Séquence 7: Étudier une comédie du XVIIIème siècle: Le Jeu de l’Amour et duHasarddeMarivaux(1730)Problématique choisie: Comment, sous des apparences légères, cette comédiesoulève-t-elledessujetssérieux?Objetd’étude:Letextethéâtraletsareprésentation,duXVIIèmesiècleànosjours.ÉditionClassicolycée,Belin-Gallimard(2011)Séance3LectureanalytiqueActeII,scène9:Dorante._«Situsavais,Lisette,l’étatoùjemetrouve...»àSilvia._«Jediscequetuveux,ettunetelèvespoint.»(Pages52à54)Introductionàbâtir(revoirlaméthodedeprésentationdestextesàl’oral)

! Bien rappeler la tension dramatique qui se joue ici (Début de la scène 9:Silvia/Lisette refuse que Dorante/Bourguignon la tutoie. Or, le tutoiementpersiste.Noussommesaucoeurdumarivaudage(expliquerpourquoiàl’aidedevotrecours).

! Question possible : comment «le jeu de l’amour»conduit-il à une tensiondramatique?

Quelquesélémentspourl’oral:IDeuxpersonnagestroublésparcejeu.

! Extrait qui s’ouvre sur une réplique de Dorante quimanifeste le trouble de cepersonnageet son incompréhension à l’expliquer : le jeu entre les valets et lesmaîtres est désormais installé depuis la scène 5 de l’acte I. Silvia/Lisette etDorante/Bourguignon n’ont eu de cesse de se mentir sur leurs sentimentsrespectifs.NombreuxsontlesprocédésquitraduisentlestourmentsdeDorante:lesrépliquesinterrompuesdeDorante, lesinterrogat°, lesexclamat°, l’interject°«hélas!» empruntée à la tragédie et l’aparté de Silvia ligne 71. L’emploi duconditionnel suggère les incertitudes des personnages sur leur propre coeur:«(...)Quandtul’aurais,tunelesauraispas,etjeferaissibienquejenelesauraispasmoi-même.»

! Aimerounepasaimer,telestlesujetdudialogue.Touteleurconversat°reposesur ces deux sentiments contradictoires. → Manifestat° de la contradict°:abondance du lexique des sentiments; alternance des pronoms personnels de1èreetde2èmepersonnes.

! Entre le désespoir et l’espoir, le coeur de Dorante balance et l’émot° de Silvias’accroît.→Repéreretanalyserlejeuentrelessixpremièresrépliquesetlessixsuivantes, brèves et pleines de tens°.⇒ Volonté de Silvia de décourager toutespoirchezDorante.

! Langage et attitude pathétiques de Dorante qui s’agenouille; refus de silviad’avoir un chevalier servant (Cf. I, 1: lucidité de Silvia: elle se méfie de«l’aimablehomme»,deschevaliersservants.Cequ’elledemande,c’estquesonfuturépouxdisposed’«unboncaractère».)

! EnsejetantauxpiedsdeSilvia,Doranteobtientd’ellecequ’ilcherchait:partagersessentiments.Sondiscourss’emballeetSilviadevientplussincère.→Exclamat°«Ah,nousyvoilà!(...)quejesuismalheureuse!».Lemouvementsaccadédesaphrase traduit sa peur et son désarroi: «Bourguignon,/je t’en conjure,/il peutvenir quelqu’un,/ je dirai ce qu’il te plaira, /queme veux-tu?». Ses tentativesavortéespourlereleversoulignentletroubleamoureux.

IIUnescèneentreespoiretdésespoir:lescontradictionsdel’amour.

! Propositit° subordonnée concessive inachevée «Quand bien même (...)» ⇒Dorante suggèrequemêmes’il était aimédeSilvia, il nepourrait l’épouser.Deplus, l’emploi de trois impératifs «désespère», «sauve-moi», et «donne-moi»montre que le jeune homme cherche à décourager Silvia d’éprouver le mêmesentimentamoureuxcarilconsidèrecommeimpossiblecetamourdufaitdeleurcondition sociale supposée. Toutefois, il ne cesse de vouloir l’approbat° de lajeune femme: «Il est donc bien vrai que tu ne me hais, ni ne m’aimes, ni nem’aimeras?»

! Silvia, quant à elle, feint l’indifférence. Cependant, elle redonne de l’espoir àDorante.→Emploidelalitote«Jenetehaispoint!»quiconstitueunéchoàlatragi-comédiedeCorneille:LeCid(1637).

! Partagés entre leurs sentiments et leur fausse identité, Dorante et Silvia necessentdoncdesecontredirecarilssontprisaupiègedesconventionssociales.

! Malgré la présence des registres pathétique et dramatique, la scène reposeégalementsuruncomiquedesituation.Eneffet,lesdeuxjeunesgenssontprisaupiègedeleurproprejeusouslesyeuxdeMarioetd’Orgon,tousdeuxaucourantdecettemascaradeetquisurprennent,sansdireunmot,untête-à-têtedevenanttendre. Lamise enabîmede la comédie (travestissement initialpour tester lessentimentsdel’autreetdemandepathétiqueetsincèredeDorantesousleregarddeSilvioetd’Orgon,spectateurssilencieuxdecettecomédie)permetderévélerlasincéritédessentimentsdesjeunesgens.

! Ledialogueadoncévolué:lamauvaisefoiinitialecèdelaplaceàlasincérité.→Discours de Silvia qui passe de l’indifférence à la tendresse; de la négation àl’affirmat°:«Assurément»,«Volontiers»;du futurauprésent:«Jedirai»,«Jedis».

! Dorantes’apprêteà leversonmasque:«Quoi,Lisette,si jen’étaispascequejesuis (...), ton coeur n’aurait pas de répugnance pourmoi?» Ses derniersmotssontdesmotsd’amourquil’emportentsurlepréjugésocial.

Conclusion:

! Montrezquevousavezréponduàlaquestionposéeenmettantbienenévidencelatens°dramatiquedecettescène.Noussommesàuntournantdansl’act°:SilvialaisseentendreàDorantequ’ellepourraitl’aimers’iln’appartenaitpasàlaclassesociale à laquelle elle croitqu’il appartient.Pourtant, la comédien’estpas finiepuisquelesmasquesdemeurent.Lespectateurassistelààunevéritablescènedemarivaudage : le jeu théâtral ne lève pas encore lesmasquesmais il révèle latransparencedescoeurs.

! Faites un ou plusieurs liens avec d’autres scènes de la pièce, un ou plusieursdocumentscomplémentaires.Ouvrezàl’entretien:celafaitpartiedesexigencesdel’oral.