roumanie 77

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    Numro 77 - mai - juin 2013

    Lettre dinformation bimestrielle

    Les

    de

    Faut-il oublier ? Oublier les crimes, les malheurs, les souffrances, les cha-grins, les deuils, les sparations, les dnonciations, les dsespoirs infligs leurs peuples par des rgimes sclrats ? Et faire comme si de rien n'tait,hausser les paules devant les dcombres de vies brises, les insultes l'intelligence et la dignit de chacun Tourner la page sans autre crmonie ?

    "Non bien sr !" s'est exclam Varujan Vosganian, lors d'un dbat muscl du der-nier salon du Livre de Paris. Le ministre libral de l'conomie, qui prsentait son der-nier livre, tait mis sur le grill par des compatriotes qui lui reprochaient de cautionnerles hritiers du communisme par sa prsence au sein du gouvernement roumain actuel.

    "Non ! L'oubli n'est pas une solution, ce serait fuir, se rfugier dans des non-ditsdestructeurs pour soi-mme et insultants pour les victimes" s'est-il enflamm, vo-quant le gnocide dont son Armnie d'origine porte encore les stigmates, un sicleaprs. "Face des passs aussi lourds que le notre, on n'a pas le choix. La dmarchene peut-tre que volontaire. La vengeance mais c'est exclus car elle rabaisse auniveau des tortionnaires, ou le pardon".

    Ce plaidoyer brillant provoqua quelques remous dans la salle. Pour chrtiennequ'elle soit, la terre de Roumanie n'implique pas immanquablement de tendre l'autrejoue celui qui vous a offens. Encore ce pardon doit-il tre sollicit par celui qui apch ! Encore faudrait-il que le pcheur reconnaisse ses mfaits et ne continue pas,sous une forme arrogante les exercer, en profiter. En roumain, on dit "Pacatul mar-turisit e pe jumatate iertat" Faute avoue est moiti pardonne.

    Cette question du pardon n'est ni contemporaine, ni roumaine. La mmoire dumonde est remplie de rcits datrocits. Et malheureusement, l'Histoire est un ternelrecommencement. Pourquoi les bourreaux, les tyrans d'hier s'inquiteraient-ils s'ilssont assurs de ne jamais tre punis? Il y aura toujours un pays voyou pour lesaccueillir, un paradis fiscal pour mettre l'abri la fortune amasse sur le dos de leursconcitoyens par des dirigeants corrompus! Bien souvent, ils pourront mme se recy-cler comme de l'argent sale dans leur propre pays, sachant monnayer les complicits.

    "Nous avons cr des dizaines de commissions depuis la Rvolution pour faire lemnage" s'est dfendu le ministre, provoquant le scepticisme gnral de ses compa-triotes. Ce fin lettr avait-il oubli la clbre formule de Clmenceau, lorsqu'il taitprsident du Conseil : "Quand je veux enterrer un problme, je cre une commission"?

    Cette forme de mmoire apparat un peu trop slective. Le pardon la va-vite esttrop facile. Ne rejoint-il pas d'ailleurs l'oubli ? Et alors, puisqu'il ne peut-tre questionde vengeance, que reste-t-il pour ceux qui ont souffert sinon le mpris?

    Henri Gillet

    L'oubli, la vengeance, le pardon2 et 34 et 56 et 78 11

    12 1516 et 1717 20

    21 et 2223

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  • Les NOUVELLES de ROUMANIE

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    A la Une

    Les NOUVELLES de ROUMANIEA la Une

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    La condamnation une peine de prison ferme de l'ancienPremier ministre Adrian Nastase - sous la frule duquel nonseulement les grandes enqutes taient inimaginables, mais deplus les procureurs trop tmraires taient limogs pourl'exemple - a bris le mythe de l'impunit, profondment enra-cin dans l'imaginaire politique roumain, gnrant une vaguede panique. La DNA de Morar a remu toutes les couches dela socit roumaine atteintes par la corruption: gouvernement,Parlement, administration locale, justice, police, douanes,sport. Dans plusieurs cas, des rseaux de corruption tentaculai-re ont t dtruits, comme le dossier des douaniers.

    Une monumentale erreur de casting

    La Roumanie a fourni bien peude personnages lumineux, capablesde changer les mentalits et les syst-mes, de prserver intacte leur intgri-t. Daniel Morar compte parmi eux.Le pouvoir politique, quel qu'il soit,commettra-t-il encore "l'erreur"monumentale de casting de laisser auhasard les rnes d'un tel contre-pou-voir et de permettre des gens libresde l'exercer, comme ils l'ont fait avecMorar? Trs peu probable: tropd'hommes d'affaires, de politiciensde haut vol et d'autres personnagesinfluents ont pu constater que, en l'absence de rseaux de cor-ruption, en l'absence de gens de confiance des postes-cls ausein de la justice, rien ne pouvait plus leur garantir l'impunit.Pour eux, la prsence d'hommes comme Morar la tte desprocureurs anti-corruption les ramne galit avec le com-mun des mortels.

    Les diplomates occidentaux se mettent le doigt dans l'il

    Les diplomates occidentaux, Washington, Londres,sont vite arrivs la conclusion que le processus de nomina-tion de nouveaux procureurs-chefs "arrangeants" (via uneentente politique) doit tre soutenu sans quivoque, afin quel'inter-rgne qui dure depuis un an entre le Prsident en fin demandat et ses opposants la tte du gouvernement qui esp-

    rent bien rcuprer la mise fin 2014, aille jusqu'au bout. Quitte fermer les yeux sur leurs agissements et les liberts qu'ilsprennent avec la justice, tous tant d'ailleurs issus de la mmefamille.

    Mais croire que le nom de celui qui dirige une institutionaussi sensible et emblmatique en Roumanie n'a pas d'impor-tance est une grande erreur. Ce raisonnement typiquementoccidental et un peu cynique fonctionne dans les dmocratiesdj rodes. La Roumanie manque de mcanismes de vrifica-tion et de contrle qui peuvent quilibrer le systme et en assu-rer le fonctionnement, indpendamment de celui qui conduitles institutions. Si la tte des institutions-cl arrivent des genscapables, avec une volont rformiste, les choses avancent.

    Sinon, la restauration est l. Vous, lesRoumains, vous n'tes pas arrivs quelque chose de plus srieux aprs23 ans de dmocratie, pourrait-ondemander ? Hlas, non.

    Avec des procureurs mdiocresou faibles qu'ils laissent s'installer enRoumanie, les Europens de l'Ouestapprendront bien vite o se trouvel'erreur. De mme, les drapages deBudapest ont t longtemps traitsavec indulgence, jusqu'au momento, prsent, il n'est plus possible d'yremdier. Ainsi, la Hongrie a outre-pass depuis longtemps la ligne

    rouge de la dmocratie.Pendant ce temps, la Commission europenne a annonc

    qu'elle ne modifiait pas son jugement sur les lacunes deBucarest en matire de corruption, exprim dans le dernierrapport du Mcanisme de coopration et vrification (en vuede l'adhsion l'espace Schengen), sur la ncessit d'une pro-cdure de slection transparente des nouveaux procureurs enchef Pour la galerie?

    Dan Tapalaga (Revista 22)Dan Tapalaga est un journaliste et crivain roumain n en

    1975, qui crit notamment pour le site Hotnews et pour l'heb-domadaire Revista 22. Il a aussi travaill pour la BBC(Roumanie), Evenimentul Zilei et Romnia libera. Il enseignele journalisme politique dans plusieurs universits roumaineset il a obtenu le prix 2012 du Groupe pour le Dialogue Socialpour ses articles sur la corruption.

    de l'anticorruption claque la porte

    l'incorruptible en chec

    L e nouveau ministre de la Justice se montrera sans-doute comprhensif avec ses amis politiques.

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    l Plutt que d'accepter un poste honorifique, Dan Morar, 48 ans, le patron del'anticorruption a prfr claquer la porte de l'institution judiciaire pour dnon-cer l'ingrence des politiques dans la nomination des magistrats. Une pratique quicontribue retarder l'entre de la Roumanie dans l'espace Schengen estime dansles colonnes de Revista 22, la revue des intellectuels et dmocrates roumains, lejournaliste Dan Tapalaga qui l'a ctoy.

    Le dpart de Daniel Morar du poste de premier adjoint du chef du parquet dela Haute cour de cassation et de justice, le 5 avril, a nerv beaucoup demonde. Mais ce qui les a fchs, ce n'est pas le dpart en soi - qui en a raviplus d'un - mais la manire dont il l'a fait: en dnonant publiquement l'entente poli-tique entre le prsident Traian Basescu et le Premier ministre Victor Ponta sur la nomi-nation des procureurs en chef la Haute cour et la Direction nationale anti-corrup-tion (DNA). La plupart s'attendait ce qu'il se taise et avale le deal Ponta-Basescu, sur-

    tout aprs que le prsident l'a nomm juge laCour constitutionnelle.

    Mais Dan Morar, ancien chef de la DNA,considre qu'il n'est redevable envers person-ne, et qu'il est libre de faire son mtier jus-qu'au bout.

    L'"homme de Basescu", comme l'appe-laient ses dtracteurs, a commenc sa carrireen s'opposant judiciairement au prsident (l'poque ministre des Transports) sur le scan-dale surnomm "La Flotte" (des cas de cor-ruption prsume lors de la privatisation de laflotte marchande roumaine dans les annes1990) et l'a finie galement sur des positionsantagonistes la sphre politique. Il a quitt lesystme aprs prs de huit ans d'enqutes,

    prouvant, jusqu'au dernier instant, qu'il tait tel qu'on le dcrit: un procureur pur-sang.

    Une force trange sous un visage d'une grande pleur

    J'ai connu Daniel Morar avant qu'il ne prenne les rnes de la DNA. La ministre dela Justice, Monica Macovei, m'avait appel en 2005 pour me prier de rencontrer quel-qu'un qu'elle pensait proposer la tte du parquet national anti-corruption, qui ne s'ap-pelait pas encore DNA l'poque. J'ai accept.

    Je me souviens seulement qu'il parlait peu et de manire appuye, avec un fortaccent de Cluj et que son visage tait d'une grande pleur. Je ne me rappelle plus lesdtails, mais je sais ce que j'ai rpondu Macovei quand elle m'a demand ce que jepensais de lui. Mi-figue, mi-raisin, je lui ai dit: "Il serait capable de t'arrter toi, s'ilt'attrapait en train d'enfreindre la loi". Ce natif de Transylvanie, allant alors sur ses40 ans, d'apparence frle, arborait toujours une mine grave. Il manait de lui une forcetrange, et il avait une sorte de manire abrupte de tourner ses phrases. Son regard taitperant, son parler franc.

    L'ambassadeur amricain Bucarest, Mark Gitenstein, devait par la suite exprimerpubliquement son admiration pour lui, une fois qu'il tait devenu le chef de la DNA.Ancien avocat, l'ambassadeur a racont, lors d'une visite effectue par le procureurgnral de l'tat du Delaware, Beau Biden (le fils du vice-prsident des Etats-Unis), queles reprsentants du Dpartement d'Etat ne tarissaient pas d'loges sur ce "procureurpur-sang". Gitenstein l'appelait pour sa part le "procureur par dfinition". Je pense quec'est la meilleure description. Morar incarne l'austrit du procureur totalement dvou son travail.

    Le coup de force de l't dernier

    perptr par le Premier ministre

    PSD Victor Ponta et son acolyte, le

    prsident du Snat Crin Antonescu,

    visant destituer le prsident

    Basescu et s'emparer de tous les

    rouages du pouvoir, avait eu comme

    toile de fond la volont de la

    Direction Nationale Anticorruption

    d'assainir les milieux politiques en

    entamant des actions judiciaires

    contre les lus les plus corrompus.

    Le "putsch" avait chou cause du

    hol mis par la Cour Constitution-

    nelle, au terme d'une crise de deux

    mois.

    Autant dire que ces deux institu-

    tions, empcheuses de "magouiller

    en rond", ne sont pas en odeur de

    saintet auprs des dirigeants

    actuels. Justement, elles devaient

    tre renouveles en partie, ou tota-

    lement. Pendant plusieurs mois, le

    Prsident et le gouvernement se

    sont livrs une partie de bras de

    fer pour dsigner les nouveaux titu-

    laires, sous l'il attentif de

    Bruxelles. Finalement un terrain

    d'entente a t laborieusement trou-

    v, chacun plaant ses protgs et

    sauvant la face.

    Trois nouveaux juges ont t

    nomms la Cour constitutionnelle:

    Daniel Morar, l'inflexible procureur

    de la DNA, Mona Pivniceru, ancien-

    ne ministre de la Justice, considre

    comme "arrangeante" avec le pou-

    voir PSD et Valer Dorneanu.

    Par ailleurs, Laura Codruta

    Kvesi, Tiberiu Nitu et Alina Mihaela

    Nica ont t dsigns la tte de la

    DNA, du Parquet gnral et de la

    Direction d'investigation contre le

    crime organis et le terrorisme

    (DIICOT).

    Enjeux de taille pourdes nominations

    Sans illusion, le patron

    l

    Dan MorarJustice

    L'ancien chef de la Direction Nationale Anti-corruption drangeait trop.

    Robert Cazanciuc a t nomm ministre de la Justice par le Premier ministre Victor Ponta. Sa nomination a t validepar le prsident Train Basescu. Le nouveau ministre de la Justice est connu pour tre un proche de Victor Ponta, ayantt collgue de facult avec ce dernier. Il a exerc dans le domaine de la justice comme procureur au Parquet d'Ilfov,puis la Cour suprme de justice. Puis il a t directeur et sous-secrtaire du corps de contrle de l'ancien Premier ministre AdrianNastase. Les critiques de la part du Parti dmocrate libral ne se sont pas fait attendre. Certains de ses membres considrent queVictor Ponta n'a pas propos un technocrate indpendant au poste de ministre de la Justice, mais plutt un de ses subalternes, etque de par ce fait il "dsire contrler la justice".

    Un proche de Ponta et Nastase, ministre de la Justice

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    Les choses sont claires dsormais: la Roumanie et la Bulgarie n'entreront pasavant longtemps dans l'espace de libre circulation Schengen, qui a aboli les contr-les systmatiques des passeports. Ainsi en a dcid le conseil ministriel europenqui s'est runi dbut mars Bruxelles. Leur dossier sera, au mieux, rexamin lafin de l'anne, et rien ne dit que les Etats membres hostiles l'entre des deux paysauront, d'ici l, modifi leur point de vue pour leur permettre d'accder, un jour, l'espace sans frontires.

    Un largissement de l'EspaceSchengen - qui regroupe actuelle-ment vingt-deux pays - supposeune dcision l'unanimit des Etats membres.Encourags par la Commission europenne,qui estime qu'ils ont rempli leurs obligations,Bucarest et Sofia espraient la fin de l'an der-nier un vote favorable lors de la runion desministres de l'intrieur des Vingt-Sept, jeudi 7mars, Bruxelles. Ils ont finalement renonc introduire une demande.

    Le Parlement europen avait, lui aussi, estim que les deux pays avaient suffisam-ment progress dans le domaine des douanes et du contrle de leurs frontires, quideviendraient les limites extrieures de l'Union.

    L'Allemagne voyait les choses d'un autre il. Dans une interview donne quelquesjours avant la runion dcisive, le ministre Hans-Peter Friedrich avait prvenu que sonpays mettrait un veto, notamment parce que la Roumanie et la Bulgarie ne combattentpas assez srieusement la corruption: les administrations et les gardes-frontires reste-raient corruptibles. En dfinitive, les ministres concerns se sont borns un rexamendu dossier et ont renvoy toute dcision ventuelle au mois de dcembre.

    Les Pays-Bas s'taient jusqu'ici montrs les plus hostiles, redoutant une nouvellevague d'immigration est-europenne alors que quelque 140 000 Roumains et Bulgares sesont dj tablis dans le royaume. Le nouveau gouvernement mis en place La Haye atoutefois assoupli sa position, tout en exigeant que deux rapports successifs de laCommission prouvent des progrs de l'Etat de droit dans les deux pays.

    En ralit, les Nerlandais n'taient pas isols. Abrits derrire eux, sept ou huit Etats(France, Belgique, Danemark, Finlande, Norvge, Sude, Suisse, Luxembourg) auraientvot contre l'entre dans Schengen des Roumains et des Bulgares. L'Allemagne a, elle,durci sa position en rejetant tout compromis alors qu'elle avait dans un premier tempsadmis le principe d'une ouverture des frontires en deux phases: maritimes et ariennesd'abord, terrestres ensuite. Face l'hostilit de Berlin, le premier ministre roumain,Victor Ponta, a prfr renoncer l'affrontement. Il a demand au gouvernement alle-mand "un point de vue clair" sur les progrs que son pays doit encore raliser. Il risquede ne pas obtenir de rponse avant les lections allemandes, l'automne.

    Arroseur arros

    Dpit, Victor Ponta a d'abord indiqu que l'entre de son pays dans Schengen neserait plus une priorit. Mais il a ensuite confi qu'il tait "hors de question" de renoncer cet objectif sur les instances de son rival, le prsident Traian Basescu, qui prne, lui,une lutte accrue contre la corruption des responsables politiques.

    Il s'agit donc d'un chec majeur pour le Premier ministre roumain qui se retrouvedans la situation de l'arroseur arros: la Roumanie tait sur le point d'tre admise dansl'Espace Schengen, l'an pass, les rticences nerlandaises s'estompant jusqu' ce queVictor Ponta dclenche avec ses allis de la coalition gouvernementale une grave criseinstitutionnelle dans son pays pour s'emparer de la totalit des pouvoirs, provoquant ladfiance de la communaut internationale et le raidissement de l'UE.

    Mi-mars, invit de l'mission

    "Dupa 20 de ani" diffuse sur la

    chane prive ProTV, l'ambassadeur

    d'Allemagne en Roumanie Andreas

    Von Mettenheim a expliqu pourquoi

    son pays ne se satisfaisait pas de la

    mise niveau de la Roumanie aux

    normes techniques de scurisation

    des frontires et d'adhsion l'espa-

    ce Schengen.

    Le diplomate allemand a notam-

    ment voqu l'impact de la corrup-

    tion sur la scurit aux frontires.

    "Lorsque quelqu'un derrire un

    bureau, ou mme la frontire, per-

    met l'entre d'une personne dans

    l'espace Schengen contre une

    somme d'argent, cela ne sert rien

    de remplir les conditions tech-

    niques", a-t-il dclar.

    En outre, l'ambassadeur a prci-

    s que l'objection de Berlin l'en-

    tre de la Roumanie dans Schengen

    n'avait rien voir avec le contexte

    lectoral dans son propre pays, le

    renouvellement des deux chambres

    parlementaires allemandes devant

    avoir lieu l'automne et le thme de

    l'immigration est particulirement

    sensible, mais qu'elle tait dtermi-

    ne par les points ngatifs mis en

    exergue dans le dernier rapport de

    la Commission europenne sur la

    justice roumaine.

    A cet gard, abandonnant tout

    langage diplomatique, il a ajout que

    "la corruption aux frontires est lie

    l'tat gnral du gouvernement et

    de l'administration". Andreas Von

    Mettenheim a enfin affirm que les

    ressortissants roumains, en tant que

    main-d'uvre trs qualifie, ne

    constituaient pas un problme dans

    son pays.

    Les pieds dans le plat

    Les NOUVELLES de ROUMANIEA la Une

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    Des centaines de personnes ont manifest jeudi 28mars dans plusieurs villes de Roumanie contrel'exploration des gaz de schiste, se disant inquitesdes risques pour l'environnement et pour la sant. "L'exploi-tation des gaz de schiste risque de contaminer la nappe phra-tique et je ne veux pas que nous et nos enfants soyons amens consommer de l'eau infeste, a dclar l'AFP l'un desmanifestants, Cristian Popescu, un fonctionnaire g de42 ans. Comme lui, quelque 300 personnes runies place del'Universit Bucarest ont dnonc la mthode d'extractiondes gaz de schiste, la fracturation hydraulique ou le fracking,qui consiste injecter haute pression dans la roche d'normesquantits d'eau additionnes de sable et d'additifs chimiques."Cette technique controverse a t interdite par des payscomme la France et la Bulgarie car elle peut entraner dessismes", a soulign Georgeta Mihail, 60 ans, ancienne profes-seur d'allemand.

    Les protestataires ont appel le gouvernement rvoquerdes dcisions autorisant plusieurs groupes ptroliers, dont l'a-mricain Chevron, lancer des oprations d'exploration."Chevron, go home" et "A bas les tratres", ont-ils scand, enrfrence au Premier ministre social-dmocrate Victor Ponta,qui s'tait dclar farouche opposant aux gaz de schiste alorsqu'il tait en opposition, avant de se dire favorable l'explora-tion, au dbut de cette anne.

    "Nous ne voulons pas tre des cobayes"

    A Brlad (Moldavie), ville situe proximit d'un bloc de600 000 hectares pris en concession par Chevron, prs d'unmillier de personnes se sont rassembles devant l'glise SaintIlie, faute d'autorisation manifester au centre ville. Ils ontnotamment assist une messe avant d'couter un prche del'archiprtre Vasile Laiu, fer de lance de l'opposition locale la

    fracturation hydraulique. "Nous ne voulons pas treles cobayes de ceux qui soutiennent cette tech-nique", a-t-il lanc. Interrog sur son refus d'autori-ser une manifestation dans sa ville, le maireConstantin Constantinescu a affirm qu'il ne voulaitpas que "Brlad devienne le centre mondial des pro-testations contre les gaz de schiste".

    Des centaines de personnes ont galementmanifest Buzias, ville clbre pour ses eauxminrales, vise par un projet d'exploration des gazde schiste d'Universal Premium, filiale d'un groupebas Luxembourg. Un rapport de l'Agence amri-caine d'Information sur l'nergie qui manifeste ungros apptit en la matire estime que les ressourcesde la Roumanie, Bulgarie et Hongrie totaliseraient538 milliards de mtres cubes de gaz de schiste.

    Gaz de schiste : l'apptit de Chevron provoque des manifestations travers le pays

    Schengen : c'est niet pourla Roumanie et la Bulgarie

    UE

    L'exploitation du gaz de schistefait donc l'objet de mouve-ments de contestation enRoumanie et en Bulgarie. La Russie, quia intrt conserver son monopole ner-gtique, n'y est peut-tre pas trangre,estime la presse roumaine.

    Moscou tente d'empcher l'exploita-tion du gaz de schiste roumain, qui rdui-rait la dpendance nergtique de laRoumanie et de l'Union Europenne vis--vis de la Russie, assure EvenimentulZilei. "La guerre du gaz de schiste a com-menc Brlad", crit le quotidien buca-restois qui se fonde sur un rapport amri-cain rdig par Keith Smith, un analysteen nergies, ancien ambassadeur US dans

    les Pays baltes qui est galementconsultant auprs de multinationalesamricaines, alors que le gant amricainChevron fait des pieds et des mains pourse faire octroyer d'immenses concessionsdans cette rgion prometteuse.

    Selon ce rapport, les Russes seraientderrire les rvoltes qui ont eu lieu lafois en Bulgarie o l'interdiction de l'ex-ploitation des gaz de schiste a t votepar le Parlement en catimini et enRoumanie.

    Depuis un an, les rvoltes contre l'ex-ploitation du gaz de schiste se multiplientdans les Carpates. "Moscou financeraitmme les ONG environnementales" sou-tient le consultant amricain.

    "Une main russe" serait ainsi derri-re les protestations contre les forages Brlad, dans l'est de la Roumanie, o plusde 8000 personnes ont manifest le 27fvrier contre l'exploitation des gaz deschiste.

    Parmi les manifestants venus de plu-sieurs provinces, on comptait des hom-mes politiques mais aussi des prtres.Pendant ce temps, le gouvernement rou-main mne une politique quivoque surce dossier. Fin janvier, le Premier minist-re Victor Ponta - aprs avoir annonc auprintemps 2012 qu'il tait oppos auxforages - a chang de position sur le sujeten dclarant soutenir l'exploration desgaz de schiste.

    Une contestation orchestre par Moscou selon les Amricains

    Les frontires de Schengen sont toujoursfermes pour les Roumains et Bulgares.

    Energie

    Un millier de personnes ont manifest Brlad contre les prtentions de Chevron de se rserver un primtre de 600000 hectares

    dans la rgion pour l'exploration des gisements de gaz de schiste.

    lBARLAD

    l BUZIAS

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    Les NOUVELLES de ROUMANIE

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    PLOIESTI

    IASI

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    Au nom d'une culture de la sou-

    mission de la femme, les victimes de

    trafics d'tres humains refusent sou-

    vent de tmoigner contre leurs bour-

    reaux. Mme si une dnonciation

    peut dboucher sur l'obtention de tit-

    res de sjour temporaires. Places

    dans des centres ou associations o

    elles ne restent gure, ces naufra-

    ges de la traite humaine, qui se liv-

    rent par ailleurs une mendicit

    massive, sont souvent reprises dans

    des rseaux. Par l'effet de l'ouverture

    des frontires mais aussi de la

    dmocratisation des moyens de

    transport qui les font souvent dbar-

    quer en France, Beauvais, termi-

    nus des compagnies low-cost, ces

    esclaves du XXIe sicle alimentent

    un trafic plantaire d'un autre ge et

    en plein essor.

    Selon l'ONU, la traite des tres

    humains, qui porterait sur environ

    2,4 millions de personnes, a rapport

    26,4 milliards d'euros en 2012. Ce

    qui hisse ce flau au troisime rang

    du crime organis, juste derrire le

    ngoce d'armes et la contrefaon.

    Les rseaux de traite des tres humains sont revenus sous le feu judiciaire, finmars. Le tribunal correctionnel de Paris a jug les Hamidovic, famille de Tziganesdbarqus de Bosnie-Herzgovine pour contraindre des mineurs voler dans lemtro, et, dans le cadre d'un autre procs, un groupe de proxntes roumainsayant rduit plusieurs dizaines de femmes l'esclavage sexuel dans Paris.

    Ces affaires, bien qu'ayant dfray la chro-nique, ne sont que la partie merge d'un ice-berg auquel s'attaquent les forces de l'ordre.L'Office central pour la rpression de la traite des treshumains (Ocrteh) a enregistr en France le dmantle-ment de 52 rseaux internationaux en 2012, soit treize deplus qu'en 2010. Dans le lot, 23 filires taient animespar des ressortissants venus de Roumanie. Lors de coupsde filet mens travers le territoire, les policiers ontinterpell l'anne dernire pas moins de 572 proxntes.Dont 130 exploiteurs sexuels de nationalit roumaine.

    "La monte en puissance des gangs de l'Est cor-respond une ralit forte et leur rpression est rigecomme un de nos objectifs majeurs", note le commissai-re Yann Sourisseau, patron de l'Ocrteh, pour qui ce ph-nomne remonte aux annes 1990. "Au dpart, il s'agis-

    sait de micro-rseaux dirigs par des chefs de famille ou de clan, vivant et l dansdes campements et organisant la prostitution de femmes de leur communaut commemoyen de subsistance, observe le policier. Belles-surs, cousines ou filles d'"amis",elles bradent leurs charmes raison de 30 50 euros la passe dans des voitures sta-tionnes sur le bord de routes dpartementales ou l'abri de secteurs boiss situs la priphrie des villes de province".

    Parfois tatoues comme du btail

    Au fil des annes, des gangs criminels plus organiss se sont greffs sur ce terreauartisanal pour "marchandiser" des stakhanovistes du sexe une chelle quasi indus-trielle. Le travail en profondeur s'est traduit par l'arrestation de quelque 1300 racoleu-ses sur la voie publique. "Recrutes notamment parmi des familles misrables ayantcontract des dettes dans leur village d'origine, ces victimes acceptent de travaillerpour le compte de cranciers gravitant dans la sphre mafieuse", prcise YannSourisseau. Nombre d'entre elles ne dcouvrent leur sort qu'une fois arrives enFrance, en Italie ou en Espagne. Parfois tatou tel du btail sur les reins ou entre lesomoplates o est inscrit le nom de code de leur souteneur, ce "cheptel" humain est sou-mis l'abattage des rencontres tarifes.

    En 2011, les policiers ont tabli qu'en deux ans six prostitues avaient dgag370 000 euros de bnfice. Le chef de rseau, retranch comme souvent l'tranger,s'tait fait construire une maison de trois tages sur les bords du Danube. Et avait ache-t une Maserati, une Mercedes ainsi qu'une BMW srie 6, toutes confisques lors d'uneopration mene au terme de deux ans d'enqute.

    "De longs mois sont ncessaires pour dmanteler ce type de filires, confie-t-on la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Il s'agit d'tablir les liens existantsentre les victimes, qui ne parlent pas franais et vivent sous nombre d'alias, ainsi queleur degr de subordination aux rseaux afin d'identifier les logeurs, financiers etlogisticiens menant aux cerveaux prsums tirant les ficelles plusieurs centaines dekilomtres de distance".

    Christophe Cornevin (Le Figaro)

    l

    l

    CHISINAU

    La police espagnole vient d'interpeller 19 personnesdont les membres et chefs prsums de deuxrseaux qui exploitaient sexuellement de jeunesmineures, de nationalit roumaine. Selon les premiers l-ments, elles taient recrutes avec une fausse promesse de tra-vail, leur faisant miroiter que, ds leurs 18 ans, elles pren-draient soin de personnes ges,effectueraient du baby-sitting outravailleraient pour les servicesde l'tat. Mais leur arrive, lessuspects les avaient oblig seprostituer au sein du "Dallas" et endurer, sous un rgime desemi-esclavage, des journes de'travail' allant de 12 14 h, sousla menace de coups ou de viols.Pas moins de 215 victimes ontt identifies, qui auraient tcontraintes de vendre leur corpsdans cette maison close, gnrantun chiffre d'affaires d'environ60 000 par jour.

    L'enqute, dbute il y a unan environ, a permis de mettre au jour deux organisations. Lapremire, une structure pyramidale, tait constitue d'habitantsde la ville de Braila dont sont originaires la majorit des filles.Les investigations ont montr que la tte du rseau avait prisde nombreuses prcautions comme changer d'adresse, de voi-ture, de portable et se faire accompagner d'un garde du corps.Il se vantait de dpenser jusqu' 14 000 en une nuit.

    Pistes par les proxntes grce leurs empreintes digitales

    Le deuxime rseau tait charg de rgenter la maisonclose d'Agullana, proprit d'un couple domicili Valence,d'o il contrlait en temps rel ce qui se passait dans leur entre-prise grce un systme de vidosurveillance. Les fillesdevaient dposer leurs empreintes digitales au dbut de chaquejourne et avant chaque passe. Les donnes taient envoyes un ordinateur central install dans le club, et permettant de lespister des centaines de kilomtres la ronde.

    Comme cela se pratique ailleurs, les grants exigeaientque les filles leur versent 70 par jour pour le logement et sonentretien et ils facilitaient l'accs aux ponges sexuelles pourleur permettre de se prostituer pendant leurs rgles et de ne pastre pnalises. En outre, elles devaient s'acquitter de 5 pourl'lectricit, 2 pour chaque rouleau de papier toilette, 7 pour lesavon et devaient participer l'achat des prservatifs, lubri-fiants, lessive, nourriture, eau, boissons et tabac. Enfin, elles

    taient obliges de faire, leurs frais, un test sanguin chaquemois, leur seule permission de sortie. Mais l, un systme debrouillage tait mis en place pour qu'elles ne puissent pas uti-liser leurs portables.

    Avec la complicit de chauffeurs routiers

    Pour faire sortir l'argentd'Espagne, le rseau bnficiaitde la collaboration de chauffeursroutiers qui effectuaient le trajetjusqu'en Roumanie et transpor-taient les filles qui finissaientaux mains des proxntes. Undes lieutenants du club, de natio-nalit allemande, aurait organisle transfert de l'argent, lou desimmeubles aux proxntes.L'homme possderait une flottede chauffeurs transportant lesfilles jusqu'au club et vice-versamoyennant 15 euros le trajet.

    L'argent aurait t blanchidans diverses socits crans, notamment commerciales (capi-tal total estim plus de 11,5 millions d'euros), dans de nom-breuses proprits (valeur: 2 M), plusieurs vhicules de luxeet mme un bateau de 10 mtres. Des perquisitions ont tmenes dans 5 maisons et au Dallas tandis que 101 290 enespces ont t saisis, deux revolvers, des munitions, neufvhicules, prs de 2000 mandats de transferts d'argent, diversmatriels informatiques, des tlphones portables et desbijoux. Deux des chefs du rseau bas en Roumanie sont sousle coup d'un mandat d'arrt et cinq autres personnes seraientimpliques.

    L'Indpendant (Perpignan)

    215 jeunes prostitues roumaines esclaves au "Dallas", la frontire franco-espagnole

    l

    ARAD

    l

    572 proxntes arrts en 2012 en France et 23 filires de prostitution dmanteles

    Prostitution

    Refus de tmoigner

    Trafics d'tres humains venus de l'Est

    Prostitution

    Les jeunes femmes taient obliges d'enchaner les passes 12 14 h par jour, sous vido surveillance pour contrler les cadences!

    AChesint, une trentaine de kilomtres d'Arad,dans les Apuseni, les bergers ont vcu une nuit decauchemar, dbut avril. Des loups affams ontattaqu une bergerie, en bordure d'une fort et proche du villa-ge, tuant 23 moutons et emportant les carcasses de dix autres.Ce genre d'vnement se produit de plus en plus souvent, lenombre de loups tant en augmentation constante la suite dela rglementation les protgeant mais, habituellement, on nednombre qu'un ou deux animaux tus. Les bergers ne sontautoriss possder que deux chiens, vite dpasss quand lesattaques ont lieu en meute, et ne veulent pas effrayer les villa-geois en levant des molosses.

    Attaques de loups prs d'Arad

    Une affaire d'ampleur exceptionnelle lie l'exploitation de prostitues a clat, fin fvrier, au Dallas, une maison closesitue la frontire franco-espagnole, ct Espagne, sur la route nationale entre la Jonquera et Figueres, quelques dizai-nes de kilomtres de Perpignan.

  • A la Une

    7 % des 20 millions de Roumains

    Partie intgrante de l'empire austro-hongrois, laTransylvanie, o vit une majorit de Roumains, a t intgre la Roumanie en 1918, la fin de la premire guerre mondia-le. Aprs la chute des dictatures communistes en Europe cen-trale et orientale en 1989, Bucarest et Budapest ont eu du mal trouver un quilibre au sujet de la minorit hongroise qui viten Transylvanie: 1,4 million de personnes, soit 7 % des20 millions de Roumains. L'adhsion des deux pays l'UE - laHongrie en 2004, la Roumanie en 2007 - avait calm lesesprits.

    Mais l'arrive de Viktor Orban la tte de la Hongrie, enavril 2010, a chang la donne. Le premier ministre a peu peumonopolis le pouvoir et a pris un virage nationaliste quiaffecte les relations avec ses voisins. "Nous allons construireun pays o nous ne travaillerons plus au bnfice des tran-gers, a-t-il dclar le 22 fvrier lors d'un discours sur l'tat dela nation. Nous allons intgrer tous les Hongrois qui viventdans le bassin des Carpates ou ailleurs dans le monde".

    Depuis 2011, la Hongrie offre aux minorits hongroisesdes pays voisins - Roumanie, Slovaquie, Serbie - des passe-

    ports hongrois qui leur donnent le droit de voter. Cette initiati-ve, trs mal vue par l'Union Europenne, devrait permettre auparti Fidesz de Viktor Orban de ramener des lecteurs aux pro-chaines lections lgislatives prvues au printemps 2014. Maisle prix de ce calcul lectoraliste pourrait bien s'avrer lev.

    Boycott d'un match huis clos

    A Bucarest, cette longue polmique a toutefois pu servirde diversion au gouvernement, au moment d'aborder des ques-tions dlicates, telles que les hausses d'impts et les futuresprfectures dans le projet de rgionalisation du pays.

    Enfin, dans ce contexte de tensions, le Premier ministreroumain Victor Ponta a dclar qu'il renonait assister aumatch de la Roumanie face la Hongrie en phase prliminai-re de la Coupe du Monde 2014 de football, le 22 mars, bienqu'il y ait t invit. Un spectateur de moins pour un match quis'est jou huis clos au stade Ferenc Puskas de Budapest, laHongrie ayant t condamne en janvier par la FIFA causedu comportement raciste de ses supporters lors d'un matchamical contre Isral l't dernier.

    Mirel Bran (Le Monde)

    Les NOUVELLES de ROUMANIE

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    Les NOUVELLES de ROUMANIE

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    A la Une

    Les Hongrois de Roumanie

    Un drapeau instrumentalis

    Un petit drapeau bleu que traverse une bande dore surmontedu Soleil et de la Lune: le symbole des Sicules, minorit d'origine hon-groise qui habite au centre de la Roumanie, est devenu source de ten-sions entre les Hongrois et les Roumains. Le conflit a commenc le31 janvier lorsque le gouvernement de Bucarest a nomm un nouveauprfet pour la rgion de Covasna o vit une majorit de Sicules. La"crise du drapeau" focalise l'attention des lites politiques et diploma-tiques des deux pays et fait couler beaucoup d'encre dans leur presse.

    Lors de la crmonie d'investiture, le drapeau de cette minoritavait t enlev de la salle, provoquant un toll au sein de lacommunaut locale. "Je suis trs fier d'tre un Sicule, lesRoumains doivent comprendre que nous sommes attachs nos sentiments natio-naux et nos symboles", avait dclar Tamas Sandor, le prsident du conseil rgio-nal de Covasna. L'incident aurait pu en rester l, d'autant que la justice roumaineavait donn raison la minorit sicule en lui reconnaissant le droit d'utiliser ses sym-boles ethniques. Mais l'affaire est remonte trs haut, au point de troubler les rela-tions roumano-hongroises.

    Le 5 fvrier, le secrtaire d'Etat au ministre des affaires trangres hongrois,Nemeth Zsolt, a ainsi us d'un ton martial. "Les Hongrois de Roumanie ont subi uneagression symbolique laquelle les Hongrois de Hongrie doivent rpondre", a-t-ildclar en demandant aux maires de son pays d'arborer le drapeau sicule en signe desolidarit avec la minorit hongroise de Roumanie. Le lendemain, le premier minis-tre roumain, le socialisteVictor Ponta, a violem-ment ragi. "Nous n'ac-ceptons pas que d'autresnous donnent des leonssur la faon d'appliquerles lois en Roumanie, a-t-ilaffirm. Il s'agit d'uneinsolence".

    "Etat multinational"

    Pouss par le chef dugouvernement, le ministredes affaires trangres roumain, Titus Corlatean, a convoqu Fuzes Oszkar, l'ambas-sadeur hongrois Bucarest, pour lui signifier l'intransigeance de la Roumanie cesujet. A la suite de cette rencontre, ce dernier a dclar sur une chane de tlvisionque la Roumanie devrait modifier l'article 1 de sa Constitution pour changer la dno-mination "Etat national" par "Etat multinational". "Les minorits reprsentent 20 %de la population roumaine, a-t-il dclar. Les droits des Sicules n'ont pas t respec-ts. Je soutiens leur autonomie culturelle et territoriale. L'article premier de laConstitution roumaine devrait mentionner un Etat roumain multinational." L'ire desautorits roumaines ne s'est pas fait attendre. "Si l'ambassadeur hongrois va au-delde ses attributions, nous lui fermerons toutes les portes", a rtorqu le ministre desaffaires trangres roumain.

    Ces tensions interviennent en pleine rforme administrative en Roumanie.Bucarest compte regrouper les quarante et un dpartements dans huit grandesrgions, ce qui diluerait le pouvoir des lus locaux Hongrois. Bucarest envisageaussi une rforme de la Constitution qui inquite la minorit hongroise. Le rve d'unretour de la grande Hongrie commence chauffer les esprits en Transylvanie,rgion longtemps dispute par la Roumanie et la Hongrie.

    relancent le dbat sur la question de leur autonomieMagyars

    La "Guerre du drapeau" avec

    Bucarest est en mme temps un formi-

    dable levier politique en Hongrie: un

    traumatisme dans la mmoire collective

    nationale depuis le trait de Trianon, en

    1919, qu'il est facile d'exploiter, tantt

    pour souder la nation derrire son lea-

    der, tantt pour faire diversion. Porter

    assistance aux quelques 2,5 millions de

    Hongrois de Rouma-nie, de Slovaquie,

    de Serbie et d'Ukraine, c'est aussi un

    devoir constitutionnel pour Budapest, en

    vertu de la nouvelle Constitu-tion adop-

    te le 1er janvier 2012.

    Ces politiques nationalistes soute-

    nues par les autorits hongroises soul-

    vent des controverses avec les Etats

    voisins. En Roumanie, les prfets des

    deux dpartements o les Hongrois sont

    fortement majoritaires - Co-vasna et

    Harghita - ont dcid d'interdire l'usage

    du drapeau sicule de la minorit hon-

    groise sur les btiments privs et

    publics. Derrire ces bisbilles diploma-

    tiques et cette "guguerre" des dra-

    peaux, c'est de l'autonomie territoriale

    du pays sicule qu'il est question, soute-

    nue par Budapest, refuse par Bucarest.

    Lors d'une interview la tlvision rou-

    maine, l'ambassadeur hongrois a affirm

    le soutien de Budapest l'autonomie

    territoriale d'une partie de la

    Transylvanie o les Sicules sont majori-

    taires, appuy peu aprs par son minist-

    re des Affaires trangres. Hunor

    Kelemen, prsident du principal parti

    hongrois de Roumanie (l'UDMR), a

    dnonc l'ingrence de Budapest et

    affirm que "le sort du drapeau sicule

    n'est pas dans les mains des politiciens

    hongrois".

    Le vendredi 30 aot 1940, 15 heures, dans la salle d'Or du Palais Belvdre de Vienne, la Roumanie, reprsente parson ministre des Affaires extrieures Mihail Manoilescu et Valter Pop, signait le fameux "Diktat de Vienne", cdant laHongrie de l'amiral Horthy tout le nord ouest de la Transylvanie. Bucarest avait t contrainte d'accepter "l'arbitage"impos par Hitler et Mussolini pour complaire leur alli hongrois. Budapest rcuprait ainsi 43 492 km2 de l'ancien empire desHabsbourg, 2 667 000 habitants dont 50,2 % de Roumains, 37,1 % de Hongrois, 2,8 % d'Allemands, 5,7 % de Juifs et 4,3 % d'au-tres origines.

    Ainsi s'achevait le dmembrement de laGrande Roumanie, le pays tant dirig par le roiCarol II et le gouvernement Gigurtu. Il avait timpuls un an plus tt, le 23 aot 1939, par lasignature du protocole secret figurant dans le pacteRibbentrop-Molotov, prvoyant la cession de laBessarabie, du nord de la Bucovine et de la rgionde Cernauti (Tinutul Herta) l'Union Sovitique,impose aux autorits roumaines par l'ultimatumque Moscou leur envoya le 26 juin 1940, laRoumanie ayant deux jours pour s'y soumettre.

    Les Roumains devront avaler une autre cou-leuvre dans la foule en remettant le quadrilatredu sud de la Dobroudja la Bulgarie, la suite dutrait de Craiova, sign avec ses voisins, le 7 sep-tembre 1940. L'occupation de la Transylvanie parles Hongrois se traduira par de nombreuses atroci-ts, destructions, expulsions, mises en uvre parl'arme hongroise, des groupements paramilitaires,des "kommandantur" et services de police hon-grois tant installs dans les villes-prfectures dechaque judet occup. Au total, plus de 500 000Roumains seront expulss.

    Nouvelles tensions au pays des Sicules

    Le "Diktat de Vienne" : plus de 500 000 Roumains expulss

    Le 30 aot 1940, la Roumanie est contrainte d'abandonner toute la Transylvanie du Nord la Hongrie, allie d'Hitler. Quelques semaines plus tt, suite la dfaite

    de la France, son amie, elle avait dj cd la Bessarabie, la Bucovine du nord, la rgion de Cernauti Staline et le quadrilatre sud de la Dobroudja la Bulgarie.

  • A la Une

    Je donne des cours de graphisme deux jourspar semaine en Roumanie Nagyvarad (Oradea,en roumain). Je le prends comme une faon d'ai-der la communaut, de faire mon devoir vis--vis d'elle. Beaucoup de mes tudiants ont obtenurcemment la citoyennet hongroise, pourtantils ne veulent pas forcment venir travailler icien Hongrie.

    Mais mme s'ils le font, ils iront Budapestexactement de la mme faon que l'on vient deKaposvar (dans le sud de la Hongrie) oud'ailleurs, car pour les Hongrois de Roumanie,Budapest a toujours t notre capitale, pasBucarest. Le besoin d'migrer est de toute faonmoins pressant qu'avant car les niveaux de vie des deux paysse sont quilibrs et si on veut vraiment partir de Roumanie, cen'est pas plus pour aller en Hongrie, mais ailleurs en Europe.

    Mfiance envers la politique de Viktor Orban

    Je sais que beaucoup de non-Hongrois ne comprennentpas et prennent mal ces mesures d'Orban sur l'octroi de lacitoyennet, mais a m'est gal, car a permet de renforcer l'at-tachement d'une personne la nation. On parle de citoyenne-t, mais ce n'est pas un "big deal", juste un bout de papier aveclequel on peut obtenir plus tard un passeport.

    C'est bien pour nous quand on va l'tranger par exemple.En entrant en Angleterre, un douanier m'a demand ma natio-nalit, j'ai naturellement rpondu "Hongrois" - puisque pournous nationalit et citoyennet sont diffrentes - et il s'est ner-v quand il a vu mon passeport roumain. Les Hongrois deRoumanie sont trs mfiants vis--vis de la politique hongroi-se. Le rfrendum de 2004 a t un tournant, beaucoup ont t

    dgots par la gauche et se sont tourns vers la droite, maisont pris aussi leurs distances avec la politique hongroise [3].

    Nous n'aimons pas tre manipuls, nous n'aimons pasqu'Orban s'ingre dans nos affaires, en voulant crer un autreparti hongrois en Transylvanie par exemple. D'ailleurs, je trou-ve a un peu pathtique quand j'entends chanter l'hymne sicu-le ici Budapest" [4].

    Corentin Lotard (Le Courrier des Balkans)[1] Au dbut des annes 2000, beaucoup de jeunes arbo-

    raient un t-shirt avec crit: "Je suis Hongrois, pas un touris-te!", ndlr.

    [2] La question des minorits hongroises a t complte-ment occulte et taboue en Hongrie et dans les pays frres dubloc socialiste, ndlr

    [3] le 5 dcembre 2004, les Hongrois rejettent un rfren-dum sur l'octroi simplifi de la citoyennet hongroise, prenantleurs distances avec les menes de leur gouvernement.

    [4] L'hymne sicule suit toujours l'hymne national hongroislors des manifestations de la droite.

    Les NOUVELLES de ROUMANIE

    1110

    Les NOUVELLES de ROUMANIEA la Une

    Sndor, un graphiste de 38 ans originaire de Szovta (Sovata en roumain), aucur du Szkelyfld, le pays sicule, fait partie de ces "Hongrois de l'extrieur" qui sesont tablis Budapest depuis la chute du bloc communiste.

    Jusqu'en 1989 nous tions coups de toute information en provenance de Hongrie:nous n'avions ni la radio ni la tlvision hongroise, car les collines empchaient lesondes d'arriver jusqu' nous. Je suis venu deux fois en Hongrie avant la fin du com-munisme, c'tait comme aller l'Ouest, dans un autre monde. Il tait interdit de passer lafrontire en possession de devises trangres, mais comme personne ne voulait changer des

    lei roumains en Hongrie, les gens emportaient aveceux toutes sortes d'objets, surtout des cramiques,qu'ils revendaient sitt passe la frontire. Et ce n'taitpas facile non plus pour nos htes qui devaient nousdclarer ds notre arrive au commissariat de policelocal. Alors aujourd'hui, c'est un rve en comparaisonde ce que a a t.

    J'ai trouv un travail de graphiste en 1998, la finde mes tudes, Kolozsvar (Cluj, en roumain). Je nevoulais pas partir et d'ailleurs c'est un peu mal vu departir, c'est peru comme un signe de faiblesse. Celan'aurait pas fait de moi un "tratre la patrie", puisquenous n'en avons pas, de patrie, mais disons que aaurait t un peu comme si je trahissais la nation, car ily a de moins en moins de Hongrois en Transylvanie.

    "Mais je suis Hongrois!"

    C'est moins fort aujourd'hui car beaucoup de per-sonnes travaillent l'tranger, mais on le ressent enco-

    re. Je gagnais l'quivalent de 70 dollars par mois et l'inflation tait trs forte. Je travaillaispour une socit qui faisait des botes de fromage, une partie de mon salaire tait donc ver-se en... fromage. Une fois, alors que j'tais en dplacement Strasbourg, ma petite amieest alle chercher mon salaire: elle a d trimballer une moiti de cochon dans le trolley-bus!C'tait a, mon salaire. Personne n'avait d'argent dans le pays, alors on se dbrouillait.

    Aprs une anne, j'en ai eu assez, j'ai rdig mon CV et j'ai trouv un travail de gra-phiste/designer Budapest dans une agence de publicit o je gagnais quatre fois plus qu'enRoumanie. Quand je suis arriv Budapest, on me demandait rgulirement o j'avaisappris parler le hongrois "Mais je suis Hongrois!" [1]. Je me suis rendu compte quebeaucoup de gens ignoraient l'existence mme des Hongrois l'extrieur des frontires etn'avaient qu'une ide trs vague et confuse de ce qu'est la Transylvanie. Ils ne l'ont pasappris l'cole. La propagande communiste a bien fonctionn, ce qui m'tonne car le com-munisme de Kadar a t beaucoup plus "soft" que celui de la RDA, par exemple. [2]. Sanspermis de travail au dbut, je devais franchir la frontire toutes les deux semaines. C'taitau dbut des annes 2000. Tous les gens comme moi allaient la frontire la plus proche,celle avec la Slovaquie, on la traversait pied pour revenir aussitt sur nos pas avec un tam-pon sur le passeport et avec la complicit des douaniers.

    "Budapest a toujours t notre capitale"

    A la naissance de mes enfants en Hongrie, l'tat-civil hongrois a not "citoyennetinconnue", faisant d'eux des apatrides, en quelque sorte. Nous avons d aller l'ambassadede Roumanie en Hongrie. C'tait une torture, un vritable combat pour faire reconnatre lacitoyennet roumaine de mes enfants et j'ai d laisser un bakchich. J'ai pu finalement obte-nir moi-mme la citoyennet hongroise en 2006 aprs avoir pass des examens de langueet d'histoire hongroise et prouv que je connaissais les paroles de l'hymne national, commeles immigrants chinois.

    Le trait de Trianon du 4 juin

    1920 entrine le dmembrement

    de l'Empire austro-hongrois aprs

    sa dfaite de 1918. Il est vcu

    comme un diktat par les Hongrois.

    Le pays perd en effet plus des

    deux tiers de son territoire, rpar-

    tis entre Autriche, Tchcoslova-

    quie, Roumanie et Yougoslavie.

    Rduite 92 000 km2 et passant

    de 20 millions 7 millions d'habi-

    tants, la "petite Hongrie" ne

    regroupe pas tous les Magyars :

    2 2,5 millions vivent aujourd'hui

    dans les pays limitrophes, dont

    plus de la moiti (1 400 000) en

    Roumanie. En 2010, le parlement

    hongrois a vot une loi dite

    "Trianon" qui instaure "un jour

    mmorial national" pour l'anniver-

    saire du trait.

    Un trait qui ne passe pas

    Les dmonstrations des Sicules varient entre folklore, attachement aux traditions ancestrales, vocation dun pass prestigieux, amertume

    devant la dcadence nationale impose par ltranger et manifestations dirrdentisme.

    comme aller l'Ouest""Venir en Hongrie, c'tait

    n

    BUCAREST

    ORADEA

    SATU MAREl

    TIMISOARA

    ARAD

    lIASI

    BRASOV

    CONSTANTA

    TARGUMURES

    BRAILAl

    l

    l

    l

    l

    SUCEAVA

    l

    PITESTI

    l

    TARGOVISTEl

    SF. GHEORGHE

    CRAIOVA

    TULCEA

    l

    l

    l

    l

    GIURGIU l

    l

    l

    Magyars

    Le gouvernement du Premierministre Viktor Orban a sim-plifi la procdure de naturali-sation pour les "Hongrois de l'extrieur",ressortissants de pays voisins depuis leTrait de Trianon qui a modifi les fron-tires hongroises au lendemain de laPremire Guerre mondiale. Plus de500 000 personnes devraient dposer unedemande de citoyennet d'ici la fin del'anne.

    "Magyarnak lenni j!". "Qu'il est

    bon d'tre Hongrois!", s'tait exclamLaszlo Tokes, dput du Parti populaireeuropen et grande figure politique desHongrois de Roumanie, en recevant sacitoyennet hongroise au mois de mars2011. Depuis l'introduction d'une proc-dure simplifie au 1er janvier 2011 selonlaquelle il n'est plus ncessaire de rsidersur le territoire hongrois pour obtenir unpasseport, il a t imit par beaucoup:370 000 demandes de citoyennet ont tdposes par des Hongrois des pays voi-sins, et plus de 320 000 candidats ontdj prt leur serment de citoyennethongroise.

    Ce sont les consulats de MiercureaCiuc (Csikszereda) et Cluj (Kolozsvar)en Roumanie, et de Subotica (Szabadka)

    en Serbie qui ont trait le plus de deman-des. Le gouvernement hongrois table surun demi-million la fin de l'anne et envertu d'une rcente loi de modernisationde l'administration publique, il souhaiterationaliser le processus pour augmenterla cadence et rendre la procdure admi-nistrative plus simple pour les candidats.

    En offrant la citoyennet puis undroit de vote (partiel) aux Hongrois despays voisins, les desseins gopolitiquesdu Premier ministre hongrois ViktorOrban et de son parti Fidesz prennentforme: runir la nation hongroise divisepar le trait de Trianon aprs la PremireGuerre mondiale. Pour la droite hongroi-se, c'est un sacerdoce qu'elle accomplitavec sincrit et lgitimisme. C.L.

    Plus de 500 000 demandes de passeports sont attendues d'ici la fin de l'anne

    Minorits hongroises: l'irrsistible appel de Budapest

    La majorit des Magyars sont concentrs dans trois judets:Covasna, Harghita et Mures.

    l

    M. CIUC

    SOVATA

  • Actualit

    La langue n'est pas seulement un instrument de com-munication, mais elle reprsente aussi un pouvoirdu point de vue politique et social. Or, il apparatque le bon exercice de la langue, aussi bien dans sa variantecrite qu'orale, mne invitablement la coercition linguis-tique. Ce terme juridique est propos ici pour justifier touteune srie de phnomnes sociaux ayant de longues racines lin-guistiques.

    L'histoire des socits modernes rvle on ne peut mieuxles usages coercitifs de la langue, mise au service des pouvoirspolitiques. partir de 1812 - aprs l'annexion de la Bessarabiepar la Russie - dmarre un processus accru de dnationalisa-tion et de russification, par le biais d'abord de l'glise, ensuitepar l'vincement du roumain comme langue de l'ducation.C'est l que commence la confusion identitaire qui rgne sur leterritoire actuel de la Rpublique de Moldavie.

    L'usage coercitif de la langue russe s'est traduit par sonstatut de langue de communication dans une fdration dequinze rpubliques, au sein de laquelle le russe est devenu lalangue officielle de l'Union, sans que ce principe ait jamais treconnu dans la Constitution sovitique. Le russe est devenu lalangue d'un empire de 285 millions de personnes, parlantquelque 130 langues nationales diffrentes.

    Durant 70 ans, la langue russe a export dans les quinzerpubliques attitudes et comportements, idologie et ractions.Cette exportation coercitive de la langue et, avec elle, de l'i-dologie, continue jusqu' aujourd'hui maintenir ce brouilla-ge impressionnant des essences identitaires.

    Ecrire le roumain en caractres cyrilliques

    Qui tions-nous, les habitants de la Rpublique deMoldavie, au sein de l'URSS ? Je suis ne dans un village desbords du Prout, le fleuve qui spare la Rpublique de Moldaviede la Roumanie. Ds mon enfance, j'ai pu couter et regardersans aucun problme la radio et la tlvision roumaines (laproximit frontalire des antennes le permettait largement).

    La bibliothque familiale contenait des livres roumains,apports de Roumanie par mes parents (mon arrire grand-mre avait quitt la Bessarabie en 1933 pour s'installer enRoumanie - notre famille avait fait un voyage Galati et Iasien 1967). J'prouvais, quant moi, une certaine confusion queje contenais difficielement en mon for intrieur - pourquoicrire en roumain tout en utilisant l'alphabet cyrillique, commecela tait impos?

    La phobie l'gard de l'criture de la langue roumaine enalphabet cyrillique a men un autre phnomne: celui de l'ap-

    propriation d'une autre langue et de sa culture. J'ai eu accs la majorit des chefs-d'uvre de la littrature universelle enrusse. Cette littrature traduite a laiss une empreinte colossa-le dans mon esprit de future linguiste et enseignante.

    C'est cette poque, tout comme d'autres de mes compa-triotes, que je suis devenue une bilingue parfaite, le roumaintant ma langue maternelle, le russe, ma langue maternelleseconde par appropriation. Le russe tait conu par moi l'-poque comme un ftiche. Cette langue d'un grand peuple a faitnatre un sentiment identitaire qui, pensait-on souvent, enno-blissait spirituellement la personne.

    S'auto-identifier comme Russe

    l'poque sovitique, il tait plus valoris de s'auto-iden-tifier comme Russe plutt que comme membre d'une autrenationalit. Implicitement, les Moldaves, les Gorgiens, lesAsiatiques, etc, taient perus comme des citoyens de secondezone. Dans les, villes tout particulirement, on prfrait s'iden-tifier comme Russes.

    Les parents s'efforaient d'envoyer leurs enfants dans descoles russes, afin de leur assurer, disaient-ils, "un avenir plussr". Les hommes moldaves, surtout les hauts fonctionnairesdu Parti communiste, prfraient se marier avec des femmesrusses, car c'tait "de bon ton" et bien vu par le Parti.

    Les Russes qui sont venus habiter en Moldavie aprs 1944ont russi s'adapter un milieu linguistique non-slave, sansapprendre la langue roumaine. prsent, le bilinguisme estsouvent pratiqu par les autochtones, mais pas par leurs conci-toyens d'autres ethnies.

    Une vritable bigamie linguistiquesans aucun caractre de rciprocit

    Ce bilinguisme moldave est une vritable "bigamie lin-guistique", qui ne prsente aucun caractre de rciprocit. Or,comme dans tout couple, pour la solidit et le bonheur durable,la rciprocit doit tre de mise. dfaut, le phnomne dra-pe et donne naissance des conflits linguistiques. La maldic-tion lie ce phnomne rside dans le fait que la langue russetait porteuse d'une idologie, tout en restant la langue d'ungrand peuple, qui a donn au monde de grands crivains, po-tes, philosophes et penseurs.

    De ce point de vue, l'apprentissage du russe et sa coexis-tence avec le roumain ont t une bndiction pour la popula-tion cosmopolite de la Rpublique de Moldavie.

    (suite page 14)

    Les NOUVELLES de ROUMANIE

    1312

    Les NOUVELLES de ROUMANIEActualit

    Le drapeau toil de l'Oncle Sam flotte au-dessus d'un champ de colza l'en-tre de Deveselu. Ce petit village de la Roumanie profonde, 30 kilomtres de lafrontire roumano-bulgare, s'enorgueillit d'avoir t choisi en 2011 par l'armeamricaine pour y installer l'un de ses boucliers antimissiles destins dfendrel'Europe.

    Les 3 000 paysans du cru taient dj accoutums la prsence d'uniformessur leurs terres. En 1952, la Roumanie, alors allie de l'Union Sovitique, yavait construit une base militaire et un aroport qui accueillait, dans lesannes 1980, 48 avions de chasse Mig-21 et une centaine de pilotes, fiert de l'armeroumaine. Mais aprs la chute du rgime communiste en 1989, la base militaire perdpeu peu de son clat et ferme ses portes en 2002. L'arrive au pouvoir du prsident

    pro-amricain Traian Basescu en2004 change la donne. Favorable un partenariat stratgique avecles Etats-Unis, le chef de l'Etatsigne en 2011 un accord pr-voyant l'installation Deveseludu fameux bouclier antimissile.

    Malgr les protestations deMoscou, peu dispos voir desmissiles amricains s'installeraux anciennes frontires del'Union Sovitique, la Roumanieouvre largement ses portes l'ar-me amricaine, qui compteaujourd'hui quatre bases militai-res sur son territoire. "Le choix deDeveselu permettait d'offrir des

    facilits techniques et logistiques", explique Constantin Hlihor, professeur l'universi-t nationale roumaine de dfense.

    Routes refaites et eau courante

    L'arrive des Amricains suscite l'enthousiasme des paysans de Deveselu qui enattendent monts et merveilles. Environ 420 millions de dollars (328 millions d'euros)devraient y tre investis pour rajeunir la base militaire et construire l'infrastructurencessaire. En 2013, l'US Army va injecter 265 millions de dollars pour moderniserl'aroport et asphalter les routes dfonces du village. En outre, les paysans vont bn-ficier d'un systme de canalisations qui n'existait pas dans leur commune. L'eau cou-rante devrait dj produire une petite rvolution dans ce modeste village.

    "Les premires routes seront prtes sous peu, assure le maire, Ion Aliman. D'ici-l,nous aurons aussi une station d'puration des eaux qui alimentera le village en eaupotable". Un consortium de 37 socits amricaines et roumaines a t cr en 2012pour grer les travaux. "Ce partenariat va aider les autorits amricaines piloter lechantier", affirme Sergiu Machidon, son directeur roumain.

    Mais le projet rencontre des opposants parmi les paysans. Si les plus optimistessont persuads que l'arrive des Amricains leur permettra de trouver un emploi, lesmoins convaincus ont peur que la prsence de missiles n'expose le village des mena-ces terroristes. "Ils ont tu Ben Laden et maintenant ils s'installent chez nous, dclareGheorghe Marinel, agriculteur. Il y a de quoi s'inquiter, non ?"

    Mirel Bran (Le Monde)

    Les dernires rvlations faites

    par Wikileaks, partir des docu-

    ments manant de l'ambassade

    amricaine Bucarest, concernant la

    priode 1970-1975, in-

    diquent que Ceausescu

    mcontent du peu d'ai-

    de financire que

    Washington lui accor-

    dait, avait court son

    voyage aux USA, en

    dcembre 1973. Il

    comptait recevoir des

    crdits d'un montant de

    300 millions de dollars

    et n'avait reu finale-

    ment que 10 millions.

    Ces mmes sources

    rvlent, qu'un peu

    plus tard, au printemps

    1974, le "Conducator",

    alert par la visite du

    dictateur bulgare Teodor Jivkov

    Brejnev, suspectait Moscou de vou-

    loir transformer la Bulgarie en une

    seizime rpublique part entire de

    l'URSS et de s'arroger un corridor en

    Roumanie par lequel l'Arme Rouge

    aurait pu transiter. D'autres tlgram-

    mes diplomatiques cits par

    WikiLeaks rvlent qu'une tentative

    d'assassinat de Ceausescu, lors

    d'une visite dans son village natal de

    Scornicesti aurait chou en 1974,

    cause de son imprparation, mais

    aussi que le nom d'Iliescu, cart

    des sphres dirigeantes depuis 1971,

    avait t avanc l'poque pour

    remplacer le ministre des Affaires

    trangres Corneliu Manescu, sans

    qu'il y soit donn de suite. Quatre

    ans plus tard, ce mme Manescu

    s'tait rfugi dans un monastre,

    craignant pour sa vie.

    Ceausescu trouvaitWashington trop pingre

    Les dmocrates et les jeunes parlent roumain ...les nostalgiques du communisme, moldave

    de l'Oncle Sam flotte sur la base militaire de Deveselu

    La Moldavie est toujours la recherche de son identit

    n

    BUCAREST

    ORADEA

    SATU MAREl

    TIMISOARA

    ARAD

    lIASI

    BRASOV

    CONSTANTA

    TARGUMURES

    BRAILAl

    l

    l

    l

    l

    SUCEAVA

    l

    SCORNICESTI

    l

    VASLUIBACAU

    CRAIOVA

    TULCEA

    l

    l

    l

    l

    DEVESELUl

    l

    l

    Les optimistes voient les emplois la cl...les pessimistes, les menaces terroristes.

    Vie internationale Le drapeau toil Moldavie

    La question identitaire taraude toujours la Moldavie. Trois options continuent de dominer la scne politique : aller versla Roumanie, c'est--dire vers l'Union Europenne, dont en tant qu'ancienne province de Bessarabie elle a fait partie, s'o-rienter vers la Russie, ou plaider pour le renforcement de l'tat moldave. Pour la linguiste Ana Gutu, qui s'exprime dansla revue "Regard sur l'Est", l'identit moldave est une identit civique, mais ne peut pas devenir une identit nationale.clairage sur le complexe brassage linguistique de ce petit pays.

  • Actualit

    D'aprs les donnes statistiques du dernier recensement(2004), vivent en Rpublique de Moldavie (Transnistrie mise part) environ 77% de Moldaves, 8,3% d'Ukrainiens, 5,9% deRusses, 4,4% de Gagaouzes et 2,2% de reprsentants d'autresethnies. Le gouvernement communiste de Voronine, qui semaintient au pouvoir depuis 2001, est accus d'avoir truqu lesdonnes, surtout du point de vue de l'auto-identification. Car,selon ces donnes, seulement 2,2% de la population recensese seraient dfinis comme Roumains, ce qui semble tre unefalsification. Le nombre de membres du Forum dmocratiqueroumain de la Rpublique de Moldavie dpasse dj ce seuil:l'ONG compte en effet 250 000 membres, soit 6,4% de lapopulation recense en 2004. Le Forum plaide pour la runifi-cation de la Rpublique de Moldavie avec la Roumanie.

    Polyglottes l'image de l'Europe

    La Rpublique de Moldavie doit actuellement brler l'ta-pe de la formation d'un tat-nation, parce qu'il n'en est pasquestion dans le cadre d'une Europe qui se fdralise. Selonnous, la Rpublique de Moldavie ne sera jamais un tat-nation. L'identit moldave peut tre assume uniquement entant qu'identit civique: la Rpublique de Moldavie est un sujetde droit international, un tat disposant de tous les attributsncessaires mais, pour se doter d'une identit nationale, elle abesoin de temps.

    La situation peut voluer, surtout dans la perspective d'unepolitique adquate en matire ducative. En Rpublique deMoldavie, cette question n'a pas t encore rsolue de mani-re judicieuse. Il incombe aux acteurs politiques de prvoirexplicitement dans leurs programmes lectoraux une stratgiespcifique concernant les politiques linguistiques mettre en

    uvre sur le territoire de la Rpublique de Moldavie. Il s'agit d'envisager des politiques bases sur le respect de

    la population autochtone et de sa langue, mais aussi de mettreen place des instruments efficaces pour favoriser l'intgrationsociale des minorits ethniques.

    La solution accepte par la population moldave est celledu cosmopolitisme: tous parlent roumain, mais certains l'ap-pellent le roumain (niveau de formation suprieur), d'autres, lemoldave. Les jeunes citoyens de la Rpublique de Moldaviesont facilement polyglottes: ils matrisent le roumain, le russe,l'anglais, le franais, etc. Ils se dfinissent comme Roumains.Le rle de l'ducation dans ce processus est essentiel.

    L'avenir linguistique de l'Europe rside dans la communi-cation interculturelle, qui est inconcevable en-dehors d'unhritage polyglotte. Parce que les langues ouvrent les fronti-res et les horizons. Ana Gutu (Regard sur l'Est)

    Les NOUVELLES de ROUMANIE

    1514

    Les NOUVELLES de ROUMANIEActualit

    (suite de la page 13)

    Le moldave est un dialecte servant de base au roumain moderne

    Il convient de prciser que la langue roumaine fait partie de la famille des languesromanes: d'origine latine, elle utilise l'alphabet latin. Selon l'opinion des linguistes, ycompris russes, la langue moldave n'existe pas, c'est un glottonyme, c'est--dire unemanire de dsigner la langue - le roumain - parle par les Moldaves. En revanche, le dia-lecte moldave a servi de base pour la constitution de la langue roumaine moderne.

    En 1924 a t cre la Rpublique Autonome Sovitique Socialiste Moldave(RASSM, correspondant l'actuel territoire de la Transnistrie qui, a fait scession avec laRpublique de Moldavie en 1991), o le dialecte alors parl a t lev au rang de langueofficielle, mais en utilisant l'alphabet cyrillique.

    Entre 1918 et 1940, puis entre 1941 et 1944, le territoire de la Bessarabie a t runiavec la Roumanie. En 1944, avec l'arrive de l'arme sovitique, la langue roumaine a tcompltement vince de l'ducation, et la langue moldave crite en alphabet cyrillique a

    t utilise jusqu'en 1989en tant que langue de laRpublique SovitiqueSocialiste de Moldavie.

    En 1989, le Parlementmoldave a vot le passagede l'alphabet cyrillique l'alphabet latin. En 1991, at adopte la Dclarationde souverainet, danslaquelle le roumain figurecomme langue du nouveltat souverain.

    Cependant, dans laConstitution de la Mol-davie, adopte par le Parti

    agraire (hritier de l'ancien Parti communiste), l'article 13 stipule que la "langue d'tat dela RM est le moldave, crit en alphabet latin". Ce choix a provoqu nombre de disputespolitiques et sociales, dont l'essence s'est rduite un conflit entre les nostalgiques ducommunisme et la vague dmocratique. En 1995, a t adopte une loi sur le fonctionne-ment des langues sur le territoire de la Rpublique de Moldavie. Cette loi permettait auxminorits ethniques de dvelopper et de prserver leurs langues - le russe, le gagaouze, lebulgare, l'ukrainien - en les utilisant dans le systme ducatif.

    Roumains, Russes, Moldaves ?

    Selon l'opinion de la majorit des intellectuels du pays, la Rpublique de Moldovieest un "morceau" d'espace gopolitique, un "morceau" de nation, un "morceau" de cultu-re qui est roumain. En Rpublique de Moldavie, le discours identitaire est loin de cor-respondre une conception d'essence nationale, il est plutt triadique: roumain, russe etmoldave. C'est un discours qui dtermine mme l'essence des partis politiques.

    Alors que le pays se trouvait la veille des lections lgislatives du 5 avril 2009, onsentait bien que le discours identitaire primait sur la doctrine politique: aller vers laRoumanie (c'est--dire vers l'UE), s'orienter vers la Russie, ou plaider pour le renforce-ment de l'tat moldave.

    Ceux qui se dfinissent comme Roumains rendent tribut la vrit scientifique lin-guistique et historique, dans un contexte intgrationniste avec la Roumanie. Ceux qui sedfinissent comme Russes - en dpit du fait qu'il sont des citoyens de la Rpublique deMoldavie - sont soit issus de vieilles familles russes, depuis des gnrations, soit des des-cendants de familles mixtes (Russes et Ukrainiens ou Gagaouzes ou Moldaves, etc). Ceuxqui se dfinissent comme Moldaves sont les reprsentants de la gnration des nostal-giques, profondment marqus par l'idologie communiste.

    Le prsident moldave Nicolae

    Timofti a annonc le 20 mars le

    report de la signature de l'accord

    d'association avec l'UE, considr

    comme un premier pas vers une

    possible adhsion. La signature

    tait prvue l'automne prochain

    Vilnius, lors du sommet pour le

    Partenariat Oriental, mais la chute

    du gouvernement pro-europen de

    Vlad Filat, le 5 mars, a boulevers

    le calendrier et elle ne pourra pas

    avoir lieu avant 2014.

    L'explication officielle pour le

    report donne par Timofti a t "le

    manque de temps pour traduire

    l'acte dans les 23 langues officiel-

    les de l'UE...". "UE... A bientt ou

    adieu?", s'interroge un quotidien.

    Encore une crise

    Des muses encore nostalgiques de lappartenance lURSS.

    Il est toujours difficile d'chapper l'influence sovitique.

    "UE A bientt

    ou adieu ?"

    Destitu par le Parlement la

    faveur d'une motion de censure

    initie par le Parti communiste et

    adopte par 54 voix sur 101 la

    suite de la dfection du Parti

    Libral de Mihai Ghimpu, une des

    composantes de son gouverne-

    ment de coalition pro-europeen,

    le Premier ministre Vlad Filat conti-

    nue grer les dossiers courants.

    Le Parlement disposait de 45 jours

    pour dsigner un nouveau gouver-

    nement. Les ngociations pitinent

    et, dfaut d'une solution, de nou-

    velles lections lgislatives antici-

    pes seront organises cet t.

    La Moldavie, dj prive de

    Prsident pendant de longs mois,

    se dirige donc encore vers une

    crise, la grande satisfaction des

    communistes qui guettent la proie

    dans l'ombre. Prs d un tiersdes Moldaves veulent partir

    32 % des Moldaves envisagent dequitter leur pays s'ils en trouvent l'oppor-tunit, selon un sondage Gallup effectudans les anciennes rpubliques sovi-tiques, les rponses dans le mme sensallant de 40 % en Armnie 5 % enOuzbkistan. Les Moldaves sont guidsdans leur choix par, dans l'ordre, l'envied'amliorer leurs conditions de vie(52 %), assurer l'avenir de leurs enfants(13 %), le chmage sur place (10 %).

    La Russie accueilleplus de 500 000 Moldaves

    Selon les autorits russes, plus de500 000 Moldaves travaillent dans leurpays, o ils peuvent s'installer sans visa,le flux de migration ayant considrable-ment augment depuis 2010. La Russie

    accueille 10,5 millions d'trangers dont2,5 millions venant Ouzbkistan,1,3 million d'Ukraine, 1,1 million duTadjikistan et plus de 500 000 duKirghizistan, tats qui taient rattachsautrefois l'URSS.

    Ni coupables, ni enqute

    Quatre ans aprs la "rvolutionTwitter" d'avril 2009, qui avait marqu lafin du gouvernement communiste deVoronine en Moldavie au profit des for-ces pro-europennes, le quotidien"Timpul" rappelle qu'aucune enqute n'at mene sur les abus commis.

    Officiellement, 3 personnes ont tueset plus de 400 tortures pendant le soul-vement mais l'identit des coupables deces actes, "des visages cachs aux yeuxde l'opinion publique moldave", n'ajamais t tablie. Les procureurs et unepartie de la presse assurent que les victi-

    mes taient des policiers et qu'il n'y a pasbesoin d'enquter davantage.

    Chisinau condamn Strasbourg

    La Cour Europenne des Droits del'Homme (CEDO) a condamn la Mol-davie a vers 13 200 de ddommage-ments un jeune garon, g de 15 ans,qui avait t arrt par la police lors desmeutes anti-communistes des 7 et 8 avril2009, propuls dans une voiture et emme-n au poste o il sera svrement brutali-s, tortur, pour faire des aveux sur desactes qu'il n'avait pas commis, sans queles responsables, facilement identifiablespar les fiches de service, ne soient pour-suivis. Chisinau avait t dj condamn verser 15 000 une autre jeune victi-me, soumis aux mmes svices lors deces vnements et emprisonn dans lecouloir dit "de la mort".

    A savoir

  • Actualit

    Les NOUVELLES de ROUMANIE

    1716

    Les NOUVELLES de ROUMANIEActualit

    Aprs 280 jours de dtention, Adrian Nastase a t libr sous condition, demanire anticipe. Condamn deux ans de prison pour escroquerie, l'ancienPremier ministre, 62 ans, qui avait tent de se suicider lors de son arrestation,sans qu'on sache s'il s'agisse ou non d'une mise en scne, a bnfici d'une dispo-sition rglementaire permettant un dtenu de plus de 60 ans de n'effectuerqu'un tiers de sa peine.

    Pour profiter de cette mesure de faveur, le prisonnier devait encore faire lapreuve qu'il s'tait bien comport et amend pendant son sjour derrire lesbarreaux. La commission d'valuation a tranch sans hsitation dans cesens, malgr les rserves exprimes par la DNA (Direction Nationale Anticoruption).Son rapport souligne que le dtenu a eu un comportement irrprochable, se soumet-tant sans broncher la discipline, ne faisant l'objet d'aucune punition qui aurait pul'envoyer au cachot, tant mme rcompens par un droit de visite supplmentaire trois reprises. Il a galement montr sa volont de retrouver le droit chemin, en par-ticipant activement toutes les activits de rducation proposes aux prisonniers,exerant une influence positive sur ses co-dtenus.

    L'ancien Premier ministre s'est aussi montr travailleur, publiant trois livres,mme si leur ct scientifique a t mis en doute. Toutefois, il ne s'agirait pas de pla-giat comme on suspecte la thse de l'actuel Premier ministre, Victor Ponta, qu'il avaitdirig en son temps.

    La commission a donc jug qu'Adrian Nastase ne reprsentait plus un dangerpour la socit et que son dsir de se racheter tait patent. "Le dtenu ayant comprisle but prventif et ducatif des mesures prises son gard, il n'existe pas de risquesqu'il recommence l'avenir et commette d'autres dlits il peut donc tre rendu lasocit" a conclu la commission. Des apprciations qui rassureront ct franais o

    on n'oublie pas qu'on lui avait remis en grande pompe les insignes de grand officierde la Lgion d'honneur, le 1er avril 2002.

    Peu avant sa libration, le prisonnier avait reu la visite rconfortante de laBaronne Ema Nicholson qui, l'poque o il tait Premier ministre, avait dj prisfait et cause pour une autre catgorie, celle-ci pas perscute mais oublie de la soci-t: les orphelins.

    Devant la russite de la rinsertion du dtenu modle, quelques mauvais espritsont suggr que les politiciens roumains commencent leurs mandats par un stage enprison. Mais dans le cas d'Adrian Nastase on risquerait de tomber dans le phnom-ne d'overdose l'ancien Premier ministre doit encore rpondre d'autres faits devantla justice de son pays.

    Nouvelle arnaque en vue pour les propritaires spolis

    Selon un projet de loi initi fin mars

    par Alexandru Mazare, snateur PSD

    et frre du maire de Constantsa Radu

    Mazare, cette municipalit pourrait

    prendre le contrle total du port rou-

    main de la mer Noire, dont elle dtient

    pour l'instant 20 % des actions. La visi-

    te officielle du maire de Rotterdam

    Ahmed Aboutaleb lui a servi d'appui

    pour plaider en faveur du projet. Cette

    rencontre a galement t l'occasion

    d'envisager un axe entre Constantsa et

    le plus grand port d'Europe, troisime

    plus grand port du monde. Fermement

    oppos au projet, Traian Basescu a

    demand au Premier ministre Victor

    Ponta de ne pas permettre ce transfert,

    mais il semble difficile pour ce dernier

    de se prononcer, Radu Mazare tant

    membre de son parti. Le prsident rou-

    main, originaire de Constantsa et

    ancien marin, redoute l'image dplora-

    ble que son maire-voyou, qui s'affiche

    dans les cabarets avec des filles dnu-

    des ou parade en tenue d'officier nazi,

    ne manquera pas de donner de sa ville

    et du pays aux dcideurs conomiques

    trangers. Sans oublier de voir aggra-

    ver la mainmise qu'il exerce dj avec

    son clan sur toute la rgion.

    Le gouvernement a propos un nouveau projet de loiconcernant le ddommagement des anciens pro-pritaires des maisons nationalises, qui pourraitentrer en application incessamment. Ceux qui ne pourront pastre ddommags en nature recevront des points en valeurnominale d'un leu, correspondant la valeur de leur maison.Avec ces points, ils pourront acqurir aux enchres d'autresbiens immobiliers, ou les changer contre de l'argent - aprs2017 - dans la limite de 10% par an de la somme totale despoints, ce qui conduirait la rsolution des litiges en 202737 ans aprs la "Rvolution" et 80 ans aprs que le rgimecommuniste ait entam ses confiscations. S'ils ont la bonnefortune d'tre encore de ce monde, les 100 000 propritairesspolis dont le dossier n'est toujours pas rgl doivent doncs'attendre tre une nouvelle fois mens en bateau d'ici l.

    Le gouvernement Ponta n'a pas le monopole de l'ar-

    naque le prcdent, dirig par Mihai-Razvan Ungureanu(droite) avait propos en 2012 de ne rembourser les ancienspropritaires que dans la limite de 15 % de la valeur de leursbiens. Il est vrai que la nomenklatura a su se servir bien avantd'envisager ces dispositifs restrictifs.

    La somme totale des ddommagements ncessaires venir s'lverait 8,5 milliards d'euros, mais pourrait treminore de 20 25 %, pourcentage correspondant au nombrede dossiers en attente qui ne sont pas valables, faute de preu-ves, souvent cause de la mauvaise volont montre par l'ad-ministration les fournir.

    Par ailleurs, le gouvernement Ponta a dcid de mettre envente une partie des "villas de protocole" destines loger lespersonnalits politiques de haut rang et les hauts fonctionnai-res de l'Etat. Mais il y a belle lurette que les plus intressantesont t cdes la nomenklatura pour une bouche de pain.

    Ce qu'a signifi le "suicide" d'Adrian Nastase et ce que signifie sa libration.

    Ce sont prsent les exporta-tions franaises vers laRoumanie (3 Mds d') quiaugmentent plus vite (+4,2%) que lesexportations roumaines vers la France,qui stagnent (+0,2%) leur plus hautniveau (3,23 Mds d'). Il en rsulte unersorption du dficit commercial que laFrance avait accumul au plus fort de lacrise: celui-ci s'est contract de 34,5% en2012 pour atteindre 220 M. La Franceest reste le quatrime partenaire com-mercial de la Roumanie en 2012.

    Les exportations roumaines se main-tiennent, tout juste, grce aux ventes devhicules automobiles, aprs deux annesde croissance (+30% en 2010 et +5,4%en 2011), la France maintenant cependantsa position de 3me client de laRoumanie. Ce ralentissement correspond

    des volutions dans les deux pays: enFrance, une demande atone et relative-ment sature, en Roumanie, une certainedgradation de la comptitivit de l'in-dustrie.

    De fait, les exportations roumainesvers la France ne se sont maintenues quegrce aux ventes de vhicules automobi-les. La France a en effet import presque1 Md d' de vhicules roumains, ce quireprsente environ un tiers de ses impor-tations de Roumanie. Le rebond de 2012(+22,3%) s'explique notamment par lasortie de nouveaux modles Dacia ausecond semestre 2012 (nouvellesSandero et Logan, Lodgy, succs duDuster). On constate d'ailleurs une explo-sion des immatriculations de la marqueen France dbut 2013 (+68% fvrier2013 / fvrier 2012).

    Les importations roumaines de pro-duits franais dpassent les 3 Mds d'grce une forte demande du secteurindustriel, aprs une croissance de 4,2%en 2011. La France reste ainsi le 4mefournisseur de la Roumanie. La poursuitede la croissance de ses ventes enRoumanie, bien qu' rythme rduit,tmoigne principalement du besoin enquipement de la Roumanie.

    En effet, les ventes franaises sontprincipalement composes de biensncessaires dans le processus de produc-tion du secteur industriel: biens interm-diaires et quipements.

    Ainsi, les exportations d'quipementsmcaniques, lectriques, lectroniques etinformatiques, en hausse de 9,7%, repr-sentent plus d'un tiers des exportationstotales franaises.

    Les changes commerciaux entre la France et la Roumanie se sont rquilibrs en 2012

    Dtenu modle rduqu

    Radu Mazare prendra-t-il le contrledu port de Constantsa?

    Politique

    La reprsentation fminine au parle-

    ment roumain a doubl depuis 1990

    (24 parlementaires, soit moins de 5 %),

    mais reste bien en de de la moyenne

    europenne qui est de 22%.

    Aujourd'hui on compte 68 femmes par-

    lementaires (11,5 %). Lors des derni-

    res lections lgislatives, en dcembre,

    340 femmes s'taient prsentes, dont

    84 pour le seul parti de la minorit hon-

    groise, l'UDMR.

    Minorit fminine

    Politique

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    BUCAREST

    ORADEA

    BAIAMARE

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    TIMISOARA

    ARAD

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    SIBIU

    l

    l

    IASI

    BRASOV

    CONSTANTA

    CRAIOVA

    TARGUMURES

    GALATI

    l

    l

    l

    l

    l

    l

    l

    TULCEA

    SUCEAVA

    BACAUl

    lPITESTI

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    BUZAU

    SLOBOZIA

    l

    l

    l

    ALBA IULIA

    Adrian Nastase rinsre la socit

    Les changes franco-roumains ont atteint un nouveau pic de 6,25 milliards d'euros en 2012, aprs une hausse de 2%,l'anne prcdente. La tendance constate en 2010 et 2011 de forte progression des exportations roumaines commence s'inverser.

    Economie

    Adrian Nastase, condamn deux ans de prison pourfinancement illgal de sacampagne prsidentielle puis libr mi-mars pour bonne conduite, aprs neufmois de dtention (voir page prcden-te) est de nouveau l'objet de poursuites

    pnales, alors qu'il est tout juste sorti deprison. La Justice lui reproche de ne pasavoir respect le rgime des armes et desmunitions.

    A la suite de sa "tentative de suicide"manque du 21 juin 2012, consquencede sa condamnation, les policiers avaient

    saisi de nombreuses cartouches dtenuessans autorisation son domicile.

    De l suggrer que, finalement,pour chapper aux sanctions l'exPremier ministre aurait mieux fait de nepas se rater, l'action pnale s'teignantalors d'elle mme...

    De l'inconvnient de rater son suicide

  • Actualit

    Inflation plus de 5 %

    Selon l'Institut national des statis-tiques (INS), le taux d'inflation annuel estpass de 5,97% au mois de janvier 5,65% en fvrier. D'aprs l'INS, l'aug-mentation moyenne des prix au cours des12 derniers mois par rapport aux 12 moisprcdents est de 3,8%. La Banque cen-trale prvoit un taux d'inflation annuel de5,2 % pour la fin du premier trimestre2013, et de 5,9% pour le deuxime tri-mestre. L'institution montaire prvoitnanmoins un taux d'inflation annuel de3,5% pour les deux derniers trimestres, etde 3,2% pour 2014.

    La BEI accorde une rallonge

    Le prsident de la Banque europen-ne d'investissement (BEI), Werner Hoyer,en visite officielle Bucarest a dclarque la Roumanie pourrait obtenir 700 900 millions d'euros de prt cette anne,soit deux fois plus que l'an dernier. Leprsident de la BEI a indiqu que cesprts pourraient tre utiliss dans les prin-cipaux secteurs de l'conomie roumaine,notamment pour les petites et moyennesentreprises, et pour cofinancer des projetssoutenus par les fonds europens dedveloppement.

    OMV Petrom et Repsol s'allient

    La compagnie OMV Petrom s'estrcemment associe au gant espagnoldes hydrocarbures Repsol pour trouverdu ptrole plus de 2500 mtres sousterre dans quatre primtres situs dans lesud des Carpates. Les deux groupes vontinvestir prs de 50 millions d'euros surles deux prochaines annes pour entre-prendre des forages en grandes profon-

    deurs, dans des couches qui n'ont encorejamais t explores. Le partenariat avecRepsol est le troisime du genre pour lasocit roumaine contrle par le groupeautrichien OMV. Depuis 2008, elle tra-vaille avec l'Amricain ExxonMobil aularge des ctes roumaines de la merNoire, et en 2010, elle s'est associe avecHunt Oil dans l'est du pays.

    OMV Petrom est le plus gros groupeptrolier d'Europe du sud-est. Il est pr-sent en Roumanie, en Rpublique deMoldavie, en Bulgarie et en Serbie.L'anne dernire, il a obtenu un profit de885 millions d'euros, le plus importantjamais enregistr Roumanie, toutesindustries confondues.

    Rcoltes en forte baisse en 2012

    La production de bl et de mas a for-tement baiss en 2012 par rapport l'an-ne prcdente en Roumanie, jadis consi-dre comme le "grenier de l'Europe",notamment en raison de la scheresse, aannonc l'Institut national des statistiquesroumain. La production de bl a baiss de1,9 million de tonnes (- 28,4 %) par rap-port 2011, lorsque la Roumanie avaitengrang une rcolte record, soit7,1 millions de tonnes. En 2012, le paysdisposait pourtant de la cinquime pluslarge surface totale cultive de bl dansl'Union europenne.

    En tte en ce qui concerne les surfa-ces cultives de mas, avec 2,7 millionsd'hectares, il a vu sa rcolte rduite de52 % en 2011, 5,9 millions de tonnes desemoule. En Roumanie, o les agricul-teurs sont souvent encore amens culti-ver leurs terres l'aide des chevaux, lerendement agricole est infrieur lamoyenne europenne. L'Institut a cepen-dant prcis que les surfaces cultives et

    les rcoltes ont baiss en 2012 dans l'en-semble de l'UE.

    La terre ceux qui la cultivent

    Jurnalul National a dvoil une par-tie du projet de loi du gouvernementconcernant l'achat de terres arables pardes investisseurs trangers. Les autoritsroumaines souhaitent notamment que lestrangers qui se portent acqureurs de ter-res arables en Roumanie soient eux-mmes agriculteurs."La loi ne se veut pasdiscriminatoire, a affirm le Secrtaired'Etat au ministre de l'Agriculture,Achim Irimescu, mais elle se propose deprotger les investissements." Ces dixdernires annes, les trangers ont achetplus d'un million d'hectares de terres ara-bles en Roumanie. A ce propos, JurnalulNational crit: "Les investisseurs tran-gers disposent de certaines facilits queles agriculteurs roumains n'ont pas. Cesderniers ne peuvent donc pas leur faireconcurrence sur le march foncier." Fin2011, la superficie agricole dtenue parles trangers en Roumanie se chiffrait plus de 700 000 hectares, soit 8,5% desterres arables du pays.

    Michelin se centre sur la Roumanie

    Michelin a dcid de fermer sa repr-sentation commerciale en Grce, o ellen'avait pas d'usine de production, et deregrouper le traitement de ses oprationsdans cette rgion de l'Europe, soit 12pays, y compris la Hongrie, en Rou-manie. La compagnie dispose de 3 usinessur le sol roumain: deux Zalau (Salaj) etune Floresti (Prahova). Elle en possdeen tout 40 en Europe, employant 64 000personnes.

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    TULCEATIMISOARA

    SUCEAVA

    lPITESTI

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    Le gouvernement roumain a ouvert la vente de 15 % des actions de Transgaz, lacompagnie publique sp