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AMÉNAGEONS LE FUTUR ! RÉVISION DU SCHÉMA D’AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT SOLS, DéPôTS MEUBLES ET GéOLOGIE EN PLACE

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AMÉNAGEONS LE FUTUR!

RÉVISION DU SCHÉMA D’AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT

SolS, dépôtS meubleS et géologie en place

SolS, dépôtS meubleS et géologie en place

Ville de gatineau – SerVice de l’urbaniSme et du déVeloppement durable

mai, 2011

PRÉAMBULE

En accord avec les obligations prévues à la Loi sur l’aménagement et

l’urbanisme, la Ville de Gatineau procède à la révision de son schéma

d’aménagement et de développement du territoire. Elle a adopté un

programme de travail prévoyant 4 étapes : l’élaboration du portrait du

territoire et d’un cadre d’analyse préparant à la découverte d’enjeux

de développement, l’établissement des scénarios de développement

et le choix d’un scénario préférentiel, le premier projet de schéma et le

second projet de schéma. Ces étapes se dérouleront jusqu’en 2013;

elles seront suivies du processus d’entrée en vigueur du schéma en

2014. L’exercice de révision du schéma est, par ailleurs, empreint d’une

approche axée sur des préoccupations de développement durable,

selon les intentions que la collectivité gatinoise sera appelée à privilégier

pour le futur et pour le bien des générations à venir.

Afin de favoriser la réflexion lors des consultations publiques prévues

à toutes les étapes d’élaboration de la révision du schéma, le portrait

thématique du territoire est dressé. Le présent document fait partie

d’une série portant sur plusieurs sujets illustrés succinctement, bien

que se voulant suffisamment développés pour enrichir les pistes de

réflexion et jeter les bases d’une participation constructive et essentielle

de la population au déroulement de l’exercice.

1. introduction 6

2. HiStoriQue géologiQue de la région

d’ottaWa-gatineau 8

2.1 La préhistoire en bref 8

2.2 Témoignage de la préhistoire dans notre géologie locale 9

2.3 Notre région aujourd’hui 10

3. Formation et StratiFication du Sol 11

4. leS reSSourceS du SouS-Sol de gatineau 12

4.1 Les substances minérales de surface

12

4.2 Les substances minérales 13

4.3 Le pétrole et le gaz naturel 13

4.4 Les sites géologiques exceptionnels 14

4.5 La soustraction du territoire à la désignation sur carte,

à l’exploration et à l’exploitation minière 14

5. leS contrainteS À l’occupation du Sol

reliéeS au SouS-Sol 15

5.1 Les zones à risque de mouvement de masse 15

5.2 Dommages lors de séismes 16

5.3 La formation d’ocre ferreuse 16

5.4 Sites contaminés 17

6. concluSionS et SuggeStion de piSteS de réFleXion 18

7. bibliograpHie 19

SolS, dépôtS meubleS et géologie en place

réViSion du ScHéma d’aménagement et de déVeloppement

6

En plus de supporter nos pieds, nos routes et nos fondations de bâtiments, le sol et le sous-sol

représentent le témoin de l’histoire géologique de notre région. De cette histoire ont émergé le

relief, le panorama, l’hydrographie, l’intérêt stratégique et économique ainsi que la biosphère

du territoire à l’intérieur duquel nous vivons tous.

Bien que le calendrier géologique leur donne une apparence d’immuabilité, le sol et le sous-sol

constituent des systèmes en constante motion et en évolution qui se déplacent horizontalement

et verticalement. Ces mouvements emmagasinent puis relâchent occasionnellement des

quantités presque incalculables d’énergie; ils doivent demeurer sous constante surveillance

pour la planification municipale et la sécurité civile. Pour cette raison, l’identification des

contraintes naturelles reliées aux sols, notamment les zones à risque élevé de mouvement de

masse, a toujours fait partie du contenu obligatoire d’un schéma d’aménagement.

1. introduction

SolS, dépôtS meubleS et géologie en place

réViSion du ScHéma d’aménagement et de déVeloppement

7

Par ailleurs, même si à Gatineau les mines et carrières sont presque toutes fermées aujourd’hui,

l’exploitation des ressources du sol fait partie de notre héritage patrimonial et industriel et,

encore aujourd’hui, suscite l’intérêt.

Enfin, les années 1990 ont vu s’inscrire un nouveau sujet à l’agenda des sciences de la

terre : les sols contaminés, d’abord introduit par le ministère du Développement durable,

de l’environnement et des parcs (MDDEP) via une politique en 1988 et maintenant devenu

une obligation réglementaire depuis 2003. Gatineau compte près de 350 sites dont l’histoire

ancienne ou future est marquée par la gestion de sites contaminés, incluant des sites qui ont

été réhabilités, des sites qui sont actuellement contaminés et devront faire l’objet d’un plan de

réhabilitation ou, encore, des sites qui, en raison des nouvelles dispositions réglementaires,

devront faire l’objet d’une caractérisation avant tout changement d’usage ou qui doivent

surveiller périodiquement la qualité des eaux souterraines.

La présente section a donc pour but de concilier tous ces objectifs : résumer notre passé

géologique, présenter notre socle rocheux, nos dépôts meubles et nos sols, apprécier

l’avenir de l’exploitation de nos ressources minérales et, enfin, identifier les contraintes au

développement reliées à la condition et l’évolution du sol et du sous-sol.

1 Fait référence aux personnes nées entre 1946 et 1966 au canada.

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réViSion du ScHéma d’aménagement et de déVeloppement

8

Notre région compte dans son sous-sol des unités rocheuses qui sont parmi les plus vieilles

de la planète et compte également des pans entiers d’histoire qui ont disparu, en proie à des

épisodes d’érosion de plusieurs millions d’années.

2.1 la préHiStoire en breFLes indices d’origine géologique et astronomique démontrent que l’âge approximatif de la Terre

est d’environ 4,6 milliards d’années.

Les principaux actes de cette longue histoire sont :

• Le précambrien, qui couvre les premiers 88 % de l’histoire de la planète et qui comprend la formation

de la Terre, la formation de la Lune, la formation d’une croûte terrestre stable (il y a environ 4,04 milliards

d’années), l’apparition des cyanobactéries et de la photosynthèse, la stabilisation du cycle du carbone

et celle de la tectonique des plaques, la formation et la rupture du supercontinent Rodinia;

• Le paléozoïque, qui dure de 542 à 251 millions d’années : comme l’étymologie de son nom

l’indique (« ancienne vie »), cette ère est marquée par l’apparition de nombreuses espèces

animales à coquille dure et des grandes forêts primitives, par le développement des premiers

reptiles sophistiqués et des conifères; un nouveau supercontinent, Pangée, se forme et son

impact sur la superficie côtière et le climat provoque progressivement la plus importante

extinction massive de notre Histoire, ce qui clôt l’ère;

• Le mésozoïque, qui dure de 251 à 65,5 millions d’années : cette ère est marquée par la stabilisation

de nouveaux écosystèmes, par la rupture de Pangée dans les continents que nous connaissons

aujourd’hui, par le règne des dinosaures et l’apparition des mammifères; cette ère est marquée

par une différenciation du climat et une colonisation des terrains plus secs par les conifères; sa fin

correspond à l’extinction des dinosaures, dont les seuls descendants sont aujourd’hui les oiseaux;

• Le Cénozoïque, notre ère géologique actuelle, est marquée par la création du courant marin

circumpolaire antarctique, par un refroidissement climatique global, par la dominance des

mammifères et l’apparition d’homo sapiens; plus récemment, une série d’épisodes glaciaires

a profondément marqué notre région et se fait encore sentir aujourd’hui : même si la dernière

calotte glaciaire s’est retirée depuis 11 000 ans, le continent n’a pas encore complètement

corrigé la déformation causée par son poids.

Comme sous-entendu en introduction, notre sous-sol local ne comporte pas de témoignages

de toutes ces ères géologiques. Certaines périodes d’érosion en ont retiré d’importants

segments. En bref, notre région comprend les vestiges de trois âges distincts et, à certains

endroits, le voisinage entre ces différentes unités peut être observé à l’œil nu.

Notre région est grandement façonnée par la présence d’unités ignées du bouclier canadien.

Notre région abrite aussi la portion la plus occidentale des basses-terres du Saint-Laurent,

composées de nombreuses successions de roches sédimentaires .

2. HiStoriQue géologiQue de la région d’ottaWa-gatineau

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réViSion du ScHéma d’aménagement et de déVeloppement

9

2.2 témoignage de la préHiStoire danS notre géologie localeSuivant la plus récente glaciation et, surtout, l’épisode postglaciaire, une série de dépôts

meubles se sont accumulés, sur lesquels se sont successivement formés nos sols.

Voici brièvement la succession historique de notre géologie locale.

Nos roches les plus anciennes sont des marbres, des

quartzites et des granites qui surplombent avec évidence

le parc de la Gatineau. Lors de la formation de Rodinia,

ces roches ont été compressées, fissurées par du magma

et métamorphisées. Lorsque la compression a cessé, ces

montagnes précambriennes – la province de Grenville

du bouclier canadien – ont commencé à subir une lente

érosion qui se poursuit à ce jour.

Durant la majeure partie de l’ère paléozoïque, notre région

était une plage tropicale puis le fond d’un océan, résultant

en une importante sédimentation et accumulation

fossilifère jusqu’à la fermeture de l’océan lors de l’accrétion

du supercontinent Pangée.

Un événement important marque l’histoire de notre

région durant l’ère mésozoïque : la formation du graben1

d’Ottawa-Bonnechère. Les conséquences de ce graben sont doubles : tout d’abord la dépression

abrite une portion des roches sédimentaires de l’érosion – donnant ainsi les basses terres du

Saint-Laurent – et elle marque notre relief de façon franche avec le bouclier canadien, comme en

témoigne l’escarpement d’Eardley.

1Graben : fossé tectonique d’effondrement entre deux failles normales.

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10

Au cours du dernier 1,6 million d’années (Cénozoïque récent), l’Amérique du Nord a été

recouverte de grandes calottes glaciaires : des inlandsis. La dernière a surplombé notre région

de 20 000 à 11 000 ans avant notre ère. Les glaciers ont sculpté et façonné les unités les plus

dures et en ont érodé plusieurs autres. De plus, le continent enfoncé sous le poids de la glace

s’est vu affecté, suivant le retrait de la calotte, d’une importante invasion marine : la mer de

Champlain (l’eau était salée).

Avec le relèvement isostatique2 du continent, le relèvement du bouclier canadien a chassé la

mer et a d’abord formé le lac Lampsilis (dont les vestiges forment actuellement le lac Saint-

Pierre), puis a progressivement emprisonné les eaux dans le bassin versant du fleuve Saint-

Laurent tel que nous le connaissons. Au plan plus local, cette évolution se démarque par deux

périodes relativement distinctes, soit le fleuve proto-Outaouais (qui a donné aux basses terres

une couverture de dépôts de plage ou d’alluvions3

fluviaux) et la rivière actuelle. Il est à noter que l’érosion

provoquée par l’écoulement fluvio-glaciaire a presque

entièrement érodé toute trace des dépôts glaciaires qui

sous-tendaient les inlandsis : seules quelques traces

de till4 demeurent sur le territoire (il y en a davantage

dans les villes voisines, plus au nord, où le bouclier

canadien offrait un meilleur abri contre l’érosion).

2.3 notre région aujourd’HuiAu plan de la géologie et de la géomorphologie (i. e. la roche et les dépôts meubles non

consolidés), Gatineau représente donc un amalgame de quatre grands éléments :

• de la roche précambrienne du bouclier canadien, qui

souvent est en affleurement ou

couverte par moins de deux mètres de dépôts;

• des strates de roches sédimentaires encaissées dans

un graben; elles aussi affleurent

par endroits;

• des argiles marines (appelées LEDA en anglais) sur

toute la superficie occupée par la mer de Champlain qui

fut soulevée au-dessus du fleuve proto-Outaouais;

• des alluvions de plage ou d’écoulement fluvial dans

les basses terres qui comptent pour la très grande

majorité de notre bassin d’urbanisation.

Une carte géomorphologique du territoire de Gatineau est reproduite en annexe 1.

2 Relèvement isostatique : mouvement vertical d’une croûte continentale pour compenser un changement de masse (l’équilibre isostatique n’est pas encore complètement atteint en Amérique du Nord).

3Alluvions : dépôts et débris plus ou moins gros (sable, vase, gravier, etc.) transportés par l’eau courante.

4 Till : accumulation de débris de roches entraînés puis abandonnés

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réViSion du ScHéma d’aménagement et de déVeloppement

11

Les sols qui surplombent les unités minérales décrites précédemment ne sont pas qu’un simple

héritage de processus structuraux ou sédimentaires, mais bien un ensemble de processus

physiques, chimiques et biologiques en constante évolution. En fait, on peut définir un sol comme

étant une couche superficielle, meuble, de la croûte terrestre, issue de l’érosion de la roche sous-

jacente, enrichie par de l’activité organique et modifiée par l’infiltration d’eau. Techniquement, un

sol s’étend en profondeur jusqu’au niveau où la roche demeure consolidée.

Pour en différencier les différents processus, un sol est divisé en quatre différents horizons (qui

ne sont pas toujours présents) :

• Horizon organique (O) : accumulation des débris végétaux à la surface du sol

(communément appelé humus);

• Horizon A : mélange de matière organique et inorganique, soit par illuviation7 ,

soit par le brassage mécanique des animaux vivant dans le sol (vers, insectes);

• Horizon B : strate inorganique enrichie par illuviation7 et où la dégradation de la

roche mère est complète;

• Horizon C : la dégradation de la roche mère y est incomplète et la matière

inorganique en garde plusieurs caractéristiques.

3. Formation et StratiFication du Sol

5 Illuviation : accumulation, dans une couche de sol, de substances déposées par l’infiltration des eaux.

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réViSion du ScHéma d’aménagement et de déVeloppement

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4. leS reSSourceS du SouS-Sol de gatineau

L’Histoire du Québec a été marquée par l’exploitation de ses ressources minérales et la région ne fait pas

exception. Le grès qui façonne les murs du Parlement et ceux du Musée canadien de la nature provient de

carrières de la région et les autres unités sédimentaires de moins grande valeur ont été concassées pour

produire la chaux nécessaire à la production de ciment. Dans les filons minéraux du bouclier canadien,

qui ont été exploités du milieu de XIXe siècle au milieu du XXe siècle, des entreprises minières ont extrait

des métaux, tels le plomb, le fer, le molybdène, le zinc et l’argent, ainsi que des minéraux industriels, tels

le feldspath, l’apatite, le mica, le graphite, le quartz et la brucite.

Aujourd’hui, l’exploration, l’extraction et le raffinage des ressources minérales sont encadrés par la Loi

sur les mines du Québec. La présente section sera donc scindée selon les mêmes cadres de gestion

que la Loi, soit les substances minérales de surface, les substances minérales, les hydrocarbures, les

sites géologiques exceptionnels et la soustraction du territoire au régime d’exploration et d’exploitation

minière.

4.1 leS SubStanceS minéraleS de SurFaceLa Loi sur les mines distingue les substances minérales de surface parce que l’État en abandonne

les droits au profit du propriétaire du sol (il en est de même pour l’eau souterraine et la couche

arable). Ces substances comprennent la tourbe, les ressources des roches sédimentaires et celles

des dépôts meubles (p. ex. : sables et graviers). Gatineau n’a jamais compté de grandes tourbières

(alors que, dans la région d’Ottawa, celles d’Alfred sont encore exploitées et celles de la Mer Bleue

sont conservées au niveau international), mais, par contre, elle a supporté plusieurs carrières et

sablières, dont quatre demeurent en exploitation à ce jour.

Les sites, actuels et anciens, représentent un défi bien à eux : la cicatrice que l’exploitation laisse

sur le sol. Historiquement, l’orientation gouvernementale fut d’utiliser toute carrière ou sablière

de plus 3 mètres de profondeur pour établir des dépôts de matériaux secs, mais l’activité a fait

l’objet d’un moratoire en décembre 1995 et est maintenant interdite depuis le 19 janvier 2006. Tout

réaménagement – ou aussi tout abandon – de ces sites demandera donc à la fois de la créativité,

pour implanter un nouvel usage qui peut composer ou s’harmoniser avec la dépression dans le sol

et des parois quasi-verticales, et un souci constant du maintien de la sécurité. De fait, il faut aussi

rappeler que la plupart des excavations de carrière sont inondées par des résurgences après leur

fermeture et que, aussi tentant que puisse être le lac d’une carrière, ce n’est pas un lieu de baignade

adéquat ou sécuritaire.

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4.2 leS SubStanceS minéraleSPar opposition aux substances de surface, l’État garde tous ses droits sur les substances minérales

qui occupent notre sous-sol.

La dernière mine qui aurait opéré à Gatineau serait celle de l’Ottawa Silica and Sandstone Company

qui exploitait le grès quartzeux à côté du lac de la mine – maintenant connu sous le nom de lac

Beauchamp – pour produire du quartz. Les opérations ont cessé à la fin de la deuxième guerre

mondiale lorsque l’opération a cessé d’être rentable.

Aujourd’hui, quiconque désire inscrire un droit minier de prospection sur le territoire de Gatineau

doit formuler une demande de désignation sur carte. Le cadre légal fait en sorte que les villes sont

consultées si la demande se situe à l’intérieur du périmètre d’urbanisation mais, en bout de piste,

c’est le Ministre provincial qui octroie ou non le claim, d’une durée de deux ans.

4.3 le pétrole et le gaz naturelSi on retourne examiner la stratigraphie de notre faciès rocheux, à la page 2, force est de constater

qu’aucune unité du Dévonien ou du Carbonifère ne subsiste dans notre sous-sol, ce qui, à toutes fins

pratiques, élimine tout espoir de trouver des gisements conventionnels d’hydrocarbures ou de charbon.

Cependant, le Canada est un pays fort riche en gisements non conventionnels d’hydrocarbures,

notamment des sables bitumineux et des gaz de schiste8. La question devient donc de savoir si la

région pourrait abriter une telle réserve.

Un sable bitumineux est, comme son nom l’indique, un dépôt meuble qui est un mélange de

sable, d’argile, d’eau et de bitumen, une forme d’hydrocarbures condensés très visqueuse.

Plusieurs unités sont recensées de par le monde et l’utilisation du Bitumen par la civilisation

humaine remonte aussi loin que le Néandertal.

Les plus importantes réserves de sable bitumineux au monde sont au Canada (formations

d’Arthabaska, de Peace River, de Cold Lake et des iles Melville) et au Venezuela. Les formations

géologiques qui les recèlent sont toutes relativement récentes, dans l’ère Cénozoïque (juste avant

les grandes glaciations).

Le gaz naturel a, lui aussi, son réservoir géologique non conventionnel. Certaines formations

de schiste6 peuvent avoir un contenu organique assez élevé (0,5 % à 25 %) selon l’origine

de leurs sédiments (p. ex. des plantes ou algues enfouies avec le silt). À faible profondeur,

l’activité bactérienne peut faire fermenter cette matière en un méthane biosynthétique. À plus

forte profondeur, la chaleur présente lors de la genèse de la roche peut aussi produire de petits

hydrocarbures, surtout le méthane et l’éthane thermogéniques. Contrairement aux réservoirs

traditionnels, où les hydrocarbures flottent par-dessus l’eau dans une formation perméable, les

gaz de schistes restent en place où ils sont, en raison de la perméabilité trop faible du médium

rocheux.

Deux formations de schistes (Italie): la schistosité donne à la roche l’apparence de minces feuillets.

Un affleurement de sable bitumineux exposé dans une carrière de Trinidad et Tobago (formation L’Enfer, datant du Pliocène)

6Schiste : roche sédimentaire ou métamorphique terrigène fissile (qui se fractionne en minces couches) dont les particules sont principalement composées de silt et d’argile; lorsque sa genèse est uniquement sédimentaire, les géologues canadiens préfèrent utiliser le terme « shale ».

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La nature fissile des schistes permet cependant d’induire un nombre de failles avec de l’eau

sous pression – la fracturation hydraulique – pour en accroître la perméabilité au gaz.

Il devient donc possible de faire la prospection des formations schisteuses qui ont un potentiel

économique :

• elles se fractureront tout en résistant à la pression induite lors de la fracturation, ce qui

requiert un haut taux de silice;

• elles contiennent un réservoir gazier avec une pression élevée (les gaz peuvent être « dilués »

à l’intérieur d’un grand volume de roche) – les formations les plus prometteuses sont dites

en « surpression »;

• le gaz sera relativement dépourvu d’impuretés (les gaz thermogéniques peuvent contenir

du CO2 qui doit être extrait).

Les principales zones de gaz de schiste au Canada, selon le rapport thématique de l’Office

national de l’énergie, sont les bassins de Horn River et de Montney (Colombie-Britannique), le

groupe du Colorado (Alberta et Saskatchewan) et les formations d’Utica (Québec) et de Horton

Bluff (Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse).

La seule formation québécoise qui tient son nom de la ville d’Utica, dans l’État de New-York,

n’est présente qu’au sud du fleuve Saint-Laurent. Aucun effort d’exploration ou puits de forage

n’est à entrevoir à Gatineau.

4.5 la SouStraction du territoire À la déSignation Sur carte, À l’eXploration et À l’eXploitation minièreSous le cadre légal actuel, la Ville de Gatineau peut, via son schéma d’aménagement, invoquer

l’article 30 de la Loi sur les mines et ainsi demander que le Gouvernement du Québec entérine

une soustraction d’une partie de son territoire du régime légal minier, autant pour l’exploration

que pour le permis d’exploitation qui pourrait s’ensuivre. Cette opportunité, qui existe depuis

au moins 1987, n’a jamais été exploitée auparavant, mais pourrait être envisagée dans le

prochain schéma d’aménagement

Le shale d’Utica, fissuré horizontalement (diaclase), dans la région de Fort Plain (NY).

4.4 leS SiteS géologiQueS eXceptionnelSLe Ministre, selon la Loi sur les Mines, peut désigner un site géologique exceptionnel… l’équivalent

minéral d’une zone de conservation naturelle. Aucun site du genre n’est désigné à Gatineau. mais

cela ne veut pas dire que notre région est dépourvue de géologie intéressante. Un éventuel circuit

d’interprétation géologique pourrait mettre en valeur les sites suivants :

Tableau 3 – Sites d’intérêt pour l’interprétation géologique

Site Propriétaire Particularité géologique

Parc du Lac-Beauchamp, à côté du chemin d’accès au pavillon (741, boul. Maloney Est)

Ville de Gatineau Faille de discordance entre les formations du bouclier canadien et des basses-terres du Saint-Laurent

Rive de l’Outaouais à l’est du pont Champlain (0, boul. Lucerne)

CCN Colonie de stromatolithes7

Boulevard des Allumettières, au sud et près de la sortie de l’autoroute 50

Ville de Gatineau Marmite8

7Stromatolithes : calcaire laminé formé en eau peu profonde par des colonies bactériennes où dominent les cyanobactéries.

8Marmite : dépression cylindrique dans une formation rocheuse causée par l’érosion d’un courant d’eau tumultueux ou en tourbillons.

SolS, dépôtS meubleS et géologie en place

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Cette section va décrire la problématique reliée à quatre contraintes : le risque de glissement de

terrain, la déformation lors de tremblement de terre, la formation bactériologique d’ocre ferreuse

et les sites contaminés ou potentiellement contaminés.

5.1 leS zoneS À riSQue de mouVement de maSSeAu sens géologique, on peut différencier deux mécaniques de mouvements gravitaires de masses de sol :

• Le glissement de terrain, où le terrain qui glisse garde sa consistance et sa toponymie;

• La coulée argileuse, où l’argile se liquéfie par excès d’eau – ce phénomène est

particulièrement menaçant dans nos argiles marines.

La base des connaissances géotechniques et des paramètres nécessaires (i. e. pente, résistance

au cisaillement, teneur en eau, etc.) pour évaluer un risque de décrochement ou une liquéfaction

est connue depuis longtemps et a fait l’objet de premières études dédiées dans la région dès les

années 1980. Des cartes de risques de mouvement de masse ont été décrétées aux schémas

d’aménagement antérieurs.

Un mot sur la liquéfaction des argiles marines. Comme ces argiles se sont formées

en milieu salin, elles ont une capacité de rétention d’eau extrêmement élevée mais,

avec le lessivage progressif du sel, leur structure est devenue plus lâche, un peu

comme une gelée.

Si cette argile est perturbée par une charge accrue en eau ou une vibration (qui

peut provenir d’un séisme ou de simples travaux d’excavation, par exemple), elle

peut se liquéfier. Le danger de ce type de glissement de terrain réside dans le fait

qu’aucune stabilisation de pente ne se produit : il devient donc très difficile de

prédire jusqu’où la liquéfaction aura lieu.

On a recensé les traces de pas moins de 250 glissements de terrain, petits ou grands, récents ou

anciens, dans un rayon de 60 km autour d’Ottawa. Certains de ces événements comptent parmi

les désastres naturels les plus meurtriers de notre histoire, notamment celui de Notre-Dame-de-

la-Salette, en 1908, qui a fait 33 morts.

La prévention contre la liquéfaction des argiles est, sans conteste, un mandat de premier plan de

la planification durable dans notre région.

5. leS contrainteS À l’occupation du Sol reliéeS au SouS-Sol

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5.2 dommageS lorS de SéiSmeSEn raison de l’activité dans la zone séismique de l’ouest du Québec et de l’importance de

sa population, la région d’Ottawa-Gatineau représente le troisième plus grand risque de

blessures ou de mortalité découlant d’un tremblement de terre au Canada (après Vancouver

et Montréal).

S’il est vrai que, pour la communication générale, l’échelle de Richter est suffisante pour

décrire la magnitude d’un tremblement de terre, pour un ingénieur ou un séismologue, la réalité

est autrement plus complexe : un tremblement génère un train d’ondes où l’amplitude, la

période, la durée et la vitesse de propagation sont toutes variables. Ce train d’ondes cumule

des ondes primaires p et s (qui traversent le manteau terrestre) et des ondes secondaires de

Love et de Raleigh (qui voyagent via la surface terrestre).

Pour s’assurer de la résistance d’un bâtiment à un tremblement de terre, le Code national du

bâtiment (CNB), qui est le pilier de notre règlement de construction, fournit des exigences

normatives de résistance à certaines accélérations spectrales.

À cette fin, l’édition 2005 du CNB se base sur une statistique nommée Vs30, qui représente

la vitesse de l’onde de cisaillement s à une profondeur de 30 mètres dans le sol. Le Code

définit des classes de comportement de sol, classées A à F, pour les fins de prévention dans

le design des fondations. Les sols de type E, qui représentent des faciès d’argile marine,

sont ceux qui requièrent le plus de précaution.

5.3 la Formation d’ocre FerreuSeEn milieu agricole, la formation d’ocre ferreuse est connue depuis environ 25 ans – des dépôts

ferrugineux colmataient des drains agricoles. Depuis environ 2006-2007, le problème semble

cependant se manifester également en milieu résidentiel.

L’ocre ferreuse est un dépôt d’hydroxyde de fer. Sa source peut être chimique (l’oxydation

de fer ferreux réduit dans le sol en présence d’air) ou microbiologique (résultat de l’action de

ferrobactéries). Son impact sur les propriétés résidentielles peut être considérable car elle

peut obstruer les pompes des drains français ou en colmater les canalisations. De plus, si la

source est microbiologique, le phénomène sera permanent – il n’est pas possible d’extraire le

fer du sol et d’enlever l’eau et l’air à 100 %.

Les dépôts meubles sableux avec une quantité de silt (et particulièrement les sables silteux)

semblent propices à la formation parce que, avant la construction, l’environnement souterrain

est étanche et le fer est réduit : du fer ferreux dissout dans l’eau et dans le sol. Dès l’excavation

pour la fondation, l’air accède au médium et le milieu réducteur devient oxydant : le fer ferreux

devient ferrique (rouille) et sa solubilité chute significativement.

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5.4 SiteS contaminéSC’est le Ministère du développement durable, de l’environnement et des parcs (MDDEP) qui

est responsable de la Politique de protection des sols et de réhabilitation des terrains contami-

nés. Cette dernière fournit l’encadrement nécessaire pour préserver l’intégrité des sols et de

l’eau souterraine. Elle établit les priorités d’intervention et offre différents moyens pour évaluer

et gérer la contamination d’un terrain. En plus d’utiliser des critères spécifiques, elle encadre

l’évaluation et la réhabilitation par analyse et gestion des risques. Toute évaluation de risque

doit être réalisée conformément aux Lignes directrices pour la réalisation des évaluations de

risque toxicologique à la santé humaine, rédigées en collaboration avec le ministère de la

Santé et des Services sociaux, et à la Procédure d’évaluation du risque écotoxicologique,

élaborée par le Centre d’expertise en analyse environnemental du Québec.

Le projet de loi 72 (Loi modifiant la Loi sur la qualité de l’environnement et d’autres dispositions

législatives relativement à la protection et à la réhabilitation des terrains), adopté en mai 2002,

est entré en vigueur le 1er mars 2003. Ce projet de loi a pour objet l’établissement de nouvelles

règles visant la protection des terrains ainsi que leur réhabilitation en cas de contamination.

Elle permet l’application des grandes orientations de la Politique de protection des sols et de

réhabilitation des terrains contaminés.

Le Règlement sur la protection et la réhabilitation des terrains fixe les valeurs limites pour une

gamme de contaminants et détermine les catégories d’activités industrielles visées. Il établit,

pour certaines d’entre elles, les conditions dans lesquelles un contrôle de la qualité des eaux

souterraines à l’aval hydraulique des terrains est nécessaire. Le Règlement sur l’enfouisse-

ment des sols contaminés encadre l’aménagement, l’exploitation, la fermeture et le suivi post-

fermeture des lieux d’enfouissement de sols contaminés. Enfin, le Règlement sur l’évaluation

et l’examen des impacts sur l’environnement précise les cas où les sites d’enfouissement et

les procédés de traitement doivent faire l’objet d’une évaluation environnementale

Sous forme de répertoire, le Ministère compile des renseignements généraux et techniques sur

des terrains contaminés par des activités industrielles et commerciales ou par des déverse-

ments accidentels. Non exhaustive, la liste répertorie les cas portés à l’attention du ministère

du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs. En plus de ces renseignements,

le Ministère compile de l’information sur des lieux qui sont caractérisés par la présence, sur le

terrain, de dépotoirs de résidus industriels, d’anciens dépotoirs municipaux, de dépôts de ré-

sidus de pâtes et papiers, d’aires d’accumulation de résidus miniers, de lieux d’enfouissement

ou de cellules de confinement de résidus de sols contaminés.

La Ville de Gatineau doit quant à elle tenir un registre des sites contaminés, dont l’information

lui parvient du MDDEP.

SolS, dépôtS meubleS et géologie en place

réViSion du ScHéma d’aménagement et de déVeloppement

18

Le sol et le sous-sol de Gatineau représentent un support physique, un réservoir de ressources,

une opportunité éducative et une source de contraintes de premier plan. Ce n’est pas un sujet

où les actions à prendre sont toujours laissées à l’entière discrétion de la Ville, mais un certain

nombre d’initiatives peuvent être soumises à la population pour fins de réflexion :

Question 1 : Comment le schéma d’aménagement devrait-il encadrer les zones d’extractions ?

Question 2 : Est-ce que Gatineau doit tenter de soustraire une partie de son territoire de la

désignation sur carte, l’exploration et l’exploitation minière et, dans l’affirmative, quelle portion

du territoire?

Question 3 : Est-ce que Gatineau devrait établir et entretenir un circuit d’interprétation géologique

sur son territoire?

Question 4 : Est-ce que Gatineau devrait tenir davantage compte des risques associés aux

particularités du sous-sol gatinois, comme ceux reliés aux tremblements de terre et à la présence

d’ocre ferreuse ?

Question 5 : Est-ce que Gatineau devrait se doter d’un plan d’action visant la réhabilitation de

terrains contaminés stratégiques pour le développement ?

6. concluSion et piSteS de réFleXion

adamS, j. et S. HalcHuK. Fourth generation seismic hazard maps of canada: Values for over 650 canadian localities intended for the 2005

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7. bibliograpHie

AMÉNAGEONS LE FUTURUU !

RÉVISION DU SCHÉMA D’AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE