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Été 2008, vol. 4 no 2 Convention de la poste-publications no 41122591 www.maya.cc Agitation législative autour du statut de l’eau au Québec Le casse-tête d’une crue des eaux exceptionnelle De « peureux mais en santé » à « avertis et en santé » Robert Lapalme ENTREVUE avec Le Don Quichotte des algues bleu-vert

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SOURCE Juin 2008

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Été 2008, vol. 4 no 2

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4112

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www.maya.cc

Agitation législative autour du statut de l’eau au Québec Le casse-tête d’une crue des eaux exceptionnelleDe « peureux mais en santé » à « avertis et en santé »

RobertLapalme

ENTREVUE avec

Le Don Quichotte des algues bleu-vert

Degrémont limitée, 1375 Transcanadienne # 400, Dorval (Québec) H9P 2W8 - 514 683 1200 www.degremont.ca

HEADWORKSBIOLOGYSEPARATIONMEMBRANEDISINFECTIONBIOSOLIDSSYSTEMS

Fini la peur bleue des alguesbleu-vert !

Prévention� Enlèvement du phosphore

� Densadeg®� AquaDAF®

Traitement� Flottation des cyanobactéries

� AquaDAF®

� Élimination des cyanotoxines� Ozone� Pulsazur®

Des technologies variéesrépondant aux différentsdéfis des cyanobactéries

Ce magazine est imprimé surpapier à contenu recyclé.

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 4 NO 2 ÉTÉ 2008

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L E S B O N S C O N T A C T S

L’ E N V E R S D U D É C O R

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O P I N I O N S E T C O M M E N T A I R E S

L E J U R I D I Q U E 27

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sommaire

Été 2008, vol. 4 no 2

Éditeur et rédacteur en chef :André [email protected]

Chroniqueurs :Line BeauchampFrançois BédardFrance GauvreauJohn Cigana Hervé PageotPierre Payment Christian Sauvageau Gilles Vaillancourt

Direction artistique :MAYA communication et marketing

Designer graphique :S’AMI graphie (Syma)

Photos de la page couverture etde l’entrevue : Studio Point DeVue

Révision linguistique :Annie Talbot

Impression :K2 impressions

Coordination des ventes :André DumouchelTél. : 450 [email protected]

Abonnementet administration :MAYA communication et marketing457, montée Lesage Rosemère (Qc) J7A 4S2Téléphone : 450 508-1515 Télécopieur : 450 [email protected]

© Tous droits réservés.Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que lemagazine SOURCE recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1e trimestre 2005. ISSN 1712-9125. Le magazine SOURCE est publié 3 fois l’an.

17 INFRASTRUCTURE URBAINELA VALEUR DES INFRASTRUCTURES

18 SANTÉ PUBLIQUEDE « PEUREUX MAIS EN SANTÉ » À « AVERTIS ET EN SANTÉ »

20 INSTRUMENTATIONLE PHÉNOMÈNE DE LA MESURE DU PH

22 LE MUNICIPAL LE CASSE-TÊTE D’UNE CRUE DES EAUX EXCEPTIONNELLE 1RE PARTIE

24 SUR LE RADAR LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS

25 EAU, TOUR DU MONDERETOUR SUR LE SALON ENVIRONNEMENTAL IFAT, LE PLUS IMPORTANT DU GENRE

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« Nous sommes sur la bonne voie,mais nous ne réagissons pas encoreassez vite. Nos lacs se détériorentplus rapidement que nous agissons.Le climat change aussi trop vite parrapport à notre capacité de réaction.Nous n’arrivons pas à remettre lebalancier du bon côté. En fait, il ya des gens qui sont sensibiliséset qui sont proactifs, alors qued’autres sont totalement désinté-ressés et bien peu enclins àprendre quelque mesure que cesoit. »

-Robert Lapalme

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C H R O N I Q U E

PROTÉGERNOS PLANS D’EAU

8 En lien avec la ministre

L’ invitéMICHEL BEAUDRYUNE ÎLE SANS EAU

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www.hdpe.ca

Distribué par :

7333, Place Des Roseraies, bureau 101 Tél.: 1 800 393-7473 Montréal (Québec) H1M 2X6 Fax: 514 [email protected] www.kwhpipe.ca

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TUYAUX ET RACCORDS EN POLYÉTHYLÈNE HAUTE DENSITÉSERVICE DE FUSION AU CHANTIERLOCATION D’ÉQUIPEMENTS DE FUSION

ÉDITORIAL

L’été est enfin arrivé, diront certains. J’ensuis. Avec ses rayons de soleil, sa chaleur,ses fleurs, sa verdure et ses terrasses, l’étéreprésente de loin ma saison préférée. Il enva de même pour beaucoup d’entre vous,j’en suis convaincu.

Toutefois, la nature n’apporte pas quedes éléments positifs au moment de la sai-son estivale. Vous me voyez venir avec mesgros sabots : je veux évidemment vous parlerdes cyanobactéries, plus communémentappelées algues bleu-vert. Ces dernièresreprésentent une véritable plaie, à n’en pasdouter, autant au point de vue de la santépublique et de l’écologie que de l’écono-mie. Au cours des dernières années, lesmédias ont sonné l’alarme quant à leur pré-sence dans nos cours d’eau. En l’espacede quelques semaines, monsieur et madameTout-le-monde, qui ne connaissaientprobablement pas l’existence des fleursd’eau, ne pouvaient désormais lire leurquotidien sans tomber sur des articles leurétant consacrés. Ce sujet était et demeured’actualité.

S’il est admis que les cyanobactériesexistent depuis que le monde est monde etque la prolifération problématique de cesdernières date de beaucoup plus que troisans, comment se fait-il que seuls les initiésen aient eu connaissance avant cela ?Alors que je discutais à bâtons rompusavec notre expert interviewé, il me disaitque, selon lui, le sujet a attiré l’attention desmédias au moment où la concentration decyanobactéries a explosé dans lesLaurentides. J'ai alors réalisé qu’il a falluque les gens se baignent dans les cya-nobactér ies pour qu’ i ls réagissent.

Comme disait Deschamps, « onveut pas l’sawoir, on veut lewoir ». Eh bien, ils l’ont vu !Notre inv i té , MichelBeaudry, avance que lesgens n’auraient pas laissése dégrader l ’eau du

Saint-Laurent àc e

point sans lever le drapeau s’ils avaient euaccès à l’eau. C’est exactement le contrai-re qui s’est passé dans les Laurentides, làoù presque tous les lacs sont ceinturés dechalets, souvent plus luxueux les uns queles autres.

En apprenant que leurs lacs en étaientinfestés et surtout que les cyanobactériesreprésentaient un danger potentiel pourla santé, les riverains ont vite compris queleurs propriétés perdraient beaucoup devaleur s’ils ne faisaient rien. Pour plusieurs,la résidence secondaire constituant uninvestissement important, les cyanobac-téries représentaient ni plus ni moins qu’unNorbourg aquatique ! Quand ton chalet estsitué à Tchernobyl, il est assez difficile àvendre ou à louer… Les cyanobactériesviennent donc d’atteindre leurs porte-feuilles.

C’est bien beau de connaître l’existencedu problème, de connaître le danger qu’ilreprésente et même de savoir que lephosphore en est la cause, mais le véri-table défi repose sur les actions àprendre. À cet effet, le MDDEP a mis surpied une campagne de sensibilisation quifait la promotion de quatre mesures :

• utiliser des savons et détersifs sansphosphate;

• conserver ou restaurer la végétation etle caractère naturel des rives des lacs;

• éviter d’utiliser des fertilisants ou desengrais chimiques;

• voir au bon fonctionnement et à l’entre-tien des fosses septiques.

À mon sens, le premier point ne repré-sente pas un problème puisque fabricantsde détersifs ont eux-mêmes décidé dechanger leur recette. Le troisième pointn’est pas davantage un défi en raison duretrait progressif de ces produits par lesgrandes chaînes de rénovation et centresde jardinage. De plus, certaines municipalitésfont également un effort de sensibilisationauprès de leurs citoyens tandis qued’autres ont tout simplement interdit l’usagede produits horticoles chimiques.

Là où ça se complique, c’est en ce quiconcerne les deux autres mesures.Regardons tout d’abord le deuxième point.Ce que l’on demande à un propriétaire dechalet riverain, c’est en quelque sorted’obstruer la vue ou l’accès à l’eau par desarbres et des arbustes. Avoir une bellepelouse fournie et verdoyante jusqu’aubord de l’eau donnant accès à un quai,c’est ce dont il a toujours rêvé et c’est cequ’il s’est procuré à gros prix. Maintenant,

on lui demande de laisser pousser la mau-vaise herbe et de planter des arbres, ce quil’empêchera inévitablement d’admirer le lacquand il sirotera son café sur son balconde bois traité. Hum, pas sûr que ça va êtrefacile à faire avaler. Derrière cette bellephrase poétique se cachent des actions àentreprendre qui heurteront les valeurs etles critères de beauté qu’entretiennent lesrésidents depuis des générations. Il s’agitde faire changer les mentalités et lesmœurs, et ça, c’est une lourde tâche.

Avec le dernier point, on vient pigerdirectement dans les poches des gens.Bon nombre des fosses septiques sontdésuètes, non conformes ou ne fonction-nent pas bien. Bien qu’essentiel, il s’agitd’un équipement coûteux, qui n’apporteaucun plaisir et surtout qui est bien caché.C’est donc facile de dépenser les dollarsailleurs lorsqu’on a plusieurs réparations ouprojets à faire au chalet.

Je ne dis pas que l’application de cesmesures est impossible; je crois simple-ment que la tâche s’annonce ardue et quetous devront mettre la main à la pâte, dugouvernement au citoyen, en passant parles municipalités. Malheureusement,autant les ressources humaines que finan-cières sont limitées. C’est pourquoi j’aimebien l’approche de notre interviewé lorsqu’ils’agit de rendre les gens responsables.

Monsieur Lapalme travaille avec lesassociations de résidents des lacs. Il lesencourage à procéder eux-mêmes àl’échantillonnage de leur eau en différentsendroits stratégiques, ce qui leur permetd’en déterminer la qualité, en plus dedétecter les sources de polluants. Par lasuite, une fois les échantillons analysés, ilspeuvent cibler, avec l’aide de M. Lapalme,des actions à entreprendre. Bien sûr, cer-tains scient ifiques regardent cetteapproche de haut, mais il faut avouer qu’ellea le mérite d’être peu coûteuse, donc dedémocratiser les solutions pour les gensdirectement concernés. Ces associationsont bien souvent des moyens de crève-la-faim et, sans ces solutions abordables, rienne serait fait.

Il ne faut cependant pas voir cetteméthode comme une solution unique. LeMDDEP et les municipalités ont encorebeaucoup de travail à faire et doiventdemeurer aux aguets. Toutefois, réussir àfaire bouger les gens au profit de l’envi-ronnement sans qu’il y ait mort d’enfantou catastrophe naturelle, moi je trouve çarafraîchissant. Et ça tombe bien, c’estl’été ! ■André Dumouchel ad

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Là où ça fait mal !

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Mme Line Beauchamp,ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs

En lien avec la ministre

L’eau est une richesse inestimable avec laquelle nous entrete-nons un rapport privilégié. En effet, chaque jour, nous sommes encontact avec cette ressource naturelle : nous en avons besoinpour vivre, pour pratiquer nos activités récréatives et pourrépondre à nos besoins économiques. Il importe d’en prendresoin et c’est l’une des grandes préoccupations du gouvernement.

Je désire citer en exemple la problématique des algues bleu-vert. La prolifération de ces microorganismes dans les plansd’eau est un phénomène mondial auquel le Québec n’échappepas. Face à cette situation, le gouvernement a pris les mesuresnécessaires pour diminuer cette prolifération et assurer la qualitédes plans d’eau. Nous avons, en effet, adopté un Plan d’interven-tion sur 10 ans, comportant 35 mesures et des investissementsde près de 200 millions de dollars. À ce jour, 100 % de cesmesures sont soit complétées, soit en cours de réalisation. Ainsi,pour la saison 2008, outre la réalisation des mesures inscrites àce plan, nous avons aussi adopté une nouvelle procédure.

Une nouvelle procédure

À la lumière des connaissances acquises, de l’analyse desrésultats obtenus au cours de la saison 2007 et des avis desexperts recueillis lors du Symposium sur les algues bleu-vert le11 mars dernier, une nouvelle procédure d’information et deprotection de la santé publique a été adoptée pour la saison2008. Ainsi, seuls les plans d’eau présentant un risque réel pourla santé publique et faisant l’objet d’une restriction d’usage (eaupotable, activités aquatiques, plages) seront identifiés sur lePortail gouvernemental et ils le seront uniquement pendant lapériode où il y a effectivement un risque. De ce fait, la santépublique sera bien protégée, et nous éviterons toute confusiondans les messages à la population.

La population sera toutefois sensibilisée sur les recommanda-tions générales à suivre tout au cours de la saison, et ce, pourl’ensemble des cours d’eau où il y a présence d’une fleur d’eau àproximité. Ces recommandations ont été formulées par le ministèrede la Santé et des Services sociaux (MSSS) et peuvent êtreconsultées sur le site Internet du MSSS.

Une campagne de sensibilisation pour la protection des plans d’eau

J’ai lancé, en mai dernier, une vaste campagne publicitaire surle thème « La protection de nos plans d’eau, c’est notre affaire etce n’est pas compliqué » afin d’informer, de sensibiliser et demobiliser la population.

Ainsi, les messages diffusés permettent de parler avec clartédes algues bleu-vert sans pour autant banaliser le phénomène. Ilsconscientisent également la population à l’importance de protégernos plans d’eau, en plus d’amener le plus grand nombre possible degens à agir face à cette problématique. À ce sujet, la populationest invitée à :

- Utiliser des savons et détersifs sans phosphates;

- Conserver ou restaurer la végétation et le caractère natureldes rives des lacs;

- Éviter d’utiliser des fertilisants et des engrais chimiques;

- Voir au bon fonctionnement et à l’entretien des fossesseptiques.

Ce sont des gestes simples que chacun peut poser et quiauront de grandes répercussions sur la qualité de l’eau.

Une priorité

La campagne de sensibilisation, combinée aux actions déjàdéployées, est une démonstration convaincante que la protectiondes lacs et des cours d’eau est une priorité pour le gouverne-ment. C’est d’ailleurs pour cette raison que le gouvernement adernièrement déposé un projet de loi affirmant le caractèrecollectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection.Nous posons ainsi les bases d’une action nécessaire à la pérennitéde la ressource et à la protection de la ressource elle-même etdes écosystèmes aquatiques.

En tant que professionnels de l’industrie de l’eau, je vousencourage à poursuivre vos efforts pour protéger nos plans d’eauet à continuer à sensibiliser la population. Je tiens à vous assurerque le gouvernement poursuivra ses actions dans ce sens.

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Imaginez un seul instant que vous marcheztranquillement sur le bord du fleuve St-Laurent en humant l’air du (presque) large.Que, dans votre court itinéraire, vous pas-sez devant des cafés, des bars, des bistroset des restaurants dont les façades don-nent directement et sans obstruction surle beau grand fleuve paisible. Vous pour-suivez votre chemin et vous arrivez chez lePourvoyeur de Montréal qui propose auxrésidents et aux touristes un après-midi depêche à bord d’une belle embarcationsécuritaire sur un des plans d’eau parmiles plus poissonneux en Amérique duNord, et ce, à moins de deux kilomètres dela place Ville-Marie. Un peu plus loins’étend une aire de baignade avec demagnifiques glissades d’eau. Finalement,tout au bout, vous apercevez la marina,conçue à l’européenne, qui accueille voi-liers et plaisanciers.

Irréel ? Pas pantoute. Tout ça aurait été possible si, dans le déve-loppement de Montréal, on s’était gardéun seul tout petit kilomètre en pensantbeauté, plaisir de vivre et sauvegarde del’environnement. Or, tout a été consacré audéveloppement industriel et à des activitésportuaires strictement commerciales.Soyons francs : on n’a eu aucun égardpour les humains qui habitent, je vous lerappelle, une île. Une île, habituellement,c’est entouré d’eau.

D’ailleurs, natif du petit village de Ste-Émélie-de-l’Énergie où coule la sinueuserivière Noire, j’ai été fort triste, du haut demes 10 ans, lorsque nous avons dû démé-nager à Montréal. Je demeurais dans l’Est,près de la rue Notre-Dame, à quelquescentaines de mètres du fleuve. Mais il étaitimpossible pour nous de le voir. Il y avaitdes hangars, des montagnes de différentsproduits, de gros réservoirs de pétrole

ainsi que des empile-ments de conteneurs rouillés. D’une laideureffroyable comparativement au coup d’œilsi apaisant qu’aurait pu nous offrir le beaufleuve.

Et quand on roulait vers le centre-ville, tou-jours sur Notre-Dame, ça ne s’amélioraitpas. La Canadian Vickers, la Sifto, laMolson et les autres s’étaient emparéesdu rivage comme des ogres et n’avaientrien laissé à la population. Quelle tristesse.

Je vous fa i s une confidence . LaMéditerranée, à Nice et à Cannes, c’esttrès ordinaire. L’eau n’est pas si chaudeque ça et le fond des plages est souventrocailleux, pas agréable. Mais l’environne-ment a tellement été rehaussé par la qualitéet l’intention des commerces que, au fil dutemps, c’est devenu le paradis des seinsnus. Avouez que c’est un pensez-y-bien !

Le centre-ville de Montréal aura doncpassé à côté de quelques-uns desmeilleurs attraits qu’aurait pu lui conférersa situation géographique plus qu’en-

viable. On ne peut que constater qu’il estbien loin de revêtir les allures d’un site depêcheurs. Aujourd’hui, c’est à peine s’ilsont une place pour glisser une chaloupesur l’eau. Et contrairement à certainsparadis européens, si une fil le s’ydécouvre les seins, on l’arrête.

Soyez certains que si Montréal avait offertà ses citoyens l’espace et le loisir de s’ap-procher de leur eau, de leur fleuve, ilsauraient été beaucoup plus prompts àdénoncer la pollution des industries crimi-nelles. On aurait réalisé plus vite qu’oncommençait à avoir des poissons à deuxtêtes. On a mis beaucoup de temps à com-prendre que la qualité de l’eau du fleuves’amenuisait. Le nombre de personnes yayant accès était très limité et, surtout, peuécouté.

On garde même, depuis plusieurs années,une image négative de ce plan d’eau quiest pourtant splendide et propice auxplus belles folies aquatiques. Course devoiliers, plongée sous-marine, pêche,souper sur bateau-restaurant, compétitionde nageurs, descente de rapides. Et, uneactivité des plus relaxantes pour l’humain :la simple contemplation de l’eau qui couletout doucement, tout en pensant à sesvieux péchés et ceux qu’on pourrait encorefaire.

Est-il trop tard ? Je vous pose la question.

Des urbanistes, architectes, ingénieurs etsurtout visionnaires pourraient-ils pré-senter un plan de développement, neserait-ce que sur un kilomètre de rivageà la hauteur du centre-ville de Montréal,pour que cette ville adopte une vocationnouvelle qui lui irait naturellement si bien ?Imaginez Montréal avec des pêcheurs surles quais… Ne serait-ce pas tout à faitnormal ? C’est une île ! Il m’apparaît ridicu-le que là où les eaux sont les plus belles,

tranquilles et accessibles, on ne voit qued’huileux et rouilleux navires étrangerschargés de conteneurs.

Le Vieux-Port de Montréal est un desrares dans le monde où on ne voit pasl’eau. Et, si on réussit à s’en approcher, onest sur un quai industriel duquel il estmême impossible de se mouiller le boutdes doigts.

Pour aimer, protéger et profiter de ce beaufleuve, il faut avoir la possibilité de le voirde près, d’y toucher.

Y a pas juste l’argent dans la vie. Y a l’eauaussi. ■

Michel

Beau

dry

L’invité

Imaginez Montréal avec des pêcheurs sur lesquais… Ne serait-ce pas tout à fait normal ?C’est une île !

C’est en 1979, à Sherbrooke, que Michel Beaudry a com

mencé sa

carrière artistique. Il a tout

d’abord été lecteur des nouvelles à Té

lé 7

avant de se glisser dans le

s milieux du hockey et de la comédie.

Véritable boute-en-train, il s’est fait r

emarquer par son sens de

l’humour et ses talents d’imitateur. Il prê

te sa voix à de nombreuses

publicités radio ou télé. En

plus de participer à plusi

eurs événements

d’entreprise, il signe depu

is bientôt neuf ans un bille

t d’humeur dans

le Journal de Montréal.

UNE ÎLE SANS EAU

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Quel a été votre parcours professionnel ?J’en suis actuellement à ma troisièmecarrière. J’ai tout d’abord travaillé enintervention auprès des jeunes à titre depsycho-éducateur. Par la suite, aprèsavoir fait une maîtrise en administrationpublique, j’ai surtout fait de la gestion.Finalement, j’ai bifurqué vers l’environ-nement.

Depuis combien de temps travaillez-vous dans le domaine desplantes aquatiques ? Dans les années 1980, ma conjointe aouvert une entreprise de production deplantes aquatiques. J’ai alors pris uneannée sabbatique pour lui prêter main-forte et je suis finalement tombé sous lecharme de ce milieu. Nous étions la pre-mière entreprise de ce genre au

Québec. Nous fournissions des plantespour la fabrication de jardins d’eau. Deplus, comme nous avions obtenu lors dudémarrage de l'entreprise une subven-tion pour faire de la recherche et dudéveloppement sur l’effet des plantesaquatiques à différentes profondeurs,nous sommes devenus des spécialistesdans le domaine. Nous étions très solli-cités pour présenter les plantes aqua-tiques à travers le Québec. Nous avonsmême collaboré au projet de la plage del’île Notre-Dame.

Comment en êtes-vous venu à vousintéresser aux algues bleu-vert ? Nous nous sommes rapidement renducompte qu’il y avait plus de demandespour travailler avec les plantes aqua-tiques pour les habitats fauniques, lesmarais filtrants, les marais naturels et les

lacs que pour l’horticulture ornementale.C’est à ce moment que j’ai décidé defaire des études en gestion de l’environ-nement et de me spécialiser en écologieaquatique. Nous voulions faire du jardi-nage écologique et nous avons dévelop-pé des méthodes d’épuration pour bas-sin à l’aide de marais filtrants, inspiréespar notre expérience à la plage de l’îleNotre-Dame.

Après avoir réglé les problèmes desgens pour leurs bassins, la demandes’est fait sentir pour les lacs. Je suisalors devenu consultant pour le traite-ment des lacs. Il faut dire qu’en 1990,peu de personnes étaient spécialiséesdans ce domaine, car les municipalitésavaient peu de budget à consacrer àl’environnement. Pour venir en aide auxgens, j’ai donc écrit le livre Protéger etrestaurer les lacs, publié aux ÉditionsDumont. Le principe était d’expliqueraux gens comment fonctionne un lac envulgarisant l’aspect scientifique. L’annéedernière, on a décidé d’écrire un deuxièmelivre en raison de la très forte demande.Cette fois-ci, le livre est axé sur lessolutions concernant les algues bleues.

À qui s’adresse votre livre ?Mon livre s’adresse aux gens qui viventprès d’un lac et plus particulièrementaux associations de riverains, car cesgens veulent protéger leur lac. Ils peu-vent facilement utiliser les outils néces-saires afin de mesurer le taux d’alguesbleu-vert présent et se référer par lasuite aux solutions présentées dans lelivre. Au besoin, je fais des consultationspour aider les gens dans leur démarche.

LES CYANOBACTÉRIES FONT LES MANCHETTES DEPUIS LES TROIS DERNIÈRES ANNÉES.ELLES METTENT EN PÉRIL LA SANTÉ PUBLIQUE, LA BIODIVERSITÉ ET L’ÉCONOMIE. CERTAINES

RÉGIONS DU QUÉBEC DÉPENDENT EN GRANDE PARTIE DES ACTIVITÉS RÉCRÉOTOURISTIQUES

ET SE VOIENT DUREMENT TOUCHÉES PAR CE FLÉAU. PEU CONNUES IL Y A QUELQUES

ANNÉES, LES ALGUES BLEU-VERT REPRÉSENTENT DÉSORMAIS UN CASSE-TÊTE AUQUEL ON

DOIT S’ATTAQUER SANS PLUS TARDER. NOTRE INVITÉ, ROBERT LAPALME, SPÉCIALISTE EN

ÉCOLOGIE AQUATIQUE, EST À LA TÊTE D’UN COLLECTIF D’EXPERTS QUI A PUBLIÉ RÉCEMMENT

UN OUVRAGE VULGARISÉ SUR LE SUJET. LE LIVRE ALGUES BLEUES, DES SOLUTIONS

PRATIQUES PROPOSE DES MOYENS POUR CONTRER LE PROBLÈME ET MÉRITE DE DEVENIR LE

LIVRE DE CHEVET DE QUICONQUE S’INTÉRESSE À LA QUESTION.

QUEL EST L’ÉTAT DE LA SITUATION ? QUELLES SOLUTIONS DOIT-ON METTRE DE L’AVANT ? LE MAGAZINE SOURCE A RENCONTRÉ L’AUTEUR POUR VOUS.

Entrevue réalisée par André Dumouchel

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RobertLapalme

Le Don Quichotte des algues bleu-vert

La démarche peut-elle être qualifiéede scientifique ?C’est une démarche qui permet de démo-cratiser la science. Tout le monde peuts’approprier ces connaissances, il fautseulement les communiquer plus simple-ment. Les scientifiques ne doivent pas separtager les connaissances entre eux,mais plutôt les vulgariser afin que chacunpuisse apprendre. Avec ce livre, les genspeuvent agir.

Est-ce coûteux ?Une analyse du taux de phosphore à troisdécimales coûte 75 $ dans un laboratoi-re accrédité par le ministère ou à l’univer-sité. En contrepartie, une analyse du tauxà deux décimales coûte 15 $ dans unlaboratoire non accrédité. Bien sûr, unscientifique n’accepterait pas la deuxiè-me option, mais entre vous et moi, c’estamplement suffisant pour détecter quiest le pollueur. Et surtout, c’est possibled’être fait par tout le monde et à descoûts raisonnables. Par la suite, rienn’empêche d’effectuer une analyse dutaux de phosphore à trois décimales defaçon périodique ou lorsqu’on a un doutesur la concentration des algues bleu-vert.

Justement, que sont les algues bleu-vert ?Les algues bleu-vert, aussi appelées cya-

nobactéries, existent depuis des millionsd’années et sont présentes, de façonnaturelle, dans tous les cours d’eau. Il y aproblématique à partir du moment où il ya une forte augmentation des ces algues.

Quelles sont les principales causes deprolifération des algues bleu-vert ?Le phosphore en est la principale cause.Un plan d’eau qui n’est pas contaminé parle phosphore ne développera jamaisd’algues. Si nous contrôlons la quantitéde phosphore dans un lac, il renouvellerason eau facilement. La chaleur et l’azotesont également des causent de proliféra-tion, mais uniquement en présence dephosphore.

D’où provient le phosphore des coursd’eau ?Plus ou moins 10 % du phosphore quel’on retrouve dans les cours d’eau pro-vient des produits du savon de la lessive.Le reste provient presque exclusivementdes excréments. Les plus nocifs provien-nent du monde agricole. En second lieu,ils proviennent des systèmes d’épurationmunicipaux ou individuels qui polluenténormément.

Les médias parlent beaucoup duphénomène depuis deux ans, mais àpartir de quel moment les algues

bleu-vert sont-elles devenues problématiques ?Au début, le phénomène était concentrédans certains endroits, notamment dansle lac Champlain et dans la région de labaie Missisquoi. La prolifération était sur-tout due à l’agriculture. Cependant, enseulement trois ans, la problématiques’est généralisée au Québec. Une multi-tude de lacs de la région des Laurentidesont été atteints à leur tour, ce qui a eupour effet d’attirer l’attention des médiasqui ont ensuite sonné l’alarme.

Nous savons que les algues bleu-vert sont un danger pour l’écosystème, mais qu’en est-il pour l’humain ?Tout dépend du type de cyanobactérie etsurtout de sa concentration dans le lac.Certains types de cyanobactéries sontuniquement irritantes pour la peau alorsque d’autres, lorsqu’elles sont ingérées,peuvent occasionner des maux de ventre,une gastro-entérite et même attaquer lesorganes v i taux comme le fo ie .Heureusement, lorsque le taux de cyano-bactéries est très élevé dans un lac, l’eaua généralement un aspect tellement dou-teux que les gens renoncent à s’y baigner.Par contre, en raison de leur insouciance,les enfants peuvent être vulnérables s’ilsjouent près d’une rive contaminée.

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tête-à-tête

Existe-t-il un consensus sur les causes de prolifération des cyanobactéries ?Oui, nous savons comment elles prolifèrent.Tous croient que le phosphore en est lagrande cause. Ce que nous ne connais-sons pas exactement, c’est l’identité desresponsables dans les différentes régions.Par exemple, est-ce que tel terrain de golfest plus polluant que le voisin ? Est-ce quetelle propriété éprouve un problème avecsa fosse septique ? Je ne crois pas quetous les clubs de golfs et que toutes lesfosses septiques soient responsables detous les maux. Cependant, nous savonsque ce sont souvent des sources decontaminants.

Les lacs sont-ils les seules étenduesd’eau atteintes ?Non, car les lacs de tête se déversentdans les cours d’eau tels que les rivièreset les ruisseaux pour se retrouver par lasuite dans le fleuve Saint-Laurent. Donc,toutes les étendues d’eau peuvent êtreatteintes. Cependant, elles n’ont pastoutes la même vulnérabilité. La profon-deur, le débit d’eau et l’environnementimmédiat du cours d’eau (présence demaisons ou d’autres lacs communicants)peuvent jouer un grand rôle de ce côté.

Combien y a-t-il de lacs au Québec ?Il y a environ 450 000 lacs au Québec.

De ce nombre, combien sont présentement infectés ?Selon le ministère, 200 cours d’eau sontinfectés au Québec. Ils sont majoritaire-ment situés dans le sud de la province,entourés d’habitations et d’activités agri-coles.

Dans quelle région retrouve-t-on lescours d’eau les plus mal en point ?Les plus mal en point sont surtout situésdans la région de l’Estrie et de laMontérégie.

En combien de temps un lac peut-il diminuer sa concentration de cyanobactéries ?Quatre ou cinq ans suffisent à l’améliora-tion de la qualité de l’eau d’un lac si nousdiminuons considérablement la contami-nation au phosphore. Comme vous leconstatez, c’est relativement court

comme délai. Par contre, ce qui est beau-coup plus long à rétablir, c’est sa biodiver-sité. Par exemple, si un type de poisson adisparu d’un lac, s’il y a trop de sédimentsau fond ou un grand manque d’oxygène,plusieurs décennies peuvent être néces-saires avant que tout redevienne commeavant.

Comment un lac, situé loin de l’activité humaine, peut-il développerdes algues bleu-vert ?Comme vous le savez, la cyanobactérieest une algue présente dans tous les lacsde façon naturelle. C’est la quantité decette dernière qui va nous dire s’il y acontamination ou non. Dans le cas d’unlac sauvage, une cause de contaminationpourrait être la présence d’une grandequantité de sédiments de feuilles d’arbresqui contiennent beaucoup de phosphoreet qui restent sous l’eau de nombreusesannées. Lorsqu’un animal, par exempleun orignal, vient brasser ces sédiments, lephosphore est dégagé et des alguesbleu-vert peuvent alors se former.

Qui est le grand responsable de lasituation actuelle de nos lacs etrivières ?C’est nous, collectivement, en raison denotre mauvaise gestion et de notremanque d’éducation en matière d’envi-ronnement. Nous avons fauté dans lafaçon de prendre possession des lacs etde leurs rives en déboisant de manière sisauvage en plus d’y acheminer directe-ment nos eaux usées. Nous n’avonsguère été mieux dans le design de nosusines d’épuration. Cependant, vers la findes années 1970, on s’est aperçu de ladétérioration de la qualité de l’eau. Legouvernement du Québec a sensibiliséles municipalités en plus de légiférer afinde réglementer la construction près descours d’eau. Est né le Q2-R8. Des asso-ciations de riverains se sont égalementformées pour reboiser les rives etconstruire des fosses septiques régle-mentaires afin de protéger les lacs. Par lasuite, durant les années 1980, la situa-tion des lacs s’étant beaucoup améliorée,les associations de riverains ont pour laplupart cessé d’exister ou sont devenuesde simples clubs sociaux. Les lacs sesont de nouveau détériorés à cause desgrands développements urbains. C’est à

ce moment que les cyanobactéries ontcommencé leur prolifération.

Quelles sont les solutions pour réduire la présence des cyanobactéries ?Nous devons faire prendre conscienceaux citoyens et aux petits commercesque chaque personne a sa part de res-ponsabilité. Chacun doit modifier sescomportements afin de gérer ses eauxde façon écologique, comme on le faitavec son bac vert pour ses matières rési-duelles. Voici quelques exemples : réduirel’utilisation de produits à base de phos-phore et d’azote, reboiser les terrainsrésidentiels et municipaux, installer desmarais filtrants, contrôler les systèmesseptiques, réduire l’utilisation de l’eaucourante et jardiner plus écologiquement.La très grande majorité de ces mesuressont peu coûteuses.

Quelles solutions préconisez-vouspour les municipalités ?Les municipalités doivent réviser leurréglementation et surtout la faire res-pecter. Ils doivent mettre en place unemeilleure pratique de gestion des eauxet promouvoir les tendances vertes. Parexemple, ils doivent favoriser la réduc-tion du rejet des eaux usées, favoriserla gestion adéquate des fossés, reteniret épurer l’eau à la surface des aires destationnement.

Et pour les fermes ?Quoique mieux surveillées, les grossesfermes polluent encore beaucoup. Leurspropriétaires doivent réduire au minimumle ruissellement de l’eau vers les coursd’eau. Pour ce faire, ils doivent contrôlerles fuites en s’assurant de l’étanchéitédes équipements et doivent capter etépurer leurs eaux usées. Ils doivent éga-lement diminuer l’utilisation d’engrais etrespecter la capacité de culture des sols.Bien sûr, il est difficile de les convaincred’adopter certaines mesures commed’augmenter leurs bandes riveraines enraison du caractère précieux que l’espacereprésente pour leur productivité.Toutefois, lorsqu’on leur propose dessolutions novatrices comme de semer dupanic érigé dans cette bande, plante quipeut être récoltée facilement et vendue,les propriétaires deviennent plus ouverts.

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tête-à-tête

Les fermettes touristiques ou équestressont toutefois très dommageables, carelles ne sont que rarement suivies adé-quatement.

L’UPA collabore-t-elle sur le planagricole ?Je pense que l’UPA fait semblant de col-laborer pour ne pas se mettre quiconqueà dos. Elle doit travailler avec des agricul-teurs endettés qui ont peu d’argent et quifont une agriculture néfaste depuis plu-sieurs décennies. Ils sont pris dans uncercle vicieux. Comme on dit, les agricul-teurs ont beaucoup de foin, mais peud’argent…

Est-ce utopique de demander auxcitoyens de restaurer et de reboiserles bandes riveraines ?Non, car il y a une réglementation dansce sens. Les gens n’ont maintenant plusle choix, car les municipalités veulentfaire respecter la réglementation. Deplus, il y a même l’article 19.2 de la Loisur la qualité de l’environnement qui

octroie un pouvoir d’injonction à chaquecitoyen afin d’empêcher que quelqu’unporte atteinte à son droit à la qualité del’environnement. Un citoyen peut donc enforcer un autre à se conformer.

L’environnement est-il devenu unenjeu politique ?Oui, tout à fait. Actuellement, vouloiraméliorer l’environnement est devenupositif à tous les niveaux politiques. Lesquelques municipalités qui ont bougé lespremières quant à l’application des règle-ments sont devenues célèbres et ont étéapplaudies par les citoyens.

Quel est le rôle du MDDEP ?Le ministère de l’Environnement doitœuvrer aux problèmes relatifs à l’environ-nement, aux pratiques actuelles et sur-veiller ce qui se fait à travers la province.Il doit également proposer des moyens etdes solutions concrètes aux problèmes.Malheureusement, il commence toutjuste à le faire.

Les actions du MDDEP sont-ellesadéquates ?La majorité des intervenants du milieusont insatisfaits du travail du ministère.Les gens qui travaillent au ministère don-nent l’impression de ne pas être bienbranchés sur la réalité en plus d’êtrequelque peu hautains. Il faut dire que lenombre de fonctionnaires y travaillant estinsuffisant pour les besoins. Le systèmeest bureaucratique, lent et peu productif.

Les investissements à faire pour lerenouvellement des infrastructuresrisquent-ils de faire passer ausecond plan les mesures à prendrepour enrayer les cyanobactéries ?Oui, et le problème est que toutes lesinfrastructures doivent être rénovées. Onfait en ce moment un effort colossal ence qui concerne la réfection des pontspartout en province. On a créé d’innom-brables infrastructures à une certaineépoque sans toutefois les entretenir adé-quatement au fil des décennies. Nous enpayons maintenant le prix. Nous sommescoincés, économiquement parlant. Enoutre, les problèmes environnementauxreprésentent une nouvelle dépense quenous n’avions pas prévue et dont lescoûts sont également très élevés.

Sommes-nous sur la bonne voie dansle dossier des cyanobactéries ?Oui, nous sommes sur la bonne voie,

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tête-à-tête

Heureusement, lorsque le taux de cyanobactériesest très élevé dans un lac, l’eau a généralementun aspect tellement douteux que les gensrenoncent à s’y baigner.

mais nous ne réagissons pas encoreassez vite. Nos lacs se détériorent plusrapidement que nous agissons. Le climatchange aussi trop vite par rapport à notrecapacité de réaction. Nous n’arrivons pasà remettre le balancier du bon côté. Enfait, il y a des gens qui sont sensibilisés etproactifs, alors que d’autres sont totale-ment désintéressés et bien peu enclins àprendre quelque mesure que ce soit. Cesgens sont souvent ceux qui ne se bai-gnent pas ou ne pratiquent aucunsport nautique; tant qu’ils peuvent voirle lac de la fenêtre de leur maison, ilssont heureux. Malheureusement, il fautsouvent que les gens se sententconcernés avant de passer à l’action.

Quelle solution devrions-nous prioriser ?Nous devrions prioriser les actionsconcernant l’eau de ruissellement. Cesactions ne sont pas très difficiles à mettreen application et tout le monde peut lefaire, du citoyen aux entreprises en pas-sant par les municipalités.

Monsieur Lapalme, merci.

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tête-à-têteSolutions pour les municipalités(extraits du livre Algues bleues, des solutions pratiques)

• Faire procéder à la caractérisation du territoire• Identifier et préserver les milieux naturels sensibles du bassin-versant• Repenser l’aménagement du territoire en vue de réduire les rejets d’eaux usées• Adopter une stratégie de développement durable• Redéfinir les droits acquis en matière d’environnement• Réviser les règlements d’urbanisme existants• Mettre en place la réglementation municipale adéquate• Faire respecter les règlements municipaux• Protéger les bandes riveraines existantes• Obliger la restauration des bandes riveraines• S’assurer du bon fonctionnement des systèmes de traitement des eaux usées• Améliorer le rendement des réseaux d’égouts pluviaux existants• Contrôler les causes des débordements des réseaux unitaires• Gérer le phosphore des rejets des eaux sanitaires• Contrôler les installations septiques• Mettre en place la conception basée sur les conditions de prédéveloppement• Promouvoir les tendances vertes• Réglementer l’utilisation des barrières à sédiments• Réglementer les drains à débit contrôlé• Retenir et épurer l’eau à la surface des stationnements• Privilégier les techniques qui favorisent la recharge de la nappe phréatique• Mettre en place les meilleures pratiques de gestion des eaux• Épurer les rejets liquides provenant des sites d’enfouissement• Gérer adéquatement les fossés• Réduire à l’essentiel le déglaçage des routes et filtrer les rejets• Améliorer leurs règlements sur les coupes forestières dans le bassin-versant

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LES BESOINS ET LES CLIENTS-UTILISATEURS

Qu’elles servent à traiter ou à distribuerl’eau potable, à capter ou à traiter les eauxusées, à faciliter le déplacement des per-sonnes et des marchandises ou qu’ellespermettent le traitement et la communicationdes informations, toutes les infrastructuresvisent à satisfaire un besoin chez un usager.

Autant lors de la construction initialed’une infrastructure que lors de sa réfec-tion, il est primordial de définir précisémentles besoins réels et de bien connaître lesdivers clients-utilisateurs. Une analyse tropsommaire des besoins et des clientèles àsatisfaire peut mener à la réalisation d’unprojet mal adapté, ne répondant que par-tiellement aux besoins ou ne répondantqu’à une partie des usagers.

Cette analyse n’est pas facile, car elledoit notamment tenir compte d’intérêts par-fois divergents. Les besoins des automobi-listes, des services d’urgence, des piétonset des cyclistes, par exemple, ne sont pasfaciles à concilier quand il s’agit d’aménagerdes voies de circulation. Les pompiers n’at-tendent pas la même performance d’unréseau de distribution d’eau potable que lapopulation en général ou les industries ali-mentaires et pharmaceutiques. Il existe unepart de subjectivité dans la perception del’importance de chaque caractéristique duservice rendu par une infrastructure.

L’ANALYSE DES DIFFÉRENTES SOLUTIONS

Une analyse sérieuse des besoins réelsdes divers usagers peut aussi nous amenerà proposer de meilleurs choix. Des inter-ventions permettant, par exemple, dediminuer la demande en eau ou de rédui-re les infiltrations d’eau aux réseauxd’égout sont généralement plus efficacesque des interventions visant à augmenterla capacité des équipements.

LE TEMPSUn bon projet est également un projet

réalisé à temps, c’est-à-dire que le servicequ’il doit rendre est disponible au momentoù les usagers en ont besoin. Dans le casdes travaux de réfection, un bon projet estréalisé avant que la qualité des services qu’ilrend ne commence à se détériorer.

Le temps joue également sur d’autresparamètres : réaliser des travaux l’hiver ouau moment où plusieurs travaux similairessont en chantier comporte généralementplus d’inconvénients et d’imprévus.

LE RISQUEPlusieurs infrastructures nous donnent

accès aujourd’hui à ce que nous appelonsdes services essentiels. L’approvisionnementen eau potable, le captage, l’évacuation et letraitement des eaux usées, les routes et latéléphonie, services auxquels nous avonsaccès, la plupart du temps sans interruption,contribuent d’une façon déterminante ànotre qualité de vie et à notre sécurité.

Même si ces services sont pris pouracquis, leur importance nous est parfoisrappelée d’une façon dramatique : unestructure qui s’affaisse, une conduite qui sebrise et dont l’eau inonde tout un quartier.Le risque associé à la perte même partielled’une infrastructure stratégique doit êtreréduit au maximum. Comme les travaux deréfection d’une infrastructure majeure peu-vent prendre plusieurs années, nousdevons les planifier à long terme. De plus,pour éviter les bris mettant en péril la santéet la sécurité publiques, nous devons nonseulement entretenir nos infrastructuresd’une façon rigoureuse, mais nous devonsaussi faire régulièrement des diagnosticsde leur état et de leur fiabilité.

LE COÛTLa valeur d’un projet peut s’exprimer par

le degré de satisfaction des clients, divisépar le coût du projet. Trop souvent, seuls lescoûts liés directement à la construction ouà la réfection d’une infrastructure sont prisen compte pour évaluer la valeur de l’inves-tissement. Pourtant, durant la durée de viede l’infrastructure, les frais d’exploitation etd’entretien sont parfois plus élevés que lescoûts initiaux de construction.

Pour chaque système ou équipement,l’optimisation du rapport de sa durée de viesur son coût d’achat et d’installation estégalement un facteur essentiel à intégrerau calcul du coût total du projet.

Parmi les frais d’exploitation, les mon-tants consacrés à l’énergie (l’électricité, legaz ou le mazout) devraient faire l’objetd’une analyse détaillée. Les bénéfices àrecueillir d’une telle analyse sont non seule-ment d’ordre monétaire, mais aussi d’ordre

environnemental. À ce sujet, l’annonce le30 mai dernier de la création d’une boursedu carbone à Montréal est susceptible dedonner une plus grande valeur aux projetsd’économie d’énergie en associant unevaleur monétaire aux quantités de CO2évitées.

LES BONNES OCCASIONSDes évènements apportent parfois des

occasions qu’il faut savoir saisir. En plusdes programmes de subventions des gou-vernements ou des organismes paragou-vernementaux comme Hydro-Québec,des donations privées de la part de citoyens,d’entreprises ou d’organismes sans butlucratif peuvent permettre de mettre en placeou de développer à meilleur coût des infra-structures au service de la collectivité.

LE CHOIX DES PRIORITÉS ENTRE DIVERS PROJETS

Nous l’avons souvent mentionné, lesbesoins en réfection d’infrastructures sontimmenses. Nous n’avons pas les moyens detoutes les rénover à court terme, nousdevons établir des priorités. Pour cela, nousdevons réaliser en premier les projets quiont, comparés aux autres projets, le meilleurrapport coûts-bénéfices.

LA PLANIFICATIONCompte tenu des enjeux que j’ai énumé-

rés dans cet article et des attentes descitoyens, nous avons la responsabilité dedévelopper des outils permettant d’optimi-ser la valeur de nos infrastructures. Pour cefaire, nous devons identifier les divers usa-gers et leurs besoins, puis chercher à lesconcilier autant que possible. Nous devonspréparer un plan d’investissement à longterme ainsi qu’un plan d’intervention com-portant notamment des diagnostics et desparamètres pour nous aider à établir lesinterventions prioritaires.

Pour nous appuyer dans ces démarches,j’ai réclamé à plusieurs reprises des gou-vernements provincial et fédéral la misesur pied de programmes récurrents desubventions pour aider les municipalitésà maintenir leurs infrastructures en bonétat. Même si des pas importants ont étéfaits en ce sens, il reste encore beaucoupà faire pour assurer le financement stablerecherché. ■

LA VALEUR DES INFRASTRUCTURESI N F R A S T R U C T U R E U R B A I N E

Gilles Vaillancourtmaire de Ville de Lavalet président du CERIU

Des interventions permettant, par exemple, dediminuer la demande en eau ou de réduire lesinfiltrations d’eau aux réseaux d’égout sont géné-ralement plus efficaces que des interventionsvisant à augmenter la capacité des équipements.

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Je reviens dans cet article sur le sujetdes risques associés à l’eau, et en particu-lier sur notre perception des risques. Jelisais récemment un article très intéressantsur la perception que nous avons de notremonde à l’heure actuelle (BBC FocusMagazine, décembre 2007, p. 27-32). Letitre est évocateur : Forget climate changes,bird flu & terrorism. The truth is: We’venever had it so good [Oubliez les chan-gements climatiques, la grippe aviaire etle terrorisme. La vérité, c’est que nousn’avons jamais été aussi bien]. Notre espé-rance de vie dépasse les 80 ans, lesgrandes guerres sont déjà loin, les piresmaladies sont éradiquées. Pourtant, com-bien de fois déjà ai-je entendu dire quenous vivons une période difficile, pleine dedangers ? Nous sommes simplement deve-nus une population « peureuse, mais ensanté ». Les médias ne nous relaient que lesévénements graves qu’ils nous répètentdes dizaines et centaines de fois. Nous nerecevons que très rarement des messagespositifs rapportés avec la même ardeur.

Un autre éditorial dans la même revue(BBC Focus, janvier 2008, p. 104) nousrappelle que de nombreuses convictionsqui nous sont transmises ont souvent desbases peu solides. Il s’agit d’un élément quej’ai déjà touché dans cette chronique. On ydonne l’exemple des risques associés à laconsommation de sel dans notre alimenta-tion dans les cas d’hypertension artérielle.La réduction de la quantité de sel consom-mée permettrait de réduire le besoin derecourir à des médicaments dans 30 % descas d’hypertension. L’inverse n’est cepen-dant pas entièrement vrai : ce n’est pas uneréduction de la consommation de sel qui vaprévenir l’hypertension. La réalité, c’est quemoins de 3 % des gens pourraient bénéfi-cier d’une certaine protection contre lesrisques cardiovasculaires. De nombreuxautres facteurs sont en jeu.

Autre exemple. Certains d’entre vousconnaissent peut-être la théorie hygiénistequi émet entre autres l’hypothèse que l’onobserve beaucoup plus de cas d’asthmeparce que nous sommes moins exposésaux maladies que l’étaient nos parents etque nous vivons dans un milieu ultrapropre.Ce manque de stimulation de notre systè-me immunitaire le rendrait plus vulnérableaux allergènes communs comme la pous-

sière et les acariens. Mes études en micro-biologie et immunologie me laissaient per-plexe devant cette théorie ! Des étudesrécentes viennent de suggérer une autrehypothèse, beaucoup plus plausible : cesont les nettoyants que nous utilisons pourassurer une propreté extrême qui seraientla cause de cas d’asthme chez les adultes.À force de vaporiser tous ces produits dansnos maisons ultrahermétiques, nous respi-rons des produits chimiques qui, eux, affai-blissent notre système immunitaire. Et direque nos mères connaissaient la recette :elles lavaient avec eau et savon et ouvraientles fenêtres pour bien aérer la maison.

Replaçons cette discussion dans lecontexte de l’eau. Je vous ai fait part àquelques reprises de mes doutes sur lavaleur de certaines des normes qui sontédictées par nos gouvernements. Elles sontcertainement élaborées de bonne foi sur labase des informations obtenues de la litté-

rature scientifique. Nous sommes rendus àun point où nous devons défier les normesdont les bases ne sont malheureusementpas étayées par des données solides. Sinous avions à revoir aujourd’hui celles-ci, enrelisant correctement les études qui sontcensées les supporter, nous découvririonspeut-être de nombreuses études épidémio-logiques dont les conclusions sont loind’être précises et possiblement erronées.

Il ne se passe pas une semaine sansque l’on vienne nous annoncer qu’unenouvelle substance dans l’eau du robinetou en bouteille est cancérigène. Les vraiesquestions que l’on doit se poser sont desavoir si le risque de cette présence estréel et significatif.

Comme communicateurs, plusieursscientifiques font piètre figure. Ils communi-quent leurs propres incertitudes et inquié-tudes sans vraiment avoir pris le temps deremettre en contexte leurs données et leursconclusions. Il est clair qu’il est plus facilede convaincre ses pairs de financer defuturs travaux si on arrive à amplifier le pro-blème potentiel sans attaquer le véritableenjeu. Pendant que nous nous attaquons àfaire de minuscules améliorations pourcorr iger des r isques apparemmenténormes, nous sommes aveugles auxgrands risques. De plus, nous laissonsaux journalistes le soin de traduire nosconclusions pour les transmettre à lapopulation en espérant que ce travailsera fait adéquatement. Peu connaissentl’histoire malheureuse du chercheur qui

avait décrit la présence de trous sur uneroute. Les journaux avaient titré : « Un cher-cheur a trouvé d’énormes trous dans lesroutes. » La réalité était que ce chercheuravait observé des trous de 1 mm avec saloupe. Il a été tué par un camion qu’il n’avaitpas venu venir.

Le taux de maladies transmises par l’eauest à peine mesurable. Le nombre d’acci-dents (c’est-à-dire d’épidémies associées àl’eau) est lui aussi très faible. La proportiondes cancers qui pourrait être attribuable àl’eau est difficile à mettre en évidence, et ce,même avec les meilleures méthodes épidé-miologiques. Par ailleurs, leurs conclusionsprêtent facilement le flanc à la critique. Lesgrandes causes de mortalité (souvenons-nous que l’espérance de vie est de plus de80 ans) sont surtout les cancers, les mala-dies cardiaques, les accidents vasculairescérébraux et les accidents. Excluons lescauses autres que les cancers : l’eau n’est

pas un élément significatif ni probable (saufpour les noyades...). Les principales causesdes cancers n’ont que peu de liens avecl’eau : le vieillissement, le tabagisme, lesoleil, l’alcool, des facteurs héréditaires, unsurplus pondéral, etc.

Alors, quels sont nos défis réels en eau ?

Le premier, à mon avis, est d’assurer lacompétence des personnes responsablesdes stations de production d’eau potable etde traitement des eaux usées. Sans cet élé-ment essentiel, les barrières physiquesmises en place ne pourront rester efficaces.

Le deuxième défi est de mettre à jour etde pérenniser nos infrastructures de traite-ment et de distribution. Sans elles, le risquedeviendra réel. Cet effort sera plus difficileque jamais pour toutes ces populations quisont loin des grands centres et pour les-quelles les coûts sont disproportionnés outout simplement prohibitifs.

Le troisième défi sera de faire face auxchangements climatiques, surtout dans lagestion des volumes d’eau qui seront dispo-nibles pour assurer eau potable et hygiènedes populations.

En conclusion, les risques à la santédus à l’eau sont maîtrisés, mais il nousfaut rester alertes et avertis. Pourrons-nous bientôt nous enorgueillir d’être « aver-tis et en santé » plutôt que « peureux eten santé » ? ■

Il est clair qu’il est plus facile de convaincre ses pairsde financer de futurs travaux si on arrive à amplifier leproblème potentiel sans attaquer le véritable enjeu.

à « avertis et en santé »DE « PEUREUX MAIS EN SANTÉ » S A N T É P U B L I Q U E

Pierre PaymentPh.D., professeurINRS-Institut Armand-Frappier pierre.payment@inrs-iaf .uquebec.ca

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Qui n’a jamais entendu parler dupH ? Il suffit de taper « pH » dans unmoteur de recherche Internet pourse rendre compte que plus de 250millions de sites en parlent ! Il seraitdonc impensable d’écrire des chro-niques d’instrumentation sans enfaire mention tout au moins une fois.Le défi consiste à résumer l’informa-tion essentielle à ce sujet en un seularticle !

Définitions et considérationsLe pH représente la concentration d’ions

d’hydrogène dans une solution. Cettemesure est essentielle, car le pH régit ungrand nombre d’équil ibres physico-chimiques. Le pH des eaux naturelles varienormalement en fonction du systèmebicarbonates-carbonates. Dans les eauxnaturelles, peu soumises à l’activité humai-

ne, le pH dépend de l’origine de ces eauxet de la nature géologique du milieu. Leseaux d’effluents industriels peuvent abais-ser le pH de façon importante, ce quiaccentue la corrosion de la canalisationdes réseaux d’égout et d’aqueduc.

Les valeurs de pH se retrouvent dansune échelle indiquant l’acidité ou l’alcalinitéd’un échantillon liquide. Cette échelle esttypiquement divisée en unités allant de 0(acidité maximum) à 14 (alcalinité maxi-mum). En fait, depuis quelques années,cette échelle s’est étendue de -2,00 à19,99 à la suite de la découverte de pro-duits chimiques s’étant avérés plus acides

ou plus alcalins que l’échelle théorique dupH alors existante. Le milieu de l’échelle, 7,correspond au point neutre.

L’échelle de pH est logarithmique, ce quifait qu’une différence d’une unité de pHcorrespond à un changement dix fois plusgrand. Par exemple, l’acidité d’un échan-tillon de pH 5 est dix fois plus grande quecelle d’un échantillon de pH 6. Une diffé-rence de deux unités, soit de 6 à 4, signifieque l’acidité est 100 fois plus élevée. Faitintéressant : à pH 3,6, l’eau est 100 foisplus acide que l’eau de pluie normale, dontle pH est de 5,6.

pH et traitement d’eauLors du processus de traitement d’eau,

la concentration d’ions d’hydrogène peutêtre modifiée sensiblement. La chlorationtend à abaisser le pH tandis que l’adoucis-sement de l’eau à l’aide du procédéchaux/soude l’élève.

L’efficacité des procédés de coagulationet de floculation dépend en grande partiedu pH, et il est d’usage courant, dans letraitement de l’eau, d’ajuster le pH.L’efficacité de la filtration est, dans certainscas, également fonction du pH.

LE PHÉNOMÈNE DE LA MESURE DU PHI N S T R U M E N T A T I O N

France GauvreauB.Sc., directrice nationaleVentes et marketingHanna Instruments Canada [email protected]

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Mesure du pH Plusieurs méthodes de mesure de pH

ont été popularisées au fil du temps,incluant la mesure à partir de papier tour-nesol (« litmus »), la mesure colorimétriquenécessitant l’ajout d’un réactif dans unéchantillon, et la mesure électrochimique,également appelée potentiométrique, quis’avère la plus communément utilisée enraison de sa simplicité et des valeursnumériques qu’elle procure.

Cette mesure est exécutée à l’aided’une électrode pourvue d’un bulbe deverre muni d’une jonction de contact, dontle potentiel varie en fonction de la concen-tration des ions d’hydrogène suivantl’équation de Nernst (relation mathéma-tique entre l’activité de l’ion à mesurerdans la solution et le potentiel mesuréentre l’électrode de mesure et l’électrodede référence). Ce potentiel est mesuré àl’aide d’un potentiomètre à haute impédan-ce, communément appelé pH-mètre.

Influence de la températureLa température produit des effets

importants sur la mesure du pH. La diffé-rence de potentiel par unité de pH varie de59,16 mV/unité de pH à 25 °C (55mV/unité à 5 °C et 66 mV/unité à 60°C).Les changements de température modi-fient également l’équilibre ionique de tousles acides et bases présents dans unéchantillon d’eau. Lors de la mesure de pH,une correction peut être effectuée grâceau dispositif de compensation de tempéra-ture dont sont pourvus la plupart des ins-truments de mesure de pH électroniquesfournis sur le marché. Cette compensationpeut être manuelle (la température del’échantillon doit être entrée manuelle-ment) ou automatique (l’instrument com-pense automatiquement en ramenant lamesure de pH obtenue à une températuredonnée, soit 20 °C).

Importance de l’électrodeL’électrode de pH constitue sans aucun

doute l’élément clé d’une mesure de pHadéquate. Il n’est donc pas surprenant quela plupart des fabricants qui offrent unequinzaine de modèles de pH-mètresoffrent également plus d’une centaine demodèles d’électrodes. Les caractéristiquesdu verre, le matériau du corps de l’électro-de, le type, le nombre et la configuration dejonctions ainsi que le type d’électrolytedoivent être soigneusement sélectionnésafin d’assurer la compatibilité optimale del’électrode avec l’application et ainsi élimi-ner la prise de mesures erronées.

Une fois la sélection de l’électrodeeffectuée adéquatement, il est essentielde suivre quelques précautions d’usageafin d’obtenir le plein rendement de l’en-semble pH-mètre/électrode : étalonner

l’instrument à intervalles réguliers avecson électrode en utilisant des tamponsfrais adéquats, maintenir le bulbe hydraté(dans la solution d’entreposage) afin defavoriser l’échange ionique (rapidité deréponse et pente optimales), nettoyer etrincer l’électrode après utilisation à l’aidedes solutions appropriées afin d’éviter toutproblème de contamination.

InnovationsIl y a quelques années, sont apparus sur

le marché des pH-mètres plus sophisti-qués à microprocesseur analysant le cou-rant en mV généré par les mesures duzéro et de la pente, fournissant entreautres à l’utilisateur des informations fortutiles sur la condition de l’électrode, letemps de réponse qu’elle procure, l’état decontamination des tampons, etc. Ce phé-nomène de la mesure du pH demeuredonc en constante évolution ! Qui sait ceque l’avenir lui réserve ? ■

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L E P H É N O M È N E D E L A M E S U R E D U P H

La ville de L’Assomption a récemmentfait face à une situation hors de l’ordinairequi aurait pu résulter en l’absence dedistribution d’eau potable. En effet, enraison de la crue des eaux, la conduited’approvisionnement en eau brute a étécomplètement bloquée, nécessitant ainsides manœuvres d’urgence pour rétablirla situation. Ces opérations vous sontexpliquées dans le présent article.

Mise en situationLa rivière L’Assomption prend sa source

dans le parc du mont-Tremblant dans lelac du même nom. Naturellement, elledraine un bassin versant de plusieurskilomètres jusqu’à son embouchure quis’ouvre sur le fleuve St-Laurent, à lahauteur de la ville de Repentigny.

En raison de l’importante quantité deneige tombée l’hiver dernier, le débit de larivière L’Assomption a dépassé le seuilmaximum des 30 dernières années avecune pointe de débit à 350 m3/s. L’ancienrecord date d’il y a près de 20 ans. Cedébit important a apporté ainsi son lot dedébris, entre autres du bois, du sable, dugravier, etc., qui a complètement obstruéla conduite d’approvisionnement en eaubrute du Centre de traitement d’eauJean-Perreault de la ville de L’Assomption.

Événements du 22 avril 2008Vers 5 h 30, le matin du 22 avril 2008,

le personnel affecté à l’opération ducentre de traitement d’eau constate quele niveau du bassin d’arrivée d’eau brute

diminue rapidement. Ce bassin est unréservoir tampon où est pompée l’eau,venant par gravité de la conduite d’appro-visionnement en eau brute vers la filièredu centre de traitement d’eau potable. Laraison de cette diminution de niveau :l’obstruction de la conduite, ce qui empê-chait le bassin de pompage de maintenirson niveau stable.

Dès ce moment, des manœuvres ontété effectuées rapidement pour déblo-quer cette conduite, mais sans succès.Devant ce fait, le plan B a été mis enœuvre, car il devenait impossible d’appro-visionner en eau brute la filière du Centrede traitement d’eau Jean-Perreault.

Le plan B se décline comme suit :

• diminution graduelle de la pressiond’eau dans le réseau, soit de 80 à 40psi, afin d’empêcher le niveau desréserves d’eau potable de diminuerrapidement;

• location d’une grue;• location d’une pompe submersible ins-

tallée directement dans la rivière pourainsi remplir le bassin d’eau brute;

• formation du comité de mesures d’ur-gence;

• préparation de points de distributiond’eau embouteillée, soit trois endroitslocalisés dans la ville au cas où il yaurait pénurie d’eau potable;

• communiqué et conférence de pressesur l’état de la situation.

Le délai pour la livraison des équipe-ments ci-dessus mentionnés étant d’aumoins trois heures, il fallait égalementtrouver une source d’alimentation tempo-raire pour remplir le bassin d’eau brute,sans quoi il devenait pratiquement certainque les réserves d’eau potable seraientcomplètement à sec dans un délai dequatre heures. Dès lors, le soutien duService de sécurité incendie a été néces-saire pour effectuer le remplissage dubassin d’eau brute à l’aide de leurscamions autopompes. Cette situation aprévalu jusqu’à l’arrivée de la pompe sub-mersible de location.

Cette dernière est finalement arrivéevers 16 h et a été installée directementdans la rivière avec l’aide d’une grue (voirphoto #2). En fixant le boyau de cettepompe directement dans le bassin d’eaubrute, le centre de traitement d’eau a puredémarrer sa production vers 17 h; leniveau dans les réserves d’eau potable aainsi augmenté et la pression a été gra-duellement rétablie au cours de la soirée.

Des manœuvres afin de débloquer laconduite d’approvisionnement en eaubrute ont été planifiées pour le lendemain,soit le 23 avril 2008. Les actions d’unecompagnie spécialisée de lavage à hautepression ont permis de débloquer cetteconduite tard dans la nuit du 23 au 24avril 2008. Dès ce moment, le centre detraitement d’eau a pu être alimenté nor-malement et la pompe installée dans larivière arrêtée, mais tout de même laisséeen place le temps que la crue printanièresoit terminée. Cependant, en débloquantla conduite d’approvisionnement en eaubrute, les débris de sable, de bois et degravier se sont relogés dans le bassin depompage, nécessitant également un net-toyage à être planifié assez rapidement.

Malgré ces événements, en aucunmoment il n’y a eu absence de distributiond’eau potable ou d’émission d’avisd’ébullition. L’eau potable a toujoursrespecté les normes en vigueur et lebureau régional du MDDEP a été tenuau fait des démarches pour résoudrecette problématique.

Nous verrons, dans le cadre d’unsecond article, l’autre problématique sur-venue le 25 avril 2008 et aussi ce que laville de L’Assomption prévoit faire pourminimiser les impacts s’il y a récidive dansles années à venir. ■

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LE CASSE-TÊTE D’UNE CRUE DES EAUXL E M U N I C I P A L

Christian Sauvageaudirecteur, Service de l’hygiène du milieuVille de L’Assomptionus i n e f i l t ra t i o n@v i l l e .l a s s omp t i o n . q c . c a

exceptionnelle 1re partie

La pluie. Rien de plus banal que lapluie. Non ? Les eaux pluviales ontgénéralement été considérées commeinoffensives, aussi bien par le grandpublic que par les autorités scienti-fiques. La pluie tombe du ciel et semblesans conséquence sur l’environnement.Certes, elle cause, lors d’événementsexceptionnellement violents, des inon-dations ou des érosions importantes.Sinon, pour la plupart des citoyens, l’eaude pluie est considérée comme « nonpolluée » et « innocente ».

La réalité de l’eau de pluie est toutautre. L’eau de pluie se charge, aucontact de l’atmosphère et des surfacesimperméables (sol, asphalte, etc.), d’unefoule de polluants : matières en suspen-s ion (M ES) , mat ières organiques

(mesurées en DBO ou DCO), hydrocar-bures, métaux lourds (Pb, Cd, Zn, etc.),minéraux (N, P) et autres. Les résultatsdes recherches des dernières 10 à 15années reflètent tous la même tendan-ce : les eaux pluviales sont loin de l’eau« pure » tombant du ciel. Pire, elle neserait jamais soupçonnée d’être à l’ori-gine de dommages environnementauximportants et de la dégradation de plu-sieurs fleuves, lacs et rivières.

Collecte et gestion des eaux pluviales urbaines

Le rôle des eaux pluviales dans lecycle de l’eau urbain commence par leruissellement des eaux de pluie. Cettesituation devient d’autant plus complexeen zone urbaine et périurbaine. Lesméthodes naturelles (pelouse, bosquet,végétation, etc.) bloquant et ralentissantle ruissellement des eaux pluviales ten-

dent à disparaître au profit de surfacesentièrement imperméables. Une pluiequi, auparavant, pouvait s’infiltrer et per-coler dans le sol est maintenant unepluie ruisselant sur une surface imper-méable. Le ruissellement des eaux plu-viales croît avec le degré d’urbanisationd’une agglomération urbaine. Ces eauxde ruissellement sont alors canaliséesvers des réseaux de collecte afin d’enassurer l’évacuation.

Réseaux de collecte combinés et séparatifs

Il existe deux types de réseaux de col-lecte : les réseaux de collecte combinés(ou unitaires) et les réseaux de collectesanitaires et pluviaux (ou séparatifs). Dansles deux cas, l’objectif est de diriger leseaux usées sanitaires vers une stationde traitement afin d’en assurer l’épura-tion. La seule différence : les réseauxcombinés sont conçus pour admettre àla fois le débit sanitaire et une fractiondu débit pluvial tandis que le réseauséparatif rejette le débit pluvial sanstraitement vers le milieu récepteur. Lesréseaux combinés ont atteint leur apo-gée au Québec dans les années 1960.

Depuis, on leur préfère les réseauxséparatifs. En ce qui concerne laconception des réseaux combinés, uncompromis acceptable doit être atteintentre l’efficacité et le coût. La pratiquemoderne dicte les règles et paramètresretenus afin de concevoir un systèmecombiné économique et capable derecevoir le maximum des débits sani-taires et pluviaux.

C’est à ce moment que les choses secorsent et que l’eau pluviale perd soninnocence. Le volume d’eau pluvialerejoignant le réseau de collecte est sou-vent très important, dû à un fort coeffi-cient de ruissellement des surfacesurbaines imperméables. Lors de cesévénements pluviaux, les capacitéshydrauliques des conduites du réseaucombiné sont atteintes et, parfois,dépassées. Dans ce cas, l’excédent dela capacité des conduites (incluant ledébit sanitaire brut) est déversé sans

aucun traitement dans le milieu récep-teur (fleuve, rivière, ruisseau). Uneétude de la Water Pollution ControlFederation, l’ancêtre de l’actuelle WaterEnvironment Federation, estimait que95 % du débit sanitaire pouvait êtredéversé dans le milieu récepteur lorsd’événements d’importance (WPCF,1989). Ces déversements d’effluentssanitaires bruts souillent évidemmenttout l’écosystème du cours d’eau enquestion. Ces déversements dans lemilieu récepteur sont connus sous lenom de débordements d’égouts uni-taires, mais sont plus souvent désignéssous leur vocable anglais, les CSO, pourCombined Sewer Overflow (et SSOpour Sanitary Sewer Overflow). Et nousvoilà passés de l’innocence à la culpabilité :c’est bien la présence excessive de l’eau depluie dans les réseaux de collecte qui encause le débordement et la dégradationdu milieu récepteur.

Le passage des réseaux unitaires auxréseaux séparatifs est-il une solution ?Certes, dans un égout séparatif, leseaux usées rejoignent entièrement lastation d’épuration pour être traitées…Mais qu’en est-il des eaux pluviales ?Ne sont-elles pas toujours rejetéesdans le milieu récepteur sans traitementaucun ?

CCME : Conseil canadien des ministres de l’Environnement

Il est intéressant de mentionner quele CCME, dans sa Stratégie pancana-dienne sur la gestion des effluentsd’eaux usées municipales, désigne clai-rement les débordements d’égouts uni-taires comme une cause importante dela dégradation du milieu récepteur. Lagestion des débordements d’égouts nefera qu’augmenter en importance auQuébec et au Canada dans les pro-chaines années. Souvent négligé, letraitement des débordements d’égoutsunitaires représente pourtant une despremières actions à entreprendre afind’assurer la qualité et la pérennité desfleuves, lacs et r ivières. En effet ,quelques débordements d’égouts uni-taires par année peuvent annuler lesbienfaits d’une année complète etrigoureuse d’une usine de traitementdes eaux usées. Alors, toujours prêt àclamer l’innocence et la pureté deseaux de pluie ? ■

LA PLUIE ET LE BEAU TEMPSS U R L E R A D A R

John Ciganaing., Msc.A.vice-président, Développementdes affaires et marketingJohn Meunier [email protected]

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[…] quelques débordements d’égouts unitairespar année peuvent annuler les bienfaits d’uneannée complète et rigoureuse d’une usine detraitement des eaux usées.

La 15e édition du salon international de l’Eau, des Eaux usées,des Matières résiduelles et du Recyclage s’est déroulée àMunich, en Allemagne, du 5 au 9 mai dernier. Pendant l’événe-ment, plus de 120 000 visiteurs de 163 pays ont passé les tour-niquets du mégacentre des congrès de Munich pour participerau plus grand salon international des technologies de l’environ-nement. De ces nombreux visiteurs, plus de 40 000 provenaientde l’extérieur de l’Allemagne, une augmentation de plus de 18 %par rapport à l’édition précédente tenue en 2005.

Il n’y a plus aucun doute, IFAT représente la plus grande foireenvironnementale au monde. À titre comparatif, chez nos voisinsdu Sud, les salons ACE de l’AWWA (American Water WorksAssociation) et WEFTEC de la WEF (Water Environment

Federation) attirent, bon an mal an, 13 000 et 20 000 visiteursrespectivement.

Cette année, à IFAT, plus de 2 560 exposants ont affiché toutleur potentiel dans les 4 secteurs environnementaux marquantl’événement. Le Québec et le Canada étaient bien représentéspar une délégation organisée par Export Environnement. Lamission a été rendue possible en partie grâce à la participationdu ministère du Développement économique, de l’Innovation etde l’Exportation (MDEIE) du Québec et du ministère des Affairesétrangères et du Commerce international (MAECI) du Canada.Le pavillon du Québec-Canada a encore une fois cette annéeété un lieu stratégique d’échanges et de discussions pour lesparticipants.

Les objectifs de participation à un tel salon varient. Certainespersonnes se font un devoir de participer à cet événement defaçon à évaluer les technologies émergentes et pour dénicherles perles rares qui ont un potentiel commercial au Québec. Lavisite de fournisseurs, la création d’alliances scientifiques oucommerciales, l’évaluation de nouveaux marchés, le soutien desagents locaux ne constituent qu’un aperçu des raisons perti-nentes à une participation à ce salon. Personnellement, à titrede représentant de Fontaine, ma présence à ce salon me per-

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le plus important du genreE A U , T O U R D U M O N D E

François Bédarding., M.B.A. président, Fontaine Internationalf ranco is .bedard@hfonta ine .com

RETOUR SUR LE SALON ENVIRONNEMENTAL IFAT,

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IFAT a su encore une fois confirmerqu’il était l’événement de prédilection desdécouvertes des nouvelles technologiesenvironnementales. Le fait que le salonne se tienne qu’une fois tous les trois ans,et ce, contrairement à la grande majoritédes autres foires du genre, permet auxparticipants de mieux se préparer et defaire de leur visite un événement mar-quant. Les exposants du secteur de l’eau,particulièrement, n’ont pas lésiné sur lesmoyens pour exposer les équipementsqu’ils fabriquent. Fabricants de pompes,robinets, dégrilleurs, presses, vannes,équipements de contrôle, moteurs, pro-duits chimiques et biologiques, tuyaux,métaux, processus de traitements, etc.,tous sont présents et en grand nombre.Les professionnels de l’eau, les ingé-nieurs et les techniciens en ont doncprofité pour découvrir les nouveautés etse mettre au parfum des tendances desmarchés, souvent autres que le leur.

Plusieurs firmes et manufacturiersœuvrant au Québec y étaient présents.Des firmes du secteur de l’eau commeDagua, Sonitech, Veolia, Fontaine etDegrémont participaient cette année ausalon.

Certains délégués québécois ont pourleur part joint le programme de jumelageorganisé par le salon. Selon M. Sylvain St-Cyr d’Export Environnement, les personnesayant participé à ce programme ont signifiéun haut taux de satisfaction. Les exposants,quant à eux, ont affirmé tout au long del’événement que les contacts étaientprometteurs. M. St-Cyr qualifie la parti-cipation québécoise de grand succès etconfirme un retour lors de l’édition d’IFAT2011.

Une idée verte de génie…

Fait intéressant à transposer lors degrands événements au Québec : lesvisiteurs du salon ont pu utiliser leurbillet d’admission comme titre dans lestransports en commun de la ville lors dela journée de leur visite. Les exposants,quant à eux, ont reçu une carte detransport valide pour la durée du salon.Voilà un geste d’une grande sagesseétant donné la nature environnementalede l’événement. ■

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R E T O U R S U R L E S A L O N E N V I R O N N E M E N TA L I F AT, L E P L U S I M P O R TA N T D U G E N R E

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Le fait que le salon ne se tienne qu’une fois tousles trois ans, […] permet aux participants de mieuxse préparer et de faire de leur visite un événementmarquant.

La question du statut juridique de l’eau a refait surface àl’Assemblée nationale ce printemps. Le 5 juin 2008, la ministreBeauchamp a présenté un projet de loi (PL92) affirmant lecaractère collectif des ressources en eau et visant à renforcerleur protection. Ce projet de loi vise la poursuite de la mise enœuvre de la Politique nationale de l’eaui.

Selon l’article 1 du PL92, « l’eau de surface et l’eau souterraine,dans leur état naturel, sont des ressources qui font partie du patri-moine commun de la nation québécoise et qui ne peuvent êtreappropriées, sauf dans les conditions définies par la loi, dont leCode civil ». Généralement utilisée en droit international, cettenotion de « patrimoine commun » renvoie aux principes de non-appropriation et de responsabilisation commune. La notion depatrimoine commun s’oppose ainsi à celle de marchandise. Dansun contexte où certaines régions des États-Unis sont déjàconfrontées à des stress hydriques, cette question est loin d’êtrethéorique. On comprend en outre que l’énoncé de l’article 1 tentede mettre fin à l’incertitude entourant l’interprétation des dispo-sitions du Code civil du Québec quant à l’attribution du statut de« bien commun » aux eaux souterraines.

Corollaire de ce principe, chaque personne physique a, dans lecadre de la loi, le droit d’accéder à l’eau potable pour son alimen-tation et son hygiène (article 2, PL92). Ce libellé est révélateur del’approche contemporaine qui considère l’accès à l’eau potablecomme un droit humain, donc inhérent à la personne humaine etainsi inaliénable. L’emploi de termes aussi larges n’est cependantpas sans soulever des questions d’application. Néanmoins, cetteapproche fait écho aux débats récents quant à une éventuellereconnaissance officielle en droit international de l’accès à l’eaupotable comme un droit de l’homme. Par ailleurs, la protection, larestauration, la mise en valeur et la gestion des ressources en eausont déclarées d’intérêt général et concourent à l’objectif de déve-loppement durable (article 3, PL92).

Il faut souligner que le PL92 confère au procureur général lepouvoir d’intenter contre l’auteur des dommages à la ressourceen eau (notamment l’altération de ses propriétés physiques,chimiques ou biologiques, de son potentiel écologique ou de sonétat quantitatif) une action en réparation ayant pour fins la remiseen l’état, des mesures compensatoires et le versement d’uneindemnité au Fonds vert.

Au titre de la gouvernance de l’eau, le PL92 officialiserait lagestion par bassin-versant des ressources en eau. Le ministre duDéveloppement durable, de l’Environnement et des Parcs, respon-sable de l’application de cette loi, pourrait pourvoir à la désignationou à la constitution d’un organisme ayant pour mission de réaliseret de mettre en œuvre un plan directeur de l’eau. Il aurait égale-ment le pouvoir de préciser le contenu type de ce plan et d’endéterminer les conditions de réalisation et de mise en œuvre.

Le PL92 viendrait également modifier le régime existantd’autorisation de prélèvement d’eau en refondant la section Vdu chapitre 1 de la Loi sur la qualité de l’environnementii (LQE).Les prises d’eau d’alimentation ne seront plus visées par l’article32, mais plutôt par une sous-section constituée de nouveauxarticles, soit de 31.74 à 31.107. Ainsi, sauf exception, tout prélè-vement d’eau de surface ou d’eau souterraine serait subordonnéà un nouveau régime d’autorisation du ministre. Si ce pouvoir estexercé de manière à assurer la protection des ressources en eau,toute décision du ministre devrait viser à « satisfaire en priorité les

besoins de la population en matière de santé, de salubrité, desécurité civile et d’alimentation en eau potable ». La validité d’uneautorisation ministérielle de prélèvement d’eau serait désormaisde 10 ans. Le ministre pourrait également restreindre ou fairecesser un prélèvement autorisé s’il est d’avis qu’il présente unrisque sérieux pour la santé publique ou pour les écosystèmesaquatiques. Une telle ordonnance ne donnerait lieu à aucuneindemnité de la part de l’État et prévaudrait sur toute dispositioninconciliable d’une loi, d’un règlement ou d’un décret !

Les prélèvements d’eau dans le bassin du fleuve Saint-Laurent(Bassin) à des fins de transfert hors de celui-ci feraient cependantl’objet de dispositions particulières (futurs articles 31.88 à31.104, LQE) qui permettraient la mise en œuvre au Québecde l’Entente sur les ressources en eaux durables du bassindes Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent (Entente) du 13décembre 2005, signée par le Québec, l’Ontario et les Étatsaméricains limitrophes. En vertu du futur article 31.90, ilserait désormais interdit de transférer hors du Bassin del’eau qui y est prélevée. Les prélèvements existants ne seraientcependant pas visés pour autant que la quantité d’eau ainsi trans-férée n’excède par la quantité autorisée, de même que l’eau pré-levée pour être commercialisée à des fins de consommation si elleest emballée dans le Bassin et dans un contenant de 20 litres oumoins. Néanmoins, de nouveaux transferts ou prélèvements pour-ront être autorisés à certaines conditions par le ministre en vertud’une procédure impliquant dans certains cas le Conseil régionaldes ressources en eaux des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent ainsi que les parties à l’Entente. Tel serait notamment lecas pour l’approvisionnement d’un système d’aqueduc desservantla population d’une municipalité dont le territoire est situé en partiedans le Bassin et celle située à l’extérieur du Bassin, mais faisantpartie d’une MRC se trouvant en partie à l’intérieur du Bassin.

Enfin, le PL92 intègre dans la LQE les dispositions de la Loivisant la préservation des ressources en eauiii qui par la mêmeoccasion est abrogée. Les nouveaux articles 31.105 à 31.107réaffirmeraient ainsi dans des termes identiques l’interdictiondes transferts d’eau hors Québec, sous réserve cependant destransferts autorisés en vertu des dispositions précédentes.

Les débats entourant l’adoption de ce projet de loi s’annoncentdes plus intéressants et seront à n’en point douter d’une impor-tance première pour le futur statut juridique de l’eau au Québec. ■

i. Gouvernement du Québec, L’eau, la vie, l’avenir, Politique nationale de l’eau,Québec, 2002.

ii. LRQ, c. Q-2.iii. LRQ, c. P-18.1

L E J U R I D I Q U E AGITATION LÉGISLATIVE AUTOUR DU STATUT DE L’EAU AU QUÉBEC

Me Hervé PageotAvocat en droit de l’environnementDaigneault, Cabinet d’[email protected]

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Participez à notre toute nouvelle section Courrierdes lecteurs en nous faisant parvenir vos com-mentaires, réactions ou opinions relativement auxtextes et entrevues publiés dans nos pages. Les textesdoivent être envoyés par courriel à l’adresse suivante etcontenir un maximum de 150 mots* : [email protected]

* La rédaction se réserve le droit d’éditer les textes afin de respecter les for-mats. Toute personne nous faisant parvenir un texte consent à sa publicationà la discrétion de la rédaction.

Je viens de lire avec intérêt l’éditorial « Histoire d’un verre d’eau »publié dans l’édition du printemps 2006 du magazine. J’ai trouvé l’intro-duction bien choisie et le point de vue intéressant. Il est vrai que laconfiance du consommateur d’eau s’est dissipée et les raisons évoquéespour l’expliquer sont valables.

J’aimerais vous donner une raison personnelle de mon manque deconfiance, car elle n’a pas été nommée. Le mot « potable » est dans le milieumunicipal mesuré selon quelques indices ou paramètres microbiologiques,organiques et inorganiques. Est-elle potable pour autant même si elle res-pecte les normes ? Selon ces critères, l’eau de la région de Shannon étaitpotable, mais elle était dans les faits contaminée par les TCE.

L’eau du fleuve récolte les effluents provenant d’exploitations agri-coles, de papetières, d'industries lourdes et de centres urbains situés enamont. Les scientifiques savent que ces effluents nuisent aux popula-tions de benthos et de poissons. Ils avouent qu’il est difficile de repérerles produits chimiques du mélange qui posent problème à la faune aqua-tique. On a même remarqué que certains poissons d’eau douce ont desproblèmes de reproduction causés par des pesticides, des produits dedégradation industrielle, des œstrogènes naturels et de synthèse.

Je demeure à Cap-Rouge dans la région de Québec. L’eau de monrobinet provient de l’usine de filtration de la ville de Sainte-Foy, qui elles’alimente de l’eau du fleuve Saint-Laurent. Si je ne fais pas confiance àl’eau du robinet produite par ma municipalité, c’est pour la simple raisonqu’elle ne contrôle pas la qualité de l’intrant. Dans ce cas-ci, les concen-trations de contaminants et de produits chimiques contenus dans l’eaun’ont rien à voir avec les compétences de l’opérateur d’usine, de son tra-vail indispensable, du maintien, de l’amélioration, du renouvellement desinfrastructures et des sommes qui seront investies.

Il y a longtemps que je n’ai pas vu quelqu’un descendre au fleuve enface de Québec et prendre une tasse d’eau pour se désaltérer. Pourtant,c’est ce qu’on nous sert tous les jours.

Jean-Guy PaquetCap-RougeAgence du revenu du Canada

Après avoir lu l’article de votre invité, M. Thomas Mulcair, dans l’éditiond’hiver 2008, je tiens à corriger une perception de recul que M. Mulcairlaisse sous-entendre dans l’application d’une tarification à l’usage del’eau potable à St-Laurent. Étant moi-même résident de St-Laurent, jetiens à vous assurer que l’arrondissement utilise encore les compteursd’eau pour calculer la taxe annuelle sur l’eau. Je suis certain que M. DeSouza s’est empressé de vous dire la même chose.

Guy R. Martin, ing.Directeur - Environnement / Développement durableDomtar inc.

Félicitations pour l’entrevue avec la famille Fontaine de Magog. Vousavez su nous faire découvrir une belle histoire de réussite. Il est bon devoir que nos entreprises québécoises peuvent rivaliser dans un contextede mondialisation et tirer leur épingle du jeu.

Maude JolicoeurÉcoconseillère, Laval

Je lis avec passion chaque édition du magazine SOURCE. Après avoirlu l’édition de l’automne 2007, j’ai décidé de vous faire part de mon opinionsur le dossier de la main-d’œuvre.

Je suis diplômé du Cégep de Rivière-du-Loup depuis maintenant troisans et j’occupe mon poste à l’usine de filtration et d’épuration depuis cetemps. À notre usine de filtration, nous procédons à une ozonation à l’eaubrute, suivie d’une filtration lente et d’une désinfection à la monochlora-mine.

Je crois sincèrement que nous faisons partie des services essentielstout comme le sont les services hospitaliers, de pompiers ou policiers.Sans technicien-opérateur, il n’y a pas d’eau, et sans eau, comment unhôpital peut-il être fonctionnel ? Mais alors pourquoi les salaires sont-ilssi mauvais ? Il nous faudrait un ordre professionnel comme celui desinfirmières et infirmiers ou des policiers afin d’être reconnus par lapopulation à notre juste valeur.

Un article affirmait qu’il y avait une pénurie de main-d’œuvre qualifiée.Je peux affirmer que les salaires de 15 $ de l’heure et moins que nousrecevons en région, comparés à ceux reçus dans les grands centrescomme Montréal, Québec et Rimouski, ne participent en rien à réduire lapénurie. Certains collègues et consœurs ont, tout comme moi, déjàsérieusement songé à quitter le domaine pour se réorienter dans unmilieu plus reconnu. Je trouve anormal que mon beau-frère soit soudeur-monteur et qu’il gagne 19 $ de l’heure à souder des lits d’hôpitaux oudes classeurs alors que de mon côté j’effectue un travail comportantbeaucoup plus de responsabilités à un salaire inférieur. Je crois que nousréglerons la pénurie de main-d’œuvre lorsque les firmes privées d’exploi-tation et les municipalités se rendront compte que les gens compétentset aptes à analyser les problèmes doivent recevoir un salaire en fonctionde leur tâche et de leurs responsabilités.

Quant à la formation P-5... Je ne m’imagine pas voir le gars qui conduitla souffleuse en hiver s’occuper de suivre les dosages ou de faire destests de laboratoire. Et je dis cela sans méchanceté.

Ne croyez pas que je sois qu’un frustré. Je voulais simplement vousfaire part de la réalité des gens qui travaillent dans le domaine de l’eauen région, puisque j’en suis.

Ne lâchez pas votre bon travail, le magazine SOURCE est apprécié etlu par plusieurs dans notre belle région du Bas-St-Laurent !

Stéphane Dumais Technicien-opérateur, St-Jean-Port-Joli Pour soumettre votre opinion ou vos commentaires sur

l’un de nos textes ou sur tout autre sujet environnemental,veuillez vous rendre au www.maya.cc et cliquer surl'onglet SOURCE.

opinions et commentairesde nos lecteurs

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L E S B O N S C O N T A C T S

Spécialiste du traitement des eaux municipales et industriellesServices offerts : gestion, exploitation et optimisation.Distributeur des compteurs d'eau Neptune.

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Télé. : 514-457-9991 • Téléc. : 514-457-9922 • Courr ie l : [email protected]

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Une machine à laver utilisant l’équivalent d’un seul verre d’eau par cycle de nettoyage pourrait être miseen vente en Grande-Bretagne l’an prochain afin de répondre aux préoccupations environnementalesgrandissantes. Selon l’entreprise Xeros qui commercialisera cette technologie, les nouvelles machinesdevraient utiliser moins de 2 % de l’eau et de l’énergie que requièrent les machines à laver traditionnelles,en plus de ne pas coûter plus cher à l’achat. De plus, son procédé laissera les vêtements secs, ce quiévitera de les sécher et de consommer de l’électricité. Ça, c’est du développement durable !

Une machine à laver vraiment écolo !

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Sources : Reuters, Umour.com et l’équipe de Source.

Et le gagnant ou lagagnante est…Lors du dernier numéro, nous vous avions soumis un sondage afin de connaîtrevotre opinion à l’égard de notre magazine. Les répondants de ce sondage avaientjusqu’au vendredi 4 avril pour nous retourner leurs formulaires et courir la chance degagner une paire de billets pour un match du Canadien de Montréal. Vous avezété très nombreux à répondre et nous tenons à vous en remercier. Et la gagnanteest…Madame Danielle D. Villemure, directrice générale de la municipalité deCharette.

Le jeudi 12 juin dernier, la fondation Garnier kids tenait laquatrième édition de sa soirée-bénéfice. Sous le thème « Onécoute avec son cœur – rythme et passion », la soirée a permisd’amasser l’importante somme de 820 000 $. Par le passé, lafondation a appuyé financièrement plusieurs organismes pourdes projets spécifiques, notamment ceux de l’Hôpital deMontréal pour enfants, de l’école pour enfants autistes Les pasgéants, de l’école Oracle de Montréal pour les malentendantsainsi que ceux de l’Hôpital Sainte-Justine. Félicitations à toutel’équipe pour cette belle réussite !

Une somme colossale!

Cette année, le salon Pollutec se tiendra du2 au 5 décembre 2008 à Lyon. L’événementattend plus de 70 000 visiteurs. Vous pouveztoujours participer à la délégation québécoiseen y réservant votre espace d’exposition.Pour ce faire, contactez Sylvain St-Cyrd’Export environnement au 450 552-3222ou en écrivant à [email protected]. Profitez de l’occasion pourdémontrer au monde entier votre savoir-faire !

Ancienne collaboratrice de votremagazine SOURCE, Me HélèneLauzon faisait partie du cabinetd’avocats Lavery de Billy jusqu’à

tout récemment. Reconnue pour songrand professionnalisme, Hélène a accepté de relever

un nouveau défi en devenant présidente du Conseil patronal del’environnement du Québec. Toute l’équipe de SOURCE lui souhaitebeaucoup de succès dans ses nouvelles fonctions.

Allons à Lyon ! Un

peu

d’h

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r…NOUVEAU DÉFI ! Vous

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Mauvaise nouvelle pour les micro-organismes!

Traitement des eaux et des bouesWater and Sludge Treatment Tratamiento de aguas y lodos

2021, rue HalpernSt-Laurent (Québec) H4S 1S3 CanadaTél. (514) 334-6721 ● Fax : (514) 332-1775E-mail : [email protected] : www.mabarex.com

Caractéristiques des réacteurs UV:Diamètre: 1200 mm (48’’) Capacité: 130,000 m³/d chacun

De plus en plus de municipalités du Québec sélectionnent des réacteurs à rayons ultra-violets CALGON pour satisfaire aux exigences de désinfection des eaux potables et usées.

Débits de conceptionAtwater 1,500,000 m³/d

Charles J. des Baillets 1,278,500 m³/d

Pierrefonds 176,200 m³/d

La ville de Montréal a choisi 28 réacteurs à rayons ultra-violets Sentinel MD pour la désinfection de l’eau potable des usines :