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Diplôme d’Etudes Approfondies en Biochimie/Biologie Moléculaire Spécialité : Biologie Moléculaire Par : DOUAMBA Zoénabo Maître ès Sciences. SUR LE THÈME : Soutenu le 14 Avril 2012 devant le jury : Président : Pr Odile G. NACOULMA, Professeur Titulaire, Université de Ouagadougou Membres : Pr Jacques SIMPORE, Professeur Titulaire, Université de Ouagadougou : Dr Christelle WM NADEMBEGA, Maître Assistante, Université de Ouagadougou : Dr Virginio PIETRA, Chargé de recherche, Université de Brescia, Italie PALUDISME ASYMPTOMATIQUE CHEZ LA FEMME ENCEINTE AU CENTRE MEDICAL SAINT CAMILLE DE OUAGADOUGOU UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU Unité de Formation et de Recherche en Sciences de la Vie et de la Terre (UFR / SVT) Département de Biochimie-Microbiologie BURKINA FASO UNITE - PROGRES - JUSTICE CERBA/LABIOGENE UFR/SVT

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Diplôme d’Etudes Approfondies en Biochimie/Biologie Moléculaire

Spécialité : Biologie Moléculaire

Par : DOUAMBA Zoénabo

Maître ès Sciences.

SUR LE THÈME :

Soutenu le 14 Avril 2012 devant le jury :

Président : Pr Odile G. NACOULMA, Professeur Titulaire, Université de Ouagadougou

Membres : Pr Jacques SIMPORE, Professeur Titulaire, Université de Ouagadougou

: Dr Christelle WM NADEMBEGA, Maître Assistante, Université de Ouagadougou

: Dr Virginio PIETRA, Chargé de recherche, Université de Brescia, Italie

PALUDISME ASYMPTOMATIQUE CHEZ LA FEMME ENCEINTE AU CENTRE MEDICAL

SAINT CAMILLE DE OUAGADOUGOU

UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU

Unité de Formation et de Recherche en

Sciences de la Vie et de la Terre (UFR / SVT)

Département de Biochimie-Microbiologie

BURKINA FASO

UNITE - PROGRES - JUSTICE

CERBA/LABIOGENE

UFR/SVT

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Mémoire de DEA – DOUAMBA Zoénabo Page ii

Dédicace

A la mémoire de mon père ;

A ma très chère mère, à mes frères et sœurs ;

A toutes les femmes qui ont accepté de participer à l’étude ;

A tous ceux qui ont contribué de manière directe ou indirecte à la réalisation

de ce travail.

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Mémoire de DEA – DOUAMBA Zoénabo Page iii

Remerciements

Ce travail a été réalisé au Centre Médical Saint Camille et au Centre de Recherche

Biomoléculaire Pietro ANNIGONI (CERBA/LABIOGENE). Mes remerciements les plus sincères

vont à tous ceux qui m’ont permis d’entreprendre le présent travail et m’ont aidée à le mener à

bien en me prodiguant soutien et conseils et en me réconfortant lorsque cela était nécessaire.

Nous exprimons nos profondes gratitudes :

Au Professeur Jacques SIMPORE, Professeur titulaire de Génétique et de Biologie moléculaires

à l’Université de Ouagadougou, Directeur du CERBA/LABIOGENE, Directeur du laboratoire du

CMSC, Recteur de l’Université Saint Thomas d’Aquin, notre Directeur de mémoire. Nous sommes

très marqués de l’honneur que vous nous avez fait en nous acceptant dans votre laboratoire bien

équipé. Nous avons bénéficié de votre encadrement scientifique malgré vos multiples

engagements professionnels, de votre soutien moral et financier.

Au Professeur Odile Germaine NACOULMA (Université de Ouagadougou), responsable de

l’école doctorale (Département de Biochimie/Microbiologie) pour avoir accepté de présider notre

jury.

Au Docteur Christelle NADEMBEGA, Maître Assistante en Biochimie Microbiologie, Université

de Ouagadougou, pour votre encadrement et pour avoir accepté de corriger et de juger notre

travail.

Au Docteur Virginio PIETRA, responsable de la prise en charge des PvVIH au centre médical

saint Camille, au CERBA et à Nanoro ; nous vous remercions pour tous vos conseils et vos apports

pédagogiques.

Au Docteur Salvatore PIGNATELLI, pour avoir accepté que le CMSC soit un cadre de notre

étude.

Au Docteur Djénéba OUERMI, Assistante en Biologie Animale, Université de Ouagadougou pour

vos conseils et pour votre encadrement durant l’étude.

Au Dr Cyrille BISSEYE (Labiogene/ CERBA) pour ses précieux conseils.

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Mémoire de DEA – DOUAMBA Zoénabo Page iv

A toute l’équipe du Centre de Recherche Biomoléculaire CERBA/LABIOGENE et en particulier

au Dr Florencia DJIGMA et Mlle Tani SAGNA pour leur soutien moral et leur assistance

technique, à Mr Moctar T.A. ZEBA, à Mlle Laure Stella GHOMA-LINGUISSI, à Mr Valérie

BAZIE, à Mr Désiré ILBOUDO, à Mr Rémi MORET et au Père Albert YONLI avec qui nous avons

eu beaucoup de plaisir à travailler.

A toute l’équipe du Laboratoire Saint Camille, et en particulier à Mr Robert BAKAMBA, Mr

Emmanuel BOUDA, Mme Angèle SANFO, Mr Barthélémy pour leur assistance technique.

A toute l’équipe du service de la SMI du Centre Médical Saint Camille pour avoir facilité le

contact avec les femmes et pour la prise en charge de celles qui étaient infectées par le

plasmodium.

A la Conférence Episcopale Italienne (CEI), pour leur appui financier dans la réalisation de nos

travaux de recherches.

A Cheick Habrahim BOUDA pour ton soutien de tout ordre et tes encouragements

A M. K. Paul KABORE et son épouse pour leurs soutien et encouragements.

A tous ceux qui de près ou de loin nous ont soutenus dans nos études scolaires et/ou

universitaires.

A toute notre promotion et à tous nos amis, ce fut un plaisir pour moi de partager ce trajet

avec vous.

A tous ceux dont j’ai omis de citer le nom.

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TABLE DES MATIERES

Dédicace ............................................................................................................................................... ii

Remerciements ...................................................................................................................................... iii

TABLE DES MATIERES .................................................................................................................. v

LISTE DES FIGURES ........................................................................................................................... viii

LISTE DES TABLEAUX ........................................................................................................................ viii

SIGLES ET ABRÉVIATIONS ................................................................................................................... ix

RESUME ........................................................................................................................................... x

ABSTRACT ...................................................................................................................................... xi

INTRODUCTION ..............................................................................................................................1

I. GENERALITES ..............................................................................................................................3

I.1. Historique du paludisme............................................................................................................3

I.2. Situation du paludisme dans le monde .......................................................................................3

I.3. L’agent vecteur et son écologie .................................................................................................5

I.4. Le parasite ................................................................................................................................5

I.5. Cycle de vie du parasite ............................................................................................................6

I.5.1. Cycle chez l'homme ...........................................................................................................6

I.5.2. Cycle chez l’anophèle ........................................................................................................7

I.6. Pathogenèse du paludisme.........................................................................................................8

I.6.1. Invasion des hématies .........................................................................................................9

I.6.2. La cytoadhérence ...............................................................................................................9

I.7. Variabilité antigénique du Plasmodium ................................................................................... 10

I.8. Manifestations cliniques .......................................................................................................... 11

I.9. Paludisme et grossesse ............................................................................................................ 11

I.9.1. Cytoadhérence placentaire ................................................................................................ 12

1.9.2. Effets chez la mère .......................................................................................................... 13

1.9.3. Effets sur la santé de l’enfant ........................................................................................... 14

I.9.4. Paludisme asymptomatique de la femme enceinte ............................................................. 15

I.9.5. Interventions recommandées dans le cadre de la prévention et de la lutte contre le paludisme chez la femme enceinte dans les zones de transmission stable (OMS Afrique, 2005) . 16

I.10. Diagnostics du paludisme ...................................................................................................... 17

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I.10.1. Diagnostic microscopique direct par frottis sanguin (FS) et goutte épaisse(GE)............... 17

I.10.2. Détection d’antigènes plasmodiaux par les tests de diagnostic rapide (TDR) ................... 17

I.10.3. Le QBC Malaria test ou Quantitative Buffy Coat ............................................................ 19

I.10.4. Détection des acides nucléiques par les techniques d’amplification génique .................... 19

I.10.5. Détection des anticorps antiplasmodiaux ........................................................................ 20

I.11. Traitement du paludisme et prophylaxie ................................................................................ 22

I.11.1. Traitement du paludisme ................................................................................................ 22

I.11.2. Prophylaxie .................................................................................................................... 24

I.11.3. Résistances antipaludiques de Plasmodium et résistance des vecteurs aux insecticides .... 25

I.12. Hémoglobines S et C Groupes sanguins ABO et paludisme ................................................... 26

I.12.1. Hémoglobines S et C (HbS et HbC) ................................................................................ 26

I.12.2. Groupes sanguins ABO .................................................................................................. 27

I.13. Homocystéine, Folates, Anémie et paludisme ........................................................................ 27

I.13.1. L’homocystéine .............................................................................................................. 27

I.13.2. Les folates ou vitamine B9 ............................................................................................. 29

I.13.3. L’anémie ........................................................................................................................ 29

II. MATERIEL ET METHODES ...................................................................................................... 30

II.1. Cadre d’étude ........................................................................................................................ 30

II.2. Population d’étude ................................................................................................................. 30

II.3. Test rapide, goutte épaisse et densité parasitaire ..................................................................... 31

II.4. Electrophorèse de l’hémoglobine ........................................................................................... 32

II.5. Dosage colorimétrique du taux d’hémoglobine....................................................................... 33

II.6. Détermination des groupes sanguins ..................................................................................... 33

II.7. Dosage du fer sérique ............................................................................................................ 34

II.8. Dosage des folates et de l’homocystéine ................................................................................ 35

II.8.1. Dosage immunologique par polarisation de fluorescence (FPIA) de l’homocystéine ........ 35

II.8.2. Dosage des folates .......................................................................................................... 37

II.9. Considérations éthiques ......................................................................................................... 37

II.10. Analyses statistiques ............................................................................................................ 37

III. RESULTATS .............................................................................................................................. 38

III.1. Caractéristiques socio-économiques et professionnelles des femmes ..................................... 38

III.2. Paramètres hématologiques et biochimiques des femmes enceintes ....................................... 40

III.2.1. Taux hémoglobine et fer sérique .................................................................................... 40

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Mémoire de DEA – DOUAMBA Zoénabo Page vii

III.2.2. Comparaison goutte épaisse et test de dépistage rapide de Plasmodium falciparum ........ 40

III.2.3. Taux d’homocystéine et de folates ................................................................................. 42

III.2.4. Effet de P. falciparum sur les paramètres hématologiques et biochimiques des femmes enceintes ................................................................................................................................... 43

III.2.5. Prévalence de P. falciparum chez les femmes enceintes en fonction de leurs groupes sanguins et de leurs types d’hémoglobine .................................................................................. 45

IV. DISCUSSION............................................................................................................................. 47

CONCLUSION ................................................................................................................................ 51

Annexe ............................................................................................................................................. 52

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ........................................................................................... 53

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Mémoire de DEA – DOUAMBA Zoénabo Page viii

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Situation du paludisme dans le monde en 2010 ....................................................................4 Figure 2 : Cycle de vie de Plasmodium falciparum ..............................................................................8 Figure 3: Cytoadhérence et rosetting ................................................................................................. 10 Figure 4 : Cartographie du nombre de femmes enceintes vivant dans des zones à risques du paludisme à P. falciparum en 2007 ..................................................................................................................... 12 Figure 5 : Conséquences du paludisme gestationnel sur le fœtus ........................................................ 13 Figure 6 : Conséquences du paludisme pendant la grossesse : zone de transmission forte ou modérée (stable).............................................................................................................................................. 15 Figure 7: Introduction des antipaludiques et apparition des résistances (R) de P. falciparum .............. 26 Figure 9: Représentation des résultats de test rapide du paludisme ..................................................... 31 Figure 10 : Une goutte épaisse .......................................................................................................... 32 Figure 11 : Photo de groupes sanguins A, B et O ............................................................................... 34 Figure 12 : Compétition entre la substance à doser et le traceur ......................................................... 36

LISTE DES TABLEAUX Tableau I: part du paludisme dans l’anémie, le petit poids de naissance et la mortalité néonatale ....... 14 Tableau II : Méthodes de diagnostic des infections plasmodiales ....................................................... 21 Tableau III : Protocole de dosage du fer sérique ................................................................................ 35 Tableau IV : Caractéristiques professionnelles et socio-économiques des femmes ............................. 39 Tableau V : Taux d'hémoglobine et de fer sérique ............................................................................. 40 Tableau VI : Résultats des TDR et de la goutte épaisse ...................................................................... 41 Tableau VII : Sensibilité et spécificité des TDR ............................................................................... 41 Tableau VIII : Taux d’homocystéine et de folates.............................................................................. 42 Tableau IX : Corrélation entre les taux d’homocystéine et de folates et entre les taux d’hémoglobine et de folates .......................................................................................................................................... 42 Tableau X : Goutte épaisse , taux d’hémoglobine, stade de la grossesse, nombre de grossesse, utilisation de moustiquaires imprégnées et SP ................................................................................... 44 Tableau XI : Electrophorèse de l’hémoglobine, l’anémie, goutte épaisse, le taux de fer sérique ......... 45 Tableau XII : Infection par P. falciparum en fonction du groupe sanguin des femmes enceintes. ....... 46

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SIGLES ET ABRÉVIATIONS

Ac : Anticorps

ADN : Acide Désoxyribonucléique

ARN : Acide Ribonucléique

CERBA : Centre de Recherche Biomoléculaire Pietro Annigoni

CMSC : Centre Médical Saint Camille de Ouagadougou

ERi : Erythrocyte infecté

FPIA : fluorescence polarisation immunologic assay

FS : Frottis sanguin

GE : Goutte épaisse

HCY : Homocystéine

HRP2 : Histidin rich protein 2

LaBioGene : Laboratoire de Biologie Moléculaire et de Génétique

LDH : Lactate déshydrogenase

MII : Moustiquaire imprégnée d’insecticide

OMS : Organisation mondiale se la santé

PCR : Polymerase Chain Reaction

PfEMP-1 : Plasmodium falciparum erythocyte membrane protein-1

SAH : S-adénosyl-L-homocystéine

SP : Sulfadoxine - pyriméthamine

TDR : Test de diagnostic rapide

TPI : Traitement préventif intermittent

VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine

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RESUME Objectifs : Diagnostiquer le paludisme asymptomatique chez les femmes enceintes en vue

d’une prise en charge médicale.

Matériel et méthodes : La collecte des échantillons s’est déroulée du 23 Septembre au 20

Octobre 2010 au CMSC et a concerné 201 femmes enceintes. Nous avons réalisé des Test de

diagnostic rapide (TDR) de P. falciparum suivis de gouttes épaisses. Nous avons aussi

analysé quelques paramètres biochimiques et hématologiques de ces femmes à savoir les taux

d’hémoglobine, d’homocystéine, de folates et de fer sérique, ainsi que les groupes sanguins et

les types d’hémoglobine par électrophorèse.

Résultats : Nous avons trouvé un taux d’infection au P. falciparum de 24,38% avec une

densité parasitaire moyenne de 4058 parasites/µL. la valeur moyenne du taux d’hémoglobine

était 10,49 ± 1,73g/dL et le taux d’anémie était de 61,19%. De plus 36,81%% des femmes

présentaient une anémie modérée (taux d’hémoglobine compris entre 7 et 10g/dL). Nous

avons trouvé que 33,33% des femmes infectées étaient anémiées contre 10,26% chez celles

présentant une parasitémie nulle. En ce qui concerne la prophylaxie, le taux d’infection était

de 12,73% chez celles utilisant la sulfadoxine-pyriméthamine (SP) comme traitement

préventif intermittent (TPI) sont infectées contre 28,77% chez celles n’ayant pas reçu de dose

de SP. La majorité des femmes avait des taux de fer sérique et d’homocystéine (HCY)

normaux et 62,19% présentaient des taux faibles en folates (<7,7 nmol/L). Nous n’avons pas

trouvé de différences significatives en comparant d’une part, la parasitémie, les taux

d’hémoglobine, de fer sérique et les différents types d’hémoglobine et d’autre part, entre les

groupes sanguins et la parasitémie à P. falciparum.

Conclusion : Nous avons pu réaliser quelques analyses biologiques chez les femmes

enceintes qui nous ont permis, d’une part, d’identifier les femmes ayant un paludisme

asymptomatique qui pourrait être responsable d’une anémie au cours de la grossesse et d’autre

part, d’identifier celles ayant une hyperhomocystéinemie qui pourrait favoriser une

malformation congénitale au de leur fœtus. Cette étude a montré que la sensibilisation sur les

méfaits du paludisme chez les femmes enceintes reste d’actualité au vu du faible taux

d’utilisation des mesures préventives disponibles (MII et TPI).

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ABSTRACT

Objectives: To diagnose asymptomatic malaria in pregnant women for a medical treatment

Methods: The sample collection took place from September 23 to October 20, 2010 at Centre

Médical Saint Camille de Ouagadougou (CMSC) and involved 201 pregnant women. We

have made rapid diagnostic test of P. falciparum followed by thick films. We also analyzed

some biochemical and hematological parameters of these women namely hemoglobin,

homocysteine, folate and serum iron rates and blood groups and types of hemoglobin

electrophoresis.

Results: We found an infection rate P. falciparum 24.38% with a mean parasite density of

4058 parasites / µL. the mean hemoglobin level was 10.49 ± 1.73 g / dL and the rate of

anemia was 61.19%. In addition 36.81%% of women had moderate anemia (hemoglobin level

between 7 and 10g/dL). We found that 33.33% of infected women were anemic against

10.26% for those with no parasitaemia. With regard to prophylaxis, the infection rate was

12.73% for those using sulfadoxine-pyrimethamine (SP) as intermittent preventive treatment

are infected against 28.77% for those who did not receive dose of SP. The majority of women

had serum iron and homocysteine (HCY) levels normal and 62.19% had low folate levels

(<7.7 nmol/L). We did not find significant differences when comparing the one hand,

parasitaemia, hemoglobin, serum iron rates and the different types of hemoglobin and other,

between the blood groups and P. falciparum parasitaemia

Conclusion: We were able to perform some laboratory tests in pregnant women that allowed

us; firstly, to identify women with asymptomatic malaria might be responsible for anemia

during pregnancy and also to identify those with hyper-homocysteinemia, which could lead to

a congenital malformation of the fetus. This study showed that awareness about the dangers of

malaria in pregnant women is still relevant given the low rate of use of available preventive

measures (ITNs and IPT).

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Mémoire de DEA – DOUAMBA Zoénabo Page 1

INTRODUCTION

Le paludisme est une maladie infectieuse transmise par le moustique appelé anophèle.

C’est une érythrocytopathie fébrile et hémolysante causée par un protozoaire du genre

Plasmodium qui infecte alternativement les hôtes humains et les moustiques. Plasmodium

falciparum, l’espèce qui provoque la forme la plus mortelle du paludisme est répandue par

Anopheles gambiae et Anopheles funestus (Crompton et al, 2010).

Avec 216 millions de personnes malades et 655 000 décès en 2010 (OMS, 2011), le

paludisme demeure la parasitose la plus importante avec près de 81 % des cas en Afrique.

Les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes constituent la population la plus

vulnérable. L’Afrique Subsaharienne enregistre chaque année environ vingt-cinq millions de

femmes enceintes infectées et, selon l'Organisation Mondiale de la Santé, le paludisme

représente plus de 10 000 décès maternels et 200 000 décès néonatals par an (Schantz-Dunn

et al, 2009).

Au Burkina-Faso, le paludisme reste une endémie stable dans tout le pays, avec un pic

saisonnier (Mai à Octobre). Selon les données statistiques de la Direction Générale de

l’information et des statistiques sanitaires, le paludisme a été la première cause de

consultation (45,42%), d’hospitalisation (56,57%) et de décès (50,79%) en 2009 (Ministère de

la Santé/Direction Générale de l’Information et des Statistiques Sanitaires du Burkina-Faso,

2010). Le pays a, en effet enregistré 4 507 420 cas de paludisme dans l’ensemble des

formations sanitaires, avec 11 810 cas de décès. Chez les enfants de moins de 5 ans, 2 248

474 cas ont été enregistrés. Le total des cas de paludisme enregistrés chez les femmes

enceintes est de 15 394 ; et 172 en sont décédées.

Les femmes enceintes vivant dans les régions où le paludisme sévit de façon

endémique ont une sensibilité particulièrement élevée à l’infection par P. falciparum. Cette

sensibilité est communément associée à l’accouchement prématuré, à l’avortement, à

l’augmentation de la mortalité périnatale et à la réduction du poids du bébé à la naissance. La

grossesse entraîne un certain nombre de changements physiologiques qui rendent les femmes

plus vulnérables. En réduisant son immunité, la grossesse rend la femme plus sensible à

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Mémoire de DEA – DOUAMBA Zoénabo Page 2

l’infection paludique et accroît le risque de maladie, d’anémie sévère et de décès. En outre, les

érythrocytes parasités par P. falciparum sont séquestrés dans les espaces intervilleux du

placenta affectant ainsi sa fonction chez la femme enceinte atteinte de paludisme (Rogerson et

al, 2007a). Dans les zones de forte transmission de P. falciparum, où les taux d’immunité

acquise sont généralement élevés, les femmes enceintes sont exposées à une infection

asymptomatique avec pour conséquence une anémie maternelle, augmentant les taux de

morbidité maternelle et d’insuffisance pondérale des bébés à la naissance. Le paludisme sévit

dans les pays pauvres où les conditions de vie des ménages précaires ont des conséquences

sur l’état nutritionnel de la population surtout les enfants et les femmes en âge de procréer.

Leur alimentation déficiente engendre des carences en vitamines et oligoéléments pouvant

conduire à une anémie. L’anémie est un facteur de risque significatif au regard de la morbidité

maternelle et surtout fœtale d’autant plus s’il s’agit d’une anémie préexistante à la grossesse.

Les pathologies qui ont comme signe biologique l’anémie telles les anémies hémolytiques, les

thalassémies, la drépanocytose et les hémoglobinopathies associées à la mauvaise

alimentation fragilisent les femmes enceintes vivant dans les zones à transmission du

paludisme.

Objectif principal : diagnostiquer le paludisme asymptomatique chez les femmes

enceintes en vue d’une prise en charge médicale.

Objectifs spécifiques :

Evaluer la prévalence du paludisme asymptomatique chez les femmes enceintes.

Evaluer les qualités diagnostiques (sensibilité et spécificité) des TDR par rapport à

la goutte épaisse chez les gestantes asymptomatiques.

Evaluer les caractéristiques socio-économiques et familiales de ces femmes.

Identifier les femmes enceintes pratiquant une prophylaxie antipaludique.

Corréler les paramètres biochimiques, parasitologiques et hématologiques avec le

paludisme asymptomatique chez les femmes enceintes en vue de comprendre

d’avantage l’éthiopathogénie paludique de ce groupe vulnérable.

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Mémoire de DEA – DOUAMBA Zoénabo Page 3

I. GENERALITES

I.1. Historique du paludisme

Le paludisme est connu par ses manifestations cliniques depuis l’antiquité. Les termes

italiens Mal’aria « mauvais air » ou encore latin paludis, « marais » furent décrits entre autre

par Hippocrate (460-377 av JC), qui établit d’ailleurs une relation pertinente entre la date et le

lieu où les malades vivent lorsqu’ils succombent. En Chine, dès le IVe siècle, le Qinghaosu

ou Artemisia annua était connu pour ses vertus fébrifuges. En 1620, Don Francisco Lopez,

père jésuite, reconnaît les vertus curatives de la poudre d’écorce du quinquina (Rocco, 2006).

En 1880 Alphonse Laveran, médecin militaire français, observe en Algérie des éléments

cellulaires intra-érythrocytaires n’appartenant à aucune lignée hématologique ; l’hématozoaire

du paludisme est découvert. En 1897, le britannique Sir Ronald Ross, médecin de l’armée des

Indes prouve le rôle des moustiques dans la transmission du paludisme aviaire, et Giovanni-

Battista Grassi, en 1898 en Italie, démontre que l’anophèle est le vecteur du paludisme

humain. La phase de division dans le foie ne sera identifiée que bien plus tard en 1948 par

Short et Garnham, ils permettent ainsi de compléter la connaissance du cycle du parasite et

d’expliquer les rechutes de la maladie observées dans certains cas. La seconde guerre

mondiale empêchant l’accès aux plantations indonésiennes de quinquina ouvrait la voie du

développement et de l’utilisation des premiers antimalariques de synthèse (amino-4-

quinoléines). La lutte contre le vecteur devenait possible grâce à la découverte des

insecticides à action rémanente qui permirent l’éradication de l’affection dans des régions

d’Europe encore atteintes, et dans certaines îles. Les résistances devaient apparaître

rapidement, ruinant les espérances d’éradication du paludisme (Malvy et al., 2000).

I.2. Situation du paludisme dans le monde

Le paludisme sévit dans plus de 100 pays tropicaux et subtropicaux notamment en

Afrique subsaharienne, en Asie, dans le Pacifique, en Amérique latine (figure 1). Les

estimations font état de 216 millions d’épisodes de paludisme en 2010, avec un large

intervalle d’incertitude (du 5 au 95e centile) allant de 149 à 274 millions de cas. Près de 81 %,

soit 174 millions de cas (entre 113 et 239 millions), ont eu lieu dans la région Afrique et 13 %

dans la région Asie du Sud-Est (OMS, 2011).

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En 2010, les décès associés au paludisme sont estimés à 655 000 (entre 537 000 et

907 000), dont 91 % (soit 596 000 dans un intervalle compris entre 468 000 et 837 000) dans

la région Afrique. À l’échelle mondiale, 86 % des décès imputables au paludisme ont

concerné des enfants de moins de 5 ans.

Figure 1 : Situation du paludisme dans le monde en 2010

Source : Gething et al., 2011

Parmi les nouvelles tendances, une baisse (de 17%) de la charge de morbidité palustre

a été observée dans toutes les régions de l’OMS entre 2000 et 2010. Les pourcentages de

réduction les plus importants ont été enregistrés dans les régions Europe (99,5 %), Amérique

(60 %) et Pacifique occidental (38 %). Les taux de mortalité dus au paludisme ont chuté de 25

% entre 2000 et 2010, avec les réductions les plus importantes enregistrées respectivement en

Europe (99 %), Amérique (55 %), Pacifique occidental (42 %), et en Afrique (33 %). Cette

réduction de l’incidence du paludisme dans le monde ne doit pas faire oublier la fragilité des

acquis de la lutte antipaludique et la nécessité de maintenir les programmes de lutte même si

le nombre de cas a sensiblement reculé.

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I.3. L’agent vecteur et son écologie

L’anophèle est un insecte de la sous-classe des Pterygota et de la famille des

Culicidae. Le genre Anopheles comprend environ 484 espèces, une soixantaine d’espèces

sont des vecteurs, dont une trentaine sont de bons vecteurs ; leur distribution et leur efficience

varient selon les régions géographiques. En Afrique sub-saharienne, on considère qu’il existe

quelque 150 espèces d’anophèles, dont une douzaine sont d’excellents vecteurs tels que A.

gambiae, A. arabiensis, A. funestus, A. nili, A. Moucheti. Dans les régions d’endémie palustre

stable comme les zones de savanes du Burkina, du Nigéria etc, la transmission du parasite est

surtout le fait d’A. gambiae et A. arabiensis pendant les saisons pluvieuses et A. funestus au

début de la saison sèche (Carnevale et Robert, 2009).

Les gites larvaires sont très variées; les anophèles peuvent se développer dans :

- les eaux douces ou saumâtres en Afrique sub-saharienne, sur la façade occidentale et

orientale, en Amérique du Sud, en Asie du Sud-Est dans la péninsule indochinoise et dans les

eaux sur-salées.

- les sites ensoleillés en Afrique tropicale en Amérique, en Asie du Sud-Est ou dans les forets

ombragées dans le Sud-Est asiatique, en Amérique centrale.

I.4. Le parasite

Plasmodium falciparum est un parasite de la classe des Haemosporidea et de la

famille des Plasmodidae (Bannister et Sherman, 2009). Les quatre espèces de Plasmodium

susceptibles d’infester un hôte humain sont: P. falciparum, P. vivax, P. ovale et P. malariae.

On fait également état, dans les zones forestières de l’Asie du Sud-est, d’infestations de plus

en plus fréquentes par P. knowlesi, un parasite du singe (Singh et al., 2004).

P. falciparum, l’espèce la plus dangereuse et la plus répandue dans les régions

chaudes (Afrique sub-saharienne, Asie, Océanie Amérique Centrale et Sud) est responsable de

la majorité des cas mortels du paludisme.

P. vivax, responsable de la fièvre tierce bénigne en Asie, en Amérique du Sud et

Centrale, est peu représenté en Afrique. Longtemps considéré comme responsable d’infection

bénigne, P. vivax est maintenant reconnu comme une cause de paludisme grave (Karyana et

al,. 2008).

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Présent en Afrique, P. malariae n’est pas mortel mais peut être responsable des cas

rechute de la maladie une vingtaine d’années après la première infection.

P. ovale est surtout présent en Afrique et de façon sporadique en Amazonie, en

Océanie et en Asie. Il n’est pas mortel mais peut resurgir 4 à 5 ans après la première infection.

Une cinquième espèce, P. knwolesi, responsable du paludisme du singe, a été

retrouvée chez l’homme et est responsable de la fièvre quarte à Bornéo (Asie du Sud-est).

Cette infection attribuée à P. malariae, est due en fait à P. knowlesi, son évolution est

potentiellement grave : elle doit être traitée comme P. falciparum (Figtree et al., 2010).

I.5. Cycle de vie du parasite

I.5.1. Cycle chez l'homme

I.5.1.1. Cycle exo-érythrocytaire

Au cours de la piqûre, l’anophèle femelle infectée injecte dans un capillaire sanguin

des sporozoïtes. Ceux-ci transitent dans la circulation générale et, en quelques minutes, ils

envahissent les hépatocytes grâce à une interaction spécifique entre la protéine majeure de

surface du sporozoïte et un récepteur spécifique situé sur la membrane plasmique de

l'hépatocyte du côté de l'espace de Disse, espace directement en contact avec le sang circulant.

Le sporozoïte entre alors dans une phase de réplication et de prolifération intracellulaire qui

repousse en périphérie le noyau de la cellule et finit par constituer une masse multi-nucléée

appelée schizonte qui conduit à la libération de plusieurs dizaines de milliers de mérozoïtes

dans la circulation (Figure 2). Cette phase de multiplication est asymptomatique et dure de 8 à

15 jours, selon les espèces. Contrairement à P. vivax, P. falciparum ne possède pas de formes

de persistance hépatique ou hypnozoïtes.

I.5.1.2. Cycle intra-érythrocytaire

Seule cette phase sanguine est responsable des symptômes qui peuvent être d'intensité

variable. Les mérozoïtes libérés lors de la rupture de l'hépatocyte vont débuter le cycle

sanguin asexué de prolifération de P. falciparum en infectant les érythrocytes. Le mérozoïte

pénètre dans l’érythrocyte grâce à un processus parasitaire actif et se différencie en

trophozoïte, stade à partir duquel une intense phase réplicative commence. Il donne alors

naissance au schizonte, celui-ci après segmentation montre une forme caractéristique de

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rosace, puis libère 8 à 32 mérozoïtes qui rapidement réinfectent des érythrocytes sains.

L'ensemble de ce cycle dure 48 heures chez P. falciparum. L'apparition des gamétocytes a

lieu en général la deuxième semaine qui suit l'infection et ces formes peuvent persister

plusieurs semaines après la guérison. A la suite d'une nouvelle piqûre par une Anophèle, les

gamétocytes mâles et femelles (au dimorphisme sexuel marqué) sont ingérés avec le repas

sanguin.

I.5.2. Cycle chez l’anophèle

Lors d’un repas sanguin sur un individu infecté, l’anophèle femelle ingère des

gamétocytes, à potentiel sexuel mâle ou femelle. Ceux-ci parviennent dans l'estomac du

moustique et se transforment en gamètes. Le gamète mâle subit un processus d'exflagellation

à la suite duquel les gamètes femelles sont fécondés. Il en résulte un zygote appelé ookinète ;

celui-ci s'implante sous la paroi stomacale en formant l'oocyste. Cette brève phase diploïde

s’achève par une division méiotique et est suivi par plusieurs milliers de mitoses qui

conduisent au développement de sporozoïtes. Les sporozoïtes gagnent préférentiellement les

glandes salivaires du moustique d'où ils pourront être injectés avec la salive lors d'une piqûre.

Chez le moustique, l'ensemble de ce cycle se déroule en 10 à 40 jours, suivant la température

extérieure et les espèces en cause (Bannister et Sherman, 2009).

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Figure 2 : Cycle de vie de Plasmodium falciparum Source: Bannister et Sherman, 2009

Legende: Stomach wall, muqueuse gastrique. Salivary gland, glande salivaire. Liver, foie. Gametocytes taken up by mosquito, gamétocytes absorbés par le moustique. Fertilization, fertilisation. Growth stages of oocyst, stades de croissance des oocystes. Ruptured oocyst, rupture des oocystes.

I.6. Pathogenèse du paludisme

Chez l’homme le parasite a besoin de proliférer et de survivre sans être détruit. Pour

réaliser cela, P. falciparum utilise plusieurs techniques pour éviter le système immunitaire de

l'hôte et provoquer une maladie grave. Les mécanismes les mieux connus sont : l’invasion des

hématies, la cytoadhérence et la séquestration, la formation des rosettes et la variation

antigénique.

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I.6.1. Invasion des hématies

P. falciparum peut envahir les globules rouges à différents stades de leur

développement, des réticulocytes aux stades matures. Des protéines comme Duffy‐Binding

Like proteins (DBL) et Reticulocytes‐Binding Like proteins (RBL) de P. falciparum

reconnaissent des récepteurs à la surface des érythrocytes, ce qui permet leur invasion

(Rayner et al., 2005).

I.6.2. La cytoadhérence

P. falciparum est responsable de la séquestration des hématies parasitées. La surface

des hématies infectées est recouverte de protubérances appelées knobs qui sont le point de

contact avec les cellules de l’hôte. L’adhésion protège les érythrocytes infectés (ERi) de la

destruction car les ERi circulants sont éliminés dans la rate. Plusieurs protéines parasitaires

sont localisées dans ces protubérances et participent directement ou indirectement à la

cytoadhérence. Les études portent plus particulièrement sur la famille PfEMP-1 (P.

falciparum erythrocyte membrane protein-1) impliquée dans l'adhérence des formes mûres du

parasite (trophozoïtes et des schizontes). Une seule sur soixante protéines variables est

exprimée. Les hématies parasitées adhèrent à l'endothélium des capillaires des organes

profonds (cerveau, poumon, rein, placenta). Cette séquestration joue un rôle majeur dans la

physiopathologie des accès palustres graves et est à ce titre l'objet de nombreuses études

(Ndam et Deloron, 2007; Crompton et al 2010). La formation des rosettes ou rosetting qui est

la capacité des hématies parasitées à se lier aux hématies non parasitées et l'autoagglutination

qui correspond à l'adhérence, entre elles, d'hématies parasitées participent aussi à la

séquestration érythrocytaire (Figure 3).

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Figure 3: Cytoadhérence et rosetting

Source : adapté de Chen Q. et al., 2000

I.7. Variabilité antigénique du Plasmodium

La protéine PfEMP-1 est impliquée dans la variation antigénique du paludisme à P.

falciparum. Avec environ 60 gènes var codant pour PfEMP-1 et un seul gène var dominant

exprimé au stade adulte du parasite, PfEMP-1 a atteint une forme de variabilité qui permet au

parasite de contourner le système immunitaire de l'hôte. De plus, les fréquentes

recombinaisons et remaniements génétiques au cours des processus de fusion et de division

dans le moustique et les érythrocytes humains peuvent entrainer une grande diversité

génétique et antigénique du parasite (Flick et Chen, 2004).

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I.8. Manifestations cliniques La manifestation clinique la plus fréquente est l’accès palustre simple qui comprend

généralement un syndrome fébrile avec asthénie, céphalées et embarras gastrique. Cet état est

lié à l’éclatement des hématies parasitées et à la libération de substances pyrogènes. Cette lyse

érythrocytaire et, dans une moindre mesure, une dysérythropoïèse peuvent entraîner une

anémie parfois mortelle, notamment chez les jeunes enfants.

Le paludisme sévère est complexe et touche plusieurs organes. Un paludisme grave se

manifeste habituellement par un ou plusieurs des signes suivants : coma (neuropaludisme),

acidose métabolique, anémie sévère, hypoglycémie, insuffisance rénale aigue ou œdème aigu

du poumon. A ce stade de la maladie, en l’absence de traitement, un paludisme grave est

presque toujours mortel.

L’anémie sévère correspond aux faibles taux d’érythrocytes et ou d’hémoglobine de

moins de (5 g/dL) avec une parasitémie élevée. Le taux de mortalité est d’environ 1%.

Le paludisme cérébral indique une atteinte neurologique. Les manifestations vont

d’une simple prosternation à des troubles de conscience et au coma. Le taux de

mortalité est autour de 7%.

La détresse respiratoire est la manifestation clinique la plus apparente de l'acidose

métabolique et aussi le syndrome avec le taux de mortalité le plus élevé d’environ

24% (Mangano, 2008)

I.9. Paludisme et grossesse

L’infection paludéenne chez les femmes enceintes constitue un très grave problème de

santé publique puisqu’elle comporte des risques pour la mère, le fœtus et le nouveau-né. Les

femmes enceintes sont trois fois plus susceptibles de souffrir d'une infection palustre grave

par rapport aux femmes non enceintes. Dans les zones d'endémie palustre, il est estimé qu’au

moins 25% des femmes enceintes sont infectées par le paludisme, avec le plus grand risque

d'infection et de morbidité chez les primipares, les adolescentes, et celles co-infectées par le

VIH (Schantz-Dunn et al, 2009). Dans les zones de faible transmission de P. falciparum, où

les taux d’immunité acquise sont faibles, les femmes sont exposées à des accès de paludisme

grave. Dans les zones de forte transmission de P. falciparum, où les taux d’immunité acquise

sont généralement élevés, les femmes sont exposées à une infection asymptomatique, qui peut

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entraîner une anémie maternelle et une parasitémie placentaire. La figure 4 représente le

nombre de femmes enceintes vivant dans les régions à risque d’infection à P.falciparum.

Figure 4 : Cartographie du nombre de femmes enceintes vivant dans des zones à risques du paludisme à P. falciparum en 2007

Source: Dellicour et al., 2010

I.9.1. Cytoadhérence placentaire

En plus de la séquestration érythrocytaire, de la formation des rosettes et de la

destruction des hématies induisant une anémie maternelle, la sévérité du paludisme

gestationnel est associée à la séquestration des érythrocytes parasités par P. falciparum dans

les espaces intervilleux du placenta (syncytiotrophoblastes). En effet une des protéines de la

famille des PfEMP-1, appelée var2CSA exprimée à la surface des hématies parasitées est

responsable de l’adhésion de ces hématies (figure 5). Celles-ci se fixent à un sucre, la

chondroitine sulfate A (CSA) et à l’acide hyaluronique (HA) présents dans le placenta.

(Rogerson et al, 2007b). Les parasites fixant la chondroïtine sulfate A seraient des variants

seulement trouvés chez les femmes enceintes. Une des stratégies vaccinales envisagées pour

lutter contre le paludisme gestationnel est de recréer une immunité protectrice, en bloquant

l'adhésion des hématies parasitées au placenta (Duffy et Fried, 2011).

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Figure 5 : Conséquences du paludisme gestationnel sur le fœtus

Source : Rogerson et al, 2007b

Légende

IRBC: infected red blood cell (globule rouge infecté); CSA: chondroitin sulfate A; IUGR: intrauterine growth

retardation (retard de croissance intra-utérine); PTD: preterm delivery (délivrance prématurée).

1.9.2. Effets chez la mère

Pour diverses raisons, l’anémie est plus fréquente chez la femme enceinte que chez

celle qui ne l’est pas : hémodilution due à l’augmentation du volume intravasculaire au cours

du deuxième trimestre de la grossesse, sollicitation accrue des réserves de fer et d’acide

folique. La destruction directe d'un nombre important d'érythrocytes infectés est une cause

importante d'anémie du paludisme. Lorsqu’elle est sévère, elle augmente le risque de décès

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pour la mère et l’on estime que les anémies imputables au paludisme pourraient être

responsables de 10.000 décès maternels par an en Afrique (0MS, 2005).

1.9.3. Effets sur la santé de l’enfant

L’infection palustre chez la mère peut provoquer l’avortement, l’accouchement d’un

mort-né ou une infection congénitale. Au cours de la seconde moitié de la grossesse, elle peut,

en s’associant à une anémie maternelle, interférer avec le gain pondéral du fœtus et contribuer

à un retard de la croissance intra-utérine, ou à une prématurité avec comme résultat un faible

poids à la naissance. L’insuffisance pondérale à la naissance est l’une des causes majeures

d’un taux de survie et de développement très faible chez le nourrisson. D’après des

estimations de l’OMS, le paludisme chez la femme enceinte est responsable de 8 à 14 %

(tableau I) de tous les cas d’insuffisance pondérale à la naissance et est à l’origine de 75 000 à

200 000 décès de nourrissons chaque année (Rogerson et al., 2007a). Il n’y a pas assez de

données sur les conséquences à long terme du paludisme pendant la grossesse pour l'enfant.

Des études essentiellement nutritionnelles indiquent que l'exposition à un environnement

intra-utérin anormal affecte le développement mental, métabolique et anthropométrique

pouvant conduire à un risque accru de maladie plus tard dans la vie (Desai et al., 2007).

Tableau I: part du paludisme dans l’anémie, le petit poids de naissance et la mortalité néonatale

Effet néfaste sur la santé % du total

Anémie maternelle 2 – 15

Petit poids de naissance 8 – 14

Naissance prématurée 8 – 36

Retard de croissance intra-utérine 13 – 70

Mort du nouveau né 2 – 8

Source : OMS, 2005

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I.9.4. Paludisme asymptomatique de la femme enceinte

Les symptômes et les complications du paludisme au cours de la grossesse diffèrent

selon l’intensité de la transmission et le taux d’immunité acquise par la femme enceinte. Dans

des zones de transmission épidémique ou faible (instable) du paludisme, les femmes enceintes

n’ont pas acquis un taux d’immunité élevé et tombent généralement malades lorsqu’elles sont

infectées par P. falciparum. Dans des zones de transmission stable du paludisme, la plupart

des femmes adultes ont développé une immunité suffisante pour que, même pendant la

grossesse, l’infection à P. falciparum n’entraîne généralement ni fièvre ni autre symptôme

clinique (figure 6). Dans ces zones, l’infection palustre se caractérise principalement par le

déclenchement d’une anémie secondaire et par la présence de parasites dans le placenta. Les

carences nutritives qui en résultent pour le fœtus contribuent à un faible poids à la naissance

(OMS, 2005).

Figure 6 : Conséquences du paludisme pendant la grossesse : zone de transmission forte ou modérée (stable)

Source : OMS, 2005

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I.9.5. Interventions recommandées dans le cadre de la prévention et de la lutte contre le paludisme chez la femme enceinte dans les zones de transmission stable (OMS Afrique, 2005)

Les directives pour la lutte contre le paludisme pendant la grossesse dans les zones de

transmission stable doivent insister sur l’association du traitement préventif intermittent (TPI)

et des moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII) et veiller à une prise en charge efficace

des accès palustres et de l’anémie.

I.9.5.1. Traitement préventif intermittent

Il faut administrer à toutes les femmes enceintes vivant dans des zones de transmission

stable au moins deux doses de TPI à partir du moment où elles commencent à percevoir les

mouvements du fœtus. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande un calendrier de

quatre consultations prénatales, dont trois après l’apparition des mouvements du fœtus. En

prévoyant l’administration du TPI à ces trois consultations, on s’assurera qu’une grande

proportion des femmes enceintes recevra au moins deux doses. A cause de son innocuité

pendant la grossesse, de son efficacité chez la femme en âge de procréer et de sa facilité

d’utilisation dans le cadre des programmes, la sulfadoxine- pyriméthamine (SP) est

actuellement le médicament le plus efficace pour le TPI. Ce médicament est administré sous

la forme d’une dose unique en présence de l’agent de santé et ne doit pas être pris plus d’une

fois par mois.

I.9.5.2. Moustiquaires imprégnées d’insecticide

Il faut les fournir aux femmes le plus tôt possible après le début de leur grossesse. On

les incitera à les utiliser pendant toute la période de grossesse et le post-partum. Elles seront

mises à la disposition des femmes soit dans les services de soins prénatals, soit par d’autres

acteurs du secteur public ou privé.

I.9.5.3. Prise en charge efficace des cas de paludisme et de l’anémie

Il faut assurer une prise en charge efficace des accès palustres à toutes les femmes

enceintes dans les régions affectées. Le supplément en fer, pour lutter contre l’anémie

maternelle, doit être donné aux femmes enceintes comme faisant partie des soins prénatals de

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routine. Un dépistage d’anémie sera fait chez toutes les femmes enceintes et celles trouvées

avec une anémie modérée à sévère seront prises en charge.

I.10. Diagnostics du paludisme

Une prise en charge efficace de la maladie requiert un diagnostic posé sans délai. Le

diagnostic repose sur la suspicion clinique d’un paludisme et, la recherche des hématozoaires

par l’examen microscopique certifie ce diagnostic en mettant en évidence le parasite dans le

sang circulant. Le tableau II résume les différentes méthodes de diagnostic.

I.10.1. Diagnostic microscopique direct par frottis sanguin (FS) et goutte épaisse(GE)

L’examen microscopique du FS et la GE est la technique de référence préconisée par

l’OMS. Il permet un diagnostic rapide et un contrôle de l’efficacité du traitement

antipaludique par le suivi de la parasitémie. C’est un examen peu coûteux et demeure la

technique la plus utilisée. Cependant, ses performances en termes de sensibilité et de fiabilité

dépendent directement de l’expérience du microscopiste et du niveau de la parasitémie du

sujet infecté. Le frottis sanguin permet un meilleur examen de la morphologie des parasites et

des hématies et donc un diagnostic d’espèce plasmodiale plus aisé. Il permet en outre, de

calculer la parasitémie. Le seuil de détection du FS est de 100 parasites/µL. Cependant sa

sensibilité est beaucoup plus faible que la GE qui permet de détecter de faible parasitémie

(50 parasites/ µL). Le diagnostic microscopique peut également se heurter à des difficultés

d’identification d’espèce particulièrement en présence de parasites altérés par un traitement

présomptif ou en cas de très faibles parasitémies (Moody, 2002 ; Rogier et al., 2009 ; Siala et

al., 2010).

I.10.2. Détection d’antigènes plasmodiaux par les tests de diagnostic rapide (TDR)

Les TDR reposent sur le principe de l’immunochromatographie en utilisant des

bandelettes sensibilisées par des anticorps monoclonaux spécifiques détectant des antigènes

plasmodiaux. Ils sont réalisés avec une goutte de sang déposée sur une bandelette et ne

nécessitent aucun appareillage.

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Détection de l’antigène Histidin Rich Protein 2 (HRP2) : cette glycoprotéine

spécifique de l’espèce P. falciparum est produite par tous les stades érythrocytaires asexués

du parasite et peut persister dans le sang périphérique plus de 15 jours après la disparition des

parasites.

Ces tests sont crédités d’une sensibilité supérieure à 96% par rapport aux techniques

microscopiques classiques, lorsque la parasitémie évaluée sur la GE est supérieure à 100

parasites/µL. Leur seuil de détection varie de 100 à 300 parasites/µL. La persistance de

l’antigénémie après guérison et la monospécificité vis-à-vis de P. falciparum constituent les

inconvénients majeurs de ces tests. Des faux positifs ont été également associés à des

réactions croisées avec les facteurs rhumatoïdes. Les faux négatifs sont possibles et seraient

dus à des mutations sur le gène codant pour l’HRP2 ou en présence d’anticorps anti HRP2

(Rogier et al., 2009 ; Siala et al., 2010).

Détection des lactates déshydrogénases parasitaires (LDH) : ce sont des enzymes

glycolytiques qui présentent l’avantage d’être communes aux 4 espèces plasmodiales,

détectées à tous les stades sexués et asexués du parasite. Les LDH ont un seuil de détection

identique à celui de l’HRP2, leur clairance est par contre plus rapide faisant qu’ils ne

persistent pas dans le sang après disparition du Plasmodium, d’où leur intérêt dans la

surveillance des patients traités (Siala et al., 2010).

L’aldolase : des anticorps capables de reconnaître les aldolases de tous les

plasmodiums humains peuvent être utilisés. La sensibilité de détection de ces antigènes est

cependant encore moindre que celle des tests détectant l’HRP2 et la LDH (Rogier et al.,

2009).

Les TDR sont d’exécution rapide et de lecture facile pouvant être réalisés par un

personnel moyennement formé. Ils sont indiqués particulièrement dans les structures non

spécialisées lorsque l’examen microscopique n’est pas disponible. Leurs performances

dépendent essentiellement de la parasitémie. Ils sont également moins performants avec les

espèces autres que P. falciparum, particulièrement P. ovale. Les TDR doivent être considérés

comme un complément des autres méthodes de diagnostic. Leurs résultats doivent être

vérifiés et complétés si possible par l’examen microscopique. Leur positivité permet une prise

en charge adéquate et rapide des patients. En revanche, leur négativité ne doit pas écarter le

diagnostic (Rogier et al., 2009).

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I.10.3. Le QBC Malaria test ou Quantitative Buffy Coat

Le principe de cette technique microscopique de fluorescence repose sur l’utilisation

d’un fluorochrome (l’acridine orange) capable de se fixer sur le noyau du parasite. La

recherche du Plasmodium se fait dans 50µl de sang recueillis dans un tube à hématocrite,

après concentration par centrifugation et lecture au microscope à fluorescence.

La sensibilité de cette technique serait comparable à celle de la GE pour des infections

supérieures à 100 parasites/µl. Elle varie de 41% à 93% pour des parasitémies inférieures à

100 parasites/µL. La spécificité pour P. falciparum est élevée (93-98%) mais chute à environ

50% pour les infections causées par les autres espèces. Le QBC Malaria test est d’usage facile

et de réalisation rapide ; il constitue actuellement le meilleur test de dépistage pour des

biologistes non spécialisés et pour les structures traitant un grand nombre de tests de

Plasmodium. Malheureusement, son emploi nécessite un matériel et des réactifs coûteux ce

qui limite son utilisation. Il ne permet pas non plus le diagnostic d’espèce et le calcul de la

parasitémie.

I.10.4. Détection des acides nucléiques par les techniques d’amplification génique

L’amplification génique par PCR est la technique la plus utilisée. C’est la technique la

plus sensible qui permet de détecter de très faibles parasitémies de l’ordre de 0,3 parasite/µL

de sang avec une possibilité de quantification de l’ADN plasmodial en utilisant la PCR

quantitative. L’amplification du gène codant pour la petite sous unité 18S de l’ARN

ribosomal du plasmodium permet aussi l’identification des espèces en cause en utilisant une

PCR niché. En dépit de ses avantages, la biologie moléculaire ne peut remplacer en pratique

courante les méthodes classiques de diagnostic du paludisme en raison du temps de réalisation

relativement long, non compatible avec l’urgence du diagnostic du paludisme. La PCR est

essentiellement indiquée pour la détection des faibles parasitémies en cas de forte suspicion et

de difficulté de confirmation microscopique notamment chez les voyageurs sous

chimioprophylaxie. Elle est également d’un apport appréciable dans l’identification des

espèces plasmodiales, le suivi post-thérapeutique et l’étude des gènes impliqués dans la

résistance aux antipaludiques. Ses exigences en matériel et son coût font qu’elle est encore

réservée aux laboratoires spécialisés (Siala et al., 2010).

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I.10.5. Détection des anticorps antiplasmodiaux

La sérologie n’a pas de place dans le diagnostic des accès palustres aigus en raison de

l’apparition tardive des anticorps (Ac) antipalustres par rapport à l’émergence des parasites

dans le sang. Le diagnostic sérologique se heurte également à des difficultés d’interprétation.

En effet, la présence d’Ac spécifiques peut témoigner soit d’une infection palustre évolutive

soit d’un paludisme antérieur dans la mesure où les Ac peuvent persister 2 à 3 ans après

l’infection. Le diagnostic immunologique est indiqué dans certaines formes cliniques

chroniques telles le paludisme viscéral évolutif et la splénomégalie palustre hyper-immune au

cours desquelles les Ac sont à des taux élevés alors que les recherches parasitologiques sont le

plus souvent négatives. La sérologie est aussi utile en rétrospectif en cas de traitement

présomptif ou d’automédication. Elle reste par ailleurs, très utilisée dans le dépistage des

donneurs de sang dans le cadre de la prévention du paludisme post-transfusionnel et dans les

enquêtes épidémiologiques (Siala et al., 2010).

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Tableau II : Méthodes de diagnostic des infections plasmodiales

Goutte épaisse

Frottis mince

QBCTM Malaria test

TDR HRP2

TDR LDH

PCR

Volume de sang examiné

3 – 4µL 1 – 1,5µL 55 – 65µL 5 – 15µL 5 – 15µL 10 – 100µL

Sensibilité pour P. falciparum (95% de chance de détection)

24/µL pour 100 champs 300/µL pour 100 champs 12/µL pour 200 champs 150/µL pour 200 champs 1 – 5/µL 100 – 300µL 100 – 300µL 0,001 – 0,3/µL 6/µL pour 400 champs

Temps de réalisation en minutes

30 – 60 30 – 60 < 10 5 – 20 5 – 20 40 – 60 (PCR temps réel)

Coût (en euros) 0,03 – 0,7 0,03 – 0,7 1,5 0,4 – 3 0,4 – 3 Environ 15 Diagnostic de P. falcipaum

Oui Oui Evoqué par le mono-morphisme des formes

Oui Oui Oui

Diagnostic de P. vivax

Oui

Oui

Non Non Oui

Oui

Diagnostic de P. ovale et P. malaria

Oui Oui Non Non Oui mais sensibilité médiocre

Oui

Estimation de la densité parasitaire

Oui Oui Non Non Non Non

Avantages

Méthode de référence

Morphologie des hématies parasitées conservée

Facilité d’emploi sans besoin d’électricité

Facilité d’emploi sans besoin d’électricité négativité rapide après guérison

Inconvénients

Dépend de l’expérience technique et d’une source d’électricité

Dépend de l’expérience technique et d’une source d’électricité

Coût initial d’investissements élevé. Dépend de l’expérience technique et d’une source d’électricité

Positivité persistant 15 jours après guérison

Technicité réservée à des centres spécialisés. Coût des investissements

Source : Rogier et al., 2009

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I.11. Traitement du paludisme et prophylaxie

I.11.1. Traitement du paludisme

Un traitement antipaludique doit être efficace, accessible, bien toléré et peu onéreux

car les populations majoritairement concernées ont des faibles revenus avec un accès au soin

limité. La prise en charge thérapeutique du paludisme dépend de plusieurs facteurs

notamment de l’espèce de parasite en cause, de la gravité de l’infection, de l’âge de la

personne atteinte et du profil de résistance aux médicaments antipaludéens dans la région du

monde où la personne a contracté la maladie.

I.11.1.1. Cibles plasmodiales

Le parasite dispose pour son développement intra érythrocytaire d’un métabolisme et de

moyens de défenses spécifiques qui constituent autant de cibles aux antipaludiques. Nous

distinguerons :

la vacuole digestive du parasite qui est le siège de la digestion de l’hémoglobine, de la

cristallisation de l’hème et où des moyens de défense spécifiques contre le stress oxydatif sont

retrouvés.

un cytoplasme comportant le cytosol et deux organites essentiels, les mitochondries et

l’apicoplaste. Ils sont nécessaires à la biosynthèse des acides nucléiques.

une membrane plasmique, constituée de phospholipides, des canaux calciques et

parasitophores, siège du trafic nutritionnel.

Les antipaludiques peuvent être classés selon leur mode d’action en schizonticides

actifs sur la phase asexuée érythrocytaire, et gamétocyticides actifs sur la phase sexuée

érythrocytaire. Les amino-8-quinoléines (tafénoquine et primaquine) sont des molécules

actives sur la phase hépatique du parasite. Du fait de leur index thérapeutique faible, leur

usage exige une surveillance clinique rapprochée.

I.11.1.2. Molécules antipaludiques

Les schizonticides

Ce groupe comprend les dérivés quinoléiques (chloroquine, amodiaquine) et les

dérivés de l’artémisinine (méfloquine, halofantrine, luméfantrine). Ces molécules interfèrent

avec la digestion de l’hémoglobine dans la vacuole nutritive en inhibant la formation de

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l’hémozoïne. Les dérivés de l’artémisinine (artésunate, artéméther, etc) de type peroxyde

interfère aussi dans la digestion de l’hémoglobine, par libération de radicaux libres, toxiques

pour le parasite. Les dérivés de l’artémisinine ont une action gamétocytocide, qui réduit la

transmission et limite les risques de voir émerger des résistances.

Les inhibiteurs des acides nucléiques ou antimétaboliques

Ils bloquent la division du noyau de l’hématozoaire. Ce groupe comprend les anti-

folates, les naphtoquinones et les antibiotiques.

Les anti-folates sont répartis en deux familles, les anti-foliques (sulfamides, dont la

sulfadoxine et sulfone) et les anti-foliniques (proguanil et pyriméthamine). Ils agissent au

niveau de la voie de synthèse des folates, qui sont essentiels à la biosynthèse des acides

nucléiques du parasite. Les anti-foliques inhibent la dihydroptéroate synthétase (DHPS) qui

produit l’acide folique et les anti-foliniques inhibent la dihydrofolate réductase (DHFR), qui

produit l’acide folinique.

Les naphtoquinones : l’atovaquone est un inhibiteur puissant des fonctions mitochondriales en

bloquant la chaîne de transfert d’électrons au niveau de son enzyme-clé, la dihydroorotate

déshydrogénase. Elle a peu d’impact thérapeutique lorsqu’elle est utilisée seule.

Les antibiotiques : les tétracyclines (doxycycline), les macrolides (érythromycine,

azythromycine, clindamycine) peuvent inhiber la synthèse protéique par inhibition de

certaines fonctions de l’apicoplaste.

Les associations d’antipaludiques

Les nouveaux antipaludiques qui ont fait l’objet de développements récents sont tous

associés, au moins en bithérapie. Certaines associations sont fixes : l’atovaquone-proguanil,

l’arthéméther-luméfantrine et la chlorproguanil-dapsone. D’autres associations sont libres,

associant toujours un dérivé de l’artémisinine vu la rapidité d’action, l’impact sur la

transmission et l’absence de chimiorésistance de P. falciparum : artésunate-méfloquine,

artésunate-amodiaquine, artéméther-proguanil et artésunate-sulfadoxine-pyriméthamine.

(Njomnang Soh, 2008).

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I.11.2. Prophylaxie

La lutte contre le paludisme repose en partie sur le contrôle des vecteurs qui vise à

supprimer ou limiter le contact homme-vecteur pour prévenir l’infection par des

plasmodiums. Elle est complémentaire de la lutte contre le parasite lui même par la

chimioprophylaxie, les traitements préventifs intermittents ou les traitements curatifs. Une

évaluation entomologique est cependant indispensable pour vérifier et surveiller l’efficacité

des interventions anti vectorielles.

I.11.2.1. La lutte antivectorielle

La lutte contre les anophèles au stade adulte

Moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII)

Dans l’attente d’un vaccin et face au phénomène de la chimiorésistance de

Plasmodium falciparum aux médicaments antipaludiques, la lutte anti vectorielle demeure de

nos jours une des composantes majeures de la lutte contre le paludisme en prévenant ou en

réduisant la transmission de l’infection plasmodiale. Les moustiquaires imprégnées

d’insecticide (MII) offrent une bonne protection mécanique pour limiter le contact entre les

vecteurs et les humains. Lorsqu’une proportion importante d’une population humaine dort

sous des MII, les anophèles cherchant à les piquer sont fortement exposés à l’insecticide et

ont une durée de vie diminuée. La transmission des plasmodiums peut alors être diminuée

pour l’ensemble de la communauté humaine; il s’agit de l’effet de masse.

Pulvérisations intra domiciliaires d’insecticides à effet rémanent

Les pulvérisations intra-domiciliaires à l’aide d’insecticides à effet rémanent agréés

par l’OMS (y compris le DDT : dichloro-diphényl trichloroéthane) constituent encore l’une

des principales interventions de lutte anti vectorielle destinées à réduire ou interrompre la

transmission du paludisme dans tous les contextes épidémiologiques (OMS, 2006).

La lutte contre les anophèles au stade larvaire

Les moyens de lutte contre les larves permettent d’empêcher la prolifération des

moustiques. La lutte contre les larves peut prendre plusieurs formes : éliminer les lieux de

ponte, modifier les larves pour qu’elles ne puissent plus s’y développer, rendre les lieux de

ponte inaccessibles aux moustiques adultes, introduire dans les lieux de ponte des poissons

larvivores ou d’autres prédateurs, épandre des larvicides et des inhibiteurs de croissance des

insectes.

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I.11.2.2. Traitement préventif

Un traitement préventif intermittent est recommandé pour les groupes de population

vivant dans des zones où le taux de transmission reste élevé et qui sont particulièrement

exposés au risque d’une infection à Plasmodium ou à ses conséquences, notamment les

femmes enceintes et les nourrissons. La plus part des pays en Afrique subsaharienne ont

adopté le TPI pour les femmes enceintes comme politique nationale. Aucun pays n’a pour

l’instant fait du TPI un élément de sa politique nationale dans le cas des nourrissons depuis sa

recommandation en 2009 (OMS, 2011).

I.11.3. Résistances antipaludiques de Plasmodium et résistance des vecteurs aux insecticides

I.11.3.1. Résistances antipaludiques

Au cours de leur évolution, les micro-organismes ont su déjouer les pièges qui leur

sont tendus par l’environnement et notamment leur hôte (immunité et utilisation de molécules

anti-infectieuses). L’émergence et la diffusion de la résistance aux antipaludiques posent un

sérieux problème de santé publique. P. falciparum est maintenant résistant à tous les

antipaludiques utilisés même aux derniers commercialisés comme les associations à base

d’artémisinine (figure 7). Les échecs prophylactiques ou thérapeutiques entrainent une

réémergence du paludisme s’accompagnant d’une augmentation de la transmission, de la

morbidité et de la mortalité. La connaissance des mécanismes de résistance permet le

développement de nouvelles molécules qui diminueront la résistance, d’identifier les cibles de

nouveaux antipaludiques et enfin d’identifier des marqueurs moléculaires pour la surveillance

de la résistance aux antipaludiques. La résistance est souvent associée à une altération

d’enzymes (mutations) clés qui sont des cibles d’antipaludiques à l’altération de

l’accumulation de l’antipaludique dans le parasite résultant d’une diminution d’entrée ou

d’une augmentation de sortie (efflux) de la molécule, voire aux deux (Pradines et al., 2010).

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Figure 7: Introduction des antipaludiques et apparition des résistances (R) de P. falciparum

Source : Pradines et al, 2010

I.11.3.2. La résistance des vecteurs aux insecticides

Les résistances des vecteurs aux insecticides sont observées dans de nombreuses

populations de vecteurs partout dans le monde. Ces résistances peuvent être dues à la

détoxification naturelle des insecticides par des enzymes ou à une mutation de la cible de

l’insecticide (Djogbénou, 2009).

I.12. Hémoglobines S et C Groupes sanguins ABO et paludisme

Les facteurs génétiques de l’hôte affectent aussi l’évolution de la maladie. Parmi ces

facteurs génétiques, les polymorphismes de l’hémoglobine jouent un rôle essentiel.

I.12.1. Hémoglobines S et C (HbS et HbC)

Les polymorphismes génétiques de HbS et HbC assurent la protection contre les

formes simples et sévères du paludisme. HbC est aussi associée à la protection contre le

paludisme en Afrique de l’ouest. Elle est d'environ 90% chez les homozygotes HbCC et de

30% chez les hétérozygotes HbAC au Burkina Faso (Modiano et al., 2001 ; Rihet et al, 2004).

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HbAS joue un rôle dans la mise en place d’une immunité acquise. Une étude faite au Kenya a

montré l’acquisition accélérée de l'immunité contre le paludisme simple chez les enfants âgés

de moins de 10 ans porteurs de HbAS (Williams et al., 2005). L’hémoglobine S est présente

dans les régions tropicales et équatoriales en Afrique, en Arabie Saoudite et en Inde tandis

que l’allèle C se rencontre dans une région restreinte en Afrique de l’ouest et du centre

(Modiano et al., 2008).

I.12.2. Groupes sanguins ABO

Le polymorphisme du complexe des groupes sanguins ABO joue un rôle dans

l’évolution du paludisme. Il a été montré que les individus du groupe sanguin O étaient plus

protégés contre le paludisme sévère que les individus des autres groupes sanguins. Une faible

séquestration et un taux réduit de rosettes par les érythrocytes du groupe sanguin O infectés

par P. falciparum assurent cette protection. Le groupe sanguin A, a quant à lui été associé au

paludisme sévère (Rowe et al., 2007).

I.13. Homocystéine, Folates, Anémie et paludisme

I.13.1. L’homocystéine

L’homocystéine (HCY) est un acide aminé soufré qui ne rentre pas dans la structure

des protéines. Dans le cycle de la méthionine, l’HCY constitue l’intersection de deux voies

métaboliques appelées reméthylation et trans-sulfuration. La complexité des voies

métaboliques de l’HCY et de la méthionine et l’équilibre parfait nécessaire au bon

fonctionnement de ce cycle peut être largement influencée par le paludisme dû à P.

falciparum. En fait, le parasite utilise le métabolisme des polyamines, essentiel à sa croissance

et modifie le taux du glutathion, un puissant antioxydant naturel, dans la cellule hôte infectée

(Chillemi et al., 2004) (Figure 8).

La voie de la reméthylation

Elle assure la re-méthylation de l’HCY en méthionine selon deux réactions

enzymatiques distinctes. Ce transfert du groupe méthyl, qui permet la synthèse de la

méthionine, n’est possible qu’en présence de méthylcobalamine ; d’où la synergie d’action

entre les folates et la vitamine B12.

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La voie de la transsulfuration

La majorité de l’HCY n'est pas re-méthylée mais catabolisée en cystéine par la voie de la

trans-sulfuration. Cette voie permet à la méthionine d’apporter un atome de soufre pour la

formation de cystéine. Ces deux réactions nécessitent la présence d’un cofacteur enzymatique,

le phosphate de pyridoxal ou vitamine B6.

Figure 8 : Schéma simplifié des voies de polyamines et de l’homocystéine

Soucre : Chillemi et al., 2004

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I.13.2. Les folates ou vitamine B9

La vitamine B9 ou folacine, aussi appelée acide folique est présente dans les aliments

sous forme de polyglutamates. Les folates sont impliqués dans la synthèse des acides

nucléiques (ADN, ARN), dans les processus de méthylation et dans le contrôle du taux de

synthèse de l’homocystéine. De ce fait, leur carence se traduit par la dérégulation du

métabolisme de transfert des monocarbones, conduisant entre autres, à une accumulation de

l’homocystéine (Chango, 2008), aux risques de cancer, de troubles cardio-vasculaires et

neurologiques. La perturbation de la division cellulaire peut se traduire chez la femme

enceinte par une anomalie de fermeture du tube neural du fœtus au cours de l’embryogenèse

(Loiseau, 2009). Les taux élevés d’homocystéine jouent un rôle dans les complications de

grossesse (risque accru d’éclampsie, d’enfants de faibles poids à la naissance, de mort-nés et

de prématurés) (Vollset et al., 2000).

I.13.3. L’anémie

L’anémie est définie lorsque la concentration d’hémoglobine est inférieure au seuil

limite établi, tel qu’il est défini par l’OMS en 2001. Ce seuil se situe dans une fourchette

allant de 11 g/dL pour les femmes enceintes et pour les enfants de 6 mois à 5 ans, à 12 g/dL

pour les femmes non enceintes et à 13 g/dL pour les hommes. L’anémie peut être

diagnostiquée en analysant le taux d’hémoglobine dans le sang ou en mesurant la proportion

de globules rouges dans le sang entier (hématocrite). Des carences en nutriments ont été

corrélées à l’anémie, dont les carences en fer, en vitamines A, B-6 et B-12, en riboflavine en

acide folique. Les infections générales et les maladies chroniques figurent également dans les

causes de l’anémie (USAID et INACG, 2003). Par exemple, le risque d’anémie augmente

quand les personnes sont exposées au paludisme et aux helminthiases. Il existe de nombreuses

autres causes d’anémie, notamment des anomalies héréditaires telles que la thalassémie. Le

paludisme est cause d’anémie suite à la destruction des érythrocytes et à l’inhibition de la

production de nouveaux globules rouges.

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II. MATERIEL ET METHODES

II.1. Cadre d’étude

Notre cadre d’étude comprenait le Centre Médical Saint Camille (CMSC) et le Centre

de Recherche Biomoléculaire Pietro Annigoni (CERBA) qui dépendent du district sanitaire

du secteur 30. Le CMSC comprend une maternité, un service de pathologie néonatale, un

service de pédiatrie, un service de santé maternelle et infantile (SMI) où nous avons recruté

les femmes, un dispensaire adulte, un dépôt pharmaceutique, un cabinet dentaire, un service

d'imagerie médicale et un laboratoire d'analyse (parasitologie, bactériologie, biochimie,

hématologie, sérologie, immuno-virologie, biologie moléculaire). Le CERBA dans lequel

nous avons effectué nos analyses est une fédération de plusieurs laboratoires : le Laboratoire

de Biologie et de Génétique moléculaires (LABIOGENE-UFR SVT, Université de

Ouagadougou), le laboratoire d’analyse médicale et le centre de recherche biomoléculaire.

II.2. Population d’étude

Deux cent une (201) femmes âgées de 18 à 39 ans venues pour leur première

consultation prénatale à la SMI (Santé Maternelle et Infantile) du CMSC ont été incluses dans

l’étude. Un questionnaire a été élaboré pour recueillir des données sociodémographiques et

la méthode de prophylaxie antipalustre utilisée par chaque femme. La collecte des

échantillons s’est déroulée du 23 septembre au 20 octobre 2010 (période de haute

transmission) au CMSC.

Chez les femmes sélectionnées, 6ml de sang veineux ont été prélevés et répartis dans

deux tubes EDTA et un tube sec. Le premier tube EDTA a servi à la recherche de l’antigène

HRP2, à la détermination de la parasitémie de P. falciparum sur goutte épaisse, et au dosage

du taux d’hémoglobine. Le second tube EDTA est centrifugé et le plasma a servi au dosage

des folates, de l’homocystéine. Le sérum du tube sec a servi au dosage du fer sérique.

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Critères d’inclusion

Les femmes enceintes ayant au moins 18 ans et suivant les visites prénatales au CMSC

et ne présentant pas de suspicion clinique de paludisme et consentantes à l’étude.

Critères de non-inclusion

Les femmes enceintes de moins de 18 ans.

Les femmes enceintes malades du paludisme.

II.3. Test rapide, goutte épaisse et densité parasitaire

Test rapide (ACON Malaria P.f., San Diego ; USA)

La bandelette de test rapide du paludisme est un test immunologique qualitatif basé

sur la détection de l'antigène HRP2 dans le sang total. Les bandelettes contiennent des

anticorps monoclonaux (anti-HRP2) de Plasmodium falciparum. Pendant le test le mélange

(sang total plus anticoagulant) migre par capillarité vers le haut de la membrane. Si

l'échantillon contient des antigènes de Plasmodium, une ligne rouge apparaîtra dans la région

de test. L'absence de la ligne rouge dans la région de test indique que le spécimen ne contient

pas d'antigène de Plasmodium falciparum. Pour servir de procédure de contrôle une ligne de

couleur apparaîtra toujours dans la région de contrôle validant ainsi le test (figure 9).

Figure 9: Représentation des résultats de test rapide du paludisme

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Goutte épaisse et densité parasitaire

Déposer une goutte de sang au milieu d'une lame de microscope et, à l'aide du coin

d'une autre lame, étaler la goutte de sang jusqu'à obtenir un diamètre de 10 à 15 mm

(figure 10).

Figure 10 : Une goutte épaisse

Lorsque les étalements sont secs, colorer pendant environ 30 mn au Giemsa dilué au

1/10, laver doucement et laisser sécher. Au microscope, examiner au grossissement 100 la

goutte épaisse en utilisant de l'huile à immersion. Pour estimer la densité parasitaire, compter

le nombre de parasites présents en comptant 200 leucocytes. Ce nombre est multiplié par 40

pour avoir la parasitémie en parasite/µL.

II.4. Electrophorèse de l’hémoglobine

Le principe consiste en la migration, dans un champ électrique, d'un hémolysat

d'hématies lavées, l'échantillon du patient étant analysé parallèlement à ceux de témoins

normaux et pathologiques.

Mettre 4 mL de solution hémolysante contenant 1% de fluorure de sodium, 12% de

NaCl et 1,5% d’oxalate de potassium dans des tubes à essai. Ajouter 3 gouttes de sang et

centrifuger 30 secondes à 1500 rpm. Verser le surnageant et ajouter au culot 3 gouttes de

saponine à 1% et porter au vortex pour hémolyser les hématies. Par des capillaires, déposer

des spots sur le cellogel, lancer la migration 45 minutes à 200V avec du tris-glycine comme

tampon de migration.

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II.5. Dosage colorimétrique du taux d’hémoglobine Le dosage a été effectué en utilisant un kit de dosage colorimétrique (Cypress

DIAGNOSTICS, Belgique) et un spectrophotomètre (MICROLAB 200).

Principe : l’hémoglobine est oxydée par le ferricyanure de potassium en

méthémoglobine laquelle est convertie en cyanométhémoglobine par le cyanure de potassium.

L’intensité d’absorption de la cyanométhémoglobine est proportionnelle à la concentration de

l’hémoglobine.

Protocole ; mélanger 20 µL de sang dans 5 mL de solution de travail, vortexer et

incuber 3 minutes à température ambiante. Ce mélange est lu contre un blanc (solution de

travail).

Concentration de l’hémoglobine = (Abs échantillon/ Abs standard) X 15 en g/dL. Limite de

détection 0,1 g/dL ; linéarité jusqu’à 20 g/dL.

II.6. Détermination des groupes sanguins Nous avons utilisé des anticorps anti-A, anti-B, anti-AB et anti-D du BHAT BIO-

TECH (Inde).

La détermination du groupe sanguin consiste à rechercher la présence ou l'absence des

antigènes A et B présents sur les globules rouges et les anticorps correspondants aux

antigènes absents dans le sérum.

Protocole : sur une plaque, déposer 4 gouttes de sang à des endroits différents sur la

même ligne pour chaque échantillon. Ajouter une goutte du réactif anti-A à la première

goutte, une goutte du réactif anti-B à la deuxième goutte, une goutte du réactif anti-AB à la

troisième goutte et une goutte du réactif anti-D à la dernière goutte puis mélanger. Lire les

résultats au bout de deux minutes (figure11).

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Figure 11 : Photo de groupes sanguins A, B et O

II.7. Dosage du fer sérique Nous avons utilisé un kit de dosage colorimétrique (Cypress DIAGNOSTICS,

Belgique) et un spectrophotomètre (HOSPITEX).

Principe du dosage : Dans le sérum, le fer est lié à la transferrine. En présence d’une

faible acidité, le fer se dissocie de son complexe alors que les protéines sériques restent en

solution. Après sa réduction par l’acide ascorbique, le fer est converti et se lie à la ferrozine

pour former un complexe coloré dont l’intensité est proportionnelle à la concentration du fer

dans l’échantillon.

Groupe O+

Groupe A+

Groupe B+

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Tableau III : Protocole de dosage du fer sérique

Réactifs Réactif blanc Standard Echantillon

blanc

Echantillon

Standard (Fer aqueux)

Echantillon

R1 : (tampon acétate) + R2

(réducteur : acide ascorbique)

R3 (couleur : ferrozine)

200 µL

------

1 mL

-------

200 µL

------

1 mL

1 goutte

------

200 µL

1 mL

------

------

200 µL

1 mL

1 goutte

Mixer et attendre 10 minutes à la température ambiante. Mesure au spectrophotomètre du standard et

de l’échantillon versus le blanc de standard /échantillon. La couleur est stable au moins 30 minutes.

II.8. Dosage des folates et de l’homocystéine Ces dosages ont été effectués en utilisant un kit de dosage des folates et un kit de

dosage de l’homocystéine pour AxSYM (ABBOTT, USA).

II.8.1. Dosage immunologique par polarisation de fluorescence (FPIA) de l’homocystéine

Principe : l’homocystéine (HCY) liée est réduite en homocystéine libre qui est à son

tour convertie en S-Adenosyl-L-Homocystéine (SAH) comme décrit ci-dessous. L’HCY, ses

formes disulfures ainsi que les formes mixtes protéine-HCY présentes dans l’échantillon sont

réduites en homocystéine libre sous l’action du dithiothréitol (DTT).

HCY-SS-HCY (homocystéine)

R1-SS-HCY (R1 = résidu thiol) DTT HCY

protéine-SS-HCY

Ensuite l’HCY libre est convertie en SAH utilisant la SAH hydrolase et de l’adénosine en

excès. Le SAH est ensuite dosé par FPIA.

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Principe du FPIA : l’échantillon, le réactif de prétraitement et le diluant sont mis en

contact et incubés. Une première lecture est prise comme blanc par le système optique FPIA.

Les anticorps (anti-SAH) et les traceurs (substance identique à la substance à doser liée à un

traceur fluorescent) sont ajoutés au mélange réactionnel et incubés. La substance à doser entre

en compétition avec le traceur pour occuper les sites de liaison des anticorps (figure 11). Le

système optique détecte et mesure dans un plan de polarisation bien précis, l’intensité de la

fluorescence émise. La variation de cette intensité détermine la concentration de la substance

à doser dans l’échantillon :

si l’échantillon contient une forte concentration de la substance à doser, il

restera un grand nombre de molécules de traceurs non liées. La lumière polarisée provoque

une excitation de ces petites molécules qui tournent rapidement en émettant de la lumière

dans de nombreux plans et donc pas seulement dans le plan retenu pour la mesure; l’intensité

lumineuse mesurée sera donc faible ;

si la concentration de la substance à doser est faible dans l’échantillon, un

grand nombre de molécules de traceurs se lieront aux anticorps formant de grosses molécules,

plus lourdes; ces molécules tournent plus lentement en émettant de la lumière polarisée dans

le même plan. L’intensité de la lumière mesurée dans ce plan de polarisation sera donc

intense.

Protocole : mettre 150 µL de plasma ainsi qu’un contrôle bas, normal, et haut dans les

cartouches de réaction et lancer l’analyse.

Figure 12 : Compétition entre la substance à doser et le traceur

Source : manuel de l’AxSYM

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II.8.2. Dosage des folates

Principe : le dosage AxSYM Folate est basé sur une technologie par capture d’ions. La

solution de capture d’ions, ammonium quaternaire de poids moléculaire élevé, est distribuée

sur la matrice en fibres de verre. Une charge positive est ainsi transmise à la matrice, ce qui la

rend capable de capturer les complexes d’analytes chargés négativement. Au cours du dosage,

il y a formation de complexes polyanions-analytes chargés négativement qui sont capturés par

interaction électrostatique avec la matrice en fibres de verre chargée positivement. Le dosage

AxSYM Folate utilise un réactif soluble de liaison composé de protéines de liaison des folates

(FBP : Folate Binding Protein) couplées à des anticorps monoclonaux, couplés à leur tour de

manière covalente à la carboxyméthylamylase (polyanion). Au cours du dosage AxSYM

Folate, il y a formation de complexes d’analytes chargés négativement grâce à la réaction de

liaison entre les folates et le réactif soluble de liaison. Les complexes d’analytes chargés

négativement sont capturés par interaction électrostatique avec la matrice en fibres de verre

cationique. Les folates sont quantifiés par la mesure de la population des sites FBP non

occupés liés à la matrice, en utilisant un conjugué d’acide ptéroïque (un analogue des folates)

et de la phosphatase alcaline comme molécule génératrice de signal, ainsi qu’un substrat le

phosphate de méthyl-4-ombelliféryl. La vitesse de formation du méthyl-4-ombelliférone

(produit fluorescent) est mesurée. Cette vitesse est proportionnelle à la concentration des

folates dans l’échantillon.

Protocole : mettre 150 µL de plasma ainsi qu’un contrôle bas, normal, et haut dans les

cartouches de réaction et lancer l’analyse.

II.9. Considérations éthiques Le comité d’éthique du Centre Médical Saint-Camille et du CERBA a approuvé cette

étude et chaque femme a donné son consentement avant la collecte du sang.

II.10. Analyses statistiques Les données ont été saisies sur Excel 2007 puis analysées avec le logiciel standard

Statistical Package for Social Sciences (SPSS) version 17 pour windows et par le logiciel

EpiInfo version 6. Le seuil de signification statistique a été fixé à p < 0,050.

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III. RESULTATS

III.1. Caractéristiques socio-économiques et professionnelles des femmes

Les femmes enceintes se présentant au laboratoire du CMSC pour des examens

prénatals ont consentis librement à faire un test de paludisme et à faire parti de notre étude.

Leur âge variait entre 18 et 39 ans, avec une moyenne d’âge de 25,23 ± 5,20 ans et parmi

elles, 77,61% avaient moins de 30 ans. Le tableau IV récapitule les caractéristiques

professionnelles et socio-économiques des femmes. Les ménagères représentaient 61,19% ;

les analphabètes 41,79% et 28,88% avaient un niveau d'instruction post-primaire et 2,49%

étaient salariées. Parmi les femmes enceintes, 42,79% étaient des multipares ayant au moins

3 grossesses ; 34,82% étaient des primipares et seules 42,29% des femmes enceintes

dormaient sous une moustiquaire imprégnée. La prise d’un supplément médicamenteux (fer

acide folique) ne concernait que 40,30% des femmes.

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Tableau IV : Caractéristiques professionnelles et socio-économiques des femmes

Caractéristiques Nombre Pourcentage (%)

Profession

Ménagères 123 61,19

Secteur informel 60 29,85

Salariées 05 02,49

Elèves/étudiantes 13 06,47

Education

Illettrées 84 41,79

Primaire 59 29,35

Post-primaire 58 28,88

Age en années

≤ 20 50 24,88

21 à 25 59 29,35

26 à 30 59 29,35

31 à 39 33 14,42

Nombre de grossesse

1

70

34,82

2 45 22,39

≥ 3 86 42,79

Stade de la grossesse

1er trimestre 70 34,83

2ème trimestre 96 47,76

3ème trimestre 35 17,41

Moustiquaires imprégnées

Oui 85 42,29

Non 116 57,71

Fer acide folique Oui 81 40,30

Non 120 59,70

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III.2. Paramètres hématologiques et biochimiques des femmes enceintes

III.2.1. Taux hémoglobine et fer sérique

Le tableau V résume les taux d’hémoglobine et du fer sérique des femmes. La valeur

moyenne du taux d’hémoglobine était de 10,49 ± 1,73 g/dL. Les femmes enceintes ayant un

taux d’hémoglobine < 11 g/dL représentaient 61,19% et celles ayant un taux d’hémoglobine

situé entre 7 g/dL et 10 g/dL représentaient 36,81%. La majorité des femmes avait un taux

normal de fer sérique (83,08%) sans relation statistiquement significative entre taux de fer et

anémie.

Tableau V : Taux d'hémoglobine et de fer sérique

Paramètres Valeurs

(g/dL)

Nombre %

Taux d’hémoglobine (10,49 ±1,73g/dL)

Anémie sévère < 7 2 1,00

Anémie modérée [7 – 10[ 74 36,81

Anémie légère [10 -11[ 47 23,38

Absence d’anémie ≥ 11 78 38,81

Fer sérique

(14,64 ±1,96 µmol/L)

Bas < 7,16 21 10,45

Normal 7,16 à 26,85 167 83,08

Haut > 26,85 13 6,47

III.2.2. Comparaison goutte épaisse et test de dépistage rapide de Plasmodium

falciparum

Le taux de positivité à P. falciparum était respectivement de 30,35% (61/201) et

24,38% (49/201) par TDR et goutte épaisse (P = NS). La densité parasitaire moyenne était de

4058 parasites/µL (Tableau VI).

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Tableau VI : Résultats des TDR et de la goutte épaisse

GE négative GE positive Total

TDR négatif 140 0 140

TRD positif 12 49 61

Total 152 49 201

La sensibilité de notre TDR ou la probabilité que le test soit positif si la goutte épaisse est positive se calcul par la formule suivante :

VP Sensibilité = ---------------- VP+FN

Quant à la spécificité ou la probabilité d’obtenir un test négatif si la goutte épaisse est

positive, elle est donnée par la formule suivante :

VN Spécificité = ---------------- VN+FP VP (vrais positifs) représente le nombre de cas positifs à la goutte épaisse et au TDR.

VN (vrais négatifs) est le nombre de cas négatifs à la goutte épaisse et au TDR.

FP (faux positif) représente le nombre de cas négatifs à la goutte épaisse et positifs au TDR.

FN (faux négatifs) est le nombre de cas positifs à la goutte épaisse et négatifs au TDR.

Le TDR que nous avons utilisé avait une sensibilité de 100% (tableau VII) avec une

spécificité de 92,11%.

Tableau VII : Sensibilité et spécificité des TDR

Effectif Pourcentage Intervalle de confiance 95% (binomiale exacte)

Sensibilité 49 / (49+0) = 49/49 100 92,75 – 100,00

spécificité 140 / (140+12) = 140/152 92,11 86,62 – 95,85

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III.2.3. Taux d’homocystéine et de folates

La majorité des femmes (90,05%) avait un taux normal d’homocystéine (≤ 12

µmol/L) et 62,19% avaient des taux faibles en folates (<7,7 ng/mL) ; la proportion des

femmes ayant une hyperhomocystéinémie modérée (entre 12 et 30 µmol/L) était de 8,95%

(Tableau VIII). Nous avons remarqué que 16/20 (80,00%) femmes ayant des taux

d’homocystéine élevés avaient leur taux de folates bas. En outre, 77/123 (62,60%) des

anémiées avaient aussi des taux faibles en folates mais avec des différences non

statistiquement significatives (Tableau IX).

Tableau VIII : Taux d’homocystéine et de folates

Paramètres Nombre %

Folates (7,01 ± 2,84 ng/mL)

< 7,7 125 62,19

≥ 7,7 76 37,81

Homocystéine

(10,49 ± 1,73µmol/L)

≤ 12 181 90,05

[12 – 30[ 18 08,95

≥ 30 02 1,00

Tableau IX : Corrélation entre les taux d’homocystéine et de folates et entre les taux

d’hémoglobine et de folates

Paramètres

Homocystéine Taux d’hémoglobine

≤ 12 > 12 Anémiées Non anémiées

Folates

< 7,7 109/181

60,48%

16/20

80,00%

77/123

62,60%

48/78

61,54%

≥ 7,7 72/181

39,78%

4/20

20,00%

46/123

37,40%

30/78

38,46%

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III.2.4. Effet de P. falciparum sur les paramètres hématologiques et biochimiques des

femmes enceintes

Sur un total de 201 femmes, cent vingt trois (61,19%) étaient anémiées (taux

d’hémoglobine < 11 g/dL). L’anémie était significativement plus fréquente chez les femmes

infectées par P. falciparum (33,33%) comparativement aux femmes enceintes non infectées

(10,26%) (P= 0,0002) (Tableau X). Aucune différence statistiquement significative n’a été

observée d’une part, entre le stade de la grossesse, la parité et la présence du parasite et

d’autre part entre l’usage ou non de la moustiquaire imprégnée et la présence de P.

falciparum. Cependant, la présence de P. falciparum était significativement réduite chez les

femmes ayant pris un TPI à base de SP (12,73%) comparativement à celles n’ayant pas pris

de TPI (28,77%) (P= 0,0182).

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Tableau X : Goutte épaisse , taux d’hémoglobine, stade de la grossesse, nombre de grossesse, utilisation de moustiquaires imprégnées et SP

Paramètres Goutte épaisse P-value

Négative Positive

Taux d’hémoglobine

Présence d’anémie

N= 123/201 (61,19%)

82/123

(66,67%)

41/123

(33,33%)

0,0002 Absence d’anémie

N= 78/201 (38,81%)

70/78

(89,74%)

8/78

(10,26%)

Stade de la grossesse

1er trimestre

N= 70/201 (34,83%)

55/70

(78,57%)

15/70

(24,43%)

NS 2ème trimestre

N= 96/201 (47,76%)

68/96

(70,83%)

28/96

(29,17%)

3ème trimestre

N= 35/201 (17,41%)

29/35

(82,86%)

6/35

(17,14%)

Nombre de grossesses

1

N= 70/201 (34,83%)

53/70

(75,71%)

17/70

(24,29%)

NS 2

N= 45/201 (22,39%)

34/45

(75,56%)

11/45

(24,44%)

≥ 3

N= 86/201 (42,78%)

65/86

(75,58%)

21/86

(24,42%)

Traitement préventif

(SP)

Non

N= 146/201 (72,64%)

104/146

(71,23%)

42/146

(28,77%)

0,0182

Oui

N= 55/201 (27,36%)

48/55

(87,37%)

7 /55

(12,73%)

Moustiquaire imprégnée

Non

N= 116/201 (57,71%)

88/116

(75,86%)

28/116

(24,14)

NS

Oui

N= 85/201 (42,29%)

64/85

(75,29%)

21/85

(24,71%)

NS = Non significatif ; en gras P-value significative

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III.2.5. Prévalence de P. falciparum chez les femmes enceintes en fonction de leurs groupes sanguins et de leurs types d’hémoglobine

La distribution des types d’hémoglobine chez les femmes enceintes était la suivante :

AA (74,62%) ; AS (7,96%) ; AC (15,92%) ; CC (0,50%) et SC (1,00%) (Tableau XI).

Le taux d’infection à P. falciparum respectivement de 26,00%, 25,00% et 18,75% chez les

femmes enceintes porteuses d’hémoglobine AA, AS et AC (P = NS).

Le taux de fer sérique était significativement plus élevé (P < 0,05) chez les femmes enceintes

porteuses d’hémoglobine AC comparativement à celles ayant l’hémoglobine AA (15,62% VS

4, 00%).

Tableau XI : Electrophorèse de l’hémoglobine, l’anémie, goutte épaisse, le taux de fer sérique

Paramètres

Electrophorèse de l’hémoglobine

AA

150/201

74,62%

AC

32/201

15,92%

AS

16/201

7,96%

CC

01/201

0,50%

SC

02/201

1,00%

Taux

d’hémoglobine

Absence

d’anémie

56/150

37,33%

14/32

43,75%

6/16

37,50% 0/1 2/2

Anémie 94/150

62,67%

18/32

56,25%

10/16

62,50% 1/1 0/2

Goutte épaisse

Négatif

111/150

74,00%

26/32

81,25%

12/16

75,00% 1/1 2/2

Positif

39/150

26,00%

6/32

18,75%

4/16

25,00% 0/1 0/2

Taux de fer

sérique

Bas

16/150

10,67%

5/32

15,63% 0/16 0/1 0/2

Normal

128/150

85,33

22/32

68,75%

14/16

87,50% 1/1 2/2

Haut

6/150

4,00%

5/32

15,62%

2/16

12,50% 0/1 0/2

Electrophorèse et anémie : AA → AC, P = 0,498 ; AA → AS, P = 0,990 : AC → AS, P = 0,679

Electrophorèse et goutte épaisse : AA → AC, P = 0,388 ; AA → AS, P = 0,831 ; AC → AS, P = 0,900

Electrophorèse et fer sérique : AA → AC, P = 0,036 ; AC → AS, P = 0,289

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Le tableau XII résume la distribution des groupes sanguins chez les femmes enceintes. Les

femmes du groupe sanguin O étaient moins infectées par P. falciparum que celles

appartenant aux autres groupes sanguins sans différence statistiquement significative.

Tableau XII : Infection par P. falciparum en fonction du groupe sanguin des femmes enceintes.

Paramètres

Groupes sanguins

A B AB O

Goutte épaisse

Négatif

36/50

72,00%

46/63

73,02%

12/17

70,59%

58/71

81,69%

Positif

14/50

28,00%

17/63

26,98%

5/17

29,41%

13/71

18,31%

A → B, P = 0,904; A → AB, P = 0,842; A → O, P = 0,207; B → AB, P = 0,915; B → O, P = 0,229; AB → O, P = 0,494

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IV. DISCUSSION

Le but de ce travail était l’étude du paludisme asymptomatique chez les femmes

enceintes en visite prénatale au CMSC de Ouagadougou. Nous avons montré que sur les 201

femmes incluses dans notre étude, l’usage du TDR et de la méthode microscopique classique

ont mis respectivement en évidence une infection plasmodiale de 30,35% et de 24,38%. Notre

TDR avait une sensibilité de 100% avec une spécificité plus faible (92,11%). Ce taux de

spécificité serait dû à la persistance dans l’organisme de l’antigène HRP2 malgré l’absence de

P. falciparum ou à des réactions croisées. Nos résultats sont comparables à ceux de Yavo et

al. en 2002 en Côte d’Ivoire avec une sensibilité de 100% et une spécificité de 88,1% et de

ceux de Munier et al. en 2009 au Sénégal avec une sensibilité de 96% et une spécificité de

87%.

Nous avons, grâce à un questionnaire, évalué l’usage des moustiquaires imprégnées

d’insecticide chez les femmes enceintes, seules 42,29% des femmes de notre étude ont

affirmé utiliser une moustiquaire imprégnée. Plusieurs raisons expliqueraient cette faible

utilisation des moustiquaires imprégnées et notamment leur coût. En effet, le pourcentage

des femmes enceintes appartenant aux groupes ménagères et illettrées utilisant les

moustiquaires imprégnées d’insecticide était parmi les plus faibles. Le faible usage de la

moustiquaire chez certaines femmes enceintes était lié à leur ignorance du risque de

l’infection plasmodiale sur leur santé et celle de l’enfant. De plus, le non usage de la

moustiquaire était aussi lié à son inconfort, en effet, parmi les femmes n’utilisant pas les

moustiquaires imprégnées, plus de 25% affirmaient s’étouffer sous la moustiquaire.

La lutte contre le paludisme chez les femmes enceintes associe l’usage de la

moustiquaire imprégnée et un traitement préventif intermittent (TPI) avec la sulfadoxine

pyriméthamine (SP). Ainsi, toutes les femmes enceintes vivant dans des zones de

transmission stable du paludisme devraient recevoir au moins deux doses de TPI selon les

recommandations de l’OMS. Cependant, seulement 27,36 % de nos sujets ont déjà pris la

première dose de SP et moins de la moitié des femmes prenaient un supplément de fer acide

folique. Ce retard dans la prise de fer acide folique et de SP s’expliquerait par le fait que la

majorité des femmes avait débuté leur consultation prénatale vers leur 5ème mois de grossesse

et ceci pour diverses raisons : soit par ignorance des risques liés à une grossesse mal suivie,

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soit par manque de moyens financiers. Par ailleurs certaines femmes ont soulevé que pour des

raisons financières, elles ont repoussé leur première visite prénatale.

La prise de TPI a été associée à une prévalence d’infection par P. falciparum de

12,73% chez les femmes qui avaient pris la SP contre 28,77% chez les femmes enceintes qui

n’ont pas reçu de SP. Nos résultats sont comparables à ceux obtenus au Ghana par Wilson et

al. en 2011 où 15,30% des femmes enceintes ayant reçu la SP étaient infectées par P.

falciparum contre 44,70% en absence de traitement préventif.

Paramètres biochimiques, parasitologiques et hématologiques et paludisme

asymptomatique chez les femmes enceintes

L’infection par le plasmodium peut entrainer une variation des taux d’hémoglobine, de

fer des folates et d’homocystéine pouvant conduire à une anémie ou entrainer des

complications au cours de la grossesse.

L’anémie chez la femme enceinte est un problème majeur de santé publique

puisqu’elle contribue directement ou indirectement à augmenter le taux de morbidité et de

mortalité maternelle et périnatale. L’OMS estimait en 2001 la prévalence de l’anémie selon le

taux d’hémoglobine (< 11 g/dL) chez les femmes enceintes à 52% dans les pays en

développement et à 22,7% dans les pays industrialisés.

Nous avons montré que 61,19% (123/201) des femmes enceintes étaient anémiées

dont 1% présentait une anémie sévère. Nos résultats sont comparables à ceux d’études

antérieures ayant trouvé des taux d’anémie de 66% à Bobo-Dioulasso, 59,6% au Nigéria et

64% au Bénin (Meda et al., 1999 ; Agan et al., 2010 ; Bodeau-Livinec et al., 2011).

Nous avons montré une corrélation entre parasitémie et anémie. En effet, 33,33% des

femmes anémiées avaient une goutte épaisse positive contre 10,26% des femmes qui ne

présentaient pas d’anémie. Les résultats de notre étude sont comparables à ceux d’Erhabor et

al., (2010) et de Jumbo et al., (2011), qui ont montré la présence de parasites chez 66% et

71,6% des femmes anémiées contre 48% et 10,3% chez les femmes non anémiées. Nous

n’avons pas trouvé de corrélation entre la parité et le taux d’hémoglobine. Ceci est en accord

avec l’étude d’Agan et al. au Nigéria qui ont aussi travaillé sur le paludisme asymptomatique

chez les femmes enceintes.

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Cependant, d’autres études ont montré un taux plus élevé de femmes anémiées chez

les primipares que chez les multipares (Glover-Amengor et al., 2005 ; Ofori et al., 2009 ;

Erhabor et al., 2010). Dans une étude faite en Ouganda il a été montré que le risque d’anémie

était plus élevé chez les femmes enceintes âgées de moins de 20 ans (Ndyomugyenyi, et al.,

2008).

Des carences en nutriments ont été corrélées à l’anémie, notamment les carences en fer

et acide folique. Nous avons montré que 83% des femmes enceintes avaient un taux de fer

sérique normal mais que 62,19% d’entre elles avaient un taux de folates inférieur à la

normale. Ainsi, 62,60% des femmes anémiées avaient un faible taux de folates, ce qui diffère

des résultats d’une étude faite au Nigéria où les femmes présentaient un taux normal de

folates avec une moyenne de 17,9 nmol/L (VanderJagt et al, 2007).

La plus part des femmes (90%) de notre étude avait un taux normal d’homocystéine

(≤12 µmol/L) avec un taux moyen de 10,49 µmol/L, une valeur nettement supérieure à celle

trouvée par Simporé et al. (2000) (3,59 µmol/L) chez les femmes en bonne santé. Cette

différence pourrait s’expliquer par les changements physiologiques intervenant au cours de la

grossesse. Le taux moyen d’homocystéine trouvée dans notre étude était inférieur à celui

trouvé au Nigéria (14.1 µmol/L) par (VanderJagt et al. (2007). Cette différence pourrait être

due à la prévalence de l’hyperhomocystéinemie modérée chez les adolescentes et les adultes

des deux sexes dans la population nigériane (VanderJagt et al. (2000). En effet Simporé et al.

(2000) ont montré que le taux plasmatique d’homocystéine (HCY) variait selon la race, le

sexe, l’âge, les habitudes nutritionnelles etc. Nous avons trouvé une corrélation entre le taux

de folates de d’homocystéine.

Les proportions des différents types d’hémoglobine trouvés dans notre étude étaient

comparables à celles de Hercberg et Galan (1987). Il n’y a pas d’association entre le type

d’hémoglobine et l’anémie chez les femmes enceintes.

Nous n’avons pas non plus trouvé d’association entre la parasitémie, le taux de fer

sérique et les différents types d’hémoglobine. Des études antérieures faites au Burkina ont

prouvé que l’hémoglobine S et C conférait une protection naturelle contre le paludisme

d'environ 90% chez les homozygotes HbCC et de 30% chez les hétérozygotes HbAC

(Modiano et al, 2001). Une étude faite au Kenya a montré l’acquisition accélérée de

l'immunité contre le paludisme simple chez les enfants âgés de moins de 10 ans porteurs de

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HbAS (Williams et al, 2005). La différence entre ces résultats et ceux de notre étude

s’expliquerait par la taille de notre échantillon mais aussi par l’état de nos sujets qui ne

présentaient pas de symptômes de paludisme.

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CONCLUSION

Au cours de notre étude, nous avons pu réaliser quelques analyses biologiques, à

savoir, le TDR du paludisme, la goutte épaisse, les taux d’homocystéine, de folates et de fer

sérique, l’électrophorèse de l’hémoglobine et les groupes sanguins chez les femmes enceintes.

On comprend donc l’importance de cette étude car d’une part, elle a permis d’identifier les

femmes ayant un paludisme asymptomatique qui pourrait induire une anémie et d’autre part

identifier les femmes ayant une hyper-homocystéinémie qui pourrait favoriser une

malformation congénitale au niveau de leur fœtus. Nous avons montré que l’usage du TPI

réduisait le taux d’infection et que le paludisme asymptomatique augmentait le risque

d’anémie chez les femmes enceintes.

Il serait nécessaire que le ministère de la santé promeuve d’avantage la sensibilisation,

l’information aux femmes enceintes ou en âge de procréer sur les méfaits du paludisme

pendant la grossesse au vu du faible taux d’utilisation des mesures préventives disponibles

(MII et TPI). Le diagnostic systématique du paludisme devrait être envisagé chez toutes les

femmes enceintes en saison de haute transmission. Le paludisme en général diminue le

rendement économique et intellectuel. Quand le paludisme ne tue pas le fœtus, le stress

oxydatif induit par le parasite chez le fœtus pourrait influencer son quotient intellectuel parce

qu’il aurait à un moment donné une hypoxie. Malheureusement cet état d’étude est difficile à

démontrer.

Perspectives

Rechercher les marqueurs de résistance à la sulfadoxine pyriméthamine ;

Etudier la transmission verticale du paludisme par le placenta ;

Réaliser un génotypage des souches de Plasmodium falciparum chez les

femmes enceintes.

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Annexe

FICHE INDIVIDUELLE DE COLLECTE DE DONNEES SUR LES FEMMES ENCEINTES POUR L’ETUDE SUR LE PALUDISME. Compléter ou Cocher les réponses qui vous semblent exactes. IDENTIFICATION : Code de la patiente:…………………………Nom et prénoms :………………………………………….….. . Date de naissance :………………Lieu (ville/pays) naissance :…..…………………. Résidence…….…… Statut matrimonial : Mariée : Célibataire : Veuve : Divorcée : Ethnie : Mossi : Bobo : Peulh : Samo : Gourounsi : Bissa : Autre :…… Niveau d’étude : Analphabète : Primaire : Secondaire : Supérieure/Université : Profession : Ménagère : Salariée : Commerçante : Autre :……………………….… Nombre de grossesses :……….Nombre d’enfants vivants:…………Nombre d’avortements :………….. Stade de la grossesse : 1er trimestre : 2e trimestre : 3e trimestre : Nombre de visite au centre de sante depuis le début de la grossesse :

1 visite : 2e visite : 3e visite : 4e visite : Plus :

PROPHYLAXIE ANTI-PALUDISME : Utilisez-vous une moustiquaire simple? Oui : Non : Utilisez-vous une moustiquaire imprégnée? Oui : Non : Quelquefois : Utilisez-vous autre chose contre les moustiques? Oui : Non : Si oui laquelle?............................ Prenez-vous un médicament contre le paludisme? Oui : Non : Si oui lequel?............................... A quel stade de la grossesse on vous l’a prescrit ? : 1e trimestre : 2e trimestre : 3e trimestre : A quelle dose d’administration on vous l’a prescrit ? : ………………........................................................ Prenez-vous un supplément médicamenteux? Oui : Non : Si oui lequel…………….………. ANTECEDENT PALUSTRE : Avez-vous déjà eu une crise de paludisme ces 6 derniers mois ? Non : 1 fois : 2 fois : 3 fois : Plus : Quel traitement avez-vous fait ?..................................Le traitement a-t-il été efficace ? Oui : Non : Avez-vous eu une rechute ? Oui : Non : Si oui combien de jours après le traitement?.......... Combien de crise de palu avez-vous en moyenne chaque année ? 1 fois: 2 fois : plus:

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