samedi 27 mai 2017 #3 · et puis le gars lochet, les deschiens, c'est quand ... nous, les...

2
Samedi 27 mai 2017 #3 Le journal du festival Jean-Paul Fictif témoigne sur La vie (titre provi- soire) , le spectacle de François Morel. Toute res- semblance avec des per- sonnes existantes serait purement fortuite. « C'est Agnès, ma femme, qui m'a offert la place, pour mon anniversaire. Mais on vient tous les ans. On aime bien découvrir des nou- veaux chanteurs. L'année dernière, c'était Yves Ja- mait. Ah, j'ai bien aimé... Morel, on le suit depuis toujours. « 3615 code qui n'en veut », le Gibolin, et puis le gars Lochet, Les Deschiens, c'est quand même toute une époque ! Le spectacle, je m'atten- dais pas à ça. C'est quasi que des chansons. Pour- tant Agnès me l'avait dit, elle l'avait lu, elle suit plus que moi. Quand même, ça m'a surpris. Mais je suis pas déçu, non ! Déjà, il arrive avec des chaussettes rouges. C'est un peu le côté clown, mais ça fait music-hall en même temps, parce qu'il a le cos- tume classe, le chapeau noir et le tabouret. Par contre, les petites chan- teuses en collants, alors qu'il faisait quarante de- grés là-dedans ! Heureuse- ment qu'on avait le journal gratuit pour se faire de l'air. Il commence avec des imitations : Montand, Ray- mond Barre, Claude Fran- çois. Il se débrouille bien l'animal ! Mais à ce mo- ment-là, y'a le pianiste qui l'a arrêté. C'est un peu du théâtre leur truc, ça faisait répété. Quoique, y'a un moment, avec Agnès on s'est demandé : quand il a un trou et qu'il va cher- cher dans Le Grand Livre du Spectacle, est-ce que c'était préparé ? Moi, je crois pas. Ma femme, elle pense qu'il y avait rien d'écrit dans ce cahier... En tout cas, on a bien ri- golé. « Petit Jésus, tu m'as déçu », c'était extra ! Je re- gardais Chantal Varleduc, qu'était devant moi, elle va toujours à la messe : elle rigolait un peu moins à ce moment-là. Non mais tout était bien. C'est dans les petits détails qu'il est bon, Morel. Par exemple, la chanson du livre d'or d'hôtel, quand il dit « J'ai baisé comme un fou, signé Bernard Pivot » ou quand il parle des trucs inutiles : 68 habitants au kilomètre carré à Lignières, j'ai re- tenu ! Et la blague du gé- néral de Gaulle qu'est né avec son képi : j'avais l'image. Et puis, y'a des ré- férences ! Brel, j'avais re- connu, par contre les musiques de films… C'est vrai qu'il y a du fond. C'est même vraiment émouvant par moments. Moi, c'est quand il a repris « La tendresse » de Bourvil que ça m'a fait quelque chose. Agnès, elle avait déjà commencé à pleurer à la chanson sur la mère qui meurt sans dire au re- voir à son fils. En fait, à chaque chanson, il vous raconte une histoire, for- cément ça vous parle. Même si c'est un peu exa- géré, on s'imagine. Je pense au lanceur de cou- teaux, Monsieur Pedro Ra- mirez, qui veut pas prendre sa retraite : c'est drôle et c'est touchant. Il a quand même pas pu s'empêcher de faire son Morel, avec la mention de la grève. Fallait bien lais- ser la petite touche cri- tique. Quand on y réfléchit, ça lui ressemble ce récital. C'est beau et c'est simple. Ça donne le moral, au moins jusqu'à vendredi prochain ! » Charlotte Bonneau « Je serai le roi du music-hall » Merci pour la tendresse En voyant la frêle silhouette de Pomme s’avancer timidement, les spectateurs qui la décou- vrent s’attendent à de la légèreté, juste de la légè- reté. Une chanteuse de plus avec sa guitare folk mais les cordes se grat- tent et les a priori déra- pent. L a voix est grave, le thème aussi « Adieu mon homme ». La jeune chanteuse s’est librement ins- pirée du film Alabama Mon- roe pour parler de la mort. Une inquiétude personnelle récente pour cette jeune ar- tiste de ving ans seulement. Pomme se dresse sur la pointe des pieds pour mieux se grandir. Attitude superflue. Seule sur scène, elle a déjà réussi à imposer un silence délicieux à peine troublé par le bruissement des éventails de fortune. Le micro se coupe un instant, même lui se dit « chut ». La salle est sous le charme, Pomme peut main- tenant nous parler d’amour. Mais pas d’amour adolescent naïf et fleur bleue. Celui qui va mal, l’amour qui part « En cavale », celui de Jane et John qui finit sous les balles. Quand elle est heureuse, Pomme ne ressent pas le be- soin de le crier haut et fort, encore moins de l’écrire. Elle s’autorise cependant une ex- ception avec son titre « La même robe qu’hier » que Ben Mazué lui a offert. Mais elle nous incite à bien en profiter car il n’y aura ce soir qu’une seule mention au bonheur. Le public l’accompagne avec plaisir et s’offre un petit coin de paradis à l’ombre de son « Umbrella », titre de Rihanna qu’elle reprend accompa- gnée de son autoharp. Pomme est comme sa voix, fragile, mature, grave et aé- rienne. On oscille entre l’en- vie de la protéger et de l’admirer. La salle la rappelle chaleureusement, très cha- leureusement, un adoube- ment. Thibaud Moronvalle Pomme d’amour au Manège Vent de fraîcheur HIER SOIR AU MANÈGE U n festival, le jour d’après… Que reste-t-il de « ces beaux jours » ? Il y a le temps d’avant la fête, le temps pendant la fête et le temps après la fête. « Tiens, quelqu’un a oublié un pull, une écharpe sur un canapé ». On préfère souvent accrocher les ballons, plutôt que de ramas- ser des serpentins. Pourtant, il faut aussi les « ramasseurs de souvenirs ». L’Air du Temps ne s’échappe pas. Si la fête doit être toujours belle, il faut tout autant entre- tenir la fougue. Être encore et toujours un rassembleur de souvenirs. Une vraie fête po- pulaire. Celle qu’on marque sur le calendrier, que les en- fants attendent pour aller chanter avec leur classe, ou qui nous permet de réunir nos amis, ceux qui aiment la mu- sique. Une fête évidente, juste pour être ensemble. Ce soir ou demain, nous allons rentrer chez nous, ravis et peut être un peu mélancoliques. Les faiseurs de fête vont décol- ler les affiches, ranger les fiches techniques et les bar- rières, puis décrocher les lu- mières. D’autres vont regrouper les badges des invi- tés, rappeler les artistes, en- voyer un petit mot gentil. Les chanteurs vont poursuivre leurs concerts, enregistrer un titre qui leur trottait dans la tête déjà à L’Air du Temps. Et puis, la saison culturelle re- prendra, portée par d’autres bras… Nous retrouverons la Halle, la chaleur des Bains- Douches et l’ambiance du Ma- nège. En rencontrant les habitués, nous aurons certai- nement un mot pour l’édition de 2017, où il a fait très chaud. Cette année où le petit dernier a eu son bac avec mention. Et ces coups de soleil qu’on a pris sur les épaules… Demain, la fête sera finie. Vive la fête ! Francine Moronvalle Dans le spectacle des Fran- glaises, toutes les chansons sont des traductions. Aver- tissement : cet article a été rédigé en anglais, puis sou- mis à l’arbitraire des traduteurs en ligne. Dé- monstration : spectacle « dé- janté » devient « atteint de maladie mentale ». L a troupe des Tistics consiste en quatre femmes et huit hommes, tous des chanteurs, danseurs, des acteurs. Ils font mention des Scarabées, des Gens du Village, de Reine, des Filles Épicées ... Cela se déplace dans toutes les directions, c'est plus que la vie, c'est même une commotion joyeuse de tubes anglo- phones approximativement traduits ! Nous le lui promettons à vous, vous allez rire de ce spectacle déplacé et co- mique. De plus, nous ne ris- quons pas de nous ennuyer, le spectacle est participant : peut être ce qui est plus, on gagnera au questionnaire des traductions moisies faites de chansons. Qui n'a pas jamais essayé de traduire les mots d'une chanson anglaise et s'est rendu compte que le texte était, au fond, sans un fond ? Vous vous demande- rez parfois si les auteurs an- glais ne riraient pas quelques-uns d'entre nous, qui chantons fort de nouveau des mots qui sembleraient stupides s'ils ont été écrits en français. Nécessairement, nous, les amants de la langue française qui voient fréquemment cette sorte de festival comme L'Air du Temps, parce que nous sommes des ardents défenseurs, nous gonfleront notre sein en pavanant quand nous sortirons du Ma- nège : notre langue est sans aucun doute la plus belle, et nos auteurs les meilleurs. Nous bien avons le droit d'être chauvins de temps en temps, non ? www.reverso.fr et Violette Dubreuil Ah l’affiche ! Ce soir au Manège, Guil- laume Farley va proposer sa Chanson sans fraise en guise de dessert pour cette belle édition 2017. U n show bouillonnant et pétillant de bonne humeur. Une fête dé- diée à la chanson française profondément et viscérale- ment ancrée dans son ADN. Anne Sylvestre, Alain Sou- chon, Bobby Lapointe, et Georges Brassens constituent le socle de son éducation mu- sicale. Depuis, il entremêle les influences et foisonne de projets musicaux et artis- tiques. Des collaborations, sur scène à la basse ou à la guitare, ou des projets plus personnels. Le genre d’artiste qui parle avec autant de pas- sion de Mathieu Boogaerts ou James Brown. Melting pot artistique ou salade de fruits culturelle et rafraichissante. L’année dernière, L’Air du Temps l’avait accueilli dans le jardin des Bains-Douches. Pour le fil rouge 2017, Annie et Jean-Claude Marchet ont souhaité que Guillaume Far- ley transmette son attache- ment et sa passion pour la chanson française aux festi- valiers. Un spectacle sur me- sure portant la mention made in France. De la chan- son française parfois revisitée et arrangée à sa sauce funky. Un moment de grande classe musicale. Bonne dégustation. Francine Moronvalle Lecture et farniente. M enon spéciale pour deux piliers des Bains- Douches qui œuvrent dans l’ombre. Il y a Michelle Muller, première présidente de Rencontres & Loisirs en 1978 (qui deviendra Les Bains- Douches ). En 2010, après de longues années de bénévolat, elle devient salariée en tant que char- gée des relaons avec le public. Le 1 er juillet prochain, elle prendra sa retraite. Son mari, Pierre, est également dans l’associaon depuis le début, il en est l’actuel vice-président. En tant que bénévole il est dans l’équipe technique, côté lumières. Tous les deux, ils sont heureux de ces décennies passées, de ces ren- contres et de ces découvertes ar- sques, et surtout de cee sasfacon renouvelée du public au fil des années. Ils le disent, même en retrait, ils ne resteront pas très loin des Bains-Douches. On ne quie pas facilement un paquebot comme celui-là... Pascal Roblin Guillaume Farley, fil bleu blanc rouge CE SOIR AU MANÈGE Jules et le Vilain Orchestra sont venus présenter leur dernière cuvée. Et de l’avis de tous, c’est un très bon millésime. T out a commencé l’année dernière à Lignières, Jules et son orchestre de six vilains avaient élu domicile aux Bains-Douches pour leur résidence afin de préparer leur tournée. C’était donc une évidence pour Jules de revenir ici dans le cadre du festival, de boucler la boucle. Dès les premières notes, on est séduit par l’unité de la for- mation. Les lettres V et O, qui illuminent le tableau, annon- cent un spectacle sera au- thentique : on va profiter de la version originale. Fidèles à leur rituel, Jules et ses vilains respectent la coutume de la deuxième chanson : mettre de côté nos tracas quotidiens pour embarquer pleinement dans leur univers festif. Et le public adhère. Jules parle de la vie, de la mort (« Il était mon ami »), de l’amitié, de la vieillesse, de la famille. Les mots sont justes, les textes in- cisifs et imagés, parfois ten- dres, parfois engagés Roméo » sur l’homophobie, « Tu m’fais peur » sur la mon- tée de l’extrême droite – men- tion spéciale pour la mise en scène, on entend le bruit des bottes). Il y a beaucoup d’hu- mour au fil des chansons : la boum de Vicky, « le dimanche pascal », les vilains lève-tard souffre-douleur de leur chef, le twist assis. Une osmose indéniable. Un plaisir sincère et commu- nicatif qui a fait se lever la salle des Bains-Douches. Jules, le « seul artiste qui fait rassoir son public », conclut le concert avec « Ému », une « putain de belle chanson » qui traduit son sentiment après le chaleureux accueil du public venu en nombre. Pascal Miara Vivement Ovationnés ! Bien barrés ! HIER APRÈS-MIDI AUX BAINS-DOUCHES ÉDITO Le jour d’après Thibaud Moronvalle Marylène Eytier Marylène Eytier So frenchy at the Carousel Marylène Eytier ZOOM Un Muller peut en cacher un autre

Upload: vandat

Post on 14-Sep-2018

213 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Samedi 27 mai 2017 #3

Le journal du festival

Jean-Paul Fictif témoignesur La vie (titre provi-soire), le spectacle deFrançois Morel. Toute res-semblance avec des per-sonnes existantes seraitpurement fortuite.

«C'est Agnès, mafemme, qui m'a offertla place, pour mon

anniversaire. Mais onvient tous les ans. On aimebien découvrir des nou-veaux chanteurs. L'annéedernière, c'était Yves Ja-mait. Ah, j'ai bien aimé...Morel, on le suit depuistoujours. « 3615 codequi n'en veut », le Gibolin,et puis le gars Lochet, LesDeschiens, c'est quandmême toute une époque !Le spectacle, je m'atten-dais pas à ça. C'est quasique des chansons. Pour-tant Agnès me l'avait dit,elle l'avait lu, elle suit plusque moi. Quand même, çam'a surpris. Mais je suispas déçu, non !Déjà, il arrive avec deschaussettes rouges. C'estun peu le côté clown, maisça fait music-hall en mêmetemps, parce qu'il a le cos-tume classe, le chapeaunoir et le tabouret. Parcontre, les petites chan-teuses en collants, alors

qu'il faisait quarante de-grés là-dedans ! Heureuse-ment qu'on avait le journalgratuit pour se faire del'air. Il commence avec desimitations : Montand, Ray-mond Barre, Claude Fran-çois. Il se débrouille bienl'animal ! Mais à ce mo-ment-là, y'a le pianiste quil'a arrêté. C'est un peu duthéâtre leur truc, ça faisaitrépété. Quoique, y'a unmoment, avec Agnès ons'est demandé : quand il aun trou et qu'il va cher-cher dans Le Grand Livredu Spectacle, est-ce quec'était préparé ? Moi, jecrois pas. Ma femme, ellepense qu'il y avait riend'écrit dans ce cahier...En tout cas, on a bien ri-golé. « Petit Jésus, tu m'asdéçu », c'était extra ! Je re-gardais Chantal Varleduc,qu'était devant moi, elleva toujours à la messe :elle rigolait un peu moinsà ce moment-là. Non maistout était bien. C'est dansles petits détails qu'il estbon, Morel. Par exemple,la chanson du livre d'ord'hôtel, quand il dit « J'aibaisé comme un fou, signéBernard Pivot » ou quandil parle des trucs inutiles :68 habitants au kilomètrecarré à Lignières, j'ai re-

tenu ! Et la blague du gé-néral de Gaulle qu'est néavec son képi : j'avaisl'image. Et puis, y'a des ré-férences ! Brel, j'avais re-connu, par contre lesmusiques de films…C'est vrai qu'il y a du fond.C'est même vraimentémouvant par moments.Moi, c'est quand il a repris« La tendresse » de Bourvilque ça m'a fait quelquechose. Agnès, elle avaitdéjà commencé à pleurerà la chanson sur la mèrequi meurt sans dire au re-voir à son fils. En fait, àchaque chanson, il vousraconte une histoire, for-cément ça vous parle.Même si c'est un peu exa-géré, on s'imagine. Jepense au lanceur de cou-teaux, Monsieur Pedro Ra-mirez, qui veut pasprendre sa retraite : c'estdrôle et c'est touchant.Il a quand même pas pus'empêcher de faire sonMorel, avec la mention dela grève. Fallait bien lais-ser la petite touche cri-tique. Quand on yréfléchit, ça lui ressemblece récital. C'est beau etc'est simple. Ça donne lemoral, au moins jusqu'àvendredi prochain ! »

Charlotte Bonneau

«Je serai le roi du music-hall»

Merci pour la tendresse

En voyant la frêlesilhouette de Pommes’avancer timidement, lesspectateurs qui la décou-vrent s’attendent à de lalégèreté, juste de la légè-reté. Une chanteuse deplus avec sa guitare folkmais les cordes se grat-tent et les a priori déra-pent.

La voix est grave, le thèmeaussi « Adieu monhomme ». La jeune

chanteuse s’est librement ins-pirée du film Alabama Mon-roe pour parler de la mort.Une inquiétude personnellerécente pour cette jeune ar-tiste de ving ans seulement.Pomme se dresse sur lapointe des pieds pour mieuxse grandir. Attitude superflue.Seule sur scène, elle a déjàréussi à imposer un silencedélicieux à peine troublé par

le bruissement des éventailsde fortune. Le micro se coupeun instant, même lui se dit« chut ». La salle est sous lecharme, Pomme peut main-tenant nous parler d’amour.Mais pas d’amour adolescentnaïf et fleur bleue. Celui quiva mal, l’amour qui part « Encavale», celui de Jane et Johnqui finit sous les balles.Quand elle est heureuse,Pomme ne ressent pas le be-soin de le crier haut et fort,encore moins de l’écrire. Elles’autorise cependant une ex-ception avec son titre « Lamême robe qu’hier » que BenMazué lui a offert. Mais ellenous incite à bien en profitercar il n’y aura ce soir qu’uneseule mention au bonheur. Lepublic l’accompagne avecplaisir et s’offre un petit coinde paradis à l’ombre de son«Umbrella», titre de Rihannaqu’elle reprend accompa-gnée de son autoharp.Pomme est comme sa voix,fragile, mature, grave et aé-rienne. On oscille entre l’en-vie de la protéger et del’admirer. La salle la rappellechaleureusement, très cha-leureusement, un adoube-ment.

Thibaud MoronvallePomme d’amour au Manège

Vent de fraîcheur

HIER SOIR AU MANÈGE

Un festival, le jourd’après… Que reste-t-ilde «ces beaux jours» ?

Il y a le temps d’avant la fête,le temps pendant la fête et letemps après la fête. «Tiens,quelqu’un a oublié un pull, uneécharpe sur un canapé». Onpréfère souvent accrocher lesballons, plutôt que de ramas-ser des serpentins. Pourtant, ilfaut aussi les «ramasseurs desouvenirs».L’Air du Temps ne s’échappepas. Si la fête doit être toujoursbelle, il faut tout autant entre-tenir la fougue. Être encore ettoujours un rassembleur desouvenirs. Une vraie fête po-pulaire. Celle qu’on marquesur le calendrier, que les en-fants attendent pour allerchanter avec leur classe, ouqui nous permet de réunir nosamis, ceux qui aiment la mu-sique. Une fête évidente, justepour être ensemble. Ce soir oudemain, nous allons rentrerchez nous, ravis et peut êtreun peu mélancoliques. Les faiseurs de fête vont décol-ler les affiches, ranger lesfiches techniques et les bar-rières, puis décrocher les lu-mières. D’autres vontregrouper les badges des invi-tés, rappeler les artistes, en-voyer un petit mot gentil. Leschanteurs vont poursuivreleurs concerts, enregistrer untitre qui leur trottait dans latête déjà à L’Air du Temps. Etpuis, la saison culturelle re-prendra, portée par d’autresbras… Nous retrouverons laHalle, la chaleur des Bains-Douches et l’ambiance du Ma-nège. En rencontrant leshabitués, nous aurons certai-nement un mot pour l’éditionde 2017, où il a fait très chaud.Cette année où le petit derniera eu son bac avec mention. Etces coups de soleil qu’on a prissur les épaules…Demain, la fête sera finie. Vivela fête !

Francine Moronvalle

Dans le spectacle des Fran-glaises, toutes les chansonssont des traductions. Aver-tissement : cet article a étérédigé en anglais, puis sou-mis à l’arbitraire destraduteurs en ligne. Dé-monstration : spectacle « dé-janté » devient « atteint demaladie mentale ».

La troupe des Tisticsconsiste en quatrefemmes et huit hommes,

tous des chanteurs, danseurs,des acteurs. Ils font mentiondes Scarabées, des Gens duVillage, de Reine, des FillesÉpicées ... Cela se déplacedans toutes les directions,c'est plus que la vie, c'estmême une commotionjoyeuse de tubes anglo-phones approximativementtraduits !Nous le lui promettons àvous, vous allez rire de cespectacle déplacé et co-mique. De plus, nous ne ris-quons pas de nous ennuyer,le spectacle est participant :peut être ce qui est plus, ongagnera au questionnaire destraductions moisies faites dechansons. Qui n'a pas jamaisessayé de traduire les motsd'une chanson anglaise ets'est rendu compte que le

texte était, au fond, sans unfond ? Vous vous demande-rez parfois si les auteurs an-glais ne riraient pasquelques-uns d'entre nous,qui chantons fort de nouveaudes mots qui sembleraientstupides s'ils ont été écrits enfrançais.Nécessairement, nous, lesamants de la langue françaisequi voient fréquemmentcette sorte de festival comme

L'Air du Temps, parce quenous sommes des ardentsdéfenseurs, nous gonflerontnotre sein en pavanantquand nous sortirons du Ma-nège : notre langue est sansaucun doute la plus belle, etnos auteurs les meilleurs.Nous bien avons le droitd'être chauvins de temps entemps, non ?

www.reverso.fret Violette Dubreuil

Ah l’affiche !

Ce soir au Manège, Guil-laume Farley va proposer saChanson sans fraise en guisede dessert pour cette belleédition 2017.

Un show bouillonnantet pétillant de bonnehumeur. Une fête dé-

diée à la chanson françaiseprofondément et viscérale-ment ancrée dans son ADN.Anne Sylvestre, Alain Sou-chon, Bobby Lapointe, etGeorges Brassens constituentle socle de son éducation mu-sicale. Depuis, il entremêleles influences et foisonne deprojets musicaux et artis-tiques. Des collaborations,sur scène à la basse ou à laguitare, ou des projets pluspersonnels. Le genre d’artiste

qui parle avec autant de pas-sion de Mathieu Boogaertsou James Brown. Melting potartistique ou salade de fruitsculturelle et rafraichissante.L’année dernière, L’Air duTemps l’avait accueilli dans lejardin des Bains-Douches.Pour le fil rouge 2017, Annieet Jean-Claude Marchet ontsouhaité que Guillaume Far-ley transmette son attache-ment et sa passion pour lachanson française aux festi-valiers. Un spectacle sur me-sure portant la mentionmade in France. De la chan-son française parfois revisitéeet arrangée à sa sauce funky.Un moment de grande classemusicale. Bonne dégustation.

Francine Moronvalle Lecture et farniente.

Mention spéciale pourdeux piliers des Bains-Douches qui œuvrent

dans l’ombre. Il y a Michelle Muller, premièreprésidente de Rencontres & Loisirsen 1978 (qui deviendra Les Bains-Douches). En 2010, après delongues années de bénévolat, elledevient salariée en tant que char-gée des relations avec le public. Le1er juillet prochain, elle prendra saretraite. Son mari, Pierre, est égalementdans l’association depuis le début,il en est l’actuel vice-président. Entant que bénévole il est dansl’équipe technique, côté lumières.Tous les deux, ils sont heureux deces décennies passées, de ces ren-contres et de ces découvertes ar-tistiques, et surtout de cettesatisfaction renouvelée du publicau fil des années. Ils le disent,même en retrait, ils ne resterontpas très loin des Bains-Douches.On ne quitte pas facilement unpaquebot comme celui-là...

Pascal Roblin

Guillaume Farley, fil bleu blanc rouge

CE SOIR AU MANÈGE

Jules et le Vilain Orchestrasont venus présenter leurdernière cuvée. Et de l’avisde tous, c’est un très bonmillésime.

Tout a commencé l’annéedernière à Lignières,Jules et son orchestre de

six vilains avaient élu domicileaux Bains-Douches pour leurrésidence afin de préparerleur tournée. C’était donc uneévidence pour Jules de revenirici dans le cadre du festival, deboucler la boucle.Dès les premières notes, onest séduit par l’unité de la for-mation. Les lettres V et O, quiilluminent le tableau, annon-cent un spectacle sera au-thentique : on va profiter de laversion originale. Fidèles àleur rituel, Jules et ses vilainsrespectent la coutume de ladeuxième chanson : mettrede côté nos tracas quotidienspour embarquer pleinementdans leur univers festif. Et lepublic adhère. Jules parle dela vie, de la mort (« Il était

mon ami»), de l’amitié, de lavieillesse, de la famille. Lesmots sont justes, les textes in-cisifs et imagés, parfois ten-dres, parfois engagés(«Roméo» sur l’homophobie,«Tu m’fais peur» sur la mon-tée de l’extrême droite – men-tion spéciale pour la mise enscène, on entend le bruit desbottes). Il y a beaucoup d’hu-mour au fil des chansons : laboum de Vicky, « le dimanchepascal », les vilains lève-tard

souffre-douleur de leur chef,le twist assis.Une osmose indéniable.Un plaisir sincère et commu-nicatif qui a fait se lever lasalle des Bains-Douches.Jules, le « seul artiste qui faitrassoir son public», conclut leconcert avec « Ému », une« putain de belle chanson »qui traduit son sentimentaprès le chaleureux accueildu public venu en nombre.

Pascal Miara

Vivement Ovationnés !

Bien barrés !HIER APRÈS-MIDI AUX BAINS-DOUCHES

ÉDITOLe jour d’après

Thib

aud

Mor

onva

lle

Mar

ylèn

e E

ytie

r

Mar

ylèn

e E

ytie

r

So frenchy at the Carousel

Marylène Eytier

ZOOMUn Muller peut

en cacher un autre

Conception graphique : Le Centre de la Presse 18170 Maisonnais. Téléphone : 06.21.09.38.28. [email protected]

Participent à REPORT’AIR : Cathy Beauvallet, Charlotte Bonneau, Olivier Brunhes, Virginie Canon, Violette Dubreuil, Marylène Eytier, Pascal Miara, Francine Moronvalle,

Thibaud Moronvalle, Pascal Roblin, Néda Yazdanian.

FESTIVAL ORGANISÉ PAR

LES PRINCIPAUX PARTENAIRES DE L’AIR DU TEMPS

Petite chronique des jours de joie

DANS L’ŒIL D’O.

Olivier BrunhesSuivre un fil, le marquer de

rouge, lui en associer un autre, un autrecoup de rouge, et puis un troisième pour la route…

Trois fils rouges et rien ne bouge ? C’est du triphasé !Mention tendresse estampillée sur les cœurs… La ballade à

Montlouis, les yeux brillent de bonheur. La merveille d’équipedes Bains, les bénévoles aux yeux brillants, et Jules et

Pomme, et Maître Morel qui finit cette journée encoup de grâce, une avalanche d’émotions fortes.

Comment il a dit le monsieur ? La vie,la vie, la vie !

Un concert de Volo, c’est unrendez-vous entre amis. Si lamétéo n’avait pas été cani-culaire, on aurait volontiersévoqué une fin de soiréeamicale en toute intimitéautour de la cheminée ousur le canapé du salon. Leslumières sont chaleureuses,des lampes-tempête éclai-rent discrètement la scène.L’ambiance est douce et feu-trée, quatre guitares serventde décor.

Vu les circonstances,évoquons plutôt uneplage tropicale dé-

serte. Il est minuit passé, lanuit est douce et magnifique-ment étoilée, on a bravé lesinterdits pour faire un barbe-cue sur le sable, on a sorti lesguitares. Les bouteilles debière se vident et s’alignent.On est entre copains, onparle de soi, de la vie qui file,des cheveux blancs qui poin-tent, des questions existen-tielles et de nos ados quidécidément écoutent de lamusique de merde. Viennentaussi les amours qui durent(plus ou moins), les souvenirsd’enfance, les auto-tampon-neuses, le premier baiserprès du cimetière. Trois fran-gins (deux vrais et un decœur) jouent de la guitare. Ils

sont vraiment doués. Les voixet les notes se mélangentidéalement. Tout s’harmo-nise et s’entremêle. Et letemps passe.On parle des petites têtesblondes qui font notre viebelle et de ce monde en sus-pens qu’on s’apprête à leurlaisser. Evidemment, on dis-cute politique. On s’emporteun peu. On parle MEDEF, ISF,SDF, CAC 40, … On se rap-pelle qu’on a un bon copainde droite. Et puis les applaudissementsfusent. Les lumières se rallu-ment. On est aux Bains-Douches, il est 19 h. Leconcert de Volo se termine.Après dix ans d’existence et

cinq albums, dont le dernierintitulé Chanson Française,titre en forme de clin d’oeilqui vient clore le concert), lesdeux frères Frédéric et Oli-vier Volovitch proposent unspectacle épuré tout en sim-plicité guitares/voix. Un for-mat qui met en valeur laqualité de leurs textes, véri-tables chroniques du tempsprésent. Adopté par cettefratrie originelle, il faut éga-lement attribuer une men-tion très spéciale auguitariste Hugo Barbet, frèred’adoption, dont le jeu rareet la belle présence complè-tent l’ensemble.

Néda Yazdanian

«A l’inverse de David Guetta»

Frères d’âmeHIER AUX BAINS-DOUCHES

Quelques instants avant leurspectacle, Cécile, Marie etFatima alias les BanquettesArrières, ont répondu auxquestions de Report’Air

Report’Air : Vous mêlez àmerveille l’humour, l’auto-dérision et le burlesque. Atravers la galerie de portraitsde votre spectacle, y a-t-il unmessage subliminal ?Les Banquettes Arrières :Rions, soyons heureux. Fai-sons fi des pressions exté-rieures.Report’Air : Comment lespectacle a t-il été conçu,comment ont jailli les idées ? Les B. A. : Sur les bases destextes de Marie (à part unechanson), l’écriture du spec-tacle s’est faite collective-ment en impro avec le public,et ça évolue au fil du temps.On a mis un an et demi à bos-ser quatre chansons, mais onn’est pas chanteuses au dé-part. Puis cela s’est étofféavec d’autres chansons. Si

elles faisaient marrer les genson les gardait, sinon on les vi-rait. On peut dire que le met-teur en scène est le public.Report’Air : Depuis 2013,vous tournez dans toute laFrance (et même en Suisse).Avez-vous remarqué des dif-férences de réactions enfonction des publics ?Les B. A. : C’est dangereux ça,

comme question ! Ça rit toutde suite dans le Nord. Maisça finit pareil partout. Ça ritmoins à Paris, parce que lesparisiens sont stressés. EnSuisse, l’accueil a été réservé,même si le public a appréciéle spectacle.

Propos recueillis par Pascal Miara

Cécile, Marie et Fatima.

Drôles de dames

CET APRÈS-MIDI SOUS LA HALLE

L'herbe était bleue hier auCafé du Commerce. Non, onn'a pas fumé, on est justeallé transpirer un peu plus(si, si, c'est possible) en dan-sant sur la musique desRiendanstonfolk.

C'est l'exception quiconfirme la règle. PourL'Air du Temps 2017,

l'exception, c'est ce groupe,avec un set intégralement enanglais, savant mélange deJohnny Cash, Ben Harper,Joan Jet, ABBA, et... BritneySpears. Julien (guitare,chant), Vincent (banjo, chant

aussi) et Ludovic (contre-basse, chant encore, parcequ'à trois voix, c'est bien plusjoli), sans oublier leurs pieds(batteries), ont endiablé lepublic. Les trois complices àbretelles ont tour à tourtransformé les spectateursen un défilé de chevaux quitournent dans un manège,en tyroliens yodlant à pleinspoumons, en violons sur« Toxic » de Britney (paix àson âme), en adolescentsboutonneux et « timidous »qui veulent obtenir une men-tion au Brevet pendant lesslows d'une boum, ou encowboys dans un bal country(on n'était pas bien loin depercer le plancher). Franche-ment, on est vraiment faiblede s'être laissé manipulercomme ça, mais le concertdevait être participatif, ilsnous l'ont bien dit. En plus, lepunch à 1,50 € était très bon.Les Riendanstonfolk sont in-contestablement les rois desspaghettis, des patateschaudes et du yaourt. Excep-tionnel, je vous l'ai dit. Yee-haaaa !

Violette Dubreuil

What the folk ?

HIER SOIR AU COMMERCE

Le temps s’est arrêté un ins-tant ce matin au jardin oùles Facteurs Chevaux se sontinstallés paisiblement.

Déjà, les guitares cui-sent au soleil. SammyDecoster et Fabien

Guidolet arrivent au ralentiet se resserrent autour desmicros, fusionnels dans l’es-pace comme dans le son. Lejardin se tait, religieusement.

Les voix s’entremêlent enharmonies et nous entrai-nent dans une lente chevau-chée intemporelle. LesFacteurs Chevaux évoquent

le sacré, la nature, l’impalpa-ble, sur une musique épuréefaite de guitares-folk et d’au-toharpe. Il y a la mention duspirituel, un côté mystique etdonc forcément, une partimpénétrable. Mais si l’on selaisse emporter par la poésiede leurs chansons, la beauténous touche et le charme bu-colique du jardin sublimel’ensemble.

L’oiseau murmure auxoreilles des chevaux, le duolui dédie une ultime chan-son. Un moment de grâce.

Thibaud Moronvalle

Les facteurs sont dans le pré.

Chevaux au vent

CE MATIN AU JARDIN DES B-D

Une équipe de France 3 est présente cette année tout au longdu festival : Laurent Amblard, Juliette Roché et Stéphane Dosne.

L’illustratrice Cathy Beauvalletet la photographe du Berry républicain Stéphanie Parra

Un nouveau site internet pour Les Bains-Douches. Site créé par Marylène Eytier. La belle équipe des permanents des Bains-Douches.

L’ALBUM

Cyril Mokaiesh possède degrandes richesses : ses mots,sa poésie, ses mélodies. Dia-mant facetté, il revient à Li-gnières un an aprèsNaufragés pour nous présen-ter Clôture, son dernier opus.Report'Air a rencontré cetamoureux des mots et lui ademandé d'ouvrir son coffreau trésor.

Romantisme : C'est ce qui ca-ractérise ma musique, ma dé-marche et ce que je suis. C'estune envie d'exaltation, devivre un peu plus fort et de semettre en danger. C'est croireen l'homme et en l'amour etdonc parfois se casser un peula gueule... et en faire men-tion dans des chansons !

Époque : C'est là que je puiseune forme d'inspiration. J'aitoujours aimé les artistesconcernés. J'aime les gens quiarrivent à mêler la poésie àune forme de conscience del'époque dans laquelle on vit,

qui veulent montrer du doigtses failles ou ses limites.

Amour : On dit souvent queje fais des chansons enga-gées, mais ce sont aussi deschansons d'amour. J'aime enparler avec une sorte de fer-veur. On en revient au roman-tisme, mais il n'y a pas d'art

de la mort, il n'y a qu'un artde la vie et de l'amour.

On fait des chansons qui par-fois parlent de sujets brû-lants, mais en réalité, on crieson besoin d'amour.

Poésie : Ça a été un vrai déclicà l'age de 18-19 ans quand je

suis parti au Liban. J'étaisjoueur de tennis profession-nel et ma sensibilité était unefaille pour ce sport. La poésiem'a sauvé en me montrantqu'on pouvait faire quelquechose de son extrême sensi-bilité. Ce n'est pas forcémentun défaut. Mettre toute masensibilité au service d'un art,ça a été un changement decap.

Combat : J'ai compris que çaallait être une vraie quête, devouloir faire passer des mes-sages, émouvoir les gens et ymettre de soi. On n'a pasbeaucoup de recul entre cequ'on vit et ce qu'on raconte.Comme à la boxe, il faut sa-voir prendre des coups, nepas trop se mettre en danger,se mettre à l'écart quand ilfaut et revenir fort avec debeaux projets.

Propos recueillis par Violette Dubreuil

Bœuf berrichon

Le trésor de Cyril le rougeAUX BAINS-DOUCHES CET APRÈS-MIDI

Solutions du jeu : Les mots pour les dires#1 : usine - #2 : parenthèse - #3 : mention

Mar

ylèn

e E

ytie

r

Mar

ylèn

e E

ytie

r

Mar

ylèn

e E

ytie

r

Cath

y Be

auva

llet