spécial littérature Été 2018

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Agenda culturel de l’AWSA Club Spécial Littérature – Été 2018 Spécial Maroc Romans en français Les Aït Chéris, de Zakya Daoud, Éditions du Sirocco, Casablanca, 2018 Roman sur les « espoirs de la mixité » et fresque des années post-indépendance au Maroc. Marie a rencontré Hocine à l’université. Éperdue d’amour, elle l’a suivi au Maroc. Si elle commence par vivre « dans la légèreté des choses », entourée d’autres Aït Chéris, ou couples mixtes, elle découvre vite un pays en plein tumulte, après la conquête de son indépendance. Des hommes comme Hocine, nationaliste, militent, parfois au péril de leur vie, pour des transformations sociales, économiques et politiques, tandis que d’autres choisissent l'attente, la compromission, voire la trahison de leurs idéaux. Les visions de l’avenir s’affrontent en effet, et les crises politiques, de plus en plus violentes, s’enchaînent. Après le drame, les rêves de Marie se muent en éveil d’une conscience politique, douloureuse. Autour d’elle, les convictions et engagements passionnés, contradictoires et opposés, deviennent d’implacables rivalités dont l’enjeu est le pouvoir. Les promesses, déceptions, disparitions et morts qui ponctuent ces premières années de l'indépendance du Maroc, transforment « les espoirs de la mixité » des Aït Chéris, couples ordinaires ou emblématiques, en lutte pour l'existence et la reconnaissance. Au travers de leur histoire, l’auteur déroule les événements de quinze années cruciales dans la construction du pays. Dense et passionnant, rigoureusement documenté, son récit fait apparaître les figures des anonymes, « vainqueurs » et « vaincus » de l’histoire en mouvement. Zakya Daoud (nom de plume de Jacqueline Loghlam), journaliste et écrivain, a été, dès 1966, rédactrice en chef de Lamalif (revue marocaine d’études et de réflexions), correspondante de Jeune Afrique au Maroc et contributrice régulière de Maghreb-Machrek, Arabies et du Monde Diplomatique. Elle est l’auteur de nombreux essais et romans historiques, ainsi que de biographies.

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Page 1: Spécial Littérature Été 2018

Agenda culturel de l’AWSA Club

Spécial Littérature – Été 2018

Spécial Maroc

Romans en français

Les Aït Chéris, de Zakya Daoud, Éditions du Sirocco, Casablanca, 2018

Roman sur les « espoirs de la mixité » et fresque des années post-indépendance au Maroc.

Marie a rencontré Hocine à l’université. Éperdue d’amour, elle l’a suivi au Maroc. Si elle commence par vivre

« dans la légèreté des choses », entourée d’autres Aït Chéris, ou couples mixtes, elle découvre vite un pays en

plein tumulte, après la conquête de son indépendance. Des hommes comme Hocine, nationaliste, militent,

parfois au péril de leur vie, pour des transformations sociales, économiques et politiques, tandis que d’autres

choisissent l'attente, la compromission, voire la trahison de leurs idéaux. Les visions de l’avenir s’affrontent en

effet, et les crises politiques, de plus en plus violentes, s’enchaînent. Après le drame, les rêves de Marie se

muent en éveil d’une conscience politique, douloureuse. Autour d’elle, les convictions et engagements

passionnés, contradictoires et opposés, deviennent d’implacables rivalités dont l’enjeu est le pouvoir. Les

promesses, déceptions, disparitions et morts qui ponctuent ces premières années de l'indépendance du Maroc,

transforment « les espoirs de la mixité » des Aït Chéris, couples ordinaires ou emblématiques, en lutte pour

l'existence et la reconnaissance. Au travers de leur histoire, l’auteur déroule les événements de quinze années

cruciales dans la construction du pays. Dense et passionnant, rigoureusement documenté, son récit fait

apparaître les figures des anonymes, « vainqueurs » et « vaincus » de l’histoire en mouvement. Zakya Daoud

(nom de plume de Jacqueline Loghlam), journaliste et écrivain, a été, dès 1966, rédactrice en chef de Lamalif

(revue marocaine d’études et de réflexions), correspondante de Jeune Afrique au Maroc et contributrice

régulière de Maghreb-Machrek, Arabies et du Monde Diplomatique. Elle est l’auteur de nombreux essais et

romans historiques, ainsi que de biographies.

Page 2: Spécial Littérature Été 2018

Le Dîner de trop, de Yasmina Rheljari, Le Fennec, Casablanca, 2018

Le Dîner de trop de Yasmina Rheljari est l’histoire d’un dîner, où se retrouvent trois couples dans une maison à

Skhirat, au bord de la mer. Maryama, l’hôtesse, a une annonce spéciale à faire lors de ce dîner : elle a rencontré

quelqu’un et veut le présenter à ses quatre vieux amis. Seulement rien ne se passera comme prévu. En effet, l’un

des hommes présents à cette soirée a décidé de rompre avec sa femme ce soir, et le mystérieux fiancé est très en

retard…

Une histoire pleine d’humour, portée par Farida, une industrielle en pleine ménopause, Séverine une française

un peu trop assimilée à la bourgeoisie marocaine et une femme de ménage haute en couleur. Sans oublier une

mouette et une mystérieuse île hantée…

Nos parents nous blessent avant de mourir, de My Seddik Rabbaj, Éditions Le serpent à plumes,

2018

Voici le roman de Habiba, femme libre. Habiba est née dans le Maroc des années cinquante. Lycéenne, elle

s'enhardit et se met à arpenter sa ville, Marrakech. Elle se promène place Jeema el-Fna avec des camarades, dont

Taoufik. Habiba et Taoufik tombent amoureux l'un de l'autre, la vie est belle, ils se découvrent, vont au cinéma,

ils font des projets, ils attendent tout l'un de l'autre. Jusqu'au jour où les murs se dressent, où la famille, la

tradition, l'enferment, elle, la femme. Couverte d'opprobre, Habiba est mariée de force à un tanneur. Pourtant

elle se relèvera et, avec une force peu commune, elle construira son destin, imposant sa liberté. Elle qui avait

subi la soumission de sa mère, elle transmettra à ses filles le courage et l'espoir. Portrait d'une femme

exceptionnelle, le roman est aussi celui du Maroc. My Seddik Rabbaj nous mène tout au long du livre dans les

rues d'Essaouira, de Safi, mais surtout de sa ville bien-aimée, Marrakech.

Mourir est un enchantement, de Yasmine Chami-Kettani, Actes Sud, 2017

Dans un grand sac de toile se trouvent toutes les photos de famille de Sara. À cinquante ans, entourée de ses

deux fils et divorcée depuis leur naissance, elle pioche au hasard, et pour leur plus grand plaisir, les images du

passé et avec eux retrouve les temps heureux du Maroc à l'orée des années soixante-dix et jusqu'au présent de

leur petite enfance. Chaque visage, chaque scène ouvre en elle un récit, parfois nostalgique, souvent politique ;

une lecture de ce pays revisité par son regard de femme indépendante, comme le furent avant elle et d'une autre

façon sa mère et ses grand-mères.

7080" - D'après une histoire vraie, de Youssef Zouini & Ouadih Dada, Approches Éditions, 2018

(roman policier)

Il n'y a rien de pire que d'être accusé à tort. Et lorsque vous avez les traits d'un coupable idéal, alors vous êtes

mort. Inexorablement la machine à juger se met en marche. Elle vous attrape, vous enferme et vous broie. Et

qu'importe l'issue du procès, le mal est déjà fait. Youssef Zouini a été pris dans ce cycle infernal. Considéré

comme le cerveau d'un braquage avec prise d'otages, il va clamer pendant des années son innocence. D'abord

derrière les barreaux, puis en cavale. Immersion dans l'enfer d'une erreur judiciaire.

La punition, de Tahar ben Jelloun, Gallimard, coll. Blanche, 2018

La punition raconte le calvaire, celui de dix-neuf mois de détention, sous le règne de Hassan II, de

quatre-vingt-quatorze étudiants punis pour avoir manifesté pacifiquement dans les rues des grandes villes du

Maroc en mars 1965. Sous couvert de service militaire, ces jeunes gens se retrouvèrent quelques mois plus tard

enfermés dans des casernes et prisonniers de gradés dévoués au général Oufkir qui leur firent subir vexations,

humiliations, mauvais traitements, manœuvres militaires dangereuses sous les prétextes les plus absurdes.

Jusqu’à ce que la préparation d’un coup d’État (celui de Skhirat le 10 juillet 1971) ne précipite leur libération

sans explication. Le narrateur de La punition est l’un d’eux. Il raconte au plus près ce que furent ces longs mois

qui marquèrent à jamais ses vingt ans, nourrirent sa conscience et le firent secrètement naître écrivain.

Page 3: Spécial Littérature Été 2018

Passion Zellidja : itinéraire d'un homme pressé, de Clotilde Gastines & Mathieu Robin, Le

Fennec, Casablanca, 2018

Nouhad, étudiante franco-marocaine en sciences politiques, rédige un mémoire sur Jean Walter. Cet architecte

français méconnu de l'Entre-deux-guerres a fait fortune au Maroc en exploitant les mines de Zellidja. En

découvrant le passé trouble et complexe de cet entrepreneur innovant et grand collectionneur d'art, Nouhad

plonge dans le passé colonial du Maroc d'hier. Son enquête va peu à peu bousculer toutes ses certitudes sur le

Maroc d'aujourd'hui et sur sa propre famille, jusqu'à transformer ses idéaux et son ambition.

Méditations marocaines, de Fouad Laroui, Zellige, Lunay (France), 2018

Bien que les sujets de ces « méditations » marocaines varient beaucoup, leur réunion en un recueil donne une

image assez fidèle – bien que très personnelle – de la condition du Marocain réduit à regarder de loin, accablé

ou amusé, ce qui se passe en son étrange royaume... ou plutôt ses deux royaumes, le Maroc et les Pays-Bas, car

l’auteur n’oublie jamais que si Arlequin était serviteur de deux maîtres, il est lui, sujet de deux monarques.

Ces billets d’humeur et d’humour dessinent en filigrane un portrait insolite, celui de tout un peuple, souvent

attachant, parfois urticant. Il y a ceux qui sont restés dans leur pays, ceux qui ont essaimé dans le monde entier,

comme ce Marocain exemplaire de Leipzig, ou bien avant l’immense Ibn Roshd (Averroes pour les

Occidentaux). Il y a aussi ces exercices d’indignation ou d’admiration concernant des ressortissants du royaume

chérifien et qui disent sans doute quelque chose du caractère national de ses habitants.

Souvent amusants, parfois graves, toujours instructifs, les textes réunis ici ne laisseront pas le lecteur indifférent,

qu’il soit Marocain, ami du Maroc ou tout simplement citoyen du monde, ouvert vers l’autre et curieux de

nature.

Essais

Dames de fraises, doigts de fée, les invisibles de la migration saisonnière marocaine en Espagne, de

Chadia Arab, En Toutes Lettres, 2018

À la fin des années 2000, des milliers de Marocaines sont parties travailler à la cueillette des fraises dans la

province de Huelva, en Espagne. Recrutées directement au Maroc par des contrats saisonniers, ces Dames de

fraises sont choisies pour la précarité de leur situation et parce qu’elles laissent des enfants qui les contraindront

à revenir.

Chadia Arab, géographe et chercheuse au CNRS, analyse les rouages de ce programme de migration circulaire,

pensé pour répondre aux besoins de main-d’œuvre et réguler les flux migratoires entre le Maroc et l’Union

européenne, mais dont les femmes sont les grandes oubliées.

L’Héritage des femmes : Réflexion pluridisciplinaire sur l’héritage au Maroc, (collectif) sous la

direction de Siham Benchekroun, Empreintes, Maroc, 2017

De nombreux Marocains appellent à une révision des règles de succession et encore plus nombreux semblent

ceux qui y sont hostiles, parfois de façon virulente. L’héritage des femmes serait ainsi figé pour l’éternité dans

le marbre inviolable des textes sacrés. Mais qu’en est-il au juste ? Quel est le réel enjeu et qu’est-ce qui est en

jeu dans cette question ? L’égalité de droits dans l’héritage entre les citoyennes et les citoyens marocains est-elle

à jamais impossible ? Convaincus que seule une réflexion collective permettrait d’aboutir à des solutions

adaptées, l’ambition de cet ouvrage est de proposer un socle scientifique multidisciplinaire à cette problématique

pluridimensionnelle dont les enjeux sont sociaux, religieux, juridiques mais aussi économiques et politiques,

psychologiques, éducationnels… Il est le fruit d’une volonté partagée de contribuer au débat sur une question

Page 4: Spécial Littérature Été 2018

d’actualité qui nous concerne tous, dans un monde musulman en pleine mutation, et caractérisé par les

migrations et les mariages interreligieux.

À ce travail pionnier collaborent 23 experts de disciplines variées (théologie, sciences juridiques, politiques,

humaines et sociales) et 15 traducteurs (parution sous forme de trois livres : arabe, français, anglais).

Sexe et mensonges : la vie sexuelle au Maroc, de Leïla Slimani, Les Arènes Eds, 2017

Sexe et mensonges, c’est la parole, forte et sincère, d’une jeunesse marocaine bâillonnée dans un monde arabe

où le sexe se consomme pourtant comme une marchandise. Les femmes que Leïla Slimani a rencontrées lui ont

confié sans fard ni tabou leur vie sexuelle, entre soumission et transgression. Car, au Maroc, la loi punit et

proscrit toute forme de relations sexuelles hors mariage, tout comme l’homosexualité et la prostitution.

Dans cette société fondée sur l’hypocrisie, la jeune fille et la femme n’ont qu’une alternative : vierge ou épouse.

Sexe et mensonges est une confrontation essentielle avec les démons intimes du Maroc et un appel vibrant à la

liberté universelle d’être, d’aimer et de désirer.

Ce Maroc que l'on refuse de voir, de Réda Dalil, Le Fennec, Casablanca, 2018

Le Maroc est un pays exceptionnel à plus d'un égard. Son versant « corporate » livre une réalité flashy, haute en

couleurs, pétrie de réalisations pharaoniques : ports, TGV, satellite, grands projets d'infrastructures,

investissements colossaux, qui consacrent un impressionnant « Soft Power » et ravit nos partenaires

internationaux. Or, tapi sous la vitrine de nos succès, grouille un Maroc des oubliés, magma solitaire et taiseux

de citoyens besogneux, angoissés, mal dans leur peau.

C'est à cet interstice méconnu de notre pays que Réda Dalil consacre cet ensemble de textes teintés d'amertume,

emplis d'interrogations légitimes quant à notre avenir commun. Dans un exercice de sincérité totale, l'écrivain

comme disait Céline, « cloue sa propre peau sur le papier », puise dans ses fragilités intérieures pour faire jaillir

sa vérité propre, qui, souvent, croise celles du plus grand nombre. Ce recueil éclectique dans ses thèmes et ses

indignations bouscule le statu quo de la pensée unique et mérite, de ce fait, une lecture attentive.

Né en 1978 à Casablanca, Réda Dalil a publié son premier roman en 2014, Le Job, salué à la fois par les lecteurs

et par la critique, reçoit le prix littéraire de la Mamounia et le prix Gros Sel belge du public. En février 2016, il

publie son deuxième roman « Best-Seller » qui décroche la mention spéciale du jury du prix de la littérature

arabe.

Récits

Off to Ouaga, Journal d'un deuil impossible, d'Abdelaziz Belhassan Alaoui, Hermann éditions,

2018

Le 18 janvier 2016, Leila Alaoui, jeune photographe de talent franco-marocaine, succombait des suites de ses

blessures, victime d’un attentat à Ouagadougou, au Burkina Faso, alors qu’elle était en reportage pour Amnesty

International. Ce livre qui est le récit, presque minute par minute, de ces instants si douloureux pour la famille

et les proches de Leila, est tout autant un témoignage poignant que le cri de révolte d’un père dont la fille lui a

été ravie trop tôt.

Page 5: Spécial Littérature Été 2018

Beaux livres

Les Chaises de Tanger, de Lotfi Akalay & Christine Keyeux-Schnöller, CreateSpace

Independent Publishing Platform, 2016

Des chaises rencontrées au hasard des rues de Tanger...

« C’est moi la chaise. Qui aurait pensé que la chose, l’objet, le truc, le bidule, le machin que je suis serait un

jour le personnage principal d’un livre ? Levez-vous et regardez bien, je veux dire ôtez de moi votre auguste et

tendre postérieur, fixez de vos yeux ce dossier, ces accoudoirs sont miens et me servent de visage et de bras.

Dites-moi : savez-vous que nous nous ressemblons même morphologiquement tous deux, je veux dire vous et

moi, nous sommes une individualité différente de la masse, je veux dire vous, de la foule, moi d’une terrasse de

café ; vous d’un square, et moi d’une salle de conférence. On ne doit pas vous confondre avec un animal et moi

non plus ! La preuve ? L’animal a des pattes, moi j’ai des pieds, exactement comme vous. Et si je vous

enquiquine, vous ne diriez pas que je vous casse les pattes, n’est-ce pas ? Ficelées, habillées, dénudées, chaises

de pauvres, chaises de riches, les chaises de Tanger font de la rue un récit de bric et de broc. » Lotfi Akalay

Leur Maroc : regards d'écrivains, artistes, voyageurs, venus d'ailleurs, de Mehdi de Graincourt,

Malika Éditions, 2013

Au cours des siècles derniers, des Occidentaux, écrivains, peintres, compositeurs, chanteurs, artistes, ont

séjourné au Maroc. Ils ont transmis leur amour du Royaume au monde entier. Ces témoignages sont essentiels

pour l'Histoire. Fruit d'une longue et passionnante recherche, cet ouvrage offre un panorama de plus de soixante

portraits de ces célébrités. Des peintres, Eugène Delacroix, Henri Matisse. Des écrivains, Pierre Loti, Edith

Wharton, Jane et Paul Bowles. Des artistes éternels, Joséphine Baker, Édith Piaf, Dalida. Des génies, Maurice

Ravel, Yves Saint Laurent. Tous ont un lien affectif avec l'auteur qui les a choisis par affinité élective. Trame

originale, ce regard intimiste offre une approche personnelle au thème de ce beau livre, dont la lecture procure

une sensation unique chargée d'émotion. Artiste pluriel, Mehdi de Graincourt allie son don littéraire à une

intense créativité artistique. Son talent s'exprime par une série d'hommages aux grands maîtres de la peinture et

par sa vision picturale des lieux qu'il affectionne. Reproduites au fil des pages, ses œuvres d'art composent une

harmonieuse symphonie, odes à son pays d'adoption où il réside depuis deux décennies. Ainsi se dévoilent des

souvenirs, des visages. Illustrations d'époque, gravures inédites, affiches et peintures orientalistes, photos

contemporaines forment une mosaïque sans égal, bibliothèque idéale dédiée au Royaume. Œuvre capitale pour

la découverte des multiples splendeurs du Maroc. Œuvre résolument moderne qui éclaire le présent des feux de

la richesse du passé.

La Musique marocaine : un patrimoine riche et diversifié, de Salah Cherki, Fondation CDG, 2011

Avec cet ouvrage sur l’histoire de la musique marocaine, Salah Cherki, homme du métier ayant accompagné de

près le développement de la musique marocaine depuis les années 1940, comble un vide dans le domaine. La

première partie du livre est réservée à la musique folklorique selon les différentes régions du Royaume :

berbère, sahraouie, Haouz, populaire… Pour l’auteur, « le folklore est une expression artistique des peuples, qui

traduit d’une manière vivante leur évolution ainsi que leurs traditions ». Au menu aussi des chapitres consacrés

aux musiques andalouse et moderne. L’auteur revient également sur son parcours professionnel. Un parcours

riche car Salah Cherki est certainement l’un des plus talentueux interprètes de kanoun de sa génération : il a

participé à de nombreux festivals de musique andalouse et il reste aussi le seul artiste marocain pour lequel la

diva du monde arabe Oum Kaltoum a chanté une chanson de sa composition.

Page 6: Spécial Littérature Été 2018

Romans traduits de l’arabe

Les Femmes de Karantina, de Nael Eltoukhy (Égypte), Actes Sud, 2017

À la veille de la Révolution, une histoire d’amour naît entre la fière et volontaire Inji et le miséreux et

débrouillard Ali. Ayant causé la mort d’un homme lors d’une altercation, les deux amoureux fuient à Alexandrie

pour s’y cacher. D’abord contraints de faire profil bas, ils affirment peu à peu leur ambition, tantôt en basculant

dans le trafic ou dans la prostitution, tantôt en commettant sans trop d’états d’âme des crimes de sang. Leur

patrimoine génétique déviant va ensuite se transmettre aux deux générations suivantes selon un processus

graduel qui culmine dans un grandiose finale d’anticipation sociale et urbanistique situé en 2064.

Par cette saga familiale peuplée de personnages à la fois cyniques et truculents, immoraux et burlesques, Nael

Eltoukhy dynamite la légende dorée d’Alexandrie. Une ville parallèle s’élève sous nos yeux, campée dans une

langue qui s’amuse à conjuguer le jargon d’un essai pseudo-historique et le parler égyptien des bas-fonds, cru et

coloré.

L’organisation secrète et autres nouvelles (réédition), de Naguib Mahfouz (Égypte), Actes

Sud/Sindbad, 2018

Les seize nouvelles qui composent cette anthologie sont extraites de recueils publiés entre 1962 et 1984. Elles

frappent autant par la diversité de leurs thèmes que par la maîtrise avec laquelle Mahfouz distille de l’absurde

dans la vie quotidienne la plus banale.

Celle qui donne son titre à l’ensemble est une métaphore des religions monothéistes : habité par l’espoir fou de

changer le monde, un groupe d’amis adhère à une organisation secrète pour découvrir qu’elle est structurée en

familles cloisonnées ayant chacune à sa tête un chef charismatique, lui-même soumis à un chef suprême

enveloppé de mystère.

Toutes les autres nouvelles atteignent le même niveau de concision et de tension. Par exemple, critique à peine

voilée du nassérisme, l’histoire de ce conducteur de train qui le lance à très vive allure jusqu’à provoquer une

terrifiante catastrophe. Ou celle d’un obscur employé de bureau, fumeur impénitent de haschich, injustement

inculpé de terrorisme. Ou encore la mésaventure d’un journaliste réputé pour avoir longtemps enquêté dans les

« quartiers chauds », dénonçant le sort des prostituées, et qui oublie dans ses vieux jours que le racolage a été

officiellement aboli, en partie grâce à lui…

Ave Maria, de Sinan Antoon (Irak), Actes Sud/Sindbad, 2018

Youssef est un vieil Irakien moyen de confession chrétienne. Célibataire endurci, très attaché à son mode de vie

oriental, fidèle à ses amitiés multiconfessionnelles, il refuse obstinément de quitter Bagdad comme l’ont fait tant

de Chrétiens après l’invasion américaine de l’Irak en 2003. Par suite d’un attentat djihadiste, une proche parente,

Maha, vient s’installer chez lui avec son mari, mais ne rêve, elle, que de partir loin, très loin, et le plus

rapidement possible. La confrontation entre les deux principaux personnages du roman, Youssef et Maha, qui se

relaient pour raconter leur histoire, oppose deux générations d’Irakiens, celle des nostalgiques d’un passé

convivial, qui finissent par le payer de leur vie, et celle qui cherche par-dessus tout à fuir l’horreur du présent.

Après Seul le grenadier, très bien accueilli par la presse en France comme ailleurs, Sinan Antoon poursuit dans

Ave Maria son exploration de la violence qui s’est emparée de son pays, dressant ses composantes

confessionnelles les unes contre les autres. Il restitue un moment particulièrement douloureux, celui où l’Irak

était en train de se vider de sa communauté chrétienne qui y était pourtant enracinée depuis deux millénaires.

Page 7: Spécial Littérature Été 2018

L'ombre du soleil, de Taleb Alrefai (Koweït), Actes Sud/Sindbad, 2018

Hilmi vit sous le toit de ses parents avec son épouse dans une bourgade de la Haute-Égypte. Son maigre salaire

de professeur d’arabe ne lui offre nulle perspective d’évolution ni d’indépendance. Alors, comme des milliers de

jeunes diplômés condamnés à une vie misérable, il décide d’émigrer au Koweït. Une fois sur place, il ne voit de

l’Eldorado dépeint par son passeur que les quatre murs de la chambre insalubre qu’il partage avec deux

congénères, et subit les tracasseries d’une administration corrompue. Au terme de nombreuses et lassantes

démarches, endetté et exténué, il finit par obtenir sa carte d’identité civile, ce qui lui permet de postuler à un

emploi de simple ouvrier sur le chantier de construction que dirige un certain Taleb Alrefai, connu aussi comme

romancier. Mais Hilmi n’est pas au bout de ses peines. Il est aussitôt pris dans les filets d’une sordide affaire de

mœurs, suivie d’une autre encore plus invraisemblable…

La Minette de Sikirida, de Rachid el-Daïf (Liban), Actes Sud, 2018

La pauvre minette de Sikirida, inlassablement à la recherche d’un abri, n’apparaît que très subrepticement dans

ce roman de Rachid el-Daïf, mais elle est la métaphore de tous les personnages dont il raconte l’histoire

douloureuse dans le contexte d’une guerre atroce et interminable : Sikirida d’abord, la bonne éthiopienne qui

couche de gré ou de force avec des hommes de passage et qui finit par tomber enceinte et donner naissance à un

enfant de père inconnu ; sa maîtresse, Mama Adiba, une dame de soixante-dix ans, musulmane pieuse sans

bigoterie, qui vit seule après bien des vicissitudes, éprouve de la tendresse pour sa bonne et s’efforce de lui

trouver un mari « temporaire » pour lui épargner le scandale ; Radwân, le fils de Sikirida, qui se fraye

difficilement son chemin dans la vie malgré la sollicitude attentive de Mama Adiba ; Amal, la jeune fille

handicapée, abandonnée dès sa naissance, avec sa mère, par un père indigne, mais qui, devenue femme, assume

pleinement son désir de maternité…

Toutes ces femmes se comportent avec un courage exemplaire, défiant le machisme ambiant que la violence

guerrière a exacerbé. Rachid el-Daïf leur rend hommage avec son talent habituel de conteur, sa langue souple

qui ne s’interdit pas l’usage du parler libanais et un humour discret qui allège le pathétique des situations.

Les enfants du ghetto - Je m’appelle Adam, d’Élias Khoury (Liban), Actes Sud, 2018

À New York où il enseigne la littérature arabe, l’auteur dit avoir rencontré un certain Adam Dannoun,

mystérieux marchand de falafel israélien ; il aurait réussi à acquérir des cahiers en partie calcinés trouvés dans

l’appartement après la mort de ce dernier. Il s’agit de deux romans inachevés. Le premier raconte l’histoire d’un

poète arabe de l’époque omeyyade, Waddâh al-Yaman, amant de la femme du calife. Celle-ci le cachait dans un

coffre du palais ; l’ayant appris, le calife ordonna de déposer le coffre au fond d’un puits, où le poète mourut

noyé sans avoir pu ou voulu prononcer un mot. Le second manuscrit, bien plus ample, se présente comme un

récit autobiographique. Il rapporte en détail, en retraçant la destinée d’une foule de personnages, les événements

tragiques survenus à Lod en 1948, quand presque tous les habitants de la ville furent expulsés ; ceux qui y

étaient restés, dont Adam, encore nourrisson, furent regroupés dans un camp sordide auquel les vainqueurs

donnèrent cruellement le nom de ghetto…

Dans cette nouvelle approche, après La Porte du soleil, de la Nakba palestinienne de 1948, Élias Khoury aborde

des thèmes majeurs comme l’identité, la mémoire, le rapport du roman à l’histoire, mais il se pose surtout, en les

croisant, cette question : comment restituer en littérature des crimes dont les victimes se sont murées dans le

silence ? Il emprunte pour y répondre plusieurs masques, le dernier étant celui d’un témoin oculaire auquel

Adam Dannoun, incapable de raconter lui-même l’épisode le plus monstrueux, demande de le relayer.

La mort est une corvée, de Khaled Khalifa (Syrie), Actes Sud/Sindbad, 2018

Juste avant de rendre son dernier souffle, Abdellatif a demandé à ses enfants, deux hommes et une femme, de

l’enterrer dans son village natal, à proximité de la tombe de sa sœur. Testament des plus ordinaires, mais pas en

Syrie où la guerre fait rage et où les routes sont disputées par des hommes en armes et de toutes obédiences, qui

arrêtent, humilient, enlèvent ou tuent, en choisissant leurs victimes selon leurs appartenances politiques ou

confessionnelles, mais aussi, tout simplement, en cherchant à les rançonner. Durant le voyage de Damas à

Page 8: Spécial Littérature Été 2018

‘Anâbiyya, entassés avec le cadavre de leur père dans une vieille voiture, sous un soleil de plomb, les trois

passagers subissent ensemble toutes ces épreuves, mais sont loin, très loin d’avoir la même détermination à

respecter les dernières volontés du défunt, ou de partager la même vision de la vie et de la mort…

Avec son talent de conteur, et une pointe d’humour noir, Khaled Khalifa nous offre l’un des meilleurs romans

inspirés jusqu’à présent par la tragédie syrienne.

Romans écrits en français

La Morsure du coquelicot, de Sarah Haidar (Algérie), Métagraphes, 2018

Parmi toutes les vengeances, celle de la poésie vaut une vie. La poésie est une plante omnivore qui ne se

satisfait que du sang, et c’est en cela qu’elle ressemble le mieux à ma terre : corps vorace et limpide, créature

horrifiante refusant la distinction entre la beauté et la laideur. Personne ne comprend l’essence strictement

lyrique de l’insurrection, la nôtre, celle s’élançant du pus de la blessure.

Louiza, Mahmoud, Leila, Sakaï… Des femmes et des hommes résistent à un pouvoir central autoritaire et

policier et prennent la rue, la prison ou le maquis. Face à un état criminel et répressif, la lutte armée est devenue

une nécessité. Les figures, la terre elle-même et le vivant dans ce qu’il a de plus organique se lèvent et

revendiquent une liberté absolue. De ce roman d’anticipation autant que de révoltes émergent des voix apatrides

qui font écho aux insurrections kabyles récentes. Polyphonie à l’écriture acérée, aussi brutale que lyrique, La

Morsure du coquelicot éveille une promptitude à la désobéissance et au refus avec une poésie sans concession

sur la violence des révolutions.

Cinquième roman de Sarah Haidar et le premier publié en France, ce livre est à l’image de l’engagement de

l’écrivaine algérienne : roman d’utopie et combat littéraire, social et politique.

Le Livre d’Amray, de Yahia Belaskri (Algérie), Zulma, 2018

« On m’a dit que je naissais au monde, que les montagnes reculeraient devant mes aspirations, que les plaines

donneraient plus de blé qu’elles n’en ont jamais produit et que les matins s’offriraient à mes pas juvéniles. Que

ne m’a-t-on dit pour me laisser croire que j’étais un homme libre ? »

Amray est né avec la guerre, entre le souffle du chergui et les neiges des Hauts Plateaux. Mais bientôt son

monde vacille et les amis d’enfance, Shlomo, Paco, Octavia – celle qu’il nomme ma joie – quittent le pays.

Resté là comme en exil, Amray, fils de fières et nobles figures de résistance, Augustin, la Kahina ou

Abdel-Kader, part lui aussi chercher plus loin ses horizons.

Roman de toutes les premières fois, premier amour, premières folies, premiers combats, le Livre d’Amray est

une charge ardente contre tous les intégrismes, un chant vibrant d’amour pour une terre qui n’est jamais

nommée, une Algérie rêvée et rendue à la vie – un chant d’espoir au monde.

Mémoires au soleil, d’Azouz Begag (France/Algérie), Seuil, 2018

Le vieux s’est échappé, une fois de plus. Il marche au bord de l’autoroute, hagard et obstiné, prétendant arriver à

Marseille et de là prendre le bateau pour rentrer dans son pays. Mais si ses fugues à répétition mettent la famille

en émoi – son fils surtout, Azouz, qui se sent vaguement coupable de les avoir provoquées – elles se terminent

en général dans un café miteux de Lyon, entre les parties de dominos, le thé à la menthe et les disputes qui

entretiennent l’amitié. Bouzid Begag, ancien travailleur du bâtiment, n’a plus toute sa tête. Il a contracté la

maladie d’Ali Zaïmeur, disent ses copains du Café du Soleil. Une maladie « qui mange les souvenirs des gens,

déjà qu’on n’en avait pas beaucoup ».

En hommage à un père déclinant, Azouz Begag a composé le plus vibrant et le plus mélancolique des chants

d’amour, dévoilant avec émotion un nouveau pan de cette vérité intime qu’il avait commencé à nous révéler

dans Le Gone du Chaâba.

Page 9: Spécial Littérature Été 2018

L'enfant d l'œuf, d'Amin Zaoui (Algérie/France), Le serpent à plumes, 2017

Harys, le narrateur, est un bon chien, un caniche qui aime son maître, qui aime ses chaussettes puantes, son

haleine parfumée au vin rouge, sa voix quand il chante Bécaud. Ils habitent tous deux à Alger et son maître a

pour maîtresse une chrétienne réfugiée de Damas, au corps vibrant de désir et à l'âme bouleversée par la guerre.

Ce trio bancal, cacophonique, passionné, tient le journal de sa lente destruction dans une Algérie rongée par

l'islamisme des Tartuffes. Magnifique, douloureux et fantasque, tel est L'enfant de l'œuf, neuvième roman

d'Amin Zaoui où l'auteur, avec un plaisir et une méthode qui rappelle le Sade de La Philosophie dans le

boudoir, s'en prend systématiquement à toutes les formes d'autorité, au nom de la liberté.

Nos rêves de pauvres, de Nadir Dendoune (France/Algérie), JC Lattès, 2017

Une histoire française. « Quand on est pauvre, c’est pour la vie. Je ressemble à mes parents. Je ne prends jamais

le taxi, sauf à l’étranger, quand la course coûte quinze centimes. J’achète mes jeans en friperie, je me contente

de trois paires de chaussures. Je suis attaché à ma culture de pauvre. J’aime les gens modestes, les miens. Eux

passeront toujours avant les autres. »

Nadir Dendoune est journaliste, auteur de plusieurs livres dont Un tocard sur le toit du monde (Lattès, 2010),

adapté au cinéma en 2017 (L’Ascension). Voici l’histoire de sa famille, une famille française.

Je voulais leur dire mon amour, de Jean-Noël Pancrazi, Gallimard, coll. Blanche, 2018

« Cela faisait plus de cinquante ans que je n’étais pas revenu en Algérie où j’étais né, d’où nous étions partis

sans rien. J’avais si souvent répété que je n’y retournerais jamais. Et puis une occasion s’est présentée : un

festival de cinéma méditerranéen auquel j’étais invité comme juré à Annaba, une ville de l’Est algérien, ma

région d’origine. J’ai pris en décembre l’avion pour Annaba, j’ai participé au festival, je m’y suis senti bien, j’ai

eu l’impression d’une fraternité nouvelle avec eux tous. Mais au moment où, le festival fini, je m’apprêtais à

prendre comme convenu la route des Aurès pour revoir la ville et la maison de mon enfance, un événement est

survenu, qui a tout arrêté, tout bouleversé. C’est le récit de ce retour cassé que je fais ici. ».

Les Cigarettes égyptiennes, de Waguih Ghali (traduit de l’anglais), Éditions de l’Olivier, 2018

Le Caire, années 1950. L’Égypte de Nasser est en pleine ébullition intellectuelle, et tente de se libérer de

l’influence britannique. Ram, le héros des Cigarettes égyptiennes appartient à une jeunesse dorée qui continue,

tant bien que mal, de mener la dolce vita dans les bars et les clubs que les Anglais ont laissés derrière eux.

Produit d’une bonne éducation, membre d’une riche famille, il manque d’ambition. Sa vie se résume aux jeux

qu’il partage avec ses compagnons ; tous ensemble, ils boivent leur héritage.

Mais ses vrais amis appartiennent à un cercle différent : de jeunes étudiants égyptiens qui se livrent à des

activités politiques dangereuses, quand ils ne se perdent pas en débats philosophiques passionnés.

Partagé entre deux mondes, entre deux aspirations, Ram est à l’image de cette époque désabusée dont Waguih

Ghali fait le portrait. Les Cigarettes égyptiennes met en lumière la crise existentielle de toute une génération.

Le nez juif, de Sabyl Ghoussoub (Liban), L’Antilope, 2018

Dans ce court roman très enlevé, Aleph, le narrateur, se présente comme un anti-héros, une sorte de Woody

Allen inversé.

Depuis tout petit, sa mère lui répète : « T’es moche, j’espère que tu te referas le nez quand tu grandiras. Et en

plus tu ressembles à un juif. » Mais Aleph sort en boîte, séduit les filles, se fait des amis. Il s’engage, il voyage.

Beaucoup au Liban. Il tombe amoureux, se retrouve dans le cinéma et rien ne se passe jamais comme prévu.

Entre Paris et Beyrouth, la Palestine et Israël, le Hezbollah et le Mossad, Aleph doit faire des choix. Arabe sous

une peau de Juif, il est en quête permanente d’identité…

Page 10: Spécial Littérature Été 2018

Préliminaires pour un verger futur, de Karim Kattan (Palestine), Elyzad, 2017

Trois histoires d’amour autour de la Palestine d'aujourd'hui, de ses légendes et de son futur. De Shanghaï à

Jérusalem, de Gaza à Bombay, chacun des personnages de ces nouvelles tente, loin de la terre natale ou de la

langue maternelle interdite, de forger ses propres récits.

Karim Kattan écrit ici, dans une modernité affirmée, des textes denses et intimes. Sa voix talentueuse annonce

une nouvelle génération d’auteurs palestiniens.

Grand frère, de Mahir Guven (France/Syrie), éd. Philippe Rey, 2017

Grand frère est chauffeur de VTC. Enfermé onze heures par jour dans sa « carlingue », branché en permanence

sur la radio, il rumine sur sa vie et le monde qui s’offre à lui de l’autre côté du pare-brise. Petit frère est parti par

idéalisme en Syrie depuis de nombreux mois. Engagé comme infirmier par une organisation humanitaire

musulmane, il ne donne plus aucune nouvelle. Ce silence ronge son père et son frère, suspendus à la question

restée sans réponse : pourquoi est-il parti ? Un soir, l’interphone sonne. Petit frère est de retour.

Dans ce premier roman incisif, Mahir Guven alterne un humour imagé et une gravité qu’impose la question du

terrorisme. Il explore un monde de travailleurs uberisés, de chauffeurs écrasés de solitude, luttant pour survivre,

mais décrit aussi l’univers de ceux qui sont partis faire le djihad en Syrie : l’embrigadement, les combats, leur

retour impossible en France… Émerge ainsi l’histoire poignante d’une famille franco-syrienne, dont le père et

les deux fils tentent de s’insérer dans une société qui ne leur offre pas beaucoup de chances.

Biographies/Récits

La France des Belhoumi : Portraits de famille (1977-2017), de Stéphane Beaud, La Découverte,

2018

Un livre de plus sur les jeunes « issus de l’immigration » ? Pour dénoncer les discriminations qu’ils subissent,

sur fond de relégation sociale dans les quartiers « difficiles » ? Et conclure sur l’échec de leur « intégration »

dans notre pays ? Non. L’ambition de Stéphane Beaud est autre. Il a choisi de décentrer le regard habituellement

porté sur ce groupe social. Son enquête retrace le destin des huit enfants (cinq filles, trois garçons) d’une famille

algérienne installée en France depuis 1977, dans un quartier HLM d’une petite ville de province. Le récit de

leurs parcours – scolaires, professionnels, matrimoniaux, résidentiels, etc. – met au jour une trajectoire

d’ascension sociale (accès aux classes moyennes). En suivant le fil de ces histoires de vie, le lecteur découvre le

rôle majeur de la transmission des savoirs par l’école en milieu populaire et l’importance du diplôme. Mais aussi

le poids du genre, car ce sont les deux sœurs aînées qui redistribuent les ressources accumulées au profit des

cadets : informations sur l’école, ficelles qui mènent à l’emploi, accès à la culture, soutien moral (quand le frère

aîné est aux prises avec la justice), capital professionnel (mobilisé pour « placer » un autre frère à la RATP)…

Cette biographie à plusieurs voix, dont l’originalité tient à son caractère collectif et à la réflexivité singulière de

chaque récit, montre différents processus d’intégration en train de se faire. Elle pointe aussi les difficultés

rencontrées par les enfants Belhoumi pour conquérir une place dans le « club France », en particulier depuis les

attentats terroristes de janvier 2015 qui ont singulièrement compliqué la donne pour les descendants d’immigrés

algériens.

Le baiser et la morsure, de Yasmina Khadra, Bayard, 2018

« J’ai compris très jeune que j’avais le pouvoir de transformer la déveine qui me suivait à la trace en source

d’énergie, de la transcender par la littérature. À l’École des cadets, la plume m’a permis de tenir tête

à l’adversité. Chacun de mes textes était un pied de nez adressé à mes déboires. Ma revanche sur la vie était de

devenir ce que j’idéalisais le plus : un écrivain. Seul mon nom imprimé sur la couverture d’un livre pourrait me

venger de mon infortune. » Yasmina Khadra

Page 11: Spécial Littérature Été 2018

Dans cette série d’entretiens inédits avec la journaliste Catherine Lalanne, Yasmina Khadra retourne aux sources

de sa vocation contrariée par son destin militaire. Arraché à la tendresse des siens et privé de son enfance, le

petit prisonnier de l’École des cadets puise, dans l’amitié de ses camarades d’infortune, le souffle de ses ancêtres

poètes, puis l’amour d’une femme d’exception, la force d’accomplir son rêve d’écrire. Ni les années de combat

contre le terrorisme, ni les différents comités de censure algériens, ni les incompréhensions suscitées par son

parcours hors norme, n’empêcheront l’auteur d’aller à la rencontre de millions de lecteurs dans le monde.

Derrière les fronts : chroniques d’une psychiatre psychothérapeute palestinienne sous occupation,

de Samah Jabr, PMN Éditions, 2018

Ces chroniques, choisies parmi les nombreuses écrites par la docteure Jabr, sont égrenées au fil du temps, de

2003 à aujourd'hui. La psychiatre-écrivaine-penseuse et témoin partage dans ce recueil sa vision de soignante

sous occupation. L'auteure revendique que la psychiatrie et la psychothérapie ne peuvent guérir les personnes

opprimées sans une éthique des professionnel-le-s qui inclue la justice et les droits humains comme des

éléments essentiels pour leur santé mentale et leur bien-être.

Samah Jabr considère en effet le travail clinique à la lumière du contexte socio-politique et analyse le

traumatisme psychologique transgénérationnel qui marque la mémoire collective palestinienne. Malgré un vécu

sous oppression constante, la psychologie du peuple palestinien ne se forme pas uniquement autour du

traumatisme mais elle rassemble aussi les gens dans la solidarité et une cause commune.

Prendre la parole. Faire parler. Témoigner pour que ces humiliations, ces tortures, les séquelles d'une occupation

ne soient pas les outils du silence ni ne consument pour toujours l'âme des résistant-e-s. Parler pour que se brise

le cercle vicieux de la domination. Trouver la force de garder ces traces, de faire comprendre et de faire partager

ces expériences à celles et ceux qui vivent de l'autre côté du Mur de la colonisation et de l'impérialisme. Il est

indispensable de transmettre et de répéter au monde que, face au système colonial, le souffle de la résistance et

de le résilience palestiniennes est comme le vent : nul ne peut le mettre en cage.

L'État islamique de Mossoul, d'Hélène Sallon, La Découverte, 2018

Litanie d’attaques terroristes en Europe, défaites militaires à répétition en Syrie et en Irak, parcours de

djihadistes décortiqués sans fin par la police et les journaux : l’Organisation de l’État islamique ne quitte jamais

longtemps les feux de la rampe, sans qu’on connaisse pourtant la véritable nature du califat que Daech

prétendait imposer au monde entier. La libération de Mossoul permet enfin de lever le voile sur la réalité du

projet politique et social de l’État islamique, unique par son ampleur et ses objectifs.

Les témoignages inédits recueillis par Hélène Sallon auprès des habitants de Mossoul dessinent une réalité

terrible dont ne nous sont parvenus que très peu de récits et quasiment aucune image.

Dans ce récit qui se tient autant à distance des témoignages à sensation de djihadistes ou de leurs victimes que

des analyses froides et désincarnées des chercheurs, Hélène Sallon donne corps et matière à ce califat, devenu

l’objet de toutes les inquiétudes et de tous les fantasmes.

Le pianiste de Yarmouk, d'Aeham Ahmad, La Découverte, 2018

Un jeune homme joue et chante au milieu des décombres et des maisons éventrées. La photo, prise à Yarmouk,

ville de réfugiés palestiniens de la banlieue de Damas, a fait le tour du monde. Ce musicien est devenu un

symbole d’humanité face à la guerre. Après avoir enduré avec dignité les souffrances du conflit syrien, celui que

l’on surnomme désormais le « pianiste des ruines » a finalement dû se résoudre à prendre le chemin de l’exil :

en guise d’avertissement, Daech avait brûlé son piano… Partageant le sort de milliers d’autres, il a ainsi connu

la séparation d’avec sa famille, la périlleuse traversée de la Méditerranée, l’éprouvante route des Balkans, puis

l’arrivée en Allemagne.

Dans cette autobiographie bouleversante, Aeham Ahmad raconte son enfance de Palestinien en Syrie, son

apprentissage de la musique au sein d’une famille talentueuse, jusqu’à la révolution de 2011, bientôt engloutie

par la guerre. Un éclat d’obus le blesse à la main. Bravant la peur, il décide alors de jouer dans la rue, se laissant

Page 12: Spécial Littérature Été 2018

filmer pour témoigner de la résistance qui subsiste, obstinée, dans la ville assiégée. Car ce livre a une portée

politique. Il dénonce la violence extrême, les exactions du régime d’Assad comme celles des djihadistes, mais il

rappelle aussi la précarité du peuple syrien et le destin tragique de tous les réfugiés. Un requiem en hommage

aux victimes et une ode à la musique.

Essais

L’Arabie Saoudite en 100 questions, de Fatiha Dazi-Héni, Tallandier, 2017

Qui est Ibn Saoud, le fondateur du Royaume ? Qu’est-ce que le wahhabisme ? Que signifie être chiite en Arabie

Saoudite ? Quels sont ses atouts économiques pour sortir du tout pétrolier ? Quelle place tiennent les femmes et

les jeunes dans la société ? Pourquoi l’Arabie Saoudite a-t-elle déclenché une guerre contre le Yémen ?

Pourquoi la tension avec l’Iran est-elle si vive ?

Créée en 1932 sur une alliance politico-religieuse inédite, l’Arabie Saoudite est méconnue de l’Occident et

suscite fantasmes et inquiétudes. La ségrégation entre les hommes et les femmes, l’absence de liberté

d’expression, le rigorisme hérité de la tradition hanbalo-wahhabite et la nature absolue du pouvoir monarchique

donnent l’image d’une société monolithique. Le triumvirat mené par le roi Salman depuis 2015 promeut une

diplomatie interventionniste et une politique d’austérité sans précédent qui pourrait attiser les mécontentements

intérieurs. Les défis sont nombreux : le Royaume doit affronter la menace de l’État islamique et la présence

d’Al-Qaïda au Yémen, composer avec le retour en grâce de l’Iran et le retrait des États-Unis au Moyen-Orient,

et prendre acte de la fin de son règne sur la régulation du marché pétrolier. 100 questions et 100 réponses sont

plus que jamais nécessaires pour comprendre la diversité de la société saoudienne et sa complexité historique,

culturelle, religieuse et politique.

Iran-Arabie saoudite, le choc des titans, de Lara Al-Raisi, Erick Bonnier Eds, 2018

Le 3 janvier 2016, l’Arabie saoudite a annoncé la rupture diplomatique avec l’Iran suite à l’incendie de son

ambassade à Téhéran. Cette décision a eu des conséquences majeures dans les relations entre les deux États,

dégradation continue depuis plus de 35 ans.

Au-delà des enjeux géopolitiques qui dominent le Moyen-Orient, cette guerre larvée d’origine confessionnelle

semble plus intense qu’il n’y paraît et met en péril la stabilité et le développement de la région, empêchés par

des rivalités directes ou indirectes. Se pose la question de l’avenir de cet antagonisme menaçant : est-il

éphémère ou permanent ? La guerre d’influence menée par les deux acteurs en Syrie, en Irak, au Liban et au

Yémen témoigne de la férocité d’un choc inédit.

Face à Daech et à l’extrême droite, croyance et pouvoir dans la sphère culturelle arabe, de Hawa

Djabali, Le Geai bleu, 2018

Ce livre s'adresse aux cultivateurs de l'espoir, à ceux qui mettent l'Humain au centre de l'histoire pour

l'avènement du Printemps des peuples, à ceux qui rejettent la violence et toute « Vérité absolue » et

reconnaissent à chacun la Liberté d'expression ainsi que le droit de juger et de se tromper. Hawa Djabali,

écrivain et essayiste, interroge l'exercice de croire et analyse les fondements des croyances et leur utilisation par

le pouvoir comme outil de domination, de déresponsabilisation et de soulagement illusoire des peuples

opprimés. En poète, Hawa Djabali nous indique le chemin vers la liberté, vers la Vie belle, précieuse et

enthousiasmante. Elle nomme avec précision les choses, pour ne rien rajouter au malheur du monde.

Page 13: Spécial Littérature Été 2018

Géopolitique des mondes arabes - 40 fiches illustrées pour comprendre le monde, de Didier Billion,

Eyrolles, 2018

Pourquoi parler des mondes arabes ? Quel avenir pour les pays arabes ? La colonisation a-t-elle aujourd'hui

encore une influence ? Quelles trajectoires depuis les indépendances ? Le monde arabe est-il bien ou mal parti ?

Ces questions traversent l'histoire contemporaine et resurgissent au fil de l'actualité. Des clichés à la réalité, cet

ouvrage nous parle de lieux, de faits et de chiffres pour nous aider à y voir plus clair. Spécialiste incontesté,

l'auteur propose 40 fiches documentées pour cerner les enjeux et les défis de la région. L'ensemble est illustré de

cartes, graphiques et tableaux.

Palestiniens : Lignes de vie d'un peuple, de Chloé Rouveyrolles & Mélinée Le Priol, Ateliers

Henry Dougier, 2018

Victimes, terroristes, résistants, paysans, engagés ou complètement découragés : au sujet des Palestiniens, les

fantasmes sont nombreux et les clichés coriaces ! Il faut dire que cette région est particulièrement exposée au

regard du monde, puisque s’y joue l’un des conflits les plus interminables de l’histoire contemporaine.

Qui sont les Palestiniens d’aujourd’hui ? Que rassemble cette nation éclatée entre la Cisjordanie, Gaza,

Jérusalem-Est, Israël, les camps de réfugiés du monde arabe et la diaspora au sens plus large ? Les Palestiniens

savent ce qu’ils ne sont pas, contre qui ils doivent résister, mais savent-ils au juste qui ils sont ?

Ce livre propose à travers une galerie de portraits, des pistes de lecture de ce peuple sans État. On y découvre

Leila, icône de la résistance palestinienne ; Munther, militant dans un camp de réfugiés ; Kamel, bisexuel ;

Annemarie, cinéaste, etc.

Jihad : des origines religieuses à l’idéologie - Idées reçues sur une notion controversée, de Myriam

Benraad, Le Cavalier Bleu, 2018

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le terme jihad est entré dans le langage commun, le plus souvent de

façon assez caricaturale. Dévoyé de son sens initial, son usage s’est banalisé, renvoyant dans l’imaginaire

collectif aux combattants musulmans ultra-violents venus anéantir nos sociétés. Une vision aussi portée par les

idéologues jihadistes eux-mêmes, qui voient dans leur combat un véritable pilier religieux et une réaffirmation

identitaire absolue.

Cette polarisation des perceptions a conduit à d’intenses polémiques entre islamophobes et défenseurs de

l’islam, toutes très éloignées des faits et des sources, et brouillant une juste compréhension des bouleversements

à l’œuvre.

Quel sens donner au jihad selon les époques ? Quel lien entre jihad et jihadisme ? Qui sont les jihadistes ?

Quelles sont les causes de leur engagement ? Quelles sont les différentes mouvances ? Qu’ont-elles en commun

sur le plan idéologique ? En quoi divergent-elles ? Cet ouvrage ambitionne de creuser cette complexité en vue

de briser nombre de clichés et stéréotypes existants sur un enjeu fondamental de notre époque.

Myriam Benraad est docteure en science politique et spécialiste du monde arabe et du Moyen-Orient. Elle est

récemment l’auteure de L’État islamique pris aux mots, Irak, la revanche de l’Histoire. De l’occupation

étrangere à l’État islamique et Irak : de Babylone à l’état islamique. Idées reçues sur une nation complexe.

Jours tranquilles à Damas, de François Janne d'Othée, Riveneuve, 2018

Depuis 2011, la Syrie traverse un cauchemar. Une guerre atroce, des morts par centaines de milliers, des

destructions apocalyptiques et l’exil pour des millions de citoyens. Sous l’apparente revendication démocratique

du début se jouait une partie bien plus sournoise : des rivalités régionales sur fond de l’éternel conflit entre

sunnites et chiites, tandis que grandissait le monstre djihadiste avec la complicité de pays voisins. Et pourtant la

vie n’a cessé de continuer dans ce pays multiséculaire où l’attachement aux racines n’est pas un vain mot.

Beaucoup sont restés, de gré ou de force. Afin de rencontrer ces citoyens au milieu de la guerre, et tenter de

comprendre la complexité du conflit, le journaliste François Janne d’Othée s’est rendu plusieurs fois à Damas et

ailleurs dans le pays. Ces chroniques, basées sur des reportages, des souvenirs et des rencontres, où se mêlent

Page 14: Spécial Littérature Été 2018

émotions et géopolitique, jettent une lumière nouvelle sur un conflit qui se trouve à l’épicentre des équilibres

mondiaux.

Comment en sont-ils arrivés là ? Les clés pour comprendre le parcours des djihadistes, de Luc Van

Campenhoudt, Armand Colin, 2017

Le terrorisme djihadiste en Europe occidentale est principalement le fait de jeunes européens. Comment certains

d’entre eux en arrivent-ils à commettre des attentats-suicides et à se retourner contre la société dans laquelle ils

ont grandi ? Comment en sont-ils arrivés là ? Pour répondre à ces questions, Luc Van Campenhoudt, sociologue

belge qui a travaillé sur la déviance et la transgression, sur l’insécurité, ainsi que sur le pouvoir dans les réseaux,

décrypte dans un style clair et à l’aide de nombreux exemples comment s’opèrent la mobilisation et la

radicalisation de ces jeunes. C’est en réalité l’enchaînement de processus relativement banals qui les conduit à

commettre ces actes terrifiants. Ce décryptage est une condition indispensable pour lutter contre le terrorisme

djihadiste de manière à la fois efficace et juste. Si nous voulons contrer une mobilisation potentiellement à large

échelle, nous devons en saisir les ressorts et favoriser des alternatives susceptibles de mieux rencontrer les

aspirations des jeunes et les besoins de la société.

Révolutions & émancipations - De la rébellion zapatiste à la révolution tunisienne : les nouveaux

chemins de la Contestation, (collectif) sous la direction de Mohamed Nachi, Nirvana, 2018

L’enjeu de cet ouvrage collectif est de tenter de reprendre à nouveaux frais les questions d’émancipations et de

révolutions. Les auteurs du « Sud » et du « Nord », venant d’horizons différents et se réclamant de disciplines

diverses – sociologie, anthropologie, économie, histoire, philosophie – partagent une même ambition :

appréhender les nouveaux enjeux de l’émancipation et des révolutions en partant des expériences

révolutionnaires récentes et des nouvelles formes de contestation sociale et « nouveaux mouvements sociaux »

qui, au cours des dernières années, ont marqué et même transformé les espaces sociaux et politiques de nos

sociétés. En mobilisant les outils théorétiques et méthodologiques des sciences sociales, les auteurs esquissent

des analyses nouvelles et mettent en chantier des perspectives novatrices pour penser autrement les

émancipations et des révolutions.

Histoire

Histoire des pays d'Islam - De la conquête de Constantinople à l’âge des révolutions, (collectif)

sous la direction de Pascal Buresi, Armand Colin, 2018

Pourquoi la vague révolutionnaire qu’ont connue les pays d’Islam depuis 1979 en Iran jusqu’aux années 2010

dans les pays arabes ne débouche-t-elle pas sur des démocraties « à l’occidentale », mais voit plutôt le pouvoir

revenir soit à des partis islamistes, soit à des militaires, soit aux élites des régimes renversés ? Comment

expliquer l’éphémère califat de Syrie et d’Irak ?

Pour répondre à ces questions et comprendre les processus complexes à l’œuvre dans les pays d’Islam, il faut

sortir du « présentisme » qu’affectionnent les politistes et plonger dans l’histoire : l’histoire politique des

Empires modernes, ottoman, safavide et moghol à partir du XVe siècle, l’histoire économique des territoires, qui

se sont ouverts au monde dans un cadre islamique et plus récemment à la globalisation, l’histoire sociale de

populations diverses, pluriethniques et multiconfessionnelles, l’histoire intellectuelle de savants et de penseurs

qui analysent leur monde en vue de le réformer.

Des grands empires de l’époque moderne à la crise contemporaine des États-nations, cet ouvrage donne les clés

pour comprendre l’histoire récente des pays d’Islam.

Sous la direction de Pascal Buresi, avec les contributions de Philippe Bourmaud, Mehdi Ghouirgate, Frédéric

Hitzel, Corinne Lefèvre, Rémy Madinier, M’hamed Oualdi.

Page 15: Spécial Littérature Été 2018

L'Algérie à gauche (1900-1962), de Claire Marynower, Puf, 2018

Du début du XXe siècle à l’indépendance de l’Algérie, quelque part entre les anticolonialistes et les

colonialistes, des hommes militèrent à gauche, au Parti socialiste : pour l’égalisation des conditions de vie, pour

les droits des travailleurs. La plupart étaient français, mais il y eut aussi des Algériens parmi eux. Ils étaient de

toutes les grèves, défilaient dans les rues et se battaient avec la droite européenne, mais ne se joignirent pas aux

cortèges qui demandaient l’indépendance pour l’Algérie. Pour comprendre la société coloniale, il est essentiel

de raconter leur histoire, dans un portrait qui reflète à la fois leur diversité et leur complexité.

Histoire de la Syrie XIX-XXIe siècle, de Matthieu Rey, Fayard, 2018

En croisant mémoires, presses et documents déclassifiés, Matthieu Rey éclaire les fondements de la Syrie

contemporaine et son histoire tumultueuse. Il nous invite à suivre le devenir toujours incertain d’une

communauté politique réunissant des populations variées, des hommes et des femmes qui s’installent et

s’organisent sur un territoire. Récit de la renaissance des campagnes environnant les villes au détriment des

mondes nomades, histoire des migrations des Druzes du Liban vers la Syrie, des Montagnards vers les plaines,

des campagnes vers les villes, c’est aussi une narration politique ponctuée par des révolutions et des guerres qui

donnent naissance à un État dont le cours de l’histoire se révèle dans la crise révolutionnaire. Depuis 2011, la

Syrie, chasse gardée de la famille Assad, se trouve au cœur d’une dramatique actualité internationale, déchirée

par la guerre civile. Son histoire n’est-elle pas finalement celle d’espoirs, de heurts, d’essais, d’attentes, de

luttes, de violences et de projets partagés entre groupes humains qui tentent de créer les conditions d’un vivre-

ensemble dans lequel chacun ait sa place ?

Essais littéraires

La seconde vie de Mahomet - Le Prophète dans la littérature, de Nedim Gürsel, CNRS Éditions,

2018

Pierre le Vénérable, Dante, Goethe, Voltaire, Hugo, Renan, Assia Djebar, Salman Rushdie : du Moyen Âge à

nos jours, ces auteurs ont évoqué Mahomet, faisant du prophète de l’islam tantôt un personnage historique

désacralisé, tantôt un héros romanesque fictif. Au Moyen Âge, au plus fort de la conquête musulmane,

l’Occident chrétien voit en Mahomet un imposteur, un faux-prophète, voire un Antéchrist prêt à combattre le

Messie. La littérature médiévale peint de grossières caricatures de rituels musulmans, et n’hésite pas à proférer

des injures à l’adresse du prophète. C’est au siècle des Lumières, avec Voltaire et Goethe notamment, que l’on

tente d’identifier et d’étudier sérieusement le personnage historique. Mais il faut encore attendre les

Romantiques, Lamartine et Hugo entre autres, pour que le prophète de l’islam bénéficie d’une image positive en

Occident. Il est même alors qualifié de personnage attachant ! Au XXe siècle enfin, de nouveaux auteurs

prennent la liberté de faire de lui un personnage de roman. Avec Driss Chraïbi, Assia Djebar, Salim Bachi,

Marek Halter et Salman Rushdie, Mahomet devient imaginaire, de plus en plus éloigné de la figure

traditionnelle musulmane.

La connaissance de la figure de Mahomet à travers la littérature peut éclaircir quelque peu l’horizon assombri

par les fanatismes. Car si le prophète de l’islam ne vécut certes qu’une seule vie, les œuvres littéraires lui ont

permis de revêtir divers habits et de montrer de multiples facettes. Un ouvrage courageux, par un auteur qui a

fait l’objet d’un procès en Turquie pour blasphème, pour son roman Les Filles d’Allah.

Le Désir libertaire : Le surréalisme arabe à Paris 1973-1975, d’Abdul Kader El Janabi,

L’Asymétrie, 2018

Le Désir libertaire dont nous allons lire un choix de textes et d’illustrations, n’est autre que « la revue du

surréalisme interdit chez les Arabes ». Ainsi peut-on lire dans le Manifeste de 1975 : « Nous crachons sur la

patrie arabe jusqu’à la noyer dans la fumée de la mort non seulement parce que nous combattons l’idée de

patrie, mais aussi parce que l’affirmation d’une patrie est une insulte à l’universalité de l’homme ». Ou encore :

Page 16: Spécial Littérature Été 2018

« Nous ferons exploser les mosquées et les rues par le scandale du retour du sexe au corps qui s’enflamme dans

chaque rencontre jusqu’ici restée secrète ». La « fin de l’ère islamique » annoncée sur une couverture du Désir

libertaire fait écho à la « fin de l’ère chrétienne » annoncée en couverture du troisième numéro de La Révolution

surréaliste, le 15 avril 1925. L’anticléricalisme surréaliste, son antipatriotisme, se déplacent vers l’orient arabe,

à partir d’un groupe qui, pour la première fois, revendique un « surréalisme arabe », sans pouvoir être considéré

comme des marginaux parce qu’ils sont chrétiens ou minoritaires dans leur nation.

Musique

Musique et transe chez les Arabes, de Gilbert Rouget, Allia, 2017

« Telle qu’elle nous est apparue chez les Arabes, la transe émotionnelle – profane ou religieuse – est

certainement de toutes les transes auxquelles nous avons eu affaire celle dont les relations avec la musique sont

les plus directes et les plus évidentes. En entendant une musique qui a sur lui un fort pouvoir émotionnel, le

sujet, submergé par l’émotion, entre en transe. D’où la musique tire-t-elle son pouvoir ? »

Un homme tourne sur lui-même les yeux fermés, la sueur perle sur son front. Il frappe dans ses mains,

psalmodie en tressaillant. Quel djinn le pique ?

Dans le monde arabe, des confréries soufies aux derviches tourneurs, du fakir transpercé au son des tambours au

possédé en plein exorcisme, des liens privilégiés unissent la musique et la transe. Le surnaturel est ici l’objet de

recherches rigoureuses mais l’auteur ne se contente pas d’une typologie des états seconds. Pour comprendre

d’où vient la transe, il se plonge dans la voie privilégiée pour y accéder : la musique !

C’est bien la perception des mots sacrés, des sons et leur impact qui guident Gilbert Rouget. Érudit et

pédagogue, nous le suivons dans ce voyage qui traverse les traditions musulmanes de l’Afrique du Nord au

Moyen-Orient, de la Tunisie à l’Irak. Nous entendons des voix, des récitations, des mélodies et des rythmes, le

son d’instruments méconnus... Aux confins du corps et des émotions, nous entrons dans cette danse qui unit le

religieux au profane : la « fureur poétique » de la transe.

Poésie

Des choses m’ont échappé, d’Iman Mersal (Égypte), Actes Sud/Sindbad, 2018

« Devant les vitrines lumineuses / regorgeant de sous-vêtements / je ne peux m’empêcher de penser à Marx. //

Le respect de Marx, / seul point commun entre tous ceux qui m’ont aimée / et à qui j’ai permis d’écorcher, à des

degrés divers, / les poupées de chiffon cachées en moi. // Marx / Marx / Jamais je ne lui pardonnerai. »

Les poèmes réunis dans ce livre sont extraits de quatre des cinq recueils publiés par Iman Mersal : les deux

premiers dans les années 1990, alors qu’elle participe au Caire à l’émergence d’une nouvelle avant-garde

poétique, les deux suivants en 2006 et 2013, après qu’elle a émigré au Canada. Au-delà des évolutions

thématiques liées à ce changement, on est frappé par la cohérence de la voix poétique qui s’y exprime : même

refus des procédés poétiques arabes traditionnels, même distance ironique, tantôt féroce quand elle vise les

intellectuels cairotes imbus de leur mission poétique et politique, tantôt empreinte de tendresse et d’empathie

quand elle évoque le monde rural de son enfance, marquée par la disparition précoce de sa mère.

La poésie d’Iman Mersal est donc intimement liée à son expérience et son histoire personnelle. En cela, c’est

aussi une poésie féminine, d’une modernité radicale, tant par son refus des thématiques et des images

habituellement associées à la femme arabe que par sa manière, parfois bouleversante, de se mettre à nu sans

jamais s’exhiber. Une poésie riche et complexe derrière l’apparente pauvreté de ses moyens rhétoriques, et

d’une grande originalité dans un champ poétique arabe encore largement dominé par les hommes.

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Cadavre dans une maison obscure, de Mazin Mamoory (Irak), Lanskine, 2018

Après l’arrivée de soldats sur sa terre irakienne, Mazin Mamoory tente de mettre en ordre le chaos quotidien.

Son pays n’est plus reconnaissable et son existence chamboulée. Les liens familiaux volent en éclat, sa femme

lui murmure : « tu es un homme de couleur et un jour je te laverai ». Son rapport au monde est redéfini : « ma

présence en Irak signifie que je suis en conflit avec les autres ». À la recherche d’une nouvelle existence dont il

essaie de comprendre les règles, l’auteur est happé par cette ville devenue un cimetière à ciel ouvert. Sa seule

échappatoire est la poésie, qu’il entretient en suspendant le temps, entouré de ses amis. Ces moments de

flottement ouvrent la voie de la résistance, de ce refus de laisser disparaître la force de vie.

Les rites de la tente : Poésie sahraouie contemporaine, de Limam Boicha, L’Atelier du Tilde,

2017

Ce nouveau recueil de Limam Boicha, Les rites de la tente [Los ritos de jaima], inaugure le curieux concept

d’ « anthropoésie ». Dans une alternance de textes en vers et en prose mêlant la langue hassanya et l’espagnol,

l’auteur explore les trente-et-un rites qui selon lui incarnent la culture et l’histoire nomade (« La cérémonie du

nom », « La mèche », « La bienvenue », « La noce », « Amulettes », « Offrande aux dromadaires »…).

Dans un subtil jeu de miroirs, Boicha nous invite en définitive à prendre place sous la tente et à découvrir, au

moyen d’une écriture d’une rare beauté, l’incroyable richesse de la vie nomade.

L’ouvrage comprend une préface de Sébastien Boulay, anthropologue, maître de conférences à l’université Paris

Descartes, ainsi qu’un glossaire des mots en hassanya.

Livre des Extases, d’Al-Niffari, Les Belles Lettres, 2017

Ce texte d’un poète mystique du Xe siècle, connu en un seul manuscrit, obscur, avait été édité une seule fois et

laissé dans l’abandon jusqu’aux années 1960, où le poète Adonis, grand tenant du modernisme en poésie arabe,

le découvrit et le fit connaître à un large public. Aujourd’hui, cinquante années plus tard, il en a entrepris la

traduction française avec Donatien Grau.

Dans ces soixante-dix-sept extases, Dieu s’adresse à l’être humain et lui dévoile les mystères de son existence.

Cette traduction, au plus près du texte, en rend les images saisissantes, et permet de découvrir la richesse d’une

des plus grandes voix poétiques, dont on ne sait rien. De la mer au ciel, de la robe à l’interstice des mains de

Dieu, c’est tout le voyage essentiel de la vie humaine qui s’en trouve révélé.

Cette œuvre, cachée pendant plus de mille ans, composée dans l’Irak actuelle, apparaît comme un des

chefs-d’œuvre du mysticisme, contre toute religion institutionnalisée : les expériences décrites refusent tout

cadre, et constituent un manifeste pour la liberté de l’être humain, quand il accepte de se livrer sans doute à

l’absolu.

Poésie syrienne contemporaine (bilingue français/arabe), de Saleh Diab, Le Castor Astral, 2018

Cette anthologie bilingue est un panorama des divers courants qui ont agité le mouvement moderniste, non

seulement de la poésie syrienne, mais aussi de la poésie arabe dans son ensemble, du début du XXe siècle à nos

jours.

La Syrie, en tant que pays, est en train de disparaître. Mais la poésie n’est pas inscrite dans un temps ou un lieu.

Elle n’est pas de circonstance. N’est-ce pas dans les œuvres des poètes syriens, qui ont pris la poésie comme un

dialogue incessant entre soi et le monde, que se dessine le visage de la Syrie ?

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Bande dessinée

La Nouvelle bande dessinée arabe, de Shennawy, Actes Sud BD, 2018

Recueil d'histoires courtes de la nouvelle scène foisonnante de la bande dessinée arabe.

Beyrouth : La trilogie, de Barrack Rima, Alifbata, 2017

Après Beyrouth en 1995 et Beyrouth Bye Bye en 2015, Barrack Rima pose de nouveau, dans Beyrouth Rewind

(2017), un regard acerbe et sensible sur la capitale libanaise, quittée à l'âge de vingt ans. Vingt ans également

séparent la création de ces trois ouvrages, qui paraissent aujourd'hui en un seul volume. Avec cette trilogie,

Rima, conteur visuel, nous invite à le suivre dans le labyrinthe de Beyrouth et dans celui de sa mémoire, hanté et

aimanté par cette ville rongée aujourd’hui par les promoteurs immobiliers, envahie par les déchets et leur

puanteur, dans laquelle il cherche encore et encore les traces du passé, de son passé… Chauffeurs de taxi,

conteurs et marchands ambulants, monde grouillant d’exilés et de réfugiés, ville où règnent miséreux et

débrouillards, mais aussi l’argent roi, le béton des promoteurs, la corruption et la censure, Oum Kalthoum et

Handala : ainsi se côtoient l’endroit et l’envers de Beyrouth, le présent et le passé, les rêves et la réalité…

100% Bled - Comment se débarrasser de nous pour un monde meilleur, de Salim Zerrouki,

Éditions Lalla Hadria Editions (Tunisie) & Encre De Nuit (France), 2018

« Nous, les Arabes, on pense éternellement être victimes d’un complot manigancé par l’Occident pour nous

anéantir, nous, les Arabes, nous, le peuple choisi. Et c’est par cette conspiration qui se trame dans notre dos

qu’on justifie nos échecs et notre sous-développement. De cette réflexion est né cet album joignant humour noir

et autodérision pour mettre en évidence un certain nombre de problèmes dont souffre notre société et démontrer

que le vrai problème vient de nous et non des Autres. »

Cette citation de Salim Zerrouki, dessinateur humoristique, connu pour railler les sociétés maghrébines dont il

est issu, nous donne à réfléchir. À travers ces caricatures, il nous invite à regarder avec tendresse les petits et

grands défauts de cette civilisation très ancienne aux multiples facettes. Il dénonce aussi en creux notre vision

d’occidental sur ces sociétés complexes en tendant un miroir satirique aux Maghrébins : « Voici notre image en

Occident, nous la méritons un peu, non ? ». Rire avec lui, c’est partager l’amour de la liberté.

Supernova : L’Amour aux temps de la colère, de Gihen Ben Mahmoud, Miss Miaow, 2018

« … Je me rappelle mon enfance heureuse au Kram. Un quartier populaire de la banlieue nord de Tunis.

L’insouciance avec laquelle on a grandi ensemble, moi et mes petits voisins sympathiques et voyous… Les

youyous des femmes et les hommes qui buvaient la bière en plein jour sur les terrasses des maisons au bord de

la mer… On nageait dans de petits bikinis colorés moi et mes deux sœurs. Mon frère lisait tout le temps des

magazines de Pif et Hercule. Ma mère et mon père nous regardaient courir à moitié nues au bord de la plage en

coupant les pastèques et mangeant les raisins. L’eau était limpide, le sable tiède et propre, et les jours lentement

s’écoulaient tranquilles d’une aventure à l’autre. Ma fille n’éprouvera jamais cette insouciance… Cette joie de

vie. »

Page 19: Spécial Littérature Été 2018

Curiosités

Les Soupers de Schéhérazade, d’Odile Godard, Libretto, 2018

La figure de Schéhérazade est ici convoquée pour nous proposer quinze soupers aux saveurs et senteurs de

l’Orient. Bien plus qu’à un recueil, c’est à un conte culinaire que nous convie l’auteur.

Chaque recette est ici accompagnée d’une histoire qui prolonge Les Mille et Une Nuits et fait la part belle à la

sensualité.

« Dans l’atmosphère trouble qui a envahi toute la chambre, l’air frais du petit matin apporte soudain comme un

souffle nouveau. La voix de la conteuse s’est tue. Les ombres de la nuit peu à peu se dissipent emportant avec

elles songes et cauchemars. Pour Dounyazade, c’est l’heure bénie où la belle sultane redevient Schéhérazade, la

complice de ses gourmandises, qui raconte, pour elle et pour elle seule, l’étrange aventure d’un festin que l’on

réserve aux amis d’un soir. »

Revues

Algérie : regards croisés, Revue Nejma, numéro 18, hiver 2017-2018 ; Librairie des Colonnes

éditions, Tanger

Avec les contributions de Kenza Sefrioui, Abdelkader Jemaï, Dounia Tengour, Amine Esseghir, Wassyla

Tamzali, Salim Jay, Khalid Lyamlahy, Abdellah Taïa, Abdelghani Fennane, Abal Capri, Kaoutar Harchi, Ali

Benmakhlouf, Mohamed Hmoudane, May Bouahada, Alain Ruscio, Mehdi Amour.

Photographies de Bruno Boudjelal.