santé publique et prévention en milieu carcéral : état des connaissances et situation de la...

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S224 Congrès International ADELF-SFSP / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61S (2013) S206–S264 B3-4 Santé publique et prévention en milieu carcéral : état des connaissances et situation de la France E. Godin-Blandeau , C. Verdot , A.-E. Develay Institut de veille sanitaire, département maladies chroniques et traumatismes, Saint-Maurice, France Introduction.– Les personnes incarcérées, cumulant de nombreuses difficultés sanitaires et sociales, présentent un état de santé dégradé en comparaison de la population générale. Méthode.– Devant ce constat, une recherche bibliographique, couvrant environ 5000 références (du 1 er janvier 2000 au 1 er septembre 2012), a été réalisée sur la base de données « Scopus » pour dresser un état des lieux des connaissan- ces relatives à la santé des personnes détenues en France et à l’étranger. Sur 267 références sélectionnées, 120 ont été incluses à la revue. Résultats.– Les résultats mettent en évidence une hétérogénéité des connais- sances selon les thématiques de santé. Les maladies infectieuses, les addictions et la santé mentale ont été particulièrement étudiées, révélant des prévalences plus élevées en milieu carcéral. De nombreuses actions de prévention ont été développées sur ces thèmes dans les établissements pénitentiaires. L’étude des maladies chroniques, plus récente, montrent également des prévalences éle- vées de ces pathologies (selon les études, 26 à 55 % des détenus souffriraient d’une maladie chronique). Les thématiques de santé telles que la dermatolo- gie ou les pathologies ostéoarticulaires restent peu étudiées. En France, une mycose est présente chez 14 % des personnes incarcérées. Les troubles musculo- squelettiques atteignent 12 à 15 % des prisonniers. La santé-buccodentaire, elle, ne représente que 7,6 % des actions de prévention alors qu’un quart des personnes détenues nécessite une extraction dentaire. Conclusion.– La production de connaissances sur la santé des personnes incarcérées contribue à déterminer les besoins en matière de prise en charge sanitaire (diagnostic, traitements, éducation thérapeutique...) mais également les orientations et priorités dans le domaine de la prévention (pour 68,8 % des éta- blissements franc ¸ais). Il paraît donc important de développer en France de telles études épidémiologiques, notamment sur les problématiques de santé encore peu explorées. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.065 B3-5 Promotion de la santé des prisonniers au Burkina Faso : application de la deuxième version de la classification internationale des soins primaires (CISP-2) pour l’identification des besoins N. Meda a,b , K. Traore b , E. Diendéré c , S. Somda a , J. Drabo c a Centre Muraz, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso b Université de Ouagadougou, Ouagadougou, Burkina Faso c CHU Yalgado Ouedraogo, Ouagadougou, Burkina Faso Contexte et Objectif.– La promotion de la santé des prisonniers est négligée au Burkina Faso. L’objectif de notre travail était d’utiliser la CISP-2 pour identifier les besoins prioritaires de santé en milieu carcéral à Ouagadougou au Burkina Faso. De tels résultats pourraient soutenir un plaidoyer pour une plus grande considération du milieu pénitentiaire dans les stratégies locales de développe- ment sanitaire. Méthodes.– Nous avons réalisé pour cela une enquête transversale de mars à juin 2012. Une consultation de médecine générale a été offerte à tous les prisonniers présents. Leurs soins de routine sont assurés par des infirmiers. La CISP-2, outil de référence pour la catégorisation de l’information en médecine générale, a été utilisée pour caractériser par appareil, les plaintes, les symptômes, les signes et les diagnostics posés chez les prisonniers. Nous avons estimé et ordonné les problèmes de santé les plus fréquents dans la prison centrale de Ouagadougou. Résultats.– Sur 1320 prisonniers présents, 1104 ont accepté la visite médicale. Les prisonniers examinés étaient en majorité des hommes (98 %), jeunes (62 % avaient moins de 32 ans). La durée moyenne de séjour était de 12 mois et la plupart des prisonniers étaient plutôt des condamnés (52,4 %) que des prévenus (47,6 %). La morbidité était très élevée de l’ordre de 99,5 %. Les maladies res- piratoires (38 %) dont 11 cas de tuberculose, les maladies digestives (36 %) et cutanées (18 %) constituaient les principaux diagnostics posés. Des plaintes et des diagnostics multiples par prisonnier étaient courants. Discussion.– En prison, la promotion de la santé vise, à tout le moins, la pré- vention des maladies. Elle vise aussi à renforcer la résilience des prisonniers. La prise en charge médicale en milieu pénitentiaire à Ouagadougou doit cibler en priorité les maladies infectieuses. Les efforts de prévention de ces maladies doivent éliminer les conditions qui favorisent leur survenue dans ce milieu. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.066 Session B4 – Approches territoriales : mobilisation des acteurs, élus, intervenants de terrain, citoyens B4-1 La stratégie de déploiement des Contrats locaux de santé en Franche-Comté : un activateur pour la promotion de la santé ? F. Baudier, P. Gorcy, V. Walser, J.-M. Tourancheau Agence régionale de santé de Franche-Comté, Besan¸ con, France Contexte.– Dès la création de l’Agence régionale de santé (ARS), le choix a été fait de contractualiser avec les collectivités territoriales (Contrats locaux de santé [CLS]). Cette orientation correspondait à la volonté d’impulser sur les territoires, une dynamique qui fasse converger les orientations régionales en cours d’élaboration (Projet régional de santé [PRS]) aux besoins de proximité et aux initiatives déjà prises (type Ateliers santé ville). Méthode.– Une première approche a été expérimentale (préfiguration ARS) au sein d’un territoire de santé volontaire. Dans un deuxième temps, il a été tiré parti de cette réalisation et des premières orientations nationales, pour entreprendre des démarches volontaires auprès de certaines collectivités. La troisième étape a été d’inscrire ce travail autour : – des priorités du PRS ; – des territoires de proximité. Résultats.– Plus de la moitié de la population franc-comtoise est aujourd’hui couverte par un CLS : – urbain autour des villes préfecture ; – rural autour des Pays. La période d’élaboration des CLS a été l’occasion : d’une remise à plat des actions engagées dans le passé et d’être à l’écoute des besoins de la popula- tion. L’analyse des principales thématiques ou champs couverts montre que la prévention et l’offre de premier recours sont les sujets les plus souvent retenus. Discussion et conclusion.– Le premier bilan est positif en raison, d’une part, de la forte implication des collectivités territoriales, d’autre part, de la réponse à certains besoins non ou peu couverts. Cependant, plusieurs points de vigilance sont à relever : trouver un équilibre et une cohérence entre orientations régionales et locales, avoir le souci de répondre à l’expression des besoins des élus, mais aussi de la population et des professionnels et au-delà de la signature d’un contrat, faire vivre sur la durée cette démarche. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.067 B4-2 Les inégalités sociales de santé ne sont pas une fatalité : l’expérience de la Mauricie et du Centre-du-Québec R. Boisvert Agence de la santé et des services sociaux de la Mauricie et du centre-du-Québec/direction de santé publique, Canada Les inégalités sociales de santé, magnifiquement documentées par la Commis- sion des déterminants sociaux de la santé de l’Organisation mondiale de la santé (2008), sont en très grande partie un construit de société. Voilà pourquoi

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S224 Congrès International ADELF-SFSP / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61S (2013) S206–S264

B3-4

Santé publique et prévention en milieucarcéral : état des connaissances et situationde la FranceE. Godin-Blandeau , C. Verdot , A.-E. DevelayInstitut de veille sanitaire, département maladies chroniques et traumatismes,Saint-Maurice, France

Introduction.– Les personnes incarcérées, cumulant de nombreuses difficultéssanitaires et sociales, présentent un état de santé dégradé en comparaison de lapopulation générale.Méthode.– Devant ce constat, une recherche bibliographique, couvrant environ5000 références (du 1er janvier 2000 au 1er septembre 2012), a été réalisée surla base de données « Scopus » pour dresser un état des lieux des connaissan-ces relatives à la santé des personnes détenues en France et à l’étranger. Sur267 références sélectionnées, 120 ont été incluses à la revue.Résultats.– Les résultats mettent en évidence une hétérogénéité des connais-sances selon les thématiques de santé. Les maladies infectieuses, les addictionset la santé mentale ont été particulièrement étudiées, révélant des prévalencesplus élevées en milieu carcéral. De nombreuses actions de prévention ont étédéveloppées sur ces thèmes dans les établissements pénitentiaires. L’étude desmaladies chroniques, plus récente, montrent également des prévalences éle-vées de ces pathologies (selon les études, 26 à 55 % des détenus souffriraientd’une maladie chronique). Les thématiques de santé telles que la dermatolo-gie ou les pathologies ostéoarticulaires restent peu étudiées. En France, unemycose est présente chez 14 % des personnes incarcérées. Les troubles musculo-squelettiques atteignent 12 à 15 % des prisonniers. La santé-buccodentaire, elle,ne représente que 7,6 % des actions de prévention alors qu’un quart des personnesdétenues nécessite une extraction dentaire.Conclusion.– La production de connaissances sur la santé des personnesincarcérées contribue à déterminer les besoins en matière de prise en chargesanitaire (diagnostic, traitements, éducation thérapeutique. . .) mais égalementles orientations et priorités dans le domaine de la prévention (pour 68,8 % des éta-blissements francais). Il paraît donc important de développer en France de tellesétudes épidémiologiques, notamment sur les problématiques de santé encorepeu explorées.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.065

B3-5

Promotion de la santé des prisonniers auBurkina Faso : application de la deuxièmeversion de la classification internationale dessoins primaires (CISP-2) pourl’identification des besoinsN. Meda a,b, K. Traore b, E. Diendéré c, S. Somda a,J. Drabo c

a Centre Muraz, Bobo-Dioulasso, Burkina Fasob Université de Ouagadougou, Ouagadougou, Burkina Fasoc CHU Yalgado Ouedraogo, Ouagadougou, Burkina Faso

Contexte et Objectif.– La promotion de la santé des prisonniers est négligée auBurkina Faso. L’objectif de notre travail était d’utiliser la CISP-2 pour identifierles besoins prioritaires de santé en milieu carcéral à Ouagadougou au BurkinaFaso. De tels résultats pourraient soutenir un plaidoyer pour une plus grandeconsidération du milieu pénitentiaire dans les stratégies locales de développe-ment sanitaire.Méthodes.– Nous avons réalisé pour cela une enquête transversale de mars à juin2012. Une consultation de médecine générale a été offerte à tous les prisonniersprésents. Leurs soins de routine sont assurés par des infirmiers. La CISP-2, outilde référence pour la catégorisation de l’information en médecine générale, a étéutilisée pour caractériser par appareil, les plaintes, les symptômes, les signeset les diagnostics posés chez les prisonniers. Nous avons estimé et ordonné lesproblèmes de santé les plus fréquents dans la prison centrale de Ouagadougou.Résultats.– Sur 1320 prisonniers présents, 1104 ont accepté la visite médicale.Les prisonniers examinés étaient en majorité des hommes (98 %), jeunes (62 %avaient moins de 32 ans). La durée moyenne de séjour était de 12 mois et la

plupart des prisonniers étaient plutôt des condamnés (52,4 %) que des prévenus(47,6 %). La morbidité était très élevée de l’ordre de 99,5 %. Les maladies res-piratoires (38 %) dont 11 cas de tuberculose, les maladies digestives (36 %) etcutanées (18 %) constituaient les principaux diagnostics posés. Des plaintes etdes diagnostics multiples par prisonnier étaient courants.Discussion.– En prison, la promotion de la santé vise, à tout le moins, la pré-vention des maladies. Elle vise aussi à renforcer la résilience des prisonniers.La prise en charge médicale en milieu pénitentiaire à Ouagadougou doit cibleren priorité les maladies infectieuses. Les efforts de prévention de ces maladiesdoivent éliminer les conditions qui favorisent leur survenue dans ce milieu.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.066

Session B4 – Approches territoriales : mobilisation desacteurs, élus, intervenants de terrain, citoyens

B4-1

La stratégie de déploiement des Contratslocaux de santé en Franche-Comté : unactivateur pour la promotion de la santé ?F. Baudier , P. Gorcy , V. Walser , J.-M. TourancheauAgence régionale de santé de Franche-Comté, Besancon, France

Contexte.– Dès la création de l’Agence régionale de santé (ARS), le choix aété fait de contractualiser avec les collectivités territoriales (Contrats locaux desanté [CLS]). Cette orientation correspondait à la volonté d’impulser sur lesterritoires, une dynamique qui fasse converger les orientations régionales encours d’élaboration (Projet régional de santé [PRS]) aux besoins de proximitéet aux initiatives déjà prises (type Ateliers santé ville).Méthode.– Une première approche a été expérimentale (préfiguration ARS) ausein d’un territoire de santé volontaire. Dans un deuxième temps, il a été tiré partide cette réalisation et des premières orientations nationales, pour entreprendredes démarches volontaires auprès de certaines collectivités. La troisième étapea été d’inscrire ce travail autour :– des priorités du PRS ;– des territoires de proximité.Résultats.– Plus de la moitié de la population franc-comtoise est aujourd’huicouverte par un CLS :– urbain autour des villes préfecture ;– rural autour des Pays.La période d’élaboration des CLS a été l’occasion : d’une remise à plat desactions engagées dans le passé et d’être à l’écoute des besoins de la popula-tion. L’analyse des principales thématiques ou champs couverts montre que laprévention et l’offre de premier recours sont les sujets les plus souvent retenus.Discussion et conclusion.– Le premier bilan est positif en raison, d’une part, dela forte implication des collectivités territoriales, d’autre part, de la réponse àcertains besoins non ou peu couverts. Cependant, plusieurs points de vigilancesont à relever : trouver un équilibre et une cohérence entre orientations régionaleset locales, avoir le souci de répondre à l’expression des besoins des élus, maisaussi de la population et des professionnels et au-delà de la signature d’un contrat,faire vivre sur la durée cette démarche.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.067

B4-2

Les inégalités sociales de santé ne sont pasune fatalité : l’expérience de la Mauricie etdu Centre-du-QuébecR. BoisvertAgence de la santé et des services sociaux de la Mauricie et ducentre-du-Québec/direction de santé publique, Canada

Les inégalités sociales de santé, magnifiquement documentées par la Commis-sion des déterminants sociaux de la santé de l’Organisation mondiale de lasanté (2008), sont en très grande partie un construit de société. Voilà pourquoi