soma #16

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NUMÉRO SEIZE / IDENTITÉ INTERNATIONALE

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Avril - Mai 2010

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Numéro Seize / ideNtité iNterNatioNale

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INTRO

De tous les métiers que j’ai pu imaginer faire un jour pour voler de mes propres ailes et quitter le « cocon » familial (et fuir l’école surtout), faire un magazine de skateboard, n’est pas franchement ce que j’avais envisagé de pire. Et je ne pense pas trop m’avancer en disant que mon collègue voit les choses de la même manière. Ou peut-être que secrètement, Tura a toujours rêvé d’être Disc Jockey dans une boîte à Antibes ainsi que pompier bénévole, et qu’il est donc en train de louper sa vie ?

Maintenant que j’y pense, je le vois bien en boucher charcutier à Antibes (et pompier bénévole) ou, plutôt pompier professionnel et charcutier bénévole (à Antibes). Oui, c’est vrai que j’en sais rien finalement…Enfin, bref, ce que j’essayais de dire avant qu’on ne soit interrompu par Tura, c’est que faire ce magazine, c’est très chouette. C’est notamment un excellent moyen de se faire des amis, surtout des faux d’ailleurs, et bien-sûr, il n’y a rien de mieux pour se faire des ennemis. J’imagine que c’est un peu pareil dans tous les domaines, même chez les pompiers à Antibes, mais il faut reconnaître que dans le skate, les brouilles et autres bouderies sont assez communes et souvent spectaculaires. C’est souvent puéril aussi, mais en même temps, on ne peut pas demander au skateboard de susciter autre chose que des réactions passionnées… Cela dit, il est parfois salutaire de savoir mettre sa passion au placard, et de savoir fermer sa gueule aussi (je dis ça pour moi) parce qu’il s’en est fallu de peu pour qu’on ne publie jamais FS invert de Laurent Vivaudou par Matthieu Georges. Eu-je été encore plus entêté cette photo aurait fini aux oubliettes, et en la regardant, je me dis que ç’eut été dommage. Comme quoi, un bon coup d’éponge de temps en temps peut s’avérer utile. - Fredd

- Love & Hate -

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12 OURSQu’est ce qui fait quoi ? Pourquoi ? Qui sommes-nous ? Où va t-on ?

14 LE JEUNESteeve Ramy from Lyon. Méchante séquence !

16 LE VIEUXLe photographe Adam Sello de Berlin. Le gars d’Anzeigeberlin information

22 ORGY PORGYEntre deux castings pour des pubs de banque, Scott refuse de dormir.

24 SHUT UP AND SkATE - 1Rich Adler, Remy Taveira, Jon Monié et même Jutix et Bressol.

32 CHRIS PFANNERLe pop de oupf !

44 5BORO à BORDEAUXIls y étaient en plein « evento », ils ont bien halluciné…

52 CHRIS AULTPetit teigneux mais tendre à l’intérieur.

60 LE DERNIER TRANSSIBéRIEN Il fallait le faire, alors ils l’ont fait. Tout simplement.

72 SHUT UP AND SkATE - 2Mathieu Forafo n’était pas assez vieux pour faire « le vieux ».

82 LA BRIGADE DES VIEUX OSTony Alva ? C’est pas le mec qui a doublé Alfaro dans « Dogtown & Z-Boys » ?

88 VALéRIE DAMINOTLa forteresse de solitude de Mike Vallely.

92 L’MATOSCorey O’Brien & co.

96 LE VRACDouze millions sept cent soixante dix sept mille sept cent cinquante deux visionnages du meilleur de Rodney Mullen.

a v r i l & m a i 2 0 1 0

SOMMAIRE

Chris Pfanner, ollie, Anglet / © Jelle kEPPENS

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Soma est édité par leS éditioNS du garage, SARL au capital de 8000 euros13, rue de l’Isère 38000 Grenoble

[email protected]

Impression Tuerlinckx, Belgique, sur papier recyclé.

Toute reproduction partielle ou intégrale est interdite, sous peine de poursuites infernales entre les bagnoles, les bus, en montant les trottoirs, et en évitant les plaques d’égout avec un trou au milieu.

ISSN : 1959-2450

Cette pageVincent DALLEMAGnE, ollie. Photo : Vincent Coupeau

Directeur de la publication Fred Demard Rédaction en chef David Turakiewicz [[email protected]] / Fred Demard [[email protected]]

Publicité David Turakiewicz [[email protected]] Rédacteurs Scott Bourne / Patrik Wallner / Sébastien Carayol / Bertrand Trichet

Illustrations David Lanaspa (Da) Graphisme Nicolas Malinowsky p. 32 à 43 / Jad Hussein p. 60 à 71 / David Lanaspa p. 44 à 51/ le reste par Tura

Photographes Loïc Benoît / Scott Bourne / Vincent Coupeau / Percy Dean / David Manaud / kévin Métallier / Marc Gérard / Iseki Nobuo / Sean Peterson / Pierre Dutilleux / Jerome Loughran / Jelle keppens / Matthieu Georges / Gaston

Francisco / Jonathan Peters / Sébastien Carayol / Bertrand Trichet / Etienne Lobelson / Alexey Lapin

CouvertureA l’heure où l’on boucle ce numéro (le 12 mars), ici, à Grenoble, il fait à peine 2°. C’est plutôt sec dehors, mais bon... On

en est plutôt à se dire qu’on irait bien faire du snowboard, demain, histoire de se changer les idées, et d’être un peu au grand air, après une semaine devant un ordinateur. Il aura été rude, cet hiver, et cette photo nous donnait un peu d’espoir

sur l’arrivée imminente des beaux jours. Enfin, si la fin du monde ne nous tombe pas dessus avant.GreGory LAGAST, fakie noseblunt quelque part sur une plage belge, en plein hiver. Photo : Jelle kEPPENS

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STEEVE RAMYLEJEUNEDate de naissance13 novembre 1990Lieu de naissanceLyonLieu de résidence actuel LyonPremière board Une board « Champion » que je n’ai jamais touchée et que j’ai laissée moisir trois ans dans la cave d’un pote, et que j’ai ensuite ressortie pour la troquer contre une « Intersport » sans grip, sans nose et sans tail...

Vidéo de référenceBaker 3Années de skateSixOù te vois-tu et que feras-tu dans 15 ans ?Je ne sais pas... Je me verrais bien superstar du catch ou team manager Tech Deck France.SponsorsBallZ Out, Es footwear.

Gap to rebord-ride BS 180° out, Lyon / © Pierre DUTILLEUX

© D

UT

ILLE

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nationalitéAllemandeDate et lieu de naissance1974 à Bucholz, près d´HambourgLieu de résidence actuel BerlinPremière board Powell Lance Mountain, Future Primitive rouge de 1988Vidéo-part de référenceRudy Johnson dans « Video Days »

Où étais-tu et que faisais-tu il y a 15 ans ?Je venais de me séparer de ma copine avec qui j´étais resté 7 ans (et qui est ma femme aujourd´hui). J´avais arrêté le skate depuis quelques années et faisais beaucoup de vélo et de natation. Je commençais mes études de psychologie.

Boardslide, Berlin / © JoNathaN PETERS

© P

ET

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ADAM SELLOLEVIEUX

www.anzeigeberlin.com

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I hate sleep, or do I just loath it? I know I don’t sleep well and months will pass without it and I will beg for it or drink myself into a suicidal slumber but honestly I could do without it or rather, I wish I was better equipped and could go without.

Up at 6:30 this morning, the snow gently falling through the ceiling of Paris. I am standing in front of the window listening to Monk as the traffic begins to flow into the boulevards. I think its amazing how everything looks perfect to Thelonious... from the cars rushing through the lights to the children on a muggy morning drag towards the schoolhouse. Le Garcon putting out the cafe, the way he carries the tables, the chairs... then there are the smokers. Looking out the window with Monk and spying a smoker can make any man desirous of such a simple and yet disgusting pleasure. But I guess this is what Monk hit on and it resonates, pulsates, and sustains. It’s nearly 8 AM and the sun is still not up. A pigeon soars down the boulevard and tacks back and forth with the rhythm of the high hat and I can’t help but wonder how people do it... the sleeping... the waking, the mundane pace that Monk escaped and in doing so gave so much color to the world. Caroline is crawling out of bed and I have her tea ready. There is too much going on in my head and when she asks how I am, I think to myself ; "How have I held it together this long?" I have no secret, it boils down to all the other guys I have admired and how I have watched them not deal with it at all, or simply shut if off... or drink it into submission or suicide.

I watch all those people down below moving so melodiously to Monk and how most don’t even know why they’ve gotten up.... and here I am with these thoughts in my head, this rhythm and all these windows around me, the snow fall and the perfect timing of it all. I think about staying in this room for the rest of my life but when Caroline leaves for work, it loses most of its warmth and as I watch her disappear down the street to the Jazz-Bop-Beat of Thelonious Monk...I want to be on her arm! I want to be headed anywhere with her...Instead, I wait for the sun to rise and when it hits the desk I sit down and write until the room once again becomes filled with darkness.

I don’t know what the others have thought and I don’t for a second doubt that I am not one of them but there is no way to do what I am doing without questioning ones own sanity. And the horrible thing is that when you come up with your answer, when you really know that what you are doing, thinking, writing and believing, is unexplainable... then you find yourself on mornings like this, standing in front of the window watching the people pass with Thelonious Monk at a low hum so’s not to wake up the woman you love, who has the god granted gift of sleep. When her alarm clock goes off you bring her tea, sit on the edge of the bed and marvel at her. You think "How on Earth did you come to me?" and when she ask you if you are ok, you smile and say yes.... because you are.

Monk in the morning

LA CHRONIQUE DE SCOTT BOUR

NE

(traduction page 102)

January, 12th, 2010, Paris

S.H.Bourne

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rich ADLER BS lipslide, tokyo © iSeki NOBUO

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rémy TAVEIRA BS nosegrind 180° / lyoN © Loïc BENOîT

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Julien « Jutix » VIALLET FS crailslide / PariS © Loïc BENOîT

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Vincent BRESSOL crooked grind / BarceloNe © David MANAUD

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Jon MOnIé FS wallride / PariS © TURA

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Vous n’imaginez pas à quel point on est content d’avoir cette mini-interview de Chris Pfanner dans le magazine. Bien-sûr, on est content parce que Chris est le client idéal pour nous, il skate exactement comme on aimerait pouvoir le faire dans nos rêves les plus fous, et il est tellement cool que c’en est une blague. C’est aussi le skateboardeur européen le plus en vue du moment et il faut reconnaître qu’il est assez beau gar-çon. Mais là, où vraiment, il nous a fait plai-sir, c’est qu’au moment ou j’écris cette intro on est à quelques heures de l’envoi du mag chez l’imprimeur et qu’on vient à peine de recevoir ses réponses… On vient donc de passer de jus-tesse à côté d’un trou de douze pages dans le mag, et il faut reconnaitre que ça nous aurait retiré toute en-vie de fêter la fin du bouclage ! (note du graphiste : il me faut encore quelques lignes pour finir cet escalier graphique, Chris le ferait sûrement de façon trop classe, je lui laisse donc la place, à vous, les studios.)

Je suis né le 17 juillet 1984 à Lagos au Nigeria, j’y suis resté

jusqu’à mes 10 ans. à cette époque le climat politique au

Niger était vraiment trop instable et mes parents ont

décidé de quitter le pays pour aller vivre en Autriche,

d’où mon père est originaire...

iNtro fredd & PhotoS Percy dean (Sauf iNdiqué)

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... Je venais de terminer l’école primaire et pour ne pas manquer une année d’école j’ai

dû aller en Autriche seul. J’ai passé mes quatre premières années en Autriche dans un pensionnat avant que ma famille ne puisse me rejoindre. Les six premiers mois ont été par-ticulièrement difficiles parce que je ne parlais

pas la langue, mais d’un autre côté, ça m’a motivé à apprendre plus vite. C’est aussi dans ce pensionnat que j’ai découvert le skateboard.

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© T

UR

A

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Au rythme où avançaient les choses pour moi, il me semblait évident que si je voulais évoluer, je devais me trouver un sponsor board américain. Tout le monde dans le team m’a encouragé à le faire. Il y a eu une ou deux offres que j’avais refusé avant que Deluxe me contacte. Mais quand je suis rentré chez Anti Hero tout le monde chez Yama était vraiment content pour moi. Ils ont compris que je devais franchir le pas. Même si je skate pour une autre marque aujourd’hui, notre amitié reste la même. Je suis vraiment content d’avoir rencontré les gars de Yama quand je suis arrivé en Autriche, c’était la meilleure chose qui pouvait m’arriver à l’époque.

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… comme un rêve devenu réalité. La plupart des gars, je ne les avais vu que dans les mags et les

vidéos, depuis que je suis gamin. Et voilà que je me retrouve dans un van avec John Cardiel, Julien Stranger, Brian Anderson, Eric koston

etc, à voyager à travers les Etats-Unis pour skater les skateparks les plus incroyables qu’il m’ait été

donné de voir. Au début j’étais un peu en panique, mais tout le monde était vraiment cool et prêt à passer un bon moment. C’était vraiment un des

meilleurs trips que j’ai fait.

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Avoir la possibilité de beaucoup voyager est vraiment quelque chose de génial ! Même si parfois, ça peut être un peu dur après une longue période sur la route. Mais je suis juste vraiment content d’avoir l’opportunité de voir une grande partie du monde à mon jeune âge. Je pense qu’il est très important d’explorer le plus d’endroit et d’expérimen-ter le plus de choses possible quand on est encore jeune

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… toujours un rêve en attente de se réaliser ! Beaucoup m’ont dit qu’après les pfridays ils pensaient que… Il en a été question, mais je pense que les gens chez Deluxe le feront quand ils estimeront que mon heure est venue.

Une vraie grosse surprise pour moi ! Je me demande encore comment je me suis retrouvé là. Les autres gars sur la liste avaient vraiment produit des choses remarquables dans l’année et ce sont tous des tueurs depuis longtemps.

Idéalement, je me vois toujours en pleine forme. Et peut-être avec ma propre petite famille !

… pour le Tony Hawk Show à Paris. C’était vraiment un bon week-end. J’ai eu l’occasion de visiter Paris avec ma copine, je me suis fait une bonne session avec mes potes et j’ai eu la chance de gagner de l’argent également. Sans oublier l’énorme fête du soir. Je me suis vraiment bien marré !

On verra ce qu’apporte 2010. Je vais simplement continuer à faire ce que j’ai fait jusqu’ici. Et j’espère avoir l’occasion de retourner au Niger et au Ghana pour rendre visite à certaines personnes de ma famille que je n’ai pas vu depuis un bon moment.

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ENCART INDISPENSABLE POUR UNE MEILLEURE COMPRéHENSION DE L’ARTICLELe type sur la photo exhibant fièrement son tatouage s’appelle Justin Barnes. Plus proche de la quarantaine que d’autre chose, il fut l’un des premiers amateurs de la marque dans les années 90. Depuis, il a perdu tous ses cheveux (ainsi que ses poils), s’implique dans un peu tous les aspects de la marque (graphisme, team, etc.) et a

force de faire marrer tout le monde, a fini par devenir la mascotte du team.

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Ils sont marrants les Américains. Toujours dans la démesure, jamais les derniers à ouvrir leurs grandes gueules où à dépenser leur argent dans des babioles inutiles qu’ils jetteront par la fenêtre du van dans le quart d’heure suivant. Toujours vos meilleurs potes d’un jour, qui vous ont oubliés le lendemain… Ceci est valable pour à peu près tous les professionnels Américains sauf s’ils viennent de new York. Et justement, c’est précisément de là que les petits gars de 5boro viennent (5 boroughs = les cinq grands quartiers de nY). Des types calmes, modestes, avec une dose de savoir-vivre et même un epicurisme certain, surtout lorsqu’il s’agit d’ouvrir une bouteille de rouge…

àNew

YorkBor

deaux

*PhotograPhieS Par sean Peterson

illuStratioNS Par datexte Par tura

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kéviN rodrigues !Meilleur skateur de la tournée

Jimmy Macdonald.

3 expressions apprises au cours de la tournée“This shit is a truth” ; “hiddy biddy tiddy comedy” ;

“I heard you play the skin flute too, bitch !”

Meilleur trick de la tournéeHalf cab five-o revert de Jimmy à Malraux.

nombre de boards utilisées Euh… trois ? Putain, ouais, trois !

Plus gros ronfleurJe ne sais plus lequel c’était… Ah si, Pensyl !

k-Rod, Wallie 180 switch crooked transfer

" "I HEARD YOU PLAY THE SkIN FLUTE TOO,

BITCH !

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Meilleur souvenir de la tournéeSean Peterson qui s’est pratiquement fait embarquer parce qu’il faisait une photo des flics au Pays Basque. Au final, ils lui ont fait effacer sa carte mémoire et nous ont dit de quitter la ville !

Meilleur moment en compagnie de LuidgiTous les moments sont bons avec Luidgi, que ce soit sur un skate, dans le van ou à un café, ou à regarder passer le carnaval…

nombre d’autographes signésAucun, mais on a rencontré des skateurs locaux incroyables !

5 mots pour décrire la FranceGens sympas, spots, café, bouffe.

Médaille d’or de la tournéeBarnes a tout tué, à tous les niveaux…

daN peNsYl !

Dan, impossible

""ILS NOUS ONT DIT DE QUITTER LA VILLE !

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Médaille d’or de la tournéeGuillaume Dulout sans hésitation. Lui et sa copine nous ont prêté leur super appart’, il a tué tous les spots, montré les spots et gardé le sourire du début à la fin…

Un cliché sur les Français qui s’est avéré vraiLes gens sont vraiment passionnés de pain, de fromage et de cigarettes…

Un cliché que tu as découvert sur les Américains pendant cette tournéeHmmm… Qu’on était tous vraiment mauvais pour parler français.

Moment le plus drôle de la tournéeEtre témoin de la célébration faite à Barnes quand il a rentré son no comply disaster au spot des volcans. 5 ans pile depuis la dernière fois qu’il avait filmé ce trick !

Meilleure chose à BordeauxIl y en a tellement… Les gens, le vin, l’architecture, les spots, le tram. C’est une ville incroyable !

jimmY mcdoNald !

Jimmy, FS shove it blunt to fakie / © david MANAUD

"

"LES GENS SONT VRAIMENT PASSIONNéS

DE PAIN, DE FROMAGE ET DE CIGARETTES…

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daNNY falla !Meilleure session de la tournéeLa session au spot des volcans, tout le monde chillait, buvait de bières… Tout le monde s’est bien amusé, Barnes a même filmé un trick !

Impressions sur le Pays Basque espagnolVu que je parle espagnol, c’était plutôt cool pour moi. Et puis la bouffe est bonne, les gens sympas, un peu comme au Pérou.

Chose la plus bizarre en FranceLes steaks tartare. Mais pas mauvais !

Chose qui t’a le plus manquéMa copine et mon chat.

Médaille d’or de la tournéeGuillaume Dulout.

Danny, crooked grind up

"

"LES STEAkS TARTARE...

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joe tookmaNiaN !Meilleure soirée de la tournéeL’anniversaire de David Manaud.

Meilleur spotLe flat au ledge kinké.

Meilleure chose au sujet de la FranceLe meilleur était de traîner avec Luidgi et le reste du team. Ca me manque déjà…

Pire chose au sujet de la FranceC’est que j’ai dû la quitter !

Médaille d’or de la tournéeLa légende Justin Barnes. On l’adoretous et il a tout déchiré !

Joe, BS 50-50

""

CA ME MANQUE DéJà...

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guillaume dulout !Commentaire sur le vin que les ricains buvaientComment dire… Ils sont venus à Bordeaux dans l’idée de boire du vin, et ils en ont bu tous les soirs… On leur a fait une soirée “wine and cheese”, ils ont bu le vin au goulot et ils coupaient le fromage à la fourchette !

Meilleur skateur de la tournéeJimmy nous a fait un bon festival de boîtes !

Le plus américain du teamTook [Joe Tookmanian], en mode 5 planches par

jour… bien qu’il soit devenu fan des charentaises, il m’a demandé de lui en envoyer une paire !

nombre de tricks filmés pour la vidéoUne dizaine, selon le choix du réalisateur…

Etat de l’appart après leur départComme un appart qui a subit 10 skateurs pendant une semaine !

Guillaume, kickflip

"

ILS ONT BU LE VIN AU GOULOT ET ILS COUPAIENT LE FROMAGE à

LA FOURCHETTE ! "

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FOOK YEAH !

Smith grind

Entrevue et photos par Pierre Dutilleux (sauf indiqué)Intro par Fredd

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Vous vous rappelez du module Heroin au « Vans Downtown Showdown » à Turin ? Un wall gigantesque et rose avec un tube à pole jam, un mini rainbow, un handrail, un mini tremplin à l’envers et… Bref, c’est assez difficile à expliquer, dites-vous juste que c’était assez fou, et

plus ou moins inskatable aussi... À vrai dire, avant que le contest ne commence, personne ne comprenait vraiment à quoi pouvaient servir tous ces tubes métalliques qui dépassaient un peu de partout. Et puis, ce petit gars est arrivé, et il a complètement tué le spot. Il a même

« acid-droppé » la chose alors que, franchement, quand on l’a vu monter là-haut, on a tous cru qu’il allait se tuer. Si on publie cette interview aujourd’hui, c’est qu’il est encore en vie, mais au

vu de la photo du 50-50 à Hôtel de ville, on n’est pas sûr qu’il fasse de vieux os non plus… Bref, dépêchez vous de découvrir le sympathique et suicidaire Chris Ault.

AULTCHRIS

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FS 50-50

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Qu’as-tu fait depuis le début de l’année ?On travaille sur quelques trucs avec Heroin skateboard en Angleterre, on a une vidéo qui doit sortir en fin d’année ou en début d’année prochaine, alors en gros je me concentre là-dessus. J’essaie aussi de shooter des trucs avec les mecs du team Emerica Uk, je viens de rentrer chez eux il y a quelques semaines, donc ça tue. Emerica c’est les meilleurs.

Qu’est-ce qu’un bon et un mauvais jour de skate pour toi ?Un bon jour, juste se balader en ville, skater avec les mecs d’Heroin comme Howard [Cooke], Fos [Mark Foster] et Casper [Brooker]. On filme quelques tricks et c’est cool, pas de pression... Si on arrive à faire des images tant mieux, sinon c’est pas grave. En général on y arrive parce qu’on se motive les uns les autres. Un mauvais jour c’est le mauvais temps anglais, la pluie c’est la fin du jeu !

Et Londres?Londres c’est pas trop mal, enfin, on se fait beaucoup virer des spots. La police nous verbalise si on skate dans le centre ville, mais il ne se passe jamais rien de bien méchant, ils nous escortent juste au sud de la Tamise, pour que l’on sorte de la « city », ils m’ont déjà suivi jusqu’à la gare pour s’assurer que je prenne bien un train qui m’emmène en dehors du centre. Ce qui est un peu chiant quand même. Parfois on se lance dans des engueulades assez amusantes avec des flics qui se prennent pour

des Robocop… Ah ah ah… Par exemple ils nous menacent de jeter notre board à l’eau. Le truc, c’est qu’ils n’ont pas de couilles, ils se cachent derrière leur badge ! Et ils sont de plus en plus radicaux. C’est plus tendu chaque année. Maintenant, tous les spots qui voient le jour sont immédiatemant anti-skaté. Il y a quand même quelques petites merveilles qui traînent, et des vieux spots qu’on peut toujours skater. Mais c’est pas comme à Lyon… La ville de la liberté !

Tu aimes skater les parks, principalement les bowls en Angleterre. Lequel tu préfères, Stockwell ? Dartford ? Gravesend ?J’aime vraiment tout skater, même cruiser dans la ville sans faire de tricks, c’est le pied ! Stockwell est probablement le meilleur skatepark pour ça, tu peux te balader partout, il n’a que des petites bosses qui roulent super bien, on dirait la surface de la lune ! Les bowls c’est plutôt marrant, mais je n’ai pas l’occasion d’en skater souvent, je skate principalement celui de Dartford où je peux chiller avec mes potes, on a une bonne petite équipe. C’est juste dommage que certains prennent des directions différentes, à ne pas apprécier le skate à sa juste valeur, se mettre dans la drogue, tout ça... C’est aussi ce qui s’est passé à la scène de Gravesend, là où j’habite. Ils n’aiment pas le skate pour le « skate », mais plutôt pour ce que ça représente. C’est un peu comme les gens avec qui je skatais avant, qui du coup ne skatent plus aujourd’hui... C’est un peu triste mais on sait très bien que le skate n’était pas fait pour eux, et qu’ils n’étaient pas fait pour le skate. Le crew de Dartford est cool néanmoins, ils sont chauds pour faire les imbéciles avec un bout de bois ! Ha ha ! Mais je préfère streeter avec mes potes, j’aime pas trop être confiné dans un endroit, comme si c’était un stade de foot : tu dois y aller parce que l’endroit est fait pour ça. Je veux pouvoir partir à l’aventure là où j’en ai envie ! J’ai pas envie de taper dans un ballon sur ce carré d’herbe qu’on m’a fabriqué...

"J’ai pas envie de taper dans un ballon sur ce carré d’herbe qu’on m’a fabriqué"

AULTCHRIS

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Vous avez des problèmes en Angleterre entre les skateurs et les « chaves boys », les skins ?J’emmerde « les chavs », je leur mets une droite ou un coup de Indy dans la tête. J’ai eu quelques embrouilles à Gravesend, c’est un peu tendu là-bas, mais en grandissant ça c’est calmé. J’ai eu quelques embrouilles plus sérieuses à Dartford par contre, je me suis fait péter le nez et tout, mais je m’en fous je vais continuer à assumer le skate à fond ! J’en ai pas grand chose à faire s’il y en a que ça dérange, parce qu’en fin de compte, c’est qu’un bout de bois. Si mon skate les dérange, je ne vais pas me faire prier pour leur envoyer dans la gueule : comme le font les mecs de Southbank !

Londres est une ville incroyable, pour chiller, les soirées de fou, les pubs, les filles... n’est-ce pas ?Quelle partie de la question tu connais le mieux... fais attention... Ah ah ah ! J’aime aller à Londres skater pour la journée. Ensuite, on se fait souvent des soirées chez des gens, dans des maisons. Toi tu préfères les bars gay, non ?

Oh, doucement... Tu skates donc pour Heroin, tu t’es d’ailleurs fait tatouer ça sur le bras. Si tu avais été chez nike tu te serais fait une virgule sur le torse ?Ah ah… En réalité, j’ai toujours voulu faire partie d’Heroin skateboards. Pas simplement au niveau sponsoring, c’était juste « si je dois skater pour une marque, je voulais que ça soit pour Heroin ». Il y a tellement une bonne ambiance et ils ont une mentalité qui me convient. Et l’image colle bien avec ma façon de skater et de voir le skate... Et le tatouage c’était une façon de me pincer, pour me rappeler que je ne rêvais pas... ha ha ! Non je plaisante. Le tatouage montre juste que je soutiens Heroin à fond et qu’eux aussi me soutiennent. Fos et moi on est vraiment potes, c’est pareil avec le team... Pas de pression, on fait les choses à notre propre rythme, et ça marche ! On passe un peu pour des bourrins, mais on est tendres à l’intérieur !

Tu es venu deux fois en France l’année passée, pourquoi as-tu choisi de venir à Lyon ?La première fois je m’étais dit qu’il fallait que je découvre la France, je regardais les vidéos Cliché et les spots m’ont bien motivé, et ils n’avaient pas l’air aussi surmédiatisés que ceux de Barcelone ou autre... Du coup je me suis dis que j’allais venir. Et juste avant de partir on t’a croisé à Dartford et en discutant on a fini par comprendre que tu étais de Lyon... Et au final, tu nous as hébergés, donc merci à toi et Louise : les gens les plus gentils de France !

Quelle était ton idée de la France et des Français avant d’y venir ?Fromage et cuisses de grenouilles ? Non je plaisante… c’est pas que ça ! Je pensais que vous aviez la meilleure façon de vivre sans trop de stress, et je pensais beaucoup de bien de votre hospitalité ! Et votre nourriture hummmmm… votre nourriture !

Raconte-moi un peu tes séjours à Lyon, les gens, le skate...C’était incroyable, on a bien rigolé. Avec Marley et ses folies, et les soirées : il aime bien son p’tit vin, Marley. Le meilleur souvenir c’est quand on est tous allé dans la maison de Charles (Collet) à Grenoble, on a fait un méchant barbecue, on a joué au poker... On a même fait une méchante baston avec tout le monde dans le salon, et on avait balancé Geemo et tout le monde dans la piscine tout habillés ! Au niveau du skate, on s’est pas trop pris la tête, on allait skater tous les jours, tranquillement. C’était terrible, avec Canardo, Steeve Ramy, Alex Maison, Arthur, Arnaud, Penoud, Fabi, Will, toi, etc. C’était vraiment cool de skater avec tout le monde, il y a vraiment une bonne énergie.

"on passe un peu pour des bourrins, mais on est tendres à l’intérieur !"

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Wallride to fakie / © Jerome LOUGHRAN

AULTQu’as-tu remarqué comme différences entre la scène en France et en Angleterre ?En France c’est plus posé... C’est mal de s’en prendre à la scène Anglaise, donc c’est pas ce que je fais, mais on dirait que les crews sont plus fermés à Londres, alors qu’ici on a l’impression que tout le monde peut skater avec tout le monde.

Voudrais-tu venir habiter en France un jour ?J’y pense souvent en ce moment. On se dit avec ma copine qu’on viendrait bien s’installer en France, probablement à Lyon, c’est vraiment bien, les gens sont sympas, et la vie est vraiment moins chère que chez nous. Je ne savais pas qu’il y avait de vieux monuments, comme à Paris, c’est vraiment joli.

On a shooté le smith et le 50-50 dans le coin lorsque tu es venu, que penses-tu des spots ? Tu les avais tous vus dans les vidéos un peu partout. Ce n’est pas facile d’arriver sur un spot et d’énumérer tous les tricks qui y déjà ont été fait ! Comment tu vois ça ?Les spots sont parfaits! Il n’y a pas un sol rugueux en vue ! On dirait que c’est fait pour le skate, j’espère que je ne vais pas attirer trop de monde en disant ça

CHRIS

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mais c’est vraiment bien ! Il y a tellement de types de spots différents, des curbs, des rails, des marches, un hip, des trucs bizarres... Il y a tellement de possibilités. J’arrive sur le spot sans idée toute faite et je trouve forcément un truc à faire, il n’y a rien besoin de prévoir !

Parlons du FS grind à l’Hôtel de ville. Je t’ai montré le spot un matin, tu m’as dit qu’il fallait qu’on revienne le dernier jour avant de partir. Puis il s’est mis à pleuvoir, tu as testé quand même, sans succès. On a donc attendu un peu, et le deuxième essai était le bon ! C’est fou !En fait j’aime bien lorsque c’est gros. Je

me fixe des challenges, c’est comme ça que je fonctionne. Ce n’est pas tout le temps le cas, j’ai des sautes d’humeur. Quand j’ai besoin de me faire un peu peur, j’aime bien tout donner le jour même, parce qu’il n’y en aura peut être pas d’autre !

Tu es allé en Italie avec Heroin pour le « Downtown Showdown » et tu as gagné pas mal d’argent. Comment était le contest ? Etait-ce ton premier voyage pour le skate ? As-tu aimé ?Ouais ce truc en Italie était incroyable. C’était relax, et le fait qu’il y ait tous ces bons skaters là-bas m’a permis d’élever mon niveau de skate, ils m’ont super motivé et j’étais tellement content d’être là. C’était vraiment un jour particulier.

Je crois que c’est ta première interview. Tu as déjà eu quelques parutions en Angleterre ? Sidewalk ? Je crois que Document mag est mort ? Pourquoi ?Ouais j’ai eu une interview dans Document mag qui était cool, c’était juste avant que le mag ne s’arrête. Ce mag était mortel, je pense qu’ils ont juste dû perdre leur source de financement… Mais je ne suis pas sûr. C’était super quand ça existait, le dernier magazine restant en Angleterre c’est Sidewalk, qui est toujours bon, mais c’était quand même bien d’en avoir deux ! Bien-sûr on a kingpin mais c’est pas basé

uniquement sur l’Angleterre. C’est débile mais c’est quand même pas mal d’avoir deux mags Anglais...

Qui aimerais-tu remercier ? Toi déjà, pour m’avoir accueilli et pour être un super pote.Et tu m’as montré des choses incroyables à Lyon. Je voudrais également remercier toutes les personnes de Lyon pour tous les moments passés ensemble, ça serait bon de se refaire ça bientôt… J’ai rencontré tellement de gens… vous vous reconnaitrez… vous êtes trop nombreux.. Ah ah ah ! Je voudrais enfin remercier ceux qui m’ont soutenu comme Fos et les mecs d’Heroin, Independent et Emerica shoes. Tellement d’aide pour me permettre de faire ce que je fais. Sam Ashley/Dom marley et Jerome chez Shiner, Slam City Skates. Et bien-sûr je n’aurais pas pu faire toutes ces choses sans les gens que j’aime, je remercie donc ma famille et ma copine Lauren.

AULT

Ollie out to FS wallride

"J’aime bien tout donner le Jour même, parce qu’il n’y en aura peut être pas d’autre !"

CHRIS

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le voyage que je vais vous décrire sur les pages suivantes a suivi ses propres règles.

nous aurions pu l’attaquer d’une manière très différente : nous serions montés dans

un avion à moscou, laissant derrière nous la capitale ex-communiste de la russie pour

arriver dans le climat humide de la métropole économique de l’asie, hong kong, sans jamais

nous poser la question de ce qui pouvait bien se trouver à 10 kilomètres sous ces heures de vol… mais nous avons

choisi le train.

LE DERNIERTRANSIBÉRIEN

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PHOTOS Alexey Lapin — TEXTE Patrik Wallner

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L’IDÉE

L’idée est née pendant le tournage de « Translations » [cf Soma #10] au Viet-nam, un jour où Michael Mackrodt et moi évoquions le Trans-Sibérien. Il avait lu quelque part que la liaison ferroviaire légendaire entre l’Europe et l’Asie n’existerait plus dans dix ans (ce qui devait s'avérer seulement une rumeur).

J’avais alors pensé que malgré le fait que dix ans soit une période relative-ment longue, nous ne devrions pas re-pousser l’idée d’emprunter cette voie. Car si on ne le faisait pas maintenant, nous ne le ferions probablement jamais. Alors, tout de suite après la sortie de « Translations », j’ai commencé à cher-cher des informations sur Internet. J’ai calculé, étudié et planifié les trajets, les heures de voyage, les prix, les visas, le temps à passer dans chaque ville, les conditions météo, la nourriture… Après des mois de recherche, j’ai ren-contré kirill korobkov, « journaliste de skate » russe, qui m'a aidé à organiser les différentes étapes que nous devions franchir en traversant la Russie. Fina- lement, kiril décida de se joindre à nous, tout comme Alexey Lapin, son compa- triote photographe, ainsi que deux autres skateurs russes.

JOHN TANNER WALLRIDE NOLLIE OUT,

ULAANBAATAR, MOGOLIE

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LE PLAN

Le plan était de commencer depuis Moscou, de prendre la direction de la Sibérie et de passer par la Mongolie pour finalement arriver en Chine, le tout en deux mois. Onze villes s’ali-gnaient ainsi sur le parcours, dans les-quelles nous passerions à chaque fois quatre ou cinq jours à collectionner des images sur des spots historiques : monuments communistes ou autres reliques soviétiques, mais qui ne repré- sentaient qu’une partie des spots in-croyables sur lesquels nous pouvions compter. Dix mille kilomètres de spots uniques : une bonne base pour une his-toire intéressante. En tant qu’homme derrière la caméra, je ne documente-rais pas seulement le skate, mais aussi la vie quotidienne extraordinaire de notre voyage en Trans-Sibérien.

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L'ÉQUIPETous ceux qui entendaient parler du pro-jet semblaient intéressés, mais comme d’habitude, la plupart avait des obliga-tions de dernière minute… J’ai proposé à de nombreux skateurs de participer à ce voyage qui fut l’un des premiers dans le genre, et douze seulement décidèrent de se joindre à l’aventure. En plus des quatre russes et moi : Dan Cates, le jeune et ambitieux skater anglais ; John Tanner et Lawrence keefe de Reading Uk ; le flow-rider ZooYork Dan Zvereff venant des USA, accompagné de Danny Hochman, qui lui, a ses origines en Co-rée. kenny Reed devait nous rejoindre plus tard en Chine ; et enfin, last but not least, Michael Mackrodt.

La plupart des trajets duraient

entre neuf et trente heures.

Au total, nous avons passé environ

200 heures dans ces trains.

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LES TRAINSEntre Moscou et Hong kong, nous avions prévu de nous arrêter dans dix villes (Yekaterinburg, Omsk, krasnoyarsk, Irkutsk, Ulaanbataar, Pékin, Xi’an, Shanghai et Shenzhen) pour faire un maximum d’images dans le but de réaliser un documentaire complet. On peut s'imaginer qu'après ces journées épuisantes, tout le monde attendait avec impatience le prochain train, car il offrait toujours suffisamment de temps pour se mettre dans une sorte d'état méditatif pour reprendre des forces pour la prochaine étape. La plupart des trajets duraient entre neuf et trente heures.

Au total, nous avons passé environ 200 heures dans ces trains.Chaque minute était vécue intensément, même ces treize heures debout entre Beijing et Xi’an. La billetterie en Chine ne vendait plus de couchettes ou de place assise, seule-ment des tickets pour voyager debout ou à genoux entre les autres passagers, assis… Une solution très inconfortable et un bon moyen d’attraper la grippe A ! Cependant, à part ces treize longues heures, la traversée de la Russie, la Si-bérie, la Mongolie et la Chine en train fut une expérience inoubliable.Pendant ces longs trajets, nous avions suffisament de temps pour faire ce qu’il nous plaisait : dormir, admirer le pay-sage par la fenêtre pendant des heures, observer les changements de végétation ou faire des signes aux enfants dans les villages traversés, finir des livres enta-més, regarder des films, prendre des photos, boire de la bière ou de la vodka avec les locaux en attendant le prochain arrêt…

LAURENCE KEEFESLAPPY GRIND, SHENZHEN

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LA SIBÉRIELa Sibérie est la partie asiatique de la Russie, à l’ouest de l’Oural. C’est un autre monde dans lequel nous avons malgré tout trouvé de très bons spots comme des grandes vagues, des bosses ou des courbes en forme de volcan… A chaque fois, les skateurs locaux étaient enthousiasmés par l’arrivée de skateurs étrangers dans leurs villes, et le plus souvent, c’était la première fois qu’ils voyaient des skateurs « de l’ouest » dé-barquer sur leurs spots pour y faire des figures dont ils ignoraient l’existence.

Certains affichaient même de la tris-tesse lorsque que nous repartions. Je me souviens de ce grand type à Omsk qui avait passé du temps à essayer 3-6 flip sur quinze marches, et qui avait les larmes aux yeux quand nous lui avons dit au revoir. Un moment franchement émouvant… Comparés à la majorité de la popula-tion sibérienne, les skateurs étaient aimables et serviables. Les autres gens nous tuaient du regard et nous tom-bions souvent sur des gens à moitié cin-glés. En arrivant à Yekaterinbourg, un conducteur de taxi s’est énervé lorsque nous lui avons fait comprendre qu’il al-lait nous falloir plusieurs voitures pour nous conduire à l’hôtel. Il s’est mis à hurler et à vouloir se battre avec les autres taxis qui se proposaient de nous emmener…

DAN CATES FS ROCK, MOSCOU, RUSSIE

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LA MONGOLIELa Mongolie nous intriguait tous. Nous savions que de nombreuses aventures nous y attendaient, ainsi que des spots dingues comme des handrails complè-tement tordus ou des banks-to-wall incroyables… Et nous n’avons pas été déçus. Les paysages mongols étaient grandio-ses. Nous dormions dans des Gers, ces maisons-tentes typiques, faisions des promenades à cheval ou passions notre temps à chanter au karaoké ou à dîner avec des familles autochtones.

Tout le monde a apprécié même Dany et Michael qui se sont fait poursuivre par un taxi (encore…) armé d’une barre de fer et décidé à vider leur portefeuille. Les taxis mongols aiment profiter de la naïveté des voyageurs étrangers pour leur faire payer très cher les courses… Michael et Dany, saouls, avaient eu pour idée de s’enfuir sans payer pour éviter l’arnaque et contre-carrer le kar-ma du taxi. Une idée qui se révela être un échec. Après une poursuite épique, la barre de fer passa à quelques centi-mètres de la tête de Michael qui esca-ladait un grillage en tentant d’échapper à l’homme en colère… Jamais je ne les avais vus si heureux de nous revoir quand ils ont arrivés à cinq heures du matin, le jour de mon anniversaire, et qu’il a fallu leur porter secours armés de pierres, de bâtons ou de skateboards…

SKATE RACING OMSK, RUSSIE

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MICHAEL MACKRODT MELON, OMSK, RUSSIE

Pour le retour, on a pris l’avion !

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ENFIN EN CHINELa Chine a pris le relais comme Mec-que du skate. En regardant les videos actuelles, on y voit souvent les mê-mes images des spots de Shenzhen ou Shanghai comme le kicker en bri-ques, le spot à vagues, etc. C’était donc agréable de trouver de nouveaux spots à Pékin ou à Xi’an, une ville située au beau milieu du pays, à la différence de Shanghai, Shenzhen et Hong kong qui sont toutes des mégalopoles posées sur la côte. kenny Reed avait déjà visité la ville et nous avait conseillé d’aller y faire un tour. La plupart d’entre nous connaissions la Chine, mais nous en avons découvert une autre façette à Xi’an, où l’influence islamique se mé-lange avec les valeurs traditionnelles chinoises. Nous y avons trouvé des tas de spots hors du commun, avant la pluie à Shanghai, jusqu’au jour où nous avons atteint notre dernière étape à Shenzhen.

LA FINAu cours de notre périple, nous avons rencontré toutes sortes de gens. Aima-bles, désagréables, polis, agressifs, agri-culteurs, des étudiants, des touristes, des prisonniers venant d’être libérés, des babushkas (grand-mères)… Nous ne savions jamais à quoi nous atten- dre, et certaines situations auraient pu tourner au vinaigre, mais le plus sou-vent étaient source d’inspiration. Un tel voyage peut changer le cours d’une vie… Et chacun d’entre nous sera d’accord pour dire que le corps atteint ses limites après deux mois de skate, dix mille kilomètres et 200 heures de train. Alors pour le retour, on a pris l’avion !

DAN ZVEREFF FLIP, SHANGHAI, CHINE

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sylVain TOGnELLI Ollie to FS wall ride ivry © TURA

Numéro Seize

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iVan RIVADO Flip FS blunt / iruN © keviN MéTALLIER

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Jérémy GROUSSET Tré-flip manual / carNoN © marc GéRARD

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mathieu FORAFO Drop in & ollie / chelleS © TURA

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Vous l’aimez ou vous le détestez, mais une chose est sûre, Tony Alva n’est pas de ceux qui laissent

indifférents. Il était là au commencement, il a été la première vraie star du skateboard, c’est même lui qui a inventé le genre, et aujourd’hui encore, il est là, il skate, et continue de fasciner, de susciter des

réactions, positives ou pas, là n’est pas vraiment la question. On peut lui reprocher un paquet de choses, mais on ne peut nier son influence sur le skateboard.

Qu’on le veuille ou non, ce gars-là, fait partie de notre histoire… Tura l’a rencontré lors de sa venue à Paris il y a quelques semaines, et ce qu’on peut dire

c’est que Tony Alva n’a pas évité les questions, il a tout balancé…

TONY ALVAEntretien par TuraIntro par FreddPhotos archives Vans

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Tu es l’un de ceux qui a créé le skateboard moderne. As-tu parfois l’impression d’avoir créé un monstre ?Je pense qu’il y a un aspect positif et négatif à toute chose. Aujourd’hui, le skateboard a un côté néfaste dû à l’effet de mode et du fait qu’il soit tellement vulgarisé par les médias et du fait également qu’à mon avis, certains skateboarders ont une énergie et une attitude vraiment négatives. Mais tu sais, je suis aussi un surfeur, le surf est quelque chose que j’ai toujours fait comme une sorte d’entraînement pour le skateboard, et le surf a énormément changé également. Pourtant, j’aime toujours autant le surf, tout autant que j’aime le skateboard parce que j’essaye de rester fidèle à la raison pour laquelle j’ai commencé : pour la simple joie que cela me procure et également parce que c’est lié à un aspect spirituel de ma vie. Et je sais la chance que j’ai d’être payé, et de pouvoir vivre de quelque chose que j’aime tant. Le skate et le surf sont indissociables pour moi, la partie skateboard n’est pas un monstre parce que c’est quelque chose de très beau, c’est juste la façon dont les gens le perçoivent… Tu vois, certaines personnes peuvent avoir l’impression qu’on a créé un monstre, mais je n’ai jamais essayé de créer quoi que ce soit. J’essaye juste d’être à ma place, ici et maintenant, jour après jour. Donc si je me mets moi aussi à être négatif à propos du skate, et que je sens qu’il y a quelque chose qui ne va pas alors je suis aussi à blâmer. Donc

j’essaye de n’en voir que la beauté et d’en être fier, tout simplement. Et puis, regarde d’où l’on vient et où l’on est aujourd’hui. Je suis fier d’avoir vécu si vieux et de faire partie de quelque chose d’aussi excitant.

Tu n’as jamais considéré le skate comme un sport.Non, pas vraiment. Enfin, certains peuvent le voir comme un sport, mais regarde comme le skate est difficile à juger… Une des raisons pour lesquelles notre histoire, les mecs de Dogtown, est si populaire aujourd’hui, c’est parce qu’on a cassé les règles. On a mis en pièces ce que le skateboard était dans les années 60 et 70 et on l’a re-modelé à notre manière. Comme un monstre qu’on aurait assemblé avec divers éléments qu’on aurait cousus entre eux. C’est marrant que tu aies fait allusion au monstre qu’on aurait

créé dans ta première question. Le monstre qu’on a créé n’est peut-être pas très attractif, mais il est amusant !

Dans le bouquin Vans (Stories of Sole from Vans originals) tu parles de choses très personnelles à propos de ton ego surdimensionné, de tes diverses addictions, de ta relation avec la religion. C’était une étape obligatoire pour pouvoir tourner la page ?Oui, ça m’a permis de parler de quelque chose de réel, de mon expérience de la vie. J’ai dû tirer un trait sur mon addiction à l’herbe et à l’alcool, et arrêter de croire que je devais absolument utiliser des produits chimiques pour me sentir bien dans ma peau. J’ai repris ma vie en main en me tournant vers quelque chose de plus grand et plus fort que moi, mais je n’aurais jamais pu le faire à l’époque où j’étais constamment défoncé. Quand je fumais, buvais et le reste, je coupais tous les accès à la lumière. Ce n’est pas vraiment du christianisme ou de la religion, c’est juste une forme de spiritualité. Devenir sobre et libre de toute drogue m’a permis d’appréhender les choses différemment, de façon plus claire, et j’ai réalisé que c’était ce que j’ai recherché toute ma vie. J’ai recherché cet état dans tellement d’endroits, de substances, de gens, dans n’importe quoi qui étaient sensées me soigner et me rendre meilleur sans que jamais cela ne marche. La seule chose qui m’ait finalement rendu heureux fut de me regarder en face, d’analyser toutes les choses négatives et positives que j’ai pu faire et enfin, d’apprendre à m’aimer sans avoir à consommer de drogues ou d’alcool. Je buvais pour me donner du courage, pour être sociable, mais je fumais de l’herbe pour l’introspection, pour me prendre pour un gourou. Ce qui s’est passé, c’est que ça a cessé de marcher, et je me suis rendu compte que je n’allais pas dans la bonne direction. Je devenais irritable, haineux, et je ne me sentais vraiment pas bien dans ma peau. Donc j’ai tout arrêté et j’ai commencé à « travailler » avec un gars que j’appelle mon « sponsor ». Il m’a appris à développer ma spiritualité. Et le seul moyen d’y arriver était de ne pas tricher avec quelque médecine que ce soit, de ne rien prendre qui pourrait influer sur mon humeur. De vivre la vie selon ses propres règles. Le skateboard et le surf m’ont également beaucoup aidé. Plus j’étais « clean », plus ma tête et mon esprit s’assainissait. Mon côté obscur, cette maladie mentale qui me rongeait quand je prenais toutes sortes de produits a

commencé à s’amenuiser. Il est toujours en moi quelque part, parce qu’on n’est pas des saints non plus, mais ça va bien mieux. J’ai commencé à me guérir en étant honnête avec moi-même et avec les gens autour de moi. J’en suis arrivé au point où j’ai commencé à donner en retour. Surtout aux jeunes, leur parler de l’alcool, la drogue, de l’effet néfaste de l’ego sur nos vies, de la colère, la jalousie, l’avidité et beaucoup de choses avec lesquelles nous avons des problèmes, toute notre vie, mais surtout lorsque nous sommes jeunes. Lorsqu’on est jeune, on ne comprend pas toujours, parce que l’ego est le moteur de nos vies. Il justifie toutes nos actions. Et nos actions sont parfois débiles… à cause notamment de la colère. J’étais un gars en colère, et quand je mettais de l’alcool par-dessus, j’étais prêt pour la baston. [suite page 86]

FS grind, 2009.

"pArLer de L’ALcOOL, de LA drOgue, de L’effeT NéfAsTe de L’egO sur NOs Vies..."

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Parlons un peu de « Lordz of Dogtown, the movie ». Tu es content du résultat ?« The Lordz of Dogtown » était plus fictionnel, Hollywood… Donc j’étais content, mais l’histoire était romancée, ça ne me parle pas autant que le documentaire.

Il faudrait pouvoir voir le documentaire avant de voir le film.Je pense aussi oui. Mais en même temps, les jeunes ont adoré le film. Il y a constamment des jeunes qui viennent me parler du film, même des petites filles, elles sont à bloc. C’est plus un truc pour les ados. Mais le documentaire qu’on a fait avec Stacy [Peralta], Jay [Adams], et les autres, ça, c’est vraiment notre histoire. C’est nous, révolutionnant le skateboard. Stacy a fait un excellent boulot. La musique, le montage, le noir et blanc, les photos, tout était parfait. J’ai beaucoup de respect pour lui. Le prix qu’il a remporté à Sundance a fait beaucoup de jaloux, alors les critiques ont commencé à pleuvoir. Mais de notre côté, tout notre crew, tous ceux qui sont encore en vie, nous sommes tous très fiers du documentaire.

Ce fut le premier d’une longue série de docu-mentaires…Exactement. Mais ça c’est tout Stacy. Il est passé de skateboarder à réalisateur, et il a en quelque sorte démarré le mouvement. Stacy était un incroyable skateboarder,

et il savait réfléchir également, il a toujours été le plus responsable de nous tous. Il a fait ces films sur la Bones Brigade, puis il a fait des films sur les gangs, sur les surfers de grosses vagues… Ce n’est pas évident de rentrer dans ces cercles très fermés et de se faire accepter, arriver à faire parler les gens. Faire des documentaires est plus hardcore que faire des films de fiction. Il ne rentre pas dans le jeux des réalisateurs d’Hollywood, il ne fait pas de compromis, il fait son propre truc. Il doit lui arriver de faire quelques concessions, mais il ne fait pas de lèche…

Tu es toujours en contact avec lui ?Oui, il va bien. Il est sur un nouveau film là. Il se démerde bien, il a un fils… Je suis fier de lui. Nous vieillissons tous, c’est marrant de voir comment tout le monde évolue. On est curieux de voir ce qu’il va faire. Stacy est un leader, pas un suiveur. Il a remporté ce prix à Sundance, c’est une distinction énorme dans le monde du documentaire,

et encore plus pour un gars qui vient de Dogtown. C’était juste un gamin du quartier, rien de plus.

C’était quand ta dernière session ?La plus drôle et la meilleure, c’était à Malibu, il n’y a pas longtemps. Mon pote habite juste en face d’un super bon spot de surf. C’est un très bon surfeur lui-même. Et donc il vient juste de se construire un putain de pool dans son jardin. On a fait un petit truc chez lui pour la réédition du DVD de Dogtown. Bucky [Lasek], avait fait la même chose pour inaugurer le pool qu’il s’est fait construire chez lui, mais je n’avais pas pu y aller. Parce que j’essaye de m’occuper de ma marque de skate aussi, Alva skates, et

bref, j’avais autre chose à faire. Alors j’ai fait venir Bucky et des jeunes du team Vans chez mon pote. Il y avait des gamins de 14 ans, peut être moins, et puis des potes de mon âge… C’était une belle journée, on a tous skaté ensemble et à la fin de la session on était couverts de sueur et les gamins skataient toujours à bloc. C’était vraiment cool d’avoir toutes ces générations skatant ensemble. Et puis, à l’époque, quand on skatait des pools, il fallait faire attention aux flics, aux gens qui rentrent chez eux, alors que là, on était sur ce terrain incroyable, face à l’océan, à skater cette piscine construite spécialement pour le skateboard… C’est vraiment une extension du surf, comme ça l’a toujours été. Je ne pense même pas à apprendre de nouveaux tricks, j’essaye juste d’aller vite, de rester le plus haut possible et de faire de beaux grinds, et si c’est mon jour, faire quelques airs et les replaquer. Et puis éviter de me faire mal pour pouvoir encore skater… Parce que l’essentiel est de quitter la session en un seul morceau !

"si c’esT mON jOur, fAire queLques Airs eT Les repLAquer"

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La 8ème édition des Element Skatecamps présentés par Element skateboards vous en-mène cette année vers les spots de Grenoble et ses alentours. Vous partagerez vos sessions avec des skaters du team Element Europe tels que: Madars Apse, Michael Mackrodt, Pirkka Pollari, Guil laume Mocquin, Phil Zwijsen,...

Renseignements et inscriptions: [email protected] T: +33 (0)6 87 42 86 70

Lieu: Grenoble, visites des skateparks de la région (Annecy, Crolles, Bourgoin-Jall ieu...)

Activités hors skate: Sérigraphie (t-shirts, skateboards,...), vidéo (mise à jour du blog du skatecamp), initiation à l’environement en moyenne montagne.

Encadrement: moniteurs brevetés BAFD / Brevet d’Etat Skateboard. Groupes de 8 skaters max.

elementskatecamps.blogspot.comwww.elementeurope.com

Quand: Dim. 11/07 au Sam. 17/07 Dim. 18/07 au Sam. 24/07Dim. 25/07 au Sam. 31/07Dim. 01/08 au Sam. 07/08

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L’adolescence est l’âge délicat où l’on s’obstine à essayer de faire pousser cahin-caha un répugnant bouc en duvet tout en écoutant de la mauvaise musique, voire en en jouant dans les cas les plus extrêmes. C’est également la période enchanteresse durant laquelle le futur ex-jeune commence généralement à se couvrir le corps de tatouages afin de choquer la société qui le rejette, en fait une bouteille à la mer consistant à attirer l’attention de ladite société sur lui afin d’exister. Son seul salut réside alors dans sa chambre, qu’il couvre de poster de ses icônes, les seules qui le comprennent, elles,

et qui vont pas lui faire des reproches, elles. Tout ceci n’a évidemment rien à voir avec Mike Vallely, quadragénaire à bouc bien dans sa peau qui joue de la musique à haute teneur guitaristique et a recouvert le garage de sa cossue demeure sud-californienne de posters de ses idoles. Dans cette petite rue calme bordée de pavillons fleuris, « Maïk Vi », comme l’appellent ses camarades de jeu, a en effet transformé une ancienne et sinistre remise en un refuge où cohabitent avec esprit meubles de récupération, couleurs pastels, style industriel mais

également, et surtout, des reproductions de tous ceux qui ont transformé le frêle oisillon du New Jersey en un puissant Haliaeetus Leucocephalus (l’aigle américain de base quoi… c’est un peu pénible ces gens qui n’ont pas le bagage minimum pour lire cette rubrique).

Dans son garage, les icônes de Mike, donc, se bousculent sous formes de posters muraux de toutes tailles courant du sol au plafond : kiss, Smokey the Bandit (Cours après Moi Shériff avec Burt Reynolds), les Anaheim Ducks portant la Stanley Cup de hockey

sur glace, Rambo, mille autres, sans oublier un boîte à lunch à la gloire du cascadeur Evil knievel. L’harmonie visuelle naît ici de l’accumulation entêtée, où l’on notera un peu chagrin l’absence, et ce sera la seule faute de goût, d’affiche de Guy Lagache. Pas de quoi toutefois gâcher cette féérie de couleurs où

se perdent les sens abreuvés d’une dose de surréalisme en clair-obscur. Au fil de la visite, la nuit devient le jour, le bas le haut, sur une table chinée aux puces de Cli-Cli, un orchestre kiss miniature joue une étourdissante symphonie pour une chaussure Etnies Mike V en bronze qui fait deux fois la hauteur de ses membres et semble prête à les réduire au silence une fois pour toutes, tandis qu’à sa gauche, un mug Pacman et un Hulk dans son carton semblent indifférents à cette scène d’une violence psychologique inouïe… Mais reprenons-nous.

Quels sont les objets tendance du moment pour la maison ? Eclairage dans chaque numéro avec tes skateurs-pro favoris, qui présentent leurs objets coups de coeur pour une déco 100% X-Treme !

TENDANCEDÉCO

"UN ORCHESTRE MINIATURE JOUE UNE éTOURDISSANTE SYMPHONIE POUR UNE CHAUSSURE EN BRONZE"

Mike Vallely et sa forteresse de solitude

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Il est en effet temps de se concentrer sur l’aile Est de cette forteresse de solitude. Changement d’ambiance, malgré l’ingénieuse idée consistant là aussi à entièrement recouvrir les murs de béton bruts de posters comme autant de cris du coeur, autant de slogans -ne jamais briser le fil rouge posterophile de cette pièce qui lie tous les espaces la composant. Le tessiture de cette aile? Résolument sportive. Sous l’oeil de coaches aussi durs à cuire que Rocky, Hulk ou Elvis mais avec un Henry Rollins tournant le dos (c’est le coach soupe-au-lait, lui, sorte de Raymond Domenech irascible mais poète), Mike peut ainsi se défouler par le biais de son autre passion : la collection de bancs de musculation et haltères irlandaises du XVIe siècle, un hobby tout à fait semblable à la philatélie si ce n’est peut-être le poids à transporter lors des bourses d’échange entre mordus.

Egalement féru de hockey sur glace, Mike dévoile au passage une petite astuce gagne-place : sur l’encadrement d’une armoire, il a inséré des crochets afin de faire tenir ses cannes de façon horizontale. Roi de la récupération, il a par ailleurs chiné quelques meubles industriels qu’il a customisés en les repeignant ton sur ton. Fou de couleurs mates et poudrées, il a choisi dans les nuanciers de Ressource, Emery et Farrow & Ball des teintes minérales et végétales qu’il a associées en harmonie (cette dernière phrase absolument magnifique n’a hélas rien à voir avec le garage de Mike et est à créditer à

Laurence Dougier, Marie-Claire Maison numéro 426. Nos excuses pour cette interruption assez grossière).

Des entrailles de son meuble à tiroirs en fer nul, donc (ah, ça fait moins rêver de suite), l’égérie de chez Powell, World, TV, New Deal, re-Powell, Black Label et Element redevient le skateur-pro et extrait avec précaution les dessins originaux de sa première planche chez Powell telle qu’envoyée dans un tube par VCJ avec la mention « This is the one », une autre version de l’éléphant pas sortie à l’époque, des pubs World originales. Un peu

agacé, on l’interrompt poliment. Pour le service Tendance Déco de Soma, ces vulgaires papiers n’ont absolument aucun intéret puisqu’ils ne relèvent en rien du style de vie en clair-obscur ni du domaine du it-bibelot qui intéresse vraiment les lecteurs de ce magazine. Nous les déchirons prestement sous les yeux médusés de Mike. Et nous demandons après notre départ ce qu’il peut bien vouloir nous dire avec sa canne de hockey à la main, courant espièglement, visage rougi et bouc au vent, derrière notre voiture qui s’éloigne de cette petite rue calme bordée de pavillons fleuris.

"CANNE DE HOCkEY à LA MAIN, COURANT ESPIèGLEMENT, VISAGE ROUGI ET BOUC

AU VENT, DERRIèRE NOTRE VOITURE"

Texte et photos par Sébastien Carayol

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1 Board Cliché Charles Corbeau 3-D / 2 Board Cliché Charles-treuse / 3 Méchant p’tit zipper Analog / 4 Casquette de travers Ambiguous / 5 Tish kr3w pour passer inaperçu dans les quartiers chauds de L.A. / 6 Roulettes Carhartt juste pour le tea / 7 Tish Nike SB pour passer inaperçu dans le cosmos / 8 Tish kr3w qui ne brille pas / 9 Tish Ambiguous, c’est marqué dessus 10 Les nou-velles Arto ! Chez Gravis IV bien-sûr / 11 Le short kr3w parce que c’est bientôt la saison / 12 Chemise Ambiguous, bleue comme tes yeux, poupée / 13 Chemisette à carreaux Ambiguous / 14 Grosse chemise de bucheron de chez kr3w / 15 Les Nike de ouf de Omar Salazar / 16 Une Supra Ellington passe partout / 17 Velours Ellington, slim et qui brille. kr3w bien-sûr / 18 Une Supra Skylow toute blanche pour « ambiancer ». - FD

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1 une chemise de bûcheron de marque Element / 2 un caleçon de catch mexicain Crème skateboards / 3 un genre de polo boutonné de chez Vans / 4 un plateau Heroin piqué chez mon voisin d’en face / 5 un zipper à capuche violacé de marque Volcom / 6 un t-shirt ZooYork qui brille dans la nuit / 7 la chaussure officielle de Mike Mo chez Lakai / 8 un t-shirt Volcom avec Mark Appleyard dans un full-pipe, shooté par Todd Bratrud (!) / 9 quatre roues Chaka en 54 mm (que je me suis glissé dans la poche en sortant) / 10 une casquette Santa Cruz “screaming head” ah ah ! / 11 un t-shirt Lakai historique / 12 un plateau Rob Roskopp qui a rétréci au lavage 13 une chaussure gauche Vox répondant au nom de “Downlow” / 14 un t-shirt Santa Cruz Jason Jessee presque d’époque / 15 un plateau Last Chance skateboards en 8 pouces de large / 16 une veste ZooYork assortie au t-shirt (#6) / 17 une Vans “Mountain Edition Mid LX” sortie du coffre-fort (Vault !). Ah ah ah, c’est vraiment la rubrique la plus drôle du mag. - DT

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L A C H R O N O L O G I E P L U S O U M O I N S L A C U N A I R E Figurez-vous qu’il y a eu d’autres mags de skate avant Soma. Ça peut sembler dingue mais c’est tout ce qu’il y a de plus vrai. On a donc essayé de lister tous les magazines de skate français depuis le dé-but. Bien sûr, on a dû en oublier et il y en a aussi qu’on a zappé volontairement (genre “stickers-skate”…), mais c’est déjà assez imposant comme ça. Allez maintenant faire un tour sur www.endlesslines.free.fr pour voir les plus vieux de ces magazines en version scannée, c’est vraiment à voir croyez nous. - FD

Skateboard magazine 1977-1978Nombre de parutions : 9Rédacteur en chef : Frank Morvant-DenègreEditions : G. I. P.

Skate France Magazine 1977Rédacteur en chef : Bernard PeronetEditions : Publication ELU-PRESSNombre de parutions : 1Mode de distribution : en kiosque

Skatin’ 1978Nombre de parutions : 3 ?Rédacteur en chef : Gilles GauthierEditions : M.D. Press

Super Skateboard 1978Nombre de parutions : 7 ?

Rédacteur en chef : Serge MalkinEditions : G. I. P.

Skate France Internationnal 1978Nombre de parutions : 9Rédacteur en chef : Bernard LoubatEditions : Publication S.F-PRESSMode de distribution : en kiosque

Skate magazine 1978Nombre de parutions : 8Directrice de publication : Yvette VaissEditions : M. D Press

Skate news 1982Nombre de parutions : 2 ?Rédacteur en chef : Frédéric MichelEditions : la photocopieuse de sa mère !

Spots Secrets Surf/Skate 1982Nombre de parutions : 2 ?Rédacteur en chef : P. DupoueyEditions : la fédé de Surf et skate

Bicross & Skate mag 1988Rédacteur en chef : Pierre Paretéditions LarivièreMode de distribution : en kiosquePériodicité : Mensuel

Wind (hors série Skate) 1989Nombre de parutions : 1Rédacteur en chef : Christian Le BozecEdition : Wind MagazineMode de distribution : en kiosque

CULTUREGÉNÉRALE

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DES MAGAZINES DE SkATE FRANçAISnoWay 1989-1991Rédacteur en chef : Jeff LubranoEditions de l’AquariumNombre de parutions : 16Mode de distribution : en kiosquePériodicité : bimestriel puis mensuel

Skate Only 1989Rédacteur en chef : Frédéric MichelEdition : ETEMode de distribution : en kiosque

AnyWay 1991-1992Rédacteur en chef : Jeff LubranoEditions : Daisy Age Mode de distribution : en kiosquePériodicité : mensuel

B-side 1992-1993Rédacteur en chef : Jeff LubranoEditions : Daisy Age Mode de distribution : en kiosquePériodicité : mensuel

Ride On 1996-2003Rédacteur en chef : Bruno Débauché puis Jérôme kumolkaEdition : Surf SessionMode de distribution : en kiosqueNombre de parutions : ?Périodicité : aléatoire

Sugar depuis 1997Rédacteurs en chef : Benjamin Deberdt (1997-2002), Sébastien Charlot (2002-2008), Charley PascalEdition : RivaNombre de parutions : 114 (03/10)Mode de distribution : en kiosquePériodicité : bimestriel puis mensuel

Tricks 1997-2006Rédacteur en chef : Jonathan ChoquelEdition : Daydream MediaNombre de parutions : 50Mode de distribution : en kiosquePériodicité : + ou - bimestriel

A5 1995-1997Rédacteur en chef : Guillaume Lan-glois puis Benjamin DeberdtEdité et distribué par leurs soins puis V7 (sera transformé en Sugar par la suite)Mode de distribution : en skateshopNombre de parutions : 6Périodicité : aléatoire

Freestyler 1993-2006Rédacteur en chef : Dred FemardEdition : NivéalesNombre de parutions : 79Mode de distribution : en kiosquePériodicité : + ou - bimestrielle

2D 1998-2002Rédacteurs en chef : David Tura-kiewicz/David LanaspaEdition : Focus Boarding AssociationNombre de parutions : 6Mode de distribution : en skateshopPériodicité : aléatoire

Chill 2003-2006Rédacteur en chef : Léo VerhnetEdition : Buzzer PressNombre de parutions : 14 Mode de distribution : en kiosquePériodicité : bimestrielle

Thrasher France depuis 2006Rédacteur en chef : Jérôme kumolkaEdition : Surf SessionNombre de parutions : 27 (03/10)Mode de distribution : en kiosquePériodicité : bimestrielle

Flat 1993-1997Rédacteur en chef : Pascal Michelin/Alexis ZavialoffEdition : SM-Art publishingNombre de parutions : 17Mode de distribution : en skateshop (kiosque sur la fin)Périodicité/Format : aléatoires

Soma depuis 2007Rédacteur en chef : Tura/FreddEdition : Les éditions du GarageNombre de parutions : 16Mode de distribution : en skateshopPériodicité : bimestrielle

Le mag de la fédé a été publié de 1993 à 1996. La publication s’est nommée, successivement : SK8 Infos, Skateboard Fédé-Zine, SlideRédacteur en chef : T. DupinEditions : le CNS

FAnZInES (il y eN a eu deS toNNeS BieN Sûr, maiS ceS quatreS-là SoNt ceux qui, à Notre aviS, SorteNt du lot, et/ou qui SoNt touJourS eN activité) :

simili 1998-2007Rédacteur en chef : Yannick GuinotNombre de parutions : 15Périodicité : aléatoire

FTBX depuis décembre 1988, mort-vivant depuis 2009Rédacteur en chef : Bernard Dabu-ron a.k.a. « Homerbd »Nombre de parutions : 252 plus quelques hors-sériePériodicité : (très) aléatoire

PePPermint depuis 2008Rédactrice en chef : Claire AlleaumeNombre de parutions : 3Périodicité : aléatoire

morceaux depuis 2004 (environ)Rédacteur en chef : Damien DescôtisNombre de parutions : 15 (environ)Périodicité : aléatoire

LE PARAGRAPHE POU-VAnT EVEnTUELLEMEnT SERVIR DE COnCLUSIOnVous aurez remarqué qu’entre 1993 et 1996, époque pré-in-ternet, plus aucun magazine ne traîte du skateboard en France. Flat « mégazine », édité en Suisse et pas facile à trouver en France, traîtait indifféremment de skate et de snowboard. Les acharnés allaient alors étancher leur soif dans les magazines amé-ricains Transworld et Thrasher, ou grâce à 411videomagazine (en VHS). Les années 90 ont aussi été une période faste en fanzines dont un s’appelait « Anus de poulpe », mais dont nous n’avons pas retrouvé la trace.Et à l’heure où nous bouclons ce numéro, la rumeur dit qu’un nouveau magazine nommé Pause et produit par les Editions Riva (Sugar) avec aux commandes un certain Benjamin Deberdt, serait sur le point de voir le jour... - DT

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L E B O U Q U I N E N R E L I E F

L E M E A C U L P A

L E C H I F F R E

On avait quoi, 8 ans ? On découvrait les joies des images en trois dimensions en enfilant les fameuses petites lunettes en cartons aux verres rouge et bleu. Un procédé un peu kitch à l’ère d’« Avatar » mais qui fonctionne toujours aussi bien de par sa simplicité. Bon, ça fait un peu mal au crâne au bout de 5 minutes, mais l’effet est souvent saisissant. Quant à la photo de skate, elle n’avait jusque-là pas exploré cet aspect ludique du traîtement de l’image. C’est désormais chose faite, depuis « Skateboarding 3D », le bouquin de Sebastian Denz, skateur trentenaire et photographe profesionnel. Pour l’avoir assisté sur certaines images du livre, j’ai pu prendre

conscience du travail que représentait ce projet. Chaque photo nécéssitait une bonne heure d’installation (sans compter les repérages de spots) et les réglages de sa chambre grand format (un appareil dont les films font la taille d’une feuille A4) encore une bonne grosse demi-heure. Il fallait ensuite espèrer ne pas se faire virer et éviter les gouttes d’eau... Au passage, chaque déclenchement coûtait environ 15 euros, ajoutant encore plus de pression aux skateurs qui patientaient depuis des heures... Au final, 3 ans de boulot pour un résultat impressionnant, autant de par son format que sa qualité d’impression. - DT

« Skateboarding 3D » de Sebastian Denz (edité par Carhartt) ISBN : 978-3-7913-4191-0

Le nombre de fois où à été visionné la vidéo « Best of Rodney Mullen » sur Youtube, au 11 mars 2010.

Bastien Duverdier, à propos de son texte sur la tournée Doble au Maroc dans le numéro précédent :« J’ai écrit cet article un peu épicé sur notre tour au Maroc simplement dans le but de rigoler et non de blesser qui que ce soit. Je ne me suis pas rendu compte que mes propos pouvaient toucher à ce point les musulmans. J’adresse donc mes sincères excuses à Ali Tamara et à tous les autres Marocains que cela aurait pu blesser. »

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ENVRACL A R E G L E D E T R O I S

Pro, avec 3 gaminsTony Hawk

karl WatsonRicky Oyola

Emo, rap, R’n BBam Margera

Jereme RodgersRyan Sheckler

3 tricks possiblesMelon stalefish

Heelflip BS nosebluntFS tailslide to FS nosegrind

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LA VIDéO QUI FAIT PLAISIR A VOIR

LES LIVRES HORS-SUJET MAIS QUI VALENT LE COUP En tant qu’Européen, New York représente la Ville par excellence. Zoo York et 5Boro, pour ne citer que ces marques, se sont depuis leurs débuts nourries de cette réalité urbaine : les gratte-ciel, les graffitis, le hip hop et compagnie ; vous connaissez New York vous aussi. La mairie de la ville a commandé à Joel Meyerovitz (illustre photographe new-yorkais) une série de photos, quasiment un inventaire, des parcs et espaces verts de la ville. On pourrait penser qu’il s’agit de « green-marketing », mais la rigueur de Meyerovitz et les images qui en résultent nous emmènent ailleurs, vers l’observation de la nature qui semble encore sauvage et pourtant pas si loin des gratte-ciel, des graffitis, du hip hop et compagnie. - BertraNd trichet

« Legacy : The Preservation of Wilderness in new York City Parks » de Joel Meyerowitz (éditions Aperture, 2009)

ISBN : 978-1-59711-122-5

Il y a ceux qui se contentent de filmer du skate, de compiler le tout et de balancer ça sur le net, et il y a ceux qui décident d’aller plus loin. Pacôme Grabrillagues (aidé de son accolyte Quentin Chambry) fait partie de ceux-là. Après avoir remporté le concours vidéo La rue est vers l’image en 2008 et 2009, Pacôme

s’est lancé dans le projet plus ambitieux d’une vidéo indépendante, en DVD, qui devrait déjà être disponible dans les bons skateshops. 27 minutes de skate Rennais entrecoupées de petites animations en image par image (le genre qui prennent des heures et des heures, voire des jours...) ou de petites scènettes insolites, le tout à la sauce Gondry. Niveau skate brut, c’est efficace, et ça a le mérite d’éviter Barcelone... - DT

« Crosswalk », avec Gauthier Chambry, Arthur Barros, Jeremy Jolivet, Benoît Leray, David Salaun, Quentin Chambry, et Hugo Maillard. http://thecrosswalkvideo.blogspot.com

La mode des chemises à carreaux et du style de bûcheron ne vous a certainement pas échappé. Bien que je ne sois pas le spécialiste mode de SOMA, je dirais que ce style vient des Etats de l’Oregon et de Washington aux USA, où les parks en bétons foisonnent et les skaters sont bel et bien des bûcherons. Eirik Johnson a photographié ces régions où l’industrie, basée sur le bois et la pêche des saumons, est sérieusement en déclin, laissant un désastre écologique et des paysages transformés à jamais. Ces photographies nous laissent imaginer la vie là-bas et je ne pense malheureusement pas que le tourisme lié aux ska-te-parks géants en béton suffisent à sauver tout ça. Il restera au moins ces belles images. - BertraNd trichet

« Sawdust Mountain » de Eirik Johnson (éditions Aperture/Henry Art Gallery, 2009)

ISBN : 978-1-59711-091-4

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L E D O C U Q U I V A U T L’ C O U P D ’ O E I L

Je déteste le sommeil ou alors peut-être que cela me répugne tout simplement ? Je sais que je dors mal. Je peux passer des mois sans dormir. Et je finis par réclamer le sommeil ou boire jusqu’à tomber dans un coma suicidaire, mais franchement je pourrais m’en passer. En fait, j’aimerais mieux être conçu pour pouvoir m’en passer.

Debout à 6 h 30 ce matin. La neige tombe doucement depuis le ciel au-dessus de Paris. Je me tiens face à la fenêtre et j’écoute Monk alors que la circulation commence à envahir les boulevards. Je trouve étonnant à quel point tout semble parfait au son de Thelonious… Des voitures qui se précipitent aux feux aux enfants qui se traînent lentement et lourdement jusqu’à l’école. Le garçon qui installe le café, la manière dont il porte les tables, les chaises… Et puis il y a les fumeurs. Regarder par la fenêtre avec Monk en fond musical et espionner un fumeur peut éveiller en chaque homme l’envie de sombrer dans un plaisir si simple, mais dégoûtant. Mais je suppose que c’est justement ce qu’évoque Monk ; c’est ce qui résonne, palpite et persiste en nous. Il est presque huit heures et le soleil n’est pas encore levé. Un pigeon pique sur le boulevard, il va-et-vient au rythme de la cymbale Charleston et je ne peux m’empêcher de me demander comment font les gens… pour dormir… se réveiller. Ce rythme quotidien que Monk a fui est ce qui donne tant de couleur à son monde. Caroline sort doucement du lit. Je lui ai préparé son thé. Il y a trop de choses qui se bousculent dans ma tête et quand elle me demande comment je vais, je m’interroge : « Mais comment ai-je fait pour ne pas perdre la tête pendant tout ce temps ? » Je n’ai pas de secret. C’est grâce aux autres gars que j’ai admiré et

à la manière dont j’ai été témoin de leur incapacité à faire face à la réalité ou de leur capacité à tout dénier, tout simplement… ou à boire jusqu’à céder, voire se suicider. Je regarde tous ces gens en contrebas qui se déplacent si mélodieusement sur Monk. La plupart d’entre eux ne savent même pas pourquoi ils se sont levés… Et voilà que ces pensées hantent mon esprit, ce rythme et toutes ces fenêtres qui m’entourent, la neige qui tombe et la parfaite synchronisation de tout l’ensemble. Je m’imagine rester dans cette pièce pour le restant de ma vie, mais quand Caroline part au travail, cela perd quasiment toute sa chaleur. Quand je la regarde disparaître dans la rue sur le beat jazz-pop de Thelonious Monk… J’ai envie d’être accroché à son bras ! J’ai envie de partir dans n’importe quelle direction avec elle… Mais à la place, j’attends que le soleil se lève et quand ses rayons touchent le bureau, je m’assieds et j’écris jusqu’à ce que la pièce soit à nouveau envahie par l’obscurité.

Je ne sais pas ce que les autres gars ont pensé et je ne doute pas une seule seconde que je ne suis pas comme eux, cependant il n’y a aucune manière de faire ce que je fais sans remettre en question son propre équilibre mental. Le plus horrible c’est quand on trouve une réponse et que l’on sait vraiment que ce qu’on fait, pense, écrit et croit est inexplicable… C’est là qu’on se retrouve à vivre des matins comme celui-ci, à se tenir debout face à la fenêtre à regarder les passants avec le doux bourdonnement de Thelonious Monk pour ne pas réveiller la femme qu’on aime et à qui Dieu a fait don du sommeil. Quand son réveil sonne, on lui apporte son thé, on s’assied sur le bord du lit et on s’émerveille en la regardant. On s’interroge : « Comment a-t-elle bien pu me tomber dans les bras ? » et quand elle nous demande si on va bien, on sourit et on dit oui… parce que c’est le cas.

Paris, le 12 jan. 2010S.H.Bourne

LA CHRONIQUE DE SCOTT BO

URNE Traduction : Aurélia Ruetsch

[email protected]

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Morosité matinale avec Monk

De l’avis général, New York “c’est pas l’Amérique”. Je n’y ai jamais mis les pieds, mais vu d’ici, j’ai l’impression que ça l’est quand même, l’Amérique, avec simplement un bonne dose de folie en moins… ou en plus. Et d’après tous mes potes qui y vont régulièrement, NY c’est comme les tatouages, une fois que t’y as touché, t’as du mal à t’arrêter… Pourtant ça ne m’attire pas plus que ça, pas plus que d’aller faire le zouave à Berlin ou à Londres, mais je dois bien reconnaître que la grosse pomme exerce une certaine fascination sur moi, et j’observe de loin les tribulations des New Yorkais à travers les images qu’on nous renvoie. Parmi ces images, il y a le très bon docummentaire “Deathbowl to downtown” qui raconte en détail la naissance et l’évolution du skate à New York. Issu des courbes des piscines Californiennes, il s’adapte rapidement au béton anguleux de la ville, et, longtemps associé à des groupes de taggers (Zooyork était le nom d’un crew de “graffiti artists” du début des années 80), le skate à NY s’émancipe pour former une communauté qui gardera toujours d’étroits liens avec le hip hop (contrairement à la Californie qui aura longtemps cotoyé le mouvement punk). A l’instar du rap, le skate se différencie rapidement de la côté ouest en donnant naissance à ce qu’on nommera le style “east coast”, plus brut, plus pur, subissant les agressions du climat moins clément du nord-est des Etats-Unis. Images d’archives, témoignages des principaux acteurs, la formule documentaire reste classique mais celui-là prend soin de ne pas tomber dans la glorification ou le sensationnel qui font souvent défaut aux documentaires américains. C’est juste riche, objectif, bien foutu et intéressant. - DT

112 minutes + 1 DVD de bonus. VO uniquement. Par Coan Nichols et Rick Charnoski.

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« Mon Dieu, mon Dieu, délivrez-nous de toutes les religions ! »- Guy Bedos -