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D’après l’oeuvre d’HENRY MONNIER Adaptation et mise en scène de PATRICE BIGEL

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Dossier de diffusion. représentations du 9 au 19 décembre ; puis du 6 au 30 janvier. les jeudi, vendredi, samedi, à 20h30 ; et les dimanche à 17h.

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D’après l’oeuvre d’HENRY MONNIERAdaptation et mise en scène de PATRICE BIGEL

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« La bêtise humaine rapetisse tout, même ce qu’elle croit respecter. Ce que j’ai voulu, c’est signaler cette sottise sans parti pris, sans amertume ; la photographier dans ses gestes les plus naïfs, dans ses allures les plus journalières »

Henry Monnier

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C’est en tombant par hasard sur les morceaux choisis d’une édition de 1935 que nous avons découvert Henry Monnier. On associe souvent son nom à celui de Monsieur Prud’homme, ce type de bourgeois parisien du XIX° siècle qu’il inventa pour dénoncer la bêtise. Pourtant, en poursuivant nos recherches, une foule de personnages nous est apparue composant une oeuvre théâtrale importante. Assez éloignée du vaudeville, elle échappe aux règles et aux mécaniques du théâtre de son époque. Henry Monnier est un original, il écrit pour le théâtre comme il dessine, il prend des notes de ce qu’il voit et de ce qu’il entend autour de lui. Comme il est aussi acteur, outre sa qualité d’observateur, il fait preuve d’un sens du dialogue très efficace. De véritables joutes verbales, des dialogues qui dérivent en monologues, des bavardages souvent remplis de banalités et de lieux communs créent une langue singulière et parfois même déroutante. Dans ses pièces, il n’y a pas plus d’intrigues que de rebondissements, ici jamais de coup de théâtre. C’est précisément l’apparente faiblesse de son écriture théâtrale qui rend à nos yeux cette oeuvre passionnante. Il fait vivre des êtres égarés qui s’expriment de manière compulsive avec des mots parfois absurdes qui souvent ne servent qu’à combler leur solitude. Henry Monnier réalise sa « comédie humaine » où une multitude de

portraits se succèdent et s’exposent dans sa « galerie d’originaux ». Son oeuvre dramatique d’un comique percutant est aussi cruelle et profondément désespérée car les personnages qu’il traque ne sont jamais heureux. La mélancolie, l’angoisse, la solitude les entraînent à la limite de la folie. Passant toutes les classes sociales au vitriol, il dépeint la chute d’un monde ayant perdu ses repères et qui est entrain de s’effondrer. On trouve aujourd’hui dans l’oeuvre d’Henry Monnier un intérêt particulier pour l’attention aiguë qu’il sait porter au langage, à ce qu’il révèle et dissimule. Artiste doué, dessinateur, auteur dramatique, acteur, Henry Monnier a peut-être dû à cette dispersion la relative désaffection dont son oeuvre a souffert. Le critique d’art l’a traité en auteur et le critique littéraire en caricaturiste. Pourtant l’oeuvre graphique, littéraire, dramatique et, sans doute, le jeu même du comédien présentaient une remarquable unité : humour féroce au service d’une observation implacable des comportements, des tics, des travers, des bassesses de ses contemporains ; inlassable dénonciation de la sottise humaine.

Patrice Bigel

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« J'avoue n'être jamais sorti sans un certain malaise de la lecture de ces volumes qu'Henry Monnier remplissait des minuties et des lieux communs de la vie courante », dit Saint-Victor. Et Baudelaire (qui apporte ici, comme partout ailleurs, dans sa critique, le jugement le plus sagace et les aperceptions les plus pénétrantes ) : « Monnier a eu une faculté étrange, mais il n'en a qu'une. » ( En eût-il eu d'autres pour contrebalancer celle-ci, Monnier nous intéresserait beaucoup moins ) « C'est la froideur, la limpidité du miroir qui ne pense pas et qui se contente de réfléchir les passants. Au lieu de saisir entièrement et d'emblée tout l'ensemble d'une figure ou d'un sujet, Henry Monnier procédait par un lent et successif examen des détails. Il n'a jamais connu le grand art. »

André Gide Préface des Morceaux Choisis

d’Henry Monnier1935

« Il est sans doute mal séant de chercher à dire des choses profondes au sujet d'Henry Monnier. Ce serait presque le trahir. L'insondable, ce n'est pas lui, c'est la bêtise humaine, dont son oeuvre littéraire n'est que le reflet. Assurément Henry Monnier est conscient de l'imbécillité de ses personnages ; peut-être point de leur ignominie. Il s'amuse des propos qu'il leur prête. Il a souci de nous en faire rire, et, s'il nous épouvante, c'est par raccroc. L'humanité qu'il peint est sordide ; notre épouvante vient de ce que cette peinture est exacte. Ces propos nous les reconnaissons ; nous les entendons tous les jours. Nous voyons ces gens ; ce sont eux que nous rencontrons dans les trains, dans les omnibus ; une société de blattes, de cafards, de cloportes et de cancrelas. Comme ils sont ressemblants! Sentiments de convention ; opinions toutes faites, adoptées ; toutes ces créatures abjectes n'expriment jamais rien de personnel, qui ne le soit dans le sens le plus rétréci, le plus limité de ce mot ... Nous les contemplons avec horreur sans doute, mais bien également avec une sorte de stupeur amusée ... et parfois, parmi tant d'idiots, dans ce miroir impitoyable que Monnier nous tend, nous tremblons de nous reconnaître.Il apporte à ses peintures si peu d'apprêt, si peu d'art, que les critiques se refusent à le considérer et ne lui accordent d'ordinaire aucune place dans l'histoire de la littérature. Sainte-Beuve, je crois bien, ne parle de lui nulle part. Si Baudelaire et Paul de Saint-Victor lui consacrent quelques pages excellentes, c'est pour le honnir. Mais certaines de leurs réflexions sont si pertinentes qu'elles nous permettent de comprendre les raisons de cette importance que Monnier peut prendre à nos yeux.

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« Henry Monnier est une des originalités les plus tranchées de ce temps-ci. Bien avant le daguerréotype et l’école réaliste, il a poursuivi et atteint dans l’art la vérité absolue. Rien n’est beau que le vrai, le seul vrai est aimable, est une devise qu’il pourrait faire graver sur son cachet comme la sienne, car il s’y est toujours conformé. Il faut avoir une rare puissance pour suivre avec rigueur un tel parti pris du bout à l’autre d’une carrière qui commence à être longue et qui s’est développée sur une triple voie : celle de l’artiste, celle de l’écrivain et celle de l’acteur. Henry Monnier a commencé par faire le croquis des types qui le frappaient et dont il saisissait en quelques coups de crayon les gestes, les habitudes, les angles sortants et rentrants, les tics, les cassures, tous ces signes que le vulgaire n’aperçoit pas, et qui, pour l’oeil observateur, sont des révélations de caractère ; ensuite, non content de cette reproduction muette, il a parlé ses dessins dans des charges devenues célèbres ; nous disons charges pour nous servir du mot consacré, car rien n’y ressemble moins que ces moulages sur nature exécutés par un procédé dont Monnier seul a le secret......Si cela est ainsi, comment se fait-il que Monnier ne soit pas le plus

grand peintre, le plus grand écrivain et le plus grand acteur de l’époque ? La nature n’est pas le but de l’art, elle en est tout au plus le moyen : le daguerréotype reproduit les objets sans les couleurs, et le miroir les renverse, ce qui est déjà une inexactitude, une fantaisie, comme diraient les réalistes ; il faut, à toute chose exprimée, une incidence de lumière, un sentiment, une touche, qui trahissent l’âme de l’artiste. Henry Monnier ne choisit pas, n’atténue pas, n’exagère pas ... Ses portiers sont des portiers, rien de plus ... Ses bourgeois vous ennuient comme des bourgeois véritables par d’intarissables flots de lieux communs et d’âneries solennelles. Ce n’est plus de la comédie, c’est de la sténographie ... Ses paysans sont voleurs comme des pies, avares comme des griffons, malins comme des renards ... et quelle campagne ! une campagne de banlieue, pavée, poussiéreuse, sans ombre, sans mystère et sans loisir ... »

Théophile Gautier Préface de Paris et la Province

1866

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D’origine modeste, Monnier a connu tout au long de sa vie une rare alternance de triomphes et d’échecs retentissants. À seize ans, élève médiocre, il quitte le lycée Bonaparte et après un court passage dans une étude de notaire, il entre comme surnuméraire au ministère de la Justice où il fait valoir « sa belle main ». En 1821 il quitte l’administration et entre comme élève peintre à l’atelier de Girodet puis à celui de Gros pour y apprendre la peinture. Il excelle dans le croquis, la caricature et se fait remarquer par ses plaisanteries, son humour. Après un long séjour à Londres où il se perfectionne dans les techniques de la lithographie, il revient en 1827 à Paris, où il réalise des illustrations pour Stendhal, Eugène Sue, Balzac, Béranger et des séries de lithographies. En 1830, il publie son premier livre Les Scènes populaires, qui connaît un succès immédiat. Monnier décide alors d’exploiter ce succès à la scène, il présente au théâtre du Vaudeville La famille improvisée, dans laquelle il interprète lui-même quatre personnages différents. Cette représentation à laquelle assiste le Tout-Paris de l’époque est un triomphe et la pièce reste six mois à l’affiche. Monnier est engagé comme acteur au Vaudeville et désormais il partagera son temps entre ce métier, le dessin et l’écriture, avec cependant une prédilection pour le théâtre, qu’il a

aimé, dit-on, plus que tout et qui lui a apporté, après ce premier succès, bien des déboires. Il n’était bon acteur que lorsqu’il interprétait ses propres personnages et très vite il dut entreprendre des tournées en province, de retour à Paris, il se consacre surtout à la lithographie.En 1849, il repart en tournée, connaît à nouveau des échecs et en 1852, grâce à Prudhomme, il renoue avec le succès. Il joue plus de cent fois Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme, à l’Odéon. Il retrouvera un succès égal en 1855 avec Le Roman chez la portière et Le bonheur de vivre aux champs. Mais dès la fin de 1855 s’ouvre pour Monnier à nouveau une période difficile durant laquelle il alternera les tournées théâtrales, le dessin, la lithographie, l’aquarelle et quelques publications. C’est en 1870, sur la scène de l’Ambigu, que Monnier, pour la dernière fois, s’incarnera en Joseph Prudhomme.

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1830 - SCÈNES POPULAIRES - Le roman chez la portière - La cour d’assises - L’exécution- Le dîner bourgeois- La petite fille- La grande dame.1831 - SCÈNES POPULAIRES Deuxième édition augmentée de : - La victime du corridor- Précis historique de la révolution de l’empire et de la restauration.1836-1839 - SCÈNES POPULAIRES- Les bourgeois campagnards- Un voyage en diligence- La garde-malade- Scènes de la vie bureaucratique - L’esprit des campagnes- Le peintre et les bourgeois- Les petits prodiges- Les compatriotes- Les trompettes. 1841 - SCÈNES DE LA VILLE ET DE LA CAMPAGNE- Le premier de l’an- Le déménagement- Les girouettes- L’enterrement- Intérieur de la mairie- La partie de campagne- Les loisirs de petite ville.1854 - LES BOURGEOIS DE PARIS- Un voyage en chemin de fer- Scènes de mélomanie bourgeoise- Le tyran de la table- Les bonnes gens de campagne- Les fâcheux à domicile- Les diseurs de rien- Une fille à marier- Un train de plaisir- Un café militaire- Locataires et propriétaires- Le bourgeois.1857 - MÉMOIRES DE M. JOSEPH PRUDHOMME1858 - GALERIE D’ORIGINAUX1861 - LA RELIGION DES IMBÉCILES

1862 - NOUVELLES SCÈNES POPULAIRES- Comédies bourgeoises- Croquis à la plume - Galerie d’originaux - Scènes parisiennes - Les petites gens - Les bourgeois aux champs.1862 - LES BAS-FONDS DE LA SOCIÉTÉ- Un agonisant- La consultation - L’exécution - L’église française - La femme du condamné - À la belle étoile - Une nuit dans un bouge - Les misères cachées.1866 - PARIS ET LA PROVINCE- Un guet-apens- Le mardi-gras- Grand-père et petit fils- L’escalier de la cour d’assises- Les impitoyables- Propos en l’air- Une ouverture- Menus propos- Un banquet.1866 - L’ENFER DE JOSEPH PRUDHOMME- Les deux gougnottes- La grisette et l’étudiant.1879 - SCÈNES POPULAIRES - L’enterrement- Intérieurs de mairie- La partie de campagne dans la cuisine - Les loisirs de petite ville- Les voisins de campagne- L’esprit des campagnes- Le peintre et les bourgeois- Les petits prodiges- Les compatriotes- Les trompettes- Fourberies intimes.

L’adaptation de SANS LA GAITÉ est réalisée à partir des pièces soulignées

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Une série d’une cinquantaine de lithographies et des éditions originales de ses ouvrages sont exposées à l’occasion des représentations du spectacle SANS LA GAÎTÉ.

En 1825 Henry Monnier part pour Londres. À cette époque, la recherche des procédés d’impression et de reproduction sur papier est alors très active. Durant son séjour en Angleterre, Henry Monnier se forme aux techniques de lithographie dont il se servira plus tard. La lithographie est très populaire au début du dix-neuvième siècle. Cette technique d’impression exécutée à l’encre sur une pierre calcaire permet la reproduction d’une image à de multiples exemplaires. Durant sa vie, Henry Monnier se livre à une très grande production de lithographies. Il réalise une profusion de petites images où il peut exprimer son goût pour l’observation minutieuse de ses contemporains. Il délaisse la lithographie au crayon pour s’en tenir aux contours linéaires de la plume, qui se prêteront mieux plus tard à l’application de la couleur. Quelques hachures, sobrement distribuées, marquent les ombres. Cela suffit pour le relief des couleurs. Souvent les tableaux sont commentés de légendes soulignées d’un titre. Mais ce texte n’est-il pas superflu, tant le sujet est limpide et s’explique de soi.C’est grâce aux leçons de Girodet

qu’il arrive aussi bien à fixer les physionomies du visage humain et qu’il étudie les exactes proportions de ses figures en leur donnant une sûreté dans les lignes. Ce souci de l’exactitude le maintiendra sans cesse en contact avec la vie.Rencontre-t-il dans la rue une figure originale ? Une situation qu’il remarque, il l’a croque aussitôt sur un carnet de poche qu’il a toujours sur lui, il en fera sans doute quelque chose plus tard. Il procède de la même façon avec ce qu’il entend c’est ainsi qu’il écrira son théâtre. L’oeuvre d’Henry Monnier nous retient par la forte impression qu’elle nous laisse d’une multitude d’instantanés de la « réalité » du dix-neuvième siècle.

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Patrice Bigel, metteur en scène, est directeur artistique de la Compagnie La Rumeur.

Ses spectacles sont des créations, mais il a également mis en scène des textes classiques et contemporains. Les spectacles sont joués en tournée, en France, en Europe (Italie, Autriche, Allemagne) mais aussi aux États-Unis et en Amérique du Sud.La Nuit du Plaisir Différent (Avignon, 1985), Circuits Clandestins ( Caracas, Montevideo, Lima, Santiago du Chili, Chicago,1987) Sunny Side-up (Vienne, 1988) Flagrant-Délit de Mensonge (Hambourg, 1989), Tragédie Céleste d’après Le Concile d’Amour d’Oscar Panizza (Rennes, 1991), Dramen d’après De l’Aube à Minuit de Georg Kaiser (Rennes, 1993), Dom Juan de Molière (Choisy-le-Roi, 1995). Tableaux Anthropométriques (Paris, 1997). Bien des nuits nous ont séparés (Florence, 1998-Choisy-le-Roi 1999). Biographie : un jeu de Max Frisch (Choisy-le-Roi 2001). Don Juan revient de guerre de Odön von Horvath (Choisy-le-Roi 2002). Push up de Roland Schimmelpfennig (Choisy-le-Roi 2004).Tableau d’une exécution d’Howard Barker (Choisy-le-Roi 2006). Nature morte dans un fossé de Fausto Paravidino (Florence Italie Choisy-

le-Roi 2007). À la veille de cette rencontre aucun problème n’a été réglé (Florence, Italie Choisy-le-Roi 2008). Et le lendemain non plus (Choisy-le-Roi 2009). Sans la gaîté d’après l’oeuvre d’Henry Monnier (Choisy-le-Roi 2010). Patrice Bigel est invité à réaliser des mises en scène à l’extérieur de sa compagnie. En Allemagne, il met en scène un cycle Molière, l’Avare (1996), Tartuffe (1998), l’Ecole des Femmes (1999). Il travaille également pour l’opéra et met en scène Le Cid de Massenet ( Rouen, 1993). Mort à Venise de Benjamin Britten (Lübeck, 2000). Carmen de Georges Bizet (Lübeck 2003).

Depuis 1995 la compagnie La Rumeur est installée dans une ancienne tannerie, l’Usine Hollander à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), où parallèlement à ses spectacles, Patrice Bigel mène des actions de formation.

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Adaptation et mise en scène : Patrice Bigel

Dramaturgie : Katja Beckel

Scénographie et Lumières : Jean-Charles Clair

Son : Julie Martin

Conception Graphique : Valentin [email protected]

Avec : Matthieu BeaudinMara Bijeljac Sophie ChauvetKarl-Ludwig Francisco

Relation publiques : Agnès Chaigneau01 46 82 19 [email protected]

Diffusion : Lucas Grisinelli01 46 82 19 6306 67 02 85 [email protected]

Presse : Catherine Guizard06 60 43 21 [email protected]

Achevé d’imprimer à l’Usine Hollander en Novembre 2010

COMPAGNIE LA RUMEUR USINE HOLLANDER1 rue du Docteur Roux94600 Choisy-Le-Roi

www.compagnielarumeur.com

Licences N°1 1033685. N°2 1033198.

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