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RÉVISION DU SCHÉMA RÉGIONAL D’AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DU TERRITOIRE (SRADDT) MIDI-PYRÉNÉES 2030 1ER FORUM - 16 AVRIL 2013 - TOULOUSE www.2030.midipyrenees.fr

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Révision du schéma Régional d’aménagement et de développement duRable du teRRitoiRe

(sRaddt)

Midi-Pyrénées 2030

1eR FoRum - 16 avRil 2013 - toulouse

www.2030.midipyrenees.fr

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Révision du Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire (SRADDT)

Midi-Pyrénées 2030

1er Forum, 16 avril 2013, Toulouse

Discours introductif ................................................................................................................................. 2

Carrefour des grands témoins : quels défis pour Midi‐Pyrénées dans les mutations contemporaines ?

 ................................................................................................................................................................. 5

Hervé Le Bras, démographe et historien, co‐auteur du « Mystère Français ». .................................. 5

Claude Lacour, professeur émérite des universités de sciences économiques, chercheur en analyse 

spatiale, métropolisation et dynamiques urbaines ........................................................................... 16

Laurence Barthe, maître de conférences en géographie, chercheuse en développement territorial 

et dynamiques des territoires ruraux ................................................................................................ 21

Table ronde : quelles initiatives locales face aux défis globaux ? ......................................................... 24

Jean François Tosti, société TAT Productions .................................................................................... 24

Cédric Auriol, société Micronutris ..................................................................................................... 25

Pierre Larrouy, économiste ............................................................................................................... 25

Echanges avec la salle............................................................................................................................ 27

Restitution et débats avec la salle sur les résultats des ateliers prospectifs ........................................ 28

1er temps : Midi‐Pyrénées, région d’Europe et du monde .................................................................... 28

2ème temps : Midi‐Pyrénées, une nouvelle géographie stratégique ? ................................................... 30

3ème temps : Midi‐Pyrénées, la région des qualités de la vie quotidienne ? ......................................... 36

CONCLUSION Jean Louis Guilhaumon ................................................................................................... 40

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Discours introductif

Martin Malvy, Président du Conseil Régional Je vous remercie tous d’avoir répondu à notre invitation, pour participer à ce forum qui est consacré 

à  la  révision  du  Schéma  Régional  d’Aménagement  et  de Développement Durable  du  Territoire  à 

l’horizon 2030.

Nous  avons  décidé  de  saisir  l’occasion  de  ce  forum  pour  associer  à  notre  démarche  des  grands 

témoins,  des  acteurs  et  des  partenaires,  pour  échanger  autour  des  défis  qui  attendent  Midi‐

Pyrénées.  Ce  sont  notamment  des  experts  et  scientifiques  de  renom  qui  nous  accompagnent  ce 

matin : Claude Lacour, Laurence Barthe et Hervé Le Bras.

Nous avons adopté  le SRADDT  il y a quatre ans. Bien plus qu’une simple  réflexion sur  l’avenir, cet 

exercice prospectif nous avait conduits à dépasser  la gestion quotidienne pour dessiner  le profil du 

territoire dont hériteront les générations futures. Depuis 2009, même si nous pouvons regretter que 

les  SRADDT n’aient pas de  valeur prescriptive,  ce document  sert de  cadre global et de  cohérence 

pour  les autres schémas et politiques sectoriels de  la région. Dans  la  logique des orientations de  la 

Charte,  la  Région  a  mis  en  place  plusieurs  schémas :  Schéma  Régional  de  Développement 

Economique, Schéma Régional de  l’Enseignement Supérieur et de  la Recherche auquel sont accolés 

les  contrats  de  sites  universitaires,  Contrat  de  plan  régional  de  développement  des  formations 

professionnelles,  Schéma  Régional  Climat Air  Energie,  Schéma  de  Cohérence  Ecologique  en  cours 

d’élaboration, sans oublier  les politiques  territoriales et des  transports, ainsi que  le nouvel Agenda 

21. Tous ces documents s’inspirent et s’inscrivent dans ce qui a été décidé  il y a 4 ans à  travers  le 

SRADDT.

Lors  de  son  élaboration,  j’avais  souligné  que  le  SRADDT  devait  demeurer  un  livre  ouvert,  dont  il 

conviendrait  de  poursuivre  l’écriture  en  fonction  de  l’évolution  du  contexte.  Entre  2009  et 

aujourd’hui,  il  s’est  passé  de  nombreux  événements :  crises  financière  et  économique  qui  ont 

considérablement modifié le contexte régional, économique et social ; contexte institutionnel qui est 

lui‐même  en  pleine  évolution si  l’on  considère  la  nouvelle  donne  territoriale  que  devrait  amener 

l’acte  3 de  la décentralisation  en discussion  actuellement. On  ne peut  réfléchir  au  futur de Midi‐

Pyrénées  sans  prendre  en  compte  ces  nouvelles  données,  ainsi  que  celles  qui  sont  relatives  aux 

politiques européennes et nationales, ou aux mutations technologiques. 

C’est donc pour intégrer ces évolutions que nous avons décidé de lancer la révision du SRADDT, qui 

sera guidée par  la vision commune de ce que nous voulons demain comme développement. Cette 

révision  est  également  un  moyen  d’apporter  une  réponse  globale  aux  enjeux  régionaux, 

transcendant les visions sectorielles. Trois journées de réunions ont déjà eu lieu, 200 personnes y ont 

participé. Ces  échanges  vont  ensuite  se poursuivre dans  chaque département  à  partir de mai.  La 

charte sera finalisée d’ici  juin 2014, à  l’issue d’une  longue phase de concertation avant de passer à 

l’assemblée plénière de la Région. 

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Il ne  faut pas perdre de vue  l’objectif :  inscrire  l’action  régionale dans un  temps  long, esquisser  la 

région  de  demain  et  se  projeter  sur  les moyens  qu’il  faudrait mobiliser  pour  y  parvenir  dans  les 

contraintes évolutives que nous impose le contexte, contexte difficile à imaginer à horizon de 5 ou 10 

ans.  

Lorsque nous avons initié la démarche, l’avenir n’était pas plus sûr, mais aujourd’hui l’exercice revêt 

une acuité particulière. La crise est  là, elle est mondiale et multiple. Elle suscite des doutes et des 

craintes  légitimes. Notre société manque de repères, elle a besoin de pouvoir  imaginer son avenir. 

C’était d’une certaine manière l’objectif de la deuxième édition de Futurapolis, la semaine dernière, 

que l’on approuve ou que l’on écarte les pistes ouvertes. On ne sortira pas d’une crise pour revenir à 

une situation antérieure, imaginer l’avenir est de plus en plus nécessaire.

Bien  sûr,  l’exercice  a  ses  limites.  Personne,  pas  même  les  experts  les  plus  avertis  des  sphères 

économiques ou financières, n’avait vu  la venir  la crise dans toute son ampleur. Alors engager une 

prospective à 20 ou 30 ans… Ceci peut prêter à sourire. 

Pourtant, élaborer un schéma directeur à cet horizon, c’est prendre   en main son destin. C’est dire 

les orientations qu’il  semble  important de  retenir. C’est à partir d’un  constat, celui de  la  situation 

actuelle et de  son évolution au  cours des dernières années,  se donner  les moyens de  corriger  les 

tendances  que  l’on  juge  néfastes,  les  inégalités,  et  conforter  les  équilibres  que  l’on  pense 

nécessaires.  C’est  donc  faire  de  la  politique  au meilleur  sens  du  terme. Même  si  l’horizon  peut 

paraitre lointain, c’est aujourd’hui que se préparent les bonnes décisions.

Elaborer  un  schéma  directeur  à  10  ou  20  ans,  c’est  concevoir  des  projets  qui  détermineront 

durablement notre futur. C’est ne pas attendre pour dire ce qu’il faut se fixer comme objectifs, parce 

que  le temps des évolutions que  les hommes décident est,  le plus souvent, un temps  long. Penser, 

anticiper, c’est donner du sens, de l’ouverture à l’action publique régionale, et surtout tenter d’être 

maître de nos choix, afin de ne pas subir les événements parce que nous n’aurons pas suffisamment 

regardé devant nous. 

Notre région est souvent citée comme l’une des plus dynamiques. Mais elle souffre comme les autres 

de la crise. On ne peut pas résumer Midi‐Pyrénées aux seuls résultats qui la placent souvent en pôle 

position. Il faut la prendre dans sa globalité, avec ses forces et ses faiblesses.

Les forces, c’est son  industrie aéronautique et spatiale,  les commandes record,  les 89 000 emplois. 

Airbus  et  ATR  démontrent  que  l’industrie  française  et  européenne  sait  affronter  avec  succès  la 

compétition mondiale. C’est  le résultat d’années de recherche et de mise au point de technologies 

toujours plus performantes, avec des équipes remarquables et une coopération réussie. Les forces, 

c’est aussi  la qualité de son agriculture et de son  industrie agroalimentaire, avec 100 000 emplois, 

120 produits de qualité. Mais c’est aussi la capacité à innover de ses grands groupes et de son réseau 

dense de 90 000 PME, avec des domaines d’excellence : les Tic, les biotechnologies, et la robotique. 

Parmi  les  forces  de  notre  région,  il  faut  aussi  citer  la  place  importante  faite  à  la  culture  et  à  la 

connaissance,  avec  l’enseignement  supérieur,  les  universités,  les  grandes  écoles,  le  second  pôle 

universitaire de France après l’Ile de France. C’est aussi la recherche qui monte en puissance avec les 

six  pôles  de  compétitivité  et  les  clusters,  avec  les  projets  retenus  au  titre  des  investissements 

d’avenir, l’Idex et l’IRT.

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Nos  atouts,  c’est encore notre espace, notre patrimoine, et  logiquement  le  tourisme  avec 40 000 

emplois pleins ou saisonniers. Comment ne pas souligner aussi  la vitalité de Midi‐Pyrénées et de  la 

métropole  régionale, dont  la croissance démographique est  l’une des plus  fortes de France ; mais, 

contrairement à ce qui se passait il y a 20 ans, la population progresse partout dans la région.

Comment ne pas rappeler enfin cette exception midi‐pyrénéenne, que  j’ai souvent défendue et qui 

place parfois la région dans une situation critique, comme c’est le cas actuellement pour l’application 

des politiques européennes à l’espace régional ;  avec un PIB en Haute‐Garonne, principalement celui 

du Grand Toulouse, supérieur à 125% de la moyenne européenne, et dans les 7 autres départements 

et le Comminges à des seuils inférieurs à 80%.  

Nous  savons  donc  les  défis  à  relever :  le  défi  territorial marqué  par  des  disparités  accrues  entre 

urbain  et  rural ;  le  défi  démographique,  avec  l’accueil  des  populations  nouvelles,  soit  380 000 

personnes  supplémentaires  à  horizon  2030,  ce  qui  constitue  un  enjeu  majeur  sur  le  plan  de 

l’occupation de l’espace, du logement, des services ; et enfin le défi climatique, qui imposera à notre 

agriculture  de  réfléchir  à  des modes  de  production  plus  économes  en  eau,  à  nos  entreprises  de 

construction  d’adapter  l’habitat  au  réchauffement,  à  nos  modes  de  transports  de  se  modifier 

radicalement,  y  compris  les déplacements  individuels. D’ores et déjà,  la  région pousse dans  cette 

voie, avec  le plan « bâtiments économes », avec  le plan  rail et notre effort général en  faveur des 

transports collectifs. 

Midi‐Pyrénées  sera  aussi  confrontée  dans  les  années  qui  viennent  à  des mutations  économiques 

dues à l’ouverture des marchés, qui intensifie la concurrence et bouscule nos filières traditionnelles.  

« L’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible » : la phrase de Saint‐Exupéry nous 

ramène à l’action. La démarche politique n’a de valeur que si elle ne sacrifie pas le futur à l’immédiat. 

C’est sa difficulté, mais aussi sa grandeur.

Le  chercheur doit dire  ce que  lui paraît  le besoin,  le  choix  appartient  aux politiques.  Le  politique 

dégage les priorités, il doit ajouter ce que sont les moyens, les deux sont complémentaires. L’erreur 

serait de les opposer. Mon ami Jean‐Claude Lugan avec qui nous avons de fréquentes discussions sur 

le sujet me rappelle souvent qu’il ne faut pas confondre prospective et prévisions,  il a raison. Mais 

sans  la poursuite des adaptations nécessaires et  l’adaptation décentralisée de politiques nationales 

et  européennes  nouvelles,  nos  débats  risquent  d’apparaître  dans  20  ans  comme  de  pertinentes 

réflexions, mais décalées par rapport au plus vaste mouvement économique et social que la planète 

ait jamais connu. Où en serons‐nous du changement climatique ? 

Quoi qu’il en soit, des constantes et des priorités demeureront. Pour le grand Sud‐ouest, la liaison à 

grande  vitesse  entre  l’Atlantique  et  la Méditerranée  ouvrira  de  nouveaux  horizons.  Universités, 

grandes écoles et  laboratoires de recherche nous permettent d’espérer  figurer parmi  les meilleurs. 

Notre  espace  lui‐même  constitue  une  carte  dans  le  jeu  des  contrastes  entre métropolisation  et 

respiration. 

Les questions qui structurent la révision du SRADDT seront logiquement au cœur de cette journée de 

débats : quelles vocations définir pour nos territoires, avec quelles spécificités ? Quelle place prendra 

Midi‐Pyrénées au sein des régions d’Europe ? Quelle nouvelle génération d’équipements envisager, 

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et pour quels besoins ? Quelle nouvelle génération de partenariat entre acteurs publics  imaginer ? 

Quelle efficacité rechercher dans l’utilisation des fonds publics ?

L’avenir de la région se prépare chaque jour, ce forum doit contribuer à nous éclairer. J’ose espérer 

qu’il éclairera au‐delà, car si  la détection des exigences constitue  le premier des chemins, nous ne 

parcourrons pas seuls, quelle que soit notre détermination, ceux de demain. Je vous remercie. 

 

Carrefour des grands témoins : quels défis pour Midi-Pyrénées dans les mutations contemporaines ?

Hervé Le Bras, démographe et historien, co-auteur du « Mystère Français ». Je vais vous présenter des évolutions démographiques au niveau de  l’ensemble de  la France, puis 

j’insisterai  sur  le  grand  Sud‐ouest,  permettant  de  mettre  en  évidence  des  spécificités  ou  des 

convergences entre votre région et ce qui se passe au niveau national. 

Je commencerai par  l’évolution de  la croissance démographique depuis 1982.  Jusqu’en 1999, nous 

étions nombreux à penser, notamment avec la DATAR, que les évolutions observées étaient appelées 

à être durables, avec une France qui se peuplait et une autre qui se dépeuplait. Or, depuis 1999, c’est 

une véritable surprise qui émerge ;  la France qui se dépeuplait,  la « diagonale du vide », a disparu 

depuis une dizaine d’années.  

 

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C’est particulièrement le cas dans votre région. Si on regarde sur une échelle temporelle plus longue, 

les années 1960 et 70 y sont encore marquées par l’exode rural, très tardif en France par rapport à 

d’autres pays européens. Puis,  jusqu’en 1999,  avec  l’étalement urbain,  les  zones de dépopulation 

deviennent progressivement moins  importantes, et  les noyaux urbains s’agrandissent. Depuis 2000, 

c’est  spectaculaire :  la  croissance  démographique  est  partout,  un  peu  plus  forte  dans  la  grande 

couronne des grandes villes,  mais globalement très homogène dans la région.  

 

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On voit que cette croissance n’est pas que de l’étalement urbain, mais concerne aussi des communes 

rurales éloignées, qui voient  leur population remonter. Actuellement,  les plus fortes croissances en 

France sont dans  les communes comprises entre 1 000 et 2 500 habitants, ce qui ne se  fait pas au 

détriment des plus grandes villes, avec une croissance globalement homogène. Est‐ce durable ? Mon 

sentiment est que cette tendance à l’homogénéisation devrait perdurer, pour une raison importante 

en démographie : entre deux retournements structurels, les évolutions sont relativement régulières, 

avec  un  temps  de  latence  de  l’ordre  de  20  à  30  ans.  J’aurais  donc  tendance  à  parier  que  cette 

homogénéité de  la  croissance de  la population  sur  le  territoire  va  se poursuivre  encore quelques 

décennies.  Ceci  va  bien  sûr  poser  de  nouvelles  questions :  on  ne  parlera  plus  de  désert  français 

humain, mais plutôt de désert en termes d’équipements. 

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Après  la  croissance 

démographique, 

j’évoquerai la répartition 

territoriale  par  classes 

d’âges.  Si  on  prend 

d’abord les 20/24 ans, la 

carte  de  France  indique 

des  disparités 

importantes,  entre  des 

territoires  où  leur 

proportion est inférieure 

à  2%  du  total  de  la 

population  et,  d’autres 

où  elle  dépasse  11%, 

dans  les  grandes  villes 

de  commandement  et 

les grandes villes universitaires.  Il s’agit évidemment du phénomène étudiant, mais plus  largement 

ceci  reflète  que  le  cycle  de  vie  des  jeunes  adultes,  souvent  célibataires,  passe  par  une  étape  de 

résidence dans une grande ville. Au niveau du Sud‐ouest, on peut constater à quel point  les deux 

métropoles de Bordeaux et Toulouse concentrent les jeunes. 

 

 

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Regardons  à  présent  où 

habitent  les  personnes 

de 30 à 50 ans, période 

typique  de  construction 

de  la  famille.  Elles  sont 

écartées  du  centre  des 

villes,  et  gagnent  un 

espace  large,  pouvant 

parfois  couvrir  presque 

des  départements 

entiers.  L’éloignement 

du  centre‐ville 

correspond  donc  à  un 

moment du cycle de vie 

où  la  famille  se 

constitue.  Dans  votre 

région,  c’est  très  net : 

l’anneau avec  la plus forte proportion de couples élevant des enfants se situe relativement  loin du 

centre  de  Toulouse.  Dans  cet  espace  géographique,  c’est  évidemment  là  que  se  trouvent  le 

maximum  d’enfants  de moins  de  15  ans, mais  aussi  une  concentration  de  couples  biactifs  et  les 

revenus moyens des ménages les plus élevés.  

 

 

 

 

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Pour  les  personnes 

âgées, la carte de France 

montre  une  forte 

présence  dans  le  Sud‐

ouest ;  ceci  s’explique 

notamment  par  le  taux 

de  mortalité  dans  la 

région,  un  des  plus 

faibles de France, ce qui 

était  déjà  le  cas  dans 

l’après‐guerre.  On 

constate  au‐delà  à  quel 

point  les  villes 

ressortent  comme  lieu 

d’accueil  des  personnes 

âgées,  notamment  pour 

les plus de 85 ans. C’est encore un  signal  faible, mais qui devrait  s’accentuer dans  les prochaines 

années : après 85 ans,  les  seniors ont  tendance à  regagner  les  centres‐villes,  comme on  l’observe 

déjà  à  Toulouse,  ce  qui  correspond  souvent  en  fait  à  un  rapprochement  des  équipements 

hospitaliers.  

 

 

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La  dynamique  démographique  de  la  région  s’explique  par  les  arrivées  importantes  d’habitants 

originaires  d’autres  régions. On  voit  que  les migrants  interrégionaux  s’installent  dans  les  grandes 

métropoles, comme Bordeaux ou Toulouse. Puis les migrations au sein des départements soulignent 

l’importance des logiques de métropolisation, correspondant à une véritable ségrégation par âges au 

sein de l’espace régional. 

 

 

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Il  y  a  donc  des  phénomènes  démographiques  récents, mais  aussi  des  structures  beaucoup  plus 

anciennes  qui 

perdurent. Dans  le  Sud‐

ouest,  on  constate,  par 

exemple,  à  la  fois  un 

faible  taux  de mortalité 

et  un  faible  taux  de 

fécondité, sans doute  lié 

aux  traditions 

d’héritage.  

 

 

 

 

 

Parmi les déterminants plus anciens, nous avons notamment regardé l’impact des types de relations 

sociales ou anthropologiques, qui est  assez  variable au  sein de  la  France. Ces grandes différences 

structurent encore la vie sociale, les choix éducatifs, ou les choix familiaux. A ce titre, votre région a 

quelque chose de tout à fait particulier : la proportion de personnes de plus de 85 ans qui ne vivent 

ni  seul,  ni  avec  leur  conjoint,  est  particulièrement  forte.  Ce  sont  des  personnes  qui  vivent  avec 

quelqu’un  de  leur  famille,  renvoyant  à  la  tradition  de  la  famille‐souche.  Ceci  aura  bien  sûr  des 

conséquences sur la question de la dépendance : les personnes âgées dans le Sud‐ouest sont mieux 

entourées  et  prises  en  charge  par  leur  famille  que  dans  d’autres  régions,  ou  la  cohabitation 

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générationnelle est quasi‐inexistante. Autre aspect où le Sud‐ouest se distingue : la proportion assez 

importante de familles monoparentales, qui correspond souvent à des situations de pauvreté.  

 

 

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PhilippeEstèbe,Acadie,animateurduForumJe retiendrai trois éléments de cette présentation : tout d’abord, cette spécialisation tendancielle des 

espaces en fonction du cycle de vie ; ensuite, la fonction métropolitaine, dont on voit qu’elle joue un 

rôle  de  porte  d’entrée  dans  la  région,  et  de  véritable  « pompe  aspirante  et  refoulante » ;  enfin, 

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malgré les flux de nouveaux arrivants dans la région, on voit que des structures anthropologiques de 

fond demeurent.  

 

MartinMalvyCette  présentation  soulève  beaucoup  d’interrogations :  comment  vont  continuer  à  évoluer  les 

répartitions, dans l’espace et dans l’âge, des populations de la région ? La densité de l’agglomération 

toulousaine est de 1450 habitants par km², elle est 10  fois moindre pour  l’ensemble de  la Haute‐

Garonne, et se situe entre 40 et 50 habitants par km² pour le reste de la région.  Depuis 10 ans, tous 

les  nouveaux  lycées  construits  par  la  Région  se  situent  dans  l’agglomération  toulousaine,  et  les 

agrandissements de lycées se situent en périphérie de cette agglomération. Pourtant, sur le territoire 

régional, les effectifs ne baissent pas, ce qui nécessite des équipements supplémentaires importants 

par rapport à une région beaucoup plus dense, par exemple l’Alsace. On voit donc que les évolutions 

démographiques  auront  des  conséquences  majeures  en  matière  d’aménagement  de  l’espace 

régional.

Une autre conséquence concerne les lieux de formation supérieure. Compte tenu de sa dynamique, 

le  secteur  de  l’aéronautique  connaitra  un  fort  recrutement  dans  les  prochaines  années  dans  la 

région. Or de nombreuses entreprises affirment avoir du mal à recruter les personnels dont elles ont 

besoin  dans  ce  secteur.  J’ai  regardé  d’où  venaient  les  élèves  des  deux  lycées  de  l’aéronautique 

existant en Midi‐Pyrénées,  l’un étant celui d’Airbus,  l’autre développé par  la Région à Blagnac. Les 

résultats montrent que les jeunes présents dans ces établissements viennent d’un périmètre de 30 à 

40  km,  et  pas  de  plus  loin. Or  nous  avons  la  chance  de  compter  40 %  de  l’activité  aéronautique 

régionale hors de ce périmètre  restreint, ce qui montre  l’importance des questions de  localisation 

des formations dans les prochaines années. 

Autre  enjeu :  quand  on  voit  la  répartition  territoriale  des  classes  d’âge,  il  est  évident  que  ceci 

impactera la question de la démographie médicale. La part des médecins issus du monde urbain par 

rapport  à  ceux  du  monde  rural  va  continuer  à  s’accentuer ;  comment  penser  la  répartition 

géographique de ces médecins dans notre espace régional ? 

A 5, 10 ans et au‐delà, tous ces sujets  impacteront directement l’action publique et l’aménagement 

régional. 

Claude Lacour, professeur émérite des universités de sciences économiques, chercheur en analyse spatiale, métropolisation et dynamiques urbaines Je commencerai par présenter 3 cartes, d’abord celle des pôles de compétitivité : Aerospace Valley, 

remarquable  par  sa  puissance, mais  aussi  par  les  liens  très  forts  créés  avec  les  PME‐PMI.  Une 

deuxième carte présente les grappes d’entreprises, et une dernière les pôles d’excellence rurale.  

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Pourquoi ces  trois cartes ? Elles  illustrent comment  les questions d’aménagement du  territoire ont 

évolué au cours des dix dernières années, au sein plus  largement des mutations de notre monde : 

crise des "subprimes", crise des finances publiques… En mars dernier, l’OCDE évoquait la suppression 

des préfectures comme piste pour réduire  le déficit public. L’Etat n’a plus  les moyens de dynamiser 

et porter des politiques d’aménagement du territoire.  

On n’a pas complètement acté  le fait, par ailleurs, que nous sommes dans un monde numérique et 

connecté.  Plusieurs  chercheurs  évoquent  à  ce  titre  la  troisième  révolution  industrielle ;  je  suis 

réservé sur ce terme, mais il est exact que ces nouvelles technologies changent la vie quotidienne, et 

peuvent  constituer  des  réponses  de  services  publics,  par  exemple  pour  les  personnes  âgées  en 

palliant partiellement l’absence de services médicaux de proximité. 

Les politiques d’aménagement sont également de plus en plus inscrites dans la logique de l’économie 

de la connaissance, même si celle‐ci prend du temps à émerger au niveau européen, ainsi que dans 

les jeux de compétitivité entre territoires.

Tout  ceci  aboutit  à  un  contexte  radicalement  différent  par  rapport  à  celui  dans  lequel  ont  été 

élaborées  les grandes politiques d’aménagement des années 60 et 70. Nous devons donc changer 

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complètement de mode de pensée, aussi bien en termes de conception, que de programmation ou 

de financements à mobiliser. 

Si  l’Etat  n’a  plus  de  politique  d’aménagement  national,  on  se  tournera  vers  les  territoires : 

l’aménagement  des  territoires,  c’est  aux  territoires  de  le  porter.  Par  territoire,  j’entends  ici  une 

organisation  spatiale  ancrée  sur  des  acteurs,  des  projets  et  des  réseaux.  Sans  nier  les  apports 

extérieurs,  on  voit  bien  que  la  mobilisation  d’un  territoire  repose  d’abord  sur  un  sentiment 

d’appartenance commune, ancré dans l’histoire ou créé parfois en fonction des opportunités. 

Ces  territoires  sont  emboités,  ils  doivent  trouver  des modes  de  coopération ;  par  exemple, Midi‐

Pyrénées est une région riche avec des départements pauvres. Comment faire système avec ce genre 

de  configuration ?  On  n’y  est  pas  habitués  en  France.  L’aménagement  du  territoire  a  en  effet 

toujours été considéré avant tout comme une politique de réparation ou de compensation, avec une 

visée  d’équilibre  entre  les  territoires.  En  face  de  ce  modèle,  on  voit  bien  que  les  dynamiques 

territoriales sont aujourd’hui commandées par les notions d’attractivité, de compétitivité « prix » et 

« hors prix », d’innovation par les hautes technologies ou au quotidien avec l’innovation sociale… Les 

dynamiques  territoriales  font  aussi  appel  aux  ressources  locales  à  valoriser,  ce  qui  est  bien  sûr 

glorifiant, mais implique aussi que chaque territoire se débrouille avec ses ressources.  

Les mutations  en  cours,  c’est  enfin  l’accentuation  des  fractures, des  formes de  ségrégation  entre 

territoires.  La dynamique urbaine agit  comme un  tsunami, elle part du  centre, de Toulouse, et  se 

répand dans l’ensemble de la région. Ceci pose la question du rôle, majeur, des villes moyennes ; on 

les voyait plus ou moins périclitantes il y a une dizaine d’années, et aujourd’hui elles sont portées par 

cette nouvelle dynamique urbaine. La métropolisation doit être vue dans ces deux sens : extension et 

dilatation  urbaine  d’un  côté,  mais  aussi  concentration  des  moyens  et  de  l’énergie  dans  les 

métropoles  de  niveau mondial  de  l’autre.  Ces métropoles  deviennent  de  véritables machines  à 

produire et reproduire de l’innovation.

Dans ce contexte,  l’étalement urbain est souvent considéré comme un mal à combattre, aussi bien 

pour réduire  les fractures socio‐territoriales, ou  lutter contre  l’encombrement et  la pollution… Mais 

c’est encore et avant tout  le reflet de  la volonté d’accession à  la propriété des ménages, qu’elle se 

fasse de manière délibérée sur ces territoires ou par défaut, compte tenu des contraintes financières.  

Il y a donc  fort à parier que  cet attrait pour  l’espace périurbain va perdurer,  sauf  si  les politiques 

publiques mettent l’accent sur le contrôle de la croissance urbaine par la maîtrise du foncier.

Tout  ceci  pose  des  enjeux  pour  l’avenir :  comment  aborder  la  question  de  la  cohésion  entre  des 

métropoles  de  plus  en  plus  puissantes  et  attractives,  des  villes  moyennes  qui  regagnent  de  la 

population  et  se  spécialisent,  et  les  autres  territoires ?  Comment  articuler  ceci  avec  l’idée  d’un 

ancrage local, territorial ? 

C’est  dans  ce  contexte  que  la  coopération métropolitaine,  initiée  par  la  DATAR  il  y  une  dizaine 

d’années, prend  tout  son  sens, même  si elle  reste difficile à mettre en œuvre dans de nombreux 

territoires. Que peut‐on dire des coopérations Toulouse‐Bordeaux, et plus largement Aquitaine/Midi‐

Pyrénées ?  Elles  fonctionnent  plutôt  bien,  et  ce  pour  plusieurs  raisons :  acteurs  politiques  qui 

s’entendent et veulent  initier des projets ; existence de plusieurs sujets de coopération, comme  le 

« branding » de l’image des produits Sud‐Ouest.

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Philippe Estèbe Je retiendrai plusieurs points : comment faire l’aménagement quand l’Etat est moins présent, ce qui 

pose la question de la responsabilité des collectivités territoriales, et particulièrement de la Région ? 

Ensuite,  face au  caractère  inéluctable de  la métropolisation,  comment  se positionner  face à  cette 

nouvelle grammaire de  la  compétitivité, ou de  l’excellence ? C’est enfin une  invitation à élargir  le 

regard, dans  la  relation au grand Sud‐ouest, et  la  complicité à  construire entre Aquitaine et Midi‐

Pyrénées.

Martin Malvy Effectivement  le phénomène de métropolisation est  inéluctable ; à  l’échelle de  la planète, 50 villes 

comptent plus de 5 millions d’habitants, elles seront plus de 400 en 2050. Ceci n’est pas sans poser 

quelques problèmes : quel est  le coût de cette métropolisation, en  termes de congestion dans  les 

transports,  de  coût  social ?  Quelle  sera  la  capacité  des  hommes  à  supporter  la  densification  à 

l’extrême ? 

Je suis aussi  inquiet du devenir des villes moyennes, qui ne savent pas comment elles vont assurer 

leur  destin.  Doivent‐elles  se  raccrocher  à  la  métropole,  mais  avec  des  risques  de  tensions, 

notamment  en  ce  qui  concerne  l’enseignement  supérieur ?  Ou  peuvent‐elles  jouer  la  carte  de 

l’insertion dans leur territoire de proximité ?  

D’ici quelques années,  l’ensemble du territoire sera  irrigué par  internet,  le très haut débit. Comme 

pour  les révolutions précédentes, comme  l’électricité ou  le téléphone,  l’ensemble du territoire sera 

un  jour maillé par  ces nouvelles  technologies,  et  ceci pourra  constituer une  alternative  forte  à  la 

solution unique de la métropolisation. 

Laurence Barthe, maître de conférences en géographie, chercheuse en développement territorial et dynamiques des territoires ruraux Je  vous  propose  une  passerelle  entre  le  dedans  et  le  dehors,  à  travers  des  éléments  issus  d’une 

prospective des espaces de  faible densité en  France  initiée par  la DATAR et  intitulée « Territoires 

2040 ». La prospective nous oblige à réfléchir à 20 à 30 ans, mais nous renseigne aussi sur le présent.

Je  souhaitais  faire  un  détour  par  les  hypothèses  émises  à  l’occasion  de  cet  exercice  national  de 

prospective,  avant de  revenir  sur  les  espaces de  faible densité de Midi‐Pyrénées. Cet  exercice de 

prospective propose en effet un ensemble d’hypothèses, qui sont surtout conçues pour susciter  le 

débat. Plusieurs grandes hypothèses ont ici été formulées, qui ouvrent chacune des bifurcations. 

Deux de ces hypothèses privilégient  l’idée qu’à  l’horizon 2040  les espaces de  faible densité seront 

moins  peuplés  qu’aujourd’hui,  avec  donc  un  retour  des  populations  vers  les  zones  agglomérées 

urbaines, ce qui n’est pas forcément  le sens de ce qui observé actuellement. Ce dépeuplement des 

espaces de faible densité pourrait avoir des conséquences très différentes, donnant donc lieu à deux 

hypothèses  différentes :  la  première  serait  de  considérer  qu’à  horizon  2040  ces  espaces  seraient 

désertifiés,  et  finalement  ne  seraient  occupés  que  très  ponctuellement  par  des  communautés,  y 

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trouvant une forme de repli, notamment des populations exclues du phénomène de métropolisation. 

Ce scénario est celui de  la fin de  l’économie résidentielle et de  la redistribution sociale, dans  lequel 

on ne pourrait plus  vivre dans  ces  espaces de  faible densité que dans des modèles  économiques 

alternatifs, autour de l’économe vivrière.

La  deuxième  hypothèse  du  dépeuplement  obéit  à  une  autre  logique,  celle  qui  voudrait  que  ces 

espaces,  compte  tenu  des  ressources  stratégiques  dont  ils  disposent  (foncier,  ressources 

environnementales…), seraient  investis pour des  fonctions productives, alimentaires, énergétiques. 

On voit bien que ces deux hypothèses interrogent des concepts très présents à l’heure actuelle dans 

les débats d’aménagement et de développement, en particulier celui d’économie résidentielle, et du 

maintien de son caractère structurant dans 30 ans.

Autre grande hypothèse qui a animée notre réflexion, et qui peut faire écho en Midi‐Pyrénées : l’idée 

d’une banalisation des espaces de  faible densité, avec  leur grignotage sous  l’effet d’une croissance 

démographique  soutenue  et  d’un  desserrement  urbain  généralisé.  C’est  un  pari  sur  le 

renouvellement des processus de développement  territorial dans  les espaces de  faible densité, en 

mobilisant des bases de  ressources distinctes. Une première piste  serait  la  conquête de nouvelles 

capacités productives, avec la diversification des systèmes d’activité et la mobilisation des capacités 

d’innovation  des  populations  résidant  dans  ces  territoires ;  c’est  le  modèle  du  développement 

territorial revisité à horizon 2040, avec des nouveaux paniers de ressources et de biens. Par exemple, 

ce n’est peut‐être plus  l’AOC Roquefort qui portera  le développement du  Sud Aveyron, mais une 

autre forme de valorisation du lait de brebis qui reste à inventer. Cette idée s’appuie sur l’innovation 

locale, et sur le rajeunissement de la population résidant dans ces territoires. 

Une  autre  piste  réside  dans  la  revalorisation  des  rapports  urbain‐rural,  à  travers  l’idée  que  les 

espaces de faible densité pourraient développer demain des aménités et services dans une  logique 

de coproduction avec  les  territoires métropolitains. On ne parlerait plus ainsi d’opposition urbain‐

rural, mais  de  programmes  de  coproduction  associant  les  espaces  de  faible  densité  aux  espaces 

métropolitains. 

A partir de ces hypothèses, présentées de manière très succincte, je retiens aussi plusieurs facteurs 

d’interpellation pour la situation régionale. Vus de l’extérieur, les territoires ruraux de Midi‐Pyrénées 

présentent,  en  effet,  des  qualités  fondamentales,  et  constituent  de  véritables  pépites,  dans  la 

mesure où  ils  sont  faiblement  impactés par  l’étalement urbain.  Ils ont également une  forte valeur 

patrimoniale,  avec  un  rapport  privilégié  avec  la  nature,  et  détiennent  des  savoir‐faire  forts  en 

matière de production agricole. Parmi leurs ressources stratégiques, on pourrait évoquer le château 

d’eau des Pyrénées, mais aussi le ciel étoilé, les réserves de silence ; autant d’éléments devenus rares 

dans une société urbanisée. 

Autre qualité de  ces espaces de  faible densité en Midi‐Pyrénées :  la  région  se  caractérise par des 

territoires  organisés  et  structurés,  avec  une  tradition  ancrée  de  développement  territorial,  qui  a 

produit  des  territoires  de  projets  à  l’échelle  des  pays  et  des  parcs  naturels.  Ces  territoires  sont 

traversés  par  des  dynamiques  d’innovation,  en  matière  d’économie  sociale  et  solidaire,  ou 

d’agriculture, d’artisanat, mais aussi de services plus discrets… Ces atouts sont sans doute à adapter 

en fonction des évolutions des attentes sociales.

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Enfin,  les  espaces  de  faible  densité  de Midi‐Pyrénées  sont  des  territoires  connectés,  ouverts  aux 

échanges matériels et immatériels. Nous sommes dans des territoires où les populations circulent ce 

qui est une vraie richesse pour ces territoires.

Ces différents leviers ne doivent, toutefois, pas occulter les revers de l’attractivité, ou en tout cas les 

facteurs d’interpellation en découlant.  Les dynamiques démographiques  récentes  restent  inégales, 

souvent  ténues,  et  génèrent  dans  les  territoires  de  vraies  questions  sociales  et  sociétales,  en 

particulier avec des formes de paupérisation marquées. Cette paupérisation est liée à la précarisation 

d’activités  traditionnelles, mais aussi à  l’arrivée de nouvelles populations. Les capacités d’action et 

d’innovation  sont  aussi  contrastées  entre  ces  territoires,  ainsi  que  les  niveaux  d’éducation  et  de 

diplôme. La cohésion sociale est donc, dans certains territoires, parfois fragile. Un des écueils à éviter 

dans les prochaines années serait la création de poches, soit de pauvreté, soit de vieillissement.

Des enjeux peuvent être décelés, pour contribuer à la réflexion sur le pacte territorial qui doit être un 

des objectifs du SRADDT. Le premier enjeu sera celui de  la gestion de  l’attractivité des espaces de 

faible  densité,  pour  contrecarrer  les  phénomènes  d’exclusion  ou  de  ségrégation  que  j’évoquais 

précédemment, mais aussi  les tendances à  la captation externe des ressources stratégiques de ces 

territoires.  Ceci  renvoie  à  la  question  de  la  maîtrise  foncière,  à  l’intégration  des  ressources 

environnementales dans  l’ensemble de nos  tissus d’activité, mais aussi à  la complémentarité dans 

nos territoires entre économie de production et économie de service.  

Le deuxième enjeu, déjà  largement évoqué ce matin, est celui de  la prise en compte de toutes  les 

formes de connexions. Quelles seront demain les formes de circulation entre territoires, matérielles 

et  virtuelles ? Ne  pourra‐t‐on  pas  demain  travailler  dans  son  logement,  rendre  des  services,  sans 

forcément se déplacer ? 

Troisième enjeu stratégique, c’est  la redéfinition des périmètres d’action. La structuration actuelle 

de la Région appelle sans doute une montée en périmètre, une montée en capacité des territoires en 

particulier sur  la question de  l’ingénierie, question centrale pour  les  territoires  ruraux.  Il  faut aussi 

envisager l’ouverture des modes de gouvernance, vers les acteurs privés et les acteurs de la société 

civile. 

Dernier enjeu, qui fera écho à un des scénarios que j’évoquais tout à l’heure : comment repenser le 

lien entre territoires métropolitains et territoires ruraux ? Il faudrait dépasser ce vieux clivage sous le 

prisme d’un nouveau  référentiel, avec  le  renforcement des  solidarités horizontales. Ceci conduit à 

réfléchir aux services rendus entre territoires, avec un même projet partagé.  

MartinMalvyJe crois à la nécessité d’avoir ici en Midi‐Pyrénées une métropole forte, l’avenir de la région passe par 

le développement de la métropole, mais je crois également au développement des filières à l’échelle 

du territoire régional. Prenons l’exemple de l’aéronautique avec, à 170 kms de Toulouse, la Mecanic 

Valley qui s’étend de Rodez jusqu’à la Corrèze. Nous avons organisé récemment une table ronde sur 

l’optimisation de  l’adéquation  entre  les  formations  et  les besoins des  entreprises de  cette  filière. 

Comptant 15 000 emplois dans  le domaine aéronautique, avec 200 entreprises,  la Mecanic Valley a 

recruté l’année dernière 600 personnes. Ceci prouve bien que l’image dominante de la dynamique de 

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la  filière  est  faussée :  on  a  l’impression  que  seul  Airbus  recrute,  alors  que  le  développement  de 

l’emploi concerne plus largement la région.

Je crois beaucoup au développement de ces filières sur l’ensemble du territoire régional, s’appuyant 

sur la puissance de la métropole pour développer la richesse et aménager les différents territoires.  

Table ronde : quelles initiatives locales face aux défis globaux ?

Jean François Tosti, société TAT Productions Bonjour,  je représente  la société TAT, qui produit des films d’animation pour  la télévision. En 2012, 

nos programmes ont été primés dans différents festivals à l’international et en France. C’est en étant 

basés à Toulouse que nous avons acquis cette reconnaissance, ce qui n’était pas gagné d’avance il y a 

13 ans quand nous avons créé notre société ; depuis, nous sommes passés de 3 à 80, et nous faisons 

partie des 10 plus gros studios d’animation français.

Pourquoi Toulouse et Midi‐Pyrénées ? Nous relevons de l’industrie culturelle, et dans ce cadre avons 

besoin du  soutien des  collectivités ; nous avons bénéficié d’une  relation privilégiée avec  la Région 

depuis 2005. Ce que je trouve stimulant dans notre parcours, c’est outre l’appui financier, un soutien 

global  grâce  à  un  dialogue  constant  avec  les  interlocuteurs  de  la  région.  Nous  représentons  un 

exemple de collaboration originale entre une entreprise privée et une collectivité : sur nos besoins en 

termes de développement, mais aussi en termes de cohérence de cet appui avec les missions et les 

attentes de la collectivité.

Cet  échange  a  commencé  avec  les  aides  mises  en  place  par  la  Région  pour  soutenir  le 

développement de programmes audiovisuels, qui nous a permis de structurer nos projets avant de 

les présenter à nos principaux clients, à savoir  les chaines de télévision. Une deuxième étape a été 

ensuite le soutien financier à la production des programmes, puis le soutien dans nos déplacements 

pour positionner nos programmes sur les marchés internationaux. Ceci a été fondamental dans notre 

progression, permettant de passer de  la France et quelques pays européens,  jusqu’à une diffusion 

dans 150 pays pour notre dernier programme.

Nous devons désormais embaucher et nous agrandir. Pour ce  faire, nous bénéficions d’un contrat 

d’appui, une innovation pour la Région dans ce secteur d’activité. 

Tout ce partenariat s’est construit progressivement, dans une vision à  long terme partagée avec  les 

acteurs  de  la  Région car  c’est  un  secteur  qui  peut  créer  de  l’emploi,  contribuer  au  rayonnement 

international et donner une bonne image de la Région.  

Au niveau régional, nous sommes maintenant plusieurs sociétés à travailler dans ce secteur, tout ceci 

crée  une  forme  d’émulation. Au  niveau  de  la  formation,  avant  nous  avions  du mal  à  trouver  les 

compétences sur place, mais c’est en train de changer. De nouvelles écoles se montent, et pour  la 

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première fois en 2013 nous avons recruté 6 ou 7 étudiants issues des écoles d’animation locales. On 

sent donc  l’ébauche d’une  filière, avec deux autres entreprises, une à Toulouse et  l’autre dans  le 

Gers, produisant également des programmes pour la télévision nationale. 

Un  autre  point  essentiel est  l’implication  de  la  Région  dans  l’installation  du  Cartoon  Forum  à 

Toulouse, principal marché des programmes d’animation en Europe, qui se tenait auparavant chaque 

année dans des villes différentes.  

Cédric Auriol, société Micronutris Micronutris est  une  jeune  activité  en  développement,  qui  se  positionne  sur  la  production  et  la 

transformation  d’insectes  pour  l’alimentation  humaine,  car  c’est  un  moyen  de  répondre  aux 

problématiques alimentaires qui vont apparaître dans les prochaines décennies. 

Plusieurs  raisons ont dicté  l’implantation de  l’activité en Midi‐Pyrénées. Bien  sûr parce que  je  suis 

originaire d’ici, mais aussi pour des raisons objectives : d’une part, parce que  l’industrie agricole et 

agro‐alimentaire  est  déjà  très  développée,  ce  qui  nous  a  permis  rapidement  de  monter  des 

partenariats  locaux ;  d’autre  part,  nous  avons  été  suivis  par  des  structures  d’accompagnement 

comme Midi‐Pyrénées  Expansion  et Midi‐Pyrénées  Innovation  qui  nous  ont  permis  de mettre  en 

place  des  programmes  de  recherche  innovants.  Nous  avons  ainsi  développé  une  technique  de 

transformation originale par déshydratation, avec un centre de recherche basé à Auch, préservant la 

qualité nutritive des insectes avec un coût de production moindre. 

Cette production d’insectes, dans une  ferme,  répond à de  réels objectifs environnementaux : nous 

produisons  local,  et  idéalement  à  destination  du marché  local  et  européen,  nous  avons  besoin 

d’approvisionnement  que  nous  pouvons  aussi  trouver  localement.  Pour  la  transformation  des 

insectes, nous pourrons aussi nous appuyer sur des outils comme le pôle de compétitivité Agrimip.

LaurenceBartheC’est un bon exemple de coopération inédite entre l’urbain et le rural. On connait le rôle important 

que peuvent  jouer dans beaucoup de nos territoires  les  lycées agricoles dans  l’appui à  l’innovation. 

C’est une illustration de la logique du partage et de la circulation des connaissances dans une filière 

territoriale. 

Pierre Larrouy, économiste Midi‐Pyrénées a ceci de spécifique par rapport à  la question du vieillissement qu’elle fait partie des 

régions qui vont accueillir de plus en plus de personnes âgées, tout en ayant une forte croissance de 

moins de 20 ans ; on pourrait dire qu’il s’agit d’un territoire  laboratoire, pour essayer de construire 

un « contrat de génération » macroéconomique.

J’ai  travaillé  à  la  demande  de  l’agence  régionale  de  l’innovation  sur  la  filière  économique  de 

l’autonomie,  avec  la  logique  que  l’on  nomme  aujourd’hui,  après  les  japonais,  la  silver  économie. 

Nous  sommes, en effet, confrontés à un double enjeu, celui des personnes concernées mais aussi 

celui  des  aidants,  que  l’on  passe  trop  souvent  sous  silence.  Leur  désocialisation  (divorces,  perte 

d’emploi etc.) est sous estimée voire masquée. Cette question doit aussi être abordée sous  l’angle 

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économique  et  de  création  d’emplois.  On  connait  trois  points  sur  le  marché  économique  du 

vieillissement : premièrement, grâce à la technologie et à la robotique, on devrait tendre de plus en 

plus vers une  logique de maintien à domicile grâce au triptyque ; repérage, détection, suivi avec  les 

gérontechnologies. Deuxièmement,  les  seniors  représentent plus de  la moitié de  la consommation 

des  territoires.  Un  troisième  sujet  reste  peu  traité :  les  personnes  âgées  épargnent  de manière 

croissante  avec  l’âge,  ceci  représente  une  masse  d’épargne  qui,  mieux  fléchée,  permettrait  de 

conduire des politiques  territoriales  très  intéressantes. La mobilisation de cette épargne, en mode 

projet permet avec  les  services nécessaires aux plus âgés de créer  les emplois de  leurs enfants et 

petits enfants. Cela pourrait correspondre à un enjeu sociétal significatif et stimulant qui ne peut se 

construire que dans la proximité des territoires. 

Midi‐Pyrénées est au  cœur de  ces différents enjeux,  compte  tenu de  la  situation démographique, 

mais aussi de la capacité à développer des offres technologiques innovantes, aussi bien en termes de 

numérique  que  de  robotique.  La  région  fait  d’ailleurs  partie  des  territoires  considérés  comme 

expérimentaux au niveau national. On a, par ailleurs,  la chance de disposer d’un secteur en pointe 

sur  la détection des situations de  fragilité avec  le Gérontopôle. Midi‐Pyrénées compte donc  toutes 

les  qualités  pour  devenir  un  véritable  démonstrateur  national,  dans  tous  les  types  de  territoire : 

urbain,  rural,  zones  de montagne…  De  plus,  différents  territoires  régionaux  s’intéressent  à  cette 

thématique,  notamment  le  Gers  dans  l’innovation  pour  l’accompagnement  des  personnes  en 

vieillissement.  La  télémédecine  se développe dans  l’Ariège, dans  le Tarn et  Toulouse Métropole  a 

récemment fait valider aussi une orientation sur cette thématique. 

Pour  faire  de  cette  activité  une  véritable  filière  économique,  il  faudrait multiplier  ces  différentes 

initiatives pour atteindre une masse critique, tout en tenant compte des spécificités territoriales. Le 

succès  de  cette  filière  reposera  aussi  sur  des  nouvelles  organisations  et  partenariats  public‐privé, 

avec un fort volontarisme politique, à l’exemple de ce qui se passe au Japon et en Allemagne.

Hervé le Bras Le mot « vieillissement » est terrible, surtout en France, car il est historiquement péjoratif, alors que 

les  anglais  parlent  plutôt  de  « aging ».  De  plus  en  plus,  nous  devons  considérer  le  vieillissement 

comme une opportunité économique, pour  le progrès médical, mais aussi en termes d’épargne, en 

orientant  cette  dernière  vers  du  capital‐risque.  Depuis  les  années  90,  il  ya  eu  une  inversion 

générationnelle majeure : avant, la pauvreté était associée à la vieillesse, alors que maintenant c’est 

la jeunesse. Les rapports entre génération ont été bouleversés, désormais les flux financiers passent 

de plus en plus des personnes âgées vers  les jeunes. Cette solidarité  intergénérationnelle, c’est à  la 

fois bien, pour permettre des appuis fins au sein de  la famille, mais c’est aussi  limitée,  la solidarité 

étatique devant permettre aussi d’aider  les plus jeunes qui ne bénéficient pas de soutien familial. Il 

faudrait donc pouvoir orienter une partie de ce capital vers des investissements plus risqués, comme 

soutien à l’activité économique.

Comme ceci a été souligné,  il existe un énorme gisement d’emploi dans  l’aide à  l’accompagnement 

des personnes âgées, mais ceci suppose une revalorisation de ces métiers, notamment par un effort 

de formation et de montée en compétence des actifs dans ce domaine.  

Votre région, grâce à la diversité de son territoire, peut être à la pointe dans ce champ. En agissant 

en particulier dans  les zones  les moins denses, on pourrait aussi  limiter  les  tendances émergentes 

que  je  présentais  tout  à  l’heure,  à  savoir  l’affluence  des  personnes  âgées  les  plus  aisées  vers  les 

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centres‐villes, phénomène qui pourrait accentuer  les  logiques de ségrégations socio‐territoriales. Je 

trouve donc  intéressant que  la Région se  lance dans ce type de projets, pouvant servir de véritable 

laboratoire.

Philippe Estèbe Merci  à nos  intervenants. Nous  avons  abordé  trois domaines  a priori  très différents : numérique, 

alimentation, et réponse au vieillissement. Et pourtant à chaque fois  la même question est revenue 

de  manière  récurrente,  la  construction  de  filières  et  de  complémentarités  entre  les  territoires 

régionaux.  

 

Echanges avec la salle

Franck Montaugé, Maire d’Auch Je voudrais affirmer que  les villes moyennes en Midi‐Pyrénées ne sont pas perdues, elles ont bien 

conscience  que  tout  leur  développement  ne  repose  pas  sur  la  relation  avec  la métropole.  Elles 

souhaitent jouer un rôle d’articulation entre la métropole, que nous souhaitons tous dynamique, et 

les territoires ruraux avec qui nous sommes en rapport très étroits.  Cette articulation est centrale et 

devrait figurer au cœur du futur SRADDT, car elle conditionne le développement aussi bien des villes 

moyennes que des territoires ruraux. C’est aussi dans cette optique qu’a été construite la démarche 

de dialogue métropolitain, à  laquelle participent  les villes moyennes, démarche que nous voulons 

complémentaire aux politiques du Conseil Régional.

Pour autant, au sein de la catégorie des villes moyennes, il y a des distinctions à faire en fonction des 

vocations,  du  niveau  de  développement;  par  exemple,  Castres  et  Auch  ont  des  problèmes 

comparables en termes de desserte, que le SRADDT devrait intégrer, afin que les villes jouent un rôle 

au bénéfice de leurs territoires de proximité. 

Catherine Marlas, Conseillère régionale et Présidente du PNR des Causses du Quercy Je voulais revenir sur les enjeux pointés par Laurence Barthe, et surtout sur la question des aménités 

des territoires ruraux. Dans un avenir proche, nous aurons à envisager un aménagement du territoire 

qui s’appuie sur ces aménités. Demain, c’est plus de 20% du territoire régional qui sera classé en Parc 

Naturel Régional. On pourrait y travailler encore mieux la question de la relation entre l’urbain et le 

rural : modes de gouvernance renouvelés, émergence de filières économiques… 

Dans « Midi‐Pyrénées 2030 », on doit se servir et s’appuyer sur les ressources de ces territoires. Tout 

l’enjeu  régional  reposera  sur  la  capacité  à  articuler  les  territoires  disposant  d’une  richesse 

productive, et ceux bénéficiant d’autres richesses, patrimoniales et naturelles. Les uns et les autres, 

loin de s’opposer, se complètent et s’enrichissent mutuellement.

Jean-Paul Laborie, professeur émerite Hervé  Le  Bras dans  son  interventions montre  comment  les  rémanences  des  caractéristiques  des 

territoires  continuent  de  les  structurer.  Dans  son  dernier  livre,  il  indique  également  qu’en Midi‐

Pyrénées la part de l’emploi public y est la plus élevée de France.  

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En Midi‐Pyrénées  la  forte attente  vis‐à‐vis de  l’Etat  républicain demeure. Elle est  renforcé par  les 

effets  des  apports  de  capitaux  publics  dans  les  fondements  de  l’économie  régionale : 

décentralisation,  arrivée des  grandes écoles,  installation des  grandes entreprises publiques… Mais 

depuis  une  dizaine  d’années,  les  flux  de  nouveaux  arrivants  dans  la  région  s’intensifient  et  en 

majorité  ils ne  relèvent plus de  la  logique dépendante des  investissements de  l’Etat et de  l’action 

publique. Le substrat de notre région évolue donc fortement avec ces nombreuses arrivées. 

Restitution et débats avec la salle sur les résultats des ateliers prospectifs

1er temps : Midi-Pyrénées, région d’Europe et du monde

Lionel Rabilloud, Acadie, rapporteur des ateliers de travail prospectif Dans  le temps  limité dont nous disposons,  je présenterai avant tout  la synthèse des enjeux qui ont 

émergés  des  ateliers  prospectifs  conduits  au  cours  des  dernières  semaines.  La  globalité  du 

raisonnement est présentée dans le support intégré dans le dossier du participant au Forum. 

Positionner Midi‐Pyrénées  comme  région  d’Europe  et  du monde  permet  d’aborder  trois  enjeux 

prospectifs complémentaires. Le premier enjeu consiste à envisager, à horizon 2030, Midi‐Pyrénées 

au cœur d’une grande région sud‐européenne : comment la région peut‐elle s’affirmer au centre du 

quadrilatère des métropoles Barcelone / Bilbao / Bordeaux / Marseille, dont Toulouse est le cœur ? 

La région disposera d’atouts, notamment un territoire fortement attractif au regard de ses voisins, et 

sa  situation  géographique,  charnière  entre  les  deux  façades  maritimes  et  centrée  sur  un  bien 

commun, les Pyrénées. 

Au  sein  de  cette  grande  région  en  devenir,  l’enjeu  du  couplage  Toulouse‐Bordeaux/Barcelone 

apparaît  central :  à  horizon  2030,  l’effet  LGV  jouera  sur  les  dynamiques  interurbaines ;  plus 

largement,  c’est  la  question  des  complémentarités  et  des  concurrences,  par  exemple  pour 

l’aéronautique, l’Université, ou l’agro‐alimentaire. 

Enfin,  pour  Midi‐Pyrénées  l’enjeu  sera  de  construire  une  responsabilité  du  rapport  au  monde 

partagée  par  l’ensemble  des  territoires  régionaux,  au‐delà  de  la  métropole.  Ceci  implique  en 

particulier de diversifier les territoires « portes d’échanges avec le monde ». 

Gérard Onesta, Vice-Président du Conseil Régional aux Affaires Européennes Midi‐Pyrénées  région  d’Europe ?  Je  ne  suis  pas  certain  qu’en  2030  l’Europe,  ou Midi‐Pyrénées, 

existent encore  tels que nous  les connaissons. Au niveau européen, on voit bien  les difficultés des 

situations  économiques de pays  comme  le Portugal ou  l’Espagne.  Le modèle  européen  actuel  est 

extrêmement fragile et on peut craindre que  les populistes fassent une entrée fracassante dans  les 

institutions communautaires à l’occasion des prochaines élections européennes. 

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Quant à la région Midi‐Pyrénées, c’est à l’échelle du temps historique une entité administrative assez 

récente ;  avec  l’enclenchement  de  la  réforme  territoriale,  le  fait  métropolitain  ne  va‐t‐il  pas 

s’affirmer  fortement  dans  les  prochaines  années ?  N’assistera‐t‐on  pas  à  la  disparition  des 

départements,  à  une  gestion  par  la  région  de  territoires  devenus  interstitiels ?  Ou  au  contraire 

connaîtra‐t‐on  un mécanisme  à  l’européenne,  où  ce  seront  plutôt  les  régions  qui  reprennent  la 

main ? On peut donc  imaginer que  la  réforme  territoriale donne  lieu à des  reconfigurations de  la 

géographie locale que nous connaissons actuellement, avec pourquoi pas une reconstitution de l’aire 

occitane, ou l’émergence d’une Grande Gascogne ou d’un Grand Languedoc ? 

Dans cette perspective, on perçoit bien que nos débats actuels seront  largement  influencés par ces 

grandes dynamiques. Les décisions macro‐géographiques européennes et nationales restent encore 

à écrire, et nous pouvons y contribuer modestement à travers nos échanges. 

Au niveau régional, est‐ce que dans les prochaines années nous continuerons à nous penser comme 

le Sud‐ouest par rapport à Paris ou comme partie prenante d’un Sud‐ouest de l’Europe ?

Claude Lacour Tous  les  choix  de  construction  institutionnelle,  d’eurorégion  ou  de  partenariats  transfrontaliers, 

doivent  reposer  sur des projets  concrets pour  trouver un  sens. Quels  sont  les projets porteurs de 

cette région d’Europe ? Bien évidemment le TGV, qui reste à finaliser, mais aussi le marquage agro‐

industriel, ou  les espaces de projets d’aménités autour des parcs naturels… On doit aussi pouvoir 

avancer sur un projet commun pour les Pyrénées, au‐delà des conférences et programmes existants. 

Gérard Onesta Les Pyrénées sont en effet l’axe structurant de notre territoire, alors qu’elles ont toujours été vécues 

comme une frontière. Pour  le concrétiser,  il faut faire un saut qualitatif dans notre fonctionnement 

commun. Dans  les Alpes,  les acteurs ont osé écrire  la convention alpine, c’est‐à‐dire un  instrument 

international de portée  juridique, alors que  le choix n’a pas été retenu pour  l’instant de  formaliser 

une  convention pyrénéenne.  Il  faudrait que  tous  les  territoires  concernés acceptent de mettre en 

partage  cet  atout,  ce  qui  ne  passe  pas  forcément  par  la  réalisation  du  projet  de  tunnel  pour  la 

Traversée Centrale. Entre faire des Pyrénées un sanctuaire, espace sauvage et dédié à la biodiversité, 

ou  au  contraire  les  voir  comme  un  obstacle  qu’il  faut  perforer  pour  laisser  passer  des  camions 

contribuant au commerce mondialisé plus qu’aux besoins des Pyrénéens,  il  faut  trouver une autre 

solution, plus centrée sur nos territoires, avec par exemple la valorisation de la ressource en eau au 

service d’un nouveau modèle d’agriculture.  

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2ème temps : Midi-Pyrénées, une nouvelle géographie stratégique ?

Michèle Garrigues, Vice-présidente en charge de l’évaluation, de la prospective et du suivi du contrat de projets J’introduirai  les  échanges  et  les  débats  de  cet  après‐midi  en  rappelant  quelques  éléments  de 

contexte. Midi‐Pyrénées est la plus vaste région de France, comptant 54% de son territoire en zone 

de  montagne.  L’aire  urbaine  toulousaine  tient  une  place  prépondérante,  accueillant  42%  de  la 

population régionale et se classant au quatrième rang national. 

Comme  cela  était  souligné  ce  matin,  cette  prédominance  toulousaine  n’empêche  pas  un 

développement  des  villes moyennes,  aussi  bien  en  termes  de  croissance  démographique  que  de 

rayonnement. Ces  villes moyennes partagent des  caractéristiques  avec  la métropole  toulousaine : 

fortes inégalités sociales, développement du périurbain… 

La présentation d’Hervé Le Bras a aussi souligné  le dynamisme des petites villes, en apportant une 

note d’optimisme  sur  leur devenir possible : nous  constatons que notre  région  reste  relativement 

favorisée par rapport à d’autres, ce qui constitue un cadre plus favorable pour poser la question des 

complémentarités entre territoires local, entre urbain et rural.

Lionel Rabilloud Un des ateliers prospectifs d’avril s’intitulait « L’armature urbaine régionale ». A l’issue des travaux, il 

apparaît opportun de poser cet enjeu prospectif autour de la  formulation suivante : « Midi‐Pyrénées, 

une nouvelle géographie ». Pourquoi cette reformulation ? Un des acquis transversal de cet atelier a 

en effet été de faire émerger l’idée que Midi‐Pyrénées n’a pas une armature urbaine « unique » : les 

villes de différentes  tailles et  leurs territoires voisins s’inscrivent et s’inscriront dans  les prochaines 

années dans différents maillages, différentes fonctions à l’échelle régionale… et au‐delà.

Cette  nouvelle  géographie  de  la  région  s’organise  autour  de  trois  enjeux  essentiels.  Le  premier 

postule qu’il existera à horizon 2030 non pas un seul, mais plusieurs systèmes d’armature régionale, 

multipliant  les  cartes  à  jouer  pour  les  « villes moyennes ».  Ces  systèmes  d’armature  territoriale 

renvoient à l’organisation par grands bassins et zones d’emploi, centrés sur des cœurs urbains ; mais 

aussi  à des  systèmes  reposant  sur  les  interconnexions  et  les  liens  entre  territoires, dessinant des 

grands « faisceaux » autour de la métropole régionale, faisceaux au sein desquels les villes moyennes 

jouent un rôle central de points d’ancrage du territoire. Enfin, ces systèmes reposent également sur 

les  interconnexions et  les  liens entre  territoires, organisant une armature de « grappes » de villes, 

structurantes de sous‐ensembles régionaux. 

Le second enjeu consistera à mieux valoriser dans  les  logiques de structuration de  l’espace régional  

l’acquis  « historique  » que  représente  le  semis des petites  villes de  la  région,  comptant  entre de 

l’ordre de 2 000 à 20 000 habitants. Midi‐Pyrénées dispose en effet d’une structure urbaine unique: 

sur  les 3020 communes de  la région, seules 32 ont plus de 5000 habitants, et seules 18 ont plus de 

15 000 habitants. Dans cette configuration, les petites villes polarisent fortement l’espace, parfois au‐

delà de l’échelle du bassin de vie, mais avec des capacités différenciées. La question de la solidarité à 

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développer vis‐à‐vis de ces « petits centres », refuges des ménages précaires, et des communes en 

difficulté financière, est ainsi fortement ressortie dans les ateliers prospectifs.

Enfin, un troisième enjeu renverra à la liaison de Midi‐Pyrénées avec les territoires voisins, posant la 

question  de  l’organisation  des  dynamiques  interrégionales  différenciées  entre  des  « grappes »  de 

territoire au sein et en dehors des frontières institutionnelles ; à titre d’exemple, se développent des 

logiques  de  système  « Tarbes‐Lourdes  /  Pau »,  un  axe  « Toulouse/Lauragais/Carcassonne »,  un 

ensemble « Rodez/ Figeac / Brive‐Tulle », le bassin « Agen/Valence d’Agen/Lectoure »…

Plusieurs champs d’intervention de la Région seront plus directement interpellés par ces enjeux : les 

politiques de déplacements, mobilités et  transports ;  le développement économique ;  la  formation 

professionnelle ; et les trames verte et bleue. 

Nous vous proposons de discuter de ces éléments de représentation : qu’induisent‐ils en termes, par 

exemple, de modalités de gouvernance ? Comment cette organisation peut‐elle s’articuler à l’avenir 

avec  le « mille‐feuille »  institutionnel  local, structuré autour des EPCI, SCoT, Pays, dans une  logique 

de  relation entre  les villes et  leurs  territoires ? Comment  tenir compte des  fonctions différenciées 

des villes, moyennes et petites, dans les logiques d’organisation institutionnelle ? 

Débats avec la salle

Jean-Claude Lugan En  faisant référence à ce qu’évoquait Laurence Barthe ce matin, on peut en effet estimer qu’il y a 

une certaine étroitesse des intercommunalités, même si les périmètres ont déjà évolué et continuent 

à  le  faire dans certains départements. Les Scot sont en général des éléments  fédérateurs d’intérêt 

beaucoup plus larges que les communautés de communes ; c’est par ce biais que passera sans doute 

la future organisation du territoire régional. 

Aujourd’hui,  on  vit,  en  tant  qu’élu  local,  un  certain  écartèlement  entre  ces  différentes  structures 

institutionnelles, on cherche à les connecter et surtout à expliquer leurs compétences respectives, ce 

qui n’est pas toujours évident. 

Quant  aux  polarités  présentées,  certaines  petites  villes  sont  ressenties  comme  ayant  tendance  à 

métropoliser leur territoire, au même titre que Toulouse ou les villes moyennes. Cette perception de 

l’effet de métropolisation des petites villes est ainsi un argument régulièrement évoqué par les élus 

ruraux, notamment dans les travaux de Scot, qui accusent les métropoles du pays de trop concentrer 

les activités.

Dans l’exercice de prospective régionale que nous engageons, il faut veiller à ne pas rester dans une 

analyse trop classique des territoires ; aujourd’hui émerge une autre dimension du territoire, avec les 

réseaux invisibles. Il faut réintroduire ces notions de réseaux, en particulier le numérique, sans pour 

autant  penser  que  ce  réseau  numérique  suffira  à  compenser  l’absence  d’aménités  de  certains 

territoires.  Ces  réseaux  ne  viendront  pas  en  substitution  de  ces  services,  mais  bien  en 

complémentarité. Ceci doit nous amener à raisonner en termes d’espace‐temps, y compris dans  les 

métropoles,  avec  l’évolution  très  rapide  des  pratiques  des  habitants,  notamment  en  termes  de 

mobilités. Les systèmes de gouvernance et  les  lectures des  territoires qu’ils  induisent ne  sont plus 

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forcément adaptés à ces modifications  importantes des  logiques « espace‐temps » des habitants.  Il 

faut arriver à mieux gouverner les réseaux et les intégrer avec les logiques territoriales habituelles.

Sabine Fontez, Syndicat mixte du Pays du Lauragais Les  apports  de  la matinée  ont  été  particulièrement  intéressants  pour  des  territoires  comme  les 

nôtres, qui vivent au quotidien des problématiques de territoires ruraux, plus ou moins densément 

peuplés. Outre  la  logique de métropolisation qui s’exerce dans  la région,  il existe des territoires qui 

s’appuient fortement sur leurs petites villes de proximité. Il convient de ne pas oublier ces territoires 

ruraux, interstitiels, qui se sont souvent organisés ces dernières années en pays, et sur lesquels pèse 

l’inconnu du devenir des contrats de pays, ou de  l’évolution des  lignes budgétaires européennes.  Il 

existe une nécessité d’apporter une ingénierie renouvelée à ces territoires ruraux, s’appuyant sur les 

acquis  des  dernières  années ;  il  sera  également  intéressant  de  pousser  la  complémentarité  entre 

pays et Scot, démarche de développement territorial et démarche de planification locale, enjeu que 

pourra porter le SRADDT.

Entre l’agglomération toulousaine, les villes moyennes et les territoires ruraux structurés autour des 

pays et des Scot, il y a de nouvelles formes de coordination à inventer. La réforme territoriale devrait 

nous  donner  un  nouveau  cadre  de  partage  des  compétences,  mais  il  faudra  que  les 

intercommunalités conservent le rôle de facilitateur et d’accompagnement à l’émergence de projets. 

Nos communautés de communes sont‐elles en mesure, dans  les territoires ruraux, de mobiliser de 

l’ingénierie  pour  assurer  ce  dialogue  à  l’échelle  des  territoires  locaux ?  Je  suis  convaincue  que 

l’emboitement  intercommunalité  /  SCoT  /  pays  est  encore  porteur  d’intérêt,  en  combinant 

différentes approches de planification, de développement local, et de gestion du service au quotidien 

pour  les citoyens ;  il s’agira surtout de réfléchir à  la rationalisation des  interventions et des moyens 

mobilisés par ces différents outils.

Dominique Jacomet, Directeur du CAUE de l’Aveyron Je  suggérerais  d’intégrer  deux  éléments  complémentaires  dans  les  cartographies  figurant  dans  le 

dossier  de  présentation,  qui  n’apparaissent  d’ailleurs  que  trop  rarement  dans  les  documents 

d’urbanisme ;  ce  sont  la  géologie  et  le  relief.  Introduire  ces  éléments,  c’est  aussi  parler  de  la 

dimension historique de l’évolution du territoire ; on comprendrait ainsi mieux pourquoi il existe des 

petites et des villes moyennes, centres de gravité qui structurent  la région, avec des territoires qui 

fonctionnent en relation étroite avec leurs villes, avec des paysages ruraux construits autour et avec 

un centre plus urbain. 

A Rodez, par exemple, on peut habiter à 15 minutes du centre‐ville dans un village, mais qui en fait 

fonctionne comme un quartier de ville, parce que  le  fonctionnement au quotidien des habitants y 

sera similaire à celui des habitants d’une métropole. L’introduction du relief et de la géologie permet 

donc de tenir compte de  la dimension temporelle, de  la construction progressive du paysage et de 

son fonctionnement.

Xavier Beaussart, Parc naturel Régional du Haut-Languedoc Je voudrais faire le lien avec un des scénarios présentés ce matin, à savoir celui des territoires ruraux 

axant  leur développent autour  la valorisation de  leurs ressources naturelles. C’est déjà une réalité, 

ces  territoires  disposent  de  foncier,  d’eau,  de  bois,  de  productions  agricoles. Vis‐à‐vis  des  aires 

urbaines,  ces  territoires  ruraux  peuvent  se  positionner  en  complémentarité :  espaces  récréatifs, 

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viviers de  ressources naturelles. Mais  il  faut que  le développement  induit par  l’exploitation de ces 

ressources  bénéficie  aux  territoires  producteurs,  et  pas  uniquement  aux  agglomérations  de 

proximité.  

Ceci implique de développer de la valeur ajoutée localement, par exemple ne pas simplement couper 

les  arbres  et  transformer  le  bois  ailleurs.  La métropole  conservera  toujours  une  place  essentielle 

pour  la  création  de  valeur  ajoutée,  il  est  essentiel  que  les  autres  territoires  s’inscrivent  en 

complémentarité.  Pour  maintenir  une  vie  sur  les  territoires  ruraux,  il  faut  aussi  développer  de 

l’activité d’accueil, du  tourisme. Historiquement, un  territoire comme  le Haut Languedoc bénéficie 

d’un  semis  de  hameaux,  qui  l’irrigue,  le  rend  vivant.  Il  faut  conserver  cet  atout,  facteur  de 

l’attractivité de notre territoire. 

Jean-Philippe Grouthier, Directeur Régional de l’INSEE Quand on présente cette nouvelle géographie régionale,  il  faudrait aussi développer une  tendance 

lourde, à savoir le découplage de plus en plus marqué entre la géographie des habitants et celle des 

emplois. La tendance spontanée observée ces dernières années est bien celle d’une concentration de 

plus  en plus  forte des  emplois. Ceci peut  s’expliquer par  les  externalités positives qui  incitent  les 

acteurs économiques à  regrouper  l’activité et  les emplois, alors que  les externalités négatives que 

cette concentration  induit ne sont pas à  la charge de ces acteurs de  la production. Cette tendance 

lourde  devrait  nous  interroger :  si  tous  les  territoires  semblent  bénéficier  de  la  dynamique 

démographique, les mêmes cartes sur la dynamique de l’emploi ne dégageraient pas la même vision. 

Ceci pose deux questions essentielles pour  l’élaboration du SRADDT : premièrement, est‐il possible 

de  contrarier voire  inverser,  cette  tendance à une  très  forte  concentration des emplois ? Et,  si  ce 

n’est  pas  le  cas,  quel  rôle  peut‐on  donner  aux  différents  territoires  dans  un  schéma  de  forte 

concentration de l’emploi, comment administre‐t‐on ces déséquilibres territoriaux ?

Jean-Paul Laborie Dans les petites villes de Midi‐Pyrénées, les villes entre 5000 à 7000 habitants, les taux d’actifs sont 

faibles et la part de l’emploi public est relativement élevée. Ainsi, paradoxalement, certaines de ces 

petites villes peuvent  connaitre des  crises économiques avérées,  tout en enregistrant des  taux de 

chômage  plutôt  faibles.  La  bonne  tenue  du  taux  d’emploi  des  petites  villes  qu’indique  la  carte 

présentée peut aussi s’expliquer par le fait que les données sont cartographiées à l’échelle des unités 

urbaines, intégrant les dynamiques des banlieues que connaissent les villes y compris les plus petites. 

J’en profite pour évoquer le nouveau projet de loi sur la décentralisation ; le texte actuel, en cours de 

finalisation,  évoque  clairement  le  territoire  de  la métropole  comme  celui  de  l’aire  urbaine.  Ceci 

amènerait à reconsidérer entièrement  la cartographie habituelle de la région, avec plusieurs villes à 

30 minutes ou 1 heure de Toulouse qui seraient intégrées dans la gouvernance métropolitaine. Avec 

cette  logique, c’est aussi  le nombre de petites villes de  la région qui serait nettement  inférieur ;  le 

SRADDT  devrait  prendre  en  compte  cette  distinction  entre  des  villes  déjà  intégrées  dans  le 

continuum de  l’aire urbaine  toulousaine  (Montauban, ou  l’Isle‐Jourdain),  et  les  autres  villes de  la 

région. La nouvelle structure de conseil de développement de la métropole toulousaine s’inscrit dans 

le sens de ce projet de  loi ;  il reste à voir si cette acceptation « métropole = aire urbaine » restera 

dans le projet de loi final. 

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Dominique Jacomet Dans  les  territoires  ruraux,  face  à une  représentation dominante des  systèmes d’organisation des 

territoires  autour  d’une  polarité  métropolitaine  rayonnante  sur  des  villes  satellites,  on  pourrait 

proposer  une  représentation  alternative,  sous  forme  d’archipels,  c’est‐à‐dire  des  éléments 

autonomes mais fortement  liés, sans territoire dominant. La représentation que nous privilégierons 

aura un impact sur les formes de gouvernance retenues. 

Philippe Estèbe Vous évoquez  tous  la complémentarité entre  les  territoires ; peut‐on approfondir cette notion, car 

sont mis en avant surtout des lectures conflictuelles, comme la répartition des emplois ou celle de la 

valeur  ajoutée ? Pourrait‐on donner des  exemples de  complémentarité déjà  construites  entre  ces 

différents types d’espaces ?

Benoît Lanusse, Association des Professionnels de l’Urbanisme de Midi-Pyrénées Certaines complémentarités sont sous‐exploitées, par exemple  les  infrastructures de transports qui 

fonctionnent seulement dans un sens  le matin et dans  l’autre  le soir, ce qui signifie que  la capacité 

n’est pas entièrement utilisée. Le TER est conçu aujourd’hui surtout pour rabattre les actifs le matin 

vers Toulouse, puis les ramener à leur domicile le soir. On peut imaginer, et un projet actuel va dans 

ce sens (mise à 4 voies Toulouse ‐ Saint‐Jory), que demain des TER traversent Toulouse sans  y avoir 

leur terminus. Ainsi des habitants du Lauragais pourrait aller travailler à Montauban en un seul trajet.

Philippe Estèbe C’est tout à fait intéressant, on peut en effet imaginer une prospective régionale où, à l’exemple de 

ce qui se dessine actuellement en région parisienne, les flux tangents à la métropole se développent.

Sabine Fontes Les  complémentarités  pourraient  aussi  s’organiser  à  partir  de  fonctions  dévolues  aux  différents 

territoires  et  villes ;  on  pourrait  réfléchir  à  l’échelle  régionale  aux  fonctions  à  assurer :  espaces 

productifs, récréatifs ? Comment ces  fonctions peuvent‐elles  intelligemment se répartir, avec quels 

moyens ? Pour  les territoires ruraux, ce  levier financier de  la répartition entre territoires renvoie au 

levier fiscal très  limité des communautés de communes. Réfléchir aux missions et aux fonctions de 

chacun dans l’espace régional, c’est aussi réfléchir aux leviers fiscaux adaptés.

Claude Lacour En synthèse de ce temps de débat, je retiens plusieurs points. Tout d’abord, je trouve intéressant que 

le mot « armature » réapparaisse dans les débats d’aménagement régional. Ensuite, on voit bien que 

la notion de « moyenne » suscite beaucoup de débats, comme souvent en France ; on préfère ainsi 

parler des villes intermédiaires plutôt que des villes moyennes. 

Une autre idée, évoquée dans le dossier des participants au Forum, mériterait aussi d’être soulevée 

dans nos débats, c’est celle des « villages métropolitains » ; ces territoires ont en effet des capacités 

créatives  importantes, avec des  innovateurs sur  lesquels  la région doit pouvoir s’appuyer. Dernière 

remarque,  il  ne  faut  pas  oublier  parmi  les  réseaux  invisibles  évoqués  tout  à  l’heure  celui  du 

bénévolat,  du  monde  associatif,  de  la  solidarité.  Ne  peut‐on  pas  craindre  qu’il  soit  en  voie  de 

disparition, alors que c’était une force de cette région « terre de rugby » ?

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Michèle Garrigues Je vous rassure, il existe encore dans nos villages une dynamique associative importante, ciment de 

la vie et de la richesse sociale de nos communes. Y compris dans une commune périurbaine comme 

la mienne, il existe une vingtaine d’associations. Cet esprit, qui se perd peut‐être effectivement dans 

l’urbain, est encore très présent dans le périurbain et le rural. Ce sont d’ailleurs souvent des urbains 

qui s’installent ici pour retrouver une qualité de vie et des rapports de proximité. 

Je voudrais aussi revenir sur la notion de valeur ajoutée évoquée tout à l’heure ; dans les territoires 

ruraux,  les produits de  l’agriculture pourraient être  transformés  sur place, on peut aussi  renforcer 

l’émergence des  circuits  courts,  les  ventes directes ou  les  chambres d’hôte  à  la  ferme.  La Région 

appuie d’ailleurs déjà largement ces stratégies.

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3ème temps : Midi-Pyrénées, la région des qualités de la vie quotidienne ?

Jean Louis Guilhaumon, Vice-Président en charge des politiques territoriales, de l'économie touristique et du thermalisme J’aimerais  aborder  le  troisième  temps  de  débats  à  travers  le  prisme  des  politiques  territoriales. 

Quand nous parlons d’attractivité,  de qualité de  vie de nos  territoires,  ceci  fait bien  évidemment 

référence aux différentes politiques territoriales mises en œuvre, qu’il s’agisse des agglomérations, 

des PNR, des schémas de massifs. Toutes ces politiques permettent de mailler  le territoire régional, 

en lien avec la vision globale qu’a développé la Région de l’aménagement de son territoire au cours 

des  dernières  années.  La  Région  a  toujours  considéré  qu’il  n’y  avait  pas  antinomie  à  prendre  en 

compte  le  fait métropolitain,  à  accompagner  des  agglomérations,  tout  en  répondant  aux  besoins 

d’appui qu’expriment les territoires ruraux de ne pas être délaissés dans cette dynamique régionale. 

Nous  souhaitons  tous  une métropole  armée  pour  répondre  aux  grands  enjeux  de  la  concurrence 

internationale, ainsi qu’une aide aux territoires ruraux. Même si  le SRADDT n’est pas un document 

prescriptif,  il  intervient  à  point  nommé  pour  nous  accompagner  dans  cette  réflexion,  dans  un 

contexte  de  forte  instabilité :  acte  3  de  la  décentralisation,  négociation  en  cours  sur  la  future 

génération des  fonds européens, CPER  restant à écrire… Nous évoluons donc aujourd’hui dans un 

environnement particulièrement  instable ; à ce  titre,  les débats engagés dans  le cadre du SRADDT 

peuvent constituer une boussole dans nos réflexions. 

Parmi  les débats précédents,  j’ai été particulièrement  sensible à  la présentation des  scénarios des 

territoires  ruraux  de  Mme  Barthe,  notamment  celui,  le  plus  optimiste,  du  renouvellement  du 

développement territorial sur  les espaces à  faible densité, visible à travers  la structuration actuelle 

des Scots. Ce scénario offre une perspective  intéressante pour une partie de nos territoires ruraux, 

sur la base de formes de contractualisation qui doivent évoluer, aussi bien dans leurs périmètres que 

dans leurs contenus. Ce dont ces territoires ont essentiellement besoin, c’est d’un appui en matière 

d’ingénierie,  ma  conviction  personnelle  étant  qu’une  ingénierie  de  niveau  régional  doit  venir 

complémenter celle mise en place à l’échelle des pays. 

Au  final,  la  Région  a  donc  un  rôle  essentiel  à  jouer  pour  contribuer  à  l’équilibre  entre  tous  les 

territoires qui la composent. 

Lionel Rabilloud Comment  se  joueront  demain  les  qualités  de  vie  en Midi‐Pyrénées ?  Les  ateliers  prospectifs  ont 

permis de  faire émerger  trois grands enjeux pour  la suite de  la démarche. Le premier est celui du 

maintien  des mixités  dans  un  contexte  de  forte  pression métropolitaine :  comment  répondre  au 

risque  de  segmentation  fonctionnelle  selon  les  grands  faisceaux  qui  structureront  l’organisation 

régionale ? Comment faire face à  la question de  la gestion des  fonctions supports et de report des 

externalités de la métropolisation ? Comment intégrer le risque fort de fragmentations sociales ?

Un deuxième enjeu concerne la réassociation des proximités entre villes et campagnes, réassociation 

qui peut prendre une grande diversité de configurations : campagnes autour des « villes moyennes et 

petites villes », avec un modèle de  forte  intégration économique,  reposant notamment  sur  l’agro‐

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alimentaire et  les circuits courts ; campagnes «  jardins des villes », avec des fonctions axées autour 

du tourisme, de la bi‐résidence, de la saisonnalité ; et bien sûr le cas spécifique des piémonts, posant 

la question des rapports montagne – vallées.

Un  dernier  enjeu  qui  a  émergé  est  celui  de  l’innovation  sociale  dans  tous  les  territoires :  quelles 

seront  les  nouvelles modalités  de  l’accessibilité  aux  services,  aussi  bien  pour  le  numérique,  les 

transports, l’offre de services locaux ? Quelle place accorder aux sobriétés environnementales, par la 

mise aux normes du bâti, ou la modération de la consommation énergétique ?

Philippe Estèbe Nos  modes  de  vie  recomposent  en  permanence  la  proximité.  L’espace  de  proximité  n’est  plus 

uniquement  le  village  ou  le  quartier,  nous  avons  tous  des  comportements  hédoniques  de 

consommation  territoriale  à  des  échelles  très  différentes.  Avec  la  dissociation  croissante  des 

fonctions  spatiales,  nous  sommes  en  situation  chacun  de  configurer  à  la  carte  nos  espaces  de 

proximité.

Ceci  implique  que  la  proximité  se  joue  de manière  intime  avec  l’évolution  de  la mobilité. Or,  le 

paradoxe de cette mobilité, c’est qu’elle produit une très forte ségrégation ; plus on est mobile, plus 

on se spécialise selon sa classe d’âge, son niveau social… Peut‐on, dans un univers de forte mobilité, 

imaginer malgré tout de nouvelles formules de mixités ? 

Aborder la proximité, c’est poser la question des rapports villes‐campagnes… mais aussi campagnes – 

campagnes.  N’assiste‐t‐on  pas  à  la  reconfiguration  de  proximité  relevant  plutôt  de  pratiques 

urbaines, mais au sein des espaces  ruraux ? Quelles en sont  les conséquences possibles en  termes 

d’équipements, de services collectifs ?

Enfin, dans  cette  logique d’évolution des  territoires, une  vision, pessimiste ou objective,  serait de 

constater  qu’il  est  impossible  de  proposer  des  services  partout,  le  service  public  traditionnel  ne 

pouvant  pas  suivre  l’évolution  de  la  localisation  des  besoins  des  citoyens.  Ceci  implique  de  plus 

s’appuyer  sur  les  initiatives  sociales  et  sociétales.  Dans  cette  vision,  une  partie  essentielle  de  la 

structuration de la proximité relèverait des initiatives des habitants eux‐mêmes. Pour la mobilité, ou 

la  garde  d’enfants  par  exemple,  il  y  a  un  véritable  enjeu  à  promouvoir  des  solutions  d’initiatives 

locales, notamment dans une région comme Midi‐Pyrénées avec une tradition vivace de l’entraide et 

de  la  cohabitation  entre  plusieurs  générations.  Comment  peut‐on  réactiver  ces  solidarités,  par 

nécessité et par vertu ? 

 

Débats avec la salle

Dominique Jacomet Je pense qu’il ne faut pas avoir une posture trop défensive. En dehors de  la métropole,  le futur est 

déjà  présent‐  dans  les  territoires  ‐,  il  dépasse  un  clivage  traditionnel  entre  urbains  et  ruraux.  La 

campagne, ce n’est plus  l’inculture, en opposition à  la ville civilisée  ‐  (payens vs civis). Aujourd’hui, 

une ville moyenne comme Rodez présente certains attributs d’une métropole, qui n’est ni urbaine, ni 

rurale, mais une autre forme de ville.  

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Yann Cabrol, Agence d’urbanisme de Toulouse Je  voudrais  contribuer  au  débat  sur  les  nouvelles mixités.  L’écueil  dans  lequel  certains  territoires 

pourraient tomber serait de chercher les fonctions qui leur sont propres, mais en abandonnant ainsi 

une ambition de mixité  fonctionnelle, par exemple en  se  spécialisant dans  l’accueil  résidentiel.  Le 

risque  serait  alors  de  dupliquer  à  l’échelle  de  la  région  ce  qu’on  a  pu  observer  à  l’échelle  des 

agglomérations, avec des territoires dortoirs et d’autres territoires productifs…  Il conviendrait plutôt 

de viser à ce que  les territoires se répartissent certes  les fonctions, mais en conservant un gradient 

de mixité  adapté ;  par  exemple,  les  territoires  ruraux  ont  vocation  à  participer  au  processus  de 

l’innovation.  Chacun  doit  donc  jouer  sa  carte  spécifique,  tout  en  pensant  la  complémentarité 

fonctionnelle et sociale, évitant ainsi les spécialisations à outrance.

Cependant,  certaines  fonctions  ne  peuvent  être  envisagées  qu’à  la  grande  échelle,  comme  la 

logistique  ou  la  gestion  des  granulats ;  les  échelles  des  EPCI  ou  des  SCoT  sont  souvent  trop  

restreintes,  et  le  SRADDT  peut  être  l’occasion  de  construire  des  solutions  à  une  échelle  plus 

pertinente.

Pierre Poullain, Association des chambres d’agriculture des Pyrénées Les  débats  en  cours  m’inspirent  plusieurs  réflexions.  Il  ne  faut  pas  négliger  la  dimension 

internationale de nombreux marchés agricoles, et ma question est de savoir quels outils peuvent être 

développés au niveau régional pour s’inscrire dans et infléchir ces logiques de marchés globaux.

Je rejoins aussi ce qui a déjà été proposé quant à l’idée de conserver et développer la valeur ajoutée 

agricole sur le territoire local ; ceci touche à des processus complexes, ce n’est pas forcément parce 

qu’un producteur va développer des produits labélisés que la valeur ajoutée va rester et participer à 

l’aménagement de ce territoire local. 

Enfin,  l’analyse  du  SRADDT  pourrait  utilement  être  enrichie  en  intégrant  des  éléments  tels  que 

l’évolution de la démographie agricole ; quelle prospective peut‐on développer à horizon 2030 d’une 

activité telle que l’élevage régional ? 

Philippe Estèbe Concernant  la dimension  internationale de  l’agriculture, ceci  renvoie à un enjeu évoqué ce matin : 

doit‐on  développer  une marque  régionale  pour  le  positionnement  des  produits  agricoles  sur  ces 

marchés internationaux ?

Julie Lafforgue, Fédération régionale des foyers ruraux Je reviens sur la question du bénévolat et du monde associatif en milieu rural. Peut‐être les initiatives 

à  l’œuvre dans ces  territoires ne sont‐elles pas suffisamment rendues visibles, et  il  faut axer notre 

attention  sur  la  valorisation  de  l’existant.  Avec  les  foyers  ruraux,  nous  nous  inscrivons  dans  un 

paysage du bénévolat régional qui évolue, notamment en lien avec le contexte législatif. 

En milieu rural,  il est  important de voir comment ce milieu associatif peut agir en complémentarité 

des services publics, peut leur servir de relais sur le terrain.

Jean Philippe Grouthier, INSEE Pour  analyser  ces  enjeux,  il  est  important  d’avoir  présent  à  l’esprit  que  la  première  politique 

d’aménagement du territoire en France, c’est paradoxalement la protection sociale. Les échanges et 

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solidarités financières entre territoires  les plus  importants, chiffrables en milliards d’euros, relèvent 

de  cette  protection  sociale  au  sens  large ;  à  travers  les  retraites,  les métropoles  et  leurs  actifs 

financent un certain nombre d’autres territoires où les retraités vont s’installer. 

Je trouve également que l’approche par cycles de vie, présentée ce matin par Hervé Le Bras, pourrait 

utilement enrichir la manière dont sont posés les enjeux du SRADDT, y compris en termes de qualité 

de vie et de proximité. Au‐delà du degré de mixité ou de  fragmentation  sociale dans un  territoire 

précis, l’enjeu serait dans ce cas de permettre aux individus de passer d’un territoire spécialisé à un 

autre. Par exemple, concernant les ménages qui ont fait construire une maison à 30 ou 40 Km d’une 

grande  ville  afin  d’accéder  à  la  propriété  dans  des  conditions  financières  correspondant  à  leur 

budget, on peut déjà anticiper un problème à horizon 15 ou 20 ans : comment aider ces ménages à 

revendre  leur  bien,  afin  d’aller  habiter  dans  un  espace  plus  urbain,  proposant  des  aménités  plus 

adaptées à une étape ultérieure de  leur cycle de vie ? Ceci posera vraisemblablement un problème 

majeur  de  segmentation  sociale,  entre  ceux  qui  habitant  un  pavillon  dans  des  secteurs  valorisés 

(première couronne) pourront revendre leur bien immobilier à des conditions satisfaisantes, et ceux 

qui  résidant  dans  du  périurbain  plus  lointain  risquent  de  disposer  d’un  capital  insuffisant  pour 

s’installer plus près des centres urbains. C’est donc autant un enjeu temporel de gestion des cycles 

de vie des ménages qu’un enjeu de répartition géographique qui se pose pour l’avenir de la région. 

Philippe Estèbe Ceci rejoint tout à fait ce qui était évoqué précédemment : on sait gérer des espaces, on a encore du 

mal à gérer des  logiques de  circulation et de  réseaux. Accepter d’accompagner  les ménages dans 

leurs  parcours  dans  l’espace  régional,  à  différents moments  de  leur  cycle  de  vie,  c’est  aussi  en 

contrepartie  accepter  un  certain  degré  de  spécialisation  fonctionnelle  des  territoires.  Dans  cette 

logique, ne pourrait‐on pas considérer les territoires comme un support des étapes des cycles de vie 

des ménages, où  l’accent des politiques publiques devrait être mis sur  la qualité de ces trajectoires 

personnelles, plus que  les trajectoires des territoires ? On voit bien  la tension prospective entre ces 

deux approches. 

Benoît Lanusse En lien avec ces questions, nous essayons de promouvoir un programme d’action régional sur l’idée 

du « BIMBY », Build In My BackYard (Construire dans mon jardin). C’est une manière de résoudre le 

problème qui  fait qu’aujourd’hui pour  construire des nouvelles maisons,  les  jeunes ménages  sont 

souvent obligés d’aller de plus en plus  loin des centres. Or  il existe un potentiel  inexploité dans  les 

quartiers existants, notamment  les pavillonnaires, qui peuvent être  le support de nouveaux projets 

qui relient les intérêts individuels et collectifs.  

C’est  ainsi  une  réponse  possible  à  la  question  du  vieillissement :  est‐ce  que  les  personnes 

vieillissantes qui se sont installées en périurbain ont toutes envie de quitter leur commune pour aller 

dans une ville ? Pour celles qui veulent vieillir dans leur quartier, le BIMBY peut être une réponse : 

en construisant une nouvelle maison de plein pied, plus adaptée à  leurs besoins actuels et 

futurs, et en la finançant en vendant l’ancienne maison et une partie du terrain,  

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ou en séparant une maison en deux appartements, sur deux niveaux séparés… 

On  voit  donc  que  les  quartiers  existants  ne  sont  pas  forcément  des  secteurs  figés,  et  peuvent 

accueillir  des  parcours  de  vie  différents,  en  adaptant  l’habitat  mais  aussi  en  développant  des 

nouveaux services.

CONCLUSIONJeanLouisGuilhaumonUn certain nombre des acteurs en milieu urbain ont peut‐être des représentations inadaptées de ce 

qu’est  la vie quotidienne dans  le monde rural ;  j’en veux pour preuve  leur surprise à  la découverte 

d’un certain nombre d’initiatives de qualité qui existent dans nos territoires ruraux, dans le domaine 

culturel ou en matière de tourisme. Pour construire une vision commune à travers le SRADDT, il est 

important que  tous  les acteurs de  la  région découvrent,  se  réapproprient notre  territoire dans  sa 

diversité ;  il  faut  aussi donner  à  voir  toutes  les  initiatives  locales,  générant de nouveaux modèles 

économiques qui  sont  loin d’être négligeables. C’est  l’idée déjà portée par  la politique des grands 

sites, qui consiste non seulement à mettre en valeur les atouts patrimoniaux de la région, mais aussi 

à  permettre  à  tous  les  habitants,  et  notamment  les  nouveaux  habitants  de  la  région,  de  se  les 

réapproprier.

En  conclusion  du  Forum,  je  voudrais  remercier  l’ensemble  des  acteurs  qui  se  sont  mobilisés 

aujourd’hui, et dans le cadre des ateliers qui l’ont précédé. Je tiens à souligner la grande qualité des 

contributions des uns et des autres. Le Forum achève cette première phase d’échanges et de débats, 

il  permettra  de  formaliser  le  diagnostic  dynamique  et  la  réflexion  prospective  du  SRADDT.  Ces 

documents  seront  disponibles  sur  le  site  Internet  de  la  démarche,  « Midi‐Pyrénées  2030 »,  et 

pourront être enrichis par vos contributions. 

Nous  vous  invitons  aussi  à participer  à  la phase  suivante de  cette démarche,  à  savoir  les  ateliers 

territoriaux des prochains mois.