salida104 - tango argentin cours, bal, milonga, festival...

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3La Salida • n°104 • juin à septembre 2017

L’ÉDITO

N’oubliez pas les paroles !On prétend que l’histoire est cyclique et on a raison.

On prétend que Gardel fit monter le tango des pieds aux lèvres eton a encore raison.

Alors que Mi noche triste, communément considéré comme l’actede naissance du tango-chanson a 100 ans, il semble que jamaisle tango ne se soit aussi bien passé de mots. La danse sociale faitflorès, cours, stages, encuentros, marathons... et le tango n’ajamais aussi bien été partagé. Au point que les musiciens du tangod’aujourd’hui ont parfois bien du mal à affirmer une démarche quis’affranchirait haut et fort des danseurs.

Il faut croire que cela correspond à un besoin et l’on ne doit pastrop se tromper en supputant qu’une recherche de bien-êtrepersonnel épouse ici un désir de paisible convivialité sur les pisteset alentour. Dans une époque si prompte à nous imposer sesfureurs et ses dénis d’humanité, c’est plus que salutaire. Allez,ajoutons une pincée d’hédonisme sans doute pas étrangère nonplus à cet enthousiasme milonguero.

Le tango se danse sous toutes les latitudes avec béatitude et milleet une nuances dans son approche, son enseignement, satechnique, ses usages... La Salida a décidé de s’attarder sur cetteplanète danse, ouvre le bal à sa façon avec son numéro d’été etpoursuivra cette promenade à la rentrée.

Le tango se danse partout mais s’écoute-t-il encore ? S’entend-iltoujours ? Goûte-t-on encore sa poésie dans un monde qui se foutde la poésie ? Rien n’est moins sûr. Pourtant, il s’en écrit chaquejour un peu plus – et du bon ! –, mais pour bien des danseurs, seulela cadence fait sens. Dans un grand balancier de l’histoire, le tangoserait donc redescendu des lèvres aux chaussures. Espérons quedans un nouvel élan, il reprendra son envol. En attendant, commedit Nagui : « N’oubliez pas les paroles. » l

JEAN-LUC THOMAS


P. 18 Y. LE GOFF

P. 22 R. J. CORBATA

P. 40 R. MOSNER

P. 3 L’ÉDITO

P. 6 FLASH

P. 9 LE BILLET DE

P. 10 DANSE

P. 12 SANTÉTango et Alzheimer

P. 18 POINT DE VUEYves Le Goff

P. 22 ENTRETIENRodrigo Joe Corbata

P. 26 SPECTACLECatherine Berbessou

P. 30 CAFETÍN DE BUENOS AIRESMi noche triste

P. 38 BUENOS AIRES HORA CERORue Descartes

P. 40 PORTRAITRicardo Mosner

P. 44 ON A VU ON A LU

P. 50 DISCOGRAPHIEQuinteto Real

P. 52 À NOS LECTEURS - ÉCHOS

P. 54 L’AGENDA

5La Salida • n°104 • juin à septembre 20174 La Salida • n°104 • juin à septembre 2017

Sommaire

Illustration de couverture : La danse dans tous ses états.Photo Louise Lecointe


9La Salida • n°104 • juin à septembre 2017

Le billet de

Voici venir le temps des vacances pour nombre d’entrenous. Avec au programme, du repos, du soleil... et biensûr du tango... Mais aussi au LTDT, le programme dela rentrée auquel nous réfléchissons et travaillons d’oreset déjà.En ce qui concerne La Salida, nous avons pris unedécision d’augmentation tarifaire dont vous trouverezles détails en page 52. Croyez bien que ce n’est pasde gaité de cœur que nous envisageons une tellemodification, mais nous sommes certains que vous encomprendrez les raisons et poursuivrez votre chemin ennotre compagnie.Mais revenons aux vacances et, en particulier au festivalde Prayssac, qui peut vous permettre de progresser dansvotre danse dans une ambiance festive et conviviale.Pendant deux semaines, du 15 au 22, puis du 22 au29 juillet, quatre couples de professeurs seront présents.Et, retour à une “ancienne” habitude, nous avons denouveau mis en place un cours vraiment destiné auxdébutants pendant la première semaine. Vous trouvereztoutes les informations nécessaires en allant sur notresite letempsdutango.comEn attendant, nous pensons de nouveau être présentssous le marché Saint-Honoré lors de la Fête de lamusique. Prenez contact avec nous si vous souhaitezpartager ce moment en notre compagnie. Et pour tous ceux qui sont partis sous d’autres cieux,nous vous donnons rendez-vous à la rentrée ; avec lescours et les stages destinés aux intermédiaires-avancésproposés par des professeurs que nous choisissons pourleurs qualités pédagogiques.

Bonnes vacances milongueras l

LE TEMPS DU TANGO

L’été de tous vos progrès



Danse

Le tango comme danse est aujourd’hui trèsuniversellement partagé. Les propositions qui s’y attachent

innombrables. La Salida va s’y promener longuement...

Commeil vous plaira

L A DANSE EST L’UNE DES EXPRESSIONS dutango, un phénomène culturel qui afourni des outils extraordinaires à unpays en voie de construction sociale,l’Argentine. La danse tango a une his-toire, elle a connu des phases diverses

et des facettes multiples ; elle a ses acteursconnus et tant d’anonymes, ces derniers étantprobablement les véritables moteurs de cettehistoire, ceux qui l’ont enrichie et la font per-durer. Le retour des milongas en Argentinerépond à l’engouement retrouvé pour cettedanse de couple-lié qui s’installe – ou seréinstalle – progressivement, dès la fin desannées 1980, dans plusieurs pays.

En Europe, les “pionniers” de ce retour à ladanse ont été l’Allemagne, la France, puisl’Italie, les Pays-Bas, le Luxembourg, laGrande-Bretagne... Ce phénomène se déve-loppera aussi dans de nombreux autres pays :on danse le tango aux États-Unis, en Turquie,en Grèce, en Russie, au Maroc, au Liban, enSerbie, en Chine, en Israël, en Espagne, enAfrique du Sud... et bien sûr au Japon, où letango, musique et danse, est présent depuisfort longtemps.

Les raisons qui ont fait et font que desEuropéens, Nord-américains, Asiatiques,Africains, sont attirés par la danse tango sontmultiples et, pour quelques-unes, communes.Tout au long de son parcours, la danse tango

est restée en mouvement, grâce à la passiondes danseurs et leur souci qu’elle ne reste pasfigée. Du tango des premiers temps aucanyengue ; du tango de salon, avec desmodifications dans la position des corps, autango de spectacle et ses modalités actuellesqui bénéficient de nombreux apports et sensi-bilités, la danse tango s’est toujours montréedigne fille d’une culture de dialogue, de liber-té et d’improvisation.

Le tango s’est dansé aussi sur tous lestemps, sur un rythme traînant, sur celui rapideet joyeux des années 1910-1920, celui despetites formations ou des grandes típicas.Il s’est dansé en classique 2x4, en rythmemilonga et tango-valse aux mesures diverses.Il s’est dansé serré, en couple droit avec unepetite distance entre les corps, en marche, enmultipliant les figures, en en inventant denouvelles.

Aujourd’hui, on sollicite même cette dansedans le traitement des maladies neurodégéné-ratives. La Salida a approché cette thématiquedans son numéro d’été. Elle poursuivra ce tra-vail à la rentrée, à la rencontre des danseurs,de tous ceux qui font vivre la danse-tangodans tous ses états. Elle reviendra aussi surl’histoire et la diffusion de cette passion uni-versellement partagée. En attendant, que l’étévous soit danse... l

LA RÉDACTIONLOU

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Danse - Santé

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Le tango comme armethérapeutique dans la lutte contre

les maladies neuro-dégénératives ? C’est une voie de

plus en plus explorée et lesrésultats semblent prometteurs.

L E TANGO TRANSFORME LES GENS.Physiquement, psychiquement, socia-lement, le tango transforme ceux quis’en approchent et lui consacrent dutemps. On ne sait trop comment, parune sorte de miracle, il les remet en

mouvement, dans l’élan vital, il les ouvre àeux-mêmes et aux autres. Il leur redonneconfiance, il donne de l’allant et de l’élan, ilremet de la lumière dans les visages et dessourires sur les lèvres.

Lorsque l’on enseigne le tango argentindepuis plusieurs années et que l’on voit sesélèves se transformer sous l’effet de ce pou-voir mystérieux, comment ne pas ressentirl’envie d’en faire profiter des personnesmalades et en souffrance ? L’Argentine ne s’yest pas trompée, puisqu’à Buenos Aires, letango a investi les hôpitaux depuis une dizai-ne d’années. Dans plusieurs établissements dela ville, des ateliers de tango sont dispensés àdes personnes souffrant de troubles mentaux,de dépression, à des personnes atteintes par lamaladie de Parkinson mais aussi par la mala-

La suite dans La Salida sur papier...



Cafetín de Buenos Aires Cafetín de Buenos Aires

Je ne connais pas la date exacte,mais c’était un soir de l’été 1917,à Buenos Aires, sur la scène duthéâtre Empire. Ce soir-là, lorsqu‘unchanteur pas encore très connu appeléCarlos Gardel chanta Mi noche triste(Ma nuit triste), l’histoire du tango futbouleversée. C’est à partir de là, disent

les historiens, que les habitants deBuenos Aires commencèrent à adopterle tango pour exprimer leurs chagrins,leurs colères, leurs nostalgies et mêmeleur sens de la morale. Nous célébronscette année le centenaire de ce tangoet donc la naissance du tango-chanson.

Les rares textes antérieurs que nousconnaissons (El choclo, Don Juan, Lamorocha, El porteñito), tous composésavant 1910, ont certainement un intérêthistorique ou sociologique, car ilsdécrivent une manière d’être desPortègnes de l’époque. Mais lesparoles de ces tangos n’ont aucunevaleur poétique. Ils sont superficiels,picaresques, parfois lubriques. À partirde Mi noche triste, par contre, lestangos s’articulèrent autour d’unehistoire sentimentale. L’auteur de Mi noche triste fut PascualContursi (1888-1932). Avant ce tango,il avait déjà mis en paroles d’autresmélodies, mais elles n’avaient riend’extraordinaire. L’impact se produisitlorsqu’il écrivit un texte pour Lita, unetrès belle mélodie de Samuel Castriota(1885-1932), pour faire un tango qu’ilintitula donc Mi noche triste. Le fait queCarlos Gardel l’ait enregistré pour lapremière fois ajoute l’élément

‘Ma nuit triste’,ou la naissance

du tango-chansonBon anniversaire… C’est en 1917 que Carlos Gardel s’est emparé

du tango de Pascual Contursi et a ouvert ainsi la ligne du tangocomme genre poétique.




Portrait

Peintre aux couleurs volontiersexplosives, artiste aux mille

facettes, cet Argentin de Parisne porte pas le tango à la

boutonnière. Mais chez lui,le tango n’est jamais loin.

L E GRIS DU PERSONNAGE CONTRASTEavec la couleur de ses tableaux.Cheveux gris, soupçon de barbe grise,vêtements sombres, chapeau gris.Courbé sur son micro, les yeux fixéssur quelques bouts de papiers où il a

griffonné son texte, Ricardo Mosner ne lèvejamais la tête vers le public pendant qu’ildéclame des extraits de Cortázar ou de JorgeLuis Borges. Est-il vraiment peintre ou bienest-ce un acteur ? Il semble avec ce look nepas vouloir se montrer, s’effacer plutôt dans ledécor, murs blancs et toiles vives accrochéesaux murs. Pourtant, on ne voit que lui, sortede zébulon jailli de sa boîte, bondissant, sedéplaçant sans cesse pendant qu’il dit sestextes. Acteur de sa peinture ?

Il court d’un bout à l’autre du petit espacede la galerie qui accueille son exposition etqui lui sert de scène. Il capte l’attention detoute la petite assemblée intriguée par l’uni-vers étrange de cet homme. Ce trait de per-sonnalité le rapproche de ses œuvres. Despeintures pleines de couleurs, déstructurées,tourmentées. Le pinceau semble être partidans tous les sens. On ne passe pas à côté sansy perdre son regard, absorbé par les mille etun détails de ses compositions. Tout commeon ne passe à côté de l’artiste sans être intri-gué par ce personnage à la fois renfermé etextraverti.

Ricardo Mosner est ce personnage para-

Ricardo Mosner, plus d’un tango sur sa palette

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Directeur de la publication etresponsable des abonnementsLuis BlancoDirecteurs de la publication déléguésMarc Pianko - Francine PigetFrance Garcia-FicheuxMembres fondateursSolange Bazely - Marc PiankoRédacteur en chefJean-Luc Thomas Secrétaire de rédactionFrance Garcia-FicheuxRédactionIrene AmuchásteguiAlberto EpsteinPhilippe FassierMarie-Anne FurlanFrance Garcia-FicheuxBernardo NudelmanFrancine PigetJean-Luc Thomas

Ont participé à ce numéroDelphine BlancoMargaux DussaudDominique FicheuxResponsable publicitéContactez-nous avant le 28 août 201706 15 15 11 25 ou 06 83 95 79 [email protected] Internet et mailingCatherine CharmontMichel VargozDirection artistiqueMarie-Françoise MarionPhotos et mise en pagePhilippe FassierImprimeurTypoform - 4 rue du Vaulorin - 91320 WissousLes informations de l’agenda sont gratuiteset publiées sans autre critère que denous parvenir avant le 28 août 2017et formatées comme indiqué sur le site.

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Tirage de La Salida n°104 en 1 700 exemplairesCommission paritaire n° 1114G78597

Dépot légal à parutionToute reproduction, totale ou partielle,

de cette publication est interdite sans autorisation

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traduction de 150 tangos par Fabrice Hatem

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