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1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE Actualité Elections européennes Moldavie Politique Economie, Social Société Evénements Vie quotidienne Enseignement, Emigration Environnement Minorités Insolite Sports Page photos Connaissance et découverte Cinéma, Littérature Médias Histoire Révolution an XX Carnet de route Tourisme, Humour Abonnements Coup de coeur Numéro 54 - juillet - août 2009 Lettre d’information bimestrielle Les de R ien de plus embarrassant que de répondre à la curiosité au retour d'un voyage en Roumanie… "Alors, est-ce que çà change ? Les choses s'amé- liorent tout de même ?". On aimerait tellement abonder dans ce sens, dire que çà va mieux, surtout depuis l'entrée du pays dans l'Union Européenne… mais ce serait trahir les Roumains dont beaucoup désespèrent de voir une éclaircie. Alors, on s'en sort par une pirouette : "Çà se modernise"… Oui, rien de plus décourageant que de rabâcher le même constat: une classe diri- geante veule, quelque soit sa couleur politique, consternante d'incompétence, dont la corruption généralisée gangrène toute la société. Au moins, les Roumains ne s'y trom- pent-ils pas. Lors des récentes élections européennes, seulement un sur quatre a voté. Quelques électeurs ayant conservé leur sens de la dérision, ont coché tous les candi- dats à la fois. "Tous bons à mettre dans le même panier !", "De toutes façons, çà ne changera rien" sont les réflexion les plus couramment entendues ici… Les élections passées, cette classe politique s'est agitée, empoignée devant les téléspectateurs. Allait-on assister à la chute du gouvernement de coalition aux affaires depuis six mois ? "Allons, soyons sérieux" commenta un analyste, ajoutant cynique- ment "ils n'ont pas eu assez de temps pour se remplir les poches". Vu de l'extérieur, de France notamment où le souvenir des années trente, mar- quées par un antiparlementarisme viscéral qui faillit faire chuter la République, est encore présent dans les mémoires, certains pourraient s'émouvoir de ce fatalisme en forme de rejet. Pour s'en alarmer, il faudrait cependant que la Roumanie ait une démo- cratie digne de ce nom. Or les Roumains ont honte du spectacle auquel elle les convie. Ils sont mortifiés d'être représentés à Strasbourg par une vamp de 27 ans, Elena Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai- res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu milliardaire, par un démagogue xénophobe enrichi, Vadim Tudor, qui commença sa carrière en versifiant des odes à la gloire d'Elena Ceausescu, ou tout simplement par la maîtresse attitrée du chef du Parti Libéral, posant à ses côtés sur les affiches électorales. Car voilà - avec quelques autres candidats, sans-doute plus présentables mais ne suscitant guère plus de confiance - le choix auquel les formations politiques conviaient les électeurs. Alors, les Roumains en ont pris leur parti. Ils ignorent leur démocratie. Chacun construit son quotidien à sa manière, entreprend, étudie, aime, rêve. Parents attention- nés, jeunes débordants de vitalité… les rues de Bucarest savent être joyeuses et la Roumanie rappeler qu'elle est belle, qu'elle veut vivre, en dépit et en dehors de ses dirigeants. Tout simplement, la vie est ailleurs... Henri Gillet La vie est ailleurs… 2 et 3 4 à 7 8 et 9 10 à 13 14 à 17 18 et 19 20 à 22 23 24 à 26 27 28 à 30 31 32 à 35 36 et 37 38 et 39 40 et 41 42 à 49 50 51 52 Vacanta placuta! Bonnes vacances!

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Page 1: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

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NOUVELLEs

ROUMANIESOMMAIRE

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Elections européennes

Moldavie

Politique

Economie, Social

Société Evénements

Vie quotidienne

Enseignement, Emigration

Environnement

Minorités

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Connaissance et découverte

Cinéma, Littérature

Médias

Histoire

Révolution an XX

Carnet de route

Tourisme, Humour

Abonnements

Coup de coeur

Numéro 54 - juillet - août 2009

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

Rien de plus embarrassant que de répondre à la curiosité au retour d'unvoyage en Roumanie… "Alors, est-ce que çà change ? Les choses s'amé-liorent tout de même ?". On aimerait tellement abonder dans ce sens, dire

que çà va mieux, surtout depuis l'entrée du pays dans l'Union Européenne… mais ceserait trahir les Roumains dont beaucoup désespèrent de voir une éclaircie. Alors, ons'en sort par une pirouette : "Çà se modernise"…

Oui, rien de plus décourageant que de rabâcher le même constat: une classe diri-geante veule, quelque soit sa couleur politique, consternante d'incompétence, dont lacorruption généralisée gangrène toute la société. Au moins, les Roumains ne s'y trom-pent-ils pas. Lors des récentes élections européennes, seulement un sur quatre a voté.Quelques électeurs ayant conservé leur sens de la dérision, ont coché tous les candi-dats à la fois. "Tous bons à mettre dans le même panier !", "De toutes façons, çà nechangera rien" sont les réflexion les plus couramment entendues ici…

Les élections passées, cette classe politique s'est agitée, empoignée devant lestéléspectateurs. Allait-on assister à la chute du gouvernement de coalition aux affairesdepuis six mois ? "Allons, soyons sérieux" commenta un analyste, ajoutant cynique-ment "ils n'ont pas eu assez de temps pour se remplir les poches".

Vu de l'extérieur, de France notamment où le souvenir des années trente, mar-quées par un antiparlementarisme viscéral qui faillit faire chuter la République, estencore présent dans les mémoires, certains pourraient s'émouvoir de ce fatalisme enforme de rejet. Pour s'en alarmer, il faudrait cependant que la Roumanie ait une démo-cratie digne de ce nom. Or les Roumains ont honte du spectacle auquel elle les convie.

Ils sont mortifiés d'être représentés à Strasbourg par une vamp de 27 ans, ElenaBasescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu milliardaire, par undémagogue xénophobe enrichi, Vadim Tudor, qui commença sa carrière en versifiantdes odes à la gloire d'Elena Ceausescu, ou tout simplement par la maîtresse attitrée duchef du Parti Libéral, posant à ses côtés sur les affiches électorales. Car voilà - avecquelques autres candidats, sans-doute plus présentables mais ne suscitant guère plusde confiance - le choix auquel les formations politiques conviaient les électeurs.

Alors, les Roumains en ont pris leur parti. Ils ignorent leur démocratie. Chacunconstruit son quotidien à sa manière, entreprend, étudie, aime, rêve. Parents attention-nés, jeunes débordants de vitalité… les rues de Bucarest savent être joyeuses et laRoumanie rappeler qu'elle est belle, qu'elle veut vivre, en dépit et en dehors de sesdirigeants. Tout simplement, la vie est ailleurs...

Henri Gillet

La vie est ailleurs…2 et 3 4 à 7

8 et 910 à 13

14 à 17 18 et 1920 à 22

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Vacanta placuta!Bonnes vacances!

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Les élections européennes du 7 juin dernier ont montré une nouvelle fois

le peu de considération que les Roumains témoignait à l'encontre de

leur classe politique, même si ce scrutin est par essence peu mobilisa-

teur. Le principal enseignement à en tirer est le très faible taux de participation

(27,7 %). C'est moins que pour les premières élec-

tions européennes, en 2007, qui avaient compté

28,8 % de votants.

La Roumanie fait partie des pays où l'absentéis-me aux élections européennes a été le plus fort, seu-les la Lituanie, la Slovénie et la République Tchèquefaisant moins bien. Ce chiffre est également à mettreen relation avec celui des dernières élections législa-tives de 2008, où seulement 39,3 % des Roumainsavaient voté, au lieu de 60 % et plus auparavant.

Le Parti social démocrate (PSD, ex-communis-tes) est arrivé en tête. Avec 31,07% des voix, il obtient11 sièges et devance de peu le Parti démocrate-libéral(PD-L, Basescu), 29,71 %, qui en totalise 10. Le Partinational libéral (PNL, opposition) remporte 14,52%des suffrages et 5 sièges. L'Union démocrate des Magyars de Roumanie (UDMR), avec8,92%, est talonnée par le Parti de la Grande Roumanie (PRM), qui atteint 8,65%. Lesdeux formations compteront trois députés chacune à Strasbourg où siègera égalementElena Basescu (photo ci-dessus), la fille du président,candidate indépendante (4,22%).Avec respectivement 1,45%, 1,03% et 0,40%, ni le Parti national paysan chrétiendémocrate (PNTCD), ni le candidat indépendant Pavel Abraham, ni le parti FortaCivica ne décrochent de mandat, n'ayant pas obtenu 3% des suffrages.

Querelle pour le poste de commissaire européen

Le scrutin a été suivi par une forte tension au sein de la coalition gouvernementa-le, formée depuis la fin 2008 entre le PSD et le PD-L, excluant le PNL et l'UDMR, cha-cune des deux formations réclamant la victoire et donc le siège de commissaire euro-péen promis à la Roumanie (peut-être celui de l'agriculture comme le suggère laFrance?). Le PD-L, renforcé par la mascarade d'Elena Basescu qui l'a réintégré dès laproclamation des résultats (l'ancien mannequin de 27 ans s'était présentée en indépen-dante, certains dirigeants du PD-L n'appréciant pas le mélange des genres, s'étant oppo-sés à ce que la vamp ait une place éligible), revendiquait la pole position. La questionest toujours en suspens. Le PSD a beau menacer de quitter le gouvernement, peu d'ob-servateurs croient à une crise dans l'immédiat, bien que se profile l'élection présiden-tielle à la fin de l'année et que son alliance avec le PD-L soit contre nature. Avec cynis-me (ou réalisme ?), un journaliste, évoquant ministres et les nominations auxquelles ilsont procédé aux postes de dirigeants à travers le pays affirmait: "En six mois, ils n'ontpas encore eu assez le temps de se remplir les poches".

Des représentants qui font honte

Nombre de Roumains se montrent choqués par le choix de leurs représentants àStrasbourg et leur piètre qualité. Suivant le modèle Berlusconi, des dirigeants de partisn'ont pas hésité à faire figurer leur maîtresse en position éligible sur leur liste et surleurs affiches électorales, comme Crin Antonescu (PNL). Le forcing du présidentBasescu pour positionner sa fille, lui attribuant des études en Amérique qu'elle n'amenées que très partiellement, et que ses compatriotes, au vu de ses déclarations, consi-dèrent plutôt du genre "Sois belle et tais-toi", ne rehausse pas le niveau de la déléga-tion roumaine.

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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BRAILA

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La Roumanie sera représentéepar 33 europarlementaires à Stras-bourg : 11 PSD, 11 PD-L (10 + ElenaBasescu), 5 PNL, 3 PRM, 3 UDMR.

PSD (Parti Social Démocrate,anciens communistes) : AdrianSeverin, Rovana Plumb, Ioan MirceaPascu, Adriana Ticau, DacianaSarbu, Corina Cretu, VictorBostinaru, Sabin Cutas, Catalin SorinIvan, Ioan Enciu, Viorica Dancila

PD-L (Parti Démocrate-Libéral,Basescu): Theodor Stolojan, MonicaMacovei, Traian Ungureanu, CristianPreda, Marian Jean-Marinescu, IosifMatula, Sebastian Bodu, Petru-Constantin Luhan, Rares Niculescu,Elena-Oana Antonescu + ElenaBasescu.

PNL (Libéraux, opposition):Norica Nicolai, Adina Valean, RenateWeber, Ramona Manescu, CristianBusoi.

Les trente troiseuroparlementairesroumains à Strasbourg

Seulement un Roumain

CHISINAU

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Vie internationale

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Mais le comble de l'indignité leur paraît atteint avec lesmandats obtenus par Corneliu Vadim Tudor et Gigi Becali,deux "forts en gueule" vulgaires, démagogues, ultra-nationa-listes ou xénophobes, magouilleurs, s'injuriant mutuellementjusqu'à ce que le second mette sa fortune au service du "senspolitique" du premier, le rejoigant au sein de son parti (PRM,Parti de la Grande Roumanie), les deux candidats réussissant àse faire élire et, ainsi, grâce à leur immunité parlementaire à semettre à l'abri des poursuites judiciaires dont au moins le

second est l'objet en Roumanie.Dans un premier temps, il s'est agi d'un coup raté pour

Gigi Becali, sorti opportunément de prison en avril dernier(sur l'intervention de qui?) afin de pouvoir mener campagne:le procureur lui avait interdit de quitter le pays et donc de serendre à Strasbourg, avant de se raviser. Qu'importe... l'ancienberger devenu milliardaire et patron du Steaua, considérécomme l’homme le plus riche de Roumanie, clamait bien hautqu'il n'en avait rien à faire, car il avait son avion personnel.

sur quatre s'est déplacé pour aller voter le 7 juin dernier

nouveau désaveu pour la classe politique roumaine

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Elections européennes :

Dans un éditorial paru dans

"Evenimentul zilei"("L'Evènement du Jour"),

quelques jours avant le scrutin du 7

juin, et repris la "Le CourrierInternational", Andrei Postelnicu,

conseiller auprès du président du

Sénat roumain, faisait part de sa frus-

tration devant le fonctionnement d'une

Europe à deux vitesses, privilégiant les

pays occidentaux.

"A la veille des élections européen-nes, une série d'événements donne uneimage angoissante de l'Union, et en parti-culier de la place qu'occupe notre régionen son sein.

Premièrement, le cap des cinq ans dela première vague d'élargissement auxpays de l'ancien bloc communiste vientd'être franchi. Mais cet anniversaire estpassé inaperçu, avec une absence de fes-tivités officielles qu'on peut presque qua-lifier de grossière, étant donné l'énormeappétit des institutions européennes pource genre d'événement.

La raison ? Les leaders ouest-euro-péens voudraient, pour la plupart, qu'onoublie leur rôle dans l'élargissement, euégard aux craintes profondes de leursélectorats vis-à-vis du plombier polonais,du menuisier tchèque, etc. Sur fond d'une

crise qui amplifie encore les attitudesirrationnelles du public envers la mondia-lisation et le capitalisme, personne n'aenvie de célébrer un événement qui aexposé à plus de concurrence les douilletsprolétaires ouest-européens.

Deuxièmement, l'Allemagne etl'Autriche ont décidé de continuer àimposer aux ressortissants des huit paysex-communistes des restrictions à l'accèsà leur marché du travail. Une mesure per-çue comme insultante, d'autant qu'ellevient de deux pays qui ont largement pro-fité des fruits de l'élargissement de l'UEen termes de nouveaux marchés et denouveaux sites de production. Nous som-mes face à un message clair : que certainsaient bénéficié de cette manne ne signifiepas que l'on doive s'attendre à ce qu'ilsrenvoient l'ascenseur, comme le veut lafameuse solidarité européenne, qui, defait, n'existe que sur le papier.

les dérapages nationalistes etprotectionnistes des Occidentaux

Troisièmement, une étude récenteconclut que la libre circulation des tra-vailleurs contribue pour quelque 50milliards d'euros par an au PIB del'Union. Lorsque la crise sera finie, cette

somme sera multipliée par deux, affirmela même étude, sponsorisée par… laCommission européenne. Le message?La réalité économique ne justifie pas lesdérapages nationalistes et protectionnis-tes des Occidentaux.

Quatrièmement, la Commission adéclaré qu'elle prendrait des mesures derétorsion contre la Roumanie (et elle l'afait), parce que, avec un déficit budgétai-re de plus de 3 %, celle-ci contrevient àl'une des principales dispositions du pactede stabilité. Le fait que des pays commela France ou l'Allemagne dépassentdepuis longtemps ce taux sans se voirpénaliser est un sujet que l'on ne doit pasévoquer, parce que ce n'est pas poli. Quefaut-il comprendre ? Que même dans uneUnion solidaire, certains sont plus égauxque d'autres.

Aucun de ces messages n'est unenouveauté. Toutefois, leur accumulationen un laps de temps aussi court, en pleinecrise, souligne à quel point la Roumanieet ses sœurs ex-communistes sont seules,dans une Union Européenne où chacunfait en réalité ce qui est le mieux pour lui,même si dans les discours c'est le biencommun qui prévaut".

Andrei Postelnicu

(Evenimentul Zilei)

Andrei Postelnicu :"La fameuse solidarité européenne n'existe que sur le papier"

Tribune

Barack Obama a nommé Mark Gitenstein nouvel ambassadeur américain à Bucarest. Legrand-père paternel du diplomate, Israël Gitenstein, avait la nationalité roumaine, étantoriginaire de Bessarabie (actuellement République de Moldavie), qui faisait partie alors

de la Roumanie. Sa famille avait émigré en uite aux USA pour se fixer dans l'Alabama et se lanceravec succès dans les affaires. Mark Gitenstein a travaillé 17 ans au sénat comme collaborateur deJoë Biden, actuel vice-président des USA, avant de devenir son conseiller lors de la dernière élec-tion présidentielle.

Racines roumaines pour le nouvel ambassadeur USPRM (Parti de la Grande

Roumanie): Corneliu Vadim Tudor,Gigi Becali (notre photo), CiprianClaudiu Tanasescu

UDMR (Union Démocratique desMagyars de Roumanie) : LaszloTokes, Iuliu Winkler, Sogor Csaba.

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

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SUCEAVA

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lCHISINAU

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l Deux mois après les manifestations du 7 avril dernier qui ont vu des

milliers de jeunes et de démocrates moldaves descendre dans la rue

pour protester contre la manipulation d'élections ayant reconduit

avec une confortable majorité les communistes du Président Vladimir Voronine

au pouvoir, la petite République de Moldavie est toujours dans l'impasse.

Le Parti communiste avait certes remporté 60 des 101 sièges du Parlement lorsdes législatives le 5 avril dernier, mais il s'agissait d'une victoire à la Pyrrhus.L'opposition a ensuite boycotté l'élection d'un nouveau chef de l'Etat par ce mêmeParlement, privant ainsi le PC de la majorité des trois cinquièmes requise, soit 61 suf-frages, pour faire élire son candidat, la Première ministre sortante, Zinaida Greceanii.Pour s'assurer qu'il n'y aurait aucune défection ou ralliement, les partis d'oppositionavaient demandé à leurs élus de sortir au moment du vote. La constitution moldaveprévoyant que si le Parlement ne parvient pas au bout de deux tentatives à élire le Chefde l'Etat, cette assemblée est dissoute, provoquant de nouvelles élections. Les citoyensmoldaves sont donc appelés à nouveau à voter, fin juillet, le Président Voronine, quin'a pas le droit de se présenter pour un troisième mandat, restant en fonction jusque là,la Première ministre expédiant les affaires courantes.

Précautions pour ne pas risquer une nouvelle mésaventure

Toutefois le pouvoir en place semble avoir pris ses précautions pour ne risquer dese trouver confronter à une nouvelle mésaventure. L'élection a été fixée au 29 juillet,soit un mercredi et non un dimanche, ce qui est une nouveauté. "Les communistes veu-lent des élections un jour de travail pour qu'une minorité de la population active yparticipe. Les communistes veulent que seuls leurs électeurs votent: les retraités", adéclaré à l'AFP Serafim Urechean, chef de l'Alliance Notre Moldavie.

Vladimir Voronine s'est égale-ment lancé dans une diatribe enrègle de ses opposants, afin de lesdéconsidérer et de faire peur à l'é-lectorat, les accusant d'aggraverles difficultés économiques etpolitiques du pays en refusant uncompromis avec le pouvoir.

Le Président qui s'est fait élireégalement président du Parlementen mai, afin de garder la haute

main sur le pouvoir - à l'image de Poutine en Russie, devenu Premier ministre - dansun pays où le régime est théoriquement parlementaire, a également fait voter dans l'in-termède deux dispositions électorales qui l'arrangent. La participation aux scrutins nedevra plus être de 50 % pour qu'ils soient validés, mais de 33 %. Le 5 avril dernier,celle-ci avait oscillé autour du premier seuil, un coup de pouce bienvenu lui permet-tant finalement de franchir ce cap fatidique et ainsi d'éviter l'annulation de l'élection.D'autre part, le seuil pour que les partis soient représentés au Parlement a été ramenéde 6 à 5 % (les communistes voulaient 3 %), sans-doute, soupçonne l'opposition, pourpermettre l'émergence de petites formations facilement manipulables. Enfin, lesalliances électorales ne sont toujours pas autorisées, ce qui fait l'affaire du pouvoir enplace, les opposants ne parvenant pas à dégager une ligne de conduite commune.

Reprise en main

Ces dispositions ne sauraient masquer l'étendue de la reprise en main de l'opinionentreprise par le régime, usant de l'intimidation auprès des étudiants, des jeunes, desintellectuels et des partis démocratiques.

Une proposition de loi faisant dudrapeau russe un "emblème national"a été adoptée, jeudi 28 mai, par leParlement de la république sécessio-niste de Transnistrie. Le drapeaurusse, bleu, blanc, rouge, apparaîtraaux côtés du drapeau rouge et vertde la république sécessionniste et du"drapeau de la Victoire" qui symbolisela victoire de l'Union soviétique sur lenazisme lors de la Seconde Guerremondiale.

L'initiative qui a pour but de "sym-boliser le processus d'harmonisationde la législation transnistrienne surcelle de la Fédération de Russie" afait évidemment bondir les autoritésmoldaves mais embarrasse aussi laRussie qui n'a pas été consultée ets'efforce de sauvegarder ses rela-tions privilégiées avec la Moldavie.

Depuis 1991, Moscou a apportéun soutien économique vital auxautorités de Tiraspol et accordé desdizaines milliers de passeports auxhabitants de Transnistrie. Pourtant,elle n'a jamais reconnu la républiqueséparatiste, préférant entretenir lestatu quo dans cette zone de non-droit située à la charnière entrel'Union européenne et son ancienempire.

"La Russie n'a pas forcémentenvie d'intégrer un territoire aveclequel elle n'a pas de continuité terri-toriale et qui n'offre pas de débouchésur la mer", commente FlorentParmentier, spécialiste de la région,ajoutant "elle ne souhaite pas nonplus compromettre les intérêts trèsimportants qu'elle a avec le régimecommuniste de Chisinau".

Les électeurs convoqués

La Transnistrie adoptele drapeau russe

Moldavie

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

de Voronine ne sait plus très bien où elle vaA la suite des manifestations d'avril, des lycéens ont été

semoncés dans leurs établissements, des listes d'absents dres-sées, des étudiants menacés, certains ont été battus, des jour-nalistes licenciés. Dans tous ces milieux, l'abattement prédo-mine aujourd'hui et la tentation de l'exil grandit dans un payssans perspective.

Seule lueur d'espoir: comme en Iran, il semblerait que lepouvoir soit divisé autour d'un Voronine âgé - 68 ans - quisemble dépassé par la tournure des évènements, sous l'influen-ce de son entourage, lequel l'incite à durcir son attitude afin deconserver ses privilèges (son fils Oleg est la plus grosse fortu-ne du pays), mais écoutant parfois ceux qui l'invitent à plus desouplesse pour sauvegarder l'essentiel. D'où les valses-hésita-tions qui ont marqué les journées de début avril. Une manifes-tation pacifique de jeunes exprimant leur désespérance au

début, transforméeen émeute par desprovocateurs (notrephoto, page ci-contre), culminantavec le saccage dessièges du Parlementet de la Présidence,afin de monter l'opi-nion contre eux etjustifier la répression. Puis des gestes de conciliation, suivis derodomontades, notamment à l'égard de la Roumanie, présentéecomme la main diabolique ayant provoqué ces débordements.Engoncée dans l'impasse, la Moldavie de Voronine ne sait plustrès bien où elle va. Henri Gillet

à nouveau aux urnes le 29 juillet prochain

Bulgarie, Moldavie: des "révolutions" qui se suivent… et se ressemblent

Sofia, janvier 2009, Chisinau,

avril: les manifestations qui

ont enflammé les deux capi-

tales présentent beaucoup de similitu-

des. Des mouvement brefs et violents,

des doutes sur les origines des événe-

ments et le rôle de la police, une forte

mobilisation des jeunes... Et dans les

deux cas, des " révolutions " avortées.

Une mise en perspective du quotidien

bulgare Dnevnik, reprise par Ivan

Radev (Le Courrier des Balkans.com).

“Après la "Révolution des tulipes" auKirghizistan, la "Révolution orange" enUkraine, la "Révolution des roses" enGeorgie, les politologues ont nommé"Révolution twitter" (révolution surInternet), les mouvements de protestationqui ont éclaté à Chisinau en avril dernier.

Dans un premier temps, les événe-ments qui ont secoué la Moldavie ont étéinscrits dans la lignée des mouvementsrévolutionnaires qui s'étaient emparés desanciennes républiques soviétiques etavaient mené à la débâcle les régimespro-russes. Puis des analogies ont été fai-tes avec la révolte roumaine de 1989contre le régime Ceausescu, dans lamesure où les manifestants moldavesscandaient les mêmes slogans qu'àTimisoara, il y a vingt ans. Cependant, ilest très vite devenu évident que ce qui sepassait en Moldavie n'amènerait pas dechangement de régime, ce qui rendait ces

comparaisons inappropriées.La "Révolution twitter", ainsi nom-

mée d'après le nom du site web de réseau-tage utilisé pour propager les idées révo-lutionnaires et pour organiser le mouve-ment, présenterait plutôt des similitudesavec les évènements qui se sont produitsen Bulgarie au début du mois de janvier.Dans les deux cas, les similitudes étaientnombreuses : il ne s'agissait pas tout à faitde véritables révolutions, puisqu'il n'y apas eu de changement de régime, le weba été utilisé, les manifestations ont sur-tout mobilisé des jeunes, et les revendica-tions avaient pour toile de fond la colèrecontre le manque de perspectives pourl'avenir. La Moldavie et la Bulgarie sontles pays les plus pauvres, respectivementd'Europe et d'Union européenne (UE).

Des policiers qui se tournent les

pouces… avant de matraquer

Aussi, dans les deux cas, le premièrejournée de manifestation fut particulière-ment violente. Nous en conviendrons,ceci n'est pas tellement inhabituel dans cegenre de situation. Mais à Sofia comme àChisinau, l'idée subsiste selon laquelle lechaos aurait, en réalité, été voulu par lepouvoir, avec l'objectif de discréditer lesmanifestations.

Ainsi, à Sofia, des supporters defootball ont été "invités" à se rendre

devant l'Assemblée nationale, tandis qu'àproximité, des policiers ont observé sansrien faire, pendant près d'une heure, lesactes de vandalisme perpétrés par leshooligans, et sont ensuite intervenus pourmatraquer tout le groupe de manifestants,y compris les plus pacifistes d'entre eux.

En Moldavie, des individus ont rava-gé et incendié deux bâtiments gouverne-mentaux, et ont déployé sur les toits deChisinau des drapeaux de la Roumanie etde l'UE. Chose étrange, sur les enregistre-ments vidéo de la manifestation, on voittrès clairement que le jeune homme ayantaccroché les drapeaux étrangers, sur lestoits du Parlement et du Palais présiden-tiel, est la même personne. Un seul indi-vidu n'aurait pas pu pénétrer dans lesbâtiments et se retrouver sur les toits,sans avoir reçu une aide de l'intérieur.

De plus, sur les images diffusées parla chaîne CNN, on voit très nettement quel'opération d'accrochage des drapeaux(qualifiée par le Président moldaveVladimir Voronine de "plus grande humi-liation de l'histoire du pays") est enca-drée par deux policiers, positionnés à unedizaine de mètres du jeune homme. Unautre enregistrement montre que, peu detemps avant que la manifestation nedébute, un officier détruisait un mur depierres à côté du Palais Présidentiel, pourapprovisionner en projectiles le cortège.

(lire la suite page 6)

Dans l'impasse, la Moldavie

Point de vue

Tiraspol

Page 4: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Actualité

Depuis lors, la Transnistrie (4100 km2; 555 000 habitants,en majorité russophones, capitale: Tiraspol, monnaie: le roubletransnistrien), où les troupes russes sont toujours présentes,tout en se faisant discrètes, est devenue un territoire contrôlépar les mafias russes, trafic d'armes, de drogue et d'êtreshumains à la clé, dirigé par une clique menée par Igor Smirnof.

La Transnistrie, véritable

épine dans le pied de Chisinau

La Transnistrie, qui réclame toujours son rattachement à laRussie (elle a organisé en 1986 un référendum-plébiscite dansce sens - 80 % de oui - non reconnu par la communauté inter-nationale) représente une épine dans le pied de la Moldavie,dont joue à double titre Moscou. Sachant que Chisinau ne veutpas entendre parler d'une amputation de son territoire, lesRusses en laissent planer la menace pour qu'elle ne soit pastentée de rejoindre l'OTAN et l'UE. A l'égard des occidentaux,ils laissent filtrer leur intention de lui appliquer le sort de laGeorgie, si elle était tentée de franchir le "Rubicon" duDniestr, ou d'absorber immédiatement la Transnistrie s'ils luiouvrent la porte de l'OTAN.

Depuis 1992, sous le chantage cons-tant de couper le gaz et l'électricité,Moscou, qui considère la Moldaviecomme relevant de sa sphère d'influenceexclusive, fait pression sur les électeursmoldaves afin qu'ils votent pour les par-tis amis de la Russie. Les communistessont ainsi revenus au pouvoir en 2001,emmenés par Vladimir Voronine, unrussophone lié à Moscou, réélu prési-dent en 2005.

Les législatives d'avril dernier, auxrésultats contestés, ont confirmé la pré-éminence des communistes, maisdéclenché des manifestations de jeuneset de démocrates tournant à l'émeute.Vladimir Voronine n'ayant plus le droitconstitutionnel de se représenter s'est fait élire président de lachambre des députés, fonction essentielle dans un régime quise présente comme parlementaire. Toutefois, les communistesqui ne disposent que de 60 élus sur 101 au Parlement, n'ont pasréussi, à une voix près, à réunir la majorité des trois cinquiè-mes qui leur aurait permis de porter à la présidence leur candi-dat, la Première ministre sortante Zinaida Greceanii, laquelleexpédie actuellement les affaires courantes. Le régime se trou-ve ainsi dans l'impasse et est contraint d'avoir recours à denouvelles élections qui se dérouleront fin juillet.

Ruinée par la perte de ses marchés traditionnels

La Moldavie qui était le principal fournisseur de vin, de

légumes et de fruits des anciennes républiques soviétiques estdevenue après la chute de l'URSS en 1991 un des pays les pluspauvres d'Europe - en 2007, elle était même considéréecomme le plus pauvre - alors que son niveau de vie était autre-fois envié par ses voisins, dont les Roumains. Le gouverne-ment moldave assure un salaire minimum de 58 €. En mai2008, le salaire moyen était de 150 € dans le pays et de 260 €à Chisinau.

La perte de certains marchés traditionnels, la dépendanceénergétique au gaz russe, et la sécession de la Transnistrie, ontprovoqué la chute dramatique du PIB qui était en 2006 le plusbas d'Europe, malgré une forte croissance économique (plusde 8 % en 2005 depuis l'an 2000, 8,1% estimé en 2008). Celaest dû aussi au manque de réformes structurelles et à une éco-nomie souterraine évaluée à près de 40 % du PIB, provoquantune inflation à deux chiffres (entre 12 % et 15 % par an) et undéficit commercial important, financé en partie par les trans-ferts d'argent des Moldaves qui travaillent à l'étranger.

Le pays le plus francophone d'Europe

La Moldavie doit-elle se résigner àson sort ? Conscient de l'impasse danslaquelle elle se trouve, son présidenttente des pas de deux, sans stratégiebien définie: l'un en direction de l'UE,l'autre vers Moscou pour rassurer sestuteurs. La Roumanie s'est faite la pre-mière avocate de sa petite sœur àBruxelles, pour lui ménager un avenireuropéen. L'été dernier, NicolasSarkozy a entrouvert une porte, en tantque président en exercice de l'UE,affirmant que des aménagementsdevaient être trouvés pour faciliter unrapprochement.

La France a une responsabilitéparticulière. La Moldavie est le pays leplus francophone d'Europe avec 2500

professeurs qui y enseignent notre langue, alors qu'on n'encompte que 87, côté allemand. Des villages portant des nomsfrançais existaient autrefois dans les régions viticoles annexéesà l'Ukraine, témoignant de la présence de vignerons venus s'yinstaller.

A bien des égards, les Moldaves entretiennent avec laRoumanie des relations que l'on retrouve dans l'histoire de laFrance. Un peu Alsaciens, enjeu de ses deux grands voisins,sommés sans arrêt de choisir entre Moscou et Bucarest, mêmesi leur sentiment profond ne fait pas de doute. Un peuQuébécois aussi… Ces "maudits" Roumains les ont laissétomber et ne se privent pas de se moquer avec arrogance deleur accent et de leurs manières. Les épreuves leur ont appor-té cependant une certitude: ils sont Moldaves !

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Selon la police moldave, les révo-lutionnaires ont demandé aux agentsde les accompagner sur le toit duParlement, ces derniers s'étant poli-ment exécutés. Le mur mis en miet-tes aurait été détruit parce que lespoliciers voulaient faire circuler unevoiture qui ne pouvait passer par lavoie d'accès normale.

Une violence attisée

S'il est peu probable que la com-plicité du pouvoir dans les actes devandalisme soit un jour prouvée, ilest en revanche certain qu'à Sofiacomme à Chisinau, la violence a étéattisée par les gouvernements, afinde justifier une répression tout aussibrutale. Les résultats ont été à lahauteur du degré de perfidie desruses employées. Les jours suivants,les rassemblements étaient de moin-dre importance dans les deux capita-les, et les autorités réaffirmaient leurspositions. Selon certains experts,aucun motif objectif ne justifiait lesmanifestations de Chisinau, les obs-ervateurs internationaux ayantapprouvé le bon déroulement du pro-cessus électoral. Sans aucun doute,les prochaines élections qui se tien-dront en Bulgarie seront aussi consi-dérées comme démocratiques. Maisest-ce que cela signifie pour autantque les jeunes bulgares et moldavesn'avaient pas le droit de protesterpour exiger que leurs dirigeants fas-sent enfin le nécessaire pour sortirles deux pays de la pauvreté ?

Jusqu'à quel point peut-on recon-naître comme équitable la victoired'un gouvernement qui s'assure paravance le contrôle des médias etpuise dans les caisses de l'État poursa campagne électorale ?”

D'une superficie de 34 000 km², la République de Moldavie s'étend sur 450km du nord au sud et 200 km d'est en ouest. Elle occupe le tiers central del'ancienne Bessarabie. Elle compte 3 400 000 habitants (hors la "répu-

blique" autoproclamée de Transnistrie), moitié à la campagne, moitié en ville, et enaurait perdu un million partis à l'étranger depuis 1989 (vers les pays occidentaux maisaussi vers la Russie). 2/3 de ses habitants sont moldaves-roumains, 12 % russes, 15 %Ukrainiens, 5 % turcs (gagaouzes). La grande majorité sont bilingues, parfois trilin-gues. Par ailleurs, environ 150 000 citoyens moldaves ont également obtenu la citoyen-neté roumaine et/ou russe ou ukrainienne.

Chisinau, ville très agréable de 700 000 habitants est considérée comme la capita-le la plus verte du continent européen. La monnaie est le leu moldave.

Vladimir Voronine, ancien secrétaire du Parti communiste, formé à Moscou, est leprésident du pays. Son Premier ministre est une femme, Zinaida Greceanii, de mêmeobédience.

Devenue une enclave, livrée au bon vouloir de ses puissants voisins

L'histoire des Moldaves a été marquée par les occupations (turques, russes, polo-naises), les déportations et les séparations avec la Moldavie d'Etienne le Grand (Stefancel Mare). Ils ne retrouveront leur unité avec leurs frères moldaves de Roumanie qu'en1918, intégrant ce pays pour la courte période de l'Entre Deux Guerres.

A la suite du protocole secret du pacte Hitler-Staline d'août 1939, les Soviétiquesl'envahiront en juin 1940. La Bessarabie sera ensuite reprise par les Roumains, devenusalors alliés de l'Allemagne. Des déportations de Juifs et Tsiganes seront alors perpétréesen masse. En 1944, L'RSS l'annexera, en faisant la République Socialiste Soviétique deMoldavie, reconnue par le traité de Paris en 1947. Ayant perdu en août 1940 ses quatreports sur la mer Noire: Reni, Izmail, Chilia et Cetatea Alba, toujours rattachés aujour-d'hui à l'Ukraine, la République de Moldavie est devenue une enclave, au sens écono-mique du terme, n'ayant aucun débouché maritime, se retrouvant livrée pieds et mainsliés au bon vouloir de ses voisins. Cependant, par un échange territorial avec l'Ukraineen 2002, la Moldavie a cependant obtenu 1500 mètres de rivage sur le Danube, où ellea construit en 2007 le port de Giurgiulesti, ayant accès aux ports roumains ou ukrai-niens directement reliés à son réseau routier et ferroviaire.

Colonisée par les Slaves

Rattachée autrefois à l'empire tsariste, qui avait envoyé le poète Pouchkine en exilà Chisinau, la Moldavie a subi une intense colonisation slave sous le régime soviétique:en 1978, 86 % des dirigeants étaient des non-Roumains (Russes et Ukrainiens pour laplupart, envoyés par Moscou). Cependant, sous Gorbatchev, la politique de perestroïkase traduisit par une revendication de reconnaissance de l'identité roumaine de la popu-lation et par un retour à l'alphabet latin, le roumain devenant langue officielle à côté durusse. La République de Moldavie proclama son indépendance en août 1991, immédia-tement reconnue par Bucarest, puis par la communauté internationale, et manifesta sonintention de rejoindre la Roumanie, provoquant la sécession en décembre 1991 de laTransnistrie, république autoproclamée, non reconnue par la communauté internationa-le, qui demanda son rattachement à la Russie ou à l'Ukraine.

Cinq cents "cosaques" russophones encadrés par la 14e armée russe du généralLebed (stationnée à Tiraspol) prirent le contrôle de la rive gauche du Dniestr (Nistru enroumain) où se trouvaient 80 % des industries, aujourd'hui à l'abandon, l'arsenal deColbasna et la centrale hydroélectrique de Dubasari; un millier de volontaires Moldavesarmés passèrent en Transnistrie pour en reprendre le contrôle, mais furent repoussés(250 tués).

PIATRANEAMT

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Oubliée, soumise la Moldavie est

(suite de la page 5)

Moldavie aux pressions, pays le plus pauvre d'Europe,aux prises avec d'innombrables difficultés

Une petite République à la recherche désespérée d'un avenir

Les députés moldaves qui votèrent le rattachementde la Bessarabie à la Roumanie en 1918.

Tiraspoll

CHISINAU

Page 5: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Actualité

autant de nullités, se distinguant par leur manque de culture,leur vulgarité, leur goût des paillettes, et surtout leur voracitépour tout ce qui peut leur profiter. Le dernier exemple en dateest le plus caricatural. Rares Niculescu a été récemment déco-ré de l'ordre militaire le plus élevé décerné en temps de paix:"Vigueur et courage"… Deux qualités qu'il a eu l'occasion deprouver lors d'une bagarre à laquelle il a participé un matin àl'aube, à la sortie d'une boîte de nuit. La liste n'est pas exhaus-tive mais regroupe des personnalités politiques de tous bordset des hommes comme des femmes.

Comment ces jeunes parviennent-ils sur le devant de lascène politique roumaine? Quelles performances profession-nelles, intellectuelles ou politiques ont permis leur ascension ?Il suffit de comparer leurs parcours à ceux de jeunes politi-ciens américains, français, britanniques, hongrois ou polonais,qui, s'ils ont aussi les dents longues, ont pour la plupart obte-nu des résultats remarquables dans leurs domaines, afin decomprendre pourquoi la Roumanie a tant de retard sur ces paysen terme de maturité politique. Si l'on s'amusait à faire le por-trait robot d'un jeune politique roumain, celui-ci réunirait tous-les éléments pour une bonne caricature.

Une classe politique incapable

de réformes… et qui n'en veut surtout pas

Il y a certainement des jeunes méritants en Roumanie,même en politique, mais ils sont très peu nombreux et ne béné-ficient pas de la même couverture médiatique que les jeunesmédiocres et prétentieux qui nous accablent tous les jours deleur aplomb et leur audace sans limite. Nombreux sont ceuxqui entrent en politique sans avoir eu d'expérience profession-

nelle préalable. Ils ont préférérenoncer à la rigueur et à une édu-cation solide pour se retrouverd'emblée sous les feux de la rampeet goûter au plus vite aux délices dela célébrité.

La nouvelle génération repro-duit ainsi le modèle de la précédente, celle d'après la révolu-tion de 1989, avec cependant un souci en moins: elle n'a pas àassumer l'héritage communiste. Quelle genre de réforme peut-on attendre de ces gens dépourvus de culture et de vision poli-tique, dont les idéaux semblent se limiter à parader dans lestenues dernier cri, au volant de leurs voitures de luxe ? Lafrime et le bling-bling sans complexe…(photo ci-dessus:Elena Udrea, ancienne conseillère du Président Basescu etministre du Tourisme).

Mais une autre question se pose… La classe politique rou-maine a-t-elle seulement un jour souhaité une vraie réforme,qui commencerait par une refonte des valeurs morales etimposerait que le professionnalisme des gouvernants soit unepriorité, bien avant l'appartenance politique et les manœuvresd'appareils ? Souhaite-elle une telle réforme à l'heure actuelle?A regarder ce qui se passe aujourd'hui, la réponse semble évi-dente. Montrer l'exemple est au-dessus de ses capacités et ris-querait de mettre en cause son statut et ses privilèges.

On dit que c'est le rythme qui fait la musique. Si, en poli-tique, le rythme est donné par les manele, ne nous étonnonspas que personne ne nous prenne au sérieux".

Carmen Musat (Observatoro Cultural) Traduction Ramona Delcea

(le courrier des balkans.com)

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Politique

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Frime et "bling-bling” sans complexes

Population : 21 542 000 habitantsSuperficie : 238 391 km 2PIB estimé pour 2008 : 139 milliardsd'euros (+5,8 %). En 2009 : - 4,1 %Croissance en % du PIB en 2008:8,5 % (moyenne UE : 0,9 %)Croissance estimée en 2009: 4,7 %*(UE : 0,2 %)PIB/habitant : 6465 € (indice : 44,3sur la base UE de 100)Production industrielle : + 5,4 %Déficit public en % du PIB en 2007 :2,6 % (UE : 0,9 %)Dette publique en % du PIB en2007: 12,9 % (UE : 58,7 %)Taux d'inflation en 2008 : + 7,9 %(UE: 3,7 %)Chômage en % de la population acti-ve en 2008 : 5,8 % (UE : 7 %)Chômage en janvier 2009 : 5,3 %(UE: 7,6 %)Salaire moyen net : 320 € (+23,2 %)

-Le plus élevé (finances) : 966 €-Le plus faible (bois) : 181 €

Salaire minimum net : 150 €(employés), 285 € (cadres)Retraite mensuelle moyenne: 150 €Minimum vieillesse: 75 €Espérance de vie (hommes/fem-mes): 68-75 ans

Moldavie* :Population : 4 350 000 habitantsPopulation émigrée : 25 % Population sur place : 3 250 000Superficie : 33 700 km 2PIB : 7,2 milliards d'euros (+ 4 %)PIB/habitant : 2110 €Inflation : 12,7 %Salaire minimum : 58 €Salaire moyen : 170 € à Chisinau,80 € dans le reste du paysChômage (chiffre officiel) : 8 %Espérance de vie (hommes/fem-mes): 62-70 ans*Chiffres donnés sous réserves

Les chiffres

La politique

Les Roumains attendent depuis longtemps que leur classe politique se

réforme en profondeur. Abus de pouvoir, corruption, détournements

de fonds, les "affaires" polluent la vie politique à Bucarest.

Malheureusement, les jeunes politiciens semblent suivre le chemin trouble tracé

par leurs aînés et trouver leur inspiration dans les boites de nuit de manele, ce tri-

ste cocktail local à la mode de chansons populaires et d'arrangements techno sur

fond de musique tsigane et de paroles vulgaires. "À quand une réforme en profon-deur de la moralité des élus?" se demande Carmen Musat dans la revue

“Observatorul Cultural”.

Sur les traces de leurs aînés corrompus, incultes et démagogues

"Il est révolu le temps où les jeunes faisant leurs premiers pas dans la vie politiqueroumaine étaient l'objet de pamphlets écrits par des poètes comme Mihai Eminescu :"C'est à Paris que vont nos jeunes gens/Apprendre modes, manières, grâces / Puis ilsreviennent éclairer les masses, /Avec leurs têtes de moutons savants. " (Nos jeunes

gens, traduction du roumain par EmanoilMarcu).

Mihai Eminescu exprimait son mécontente-ment face à la superficialité des jeunesRoumains qui, après des années d'études dansdes universités étrangères, retournaient au payssans que l'expérience occidentale ait été assimi-lée dans le fond mais seulement dans la forme.

Si le côté superficiel de la jeunesse est lemême aujourd'hui comparé à celui que dénonçaitEminescu, en ce qui concerne les études de lajeune génération formée à Paris ou dans n'impor-te quel autre centre universitaire prestigieux, lasituation a pourtant bel et bien changé.Malheureusement, pas en bien. Et ce n'est pasparce que les jeunes d'après la "Révolution"seraient moins doués, eux qui ont étudié dans lesplus grandes écoles de la planète.

Ceux qui sont les plus en vue, qui atteignentles sommets de l'État, n'apprennent plus rien, oupresque plus rien, à Paris, à Bucarest, à Cluj ouà Iasi. Tournés sur eux mêmes, dépourvus de vision politique comme de la plus élé-mentaire éducation, pressés de franchir au plus vite les étapes de leur ascension poli-tique, ils fréquentent, en revanche, des clubs de musique mani [clubs où l'on écoute dumanele], se font des relations dans des milieux peu recommandables. Ils écorchentsans vergogne la langue roumaine, étalent leur opulence à tout va et, en règle généra-le, perpétuent le modèle du politicien roumain corrompu, inculte et démagogue.

Une nullité désolante

Cela fait presque vingt ans que les Roumains attendent l'émergence d'une nouvel-le génération d'hommes capables de mettre sur pied une réforme profonde de la viesociale et politique mais aussi des mentalités. A leurs yeux être jeune devrait être unequalité suffisante, synonyme de changement. Hélas, il suffit pourtant de passer enrevue les noms les plus connus de cette nouvelle génération et leur comportement pourque ces illusions s'envolent aussitôt : Serban Nicolae, Cozmin Gusa, Olguta Vasilescu,Lavinia Sandru, Victor Ponta, Tudor Chiuariu, Elena Basescu, Elena Udrea, MonicaIacob Ridzi, Cristian Boureanu, Roberta Anastase… Il est rare de pouvoir aligner

pour des jeunes politiciens dépourvus de vision de la société

au rythme des "manele"

A savoirTout près de la banqueroute

Le Premier ministre Emil Boc adéclaré début mai lors d'une émission surla chaîne d'informations téléviséesRealitatea TV que son gouvernement"n'était pas passé loin" de ne plus être enmesure de payer les salaires des fonction-naires et les retraites. "Nous avons dépas-sé ce moment de crise. J'espère qu'il n'yen aura pas d'autres", a-t-il ajouté. Selonlui, malgré les difficultés, le déficit bud-gétaire prévu pour 2009 n'a pour l'instantpas été dépassé.

L'impôt forfaitaire: un petit tour et puis s'en va

Le ministre des Petites et moyennesentreprises Constantin Nica a annoncéson intention d'éliminer l'impôt forfaitai-re dès l'automne prochain. Le gouverne-

ment l'avait introduit le 1er mai dernieravec un seuil minimum d'environ 500 €pour les sociétés ayant un chiffre d'affai-res allant de 0 à 12 000 €, et de 10.000 €pour les entreprises ayant un chiffre d'af-faires de 30 millions d'euros. Depuis soninstitution, les suspensions d'activité sesont multipliées.

A bonne école

Considéré comme le principalresponsable de la faillite de la sociétéqu'il dirigeait, Stelica Constantin n'est pasresté longtemps sans emploi. Ce person-nage controversé aux méthodes douteu-ses a obtenu le poste de directeur de laGarde financière de Bucarest, chargé detraquer les fraudeurs. Il a terminé premierde l'examen de sélection, obtenant 96points sur 100. Membre du PD-L (le parti

de Traian Basescu, ancien maire de lacapitale), il a sans-doute été à bonneécole pour remplir cette fonction.

Electricité… pour locomotives diesel

Bruxelles a renvoyé à Bucarest, undossier dans lequel la Roumanie deman-dait une aide pour moderniser le traficferrovière sur certaines lignes empruntantle corridor transeuropéen IVoù les trainsse traînent désespérement, faute d'unapprovisonnement en courant électriqueadéquat. Un contrat a été signé avec unefirme italienne pour la somme de 22millions d'euros, mais les fonctionnaireseuropéens ont remarqué qu'il n'existaitpas d'électrification du réseau dans lessecteurs concernés, les convois étant trac-tés par des locomotives diesel !

Evènement politico-mondain: VictorPonta, ministre PSD, épouse Daciana

Sârbu,europarlementaire et fille d’un ancien ministre de l’Agriculture.

Page 6: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Actualité

D'après la Banque nationale roumaine (BNR), lesinvestissements étrangers ont représenté 2,055milliards d'euros pour les quatre premiers mois de

2009, soit 44,4% de moins que pour la même période en 2008.La BNR a également annoncé que, sur la même période, ledéficit des comptes courants avait atteint près de 1,2 milliardd'euros, soit 79% de moins par rapport aux quatre premiersmois de 2008.

Le leu a de nouveau perdu de la valeur par rapport à l'eu-

ro, et s'échangeait mi-juin à 4,2325 lei pour un euro. Enfin, d'a-près l'institut Eurostat, les importations en Roumanie ontreprésenté 900 millions d'euros en avril, soit 8,8% de plusqu'en mars. A noter que seuls trois pays de l'Union Européenneont connu une hausse des exportations ce mois-là: laSlovaquie, l'Autriche et la Grande-Bretagne. Dans le mêmetemps, les exportations ont chuté de 8,6% en Roumanie, qui aainsi enregistré un déficit commercial de 300 millions d'eurosen avril. C'est 50% de plus que le mois précédent.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Le produit intérieur brut (PIB) de la Roumanie a reculé de 4,6% au premiertrimestre 2009 par rapport au trimestre précédent, en raison notamment desbaisses enregistrées dans l'agriculture et l'industrie, a annoncé l'Institut

national de la Statistique (INS). Cette baisse, supérieure de deux points par rapport auchiffre provisoire (2,6%) publié à la mi-mai confirme l'entrée en récession de laRoumanie après neuf années de croissance.

L'INS explique cet écart notamment par l'ajustement saisonnier, qui "élimine leseffets saisonniers" et permet de "mettre en évidence l'évolution économique réelle despériodes consécutives". L'agriculture a enregistré une baisse de 7,6% lors du premiertrimestre de 2009 par rapport au trimestre précédent, alors que l'activité dans l'indus-trie s'est contractée de 1,4%.

Par rapport au premier trimestre 2008, le recul du PIB a été de 6,2%. Les donnéesprovisoires publiées le mois précédent annonçaient une contraction de 6,4%. Le PIBroumain s'était déjà contracté de 3,4% au dernier trimestre 2008 par rapport au trimes-tre précédent. Sur un an, les secteurs dans lesquels l'activité a connu la plus forte bais-se sont l'agriculture (-10,9%), l'industrie (-11,1%), le commerce (-7,6%) et les activi-tés financière et immobilière (-3,8%). A l'opposé, les domaines de la construction etdes services ont connu une hausse de leur activité de respectivement 4,7% et 3,1%.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), qui a récemment donné son accordà un prêt de 12,9 milliards d'euros à la Roumanie, la contraction de l'économie devraitatteindre 4,1% en 2009, suivie d'une stagnation en 2010. Par ailleurs, la Banque mon-diale soutient que le déficit des comptes courants atteindra 8,4% du PIB en 2009,7,5% en 2010 et 8,7% en 2011.

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Quatre Roumains sur dix ontdéclaré que leurs revenus ont étéaffectés par la crise, l'impact le plusimportant se faisant sentir dans lesrevenus extra-salariaux (primes, com-missions…) que touchent 21% de lapopulation, selon une étude GFK.Les Bucarestois sont les moins nom-breux à ressentir la crise (18%).

Les indépendants, les petitspatrons et les professions libéralessont les catégories professionnellesles plus touchées, plus de 50% d'ent-re eux enregistrant une baisse deleurs revenus.

A noter par ailleurs que lesRoumains se sentent moins affectésque leurs voisins: dans l'est del'Europe, la crise est ressentie par50% des habitants en moyenne, unpourcentage qui monte à 70% parmiles Hongrois.

Economie Entrée officielle en récession

Crise: 40% desRoumains touchés

CHISINAU

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Les secteurs touchés Une étude de l'agence de rating

Coface Romania indique que le nombrede faillites a augmenté de manière "signi-ficative" depuis le début de la crise enRoumanie. Les secteurs les plus touchésseraient en premier lieu le commerce dedétail, le commerce de gros, la distribu-tion et la construction. Ils représente-raient plus de 50% des 14 483 faillitesenregistrées l'année dernière. Sur le pre-mier trimestre 2009, 5173 sociétés ontdéjà fait faillite, soit une augmentation de58% par rapport aux 3 premiers mois del'année 2008. La majorité d'entre elles setrouvent à Bucarest. Coface prévoit quele nombre total d'entreprises roumainesqui pourraient faire faillite en 2009dépasse les 20 000.

Le marché des voitures neuves continue de chuter

Les immatriculations de voituresneuves ont continué de baisser au mois demai, alors que la vente de voitures d'occa-sion est en constante hausse, selon laDirection des permis de conduire et desimmatriculations (DRPCIV). Moins de12.000 véhicules neufs ont été vendus enmai en Roumanie, soit une chute de 53%

par rapport à la même période l'annéedernière. Le marché de l'occasion, enrevanche, a connu une augmentation desventes de 64%. Les automobiles Daciarestent les plus vendues avec 3.900 véhi-cules en mai (- 40% par rapport à mai2008). La marque française Renault sesitue en deuxième position, suivie deVolkswagen et Opel.

Bruxelles autorise les crédits aux entreprises en difficulté

La Commission européenne a annon-cé qu'elle autorisait le gouvernement àvenir en aide aux entreprises en difficul-té, en leur facilitant l'accès au crédit. Lesentreprises pourront bénéficier de garan-ties, sous la forme de subventionspubliques, lorsqu'elles contracteront descrédits. La Commission a jugé le disposi-tif compatible avec le cadre temporairede réglementation mis en place parl'Union Européenne pour lutter contre lacrise financière. La mesure s'appliqueaux sociétés qui ne se trouvaient pas endifficulté au 1er juillet 2008. Elle estvalable jusqu'au 31 décembre 2010, etconcerne les crédits d'investissement etde capital.

A savoir

Malgré la crise, les Roumains del'étranger continuent d'envoyer del'argent au pays. Beaucoup d'argent.En dépit des craintes des autoritésde voir cet apport financier fondre àcause de l'impact de la crise en Italieet en Espagne notamment et avoirdes répercussions sur le cours duleu, les sommes envoyées par lesRoumains de l'étranger n'ont baisséque de 7% au premier trimestre2009: 1,92 milliard d'euros ont étéenvoyés en Roumanie, selon les chif-fres publiés par la Banque nationaleroumaine.

Les émigrés continuent à envoyerde l'argent chez eux

Economie Le leu et les investissements étrangers souffrent

Aide à la propriétéLe gouvernement veut favoriser l'accession à la propriété

pour relancer le secteur immobilier dans un contexte de crise.Via le programme "Prima Casa", il va désormais garantir àhauteur de 80% les prêts immobiliers contractés par les per-sonnes achetant leur première maison et n'ayant jamais béné-ficié de prêt hypothécaire. Le montant maximal des créditsconcernés est de 60 000 euros.

Le programme "Rabla"élargi aux entreprises

Les entreprises vont pouvoir bénéficier du programme derenouvellement du parc automobile, intitulé "Rabla". Les per-sonnes juridiques pourront acquérir au maximum 10.000 véhi-cules au total, sur les 60.000 prévus dans le programme"Rabla" pour 2009. Lors de la première étape, close fin mai,seuls 12.000 conducteurs ont remplacé leur automobile, sur les20.000 que le gouvernement avait prévu de soutenir. Commeles particuliers, les entreprises qui remplacent un véhiculevieux de plus de 10 ans bénéficieront d'une prime à la casse, àhauteur de 3.800 lei.

Pression fiscale minimum

D'après une étude d'Eurostat, la Roumanie figure parmiles pays européens où la charge fiscale est la moins lourde : lesimpôts ont représenté seulement 29,4% des revenus de l'Etaten 2007, bien en dessous de la moyenne européenne, quiatteint 39,8%. La Roumanie a également un faible niveau

d'impôts directs, qui constituent 23% des taxes, ce qui la placeen troisième position derrière la Slovaquie et la Bulgarie. LaRoumanie figure aussi parmi les pays où les réductions d'im-pôts ont été les plus fortes depuis 2000, notamment en ce quiconcerne l'impôt sur le revenu.

Les ciments Lafarge sous enquête

Lafarge ferait l'objet d'une enquête menée par les autoritésroumaines de la concurrence pour abus de position dominante,révèle le Financial Times. Les enquêteurs roumains ont inves-ti le siège du cimentier ainsi que ses deux usines de Hoghiz etMedgidia, selon le quotidien, qui précise que le groupe fran-çais s'est refusé à tout commentaire. Les documents saisis lorsde l'inspection sont en cours d'analyse. Une mauvaise nouvel-le pour le groupe, alors qu'il fait déjà l'objet d'une enquête parla Commission Européenne avec plusieurs autres entreprisesdu secteur, pour organisation de cartel illégal.

Etés meurtriers pour les cultures

La sécheresse a encore fait des dégâts importants : plusd'un million d'hectares de céréales (sur une surface totale desept millions) ont été endommagés par la sécheresse maisaussi le gel cette année, selon les déclarations du ministre del'Agriculture, Ilie Sarbu. Par ailleurs, les pronostics météopour cet été renforcent l'inquiétude: en juin, juillet et août, lestempératures devraient avoisiner 40° et près de 70% des cultu-res de blé et 100% de celles de maïs devraient être touchéespar la sécheresse, selon l'agence nationale de météorologie.

A savoir

Sauver la Hongrie et laRoumanie: c'est l'engagementqu'ont pris les grandes banques

d'Europe de l'Ouest, soumises à la fortepression du Fonds monétaire internatio-nal (FMI) et de la Commission européen-ne pour éviter un nouveau krach financieren Europe de l'Est, après celui del'Islande en octobre 2008.

Les banques Erste, Raiffeisen, l'au-

trichienne Volksbank, les grecquesEurobank, Alpha Bank et Piraeus Bank etBanque nationale de Grèce, UniCredit, etla Société générale qui possèdent presquetout le système bancaire roumains, sesont engagées à recapitaliser leurs filia-les, pour juguler l'hémorragie des inves-tissements étrangers et l'affaiblissementcroissant du leu. La part des fonds prop-res par rapport au montant des prêts

accordés sera relevée de 8 à 10%. Desapports additionnels pourraient êtreaccordés au cas par cas, dans l'hypothèseoù la crise financière se prolongerait. Cesbanques ont publié un communiqué affir-mant qu'il est "de leur intérêt et de celuide la Roumanie et de la Hongrie deconfirmer, de manière coordonnée, leurengagement à maintenir leur expositionglobale" envers ces pays.

Les banques d'Europe occidentales s'engagent vis-à-vis de leurs filiales

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Page 7: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Actualité

"Le problème est que nous n'avons pas de culture des ali-ments bio. Ce genre de marchandises s'adresse à un publicplus éduqué, qui a conscience de ce qu'il mange. Mais noussommes probablement encore un pays trop pauvre pour que lesproduits bio soient un phénomène de masse", ajoute-t-il. Il estvrai que les aliments issus de l'agriculture écologique sont par-ticulièrement chers en Roumanie.

"Les récoltes bio produites dans le pays sont exportées àhauteur de 80 à 90%", note Marian Cioceanu, président del'association Bio-Romania. D'après lui, les prix des produitsbio que l'on trouve en magasin sont particulièrement élevés,car "tout est importé de pays comme l'Allemagne, l'Italie oul'Autriche. Du coup, les prix pratiqués en Roumanie sont trèssouvent plus élevés qu'en Occident".

Le bio étant considéré comme un marché de niche par lesdistributeurs, aucun effort n'est fait pour promouvoir les agri-culteurs locaux. Aurel Petrus confirme en s'énervant: "Il n'y apas de marché car nos produits ne sont pas promus et les gensne connaissent même pas l'existence des aliments bio. Il fau-drait une politique nationale!".

Moins de 2 % de la surface agricole

En Roumanie, moins de 2% de la surface agricole totaledu pays est enregistré comme remplissant les critères de l'agri-culture biologique. Cela représente environ 200 000 hectaressur un total de 14,2 millions d'hectares de terres arables. C'estpeu par rapport à des pays comme l'Italie ou l'Autriche où,respectivement 8 et 10% de la surface cultivable sont utiliséspour des cultures écologiques. Pourtant, la Roumanie sembleavoir un potentiel particulièrement élevé pour ce genre d'agri-culture. Parole de paysan ! "Plus de 80% de nos terres peuventêtre utilisées pour l'agriculture bio, et je le dis en connaissan-ce de cause", affirme Aurel Petrus.

"Sous le régime de Ceausescu, les économies étaient tel-les que l'on utilisait le moins possible de pesticides et d'en-grais chimiques qui coûtaient cher. Nos terres n'ont pas étéautant traitées que celles des pays occidentaux et, après larévolution de 1989, une grande partie des terrains arables deRoumanie n'ont pas été cultivés", explique Marian Cioceanu.De plus, le nombre élevé de petits producteurs, qui constitueun handicap pour le développement de l'agriculture tradition-nelle, pourrait être un avantage conséquent pour le développe-ment de certaines cultures écologiques. Dans le domaine desproduits laitiers ou celui des fruits et légumes, les petites sur-faces ne représentent pas un problème. "Le passage à l'agri-culture bio ne demande pas de gros investissements et puisc'est une activité que l'on peut faire à mi-temps", ajoute le pré-sident de Bio-Romania.

Des objectifs ambitieux

Si le développement de l'agriculture biologique enRoumanie a du mal à démarrer, c'est en grande partie à cause

de l'arrivée tardive des aides financières. Depuis 2008 seule-ment, les agriculteurs qui souhaitent passer au bio reçoiventdes subventions de la part du ministère de l'Agriculture, maisseulement durant la période de conversion. Les fonds euro-péens perçus dans le cadre du programme national de dévelop-pement rural, eux, ne sont disponibles que depuis le 1er janvier2009. "Je n'ai reçu qu'une seule subvention et ça fait huit ansque je cultive bio", confirme avec amertume Aurel Petrus.

Au ministère de l'Agriculture, on explique ce retard trèssimplement: "Nous avons donné la priorité au réaménagementdes pâturages défavorisés, qui représentent 2 millions d'hecta-res, aux politiques d'augmentation de la biodiversité et audéveloppement de l'engrais vert".

Mais l'agriculture biologique reste tout de même une prio-rité pour les pouvoirs publics. Et les objectifs sont concrets :"D'un point de vue qualitatif, nous voulons placer la culturebio au centre de l'agriculture roumaine, comme moteur dudéveloppement durable. D'un point de vue quantitatif, nousaimerions qu'en 2013, la surface cultivable destinée à l'agri-culture biologique représente 7% du total de la surface arabledu pays".

Le spectre des OGM

La Roumanie n'a pas toujours encouragé le développe-ment d'une agriculture "propre". En 2006, un an avant sonadhésion à l'Union Européenne, elle était le pays d'Europe quiconcentrait le plus d'OGM. Mais le soja transgénique majori-tairement cultivé dans le pays a été interdit par l'UE et, depuisle 1er janvier 2007, l'ensemble de ces cultures a été détruit.Pourtant, comme pour l'agriculture biologique, la Roumaniepossède un potentiel énorme pour les producteurs de semencesgénétiquement modifiées.

"Aujourd'hui, le lobbying des sociétés productricesd'OGM est plus fort que jamais, car la Roumanie reste unesorte de cheval de Troie pour entrer en Europe", estimeGabriel Paun, ancien militant à Greenpeace et aujourd'huijournaliste au magazine roumain Green Report. Lui-même aété menacé de mort l'année dernière, au cours d'un débat télé-visé auquel il participait, par le président de la Ligue des asso-ciations de producteurs agricoles de Roumanie, aujourd'huichef de cabinet au ministère de l'Agriculture.

"En 2008, le ministère a refusé de communiquer la listedes parcelles sur lesquelles on cultive des OGM, alors qu'il estnormalement obligé de le faire", continue-t-il. "Et, dans lapresse, de plus en plus d'articles relativisent l'effet nocif desOGM".

L'exécutif avait pourtant montré sa bonne volonté eninitiant, en début d'année, les procédures pour interdire le seultype d'OGM autorisé pour le moment dans l'U: le maïs MON810. La Roumanie aurait ainsi rejoint des pays comme laFrance, la Hongrie ou la Pologne dans ce choix. Retardées, cesdémarches n'ont cependant toujours pas abouti.

Jonas Mercier (Regards sur l'Est)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

L'agriculture roumaine possède l'un des plus gros potentiels d'Europe.

En plein développement depuis quelques années, elle se trouve aujour-

d'hui confrontée à des choix stratégique. Le développement de l'agri-

culture bio est l'un d'eux. Les pouvoirs publics en ont bien conscience, mais tar-

dent à appliquer une politique claire dans ce sens. Moins de 2% des surfaces agri-

coles sont cultivées en bio et, dans le même temps, l'agriculture roumaine est

menacée par le développement des OGM. Jonas mercier fait le point.

Aurel Petrus (notre photo) s'est mis à l'agriculture biologique il y a déjà huit ans.A l'époque, presque personne en Roumanie n'avait entendu parler de cette façon decultiver et son pari s'annonçait très risqué. Pourtant, ce paysan d'une quarantaine d'an-nées n'a pas changé d'avis: "J'y crois depuis le début et c'est pour ça que je le fais ",dit-il. Les cheveux grisonnants, l'allure simple et l'air bonhomme, il explique avec pas-sion son parcours et détaille ses projets futurs. Il a commencé par investir plus d'unmillion d'euros dans la mise aux normes et l'acquisition "de trois silos, d'un laboratoi-re et d'une balance électronique".

Aujourd'hui, il cultive 1200 hectares etsa ferme est l'une des plus grosses exploita-tions écologiques du pays. Il produit entre2500 et 3000 tonnes de céréales (blé, maïs,orge, tournesol, soja…) par an, dont unebonne partie est exportée vers l'UnionEuropéenne. Il projette par ailleurs de fairecertifier son huile de tournesol - produitedéjà conformément aux normes biologiques- pour la vendre sur les marchés environ-nants. Et il ne regrette pas ses choix. "Oui,c'est rentable", lâche-t-il, heureux de pou-voir raconter son histoire qui, dans son pro-pre pays, intéresse peu de monde.

La mairie de Stefan cel Mare

organise des formations pour les paysans

Dans la commune de Stefan Cel Mare, située à une centaine de kilomètres deBucarest, Aurel Petrus fait la fierté du maire, Nicolae Pandea. Lui aussi est un "accro"du bio et l'objectif de son mandat est de convertir tous les habitants à l'agriculture pro-pre. "On organise des heures de formation destinées aux paysans, pour leur faire com-prendre que les produits chimiques qu'ils mettent dans leur jardin ne sont pasindispensables".

En effet, en dehors de l'exploitation d'Aurel Petrus et de deux ou trois autres gros-ses fermes, la majorité des 3.500 habitants de la commune pratique une agriculture desubsistance. "Même dans leur potager, ils mettent de l'engrais chimique", affirme lemaire, qui ajoute fièrement: "Je fais ça parce que je veux que les gens mangent saine-ment et aujourd'hui je peux dire que beaucoup se sont mis au bio !".

Trop pauvre pour que le bio soit un phénomène de masse

L'exemple de ce village est sans doute unique en Roumanie et manger bio est loind'être simple dans le pays. Sur les marchés, rares sont les paysans qui peuvent se van-ter de vendre des fruits et légumes 100% bio. Dans les grandes surfaces, il est encoreplus difficile d'acheter des produits écologiques. "Il n'existe pas d'étiquettes cor-respondantes. "Le règlement européen sur l'inscription des produits bio n'est pasappliqué chez nous, mais il va être mis en place très bientôt", explique AlexandruVlad, le vice-président de l'Association des grandes surfaces de Roumanie.

L'agriculture verte dispose d'un potentiel Economie

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Le gouvernement a adopté ledispositif baptisé "loi unique" dessalaires de la fonction publique visantà les harmoniser et à réduire lesdisparités importantes existant à tra-vers le pays pour une même profes-sion. Il est basé sur une grille dont lepoint de référence est fixé à 600 lei(145 €), auquel est affecté un coeffi-cient multiplicateur, défini danschaque profession.

Toutefois, les catégories bénéfi-ciant de situations privilégiées et fortinquiètes devant la réforme, conser-vent leurs positions avantageuses.Magistrats (2400 € mensuels), chefsde l'armée et de la police (2000 €)continueront à être les fonctionnairesles mieux payés du pays. Un capitai-ne touchera 1600 € et un lieutenant950 €, un agent de police ou un gar-dien de prison, 850 €, commençantleur carrière à 550 €.

Le salaire d'un professeur universi-taire pourra atteindre 1800 €, d'unprofesseur de lycée, après 40 ans deservice, 1300 €, celui d'un débutant800 €, passant à 1000 € après ledefinitivat (équivalent CAPES), uninstituteur commençant à 500 €.

Un médecin généraliste commen-cera sa carrière à 480 € (coefficient3,35 de la grille) et pourra prétendregagner plus tard aux environs de1200 €, un spécialiste devant secontenter de 950 €. Infirmières etassistants médicaux toucheront entre420 et 600 €, suivant leur niveau d'é-tudes. Ambulanciers et brancardiersrecevront les salaires les plus bas desprofessions médicales: respective-ment 175 et 300 €.

Salaires: magistrats, militaireset policiers privilégiés

Aurel Petrus

extraordinaire en Roumanie mais doit faire face aux groupes de pression

est fier de son pain bio

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Société

En un week-end, début mai, une maison du

XIXème siècle a été détruite et est devenue le

symbole de la vague de démolitions qui touche

la capitale, et d'une politique urbanistique chaotique.

Au numéro 38 de la rue Maria Rosetti, tout n'est que rui-nes. En un week-end, une maison du XIXème siècle a étédétruite et réduite à un tas de gravats, de briques et de bois, quijonche désormais le terrain. Une scène devenue presque bana-le à Bucarest où les vieux bâtiments sont souvent sacrifiés surl'autel de la rentabilité immobilière. Ici, selon le plan d'urba-nisme approuvé par la mairie du secteur 2, devrait s'élever pro-chainement un immeuble de neuf étages.

Seul hic: la maison rasée, si elle n'étaitpas classée monument historique, se situedans une zone protégée où se trouvent denombreux bâtiments édifiés à la fin duXIXème siècle et au début du XXème. Or,si la société "Trei Lacuri Invest SRL" estbien en possession d'un permis de démoli-tion dûment signé par la mairie du secteur2, dont dépend la zone, elle n'a pas deman-dé l'autorisation du ministère de la Culture ni celui de laDirection de la culture et des cultes de la mairie de Bucarest.Et la démolition s'en trouve de fait illégale, puisqu'elle enfreintla loi 422 sur les zones protégées.

Le samedi, malgré la venue d'un inspecteur dépêché surplace suite à une saisie du ministère de la Culture et la promes-se verbale que rien ne serait rasé, une grande partie du bâti-ment a été démolie. Le lundi matin, la démolition a repris maiss'est de nouveau arrêtée lorsqu'est apparu le ministre de laCulture en personne, Theodor Paleologu, venu constater l'éten-due des dégâts et surtout critiquer vertement ces démolitionsintempestives.

Un ministre impuissant

"C'est mon fils qui m'a alerté", raconte le ministre, "j'ai

donc appelé la police, déposé une plainte à la police du sec-teur 2 et je vais en déposer une au tribunal. Je sais que jeprends des risques politiques très grands, que les intérêtsimmobiliers sont considérables, surtout dans le centre deBucarest, et je suis convaincu que je vais perdre quelquesbatailles. Mais je crois que ma lutte pour protéger le patrimoi-ne va alerter l'opinion publique et que la victoire finale sera lanôtre. Que les choses soient claires: je ne conçois pas que lesecteur 2 devienne une sorte de "Demolava" (lave de démoli-tion, ndlr) du XXIème siècle", a conclu le ministre.

Un discours que l'association "Salvati Bucarest", qui luttedepuis des années pour la préservation du patrimoine bucares-

tois, approuve, évidemment. Nicusor Dan,le président de l'association a, lui, nommé-ment accusé Neculai Ontanu, le maire dusecteur 2, le déclarant coupable de l'appari-tion de cette vague de démolitions.

Car ces dernières années, dans la rueMaria Rosetti et ses environs, des immeu-bles de sept ou huit étages qui détruisentl'harmonie architecturale de la zone, com-

posée de petites maisons à un ou deux étages et d'immeublesinterbelliques, ont été érigés. Des blocs gigantesques quigâchent le paysage et témoignent d'une politique urbanistiqueincohérente négligeant le patrimoine historique.

"Le maire Ontanu doit s'expliquer sur les centaines deplans d'urbanisme illégaux qui prévoient des bâtiments scan-daleusement hauts dans des zones protégées, illégaux puisquele conseil local n'a pas la compétence de lancer ce type deplan dans ces zones, ni de modifier le régime de hauteur,comme cela vient de se passer", souligne Nicusor Dan.

La mairie du secteur se défend en répliquant que le permisde démolition a été attribué dans les règles et que le bâtimentconcerné n'est pas un monument historique. L'affaire est dés-ormais entre les mains de la police. Mais quelque soit lesconclusions de l'enquête, au numéro 38, la maison est bel etbien à terre.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

Le 4 avril dernier, alors que la crise de la grippe porcine éclatait, le quotidienmexicain La Jornada a publié un article sur la lutte de la communauté deLa Gloria, illustré par la photo d'un jeune garçon qui tient une pancarte

avec le dessin d'un cochon barré d'une croix et la légende "Attention, danger: CarrollsFarm" écrite en espagnol. Un épisode qui n'est pas sans en rappeler un autre similai-re survenu trois ans auparavant en Roumanie, dans la région de Timisoara, dont "LesNouvelles" s'étaient fait l'écho, et dans lequel on retrouve incriminée la même multi-nationale américaine, Smithfield.

En ce qui concerne les épidémies de grippe en général, il faut savoir que la proxi-mité d'élevages intensifs de porcs et d'élevages de volailles augmente les risques derecombinaison virale et l'émergence de nouvelles souches virulentes. Il faut noter quel'un des ingrédients courants de l'alimentation animale industrielle est ce qu'on appel-le les "déchets de volaille", c'est-à-dire un mélange de tout ce qu'on peut trouver surle sol des élevages intensifs: matières fécales, plumes, litière, etc.

Peut-on concevoir situation plus idéale pour l'émergence d'un virus grippal pan-démique qu'une région rurale pauvre, pleine d'élevages industriels appartenant à dessociétés transnationales qui n'ont rien à faire du bien-être de la population locale,comme cela avait failli être le cas à Timisoara? Les résidents de La Gloria essayaientdepuis des années de lutter contre la ferme Smithfield. Ils ont, des mois durant et envain, tenté d'amener les autorités à agir face à l'étrange maladie qui les frappait.

Ce n'était pas la première fois, et ce n'est sans doute pas la dernière, que les agro-industriels dissimulaient des épisodes de maladies infectieuses, mettant ainsi des viesen péril. C'est la nature même de leurs activités.

En Roumanie, voici deux ans, Smithfield avait interdit aux autorités locales d'en-trer dans ses élevages porcins, après les plaintes des résidents à propos de l'odeur pes-tilentielle provenant des centaines de charognes de porcs laissées à pourrir pendantplusieurs jours. "Nos médecins n'ont pas eu accès aux fermes de la société américai-ne pour pouvoir effectuer leurs inspections de routine", avait déclaré à l'époque CsabaDaroczi, directeur-adjoint des services vétérinaires et d'hygiène de Timisoara."Chaque fois qu'ils ont essayé, ils ont été repoussés par les gardiens. Smithfield pro-posait que nous signions un accord qui nous obligeait à les prévenir trois jours à l'a-vance avant toute inspection".

L'information avait fini par émerger que Smithfield avait cherché à cacher un épi-sode majeur de peste porcine ayant sévi dans ses fermes en Roumanie. Finalement,l'administration roumaine avait obtenu gain de cause et fait fermer l'unité en cause.L'épidémie s'était arrêtée là, sans transmission à l'homme. Dans un article consacré àce sujet, le New York Times a écrit que Smithfield avait réussi à mettre en activité 40fermes en Roumanie grâce au lobbying exercé sur place à l'époque auprès d'impor-tants politiciens roumains par l'ambassadeur américain Nicholas Taubman.

Dans la foulée de la loi sur la sala-risation unique, le gouvernement Boca approuvé le principe d'un systèmede retraite unique pour les employésdu secteur public. Sept principes fon-dateurs vont constituer l'épine dorsalede cette loi, qui devrait entrer envigueur en janvier 2010: unicité, obli-gation, contribution, égalité de traite-ment, répartition, solidarité sociale etautonomie. "Cette loi unique signifieque tous les retraités seront égauxdevant la loi, principalement par lamise en place du principe de contribu-tion: chacun recevra en fonction de lacontribution qu'il a versé au systèmede retraites" a déclaré Emil Boc.

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Et maintenant la retraite unique

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Evénements Grippe porcine: la même

multinationale incriminée

voici trois ans à Timisoara

Le gouvernement a décidé d'élargirle programme "Prima casa"("Première maison") aux construc-tions neuves ou aux maisons encours de réalisation. A l'origine, lamesure ne concernait que l'acquisi-tion de logements déjà construits."Prima casa" vise à favoriser l'acces-sion à la propriété des jeunes ména-ges, à relancer le secteur et le créditimmobilier. L'Etat garantira à hauteurde 80% les prêts contractés par lesbénéficiaires, qui devront disposer de5% de la somme prêtée. Les taux desbanques participantes ne devront pasdépasser 5,28% pour les prêts eneuros, 13% pour les prêts en lei.

"Prima casa" élargiaux nouvelles maisons

Mihail Necolaiciuc, l'anciendirecteur de la Compagniedes chemins de fer rou-

mains (CFR), a été arrêté le 17 juin par leFBI, en Floride, pour avoir enfreint la loiaméricaine sur l'immigration. Il estrecherché par Interpol depuis 2006, dateà laquelle un mandat d'arrêt a été émis parla police roumaine, qui n'est pas parvenueà mettre la main sur le fugitif. Il est mis

en accusation dans trois dossiers de cor-ruption, pour des faits commis en 2002-2003 où il était à la tête de la CFR: il luiest notamment reproché des dépensesillégales de fonds publics, et des attribu-tions illégales de marchés publics…Necolaiciuc est soupçonné d'avoir causéà la CFR un préjudice de 70 M€. LaRoumanie va faire une demande d'extra-dition afin qu'il puisse être jugé.

L'ancien directeur de la CFR arrêté par le FBI

Evénements Le Vieux Bucarest livré

aux promoteurs immobiliers

Le Parquet roumain a annoncé avoir ouvertune enquête sur l'archevêque orthodoxe deTomis, Mgr Teodosie, pour corruption,

après un reportage réalisé à caméra cachée par les jour-nalistes du quotidien Romania libera. Le hiérarque estsoupçonné d'avoir perçu des pots-de-vin pour aider unjournaliste se présentant comme un jeune homme sou-haitant devenir prêtre à s'inscrire au séminaire théolo-gique en mars dernier, soit six mois après le début del'année universitaire, exigeant en échange 3000 € . Ilest également accusé de "complicité de faux". Un prêt-re soupçonné d'avoir falsifié des documents à sademande est également visé par l'enquête.

Les radars fixes de tout le pays, installés et gérés par les com-munautés locales, ont été interdits par l'Inspectorat généralde la police roumaine (IGPR), début mai, du fait des nom-

breuses plaintes déposées par des conducteurs verbalisés. Seuls lesradars fixes de la DN1 (Bucarest-Brasov), sous la responsabilité direc-te de la police nationale, restent fonctionnels. Cette décision a été priseaprès que l'Autorité nationale pour la réglementation et la surveillancedes acquisitions publiques (ANRMAP) ait relevé des irrégularités dansles procédures d'attribution des contrats d'acquisition de ces radars parles autorités locales. Les radars fixes de 27 départements ont été mon-tés par deux sociétés de Cluj et dans la plupart des cas, l'argent desamendes leur revenait en totalité ou en partie. Ainsi, les contraventionsdonnées par ces radars à partir du 24 avril dernier ont été annulées. Lesradars seront remis en fonction dès la fin de l'enquête.

Radars hors la loiUn archevêque soupçonné de corruption

Selon l'hebdomadaire La Franceagricole, 15 % de la surface agricoletotale de la Roumanie seraient entreles mains de propriétaires originairesd'autres pays européens.

Terres agricoles

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Société

Illégalement vendus, indûment occupés, ces biens n'ontpas changé de mains. Les recours de Marina Botez ont été sys-tématiquement rejetés par la justice civile (lire ci-dessous).Outre l'appel qu'elle va interjeter, elle envisage d'intenter, sitôtl'épuisement des moyens internes, une action contre l'Etat rou-main devant la CEDH de Strasbourg. Une procédure queredoute Bucarest, maintes fois condamné par la juridiction

européenne depuis un arrêt "Brumarescu contre Roumanie",compte tenu des sommes substantielles à verser aux propriétai-res lésés. Rendue le 28 octobre 1999, cette décision fait désor-mais jurisprudence en la matière. Les juges avaient fait droitau requérant spolié en ordonnant son dédommagement à hau-teur de l'estimation du prix de sa maison.

Samy Mouho (France Soir)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

Evénements

Al'instar de plusieurs milliers de Roumains, de nationalité ou d'origi-

ne, Marina Botez est bien décidée à obtenir la restitution de la demeu-

re de sa mère, injustement expropriée sous le régime communiste

malgré tous les recours intentés depuis 2001.

Comme plusieurs de ses compatriotes, Marina Botez, enseignante domiciliée àParis depuis 1976, date de son mariage, est déterminée à poursuivre le marathon judi-ciaire entamé. Résolue à récupérer le bien maternel perdu en 1984 par sa mère, EmiliaVasilescu, face aux intimidations répétées de la Securitate, la sinistre police politiquede Nicolae Ceausescu, la voici désormais en butte aux tribunaux roumains peuempressés de faire droit à sa légitime revendication, partagée par plusieurs milliers defamilles elles aussi dans l'expectative.

Ces propriétaires qui s'estiment lésés n'hésitent plus à saisir la Cour européennedes droits de l'homme (CEDH), qui a fait condamner plusieurs fois Bucarest dans cetype de contentieux. La visite officielle en France du président roumain, TraianBasescu, n'a pas permis de dénouer cet épineux dossier, véritable casse-tête pour lesautorités locales qui semblent parier sur le découragement des ayants droit floués.

Vente fictive pour mille euros à un prête-nom d'un dignitaire

Avec l'avènement de la démocratie, consécutive à la chute du régime communis-te de Ceausescu, Marina Botez a un temps eu l'espoir de pouvoir récupérer le bieninjustement extorqué par les anciens séides du "Danube de la pensée "…

La demeure d'Emilia Vasilescu (photo ci-dessous), acquise en 1979, lui a étéconfisquée en 1984 par la violence. Cette pédiatre en retraite s'enfuit sur-le-champ enFrance - où elle obtient l'asile politique en 1986 - y rejoignant sa fille Marina. Sa mai-son est immédiatement réquisitionnée par les huiles locales. L'héritage de sa fille estsitué aux abords de la cathédrale, dans le premier secteur de Bucarest, un quartierhuppé de la capitale. "Des experts l'ont récemment estimée à près de 400.000 €", pré-

cise Marina Botez, 62 ans, peti-te-fille d'Eugène, célèbre écri-vain surnommé le "Pierre Lotiroumain".

Cent mètres carrés habita-bles et autant de terrain: l'augus-te demeure attire les convoiti-ses. Elle est vendue en 1996 parl'Etat roumain pour la modiquesomme de… 1000 euros àFlorian et Mariana Vesa, qui nel'ont cependant jamais habitée.

Et pour cause: la transaction n'est qu'un achat fictif. L'heureux occupant en titre? Viorel Hrebenciuc, politicien du PSD, le Parti social-démocrate, regroupant d'ex-

dignitaires communistes et présidé par Ion Iliescu, naguère proche du coupleCeausescu avant d'ordonner, en 1989, leur exécution. Grossier, le tour de passe-passede la vente à vil prix fonctionne et permet d'embrouiller d'éventuels ayants droit récal-citrants. Depuis 1999, le parlementaire haut en couleur et familier des prétoires rou-mains occupe la maison.

Le recours à Strasbourg seule solution

Une manœuvre contestée avec force par la requérante. "Je réclame la nullité dela vente, car celle-ci ne me permet plus de revendiquer la restitution de la maisonmaternelle devant les instances judiciaires roumaines". Le subterfuge a permis auxautorités la redistribution de biens frappés d'atours à peu près légaux…

Deux fois plus de morts sur les routes roumaines que françaises

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Spoliés par le régime communiste,à faire reconnaître

Dans l'UE, 79 personnes parmillion d'habitants sont mortes l'andernier dans des accidents de laroute, contre 113 en 2001. Sontcomptabilisées les personnes mortessur le coup ou succombant à leursblessures dans les 30 jours. LesEtats-Unis ont dénombré pour leurpart 122 morts par million d'habitants.

Les routes de Suède, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de la Suissesont les plus sûres d'Europe. Tousces pays sont sous la barre des 50morts. La Norvège et l'Allemagnesont proches du peloton de tête.Suivent dans l'ordre l'Irlande, laFinlande, l'Espagne, la France (70morts par million d'habitants), leDanemark, le Luxembourg et l'Italie.

Tous les autres pays dépassent lamoyenne européenne, tandis que laBulgarie, la Lettonie, la Grèce, laRoumanie, la Pologne et la Lituanies'approchent de la barre des 150morts par million d'habitants, soit 2fois plus que la France.

En 2008, certains des pays lesplus dangereux ont fortement réduitleurs statistiques, comme l'Estonie (-33%), la Lituanie (-33%), la Slovénie(-27%) et la Lettonie (-25%).

Pour la période allant de 2001 à2008, le Luxembourg, la France et lePortugal arrivent en tête du classe-ment des plus fortes améliorations,avec des réductions d'au moins 47%.En revanche, la Roumanie et laBulgarie ont vu leur situation empirer.En Roumanie, le taux d'accidentsmortels a augmenté de 25% sur cettepériode, dont + 10% en 2008 avec3063 morts contre 2794 en 2007.

BRANl

Le déni de

la grande majorité des propriétaires n'arrivent pas leurs droits par les tribunaux roumains

justice institué en règle

C'est une injustice", s'est excla-mée Marina Botez, évoquantdans une interview à France

Soir, la façon dont elle a été flouée de sonbien en raison d'une loi que la nouvellenomenklatura a fait voter afin de conser-ver les propriétés acquises pour une bou-chée de pain au lendemain de la"Révolution".

France Soir: Où en êtes-vous dansles procédures civiles engagées contrel'Etat roumain ? Avez-vous sollicité lesinstances européennes pour obtenir gainde cause ?

Marina Botez: Je viens d'apprendrehier que mon action devant le tribunal deBucarest a été rejetée. Je ne peux doncplus demander à l'Etat roumain de merétrocéder mon bien. C'est le deuxièmerecours que j'intente devant la justicelocale pour demander l'annulation du titrede propriété des gens qui avaient irrégu-lièrement acheté le bien de ma mère ! Il

me reste à faire appel de cette décision.Une fois toutes les voies de recours inter-ne épuisées, je pourrai alors saisir la Coureuropéenne des droits de l'Homme deStrasbourg, car cette privation de proprié-té sans dédommagement est absolumentcontraire à la Convention des droits del'homme.

F.S.: Quels sont les arguments juri-diques qu'oppose Bucarest pour se sous-traire aux revendications des familles quis'estiment spoliées ?

M.B.: Tous les tribunaux locauxrejettent systématiquement les actionsfondées sur le Code civil roumain. C'est,hélas! la conséquence d'une décisionémanant de la Haute Cour de cassation etde justice roumaine qui, en juin 2008, afait valoir que les tribunaux ne devaientaccepter ces actions en restitution qu'ens'appuyant sur la loi Voiculescu de 2001,modifiée en 2009. Ce texte spécial pré-voit que les maisons confisquées sous le

régime communiste ne peuvent plus êtrerétrocédées aux propriétaires une foisvendues par l'Etat roumain !

F.S.: Le président Trajan Basescuétait en visite officielle les 18 et 19 mai àParis. Avez-vous pu le rencontrer pour luiexposer vos prétentions ?

M.B.: Je me suis rendu à la réceptionorganisée en son honneur à l'ambassadeafin d'attirer son attention sur l'injusticequi frappe plusieurs milliers de familles.Sur place, des centaines de personnesl'ont assailli de questions. Il en a pris actemais nous a rappelé qu'il ne peut interve-nir dans les procédures judiciaires comp-te tenu de la séparation des pouvoirs…Au-delà de l'aspect matériel, je tiens à ceque l'on me restitue la maison de mamère, car elle y avait investi ses écono-mies afin d'y passer une retraite paisible.C'est ce qui me donne l'énergie de pour-suivre ce marathon judiciaire semé demultiples obstacles…

Une loi taillée sur mesure pour la nouvelle nomenklatura

Parce qu'elle pensaitque sa soeur de 71 ans,Maria, mère du chan-

teur de musique populaire duMaramures Vasile Barani, avaitjeté un sort à sa fille qui avaitperdu tous ses cheveux, IleanaBarani et son mari ont payé deuxadolescents pour qu'ils l'asper-gent de soude caustique. Brûléeau visage profondément, lavieille dame a dû subir plusieursopérations et est toujours dans unétat grave. La tragédie s'estdéroulée en mars dernier dans levillage de Ieud.

Sur la piste des tracteursvolés près de Dijon

La police de Timisoara a boucléson enquête au sujet d'un fauxchirurgien orthopédiste français

qui a opéré 159 personnes à Timisoaradepuis 2004, après avoir obtenu des autori-tés sanitaires départementales le droitd'exercer sur la base de documents falsifiés.François Pinori réclamait de 650 à 1000 € àses patients pour chaque intervention. Unequinzaine d'entre eux s'étaient plaints d'êtreappelés en consultation souvent et d'êtreobligés de payer des suppléments impor-tants. Le faux praticien s'était enfui dès quela Justice roumaine s'était saisie de son cas.Interpol a retrouvé sa trace à Londres. Pourl'instant, il est toujours en liberté.

Faux chirurgien français à Timisoara

La piste des sept tracteurs neufsd'une valeur globale de plus de400 000 € volés à Varois-et-

Chaignot, début avril, près de Dijon, pour-rait mener les enquêteurs vers l'est del'Europe où ce marché est florissant, notam-ment en Bulgarie ou en Roumanie, et néces-site une importante infrastructure dont seu-les les mafias de ces pays disposent. Nonloin de là, à Genlis, les gendarmes avaientdéjà surpris, quelques semaines auparavant,des Roumains occupés à charger sur unporte-char des pelleteuses volées dans l'en-ceinte d'une entreprise. A Beaune, d'impo-sants engins de chantier avaient été dérobésà la fin de l'année dernière.

Chasse aux sorcières

Page 10: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Société

LPJ : Et la Saint Valentin?ODJ : Les Roumains sont très conformistes et la Saint

Valentin est devenue une sorte de tradition. Donc l'homme vasortir sa femme au restaurant, lui acheter un cadeau, mais pluspour "faire comme" ses amis, ses collègues et le raconterensuite.

"La notion de faire équipe commence à exister"

LPJ : Quelle sera selon vous l'évolution du couple rou-main ?

ODJ : Pendant la période communiste, le rapport entrel'homme et la femme était sans doute plus équilibré.Aujourd'hui, le déséquilibre est total. Même si à la campagne

les rapports sont plus simples, la notion de "faire équipe" exis-te davantage. De façon générale, il commence quand même(peut-être) à y avoir un début d'évolution. Déjà, par exemple,est apparu le concubinage, on ne se marie plus forcément, et sion le fait on le fait plus tard de toute façon. Les couples qui ontvécu à l'étranger et ont connu d'autres modèles s'écartent aussidu schéma dominant.

Les jeunes qui ont aujourd'hui 20 ans vont sans douteaussi être influencés par l'extérieur et ne pas reproduire lemême modèle trait pour trait. Mais ce modèle traditionnel estcelui qui continue d'être véhiculé par les médias, par la socié-té. Les mentalités comme les comportements vont mettre dutemps à changer.

Propos recueillis par Marion Guyonvarch

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Société

La lecture de l'interview ci-cont-re a provoqué la réaction d'unabonné français du petitjournal,qui a résidé longtemps à Bucarest:

"Belle interview. J'en partage tousles points: avec ma femme, nousavons beaucoup observé pendantnotre séjour à Bucarest, beaucoupquestionné nos amis et amies rou-mains éclairés) et c'est ce qu'ilsdécrivaient et que l'ont voyait.

Des amoureux qui s'embrassentpartout en plein vent mais ensuitedes couples déséquilibrés ou rêgnel'homme ( le "boeuf canapé" disaitune amie, qui rentre et se vautredevant la TV).

Tout cela conforté par l'Eglise quiconfirme les rôles. Pourtant je suisconvaincu que ce sont les femmesqui peuvent "sauver" (reconstruire) laRoumanie, pas les hommes... Allezles filles !"

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Les amoureux roumains ne font pas exception à la règle et profitent de

la Saint Valentin pour se déclarer leur flamme. Cette fête a donné l'oc-

casion à Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com - Bucarest) de se

pencher sur l'état des rapports homme/femme dans la Roumanie d'aujourd'hui

en interrogeant la professeur Oltea-Daniela Joja, docteur en psychologie et maît-

re de conférence à l'Université Titu Maiorescu de Bucarest qui lui a livré sa vision

du couple.

LPJ : Comment voyez-vous le couple en Roumanie ? Oltea-Daniela Joja: Il est la base de la société, le modèle fondamental. Ne pas

être en couple, c'est presque considéré comme un handicap. Mais il ne s'agit pas d'uncouple équilibré, où priment la communication, la complicité, le désir de construireensemble. Il reste un modèle très traditionnel, loin des modèles de couples modernesqui existent à l'Ouest. Il suffit de comparer les publicités: ici, la femme va être cellequi nourrit et cuisine pour la famille pendant que son mari observe. En Allemagne, unepub va montrer un homme dans sa cuisine, qui parvient à retenir une femme séduisan-te parce qu'il a telle marque de yaourt dans son frigidaire. Là-bas, le rapport est équi-table. De la même façon, dans les relations avec les enfants, les rôles restent très tra-ditionnels, c'est la femme/la mère qui nourrit, lave, consacre du temps aux enfants.

Soumises et obéissantes ou autoritaires et dominantes

LPJ : Les rapports homme/femme en Roumanie ?ODJ : Le registre dans le couple est la plupart du temps très étroit, la femme n'y

joue que deux rôles possibles, celui de la femme soumise, obéissante, dont le rêve etl'accomplissement sont d'avoir un homme, ou celui de la femme autoritaire, dominan-te. Il existe un énorme décalage entre la femme roumaine "professionnelle", qui dansson travail se montre excellente, rigoureuse, compétente, et la femme dans le couple,qui une fois rentrée à la maison dispose d'une autonomie zéro. Il y a peu de variationset de nuances entre ces deux registres. La femme ne se considère et n'est considéréepar la société comme un être complet que si elle a un homme. D'où cette tendance à lasoumission, à l'acceptation, au pardon, quitte à subir des humiliations. Elle est dansl'auto-sacrifice. Elle peut être dure, autoritaire, chercher à tout contrôler, mais au final,elle est dans la soumission. L'homme, lui, est généralement macho et détient le pou-voir dans le couple, ce sont ses besoins et ses souhaits qui passent en premier.Toujours. C'est le cas pour tout, de la vie quotidienne au sexe. Idem dans son rapportà la fidélité. L'influence du harem ottoman se fait sentir, et l'homme définit encore savirilité par ses conquêtes. Et comme la femme a tendance à tout pardonner... Il y aquelques années, j'avais réalisé une étude: sur 200 jeunes femmes patientes interro-gées, près de 70% citaient la capacité à pardonner, la pitié, comme la qualité indispen-sable pour être séduisante et féminine aux yeux d'un homme.

"L'homme n'a pas vraiment à conquérir la femme, c'est elle qui va venir vers lui"

LPJ : Comment définiriez-vous le jeu de la séduction en Roumanie ?ODJ : Ici, il y a peu de courtoisie, de notion de galanterie. Pourquoi? Parce que

l'homme n'a pas vraiment à conquérir la femme, c'est elle qui va venir vers lui. Leshommes roumains n'ont pas ce désir de charmer les femmes, ils iront rarement lutterpour une femme. Celle-ci au contraire fait beaucoup d'efforts pour plaire à l'homme,comme le prouve l'importance accordée à l'apparence physique et au stéréotype debeauté véhiculé par les médias. Il n'y a donc pas de rapport équilibré dans la séduction.La preuve, le rendez-vous amoureux type se déroule selon le scénario suivant. On sortau café, au restaurant, et pour les plus jeunes, en club le week-end avec des amis. Eten général, l'homme parle énormément de lui et attend de la femme qu'elle l'écoute.

CHISINAU

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Selon une psychologue entre partenaires paraissaient

Vie quotidienne

"En général, l'homme parle

Le "bœuf canapé"

Taux d'emploi en 2008 : 52,8%pour les femmes, 64,8% pour leshommes.

- Ecart de rémunération entre leshommes et les femmes : 12%, enfaveur des hommes.

- Proportion de femmes auParlement : 9,3% (chiffre publiéavant les élections de novembre2008).

- Education : 12% des femmessont diplômées de l'enseignementsupérieur, soit le taux le plus faibled'Europe.

(Source : Baromètre Eurostat,octobre 2008)

Les Roumaines en chiffres

spécialiste du couple, les rapports plus équilibrés pendant la période communiste

énormément de lui et attend de la femme qu'elle l'écoute"

Dina Loghin est présidente

de la Fondation pour l'éga-

lité des chances des fem-

mes, une association basée à Iasi qui

œuvre depuis 1996 pour les droits des

femmes roumaines. A l'occasion de la

Journée de la femme, le 8 mars dernier,

elle a décrit pour lepetitjournal la

situation des Roumaines et les nomb-

reux progrès qui restent à faire.

LPJ - Comment qualifieriez-vous lasituation des femmes en Roumanie ?

Dina Loghin - Dure, pour la majori-té des femmes, et ce pour des raisons trèsvariées : mères seules, chômeuses de lon-gue durée, veuves… Celles qui ont unemploi ont des problèmes pour conciliervie professionnelle et vie de famille.Celles qui vivent dans le milieu ruralvivent à la limite de la pauvreté et dans ungrand isolement. Les femmes deRoumanie n'osent pas "rêver" et les seu-les aspirations qui leur sont offertes sematérialisent dans les publicités, sous laforme de cosmétiques, de détergents.D'un autre côté, les jeunes qui étudientont maintenant plus de chances que lagénération précédente.

"Elles sont une minorité politique en Roumanie"

LPJ - Quels problèmes demeurent ? D. L. - Premièrement, la violence. Il

existe toujours une grande violenceenvers les femmes, plus que ce que l'on

pense. Elles sont surtout éduquées pouraccepter les formes de violence connues,notamment les coups.

Deuxièmement, la discrimination.C'est aussi une réalité, les femmes nesavent pas reconnaître l'essence même dela discrimination (l'accès aux ressourceset leur contrôle). Du coup, lorsqu'ellessont confrontées à une situation discrimi-nante, elles ne vont pas considérer qu'ils'agit d'une injustice.

Troisièmement, l'accès à l'emploi.Les femmes sont discriminées sur le mar-ché du travail, mais il est difficile de leprouver. Le décalage important entre l'of-fre et la demande en matière de postes, etle système du "piston", qui marche aussibien pour les femmes que pour les hom-mes, laissent penser qu'il n'y a pas de dis-crimination. Mais les répartitions de pos-tes, dans les centres de pouvoir natio-naux, locaux, administratifs, politiquesou économiques, sont toujours clairementpatriarcales.

Enfin, l'implication en politique. Lesfemmes sont une minorité politique enRoumanie. Il existe des "quotas" (ou plu-tôt des précédents) pour les minorités etles Roms, mais pas pour les femmes.Quand il y a des femmes en politique, onleur offre une visibilité. Et celles quidisposent d'une visibilité ont tendance àse conformer au stéréotype, pour créer unconsensus plus rapide et être acceptées.

LPJ - Des progrès récents ont étéenregistrés ?

D. L. - Ici ou là, notre associationainsi que d'autres ONG, nous identifionsdes modèles à "suivre" parmi les femmes.Mais cela ne signifie pas forcément qu'el-les se réjouissent de cette reconnaissanceet de cette visibilité. De relatifs progrèsont été enregistrés dans la vie politiqueaprès les élections de 2008, des femmes(encore trop peu) ont été nommées à despostes à responsabilité.

Une tendance

à évacuer le problème

LPJ - Peut-on parler d'égalité ?D. L. - Si l'on se réfère à la majorité

des habitants de Roumanie, la réponse estun grand "NON". En parallèle, il existe enpermanence ce discours, totalement erro-né, tenu par des femmes puissantes etvisibles qui s'expriment souvent sur lemode suivant, en évacuant le problème:"Je ne suis pas féministe, mais…", "Moi,je n'ai pas eu de problèmes, mais il estpossible qu'il en existe."

LPJ- Comment se situe la Rou-manie par rapport aux autres pays euro-péens ?

D. L. - Pour la présence en politique,la Roumanie est selon moi en dernièreposition. Ensuite, concernant l'emploi, leniveau de vie en général, notre pays esten queue de peloton, à côté des ancienspays communistes.

Propos recueillis

par Marion Guyonvarch

Dina Loghin, présidente de la Fondation pour l'égalité des chances des femmes:

"Les femmes de Roumanie n'osent pas rêver"

Page 11: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Société

Aucune université n'a décrochéles cinq étoiles (entre 65 et 80points), mais six n'en ont obtenuaucune dont 3 de Bucarest, parmilesquelles l'université de médecine etde pharmacie Carol Davila. Au final,18 sont en dessous de la moyenne, 6autour et 18 au-dessus.

Trois universités obtiennent qua-tre étoiles. En tête la faculté demédecine et de pharmacie de TârguMures - certains ne manqueront pasde relever qu'elle se trouve dans unjudet hongrois, jugé généralement

plus rigoureux - suivie de la facultéIuliu Hatieganu de Cluj (médecine etpharmacie) et Alexandru Ioan Cuzade Iasi.

Babes-Bolyai de Cluj a dénoncéle non-professionnalisme de cetteévaluation. Sans-doute vexée… laprestigieuse université ne figurantqu'à la 20ème place, décrochantjuste la moyenne.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

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La capitale roumaine occupe la85ème position dans un classementsur la qualité de vie dans les grandesvilles du monde, effectué par l'agen-ce EIU (Economist intelligence unit).Au total, 140 villes du monde ont étéétudiées. En Europe, où 28 capitaleset grandes agglomérations ont étéprises en compte, Bucarest occupela dernière place.

C'est Vienne, la capitale autri-chienne, qui est la ville européennela mieux classée (2ème). Paris esten 17ème position. En Europe del'Est, les agglomérations les plusagréables sont, dans l'ordre,Budapest, Prague, Bratislava,Varsovie et Sofia. Cette étude a étéréalisée sur la base de 5 critères : lastabilité, les services médicaux, laculture, l'environnement, l'éducationet les infrastructures.

Enseignement Les universités publiques passées

Népotisme, favoritisme, corruption, examens arrangés…Devant les

multiples maux dont souffre l'université roumaine et la grave crise de

confiance des Roumains, en premier lieu des étudiants, à son égard,

une quinzaine d'associations et ONG ont formé un collectif appelé CUC

(Coalition pour une Université propre) qui a évalué 42 des 56 universités

publiques du pays.

La CUC a mené une enquête relayée sur Internet par le portail anticorruptionRomania.Curata.ro (Roumanie propre), lequel regroupe six ONG et un syndicat, àla pointe du combat depuis plusieurs années pour l'établissement d'une véritabledémocratie et transparence en Roumanie (Freedom House Romania, SociatateaAcademia din Romania, Centrul pentru jurnalism Independant, Grupul pentru DialogSocial, Academia de Advocacy, Societatea Timisoara, syndicat Cartel Alfa).

Le constat, portant sur quatre chapitres - transparence, qualité des professeurs, desdirigeants, de l'administration, gestion financière - est accablant. Dans 95 % des uni-versités analysées, l'enquête a révélé qu'il existait de véritables familles d'universitai-res, se cooptant. Un népotisme particulièrement frappant à Bacau, où une centaine decouples, de parents-enfants, etc. se partagent presque tous les postes de l'université.

Dans un établissement comptant 45 professeurs, on a même dénombré six mariset femmes, dix parents-enfants. On peut ainsi parler de recrutement fermé des univer-sitaires, avec comme conséquences à la clé, leur faible qualité, l'absence de corréla-tion entre mérite et carrière, de transparence, de démocratie interne, d'intégrité et, enprime, le découragement des jeunes candidats qui doivent passer par le système dubakchich s'ils veulent forcer l'entrée de l'institution.

77 % des étudiants et 34 % des professeurs sans illusion

N'ayant pas de comptes à rendre, nombre de professeurs se la "coulent douce".Seulement un quart publient deux contributions, fruits de leurs recherches, par an, 38% un seul, et le reste aucun. La Roumanie, dont le niveau intellectuel de son élite alongtemps fait l'admiration, se retrouve au dernier rang au sein de l'UE et au 67èmedans le monde. Ce laxisme se retrouve chez les étudiants dont certains n'hésitent pasà recourir au plagiat quant ils doivent rédiger un mémoire, une thèse, les achetant clésen main. L'enquête relève d'ailleurs que 71 % des universités ne prennent aucunemesure pour endiguer ce phénomène.

Tout s'enchaîne. Des cas graves de corruption sont signalés. 16 % des universitésont perdu les procès engagés contre elles pour ce motif. 14 autres pour cent ont étésoumises à enquête à ce sujet ou pour harcèlement sexuel, discrimination, 10 % pourfalsification des diplômes, certaines étant considérées comme de véritables "usines"dans ce domaine. 17 % ont reçu des rapports négatifs des institutions chargées d'en-quêter sur leur gestion financière, 38 % ayant essayé de s'y soustraire en ne fournis-sant pas les documents réclamés. Les travaux, les acquisitions, les constructions etleurs contrats afférents constituent les domaines où les universités se montrent les plusopaques. Les étudiants et un certain nombre d'universitaires ne se font pas d'illusions.Parmi les premiers, ils sont 77 % et 34 % chez les seconds à estimer que le niveau decorruption au sein de l'université est élevé. Respectivement 50 % et 28 % savent quedans leur propre établissement, il existe des professeurs qui reçoivent des bakchichsde leurs étudiants.

Tout juste la moyenne pour la prestigieuse Babes Bolyai de Cluj

Au terme de son enquête, la Coalition pour une Université propre a pu établir unclassement (voir par ailleurs) genre guide Michelin, attribuant ses étoiles au mérite, dezéro à cinq, vingt points maximum étant attribués dans chacune des quatre catégoriesexaminées, pour un total maximum de 80 points.

Il ne ferait pas bonvivre à Bucarest...

Le "guide Michelin" universitaire

Des milliers d'automobilistesbucarestois et roumains riverains dela frontière se rendent chaque week-end en Bulgarie pour faire leurscourses, les prix y étant parfois infé-rieurs de moitié. Ils en profitent aussipour aller au restaurant. Non seule-ment la qualité est excellente, lesportions beaucoup plus généreuses,les serveurs souriants, mais les prixdéfient toute concurrence. Trentecentimes d'euro une salade bulgare,50 centimes une bière de 50 centilit-res, à peine plus d'un euro la pizza.A Bucarest, il faut compter plus dudouble… avec une soupe à la grima-ce le plus souvent.

Adresses bulgares

au crible d'un collectif d'associations et ONG roumaines

attribue plus de mauvaises que de bonnes étoiles

Voici le classement des 42 uni-versités publiques établi dansun ordre décroissant, des

meilleures aux plus mauvaises selon lescritères de transparence et honnêteté défi-nis par la Coalition pour une Universitépropre:

Universités 5 étoiles : 0

Universités 4 étoiles

1-Université de médecine et pharmacie,Târgu Mures2-Université de médecine et pharmacie"Iuliu Hatieganu", Cluj Napoca3-Université "Alexandru Ioan Cuza", Iasi

Universités 3 étoiles

4-Academie d'études économiques,Bucarest5-Université Maritime, Constantsa6- Université "Politehnica", Bucarest7-Université de Pétrole et Gaz, Ploiesti 8-Université "Stefan cel Mare", Suceava9-Academie Nationale d'Education phy-sique et de sport, Bucarest10-Université Tehnique "GheorgheAsachi", Iasi

11-Université de médecine et pharmacie,Craiova12-Université de Bucarest13-Université "1er Décembre 1918",Alba Iulia14-Université "Dunarea de Jos", Galati15-Université d'architecture et d'urbanis-me “Ion Mincu", Bucarest16-Université de médecine et pharmacie"Victor Babes", Timisoara17-Université de science agronomique etde médecine vétérinaire du Banat,Timisoara18-Université de Nord, Baia Mare19-Université Tehnique de Construction,Bucarest20-Université "Babes-Bolyai", ClujNapoca21-Université "Petru Maior", TârguMures

Universités 2 étoiles

22-Université "Valahia", Târgoviste 23-Université de médecine et pharmacie"Grigore T. Popa", Iasi24-Université Politehnica, Timisoara25-Université de Petrosani26-Université de l'Ouest, Timisoara

27-Université"Transilvania", Brasov28-Université de science agronomique etde médecine vétérinaire, Cluj Napoca29-Université de science agronomique etde médecine vétérinaire "Ion I. de laBrad", Iasi30-Université Tehnique, Cluj Napoca31-Université de Pitesti

Universités 1 étoile

32-Université de Bacau 33-Université "Lucian Blaga", Sibiu34-Université "Ovidius", Constantsa35-Université d'Oradea36-Université de Craiova

Universités 0 étoile

37-Université "Constantin Brân-cusi",Târgu Jiu38-Université "Aurel Vlaicu", Arad 39-Ecole Nationale d'études politiques etadministratives, Bucarest40-Université "Eftimie Murgu", Resita(judet Caras Severin)41-Université de médecine et pharmacie"Carol Davila", Bucarest42-Université de science agronomique etde médecine vétérinaire, Bucarest

Bucarest dans le bas du tableau, Târgu Mures en tête

Près de la moitié des jeunes Bucarestois considèrentque les drogues sont un moyen de se distraire et51% d'entre eux estiment qu'elles devraient être

légalisées. Ce sondage, réalisé par la Fondation pour la défen-se des citoyens contre les abus de l'Etat, révèle surtout uneaugmentation de la consommation de drogues chez les jeunes

Bucarestois: 38% des adolescents interrogés ont reconnu avoirconsommé de la drogue l'an passé (contre 35% en 2008). Et ilssont de plus en plus nombreux - 51% contre 41% en 2008 - àréclamer la légalisation des drogues.

Cette étude concerne les jeunes de la capitale, et non pasde l'ensemble du pays.

La drogue, moyen de se distraire pour les jeunes Bucarestois

Triste avant-dernière placepour la Faculté de médecine

et pharmacie Carol Davilade Bucarest.

Page 12: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Société

ACorcova, dans le sud-ouest du pays, un contrô-

le vient de mettre à jour des irrégularités dans

la gestion de la forêt. Récit par Marion

Guyonvarch de la lutte menée par un homme pour mettre

fin à des pratiques malhonnêtes qui mettent la forêt rou-

maine en péril par ceux-là mêmes qui sont chargés de son

entretien et de sa préservation: les gardes forestiers*.

La scène se déroule dans le village de Corcova, dans ledépartement de Mehedinti, au sud-ouest du pays. SerbanDamboviceanu y possède un domaine viticole de plusieurshectares. Il y a quelques semaines, l'office sylvicole local com-mence à effectuer des coupes dans la forêt située sur sa parcel-le. Rapidement, Serban Damboviceanu constate d'importantesirrégularités dans le travail des gardes forestiers. "On s'estrendu compte qu'ils coupaient au-delà de la parcelle prévue etqu'ils coupaient des arbres précieux,comme des chênes, qui n'auraient pas duêtre abattus d'après le cahier des chargesqu'ils doivent respecter", explique, trèsdéterminé, Serban Damboviceanu. Outrel'aspect illégal, ces coupes incontrôléespeuvent aussi avoir un impact environne-mental certain, notamment "parce qu'ellessont effectuées sur des terrains en pente, etpourraient provoquer des glissements deterrain", s'inquiète Serban Damboviceanu.

Aussitôt, le viticulteur demande à ce que l'inspectorat syl-vicole effectue un contrôle sur la zone. Le 26 mars, un premierinspecteur se rend sur place et relève effectivement de nom-breuses irrégularités. "37 arbres situés en dehors du parquet(surface devant être coupée, ndlr) ont été découverts. Ils pré-sentaient de fausses marques", explique Gheorghe Poenaru,responsable de l'inspectorat de Ramnicu Valcea. Le contrôle sepoursuit donc pendant une semaine, dans une ambiance ten-due: la voiture d'un inspecteur est aspergée d'acide, les gardesforestiers auraient tenté d'effacer des preuves… Malgré cesincidents, le rapport conclut à l'existence d'irrégularités.

Des réseaux organisés ?

Serban Damboviceanu lui évoque un système de fraudebien organisé, au moins à l'échelle locale, dont l'objectif est degagner de l'argent en vendant du bois précieux au "noir". "Lacoupe et la vente de bois font partie des attributions des gar-des forestiers. Mais ils coupent plus d'arbres que prévu, sacri-fient des arbres dont le bois se vend bien (chêne, hêtre…), et levendent ensuite pour leurs profits personnels. C'est un réseauancien et implanté partout", affirme Serban Damboviceanu.Bien décidé à faire cesser ces pratiques, ce trentenaire éner-gique mobilise les habitants, multiplie les démarches, les lett-res officielles auprès des autorités pour que le contrôle ait bienlieu et surtout qu'il soit suivi d'effets réels.

L'inspectorat de Ramnicu Valcea et Romsilva, et l'officenational en charge de la gestion desforêts, soutiennent que de telles pratiquesne sont pas fréquentes, et récusent l'hypo-thèse de réseaux organisés pillant le boisdes forêts roumaines.

Reste que sur place, les inspecteursont observé suffisamment de "problè-mes", comme l'explique l'un d'entre eux,Daniel Lapadat, pour préconiser dansleur rapport un contrôle de fond sur l'en-semble de la circonscription sylvicole.

"Dix inspecteurs ont commencé à vérifier l'ensemble du terri-toire de la circonscription, soit environ 5000 hectares. Cecontrôle de fond devrait être terminé d'ici à deux semaines",explique Gheorghe Poenaru. Reste à voir s'il va mettre à jourdes irrégularités à une plus grande échelle.

Marion Guyonvarch

(www.lepetitjournal.com - Bucarest)

*NDLR : gardes et ingénieurs forestiers sont souvent citésparmi les professions les plus lucratives du pays, les Roumainsse référant aux trafics auxquells elles donnent lieu.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

La Roumanie passe par une crise aiguë d'ingénieurs sur le marché du travail,le pays formant une moyenne de 20-25 ingénieurs pour remplacer les 100ingénieurs qui vont se retirer du marché du travail, a déclaré le vice-prési-

dent de la formation professionnelle, Constantin Savu. "Dans l'Union Européenne onforme 190 ingénieurs pour 100 ingénieurs à se retirer du marché. En Roumanie iln'existe pas de statistiques, mais il faut savoir qu'on en forme que 20-25 nouveauxingénieurs pour 100 ingénieurs qui se retirent de l'activité," affirme-t-il.

La crise est provoquée, en substance, par l'attrait bas des facultés à profil tech-nique pour les futurs étudiants, et ceux qui affichent un réel potentiel sur le terrain par-tent faire des études dans les universités à l'étranger, où la plupart du temps, ils reçoi-vent des offres d'embauche.

En ce qui concerne la motivation financière, le marché des salaires en Roumaniepeut, toutes proportions gardées, se comparer avec celui à l'étranger, assurant la sécu-rité et également la possibilité de travailler dans leur propre pays, à proximité de lafamille ou des amis. "Les entreprises en Roumanie ont atteint un point où elles peu-vent rémunérer tout à fait bien les employés. Par exemple, un ingénieur avec 2-3 ansd'expérience dans le brasage et le soudage des robots peuvent recevoir au moins1.000 €", a déclaré Constantin Savu.

Une autre raison de la crise est le fait que les facultés de profil du pays n'ont pasl'équipement nécessaire à la formation professionnelle des jeunes étudiants. Par lasuite, ceci aggravera la possibilité l'emploi parce qu'ils n'ont pas été formés, dans lapratique, pour le travail qu'ils vont faire.

"La pratique et la théorie devrait se compléter l'une l'autre. Si nos universitésn'ont pas les moyens techniques dont un élève a besoin pour s'habituer aux techniquesspécialisés, il ne pourra pas trouver un bon emploi après un cycle complet de l'ensei-gnement supérieur" a conclu Constantin Savu.

Maria a deux enfants. Elle est rou-maine d'origine tsigane et vit dans lesud de Belfast. Désormais, elle veut"rentrer chez elle". Début juin, Mariaa eu peur pour sa vie et celle de sesenfants. Mercredi 17 juin, elle adormi, avec 19 autres familles rou-maines, dans un lieu secret que legouvernement a mis à leur disposi-tion. La veille, les 115 hommes, fem-mes et enfants concernés avaientpassé la nuit dans une église où lesavait conduits la police.

Depuis une semaine, lesRoumains d'Irlande du Nord subis-saient des attaques racistes. Jets debriques, injures, menaces... Des jeu-nes venus d'une zone loyaliste voisi-ne (The Village) ont multiplié lesactes d'intimidation. Lundi 22, tandisque des habitants du quartier mani-festaient pour défendre leurs voisinsroms, ces jeunes ont contre-attaqué àl'aide de saluts et chants nazis.

Les groupes paramilitaires loyalis-tes du Village, qui par le passé ont puêtre impliqués dans des actions racis-tes et contre les Irlandais catholiquesont condamné les événements etaffirmé n'y être pour rien. En 2008,l'Irlande du Nord a recensé 1 000actes racistes, contre 41 en 1996.

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Enseignement Seulement un ingénieur sur

quatre formé pour la relève

Irlande du Nord :attaques racistes contre des Roumainsd'origine tsigane

Bénédiction par le pope, suivie d'unemesse, musique traditionnelle, buffetavec sarmale et tsuica… Tout était

réuni le 8 mars dernier, jour de la fête des femmesauxquelles on distribuait des martisors, pour donner un aspect roumain au quartier dela gare Tiburtina de Rome. Les riverains étaient réunis pour fêter l'inauguration dupremier centre commercial entièrement roumain d'Italie et d'Europe occidentale.

"La Strada" (La rue) a ouvert sur 700 m2 et comprend 11 magasins: épicerie,charcuterie, patisserie-cafeteria, vêtements d'occasion et robes de mariée, agence devoyage, transfert d'argent, librairie-CD. Tous on un trait commun: ils ne vendent quedes produits roumains. Le centre comprend même une salle de classe où les enfantspeuvent réapprendre leur langue maternelle sous l'égide d'une professeur de roumainet de français, installée depuis vingt ans à Rome. Les livres et cahiers viennent direc-tement de Roumanie.

Les commerçants ont mis toutes les chances de leur côté: la gare Tirbutina voitdéfiler 20 000 Roumains chaque jour. Mais leur initiative doit aussi beaucoup au cli-mat d'insécurité et de racisme à l'égard des Roumains qui règne en Italie. L'un d'ent-re-eux, Adrian Nichifor, a vu son magasin incendier en février. Sans se décourager, ilen a ouvert un autre, un mois plus tard, à La Strada, affirmant haut et fort qu'il ne vou-lait pas se laisser intimider et comptait rester à Rome.

L'ouverture du centre commercial a été en général bien accueillie par les Italiens,saluée même par plusieurs journaux, seule une association de droite demandant sa fer-meture car "il risquait de créer un ghetto incontrôlable". Deux autres centres similai-res sont en projet, à Milan et à Turin.

Premier centre commercial entièrement roumain en Italie

Environnement Forêts en coupe réglée dans le sud-Ouest du pays

C'est officiel: il est désor-mais autorisé de marchersur les pelouses des parcs

bucarestois et de circuler à vélo dansles allées. Le maire de la capitale,Sorin Oprescu, lui-même étendu surl'herbe du jardin zoologique deBucarest, a annoncé la modificationde la loi 10/2001 sur les espaces vertsqui interdisait jusqu'à présent l'accèsdes promeneurs aux pelouses et celuides cyclistes et rollers aux allées duparc.

Le quartier de Redea, construit pour les habitants du village de Rosia Montanaqui ont accepté de quitter les lieux pour permettre à la compagnie roumano-canadienne Rosia Montana Gold Corporation (RMGC) d'étendre l'exploita-

tion de la mine d'or de la région, a été inauguré, fin mai, à la périphérie d'Alba Iulia . Autotal, 125 maisons ont été construites par RMGC pour plus de 120 familles qui ontaccepté l'offre de la société roumano-canadienne, dont l'investissement pour ce quartiers'élève à 32 millions de dollars.

Entre 2002 et 2008, RMGC est devenu propriétaire de près de 80% du total des pro-priétés résidentielles de la zone industrielle sur laquelle le groupe veut développer unprojet d'extraction d'or. Projet qui reste très controversé, notamment à cause de l'utilisa-tion de cyanure dans le procédé d'extraction du métal précieux. En septembre 2008, lesactivités de RMGC sur le territoire roumain ont été suspendues par le ministère del'Environnement, qui a invoqué l'absence d'autorisation environnementale.

Inauguration du quartier des déplacés à Rosia Montana

Espaces verts accessibles à Bucarest

Page 13: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Société

Aujourd'hui, le fleuve a déserté les lieux. Travaillé par letemps, aménagé par les hommes, son cours s'est détourné.Seules quelques carcasses de barques se souviennent. EtSfistovca respire au passé. A ses extrémités, l'unique route enterre s'essouffle. La fin d'un bourg, ses bicoques en ruine, leurspeintures écaillées et leurs toits écroulés. Pourtant au cœur duvillage, l'église de tôle argentée scintille toujours. Même siSergueï regrette : "Avant, à Pâques, les cloches sonnaient tousles jours. Maintenant, c'est fini".

"L'hiver nous ne voyons personne, le canal gèle...l'été, au moins, des étrangers nous rendent visite"

Campé surson banc en bois,devant la palissa-de, l’homme portedignement ses 81ans. C'est vrai qu'àSfistovca les jeu-nes ne courentplus les rues.Quelques-uns sontdevenus pêcheurs.Mais le poisson seraréfie et laconcurrence s'in-tensifie.

Beaucoup se sont enrôlés dans l'armée, dans la police outravaillent dans des bureaux. A Tulcea, Sulina, Bucarest oualors plus loin quand ils ont pu: en Espagne, en France ou enItalie. Il y a trois ans, faute d'élèves, l'école a fermé. Depuis levillage compte sept enfants. "Il vaut mieux qu'ils nous quittent.Ils n'ont rien à faire ici", reconnaît Irina.

Comme la majorité des vieux Lipovènes, la jeunebabouchka porte l'habit traditionnel: une jupe longue et un fou-lard noué lâche sur ses cheveux. Elle soupire: "L'hiver, nous nevoyons personne. Les enfants ne viennent pas. Le canal gèle.L'été au moins, des étrangers nous rendent visite". Dans lesalentours, le tourisme se développe. Les vacanciers sont sur-tout des pêcheurs ou des chasseurs.

Un peu plus loin, Igor, 73 ans, ressent aussi l'isolement."Les vieux sont morts, les enfants sont partis. Il ne reste quenous." On le surnomme le capitaine du port. "Même s'il n'y apas de port." Qu'importe. C'est vrai, il aurait pu être capitaine.Avec son corps tout en longueur, son regard franc, son portaltier et son nez droit. "Quand j'étais jeune, j'étais beau, beau-coup plus beau que vous!". Le vieux capitaine se marre. Satouffe de cheveux gris gigote au sommet de son crâne.

Derrière lui, une de ces maisons lipovènes. Basse, la faça-de colorée, le toit en chaume et les murs en boue séchée. Dansla cour, une étagère supporte deux ou trois casseroles en fonte.Une tonnelle de vigne et quelques légumes qui s'éparpillentdans le potager. Une vie en miniature. Igor est à la retraite. Ilénumère. Il possède: "Trois taureaux, trois vaches, quatreveaux" et pêche pour se nourrir. Au fond du jardin, il déploie

fièrement son filetpourtant tout troué."Parfois, les pois-sons s'échappent.C'est normal, ilssont comme nous.Ils veulent vivre."Lui aussi, avec sa femme, il aimerait bien s'en aller. Puis il sereprend: "Pour partir où? Nous nous sommes habitués".

La barbe ne fait plus le moine

Sfistovca serait un de ces villages où il faut être né pourrester? Auquel on s'habitue presque contre son gré.Pourtant, il possède quelque chose de plus. Peut-être ces canaux étriqués dans leurs murs deroseaux, cette pluie de pollen argentée et les épaisbuissons de lilas violet. Ou bien cette histoire dontles anciens se souviennent parfois. "La mère, de lamère de ma mère nous racontait… A son arrivée,elle avait à peine 4 ans. Pierre le Grand a voulucouper la barbe des Lipovènes. Pourtant, selon laBible, il faut la garder".

Barbichette de trois jours au menton, Nikitaconcède: "Certains ont fini par se raser. Nous n'a-vons pas eu besoin d'un tsar pour nous convainc-re!". Il rigole. Même imberbes, les Lipovènes sontrestés très croyants. Dans le salon de la petite mai-

son, plusieurs icônes de la Vierge Marie témoignent de cettefoi. Avec les autres villageois, Nikita assiste à la messe plu-sieurs fois par semaine.

Ses œufs rouge sang devant lui, Oktavius est venu s'instal-ler ici il y a quelques années. Ce peintre roumain est orthodoxemais pas Lipovène. Avec le temps, ce village est devenu lesien. Une terre esseulée, "un endroit reclus, où rien ne change.Les habitants acceptent seulement la télévision et le téléphoneportable". Alanguie sur son tapis de verdure, Sfistovca demeu-re un havre de paix. Oktavius ne parle pas d'ennui. Au contrai-re, il sourit puis confie : "Isolé du monde, j'ai pour moi la natu-re et le silence."

Marine Dumeurger (Libération)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

A Sfistovca, dans le Delta,

Persécutée depuis la fin du XVIIe siècle en Russie, une minorité ortho-

doxe a fui et a trouvé refuge en Roumanie, dans le delta du Danube. A

Sfistovca, l'âme de ces exilés vibre encore, portée par une poignée d'an-

ciens à la barbe en broussaille et à la foi intense.

"Le Christ est ressuscité." Oktavius brise l'œuf, peint rouge sang. "La couleur dusacrifice de Jésus." Il lève son verre de palinca, un alcool de prunes, et l'avale cul sec.Nous sommes en semaine pascale à Sfistovca, un repaire de "vieux-croyants" échouésdans le delta du Danube depuis presque deux siècles.

L'histoire commence en 1654. En Russie, le patriarche de Moscou modernisel'Eglise orthodoxe. Les traditionalistes refusent la réforme et conservent leur rite. Ilsse signent avec deux doigts, se prosternent jusqu'à terre, portent la barbe longue, seréfèrent à l'ancien calendrier. Ce sont les vieux-croyants.

Devant la violence de la répression, ils sont des centaines de milliers à s'exiler, às'enfouir dans les profondeurs des déserts et des forêts. Vers l'Oural, la Sibérie ou plus

à l'ouest vers l'Europe.Poussés toujours plusloin par l'expansion del'Empire russe, ils par-viennent en territoireottoman. Plusieursd'entre eux se blottis-sent, dans les bras dudelta du Danube, l'ac-tuelle Roumanie. Ununivers reculé, où lefleuve forme un réseaucompliqué de lagunes,de marais, d'îlots.Nourri par les sédi-ments, le sol y subit un

perpétuel mouvement. Vague après vague, la terre avance et l'eau recule, petit à petit.

"Il n'y a rien là-bas… Juste deux vieux poilus et trois vieilles sûrement bossues"

Longtemps isolés, les descendants des vieux-croyants ont perpétué leurs tradi-tions: la barbe longue, une foi intense et un dialecte ancien. En Roumanie, on lesnomme les Lipovènes. Dans le delta, ils sont plus de 20 000, concentrés dans cinqvillages. Quatre-vingts habitants, deux voitures, six couples de cigognes et un lampa-daire, allumé jour et nuit: Sfistovca est l'un d'entre eux. Pour l'atteindre, il faut prend-re son temps. Emprunter le bras de Chilia jusqu'à Périprava, dernier port avant la merNoire. Ici on trouve encore 200 habitants, de l'essence et des femmes jeunes.

Une Trabant gris délavé bringuebale entre les quatre rues embourbées. Au café duvillage, autour d'une bouteille en plastique trois litres de Noroc, une bière roumaine,les plaisanteries fusent: "Sfistovca c'est le bout du monde, le Sahara. Il n'y a rien là-bas. Juste deux vieux poilus et trois vieilles sûrement bossues". Il faut pourtant conti-nuer son chemin. Emprunter la piste qui cahote entre les deux bourgades. Admirer laforêt primaire de Letea et ses chênes centenaires. Quelques coquelicots, un troupeaude chevaux sauvages, un ramassis de dunes et une myriade de sons: sifflements, pépie-ments, ricanements, croassements. Puis enfin la terre promise.

Sfistovca repose, assoupie au milieu d'un vaste champ vert vif. A leur arrivée, lespionniers découvrent des espaces libres et fertiles, le Danube à proximité, une multi-tude de lacs. Sur ces bandes de terres boueuses, ils bâtissent leurs maisons. Ils façon-nent un réseau de canaux, un labyrinthe liquide où ils sont les seuls à réussir à se repé-rer. La petite ville réunit alors plusieurs centaines d'habitants, des pêcheurs qui subsis-tent en harmonie avec leur environnement.

Depuis le 1er juillet, une partie descoûts médicaux sont pris en chargepar les patients. Le ministère de laSanté a en effet décidé, sur l'insistan-ce de l'Union Européenne, de mettreen place un système de co-paiementafin de lutter contre la corruption dusystème de santé roumain. Une par-tie des analyses et des consultationsseront pris en charge par les assu-rances, le reste étant aux frais dupatient. "Si l'on prend l'appendicitepar exemple, nous allons avoir unguide de pratique, un guide cliniquedans lequel il apparaîtra clairementquels services médicaux doit recevoirun patient en cas d'appendicite.Ceux-ci vont être intégralement sou-tenus par l'assurance maladie. Si lemalade veut un service en plus, leco-paiement interviendra", a déclaréIon Bazac, le ministre de la Santé.Toujours dans le but d'éliminer la cor-ruption et les pots-de-vin qui rongentle système, une structure "d'intégritéet de fidélité" chargée de contrôlerles médecins va être mise en place.

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Mis en place du co-paiement malades-hopitaux

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l'âme des "Vieux-croyants" vibre encore

Les touristes en visite dans leDelta du Danube devront désormaiss'acquitter d'une taxe d'entrée de 20lei (5 € ); ainsi en a décidé le minist-re de l'Environnement, NicolaeNemirschi. Les personnes ne déte-nant pas ce sésame, valable un an,risquent une amende - entre 3000 et6000 lei pour les personnes phy-siques, entre 25.000 et 50.000 leipour les personnes juridiques.Danube, classé à l'Unesco.

Delta : taxe de visite

Page 14: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Société

Depuis début juin, la bibliothèque municipale de la petite communede Tetoiu (judet de Râmnicu Vâlcea) connait une affluence qui nese dément pas de la part des personnes âgées. On vient d'y installer

Internet et le troisième âge, guidé par un assistant, découvre avec stupéfactiontous ses usages. Certains y reviennent chaque jour, se mettent au e-commerce,passent commande de semences pour leur jardin ou de vêtements. Mais le sum-mum de l'émerveillement a été atteint quant les anciens ont compris qu'enquelques clics et poignées de secondes, ils pouvaient entrer en relation directeavec leurs petits enfants partis travailler en Espagne ou à des milliers de kilo-mètres, les visionnant grâce à une caméra web. Depuis, à Tetoiu, on a le senti-

ment d'être devenu le centre du monde, d'où l'on peut entrer aussi bien en contact avec Valparaiso que Vladivostok !

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les Tsiganes en Europe

Tous les pays d'Europe comptentune communauté tsigane. Selon lelivre Roms en Europe, de Jean-Pierre Liégeois, le peuple rom comp-te 2,4 millions de personnes enRoumanie, 800 000 en Bulgarie et enEspagne, 600 000 en Russie et enHongrie, 500 000 en Serbie et enTurquie, 450 000 en Slovaquie et 400000 en France.

La communauté tsigane est moinsimportante en d'autres pays: 250 000personnes en République tchèque eten Macédoine, 220 000 en Grèce,200 000 en Ukraine, 150 000 auRoyaume-Uni, 140 000 enAllemagne, 120 000 en Italie, 100000 en Albanie, 80 000 en Bosnie, 50000 au Portugal, 45 000 en Pologne,40 000 en Croatie et en Suède,35 000 en Irlande et au Pays-Bas eten Belgique, et 25 000 en Autriche.

Les Lipovènes (en roumain: Lipoveni), ou vieux-croyants (comme ils s'ap-pellent eux-mêmes), sont une communauté orthodoxe vieille-croyante d'o-rigine russe établie au XVIIIe siècle principalement en Ukraine (56 000

personnes) et en Roumanie (29700 personnes). En Ukraine, les Lipovènes sont grou-pés en Bessarabie méridionale (Boudjak), notamment autour de Vylkove (Vilkovo).En Roumanie, les Lipovènes habitent surtout les régions de la Moldavie septentriona-le (Bucovine) et de la Dobrogée (Dobroudja, aux Bouches du Danube).

"Lipovènes" ("chaussés d'écorce de tilleul" en russe) est le surnom des anciens"Raskolniki", orthodoxes vieux-croyants appelés parfois "les Cathares russes", partisde Russie à la fin du XVIIe siècle, lorsque cette dernière s'est "pervertie" (à leurs

yeux) en adoptant une série deréformes religieuses.

Persécutés par le gouver-nement du Tsar Pierre leGrand, ils ont été pourchasséspar les cosaques et ont trouvérefuge dans la principauté rou-maine de Moldavie et dansl'Empire Ottoman alors maîtredes abords de la Mer Noire. Là,ils ont rencontré des Grecs etdes Roumains dont ils ont

appris la pêche qui fut jusqu'à récemment leur principale activité. Ils n'ont plus depatrie mère, et pour cette raison ne se définissent pas comme Russes, même si 90 %des Lipovènes sont russophones (un russe du XVIIIe siècle, pas très compréhensiblepour un russophone contemporain).

Scoptes qui font le vœu de chasteté

et se castrent après leur deuxième enfant

Non reconnus par les églises orthodoxes canoniques, qui sont en union avec lespouvoirs politiques roumains ou russes, ils ont leur propre liturgie et hiérarchie, ce quileur a donné une tradition de résistance aux pouvoirs politiques (y compris commu-nistes) et de laïcité (séparation de la foi et de l'état).

L'identité Lipovène repose sur la foi dans la sphère privée, le travail et la fête dansla sphère publique (où l'accordéon et la vodka jouent un rôle majeur). Lorsqu'une égli-se se dégrade, les Lipovènes ne la rénovent pas et ne la démolissent pas, mais en cons-truisent une autre plus loin.

Au XIXe siècle, l'Empire Russe "rattrape" les Lipovènes en annexant la moitiéorientale de la Moldavie (Bessarabie, 1812) et le Delta du Danube (1829-1856). LeTsar offre alors des avantages aux Lipovènes à condition d'entrer dans le giron de l'or-thodoxie canonique, et environ un tiers d'entre eux acceptent (ce sont les "Faux-lipo-vènes"). Une crise secoue alors la communauté, dont se détache la secte des Skoptzyou Scoptes, qui faisaient vœu de chasteté et se castraient rituellement après le secondenfant. Compte tenu de la mortalité infantile importante à l'époque, et de l'intrusion dela modernité au XXe siècle, cette secte a entre-temps disparu (les rares survivants ren-trant dans la communauté au cours des années 1930).

Après la Libération de 1989, les Lipovènes furent nombreux à émigrer commemarins des flottes de pêche industrielle, et il y a aujourd'hui une importante diasporaLipovène au Canada (Vancouver) et aux États-Unis (Seattle). Le centre religieux deslipovènes est la ville de Braila en Roumanie. Pour aider à garder l'identité culturelledes Lipovènes, depuis 1990 apparait le journal bilingue "Zorile" (qui veut direL'Aube en roumain).

Cathares russes, devenus Lipovènes … et aujourd'hui marins à Vancouver

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Durant la Seconde Guerre mon-diale les Lipovènes, adeptes de lalaïcité, furent très nombreux à résis-ter contre les Allemands (ils ontcoulé des patrouilleurs sur leDanube, abrité des juifs en fuite, col-laboré avec la Résistance roumaineet les Partisans soviétiques), mais ilsreprirent cette résistance après laguerre contre le régime communistesoviétique et roumain, et plus de lamoitié d'entre eux furent déportés(ceux d'Ukraine en Sibérie orientale,ceux de Roumanie dans la plaine duBaragan).

Laïcs, résistants face au nazisme et au communisme

Sous la malédiction de Pierre Le Grand

Insolite Tetoiu, centre du monde

Les policiers de Jimbolia en sont restés tout coi quand desparents "bien comme il faut" leur ont amené leur gamin dedix ans, le tirant par l'oreille, pour qu'ils lui donnent une

leçon. Parce qu'il avait eu de mauvaises notes, celui-ci s'était vu suppri-mer son argent de poche et n'avait plus de sous pour sortir au fast-fooddu coin avec ses copains. Ne faisant ni une, ni deux, il avait cherché surInternet une méthode pour fabriquer de la fausse monnaie. C'est samère qui, en faisant sa chambre, avait trouvé cachée sous le lit une pilede billets de 100 lei (25 €) grossièrement imités !

En mettant sa virginité aux enchères sur Internet, Alina Percea,étudiante roumaine en Allemagne n'a pas réussi la bonneaffaire qu'elle espérait. Certes, elle a empoché 10 050 € du

vainqueur, un homme d'affaires italien, mais la jeune femme avait oubliéqu'Outre-Rhin, la prostitution est une activité légale, imposée à 50 %.Par contre, ne pas la déclarer est passible d'une amende. En outre, l'étu-diante devra acquitter la TVA d'un montant de 19 %. Au final, aprèsavoir payé les impôts, il ne devrait lui rester qu'un peu moins de 3400 €.

S'inspirant de la campagne gouvernementale"Rabla pentru masini", visant à donner unpeu d'air à Dacia en offrant des primes aux

automobilistes qui changent leurs vieilles voiturescontre une nouvelle, une sex-shop de Vaslui a lancéune campagne de promotion "Rabla pentru vibratoaresi papusi gonflabile" proposant une réduction de 20 %aux clients qui viennent troquer leurs vibrateurs oupoupées gonflables usés contre des modèles neufs.

Les médecins de l'hôpital des maladies infec-tieuses de Iasi vers lesquels on dirigeait jus-qu'ici des patients mordus par des chiens

errants n'en reviennent pas... En deux jours, à la mi-juin, ils ont eu à soigner deux habitants mordus parleurs concitoyens. Le premier est un piéton sur lequels'est précipité un conducteur énervé parce qu'il ne tra-versait pas assez vite le passage clouté; le second, unefemme qui avait refusé d'acheter des billets de tombo-la. Les deux victimes ont été cependant dispensées detraitement anti-rabique après que leurs agresseurs, quiseront poursuivis, aient subi un test de dépistage.

Dur d'être parents !

Bien mal acquis…

Reprise des vieilles poupées gonflables

Traitement de chien

"Let's go to Bu…"

Passer un week-end en Roumanie, alors qu'on rêvait devisiter la capitale hongroise… c'est une mésaventure quiarrive à de nombreux Britanniques à en croire un article

publié dans le journal anglais Sunday People. L'an dernier, prèsd'un million d'entre eux ont acheté des billets d'avion pour des"mauvaises" destinations, suite à une confusion entre des villes.Au cinquième rang de ces "cities" qui prêtent à confusion,Bucarest et Budapest: plusieurs dizaines milliers de touristes bri-tanniques auraient ainsi atterri en Roumanie, par erreur.

Cristian Pospescu, immigrant roumain aux USA, a étécondamné à 30 jours de prison et trois mois d'arrêt àdomicile pour avoir essyé de revendre un signet de

livre en or de 18 carats qui aurait été un cadeau offert par EvaBraun à son amant, Adolf Hitler. L'objet avait été volé dans unemaison d'enchères d'Espagne, son nouveau propriétaire soutenantqu'il l'avait acquis pour 3500 dollars dans un bar de nuit. Manquede chance pour lui... son client était un agent clandestin du FBI.

Pas de chance

Page 15: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Société

Peu après, Zambon est exclu de toute compétition nationa-le par la Commission de discipline de la Fédération roumainede football (FRF) pour avoir tenté de convaincre ses joueurs -visiblement avec succès - de laisser leurs adver-saires gagner certains matches. Le club est eneffet bon dernier, ce qui ne l'empêche pas d'éco-per de quinze points de pénalité pour le non-paie-ment d'un transfert, alors qu'il n'a inscrit que...sept points en championnat de Liga 2. Les sup-porters des Violet et Blanc sont désemparés:après l'affront du naufrage sportif dans les années1990, les voici maintenant sans club du tout.

Pendant ce temps, le Fulgerul Bragadiru,club de la banlieue de Bucarest, connaît une réus-site sportive surprenante. En 2001-02, ce toutpetit club réalise un superbe parcours en deuxiè-me division. À la trêve hivernale, Anton Dobos, ancien défen-seur international roumain, membre de la Selectionata duMondial 98, rachète le club. Il le déplace de quelques kilomè-tres, dans la capitale. Il le renomme AEK Bucarest, et en chan-ge les couleurs en l'honneur de son ancien club, l'AEK Athènes[2]. L'équipe qui joue désormais en jaune et noir continue sursa lancée, décroche le titre et accède à la première division.

…Puis la résurrection

Quel rapport avec le Poli? Les déçus de Timisoara se sontregroupés sous l'égide d'un certain Andrei Constantin, qui amis sur pied un groupe d'investisseurs du Banat prêts à mettrela main à la poche pour faire revivre le Poli de leur cœur. Descontacts avec Dobos sont pris, et aboutissent sans tarder.

Ainsi naît le Politehnica AEK Timisoara. Cet hybriderésulte de la fusion de l'AEK Bucarest, ex-Fulgerul Bragadiru,et du CSU Politehnica Timisoara, le club amateur issu de lascission de 1993. Le nouveau club conserve la place dans l'é-lite de l'AEK Bucarest acquise en Liga 2 l'année précédente, etdispute ses matches dans l'enceinte historique du PoliTimisoara, le stade Dan Paltinisanu. Il est d'emblée adopté parles supporters comme le prolongement logique du Poli de1921, dont il reprend les attributs, notamment les couleurs vio-lettes et blanches. Mieux, en mars 2003, la Fédération roumai-ne de football (FRF) délivre un document attestant que le clubpoursuit l'activité de l'AS FC Politehnica Timisoara, dont lepalmarès - les coupes nationales de 1958 et 1980 entre autres- ne saurait être revendiqué par quelqu'un d'autre.

Obligation de changer de nom et de maillot

Tout irait pour le mieux, si Claudio Zambon avait décidéde jeter l'éponge. Mais l'homme d'affaire italien, paria en 2002,fait enregistrer dès 2003 un nouveau club sous le nom de FCPolitehnica SA Timisoara basé à... Bucarest. Les documentsofficiels lui donnent droit aux couleurs et à l'hymne du Polihistorique. Ce nouveau club peut démarrer en Divizia 3, où il

remporte son groupe dès la première année. Il fait depuis l'as-censeur entre Liga 2 et Divizia 3.

Ce qui pourrait n'être qu'anecdotique vire à la farcelorsque Zambon décide de faire interdire au PoliAEK - devenu FCU Politehnica Timisoara en2004 - l'utilisation des couleurs du Poli. LeTribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne estsaisi et rend son verdict en avril 2008: Zambonest titulaire de plein droit du nom et des couleursdu Poli Timisoara.

Le club qui joue dans la ville de Timisoaradoit par conséquent changer de nom et demaillots pour gommer toute référence au Polid'antan. Une surprise de taille, d'autant qu'en2007, les dirigeants de l'association AS FCPolitehnica Timisoara, qui est liée directement à

l'Institut Polytechnique de la ville et qui subsiste malgré lafusion de 2002, ont publiquement reconnu le droit du PoliAEK à conserver le palmarès du Poli de 1921, confortant leprocès-verbal officiel de la FRF.

Dix mille manifestants dans les rues

Du côté des fans, la réaction est sans équivoque : Zambonest un imposteur, et l'acte d'enregistrement de son club en 2003ne peut être qu'un faux, ou du moins le résultat d'une corrup-tion au sein de la fédération - hypothèse malheureusement cré-dible. Ils descendent en masse dans la rue pour protester cont-re cette décision qu'ils jugent inique, se retrouvant jusqu'à dixmille dans les rues de Timisoara, comme le mardi 9 septemb-re dernier. Un manifeste est publié en cinq langues pour sensi-biliser un maximum de monde à leur cause. Le slogan "Polisuntem noi!" (Poli, c'est nous !) est leur cri de ralliement.

Le club refuse dans un premier temps de céder, mais laFRF, sur demande de la FIFA qui entend faire respecter la déci-sion du TAS, lui inflige six points de pénalité. Ainsi naît le FCTimisoara, qui arbore désormais du blanc et du bleu à domici-le, et du jaune et du noir à l'extérieur (comme… l'AEK).L'écusson est changé, et la seule référence commune est leheaume noir. La devise "Poli, notre patrie" disparaît. Mais lamobilisation populaire ne décroît pas, alimentée par le fan-tasque président du club Marian Iancu, jamais avare de proposdémagogiques. Au stade Paltinisanu, les tribunes demeurentviolettes et blanches, et l'on se prend à rêver d'un titre nationalen guise de pied de nez vengeur à cette farce ubuesque".

Ludovic Michel (Le Courrier des Balkans)

[1] Dacia Pitesti, club des usines d'automobiles Dacia, avaitachevé la saison 1999/2000 en cinquième position du championnat dedeuxième division. Un accord, probablement financier, est trouvéavec Zambon pour intervertir les positions de Dacia Pitesti et de PoliTimisoara pour 2000/01.

[3] Il y a joué 2 ans, de 1996 à 1998, glanant une Coupe de Grècelors de sa dernière saison. Dobos a été victime d'un grave accident dela route l'été dernier. Il souffre toujours de très lourdes séquelles.

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En battant la Lituanie chez elle (1-0), la Roumanie a conservé un trèsmince espoir de se qualifier dans legroupe 7 afin de participer à la phasefinale de la coupe du monde de foot-ball qui se déroulera l'an prochain, enAfrique du sud. En 5ème et avant der-nière position, avec 7 points, elledevrait remporter tous ses matchs àvenir pour y parvenir, dont celui contrela France, à Paris, le 5 septembreprochain. Par leur victoire en Lituanie(3ème avec 9 pts, l'Autriche étant 4ème, 7 pts, les îles Feroë fermant lamarche, 1 pt), les Roumains ontcependant rendu un fier service à laFrance, deuxième actuellement (10pts), derrière la Serbie (12 pts), quivoit la menace d'une élimination direc-te s'estomper.

Pour les amateurs de football de Timisoara, quel club supporter? Une

question plus sérieuse qu'il n'y parait, au regard des tribulations des

équipes de la ville depuis la chute du communisme. Business, corrup-

tion, achats et reventes de licence, les supporters de Timisoara manifestent dés-

ormais pour récupérer les couleurs historiques de leur équipe de cœur, le

Politehnica Timisoara. Quand le sport fait descendre la population dans la rue...

Une enquête de Ludovic Michel pour Les Cahiers du football.Le Politehnica Timisoara, du nom de l'école qui l'abrite, plus connu sous le sur-

nom de Poli, a été fondé en 1921, à Timisoara. Au fil du temps, le Poli s'est dévelop-pé et a gagné deux Coupes de Roumanie sous la dictature communiste, en 1958 et1980. Ses couleurs légendaires sont le blanc et le violet. Incarnant le Banat, il fait par-tie de ces fiertés provinciales qui luttent contre des clubs de la capitale, comme leSteaua, l'équipe de l'Armée ou le Dinamo, celle du ministère de l'Intérieur. Un bonclub qui ne se bat toutefois pas à armes égales avec les ténors du championnat natio-nal. Jusque là, l'histoire n'a rien d'extraordinaire.

À la chute de Ceausescu, le Poli se maintient dans le haut du tableau en champ-ionnat, mais il rate sa saison 1992/93 et finit à la treizième place (sur dix-huit). Il fautdire que les coulisses sont agitées. Les dirigeants se brouillent avec le recteur del'Institut Polytechnique. Le divorce est consommé et l'école fonde de son côté l'AS FCPolitehnica qui devient rapidement CSU Politehnica Timisoara, club amateur qui som-bre dans les divisions inférieures roumaines.

De leur côté, les résultats du club professionnel déclinent, et en 1997, c'est la relé-gation. Dans le marasme de la Liga 2 puis de la Divizia 3, sans le sou et sans espoirsportif, le Poli accepte en 2000 l'offre de reprise de l'Italien Claudio Zambon. S'il par-vient à "récupérer" une place en deuxième division dès sa prise de fonction [1], lasuite de l'aventure tourne vite au sordide.

Un naufrage et une disparition…

L'Italien se brouille avec les autorités locales et les assigne en justice, sans suc-cès, pour défaut de paiement de sommes promises au club. En mesure de rétorsion, ilexile l'équipe à Dragasani, petite ville connue pour être un haut lieu du piratage infor-matique, puis à Bucarest. Les résultats sont mauvais. Devant son échec à la fois spor-tif et financier, il quitte le navire en cours de saison 2001/02.

Fleuron du Banat,

Les tribulations des

Mondial: réveil troptardif des Roumains

le Poli Timisoara a perdu son identité à la suite de magouilles

"blanc et violet" font le désespoir de leurs supporters

La Fédération Roumaine deFootball a signé un contrat d'1,5 M€

par an avec la firme Ursus Breweries,faisant de "La Reine des bières" deRoumanie le sponsor principal de l'é-quipe nationale de football. Il s'agit duplus gros contrat sportif jamais passéen Roumanie. Depuis dix ans, c'est labière rivale Bergenbier qui était lesponsor des tricolores, pour un mon-tant trois fois inférieur. Créée en1878, nationalisée en 1948, privatiséeen 1990, Ursus est fabriquée à Cluj etappartient au trust mondial SABMiller, d'origine sud-africaine, qui aracheté également la marqueTimisoreana, sponsor de la coupe deRoumanie de football. Investissantdans l'univers sportif, Ursus avait par-rainé en 2003 la première expéditionroumaine sur l'Everest.

Ursus sponsor de l'équipe nationale

Dix mille supporters étaient sortis dans les rues de Timisoara, en septembre dernier, pour défendre les couleurs de leur club.

Claudio Zambon, l’homme d’affaires italien

par lequel le scandale arrive.

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Titre de champion surprise

Après le succès du CFR 1907 Cluj la saison dernière, le sceptre de champ-ion de Roumanie de football continue de fuir la capitale. Urziceni - 17000 habitants, 50 km au nord-est de Bucarest - la deuxième plus petite

ville représentée dans l'élite roumaine a remporté le titre lors de la dernière journée,grâce à un match nul face au Steaua, profitant aussi des défaites de Timisoara àBrasov (1-0) et du Dinamo de Bucarest qui s'est incliné 5 à 2 devant Pitesti.

Le CFR Cluj s'est consolé de la perte de son titre de champion en remportant pourla deuxième année consécutive la coupe de football de Roumanie en battant le FC

Timisoara, grand malchanceux de la saison, par le score de 3 à 0, lors de la 71èmeédition de la compétition. La rencontre à Târgu Jiu entre les deux équipes, la dernièred'une saison de football marquée de nombreux scandales, a été perturbée par plusieursincidents, notamment l'intrusion de supporters de Timisoara obligeant à interrompre lematch à deux reprises.

Otopeni, Medias, nouveaux promus, rejoignent la seconde division, accompa-gnés de Constantsa et Buzau. Ils seront remplacés par Alba Iulia, Curtea de Arges,Piatra Neamt (qui fait l'ascenseur) et Ploiesti. Urziceni est directement qualifié pourla Ligue des champions, alors que Timisoara devra disputer le 3ème tour des phasesqualificatives. Le Dinamo, Cluj et Vaslui joueront la coupe de l'UEFA.

A Istanbul, Mircea Lucescu estdevenu le premier entraîneur roumainà remporter un titre européen: le clubukrainien Sahtior Donetk, dont il a lacharge, a remporté la coupe del'UEFA en battant le Werder deBrême 2 à 1, après prolongations. A64 ans, le père du nouveau sélection-neur de l'équipe nationale roumaine,Razvan Lucescu, rajoute donc unenouvelle ligne à son palmarès (dejoueur et d'entraîneur) et a célébrécette victoire en brandissant notam-ment un drapeau roumain.

L’entraîneur Lucescu au sommet en Ukraine

L'UEFA a épinglé la Fédération roumaine de football pour avoir accordé àsix clubs le droit de jouer en Ligue 1 du championnat national, alors qu’ilsne respectaient pas les critères, notamment financiers, requis par l'instance

dirigeante du football européen. Les clubs concernés sont: Steaua de Bucarest,

Dinamo de Bucarest, CFR Cluj, FC Timisoara, FC Rapid, et Unirea Urziceni,vainqueur du championnat roumain cette année. Ces clubs risquent l'exclusion duchampionnat européen, tandis que la Fédération roumaine encourt des amendes.

Six clubs menacésd'exclusion des coupes européennes

pour Urziceni (17 000 habitants)

Le classement

1. Unirea Urziceni 70 pts2. Poli Timisoara 67 pts (ces deux clubsdisputeront la Ligue des champions)3. Dinamo Bucarest 65 pts4. CFR Cluj 59 pts5. FC Vaslui 57 pts (ces trois clubsdisputeront la coupe UEFA)6. Universitatea Craiova 56 pts7. Steaua Bucarest 56 pts8. Rapid Bucarest 55 pts

9. FC Brasov 55 pts10. FC Arges 44 pts11. Pandurii Târgu Jiu 43 pts12. Otelul Galati 40 pts13. Gloria Bistrita 38 pts14. Politehnica Iasi 37 pts15. Gaz Metan Medias 36 pts16. Farul Constanta 32 pts17. CS Otopeni 22 pts18. Gloria Buzau 17 pts (ces quatre clubs descendent en secondedivision)

Les trois principaux opérateurs de téléphonie mobile en Roumanie, Orange,Vodafone et Cosmote, ont décidé de baisser les prix des communicationspassées depuis l'Union Européenne. Les nouveaux tarifs du "roaming" sont

entrés en vigueur le 15 juin pour Orange, le 16 juin pour Vodafone, et le 1er juilletpour Cosmote. Un SMS envoyé depuis l'un des 26 autres pays de l'UE vers la Rou-manie coûtera par exemple 0,11 €. Les trois opérateurs se conforment ainsi aux nou-velles normes européennes: lundi 8 juin, le Conseil des ministres de l'UE a adopté uneréglementation visant à baisser les prix du "roaming" à compter du 1er juillet 2009.

Baisse des prix pour les appels et les messages au sein de l'Union Européenne

L'ambassade de Roumanie àRome a protesté contre "l'attituderaciste" du quotidien italien IlGiornale, qui a qualifié de "tsigane"l'entraîneur du Shakhtar Donetsk,après sa victoire en finale de laCoupe de l'UEFA. "Nous exprimonsnotre embarras alors qu'un succèsfootballistique important (...) a conduitun journal, perçu comme un leaderd'opinions, à présenter le résultat d'unmatch de football en des termesraciaux et xénophobes", s'est plaintel'ambassade dans une lettre ouvertetransmise au quotidien. Dans cet arti-cle il est écrit: "Mircea Lucescu, âgéde 64 ans, le tzigane roumain dubanc, a remporté le trophée".

... Et traité de Tsigane en Italie

Drum bun... Bonne route !

... Mais attention, la Roumanie est pleine de surprises !

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Connaissance et découverte

Ioana Uricaru, l'une des cinq auteurs des Contes de l'âge

d'or (notre photo), film collectif présenté cette année àCannes dans la section "Un certain regard", livre la genèse dece changement. "Le régime communiste a conditionné le ciné-ma roumain pendant toute son existence. Les uns assuraient sapropagande, les autres la combattaient! Lorsqu'il a disparu,ce fut le mutisme. Les artistes ne parvenaient pas à s'exprimer.Ils ne subissaient plus cette contrainte qui, auparavant, don-nait le ton. Nous avons été muets pendant dix ans parce quepersonne ne savait comment parler".

L'éclaircie à l'orée des années 2000

La reconnaissance dont ontbénéficié les cinéastes roumains aencouragé les vocations naissanteset validé le langage artistique apparuà l'orée des années 2000: des parabo-les faussement anodines, témoignantà la fois de la dureté de la réalitésociale et de son absurdité; unhumour ravageur associé à un styledirect qui n'exclut pas la fantaisie et la poésie. "Durant notreformation, nous étions plutôt dans le registre métaphorique. Etpuis Mitulescu, Mungiu sont arrivés: tout à coup, nous noussommes ouverts à d'autres registres. Notre génération avaitsoif de cette innovation", témoigne Corneliu Porumboiu.

Parallèlement, une loi sur le cinéma, votée par le gouver-nement roumain en 1997, a produit ses premiers effets. Elleassure au 7e art un financement minimum grâce à la publicitéet aux chaînes de télévision et organise une concurrencetransparente entre les scénarios. "À la sortie de l'école de ciné-ma, nous avons été ainsi en mesure de travailler. Avant lesannées 2000, la production roumaine s'était effondrée parceque le système de financement n'était pas clair. Petit à petit,nous avons pu produire deux films par an puis quatre, huit,jusqu'à douze aujourd'hui" raconte Cristian Mungiu, qui a par-ticipé lui aussi aux Contes de l'âge d'or.

La fougue et l'urgence

Si l'on excepte l'incroyable vitalité de la production fran-

çaise, la renaissance du cinéma roumain contraste avec la santésouvent précaire des autres cinématographies européennes.Dans cet îlot latin au sein du monde slave - singularité qui n'estpas sans rapport avec l'accueil réservé en France aux films rou-mains -, c'est la relève qui a pris les commandes, sans réelsouci d'unification. Méfiante vis-à-vis de toute forme d'organi-sation collective, qui pourrait brider sa créativité, elle s'expri-me dans la fougue et l'urgence. Les jeunes cinéastes roumainsse contentent de moyens limités, suffisants pour se lancer dansune aventure artistique. Malgré sa gloire naissante, CorneliuPorumboiu a préféré cette solution afin de garder l'entière maî-trise de Policier, adjectif. Il s'est privé des financements sup-plémentaires qui proviennent de l'étranger, en particulier de la

France."Avec Frédéric Bourboulon,

mon producteur, nous avions repéréCristian Mungiu sur le tournage deCapitaine Conan, que j'ai tourné enRoumanie en 1995", se souvientBertrand Tavernier. "Vif, rapide, ilétait le meilleur de nos assistants, sibien que nous lui avons demandé de

nous suivre en France pour les dernières scènes du film". Pourdes raisons économiques - les tarifs pratiqués en Roumaniesont inférieurs de 30% à ceux en vigueur dans les autres paysde l'Est -, de nombreux tournages se déroulent au carrefour del'Europe centrale. Le cinéma roumain en tire essentiellementune expérience technique, qu'il peut mettre à profit.

Le réalisateur de 4 mois, 3 semaines, 2 jours n'était doncpas un inconnu quand il a débarqué à Cannes. Son succès ajeté les bases d'un accord de coproduction entre Paris etBucarest. "Nous avons besoin de ce genre de contrats offi-ciels", se réjouit Cristian Mungiu. Comme tous ses jeunesconfrères roumains déjà remarqués dans l'Hexagone, le lauréatde Cannes 2007 possède un agent en France qui l'aide à distri-buer ses films et à les vendre. Cette nouvelle génération peutcompter sur des soutiens comme ceux de la maison de produc-tion Le pacte, dirigée par Jean Labadie. Distributeur de La

Mort de Dante Lazarescu et de 12 h 08 à l'est de Buca-rest,il a acquis en 2007 les droits de diffusion de 4 mois, 3 semai-

nes, 2 jours. Sans attendre que le film soit primé à Cannes… Bruno Bouvet et Arnaud Schwart (La Croix)

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Seize films

De nombreux prix récoltés au Festival de Cannes ont mis en lumière

une nouvelle génération de cinéastes roumains qui ont imposé leur

audace, après les années de plomb du régime Ceausescu. Cette année

encore, Corneliu Porumboiu, 34 ans, est reparti du Festival de Cannes avec une

couronne de lauriers. Récompensé en 2006 de la prestigieuse Caméra d'or pour

12 h 08 à l'est de Bucarest, il s'est vu décerner le prix du jury dans la sélection

"Un certain regard" pour Policier, adjectif, son deuxième long métrage. Dans le

même temps, la critique internationale lui a accordé sa distinction suprême!

Corneliu Porumboiu, né en 1975 à Vaslui, en Moldavie roumaine, n'est pas un casisolé au pays des Carpates. Depuis quatre ans, le plus grand rendez-vous du cinémamondial a braqué ses projecteurs sur de jeunes cinéastes roumains, favorisant et accé-lérant l'éclosion d'une "nouvelle vague". Amorcé en 2005 avec La mort de Dante

Lazarescu, qui valut à Cristi Puiu le prix "Un certain regard", le phénomène a connuson apogée en 2007.

Tandis que California Dreaming de Cristain Nemescu (tragiquement décédédans un accident de voiture pendant le montage) était lui aussi primé à "Un certainregard", Cristian Mungiu remportait la première Palme d'or de l'histoire de son paysavec 4 mois, 3 semaines, 2 jours, drame sombre et implacable sur l'avortement. "Leplus important pour un jeune cinéaste est de se sentir soutenu, de s'entendre dire qu'ilva dans la bonne direction", insiste Corneliu Porumboiu.

Au troisième rang des pays de l'Est, après la Russie et la Hongrie

Si subite soit-elle, cette reconnaissance internationale n'est pas intervenue sur unterrain totalement vierge. Seize films roumains ont été présentés à Cannes entre 1992et 2009, ce qui situe la Roumanie à la 3ème place des pays de l'Est, après la Russie etla Hongrie. Les prix glanés sur la Croisette ont amplifié, dans la dernière décennie, unmouvement démarré très timidement après la chute de Ceausescu en 1989. Ils ont légi-timé une autre approche du 7e art, très différente de celle des réalisateurs des années1980. "Jusque-là, Lucian Pintilie s'opposait en solitaire au régime, avec un courageexemplaire", rappelle avec admiration le cinéaste français Bertrand Tavernier.

La présentation en 1970 de La Reconstitution au Festival de Cannes (déjà !) luiattira les foudres des autorités. "À partir de 1992, Lucian Pintilie a été rejoint par NaeCaranfil, dont le style était aux antipodes. Mais, d'une manière générale, le cinémaroumain était inexistant", explique Joël Chapron, responsable de l'Europe centrale etorientale chez Unifrance, l'organisme qui promeut le cinéma français à l'étranger.L'avènement d'une nouvelle génération de cinéastes, âgés de 30 à 40 ans, marque unedouble rupture avec le passé. Mungiu, Puiu et autres Porumboiu ne se sont appuyéssur aucun financement étranger pour leurs premières œuvres. Cette économie demoyens est allée de pair avec l'émergence d'un style rompant avec leurs aînés.

Claudia Cardinale a été récom-pensée pour l'ensemble de sa carriè-re dans le cadre du 8e FestivalInternational du film de Transylvanie(TIFF), le plus important festival detoute l'Europe de l'Est, samedi 6 juinà Cluj. L'actrice italienne, 71 ans, quiest domiciliée à Paris et a joué dansplus de 150 films de cinéma et detélévision, a reçu le prix sous lesapplaudissements du public, après levisionnage d'un montage regroupantdes séquences des films qu'elle avaittournés. Lors des précédentes édi-tions du TIFF, le prix pour l'ensemblede la carrière avait été décerné auxacteurs Catherine Deneuve, AnnieGirardot, Vanessa Redgrave ouencore Franco Nero.

Le trophée de cette 8e édition dufestival, qui a réuni 12 films en com-pétition, des pays comme la Turquie,l'Allemagne, la Hongrie et la France,a été partagé par le film "Nord" duNorvégien Rune Denstad Langlo et"Policier, adjectif" du RoumainCorneliu Porumboiu, primé aussicette année à Cannes dans la sec-tion Un Certain Regard.

Claudia Cardinalerécompensée à Cluj

Après Chisinau (République deMoldavie), fin mai, Patricia Kaas s'estproduite à la salle du Palais des Con-grès de Bucarest, le 14 juin, et en aprofité pour visiter le palais de Ceau-sescu. Il s'agissait du troisième récitalde l'artiste en Roumanie qui avait déjàchanté le 21 juin 2004, place de laRévolution à Bucarest, et en 1992,lors de la réactivation du célèbre festi-val du Cerf d'or de Brasov. Les prixdes billets variaient de 25 à 100 €.

Patricia Kaas àChisinau et Bucarest

roumains ont été présentés à Cannes depuis la "Révolution"

pendant dix ans parce que plus personne ne savait parler""Nous avons été muets

Reconnus à l'étranger, lescinéastes roumains ont enco-re du mal à convaincre dans

leur pays. "Un film américain attire envi-ron 120.000 spectateurs, un film roumaindix fois moins!" constate CorneliuPorumboiu, l'un des porte-drapeaux de la"nouvelle vague" roumaine.

Le régime communiste a laissé des

traces dans les habitudes et dans les équi-pements. "Les Roumains ont perdu l'ha-bitude d'aller au cinéma. Des multiplexesse construisent aujourd'hui mais beau-coup de petites salles de centre-ville ontfermé dans les dix années qui ont suivi lachute de Ceausescu", note le réalisateur.La Roumanie compterait aujourd'hui unequarantaine de salles seulement.

La naissance de festivals consacrésau cinéma d'auteur, notamment à Cluj età Timisoara, aide à la renaissance de cegenre. Sans compter la formule miracletrouvée par Cristian Mungiu: pour4 mois, 3 semaines, 2 jours, le cinéasteorganisa des projections itinérantes.Résultat: 90.000 Roumains ont vu laPalme d'or !

Un cinéma roumain moins aimé dans son pays qu'à l'étranger

De gauche à droite, Corneliu Porumboiu (12 h 08 à l’est de Bucarest), Cristian Mungiu (4 mois, 3 semaines, 2 jours), Catalin Mitulescu (Comment j’ai fêté la fin du monde)...

L’équipe “brésilienne” de rêve du nouveau cinéma roumain. Il manque sur cette photo Cristi Puiu (La mort de Dante Lazarescu), Cristian Nemescu (California Dreaming)...

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jeune provinciale de 18 ans, qui monte à Bucarest avec sesparents pour prendre livraison d'une voiture (la célèbre Logan)gagnée à un concours organisé par une marque de jus de fruits.Le tournage d'un clip promotionnel, qui se révèle un enfer,ainsi que la sordide dispute entre la jeune fille et ses parents,qui veulent illico revendre la voiture, occupent toute la durée

de cette piquante plaisanterie sur la marchandisation dumonde.

Trente ans d'une histoire roumaine passablement atroceauront ainsi défilé à Cannes en l'espace de trois films, qui ontl'exquise politesse de nous inviter à en rire.

Jacques Mandelbaum (Le Monde)

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L'avant-garde roumaine résume

Ce n'est pas le moindre mérite du Festival de Cannes que d'avoir

récemment contribué à la découverte et à la reconnaissance du jeune

cinéma roumain, l'une des cinématographies émergentes les plus

savoureuses et croustillantes du moment. L'affaire a été pliée en deux ans, avec à

chaque fois un prix à la clé: La Mort de Dante Lazarescu, de Cristi Puiu (prix Un

certain regard 2005), 12 h 08 à l'est de Bucarest, de Corneliu Porumboiu (Caméra

d'or 2006), California Dreamin', de Cristian Nemescu (prix Un certain regard

2007), 4 mois, 3 semaines, 2 jours, de Cristian Mungiu (Palme d'or 2007).

Suffisamment d'encre a déjà coulé sur le sujet pour qu'il ne soit besoin de redéfi-nir en long et en large l'esprit du jeune cinéma roumain. Réduit à sa formule, le cock-tail donne ceci: un large fond de Ionesco, une bonne rasade de Cioran et une petite pin-cée de Tzara par dessus. Du shaker jaillit un nectar au goût prononcé d'absurde méta-physique, d'humour noir et d'irrédentisme politique. Un esprit qui ravit, par un mysté-rieux crochet de l'Histoire, la palme de l'insolence, détenue à l'Est durant les années1960 par le cinéma tchèque.

Le retour sur la Croisette de ces philosophes du bizarre fait souffler, sur le torrentpoisseux d'angoisse et d'hémoglobine qui se déverse sur les écrans cannois, une fraî-cheur bienvenue, une fantaisie insolite, à l'occasion du dernier festival. Parmi les troisfilms sélectionnés cette année, deux réalisateurs, présentés dans la section Un certainregard, étaient connus.

Le premier n'est autre que le récipiendaire de la Palme d'or en 2007, CristianMungiu, qui a l'air de s'en vouloir d'avoir signé, avec 4 mois, 3 semaines, 2 jours, lefilm le plus grave de cette rieuse avant-garde. Qu'à cela ne tienne, il est revenu accom-pagné de quelques collègues pour présenter un film collectif, Contes de l'âge d'or, qu'ila produit, scénarisé, coréalisé, et qu'il a défini ainsi: "Ce film est dans la lignée desfilms italiens des années 1960 et 1970, populaires, directs et drôles. J'ai essayé deretrouver l'âme populaire du cinéma".

Filature de fumeurs de joints et gagnante d'une Logan

Le pari est globalement réussi, qui réunit cinq sketches évoquant des scènes de lavie ordinaire sous le régime du dictateur Ceausescu. On y comprend mieux le rôle del'humour dans la survie mentale d'un peu-ple embourbé dans la nasse du surréalismetotalitaire. Cette tentation a-t-elle pourautant disparu du pays, à l'heure de la libé-ralisation du régime? On en doutait forte-ment en regardant le deuxième long métra-ge de Corneliu Porumboiu, Policier, adjec-

tif. Ici, on colle aux basques d'un policierqui prend en filature trois lycéens quifument paisiblement des joints. Cetteenquête, passablement dérisoire, mobilisetoutes les ressources d'une bureaucratie surannée et inepte, qui semble avoir conservéintacts les bons vieux réflexes de l'époque communiste. Sous cette absurde langueur,Policier, adjectif ménage une savoureuse part à l'analyse sémantique de la langue com-mune et du jargon des textes de loi. Dans un extraordinaire final, le flic honnête et sonsupérieur hiérarchique s'opposent autour de la définition de la "conscience morale".

Si les personnages de ce film, comme le souligne son auteur, semblent être "entransition entre l'ancienne et la nouvelle société roumaine", on bascule sans ambagesdu côté de la Roumanie nouvelle avec La Fille la plus heureuse du monde, de RaduJude (notre photo). Présenté dans la plus discrète sélection parallèle du Festival(l'ACID, Association du cinéma indépendant pour sa diffusion),ce film remarquable,digne de Jacques Ro-zier, raconte une histoire simple et éclairante. Celle de Délia, une

Depuis plus d'une décennie ClaudePernin, l'organisateur des Rencontresfranco-roumaines de Sète, et sesamis de l'association Dacia-Méditerra-née, ont tenu la gageure de fairemieux connaître la culture roumainecontemporaine au public français,jouant un rôle de précurseurs.

Pour la quatorzième édition, lesRencontres se décentralisent enRoumanie, à Ipotesti, le village natal

d'Eminescu, à 7 km de Botosani,dans le nord de la Moldavie. Du 7 au9 août, de nombreux artistes, écri-vains et autres intervenants pour unhommage exceptionnel au poètenational roumain. Causeries, confé-rences avec des spécialistes - toutesen français - dont les thèmes ne selimiteront pas à Eminescu mais serontélargis à la Roumanie d'aujourd'hui,visites, se succèderont au cours deces trois journées ouvertes au publicfranco-roumain et bien sûr aux Fran-çais de passage qui auront pris laprécaution d'annoncer leur présence.Pour plus d'informations :Association Dacia - MéditerranéeB.P. 353 34204 Sète CedexTél/rép/fax : 00 33 467 74 23 [email protected]

Les rencontres franco-roumainesde Sète se décentralisent en Roumanie

trente ans de tragédie nationale en trois films drôles

rasade de Cioran et une petite pincée de Tzara par dessusUn large fond de Ionesco, une bonne

Du 7 au 9 aoûthommage à Eminescudans son village natal C

onnu aussi bien pour ses

aventures sentimentale que

pour une prétendue mis-

ogynie dont il se défendait ("Je ne suispas contre les femmes… je suis toutcontre"), Sacha Guitry (1895-1957) se

maria cinq fois, toutes ses épouses

étant des actrices, ses deux dernières le

devenant par la suite. Cela ne l'empê-

cha pas non plus d'avoir de nombreu-

ses maîtresses, dont déjà une grande

actrice d'origine roumaine, Elvire

Popesco.

La première femme de Sacha Guitryfut Charlotte Lysès (1877-1956), de 20ans son aînée, qu'il épousa le 14 août1907 à Honfleur, au grand dam de sonpère, Lucien Guitry, qui avait été aussison amant… Le couple divorça en 1918.

Le dramaturge-comédien épousaensuite Yvonne Printemps (1894-1977), àParis le 10 avril 1919, avec commetémoins Sarah Bernhardt, GeorgesFeydeau, Lucien Guitry (avec qui ilvenait juste de se réconcilier) et TristanBernard. Mais celle-ci ne savait pas êtrefidèle: elle eut des aventures avec lephotographe Jacques-Henri Lartigue,Maurice Escande, Pierre Fresnay, quittantSacha Guitry pour ce dernier, le divorceétant prononcé en octobre 1934.

"J'ai le double de son âge…il estdonc juste qu'elle soit ma moitié"

Le dramaturge se maria alors avec lajeune Jacqueline Delubac (1907-1997),de 22 ans sa cadette, en février 1935 àParis. Comme il avait 50 ans, il annonçaleur mariage en déclarant: "J'ai le doublede son âge, il est donc juste qu'elle soitma moitié", rajeunissant légèrement etgalamment la mariée (et dès lors, pour la

beauté du mot et l'exactitude des comp-tes, Jacqueline prétendra être née en 1910et non en 1907). Séparés depuis le 15décembre 1938, les deux époux divorcè-rent le 5 avril 1939.

Son mariage avec Geneviève deSéréville (1914-1963), la seule femmequi porta son nom fut célébré deux ,moisplus tard, les 4 et 5 juillet 1939 à Fonte-nay-le-Fleury. Le couple se sépara enavril 1944 et leur divorce fut prononcé enjuillet 1949.

Arletty, dont il fut l'ami le plus pro-che, lui avait fait rencontrer en octobre1944 "une jeune princesse roumaine auxmains très fines et longues et à la beautéinsondable", selon les dires de la comé-dienne. Elle s'appelait Lana Marconi(1917-1990), née en 1917 à Bucarest, etde son vrai prénom Ecaterina.

A cette époque, Sacha Guitry vivaitun drame qui obscurcira la fin de sesjours. Il fut injustement soupçonné decollaboration à la Libération, et incarcérépendant 60 jours à la suite de dénoncia-tions calomnieuses, alors qu'il avait tou-jours refusé de s'afficher avec l'occupant.Un non-lieu complet sera prononcé. Deson arrestation, ne se départissant pas deses bons mots mais aussi avec amertume,il dira : "Ils m'emmenèrent menotté à lamairie. J'ai cru qu'on allait me marier de

force !". Pour la petite histoire, c'est AlainDecaux qui évitera le pillage de sa mai-son car il était mobilisé et, connaissantGuitry, demanda à la surveiller. En sou-venir de ce beau geste, Lana Marconi luioffrira l'émeraude que Sacha portait etqui trônera ensuite sur la poignée de sonépée d'académicien.

"Elle s'est donnée à moi … et c'est elle qui m'a eu !"

Après cinq ans de vie commune,Sacha Guitry épousa enfin sa belleRoumaine, le 25 novembre 1949 à Paris.Celle-ci créera 7 pièces de son mari, enreprendra 2 autres et interpréta 13 de sesfilms, dont "Le Diable boiteux",

"Napoléon", "Si Versailles m'était

conté" et "Si Paris nous était conté".

Lana Marconi fut la cinquième etdernière épouse de Sacha Guitry. Il luiavait dit: "Les autres furent mes épouses,vous, vous serez ma veuve" et tint parole.Il lui avait également chuchoté "Ces bel-les mains fermeront mes yeux et ouvrirontmes tiroirs". Il la surnommait "mon cherrenard". Le couple restera marié jusqu'àla mort de Guitry, le 24 juillet 1957 et estenterré au cimetière Montmartre.

Sacha Guitry avec dit avec tendressede Lana: "Elle s'est donnée à moi et ...c'est elle qui m'a eu!". Le couple se cha-maillait souvent, comme de jeunes amou-reux. Taquin, le vieux metteur en scène,parce qu'elle était très bavarde, avait ditun jour à sa femme: "Madame, sur votrepierre tombale, je ferai inscrire ENFINMUETTE!"… sans se démonter, Lana,lui reprochant sans-doute quelque insuffi-sance dans l'intimité conjugale, lui avaitrépliqué du tac au tac: "Et sur la vôtre, jemettrai ENFIN RAIDE ! ".

Lana Marconi, jeune actrice de Bucarest, fut le dernier rayon de soleil de Sacha Guitry

"Les autres furent mes épouses… Vous serez ma veuve !"

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Page 19: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Connaissance et découverte

Financée par 22 télévisions publiques européennes, dotéed'un budget annuel de 30 millions d'euros, Euronews est diffu-sée par câble et satellite dans 142 pays.

La chaîne revendique plus de 600 millions de téléspecta-teurs avec une audience particulièrement forte en Europe(Allemagne, France, Espagne, Pologne, Belgique et Suisse),où elle devance CNN International, BBC World News etFrance 24, qui a bien du mal à la concurrencer sur le terraindes chaînes mondiales d'information.

Dans les prochains mois, Euronews devrait d'ailleurs élar-gir son audience avec l'arrivée de nouvelles langues (turc,ukrainien, arménien, grec et peut-être farsi). "Nous pouvonsoffrir jusqu'à quinze langues différentes à des coûts avanta-geux pour les nouveaux arrivants", affirme Philippe Cayla."La multiplicité des actionnaires et le multilinguisme sont lagarantie de notre indépendance".

Daniel Psenny (Le Monde)

Bientôt sur la TNT ?

Dominique Baudis, têtede liste UMP aux électionseuropéennes dans la circons-cription Sud-Ouest et ancienprésident du Conseil supé-rieur de l'audiovisuel, a écrit le 11 mai à Christine Albanel,ministre de la culture, pour lui demander d'offrir un canal gra-tuit à Euronews sur la télévision numérique terrestre (TNT) enremplacement de Canal J et AB1, qui ont rendu leur licence.

"Faisons d'Euronews le moteur médiatique de la cons-truction d'une identité européenne et intégrons Euronews à latélévision numérique terrestre", écrit-il. "Il serait grand tempsque les gens aient enfin une perception de l'Europe qui soit lereflet de ce qu'elle leur apporte au quotidien. Et qui traduiseson importance dans les politiques nationales".

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Médias

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Un rédacteur en chef en huit langues “un

Bienvenue dans notre tour de Babel". Au milieu de la salle de rédaction

d'Euronews, Lucian Sârb, le directeur de la rédaction fraîchement

arrivé de Roumanie, ne cache pas son enthousiasme. Il y a encore

quelques semaines, il travaillait dans une chaîne privée, à Bucarest, et le voilà

aujourd'hui à la tête d'une des plus grandes rédactions d'Europe - 185 journalis-

tes de vingt-deux nationalités établis à Ecully, près de Lyon.

"Euronews est un enjeu formidable: offrir aux téléspectateurs à travers le mondeune information identique en huit langues aux mêmes horaires et avec un point de vueeuropéen", s'enthousiasme le nouveau directeur, en reconnaissant que, "parfois, ce n'estpas facile d'harmoniser toute cette petite communauté de langues et de cultures".

Mais la mécanique du format tout images, où la priorité est donnée aux faits, estbien huilée depuis lacréation de la chaîne,en 1993. Répartis enhuit desks (français,anglais, italien, alle-mand, espagnol, por-tugais, russe et arabe),les journalistes tra-vaillent sur les mêmessujets et les mêmesimages en faisantleurs propres com-mentaires dans leurslangues respectives.

"Il ne s'agit pas de traductions, mais de véritables commentaires journalistiques à l'a-dresse des différents publics", insiste Gardenia Trezzini, rédactrice en chef. Avec leschefs d'édition (français, anglais et arabe), elle choisit toute la journée les sujets issusdes grandes agences mondiales et des chaînes européennes actionnaires d'Euronews.

Les sujets sont ensuite montés, puis transmis aux responsables des desks qui lesadaptent dans la limite exacte du temps imparti au sujet. "Nos commentaires sont libresmais ils doivent être concis et impartiaux", dit Riad Muasses, responsable du deskarabe. Signe particulier de la chaîne: aucun journaliste ne paraît à l'écran. "Euronewsest une chaîne sans égal et sans ego", tranche dans un sourire Philippe Cayla, le PDGd'Euronews.

Financée par 22 télévisions publiques et diffusée dans 142 pays

Avec des journaux de dix minutes toutes les demi-heures, les journalistes réactua-lisent leurs commentaires au fil de l'évolution de l'actualité. En cas d'événement de der-nière minute, chaque desk possède une cabine en régie finale où un journaliste peutfaire en direct ses commentaires. "Pour réaliser un sans-faute dans ce genre d'exerci-ce, il faut une large culture journalistique qui dépasse les frontières de son proprepays", souligne Gardenia Trezzini.

C'est le cas avec les élections européennes, qui ont mobilisé la rédaction depuisfévrier. Outre la couverture des principaux événements dans chaque pays, le siteInternet de la chaîne (plus de 4 millions de pages vues par mois) offrait une sectionconsacrée à ces élections. Les internautes y trouvaient débats, interviews, reportages etmagazines. Un accord avait été passé avec le site YouTube, qui diffusait "Questions forEurope", une minichaîne interactive qui permettait de poser des questions sur l'Europe,dont les plus pertinentes étaient diffusées sur l'antenne d'Euronews. Les séquences du"no comment", images sans commentaire qui ont fait depuis des années l'originalité dela chaîne, sont désormais diffusées en continu sur le site.

Voici 50 ans, en 1959, le tribunalmilitaire israélien jugeant un déserteur,entendait une histoire extraordinaire,rapportée par le journal Le Monde :celle d'un homme qui pendant desannées avait traqué sans une minutede répit le bourreau de sa famille.Eliahu Itzhovitch avait dix ans lorsquedans un camp de concentration enRoumanie, il vit périr sous ses yeux samère, son père et ses trois frères.

Miraculeusement, l'enfant échappaà la mort, put s’enfuir et fut recueillipar une famille chrétienne roumaine.Eliahu grandit dans la volonté de ven-ger ses parents, ses frères et d'abattrel'assassin, un petit chef fasciste. En1952, il émigra en Israël, et un an plustard était appelé sous les drapeaux.C'est alors qu'il apprit que l'hommequ'il cherchait était soldat dans laLégion étrangère française. Il deman-da sa mutation dans la marine israé-lienne, déserta, gagna l'Italie, laFrance et s'engagea dans la Légion.

Après de nouvelles recherches,Eliahu sut dans quelle unité se trou-vait l'ancien bourreau et y demandason transfert. Les 2 hommes se retro-uvèrent dans la même unité enIndochine. C'est à la fin d'un engage-ment avec l'ennemi que l'occasion tantattendue se présenta. "Je l'ai abattucomme il méritait de l'être" a déclaréle jeune homme à ses juges. Ayantvengé les siens, Eliahu déserta, rega-gna Israël et se constitua prisonnier.Le tribunal israélien a admis la véraci-té de son récit et l’a condamné à seu-lement un an de prison - qu'il a déjàeffectué - considérant qu'il lui étaitimpossible de frapper plus lourdementun homme "ayant subi tant d'épreuvesdans son cœur et sa chair".

La vengeance est unplat qui se mange froid

roumain pour la chaîne d'informations en continu qui offre point de vue européen” à 600 millions de téléspectateurs

sans égal et sans ego depuis 1993 !Euronews…

La Justice à la remorque des journaux

Les quotidiens roumains

multiplient les enquêtes.

Ces recherches journalis-

tiques sont de plus en plus reprises par

les autorités, et arrivent parfois devant

les tribunaux. Un phénomène qui

prouve la bonne santé de la presse,

mais pas forcément sa maturité.

"Les représentants de ANI (Agencenationale de l'intégrité) se sont autosaisisaprès un article de Cotidianul", pouvait-on lire dans l'édition papier du journalCotidianul datée du 6 mai dernier.L'affaire concernait la déclaration d'a-voirs de l'hommed'affaires contro-versé et patron duSteaua Bucarest,George Becaliqu'il avait dépo-sée afin de pou-voir briguer unsiège de députéaux récentes élec-tions européen-nes, qu’il ad’ailleurs finale-ment obtenu.

"L'article motivant l'action desinspecteurs de l'intégrité est apparu le 29avril 2009 et relatait l'absence, dans ladéclaration d'avoirs de Gigi Becali, d'unetransaction de plusieurs millions d'euros

effectuée en décembre 2008", était-il écritplus loin. Toujours cette semaine-là, c'estun reportage en caméracachée, relaté dans le journalRomania Libera, qui poussaitle tribunal de Constanta àouvrir une enquête à l'encont-re de l'archevêque Teodosie,pour "prise de pots-de-vin etcomplicité de faux".

Il s'agit du premier hautresponsable de l'Eglise ortho-doxe à tombé sous le coupd'une enquête pénale. Au mois

d'avril, ce même journalavait alerté la policeroumaine après avoir mené uneinvestigation sur la gestion desradars routiers dans le pays. Depuisleur utilisation a été suspendue.

Une presse indépendante

mais qui reste un peu naïve

Ces exemples récents sont lereflet d'une presse roumaine tou-jours plus agressive. Dans le but de

mettre à jour des infractions ou des actesde corruption qui n'ont pas été signaléspar les organes habilités de l'Etat. "Celafait quelque temps déjà que les médiasroumains enquêtent sur des sujets sensi-bles, mais ces derniers mois, il est vrai

que les autorités donnent plus facilementsuite aux irrégularités que nous mettons

en lumière, et c'estune bonne chose",estime Eliade Balan(notre photo),rédacteur en chefadjoint de RomaniaLibera.

Selon le socio-logue Mircea Kivu,la presse n'est pasdevenue "trop active(...) c'est la justicequi n'est pas suffi-samment compéten-

te". Vingt ans après la chute du commu-nisme, les principaux journaux nationauxrestent malgré tout, d'après lui, toujoursnaïfs.

"La presse semble aujourd'hui indé-pendante, mais pas forcément mature.Pour l'instant, les investigations journa-listiques se concentrent sur les abusmoraux de certaines personnes publiqueset aboutissent le plus souvent à des non-lieux". Quoi qu'il en soit, les choses chan-gent et l'émancipation de la presse s'accé-lère. Pour Eliade Balan, "c'est certaine-ment la plus belle chose qui soit arrivéedepuis la révolution".

Jonas Mercier

(www.lepetitjournal.com-Bucarest)

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Connaissance et découverte

Il désignera Jordi Solé Tura comme représentant du PCEà la table des rédacteurs de la nouvelle Constitution espagnolede 1978 (ratifiée par référendum le 6 décembre 1978). Carrilloa contribué à la réussite du processus de démocratisation enacceptant le régime de la monarchie parlementaire, incarné parle roi Juan Carlos I, qui avait pourtant été désigné par Franco,et en multipliant les actes publics de réconciliation avec desgens qui avaient été ses ennemis pendant la guerre civile etsous le franquisme.

De nombreux historiens souligne cependant son rôle, qu'ila toujours nié, dans le massacre de Paracuellos, lequel désignel'assassinat, les 7 et 8 novembre 1936, de plusieurs milliers deprisonniers politiques par des membres du Frente Popular (leFront Populaire espagnol), dans les communes, proches deMadrid, de Paracuellos del Jarama et de Torrejón de Ardoz. Ils'agit du plus grand massacre réalisé pendant toute la guerrecivile dans l'un ou l'autre des deux camps. D'après BartoloméBennassar - historien le plus respecté de l'histoire du fran-quisme (son ouvrage passionnant "Franco" écrit en français

et publié dans la série "Tempus" des éditions Perrin fait figu-re de référence sur cette époque) -, le nombre de victimes dece massacre s'élève à 2000 (sur 10000 prisonniers), mais s'yajoutent celles, très nombreuses, des exactions incontrôléesqui vont se dérouler à Madrid du mois de juillet au mois dedécembre 1936 (date à laquelle l'anarchiste MelchorRodriguez, inspecteur des prisons, y mettra fin).

Fin 1936, le Dr Henry, représentant de la Croix-Rouge,décida de faire un rapport sur les massacres et de le communi-quer à Genève, mais son avion fut abattu le 8 décembre par lespilotes soviétiques Shmelkov et Sakharov qui combattaientdans l'aviation du Front Populaire. L'ordre avait été donné parAlexandre Orlov, un des agents de Staline, afin que personnene prenne connaissance des agissements du Frente Popular enEspagne. (Benassar lui attribue près de 75 000 morts pendanttoute la guerre civile, par assassinats et exécutions sommaires,et près de 60 000 aux Franquistes, dont 30 000 après leur vic-toire, sans compter leurs victimes - emprisonnements, travauxforcés, exils - pendant la répression qui suivit).

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Quand Ceausescu jouait

Au cours d'une récente émission télévisée portant sur l'accession du

prince Juan Carlos, à la tête de l'Espagne comme roi, Santiago

Carrillo, figure historique du Parti communiste espagnol a révélé un

épisode pittoresque des négociations menées à l'époque entre le pouvoir et sa for-

mation confinée depuis 40 ans à la clandestinité la plus absolue par le régime

franquiste.

Devenu roi, Juan Carlos souhait remettre au plus vite son pays sur des rails démo-cratiques mais devait tenir compte de l'opposition des caciques du franquisme quidétenait encore nombre de rouages du pouvoir. Il avait indiqué à l'Armée qu'il souhai-tait mettre fin au monopartisme et légaliser rapidement les partis politiques, lui accor-dant comme concession qu'il n'était pas question d'autoriser le Parti communiste, per-spective qui agissait comme un véritable chiffon rouge sur les franquistes dont l'aver-sion aux "bolcheviques" et aux francs-maçons n'avait d'équivalent que leur sujétion-complicité à l'Eglise et à l'Opus Dei.

Le souverain souhaitait avant tout se ménager un peu de temps afin de ne pas fairecapoter son projet. C'est dans ce contexte que Santiago Carillo reçut un message dans

une de ses cachettes madrilènes. Ceausescuen personne voulait le voir et le convoquait àBucarest. Le leader du PCE gagna donc clan-destinement la France puis s'envola pour laRoumanie. Là, le "Conducator" lui lut unelettre secrète que lui avait fait parvenir JuanCarlos. Le roi d'Espagne lui demandait detransmettre un message à Santiago Carillodans lequel il lui expliquait qu'il allait autori-ser le multipartisme mais que, vu les fortesoppositions qu'il rencontrait, cette mesuren'inclurait pas le Parti communiste dans unpremier temps, afin de ne pas faire échouer le

processus. Juan Carlos s'engageait cependant à le légaliser dans les deux ans suivants,demandant à son interlocuteur de lui faciliter la tâche de réconciliation nationale qu'ilavait entreprise.

Santagio Carillo accepta de jouer le jeu… et en fut récompensé, car son parti futfinalement légalisé en même temps que les autres, Juan Carlos ayant "omis" d'en aver-tir l'Armée, qui tiqua sérieusement mais laissa finalement faire.

S'il s'en félicite rétrospectivement, le leader communiste n'en demeure pas moinsdubitatif sur les conditions de ce rocambolesque épisode: "En temps qu'homme le plusrecherché d'Espagne, j'ai été obligé de prendre des risques incalculables pour sortirdu pays et échapper à la Guardia Civile afin de me rendre à l'autre bout du conti-nent… tout çà pour m'entendre lire une lettre qui m'était expédiée du palais de laZarzuela, à quelques centaines de mètres de l'endroit où je me cachais !".

Des massacres de Paracuellos del Jarama

à la réconciliation historique de 1978

Santiago Carrillo Solares, 94 ans (né le 18 janvier 1915 à Gijon, Asturies) et tou-jours de ce monde, est un homme politique et un écrivain espagnol, dirigeant du PCE(Partido Comunista de España, Parti communiste d'Espagne) de 1960 à 1982, dont ila assumé la direction après Dolores Ibarruri, "La Pasionaria". Après la mort deFrancisco Franco (20 novembre 1975), il a joué un rôle important dans le processusde la Transition démocratique espagnole, qui aboutit à la ratification de la Constitutionespagnole de 1978.

Le PCE sera légalisé le 9 avril 1977 (un vendredi saint) par le gouvernementd'Adolfo Suarez. Le 15 juin suivant, Santiago Carrillo sera, en même temps queDolores Ibarruri et le poète Rafael Alberti, parmi les premiers députés communistesélus aux Cortes (dans la circonscription de Madrid).

Deux fois en poste en Roumanie,comme conseiller (1971-1974) puiscomme ambassadeur (1987-1990),Jean-Marie Le Breton a publié en1996 un petit ouvrage La fin deCeausescu -Histoire d'une Révolu-tion (réédition en avril 2008) qui estun résumé saisissant des dernièresannées de la dictature du "Conduca-tor". Il livre également son interpréta-tion et ses interrogations sur la"Révolution-coup d'Etat" de décemb-re 1989, des soubresauts qui ontconduit à la mise en place d'un nou-veau régime ambigu.

Aux premières loges et au contactdirect avec les acteurs de cette épi-sode historique, Jean-Marie LeBreton en fait un récit presque hale-tant, livre leurs témoignages, racon-tent leurs peurs, leurs espoirs, leurrésistance pour quelques uns, leurdécouragement ou renoncement pourbeaucoup d'autres, face à un systè-me absurde et terrifiant, raconte parle menu son effondrement. L'ancienambassadeur qui avait été aupara-vant en poste à Sofia et quitta laRoumanie à l'occasion du 14 juillet1990, après ses premières élections"libres", pour le Portugal ne posepas sur son séjour à Bucarest leregard d'un diplomate détaché maiscelui d'un humaniste qui souffre avecle peuple roumain. Il sera appelé plustard à diriger les Affaires francopho-nes au Quai d'Orsay.

La fin de Ceausescu-Histoire d'une

révolution par Jean-Marie Le Breton,

L'Harmattan-Histoire (192 pages, 18 €).

ISBN : 2-7384-4394-6

Un ambassadeur de France dans la tourmente de la"Révolution"

les facteurs pour le roi Juan Carlos d'Espagne

Le futur général Rondot, alors attaché militaire à Bucarest, avait été la cible de la Securitate

Ala suite des déclarations

faites récemment au

Sunday Times par le géné-

ral Ion Pacepa*, concernant le recours

aux services de belles espionnes par le

régime de Ceausescu pour séduire des

personnalités occidentales, leur souti-

rer des informations et les faire chan-

ter, le journaliste roumain indépendant

Andrei Badin rappelle sur son site

www.badin.ro qu'il avait évoqué le

sujet voici deux ans dans les colonnes

de Jurnalul National, à propos d'un

diplomate français.

Les informations d'Andrei Badin,reprises dans la presse française, n'a-vaient en leur temps suscité aucune réac-tion de la part des personnes mises encause. Elles concernent pourtant un per-sonnage sous les feux de l'actualité enjanvier 2007 - le général Philippe Rondot- et qui risque d'y revenir à l'occasion duprochain procès de l'affaire Clearstream,

impliquant Jacques Chirac et Dominiquede Villepin dans une opération de discré-ditation de Nicolas Sarkozy, à la veilledes dernières présidentielles françaises.

Un diplomate

dans le collimateur

Andrei Badin rappelle que le généralRondot, qui parle couramment le rou-main, comme le russe, l'arabe, l'anglais etl'allemand, avait été en poste à Bucarestvoici quarante ans. Attaché militaire àl'ambassade de France, il aurait été l'objetde tentatives de racolage par laSecuritate. Bel homme, séducteur, parti-culièrement sensible aux charmes desRoumaines, le diplomate aurait été lacible d'une opération restée célèbre dansle "folkore" des actions menées par lesservices secrets roumains, dont laDirection III du contre-espionnage et laDirection IV de la contre-informationmilitaire. Ces derniers lui auraient "misdans les pattes" une beauté à laquelle iln'aurait su céder.

Pendant que les deux amants roucou-laient dans une maison opportunémentrendue disponible par la Securitate, cettedernière en profitait pour visiter sonappartement du centre de Bucarest et

mettre la main sur ses dossiers, grâce auxclés que lui avaient subtilisées la belleespionne. Après ce moment d'intimitéprolongé, le futur général, à la porte dechez lui… avait été obligé de louer unechambre d'hôtel pour finir la nuit.

Philippe Rondot, connu aussi pourson penchant pour la vitesse, avait attirél'attention de la Securitate après un acci-dent de voiture survenu près de l'aéroportinternational d'Otopeni. C'est alors queles services secrets roumains, dirigés parle général Grigore Raduica, auraientdécidé de passer à l'action.

La Roumanie encore croisée

sur la piste de Carlos

et de Florence Aubenas

Portés à la connaissance de ses supé-rieurs, ces démêlés avaient atteint la cré-dibilité de l'attaché militaire qui dût récu-pérer leur confiance. Ce contretempsn'empêcha toutefois pas Philippe Rondotde faire par la suite une brillante carrièredans les services secrets français. Pardeux fois, son chemin croisera à nouveaucelui de la Roumanie. En 1994, il sera undes maîtres d'œuvre de la capture dufameux terroriste international Carlos,appelé aussi "Le chacal". (suite page 40)

Ces belles espionnes qui font tourner les têtes

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Page 21: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Connaissance et découverte

Prise du pouvoir par les communistes

Gheorghe Gheorghiu-Dej (1945-1954)Gheorghe Apostol (1954-1955)Gheorghe Gheorghiu-Dej (1955-1965)Nicolae Ceausescu (1965-1989).

Les 14 congrès du PCR:

Congrès fondateur et scission avec le parti Socialiste: mai

1921, Bucarest

2ème congrès: octobre 1922 - Ploiesti

3ème congrès: août 1924 - Vienne (Autriche)

4ème congrès: juillet 1928 - Kharkov, (URSS)

5ème congrès: décembre 1931 - Gorikovo (Moscou, URSS)

6ème congrès : février 1948 - Bucarest (les communistes sesont emparés totalement des rouages du pouvoir début janvier1948)7ème congrès : décembre 1955 - Bucarest

8ème congrès : juin 1960 - Bucarest

9ème congrès : juillet 1965 - Bucarest (Ceausescu devientsecrétaire général du PCR)10ème congrès : août 1969 - Bucarest

11ème congrès : novembre 1974 - Bucarest

12ème congrès : novembre 1979 - Bucarest

13ème congrès: novembre 1984 - Bucarest

14ème congrès: novembre 1989 - Bucarest (réélu, Ceausescusera fusillé un mois plus tard).

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Révolution an XX

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BUCAREST

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TIMISOARA

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CONSTANTACRAIOVA

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

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l PITESTI

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Bien que dissous voici 20 ans, dix mille

Le 8 mai dernier, les nostalgiques du PCR (Parti Communiste Roumain)

ont fêté dans l'indifférence et la discrétion le 88ème anniversaire de sa

création, le 8 mai 1921. Jusqu'à la chute du régime de Ceausescu, ce

jour était férié et accompagné de meetings, spectacles musicaux et chorégraphies

dans des stades pleins de pionniers, aiglons et autres organisations de jeunes

saluant "le Parti unique, toujours vainqueur", alors que résonnaient des chants à

sa gloire et en l'honneur du "Conducator bien aimé".Comme en chaque cisconstance officielle de ce genre, les magasins étaient réap-

provisionnés quelques jours à l'avance, les interminables queues disparaissant parenchantement, les journaux paraissaient avec des titres en rouge, alors que les mili-tants de base arboraient fièrement leur collection de médailles sur leur poitrine. Lesenfants et les enseignants répétaient les chants patriotiques qu'ils allaient entonner:

Lumina-i steagul nostru-n zare,De grele lupte povestind,De grele lupte proletare,Ce-n cant de slava se aprind…... "Notre drapeau est une lumière qui flotte à l'horizon, il raconte les dures luttes

des prolétaires qui illuminent les champs de gloire"...L'histoire du Parti communiste Roumain remonte à sa scission avec le Parti

Socialiste, sur ordre du Komintern, lors du congrès qui s'est tenu à Bucarest le 8 mai1921, considéré comme acte fondateur du PCR, appelé dans un premeir temps PartiSocialiste-Communiste, puis PCdR (Parti Communiste de Roumanie). Sa naissancesuit de près celle du Parti Communiste Français, fondé à l'issue du Congrès de Toursqui entérina la scission avec le Parti Socialiste de Léon Blum, en décembre 1920.

Immédiatement après sa fondation, le PCR s'est affilié au Komintern issu de laIIIème internationale créée à l'instigation de Lénine en 1919 et adopté sa plate-formepréconisant la lutte des classes, l'abolition de la propriété privée, la centralisation demoyens de communication, de transport et des finances, la confiscations des biens desennemis du peuple. Il a été interdit en 1924 par le gouvernement libéral de Ion C.Bratianu, qui l'a accusé d'être à la solde de Moscou et est resté dans la clandestinitéjusqu'en août 1944, faisant sa réapparition avec l'entrée des chars soviétiques enRoumanie. Pendant cette période, il ne comptait pas plus de 2000 membres, son effec-tif étant même tombé à moins d'un millier à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

A cette époque, d'après le récent rapport de la commission Tismaneanu, comman-dé par le président Basescu, le PCR était composé de 23 % de Roumains, 26 % deHongrois, 18 % de Juifs, 10 % de Russes, et autant d'Ukrainiens et de Bulgares.

Le PCR a été dissous immédiatement après la "Révolution" de décembre 1989.Des organisations notalgiques de l'époque de sa splendeur se réclament encore de lui,mais réalisent des scores dérisoires aux élections. Son véritable héritier est le PSD(Parti Social Démocrate) de Ion Iliescu, Adrian Nastase et Mircea Geona, qui a sumoderniser son langage et sa présentation pour en faire la principale force politiquestructurée du pays. Mais nombre de ses anciens membres ou proches se retrouvent auxcommandes des autres partis, dits de droite (Parti Démocrate, Parti National Libéral,Parti Conservateur). Le rapport Tismaneanu estime qu'en 2000, la Roumanie comptaitenviron 10 000 activistes du PCR et de la Securitate occupant des postes importantsdans le pays.

Les dix secrétaires généraux du PCR depuis sa fondation:

Gheorghe Cristescu (1921-1924)Elek Köblös (1924-1927)Vitali Holostenco (1927-1931)Alexander Stefanski (1931-1936)Boris Stefanov (1936-1940)Stefan Foris (1940-1944)

De son vrai nom Illich RamirezSanchez, le Vénézuelien, emprison-né à vie actuellement en France,avait fait de Bucarest une de sesprincipales bases opérationnelles,avec l'assentiment de Ceausescu. LaSecuritate lui avait même confié lamission de plastiquer le bureau rou-main de Radio Europe Libre àMunich pour la faire taire, mais le ter-roriste avait malencontreusementplacé sa bombe dans le bureau voi-sin tchécoslovaque. Travaillant à lafois sous les ordres du généralPlesita, de la Securitate, et deKadhafi, Carlos avait reçu égalementla consigne d'assassiner Pacepa,réfugié aux USA, et le présidentReagan, au cours d'un même séjour.

Plus récemment, le généralRondot a coordonné la cellule decrise chargée d'obtenir la libérationdes trois journalistes français enlevésen Irak, Christian Chesnot, GeorgesMalbrunot et Florence Aubenas. Lajournaliste de Libération sera séques-trée de longues semaines en compa-gnie de trois de ses confrères rou-mains subissant le même sort. Bienque tous soient resté discrets sur lestractations menées, il semble quel'action du général Rondot menéeconjointement avec des anciensagents de la Securitate établis enIrak et réactivés pour la circonstance,ait joué un rôle décisif.

*Le général Ion Pacepa est le pluscélèbre des transfuges de l'Est.Proche de Ceausescu, chef des ser-vices secrets roumains, il est passé àl'Ouest en 1978, dans des conditionsrocambolesques. Ses mémoiresparues sous le titre Horizon rougesont devenues un best seller mon-dial.

(suite de la page 39)

Les 88 ans du

de ses activistes étaient encore aux commandes du pays en 2000

Parti Communiste Roumain

L'opinion occidentale passe par pertes et profits les souffrances endurées à l'Est pendant le communisme

Le Parlement européen a voté

une résolution dénonçant le

totalitarisme et les régimes

autoritaires en avril dernier. Cette

condamnation est passée inaperçue

aux yeux de l'opinion occidentale, ce

que regrette amèrement Mircea

Vasilescu dans une tribune de Dilema

Veche, revue de haute tenue intellec-

tuelle, alors qu'on célèbre les 20 ans de

la chute du communisme.

“Au beau milieu de crises de toutessortes, une décision importante du Parle-ment européen est passée totalementinaperçue. Le vote d ’une résolutioncondamnant les régimes totalitaires.Initiée par le Parti populaire européen(PPE), les Libéraux et les Verts et appu-yée par les socialistes, elle a été adoptéepar 553 voix, 44 contre et 33 abstentions.

Outre la condamnation explicite des"crimes contre l'humanité et des nom-breuses violations des droits de l'hommecommises par les régimes communistes",la résolution du Parlement européen aformulé quelques propositions concrètes:l'ouverture des archives des ex-policespolitiques, la création d'une plateformede la conscience européenne qui puisseoffrir assistance aux institutions nationa-les spécialisées dans la recherche dans ledomaine de l'histoire du totalitarisme, lacréation d'un centre mémorial paneuro-péen pour les victimes des régimes totali-taires ainsi que la mise en place, le 23

août*, d'une Journée européenne pour lamémoire des victimes des régimes totali-taires et autoritaires.

Aucun écho à l’Ouest

... sauf dans L'Humanité

En Europe de l'Ouest, vingt ans aprèsla chute du mur de Berlin, cette condam-nation symbolique ne semble pas avoirtrop d'importance. Pas d’échos dans lapresse occidentale. Un article dansL'Humanité sous le titre "Poussée de fiè-vre anticommuniste à Strasbourg", unautre dans l'hebdomadaire du Parti com-muniste portugais Avante… traduit sur lesite du Parti communiste corse. Quelquescitations du communiqué de presse duParlement européen et c'est tout.

Le manque d'écho pourrait s'expli-quer par l'actualité liée notamment à larévolte des Moldaves à Chisinau. Mais aucontraire, cet exemple concret et sur le vifde ce que signifient encore le pouvoir etla mentalité communistes aurait dû luidonner encore plus de dimension.

Pourquoi ce désintérêt occidental? Sila crise économique est la principale pré-occupation du moment, cela ne signifiepas que les autres sujets doivent être lais-sés de côté. Le député européen roumainAdrian Nastase, ex-Premier ministre, estcon-vaincu que la question n'est plusd'actualité car les gens sont préoccupéspar l'avenir et non le passé. On pourrait

lui rétorquer que des sociétés sans passésont des sociétés sans avenir. D'autres enOccident partagent son avis, non par arro-gance mais par méconnaissance du sujet.

Méconnaissance et mépris

J'ai bien peur que l'Est reste toujoursincompris par l'Ouest ! Il existe un déficitde connaissance de ce que le communis-me réel a signifié. Mais il y a aussi uneattitude hautaine de l'Ouest, une forme demépris envers nos interminables lamenta-tions portant sur nos souffrances passées.Préoccupés par le présent, les gens per-dent toute trace de conscience historique.

La Roumanie a condamné officielle-ment le communisme, par l'intermédiairede son président, Traian Basescu, endécembre 2006. Cela est resté sans consé-quences. Mais peut-être que l'Europesaura avancer, ne pas en rester à cet actesymbolique de son Parlement, traité(pour l'instant) avec indifférence par l'o-pinion publique”.

Mircea Vasilescu

*Le 23 août était la fête nationale durégime communiste et célébrait le renverse-ment de la dictature du maréchal Antonescuainsi que celui des alliances militaires de laRoumanie (alliée aux Allemands), survenuesle 23 août 1944, à l'initiative du roi Michel.Cet anniversaire avait été par la suite confis-qué et détourné de sa signification par lescommunistes.

Le totalitarisme condamné dans l'indifférence à Strasbourg

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Point de vue

Page 22: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

Connaissance et découverte

Cela ne m'empêche pas de pousser la porte de "Caru cubere", brasserie prestigieuse de l'époque où Bucarest se pre-nait pour Paris. Le cadre est toujours aussi impressionnant.Heureusement, car c'est le seul intérêt qu'elle conserve.Boudée longtemps par desclients qui n'en pouvaient plusde la lenteur du service et de lamédiocrité du contenu desassiettes, elle a retrouvé descouleurs depuis que son ancienpropriétaire, spolié par lescommunistes, l'a récupérée.

Aujourd'hui, les touristess'y bousculent dans le brouha-ha, la fumée de cigarettes. Onne s'y entend plus. C'est péni-ble et aux antipodes de l'agita-tion bruissante des rumeurs dutout Bucarest que journalistes,hommes politiques, écrivains,artistes, venaient y chercherau début des années 20.

En outre, il faut faire la queue pour y entrer et se confron-ter à la redoutable question: "Vous avez réservé?". Non, biensûr… Forçant le passage, je me suis installé à une table et j'aipu mesurer que la bureaucratie, même privatisée, avait encorede beaux jours devant elle en Roumanie. Après avoir passéavec "succès" l'examen de réservation, une hôtesse m'aconduit à une table libre, puis un serveur est venu prendre macommande, un suivant m'a apporté le demi de bière fabricationmaison demandé. Comme j'avais une petite faim, c'est un deses collègues qui m'a servi une assiette de sarmale. Un dernierm'a présenté la note… mais je présume qu'un autre est encorepassé derrière moi pour débarrasser.

Foire d'empoigne pour se garer

Bucarest, lundi 18 mai.- J'ai prévu d'inviter Liana au res-taurant. Artiste et professeur de musique, elle me fait toujoursle plaisir d'interpréter des airs d'Edith Piaf et de Maria Tanasequand je lui rends visite, s'accompagnant elle-même au piano.Bien sûr elle ne manque pas d'entonner "Il pleut sur Nantes"(ce qui est d'ailleurs un mensonge car il n'y pleut qu'une foisdans l'année… du 1er janvier au 31 décembre). Je lui racontel'histoire, triste, de Barbara avec Nantes.

Nous avons bien du mal à trouver une place pour garer saDacia. Après avoir tourné en rond pendant un quart d'heure onen déniche enfin une: un mince espace sur un haricot au milieude la chaussée, où il est interdit de stationner et où elle parvientà se glisser. A notre retour, nous trouvons les essuie-glacesretournés… signe du fort mécontentement de l'occupant habi-tuel des lieux qui n'a pourtant aucun droit dessus, mais se l'estapproprié au vu et au su de tout le quartier. "Encore heureuxqu'il ne nous ait pas crevé les pneus" me souffle Liana.

Je découvre alors la foire d'empoigne que suscite le sta-tionnement à Bucarest, la "surpopulation" des véhicules y

étant devenu un problème majeur, qui ne peut que s'amplifier,de plus en plus de familles se dotant d'une deuxième voiture.

Lucian, un vieux copain, me confie son angoisse quant ilabandonne sa place le matin, alors qu'il a mis une demi-heure

à la dénicher la veille, aprèsavoir fait cinq-six fois le tourdu quartier pour se garer finale-ment à 500 m de son studio.Pire, encore! Il me raconte queson vieux père qui avait uneMoscovitch du temps deCeausescu et propriétaireaujourd'hui d'une Dacia, ne vaplus que trois fois par an àCraiova où se trouve le reste dela famille, alors qu'auparavantil s'y rendait toutes les semai-nes… de peur de ne pas retro-uver sa place au retour!

Il m'assure que des retrai-tés achètent une vieille Trabant

pour 100 ou 200 €, histoire seulement de se réserver une placesupplémentaire sur le trottoir pour leur autre véhicule. Certainsen font même un business, la cèdent pour un euro à un auto-mobiliste excédé et pressé de se garer pour une heure ou deux.Pas étonnant que dans le quartier des nouveaux riches dePipera, la place de parking extérieur se négocie à 15 000 €.

Pipera, "paradis" des nouveaux riches

Bucarest, mardi 19 mai.- Justement, Octavian, un jeunecopain, journaliste à la radio, m'emmène visiter Pipera, unecommune périphérique au nord de la capitale où s'entassent lesnouveaux riches. Le prix du mètre carré s'y négocie autour de1500 €, et Gigi Becali, l'ancien berger devenu pitre média-tique et patron du Steaua y a fait sa fortune en revendant auprix fort les biens…mal acquis auprès de l'armée qui y dispo-saient d'immenses terrains. Nombre de Roumains vouent uneréelle admiration à celui que la presse a baptisé le "latifundiarde Pipera" pour avoir su si bien se débrouiller. “Se descur-ca”… Sésame pour réussir en Roumanie ou pour survivre.

Des villas splendides, des petits palais s'entassent dans lequartier le mieux gardé de Bucarest. Hautes clôtures qui lesprotègent des regards indiscrets, agents de sécurité, postesd'observations, guérites pour les gardiens, rues interdites auxétrangers… les milliardaires s'y sentent à l'abri, un tic pourtous le nouveaux riches à travers le pays. Les agences de poli-ce privée y pullulent, remplaçant l’officielle, s'arrogeant sesdroits pour faire régner son ordre. Le plus souvent elles ont étécréées par des anciens de la Securitate dont les tristes référen-ces garantissent l'efficacité. Elles embauchent des gros bras,tête rasée, cerveau pois chiche, tatouages sur les biceps. Riende bien rassurant pour les passants. Je serai curieux de connaî-tre le nombre d'officines de ce genre et d'employés que comp-te le pays et je me dis que la part qu'elles pèsent dans le PIBne doit pas être négligeable. (lire la suite page 44)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Carnet de route

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

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l PITESTI

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De Bucarest

Notre chroniqueur “Laplume” ne se lasse pas de la Roumanie - où il

vient d’effectuer son trentième voyage depuis 1974 - et de la

République moldave. Il nous conte ses aventures et livre ses impres-

sions dans son “Carnet de route”. Décidément, ces deux pays ne finiront pas de

surprendre le voyageur...

Bucarest, jeudi 14 mai.- Me voilà de retour à Bucarest. D'habitude les gens n'ai-ment pas. Ce n'est pas mon cas. J'y trouve du charme, mais il se mérite. Tout d'abord,il faut forcer l'accès à la capitale: deux heures, debout, "sardiné" dans un bus, coincécontre ma valise, calée sur les pieds de ma voisine qui me lance un regard outré, meraccrochant aux autres passagers dès qu'il redémarre, accélérant brusquement pour sefrayer un passage dans des bouchons inextricables… stoppant tout aussi brutalementvingt mètres plus loin. Par principe, je n'ai pas voulu prendre les taxis de la société"Taxi fly" qui assomment les touristes frais débarqués à Otopeni et ont obtenu le mono-pole de la desserte de l'aéroport à l'époque Iliescu-Nastase, la femme de ce dernierayant des intérêts dans la compagnie. De toutes façons, ils mettent le même temps queles bus, mais il faut compter 30 ou 50 € au lieu d'un seul.

En février dernier, je nesais qui d'un peu curieux adécouvert qu'une voie ferréepartant de la Gare du Nord

passait à moins de deux kilo-mètres d'Otopeni. Elle existaitdepuis plus de 50 ans… maismieux vaut tard que jamais!Bref, le ministère destransports a décidé de l'utilisersur le champ permettant uneliaison centre de la capitale-aéroport international en trois

quarts d'heure, s'adjoignant le service d'un bus pour effectuer le parcours du chaînonmanquant. Génial ! Même si les conditions n'étaient pas optima. Certes, il faudrait gou-dronner le chemin emprunté par le bus, l'élargir en expropriant deux ou trois maisons,transformer le tortillard qui s'arrête dans des gares improvisées et non signalées tous les500 mètres, en train express, bien signaler les stations, surtout à l'arrivée… mais tousles utilisateurs sont d'accord: cette liaison est beaucoup plus confortable et le trajetpourrait être ramené à une demi-heure. Avantage non négligeable: les aménagementsnécessaires ne demandent que quelques mois et une poignée de sous… alors que le pro-jet d'un tramway, serpent de mer qui refait surface avant chaque élection ne deviendraopérationnel, au mieux, qu'en 2020 et coûtera plus d'un milliard d'euros!

Mais voilà, on est en Roumanie. Sans aucune concertation, une autre liaison, Gare

du Nord-Otopeni, uniquement en bus et demandant elle deux heures, a été mise enplace en même temps, concurrençant directement celle du train-bus. Au bout de deuxmois d'essai, jugeant que la fréquentation de cette dernière était insuffisante, le minis-tère du Transport a décidé de la supprimer. Dans ma bonne ville de Nantes, quant uneligne est créée, la régie des transports prend en compte la perspective de voir tournerses bus à vide pendant deux ans, le temps d'habituer les usagers à les voir circuler…

Lipscani toujours défoncé… mais tellement de charme

Bucarest, vendredi 15 mai.- Je retrouve avec bonheur les rues du vieux quartierde Lipscani. Elles sont pratiquement toutes défoncées, en pleine rénovation. Et çà dure,çà dure. Heureusement que les commerçants sont plus patients qu'en France. Le maire,un chirurgien dont on se demande s'il ne prend pas plaisir à charcuter sa capitale, a pro-mis que tout devrait être fini à la fin de l'année. Mais au rythme où il dépense les finan-ces municipales en pitreries destinées à entrer dans le Guiness'Book (plus grande brio-che, plus grand nombre de Pères Noël, etc…), on se demande où il va trouver les sous.

Bucarest, samedi 16 mai.- Malogeuse, une charmante dame quis'apprête à fêter ses 77 ans en com-pagnie de son mari, de ses nombreuxamis et anciens collègues vient derecevoir un coup de téléphone. Uneémission de téléshopping, qu'elle neregarde pas, la prévient qu'elle vientde gagner une cafetière électrique.Seule contrepartie: parler de ses qua-lités à ses voisines. Une demi-heureplus tard, le livreur sonne à la porte."Un cadeau ne se refuse pas" se jus-tifie-t-elle en allant la ranger au rayondes accessoires inutiles. Elle en adéjà reçu trois et, de toutes façons,ne boit que du café à la turquedepuis la fac.

Bucarest, dimanche 17 mai.- Jereprends mes vieux réflexes en flâ-nant dans les rues désertées deBucarest, marchant au milieu de lachaussée. Les trottoirs, gondolés etparsemés de trous, sont encombréspar les voitures. Les piétons n'ontdonc guère le choix. Le dimanche, çàva encore, mais en semaine, "lesDacia sont lâchées" et dès que le feupasse au vert fondent sur eux. Il n'y aque les Français pour être assez fouset s'aventurer à traverser sans atten-dre le signal. On les reconnaîtd'ailleurs à çà.

En me baladant, je passe devantune maison où un écriteau imploreles passants "S'il vous plaît, nebavardez pas sous cette fenêtre".Quelques mètres plus loin, un autre,au ras du sol, annonçant la présenced'une cave, intime "Il est interdit decracher et de pisser par le soupirail".Bucarest réserve toujours ce genrede surprises.

"Défense de bavardersous cette fenêtre"

l'infernale… à Chisinau la Verte

Le charme du vieux quartier Lipscani.

La prestigieuse brasserie “Caru cu bere” n’a plus le même éclat.

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CHISINAU

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Connaissance et découverte

Au resto, "faire la gueule" c'est un métier

Bucarest, vendredi 22 mai.- J'ai enfin décidé MadameGorunescu à m'accompagner au restaurant. Plongée parfoisdès 3 heures du matin dans l'écriture de ses dictionnaires,manuels d'orthographes et d'exercices, qui ont permis à desdizaines de milliers de Roumains - sinon des centaines - d'ap-prendre le français, elle ne sort pratiquement jamais de sonpetit appartement. Mais j'ai repéré un établissement nouveau,élégant, doté d'une grande baie vitrée donnant directement surun site archéologique dont les monuments conservés sont misen valeur par un éclairage du meilleur effet. Je me suispromis de l'essayer en sa compagnie et comme il est situéstrada Franceza (rue Française), elle ne peut pas refuser.

Une serveuse à l'air revêche veut nous placer d'auto-rité dans un recoin avec vue sur les toilettes. Devant mesprotestations vigoureuses, elle consent à nous installer àune table cependant assez éloignée de celles que je visais,arguant qu'elles sont réservées, bien que le restaurant soità moitié vide. Après un quart d'heure d'attente, elle jetteles menus devant nous, en anglais, sans demander si celanous convenait. Commence alors une longue attente avantqu'elle ne se décide à prendre la commande. N'y tenant plus,nous nous levons et quittons les lieux, soulagés de ne pas avoirà subir son humeur plus longtemps. Nous sortons dans l'indif-férence générale des autres personnels, du chef de salle, qui netentent même pas de nous retenir.

Mais pourquoi, vingt ans après la "Révolution", faut-ilencore affronter tant de visages de serveurs bougons, ne vousgratifiant jamais d'un sourire, l'air ennuyé des caissières sivous demandez une facture? Je sais qu'ils sont mal payés,exploités souvent, mais ce n'est certainement pas "en faisant lagueule" qu'ils peuvent espérer arrondir leurs fins de mois avecdes pourboires généreux.D'autres serveurs dans lemonde sont confrontés àdes conditions de travailaussi difficiles, cela ne lesempêche pas d'être aima-bles… ce qui rend certaine-ment leurs journées plussupportables.

Un ami roumain m'aavancé cette explication:sous Ceausescu, quant ilfallait faire la queue pour se procurer le moindre bien, ce sontles vendeurs et les serveurs qui étaient les rois et les clients quiétaient obligés de leur sourire afin d'entrer dans leurs bonnesgrâces. Ils n'ont toujours pas compris qu'on avait changé d'é-poque et que les rôles avaient été inversés. Heureusement, deplus en plus d'établissements se mettent à l'heure du temps.

Si on sourit en Bulgarie…

Pourquoi pas en Roumanie ?

Nous n'avons pas à chercher très longtemps un autre res-taurant. Dans la même rue, à 50 mètres, nous tentons notrechance au “Sfantu Gheorghe”. Tout de suite, l'établissement

nous séduit par le calme qu'il dégage dans ce quartier bruyant.De belles boiseries agrémentent un cadre raffiné à peine trou-blé par une musique discrète. Des sourires spontanés saluentnotre entrée. Sur la table, de jolis napperons brodés, un bou-quet de fleurs, deux bougies qu'on allume aussitôt. Un apéritifde bienvenue nous est servi, accompagné de petits fromages.Enfin, nous pouvons nous installer pour une bonne soirée!

Nous avions de bonnes chances de ne pas nous tromper.Le "Sfantu Gheorghe" (photo ci-dessous) est un restauranthongrois et les Roumains sont les premiers à reconnaître qu'-hongrois est synonyme de sérieux et qualité, raison de plus

pour déplorer qu'iln'en soit pas de mêmepour ce qui est rou-main. D'ailleurs, lesRoumains ne s'y trom-pent pas: à Constantsa,les habitants sont deplus en plus nombreuxà déserter leurs hôtels-restaurants pour, cette

fois-ci, aller chercher la qualité bulgare. Les anciens camara-des de lycée louent des cars pour aller y fêter leurs retro-uvailles. Alors, si on sourit en Bulgarie… Pourquoi pas enRoumanie ?

Didi, le cinéma américain et “Pardon Café”

Bucarest, samedi 23 mai.- Heureusement, les restos rou-mains réservent aussi de bonnes surprises. Depuis une quinzai-ne d'années j'ai pris l'habitude d'aller à l’“American BeerHouse” pour y engloutir un chateaubriand énorme, aussi ten-dre que délicieux. Il m'en coûte dix euros contre trente en

France… encore ce rapport était-il de un à dixvoici quelques années. Seule précaution àprendre - et valable dans tout le pays - : il fautbien préciser "foarte, foarte in sînge" ("très,très saignant") et insister, si on ne veut pasvoir arriver sur la table un steack calciné.

Cette brasserie proche de Valea

Ialomitei sur Drumul Taberei, très bruyantequand elle reçoit des mariages, vaut le dépla-cement. Ces murs intérieurs sont tapissés parune énorme fresque peinte s'étalant sur 30mètres de long et 3 de haut où toutes les étoi-

les du cinéma américain d'autrefois sont croquées, attabléesautour d'un bar, trinquant ou bavardant. Les clients s'efforcentde les identifier les unes après les autres. Je remets chaque foisà plus tard une interview du peintre qui l'a réalisée. Mais sûrque son œuvre mériterait de figurer au patrimoine artistiquecontemporain.

Aujourd'hui, c'est Didi qui me sert. La cinquantaine, ron-douillard, il est la réplique exacte des caricatures bonhommesqui illustrent le guide Assimil. Lui, qui a fait toute sa carrièredans les grands hôtels de la capitale, comme l’“Ambasador”,jubile lorsqu'il retrouve des étrangers dans son "exil" loin ducentre. Avant que je n'ai prononcé un seul mot, il me lance enfrançais "Saignant?". (lire la suite page 46)

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(suite de la page 43)A Pipera, des centres de soins, cliniques privées, piscines, saunas, pépinières pour

garnir d'arbres les immenses jardins, se succèdent ainsi que des écoles, elles aussi pri-vées, avec postes de garde et vigiles. Mais pour se rendre des uns aux autres, il fautemprunter des chemins caillouteux, soulevant des nuages de poussière, ou au contrai-re détrempés, troués d'ornières qu'on a du mal à éviter la nuit car ils ne sont pas éclai-rés. On a oublié de les goudronner.

Il n'existe pas de vraies routes pour accéder à Pipera. La circulation y est épou-vantable tout au long de la journée. Il faut compter deux heures dans chaque sens pourgagner les bureaux de la capitale les plus proches, autant de temps pour aller faire sescourses à 3 kilomètres sur les coups de 18 h. Les habitants qui n'ont pas de véhiculedoivent s'entasser dans des taxis collectifs, car il n'existe aucune liaison de bus.

Ici, on ne sait pas ce que sont les plans d'urbanisme. On a construit à la roumaine,en mettant la charrue avant les bœufs. Les maisons ont poussé… On verra ensuite pourles rues, les adductions d'eau, d'égout, l'électricité, le gaz, les équipements collectifs.Et pour rajouter à son "charme", Pipera se trouve à proximité immédiate d'Otopeni,survolé à basse altitude par les avions qui s'y posent… ce qui garantit une joyeuse ani-mation sonore aux "gratare" (barbecues) pendant les week-ends d'été. Mais je connaisune vieille paysanne du coin qui ne regrette pas trop cette transformation. Auparavant,elle devait faire avec ses cent lei de retraite mensuelle (moins de 25 €) et sa vache.Depuis, elle a vendu la quasi-totalité de son terrain d'un hectare et, à 78 ans, se trouveà la tête d'un magot de près de 10 millions d'euros. Toutefois, elle a préféré garder savache. On ne sait jamais…

La débrouille

Bucarest, mercredi 20

mai.- J'ai invité au restoOctavian et sa copine, Ana,également journaliste, pourle remercier de notre éprou-vante balade de la veille quia fait beaucoup souffrir lasuspension de sa Logan,encore neuve. Le jeune cou-ple, 25 et 23 ans, vit dans unpetit studio et n'a ni letemps, ni le goût de se fairela popote. Alors, Octavian a recours à ses parents, retraités de Brasov. Sa mère lui pré-pare un panier-repas de tout ce qu'il aime, suffisant pour la semaine, son père le confieà la gare de Brasov au chef mécanicien du train, lui glissant au passage un billet de 5lei (un peu plus d'un euro) lequel le remet à Octavian, venu le récupérer à la gare du

Nord. La méthode est infaillible, fonctionne depuis 3-4 ans et est utilisée par de nom-breux étudiants. Pour prévenir tout contre-temps, la mère d'Octavian a écrit en gros lenuméro de mobile de son fils sur le panier.

Sarkozy devrait penser à ce genre de combine pour permettre aux cheminots deboucler leurs fins de mois, sans leur verser un sou supplémentaire. Après tout, c'est tra-vailler plus pour gagner plus !

Bucarest, jeudi 21 mai.- J'arrêteun taxi dont le toit est flanqué d'uneenseigne "Tarif de crise". C'est un faitqu'à Bucarest, le prix des courses abien baissé. Les tarifs varient entre1,2 leu et 1,6 leu le kilomètre (0,3 et0,4 €). Désormais, on peut traverserla capitale pour 5 € et se rendre àOtopeni depuis Drumul Taberei - del'autre côté de Bucarest - pour 12 €,bien sûr en évitant Fly Taxi.

Tudor, mon chauffeur, me détailleses longues journées. Il est franchiséà une compagnie qui lui fournit levéhicule et le raccordement à sa cen-trale d'appel contre 200 € par mois.Le prix des courses est pour lui. Auvolant dès 7 heures le matin, jusqu'à10-11 heures le soir s'il le faut, il arri-ve péniblement à gagner 800 € et nerechigne pas devant les heures sup-plémentaires afin de payer les étudesde commerce de sa fille.

Maintenant, il est beaucoup plusfacile de trouver un taxi aux heuresde pointes. Avant, il fallait poireauterpendant une demi-heure. Les clients,plus rares, font attention aux prix,prennent le bus ou le tramway. Lesentreprises ont supprimé les bons detransport gratuits qu'elles distri-buaient assez généreusement à leursemployés. Signe des temps qui netrompe pas, les "taxis-escrocs" auxtarifs prohibitifs (3,6 lei le km) quistationnaient Piata Romana ontpresque disparu. (suite page 46)

Tarifs de crise pour les taxis

En Roumanie comme en Moldavie, la présence des policierset surtout des agences privées de sécurité devient pesante.

“Défense de se garer...ou je crève tes pneus”... Sympa !A la mesure du casse-tête du stationnement à Bucarest.

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Connaissance et découverte

Cette réflexion me rappelle à la réalité: je suis venu iciparce que de graves évènements viennent de s'y dérouler.Journaliste, j'appréhendais le passage à l'aéroport, nombre demes confrères ayant été refoulés. De plus, je transporte dansma valise plusieurs exemplaires du dernier numéro desNouvelles racontant par le détail la révolte du 7 avril, provo-quée par le succèscontesté des commu-nistes aux électionsdu dimanche précé-dent. Mais, finale-ment, je franchissans encombre lescontrôles. Ce n'estpas le cas desMoldaves qui rent-rent au pays par l'a-vion de Bucarest,soumis à fouille etinterrogatoire.

"La Joconde" de Chisinau

et la petite Moldave "de rien du tout"Chisinau, mardi 26 mai.- Tania est mon guide et inter-

prète, surtout pour le russe, langue qui m'est totalement étran-gère. Elle rit de bon coeur lorsque je lui conte mes aventuresmoscovites à l'hiver 1964. Je cherchais un restaurant et ayantrepérer des enseignes, demandais aux passants où je pouvaistrouver un "Pectopah". Après plusieurs essais infructueux,l'un, plus curieux, m'avait fait écrire ce mot, s'exclamant "Ah !Restaurant"… J'avais oublié qu'il s'agissait de caractèrescyrilliques.

Informaticienne de haut niveau, Tania, 24 ans, a pris unesemaine de congés pour m'accompagner. Je la devine tout desuite sensible, un peu timide, davantage rassurée quant elleévolue dans son univers, d'une profonderichesse intérieure. Une jeune femme élan-cée, romantique, dont la grande beauté s'har-monise avec les paysages mélancoliques deson pays. Je lui trouve une ressemblancefrappante avec la Joconde. D'ailleurs, je labaptise "La Joconde de Chisinau".

Elle a pris le relais de Marina, qui avaitguidé mes pas en Moldavie voici trois ans.Les deux sœurs, qui parlent un français par-fait, sont le jour et la nuit. Marina, plusjeune, qui passait son bac à l'époque, joliecomme un cœur, plus petite, fonceuse, spon-tanée, rieuse, mord dans la vie à pleinesdents. Un jour qu'elle me demandait ce quesignifiait l'expression "c'est rien du tout"que je devais employer à tout bout de champ et après lui avoirexpliqué qu'elle exprimait l'insignifiance des choses, elle s'é-tait exclamée, après un moment de réflexion: "Alors, je suisune petite Moldave de rien du tout !". La formule est restée.

"La petite Moldave de rien du tout" m'a bien épaté quand,quelques mois plus tard, à 19 ans !, sans avoir jamais mis les

pieds en dehors de son pays, elle a débarqué toute seule àBordeaux, avec sa grosse valise et après trois jours et troisnuits de bus sur Eurolines, pour entreprendre des études dedroit. Et pas n'importe lesquelles… Pas les vacances déguiséesd'Erasmus. Non, comme une étudiante française, uniquementen français ! Trouver à se loger quant on ne connaît personne,

travailler tout au long de la semaine pour payerses études (et les réussir !), et même avoir undouble emploi l'été, afin de mettre un peu desous de côté pour retourner voir les siens…Marina n'est revenue à Chisinau qu'en janvierdernier, en coup de vent, après un an et demid'absence. Elle avait fêté ses vingt ans touteseule, dans sa chambrette de Bordeaux. Son sou-rire toujours aussi éclatant a dû cacher bien deslarmes…

Tania sait qu'elle doit prendre le même che-min, mais elle hésite, repousse toujours cettedécision, redoutant un exil crève-cœur définitif,se prend à rêver d'un prince charmant qui letransformerait en voyage au pays des mille et

une nuits. Dans la cour de son petit immeuble, habitait voiciencore quatre ans Nathalie. Une battante aux talents - et auxdiplômes - exceptionnels, mais qui ne trouvait pas sa place àChisinau. Elle a été mon premier guide en Moldavie, rencon-trée tout à fait par hasard, et m'a fait découvrir et aimer sonpays d'une manière admirable, me présentant ensuite à sespetites voisines. Aujourd'hui, à la grande tristesse de sesparents qui pensent qu'elle ne reviendra pas, Nathalie, 31 ans,vit à Toronto où elle s'est mariée, loin de sa famille, avec unami d'enfance, Moldave bien sûr. Voilà l'avenir que laMoldavie réserve à ses enfants…

Promesses en l'air

Chisinau, mercredi 27 mai.- J'ai rendez-vous avec unjeune journaliste de latélévision qui animaitune émission politiqueréputée. L'imparfait estde circonstance, car il aété licencié à la suite desmanifestations de débutavril. Il m'impressionnepar sa rigueur, son pro-fessionnalisme, sa cultu-re, mais aussi sa déter-mination à rester enMoldavie malgré lesépreuves qu'il endure. Ilreste parce que si tout lemonde part, son pays ne

s'ouvrira jamais vraiment à la démocratie. Il décortique longuement devant moi les évènements, leur

manipulation par le pouvoir mais aussi le désarroi de celui-ci.La coupure du régime avec tout ce que le pays compte detalents - et ils sont nombreux ! - m'apparaît de plus en pluspatente. (lire la suite page 48)

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(suite de la page 45)A neuf ans de la retraite, je devine qu'il souffre devant la désinvolture et le

manque d'application de ses jeunes collègues. Alors devant eux, il me gratifie d'untraitement de roi, leur commentant chacun de ses gestes, plein d'attention, de déféren-ce mais aussi de gentillesse. Didi s'exprime dans un méli-mélo de français, roumain,allemand et italien. Sans que je lui ai demandé il fait flamber mon chateaubriand aucognac, m'apporte une sauce béarnaise, un saladier rempli d'une laitue citronnée. Jesens dans son regard la nostalgie de la grande époque où il servait les diplomates ethommes d'affaires.

Autre endroit plein de charme, sur Drumul Taberei, à quatre stations de tramway(descendre à Favorit), “Pardon Café”. Un petit bijou de bistrot, calme, dans un bos-quet de tilleuls où l'on oublie totalement la circulation infernale de Bucarest. Il estsignalé par une antique 2 chevaux Citroën, repeinte en vert et qui a fait le tour dumonde si on juge par les autocollants qui la recouvrent. Une belle jeunesse, disonsévoluée, qui fait oublier les crânes rasés et les fils à papa en 4x4, s'y retrouve autourd'une sorte de grande cabane pittoresque, où elle se réfugie quand tombe la neige, pré-férant sa terrasse sur le toit aux beaux jours. Elle discute avec passion et sérieux enécoutant des airs de fado. C'est simple, sans chichi, à la limite émouvant. Un air deMontmarte autrefois... avant BHL (Bernard Henry Lévy) et Arielle Dombasle. Maispourquoi ne pas y inviter Ségolène Royal… Elle serait à son afffaire... "Pardon ?”.

Comment peut-on imaginer être

dans le pays le plus pauvre d'Europe ?

Chisinau, dimanche

24 mai.- Quel change-ment! Dans le taxi meconduisant de l'aéroport aucentre de la capitale molda-ve, je reste silencieux,savourant le calme retro-uvé après la trépidanteBucarest. Avenues et gran-des rues ombragées, parcs,se succèdent. Chisinau a laréputation d'être la capitalela plus verte d'Europe avecKiev. Une ville dans un jardin l'a-t-on même baptisée. Je ne me lasse pas de son char-me, de l'élégance de ses bâtiments, de la sérénité qui s'en dégage.

Sur Stefan Cel Mare, on croise des femmes d'une grâce éclatante, élancées, plei-nes de finesse. L'hiver, lorsqu'elles cheminent enfouies dans leur manteau et leur chap-ka de fourrure, que l'on entend crisser leurs bottes dans la neige, cette grande artèreaux allures de Champs Elysées, devient féerique. Moi qui plaçait les Italiennes au pre-mier rang des beautés continentales, je dois réviser mon jugement.

Mais Chisinau réserve d'autres bonnes surprises. Je me frotte déjà les mains à l'i-dée de retrouver "Délices d'ange", l'adorable pâtisserie-salon de thé française que sapropriétaire, Ina Vieru, belle-fille du grand poète disparu au début de l'année, a ouver-te par gourmandise voici quelques années, au retour d'un voyage à Paris. Elle n'ima-ginait pas devoir se priver toute sa vie des délicieuses pâtisseries qu'elle y avait décou-vertes. Ingénieur en physique, spécialisée dans les lasers, elle ne savait alors même pasfaire cuire un bifteck, testant pendant un an sur sa famille ses choux à la crème etbabas au rhum avant de se lancer !

Autre endroit à ne pas oublier: “Symposium”, à deux pas, toujours dans la stradadu 31 août 2009. Cet établissement majestueux dans une immense cave voûtée, res-taurée avec goût, allie le raffinement du cadre et du service à la qualité de la cuisine.

Je m'en frotte une nouvelle fois les yeux. Comment imaginer un seul instant quel'on se trouve dans la capitale du pays considéré comme le plus pauvre d'Europe, quesa jeunesse fuit, faute d'avenir ?

Ces indépendants guettaient lesprovinciaux ou les étrangers débar-quant pour la première fois dans lacapitale, n'en connaissant pas les uset coutumes, et les embrouillaientavec leurs tarifs écrits en tout petit,flanqués de conditions d'heures et dedistances incompréhensibles. Onpouvait ainsi s'en sortir avec unecourse facturée 20 ou 30 €.

Toutefois, Tudor me met en garde:des "taxis-requins" surgissent parfoisla nuit, utilisant les mêmes procédésmais profitant de l'obscurité pourtromper les clients en arborant uneenseigne détournant le nom d'unecompagnie sérieuse: Tesss, avec 3 s,au lieu de Tess, Taxi 200 à la placede Taxi 2000, etc.).

(suite de la page 42)

Chisinau, lundi 25 mai.- J'ai déci-dé de louer une voiture. Comme enRoumanie, les tarifs sont accessibles:25 à 30 € par jour si on se contented'une Logan. Pour ce faire, je merends à l'agence en taxi collectif, lemode de transport le plus populairede la capitale, car rapide, efficace etpas très cher (3 lei la course, soit 20centimes d'euro, le bus coûtant unleu). On s'entasse à dix ou quinzedans ces mini-bus qui redémarrent àpeine la porte fermée et descendenten trombe les avenues. Si on estdebout, on a intérêt à vite repérer unendroit où s'agripper. Le ballet inces-sant et étrange que dessinent lesmains des passagers ne manque pasd'étonner les touristes. Du fond duvéhicule où ils sont coincés, les voya-geurs font passer au chauffeur le prixde la course, qui rend la monnaietout en conduisant, annonçant lasomme, les billets empruntant le cir-cuit inverse au-dessus des têtes.

Etrange ballet de mains

A Chisinau, le boulevard Stefan Cel Mare revêt des allures de Champs Elysées.

Comme nombre de jeunes Moldaves, Tania rêve d’une autre vie, mais l’idée de quitter Chisinau lui déchire le coeur...

Marina, sa petite soeur, a pris dès 19 ans le chemin de l’exil et de la France, affrontant toute seule un univers inconnu.

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…Et moments de grâce à Tiraspol

A l'université de Tiraspol, changement de décor. Nousnous rendons au département de français. Notre visite surprisesuscite une vive curiosité. Ici, on n'a pas trop l'habitude de voirdes Français. Il s'agit donc d'un évènement.Vite, une rencontre improvisée est organiséeavec les étudiants et leurs professeurs autourd'une grande table. Je dois répondre à leursmultiples questions. Tous sont Russes etvouent à la France un attachement qui mebouleverse. Privés de contacts extérieurs, ilss'expriment dans une langue d'un grand clas-sicisme, sans pratiquement de fautes.

Une étudiante se récrie quand j'ose direque la tour Eiffel n'est pas la huitième mer-veille du monde, pour se reprendre aussitôt etconvenir "C'est vrai, Maupassant avait quittéParis car il ne pouvait plus supporter de lavoir, mais nous nous l'aimons". Je suis esto-maqué devant tant de connaissance. Il merevient alors à l'esprit l'admiration que j'avais pour la culturerusse quand j'étais adolescent, dévorant Dostoïevski, Tolstoï,Tchekhov, Tourgueniev… Je me promets aussi de ne plus direde mal de la tourEiffel.

Chacun parle àson tour, écouteattentivement ce quedit son interlocuteur.Une discussionassez vive s'engageavec une professeurassez âgée, dont lesavoir-vivre, la poli-tesse exhalent laRussie d'autrefois.Après avoir soutenuson point de vue,elle me laisse trèscourtoisement lebénéfice de la conclusion, ajoutant : "C'est si bien la contro-verse, que les avis soient différents… Le monde seraitennuyeux sans çà". Je note une pointe de regret dans son pro-pos, n'ayant pas de mal à comprendre combien la propagandebrutale du régime est à mille lieues de sa sensibilité. Je sorsébloui de cette rencontre. Un véritable moment de grâce.

Nous reprenons la route de Chisinau. En repassant la fron-tière pour la Moldavie, j'ai l'impression de franchir le mur deBerlin. Un comble !

Les cages, mêmes dorées, sont toujours des cages

Chisinau, samedi 30 mai.- Dernière journée enMoldavie. Achats: des poupées russes sur Stefan Cel Mare etun calot constellé d'insignes de l'époque soviétique. J'emmènemes amis déguster un couscous au “Marrakech”. Ce restau-rant, à deux pas de l'endroit où j'habite, est tenu par un

Moldave qui a eu le coup de foudre pour le Maroc, lors d'unvoyage. On s'assoit sur des poufs devant des tables basses.Couscous et tajines sont excellents, mais le restaurateur sedésole de ne pouvoir disposer de tous les ingrédients, bien qu'ilen fasse venir d'Afrique du Nord, et doit se contenter de faire

avec les moyens dubord. Ainsi lamamaliga remplacela semoule. Je luipromets de luiramener de la haris-sa et des pois chi-ches, la prochainefois que je vien-drais.

Je décide de ter-miner la soirée enallant siroter uneBaltica N° 5 à laterrasse du “Night

and day”. Un nomaméricain çà fait chic et un peu rêver! Cette bière-reine deMoldavie, dont la numérotation indique le degré d'alcool - elleva jusqu'à 9 - est savoureuse, équilibrée. Finalement, je la trou-

ve même supérieure à sa rivale roumaine,Ursus! L'établissement est sympathique, trèsagréable aux beaux jours, sous les tilleuls. J'yobserve les Chisinautes discutant, heureux dese retrouver en compagnie d'amis. Mais il aun travers. A onze heures tapantes, on met lesclients à la porte, les serveurs les prévenantune demi-heure avant du sort qui les attend.Et ils s'exécutent, sans protester. Je pesteintérieurement contre ses horaires sovié-tiques, sortant le dernier, tentant de gagnerune minute ou deux. Mais je n'ai jamais réus-si à dépasser 23 h 03. Portant ce samedi soir,c'est la révolution. Malgré les signes d'impa-tience du personnel, personne ne bouge. 23 h05, 10, 15, 25!…Je n'en reviens pas!Finalement, je jette l'éponge et pars boucler

ma valise. Les Moldaves se laisseraient-ils gagner par lacontestation? La manifestation du 7 avril a eu du bon !

Chisinau, dimanche 31 mai.- Le poste frontièred'Ungheni. Je retrouve la Roumanie… pardon, l'UnionEuropéenne. D'ailleurs, ma "compatriote" douanière me réser-ve un traitement de faveur. Contrairement aux Moldaves, je nesuis pas obligé d'ouvrir ma valise. Ce qui m'arrange bien. Nonpas parce que j'avais des choses à passer en douce, mais soncontenu risquait de s'étaler tout autour si je le libérais. De tou-tes façons, pour décourager la curiosité, je mets toujours meschaussettes sales sur le dessus.

Je me retourne une dernière fois sur cette Moldavie telle-ment attachante. Je comprends que les Moldaves aient tant demal à la quitter. Mais une fois leur envol pris, ils n'y reviennentplus. Même dorées, les cages, sont toujours des cages.Pourtant, il devrait faire si bon vivre ici…

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(suite de la page 47)Perplexe - voire un peu ironique - ce jeune collègue s'étonne de l'intérêt d'un

Occidental pour son pays. Il se sent Moldave, c'est-à-dire sans illusion sur l'attentionque le monde porte à la petite Moldavie. D'ailleurs combien de chefs d'Etat savent oùelle se trouve ?

Je sens en lui une blessure quant il me parle de la Roumanie. Il a pris beaucoup derisques en pilotant des équipes de journalistes roumains venus couvrir les évènementsd'avril et qui n'avaient jamais mis les pieds en Moldavie. Il les a récupérés à l'aéroport,leur a trouvé des hébergements, leur a servi de guide, leur a fait rencontrer les leadersde l'opposition, des étudiants, des intellectuels, etc… Au moment de la séparation,ceux-ci l'ont remercié chaudement, lui donnant leurs coordonnées, l'assurant qu'il seraitle bienvenu à Bucarest.

Quelques jours plus tard, la répression se mettait en marche à Chisinau, il perdaitson emploi, était obligé de s'enfuir en Roumanie. A Bucarest, qu'il ne connaissait pas,ses "amis" l'avaient déjà oublié et il a dû se débrouiller par lui-même avant de regagnerson pays, où il est toujours l'objet d'une étroite surveillance. Les Moldaves savent qu'ilsne doivent compter que sur eux-mêmes…

Brutes épaisses en Transnistrie…

Chisinau, vendredi 29 mai.- Nous prenons la direction de Tiraspol, capitale de laTransnistrie, à deux heures de route deChisinau. Cette république autoprocla-mée, qu'aucun pays au monde n'a recon-nue, plus soviétique que les soviets, diri-gée par une mafia vivant de trafics, a faitsécession avec la Moldavie en 1991.

Ion, le frère de Nathalie nousaccompagne, mais je conduis. La derniè-re fois qu'il y est venu, il s'est fait rançon-ner pour avoir commis une infraction quin'existait pas et a dû verser 100 € pourêtre relâché. Les "séparatistes", commeles appelle son père, n'aime pas lesMoldaves roumains. Il les exècre mêmeet veulent leur rattachement à la Russie.

Ion me prévient, je vais être racketté à l'entrée et à la sortie de la Transnistrie. Il setrompe. D'ailleurs, c'est la quatrième fois que je viens et çà ne m'est jamais arrivé. LesOccidentaux doivent être épargnés… Le poste frontière donne un avant-goût de ce quinous attend. Crânes rasés, peaux tatouées, gros bras, têtes de brutes, treillis, lunettes desoleil, mégots aux lèvres: tout sent le trafic et les trafiquants dans la guérite où il fautremplir les formulaires d'admission dont les explications sont données en caractèrescyrilliques.

Un douanier à la face rogne entreprend de fouiller systématiquement la voiture. Iln'épargne rien, soulève les tapis de sols et plonge dans mon sac. Je me souviens tout àcoup que j'y ai laissé des revues où j'évoque de façon peu amène le régime d'ici. Grandsilence. Il les épluche… puis les referme. Apparemment, il ne comprenait pas les carac-tères latins.

Quelques kilomètres plus loin, alors que j'hésite sur la direction à prendre, un poli-cier me stoppe, me crie en russe de donner mes papiers, sans prendre la peine d'essayerde se faire comprendre alors qu'il devine que je suis étranger. Il a un visage révulsé, unteint rubicond. Il a l'air de prétendre que j'ai bu - à 10 h le matin, il ne faut pas exagé-rer! - et me fait passer un alcooltest à sa manière: je dois lui souffler dans son nez, énor-me d'ailleurs - un tarin! Mais chaque fois que je tente la manœuvre, il se retire, dégoû-té à l'avance. Nous avons du mal à ne pas éclater de rire, pourtant la situation ne s'yprête pas. Excédé, il nous laisse enfin repartir. Je regrette de ne pas avoir suivi l'exem-ple de mon copain Michel de Bucarest qui me raconte qu'il a toujours une gousse d'ailà portée de main dans sa voiture en cas de contrôle de ce genre.

Chisinau, jeudi 28 mai.- Tania ala nostalgie de ses grands-parents,qu'elle ne voit que 3-4 fois par an. Ilsvivent à Chirileni, où elle a grandi,dans un village à une cen-taine de kilomètres deChisinau, proche de la fron-tière roumaine, du côté deUngheni. Je lui proposed'aller passer la journéechez eux. Elle saute dejoie. Nous filons faire descourses à l'UNICO du coin- largement aussi bienachalandé et modernequ'en France - car elle veutles gâter, achetons ungrand gâteau pour les profsde son école, avant deprendre la route. Sur place, ne vou-lant pas troubler ces retrouvaillesfamiliales, je pars me balader dans levillage, m'arrêtant ici et là pourbavarder. Les habitants, tous d'origi-ne roumaine, montrent une curiositésympathique, surpris de voir unétranger. Je dois leur dire qui je suisvenu voir… et ensuite leur donnerdes nouvelles de "la famille". "Ahbon ! La petite Marina est en France.Mais Tania, elle n'est pas encoremariée?". Tout cela est cordial.

Je suis quand même étonné…Ces gens qui m'abordent, quasimenttous retraités, sont d'anciens profes-seurs, ingénieurs, médecins. Je medemande si je suis tombé dans unvillage spécial. Mais non et j'enconclus que le régime soviétiqueavait assuré au moins une bonneformation à ses sujets.

Dans ce villagetout le monde est prof, ingénieur ou médecin

Chirileni, beau village moldave, près d’Ungheni, où on ne trouve plus guère que des retraités et des enfants.

Moment émouvant à l’université de Tiraspol. Les étudiantes enfrançais et leurs professeurs organisent une rencontre improviséeprofitant du passage, rare, d’un Français pour parler de la France.

“Nous ne sommes pas un petit pays oublié...mais ignoré” se rebiffe Elena, professeur de français de Chirileni.

Petite Moldavie, touchante et envoûtante à bien des égards...

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Le château de Bran

a été rouvert au public

Les touristes pourront bientôt dormir dans la "chambre de Dracula"

Le musée du château de Bran a été officiellement rouvert au public,

début juin, par son nouveau propriétaire, Dominique de Habsbourg

(à droite sur la photo). L'archiduc a souhaité montrer le nouveau visa-

ge de l'édifice, entièrement remeublé et réaménagé. Cette inauguration met fin à

plusieurs années de procès entre l'Etat roumain et la famille royale.

Les rires des enfants ont remplacé les cris terrifiants du plus célèbre des vampiresdans les couloirs du château de Bran. Pour la journée internationale qui leur est consa-

crée, le nouveau propriétairedes lieux, Dominique deHabsbourg, a décidé d'ou-vrir sa forteresse aux pluspetits. "J'ai voulu faire de cechâteau un lieu chaleureux,où tout le monde se sentbien", explique-t-il. Le filsde la princesse Ileana deRoumanie, à qui appartenaitle château avant que lescommunistes ne le nationa-lisent après la deuxièmeguerre mondiale, a organisé

une réception au château de Bran afin de marquer officiellement le retour de la pro-priété dans la famille. "J'ai beaucoup de souvenirs ici. J'ai passé les premières annéesde ma vie dans ce lieu, les plus importantes", témoigne-t-il, ému.

Business et culture

C'est à la suite d'un procès de plusieurs années avec l'Etat roumain que Dominiquede Habsbourg a pu récupérer le château. Jusqu'au dernier moment, la Roumanie aconsidéré que le lieu était l'un des principaux objectifs touristiques du pays, et faisaitpartie du patrimoine national. Une commission parlementaire a même été créée pouranalyser la légalité de la rétrocession. "Le château de Bran n'est pas une propriétécomme une autre. Il a toujours appartenu à la Roumanie. Ce n'est qu'en 1920 qu'il aété donné à la reine Maria par la municipalité de Brasov", explique le ministre de laCulture, Teodor Paleologu, présent à Bran lors de l'inauguration du musée de la "fron-tière médiévale Bran", où tout le mobilier de la forteresse, considéré comme apparte-nant au patrimoine de l'Etat, a été déplacé. Dominique de Habsbourg dénonce de soncôté le double langage du ministre de la Culture, et assure que le château de Bran "neva pas disparaître et restera un musée".

Vidées de leur mobilier original, les quelque vingt pièces du château ont donc dûêtre remeublées par les nouveaux propriétaires en peu de jours. Une salle de projec-tion, dans laquelle les visiteurs pourront visionner des images d'archives, a été instal-lée. D'autres projets, pour rendre le château de Bran plus attractif aux visiteurs, sonten cours de réalisation. "Une chambre va être aménagée dans l'une des tours pourceux qui souhaitent passer une nuit au château. Le salon de thé, qui se trouve dans lesjardins du château, va être restauré puis ouvert au public. Nous considérons que lebusiness n'est pas incompatible avec la culture, au contraire", a déclaré CorinTrandafir, le nouvel administrateur du lieu.

Dominique de Habsbourg, tout heureux d'avoir enfin retrouvé la maison de sonenfance, est rentré chez lui, aux Etats-Unis, immédiatement après l'inauguration.

Jules Ravaud (www.lepetitjournal.com)

Moldave

Bula revient de Chisinau où lesRoumains ne sont pas particulière-ment en odeur de sainteté auprès desautorités qui ont banni la langue rou-maine, pour la remplacer par le mol-dave... identique. Ses amis l'entourentavec empressement.

-Tu ne t'es pas fait arrêter et tabas-ser par la police? s'étonnent-ils

-Pas le moins du monde-Mais comment tu as fait pour ne

pas être repéré ? Tu portais une faus-se barbe, une perruque ?

-Pas du tout...-Alors ?-Je parlais moldave !

Argument de poids

Bonne à tout faire, Maria demandeune augmentation de salaire à sapatronne qui d'un air pincé lui endemande les raisons:

-J'en ai trois bonnes, réplique lajeune femme sans se démonter. Toutd'abord, je repasse mieux les chemi-ses que vous...

-Qui t'as dit çà ?-Bah... Monsieur !-Elle est bien bonne celle-là !-La deuxième, c'est que je cuisine

mieux !-Qui t'as dit une bêtise comme çà?-Monsieur !-Alors çà !-Et la troisième, c'est que je fais

mieux l'amour ! -C'est paut-être Monsieur qui t'as

dit çà aussi ?-Non... c'est le jardinier !-Bon... çà va... Combien tu veux ?

Humour

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CHANGE*(en lei et nouveaux lei, RON**)

Euro 42 143= 4,21 RON(1 RON = 0,23 €)

Franc suisse 27 526 = 2,7 RONDollar 29 936 = 3 RONForint hongrois 1 = 0,015 RON

(1 € = 277 forints)*Au 26 juin 2009 ** 1 RON = 10 000 anciens lei

Les NOUVELLESde ROUMANIE

Numéro 54, juillet - août 2009

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901Siège social, rédaction :8 Chemin de la Sécherie

44 300 Nantes, France

Tel. : 02 40 49 79 94

E-mail : [email protected]

Directeur de la publicationHenri Gillet

Rédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :

Laurent Courderc, Marion GuyonvarchJonas Mercier, Jules Ravaud,GazdaruAndrei Postelnicu, Ivan Radev, Vali

Samy Mouho, Marine Dumeurger,Ludovic Michel, Bruno Bouvet Arnaud Schwart, Jacques MandelbaumDaniel Psenny, Andrei Badin, LaplumeMircea Vasilescu, Tatiania Gladei

Autres sources: agences de presseet presse roumaines, françaises,lepetitjournal.com, télévisions roumaines, Roumanie.com, LeCourrier des Balkans, sites internet,fonds de documentation ADICA.

Impression: Helio Graphic2 rue Gutenberg44 981 Sainte-Luce sur Loire CedexNuméro de Commission paritaire:1112 G 80172; ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Prochain numéro: septembre

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Page 27: ROUMANIE 54 ROUMANIE 54Basescu, dont la seule qualité est d'être la fille du président, par un braillard aux affai-res louches et mauvaises manières, Gigi Becali, berger devenu

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Quand je commence un dictionnaire, je prie le Bon Dieu de me laisser allerjusqu'à la lettre Z". A 81 ans, Elena Gorunescu n'en revient pas d'avoir puécrire sept dictionnaires franco-roumain ainsi que dix sept autre ouvrages,

livres de grammaire et d'exercices. L'ancienne professeur a accompagné des centainesde milliers de Roumains dans leur apprentissage du français et ses élèves directs seflattent de l'avoir appris avec "Madame Gorunescu" dont les méthodes étaient aussiproverbiales que son exigence à travers toute le pays.

Levée parfois à trois du matin, quant une idée lui trotte en tête, Elena Gorunescu,seule dans son petit appartement de Drumul Taberei à Bucarest, se met au travail devant samachine à écrire, à la manière d'un maçon qui commence sa maison par les fondations. "Je débu-te par la lettre A et j'empile, au fur à mesure". Il lui a fallu sept ans pour terminer son grosFrançais-roumain. "Je passe parfois un jour sur un mot. Je lui trouve un sens, puis trois, puisquatre". Son Roumain-Français, qui lui faisait un peu honte car maigrichon - "c'était bancalsur une étagère" - mais beaucoup plus difficile à réaliser, car il s'agissait d'exprimer avec préci-sion l'interprétation des mots dans une langue étrangère - ne lui aura pris finalement que deuxans. "J'écris plus facilement en français qu'en roumain" confie la vieille dame, en versant à son

interlocuteur une larme de Cointreau, son péché mignon, rested'un cadeau offert par un admirateur voici plusieurs années, touten se désolant de ne pas avoir mené une conversation en fran-çais depuis longtemps.

Née à Braila d'une mère d'origine grecque et d'un père directeur des mino-teries de Dobroudja, la petite Elena a grandi en apprenant le piano et le françaisque lui enseignait une préceptrice, "Mademoiselle Lucienne". Inscrite au cercleVoltaire de sa ville elle n'eut pas de mal a devenir la meilleure élève de françaisde son lycée, puis, après son bac en 1947, de l'université de Bucarest et de toutle pays. Son classement à la sortie de la fac aurait dû lui permettre de choisir leposte de professeur le plus convoité… mais le communisme était passé par làet ses origines sociales la reléguèrent à des tâches modestes d'interprète.

Les temps étaient durs pour les langues étrangères qui ne furent pratique-ment plus enseignées, sauf le russe, jusqu'à l'éclaircie de 1963. Elena

Gorunescu put sur le tard, à 40 ans, devenir assistante à l'université de Bucarest, passer son doctorat sur "Cocteau le poète", en1973. Elle sera nommée professeur de littérature française du XXème siècle et de théâtre, sans jamais pour autant occuper les fonc-tions dues à ses titres. Et déjà la retraite se profilait, en 1983.

La professeur s'était déjà essayée au genre encyclopédique sous Ceausescu en commençant un dictionnaire d'expressions fran-çaises en 1978 et tentant d'en publier un autre en 1984 sur le théâtre français contemporain. Sa copie était revenue de la censure,annotée de points d'interrogation et d'exclamation dans la marge. Convoquée chez le chef censeur, Mihai Dulea, un cerbère redou-té par tout le monde de l'édition, elle n'avait pas réussi à lui faire préciser ce qui n'allait pas, devinant simplement que la mentiond'Eugène Ionesco gênait le régime. D'un geste téméraire, elle avait gommé les annotations et porté l'ouvrage à l'imprimerie, indi-quant qu'elle avait obtenu le feu vert. L'aventure s'arrêta sur ordre d'Elena Ceausescu.

“Je sais que je ne verrai jamais cette France que j’ai tant aimée”

La "Révolution" changea complètement la donne. Les derniers dictionnaires remontant à 1966 avaient besoin d'un coup deneuf. Contactée par la maison d'édition Teora (du nom de son jeune patron Teodor Raducanu), Elena Gorunescu se mit à l'ouvra-ge, commençant une nouvelle carrière à 63 ans. Non sans anicroches, son éditeur passant derrière elle pour corriger certaines for-mulations. "Un electronist qui n'y connaissait rien et rajoutait des fautes !" gromelle-t-elle. Reprendre "Madame Gorunescu"… ilfallait avoir du culot ! Dûment chapitré, le fautif ne recommença jamais. L'auteur fit également retirer de la couverture la mentioncommerciale "70 000 mots", pour ne pas connaître la mésaventure du dictionnaire anglo-roumain promettant "50 000 mots"… unlecteur ayant protesté: "Je les ai comptés… il n'y en a que 47 678 !". Depuis cette époque, Elena Gorunescu empile les dictionnai-res franco-roumain et vice-versa: expressions, proverbes, paronymes, homonymes, synonymes (en cours), vendant environ 2000exemplaires des plus importants par an. Malgré leur prix élevé - 30 € - c'est le secteur de l'édition qui marche le mieux par cestemps de crise, les parents n'hésitant pas à en acheter pour leurs rejetons.

Plongée dans ses dictionnaires, Elena Gorunescu reçoit de temps en temps un coup de fil de son frère, s'inquiétant de sa santé:"Ah… tu finis la lettre G? C'est que ça va bien!". Parfois, d’anciens étudiants viennent lui demander conseil avant de s'envoler pourParis. Elle leur indique ce qui lui paraît important à visiter… Enfin, ce qu'elle a vu à la télévision. Car "Madame Gorunescu" n'estjamais venue en France! Ses mérites n'ont pas été jugés dignes de la moindre bourse, même misérable, d'une petite semaine…

Les NOUVELLES de ROUMANIE

Madame Gorunescu et ses dicos !