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  • 2 Travail & Sécurité 03 - 07

    Scaphandrier

    Plongée dans le « grand noir »

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  • Travail & Sécurité 03 - 07 3

    Il soude, découpe, coule du béton… sous l’eau. Métier marginal des travaux

    publics – pas plus de 1 000 plongeurs en activité –, le scaphandrier intervient

    dans tout chantier immergé. Si cette activité évoque l’univers du Grand Bleu, les conditions de travail sont le plus souvent le froid et le noir.

    Avec des risques dix fois plus importants que dans les TP, cette profession

    exige une solide formation, beaucoup d’expérience et un respect très strict

    des règles de sécurité. Plongée en eau trouble dans un chantier au sud de

    Paris, et visite de l’Institut national de plongée professionnelle à Marseille.

    Le Grand Bleu ou les expéditions sous-marines en ont fait rêver plus d’un. Cependant, la réalité du métier de scaphandrier est tout autre : la très grande majorité d’entre eux intervient en eau douce et sur des travaux de génie civil ou de métallurgie.©

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    Les lourdes combinaisons sont rincées à grande eau et les casques enduits

    d’antiseptiques, avant d’être rangés dans le camion, garé en bordure de la nationale. Pour les trois scaphandriers, le travail au pied d’Aventis, à Vitry (94), est terminé. Les vannes en sortie de réseau de l’usine pharmaceutique sont maintenant à sec. « On a préparé le terrain pour ceux

    qui viendront les changer, explique Alexandre Gérault, chargé d’aff aires chez CTS, la plus grande société de travaux subaquatiques en France. Les vannes étant sous l’eau, on

    les a isolées en construisant

    des murs et en pompant l’eau.

    Dans une di zaine de jours, nous

    reviendrons pour les remettre

    en eau. » Une odeur nauséa-bonde de produits chimiques s’échappe du trottoir ouvert. « Vous seriez venue hier, vous

    nous auriez vus tout noirs, de

    la tête aux pieds, dégoulinants

    de graisse, commente l’un des

    plongeurs. Les égouts, c’est 70 %

    de notre travail en région pari-

    sienne. Les égoutiers ne vont

    pas sous l’eau. Même s’il y a 1

    m d’eau. » En bref, dès qu’on est obligé de mettre la tête sous l’eau, ce sont les plongeurs qui interviennent.

    90 % des scaphandriers

    font du BTP…

    De nombreuses vocations naissent lors d’une pratique de la plongée loisir en mer. Mais, une fois formés, les pro-fessionnels évolueront surtout en eau douce. Dans les riviè-res, les lacs, pour la construc-tion et le contrôle d’ouvrages (chaque année les millions de ponts qui traversent nos riviè-res sont inspectés ainsi que les bar rages), pour l’atterrage de câbles, le montage de vannes, de stations de pompage, mais aussi dans des réseaux d’as-sainissement, comme à Vitry. « Génie civil et métallurgie sont

    les deux grandes familles du

    métier, où l’on retrouve tous

    les métiers des TP », résume Jean Lelièvre, président du Sneti (Syndicat national des entreprises de travaux immer-gés) et président de la société grenobloise Hydrokarst, spé-cialisée dans tous les travaux hyperbares. Les travaux en mer, qui ne com-prennent pas ceux eff ectués

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    Les interventions dans les égouts représentent 70 % du travail des scaphandriers en région parisienne.

    Plongée en station d’épuration, sans aucune visibilité... Leurs mains sont alors leurs yeux et il n’est pas rare que les plus anciens scaphandriers aient des doigts coupés.

    Les activités

    Toutes les activitéspompant de l’eau ou en rejetant dans le réseau font appel à des plongeurs pour l’installation et la vérification de leurs canalisations, pompes, vannes, collecteurs : l’agro-alimentaire, le nucléaire, l’usine de pâte à papier, la mégisserie, l’usine de saumure, les abattoirs, les stations d’épuration…

    Plongée dans le « grand noir »

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    La composition d’une équipeUne équipe est composée d’un chef d’opération hyperbare (à terre, qui contrôle les opérations à l’aide de moyens de communication), d’un plongeur au travail, et d’un plongeur secours (à terre). Chaque homme ne peut plonger plus de trois heures par jour. L’employeur doit vérifier que le « scaph » a bien la certification pour la nature du travail et également son aptitude médicale. Chaque plongeur a son certificat et un livret individuel, conformément à la réglementation (décret 90-277 du 28 mars 1990, 4 arrêtés de 1991).

    La plongéeNarguilé

    Chefd’opération

    hyperbare

    Source de gazrespiratoire

    Caissonsi nécessaire

    Scaphandrierde secours

    Scaphandrier

    Narguilé

    Profondeurmaxi 60 m

    Les plongeurs sont des ouvriers des travaux publics. Ils encourent les risques classiques : écrasements, chutes de charge, fractures, membres coupés par un outil...

    dans les ports, sont li mités. Le découpage d’épaves, fl orissant au lendemain de la guerre pour dégager les ports des milliers de navires coulés, s’est raré-fi é. De même pour l’off shore, qui a vu son activité en France décroître au début des années 1990 avec la revente des acti-vités off shore de la Comex aux Norvégiens.

    ... 10 % de l’offshore

    La diminution du nombre de champs pétroliers dans la zone des 200 m contraint à pros-pecter à des profondeurs de plusieurs milliers de mètres, où l’homme ne peut pas aller (pas plus de 350 m). Il est aussi concurrencé par la roboti sation. On est donc loin des 2 000

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    plongeurs des années 1980. « Maintenant cela repart,

    au gré des variations du prix

    du baril de pétrole, constate M. Lelièvre. Et les Français ont bonne réputation. » Excepté ce handicap : ils ne maîtrisent pas suffisamment la langue anglaise.« Son premier métier, au plon-

    geur, c’est routier », explique le chef d’équipe sur le site de Vitry. Sur les 1 000 plongeurs classés en France, ils sont 500 à travailler, dont 350 à plus de 300 km de chez eux. Un aspect important de cette profession, qui compte une grande par-tie de passionnés, en dépit de conditions diffi ciles. « Sur le port, les seuls abrutis qui

    continuent de travailler quand

    il gèle, ce sont les plongeurs…

    Dans la mesure où le détenteur

    ne gèle pas, on continue à bos-

    ser. » Aussi les déçus sont-ils nombreux. 50 % des scaphan-driers abandonnent le métier dès la première année, après leur formation. Ils ne seront plus que 10 % à poursuivre cinq ans plus tard.

    Véronique Cheneau

    Les chiffres

    • 1 000 scaphandriers en France• 400 équivalents temps plein• 250 CDI • 85 sociétés de travaux immergées dont :• 30 sociétés majeures

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    Plongée dans le « grand noir »

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    Chaque année, à l’INPP, 500 stagiaires apprennent à maîtriser les procédures d’utilisation des outils sous l’eau. Dernière mise au point avant une plongée au large de la Pointe rouge à Marseille. L’instructeur de l’INPP insiste sur les nombreux paramètres à ne pas négliger pour plonger en toute sécurité.

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    Une formation axée sur le risqueLes organismes réglementant la profession

    • L’Imca, Association internationale des entrepreneurs de travaux maritimes, a développé une série de recommandations relatives à la plongée.• EDTC (European Diving Technology Committee) regroupe les pays qui travaillent en mer du Nord. Sa mission : définir un standard de formation et procédures d’intervention. Chaque pays a un représentant des entreprises (Jean Lelièvre en France), un représentant médical (médecin INPP), un représentant de la nation, le directeur de l’INPP, Paul Gavarry, et un représentant d’un syndicat ouvrier.

    Ce métier n’est pas dan-

    gereux si on respecte

    toutes les règles de

    sécurité, affi rme Jean Lelièvre. Il l’est si on fait des raccourcis

    par rapport aux lois physiques

    et si la méthodologie n’est pas

    respectée. » Concernant les lois physi-ques, celles de la plongée sont connues. Et les accidents de décompression sont quasi inexistants. La révision des tables, en 1992, a grande-ment amélioré la santé et la sécurité des plongeurs. On observe pourtant un taux de mortalité élevé : un mort tous les deux ans. En tête des accidents mor-tels, la noyade. Due à une panique au fond, parce qu’on se re trouve coincé sous une tôle, par exemple. Mais le plus souvent, c’est la noyade par aspiration. « Dans 95 % des installations, il y a des vannes,

    explique Jean Lelièvre. Celles-ci

    doivent être mises hors service

    pour éviter tout accident. D’où

    l’impor tance de la visite préa-

    lable avec le donneur d’ordre. » Lors de cette visite, l’employeur et l’entreprise de travaux suba-quatiques défi nissent « un plan de prévention complémentaire

    au manuel des procédures de

    sécurité de l’entreprise », dans lequel ils répertorient les risques et les moyens d’éva-

    cuation des hommes et du matériel. Chaque circuit est « remonté en cascade » pour savoir où sont les vannes et comment elles sont actionnées. Certaines sont déportées, déclenchées

    à distance. Notamment dans les réseaux d’eaux plu viales, où l’élévation du niveau à la suite d’un orage commande automatiquement l’ouver-ture d’une vanne. Il n’est pas rare que le chef de l’opé ration hyperbare exige que les clés des vannes lui soient remises. Plongeur expérimenté, il aura été confronté à de multiples scénarios, parfois pénibles.

    « 90 % de la réussite d’une opé-

    ration, c’est l’organi sation : il

    faut faire une bonne analyse

    de risque. » Éric Clogenson, respon sable de la formation à l’Insti-tut national de la plongée

    professionnelle, rappelle à chaque stage l’importance de

    cette étape. Tout en précisant que cette fi nesse d’analyse ne s’acquiert qu’avec le temps, il met en garde les futurs plon-geurs contre la négligence de certaines entreprises. « Nous leur apprenons qu’ils ne doi-

    vent pas tout accepter, que des

    règles élémentaires de sécu-

    rité sont à respecter. »

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    L’Institut national de plongée professionnelle, basé à Marseille est le seul centre à dispenser l’ensemble des formations de toutes classes et de toutes les mentions confondues. Il accueille chaque année des stagiaires venus des quatre coins de la planète. L’INPP est l’organisme de référence pour la certifi cation des tenues et du matériel. Ici, ponton d’entraînement.

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    ■ Travail et Sécurité : Sca-

    phandrier, est-ce une pro-

    fession très touchée par

    les accidents et maladies

    professionnelles ?

    Dr Barré : C’est une profes-

    sion très dangereuse : il y a en moyenne 1 mort tous les deux ans. Pour une population de 1 000 personnes en activité, c’est énorme. Le taux de mor-talité est dix fois plus élevé que dans les TP. D’où des visites médicales fré-quentes : une visite annuelle pour les moins de 40 ans et tous les six mois pour les plus de 40 ans.

    ■ Existe-t-il des risques

    particuliers ?

    Dr B. : Les plongeurs sont des

    ouvriers des TP, ils courent donc les risques classiques des TP : écrasement, chute de char-ge, fracture, membres coupés par un outil.

    Dr Barré, médecin du travail et médecine hyperbare, médecine de la plongée professionnelle

    « C’est une profession dangereuse »

    Devenir scaphandrier

    Pour exercer sa profession, le scaphandrier doit avoir suivi un stage au terme duquel on lui délivre un certificat d’aptitude à l’hyperbarie portant la mention A (TP et offshore), ainsi que la classe : 1 jusqu’à 40 m, 2 jusqu’à 60 et 3 au-delà.Cette formation est assurée à l’INPP (1), situé à Marseille, le seul centre au monde, avec Fort Williams en Écosse, à former à la plongée profonde. Chaque année, le centre accueille 500 stagiaires de toutes les nationalités et organise près de 55 stages différents.Pendant huit à onze semaines, le futur scaphandrier apprend les procédures de plongée et l’utilisation du matériel en toute sécurité : les différentes tenues, le narguilé, les moyens de communication, l’outillage. « Ici, nous n’apprenons pas à souder, mais à maîtriser les procédures d’utilisation des outils sous l’eau », précise M. Clogenson, responsable de la formation. Aussi recommande-t-on, à la sortie de l’INPP, de passer une ou plusieurs habilitations. » Soudure, nucléaire, inspection d’ouvrages d’art, contrôle d’ouvrages métalliques, secourisme… Une bonne dizaine de spécialités sont possibles.La CRAM Provence-Alpes-Côte d’Azur projette d’élaborer avec l’INPP des fiches outils sur les activités phares de la profession.

    1. Institut national de plongée professionnelle.

    Véritable casse-tête, ce matériel, immergé, sert lors de la formation des plongeurs à l’INPP : ils doivent réussir à le remonter à l’identique, sachant que tous les diamètres des tuyaux sont diff érents !

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    Ils travaillent le plus souvent dans des environnements sombres, où leurs mains sont leurs yeux. Il n’est pas rare que les vieux scaphandriers aient des doigts coupés.

    ■ Existe-t-il une maladie du

    plongeur ?

    Dr B. : L’ostéonécrose des gros-

    ses articulations. Mais on en voit de moins en moins. On en dépiste une tous les deux ans, alors que il y a vingt-cinq ans, on en découvrait deux ou trois par an et, dans les années 1950, c’était 20 % de la popu-lation qui était touchée. Mais il est vrai que la radio n’est pas le meilleur moyen pour

    la dépister, puisqu’on la voit à un stade où elle est déjà bien déclarée. L’examen idéal pour dépister l’ostéonécrose, c’est l’IRM, mais c’est une question de coût, on ne peut pas faire une IRM à tous les plongeurs tous les quatre ans.

    ■ Jusqu’à quel âge un scaphan-

    drier peut-il plonger ?

    Il y a quelques plongeurs de plus de 55 ans. Mais le plus souvent ils se reclassent dans l’encadrement, l’organisation, deviennent chefs d’opérations hyperbares.

    Propos recueillis par V. C.

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