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SAFRAN magazine LE MAGAZINE DES CLIENTS ET DES PARTENAIRES DE SAFRAN AVRIL 2015 # 17 SAFRAN AU CHILI, de l'identité biométrique à l'observation spatiale MAINTENANCE ET SERVICES : de la valeur ajoutée pour nos clients

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SAFRANmagazine

LE MAGAZINE DES CLIENTS ET DES PARTENAIRESDE SAFRAN

AVRIL 2015# 17

SAFRAN AU CHILI, de l'identité biométrique à l'observation spatiale

MAINTENANCE ET SERVICES : de la valeur ajoutée pour nos clients

ÉDITO 0302 SOMMAIRE

Safran Magazine en ligne http://www.safran-group.com/fr/medias/safran-magazine/Publications

www.facebook.com/GroupeSafrantwitter.com/safran

JEAN-PAUL HERTEMANPRÉSIDENT–DIRECTEUR GÉNÉRAL DE SAFRAN

Àl’heure où mon mandat de président-directeur général et ma carrière s’achèvent, je voudrais exprimer ma fierté et ma reconnaissance devant le chemin parcouru.

Au fil de mon parcours, j’ai vu Snecma puis Safran se transformer en profondeur, gagner en cohérence, attirer un nombre croissant de jeunes talents, devenir de plus en plus compétitifs. Je nous ai vus relever des défis que beaucoup croyaient perdus d’avance, à l’image de la fusion Snecma-Sagem ou des reconversions successives du site de Fougères. Je nous ai vus conquérir de nouveaux marchés, atteindre une véritable dimension internationale et réaliser des percées technologiques originales pour garder toujours ce petit quelque chose qui fait la différence.

Tout cela, Safran l’a réussi grâce à sa culture et à ses valeurs : la rigueur, l’innovation et l’excellence technique et industrielle, mais aussi la cohésion sociale, l’ouverture à autrui et au monde, la solidarité et l’esprit d’équipe. Il l’a avant tout réussi grâce aux quelque 69 000 hommes et femmes qui le composent aujourd’hui et aux géants qui nous ont précédés, à leur savoir-

faire, à leur passion et à leur professionnalisme. Sans eux, rien de tout cela n’aurait été possible et c’est à eux qu’appartient le succès d’aujourd’hui comme celui de demain.

Demain, Philippe Petitcolin et Ross McInnes, en tant que directeur général et président du Conseil, auront à cœur, je le sais, de continuer

à faire vivre cette « certaine idée » de Safran, faite d’exigence, de passion et de dépassement. Qu’il s’agisse d’assurer la montée en cadence du LEAP, de mettre en service le Silvercrest® et nos nouvelles turbines d’hélicoptères ou de lancer des équipements innovants comme le green taxiing ou les technologies de la sécurité du monde de demain, je n’ai pas de doute qu’ils sauront, avec toutes les équipes, conduire Safran toujours plus loin sur la voie de la réussite.

« Je nous ai vus conquérir de nouveaux marchés, atteindre une véritable dimension internationale et réaliser des percées technologiques originales pour garder toujours ce petit quelque chose qui fait la différence. »

Safran Magazine Avril 2015

SAFRAN D’HIER ET DE DEMAIN

04 EN BREF

12 FUTUROffrir à l’Europe une industrie spatiale compétitive

14 PORTFOLIOSafran, 10 ans déjà

2, bd du Général-Martial-Valin, 75724 Paris Cedex 15 – France – [email protected] – Directeur de la publication : Pascale Dubois – Directeur éditorial : Marie-Laure Dufour – Rédacteur en chef : Isabelle de Buyer - Chef de projet : Martin Bellet – Traduction :

Don Siegel, ID Communications – Réalisation : - Impression : sur papier PEFC, par l’Imprimerie Vincent, labellisée imprim’vert – ISSN 1960-7164 – Les articles et illustrations publiés dans ce magazine ne peuvent être reproduits sans autorisation écrite préalable. En couverture : Philippe Stroppa / Snecma / Safran

20 DÉCRYPTAGE20 Safran Tech : à la pointe de la recherche et de l’innovation22 L’éco-conception au cœur de nos produits

24 DOSSIERMaintenance et services : de la valeur ajoutée pour nos clients

33 MARCHÉS33 MorphoTablet™ : la tablette sécurisée34 Nacelles : un flux d’innovations36 Un passeport pour le Chili 38 Eurosatory : opération réussie pour Sagem

40 L’INTERVIEWRencontre avec Moulay Hafid Elalamy, ministre marocain de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique

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24 DOSSIERMAINTENANCE ET SERVICES : DE LA VALEUR AJOUTÉE POUR NOS CLIENTS

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DISCOVERY DAY 2014

L’édition 2014 du Safran Discovery Day, s’est tenue les 29, 30 septembre et 1er octobre derniers. Plus de 2 000 collaborateurs ayant récemment rejoint Safran et venant du monde entier ont participé à ces journées d’intégration. Ces nouveaux embauchés sont partis à la découverte du Groupe au rythme de tables rondes, d’interventions des membres de la direction générale et d’ateliers thématiques. Ils ont également

pu faire leurs premiers pas sur le Campus Safran où était organisé cet événement. Situé à Vilgénis, en région parisienne, ce nouveau site, inauguré le 3 septembre dernier par Jean-Paul Herteman, président-directeur général de Safran, est notamment dédié à la formation grâce à l’implantation de Safran University qui permet à tous les collaborateurs de renforcer leurs compétences et leurs capacités d’évolution.

POUR EN SAVOIR L’interview de Yannick Bonnaire, directeur du Leadership et du Développement managérial et directeur du Campus Safran, dans l’espace Médias du site de Safran : www.safran-group.com

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UN NOUVEL ÉCRIN INDUSTRIEL

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François Hollande, Président de la République française, Jean-Paul Herteman, président-directeur général de Safran, et Joseph G. Morone, président-directeur général d’Albany International Corp., ont inauguré le 24 novembre dernier une nouvelle usine de production à Commercy (Meuse). Issue du partenariat industriel entre Safran et Albany, cette usine produit des pièces en matériau composite pour les moteurs d’avions de nouvelle génération. La première application de cette technologie innovante est la production des aubes et des carters de soufflante pour le moteur LEAP1 destiné à équiper la prochaine génération d’avions moyen-courriers. Cette nouvelle usine, « fruit d’une vision et d’une confiance très profondément partagées par les industriels et les institutions » selon les termes de Jean-Paul Herteman, produira les mêmes pièces que l’usine américaine de Rochester, inaugurée en mars 2014 par les deux partenaires, et emploiera de 400 à 500 collaborateurs d’ici à 2018.

1. Développé et produit par CFM International, une société commune 50/50 entre Snecma (Safran) et GE. De gauche à droite : Joseph G. Morone, président-

directeur général d’Albany International Corp., François Hollande, Président de la République française et Jean-Paul Herteman, président-directeur général de Safran.

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Premier décollage pour le Bell 505 Jet Ranger X Le Bell 505 Jet Ranger X s’est élancé dans les airs le 10 novembre dernier. Cet hélicoptère monomoteur léger pouvant emporter jusqu’à cinq passagers est équipé du moteur Arrius 2R de Turbomeca (Safran), le dernier-né de la famille Arrius. Plus de 3 000 moteurs Arrius ont été vendus par Turbomeca à ce jour, totalisant 6,6 millions d’heures de vol chez 430 clients de 60 pays. Le 2R se distingue par sa fiabilité éprouvée, renforcée par un potentiel de 3 000 heures entre chaque révision dès sa mise en service. D’une puissance de 500 chevaux, il devrait être certifié en fin d’année.

HÉLICOPTÈRES

Une nouvelle usine de freins carbone pour la MalaisieAfin d’accompagner une forte croissance commer-ciale en Asie-Pacifique, Messier-Bugatti-Dowty (Safran), leader mondial des freins carbone pour avions commerciaux, a choisi la Malaisie pour implanter son troisième site de production mondial. D’une superficie de 10 000 m², ce site qui emploiera 150 personnes d’ici à 2018 a été inauguré le 15 janvier dernier par Jean-Paul Herteman, président-

directeur général de Safran, en présence de son altesse royale le sultan du Negeri Sembilan. En Malaisie, M e s s i e r - B u g a t t i -Dowty est aujourd’hui partenaire de 18 opéra-teurs avec environ 200 appareils en service et 400 nouveaux avions en commande.

Déjà commandé à plus de 300 exemplaires, le Boeing 777X devrait remplacer le 777, long-courrier best-seller de l’avionneur américain, d’ici à 2020. Cet appareil sera équipé des nouveaux moteurs GE9X de GE. Safran est partenaire du programme à travers ses sociétés Snecma et Techspace Aero depuis juillet 2014. Ce moteur consommera 10 % de carburant de moins que son prédécesseur : une performance notamment due à l’intégration par Safran de nouvelles technologies comme les matériaux composites tissés 3D RTM (resin transfer molding). Pour la première fois, Boeing a fait appel à l’expertise d’Aircelle (Safran) qui a été sélectionnée en décembre dernier pour fournir les tuyères en titane. Placées à l’extrémité du moteur, elles participent à sa performance propulsive et acoustique.

Safran embarque sur le Boeing 777XLONG-COURRIERS

Morpho-Dictao, en confiance avec l’OTAN Premier succès pour Morpho- Dictao (Safran) : fin novembre 2014, la solution de signature électro-nique Dictao AdSigner a reçu l’agrément de l’OTAN pour intégrer le catalogue NATO Information Assurance Product Catalogue. Les 28 États membres et alliés pourront donc faire appel à ce produit pour protéger leurs données sensibles des cyber-attaques. Cette annonce fait suite à l’acquisition par Morpho en août 2014 de Dictao, une société spécialisée dans les solutions d’authentification forte, la sécurisation des transactions en ligne et l’archivage sécurisé pour les marchés publics et privés.

BIOMÉTRIEOUTIL INDUSTRIEL

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Toutes les 2 secondes dans le monde, un avion équipé d’un

moteur CFM561 décolle et un appareil doté des trains de Messier-Bugatti-Dowty atterrit.

Plus d'1 million de terminaux biométriques Morpho

ont été livrés à travers le monde.

10 000 caméras thermiques ont été fabriquées et vendues par Sagem.

Près de 160 tuyères d’Ariane ont été

livrées par Herakles.

ÉQUIPEMENTS

Embraer KC-390 : premier vol réussi !

Plus gros avion jamais produit par Embraer, le KC-390 a vocation à être utilisé pour des opérations militaires et des applications civiles. Le 3 février 2015, l’appareil a effectué avec succès son vol inaugural. Safran est largement présent sur le KC-390 avec six « packages » de systèmes et équipements conçus et développés par le Groupe. Ainsi, Labinal Power Systems fournit notamment la distribution électrique primaire et secondaire, la génération électrique d’urgence et tous les systèmes de ventilation de l’avion. De son côté, Messier-Bugatti-Dowty produit les roues et freins de l’appareil, le système de freinage, le module de direction des trains avant, ainsi que les équipements d’extension-rétraction des trains d’atterrissage. Enfin, Sagem apporte le système d’actionnement du compensateur du stabilisateur horizontal, un élément essentiel pour maintenir une assiette de vol stable. Les premières livraisons du KC-390 sont attendues dès la fin 2016.

CO-ENTREPRISE

Rolls-Royce et Hispano-Suiza (Safran) ont annoncé en mars 2015 la création d’Aero Gearbox International, une co-entreprise détenue à parts égales chargée de développer des systèmes de transmission de puissance de classe mondiale. Cette annonce concrétise l’accord définitif signé en octobre 2014 en réunissant les expertises et les compétences des deux sociétés mères : l’expérience en conception, production et maintenance de transmissions de puissance d’Hispano-Suiza, l’expertise dans les moteurs et le savoir-faire d’intégrateur de Rolls-Royce. D'une durée de 25 ans renouvelable, Aero Gearbox International a l'exclusivité des systèmes de transmission de puissance de tous les futurs moteurs d'avions civils du motoriste britannique.

Transmission de puissance :  l’union fait la force

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POUR EN SAVOIR Les articles sur la participation de Safran à ce programme dans l’espace Médias du site de Safran : www.safran-group.com

SAFRAN EN CHIFFRES

1. Développé et produit par CFM International, société commune 50/50 entre Snecma (Safran) et GE.

1 moteur d’hélicoptère sur 3 vendus dans le monde est un moteur

Turbomeca.

MARITIME

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EN BREF 1110 EN BREF

Aurore Ferrant, chef de service Inté-gration et essais propulseurs chez Herakles (Safran), et Fabienne Lacorre, adjointe au directeur technique de Snecma (Safran), ont reçu respectivement le prix de la Femme au début prometteur et le prix de la Femme de R&D lors de la cérémonie de remise des Trophées des Femmes de l’industrie 2014. Organisé par l’hebdomadaire L’Usine Nouvelle, ce concours contribue à la valori sation des carrières féminines au cœur de l’industrie française. Fortement engagé dans la promotion de la diversité et de l’égalité hommes-femmes au sein du Groupe, Safran est partenaire de cet événement depuis sa création en 2012.

Trophées des femmes de l’industrie 2014 : Safran à l’honneur

PRIX

Le roulage électrique fait ses débuts en ChineHoneywell et Safran ont signé en novembre 2014 un protocole d’accord avec CAEES (China Aviation Energy & Emissions Solutions) pour étudier le déploiement de l’EGTSTM sur le marché aéronautique chinois. Système de roulage électrique développé par Safran et Honeywell via leur co-entreprise EGTS International, l’EGTSTM utilise la puissance électrique de l’avion pour alimenter des moteurs situés sur les roues de son train d’atterrissage principal. L’avion peut ainsi reculer et se déplacer au sol sans avoir recours à ses moteurs principaux, ce qui permet d’économiser jusqu’à 4 % de carburant par vol et de réduire jusqu’à 75 % les émissions de dioxyde de carbone (CO2) et jusqu’à 50 % les émissions de monoxyde d’azote (NOx).

AVION « PLUS ÉLECTRIQUE »

Dans le cadre du partenariat avec Pratt & Whitney AeroPower, Microturbo (Safran) a pris en 2014 la responsabilité complète de deux programmes portant sur des moteurs auxiliaires (APU – auxiliary power unit) destinés aux avions d’affaires : l’APS2 [800] des Global 7000 et 8000 de Bombardier et l’APS500 [D] du Falcon 5X de Dassault Aviation. Pour mener à bien ces programmes, Microturbo a ouvert un site à San Diego, en Californie, où seront réalisés le développement, l’assemblage, les essais et le support de ces nouveaux moteurs. L’accord prévoit également que les deux sociétés collaborent dans de futurs programmes d’aviation d’affaires et régionale, sous le pilotage de Microturbo pour le premier segment et de son partenaire pour le second.

Microturbo décolle sur les avions d’affaires

MOTEURS AUXILIAIRES

POUR EN SAVOIR L’interview de Pierre-Yves Morvan, directeur général de Microturbo, dans l’espace Médias du site de Safran : www.safran-group.com

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BlueDome : une solution antipiraterie innovante

Coordonné par Sagem (Safran), le consortium Auto-protection a dévoilé en février dernier une solution complète et intégrée de protection des navires civils contre les menaces de la piraterie en mer. Baptisé BlueDome, ce système comprend notamment la détection à longue distance d’embarcations, l’analyse de leur comportement, leur identification via une tourelle optronique jour-nuit et la mise en œuvre de moyens de dissuasion à distance (projecteurs lumineux, canons acoustiques) et de mesures anti-abordage (canons à eau, fumigènes).

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BIO EXPRESS 1987 : diplômé de l’École polytechnique1992 : diplômé de Sup’Aéro, intègre la Direction générale de l’armement1999 : entre chez Turbomeca (Safran)2006 : prend la direction des programmes de Turbomeca 2013 : nommé directeur général de Sagem

Infatigable voyageur, féru de randonnée et grand amateur de sport, Bruno Even met depuis un an sa passion de la haute technologie au service de Sagem (Safran), dont il est devenu le directeur général après quinze années passées au cœur des turbines pour hélicoptères chez Turbomeca (Safran). « Ce changement fut un véritable défi personnel, mais c’était aussi une formidable opportunité pour découvrir de nouveaux horizons et des enjeux commerciaux très différents. » Marqué par la personnalité d’industriels passionnés et engagés comme Marcel Dassault ou Joseph Szydlowski, le fondateur de Turbomeca, Bruno Even ne s’est jamais départi de certaines aspirations. « J’ai toujours été attiré par les produits ayant une technicité très élevée. C’était un univers dans lequel je me voyais évoluer, une aventure humaine à laquelle je voulais prendre part ». Depuis sa formation à Polytechnique et Sup’Aéro, Bruno Even a en effet toujours été poussé par cette passion, « ainsi que par toutes les personnes qui m’ont formé, confié des responsabilités et qui, comme moi, ne croyaient pas aux modèles préétablis ». Aujourd’hui aux commandes de Sagem pour renforcer sa dimension internationale, l’imposer dans le domaine civil et améliorer significativement sa compétitivité, Bruno Even s’appuie sur les maîtres mots de confiance et de plaisir car « c’est ainsi que l’on peut générer un esprit de corps, de la performance et l’envie de se surpasser ».

DÉCIDEURBRUNO EVENDIRECTEUR GÉNÉRAL DE SAGEM (SAFRAN)

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BIO EXPRESS 1987 : diplômé de l’École polytechnique1992 : diplômé de Sup’Aéro, intègre la Direction générale de l’armement1999 : entre chez Turbomeca (Safran)2006 : prend la direction des programmes de Turbomeca 2013 : nommé président de Sagem

Infatigable voyageur, féru de randonnée et grand amateur de sport, Bruno Even met depuis près de deux ans sa passion de la haute technologie au service de Sagem (Safran), dont il est devenu le président après quinze années passées au cœur des turbines pour hélicoptères chez Turbomeca (Safran). « Véritable défi personnel, ce changement est aussi une formidable opportunité pour découvrir de nouveaux horizons et des enjeux commerciaux très différents. » Marqué par la personnalité d’industriels passionnés et engagés comme Marcel Dassault ou le fondateur de Turbomeca, Joseph Szydlowski, Bruno Even ne s’est jamais départi de ses aspirations simples et fortes. « J’ai toujours été attiré par les produits ayant une technicité très élevée. C’était un univers dans lequel je me voyais évoluer, une aventure humaine à laquelle je voulais prendre part. » Depuis sa formation à Polytechnique et Sup’Aéro, Bruno Even a toujours été poussé par cette passion, « ainsi que par toutes les personnes qui m’ont formé, confié des responsabilités et qui, comme moi, ne croyaient pas aux modèles préétablis ». Aujourd’hui aux commandes de Sagem pour renforcer sa dimension internationale, l’imposer dans le domaine civil et améliorer significativement sa compétitivité, Bruno Even s’appuie sur les maîtres mots de confiance et de plaisir car « c’est ainsi que l’on peut générer un esprit de corps, de la performance et l’envie de se surpasser ».

DÉCIDEURBRUNO EVENPRÉSIDENT DE SAGEM (SAFRAN)

OFFRIR À L’EUROPE UNE INDUSTRIE SPATIALE COMPÉTITIVEEn décembre 2014, les États membres de l’Agence spatiale européenne ont lancé le programme Ariane 6. Un projet largement porté par Airbus Group et Safran qui ont créé une co-entreprise 50/50, Airbus Safran Launchers, afin de doter l’Europe d’un lanceur plus compétitif. Interview de Marc Ventre, président du Conseil d’administration d’Airbus Safran Launchers, et d’Alain Charmeau, président exécutif d’Airbus Safran Launchers.

FUTUR 1312 FUTUR

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développé pour Ariane 5 ME1. Le lanceur sera composé de boosters P120 à propulsion solide produits par Europropulsion2. Adaptés de ceux de la fusée Vega, ces boosters seront également utilisés sur la prochaine évolution de ce lanceur. L’étage central à propulsion cryotechnique sera équipé du moteur Vulcain®2.1+ réalisé par Snecma (Safran). Enfin, l’étage supérieur permettra d’utiliser le moteur ré-allumable à propulsion cryotechnique Vinci® déjà développé par Snecma pour Ariane  5  ME. L’ensemble de ces synergies permettra des réductions de coûts considérables.

Quelles sont les étapes de la concrétisation d’Airbus Safran Launchers ?A. C. : Une première phase a débuté en janvier 2015  : le pilotage des programmes spatiaux a été intégré à la joint-venture qui comprend aujourd’hui 450 personnes. Dès cette phase, Airbus Safran Launchers devient

Quels sont les enjeux pour Airbus Safran Launchers ?Marc Ventre : Le marché des lancements spatiaux est en croissance, avec par exemple le développement d’Internet et de la télévision par satellite. Cela entraîne l’arrivée de nouveaux acteurs, comme SpaceX, proposant des architectures techniques de lanceur simplifiées et optimisées et donc des prix de lancement très compétitifs. Le risque est donc de voir Ariane 5 perdre son leadership sur le marché des lancements de satellites géostationnaires. Or, il est stratégique pour l’Europe de conserver un accès autonome à l’espace et de garantir la pérennité de son industrie spatiale. La conclusion du Conseil ministériel de l’Agence spatiale européenne (ESA) le 2 décembre dernier a été décisive dans ce contexte puisqu’elle a

également actionnaire d’Europropulsion, Regulus et Arianespace notamment. La deuxième phase interviendrait au second semestre 2015, sous réserve des autorisations réglementaires applicables et de la consultation des instances représentatives du personnel. Les deux industriels apporteraient alors dans la co-entreprise les actifs correspondant à leurs activités lanceurs et missiles stratégiques. S’ajouterait également le rachat des parts d’Arianespace détenues par le CNES3, actuellement en cours de négociation ; la joint-venture pourrait ainsi détenir environ 75 % d’Arianespace. Airbus Safran Launchers aurait alors la responsabilité de l’ensemble de la chaîne de développement et de production d’Ariane 6, de sa conception à sa commercialisation. Grâce à une intégration industrielle plus grande, nous pourrons optimiser les opérations, simplifier les relations et les procédures et donc réduire les délais de conception. ■ 

MARC VENTRE, PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION D’AIRBUS SAFRAN LAUNCHERS

ALAIN CHARMEAU, PRÉSIDENT EXÉCUTIF D’AIRBUS SAFRAN LAUNCHERS

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abouti en faveur du développement du lanceur européen Ariane 6, avec notamment le soutien des gouvernements allemand et français. Airbus Group et Safran ont en parallèle créé la joint-venture Airbus Safran Launchers afin de mettre en place une organisation industrielle plus efficiente permettant de proposer une architecture de lanceur plus simple et surtout beaucoup plus compétitive sur un marché devenu très concurrentiel.

Quelle sera donc l’offre d’Airbus Safran Launchers ?Alain Charmeau : La multiplication des demandes de lancements concerne différents types de satellites. Afin de répondre à ces différents besoins, deux versions du nouveau lanceur vont être développées. Ariane 62, avec ses deux boosters, lancera des satellites de charge moyenne (jusqu’à 5 tonnes) principalement pour les missions institutionnelles : observation de la Terre, programmes scientifiques et militaires… Et Ariane 64, avec ses 4 boosters, sera utilisée pour les lancements doubles ou de satellites lourds (jusqu’à 10,5 tonnes), notamment pour le compte d’opérateurs privés, de télécommunications par exemple. En termes de planning, le premier lancement d’Ariane 6 est prévu en 2020.

Comment garantir une meilleure compétitivité à Ariane 6 tout en conservant l’exceptionnelle fiabilité d’Ariane 5 ?M. V. : Avec un design simplifié, l’architecture d’Ariane 6 utilisera largement l’héritage technique d’Ariane 5 et présentera des éléments communs avec ce qui avait été

ARIANE 6 EN BREF

Pays participants : Allemagne, France, Italie, Belgique, Espagne, Pays-Bas, Suède, Suisse…

Jusqu'à 12 lancements / an.

Orbites visées : jusqu'à

36 000 km d'altitude grâce à l'orbite de

transfert géostationnaire (GTO).

72 HA, soit 150 terrains de football.

Superficie de la zone de lancement :

1. Version optimisée d’Ariane 5, remplacée par Ariane 6.2. Co-entreprise 50/50 entre Herakles (Safran) et Avio. 3. Centre national d’études spatiales.

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Avril 2015 Safran Magazine Safran Magazine Avril 2015

Safran célèbre cette année ses 10 ans. Retour sur les premières années de construction d’un groupe de haute technologie devenu leader dans ses marchés.

PORTFOLIO 1514 PORTFOLIO

2005 Création de Safran

suite à la fusion de Snecma et Sagem

2007 Création de

Sagem Sécurité qui deviendra

Morpho en 2010

2008 • Recentrage des

activités de Safran autour des domaines de l’aéronautique, du spatial, de la défense

et de la sécurité

• Reconduction du partenariat entre Safran

et GE jusqu’en 2040 au sein de

CFM International

2009 • Création du Conseil scientifique de Safran

• Lancement du LEAP,

le successeur du CFM56

2010 • Création du nouveau logo Safran au service du renforcement de l’image du Groupe

• Création de Safran

University pour structurer une offre de formation à la hauteur des enjeux du Groupe

2011 • Rassemblement des activités liées

aux fonctions d’atterrissage et de freinage au sein de Messier-Bugatti-Dowty

• Entrée de Safran

au CAC 40

2012 Création d’Herakles, un leader mondial

de la propulsion solide qui intègre l’expertise

de SME dans les matériaux énergétiques

2014 • Regroupement des activités

du Groupe liées à l’avion « plus électrique » au sein de Labinal Power Systems

• Inauguration de

Safran Composites

• Création d’Airbus Safran Launchers, une co-entreprise

50/50 entre Safran et Airbus Group

2015 Inauguration

de Safran Tech

SAFRAN, 10 ANS DÉJÀ

Hausse du chiffre d’affaires

du Groupe entre 2006

(10,8 Mds €) et 2014

(15,4 Mds €)1.

Hausse du cours de l’action

Safran depuis 20061.

Hausse du carnet de

commandes depuis 20061.

Rang de Safran au sein des

entreprises du CAC 40 pour

la part d’actionnariat salarié.

Investissement de Safran

depuis 2006 pour

augmenter ses capacités

industrielles1.

Investissement de Safran

depuis 2010 en R&D2.

Augmentation des effectifs

de Safran depuis 20102.

1. Du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2014. 2. Du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2014.

Logo humain réalisé par 3 000 ingénieurs et cadres rassemblés pour une journée d’intégration Safran.

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3,6 Mds €

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Du CFM56 au LEAP : une aventure à succèsEn 2008, Safran et GE ont renouvelé leur partenariat au sein de CFM International. Créée en 1974, cette co-entreprise 50/50 a donné naissance au plus grand succès commercial de l’histoire de l’aéronautique : le CFM56. Pour succéder à ce best-seller livré à plus de 27 200 exemplaires à fin 2014, les deux partenaires ont lancé le moteur LEAP. Ce dernier est aujourd’hui le moteur en développement le plus vendu de l’histoire avec 8 700 commandes et intentions d’achat au 31 janvier 2015.

La sécurité, un marché clé pour le Groupe Solutions d’identification de pointe, documents d’identité biométriques, systèmes de détection de substances dangereuses, solutions pour réaliser des transactions numériques sécurisées… Au sein du marché en forte croissance de la sécurité, Morpho (Safran) continue de développer son expertise et a réalisé de nombreuses acquisitions ciblées au cours des dernières années pour renforcer ses positions concurrentielles. Le Groupe équipe notamment des forces de police et de sécurité et des aéroports du monde entier et participe en Inde au plus grand programme d’identification biométrique du monde : Aadhaar.

UN GROUPE VISIONNAIRE, INITIATEUR DE GRANDS PROGRAMMES

Avion « plus électrique » : une rupture technologique en marche Pour répondre au double défi économique et environnemental du transport aérien, Safran est résolument engagé dans le développement de systèmes et équipements électriques depuis plusieurs années. Ces recherches ont notamment donné naissance à l’ETRAS®, le premier système électrique de commande d’inverseur de poussée, qui équipe l’Airbus A380, et au système de roulage électrique EGTSTM présenté au salon du Bourget en 2013. En janvier 2014, Safran a rassemblé ses activités électriques au sein de Labinal Power Systems pour intensifier les recherches dans ce domaine.

Au cœur des grands programmes aéronautiquesLes sociétés de Safran sont embarquées sur tous les « programmes avions » majeurs de la décennie : Airbus A320, A350 XWB, A380 et A400M, Boeing 737 Next-Generation, 767, 777 et 787 Dreamliner, Rafale, Eurofighter Typhoon, F18, etc.

N° 1 mondial des turbines d’hélicoptèresFort d’une expertise technique reconnue depuis plusieurs années, d’une offre de services sur mesure et d’une stratégie de proximité avec ses clients, Safran se positionne comme le n° 1 mondial des moteurs d’hélicoptères via Turbomeca. La société équipe tous les plus grands hélicoptéristes du monde.

Partenaire historique d’Ariane Acteur technologique majeur du programme européen Ariane depuis ses débuts, Safran est un leader mondial de la propulsion spatiale. En créant fin 2014 une co-entreprise 50/50 avec Airbus Group pour développer des lanceurs spatiaux polyvalents à des coûts optimisés, Safran s’engage encore davantage pour garantir à l’Europe un accès fiable et autonome à l’espace. La défense : un marché en mutation

Safran poursuit ses missions dans les domaines militaire et civil afin d’aider ses clients à garantir la sécurité des territoires et la protection des populations. Partenaire privilégié des États, le Groupe conçoit, développe et commercialise des systèmes et équipements de défense adaptés à leurs besoins. Les solutions innovantes de Sagem (Safran) dans le domaine de la navigation, de l’optronique, de l’information tactique et de la stabilisation équipent de multiples plateformes dans le monde.

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L’INNOVATION AU CŒUR DE LA STRATÉGIE DU GROUPE

UN GROUPE INTERNATIONAL ET RESPONSABLE

La recherche collaborative Pour repousser les limites de l’innovation, Safran mise sur le partage des savoir-faire. Un état d’esprit collaboratif que le Groupe met notamment en œuvre en créant des partenariats académiques et industriels avec l’Onera, le CNRS, le CEA, Valeo, etc.

À la pointe des compositesDepuis les années 1980, les matériaux composites sont un axe de recherche majeur pour Safran. Plus légers, plus résistants, ils révolutionnent l’aéronautique. Le Groupe leur a consacré trois nouveaux sites, tous inaugurés en 2014 : le centre de recherches Safran Composites (France) et les usines jumelles de Rochester (États-Unis) et Commercy (France).

Safran Tech : l’excellence en R&TLa place que Safran accorde à la recherche et technologie lui permet de développer des solutions innovantes garantes de son avenir. Avec la création de Safran Tech, le centre de recherche et technologie du Groupe inauguré en janvier 2015, Safran va intensifier et mutualiser ses efforts de R&T pour favoriser l’émergence de technologies différenciantes.

Un rayonnement toujours plus fort à l’international Porté par près de 69 000 collaborateurs dans plus de 50 pays, le rayonnement de Safran à l’international ne cesse de s’intensifier. Cette empreinte mondiale lui permet d’établir des relations commerciales et industrielles avec les plus grands maîtres d’œuvre et opérateurs du monde, de proposer à ses clients une offre de services réactifs et de proximité et d’optimiser sa compétitivité.

Sponsoring nautique : un engagement au long cours Engagé depuis 2005 dans le sponsoring nautique, Safran donne aujourd’hui une nouvelle impulsion à ce projet fédérateur. À la barre de Safran, Marc Guillemot a accompli un parcours exceptionnel tant sur le plan sportif que marin et humain. Morgan Lagravière, jeune skipper de 27 ans, s’entraîne actuellement avec pour objectif le Vendée Globe 2016 à la barre d’un nouveau monocoque de Safran.

Un engagement fort en faveur de l’emploiSuccessivement productrice de télécopieurs, de téléphones portables, d’équipements de défense et de cartes électroniques, l’usine de Fougères est un exemple de la politique de reconversion industrielle menée par le Groupe. Préserver l’emploi est un objectif fondamental pour Safran, qui mobilise sa politique de formation notamment à cette fin.

Les talents, première richesse du GroupeAyant à cœur de développer le potentiel humain de ses collaborateurs, Safran mène une politique de formation ambitieuse portée par Safran University. Le Campus Safran, inauguré en septembre 2014, fait partie intégrante de cette démarche et accueille des sessions de formation, des séminaires ou des journées d’intégration.

Un état d’esprit partagéComposante essentielle pour garantir la compétitivité de Safran, l’innovation irrigue l’ensemble du Groupe, chaque collaborateur étant invité à proposer de nouvelles idées. Une dimension participative célébrée chaque année depuis 2006 lors des Innovation Awards, qui récompensent les meilleures initiatives de progrès portées par les salariés du Groupe. Depuis deux ans, les fournisseurs de Safran sont encouragés à y participer.

Un acteur engagé La politique de mécénat de Safran s’inscrit dans sa démarche de responsabilité sociétale d’entreprise. Depuis 2005, près de 480 projets liés à l’insertion sociale et professionnelle, à l’égalité des chances par l’éducation ou encore au soutien à la créativité et au talent ont été soutenus par les Fondations d’entreprise du Groupe ou par des actions de mécénat direct. Safran poursuit notamment son engagement aux côtés de l’association Planète Sciences pour sensibiliser les jeunes aux métiers techniques de l’aéronautique.

Pour des pratiques durables et responsablesEn adhérant au Pacte Mondial des Nations Unies en 2013, Safran a confirmé son engagement en faveur d’un développement durable et de pratiques commerciales responsables.

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SAFRAN TECH : À LA POINTE DE LA RECHERCHE ET DE L’INNOVATIONLe 27 janvier dernier, Jean-Paul Herteman, président-directeur général de Safran, a inauguré Safran Tech, le centre de recherche et technologie du Groupe, en présence de Geneviève Fioraso, ancienne secrétaire d’État chargée de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Fer de lance de la R&T1 de Safran, ce centre vise à accélérer l’émergence d’innovations.

Groupe , Saf ran Composites (Itteville), ainsi que le centre de recherche dédié aux matériaux innovants.

« L’innovation ouverte »L’autre atout de Safran Tech est son ouverture sur le monde. « Pour attirer les meilleurs talents, nous avons imaginé un espace pouvant accueillir des chercheurs issus du monde académique ou d’autres industries », a précisé Christian Picollet, directeur adjoint R&T de Safran, lors du colloque qui a suivi la cérémonie d’inauguration. Universités, organismes publics et partenaires industriels travailleront en collaboration avec les équipes du centre. « Nous avons intégré le concept “d’innovation ouverte2” dès l’origine du projet, souligne Éric Bachelet, directeur central R&T de Safran. Dans le contexte actuel, il est essentiel de s’appuyer sur un écosystème de la connaissance de niveau mondial. En travaillant ensemble, avec des partenaires industriels ou issus de la recherche académique, des start-up et des PME innovantes, nous avancerons plus rapidement et nous nous ouvrirons à de nouvelles idées. Cette relation, profitable à tous les partenaires, pourra s’exercer sous diverses formes. »

Un premier laboratoire créé en partenariat par Safran et le CEA3 en avril 2014 pour l’étude des micro-capteurs et de leurs applications s’installera bientôt sur le nouveau site. Il sera suivi par le laboratoire Matériaux de l’École des mines de Paris, dont les compétences dans le domaine des matériaux résistants aux hautes températures sont reconnues au niveau international. Enfin, un laboratoire de robotique regroupant PSA, Valeo, l’École des mines et Safran pourrait voir le jour dans les prochaines années. ■

1. Recherche & technologie.

2. Mode d’innovation fondé sur la coopération avec des partenaires externes (entreprises, organismes de recherche, fournisseurs, etc.).

3. Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.

DES CHERCHEURS DE HAUT NIVEAU Le recrutement des chercheurs de Safran Tech a débuté depuis plus d’un an. « C’est un enjeu aussi stratégique que la création des programmes de recherche, estime Axelle Trevisani, chef de projet Ressources humaines du centre. Nous avons un haut niveau d’exigence et recherchons des personnes ayant des compétences de chercheur reconnues. Nous embauchons au sein du Groupe et en externe, en favorisant la mixité professionnelle et culturelle, et en nous appuyant sur nos réseaux et partenariats avec les écoles et laboratoires de recherche en France et à l’international. »

UN NOUVEAU SITE POUR SAFRAN Safran Paris-Saclay est le dernier-né des sites du Groupe. Outre Safran Tech, il accueille aussi les équipes franciliennes de plusieurs sociétés du Groupe (le nacelliste Aircelle et sa filiale SLCA, ainsi que le spécialiste de l’ingénierie Safran Engineering Services). Deux centres de recherche de l’École des mines de Paris dédiés aux matériaux et à l’efficacité énergétique, ainsi que d’autres partenaires de recherche du Groupe s’installeront également sur le site.

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300chercheurs d’ici à 2017.

60 millions d’euros d’investissement.

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Implanté en région parisienne, au cœur du plateau de Saclay, pôle scientifique et technologique de niveau mondial, Safran Tech va

permettre au Groupe d’intensifier et de mutualiser ses efforts de R&T pour préparer les grandes ruptures technologiques que sont notamment l’électrification de l’avion, les nouvelles architectures de propulsion et le développement des technologies de l’information et de communication. « Safran Tech, c’est l’investissement de Safran pour l’avenir de nos métiers, de

notre industrie, de l’Europe de la connaissance, de l’innovation et de la croissance », a déclaré Jean-Paul Herteman lors de l’inauguration.

Un creuset d’innovations À l ’hor izon 2017, que lque 300  collaborateurs y travailleront sur les programmes de recherche du Groupe. Ils seront mobilisés sur trois axes : les systèmes avancés aéronautiques, le numérique – du traitement des données à la simulation – et les matériaux, procédés et capteurs. « Safran Tech est un outil stratégique pour promouvoir la transversalité et susciter l’innovation. C’est une opportunité supplémentaire offerte à nos experts pour orienter et évaluer les travaux de recherche qui se feront de manière plus collaborative. Nous en attendons beaucoup, notamment en termes de fertilisation croisée », explique Stéphane Cueille, directeur de Safran Tech.Un investissement de 60  millions d’euros est prévu. Une partie de cette somme a déjà permis de doter le centre d’équipements de pointe : un laboratoire de caractérisation des matériaux, une plateforme de fabrication directe, un centre de calcul et un banc de simulation. D’autres plateformes de R&T de Safran lui sont rattachées : la direction Matériaux et Procédés

L’inauguration de Safran Tech,le 27 janvier 2015.

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L’ÉCO-CONCEPTION AU CŒUR DES PRODUITS DE SAFRANConcevoir des produits plus respectueux de l’environnement à toutes les étapes de leur cycle de vie : une ambition inscrite au cœur de la démarche de responsabilité sociétale de Safran.

SIMply GREEN : LA « CARTE VERTE » DE MORPHOLa carte SIMply Green développée par Morpho (Safran) ressemble à une carte SIM comme il s’en produit des centaines de millions chaque année dans le monde. À cela près qu’elle est de loin la plus écologique. Composée à 100 % de fibre de bois, elle est en effet biodégradable, compostable et recyclable. Cette « carte verte » est dotée de toutes les performances habituelles d’une carte SIM. Morpho travaille également sur une carte bancaire fabriquée à base de plastique « bio-sourcé », c’est-à-dire issu de végétaux.

DES REVÊTEMENTS MOINS IMPACTANTSIndispensables pour protéger les pièces métalliques de la corrosion, les procédés de traitements de surface se révèlent parfois toxiques pour la santé et l’environnement. Afin de réduire leur impact et en anticipation des nouvelles réglementations, Messier-Bugatti-Dowty (Safran) a étudié le remplacement du cadmium bichromaté au Cr6+, principal revêtement protégeant ses aciers de la corrosion sur trains d’atterrissage, par un revêtement de zinc-nickel, passivé au Cr3+. Après quatre années de développement et de qualification dans les usines de Bidos et de Montréal, cette nouvelle génération de revêtement est actuellement en cours de déploiement industriel.

DES BACTÉRIES POUR DÉGRADER LE PROPERGOLHerakles (Safran) a inauguré en avril 2014 une station de traitement biologique capable d’extraire et d’éliminer par voie biologique, grâce à l’emploi de bactéries, le perchlorate d’ammonium. Ce produit est le principal constituant du propergol, le carburant solide utilisé pour la propulsion des missiles et des lanceurs spatiaux. Le traitement par brûlage utilisé jusque-là générait des émissions atmosphériques. Le nouveau procédé, plus respectueux de l’environnement, permet de rejeter en fin de traitement des effluents aqueux conformes à la réglementation. D’une capacité de 300 tonnes par an, cette installation innovante sera notamment utilisée pour le démantèlement des missiles M45 et M51.

S afran s’est engagé de longue date dans l’amélio-ration des performances environnementales de ses produits, et certaines de

ses innovations dans ce domaine sont très connues. Ainsi, alors que le moteur CFM561 est déjà l’un des plus économes du marché en carburant, son successeur, le LEAP, permettra de réduire la consommation des avions jusqu’à 15 % par rapport aux appa-reils actuels. Autre exemple, Aircelle (Safran) a optimisé la performance acoustique du bloc moteur-nacelle grâce à la technologie du nid d’abeille, contribuant ainsi à absorber le bruit généré. De nombreux efforts moins visibles sont menés dans d’autres étapes du cycle de vie des produits et font partie de la démarche d’éco-conception du Groupe.

Une démarche globale« L’éco-conception consiste à prendre en compte les impacts sur la santé et l’environnement à tous les jalons, depuis la conception jusqu’à la fabrication, l’exploitation, la maintenance, l’entretien et enfin le recyclage et la valorisation », explique Bertrand Fiol, conseiller Toxicologie et risques chimiques au sein de la direction Développement Durable du Groupe. Safran a choisi de se concentrer sur cinq domaines clés pour ses activités : le risque chimique, la consommation énergétique, la raréfaction des ressources naturelles non renouvelables, les rejets atmosphériques et le bruit. Ces axes

UN RÔLE MAJEUR AU SEIN DE CLEAN SKY 2 Fortement impliqué dans le programme de recherche européen Clean Sky (2008-2013) qui visait à rendre le transport aérien plus respectueux de l’environnement, Safran poursuit son engagement dans le second volet de cette initiative, lancé en 2014. Le Groupe mène en particulier des recherches sur l’« open rotor », un concept innovant de moteur à hélices rapides contrarotatives visant à réduire de 25 % la consommation de carburant à l’horizon 2030, ainsi que sur les turbines de l’hélicoptère du futur. Clean Sky 2 doit permettre d’atteindre les objectifs ambitieux fixés par l’ACARE* pour 2050, et notamment celui de la réduction de 75 % des émissions de CO2 par passager-kilomètre générées par le transport aérien.

* Advisory Council for Aviation Research and Innovation in Europe.

de travail font l’objet de nombreuses initiatives en interne (voir ci-contre). Dans les sites de production de Safran, un effort particulier est mené sur la réduction de l’emploi de substances dangereuses. « Dans les usines, la plupart des produits de dégraissage contenant des solvants chlorés ont été remplacés par des solutions lessivielles, beaucoup moins nocives pour l’environnement, souligne Bertrand Fiol. Certaines substances, comme le plomb ou le cadmium, ont été proscrites ou font l’objet de programmes de substitution. » Le recyclage des produits est aussi pris en compte, comme en témoigne la création en 2009 de la société Tarmac Aerosave2, chargée de valoriser les composants des aéronefs en fin de vie par la réutilisation ou le recyclage de pièces.

Un engagement citoyenCes efforts s’inscrivent dans la démarche de responsabilité sociétale de Safran. « En tant qu’entreprise responsable, nous devons être

à la pointe sur les questions environnementales, et ce, à l’égard de toute la société civile, estime Bertrand Fiol. Nous souhaitons apporter notre contribution à la résolution des problématiques du changement climatique, de la raréfaction des ressources naturelles, des nuisances aéroportuaires et de l’impact des substances dangereuses sur l’environnement. » Un nombre croissant de constructeurs intègrent aujourd’hui les problématiques environnementales dans leurs appels d’offres, l’éco-conception tend donc à devenir un enjeu commercial. Face à des objectifs de plus en plus ambitieux, le Groupe mutualise ses efforts avec d’autres acteurs du secteur aéronautique, notamment au sein de programmes nationaux et européens comme Clean Sky 2 (voir ci-dessous). ■

1. Développé et produit par CFM International, société commune 50/50 entre Snecma (Safran) et GE.

2. Créée en partenariat entre Safran, Airbus Group, GDF Suez et Equip’Aéro Services.

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-27 % de consommation de gaz par salarié entre 2008 et 2013 alors que l’activité du Groupe a augmenté.

90 % du poids total des avions démantelés est valorisé par Tarmac Aerosave.

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MAINTENANCEET SERVICES :DE LA VALEUR AJOUTÉE POUR NOS CLIENTSSur ce marché fortement concurrentiel, Safran poursuit sa stratégie de différenciation en proposant à ses clients des services toujours plus innovants.

Le trafic aérien devrait être multiplié par

2,5 entre 2013 et 2033*.* étude de marché Snecma (Safran) 2015.

+ 11,3* % :progression des activités de services pour moteurs civils de Safran en 2014.* en USD.

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H ausse de 11,3 % : tel est le bond réalisé par les activités de services en propulsion aéronautique de Safran en 2014. Ce poste représente désormais

la moitié du chiffre d’affaires des activités de propulsion aéronautique du Groupe. Loin d’être anecdotiques, ces chiffres illustrent la pertinence de l’orientation stratégique de Safran dans ce domaine. Et pour cause : ayant fait de la maintenance l’une des pierres angulaires de sa croissance, le Groupe optimise son offre en permanence et enrichit en parallèle son panel de services. L’enjeu est clair : fidéliser

Expertise technologique, gestion des données, réseau international : Safran multiplie les atouts pour accroître ses parts de marché dans le secteur des services et de la maintenance. Avec toujours le même objectif, apporter de la valeur ajoutée à ses clients.

VISER L’EXCELLENCE STRATÉGIE

le client pour toute la durée de vie du produit. Pour cela, Safran a une carte maîtresse, son statut de concepteur-constructeur. « Nous fabriquons des turboréacteurs depuis plusieurs décennies. Cette expérience unique nous permet d’apporter des conseils pertinents à nos clients sur l’utilisation optimale des moteurs, résume François Planaud, directeur général de la division Services et Rechanges de Snecma (Safran). À la clé, des économies bien sûr, mais aussi l’assurance d’une sécurité totale des passagers. » Une analyse que partage Christian Rossi, chef du département qui conçoit et développe l’offre de services q

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Révision et réparation d’un train

d’atterrissage d’un Challenger 604

de Bombardier sur le site de Toronto

(Canada) de Messier-Bugatti-Dowty (Safran).

Le secteur aéronautique affiche des perspectives prometteuses : la flotte mondiale des avions commerciaux devrait doubler d’ici à 20331 et on estime à ce jour que

la flotte mondiale d’hélicoptères devrait augmenter de 40  % sur les 20 prochaines années2. Conséquence directe  : le marché mondial du MRO (maintenance, repair and overhaul)3 est promis à une belle croissance. À cette hausse du nombre de produits à réparer s’ajoutent l’utilisation de nouveaux matériaux, ainsi que la multiplication des zones géographiques à couvrir. La maintenance est donc en pleine mutation et avec elle, c’est tout le secteur des services qui se transforme. Suivi en temps réel de l’état opérationnel des appareils, anticipation des pannes, préconisations sur la maintenance… : le panel ne cesse de s’élargir pour offrir au client final une valeur ajoutée toujours plus grande.

Servir pour innoverSafran dispose déjà d’une large offre de services notamment grâce à l’utilisation des données d’exploitation des aéronefs récoltées via des capteurs installés sur ses produits embarqués. L’analyse de ces données lui permet de proposer à ses clients des opérations de maintenance dont la planification et l’exécution sont optimisées. Un avantage concurrentiel certain pour être sélectionné afin d’accompagner le client tout au long de la durée de vie des produits. Un cercle vertueux incontournable car, au-delà de la valeur ajoutée directe en termes de performance opérationnelle apportée au client, les revenus générés par la maintenance sont une source importante de financement des projets de recherche et

Conséquence de l’augmentation prévisionnelle du trafic aérien, ainsi que du vieillissement et du renouvellement des flottes, le marché de la maintenance aéronautique poursuit sa croissance. Focus sur un secteur en mutation qui attire toujours plus d’acteurs.

UN RELAIS DE CROISSANCE

MARCHÉ

développement à l’origine de produits futurs toujours plus innovants. « C’est notamment ainsi qu’un moteur comme le LEAP4, doté de performances environnementales et économiques supérieures à celles des moteurs actuels, a pu voir le jour », rappelle Éric Dalbiès, directeur Stratégie de Safran.

La richesse des données De multiples acteurs se pressent aujourd’hui sur le marché des services. En plus des compagnies aériennes, des équipementiers ou des opérateurs, d’autres concurrents spécialisés dans le big data émergent. « S’appuyant sur les données disponibles via la numérisation des systèmes de vol, de grands acteurs mondiaux de l’Internet ou des systèmes d’information pourraient être crédibles pour exploiter des données massives et non structurées d’utilisation de nos produits, détecter des signaux faibles et devenir ainsi des intermédiaires entre nos clients et nous. Or, cet accès est essentiel pour recueillir des retours d’expérience, améliorer notre offre de maintenance, élaborer des produits toujours plus adaptés et in fine sécuriser notre position sur ce marché concurrentiel  », analyse Éric Dalbiès. Safran a mis en œuvre une véritable stratégie de différenciation en créant des services de pointe qui pourraient d’ailleurs permettre aux compagnies aériennes d’optimiser bien plus que leur maintenance (voir article p. 31). ■

1. Étude de marché Snecma (Safran) 2015.2. Étude de marché Turbomeca (Safran) 2014.3. Réparation, rechange de pièces et maintien en condition des équipements sur le tarmac ou dans des ateliers de maintenance.4. Développé et produit par CFM International, société commune 50/50 entre Snecma (Safran) et GE.

La flotte mondiale des avions commerciaux devrait être multipliée par

2 d’ici à 20331.

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Le réseau de Turbomeca compte

16 centres de réparation et

30 centres de MRO.

Centre névralgique de l’atelier de maintenance moteurs de Snecma (Safran) à Querétaro, au Mexique.

de Turbomeca (Safran) : « Être le concepteur de la turbine nous donne une vraie légitimité et nous aide à développer une relation directe avec les opérateurs, fondée sur la satisfaction du client. » C’est cette maîtrise globale des produits et des services associés qui pousse des sociétés comme Héli-Union à confier la maintenance de leurs moteurs à Turbomeca.

Des expertises uniquesLa légitimité de Safran à proposer des opérations de maintenance vient également de son avance technologique. « La maîtrise poussée des nouvelles technologies, des procédés de production, ainsi que des nouveaux matériaux est incontournable pour savoir maintenir nos produits en condition et réparer certains composants », note Michel Brioude, directeur de la division MRO1 de Snecma. Le savoir-faire du Groupe dans le domaine des matériaux composites est par exemple un atout précieux lorsqu’il s’agit de réaliser la maintenance d’une nacelle en composite nid d’abeille. Autre domaine d’expertise de Safran : l’avion « plus électrique ». Les compétences du Groupe s’avéreront décisives lorsque les

avions de dernière génération, comme le Boeing 787 Dreamliner, atteindront le stade de la réparation.

Des services sur-mesureSafran utilise son expertise pour offrir des services spécifiques comme le support à l’heure de vol demandé par plusieurs compagnies aériennes. À travers une offre d’assistance à la carte, ce type d’accord assure à certains clients une fiabilité maximale, des coûts optimisés et une meilleure planification des déposes en ateliers et de la gestion des stocks. Les compétences technologiques du Groupe sont ici essentielles. En effet, Safran étudie la maintenabilité d’une pièce dès sa phase de conception et maîtrise son cycle de vie. « Notre objectif n’est plus seulement de vendre une activité de maintenance ou de réparation mais de fournir au client des solutions toujours plus adaptées pour optimiser la durée de vie d’un équipement, explique Bruno Chiarelli, directeur de la division MRO de Messier-Bugatti-Dowty, la société de Safran spécialisée dans les systèmes d’atterrissage et de freinage aéronautiques. Le client est gagnant car cela améliore la disponibilité des

Comment ont évolué vos relations avec Messier-Bugatti-Dowty (Safran) ? Gilles Néron : Au fil des années, la société est passée d’un statut de fournisseur d’équipements à celui de partenaire de rang 1 en matière de MRO et de services. Nous avons aujourd’hui des contrats de maintenance avec Messier-Bugatti-Dowty qui portent sur 42 appareils de notre flotte, dont les quatre Boeing 787 Dreamliner nouvellement mis en service. Au total, Messier-Bugatti-Dowty effectue environ 5 000 opérations de MRO par an sur nos avions.

Pourquoi avoir choisi d’externaliser l’entretien de vos trains d’atterrissage ?G. N. : Cette décision nous a permis de tisser un lien étroit avec notre fournisseur et de gagner en réactivité. En cas de problème, nous avons un accès direct aux équipes d’ingénieurs de Messier-Bugatti-Dowty. Leur connaissance des produits est un atout crucial notamment pour assurer le suivi des équipements anciens.

Qu’attendez-vous de la part de vos partenaires MRO ?G. N. : Nous souhaitons privilégier les contrats à long terme. Ce sera un élément important dans le futur appel d’offres MRO que nous allons passer pour la maintenance des 80 Boeing 737 MAX que nous avons commandés. Nous sommes aussi demandeurs de services numériques afin d’augmenter la durée de vie des équipements.

« Renforcer le lien avec Messier-Bugatti-Dowty »

GILLES NÉRON, DIRECTEUR DE LA DIVISION BUSINESS DEVELOPMENT & ADMINISTRATION, AIR CANADA

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appareils. » Sur le marché des bizjets, cette question est une priorité absolue. Pour le moteur Silvercrest® développé par Snecma, la maintenance est effectuée “on condition”, c’est-à-dire en fonction de l’état réel du moteur et non selon un plan de dépose fixe. Il est équipé du système ForeVisionTM qui permet de suivre en temps réel ses paramètres et de détecter toute dérive.

Prévenir plutôt que guérirIl ne s’agit donc plus seulement de fournir un matériel en première monte puis des pièces de rechange ; il faut offrir au client la garantie de pouvoir faire voler ses appareils et ainsi de développer ses activités. Comme l’explique Christian Rossi : « partant de la culture d’excellence du produit, nous voulons passer à celle du service élargi en nous appuyant notamment sur la collecte automatique et l’analyse des données d’une turbine en vol pour éviter toute interruption de mission non programmée. » Grâce à ce suivi personnalisé, il est possible d’anticiper les interventions à effectuer sur l’appareil et de les programmer lors d’un entretien déjà planifié. Ce “one stop shop” évite une immobilisation imprévue. La mise en œuvre de solutions capables d’optimiser l’exploitation de ces données est au cœur des préoccupations de Safran (voir page 31).

Un service de proximitéDernière brique indispensable de cette stratégie : un réseau de maintenance mondial, garant d’une relation-client de proximité. Safran accélère son déploiement pour assurer la disponibilité opérationnelle des appareils n’importe où et n’importe quand. Ainsi, Aircelle (Safran) a inauguré en mars dernier

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Opération de maintenance sur un moteur Arrius 1 de Turbomeca (Safran), qui équipe l’hélicoptère Ecureuil AS355 d’Airbus Helicopters.

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et 7J / 7 C’est la disponibilité de Snecma pour fournir des pièces et équipements aux compagnies aériennes.

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Les milliers de données enregistrées en vol par les aéronefs sont un véritable trésor pour les compagnies aériennes. Une fois analysées, elles permettent de

programmer des opérations de maintenance au bon moment et de mieux gérer la disponibilité d’une flotte. À condition bien sûr d’avoir un partenaire capable de s’attaquer à cette masse d’informations. Safran développe cette expertise depuis plus de dix ans. « Le traitement automatisé des données recueillies nous permet de créer des offres de services résolument innovantes », explique David Weic, responsable du Business Development chez Safran. Par exemple, une offre telle que BOOSTTM (voir encadré) a été conçue pour permettre aux clients de Safran d’optimiser la maintenance de leurs turbines. Dans la même dynamique, Sagem (Safran) propose CassiopéeTM qui offre plusieurs services en ligne pour faciliter la gestion des flottes et l’analyse des paramètres de vol des appareils des clients.

Dans le domaine des services, l’analyse des données et des usages des aéronefs est aujourd’hui la source de toutes les attentions car elle permet d’optimiser l’utilisation des produits et d’améliorer la qualité et la pertinence des services proposés. Une révolution numérique dans laquelle Safran est engagé.

LA RÉVOLUTION DU BIG DATA TECHNOLOGIE

son premier site de MRO sur le territoire américain, à Indianapolis. « Nous envisageons désormais de nous installer en Chine où le besoin explose », explique Jean-François Pichon, directeur du réseau MRO d’Aircelle. Même volonté du côté de Messier-Bugatti-Dowty : « À l’avenir, il ne sera plus possible de remporter des marchés de MRO sans être sur place, analyse Bruno Chiarelli. Pour nos clients chinois, la proximité est un gage de confiance essentiel à la poursuite de relations industrielles et commerciales. » De son côté, Snecma construit actuellement sur son site mexicain de Querétaro un atelier de réparation de pièces pour moteurs CFM562 qui s’ajoutera aux 12 pôles d’excellence de réparation du réseau MRO mondial de Snecma. La société offre également à ses clients un support LRU3 en mettant à leur disposition des équipements de CFM56 permettant un remplacement sur piste. Avec plus de 1 000 références de pièces et équipements, cinq centres de stockage à travers le monde et deux hubs logistiques, la société répond aux demandes de pièces et équipements démontables et remplaçables via une assistance 24h/24 et 7j/7. De quoi garantir aux clients un soutien opérationnel maximal. ■

1. Maintenance, repair and overhaul : réparation, rechange de pièces et maintien en condition des équipements sur le tarmac ou dans des ateliers de maintenance.2. Développés et produits par CFM International, société commune 50/50 entre Snecma (Safran) et GE.3. Line replaceable unit (équipements remplaçables en piste).

LE FAB LAB, PÉPINIÈRE DE NOUVEAUX SERVICESLancé en juin 2014, le Fab Lab est l’un des piliers de l’Atelier Innovation Services de Snecma (Safran), créé en 2012 dans le but d’innover dans les services liés aux technologies de l’information. Il accompagne les collaborateurs de Safran qui souhaitent développer un service fondé sur l’exploitation de données numériques. « Nous mettons à leur disposition aussi bien une imprimante 3D et du matériel de prototypage électronique que des Lego ou du carton plume, explique Fabrice Poussière, directeur du Fab Lab. En seulement quelques semaines, l’offre peut être construite et testée. » Le Fab Lab s’appuie sur une équipe de spécialistes comprenant deux designers, un développeur, un ingénieur données et un ingénieur cogniticien. Les inventeurs ont également accès aux données sur les moteurs dont dispose Snecma, ce qui leur permet d’étu-dier de manière réaliste la viabilité du service.

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LA FORMATION, LEVIER DE COMPÉTITIVITÉSafran dispose, tant pour la formation de ses salariés que pour celle de ses clients, de moyens puissants fondés sur l’accumulation de ses savoirs et de ses pratiques, ainsi que sur sa force d’innovation. « Améliorer l’accès à ces moyens à l’extérieur du Groupe et maximiser la création de valeur en résultant est l’objet de la mission “Safran Training Solutions (STS)” confiée à Safran University, explique Patrick Samier, directeur de STS. La formation des utilisateurs a toujours fait partie des services MRO de Safran. Elle va désormais prendre une importance stratégique du fait de deux évolutions majeures du marché : l’arrivée de compagnies clientes moins matures techniquement et l’évolution des modèles d’affaires vers des contrats à l’heure de vol. La formation devient alors un argument de vente différenciant. » Porteuse d’image, la formation incarne les valeurs humaines, techniques et innovatrices du Groupe.

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BOOSTTM DE LA MAINTENANCE CHEZ HÉLI-UNION Spécialisé dans le transport aérien par hélicoptère pour les compagnies pétrolières et gazières, Héli-Union veille en permanence à la disponibilité de ses 36 appareils. Afin d’améliorer l’opérabilité de la flotte de ce client de référence, Turbomeca (Safran), son fournisseur de turbines et de services associés, développe un portail de services en ligne : BOOSTTM. « Cela permet de numériser le livret du moteur et donc de réduire la quantité de saisies que nous devions effectuer auparavant, tout en garantissant un partage de l’information quasi automatique via Internet », souligne Loïc Binard, directeur général adjoint d’Héli-Union. Grâce à BOOSTTM, l’opérateur a en effet accès à des services tels que le livret moteur électronique relié aux publications techniques consultables en ligne. Cette application lui permet d’avoir l’historique du produit et d’échanger plus efficacement avec Turbomeca pour faciliter les opérations de maintenance. « Client de lancement du projet, Héli-Union pourra suivre le fonctionnement des turbines, anticiper ses opérations de MRO et réduire le nombre d’immobilisations imprévues », ajoute Christian Rossi, chef du département qui conçoit et développe l’offre de services de Turbomeca. Le système, testé en octobre dernier sur deux turbines, sera étendu à toute la flotte en 2015.

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32 DOSSIER

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Quels sont les enjeux liés au big data ?Ghislaine Doukhan : Le développement d’Internet, des réseaux de communication et des objets connectés entraîne une génération massive de données, appelée big data. Les entreprises, comme Safran, disposent aussi d’une multitude de données issues de leurs bases de données, des capteurs installés sur leurs produits et de la digitalisation progressive des infrastructures

de production. Leur croisement représente une véritable source de valeur en termes de gains de productivité, d’outil d’aide à la décision et de réduction des risques. Leur analyse prospective permet également de proposer à nos clients des services mieux adaptés à leurs besoins, sources de revenus importants pour le Groupe.

Pourquoi créer Safran Analytics ?G. D. : En déployant

une stratégie big data, nous voulons faire de l’exploitation des données un nouveau levier de performance. Safran Analytics doit coordonner toutes les activités du Groupe dans ce domaine et accompagner les sociétés dans leur transformation digitale. Cette démarche commune va rapidement nous permettre de gagner en efficacité en production et de développer des leviers d’innovation et de différenciation dans l’élaboration de produits et services à haute valeur ajoutée.

Un enjeu aussi organisationnel que technique, donc…G. D. : Effectivement, nous devons gérer les données sur l’intégralité d’un processus et les mettre en relation avec les expertises métiers afin de les analyser et de créer de la valeur. Nous prévoyons donc

de développer des compétences de haut niveau en mathématiques appliquées et en informatique. Ces équipes travailleront avec des méthodologies nouvelles et au plus près des sociétés du Groupe qu’elles accompagneront dans l’élaboration de Proof of Concept1 puis dans l’industrialisation de leur solution.

La puissance d’une entité centrale avec l’agilité d’une start-up, en somme ?G. D. : Oui ! Tout est conçu pour assurer le maximum de fluidité, de modernité et de réactivité. Safran Analytics a été créée pour être un accélérateur dans nos modes d’appropriation du big data et de ses opportunités.

1. Proof of Concept (preuve de concept) : réalisation courte ou incomplète permettant de démontrer la faisabilité d’une idée.

« Le croisement des données représente une véritable source de valeur »

GHISLAINE DOUKHAN, DIRECTRICE DE SAFRAN ANALYTICS

Des services toujours plus innovants« Aujourd’hui, le développement des transmissions sans fil et des capacités d’Internet permettent une avancée décisive car la collecte des informations émises par les aéronefs est bien plus rapide et quasi automatique. C’est une occasion unique de créer de nouveaux services accessibles par le Web sur n’importe quel type de terminal », estime David Weic. La division Safran Analytics créée en janvier 2015 pour coordonner toutes les activités du Groupe dans le domaine du big data a pour objectif de faire de

q l’exploitation des données un nouveau levier de performance (voir encadré ci-dessous). Elle contribuera notamment à des avancées dans le domaine des services. En effet, en développant de nouveaux outils d’analyse des données, Safran Analytics permettra la création de nouveaux services différenciants. Ainsi, les données recueillies pourraient permettre à Safran de donner des conseils pour optimiser la consommation de carburant, réduire les rejets de CO2 durant le vol ou encore modifier la trajectoire pour diminuer les nuisances sonores. Le secteur est donc promis à un bel avenir ! ■

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Capteurs biométriques, protection cryptographique, connexion sécurisée… Morpho (Safran) a rassemblé le meilleur de sa technologie dans MorphoTablet™ qui a déjà séduit plusieurs États et entreprises.

MORPHOTABLET™ : LA TABLETTE SÉCURISÉE DE SAFRAN

 De janvier à mai 2014, l’Égypte a été le premier pays à utiliser MorphoTablet™ à des fins élec-torales. Destinées à contrôler l’identité des électeurs et à éviter

les votes multiples, 2 300 MorphoTablet™ ont été utilisées dans plus de 350 bureaux de vote et dans de nombreuses ambassades. « Les autorités ont salué les qualités et l’efficacité de notre produit qui a non seule­ment sécurisé le processus électoral, mais également permis de réduire les files d’attente, témoigne Walid Ghobrial, directeur général de Morpho en Égypte. C’est aussi un succès médiatique car la participation de Morpho a été très largement reconnue. »

L’identification mobile en toute confianceSpécialiste de la biométrie et de la cryptographie, Morpho contribue depuis des années à la démocratisation de ces technologies. MorphoTablet™ permet aujourd’hui aux administrations et aux entreprises d’identifier les personnes de manière simple et sécurisée. L’appareil s’apparente à une tablette ordinaire… À ceci près qu’il est équipé d’une caméra haute définition et d’un lecteur d’empreintes digitales certifié, qu’il peut lire les cartes à puce avec et sans contact et qu’il dispose de fonctions cryptographiques haut de gamme. Mobilité, polyvalence et sécurité sont donc réunies en une seule plateforme qui offre des services de confiance, quels que soient le secteur d’activité, le moment ou le lieu.

Une tablette au service des citoyens et des entreprises« Les nombreuses fonctionnalités de la tablette permettent d’envisager des usages très variés, à la fois gouvernementaux, policiers et pour les entreprises privées, juge Arnaud Duparc, chef de produit Morpho pour les solutions mobiles. Dans le domaine de la santé, MorphoTablet™ peut garantir la confidentialité du dossier médical . Après authentif ication via empreinte digitale, seuls les soignants habilités pourront s’assurer de l’identité du patient et accéder à ses données personnelles. » Autre exemple, en Amérique latine, une grande banque prévoit d’offrir, grâce à MorphoTablet™, de nouveaux services aux populations éloignées des agences bancaires. Ce terminal novateur pourra également permettre de sécuriser le contrôle d’accès à l’entrée des bâtiments. Des exemples d’opportunités commerciales parmi la centaine identifiée par Morpho dans plus de trente pays. ■

6 millions :nombre de citoyens égyptiens dont le droit de vote a été confirmé grâce à MorphoTablet™ lors des scrutins constitutionnel et présidentiel.

Grâce à sa caméra autofocus cinq mégapixels, MorphoTabletTM

peut être utilisée pour identifier des personnes en situation de mobilité.

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G rande première pour Aircelle : fin 2014, Boeing a retenu le nacelliste de Safran pour fournir les tuyères en titane de son futur 777X. Quelques

mois plus tôt, c’est Airbus qui annonçait avoir confié à Aircelle la réalisation des nacelles de son futur long-courrier, baptisé A330neo (voir encadré ci-dessous). Également présent dans tous les autres segments (avions régionaux, avions d’affaires et moyen-courriers), Aircelle est aujourd’hui le numéro deux mondial des constructeurs de nacelles. Sa récente sélection pour les Falcon 5X et Falcon 8X de Dassault Aviation

conforte sa place de leader sur le marché de l’aviation d’affaires.

Un cahier des charges ambitieuxCe positionnement, Aircelle le doit avant tout à son excellence technique. « La nacelle est un système complexe situé à l’intersection entre le monde du motoriste et celui de l’avionneur, rappelle François Guerzeder, directeur commercial d’Aircelle. Un nacelliste doit être en mesure d’intégrer et d’interfacer ces deux univers d’expertise en tenant compte des objectifs et des contraintes propres à chaque industriel. » Les efforts portent notamment sur l’aérodynamisme, les propriétés acoustiques et la masse de la nacelle, soumise à un environnement sévère (températures élevées, contraintes dimensionnelles…). La conception doit également être optimisée afin de faciliter l’accès au moteur lors des opérations de maintenance.

Être pionnier pour se différencierLa clé du succès, c’est l’innovation. Aircelle a été la première société dans l’histoire de l’aviation à mettre en service, sur les nacelles de l’Airbus A380, un système de commande électrique pour inverseur de poussée, l’ETRAS®1. Les tuyères de ces nacelles bénéficient également du savoir-faire d’Aircelle dans le domaine des matériaux puisqu’elles sont fabriquées en alliage de titane. Leur configuration acoustique contribue au faible niveau sonore de l’appareil. En plus des alliages métalliques, le nacelliste a investi le domaine des matériaux composites. Il utilise ainsi le procédé RTM2 de moulage par transfert de résine pour optimiser la résistance des pièces complexes de ses équipements, comme par exemple des pièces de structure de l’inverseur de poussée de l’A320neo.Enfin, sur le futur C919 de l’avionneur chinois Comac, outre le développement avec Sagem (Safran) de la nouvelle génération de l’ETRAS®, Aircelle, via Nexcelle, a mis au point une nouvelle configuration d’inverseur de poussée baptisée « O-Duct ». Cette innovation permet d’améliorer l’aérodynamique du flux secondaire, de réduire la masse du système propulsif et donc de diminuer sa consommation de carburant. « Ce design

NACELLES :UN FLUX D’INNOVATIONSDes bizjets aux long-courriers sans oublier l’aviation régionale et les monocouloirs, Aircelle (Safran) est l’unique intégrateur de nacelles au monde présent dans tous les segments du marché. Coup de projecteur sur les clés de son succès.

NEXCELLE MISE SUR LE « TOUT­EN­UN »Plus légers et plus aérodynamiques, les systèmes propulsifs intégrés associant le moteur et la nacelle intéressent les avionneurs. Un créneau porteur sur lequel se positionne Nexcelle, co-entreprise d’Aircelle et Middle River Aircraft Systems (GE). La société conçoit notamment la nacelle du moteur LEAP-1C développé par CFM International1 pour le futur monocouloir C919 de l’avionneur chinois Comac. Elle fournira aussi la nacelle du moteur GE PassportTM destiné aux avions d’affaires Bombardier Global 7000 et Global 8000.

1. Société commune 50/50 entre Snecma (Safran) et GE qui développe et produit les moteurs CFM56 et LEAP.

AIRCELLE À BORD DE L’A330neoOfficiellement dévoilé lors du dernier salon de Farnborough, l’Airbus A330neo permettra des économies de carburant de l’ordre de 14 % par siège par rapport à la précédente génération. « Un résultat qui doit beaucoup à son nouveau système propulsif [moteur et nacelle] et à l’extension de l’envergure de la voilure, intégrant l’ajout de winglets1 similaires à ceux de l’A350 XWB », précise Éric Maury, responsable Stratégie achats systèmes de propulsion chez Airbus. Déjà partenaire de l’avionneur sur l’A330, l’A320neo et l’A380, Aircelle a été retenu comme unique nacelliste pour ce programme. « Nous avons choisi Aircelle pour sa capacité à fournir des nacelles de dernière génération tout en respectant notre calendrier de développement très serré, explique Pierre-Laurent Macé, responsable Achats Nacelles Airbus. Autre atout de taille pour nous, Aircelle est capable de livrer des systèmes de nacelle complets avec tous les services d’intégration et de support nécessaires. »

1. Ailettes marginales sensiblement verticales, situées au bout des ailes d’un avion. Elles permettent un gain d’efficacité aérodynamique en réduisant la traînée sans augmenter l’envergure de l’aile.

AIRCELLE EN CHIFFRES

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AVIONS RÉGIONAUXAVIONS D’AFFAIRES

120compagnies aériennes clientes

17 000nacelles en service

100 000 heures de vol par jour

N°2 mondial des constructeurs

de nacelles

innovant permet d’obtenir un inverseur plus léger et un flux d’air mieux maîtrisé », explique François Guerzeder. Autant d’avancées technologiques visant à améliorer sans cesse les performances des ensembles propulsifs et qui promettent à Aircelle de belles perspectives de croissance. ■

1. Electrical thrust reverser actuation system (développé en partenariat avec Hispano-Suiza (Safran) et Honeywell).

2. Resin transfer molding.

MOYEN ET LONG-COURRIERS

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UN PASSEPORT POUR LE CHILIDepuis 2012, Morpho (Safran) est le fournisseur de référence des documents d’identité sécurisés du Chili. Déjà actif dans le secteur de la défense et de la propulsion aéronautique dans ce pays, le Groupe renforce ainsi sa présence au sein de l’Amérique latine.

Morpho a produit plus de

4 800 000 cartes d’identité et

530 000 passeports pour l’État chilien au 30 janvier 2015.

Permettre aux voyageurs étran­gers d’entrer sur le territoire américain sans visa pour un voyage touristique ou d’affaires de 90 jours maximum : tel est l’objectif

du programme d’exemption de visa (Visa Waiver Program) mis en place par les États-Unis en 2008 et dont le Chili bénéficie depuis mars 2014. Cette liberté de mouvement est possible car les citoyens chiliens disposent, grâce à l’expertise de Morpho, de documents d’identité sécurisés satisfaisants aux exigences américaines. En effet, le Chili a choisi Morpho en 2012 pour produire les passeports sécurisés et les cartes d’identité de sa population. Un choix qui lui a permis, deux ans plus tard, d’être le premier pays d’Amérique latine à bénéficier du Visa Waiver Program. « Dotés de la technologie

la plus avancée, ces documents vont changer le quotidien des Chiliens et faciliter la conduite des affaires, estime Richard Schindler, directeur Amérique latine de Morpho. Les nouvelles cartes d’identité faciliteront notamment l’enregistrement auprès des services sociaux et de santé. Près de 5 millions de documents ont déjà été émis et la cadence de fabrication va encore augmenter. »

Sur terre, sur mer…Avec ce contrat, Morpho vient renforcer la présence de Safran au Chili. Plusieurs sociétés sont en effet déjà implantées dans ce pays, considéré par le Groupe comme une zone à fort potentiel. « Avec un taux de croissance de 4,1 % en 2013, le Chili s’impose comme une économie porteuse jouissant d’une importante

stabilité, souligne Olivier Piepsz, directeur Amérique latine de Safran. Un tel environnement a permis l’émergence de champions régionaux comme LATAM, première compagnie aérienne d’Amérique latine ; c’est aussi un levier de développement pour toutes nos activités. » LATAM a d’ailleurs choisi Snecma (Safran) pour équiper ses 70 Airbus A320 de moteurs CFM561 et Messier-Bugatti-Dowty (Safran) pour les roues et freins électriques de ses 32 Boeing 787.Sagem (Safran) gère, quant à elle, un portefeuille diversifié de contrats militaires portant sur la modernisation des périscopes des sous-marins de la marine chilienne et sur la fourniture des boules optroniques2 équipant les hélicoptères

Super Puma de l’armée de terre ; Turbomeca (Safran) assurant la maintenance des turbines Makila 1 de ces appareils. « Nous intervenons aussi pour le soutien technique des moteurs Arriel pour les flottes Dauphin et Écureuil/Fennec, ajoute François Haas, président de Turbomeca do Brasil et coordinateur des activités de cette société en Amérique latine. Nous nous tournons désormais vers le secteur de la maintenance civile en partenariat avec Ecocopter 3. »

… et dans les étoilesSafran est aussi engagé dans une grande aventure scientifique au Chili. Reosc, filiale de Sagem, est sur les rangs pour participer au futur E-ELT (European Extremely Large Telescope), le plus grand télescope optique au monde. Installé au sommet du Cerro Armazones, il devrait produire des images seize fois plus précises que celles diffusées par Hubble. Au cœur du dispositif, un miroir de 39 mètres de diamètre morcelé en 798 petits miroirs hexagonaux. « Nous avons déjà démontré notre savoir­faire en réalisant des prototypes pour l’E­ELT et en assurant le polissage des miroirs du Very Large Telescope, également installé dans la région », souligne Roland Geyl, directeur Business development de Reosc. Une preuve supplémentaire qu’avec le Chili, Safran voit loin ! ■

1. Développés et produits par CFM International, société commune 50/50 entre Snecma (Safran) et GE.2. Offrant un large choix de capteurs, les boules optroniques permettent d’effectuer en toute sécurité des missions d’observation.3. Société chilienne de services.

39 mètres : diamètre du miroir principal du futur télescope européen E-ELT.

120moteurs d’hélicoptères produits par Turbomeca sont en service au Chili.

Reflet de la voie lactée dans le miroir du Very Large

Telescope. Cette pièce de haute

précision a été polie par

Sagem (Safran).

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OPTRONIQUE NOUVELLE GÉNÉRATION POUR LES SOUS­MARINS CHILIENSSuite au tremblement de terre survenu au Chili le 27 février 2010, deux sous-marins de la marine chilienne ont été endommagés et ont dû faire l’objet de réparations. Sagem a alors été sollicité par l’État chilien pour réparer leur périscope d’attaque et leur radar, livrés six ans plus tôt. « Nous avons aujourd’hui terminé la remise en service de ces équipements pour le premier submersible et les essais en mer que nous avons réalisés ont démontré un très haut niveau de performance, précise Gilles Champion, directeur régional pour Sagem. Le deuxième sous-marin a, en revanche, subi des dégâts plus sévères. Nous sommes donc en train d’étudier les différentes solutions possibles afin de proposer la plus adéquate à la marine chilienne. »

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Avec plus de 1 500 exposants lors de sa dernière édition de juin 2014, le salon Eurosatory est devenu un événement majeur en matière de défense et de

sécurité. « À la différence du salon du Bourget où les acteurs de l’aéronautique officialisent leurs derniers contrats, Eurosatory joue la discrétion. Le but pour nous est de présenter nos dernières innovations technologiques pour poser les bases de futurs accords commerciaux », souligne Frédéric Mazzanti, directeur de la division Optronique et défense de Sagem. Autre dominante de ce salon : sa dimension résolument internationale : « Notre présence à Eurosatory revêt de ce point de vue une importance stratégique. Nous souhaitons en effet accélérer notre présence à l’export car le marché français de la défense est de plus en plus contraint par la

En quoi consiste la participation de Sagem au programme MMP ? Jean-Marie Nicklaus : Sagem fournit deux sous-ensembles essentiels au bon fonctionnement de ce missile de combat terrestre portable : l’optronique du poste de tir qui permet de faire l’acquisition de la cible, ainsi que l’autodirecteur et la centrale inertielle du missile, qui assurent le guidage en vol jusqu’à l’objectif.

Quelles sont les particularités de ces technologies ?J.-M. N. : Le MMP est aujourd’hui le seul missile de sa catégorie à utiliser un autodirecteur infrarouge non refroidi. Cela permet une séquence de tir rapide et réversible, contrairement aux systèmes refroidis. Une fois la cible “accrochée”, l’opérateur peut tirer et se mettre rapidement à l’abri. Même si l’objectif n’est pas en vue directe, la centrale de Sagem permet au MMP de réaliser un vol inertiel jusqu’à l’accrochage de la cible.

Quelles sont les perspectives commerciales pour ce produit ?J.-M. N. : Grâce à cette collaboration exemplaire avec Sagem, nous sommes aujourd’hui au plus haut niveau mondial. Destiné à remplacer le système Milan, le programme MMP fait déjà l’objet d’une commande portant sur 400 postes de tir et 2 850 missiles pour la France. D’autres commandes à l’export devraient suivre.

« Le MMP est emblématique de la collaboration MBDA-Sagem »

JEAN­MARIE NICKLAUS, DIRECTEUR DES PROGRAMMES ATTAQUE DE SURFACE, MBDA

MORPHO, EN TOUTE SÉCURITÉÀ l’occasion d’Eurosatory, Morpho (Safran) a présenté au public ses dernières innovations en matière d’identification (et notamment de reconnaissance faciale automatique), ainsi qu’en matière de détection de traces. « Nos systèmes Itemiser® DX et Hardened Mobile Trace®, capables de détecter aussi bien des explosifs que des narcotiques, sont déjà exploités par des services des douanes et de sécurité d’aéroports, rappelle Richard Siegwald, EDS Global Sales Leader chez Morpho. Notre présence sur ce salon nous permet de nous faire connaître de nouveaux publics tels que l’armée ou la police scientifique pour lesquels nous avons d’ores et déjà identifié une réelle demande pour nos solutions. »

situation économique. Il ne suffit plus à assurer le financement des nouvelles technologies dont il a besoin. » Comment, alors, faire la différence dans ce contexte très concurrentiel ? « L’époque des achats “sur étagère” est révolue, note Frédéric Mazzanti. De plus en plus de pays conditionnent la signature d’un contrat à un transfert technologique. Nous avons dû nous adapter à cette nouvelle donne, notamment en ouvrant des sites de production locaux. » Une politique qui porte ses fruits puisque Sagem a signé, lors du salon, un important contrat avec l’Afrique du Sud pour la fourniture de caméras thermiques MATIS, destinées à des véhicules de combat d’infanterie.

Des technologies de pointe combinées...Au-delà de cette stratégie d’implantation, Sagem doit ses succès à son expertise dans le domaine de l’optronique et de la navigation inertielle. « La combinaison de ces deux savoir­faire nous permet de concevoir des produits surprenants, estime Frédéric Mazzanti. C’est le cas du viseur PASEO, présenté lors d’Eurosatory 2014. Il combine un système de vision pano­ramique de très haute performance, de jour comme de nuit, avec un système gyroscopique qui assure la stabilité de l’image, même en mouvement. Un produit unique sur le marché. »Présenté lors du salon sur le statique extérieur, le drone PatrollerTM combine aussi plusieurs technologies de Sagem : l’optronique, avec une

chaîne image multi-capteurs de nouvelle génération, ainsi que l’avionique, qui assure son guidage en toute sécurité au milieu du trafic aérien.

… et des partenariats solides Cette expertise, Sagem la déploie également à travers des partenariats avec d’autres acteurs. Ainsi, la première application concrète de l’accord de partenariat signé avec Valeo en juillet 2013 a été présentée à Eurosatory. Il s’agit d’un réseau de capteurs destiné aux véhicules blindés qui permet de voir distinctement l’environnement proche par tous temps et contribue ainsi à assurer leur protection.Sagem poursuit également sa collaboration avec MBDA. « Officialisée à Eurosatory, notre participation au programme de missile MMP* de MBDA (voir encadré) porte notamment sur le développement et la production de 1 500 autodirecteurs d’ici à 2022. Les enjeux en termes d’activité sont importants d’autant que nous introduisons une technologie de rupture pour un autodirecteur – un capteur infrarouge non refroidi – offrant une très haute performance à coût réduit », précise Hélène Lecœuche, directrice commerciale adjointe de la direction Avionique de Sagem. Preuve qu’en termes de différenciation technologique, Sagem sait garder le cap. ■

* Missile de moyenne portée : nouveau missile de combat terrestre de MBDA.

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EUROSATORY :OPÉRATION RÉUSSIE POUR SAGEMTous les deux ans, le salon Eurosatory accueille à Villepinte, en région parisienne, les principaux acteurs du secteur de la défense et de la sécurité terrestre et aéroterrestre. L’occasion pour Sagem (Safran) de présenter ses dernières technologies en matière d’optronique et de navigation inertielle.

55 770 visiteurs pour l’édition 2014 d’Eurosatory.

172délégations officielles issues

de 88 pays.

Jean-Paul Herteman, président-directeur général de Safran (à droite), et Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, sur le stand Safran.

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Souvent présenté comme un espace à part au sein du Maghreb, le Maroc fait de plus en plus figure de trait d’union entre l’Europe et l’Afrique. Dans le sillage du Printemps arabe, le Royaume chérifien affirme son projet d'évolution sociale et politique à travers des réformes constitutionnelles sans précédent. En termes économiques, la mise en œuvre du Plan d’accélération industrielle, dévoilé en 2014, vise à remodeler le paysage industriel marocain pour faire du pays « un champion industriel et social ». Décryptage de la feuille de route de ce plan avec Moulay Hafid Elalamy, ministre marocain de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Économie numérique.

LE MAROC MISE SUR L’ACCÉLÉRATION INDUSTRIELLE

Safran Magazine : Le Maroc a adopté en juillet 2011 une nouvelle constitution et accélère aujourd’hui son processus de réformes, notamment sur le plan social et politique. Comment est-ce perçu par la société marocaine ?Moulay Hafid Elalamy : La nouvelle constitution a marqué un tournant démocratique dans la vie du Royaume. Elle vise à jeter les bases d’une nouvelle ère politique, économique et sociale. L’objectif poursuivi s’est concrétisé et les faits confirment que notre pays a su mener, dans la stabilité, des réformes importantes et structurantes. Par sa formulation, cette profonde réforme menée grâce à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi répond particulièrement à une demande populaire exprimée et fait écho aux souhaits des acteurs de la société civile et des formations politiques du pays. Et le résultat se mesure aujourd’hui, notamment par la position qu’occupe le Maroc dans son environnement régional et par le parcours exemplaire qu’il a pu réaliser dans un contexte peu favorable.

Au niveau économique, vous avez présenté en avril 2014, un Plan d’accélération industrielle dont le mot d’ordre est « l’écosystème performant ». De quoi s’agit-il ? M. H. E. : Nous avons mis en place un plan ambitieux pour accroître la compétitivité

et la performance du secteur industriel. « L’écosystème performant », qui est au cœur de cette stratégie, est une approche nouvelle dont nous attendons des effets hautement bénéfiques. Concrètement, il s’agit de favoriser la création d’alliances stratégiques entre les grandes entreprises et les PME d’un secteur donné et de les fédérer autour de programmes de coopération ciblés. Ces derniers doivent aboutir à des contrats de long terme et à des transferts technologiques. Les grands groupes ou leaders industriels impliqués auront ainsi un rôle de locomotive pour le tissu productif local. Ils donneront de la perspective et de la visibilité aux petites entreprises qui, pour répondre à la demande de leurs clients, vont devoir accroître leur capacité d’innovation et gagner en dynamisme. Les grands groupes tireront aussi profit de cette collaboration car la proximité des fournisseurs diminuera les coûts de production et ils gagneront en compétitivité et en réactivité. Ce chantier déjà entamé se déploie à une cadence soutenue : l’OCP1 a ouvert la voie en créant trois écosystèmes et la structuration de plusieurs filières en écosystèmes est en cours. C’est notamment le cas de l’électricité, de l’électronique, des énergies renouvelables, de la cimenterie, des poids lourds, de la carrosserie, de la pharmacie et de l’aéronautique. Notre but est de réaliser une déclinaison sectorielle et

INTERVIEW 41

Avril 2015 Safran Magazine Safran Magazine Avril 2015

32,6 millions d’habitants au Maroc.

446 550 km2 :superficie du Maroc.

104,4 milliards : PIB du Maroc en dollars US en 2013.

40 INTERVIEW

RENCONTRE AVEC MOULAY HAFID ELALAMY, MINISTRE MAROCAIN DE

L'INDUSTRIE, DU COMMERCE,

DE L'INVESTISSEMENT ET DE L'ÉCONOMIE

NUMÉRIQUE

1960 Naissance à Marrakech

1995 Crée le Groupe SAHAM,

un opérateur clé des métiers de service

2005 Devient président-directeur général

de CNIA Assurance suite à son acquisition par le Groupe SAHAM

2006-2009 Président

de la Confédération générale des

entreprises du Maroc (patronat marocain)

2013 Nommé ministre de l'Industrie, du Commerce, de

l'Investissement et de l’Économie numérique

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Ces atouts peuvent-ils, selon vous, attirer les investisseurs étrangers au Maroc ? M. H. E. : Notre pays dispose d’atouts incontestés pour attirer les investisseurs étrangers. Aux nombreux avantages intrinsèques du Maroc tels que sa position géographique, sa stabilité politique et ses fondamentaux économiques, s’ajoutent les efforts substantiels déployés par les pouvoirs publics pour améliorer le climat des affaires, développer une offre compétitive et assurer aux investisseurs des conditions favorables au déploiement de leurs activités. Ces efforts ont été largement rétribués. Notre performance a été remarquable en 2013 en termes d’attraction des Investissements directs étrangers (IDE) avec des recettes de 4,6 milliards de dollars3. Ce record historique vient confirmer la tendance haussière des flux nets de 2012. Nous entendons poursuivre cette dynamique à une cadence plus soutenue avec le lancement de la nouvelle stratégie industrielle. Des mesures sont

régionale du chantier. Pour cela, l’État apportera des appuis conséquents et ciblés (mobilisation de foncier, formation, apport financier). En contrepartie, des objectifs précis seront fixés aux entreprises, notamment en termes de création d’emplois, de valeur ajoutée et de capacité d’exportation. L’objectif est d’aboutir, à terme, à des feuilles de route claires par secteur.

Quels secteurs connaissent la plus forte expansion au Maroc ? M. H. E. : L’ensemble des filières industrielles est engagé dans une dynamique de croissance appréciable, quoique contrastée. L’automobile et l’aéronautique, par exemple, se sont particulièrement démarquées ces dernières années. Côté automobile, les performances sont remarquables. Avec un chiffre d’affaires à l’export qui a augmenté de 24 % entre 2012 et 2013, le secteur hisse le Maroc au premier rang des pays exportateurs de véhicules dans la zone MENA2. L’emploi créé a aussi connu une forte progression, passant de plus de 38 500 postes en 2008 à 70 000 en 2012, soit un accroissement de 80 %. L’aéronautique dégage, quant à elle, un fort potentiel de croissance depuis une décennie. Sur la période 2008-2013, ses exportations ont enregistré une hausse annuelle moyenne de 19 %. 11 000 salariés hautement qualifiés travaillent aujourd’hui dans ce secteur et de véritables centres d’excellence dans des métiers à forte valeur ajoutée ont été créés (production, services, maintenance, ingénierie, etc.).

Quel est l’impact d’un tel développement ? M. H. E. : Cette expansion formidable s’est traduite par l’implantation au Maroc de groupes étrangers de renoms tels que Safran, Airbus Group, Boeing et Bombardier. À ce titre, je tiens à saluer Safran pour la confiance qu’il témoigne à l’égard du Maroc et pour les efforts qu’il déploie afin de renforcer la dynamique de la filière aéronautique en s’inscrivant dans la politique gouvernementale pour la promotion de ce secteur. Safran constitue en effet, avec ses huit entités présentes au Maroc, un partenaire industriel de premier plan pour les entreprises et les universités et s’inscrit donc dans un modèle d’écosystème durable. Outre l’aéronautique et l’automobile, nous entendons favoriser un développement harmonisé de tous les secteurs, moyennant un package de mesures ambitieuses qui permettront à toutes les filières industrielles de jouer pleinement leur rôle de créateurs d’emplois et de richesses, et donc de moteurs de la croissance.

Avril 2015 Safran Magazine Safran Magazine Avril 2015

En quoi le Maroc est-il un pays stratégique pour Safran ? Hamid Benbrahim El Andaloussi : Ancré au Maroc depuis quinze ans, Safran a développé un très fort partenariat avec ce pays qui est aujourd’hui une base importante en matière de production et de services. Notre implantation initiale se justifiait par la proximité des clients et le développement du marché de la maintenance dans la région. Le premier centre de maintenance de Snecma (Safran) a été une réussite, favorisant ainsi l’implantation d’autres sociétés du Groupe. Avec la création récente de Safran Maroc, nous comptons désormais 8 entités et 3 300 collaborateurs et poursuivons notre développement notamment avec le protocole d’accord sur la R&T signé en juin dernier.

De quoi s’agit-il exactement ? H. B. E. A. : Cet accord impliquant l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques et quatre universités marocaines complète le partenariat avec l’Institut des métiers de l’aéronautique sur la formation professionnelle. Il vise à enrichir l’enseignement supérieur du pays en créant des voies doctorantes de haut niveau dans le domaine aéronautique, tout en répondant aux besoins de Safran en R&T et en ressources qualifiées. Les premières thématiques de recherche ont déjà été identifiées : matériaux composites et procédés de fabrication associés, mécanique, génie mathématique et systèmes embarqués. Quel rôle cet accord va-t-il jouer dans le développement industriel du pays ? H. B. E. A. : Il répond à deux préoccupations des responsables politiques marocains : ouvrir le monde universitaire sur l’industrie et accompagner la mise en œuvre du Plan d’accélération industrielle en favorisant la création d’écosystèmes performants. Ce partenariat avec Safran permettra à l’industrie aéronautique du pays de gagner en valeur ajoutée et pourra également créer des émules chez d'autres acteurs industriels à la recherche d’une plateforme d’échanges compétitive entre l’Europe et l’Afrique.

HAMID BENBRAHIM EL-ANDALOUSSI, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL, SAFRAN MAROC

INTERVIEW 4342 INTERVIEW

prévues pour ériger notre pays en plateforme régionale d’investissement, de production et d’échanges. Qu’il s’agisse de disponibilité de foncier industriel, de formation d’une main-d’œuvre qualifiée ou d’appuis financiers aux investisseurs, toutes les dispositions sont prises pour améliorer l’attractivité du pays.Les actions entreprises dans le cadre du Plan d’accélération industrielle portent déjà leurs fruits puisque durant les premiers mois de déploiement de la nouvelle stratégie, des leaders mondiaux ont officialisé leur implantation au Maroc (Eaton, Aérolia, Alcoa et Shandong Shangang Group). Ce sont des premiers pas qui augurent un avenir prometteur pour l’industrie marocaine. ■

1. Office chérifien des phosphates.2. Middle East and North Africa (Moyen-Orient et Afrique du Nord).3. 1 MAD (dirham marocain) = 0,09 EUR (euro) =

0,1 USD (dollar américain).4. Développés et produits par CFM International, société commune

50/50 entre Snecma (Safran) et GE.

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Le site de Casablanca

d'Aircelle (Safran)

est dédié à l’assemblage

de composants de nacelles.

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Maintenance de moteurs CFM564 sur le site de Snecma Morocco Engine Services (Safran) à Casablanca.

11 000 personnes travaillent dans le secteur de l'aéronautique au Maroc dont plus de 3 000 chez Safran.

Jean-Paul Herteman, président-directeur

général de Safran, Moulay Hafid Elalamy,

ministre marocain de l’Industrie, du

Commerce, de l’Investissement

et de l’Économie numérique, Alain

Sauret, président de Labinal Power Systems

et Hamid Benbrahim El-Andaloussi, délégué

général de Safran au Maroc visitent l’usine

de Labinal Power Systems Maroc à

l’occasion des 10 ans du site, célébrés en

février dernier.

Morpho (Safran) produit les permis de conduire et les cartes grises électroniques marocains.

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