les programmes de postvention: état des …...2019/10/30 · les programmes de postvention: état...
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Les programmes de postvention : état des connaissances
Monique Séguin Ph.D. Département de psychoéducation et psychologie , UQO
Groupe McGill d’étude sur le suicide, Institut Universitaire en Santé Mentale Douglas
Réseau Québécois de recherche sur le suicide, les troubles de l’humeur et troubles associés
Monique Séguin- CPS Lanaudière 30-10-2019
AUTEURS• Monique Séguin Ph.D.
Département de Psychologie, Université du Québec en OutaouaisGroupe McGill d’étude sur le suicide, Réseau Québécois de recherche sur le suicide. [email protected]
Françoise Roy & Tania Boilar
Monique Séguin-CPS Lanaudière 30-10-2019
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Issu du rapport:
Déploiement d’actions ou de stratégies de postvention :
une revue systématique de la littératureRapport soumis à l’Association Québécoise de
Prévention du SuicideAuteurs :
Caroline Nicolas, Charles-Edouard Notredame, Monique Séguin
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Différents modèles
• Modèle d’intervention en sécurité civile
• Modèle d’intervention psychosociale
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DÉVELOPPEMENT DES PROGRAMMES DE POSTVENTION AU QUÉBEC
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Historique• Les programmes de postvention en milieu
scolaire existe depuis la fin des années 80• La plupart de programmes sont des protocoles
d’étapes à suivre (step by step)- prescriptifs• Programmes destinés à des situations tout
azimut• Une multiplication du nombre de programme
de postvention au Québec, dont la majorité offrait des interventions à court terme basé sur des interventions de «débriefing»
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Constats de la Revue de programmes effectuée auprès de 93 établissements*
Revue de programmes effectuée auprès de 93 établissements (Bouchard,Benoît, Séguin et Boyer, 2003) a permis de constater :
1. un manque de consensus dans les concepts et les termes utilisés• par ex.: on utilise le terme débriefing pour décrire une intervention de
ventilation ou encore pour désigner les activités de postvention alorsque cela s’adresse aux témoins
• Une mauvaise utilisation des termes amène une confusion clinique et théorique.
2. un choix d’activités peu reliés aux objectifs poursuivis par la postvention :diminier les impacts du suicide dans un milieu et aider les personnestouchées
3. une intervention rapide et intensive,• 72 % des programmes s’étalent sur une semaine et 12 % prévoit des
activités au-delà d’un mois.
*(Bouchard, Benoît, Séguin et Boyer, 2003)Monique Séguin 2018
Critiques• Terminologie qui varie d’un programme à
l’autre (verbalisation, débriefing, soutien)• On agit rapidement, rapidement et
intensivement !• Manque de cadres conceptuels (deuils vs
durée du programme)• Programme «clef en main» plutôt qu’un cadre
permettant d’identifier les opérations cliniques
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Logique d’intervetnion
Stratégies universelles Repérage des groupes à risques
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Variabilité des réactions
• Lorsqu’il y a un décès par suicide d’un jeune en milieu scolaire, nous parlons d’un événement tragique, ayant des effets différents sur la population scolaire selon le degré de proximité et ou de connaissance avec la personne décédée.
• Pour cette raison des réactions différentes et variées peuvent être observée dans la communauté scolaire. Il est possible de regrouper les réactions suite à un décès par suicide en trois grandes catégories.
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Niveau d’intervention
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Interventions cibles
Interventions sélectives
Intervenions universelles
PARTIE IIExemple d’application de programme
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L’exemple de l’étude au Collège Dawson
• Évaluer l’efficacité du plan d’intervenLon psychologique en situaion traumaique qui fut mis en œuvre immédiatement après la fusillade
• Évaluer l’impact de cet incident sur les étudiants, les enseignants et le personnel non-enseignant du Collège Dawson
• Développer un plan d’intervenLon psychologique d’urgence en vue d’éventuels incidents violents et traumaisants dans des écoles, des collèges et des universités du Québec
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Méthodologie • Participants
– 10 000 étudiants et membres de personnel qui étaient au Collège Dawson le 13 septembre 2006
– 949 étudiants et membres du personnel ont répondu à l’appel et ont participé à l’étude
• Procédures– Devis rétrospectif: 18 mois plus tard – Questionnaire standardisé au sujet de l’utilisation des
services pour fins de santé mentale avant et après le 13 septembre 2006
– -Entretien avec de petit groupe «focus group»– -Entretien individuel
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http://www.hlhl.qc.ca/dawsonproject.htmlMonique Séguin- CPS Lanaudière 30-10-2019
Analyse du plan d’intervention psychosociale
• Révision(reconsituion) des services psychologiques mis en place suite à la fusillade
• Cueilleme de données qualitaives via des entrevues individuelles et de groupes
• Entrevues enregistrées, retranscrites, codées par thèmes et analysées
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Facteurs importants dans le plan d’intervention psychosociale
• La direction de Dawson a développé des partenariats
• La majorité des interventions étaient sur les lieux
• Proximité des intervenants et des acteurs clés
• Un modèle d’intervention commun a été utilisé
• Étroite communication
• Révision et modifications continus:
• Identification des problèmes potentiels
• Dépistage des problèmes à court et moyen termeMonique Séguin- CPS Lanaudière 30-10-2019
Identification de certains écueils
• La philosophie d’intervention– Les conflits de valeurs entre les différents intervenants– La promotion de la résilience collective– La confidentialité
• Formation des intervenants• Identification des problèmes émergent de santé
mentale et suivis des individus ayant des problèmes de santé mentale (effet de cocon)
• Continuité de l’offre de services (après plusieurs mois)
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Evaluation et présence des difficultés sociales
ou de troubles mentaux
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Mesures
Questionnaire• en salle au Collège (28 %) • sur site internet (72 %)
• Répercussions psychologiques§ Composite International Diagnostic Interview (WHO-
CIDI, 1990)
§ Posttraumatic Check List Scale-S (Ventureyra et al., 2002)
§ Questionnaire sur le besoin perçu des soins : évalue le niveau des soins non comblés par les services de santé mentale
• Sévérité de l’exposition§ Échelle de sévérité d’exposition à la fusillade
(Guay & coll., 2008)
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Caractéristiques de base• 79% étaient présents au moment de la fusillade
• 57% femmes
• 90% étudiants
• Âge:
– ≤ 19 ans: 40%
– 20 - 33 ans: 48%
– ≥ 34 ans: 12%
– Âge moyen: Personnel- 50.5 Étudiants - 21.3
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Étudiants et personnel du Collège Dawson (n=949) %
ESCC1.2/1anprévalence*%
Épisode de dépression majeure
Prévalence 18 mois après la fusillade Incidence
12.1 5.0
4.8
Dépendance Alcool
Prévalence 18 mois après la fusillade Incidence
8.7 4.7
2.6
Phobie sociale
Prévalence 18 mois après la fusillade Incidence
9.6 3.4
3.0
État de stress posttraumatique
Prévalence 18 mois après la fusillade Incidence
3.41.8
---
Dépendance à une drogue
Prévalence 18 mois après la fusillade Incidence
2.6 0.9
0.8
Trouble panique
Prévalence 18 mois après la fusilladeIncidence
1.90.3
1.5
Agoraphobie sans trouble panique
Prévalence 18 mois après la fusilladeIncidence
2.1 0.1
0.7
Présence d’au moins un trouble mental
Prévalence 18 mois après la fusilladeIncidence
30.9 18.1
10.9
* Canadian Collaborative Mental Health Initiative; Prevalence of Mental Illnesses and Related Service Utilization in Canada: An Analysis of the Canadian Community Health Survey. http://www.ccmhi.ca/en/products/documents/09_Prevalence_EN.pdf
Répercussions psychologiquesPrévalence & Incidence– 18 mois après l’incident
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Résultats sur la santé mentale• 18% des participants ont développé un trouble
mental pour la première fois à vie– 1.8% un TSPT– 5% une dépression majeure– 5% un trouble de dépendance à l’alcool– 3% une phobie sociale– 12% avaient un trouble mental avant la fusillade ont
maintenu la présence des troubles mentaux– Au total 30% des participants ont soufferts de troubles
mentaux, deux fois plus que les taux observés dans l’enquête épidémiologique sur la Santé des collectivités.
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L’évaluaion des services • 13% des répondants ont consulté un professionnel en
santé mentale (semblable à la population de référence)• La majorité des individus ayant un trouble psychiatrique
n’ont pas consulté un professionnel en santé mentale • 80% de ceux qui ont consulté rapportent avoir été
satisfait avec au moins un service reçu• 50% rapportent qu’ils auraient eu besoin d’un service
additionnel• 14% ont utilisé l’Internet comme source d’information
sur la santé mentale• 14% rapportent que certains de leurs besoins étaient
non-comblésMonique Séguin- CPS Lanaudière 30-10-
2019
Conclusions
• La fusillade a eu un impact négatif sur la santé mentale d’un bon nombre des personnes exposées
• L’impact a été plus important pour les individus ayant eu un niveau d’exposition élevé à la fusillade
• L’ÉSPT, la dépression majeure, l’abus de substance, la phobiesociale et les idéations suicidaires figurent parmi les principaux problèmes de santé mentale
• L’incidence de la dépression majeure et de la dépendance àl’alcool était plus élevée que l’ÉSPT
• L’impact psychologique perdure 18 mois après l’événement
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Partie IIIElaboration d’un dispositif de
postvention
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Ce que l’on sait déjà…
Le suicide touche près de 800 000 personnes à travers le monde
Malgré une tendance sensible à l’amélioration observée depuis le début des années 2000, nous observons un plateau ou une légère augmentation depuis quelques années
Le suicide et sa prévention demeurent une préoccupation centrale pour la santé publique
TAUX de suicide
Tendances
Evolution
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Développement de programmes de postvetnion Programme de type
clé en main
Programme basé sur le repérage de population à risque
Programme incluant des stratégies multiples sur le long terme
Plusieurs « générations » de programmes de postventionont vu le jour.Les interventions proposées
visent à diminuer le niveau de stress et l’impact de la crise, à favoriser le processus de deuil et à diminuer les risques de contagion.Peu d’analyse d’efficacité on été réalisées
Année 60-70
Année 80-90
Année2000-18
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Stratégis de postvenion issus de référeniels théoriques et empiriques
Prévention de la contagion au niveau institutionnel
1•Réduire l’impact possible de l’imitation des comportements suicidaires
2
•Minimiser les facteurs collectifs potentiellement prédisposés à la contagion suicidaire tels la circulation de messages sensationnalistes, normalisateurs ou banalisant à propos du geste ou encore les effets de désorganisation institutionnelle.
Prévenir les souffrances au niveau Individuel
1•Limiter ladésorganisaion psychique précoce-
•Repérage
2•Circonscrire l’impact de la crise-•Accompagnement psychologique
3
•Prévenir l’installaion descomplicaions psychopathologiques en favorisant le retour au foncionnement antérieur-
•Suivi des individus à risque
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CONSTAT
Objectif principal
• Effectuer une revue exhausive des limératures relaives à la prévenion de la contagion suicidaire et à l’encadrement clinique post-suicide
MOYEN
• Répertorier et analyser l’ensemble des plans et des actions déployées, recommandées et/ou évaluées
Issue
• Recommander des programmes en vue de gérer les conséquences d’un ou plusieurs suicides dans une insituion ou dans la communauté
1. Une multitude de recommandations et de programmes
2. Il n’existe pas de langage commun et de consensus quant aux stratégies efficaces
3. Le déploiement se fait selon différents modalités et situations cliniques
4. Peu ou pas d’évluation
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Actions regroupées selon 9 grands thèmes
1. Les mesures de coordination2. Les mesures d’urgence3. Les besoins logistiques4. Les mesures de communication et d’information
– La communication interne : annonce du suicide– La communication externe : médias et réseaux sociaux
5. La participation aux funérailles et l’organisation des commémorations6. Le repérage des individus à risque7. Soins psychologiques et de psychothérapie8. Les mesures de sensibilisation universelle9. Les mesures de soutien aux intervenants
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Impacts du suicide
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Processus séquentiel dans le temps, divisé selondes sphères d’interventions spécifiques.
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Objectifs de la postvention
• Outiller le milieuà faire face auxretentissementsd’un suicide • Soutenir la
communauté et favoriser le rétablissement
• Intervenir pour aménuer les souffrances individuelles
¢ Assurer la sécurité des lieux et des individus lorsqu’un suicide survient dans le milieu
¢ Soutenir la communauté en favorisant le sentiment de compétence et de sécurité du milieu et engager rapidement le retour au fonctionnement habituel
¢ Intervenir pour atténuer les souffrances individuelles
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