrès bien placée pour son savoir-faireen construction, notamment pour laconstruction de barrages et de ponts.Parmi les autres secteurs porteurs,je citerais les transports, en particulierl’industrie ferroviaire ; la modernisa-tion et l’extension du réseau ferréjusqu’en 2020 représentera un inves-tissement de 45 milliards de dollars.

Quels conseils utiles donneriez vousaux dirigeants d’entreprises ?Je conseillerais aux dirigeants d’entreprises françaises de prendrele temps d’observer et de bien com-prendre le marché turc avant de s’yengager. Il n’est pas nécessaire d’investir en premier lieu dans lemontage d’une filiale pour pénétrerce marché. Des missions de dévelop-pement commercial, de qualificationde sous-traitants ou encore l’embau-che d’un salarié porté par une struc-ture locale peuvent être envisagés etpermettent de monter en compéten-ces sur le marché turc avant d’yinvestir. Par la suite, il convient des’adapter, non seulement à la pra-tique des affaires locales, mais également à la demande du marchéet aux modes de consommation. Lacapacité d’anticipation est essentiellepour réussir son implantation,notamment en ce qui concerne lesprocédures administratives.

TURQUIE

Implantée à Istanbul depuis janvier 2003, Advantis Consulting accompagne lesentreprises françaises sur le marché turc : analyses et études de marché, développementexport, prospection, sous-traitance, implantation commerciale et industrielle,prospection commerciale en direct, conseils en gestion intégrant les aspects juridiqueset fiscaux. Précisions d’ Ilker Onur, son Directeur Exécutif Advantis Consulting,installé en Turquie depuis 18 ans.

Ilker ONUR, Directeur Exécutif Advantis Consulting

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Sur le Bosphore, un pont avec la France

STRATÉGIES ET MARCHÉS INTERNATIONAUX

Tél. : +90 216 622 622 8Mail : [email protected] Web : www.advantisconseils.com

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