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S1 La socialisation
Le plan du chapitre
I La socialisation de l’enfant
A Quelques éléments de base du processus de socialisation
B La socialisation de l’enfant est-elle un conditionnement ?
C La socialisation différenciée
II De la socialisation de l’enfant à celle des adultes, rupture ou
continuité ?
A La socialisation secondaire
B Socialisation secondaire et cycle de vie : l’analyse des différents sous-mondes
Sensibilisation : la transformation d’un « être social » en
un « être brut »
Quels sont les éléments matériels de la photos qu’il faut retirer pour changer des
étudiantes en êtres sans influence du monde dans lequel elle vivent ?
Même question avec des éléments immatériels.
(culture, habitudes comme croiser les jambes, les façons de faire (de se nourrir ou
de regarder par exemple)
Un être socialisé est un individu qui a acquis plus ou moins consciemment les
« clés » pour évoluer dans la société dans laquelle il est.
I La socialisation de l’enfant
A Quelques éléments de base sur le processus de socialisation
On dit que la socialisation est un processus car elle démarre à la
naissance, elle est continue, et elle ne s’arrête jamais.
Puisque la socialisation est continue, nous pouvons choisir, en théorie,
n’importe quel moment de la vie et analyser les valeurs, les normes et
les rôles sociaux.
Rôles Normes Valeurs
Exercice
Pour les 4 situations de la vie courante, recherchez (dans l’ordre) les
rôles, les valeurs à respecter et puis les normes de comportement.
Situation 1 : Une classe de lycée
Situation 2 : Un repas de famille à la maison
Situation 3 : Un match de foot entre amis
Situation 4 : Le réveillon de nouvel an
Finalement, une valeur est…..
Une norme est….
Les…………………… découlent des……………………….
La socialisation, en fin de compte est le processus d’acquisition
des………………..
Comme nous l’avions vu, la socialisation est un processus, c’est-à-dire
qu’elle dure dans le temps. Depuis P. BERGER et T. Luckmann en 1966
et leur livre « La construction sociale de la réalité », la plupart des
sociologues ont pris l’habitude de distinguer la socialisation primaire de
la socialisation secondaire.
Peter Berger, 1929-… Thomas Luckmann, 1927-…
Age d’un
individu
0
Socialisation primaire
Socialisation secondaire
La socialisation primaire est généralement celle de l’enfance et de
l’adolescence alors que la socialisation secondaire correspond à celle de
l’âge adulte. Le passage entre les deux est cependant variable selon les
individus (durée des études) et est plus ou moins long. Certains
sociologues voient même l’adolescence comme le moment où les deux
socialisations coexistent.
Nous verrons dans une section ultérieure plus précisément ce qui marque
le passage entre la socialisation primaire et secondaire selon ces deux
auteurs
Les agents de socialisation correspondent aux individus ou aux groupes
qui participent à la socialisation d’une personne. La socialisation de
l’enfant est particulièrement importante dans la construction sociale de
son identité.
Qui socialise traditionnellement l’enfant ?
•La famille
•L’école
•Les groupes de pairs
Quel agent de socialisation a émergé depuis une vingtaine d’années ?
Les médias (télévision, internet,…).
Les agents de socialisation exercent-ils leur action de façon
contradictoire sur les enfants ?
NON MAIS
En définitive, les agents de socialisation, n’ayant naturellement pas
exactement les mêmes systèmes de valeurs et de normes peuvent avoir une
influence contradictoire sur l’enfant, ce qui le construit psychologiquement
et socialement et le complexifie.
- L’école et la famille partagent
de nombreuses valeurs
communes (réussite, travail,
partage, autorité…)
- Programmes culturels des
médias
- Associations qui ont une
influence positive sur l’enfant
- La famille peut parfois inculquer une
culture contradictoire avec celle de
l’école (religieuse, politique,…)
- Certains programmes des médias
défont la socialisation familiale et
scolaire (argent facile, célébrité facile,
exubérance,…).
- Influence néfaste de certains groupes
de pairs
B La socialisation de l’enfant est-elle un conditionnement ?
La question centrale est ici de se demander si l’individu est passif ou actif
dans le processus de socialisation.
La socialisation primaire peut-être vue comme une inculcation qui
conditionne les individus pour qu’ils s’intègrent à une société. Dans ce cas,
ils ne sont que passifs dans leur propre socialisation et sont conditionnés.
L’autre vision de la socialisation primaire est la suivante : les individus, en
étant en interaction forment, déforment et reforment les normes et les
valeurs qui font la socialisation. Ils deviennent ainsi aussi actifs que passifs
dans la socialisation.
La réalité de la socialisation est une synthèse de ces deux points de vue.
La socialisation comme inculcation
Si la famille peut bien et peut seule éveiller et consolider les sentiments domestiques
nécessaires à la morale et même, plus généralement, ceux qui sont à la base de relations
privées les plus simples, elle n’est pas constituée de manière à pouvoir former l’enfant à la
vie sociale. (…) Chaque société considérée à un moment déterminé de son développement,
a un système d’éducation qui s’impose aux individus avec une force généralement
irrésistible. Il est vain de croire que nous pouvons élever nos enfants comme nous le
voulons. Il y a des coutumes auxquelles nous sommes tenus de nous conformer ; si nous y
dérogeons trop gravement, elles se vengent sur nous
Emile Durkheim, De la division du travail social (1893)
Questions :
•Quel est l’agent de socialisation déterminant pour Durkheim ? Pourquoi ?
•Adopte-t-il un point de vue holiste ou individualiste ?
•L’enfant est-il un acteur de sa socialisation ?
•Comment peut-on imaginer l’évolution des normes et des valeurs selon
Durkheim ?
Pour Durkheim, qui analyse les problèmes sociaux en partant de la société
dans son ensemble et des contraintes qu’elle impose aux individus, l’école
est le seul agent de socialisation capable de réellement inculquer les valeurs
et les normes sociales qui permettront à l’enfant de devenir un acteur
social. Le poids des traditions et de la culture s’impose tellement aux
individus qu’ils n’ont aucune prise sur celles-ci.
Les enfants sont donc passifs de leur socialisation et sont conditionnés.
Cette analyse ne signifie pas qu’il y ait une absence d’intelligence chez les
enfants pour Durkheim, mais plutôt que les forces sociales sont trop fortes
pour pouvoir s’y opposer sans en subir des dommages (punition, prison,
exclusion…).
Pour cet auteur, enfin, l’école est le garant des valeurs et des normes en
vigueur dans une société, qui se reste quasiment la même d’une génération
sur l’autre. Les sociologues parlent de reproduction sociale alors.
La socialisation comme conséquence des interactions sociales
Georges Herbert MEAD
(1863-1931)
L’analyse de la socialisation par G.
H. MEAD est psycho-sociale. Il
cherche à montrer dans « L’esprit,
le soi et la société » les diverses
interactions qui permettent la
construction sociale d’un individu.
L’œuvre est parue en 1934 à titre
posthume.
La socialisation est la construction sociale du « soi ». Elle est réflexive,
c’est-à-dire que l’enfant réfléchit et est actif de sa socialisation. C’est
donc le point de vue inverse que celui développé par Durkheim.
L’enfant se construit et se socialise par référence à ses agents socialisateurs
successifs.
Famille
Ecole
Amis
Médias
L’enfant commence sa socialisation en référence au 1er agent de socialisation
auquel il est confronté : la famille. Mead l’appelle « l’autrui significatif ».
C’est le temps des 1ers interdits et des premières normes sociales intériorisés
par l’enfant :
-La propreté
-Le langage
-Eviter les comportements dangereux (comme par exemple ne pas mettre la
main sur la cuisinière…)
-…
L’enfant associe donc, par réflexion qui finissent par devenir des réflexes
chaque action qu’il entreprend à une sanction ou à une récompense et se
construit socialement.
L’enfant va aussi chercher à imiter l’autrui significatif par le jeu notamment.
Il reproduit les normes et comportements familiaux.
Ensuite, il va peu à peu comprendre que le monde ne se limite pas à cet
autrui significatif : il va s’identifier à « l’autrui généralisé » (l’ensemble des
agents avec lesquels il est en interaction), en adoptant des règles nouvelles,
des valeurs nouvelles et des rôles nouveaux.
Mead enrichie son analyse sociologique avec une étude psychologique de la
socialisation.
En effet, la socialisation peut-être vue comme le résultat d’interactions
sociales (avec l’autrui significatif et généralisé) qui débouchent sur
l’acquisition de toujours de normes et valeurs, comprises ici comme des
contraintes pour l’enfant. En société, il ne peut pas se comporter comme il
le désirerait.
Le « je » (ce que l’enfant voudrait faire et être) est en tension avec le « moi »
(ce que l’enfant doit-être et faire en société).
Questions :
•Montrez en quoi l’analyse de G. H. Mead est interactionniste.
•Peut-on en conclure que l’enfant n’est pas influencé par le milieu social
dans lequel il vit ?
•Expliquez pourquoi Mead définit la socialisation comme « la construction
sociale du « soi » ».
Synthèse du IB (question type bac niveau 1ère)
Quel est le rôle de l’enfant dans sa propre socialisation primaire ?
La question n’a pas une unique réponse, elle constitue donc un problème
qu’il faut résoudre.
Pour répondre à cette question, adoptez une démarche méthodologique qui
consiste à séparer les éléments de réponses en plusieurs parties.
C La socialisation différenciée
La socialisation s’impose à tous, mais va revêtir une forme différente selon
le sexe de l’enfant. On parle alors de socialisation différenciée ou
différentielle pour exprimer ces différences.
Puisque chaque individu est unique, la socialisation est automatiquement
différenciée. Le sociologue s’intéresse par exemple à la socialisation
différenciée :
-Selon le genre
-Selon le milieu social
-Selon l’âge
Nous verrons ces trois éléments dans la suite du chapitre.
Dans « Trois sociétés primitives de Nouvelle-Guinée » (1935), Margaret Mead analyse, à
partir de ses observations de terrain, les différences de caractère entre hommes et
femmes. Chez les Arapeshs, l'ordre social s'organise en fonction de l'attention portée aux
enfants, et la douceur, l'altruisme, la délicatesse sont des valeurs partagées par les deux
sexes. Chez les Mundugumors, l'agressivité et l'individualisme sont de mise : les
hommes pratiquent l'anthropophagie, se livrent des guerres meurtrières, et tout dans
l'univers des deux sexes n'est que méfiance, violence et affrontement. Dans la tribu des
Chambulis enfin, les différences de sexe semblent plus marquées : les hommes y sont
avant tout des artistes, occupés à plaire aux femmes... car celles-ci possèdent le pouvoir
économique. De ces trois études, Mead conclut que les différences entre les sexes sont
culturelles et qu'il n'y a pas de « nature féminine ». Ainsi, les rôles sexuels occidentaux
(mâle dominant et femme soumise) ne sont qu'une variante parmi une infinité de
possibles.
Sciences humaines Hors-série N° 42 - Septembre-octobre-novembre 2003 - La Bibliothèque idéale
des Sciences Humaines.
1) La socialisation différenciée selon le genre
Questions :
•Quelles sont les caractéristiques des
3 sociétés décrites par M. Mead ?
Comparez avec les sociétés dans
lesquelles nous vivons.
•Pourquoi les comportements selon
le genre n’ont alors rien de naturel ?
Margaret Mead (1901-1978)
Le rôle de la famille dans la socialisation différenciée selon le genre
Un jeu sérieux proposé sur le site « d’amineco » par Isabelle Gautier
Envoie de plusieurs élèves au tableau :
1) Doit chercher les propositions qui se conforment aux attitudes des
parents. Analyse.
2) Doit inverser les rôles filles-garçons. Analyse.
Que constate-t-on en fin de compte ?
Les parents ont des comportements différents face à un garçon et une fille
dès la naissance. Par exemple, les parents n’interprèteraient pas de la
même manière les pleurs de leur enfant selon le sexe : cela se perçoit dans
le vocabulaire utilisé : « fait une colère », « est énervé(e) » « est
fatigué(e)», « est triste », « a un chagrin », « fait un caprice ».
En outre, l’environnement social choisi par les parents pour les enfants (la
chambre) va être marqué par une couleur différente (bleu et rose) et des
jouets différents.
Une chambre stéréotypée de petite fille
Décrire par 3 mots cette chambre.
Une chambre stéréotypée de petit garçon
Décrire par 3 mots cette chambre.
L’évolution des couleur attribué à chaque genre
Cendrillon de Disney (1950)
La belle au bois dormant (1957)
Blanche Neige et les 7 nains
(1937)
Que remarque-t-on ?
Quant au rose, ce n’est qu’à partir des
années 1960 et l’avènement de la
poupée Barbie rose princesse que cette
couleur se féminise.
Le rose était considéré comme un
rouge pastel pendant très longtemps et
est une couleur très masculine. Il
représente la virilité, le pouvoir, mais
aussi le sang et la couleur des organes
lors des batailles et guerres.
Louis XIV, le roi soleil
Des familles à l’école…
Les clichés sexistes sont présents dès le CP
(extrait du JT de France 2)
Questions :
Comment peut-on expliquer la reproduction des stéréotypes liés au
genre ?
Quelles conséquences cela peut-il avoir sur les enfants ?
Les choix d’orientation en 2nde selon le genre
Parmi les 3 bac généraux,
lequel est privilégié par les
bons élèves ? Est-ce une
filière plutôt masculine ou
féminine ?
Quelle filière est plutôt
féminine ?
Comparez les choix
d’orientation selon le genre
pour les élèves en
difficultés.
Expliquez le comportement des enseignants décrit dans le texte
Les profs sont-ils volontairement « sexistes » ?
L’exemple du sport : Vidéo Billy Elliot
1) Décrivez la situation dans
l’extrait vidéo
2) Comment réagit le père de
Billy ? Pourquoi ?
3) Montrez que dans les
pratiques (sportives ou non),
une socialisation différenciée
est à l’œuvre.
L’influence des médias
Questions :
- Quels agents de socialisation
influencent les enfants?
- Comment ?
- Cela favorise-t-il plutôt le
changement social ou la reproduction
sociale ?
Et en bout de chaîne, la socialisation influencent les rôles familiaux…
A gauche, une affiche de propagande des années 1940, montrant une
ouvrière américaine, visant à remonter le moral des travailleurs et reprise
dans les années 1980 pour la cause féministe et l’égalité homme-femme. A
droite, une caricature de l’ouvrière.
Expliquez la caricature, et montrez que la socialisation primaire a de fortes
retombées sur les stéréotypes relatifs aux rôles familiaux.
Synthèse de la socialisation selon le genre
Comment peut-on expliquer-t-ils la socialisation différenciée selon le
genre ?
2) La socialisation différenciée selon le milieu social
Les activités culturelles pratiquées durant l’enfance (8-12ans) en %
PCS du père Lecture de livres Cinéma
Visite de musée,
exposition ou
monument
historique
Cadre ou profession
libérale 81 54 52
Ouvrier 59 31 11
Ensemble 64 36 21
D’après, « Transmissions familiales » INSEE, 2000.
Les normes et valeurs inculqués dépend aussi fortement du milieu social
de l’enfant. On peut tout d’abord s’intéresser à quelques pratiques
culturelles selon le milieu social pour montrer une inégale transmission
de savoirs culturels entre enfants.
Analyse ; Comment peut-on l’expliquer ?
L’importance du capital culturel dans la socialisation
Pierre Bourdieu (1930-2002)
Extrait du documentaire : « La sociologie
est un sport de combat » (2001) (passage
à la radio)
-Qu’est-ce que le capital culturel ?
-Qu’est-ce que le capital économique ?
-Pourquoi le capital culturel est-il un
capital essentiel pour l’enfant ?
La transmission du capital culturel dans les familles de la bourgeoisie
française
Extraits du documentaire : « Baisemains et mocassins » (2005)
Questions : Qu’est-ce qu’un rallye, comment fonctionne-t-il ? A quoi
sert-il ? Quels sont les conséquences sociales ?
II De la socialisation de l’enfant à celle
des adultes, rupture ou continuité ?
A La socialisation secondaire
Peter Berger, 1929-… Thomas Luckmann, 1927-…
Nous avions vu que nous devions la distinction entre socialisation primaire
et secondaire à P. Berger & T. Luckmann (1966) – La construction sociale
de la réalité.
Ils reprennent l’analyse interactionniste de G. H. Mead en l’enrichissant :
« L’enfant absorbe le monde social dans lequel il vit non pas comme un
univers possible parmi d’autres mais comme le monde tout court ».
L’enfant construit et appréhende son monde comme la seule réalité
possible. Ce qui caractérise donc la socialisation primaire, c’est la croyance
de l’enfant que le monde où il est le centre est le seul qui existe.
Cependant, pour B & L, « La socialisation n’est jamais vraiment finie, ni
jamais réussie »
A la socialisation primaire se succède une socialisation secondaire tout
aussi importante :
« Une des caractéristiques de nos contextes contemporains est la diversité
et le pluralisme des réalités : les institutions ont tendance à se spécialiser,
la division du travail augmente, les acteurs occupent au sein de chaque
institution des rôles sociaux différenciés. ».
L’individu prend donc conscience de la pluralité des sous-mondes. La
socialisation secondaire peut donc être diverse et variée, en continuité
directe avec la socialisation primaire, comme en rupture totale.
La socialisation primaire se caractérise par la prédominance du coté
affectif et émotionnel alors que la socialisation secondaire est plus marqué
par la rationalité des actions sociales. Le mariage amoureux peut alors être
analysé comme un sous-monde de socialisation primaire pendant la
socialisation secondaire.
Monde de la
socialisation
primaire
(famille, école)
De la socialisation primaire à la socialisation secondaire
Etudes
Travail
Socialisation
politique
Sport
Sous-monde
Sous-monde
Sous-monde
Sous-monde
Ce n’est pas l’existence de sous-mondes
qui permet à l’individu de passer dans sa
socialisation secondaire, mais la prise de
conscience de l’existence de ceux-ci.
Famille
Un passage entre rupture et continuité :
Cesare Maldini, joueur de l’AC
Milan entre 1954 et 1966
Paolo Maldini, joueur de l’AC
Milan entre 1985 et 2009
Christian Maldini, joueur
des U19 de l’AC Milan
Ces photos montrent-t-elles plutôt une socialisation primaire et
secondaire en rupture ou continue ? Expliquez.
D’autres exemples de « dynasties » :
En sport :
-Yannick Noah et Joakim Noah
-Zinédine Zidane et Enzo Zidane
Au cinéma, en musique ou à la TV :
-Serge Gainsbourg (Jane Birkin) et Charlotte Gainsbourg
-Jacques Higelain et ses enfants Arthur H. et Izia.
-Jean Pierre Cassel et Vincent Cassel
-Simone Signoret (Yves Montant), son fils Jean Pierre Castaldi et son petit fils
Benjamin Castaldi
-Will Smith et ses enfants Jaden Smith et Willow Smith
En politique :
-Jean Marie Le Pen et Marine Le Pen
-Jacques Delors et Martine Aubry
-les-enfants-d-hommes-politiques-s-engagent-dans-les-elections-regionales
Questions :
•La vocation des protagonistes est-elle plutôt due au talent ou à la
socialisation primaire ?
•N’ont-ils pour autant pas le talent nécessaire à ces métiers ?
Les dynasties royales, les fils de notaires qui le deviennent à leur tour, et
les enfants de chef d’entreprises qui reprennent l’affaire, ainsi que tous les
exemples précédents montrent qu’il y a un lien direct et évident entre la
socialisation primaire et secondaire.
Mais si la socialisation primaire influence les trajectoires de vie, ce n’est
systématique. La société française évolue plus vite que ses élites.
Dans cette extrait, la jeune femme va au Japon
travailler, elle sera confronter à une culture
totalement différente, ce qui signifie donc que les
normes et valeurs sont en rupture avec les siennes :
•La façon de saluer
•De parler
•De travailler (ne pas poser de questions par
exemple)
•Le rapport à l’autorité
•….
Très souvent, la socialisation primaire et secondaire
sont en ruptures dans nos sociétés contemporaines
car on ne suit pas la même trajectoire de vie que nos
parents par exemple. Cela signifie aussi que nos
normes et nos valeurs évoluent avec le temps.
Extrait du film « Stupeur et tremblements » (2002)
La socialisation peut alors être continue (mêmes valeurs, mêmes normes et
mêmes rôles), ou alors en rupture (bien que dans la réalité, elle soit un peu
des deux à la fois).
Monde de la
socialisation
primaire
Monde de la
socialisation
primaire
Sous-monde
Socialisation
secondaire Sous-monde
Socialisation
secondaire
Dans le cas de la socialisation secondaire en
rupture partielle ou totale par rapport à la
socialisation primaire, une des questions
importantes que l’on peut se poser est celle de
l’anticipation ou non de la rupture.
Si l’individu anticipe sa futur vie (par exemple
lorsque l’on rêve de devenir une star de la
chanson) et va tout mettre en œuvre pour y
arriver (prendre des cours, chanter en public,
former un groupe,…).
R. K. Merton (1957) puis l’ensemble des
sociologues vont alors parler alors de socialisation
anticipatrice pour expliquer ce phénomène.
Robert King Merton (1910-
2003)
Monde de la
socialisation
primaire
(famille)
Sous-monde
Socialisation
secondaire
(amis)
Lors de sa socialisation primaire,
l’individu peut, pour réconcilier en
partie son « je » et son « moi »
adopter des normes et des valeurs
des groupes sociaux auxquels il
voudrait appartenir dans le futur et
qui lui servent dès à présent de
référence.
Montrez que l’exemple des jeunes
qui commencent à fumer pendant
l’adolescence peut-être vu comme
une forme de socialisation
anticipatrice.
Je : ce que l’individu voudrait être
Moi : Ce que l’individu doit être en société Analyse de G. H. Mead
Pourquoi la socialisation anticipatrice peut-elle dysfonctionner ?
•Pas de mobilité sociale (comme en Inde par exemple)
•Rejet affectif ou rationnel du groupe de référence
•Déception lors de la découverte du nouveau sous-monde social et
préférence de l’ancien sous-monde (par exemple des étudiants qui
reviennent chez leurs parents)
B Socialisation secondaire et cycle de vie : l’analyse des
différents sous-mondes
Le cycle de vie d’un individu correspond à toutes les étapes et passages de
sa vie.
L’adolescence, le mariage, le passage dans la vie active, la retraite sont alors
autant d’étapes dans le cycle de vie d’un individu.
Nous analyserons plus en détail la socialisation conjugale et professionnelle.
Nous montrerons que la socialisation est fait d’une succession de phases de
transition qui restructurent sans cesse celle-ci.
a) La socialisation professionnelle
« La fabrication d’un médecin » (Hugues,
« Men and their work », 1955).
Le « Modèle » de la socialisation
professionnelle est conçu à la fois comme une
initiation à la « culture professionnelle » (ici
médicale) et comme une conversion, au sens
religieux, de l'individu à une nouvelle
conception de soi et du monde, bref à une
nouvelle identité.
Everett Hugues (1897-1983)
Pour l’auteur, l’identité professionnelle dépend de 4 caractéristiques :
-Les tâches et compétences du métier
-L’identification au rôle
-L’anticipation de la carrière
-L’image de soi
La socialisation professionnelle restructure l’identité des individus et est
marqué par 3 étapes qui peuvent faire aboutir ou non cette socialisation
(démission ou carrière) :
i) « Le passage à travers le miroir » : L’individu découvre son métier plus ou
moins brutalement et identifie l’écart qui peut exister entre ce qu’il avait
idéalisé de celui-ci et la réalité.
ii) « L’installation dans la dualité » : L’individu cherche à réduire au
maximum la distance entre le modèle idéalisé et la réalité du métier,
notamment dans les tâches à effectuer. L’individu cherche donc d’abord à
changer la réalité de son métier (avec plus ou moins de succès).
iii) « L’ajustement de la conception de
soi » : L’individu va, enfin, ajuster sa
conception idéale de sorte à ce qu’elle
corresponde à la réalité du métier.
Hugues analysait la socialisation des
jeunes médecins, faisons de même avec
un autre métier : la restauration
Montrez que la socialisation des jeunes
cuisiniers peut suivre ces 3 étapes.
Dans quels cas la socialisation
professionnelle peut échouer ?
b) La socialisation conjugale
La fondation d’une famille est aussi un moment de transformation dans la
socialisation.
La vie en couple [...] se traduit pour les deux conjoints [...] par l'intériorisation d'un [...]
univers partagé de référence et d'action. Une illustration en est donnée avec le nettoyage
amical qui peut affecter le réseau de sociabilité de l'un des conjoints, certains amis étant
perdus de vue suite au mariage, ce qui ne tient ni à une décision délibérée de l'un des
conjoints, ni à un travail de sape de l'autre, mais bien à un processus de socialisation
conjugale qui redéfinit de manière invisible le rapport au monde, les "bons" et les
"mauvais" amis. La force du processus à l'œuvre le rapproche donc de la socialisation
primaire, mais sa structure est cependant différente. Tout d'abord, l'individu y est davantage
actif et collabore à la définition des contenus de la socialisation. Pourtant très peu conscient
de l'existence même de cette socialisation conjugale, alors qu'un enfant se sent et se fait
formé par ses parents.
Source : M. Darmon, La socialisation, La découverte, 2010
Montrez que la socialisation conjugale et familiale est une nouvelle forme
de restructuration des identités des individus.
La rencontre de deux univers, de deux socialisations différentes fonctionne
dans certains cas et parfois non. Dans le 1er cas les effets vont être
nombreux :
•Redéfinition des valeurs (par exemple le sérieux, l’entraide,…)
•Redéfinition des normes (partage des tâches domestiques, sorties
communes,…)
•Redéfinition des relations sociales (« bons » et « mauvais » amis,…)
•Redéfinition des rôles (père, mère…)
En utilisant le modèle de socialisation professionnelle de Hugues, montrez
que la socialisation conjugale peut aussi reprendre les 3 mêmes étapes
(passage à travers le miroir, installation dans la dualité, ajustement de la
conception de soi)
Conclusion
La socialisation est un phénomène complexe, qui commence à la naissance
et qui s’étend tout au long d’une vie. Elle subit différentes restructurations
au gré des interactions sociales et influences nouvelles. Les individus
peuvent anticiper ou orienter ces futures restructurations pour marquer
une rupture avec la socialisation primaire.
La socialisation est aussi un phénomène qui n’est pas totalement maîtrisé
par les individus, notamment lors de l’enfance ou ils subissent des normes
et valeurs qu’ils n’ont pas choisi mais qu’ils acceptent. Les filles et les
garçons intègrent des comportements sociaux différents qui vont avoir de
grandes différences de leur vie (choix des études, du conjoint, du
métier…)