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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes © Michel Pelé – HistogenDol – 1980-2005 1 Michel Pelé Combourg 1980 – Rennes 2005

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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes

© Michel Pelé – HistogenDol – 1980-2005 1

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Michel Pelé Combourg 1980 – Rennes 2005

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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes

© Michel Pelé – HistogenDol – 1980-2005 2

Ce travail fut réalisé au cours de l’été 1980 pour être publié dans le Rouget de Dol, revue de l’Association François Duine.

Cette publication ne put se réaliser. Nous avons revu ce texte, complété et remanié en 2005.

Michel Pelé, Rennes, Noël 2005 © HistogenDol – 1980 – 2005

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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes

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�$�%%�&��'#����(��Séminaire et Eudistes de l'Abbaye près Dol 1

Les succès obtenus parle P. Eudes2, fondateur de cette Congrégation dans une mission qu'il donna à Rennes en 1669, déterminèrent l'évêque de cette ville à confier aux Eudistes le séminaire qu'il établit à cette époque. Ils eurent plus tard le petit séminaire de la même ville et celui de Dol en 1701. M. Sévoy, directeur du séminaire de Rennes, et auteur des Devoirs ecclésiastiques, mort le il juin 1765, et M. Beurrier, prédicateur distingué dont on a publié les conférences, membres distingués de la Congrégation des Eudistes, étaient nés en Bretagne. Cette pieuse société s'est réformée à Rennes par le zèle d'un ecclésiastique dont Dieu bénit les efforts, mais que sa modestie nous défend de nommer.

Abbé Tresvaux3

Les bâtiments du séminaire, début du 20 ème siècle (coll. personnelle)

En 1782, il y avait au grand séminaire neuf prêtres Eudistes, lorsque éclata la Révolution,

ils n’étaient plus que cinq, compris le père supérieur, Monsieur de Launay, les quatre autres étant : Jacques Jean Gilles David, Martin Jean François Guillaume Colas, Pierre Julien Levrel et Jean Vincent Marie, ce dernier maître de chœur. Avec eux vivaient également quatre frères domestiques.

Histoire Mgr Charles d'Espinay4, ayant assisté au Concile de Trente en 1563, résolut d'en mettre à

exécution les prescriptions relatives à l'éducation des Clercs et, en 1585, ayant le dessein

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d'établir un Grand séminaire dans sa ville épiscopale, il entretient son chapitre du dessein qu’il formait d’établir un séminaire dans sa ville épiscopale. Il choisit le chantre Thomas Faverel5, l'Archidiacre Guillaume Le Corvoisier6 et le Chanoine Raoul Guiller7, docteur en théologie, de s'occuper avec lui de cette importante affaire. Mais des obstacles s'opposèrent alors à la réalisation de ce projet.

Son troisième successeur Mgr Hector d'Ouvrier8, qui assista en 1643 à l’assemblée du Clergé de France, où l’on s’occupa de la question des séminaires reprit ce projet avec ardeur. Il acheta même à Dol un immeuble dans ce but. Mais ayant été transféré sur le siège de Nîmes en 1655, ce projet se trouva ajourné.

Ses successeurs ne donnèrent pas suite jugeant qu’il n’y avait pas assez de fonds assurés et que la situation du diocèse avec ses enclaves fort éloignées les unes des autres étaient un obstacle à la réunion des clercs en une même maison. Ils se contentèrent d’envoyer leurs ordinands dans les séminaires voisins de Saint-Méen et Rennes.

C’est ce qu’ordonna en particulier Mgr Mathieu Thoreau9 dans les statuts qu’il publia en 1662.

La réussite de l'entreprise était réservée à Mgr Jean-François de Chamillard10. Dès 1693, il prit la résolution d’établir un séminaire pour ses clercs et d’y joindre un cours de philosophie pour les écoliers. Il lui fallait se procurer un lieu commode et un revenu suffisant pour subvenir à l’entretien de cette maison, sans surcharger le diocèse. Il crut trouver l’un et l’autre dans le prieuré de l’Abbaye-sous-Dol. Aussi s’attacha t’il activement de négocier l’extinction du titre du prieuré, et l’union de ses revenus au séminaire qu’il projetait d’établir. Par suite d'adroites combinaisons il put se procurer ce lieu.

Ce prieuré de Notre-Dame de Dol avait été fondé en 1068 par Jean de Dol, fils de Rivallon, chef de la Maison de Dol et de Combourg. De concert avec son frère Gilduin, chanoine de Dol, il avait donné à un autre de ses frères Guillaume, abbé de Saint-Florent de Saumur, la terre de Mezvoit11,située aux portes de Carfantin, avec l'intention de fonder un prieuré du même Ordre12.

Bien plus tard, en raison du relâchement spirituel, et des frais importants à engager pour rénover les édifices..., les bénédictins de Saumur cèdent l'abbaye à l'évêque de Dol.

A la faveur de son nom, et grâce à sa patience, l'évêque était frère du ministre du Roi, Mgr Chamillard acquit à l'évêché le terrain et les bâtiments pour la fondation d'un séminaire, et c'est ainsi qu'il commença à créer des difficultés aux Bénédictins de Saint-Florent qui occupaient l'Abbaye de Dol. En 1697, Il demande la cession de l'Abbaye pour y établir son Grand séminaire. M. de Fourcy13, dernier prieur commendataire, acquiesça au désir de l'Evêque, à certaines conditions, consenties par le Prieur général du Monastère de Saumur. On dépensa 10,000 livres pour orner l'église et approprier les lieux. Il convertit le prieuré en grand séminaire. Il obtint donc par ses relations, la réunion des revenus de l'Abbaye ou Prieuré de Dol au Grand séminaire qui y était établi.

Louis XIV par Lettres patentes à Mgr de Chamillard du mois de mai 1698 approuva cette réunion moyennant une redevance aux Moines. Il supprima le titre prioral et approuva le décret épiscopal d’union qui consistait à réunir les revenus de l’abbaye et du grand séminaire. Le supérieur du séminaire serait en même temps curé de la paroisse de l’Abbaye. Dès lors l'église est dédiée à Notre-Dame.

Toutes ces choses définitivement réglées, l'Evêque songea à confier la direction de son séminaire aux Pères Jésuites. Il espérait que ces religieux fonderaient un collège pour le bien de la ville et y enseigneraient les belles-lettres et la philosophie. Le P. Baudrand14, bien connu par ses ouvrages de piété, fit en conséquence le voyage de Dol, pour se rendre compte de la situation. Mais, après examen de la situation, à peine eut-il constaté le triste état de l'ancien monastère, qu'il déclina les offres du prélat, déclarant que ses supérieurs n'accepteraient

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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes

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jamais de fonder là un séminaire, vu le triste état de l'ancien monastère, et les revenus si insuffisants pour l'entretenir.

Ce refus auquel il était loin de s'attendre, fit craindre à l'évêque que d'autres communautés ne se montrassent aussi difficiles. Il résolut donc d'essayer lui-même l'installation du séminaire, en mettant à la tête quelques prêtres séculiers dont le changement pût être sans conséquence.

Mgr de Chamillard résolut d'en confier la direction et l'installation à quelques prêtres séculiers. On lui indiqua comme très apte à ce but M. Adrien de Saint-Aubin, qui, nous l'avons vu précédemment, avait déjà organisé le petit séminaire de Rennes, et venait de se retirer aux Missions étrangères de Paris. Encouragé par M. Brisacier, son nouveau supérieur M. de Saint-Aubin se rendit aux désirs de l'évêque de Dol et se disposa à prendre la direction de son séminaire.

Il commença par s'assurer le concours de plusieurs bons sujets qui pussent le seconder dans cette entreprise, et avant tout il fit appel à M. de Lourmel15, son ancien confrère de Rennes, auquel il confia la préfecture et la direction des Ordinands. Ses autres associés furent M. Porée qu'il chargea de l'économat, et M. Lejeune qu'il nomma professeur de théologie. Pour lui il eut le titre de Supérieur, et il fut chargé par le prélat de la cure de l'Abbaye.

M. de Saint-Aubin commença, dès le début de l'année 1699, à recevoir quelques Ordinands. Mais il fallut pour cela approprier la maison aux usages d'un séminaire, et orner l'église qui en avait le plus grand besoin. Ces arrangements ne se firent pas sans de grandes dépenses, et le Supérieur dut grever le séminaire d'une dette de 10.000 livres, qui ne purent être difficilement remboursées que de longues années après.

Les débuts satisfirent l'évêque, mais ne contentèrent pas pleinement les directeurs, et principalement M. de Saint-Aubin, qui, ayant eu quelques difficultés avec ses associés, craignit pour l'avenir de l'oeuvre. Aussi dès la seconde année, à la suite de difficultés, M. de Saint-Aubin sollicita le prélat d'accepter sa démission et de lui substituer une Congrégation religieuse. Il se réserva les fonctions et les revenus de curé.

C’est alors que Mgr l’évêque de Dol appela les Eudistes de la nouvelle Congrégation, fondée par le normand Eudes, qui se chargèrent d'apprendre aux clercs la philosophie et la théologie, de leur donner la formation cléricale, et d'assurer le service de la paroisse. Leur supérieur général prit possession le 31 octobre 1701 et ouvrit le séminaire en août 1702. Le roi confirma cet établissement par " Lettres royales de confirmation ", pièce datée de Versailles août 1702.

Armorial des évêques de Dol artisans de cette fondation

Charles d’Espinay Hector d’Ouvrier Mathieu Thoreau J. F. de Chamillard

Entrée des Eudistes

L'évêque ne se pressait pas de se rendre aux vœux de M. de Saint-Aubin. Mais en 1701, le bruit se répandit que Mgr de Chamillard allait quitter le diocèse de Dol pour se rapprocher de Paris. Ce fut un motif pour le Supérieur de redoubler ses instances. Il fit comprendre au prélat

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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes

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le peu de solidité qu'aurait son séminaire tant que ses directeurs seraient des sujets hétérogènes, n'ayant entre eux d'autres liens que ceux du hasard ou de la sympathie d'humeur ; la difficulté de recruter ce personnel nécessairement mobile, le défaut d'entente et de soumission parfaite, enfin les dépenses plus considérables: inconvénients que l'on évite quand on confie le séminaire à une communauté ecclésiastique qui peut se soutenir par elle-même, et dont les membres sont façonnés de bonne heure à l'obéissance et à la subordination.

Il ajouta « qu'il ne connaissait pas de communauté plus propre à se charger de la conduite du séminaire de Dol, que la Congrégation des Eudistes dont la foi et la doctrine avaient toujours été très pures, et il engageait Sa Grandeur à s'informer de la manière dont ils gouvernaient le séminaire de Rennes, et celui d'Avranches où ils étaient depuis 1693. »

Ces raisons firent impression sur l'esprit de Mgr de Chamillard. Lors du refus des Jésuites, il avait songé à confier son séminaire aux Lazaristes qui dirigeaient, pour le diocèse de Saint-Malo, le grand séminaire de Saint-Méen et le séminaire des pauvres clercs situé à Saint-Servan. Bien que prévenu en leur faveur, il voulut d'abord suivre le conseil de M. de Saint-Aubin et consulter les évêques de Rennes et d'Avranches. Tous les deux lui firent le plus bel éloge des Eudistes, et le célèbre Mgr Huet, après lui avoir dit combien il était content de la formation qu'ils donnaient à ses clercs, ajoutait ces paroles remarquables : « Vous pourrez peut-être trouver des Congrégations qui brillent davantage par l'éclat de la science ou de la renommée ; mais je n'en connais pas où il y ait plus de vraie piété, et dont les membres soient plus étroitement, unis par les liens de la charité fraternelle. »

Ces réponses décidèrent le prélat à écrire à M. Blouet de Camilly17, Supérieur général des Eudistes, et il le fit en ces termes, le 22 septembre 1701 :

« La considération que depuis longtemps j'ai pour vous, Monsieur, m'engage à vous en donner une marque très essentielle. Il s'agirait de vous confier la chose que j'ai le plus à cœur, qui est mon séminaire. Quoique j'y eusse établi de très bons prêtres, cela est trop sujet aux différents changements. C'est ce qui m'engage à prendre un autre parti, et même de concert avec eux. Si vous pouvez vous donner la peine de venir ici, nous conférerons de tout ensemble. Il faudrait que ce fût au plus tôt. »

De leur côté MM. de Saint-Aubin et de Lourmel craignant de voir l'évêque partir d'un moment à l'autre, écrivirent à l'ancien Supérieur du grand séminaire de Rennes, M. Esnouf18, qui était toujours vicaire général de Mgr de Lavardin, pour qu'il hâtât l'arrivée de M. Blouet.

Ainsi pressé de tous côtés, celui-ci partit de Coutances dès le mois d'octobre, et vint à Rennes pour conférer de la question avec M. Esnouf; puis l'un et l'autre se rendirent à Dol, avec M. de Mauny19 qui était alors Supérieur du grand séminaire de Rennes.

Ils n'eurent pas de peine à s'entendre avec l'évêque sur les conditions du contrat. Ils se chargèrent de rembourser les capitaux empruntés par M. de Saint-Aubin pour l'organisation de la maison, ainsi que de la somme de 2.453 livres qui était due à lui et à ses compagnons par le séminaire.

Il fut convenu aussi que M. de Saint-Aubin garderait la cure du prieuré avec l'administration de la paroisse, et qu'il jouirait de ses revenus tout le temps qu'il le jugerait bon. Il n'y resta que trois années, au bout desquelles il fut transféré à Meillac. C'est là qu'il mourut en 1712. La dernière année de sa supériorité, 1700, il avait, avec l'approbation de l'évêque, érigé une pieuse association pour les prêtres du clergé de Dol, où chacun des membres s'engageait à célébrer une messe à la mort des confrères.

En quittant le séminaire, M. de Lourmel fut nommé curé du Crucifix, paroisse qui se desservait dans la cathédrale ; puis il devint chanoine de Dol en 1718, et mourut le 5 janvier 1732. Il resta toujours, comme M. de Saint-Aubin, très attaché aux Eudistes et leur rendit tous les services en son pouvoir.

C'est le 20 octobre, jour où les Eudistes célèbrent la fête du Sacré Cœur de Jésus, que Mgr de Chamillard vint au prieuré pour y signer le traité de donation de son séminaire à la

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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes

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Congrégation de Jésus et Marie, représentée par son Supérieur général et par MM. Esnouf et de Mauny. Dans ce contrat en forme de lettres d'institution, il déclare « qu'il donne pour toujours la conduite et les revenus du dit séminaire de Dol, avec le prieuré de Notre-Dame de l'Abbaye près Dol, ainsi que la rectorie du dit lieu, aux dits sieurs de Camilly, Esnouf et Bauquet de Mauny, pour eux et pour leurs successeurs. A condition qu'ils seront tenus, comme ils s'y obligent, de fournir le nombre de cinq prêtres, dont l'un sera Supérieur du séminaire, l'autre enseignera la philosophie et l'autre la théologie, avec quatre domestiques qui y demeureront actuellement.

« De plus s'obligent de payer et acquitter les charges et redevances foncières dues par le dit prieuré, et les contrats de constitution faits par le dit sieur de Saint-Aubin pour l'établissement et augmentation du dit séminaire, savoir deux mille livres aux religieuses du Colombier de Rennes, quatre mille livres aux religieuses Bénédictines de Dol, deux mille livres au sieur de Montauban.

Et a été convenu que les dits prêtres et communauté du dit séminaire seront unis avec les maisons et Séminaires de Rouen, Rennes, Caen Lisieux, Coutances, Evreux, Avranches et autres lieux où la dite Compagnie pourrait s'établir à l'avenir. Et s'emploieront les dits prêtres, par leurs exemples .et par les exercices du séminaire, à former les clercs et autres ecclésiastiques en tout ce qui regarde la vie, les mœurs et toutes les fonctions et obligations cléricales ; lesquels paieront une pension qui sera réglée par mon dit Seigneur évêque, sous l'autorité duquel et juridiction spirituelle, droits de visite et tous autres, les dits prêtres du séminaire travailleront. Et le Supérieur général sera obligé, de trois ans en trois ans ou de six ans en six ans, de donner un Supérieur au dit séminaire, qui se présentera à mon dit Seigneur ou à son vicaire général; pour être confirmé en ladite qualité.... »

Le lendemain, M. Blouet de Camilly prit possession du séminaire et de toutes ses dépendances, en présence de MM. Esnouf, de Mauny, de Saint-Aubin et de plusieurs autres prêtres et laïques.

Depuis lors, l'Abbaye devint le Grand séminaire diocésain jusqu'à la Révolution. L'église comme du temps des moines, resta paroissiale et conventuelle.

Les Eudistes rayonnaient beaucoup sur le diocèse de Dol, par leur influence sur des évêques souvent négligents de leurs devoirs, par le soin qu'ils apportaient à la formation des nouveaux prêtres ; leurs retraites et conférences ecclésiastiques ranimant un clergé qui trop souvent s'encroûtait dans ses revenus ; leurs retraites de l'Hôpital, près le pont de l'Archevêque, qui rassemblaient des centaines de laïques de toute condition, et que les domestiques exigeaient de suivre ; leurs missions dans les paroisses de la contrée ; leur orthodoxie intransigeante et même intolérante. Les "sœurs du Sacré-Cœur" qu'ils avaient instituées continuaient leur rôle apostolique jusqu'au fond des villages avec un dévouement têtu qu'il faut reconnaître.

Episcopat de Monseigneur de Sourches

Malgré la réparation des anciens bâtiments, ce séminaire menaçait ruine. En 1738, lorsqu’on s'occupa de leur reconstruction, la première pierre fut posée au nom de

Mgr de Sourches dès le commencement de l'année 1739, 1'évêque refusa de faire lui même cette cérémonie parce qu'il voulait que l'on bâtit le séminaire non loin du collège, espérant que les Eudistes se décideraient un jour à en prendre la direction. Ce voeu ne devait jamais se réaliser. Le prélat n'en garda pas rancune aux directeurs de son grand séminaire. Si les Eudistes ne furent pas professeurs, ils rendirent au moins de grands services en prêchant la plupart des retraites et en se chargeant de la confession des écoliers.

On se mit à construire en 1739 et 1740. Mais la disette qui survint obligea de suspendre les travaux qui furent repris plusieurs années plus tard. L’aile du bâtiment du séminaire qui va à l’église a été commencée à bâtir au mois de juin 1771 et achevée en 1772.

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Episcopat de Monseigneur de Hercé 20

Lorsque Mgr de Hercé arriva à Dol, il trouva les bâtiments du séminaire dans le plus triste état. La maison prieurale qui comprenait la meilleure partie des logements était étayée en dedans et en dehors. Un nouveau corps de logis, assez conséquent, sortait de terre, mais le manque d’argent en avait maintes fois arrêté l’achèvement. Le nouvel évêque en fit reprendre les travaux, et, comme l’indiquent les chiffres de fer qui garnissent les cordons de granit du premier et du second étage, s’activa à terminer les constructions. Les nouveaux bâtiments s’achevèrent dans les années 1771 et 1772.

Mgr Urbain René de Hercé, tint à ce que le nouveau séminaire eût une église digne de lui, d’autant que cette église servait en même temps pour la paroisse de l’Abbaye., en 1777 il en posa la première pierre et il la consacra le 4 mai 1781. Cette pierre renferme une plaque de cuivre avec une inscription commémorative. Juhel de la Plesse nous dit : " C’était un vendredi et la cérémonie avait été longue. Elle a commencé à huit heures et n’a fini qu’aux onze heures du matin21. "

Cette église22 présente une façade de style toscan, à pilastres engagés, un fronton triangulaire avec un pignon orné de marbres et un fin clocher, couvert d'ardoises. Le pignon est décoré de deux niches cintrées et de deux consoles renversées. Dans le clocher on posa une très belle cloche de bronze sur laquelle on peut lire : " J’ai été nommée Angélique-Marie-Anne-Françoise-Gilette, par Madame Angélique-Marie-Anne Le Cerf de la Patinière et par Monsieur François Gilles Porcher23, prêtre du séminaire de l’Abbaye, lequel m’a bénie l’an 1779. "

Tout en donnant à ses clercs une demeure vaste, bien aérée, suffisamment confortable, le pieux prélat se préoccupait avec un soin tout spécial de leur formation intellectuelle et spirituelle.

Son étude approfondie de la théologie lui permettait de donner une direction personnelle à ses séminaristes. Son théologien favori était Tournely, l'auteur de sa jeunesse, qu'il appelait le roi des théologiens. Mais il leur imposa la théologie de Poitiers, parce qu'elle était plus concise et plus catholique que les autres. Dans ses dernières années, il pensa à la théologie de Lyon qu'il trouvait plus méthodique. Beaucoup d'évêques l'avaient interdite comme entachée de jansénisme. Mais Mgr de Hercé avait l'intention d'en donner lui-même une nouvelle édition, expurgée de ses erreurs24.

Le règlement du séminaire, les ordinations

L'année de ses ordinands se divisait en sept mois de séminaire et cinq mois de vacances. C'était une heureuse innovation; car, avant Mgr de Hercé, les clercs n'étaient tenus qu'à trois mois de présence au séminaire25, ce qui était évidemment insuffisant pour une bonne formation.

La rentrée avait lieu à la Toussaint. Mais, la veille, les séminaristes passaient au Palais épiscopal un examen sur les traités qui leur avaient été assignés pour les vacances.

Le bureau était formé de l'évêque, de deux vicaires généraux, du supérieur du séminaire et de deux lecteurs en théologie. Avant d'être interrogé, le clerc présentait le certificat de conduite délivré par le recteur dans la paroisse duquel il avait passé ses cinq mois de vacances.

Mgr de Hercé interrogeait le premier diacre, lui posait des objections et notait sur un registre son appréciation, après l'avoir réprimandé ou encouragé.

Chapelle du séminaire

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Le second diacre passait au plus ancien des examinateurs, et ainsi de suite. L'examen de chaque clerc durait environ une demi-heure, et ne cessait que lorsque l'évêque attentif avait prononcé le mot : Assez !

Venait ensuite l'examen des jeunes gens qui demandaient à entrer au séminaire. Ils devaient présenter un certificat du supérieur du collège et du professeur de philosophie constatant leur conduite et leur science. Ceux qui avaient passé un examen public sur les quatre parties de la philosophie étaient reçus sans examen. Quant aux incapables, ils étaient repoussés sans rémission.

Les nouveaux séminaristes recevaient la tonsure et la soutane à Pâques, s'ils s'en montraient dignes26.

A l'égard de ceux-ci, Mgr de Hercé se montrait très sévère. Il savait les abus de l'époque, les raisons qui en dirigeaient beaucoup vers l'état clérical ou plutôt vers les bénéfices ecclésiastiques.

Le premier chapitre de ses statuts27 mettait en garde contre cet abus. « Ceux, disait-il, qui se disposent à recevoir la tonsure examineront, avant toutes choses, si

leur vocation est véritablement l'ouvrage de Dieu; si l'espérance de trouver dans le sanctuaire une situation plus douce, plus honorable et plus commode qu'au milieu de leur famille, n'a point déterminé leur choix; s'il n'est point l'effet d'une déférence aveugle pour des parents avides, qui n'ont souvent en vue que l'intérêt et l'établissement de leur famille ; si enfin c'est Dieu qui les appelle à un état où Jésus-Christ lui-même n'est entré qu'avec la mission de son Père, et où personne ne doit entrer qu'avec celle de Jésus-Christ. »

Pour se conformer au décret du Concile de Trente qui interdit les Saints Ordres à ceux qui s'y présentent n'ayant pas en bénéfice ou patrimoine de quoi subsister honnêtement, Mgr de Hercé n'admettait personne au sous-diaconat qu'il n'eût un titre patrimonial ou un bénéfice de soixante livres de revenu fixe et assuré28.

Le règlement du séminaire de Dol différait peu de celui de nos séminaires actuels. Le lever avait lieu à cinq heures et demie, de la Toussaint à Pâques, et à quatre heures de

Pâques à la Toussaint. Il était suivi d'une demi-heure de méditation, de la messe, et du déjeuner qui consistait en deux onces de pain et trois verres de cidre, selon l'habitude du pays, dit un contemporain29. De neuf heures à dix heures, avait lieu le cours de théologie dogmatique; à onze heures et demie, lecture des Examens Particuliers de Tronson30 ; à midi, dîner pendant lequel on lisait l'Histoire Ecclésiastique de Fleury31 ou de Bérault-Belcastel32, et la récréation jusqu'à une heure et demie. L'après-midi, les séminaristes assistaient au cours de théologie morale qui durait de trois à quatre heures; à sept heures, souper et récréation jusqu'à huit heures et demie. Alors on se réunissait dans la grande salle pour faire rendre compte de la lecture du réfectoire, entendre une lecture spirituelle et réciter les prières du soir. A neuf heures et demie toutes les lumières devaient être éteintes33.

Si nous avons insisté sur ce règlement, c'est pour montrer quelles importantes modifications Mgr de Hercé, aidé des Père Eudistes, était parvenu à introduire dans son séminaire, dans l'intérêt de la bonne formation de ses clercs.

Chaque séminariste devait payer à l'économe une livre par jour. Mais Mgr de Hercé vint au secours des séminaristes pauvres en ajoutant quelques bénéfices aux rentes du séminaire. Dans les comptes tenus par son frère et vicaire général, François de Hercé34, nous notons en plus les dons faits par l'évêque pour « les pauvres ordinands ». En 1768 et 1769, c'est 170 livres ; en 1770, c'est.351 livres ; en. 1771, c'est 300 livres, etc... En 1777, l'évêque constituait un capital de 3.400 livres, assurant une rente de 136 livres, « au profit des pauvres ecclésiastiques étudiant dans le séminaire de Dol. »

Après l'examen de rentrée, Mgr de Hercé indiquait à ses séminaristes les traités de théologie qu'ils auraient à étudier pour l'examen du vendredi de la semaine de la Passion. Ce jour, l'évêque de Dol venait à son séminaire interroger les ordinands, et, le soir même,

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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes

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commençait la retraite pour l'ordination du Samedi Saint. C'était la principale ordination. Il s'en faisait deux autres dans l'année : l'une au mois de septembre, le 21, le 22 ou le 23, comme on le constate dans les registres d'insinuations et du secrétariat, et l'autre vers Noël.

Ce n'est pas que les ordinands du diocèse de Dol fussent nombreux ; mais Mgr de Hercé, gardant strictement la résidence, en dehors des cas extraordinaires, comme l'assistance aux Etats de Bretagne et la délégation à la Cour, les prélats des diocèses voisins, moins attachés à leur diocèse, profitaient de l'extrême bienveillance de leur collègue de Dol pour lui envoyer leurs ordinands. Aussi ne faut-il pas s'étonner de voir figurer aux ordinations de Dol des clercs de Saint-Malo, de Saint-Brieuc, du Mans et surtout de Rennes, de Coutances et d'Avranches, et une foule de religieux de tous les ordres et de tous les diocèses.

On eût dit que Mgr de Hercé était l'évêque de tout l'Ouest de la France. Notons, par exemple, pour le diocèse de Saint-Malo : 88 ordinands en 1767, 77 en 1775, et

51 en 1776 ; pour le diocèse de Rennes : 65 ordinands en 1767, 85 en 1783, et 66 en 1789 ; pour le diocèse de Coutances : 99 ordinands en 1776 et 44 prêtres en 1789 ; enfin, pour le diocèse d'Avranches : 76 ordinands en 1771, 68 en 1775, 59 en 1776, 80 en 1778, 44 en 1785, etc.

Aussi les ordinations de Dol étaient-elles généralement très nombreuses. Celle du 23 septembre 1775, par exemple, comprenait 233 ordinands, dont 14 seulement appartenant au diocèse de Dol35.

Durant les 23 années qu'il exerça les fonctions épiscopales à Dol, Mgr de Hercé ordonna 576 prêtres, en grande majorité étrangers à son diocèse. Le pieux prélat était loin de s'offusquer de la liberté que prenaient ses collègues à son égard. Son extrême amabilité le poussait à leur faire lui-même ses offres de services.

« Si vous avès besoin de moy pour vos ordinations, écrivait-il le 4 janvier 1777, à Mgr Barreau de Girac, évêque de Rennes36, « à son hôtel à Paris, » je vous prie de me donner vos ordres, et d'être bien persuadé que je n'ay rien plus à cœur que de vous être bon à quelque chose, et de vous donner dans toutes les circonstances de ma vie des preuves de respectueux attachement37 »

« Vos ordinands, lui écrivait-il encore le 3 avril 1784, sont arrivés d'hyer dans mon séminaire, où ils vont faire la retraite, pour se disposer à l'ordination. Soyez bien sûr que vous ne pouvès me faire plus de plaisir que de me fournir les occasions de vous être bon à quelque chose.38»

La cérémonie de l'ordination se faisait le plus souvent dans la chapelle du Palais épiscopal ou dans l'église du séminaire. Elle n'avait généralement lieu dans l'église cathédrale que dans le cas où les ordinands étaient en très grand nombre. Nous n'avons noté qu'une ordination de diacres et de prêtres, en très petit nombre d'ailleurs, qui se soit faite dans la chapelle du manoir épiscopal des Ormes, en Saint-Léonard, à trois lieues de Dol. Il y conférait plus souvent la tonsure ou les ordres mineurs, soit à un seul clerc ou tout au plus à deux au trois en même temps.

Mgr de Hercé se faisait une si haute idée du caractère divin que ses fonctions sacrées lui faisaient imprégner, par l'ordination, dans l'âme des clercs, qu'il s'y préparait avec la plus grande piété dans la pénitence et la prière. Un prêtre de Rennes, dont le zèle apostolique se manifesta tout particulièrement dans l'exil, et qui reçut des mains de Mgr de Hercé deux ordres sacrés, l'abbé Carron39, a raconté combien il fut édifié par la piété avec laquelle « l'homme de Dieu » se disposait à cette sublime cérémonie.

« Un matin, dit-il, que nous allions être ordonnés, nous apprîmes que Mgr de Hercé, sans s'être permis de prendre, le soir précédent, aucune nourriture, avait consacré la nuit entière à la prière. Nous fûmes jaloux de connaître les motifs d'un tel sacrifice. « Messieurs, nous répondit le respectable supérieur de son séminaire, Monseigneur ne fait jamais d'ordination,

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qu'il ne se soumette la veille au jeûne le plus rigoureux, et qu'il ne donne, à de ferventes prières en votre faveur, toutes les heures de la nuit40. »

Mgr de Hercé se préoccupait de tous les détails de l'ordination. .Mieux que quiconque il connaissait ses rubriques, tant pour la messe basse que pour les offices pontificaux.

Aussi lorsqu'il officiait solennellement dans sa cathédrale, le faisait-il avec une grâce et une piété qui touchaient vivement l'assistance. Mais s'il tenait à bien faire les cérémonies, il tenait aussi que le clergé les fît bien. A la moindre faute, il reprenait ses officiers, même les plus vieux chanoines, et cela devant les fidèles. Le saint évêque se préparait d'une façon toute spéciale aux cérémonies de l'ordination.

La veille, en présence de son secrétaire, il repassait toutes ses fonctions et s'y exerçait41. Après la cérémonie, l'évêque de Dol recevait à sa table les réguliers qui, comme les

séculiers, subissaient l'examen et étaient assujettis aux huit jours de retraite au séminaire. Il payait la pension des religieux indigents.

Comme souvenir de l'ordination, il donnait aux prêtres la Conduite des prêtres ; aux diacres, la Conduite des confesseurs, et, aux sous-diacres, un exemplaire des Statuts diocésains. Il demandait aux prêtres de dire une messe à son intention et aux autres ordonnés de réciter une fois l'office des Pontifes42.

La Révolution

La seconde semaine après Pâques 1790, Mgr de Hercé présidait, au grand séminaire, la retraite ecclésiastique. Il se réserva de prononcer le dernier sermon. Après avoir tracé un vif tableau de l’époque, passé en revue les décrets anti-religieux de l’Assemblée nationale, montré le libertinage et le schisme commençant à envahir le clergé séculier et régulier, il conclut par une éloquente péroraison, dernières paroles à son clergé, testament du dernier évêque de Dol, qui arrachèrent des larmes à l’auditoire.

C’est de son manoir des Ormes et de son grand séminaire qu’il continua d’administrer son diocèse malgré le décret de suppression.

En 1790, la Révolution supprima l'Evêché et le Chapitre de Dol. Tous les biens qui en dépendaient devinrent biens nationaux. Après avoir abandonné son palais épiscopal, le 30 novembre 1790, il dut abandonner définitivement le château des Ormes. Avant cette date, il s’était déjà retiré avec son frère, vicaire général, au grand séminaire, bien que plusieurs personnes lui aient, à Dol, offert leur maison, c’est dans son séminaire, cette demeure où se forment les jeunes clercs et dont il est le supérieur né, qu’il voulait défendre jusqu’au bout ses droits spirituels sur le diocèse de Dol. C’est ce qui explique que ses ornements sacerdotaux y soient restés.

Se conformant aux décrets de la constitution civile du clergé, le directoire du département d’Ille-et-Vilaine avait prononcé, le 23 octobre 1790, la suppression du séminaire43. Les eudistes avaient alors demandé aux administrateurs du district de Dol de leur accorder un délai pour préparer les clercs à l’ordination du 18 décembre44.

Le 18 septembre 1790, Mgr de Hercé procédait dans l’église du séminaire à l’ordination de clercs de son diocèse et des diocèses voisins, notamment de douze prêtres du diocèse de Rennes45.

Trois mois après, le 18 décembre, malgré la défense faite par l’administration du district de Dol de « recevoir ou conserver au séminaire aucun sujet se destinant aux ordres sacrés46 », Mgr de Hercé conférait différents ordres à 150 ordinands qui, pendant plusieurs jours, s’étaient préparés dans des exercices pieux à cette importante cérémonie. La plus grande partie de ces ordinands appartenaient aux diocèses de Rennes et de Coutances. Cette ordination avait encore lieu dans la chapelle du séminaire, et Mgr de Hercé n’hésitait à en dater les lettres du « palais épiscopal de Dol », ainsi qu’il appelait le séminaire, et de les

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signer de ses titres d’ « Evêque et comte de Dol.47 » Le directoire du district ferma les yeux dans la crainte « de causer du chagrin et de la dépense aux jeunes gens qui probablement n’avaient aucune part à cette délibération. »

C’était au séminaire, chaque jour, un concours considérable de prêtres et de laïques venant apporter à leur évêque l’expression de leur vénération et solliciter les conseils de sa sagesse.

Un chanoine de Dol écrit à un prêtre de Saint-Malo : « Notre évêque est toujours au séminaire avec son frère, mal logé, mal nourri, et bien résolu de ne pas quitter son diocèse que la violence ne l’en arrache. »

Le 19 mars 1791, Mgr de Hercé continuant à administrer son diocèse célébrait pontificalement la messe dans la chapelle du séminaire et donnait la prêtrise à quatre diacres de son diocèse : Pierre-Jérome Forget48, Augustin-Marie de La Lande49, Charles-Alain Le Forestier et Julien Briand50. De sa main, il rédigeait sur le registre du secrétariat le procès-verbal de cet acte solennel, dans lequel il s’intitulait : Evêque et comte de Dol, par la miséricorde divine et la grâce du saint-Siège apostolique51.

La connaissance de ce dernier acte mit le comble à l’irritation des autorités. On résolut d’arrêter Mgr de Hercé comme réfractaire aux décrets de l’Assemblée nationale et perturbateur de l’ordre public. Des administrateurs dévoués à l’évêque firent prévenir celui-ci du danger et le supplièrent de quitter le diocèse. Cédant aux instances de ses amis, il se résolut à partir.

Le vendredi 1er avril 1791, Mgr de Hercé, accompagné de ses deux vicaires généraux, l’abbé François de Hercé et l’abbé des Vaupons52, et de quelques domestiques, quittait Dol, de grand matin, pour se retirer à Mayenne, dans sa famille.

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Portraits de Monseigneur de Hercé

Portraits, in Charles Robert, Urbain de Hercé.

Armes de Mgr de Hercé « d’azur à trois herse d’or »

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Journal des évènements survenus de 1790 à 1793 53 Dans sa fameuse séance du 4 Août 1789, l'Assemblée Nationale déclara que les biens

ecclésiastiques appartenaient à la Nation. En conséquence, le 13 novembre, les bénéficiers et les supérieurs des maisons religieuses reçoivent l'ordre de faire la Déclaration détaillée de tous leurs biens.

De la déclaration que firent les Eudistes de Dol, il résulte que le revenu du séminaire étant de 1.050 livres en dîmes, 3075 livres en biens fonds, 1.263 livres en fiefs divers, 100 livres en lots et rentes, mais les charges étaient considérables54.

En 1790, le quartier de l'Abbaye qui semble former un bourg distinct de Dol eut un maire spécial. Ainsi la paroisse de l'Abbaye devenue commune éphémère adopta pour son usage un joli sceau ovale55 portant sur fond d'hermines un écu écartelé de gueules d'argent fretté d'or de dix pièces, avec cet exergue : "Sceau de la municipalité de l'Abbaye près Dol56". Cette commune eut deux maires, Monsieur Juhel de la Plesse et Monsieur Blandin de Mutelien57. Elle fut supprimée l'année suivante, le 21 janvier 1791.

9 septembre 1790. Présentation de comptes du séminaire en charge et en décharge. 23 octobre 1790. Une circulaire du département avise les élèves séminaristes qu'ils ne

seront plus admis qu'au séminaire de Rennes. Se conformant aux décrets de la constitution civile du clergé, le directoire du département

d’Ille-et-Vilaine avait prononcé, le 23 octobre 1790, la suppression du séminaire58. Les eudistes avaient alors demandé aux administrateurs du district de Dol de leur accorder un délai pour préparer les clercs à l’ordination du 18 décembre59.

2 novembre 1790. Les Eudistes du séminaire refusèrent de prêter le serment constitutionnel et continuèrent à exercer leur ministère, en tant qu’administrateurs de la paroisse.

20 novembre. Le directoire de Dol refuse de prolonger l'existence du séminaire jusqu'au 18 décembre et signifie au directeur de licencier les élèves de suite. Troubles à ce sujet dans la paroisse de l'Abbaye.

20 décembre 1790. Arrêté du département et lettre du district du 31 pour faire partir les séminaristes.

7 janvier 1791. Arrêté du département chargeant le district de faire évacuer le séminaire; le 14 il est signifié aux intéressés.

31 janvier. Lettre du procureur syndic au département se plaignant que les Eudistes n'évacuent pas le séminaire. Ordination à Noël dernier et à Pâques prochain :

Quant à la lettre du ci-devant évêque de Dol qui réfère le certificat du maire de Saint-Broladre, on lui donne dans ce pays beaucoup d'effet; elle a été répandue avec profusion la semaine dernière. Je n'ai encore pu me la procurer ; les ecclésiastiques voisins se sont, dit-on, assemblés plusieurs fois au ci-devant séminaire où demeure le ci-devant évêque de Dol et son frère.

J'étais hier à la grand'messe de cette paroisse, le vicaire prêta à l'issue le serment. La municipalité nous en a remis l'acte; le principal du collège et quatre professeurs se présentèrent à même fin, le premier sans parler au public, et finit par ne pas prêter le serment à la constitution civile du clergé. Voilà l'effet du voisinage du séminaire et du complot qui règne entre les Eudistes et les professeurs60 ; voilà des messieurs à remplacer : cela peut offrir quelques difficultés. Le collège de Dol est peu nombreux, la conduite du principal est fort propre à le faire déserter totalement. C'est ainsi que ces hommes eux-mêmes travaillent à leur propre destruction. Répondez-moi, s'il vous plaît.

Sceau de la municipalité de l’Abbaye près Dol

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Nous reçûmes, le 14 de ce mois, l'arrêté que vous aviez pris le 7 relativement à ce séminaire. Vous me chargiez de veiller à ce qu'il n'y fut reçu aucun sujet et que ceux qui y étaient fussent tenus à désemparer sous huitaine. Dans la lettre d'envoi, on lisait que le supérieur et prêtres du ci-devant séminaire étaient obligés de désemparer cette maison dans le plus bref délai.

Je me bornai à leur transmettre l'arrêté le même jour 14; ils me répondirent que les ordinants avaient évacué. Vous avez aussi arrêté le 20 décembre qu'à ma diligence ils rendraient leurs comptes, je le leur ai de même demandé.

Tandis que des supprimés seront réunis, il existera toujours une cause d'insurrection, le séminaire sera ce foyer de ce qu'on appelle aristocrate ecclésiastique. L'ordination s'y est donnée à Noël dernier, elle s'y donnera encore à Pâques ; jamais on ne croira à la suppression de l’évêché et du séminaire tant qu'il y existera un évêque et des prêtres. Je crois qu'il conviendrait qu'ils rendissent leur compte et puis fermer les portes du séminaire61 "

La très grande majorité des prêtres des paroisses suivirent donc les instructions de leurs évêques, ce qui n'était pas, comme le prouvent nombre de documents que nous avons publiés, sans irriter les habitants et les municipalités de quelques-unes d'elles. Le directoire de Dol envoya le 1er avril à celui du département l'état de ceux qui avaient prêté et refusé le serment…

Gautier, Hébert, Garnier. Le 31 janvier 1791, le procureur syndic écrivait au département pour lui annoncer l’échec

presque complet de la prestation du serment et dénoncer la lettre du « ci-devant évêque de Dol » contre la constitution civile du clergé. Il attribuait cet échec au voisinage du séminaire où demeuraient Mgr de Hercé et son frère, où les Eudistes organisaient la résistance et où les membres du clergé venaient prendre leurs ordres. Le séminaire de Dol, concluait le procureur-syndic, est le foyer de ce qu’on appelle aristocrate ecclésiastique. L’ordination s’y est donnée à Noël dernier, elle s’y donnera encore à pasque. Jamais on ne croira à la suppression de l’évêché et du séminaire, tandis qu’il existera un évêque et des prêtres62. »

28 avril 1791. Le supérieur Delaunay est poursuivi pour propos inciviques. Embarras du département pour faire partir les professeurs.

9 juin 1791. Fermeture dudit établissement, expulsion des séminaristes par la force publique.

Le 1er juin, Le Coz, évêque constitutionnel d’Ille-et-Vilaine confie la cure de l’abbaye à François Guillot, curé jureur de Notre-Dame.

17 juin 1791. Les biens du séminaire furent vendus nationalement au prix de 76.350 francs. Ils consistaient surtout dans le domaine de l’Enclos, formé de prairies et de 14 journaux de terres labourables, plus la métairie de Maboué, les Fougeroux et les Houssais en Mont-Dol et la terre des Hiebles. Les bâtiments et les jardins avaient été réservés et, le 29 novembre 1791, on y installa l’hôpital de Dol.

Le 18 juin, Un arrêté du directoire réunit la paroisse à celle de Dol. 20. juin 1791. Les habitants de la paroisse de l'Abbaye demandent que l'exercice du culte

soit continué par M. Delaunay dans l'église paroissiale du séminaire tant que ladite paroisse n'est pas réunie à une autre. L'arrêté pris par le département le 18 pour opérer cette réunion est signifié à la municipalité le 22, laquelle sitôt ferme l'église, mais demande qu'on y attache un vicaire.

26 août 1791. La municipalité de Dol nomme trois commissaires pour dresser l'inventaire des livres, manuscrits, médailles, machines, tableaux, gravures, argenterie, registres et papiers du ci-devant séminaire.

12 septembre 1791. Une partie des 1.600 hommes du bataillon de la manche des volontaires nationaux fut logée à l’Abbaye en garnison.

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2 décembre 1791. Scellés brisés au séminaire, le supérieur et autres Eudistes sont accusés d'avoir dérobé des livres. Personne n'est poursuivi. Il y avait 1,754 ouvrages divers.

8 juin 1792. Nouvelle effraction de scellés; on y entend des bruits la nuit, la municipalité s’y transporte.

En 1793, le Conseil Municipal de Dol reçut une lettre de la Direction du District l'invitant à transférer au Grand séminaire, au plus vite, l'Hôtel-dieu et l'Hôpital qui étaient propriété du Docteur Lejamptel.

Les citoyens Giriaux et Posillet furent chargés d'aller visiter ces bâtiments et ils constatèrent qu'il y avait de grands travaux à y exécuter avant d'y transporter les malades et les vieillards. Ces travaux furent faits par la Ville de Dol qui dès lors devient propriétaire du Grand séminaire.

22 avril 1793. Le séminaire est transformé en hôpital. Arrêté du directoire du district portant que le ci-devant séminaire de Dol, avec les jardins,

servira provisoirement d’hôpital à cette ville, que l’ancien hôpital et la maison de retraite des ci-devant bénédictines et des ex-carmes de cette ville serviront provisoirement de caserne, etc.

Cet arrêté est approuvé par les députés commissaires de la Convention Billaud-Varennes63 et Sevestre64.

10 octobre 1793. Les cloches des églises supprimées sont expédiées à l’Hôtel des Monnaies à Nantes par le voiturier Billot. Pour l’église de l’Abbaye : 2 cloches pour un poids de 834 livres ; de la même église, 4 fontaines en cuivre pour un poids de 20 livres.

Période post Révolution

Dol avait autrefois trois paroisses : - l'Abbaye sous Dol, - Notre-Dame sous Dol (sur l'actuelle place Chateaubriand), - Le Crucifix (dans la cathédrale actuelle) En 1803, il n'y eut plus qu'une seule paroisse. L'église Cathédrale devint paroissiale :

Notre-Dame65 fut affectée à la Halle au Blé et l'Abbaye devint Chapelle de l'Hospice. Après la Révolution, l'hospice de Dol est confié aux religieuses de Saint Thomas de

Villeneuve qui conserveront la direction de l'établissement jusqu'en 1875. Une statue commémore leur passage dans ce lieu, c'est la statue de Saint Thomas de Villeneuve, dans l'église, à gauche de l'entrée principale. Ces Religieuses seront remplacées par les Soeurs de la Sagesse ou Montfortaines : ceci explique la présence de la statue de Saint Louis Grignon de Montfort dans le choeur à gauche du maître-autel.

Le Culte n'a jamais été interrompu à l'Abbaye66. Il s'y exerçait librement, publiquement, tranquillement, même à l'époque où la Cathédrale était fermée. Le Chapelain était logé dans une maison dépendant de l'Hospice et payé par le budget municipal.

La Chapelle est restée inchangée du moins dans son aspect extérieur. Elle est certainement méconnue et peu visitée par les dolois. Elle présente une façade de style toscan, à pilastres engagés, un fronton triangulaire avec un pignon orné de marbre et d'un fin clocher couvert d'ardoises. Le pignon est décoré de deux niches cintrées et de deux consoles renversées.

On peut admirer à l’intérieur une belle statue de la vierge en albâtre et un confessionnal du XVIIe siècle ou se serait agenouillé François René de Chateaubriand. La sacristie est meublée de belles boiseries anciennes et comporte aussi un chapier de rare dimension (5,20m de circonférence) qui abrite encore les ornements de monseigneur Hercé : chasuble et étole, classées aux monuments historiques. Confectionnés entre 1767 et 1791, ils ont bénéficié d'une restauration avant une récente exposition à Paris.

Aujourd'hui, l'ancienne Abbaye et le Grand séminaire abritent la maison de retraite et de cure médicale appelée encore Résidence de l'Abbaye.

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Séminaire de Dol, religieux, supérieurs et professeurs :

Les supérieurs du séminaire Dix-huit supérieurs se succédèrent jusqu'en 178967, dont les deux premiers furent MM

Creuilly et Alix. Parmi les évêques dolois, trois principaux embellirent le séminaire : Mgr de Sourches, Mgr Dondel et Mgr de Hercé. C'est l'explication des lettres de fer fixant la façade des bâtiments principaux : S.D.H.C.A.

Episcopats de Mgr de Chamillard., 1692-1702 ; d’Argenson, 1702-1715. 1701-1708 : Monsieur Thomas de Creully Monsieur Thomas de Creully fut le premier supérieur. Il naquit à Valognes en 1664 et il

passa 54 ans dans la Congrégation. Il remplissait depuis plusieurs années l’office de préfet des ordinands au séminaire de Caen lorsqu’il fut choisi par Monsieur Blouet de Camilly pour gouverner la maison de Dol, il fut présenté à l'évêque le 21 octobre 1701 avec Messieurs du Moustier, Angot et de la Haye qui devaient travailler sous sa direction.

Dès le début de l'année 1702, il propose à Monseigneur de Chamillard de prêcher une mission à Dol. La chose ayant été agréée, il s'adjoint pour ce faire plusieurs bons missionnaires Eudistes notamment Messieurs Pinchon, Loisnel et Juhel du séminaire de Coutances.

Le nouvel évêque, dès la première année de son épiscopat (1703), demanda aux Eudistes prêtres du séminaire d'assurer les retraites publiques. "Cette mission, dit l'Annaliste de la Congrégation de Jésus et de Marie, fut accompagnée de grandes bénédictions ... et 40 ans après, on s'en souvenait encore".

Son successeur, Mgr François de Voyer de Paulmy d'Argenson, poursuivit dans la même voie et prit autant d’intérêts au bien du séminaire, que s’il l’eut établi en personne.

Les retraites, à raison de 12 par an, duraient une semaine ou plus ; elles se déroulaient selon un rite quasi-monacal, avec alternance de prières, processions, prédications sur les thèmes des péchés capitaux, des commandements, de la confession, de la contrition, du pardon ; elles réunissaient 200 à 250 personnes et pouvaient mobiliser une ou plusieurs dizaines de missionnaires, qui se consacraient aux prédications, à la célébration des offices et aux confessions ; certains pénitents devaient attendre plusieurs jours pour se confesser.

Durant la période de la mission, la ville était comme investie par le clergé : les boutiques se fermaient dès que les cloches appelaient les fidèles aux célébrations.

Au bout de sept ans d'intense activité, les Supérieurs de sa Congrégation le rappelèrent pour lui confier la direction du séminaire d'Evreux et plus tard de Caen.

Episcopat de Mgr d’Argenson, 1702-1715.

1708-1711 : Monsieur Jean Allix Monsieur Allix naquit à la Selle-en-Coglès dans le diocèse de Rennes. Il était déjà prêtre

lorsqu'il entra à la Congrégation en 1693. Après avoir professé la théologie au grand séminaire de Coutances pendant une dizaine d’années, puis été préfet des ordinands à celui de Rennes pendant quatre ans, il fut nommé supérieur à Dol en 1708.

Il sut se faire apprécier de Monseigneur de Voyer de Paulmy d'Argenson, alors évêque de Dol qui ne manqua pas de solliciter ses judicieux conseils. Comme son prédécesseur, il assura en outre la cure de l'Abbaye, retraites et missions avec autant de dévouement que de Sainteté. Il s'occupa avec tant d'ardeur des retraites que sa santé s'altéra gravement. Il fut déchargé de sa supériorité en 1711, mais il garda encore les retraites et les missions durant une année, au bout de laquelle ses supérieurs l’envoyèrent au séminaire d’Avranches.

Il fut secondé par Monsieur Robert du Moustier, prédicateur, décédé le 2 décembre 1710.

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1711-1713 : Monsieur René Le Vanier Né en 1675 à Caen, Monsieur le Vanier était déjà prêtre lorsqu'il entra dans la

Congrégation en 1702. En 1704, il est envoyé au séminaire de Rouen comme préfet des ordinands. En 1711, il est choisi pour gouverner le grand séminaire de Dol.

Le premier usage qu'il fit de son nouvel emploi fut de donner une retraite à sa communauté ou plutôt de la faire lui-même avec ses confrères, ne laissant qu'un seul prêtre avec un frère domestique pour répondre aux personnes du dehors. Cette pratique fut imitée par d'autres supérieurs.

De santé délicate, il dirigea pieusement son séminaire et s'occupa des retraites ecclésiastiques mais délégua ses autres tâches. Ses difficultés de santé s'aggravant. Monsieur Blouet de Camilly, Supérieur général des Eudistes dut le décharger du gouvernement du séminaire au bout de 18 mois et l'envoyer en repos au séminaire de Coutances. Après avoir passé six ans au séminaire de Coutances, il revint en 1718 à celui de Rennes, nommé supérieur en 1724, qu'il ne devait plus quitter jusqu'à sa mort le 2 avril 173068.

Episcopat du Bouschet de Sourches, 1715-1748. 1713 -1717 : Monsieur Charles Bence Monsieur Charles Bence naquit à Rouen en 1653. Premier supérieur de la résidence Sainte-

Anne de Fougères, (1690-1692), en fit agrandir les bâtiments. Il en parti pour prendre en main la supériorité du séminaire d’Evreux. Il avait soixante ans lorsqu’il prit la charge du séminaire de Dol, auparavant, il était supérieur du grand séminaire d'Evreux. Il prit sa nouvelle charge le 23 mars 1713.

Son obésité constituait pour lui un sérieux handicap. C'est la raison pour laquelle il ne s'occupa que de la direction du séminaire et de l'église paroissiale de l'Abbaye, confiant à un confrère les autres tâches (retraites, missions, etc. ...).

Il peut être reconnu comme un Saint. Prédicateur de grand talent, il sut diriger sa communauté et ses paroissiens avec une charité et une cordialité hors du commun. Particulièrement doué pour le chant ecclésiastique et fort instruit de la liturgie, comme ayant été directeur des cérémonies du grand séminaire de Rouen, il donna un éclat quasiment inégalé aux offices de l'église du séminaire. Il occupait une très grande partie de son temps à la confession. Enfin, en dehors de son ministère, il lisait des livres de piété et consacrait des moments considérables à l'oraison.

Au bout de quatre ans, ses infirmités l'handicapant toujours davantage, il dut être déchargé de sa supériorité mais il resta au séminaire de Dol et continua de rendre tous les services en son pouvoir. Il prêchait chaque dimanche et tous les soirs il faisait la prière à l'église où il attirait les fidèles en leur faisant chanter des cantiques.

Il mourut le 1er août 1719. Il était âgé de 67 ans et avait passé 43 années dans la Congrégation.

1717-1718 Monsieur François Guesnet, originaire de Gonfreville au diocèse de Coutances. D’abord au séminaire de Rennes, il était depuis dix ans professeur de théologie à celui de Coutances lorsqu’il fut nommé à Dol en 1717.Il ne gouverna guère qu’un an, il mourut le 5 septembre 1718 des suites d’une maladie qu’il avait contractée en faisant le voyage de saumur pour y traiter avec les moines de Saint-Florent des intérêts de l’ancien prieuré.

1718-1723 Monsieur Jean Guimont Monsieur Jean Guimont, né à Rennes en 1667, était dans la Congrégation depuis 11 ans. Ayant enseigné la théologie successivement aux grands séminaires de Rouen et

d'Avranches, il s'installa à Dol le 7 octobre 1718 et reçut le plus aimable accueil de Monseigneur du Bouschet de Sourches siégeant depuis deux ans dans la cité épiscopale

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bretonne. Ce nouveau supérieur trouva la maison remplie de malades auprès desquels il se dévoua avec une grande charité. Il s'épuisa en 4 ans d'exercice et partit pour Evreux.

1723-1726 : Monsieur Amaury Racine Cet homme du pays dolois, né à Bonnemain en 1678, fit ses études à Rennes. Il était diacre

et âgé de 25 ans quand il entra dans la Congrégation. Longtemps professeur de théologie aux grands séminaires d'Evreux puis de Dol, il prit la supériorité de ce dernier en 1723 et le gouverna avec beaucoup de douceur mais aussi de fermeté tout à la fois, car il était fort intérieur et très propre à attirer les âmes à l'amour de leur devoir.

Après ses trois années de supériorité, il demanda à être déchargé du fardeau, à cause de sa faible santé qui demandait des ménagements. Monsieur de Fontaines69, supérieur général, accepta et l'envoya à Caen diriger les études des novices, faire les répétitions de théologie ainsi que les conférences des ordinands. C'est dans cette maison qu'il mourut le 21 janvier 1735.

1726-1729 : Monsieur Jacques-François Arthur En 1726, un homme de grande autorité reçoit la direction du séminaire. C'est Jacques-

François Arthur. Originaire du diocèse de Bayeux, il avait rempli successivement les fonctions de préfet des ordinands du séminaire de Dol, ainsi qu’à Rennes, de 1721 à 1726 à Coutances, à la grande satisfaction de Mgr de Matignon, avant de revenir à Dol comme supérieur. Les séminaristes qui le craignaient l'avaient surnommé "le petit évêque".

M. de Fontaines dut faire violence à l'évêque pour lui enlever un tel sujet. « Revenez-moi vite, si vous n'êtes pas bien à Dol, lui dit à son départ le prélat, qui déjà lui avait offert plusieurs cures pour le tenter ; je vous occuperai ici, et celte fois vous serez réellement mon vicaire général. » Loin de se prévaloir de ces promesses flatteuses pour se soustraire à l'obéissance, M. Arthur se rendit généreusement à son poste et ne songea qu'à y faire tout le bien qui s'offrait à son zèle

Comme les retraites étaient l'une des principales occupations des prêtres du séminaire, il y donna tous ses soins et sut leur imprimer un nouvel élan, ainsi qu'aux missions pour lesquelles il avait un véritable talent. C'était le moyen de gagner l'estime et la confiance de Mgr de Sourches, qui bientôt ne l'affectionna pas moins que ne faisait l'évêque de Coutances.

Il s’occupa ensuite des bâtiments du séminaire et commença par décorer la chapelle qui servait en même temps d'église à la paroisse, et la pourvut de beaux ornements. Les bâtiments du séminaire se détérioraient gravement. La maison prieurale, qui constituait la meilleure partie des logements de la communauté, était aussi en fort mauvais état ; il avait fallu l'étayer de tous côtés, au dedans comme au dehors, et l'on sentait vivement le besoin d'une construction nouvelle. Aussi, les supérieurs prévoient la construction de nouveaux bâtiments. Dans sa visite de l'année 1724, le Supérieur général avait recommandé de réunir les matériaux nécessaires à cette fin.

M. Arthur se mit courageusement à l'œuvre. Il fit dresser les plans d'un bâtiment à deux étages, avec ailes, et qui devait être construit dans la première cour, plus près de la rue, afin que le logement fût plus éloigné du marais, et partant plus salubre. On devait plus tard y adapter une nouvelle église, quand le besoin de renouveler l'ancienne se ferait sentir. Il ordonna de tailler les pierres nécessaires, fit préparer le bois et réunir de grandes provisions de chaux et de sable, ainsi que les pavés destinés au carrelage. Mais les travaux de construction ne furent commencés qu'une dizaine d'années plus tard.

Renvoyé en Normandie à la fin de son triennat avec le titre de Supérieur des Missions de cette province, il mourut l'année suivante, le 15 juillet 1730, à sa mission de Gaillon dans le diocèse d'Evreux, victime d'une épidémie qui sévissait dans cette ville.

Dans sa mission, il fut secondé par Monsieur Gilles Gontier (Vitré 1676-Dol 1728), qui se consacra presque sans relâche aux missions et retraites à Dol à compter de 1722.

M. de Fontaines

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1729-1733 : Monsieur René Pézor Monsieur Pézor naquit en 1680 à Plomb au diocèse d'Avranches. Il faisait partie de la

Congrégation depuis 1701. Préfet des ordinands aux séminaires de Caen, Senlis et Avranches, il prit ses fonctions à Dol en 1729.

Comme son prédécesseur, il dirigea, avec zèle, sens du devoir, affabilité et humilité, le séminaire. Il ne mit pas moins d'ardeur à assurer les retraites et missions. Il sut faire d’une grande fermeté pour défendre les intérêts du séminaire, spécialement dans l’affaire des retraites de Pleine-Fougères70, et dans un procès qu’il eut à soutenir au Parlement contre les maisons de Rohan, et de Noailles. Ces deux familles qui avaient la tutelle des demoiselles héritières de Combourg prétendaient pour elles à la seigneurie du Prieuré de Dol, et réclamaient à ce titre des rentes qui n’avaient jamais été payées ; ce procès dura 17 ans.

En 1733, il fut envoyé à Rennes pour s'occuper exclusivement des missions. Il était aidé par Monsieur Pierre-Olivier Durocher, mort à Dol en 1732, à la suite d'une

mission qui le fatigua beaucoup. 1733-1739 et 1756-1759 : Monsieur René Davy Monsieur René Davy naquit à Luitré dans le diocèse de Rennes vers 1697. Il était sous-

diacre quand il entra dans la Congrégation en 1718. Econome du séminaire de Dol, Il remplace M. Pézor en 1733. Fut supérieur à Dol à deux reprises, de 1733 à 1739 et de 1756 à 1759. Il fut tout le reste du temps jusqu’à sa mort qui arriva en 1763, supérieur et directeur du noviciat de la Congrégation.

C'est l'eudiste modèle par sa fidélité et son exactitude pour remplir les charges qui lui sont confiées et par son esprit de piété et de religion.

Il eut à soutenir le procès intenté à son prédécesseur par les tuteurs des héritières de Combourg. Après de longs débats, l’affaire aboutit en 1737. Le Parlement de Rennes reconnut l’exemption du prieuré, mais il lui enleva la juridiction qu’il avait exercée jusque là sur le fief de la Gentière enclavé dans le domaine de la seigneurie de Combourg. C’est ce fief qui avait été l’origine du débat. La chose était peu importante ; mais le séminaire fut condamné aux dépens qui montèrent à la somme de 4.000 livres, et il fallut faire un emprunt pour s’en acquitter.

Depuis longtemps les bâtiments du prieuré, menaçaient ruine.. L'assemblée générale des Eudistes en 1738 ordonna d'en commencer incessamment la reconstruction, M. Davy se mit immédiatement à l’œuvre. En creusant les fondations, on découvrit un souterrain que l’on crut avoir servi de prison aux anciens religieux du prieuré.

La première pierre fut posée au nom de Monseigneur de Sourches dès le commencement de l'année 1739. Outre la croix, on y avait gravé les armes du prélat et celles du prieuré. L’évêque refusa de faire lui-même cette cérémonie, parce qu’il aurait voulu que l’on bâtisse le séminaire non loin du collège., espérant que les Eudistes se décideraient un jour à en prendre la direction. Mais il n’offrait ni terrain, ni argent pour cela. La communauté qui n’avait pas de fonds de réserve n’aurait pu faire les dépenses requises pour l’achat du terrain et pour la construction d’un local suffisant, surtout dans un lieu où l’on n’aurait pas eu le secours du vieux bâtiment, de l’église, de grange, du four, du pressoir, des jardins, etc ;

Peu de jours après cette cérémonie, Monsieur Davy fut nommé supérieur de la probation. 1739-1748 : Monsieur Antoine de Saint-Germain Monsieur Antoine de Saint-Germain appartenait à une famille noble d'Angoville-sur-Ay,

diocèse de Coutances, où il était né en 1700. Cet homme de grande distinction et de connaissances étendues avait une science théologique peu commune. Il dirigea le séminaire de Dol durant neuf ans.

Monseigneur de Sourches, qui, le connaissait déjà, l'accueillit avec joie et lui donna immédiatement sa confiance. Il voulut même l’attacher à son diocèse en le contraignant pour ainsi dire à accepter un canonicat dans son église cathédrale.

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Monsieur de Saint-Germain obtint du Roi Louis XV des lettres en date du 20 octobre 1739 autorisant les constructions nouvelles pour le séminaire et les exemptant de tout droit d'amortissement tant qu'on n'en tirerait aucun revenu. Il fit avancer les travaux durant les années 1739 et 1740 mais ceux-ci durent bientôt être interrompus en raison d'une disette sévissant dans le pays dolois.

En 1748, Monsieur de Saint-Germain se démit de sa supériorité et résigna son canonicat en faveur d’un parent de Mgr Dondel le jour même où expiraient les neuf années de sa charge. Il fut nommé supérieur à la maison de Paris. En 1751, il était nommé assistant général. Il devint supérieur du séminaire de Coutances en 1754 où il mourut le 9 avril 1766 emportant avec lui les regrets de tous ses confrères.

En 1740-41, il perdit deux des prédicateurs du séminaire : Monsieur Jacques Valmont, le 26 octobre 1740, et Monsieur Joseph Poulain Guy de La

Fontenelle, le 15 mai 1741.

Episcopat de Mgr Jean-François Dondel, 1748-1767.

1748-1756 : Monsieur Jean Couarde Le successeur de Monsieur de Saint-Germain fut Monsieur Jean Couarde né en 1707 dans

la paroisse de Saint-Léger du diocèse de Coutances. Il habitait depuis 10 ans comme missionnaire au grand séminaire de Rennes.

Il donna une nouvelle impulsion aux missions et aux retraites du diocèse de Dol. Il jouissait d'une grande réputation même au loin. Tout le mois de mai 1756, peu avant son départ, il présida une grande mission à Sainte-Marguerite-des-Loges près de Lisieux.

La même année (1756), il fut nommé supérieur de la résidence de la Garlière près d'Avranches et reçut en même temps le titre de supérieur de toutes les missions de Basse-Normandie. Il garda ce titre jusqu'à sa mort en 1778.

1756-1759 : Monsieur René Davy Les travaux de construction du nouveau bâtiment étant interrompus depuis 15 ans environ,

Monsieur René Davy fut rappelé à Dol pour y reprendre le chantier. Cet habile administrateur remit le chantier en route et poussa la construction avec activité.

Au bout de son triennat, en 1759, il retourna diriger la probation et fut remplacé par celui qui lui avait succédé à Valognes, M. de La Fontaine. Il fut tout le reste du temps supérieur et directeur du noviciat de la Congrégation.

1759-1768 : Monsieur Thomas-René de la Fontaine Monsieur Davy fut remplacé par Monsieur Thomas-René de la Fontaine. Il naquit en 1704

à Saint-Pierre-du-Jonquet dans le diocèse de Bayeux. Après avoir été préfet des ordinands et professeur de théologie à Caen, Rennes et Evreux,

il avait dirigé en dernier lieu le noviciat de la Congrégation. Sans avoir des qualités brillantes, c'était un bon théologien, un homme d'une parfaite régularité et d'un grand sens pratique. Il était toujours maître de lui-même et très bon pour ses confrères. Aussi laissa-t-il des regrets à Dol lorsqu'il partit prendre la supériorité du grand séminaire de Séez. Il fut nommé assistant du Supérieur général en 1774, charge qu'il garda jusqu'à sa mort en 1782.

Il eut deux confrères, futurs confesseurs de la Foi : Monsieur François Hébert, titulaire de la chaire de philosophie, puis confesseur du roi Louis XVI, qui l'appela la nuit précédant le 10 Août 1792, et fut martyrisé aux Carmes le 2 septembre suivant, et Thomas Hervé, son successeur à la chaire de philosophie, qui dut s'exiler pour refus de prêter serment à la constitution civile du clergé.

Episcopat de Mgr de Hercé. 1767-1791. 1768-1771 : Monsieur Michel Maubert Monsieur Michel Maubert fût un compatriote de Monseigneur de Hercé. Comme lui, il

naquit à Mayenne en 1722.

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Avant de venir à Dol, il professa pendant 20 ans la théologie à Rouen, Blois et Avranches. Il laissa le souvenir d'un homme doux, humble et courtois, humilité que blessait son

accession à une supériorité. C'est la raison pour laquelle, sur son instance, il fut retiré de Dol après à peine deux ans de fonction, pour être envoyé à la résidence de la Garlière où il resta jusqu’à sa mort.

1771-1772 : Monsieur Pierre Le Moigne Monsieur Pierre Le Moigne, était né au Pretot, diocèse de Coutances, en 1733 et entré dans

la Congrégation en 1756. Il fut successivement préfet des ordinands à Séez, Lisieux et Evreux. Il ne gouverna le séminaire de Dol que deux ans.Doué de certaines connaissances architecturales, il avait déjà présidé, à Lisieux, à la construction d'un bâtiment. Il entreprit et mena à bonne fin l'achèvement du principal corps de logis du séminaire, tel qu'il existe aujourd'hui.

1772-1783 : Monsieur Pierre de Launay Il exerça la supériorité à deux reprises, de 1772 à 1783, puis en 1788 pour affronter les

brimades des révolutionnaires, jusqu’à l’expulsion des Eudistes.. Monsieur Pierre de Launay naquit à Quédillac, diocèse de Saint-Malo, le 17 février 1732.

Il entra dans la Congrégation le 6 novembre 1752. Ayant achevé ses études théologiques, il fut d’abord en poste à Lisieux puis à Blois. De 1766 à 1769, il était préfet des ordinands au séminaire de Séez et retourna à Blois puis à Coutances, et c’est de là qu’il fut envoyé à Dol en 1772. Outre le gouvernement du séminaire, il dirigeait, comme supérieur, les retraites et les missions et assurait la cure de la paroisse de l'Abbaye.

Homme actif, droit et d'une grande bonté, il manifestait une rare énergie. Le Supérieur Général, Monsieur Dumont71, le choisit plusieurs fois pour visiter les différentes maisons de la Congrégation, et il fut nommé Assistant général par l’assemblée de 1788.

C'est sous sa première supériorité que fut bâtie l'église du séminaire utilisée aussi comme lieu de culte paroissial de l’Abbaye près Dol.

François-René de Chateaubriand parle dans ses Mémoires d'Outre-Tombe du Père de Launay et des souvenirs qu'il garde du séminaire72.

1783-1788 : Monsieur Jean-Charles-François Le Roy Monsieur Jean-Charles François Le Roy naquit à Caen en 1721. Prêtre pieux et zélé, il

entra dans la Congrégation en 1762 à 41 ans. Il y avait alors plus de 15 ans qu’il exerçait, comme prêtre séculier, les fonctions de missionnaire dans le diocèse de Bayeux tantôt seul tantôt avec les Eudistes. Après son noviciat, il fut envoyé à Coutances où il s'appliqua aux missions. Il obtint de nombreuses conversions et combattit le jansénisme assez puissant en Normandie. Les adeptes de cette hérésie lui vouèrent une haine sans faille. En 1778, il fut nommé supérieur de la Garbière et de toutes les missions de Basse-Normandie.

Durant son séjour à Dol, il continua à travailler avec ardeur au salut des âmes non seulement dans les missions et les retraites mais aussi comme curé de la paroisse de l'Abbaye. Sa piété, son zèle et son affabilité à l'égard de tous lui concilièrent l'estime des fidèles et du clergé de tout le diocèse.

Il décora l'église, meubla la sacristie d'un assez grand nombre d'ornements et fit célébrer les offices avec beaucoup de solennité, attirant une nombreuse assistance. Monsieur Le Roy chantait fort bien, célébrait avec une grande dignité et pensait avec raison que le culte extérieur contribue puissamment à entretenir et développer le culte intérieur. Le chant et les cérémonies étaient deux moyens dont il se servait avantageusement, dans les missions comme dans la paroisse, pour réunir une nombreuse assistance et trouver le moyen de faire entendre la parole de Dieu à beaucoup de personnes que le seul désir du salut de leur âme n'eût point fait approcher de la chaire chrétienne.

En 1787, en accord avec Monseigneur de Hercé, il créa la Confrérie des Saints Cœurs de Jésus et de Marie dont le siège était au séminaire. Elle fut composée d'ecclésiastiques, de laïcs

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et de femmes veuves ou de jeunes filles. Les hommes constituèrent un corps à part et les femmes un autre. Pour chaque corps, il y eut une assemblée tous les mois. Cette société avait pour but de répandre la dévotion aux Saints Cœurs de Jésus et de Marie.

Cet excellent Père mourut le 28 novembre 1788 unanimement regretté. Son éloge funèbre fut prononcé par Monsieur Michel Thoumin des Vauponts, grand vicaire de l'évêque de Dol.

1788 à la Révolution : de nouveau Monsieur Pierre de Launay C'était, dit Dauphin, "un homme actif, d'un sens très droit, et qui à une grande bonté savait

joindre une rare énergie." Il assurait avec ses confrères le blanchissage des âmes du collège, très uni au séminaire. C'était à lui que Françillon préférait avouer ses peccadilles.

François-René de Chateaubriand parle dans ses Mémoires d'Outre-Tombe du Père de Launay et des souvenirs qu'il garde du séminaire.

"J'avais pour confesseur le supérieur du séminaire des Eudistes, c'était un homme de cinquante ans, d'un aspect rigide".

"Toutes les fois que je me présentais au tribunal de la pénitence, il m'interrogeait avec anxiété. Surpris de la légèreté de mes fautes, il ne savait comment accorder mon trouble avec le peu d'importance des secrets que je déposais dans son sein".

Liste des supérieurs :

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Prêtres du séminaire73

Collas, Martin-Jean-François-Guillaume était né à Morsalines, diocèse de Coutances, le 18 juin 1764. Après avoir fait d'excellentes études au collège de Valognes, il entra dans la Congrégation vers la fin de son séminaire. Il professait la théologie à Dol depuis 1787, quand éclata la révolution.

Emigré en Angleterre avec Mgr de Hercé, il le suivit pendant quelque temps. Plus tard, ayant fait la rencontre d'un de ses amis, M. La Haye, prêtre du diocèse de Coutances, il se retira avec lui dans la ville de Londres, où il passa presque toute la période révolutionnaire.

Rentré en France en 1802, il se retira dans sa famille à Morsalines ; puis, sur l'invitation de M. Durieu, seigneur de l'ancienne paroisse de Rideauville, il se rendit à son château. C'est là qu'il fut frappé de mort subite, peu de jours après son arrivée, le 23 août 1802. Il fut inhumé le lendemain, dans le cimetière de Saint-Vaast-la-Hougue. Il n'était âgé que de 38 ans. Au témoignage de l'un de ses amis, qui lui a survécu de longues années, sa piété marchait de pair avec sa foi inébranlable.

David, Jacques-Jean-Gilles, né à Régneville, diocèse de Coutances, le 26 septembre 1756. Il entra dans la Congrégation le 13 juin 1778. Il était à Dol depuis 1781, où il remplit d'abord la charge de maître de chœur, puis en 1784, celle de Préfet des ordinands. N'a pas fait le serment prescrit par la loi. Agé d'environ 40 ans, a dit une fois la Gran'messe et les vêpres, à Vildé-Bidon, le jour de la conception en 1791, et, deux dimanches avant la messe du matin; il s'est retiré sans passeport. Chassé par la Révolution, il se retira à Régnéville, et y passa près d'une année dans sa famille qui était l'une des plus nombreuses et des plus importantes de la paroisse. Obligé de quitter la France, au mois de septembre 1792, il passa à l'île de Jersey, où il resta jusqu'en 1796. De là il fut transféré par ordre du gouvernement anglais dans le Northumberland. Comme son confrère et compagnon d'exil, M. Cardet, ancien préfet du petit séminaire de Rennes, il s'occupait à construire des cadrans solaires et avait recours à diverses industries pour se procurer quelques moyens de subsistances. Dès que le calme parut se rétablir sur le continent, M. David rentra à Régnéville, où il resta plusieurs années comme simple prêtre habitué Le curé étant mort en 1806, on lui proposa la place, et il administra cette paroisse pendant 27 ans. Il mourut le 29 juillet 1833, à l'âge de 77 ans, emportant l'estime et la vénération de tous ses pieux fidèles.

Toujours attaché à la Congrégation des Eudistes, il avait contribué à son rétablissement en 1826.

Du Monstier, Robert, né à Saint-Martin-du-Plessis, dans le diocèse de Rouen. Son premier emploi après la sortie de la probation fut la préfecture du petit séminaire de Rennes. Envoyé à Dol dès le début du séminaire, il y fut un ardent prédicateur, se chargeant des retraites, des prières du matin et du soir, des conférences, gloses exercices. Ces exercices variés ne l’empêchaient pas de confesser jusqu’à cinquante et soixante retraitants. Il prenait part également à toutes les missions qu’on lui donnait dans le diocèse ou au dehors. Abusant ainsi de ses forces, celles-ci déclinèrent vers la toussaint 1710, il mourut le 2 décembre et on l’inhuma dans le chœur de l’église du prieuré.

Durocher, Pierre-Olivier, né en la paroisse Saint-Germain de Rennes. Admis chez les Eudistes il fut envoyé à Dol après quelques mois seulement passés dans la maison de probation, et il y fut constamment occupé au travail des retraites. Il mourut à l’âge de 33 ans, victime de son zèle apostolique, emporté par une pleurésie.

Gontier, Gilles, Né en 1678 a Vitré où son père exerçait la charge de procureur. Après avoir commencé ses études au collège de cette ville, il les poursuivit avec grand succès dans celui des Jésuites de Rennes, où il passa ses examens de théologie. Ordonné prêtre, se rendit à paris où il demeura un an au séminaire de Saint-Sulpice. Après quoi, il revint en Bretagne. Après son noviciat, sa première fonction fut celle de vicaire à la paroisse unie au séminaire d’Avranches, Chargé ensuite de la préfecture des ordinands dans la même maison. Il fut

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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes

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envoyé à Dol en 1722, il y fut occupé sans relâche au travail des missions et des retraites. Durant le carême 1728, il fut saisi d’une violente fièvre qui dégénéra en fluxion de poitrine qui l’emporta en quelques jours. Il mourut le 9 avril, âgé de 52 ans, après avoir reçu les sacrements. Fut inhumé le 10 avril 1728.

Hébert, François Louis, Professeur de Philosophie au séminaire de Dol (1761-1764). Devenu coadjuteur du supérieur général, puis supérieur général en 1782. Monsieur Hébert entretenait d'étroites relations avec le roi Louis XVI

dont il devint le confesseur et un conseiller écouté dans les moments les plus tragiques de la Révolution, depuis que le curé de Saint-Eustache, Jacques Poupart, avait prêté le serment constitutionnel. Sous son supériorat la Congrégation connut une grande expansion: des missions étaient réalisées en beaucoup de lieux; on agrandissait les grands et petits séminaires; la Congrégation compta jusqu'à 140 membres, dont une centaine de prêtres. Des témoignages d'évêques, compilés dans une enquête réalisée en 1785 par Monsieur Hébert, attestent de la bonne renommée des Eudistes et de leur influence bénéfique dans les séminaires dont ils avaient la charge. Arrêté après le 10 août, il fut conduit à la section du Luxembourg et fut martyrisé aux Carmes le 2 septembre 1792.

Hervé, Thomas, natif de vannes. Professeur de Philosophie au séminaire de Dol (1764). Succéda dans cette chaire de philosophie à M. François Hébert.

A l'époque de la Révolution, il était chargé de la cure de Saint-Pierre de Senlis, annexée au séminaire de cette ville, et dut prendre le chemin de l'exil pour refus de serment à la constitution civile du clergé.

Levrel, Pierre-Julien, était né en 1760, à la Chapelle-Blanche, paroisse du diocèse de Dol, et il était entré dans la Congrégation des Eudistes en 1780. Neveu de M. Pierre de

Launay. Econome au séminaire de Séez en 1782, il était, depuis 1788, professeur de théologie au séminaire de Dol. Comme son oncle, refusant d'émigrer, il resta dans les environs de son ancienne résidence, et il exerça dans le pays un ministère fructueux. Nommé recteur de Plerguer le 16 juillet 1803, il y mourut six mois après M. de Launay, le 14 mai 1806.

Marie, Jean-Vincent, né en 1762, à Sceaux, près Paris, mais alors du diocèse de Chartres, était entré dans la Congrégation en 1784. Il exerçait à Dol, depuis 1788, la fonction de maître de chœur en même temps que celle de missionnaire. Prédicateur distingué, il avait prêché devant le duc de Penthièvre à l'ouverture des Etats de Bretagne.

Il resta lui aussi caché aux environs de Dol, où il exerça le Saint ministère en plusieurs paroisses, particulièrement à Saint-Broladre. En juillet 1802, la police lui ordonna de s'en éloigner à cinq lieues, sous peine d'être arrêté parles gendarmes. Alors il se rendit à Rennes et se joignit pendant quelque temps à M. Blanchard74, supérieur du séminaire des Cordeliers.

Revenu à Dol en 1805, il y contribua à l'organisation de l'hospice, transféré, comme nous l'avons dit, dans les bâtiments de l'ancien séminaire, dont il fit réparer l'église. Il y resta en qualité d'aumônier jusqu'à sa mort qui arriva en 1821. Il a laissé dans le pays un excellent souvenir ; on aimait surtout à se rappeler sa grande sagesse dans la direction des âmes.

Mulot, Nicolas, Supérieur de la résidence Sainte-Anne près Fougères en 1713-1714, fut envoyé au séminaire de Dol en 1714 pour y enseigner la philosophie. Supérieur des religieuses de la Sagesse de Rennes. Mort à Rennes en 1719.

Poulain, Joseph-Guy, Sieur de la Fontenelle, du diocèse de Saint-Brieuc. Né le 24 mai 1707 à Lamballe, paroisse Saint-Jean75. Prêtre Eudiste entré dans la Congrégation en 1728. Il avait d'abord été professeur à Lisieux puis à Dol où il enseignait la théologie.

Il mourut le 15 mai 1741, à la fin de la mission de Saint-Solen qu'il venait de terminer, et où il s'était fatigué outre mesure.

Royer, Julien-François, était né à Saint-Malo en 1727. Il avait déjà 40 ans et se livrait déjà aux exercices des missions et des retraites quand il entra dans la Congrégation. Son

F. Hébert

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emploi fut celui de prédicateur dans les maisons de Rennes et de Dol. Il se dépensa jusqu'à l'excès dans les retraites et missions de Bretagne, et mourut de la suite de ses fatigues à l'âge de 51 ans, le 1er janvier 1778, paroisse de l'Abbaye sous Dol.

Salmon, François, originaire de Coglès, Eudiste, diacre en 1744, économe du séminaire de Dol; inhumé le 26 février 1771, âgé de 58 ans.

Valmont, Jacques, originaire de Morsent, diocèse de Lisieux. Etait un parfait catéchiste et un très bon prédicateur. Catéchiste au séminaire de Dol. Il fut enlevé à l'âge de 62 ans, le 26 octobre 1740.

Viel, François, originaire de la paroisse de Saint-Fonds dans le diocèse de Coutances. Supérieur de la résidence Sainte-Anne près Fougères en 1711-1713. Il fit agrandir, planter

et embellir considérablement le jardin de cette résidence. Il exerçait précédemment les charges de sacristain au séminaire de Dol et de vicaire à la

paroisse qui y était annexée en 1710. Il reprit ces fonctions en 1713, et les garda jusqu'à sa mort qui arriva en 172376.

Sort des prêtres du séminaire77. Le 8 Juillet 1790, l'Assemblée avait établi une nouvelle circonscription des diocèses, et le

siège de Dol se trouvait supprimé et réuni à celui de Rennes. Le séminaire était supprimé par la même raison. Toutefois la rentrée se fit comme de coutume, et les cours recommencèrent au mois de Septembre. Le 19 de ce mois, les Eudistes de Dol adressèrent une requête au Directoire de Rennes pour faire ordonner chez eux les Séminaristes qu'ils dirigeaient, vu qu'aucun évêque ne résidait au chef-lieu du département.

Dans une réponse du 23 octobre, les administrateurs rejetèrent cette demande. Ils ajoutaient que le décret du 12 juillet ne reconnaissant qu'un séminaire par diocèse, les Eudistes n'auraient pas dû recevoir les Séminaristes à la rentrée ordinaire des cours et ils leur enjoignaient de les renvoyer sous huitaine.

Le Supérieur, M. de Launay, se garda bien d'obtempérer à cet ordre, et malgré le refus du Directoire, une ordination nombreuse eut lieu à Dol le 14 Décembre, tant pour les Séminaristes du Diocèse supprimé que pour ceux des diocèses voisins.

Prévenu de cette infraction, le Directoire confirma son Arrêté le 7 Janvier 1791, et chargea le Procureur Syndic du. District de Dol d'expulser les Séminaristes. Ils durent donc se disperser pour ne plus revenir.

A cette date, la Communauté des Eudistes ne se composait plus que des cinq prêtres et de quatre Frères domestiques : MM. Pierre de Launay, Supérieur et Curé de la paroisse de N.-D. de l'Abbaye-sous-Dol ; Jean David ; Martin Collas ; Pierre Levrel et Jean Marie.

Dès le 25 octobre 1790, l'Assemblée Nationale avait décrété que tous les prêtres fonctionnaires publics seraient obligés d'accepter par serment la Constitution Civile du Clergé. Bien que le séminaire n'existât plus en droit, on demanda aux Eudistes la prestation du Serment en qualité d'administrateurs de la Cure de l'Abbaye. Ils refusèrent énergiquement.

Une délibération du Conseil constate que la plupart des Recteurs ou Curés, ainsi .que M. l'Abbé Delacroix, Principal du Collège de Dol, et ses quatre professeurs refusèrent aussi le serment : " C'est, dit cet acte, l'effet du voisinage du séminaire et du concert qui règne entre les Eudistes et le Collège… Le séminaire est le foyer de ce qu'on appelle aristocratie ecclésiastique, et tant que les Eudistes y resteront, ils seront une cause d'insurrection."

Le 25 Janvier 1791, Mgr de Hercé publia une Lettre Pastorale où il condamnait comme illégale la suppression de son diocèse et comme schismatique la Constitution Civile du Clergé et le serment de la maintenir.

Le 18 février 1791, dans une correspondance au département, le Directoire du district : Pour nous conformer aux articles 16 et 17 du titre premier de la loi du 14 octobre et

répondre à la vôtre du 12 janvier, nous devons vous dire que la suppression du chapitre de

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Dol, de l'abbaye de la Vieuville et du séminaire éloignant nécessairement beaucoup de consommateurs de cette ville, il serait bien à désirer qu'on pût en rappeler quelques-uns. Le séminaire seul conviendrait pour la réunion des vingt religieux prescrits par l'article 17: sans entrer dans des détails particuliers, il suffit de dire qu'il y aurait où en placer à l'aise plus du double78.

La maison est bâtie depuis peu d'années et très solidement, l'église est de même reconstruite depuis douze à quinze ans et très jolie, le tout à un sixième de lieue de cette ville et pour mieux dire dans un de ses faubourgs. L'église du séminaire est celle de la paroisse de l'Abbaye, desservie par les Eudistes, paroisse composée de 351 individus, dont nous avons demandé la réunion à celle de Notre-Dame de Dol par notre lettre du 4 de ce mois.

Les religieux auxquels cette maison serait destinée pourraient devenir les professeurs du collège qui en est à peu de distance, aucun de ceux qui y sont actuellement n'ont prêté le serment du 27 novembre.

Mgr de Hercé fit sa dernière Ordination le 19 mars 1791 et donna la prêtrise à quatre diacres de son Diocèse : Pierre Forget, Augustin de la Lande, Charles Le Forestier et Julien Briand, et signa ce procès-verbal : Evêque et Comte de Dol par la miséricorde divine et la grâce du Saint-siège Apostolique.

Bien que le séminaire fut supprimé, les Eudistes avaient le droit d'y demeurer encore, à cause de la paroisse de l'Abbaye dont ils étaient les administrateurs. Afin de s'en débarrasser, dès le 4 février, le Directoire de Dol adressa à celui, du Département une requête pour obtenir la suppression de la paroisse.

Dans une délibération du 7 Juin, il est dit que " le Sieur de Launay, ci-devant Supérieur du ci-devant séminaire de Dol, est décrété pour avoir parlé et agi contre la Constitution. "

Le 9 Juin, la Société des Amis de la Constitution vint aussi témoigner aux administrateurs du Directoire sa surprise de ce qu'il souffrait au ci-devant séminaire les Eudistes, sous le coup d'un décret pour désobéissance à la loi. Il était hautement urgent de dissiper des sujets aussi dangereux.

Le Directoire répondit qu’il n’attendait que la réunion de la paroisse de l'Abbaye à celle de Notre-Dame les ferait déguerpir, et il arrêta qu'il se transporterait au séminaire pour sommer les Eudistes de le quitter. C'est ce qui eut lieu en effet, et dès le lendemain 10 Juin ; le Directoire, accompagné d'un détachement de la Garde Nationale, vint en fermer les portes. Les Eudistes durent céder devant la force armée. On posa les scellés et l'on dessaisit (sic) le maire de la clef de l'église.

Dès le lendemain de cette expulsion, le citoyen Le Coz, évêque constitutionnel d'Ille-et-Vilaine, confia provisoirement la cure de l'Abbaye au Sieur François Guillot, curé jureur de Notre-Dame.

Le 17 Juin, les biens du séminaire furent vendus nationalement au prix de 76.350 francs. Ils consistaient surtout dans le domaine de l'enclos, formé de prairies et de 14 journaux de terres labourables ; plus la métairie de Maboué en Dol, les Fongeroux et les Houssais en Mont-Dol et la terre des Hièbles ? Les bâtiments et les jardins avaient été réservés, et le 29 novembre 1791, on y installa l'hôpital de Dol. Cette destination n'a pas été modifiée depuis lors. L'ancienne église de Notre-Dame de l'Abbaye sert de chapelle à cet hospice. On y remarque encore, sur la table de communion, deux cœurs en cuivre doré qui attestent la dévotion des Eudistes aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, et dans la sacristie meublée par eux. On lit toujours sur les tiroirs les noms de M. le Supérieur, M. l'Econome, M. le. Préfet des Ordinands. On y conserve également un ornement de Mgr de Hercé.

Les pères Eudistes expulsés.

Sans s'effrayer des menaces des patriotes, M. de Launay resta caché durant la Révolution dans sa paroisse de l'Abbaye-sous-Dol, où il exerça en secret le saint ministère. Et tout en

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étant à deux pas de ses ennemis, il sut constamment échapper à leurs poursuites. Affaibli par ses fatigues et ses privations, il se retira en 1803 chez son neveu, M. Levrel, recteur de Plerguer, et y mourut le 17 novembre 1805, à l'âge de 73 ans.

M. Pierre-Julien Levrel, ancien professeur de théologie, refusa d'émigrer et resta lui aussi dans les environs. Nommé Recteur de Plerguer le 16 Juillet 1803, il y mourut le 14 Mai 1806.

M. Jean-Vincent Marie, caché aux environs de Dol, exerça le Saint ministère en plusieurs paroisses, particulièrement à Saint-Broladre.

En 1802, il se rendit à Rennes. Revenu à Dol en 1805, il contribua à l'organisation .de l'hospice dans les anciens bâtiments du séminaire dont il fit réparer l'église. Il y resta aumônier jusqu'à sa mort en 1821.

M. Jacques-Jean-Gilles David, préfet des Ordinands, chassé du séminaire, se retira à Régneville. Obligé de quitter la France en Septembre 1792, il passa à l'île de Jersey où il resta jusqu'en 1796. De là il fut transféré dans !a Northumberland où il s'occupa à construire des cadrans solaires pour se procurer sa subsistance. Puis il rentra à Regneville où il administra la paroisse pendant 27 ans.

Il mourut le 29 Juillet 1833, à 77 ans. M. Martin Jean-François-Guilaume Collas, ancien professeur de Théologie, émigra à

Jersey avec Mgr de Hercé, et ensuite à Londres où il passa toute la période révolutionnaire. Rentre en France en 1802, il se retira dans sa famille à Morsalines, puis à Rideauville, où il mourut subitement le 23 août 1802, âgé de 38 ans. Il fut inhumé dans le cimetière de Saint-Vaast-la-Hougue.

Armorial des évêques de Dol 1692 - 1790

de Chamillard de Paulmier d’Argenson

du Bouschet de Sourches Dondel de Hercé

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Listes de Professeurs

Philosophie

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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes

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S. Jean Eudes, fondateur, par le peintre Francisi, 1909. Il représente le P. Eudes debout devant un autel et consacrant aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie les Instituts fondés par lui. La tête du Bienheureux est nimbée de rayons; debout ou à genoux, l’on voit des Eudistes, des religieuses de Notre-Dame de Charité du Refuge et du Bon-Pasteur, des Tertiaires du Cœur

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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes

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admirable, et par derrière le groupe, Marie des Vallées, la sainte de Coutances, dont l’influence a été si grande sur le Bienheureux. »s (Extrait de: Revue mensuelle Les Saints Cœurs de Jésus et de Marie, Paris, 1925, pp. 263-264)

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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes

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La vie autour du séminaire

Les retraites laïques de Dol Sous Monseigneur d’Argenson80

Dès la première année de son épiscopat, Mgr François de Voyer de Paulmy d’Argenson, 1703, voulut que les prêtres du séminaire se chargeassent de la direction des retraites publiques qui se faisaient depuis quelque temps dans l'Hôpital de Dol, et qui, grâce au zèle de M. Creully et, de ses confrères, prirent bientôt une extension considérable et devinrent une source abondante de grâces et de bénédictions pour les habitants du diocèse et des lieux circonvoisins.

L'origine de ces retraites était toute récente. En 1702, pendant la vacance du siège, un prêtre du diocèse de Rennes, M. des Fougères, recteur de Montreuil-le-Gast, étant venu à Dol pour voir quelques membres de sa famille, voulut utiliser son temps en donnant les exercices de la retraite aux filles et femmes de la ville. Il en réunit quarante-cinq dans la maison d'une demoiselle Le Geart, qui voulut bien se charger d'héberger les retraitantes.

Témoin du succès de cette entreprise, M. Even, chapelain de l'Hôpital de Dol, résolut de la continuer en donnant des retraites à époque fixe, et à cet effet, il acheta les meubles et objets les plus indispensables pour loger et nourrir les retraitants. Puis, voulant s'assurer des coopérateurs, il s'adressa aux membres du Chapitre qui avaient alors en main la juridiction et l'administration du diocèse. Ils lui donnèrent tout pouvoir et lui prêtèrent secours pour les confessions et les prédications.

A son arrivée dans le diocèse, Mgr d'Argenson approuva l'entreprise ; mais bientôt il résolut de la perfectionner. S'étant rendu, en 1703, aux Etats de la province qui se tenaient à Vannes, il eut occasion de remarquer le bel ordre que l'on observait dans la direction de retraites de cette ville confiées aux Pères Jésuites, et il se décida a donner aux Eudistes la charge de celles de Dol. A cet effet, et sans plus tarder, il adressa à M. Creully un ordre signé de sa main et muni de son sceau, pour lui confier le soin de toutes les retraites qui se feraient à l'Hôpital. Cet ordre fut communiqué au Corps de Ville et enregistré sur le registre de ses délibérations.

Les anciens ouvriers des retraites furent, fort surpris de ce changement, surtout M. Even81, qui prit le parti d'accepter la cure de Bonaban, après avoir été remboursé de toutes ses dépenses faites pour meubler la maison. Les autres, déclarant qu'ils n'avaient point jusque-là cherché leur intérêt, mais uniquement le bien des âmes, continuèrent à travailler aux retraites sous la direction des Eudistes chaque fois qu'on les y invita. Ce furent MM. Boulicaut, chanoine et grand vicaire du Chapitre, Le Botters, théologal82, Nicolas, curé de Notre-Dame de Dol83, Danlos, recteur du Crucifix84, et le chanoine de Lourmel dont nous avons parlé plus haut. On recourait à leurs services en cas d'absence pour les missions, ou durant la présence des Ordinands an séminaire, ce qui n'avait lieu que trois mois chaque année, le diocèse n'étant pas assez étendu pour exiger deux ordinations.

L'Annaliste85 nous a conservé le règlement de ces retraites, qui se donnaient au nombre de douze par an, et ne réunissaient pas moins de 200 à 250 personnes chaque fois.

Elles commençaient le dimanche soir, pour finir à midi du dimanche suivant. Le sermon d'ouverture était suivi du souper et des avis pour l'ordre de la retraite.

Chaque jour, on se levait à 5 heures 1/2. A 6 heures avait lieu la prière vocale, avec quelques avis pour commencer la journée d'une manière chrétienne; puis l'explication du Pater et de l'Ave Maria, ou des conseils sur la manière de prier et de faire oraison. La méditation avait lieu à 7 heures, et se faisait ordinairement sur les mystères de la Passion.

A 7 heures 1/2, on expliquait les diverses parties de la sainte Messe et la manière d'y assister. Elle se disait à 8 heures, et était suivie du déjeuner.

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Le Séminaire de Dol, 1698 – 1791, et les Eudistes

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Après une demi-heure de temps libre environ, les retraitants se réunissaient à 9 heures 1/2 pour la conférence, avant laquelle on chantait un cantique.

A 10 heures 1/2 avait lieu le sermon, qui était suivi d'une récollection, après laquelle on récitait les Litanies du saint Nom de Jésus.

Les retraitants se rendaient ensuite au réfectoire, et pendant le dîner et le souper on leur faisait la lecture. Après un instant d'action de grâces à l'église, ils avaient environ trois quarts d'heure de récréation digne, la rechute. Les sujets de dialogue étaient l'habitude du péché, la restitution (deux fois), l'occasion prochaine, la satisfaction. Le samedi soir, au lieu du dialogue, on donnait les avis pour la communion et le règlement de vie

Les retraitants étaient logés dans une maison située rue du Moulin, près du pont de l'Archevêque et à quelques pas de l'hôpital. Les exercices avaient lieu dans la chapelle Saint-Marc qui était l'église de l'Hôtel-Dieu. Les Religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve, qui desservaient l'hospice, avaient la garde de la maison de retraite, et elles en administraient le temporel dont elles rendaient compte à l'évêque.

Contents de semer le bon grain de la parole divine, les prêtres du séminaire ne demandaient aucune rétribution pour leurs travaux; Les pensions des retraitants, dont le nombre s'accrut bientôt d'une manière considérable, servirent à meubler la maison, à en payer la location, et plus tard à acheter la propriété, ce que l'on fit au nom de l'hôpital, l'institution de la retraite n'ayant pas de lettres-patentes.

Mgr d'Argenson fut tellement satisfait des travaux des Eudistes dans les retraites, qu'il voulut les en récompenser en leur donnant 2.000 livres des deniers de cette maison, pour rembourser la somme que M. de Saint-Aubin avait empruntée pour le séminaire aux Dames de la Visitation du Colombier de Rennes, ce qui s'exécuta en 1714.

En 1782, il y avait au séminaire neuf Eudistes prêtres ; mais depuis quelques années, les missions et retraites pour les laïques étaient devenues presque impossibles.

Sous Monseigneur de Hercé86

Ces exercices de piété intéressaient aussi particulièrement Mgr de Hercé. Une maison, auprès de l'hôpital dans la rue alors appelée «rue du Moulin-de-l’Archevêque,

était consacrée à ces pieux exercices. Cette maison tombant de vétusté et formant un coude sur la rue, l'évêque obtint, en 1779, de l'Intendant de Bretagne, qui déclara s'en rapporter complètement a lui, de rebâtir cet immeuble dans l'alignement de l'hôpital. Cette rue rendue plus spacieuse et «procurant, selon l'expression du prélat, un coup d'œil infiniment plus agréable », reçut dès lors le nom de rue de Hercé87.

Les retraites duraient une semaine. Il s'y trouvait à chaque fois une moyenne de 300 hommes et femmes. Chaque retraitant payait 6 livres environ. Le principal du collège de Dol d'alors, l'abbé Delacroix, prétend qu'on s'y montrait très sévère pour l'absolution, et que même, une fois, sur 300 retraitants, un seul fut jugé digne de communier. Faut-il voir là des preuves de jansénisme dans les confesseurs, ou une perversité incurable dans les retraitants ? Toujours est-il que généralement la moitié seulement des hommes et les deux tiers des femmes étaient admis à la communion.

Il arrivait souvent que, dans leur contrat, les serviteurs mettaient comme condition qu'ils assisteraient une fois l'an aux retraites.

Mgr de Hercé n'assistait pas à ces exercices spirituels, mais il s'en faisait rendre un compte rigoureux88.

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Les retraites ecclésiastiques de Dol Sous Monseigneur d’Argenson89

Sur le conseil de M. Creully, non moins zélé pour la sanctification du clergé que pour celle des fidèles, l'évêque voulut que les prêtres de son diocèse vinssent à leur tour chaque année à la maison de retraite, pour s'y exciter au désir de leur perfection et se retremper dans l'esprit ecclésiastique. A cet effet, dans le synode du mois de juillet 1704, il publia une ordonnance pour établir ces retraites sacerdotales, qu'il fixa au 3e dimanche après Pâques et au 3e dimanche de septembre ; et il en chargea encore les prêtres du séminaire.

C'est aussi à l'instigation de ce digne Supérieur, dont il goûtait fort les avis, que Mgr d'Argenson établit, vers la même époque, l'usage des Conférences ecclésiastiques, pour obliger ses prêtres à s'appliquer à la science de leur saint état.

Dévoré du zèle de la gloire de Dieu, M. Creully, entreprit encore, aux époques de l'absence des Ordinands, de donner avec ses confrères de nombreuses missions dans le diocèse de Dol, même dans ses enclaves dont quelques-unes étaient fort éloignées, ce qui nécessitait de longs et fatigants voyages. Tant de travaux exigèrent, on le comprend, un personnel nombreux. Aussi M. Blouet ne tarda-t-il pas à augmenter le nombre des prêtres du séminaire en leur adjoignant quelques bons prédicateurs.

Il y avait sept ans que M. Creully gouvernait cette maison el dirigeait les retraites de Dol, lorsque ses supérieure le rappelèrent pour lui confier la direction du séminaire de Caen. Excellent administrateur et prédicateur remarquable, il emporta les regrets de Mgr d’Argenson et de tout le clergé de Dol ainsi que des fidèles, qui avaient apprécié sa piété, son zèle, sa prudence et ses talents.

Sous Monseigneur de Hercé90

Mgr de Hercé avait compris que le zèle et la piété, acquis pendant trois années de séminaire, peuvent se refroidir dans le contact d'un monde plein de vices et alors imbu d'un philosophisme qui, malheureusement, pénétrait trop sensiblement certains membres du clergé, et non des moindres, et préparait la plus épouvantable des catastrophes. D'ailleurs la routine ne s'insinue-t-elle pas jusque dans les fonctions les plus saintes, enveloppant les vérités les plus pures et les choses les plus sacrées d'une rouille qui fait perdre le sens des unes et le respect des autres ?

Alors un nouveau retrempement de zèle et de piété devient nécessaire. Aussi Mgr de Hercé se montrait-il sévère pour l'assistance aux retraites ecclésiastiques. Dans un synode tenu en 1704, par un de ses prédécesseurs, Mgr de Voyer de Paulmy

d'Argenson, la retraite annuelle avait été imposée à tous les ecclésiastiques ayant charge d'âme, et les statuts de 1741, de Mgr de Bouschet de Sourches, en rappelaient la nécessité.

Mgr de Hercé, se rendant aux réclamations de son clergé qui arguait des difficultés d'assister chaque année à cette retraite, la maintint annuelle, mais n'obligea d'y assister que tous les deux ans. De plus, il laissa aux ecclésiastiques, dont le domicile était trop éloigné de la ville épiscopale, la liberté de faire leur retraite dans les séminaires des diocèses qui étaient le plus à leur proximité.

Mais il en faisait une obligation expresse à tous les membres de son clergé. « Nous leur déclarons, disait-il dans ses statuts91, que nous ne continuerons point les

pouvoirs de ceux qui, sans raison légitime, laisseront écouler deux ans sans vaquer à ce saint exercice. »

Cette retraite, qui durait huit jours, s'ouvrait, le second dimanche de Pâques, au grand séminaire. Pour donner de la place aux retraitants, les séminaristes étaient envoyés pendant ce temps en vacances.

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Mgr de Hercé faisait toujours partie de la retraite et présidait à tous les exercices. Il s'appliquait surtout à faire repasser les rubriques, attachant une grande importance à ce que les offices se célébrassent d'après les règles, avec dignité et piété. Il prêchait le premier ou le dernier sermon, mais donnait par ailleurs de nombreux avis. Les autres sermons étaient prêches par des recteurs ou autres prêtres vénérables du diocèse, que prévenait un an à l'avance l'évêque, en leur indiquant le sujet sur lequel ils devaient parler.

Pendant les récréations auxquelles il prenait toujours part, mêlé à son clergé, Mgr de Hercé se montrait très paternel, plein d'entrain, évitant toute question d'affaire administrative.

Aux ecclésiastiques qui n'avaient pas la charge d'une paroisse, il ne donnait le pouvoir de confesser que pour deux ans, et c'est à la retraite qu'il renouvelait les pouvoirs ; par ce moyen il les forçait de suivre tous les deux ans les exercices spirituels.

C'est également pendant la retraite que l'évêque de Dol faisait les changements des vicaires. Ces changements, il les accordait très facilement à cause des difficultés de la vie commune, soit à la demande des recteurs, soit à la demande des vicaires eux-mêmes.

« II y a tant d'hommes de bien, disait-il, qui par antipathie, opposition de caractère, ne peuvent vivre ensemble en paix ; le seul remède est de les séparer. »

La clôture de la retraite avait lieu le samedi, après la messe. Chaque retraitant payait pour sa pension de 18 à 20 livres. Aussitôt la retraite terminée, les séminaristes réintégraient le séminaire92.

Certains bénéfices se donnaient au concours. Ce concours se tenait au Palais épiscopal « tous les premiers, jours non fêtés des mois de mars, de juin, de septembre et de décembre 93 ».

Dans toutes les collations de cure, il était ordonné au bénéficiaire, avant de remplir ses fonctions, de faire une retraite de trois mois au séminaire, sous peine de suspense ipso facto.

On voit par là avec quel soin le pieux évoque veillait au bien spirituel des pasteurs et des troupeaux qui leur étaient confiés.

Les retraites de Pleine-Fougères Elles avaient commencé en 1680, grâce au zèle d'un saint prêtre nommé M. de la Jacoberie,

qui avait consacré cette œuvre sa maison, ses biens et sa personne. Il croyait n'en pouvoir faire un meilleur usage que de les employer à ce puissant moyen d'instruire et de sauver les âmes. Il mourut en 1718, laissant par testament son jardin et sa maison voisine de l'église « pour y établir des retraites à perpétuité », mais sans prendre d'autres mesures pour doter et assurer cet établissement.

M François Le Liffer94, curé de Pleine-Fougères, accepta la direction de ces retraites, et entreprit même de faire construire un bâtiment plus considérable. Prévoyant la difficulté qu'il rencontrerait pour continuer ces exercices, il songea à les confier à une communauté habituée à ce genre de travail, et il jeta les yeux sur les Eudistes qu'il connaissait depuis longtemps, car il avait contribué à leur établissement du séminaire de Dol. Il les avait d'ailleurs vus à l'oeuvre dans les retraites mêmes de Pleine-Fougères, où les avait souvent appelés M. de la Jacoberie.

Il en écrivit donc, dès 1720, à leur Supérieur général, M. de Fontaines, lui faisant valoir la situation de cet établissement placé entre les trois évêchés de Rennes, de Dol et d'Avranches, et sur les confins de deux provinces, ajoutant qu'on pourrait dans la suite y transporter la communauté du séminaire de Dol, si on le désirait, le lieu étant beaucoup plus sain que celui de l'Abbaye-sous-Dol. Peu après, sachant que le Supérieur général se disposait à partir pour faire la visite des Séminaires de Bretagne, il le pria de descendre jusqu'à Pleine-Fougères, afin de se rendre compte de l'état des choses.

M. de Fontaines s'y rendit en effet, et trouva le nouveau bâtiment fort avancé ; mais il ne voulut rien conclure pour le moment. Il dit au bon recteur que « ses confrères se feraient toujours un plaisir comme un mérite de contribuer à de telles entreprises, qui n'ont d'autre but que le salut des âmes; mais que rien ne devait se faire sans le bon plaisir de l'évêque auquel

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seul il appartient de donner la forme convenable a ces sortes d'établissements ; et qu'en attendant, les Eudistes continueraient comme par le passé à lui donner leurs services. »

M. Le Liffer ayant, obtenu l'autorisation du prélat revint à la charge, et l'Assemblée de 1729 dut s'occuper de cette affaire. On résolut d'accepter cette fondation et de se charger de la direction des retraites, dans l'espoir que l'évêque voudrait bien diminuer le nombre de celles qui se faisaient à Dol, et dont la charge de venait onéreuse. C'est dans cet espoir que les Eudistes du séminaire firent, durant quelques années, tous les exercices des retraites de Pleine-Fougères.

Mais loin d'accéder à leur désir, Mgr de Sourches fit insérer dans le projet de lettres d'union, la clause expresse que ces retraites seraient toujours fixées à d'autres époques que celles de Dol, dont il se réservait de déterminer le nombre et les dates. De son côté M. Le Liffer voulut mettre des conditions tellement onéreuses à la donation de l'immeuble, que le Supérieur du séminaire de Dol refusa de signer le contrat.

L'assemblée générale du 1733 approuva ce refus ; ce qui n'empêcha pas les Eudistes de travailler aux retraites de Pleine-Fougères chaque fois qu'ils le purent, et d'envoyer tous les ans un prêtre afin d'aider le recteur pour les confessions pascales95.

Sous la révolution

Le clergé dans son ensemble refusait de se soumettre à la nouvelle organisation, le gouvernement révolutionnaire décida d'exiger de tous les prêtres exerçant le ministère un serment de fidélité à la Constitution.

Le clergé du district de Dol, dont Pleine-Fougères faisait partie, devait prêter ce serment le dimanche 30 janvier 1791. Quelques prêtres étaient encore perplexes. Mais la veille, un frère Eudiste, du séminaire de Dol, répandit à profusion dans la contrée une lettre de. Mgr de Hercé, évêque de Dol, portant condamnation de la nouvelle constitution. Cette lettre parvint à Pleine-Fougères, dans la soirée.

Le clergé paroissial se composait alors de M.M. Plaine, recteur, Egault et Bory, vicaires. Tous les trois, décidèrent de s'abstenir de prêter serment. Le lendemain, du haut de la chaire, le prédicateur fit connaître la décision qui avait été prise et les raisons qui la justifiaient ; il invita ensuite les paroissiens à rester toujours unis à leur clergé, leur évêque et le Souverain Pontife.

La population, venue nombreuse à la grand'messe, fut émue et se montra résolue à garder cette union, et à défendre sa foi envers et contre tous, .c’est qu'à cette époque la paroisse de Pleine-Fougères, était dès plus, chrétiennes. Elle avait quelque, peu perdu de sa grande, ferveur du siècle précédent, mais elle avait encore une vie religieuse intense, entretenue par des, retraités annuelles d'hommes et de, femmes, qui se donnaient dans la paroisse.

C'est justement pendant, une de ces retraites que les ennuis commencèrent. A partir du 30 janvier tout prêtre non jureur était déclaré inapte à remplir le ministère. Le

dimanche gras, deux Eudistes, appelés par M. Plaine, commencèrent une retraite, d'hommes dans l'église. "Or, ces prêtres n'avaient point non plus prêté serment. Cette retraite se passa cependant sans incident et dans une grande ferveur. Le dimanche 27 mars on commença une autre retraite pour les femmes. Mais immédiatement une dénonciation contre les deux prédicateurs fut portée aux administrateurs du district qui prirent aussitôt l'arrêté suivant :

29 mars 1791 « Sur ce qu'il a été appris que des prêtres qu'on dit être Eudistes, ont commencé dimanche

dernier, 27 de ce mois, une retraite de femmes dans l'église de Pleine-Fougères ; « Considérant que suivant les dispositions du décret du 5 février dernier, la prédication

n'est permise qu'à ceux qui ont prêté serment et qu'il est à présumer que le directeurs de ladite retraite ne l'ont point fait ; .considérant qu'il pourrait être dangereux, de laisser à la tête d'une retraite, et surtout d'une retraite de femmes, des réfractaires à la loi et des ennemis de la Constitution, le Directoire, ouï le procureur-syndic, est d'avis d'écrire sur-le-champ, à la

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municipalité de Pleine-Fougères pour lui .témoigner sa surprise de ce qu'elle souffre des, prêtres réfractaires, aux lois de l'Etat diriger une retraite, et de l'inviter a communiquer à ces prêtres l'a présente aussitôt reçue, pour qu'ils aient à désemparer sur-le-champ et à interrompre une retraite que leur désobéissance formelle à la loi ne leur permet pas de conduire96 ».

Effectivement la lettre fut écrite et expédiée. M. Jus, alors maire de Pleine-Fougères, en donna connaissance aux directeurs de la retraite, mais au lieu de les inviter à se retirer, il les pria de continuer leurs exercices et d'achever le bien qu'ils avaient commencé, les assurant de sa bienveillance personnelle et d. celle de la municipalité.

Cette conduite de municipalité de Pleine-Fougères n'était pas pour plaire, à ces Messieurs du district ; elle ne pouvait guère être plus tranchante.

Cette indépendance de la municipalité et de la population de Pleine-Fougères, à l'égard des autorités révolutionnaires se manifesta maintes fois au cours de cette époque troublée. La lutte fut parfois très vive. La population qui était très religieuse, et avisée des réformes opérées se rapprocha de plus en plus de ses prêtres ; elle n'eut bientôt plus que de l'hostilité pour un régime qui, au nom de la liberté, voulait lui enlever la plus chère de toutes, la liberté de conscience.97

La confrérie des Saints Coeurs de Jésus et Marie98 Monsieur Le Roy, supérieur du séminaire, mourut le 28 novembre 1788, universellement

regretté. Son éloge funèbre fut prononcé par M. Michel Thoumin des Vauponts, grand vicaire de l'évêque de Dol.

L'année qui précéda sa mort, M. Le Roy avait fait réimprimer un petit volume, où l'on trouve la preuve que les Eudistes de Dol s'appliquèrent, dès le principe, à répandre la dévotion aux Sacrés Cœurs, et à propager les deux associations apostoliques si chères au B. Jean Eudes. Ce petit livre a pour titre : SOCIÉTÉ DES SAINTS COEURS DE -JÉSUS ET DE MARIE, nouvelle édition corrigée, 1787,- vol. in-32, de 110 pages, sans nom d'imprimeur. C'est un manuel de la Société dite Tiers-Ordre du Coeur admirable, à l'usage des Frères et Sœurs du diocèse de Dol. Il est plus abrégé que celui de Rennes, et l'on y dit qu'il a été fait sur l'imprimé d'Avranches. On lit ce qui suit aux pages 7 et suivantes :

« En 1702, le Pape Clément XI accorda des Indulgences à perpétuité aux Confrères et Sœurs de la Confrérie des Saints Cœurs de Jésus et de Marie, érigée dans le séminaire de Dol. Toutes sortes de personnes peuvent être admises dans cette Confrérie et participer aux Indulgences, en observant ce qui sera dit ci-après.... Voici le précis de cette Bulle, visée et publiée le 19 septembre 1703, par l'ordre de M. Elie de Voyer de Paulmy d'Argenson, alors évêque de Dol ». (Suit la nomenclature des Indulgences.)

« Mais, dans la suite, on a établi dans ce séminaire, à l'exemple du diocèse de Bayeux et de plusieurs autres, une SOCIÉTÉ particulière dont les membres font une profession plus spéciale d'honorer les Saints Cœurs de Jésus et de Marie, de garder la virginité ou la viduité, et de tendre à la perfection. Cette Société est approuvée par Mgr l'Illustrissime et Révérendissime Urbain-René de Hercé, qui gouverne à présent le diocèse de Dol avec tant de sagesse et d'édification... .

« Le Supérieur du séminaire de Dol a la direction de cette Société; mais, dans les lieux éloignés, il peut la confier à MM. les prêtres qu'il jugera propres à cet emploi... La Société est composée d'hommes, tant ecclésiastiques que laïques, ou de femmes veuves ou de filles. Les hommes font un corps à part, et les femmes un autre. Pour chaque corps il y aura une assemblée tous les mois, etc... »

Chateaubriand et l'Abbaye sous Dol C'est à l'Abbaye-sous-Dol que devait se dérouler un petit drame causé par l'honneur ou,

pour mieux dire, par l'orgueil d'un enfant, dans le "chemin herbu bordé d'ormes" où il fit une

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involontaire omelette avec les œufs cachés sur sa poitrine, dans sa "falle", comme dit notre savoureux parler gallo99.

Penchons-nous sur ce récit. "Un jour donc du mois du mai, l'abbé Egault, préfet de semaine, nous avait conduits à ce

séminaire : on nous laissait une grande liberté de jeux, mais il était expressément défendu de monter sur les arbres pour dénicher des œufs d'oiseaux. Le régent, après nous avoir établi dans un chemin herbu, s'éloigna du bruit pour dire son bréviaire.

"Des ormes bordaient le chemin : tout à la cime du plus grand, brillait un nid de pie : nous voilà en admiration, nous montrant mutuellement la mère assise sur ses oeufs, et pressés du plus vif désir de saisir cette superbe proie. Mais qui oserait tenter l'aventure ? L'ordre était si sévère, le régent si près, l'arbre si haut ! Toutes les espérances se tournent vers moi ; je grimpais comme un chat".

Son talent de grimpeur était connu ; Que de fois la graine de corsaires avait embrassé les mâts des bateaux de Saint-Malo ; et plus tard il se distinguera par son escalade au Niagara.

"J'hésite un moment, puis la gloire l'emporte ; je me dépouille de mon habit, j'embrasse l'arbre fatal et je commence à. monter. Le tronc était sans branche, excepté aux deux tiers de sa crue (excepté la cime), où se formait une fourche dont une des pointes portait le nid".

" Mes camarades, assemblés sous l'arbre, applaudissent à mes efforts, me regardant, regardant l'endroit d'où pouvait venir le préfet, trépignant de joie dans l'espoir des oeufs, mourant de peur dans l'attente du châtiment. J'aborde au nid ; la pie s'envole ; je ravis les oeufs, je les mets dans ma chemise et redescends. Malheureusement, je me laisse glisser entre les tiges jumelles et j'y reste à califourchon. L'arbre étant élagué, je ne pouvais appuyer mes pieds ni à droite ni à gauche pour me soulever et reprendre le limbe extérieur : je demeure suspendu en l'air à cinquante pieds.

La débâcle ; C'est le cas de dire que l'inquiétude flottait dans l'air. 'Tout à coup, un cri : "Voici le préfet" et je me vois incontinent abandonné de mes amis,

comme cela arrive dans la mauvaise fortune ! "Un seul, appelé le Gobien, essaya de me porter secours, mais fut bientôt obligé de

renoncer a sa généreuse entreprise. Le danger me donna du courage. Il n'y avait qu'un moyen de sortir de ma fâcheuse position, c'était de me suspendre en dehors par les mains à. l'une des deux dents de la fourche, et de tâcher de saisir avec mes pieds le tronc de l'arbre au-dessous de sa bifurcation. J'exécutai cette manœuvre au péril de ma vie et je réussis. Au milieu de mes tribulations, je n'avais pas lâché mon trésor ; j'aurais pourtant mieux fait de le jeter, comme depuis j'en ai jeté bien d'autres.

"En dévalant le tronc je m'écorchai les mains, je m'éraillai les jambes et la poitrine, et j'écrasai les œufs dans ma chemise : ce fut ce qui me perdit. Le préfet ne m'avait point vu sur l'orme ; je lui cachai assez bien mon sang, mais il n'y eut pas moyen de lui dérober l'éclatante couleur d'or dont j'étais barbouillé. "Allons, me dit-il, "monsieur, vous aurez le fouet".

L'honneur en jeu ; Le règlement de l'Université exigeait alors : "les maîtres doivent prendre soin que leurs disciples n'aient rien dans leur extérieur, de malpropre, de rebutant, ni de grossier".

Et le maître éducateur Rollin écrivait à la même époque : "Les maladies de l'âme demandent à être traitées avec au moins autant de dextérité et d'adresse que les maladies du corps".

Mais quand il s'agit de monsieur le chevalier de Chateaubriand, ne pourrait-il y avoir une exception?

Recevoir le fouet, quelle honte ! Ses camarades de la bourgeoisie et du peuple se moqueraient de lui.

"Si cet homme m'eût annoncé à l'instant qu'il commuait la peine du fouet en celle de la mort, j'aurais éprouvé un mouvement de joie. L'idée de la honte n'avait point approché de mon

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éducation sauvage : à tous les âges de ma vie, il n'y a point de supplice que je n'eusse préféré à l'horreur d'avoir à rougir devant un homme".

À Saint-Malo, son maître d'écriture avait au moins la charité de ne lui donner que des coups de poing dans le cou en l'appelant tête d'achoire en patois de Dol.

Le petit François-René ne se souvenait pas sans émotion des "Frères Casse-Bras" de Saint-Malo dont l'énergie était connue. Leur règle, De la Conduite des Écoles, n'indiquait-elle pas, en plusieurs chapitres, la façon de se servir de la férule, cet instrument de supplice qui consistait "en deux morceaux de cuir cousus ensemble, et fendus par les deux bouts, longs de quatorze pouces et larges de huit lignes" ? Et la palette était parfois en bois...

On devait se servir assez souvent de cet engin de discipline puisqu'il était courant de dire "prendre la férule" ou "tenir la férule" et cela signifiait simplement être régent dans un collège ou être maître d'école !

L'enfant vexé laissa échapper sa colère : "L'indignation s'éleva tout à coup dans mon cœur ; je répondis à l'abbé Egault, avec l'accent non d'un enfant, mais d'un homme, que jamais ni lui, ni personne, ne lèverait la main sur moi. Cette réponse l'anima ; il m'appela rebelle et promit de faire un exemple.

"Nous verrons", répliquai-je, et je me mis à jouer à la balle avec un sang-froid qui le confondit"100.

L'heure vint de s'expliquer : " Nous retournâmes au collège ; le régent me fit entrer chez lui et m'ordonna de me soumettre. Mes sentiments exaltés firent place à des torrents de larmes. Je représentai à l'abbé Egault qu'il m'avait appris le latin ; que j'étais son écolier, son disciple, son enfant ; qu'il ne voudrait pas déshonorer son élève, et me rendre la vue de mes compagnons insupportable, qu'il pouvait me mettre en prison, au pain et à l'eau, me priver de mes récréations, me charger de pensums ; que je lui saurais gré de cette clémence et l'en aimerais davantage. Je tombai à ses genoux, je joignis les mains, je le suppliai par Jésus-Christ de m'épargner : il demeura sourd à mes prières. Je me levai plein de rage. Hé bien ! Lui dis-je, voyons ! Vous êtes le plus fort, mais c'est égal ! Et, en même temps je lui lançai dans les jambes un coup de pied si rude qu'il en poussa un cri. Il court en clochant à la porte de sa chambre, la ferme à double tour et revient sur moi pour me saisir. Je me retranche derrière son lit et lui jeté à la tête son bonnet de nuit, son oreiller et son pot à l'eau, il m'allonge à travers le lit des coups de férule sur les mains et le visage101. Je m'entortille dans la couverture, et, m'animant au combat, je m'écrie :

Macte animo, generose puer !

C'est-à-dire : De la vaillance au cœur, noble enfant ! Ces paroles magiques apaisèrent l'orage :

"Cette érudition de grimaud si bizarrement placée fit rire malgré lui mon ennemi ; il parla d'armistice ; nous conclûmes un traité par lequel je convins de m'en rapporter à l'arbitrage du principal. Sans me donner gain de cause, le principal me voulut bien soustraire à la punition que j'avais repoussée. Quand l'excellent prêtre prononça mon acquittement, je baisai la manche de sa robe avec une telle effusion de cœur et de reconnaissance, qu'il ne se put empêcher de me donner sa bénédiction. Ainsi se termina le premier combat que me fît rendre cet honneur devenu l'idole de ma vie, et auquel j'ai tant de fois sacrifié mon repos, mon plaisir et ma fortune".

Notre-Dame du Sourire

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Dans un oratoire, situé près du verger, était vénérée Notre-Dame du Sourire. Il s’agit d’une statue en albâtre du 14e siècle, caractéristique des vierges du Vexin normand, figurant une vierge à l'enfant haute de 77 cm. Soustraite aux outrages de révolutionnaires et cachée en terre dans le champ de l'Abbaye.

La légende dit que le jardinier ayant vu périr un pommier le remplaça par un jeune arbre qui ne prit pas. Il tenta plusieurs fois de replanter un arbre sans succès.

Il décida alors de creuser dans l'endroit et découvrit la statue de la Vierge... Retrouvée, restaurée, elle a retrouvé sa place dans la chapelle de la résidence.

Marie-Paule Salonne en parlera ainsi : "Notre-Dame de la Joie est une madone celtique…

Son regard va plus haut que la lumière, plus loin que l'humanité... À Hennebont, on l'a nommée Notre-Dame de Paradis... Au Huelgoat, Notre-Dame des Cieux... En quantité d'autres lieux, c'est Notre-Dame de Grâces qu'elle se nomme... Mais à Dol, au fond d'un cloître, j'ai retrouvé son vrai nom... C'est une nonne qui l'a donné à une vierge d'albâtre, liliale et miraculeusement sauvée des outrages de la Révolution. Vierge douce comme une colombe et blanche comme une fleur de mai, c'est Notre-Dame du Sourire." :

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Sources

Bibliographie

Bulletins Paroissiaux, Dol de Bretagne, année 1954.

CHATEAUBRIAND F., Mémoires d'Outre-Tombe.

COSTIL, Pierre, MASSELIN, E., Annales de la Congrégation de Jésus et Marie, rédigées jusqu'en 1739 [1643-1739] par M. Pierre Costil, eudiste, et continuées par le R. P. E. Masselin de la même Congrégation, Hennebont, Saint-Joseph de Kerlois, [1878-1888]. Deux tomes lithographiés : tome. I, 667 p.; tome. II, 821 p.

COSTIL, Pierre, et coll., Les Fleurs de la Congrégation de Jésus et Marie, rédigées jusqu'en 1739 par M. Pierre Costil, Eudiste, et continuées jusqu'à nos jours par des Pères de la même Congrégation [1652-1873], Hennebont, Saint-Joseph de Kerlois, 1888. Trois tomes autographiés : tome 1, p. 1-564; tome 2, p. 565-1187; tome 3, p.1188-1739.

DAUPHIN Joseph, Histoire des séminaires de Rennes et de Dol (1670-1791) et l'oeuvre du R.P. Blanchard (1797-1830). Rennes Bahon-Rault et Paris P Lethielleux, 1910, in-16, 360 p.

DELARUE Paul Gustave, Le clergé et le culte catholique en Bretagne pendant la Révolution, District de Dol, documents inédits, Rennes, 1903-1910, 6 vol., 1ere partie - 1903 - Antrain Bazouges la Pérouse Sens, 2eme partie - 1905 - commune de Dol, 3eme partie – communes rurales du canton de Dol, 4eme partie - 1908 - Trans, 5eme partie - 1908 - Combourg-Dingé, 6eme partie -Roz-sur-Couesnon -le Vivier-sur-Mer - 1910.

DUINE François, Histoire civile et politique de Dol jusqu'en 1789. Paris, 1911, in-8°.

GUILLOTIN DE CORSON Amédée, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. René Haton et Fougeray, Rennes et Paris, 1880-1886, 6 vol. gd in-8°.

JUHEL de La PLESSE, Livre de remarques, Manuscrit, 1771, déposé aux AD 35, Copie à la Bibliothèque AFD Dol.

LE MONTREER Tony, N° 4 : Le charmeur de Dol, l'enchanteur de Combourg. N° spécial publié à l'occasion du Centenaire de Chateaubriand. Préface du doyen Collas. Lettres de Pierre Benoît, les Tharaud, La Force, Duhamel, Herriot ; 2000 exemplaires.

ROBERT Charles, Urbain René de Hercé dernier évêque et comte de Dol, d’après des documents inédits, Paris, Victor Retaux 1900.

TRESVAUX François-Marie, L'Église de Bretagne depuis ses commencements jusqu'à nos jours ou Histoire des sièges épiscopaux, séminaires et collégiales. Paris, 1839, in-16.

Archives

AD 35, Registres des délibérations du district de Dol, série 2 L.

AD 35, Registres de correspondances du district de Dol, série 2 L.

AD 35, Arrêtés du département, série L.

AD 35, Fonds de l’évêché de Dol, série G.

AD 35, Il n’y a presque rien dans la série G ; consulter 1 F 68 et 1 F 1804 ; la série Q et sa sous-série 1 Q.

Annales de la Congrégation des R. P. Eudistes.

Registres des délibérations de la municipalité, Hôtel de Ville, Dol.

Registres des arrêtés depuis l'an VIII, Hôtel de Ville, Dol.

Registres de correspondances depuis l'an VIII, Hôtel de Ville, Dol.

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Table des Matières Séminaire et Eudistes de l'Abbaye près Dol ...........................................................................3

Histoire...............................................................................................................................3 Armorial des évêques de Dol artisans de cette fondation .................................................5 Entrée des Eudistes .........................................................................................................5 Episcopat de Monseigneur de Sourches ..........................................................................7 Episcopat de Monseigneur de Hercé ..............................................................................8 Le règlement du séminaire, les ordinations......................................................................8 La Révolution ...............................................................................................................11 Portraits de Monseigneur de Hercé................................................................................13

Journal des évènements survenus de 1790 à 1793 ............................................................14 Période post Révolution....................................................................................................16

Séminaire de Dol, religieux, supérieurs et professeurs : ........................................................17 Les supérieurs du séminaire ..............................................................................................17 Liste des supérieurs : ........................................................................................................23 Prêtres du séminaire..........................................................................................................24 Sort des prêtres du séminaire. ...........................................................................................26 Les pères Eudistes expulsés. .............................................................................................27 Armorial des évêques de Dol 1692 - 1790.........................................................................28 Listes de Professeurs.........................................................................................................29

Philosophie ...................................................................................................................29 Théologie......................................................................................................................29 Administration..............................................................................................................29 Missionnaires & Prédicateurs........................................................................................29 Autres prêtres connus....................................................................................................29

Religieux connus paroisse de l’Abbaye.............................................................................30 Recteurs ;......................................................................................................................30 Les supérieurs du séminaire étaient en même temps recteurs de l'Abbaye sous Dol et les professeurs, curés ou sub-curés. ....................................................................................30 Curé et subcurés ...........................................................................................................31

La vie autour du séminaire....................................................................................................33 Les retraites laïques de Dol...............................................................................................33

Sous Monseigneur d’Argenson .....................................................................................33 Sous Monseigneur de Hercé..........................................................................................34

Les retraites ecclésiastiques de Dol ...................................................................................35 Sous Monseigneur d’Argenson .....................................................................................35 Sous Monseigneur de Hercé..........................................................................................35

Les retraites de Pleine-Fougères........................................................................................36 Sous la révolution .........................................................................................................37

La confrérie des Saints Coeurs de Jésus et Marie ..............................................................38 Chateaubriand et l'Abbaye sous Dol..................................................................................38 Notre-Dame du Sourire.....................................................................................................40

Sources.................................................................................................................................42 Bibliographie ................................................................................................................42 Archives .......................................................................................................................42

Notes....................................................................................................................................44

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Notes 1 Sur l’histoire de ce séminaire, voir J. Dauphin, Histoire des séminaires de Rennes et de Dol. 2 St Jean Eudes était né en 1601 dans l’Orne. Fondateur de la Congrégation des Eudistes, il ouvre des séminaires dans toute la Normandie et en Bretagne à partir de 1670. Il meurt à Caen en 1680 et sera canonisé en 1925. 3 Tresvaux, l’Eglise de Bretagne …, op. cité, p. 624. 4 Evêque de Dol, (1565-1591). 5 Chantre de Dol, (1578-1602). Procureur des Chanoine de Dol. Vicaire Général de Dol pendant qu'Edmond de Révol tenait l'évêché. Prêta serment au roi au nom du chapitre en 1574. Charles IX étant mort et Henri III étant devenu roi de France, les bénéficiers s'acquittèrent de leurs redevances féodales; c'est ainsi que Missire Thomas Faverel, chantre de Dol, procureur des chanoines, prêta serment de fidélité et hommage, dans la chambre des comptes de Bretagne, à Nantes, pour le temporel du dit chapitre? Le 13 octobre 1595, il fonda la fête de Saint-Magloire. Il fut plusieurs fois député de sa corporation aux États provinciaux : en 1575, 1578, 1579,1582, 1583, 1587, 1588. A la séance du 26 août 1588, il fut choisi avec quelques autres députés pour assister au nom des États de Bretagne aux États Généraux du royaume. Ceux-ci étaient convoqués à Blois pour le 15 septembre. Il fut député du chapitre aux États de la Ligue en 1591 et 1592. Après le décès de l'évêque (en septembre 1591), nous le voyons porter le titre de grand vicaire. Il figure encore aux États bretons de 1598, 1600 (en cette année il y représente l'évêque de Dol), 1603, 1604. Sur la résignation de Faverel en sa faveur, un clerc tonsuré du diocèse de Dol, Guillaume Ybert, obtint, par une bulle papale du 1er mai 1609,la coadjutorerie des canonicat, prébende, et chantrerie de céans, et fut reçu conséquemment par le chapitre (17 juillet 1609). Le service cantoral n'en alla pas mieux, enfin, le 29 janvier 1610, Julien Ybert, sieur de Pont-Limier, sénéchal de Dol, remit au chapitre 200 livres, au nom du défunt chantre Faverel, pour la fondation de la Saint-Thomas d'Aquin. Il fonda son anniversaire dans la cathédrale, où il fit inhumé au mois de mars 1610, près de la chapelle Sainte Marguerite. Duine, Métropole ... p, 100-101. Pouillé, T. I, p. 492. 6 Recteur d'Epiniac, était pourvu en 1574, mort vers 1585, Chanoine de Dol et Vicaire Général de Dol. Aux Etats de Rennes en 1578. 7 Chanoine de Dol et Official de Dol (1585-1607). Docteur en théologie. Recteur de St Marcan, résigna en faveur de Georges Fauvel pourvu en 1608. Mort le 29 novembre 1607. 8 Evêque de Dol, (1640-1655). 9 Evêque de Dol, (1660-1692). 10 Evêque de Dol, (1692-1708). 11 Aujourd’hui Maboué. 12 Charte de fondation de l’Abbaye-sous-Dol, Dom Morice, Preuves, I 433,434, vers l’année 1076. Les titres de fondation ont été perdus pendant la Ligue. 13 Fut le dernier prieur de l'Abbaye sous Dol; en 1697, il résigna ce bénéfice en faveur du séminaire que projetait de fonder l'évêque de Dol; il se réserva une rente viagère de 1,000 livres, que les directeurs du Grand-Séminaire lui payaient encore en 1724. 14 Abbé Baudrand (1701 - 1787). 15 Né vers 1670 à Amanlis. Etudes séminaire de Dol. Prêtre 1693. L'un des fondateurs du petit-Séminaire de Rennes avec M. de Saint-Aubin. Curé du Crucifix de Dol, fut pourvu le 8 août 1711, résigna en 1712 et devint chanoine. Chanoine de Dol (1712-1732) (résignation en faveur de Jacques Foubert). Vicaire Général de Mgr Jean de Bouschet, fut nommé le 1er novembre 1725. Mort à Dol le 5 janvier 1732. (+) dans la cathédrale. 17 Monsieur Blouet de Camilly, né à Caen, descendant d'une noble et riche famille. Supérieur du grand séminaire de Rennes, 1670-1672, Supérieur de la Congrégation 1680-1711, dépensa tout son patrimoine à développer les oeuvres de la Congrégation. Sous son supériorat les Séminaires de Dol, d'Avranches et de Senlis ainsi que le Petit Séminaire de Rennes furent confiés aux Eudistes. Il acheta également à Paris la maison des Tourettes qui devint célèbre au moment de la Révolution française. 18 Né en 1648 à Saint-Georges de Moncoq, rpès Saint-Lô. Supérieur du Grand séminaire de Rennes, 1681-1699 et 1706-1719. Grand vicaire de Rennes, mort à 75 ans et inhumé au milieu de la nef de la chapelle du séminaire. 19 Gédéon Bauquet de Mauny, supérieur du grand séminaire de Rennes1699-1702. 20 Sur cet épiscopat, cf, Charles Robert, Urbain René de Hercé, op. cité. 21 Juhel de la Plesse, op. cité, Duine, op. cité, p. 185. Quelques semaines avant cette consécration, Chateaubriand s’était agenouillé dans la nouvelle église. « J’y restai comme anéanti. Lorsque je me levai pour me rendre à la sacristie, où m’attendait le supérieur mes genoux trembloient sous moi…» 22 Illustration, Duine, HCPD, op. cité, p. 184. 23 François-Gilles Porcher, Prêtre en 1760. Professeur de philosophie au collège de Dol (1763), succéda à l'abbé Deric. Recteur de Bonaban (19 5 1763-1772), et ancien professeur de philosophie au collège de Dol, né à Cendres le 20 février 1735, vint dès le commencement de la Révolution se retirer dans son pays natal et y vécut

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tout le temps tantôt caché, tantôt à découvert, ainsi que dans quelques paroisses voisines. Le Directoire de Dol le considérait comme très dangereux à cause de son savoir et de sa grande autorité. Dans une note du 3 mars 1799 il est dit déporté rentré; ce doit être une erreur, car nous n'avons rien trouvé à son égard qui indiquât qu'il ait quitté la France soit par contrainte ou de sa propre volonté. Il fut arrêté plusieurs fois, mais toujours relâché presqu' aussitôt, notamment en septembre 1795, septembre 1797, puis le 14 avril 1799 comme prévenu d'émigration et enfermé à Rennes, à la Tour Le Bat, mais remis en liberté le 15 mai comme sexagénaire. (Arch. dép., L. 2 V. 7). 24 Vie ms. en espagnol. 25 Statuts de Mgr de Sourches (1741). 26 Vie ms. en espagnol. 27 Statuts, chap. 1er, de la Tonsure. 28 Statuts, chap. du Titre clérical. 29 Vie ms. en espagnol « Dos onzas de pan solo, con très vasos de bebida, segun el uso del pays. » 30 La pratique des Examens particuliers, mis en forme dans les milieux sulpiciens et publiés en 1690 par Louis Tronson, constamment réédités depuis, a profondément marqué la formation des séminaristes en France, au Québec, en Indochine, jusqu’au milieu du 20e siècle. L’extraordinaire longévité de ce dispositif ecclésiastique a contribué à forger un type d’homme, le prêtre « classique ». 31 Fleury est l'auteur de la monumentale édition de l'histoire ecclésiastique en 36 volumes in-quarto. Né à Paris, le 6 décembre 1640. Précepteur des fils du prince de Conti, 1672, puis du comte de Vermandois ; sous-précepteur des ducs de Bourgogne, d’Anjou et de Berry, petit-fils de Louis XIV, 1689 ; confesseur de Louis XV, 1716, il fut surnommé le judicieux Fleury. Son œuvre capitale est l’Histoire ecclésiastique en vingt volumes in-4° qui eut l’approbation du monde religieux et qui fut louée par Voltaire et par La Harpe. « L’Histoire ecclésiastique est un travail immense où l’on trouve plus que de l’érudition ; elle est écrite avec précaution, mais avec critique et bonne foi. » (de Barante). Il fut élu à l’Académie le 2 juillet 1696 en remplacement de La Bruyère et reçu par Régnier-Desmarais le 16 juillet 1696. Il fut l’un des quatre académiciens qui étaient d’avis d’entendre les explications de l’abbé de Saint-Pierre avant de prononcer son exclusion. Mort le 14 juillet 1723. (Dictionnaire de l’Académie Française). 32 Histoire de l'Église dédiée au Roi, par M. l'Abbé de Berault-Bercastel, Chanoine de l'Eglise de Noyon -. A MAESTRICHT 33 Vie ms. en espagnol. 34 Archives de l’hôtel de Hercé. 35 Registres du Secrétariat de l'Évêché de Dol, sous Mgr de Hercé. Archives de l’hôtel de Hercé ; Registres d'Insinuations du diocèse de Dol, AD 35 : G. fonds de l'Évêché de Dol. 36 Evêque de Saint-Brieuc, nommé à Rennes le 22 décembre 1769, il prit possession le 10 avril 1770, et fit son entrée solennelle le 15 septembre suivant. 37 Archives de l’évêché de Rennes. 38 Archives de l’évêché de Rennes. 39 Guy-Toussaint-Julien Carron (1760, Rennes - 1821).Prêtre rennais, l'abbé Carron est connu pour ses publications sur le thème religieux. Il refuse de prêter serment à la constitution civile du clergé, et est emprisonné, puis déporté à Jersey, d'où il émigre en Angleterre. Il y institue deux hospices, un séminaire, et plusieurs écoles pour rendre service aux émigrés (manufacture, asile, écoles, bibliothèque), ce qui lui valut les félicitations personnelles du roi Louis XVIII. Rentré en France, il dirige l'Institut Marie-Thérèse pour les jeunes personnes dont les familles avaient perdu leurs biens pendant la Révolution. Ses ouvrages furent très populaires. 40 Abbé Carron, Les Confesseurs de la foi, t. III, p. 289-290. L'abbé Carron reçut le diaconat à Dol, le 29 mars 1782. Nous n'avons pas retrouvé quel autre ordre il reçut de Mgr de Hercé. 41 Vie ms. en espagnol. 42 Vie ms. en espagnol. 43 AD 35, 1 V 18. 44 Requête au district de Dol, 17 novembre 1790. 45 Registres du secrétariat et registres d’insinuations de l’évêché de Dol. 46 AD 35, 2 L 13, registres délibérations du district de Dol, 20 nov. 1790. 47 Registres du secrétariat, 18 décembre 1790. Il y eut 14 tonsurés, dont 2 de Dol et 6 de rennes ; 18 minorés, dont 3 de Dol et 9 de rennes ; 34 sous-diacres, dont 24 de Coutances et 8 de Rennes ; 60 diacres, dont 4 de Dol, 8 de Rennes, 2 de Saint-Malo, 3 d’Avranches, 3 de Coutances, les autres, des religieux, notamment Dom Debroise, bénédictin de Saint-Melaine de Rennes, mort chanoine titulaire de rennes, en 1859. 48 Ordonné sous-diacre le 18 septembre 1790. Prêtre insermenté, originaire de La Fontenelle, y demeura caché à plusieurs reprises. M. Forget, muni d'un passeport, s'embarqua pour Jersey le 24 juillet 1792 dans la région de Saint-Coulomb. En 1796, rentré en France, était présumé caché à La Fontenelle. Etait recteur de Roz-Landrieux quand il mourut en 1828.

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49 Prêtre de Lillemer, obligé de venir habiter son pays d'origine pour refus de serment, afin d'obéir à l'arrêté du département du 16 juin 1791, le quitta pour obéir à celui du 14 décembre et disparut. M. Guillotin de Corson dit qu'il resta caché tant à Lislemer que dans les communes voisines et qu'il décéda recteur de Plerguer en 1834. Recteur de Plerguer (1806 - 1834) 50 Régent de 3ème et 4ème au collège de Dol (1791). Décédé Vicaire à Antrain le 16 mars 1812 à l'âge de 45 ans. 51 Registres du secrétariat, 19 mars 1791. C’est le dernier acte épiscopal de Mgr de Hercé inscrit sur ce registre. 52 Prêtre du diocèse de Mans né en 1734 à Mayenne. Séminaire à Angers, 1753-1754. Etait recteur d'Aron dans le diocèse du Mans. Docteur en théologie de la faculté d'Angers, et licencié in utroque, fut reçu à la dignité d'Archidiacre le 30 avril 1772, âgé de 38 ans. La veille (29 avril), il avait reçu ses lettres de Vicaire Général. Chanoine et Théologal. Chanoine de Dol de 1772 à 1784, (sur permutation avec Gabriel Rabec). Archidiacre de Dol, après l'abbé de La Biochaye, de 1772 à la révolution. Vicaire Général de Dol, fut nommé le 29 avril 1772, sous Mgr Urbain de Hercé. Chapelain de Saint-Blaise et Sainte-Catherine, en la collégiale de Saint-Merry à Paris : refusa l'évêché de la Mayenne, auquel il avait été élu le 12 décembre 1790. Sa dignité lui produit net en dîmes 910 liv. Les déports qu'il perçoit lors des vacances des bénéfices-cures des quatre paroisses de l'évêché de Dol dans le diocèse de Lisieux, produisent année commune 200liv. Total 1.110 liv. (18sept. 1790). Interné à Laval puis reclu à l'ancien couvent de Patience, où il occupait avec son collègue Sougé la chambre n° 22; ces deux chanoine obtinrent du directoire du département de la Mayenne, le 20 août 1792, l'autorisation d'aller à Granville s'embarquer pour Jersey. Leur embarquement eut lieu le 27, sous la surveillance de Louis Corbineau, commandant du bataillon de la garde nationale de Laval, qui avait été chargé de les accompagner. Mort à Dorchester, près d'Oxford, le 2 mars 1798, enterré dans l'église anglicane de Dorchester, comté d'Oxford. Voir l'intéressante inscription tumulaire publiée dans "Le Guardian", 7 juin 1912. S'intéressait à la Métaphysique. 53 Delarue, op. cité et autres. 54 Archives de la Congrégation. 55 Illustration : Duine, HCPD, op. cité, p. 156. 56 Par ces armoiries, on voulait rappeler la Maison de Dol (écartelé de gueules et d’argent) qui avait fondé l’abbaye, au temps de saint Gilduin (lequel, pensait Albert le Grand et croyait Juhel de la Plesse, avait pour armes : sur champ d’azur, Dol fretté d’or), Sceau trouvé sur un document de novembre 1790. Duine, HCPD, op. cité, p. 156. 57 Duine, op. cité, p.156 ; Juhel de la Plesse, op. cité. 58 AD 35, 1 V 18. 59 Requête au district de Dol, 17 novembre 1790. 60 Les professeurs avaient promis de prêter le serment, Delarue, T. II, p. 69 61 II ne fut évacué que le 9 juin, Delarue, T. III, commune de l'Abbaye 62 AD 35, 2 l 13, Registres délibérations du district de Dol, 4 février 1791. 63 Billaud-Varenne Jean Nicolas (La Rochelle 23 avril 1756 - Port-au-Prince 3 juin 1819), Révolutionnaire français, avocat, surnommé le " Rectiligne " à cause de son caractère rigide, c'est un conventionnel jacobin, membre du Comité de salut public. Lié avec Danton et Murat, il prit part au massacre de septembre 1792. Député de Paris à la Convention, il fut l'un des organisateurs de la Terreur. Trop compromis avec les théoristes, il fut relégué en Guyane à Sinnamary. Désavouant le coup d'État de Brumaire, il refuse toute amnistie. Réfugié après 1816 à Saint-Domingue, il y meurt en prononçant des paroles qui résument son caractère de républicain à la Plutarque : "Mes ossements du moins reposeront sur une terre qui veut la liberté ; mais j'entends la voix de la postérité qui m'accuse d'avoir trop ménagé le sang des tyrans d'Europe." 64 Joseph Marie François Sevestre, né à Rennes, le 18 janvier 1753, mort en 1846, est un homme politique français de la Révolution. Commis au greffe des États de Bretagne avant la Révolution 1789, il devient greffier au tribunal de Rennes en 1790. Il est élu député de la Convention par le département de l'Ille-et-Vilaine (1792). Il vota la mort de Louis XVI. Il fut surtout employé comme représentant en mission et sut s'adapter parfaitement à la situation. Montagnard avant le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), zélé thermidorien. Il fut messager d'état au Conseil des Cinq-Cents et se rallia au Coup d'État du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799). Il garda ses fonctions pendant tout l'Empire. Exilé comme régicide, il ne rentra en France qu'en 1830. 65 Elle sera détruite en 1860 66 Il existe à l'Hôtel de Ville de Dol un registre des baptêmes de la paroisse de l'Abbaye commençant le 8 décembre 1594. 67 Sur les notices des supérieurs, cf Dauphin, Histoire des séminaires, op. cité. 68 C’est lui entreprit de faire construire le vaste hôtel devenu par la suite l’hôpital militaire. La première pierre de cet édifice ayant été posée par M. Perrine, vicaire général, le 6 septembre 1724. 69 Monsieur Guy De Fontaines de Neuilly, entra dans la Congrégation en 1687. Vicaire général de l'évêque de Bayeux et issu, lui aussi, d'une famille de haut rang, il était fils de M. Siméon de Fontaines, seigneur de Neuilly et vicomte de Caen. Il fut supérieur de la Résidence de Sainte-Anne près Fougères (1694-1700). Il n'avait pratiquement jamais mené la vie commune dans la Congrégation quand il fut élu Supérieur général des Eudistes

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1711-1727. Après son élection, il continua d'habiter sa résidence à Bayeux et conserva son poste de vicaire général. Son grand mérite fut de maintenir l'esprit de Jean Eudes chez ses confrères en les visitant régulièrement, en leur adressant des lettres circulaires et en convoquant quatre assemblées générales. Celle de 1725 approuva les 27 articles qu'il avait rédigés comme résumé des Constitutions primitives publiées par le fondateur de l’ordre vers 1658. 70 Voir paragraphe des missions de Pleine-Fougères. 71 Supérieur général, 1777-1796. L'assemblée tenue en 1777 élut Monsieur Pierre Dumont à la tête de la Congrégation; ce dernier, très estimé de ses confrères et des prélats, tomba à son tour malade en 1780 et se nomma un coadjuteur avec droit de succession en la personne de Monsieur François Louis Hébert, qui devint supérieur général en 1782. 72 L'épisode du nid de pie et celui de la première confession. 73 Dauphin, Histoire des séminaires … op. cité. 74 Pierre-Charles-Toussaint Blanchard, chanoine, vicaire général, recteur de l’académie, né le 2er octobre 1755 à Carantilly, diocèse de Coutances ; décédé en sa maison du pont-Saint-Martin à Rennes, le 14 septembre 1830, âgé de 75 ans. l fut le fondateur del’Institution Saint-Martin à Rennes. 75 Fils de Guy Poulain et de Françoise Hélène Duval. 76 1725 in Paris-Jallobert. 77 Bulletin Paroissial de Dol, 1954 ; J. Dauphin, Histoire des séminaires … op.cité. 78 Delarue, op. cité, t 2, p. 72. 79 Le 1er décembre 1697, nous trouvons la signature : Delourmel, prêtre du séminaire ; c’est la première apparition de ce titre. Duine, op. cité, p. 110. 80 Dauphin, op. cité, p. 220-224. Annales de Congrégation des Eudistes, t. II. 81 Natif de Saint-Pierre de Plesguen; Vicaire à Saint-Pierre de Plesguen (1688-1694). Curé à Bonnemain de 1694 à 1698. Curé de N.D. de Dol (xxxx-1702, 1705). Directeur des retraites de Dol. Chapelain de l'hôpital de Dol en 1702, fut nommé recteur de Bonaban (2 8 1705-1712) fut pourvu le 1er août 1705, il résigna en 1712, se réservant une pension de 100 liv. sur la cure. 82 "Le Botters", "Le Boterf. Docteur en Sorbonne. Docteur en théologie de la Faculté de Paris. Prêtre. Chanoine de Dol. Théologal de 1698 à 1717. Il fonda en 1707 un sermon dans la cathédrale pendant l'octave du sacre. Archidiacre de Dol, prit possession le 12 avril 1711 à 1717. Grand official de Dol en 1716. Vicaire Général de Mgr Jean de Bouschet, fut nommé le 3 août 1716. Mort le 8 mai 1717, âgé de 53 ans, inhumé le 9 dans la nef de la cathédrale. 83 Prêtre de Dol. Subcuré de Notre-Dame en 1707. Curé d'office en 1711. Recteur de Notre Dame de Dol, pourvu le 2 août 1714, prit possession le lendemain. Mort âgé de 40 ans; fut inhumé le 25 mars 1721. 84 Danlos, André, Thomas, né aux Fontaines (Saint-Guinoux), le 27 novembre 1685. Fils d'honorables gens : Jacques Danlos et Michelle Legendre. Est cité étudiant en 1700. Sous diacre en 1709. Diacre le 21 mars 1711. Prêtre en 1712. Recteur du Crucifix de Dol nommé le 26 septembre 1712, prit possession le 29. Mort le 4 septembre 1734, âgé d'environ 50 ans. Inhumé dans la cathédrale de Dol devant l'autel du Crucifix. 85 Annales de la Congrégation, I. XI, n. 18. 86 Charles Robert, op. cité, p. 54. 87 AD 35, C. 362. La maison de retraite porte encore les traces des armes de Mgr de Hercé avec la date 1779, 88 Vie ms. en espagnol. 89 Dauphin, op. cité, pp. 224-226. 90 Charles Robert, op. cité. 91 Statuts, Chap. XXIX : De la retraite ecclésiastique. 92 Vie ms. en espagnol 93 Statuts, chap. XXX, Du Concours. 94 Recteur de Pleine-Fougères (1700-1735). François Le Liffer, pourvu en 1700, résigna en 1735 en faveur du suivant, avec rétention d'une pension de 150 liv.; + âgé de soixante-et-onze ans, le 4 juin 1736, et inhumé le 6 sous la lampe. 95 Dauphin, op.cité,, pp. 242,244. 96 Registre des délibérations du district de Dol. 97 Eugène Jarnouën, Histoire ms de Pleine-Fougères. 98 Dauphin, op. cité, pp. 264-265. 99 Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe. 100 La Conduite des Écoles donnait les règles à suivre à l'égard des opiniâtres : "II faut toujours corriger les opiniâtres, surtout ceux qui résistent et ne veulent pas se soumettre... Lorsque quelqu'un résistera... il sera souvent très à propos de laisser passer sa passion et de ne pas faire paraître qu'on ait dessein de le corriger. Quelques temps après, le maître le fera venir pour lui parler, et lui fera doucement connaître et avouer sa faute, tant la première que celle qu'il vient de faire en résistant, puis le corrigera exemplairement. S'il ne voulait pas encore recevoir la correction, il faudrait faire semblant de vouloir l'y

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contraindre. S'il résistait encore trop opiniâtrement, il faudrait prendre l'avis du directeur, et même faire venir les parents..." 101 La règle du jeu était la suivante : "On ne doit faire usage de la férule qu'après avoir usé en vain des autres moyens de retenir les enfants dans le devoir ou d'y rappeler ceux qui s'en seraient écartés. "On ne doit donner qu'un coup dans la main et si quelquefois il était nécessaire d'en donner davantage, il ne faut jamais dépasser le nombre de deux, c'est-à-dire un dans chaque main... "Il ne faut point souffrir que les écoliers crient en recevant une férule ; s'ils le font, on ne doit pas manquer de les punir pour avoir crié, et leur faire entendre que c'est pour cela qu'on les corrige..."