romeo et juliette - académie de reims · 2015. 9. 21. · romeo et juliette gounod 4 presentation...

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  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    2

    L’opéra de Charles Gounod dépeint, avec justesse et sensualité, les sentiments

    amoureux des amants maudits, tout en adoucissant la dureté de la tragédie de Shakespeare.

    La musique, par ses éclatantes harmonies et ses délicates mélodies, accompagne et soutient

    le drame.

    L’action se passe dans le très beau décor signé Emmanuelle Favre, représentant la

    bibliothèque des Capulet, aux murs chargés de multiples trophées de chasse ; au centre, en

    guise de balcon, trône un escalier en colimaçon qui se perd dans les cintres. Dans une

    scénographie lisible et épurée, très esthétique, le metteur en scène Paul-Emile Fourny fait de

    la famille de Juliette des chasseurs et des Montaigu des bohémiens, marquant ainsi la forte

    opposition des deux clans. Comme si Roméo et Juliette devaient vivre et mourir sous le poids

    de l’histoire familiale, une tête de cerf veille sur la couche nuptiale.

    L’Orchestre de l’Opéra de Reims et le Chœur de l’Ensemble Lyrique de Champagne-Ardenne

    ont le privilège de servir cet ouvrage, sous la baguette de Jacques Mercier qui dirige

    habituellement l’Orchestre National de Lorraine.

    DIMANCHE 11 OCTOBRE 2015 A14H30

    MARDI 13 OCTOBRE 2015 A 20H30

    CHANTE EN FRANÇAIS

    NIVEAUX :

    COLLEGE / LYCEE

    DUREE : 3 HEURES

    GENERALE SCOLAIRE LE :

    SAMEDI 10 OCTOBRE A 14H

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    3

    SOMMAIRE

    PRESENTATION GENERALE DE L’OPERA PAGE 4

    SYNOPSIS PAGE 4

    CHARLES GOUNOD PAGE 6

    FICHE IDENTITE DE L’ŒUVRE PAGE 7

    SHAKESPEARE ET LA MUSIQUE PAGE 8

    L’ŒUVRE ET SA GENESE PAGE 9

    L’ŒUVRE ET SA RECEPTION

    PAGE 10

    LES PISTES D’EXPLOITATIONS PEDAGOGIQUES PAGE 11

    LE MYTHE DE ROMEO ET JULIETTE A TRAVERS LES ARTS PAGE 11

    HISTOIRE DES ARTS PAGE 11

    MUSIQUE PAGE 12

    PEINTURE PAGE 13

    LITTERATURE PAGE 15

    CINEMA PAGE 18

    QUELQUES PISTES D’ECOUTES PAGE 19

    POUR EN SAVOIR PLUS… PAGE 27

    ROMEO ET JULIETTE A L’OPERA DE REIMS PAGE 29

    LA PRODUCTION PAGE 29

    FLORIAN LACONI EST/ET ROMEO PAGE 30

    ZOOM SUR LE METTEUR EN SCENE PAUL-EMILE FOURNY PAGE 31

    REGARDS SUR LA MISE EN SCENE PAGE 32

    LES CARNETS DE LECTURE PAGE 33

    OVIDE, LES METAMORPHOSES, « PYRAME ET THISBE »

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    4

    PRESENTATION GENERALE DE L’OPERA

    SYNOPSIS

    ACTE I

    Un grand bal dans le palais des Capulet. Tybalt vante à Pâris, le fiancé de Juliette, les mérites de

    la jeune fille. La voici justement qui apparaît accompagnant son père, le comte Capulet, qui

    souhaite la bienvenue à ses hôtes et les invite à la gaieté. Profitant de l’incognito qu’assurent les

    masques, Roméo, Mercutio et Benvolio sont présents à ce bal accompagnés de quelques autres

    amis, et ce malgré la haine farouche qui oppose leurs familles, les Montaigu et les Capulet.

    Mercutio chante les louanges de la mystérieuse Reine Mab, « reine des mensonges », puis le

    groupe des Montaigu s’éloigne vers une autre pièce.

    Juliette passe accompagnée de Gertrude, sa nourrice. Elle se sent gaie et chante avec une grâce

    enivrée d’elle-même. Mais sa nourrice, appelée au-dehors, laisse Juliette seule. Roméo qui passe

    par hasard la rencontre alors : c’est le coup de foudre immédiat. Passion contagieuse qui se

    déploie en un premier duo d’amour. Mais voici que s’approche Tybalt. Roméo a juste le temps de

    réajuster son masque qu’il avait relevé. Tybalt est à peu près sûr d’avoir reconnu la voix du

    Montaigu haï et il s’empresse d’en informer sa cousine – avant de se précipiter, la main au

    fourreau pour en découdre avec l’ennemi. Mais le vieux comte Capulet l’en empêche : selon des

    lois de l’hospitalité, la fête continue.

    ACTE II

    Dans le jardin des Capulet, Stephano, le page de Roméo, fixe une échelle au balcon de Juliette.

    Roméo y grimpe et, pendant que son page disparaît emportant l’échelle, il chante pour attirer

    Juliette, puis se dissimule dans un coin. La fenêtre s’ouvre alors et Juliette apparaît. Se croyant

    seule, elle évoque son amour pour Roméo qui défie la haine entre les deux familles. Roméo sort

    alors de l’ombre et les deux jeunes gens, à demi pâmés, échangent les serments d’amour. Mais

    l’alerte a été donnée : Gregorio et les serviteurs, qui ont aperçu Stephano quand il s’enfuyait,

    soupçonnent la présence d’un intrus dans le jardin. Ils fouillent vainement et repartent. A ce

    moment, la nourrice appelle Juliette qui rentre dans ses appartements, laissant un moment

    Roméo seul dans la nuit divinement douce à son cœur. Mais elle revient bientôt sur le balcon

    pour embrasser Roméo et lui dire adieu dans un magnifique duo.

    ACTE III

    Scène 1 : Dans sa cellule, le frère Laurent célèbre le mariage secret de Roméo et de Juliette, en

    espérant que cette union apportera la paix entre les deux maisons rivales. Puis, bénissant les

    jeunes époux, il se réjouit de leur bonheur.

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    5

    Scène 2. Dans une rue, proche

    du palais des Capulet,

    Stephano qui ignore où se

    trouve son maître Roméo,

    cherche le moyen de le faire

    sortir du jardin où, pense-t-il, il

    est encore caché. Pour faire

    diversion, il chante alors une

    petite chanson provocante dont

    l’effet ne se fait pas attendre :

    les Capulet sortent dans la rue

    et Gregorio commence à se

    battre avec Stephano. Mercutio

    indigné par ce combat entre les

    Capulet et le petit Stephano se

    jette entre eux. Tybalt croise

    son fer avec Mercutio mais arrive Roméo qui, en tant qu’époux de Juliette et cousin par alliance

    de Tybalt essaie de les séparer. Tybalt profite de son arrivée et le provoque en duel mais Roméo

    refuse le combat. C’est Mercutio qui relève l’injure à sa place ; Tybalt se bat contre Mercutio et le

    blesse mortellement ; Roméo s’élance et venge son ami en tuant Tybalt. Le Duc de Vérone fait

    alors irruption et condamne Roméo au bannissement.

    ACTE IV

    Roméo est revenu dans la chambre de Juliette pour lui faire ses adieux avant de partir pour l’exil.

    Ces adieux se prolongent, déchirants, tant les deux amants, désespérés, ne peuvent s’arracher

    l’un à l’autre. La nuit qu’ils voudraient prolonger s’efface : le chant de l’alouette en est le dur

    signal. Le jour est là, « il faut partir hélas » : Roméo disparaît. A peine a-t-il quitté la chambre que

    Gertrude fait irruption chez Juliette. Elle lui annonce l’arrivée imminente de son père accompagné

    de frère Laurent pour exaucer le dernier vœu de Tybalt mourant : que l’on hâte le mariage de

    Juliette avec celui que son père lui a choisi pour mari, Päris. Nul n’ose révéler au comte le

    mariage de sa fille et leur désarroi n’apparaît en rien à Capulet qui se retire, laissant frère

    Laurent préparer Juliette, croit-il, à la cérémonie. Mais celui-ci donne à la jeune fille un philtre qui,

    lorsqu’elle l’aura bu, lui donnera toutes les apparences de la mort.

    Dans la grande salle du palais les invités se pressent pour le mariage de la fille de Capulet.

    Quand Pâris s’avance pour passer son anneau au doigt de Juliette, elle s’écroule inanimée,

    comme morte.

    ACTE V

    Roméo, qui a appris dans son exil que son épouse bien-aimée était morte, a regagné Vérone et,

    fou de désespoir, se précipite dans le tombeau des Capulet. Là, devant ce qu’il croit être la

    dépouille de Juliette, il s’empoisonne pour ne pas vivre sans elle. Libérée des effets du philtre,

    Juliette s’éveille alors. Un instant les deux jeunes gens oublient la mort qui les atteint. Mais

    Roméo, ressentant les effets du poison, annonce à Juliette son geste et tente de la consoler,

    avant d’entrer dans l’antichambre de la mort. L’alouette, encore une fois, chante comme à leurs

    précédents adieux. Juliette se poignarde et meurt avec Roméo.

    D’APRES ALAIN DUAULT, IN AVANT-SCENE OPERA « ROMEO ET JULIETTE » N° 41, P. 20.

    PHOTO DU SPECTACLE

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    6

    CHARLES GOUNOD

    EN QUELQUES DATES…

    1818 Naissance à Paris, place Saint-André des Arts.

    1831 Assiste à la représentation d'Othello de Rossini avec la Malibran dans le rôle de Desdémone.

    1832 Assiste au Don Juan de Mozart. Ces deux représentations seront décisives dans son choix pour devenir compositeur.

    1836 Reçoit l'enseignement de Reicha (composition), Halévy (contrepoint et fugue) et Lesueur (composition).

    1839 Remporte (après s'être présenté une 3ème fois), le Grand Prix de Rome et s'installe à la villa Médicis.

    1843 Rencontre Mendelssohn à Leipzig.

    1857 Composition de Faust. La partition est refusée par l'Opéra. Gounod et ses collaborateurs Barbier et Carré, s'adressent alors à Léon Carvalho,

    directeur du Théâtre-Lyrique, qui accepte de monter l'œuvre.

    1860 Création de Philémon et Baucis au Théâtre-Lyrique.

    1864 Mireille, présenté au Théâtre-Lyrique, avec Caroline Miolan-Carvalho, obtient peu de succès.

    1866 Gounod est élu à l'Académie des Beaux-Arts puis promu officier de la Légion d'Honneur.

    1867 Création de Roméo et Juliette au Théâtre-Lyrique avec Caroline Carvalho. L'Opéra remporte un grand succès à Paris.

    1887 Gounod dirige à la cathédrale de Reims la Messe à la mémoire de Jeanne d'Arc.

    1888 500e de Faust à l'Opéra dirigé par le compositeur.

    1893 Obsèques nationales en l'église de la Madeleine avec Saint-Saëns au grand orgue et Fauré

    à la tête de la maîtrise. Inhumation au cimetière d'Auteuil.

    POUR COMPRENDRE SON ŒUVRE…

    Gounod parut toute sa vie osciller entre l'appel du religieux, sa

    vocation ecclésiastique et l'attirance profane de l'amour sensuel

    notamment exprimé par une vie sentimentale agitée parcourue par

    de célèbres aventures extraconjugales.

    De la même façon, si l'on excepte certaines pages symphoniques,

    son œuvre musicale se répartit principalement entre musique

    liturgique et œuvres destinées à la scène. Au contraire de Georges

    Bizet, qui n'avait jamais douté de sa vocation pour l'opéra, Charles

    Gounod s'en approcha avec méfiance, comme s'il s'agissait d'une

    activité inavouable. Il ne se décida à s'engager sur le chemin de

    l'opéra qu'après avoir compris qu'il n'y avait, à cette époque, pour

    un compositeur français, aucun autre moyen d'acquérir une

    certaine notoriété.

    CHARLES GOUNOD.

    DESSIN D’INGRES,

    1841.

    CRAYON SUR VELIN.

    GOUNOD A 54 ANS

    HUILE D’EUGENE FELIX

    (1837-1906)

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    7

    LA FICHE IDENTITE

    DE L’ŒUVRE

    Roméo et Juliette, opéra de Charles Gounod en 5 actes, sur un livret de Jules Barbier et Michel

    Carré d’après Shakespeare, créé à Paris, au théâtre lyrique impérial, le 27 avril 1867.

    L’ARGUMENT EN BREF Inspirée de la pièce de Shakespeare, l’œuvre de Gounod évoque l’histoire d’amour interdit entre

    deux jeunes gens issus de familles ennemies, les Capulet et les Montaigu. Lors d’un bal masqué,

    Roméo tombe amoureux de Juliette, promise à un jeune noble. Ils décident de se marier

    secrètement, mais les luttes incessantes entre les deux clans vont les entraîner vers un destin

    tragique.

    Le Chœur énonce, dans le prologue de l’opéra, les données du drame :

    « Vérone vit jadis deux familles rivales,

    Les Montaigu, les Capulet,

    De leurs guerres sans fin, à toutes deux fatales,

    Ensanglanter le seuil de ses palais.

    Comme un rayon vermeil brille en un ciel d’orange,

    Juliette parut, et Roméo l’aima !

    Et tous deux, oubliant le nom qui les outrage,

    Un même amour les enflamma !

    Sort funeste ! Aveugles colères !

    La fin des haines séculaires

    Qui virent naître leur amour ! »

    RÔLES ET VOIX

    ROMEO MONTAIGU, ténor

    JULIETTE CAPULET, soprano

    COMTE CAPULET, père de Juliette, basse

    TYBALT, cousin de Juliette, ténor

    GERTRUDE, nourrice de Juliette, mezzo-soprano

    COMTE DE PÂRIS, fiancé de Juliette, baryton

    MERCUTIO, ami de Roméo, baryton

    BENVOLIO, ténor

    FRERE LAURENT, basse

    DUC DE VERONE, basse

    GREGORIO, serviteur, baryton

    L’ORCHESTRE

    LES BOIS

    3 flûtes (dont une jouant du piccolo),

    2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes,

    2 bassons

    LES CUIVRES

    4 cors, 2 trompettes, 2 cornets à pistons,

    3 trombones

    2 HARPES

    LES PERCUSSIONS

    Timbales, grosse caisse

    CORDES

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    8

    SHAKESPEARE ET LA MUSIQUE

    QUELQUES REPERES SUR L’HOMME ET SON ŒUVRE

    NOM : William Shakespeare.

    LIEU DE NAISSANCE : Stratford on Avon, dans le comté

    de Warwickshire (région du centre de l’Angleterre).

    FAMILLE : son père est marchand de cuir (gantier) puis

    bailli (maire) de Stratford en 1568. Sa mère est issue

    d’une vieille et riche famille catholique.

    FORMATION : études classiques à l’upper school (collège)

    de Stratford.

    PROFESSION : poète, comédien et dramaturge.

    DEBUT DE CARRIERE : Vénus et Adonis (poésie, 1593) ;

    Henri VI (théâtre, 1588-1592).

    PREMIERS SUCCES : La Mégère apprivoisée (comédie,

    1592-1565) ; Roméo et Juliette (tragédie, 1592-1595).

    ŒUVRES : une quarantaine de pièces. Quelques

    exemples de comédies : Le Songe d’une nuit d’été

    (1592-1595) ; Beaucoup de bruit pour rien (1595-1600) ;

    Les Joyeuses Commères de Windsor (1600-1601).

    Quelques exemples de tragédies : Macbeth et Le Roi Lear

    (1605-1607) ; Hamlet (1595-1600) ; Othello (1601-1604). Quelques exemples de drames

    historiques : Richard II (1595-1600) ; Richard III (1592-1595) ; Henri IV (1595-1600).

    MORT : le 23 avril 1616, à l’âge de 52 ans. Shakespeare est inhumé dans l’église de Stratford on

    Avon.

    UNE MUSE POUR LES MUSICIENS

    William Shakespeare a été une source inépuisable à

    laquelle les compositeurs ont bu depuis toujours. Nous

    retrouvons en effet les textes du dramaturge, avec des

    variations plus ou moins importantes, dans les opéras de :

    Veracini (Rosalinda, d’après Comme il vous plaira), Storace

    (Gli equivoci, d’après La Comédie des erreurs), Rossini

    (Otello, d’après Othello), Bellini (I Capuleti ed i Montecchi,

    d’après Roméo et Juliette), Berlioz (Béatrice et Bénédict,

    d’après Beaucoup de bruit pour rien), Wagner (La défense

    d’aimer, d’après Mesure pour mesure), Mercadante,

    Thomas (Hamlet), Nicolai (Les Joyeuse Commères de

    Windsor), Verdi (Macbeth, Otello et Falstaff dont le livret a

    été composé à partir de plusieurs œuvres, et Le Roi Lear,

    projet non abouti), Britten (Le Songe d’une nuit d’été, Le

    Viol de Lucrèce), Walton (Troïlus et Cressida). Plus près de

    nous, le célèbre dramaturge a inspiré Bernstein tant les

    héros de West Side Story ressemblent à Roméo et Juliette.

    Comme tant d’autres compositeurs, Charles Gounod a été séduit par Shakespeare, car son œuvre reflète, sur la scène du théâtre, les grandes passions et les grands thèmes ayant depuis toujours traversé l’histoire de l’humanité.

    PAGE-TITRE DE LA PREMIERE

    EDITION DE ROMEO ET JULIETTE DE

    SHAKESPEARE A LONDRES, 1537

    PORTRAIT DE SHAKESPEARE

    MARTIN DROESHOUT

    1623

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    9

    L’ŒUVRE ET SA GENESE En 1839, Gounod assiste, très impressionné, à une répétition de la Symphonie dramatique

    Roméo et Juliette de Berlioz. En 1841, dès son séjour dans la villa Médicis à Rome, il débute la

    composition d’un opéra, sur un livret de Romagni. Entre 1865 et 1866, il se remet à la

    composition de Roméo et Juliette sur livret de Barbier et Carret, lequel s’appuie sur le texte

    original de Shakespeare traduit par François-Victor Hugo.

    Quand Gounod compose son Roméo et Juliette, son expérience théâtrale et lyrique semble

    suffisante pour lui permettre d’aborder sereinement la mise en musique d’une œuvre littéraire

    d’une telle importance, comme en témoigne le succès de son Faust.

    C’est en avril 1865 que le compositeur s’installe dans un hôtel de Saint-Raphaël, où il fait

    apporter un piano. La sérénité de la campagne provençale sied au compositeur qui trouve

    l’inspiration avec facilité :

    « Je m’assois sous la galerie au bord de la mer, où il fait délicieux, et là,

    respirant à pleins poumons la santé des belles matinées, je commence mes

    journées de travail (…). Au milieu de ce silence, il me semble que j’entends

    me parler au-dedans quelque chose de très grand, de très clair, de très

    simple et de très enfant à la fois. Il me semble me trouver avec ma propre

    enfance, mais élevée à une puissance toute particulière. C’est la

    possession entière et simultanée de toute mon existence (…) J’entends

    chanter mes personnages avec autant de netteté que je vois de mes yeux

    les objets qui m’environnent, et cette netteté me met dans une sorte de

    béatitude. » PROPOS DE CHARLES GOUNOD CITES PAR CAMILLE BELLAIGUE, IN « CHARLES GOUNOD »,

    REVUE DES DEUX MONDES, DECEMBRE 1895.

    OUSTALET DOU CAPELAN

    MAISON DANS LAQUELLE GOUNOD COMPOSA EN PARTIE ROMEO ET JULIETTE.

    CARTE POSTALE

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    10

    Il travaille alors avec rapidité et l’opéra est achevé en quelques semaines.

    « On voit très bien ici comment travaillait Gounod, ou plutôt

    comment il créait. Le duo du balcon, c’est-à-dire le second acte

    tout entier, est écrit d’un seul jet ; la ligne de chant, sans interruption

    ni rature, accompagne le texte, et souvent même le dépasse. Il

    manque parfois, sous les dernières notes, comme si la mélodie avait

    jailli non de la parole, mais de l’idée ou du sentiment. Çà et là une

    indication ou pour ainsi dire une amorce d’harmonie,

    d’instrumentation, témoigne de l’accord préétabli dans

    l’imagination de l’artiste entre divers éléments de l’œuvre totale. » CAMILLE BELLAIGUE, « CHARLES GOUNOD », REVUE DES DEUX MONDES,

    DECEMBRE 1895.

    L’ŒUVRE ET SA RECEPTION

    Roméo et Juliette a été représenté sur la scène du Théâtre lyrique le 27 avril 1867, année de

    l’Exposition Universelle, avec un succès immense qui se prolonge durant cent deux

    représentations et éclipse Don Carlos de Verdi programmé pour l'Exposition.

    « Nous avions gré déjà à M. Gounod d’avoir donné

    un Faust qui fait le tour du monde et substitue au

    Faust de Spohr dans la patrie de Goethe. Nous lui

    savons gré aujourd’hui d’avoir écrit un Roméo qui

    va faire enfin disparaître cette pâle partition de

    Bellini et de Vaccaj, promenée trop longtemps par

    les troupes italiennes, et prendre possession, nous

    n’hésitons pas le dire, d’un succès au moins égal à

    celui de Faust sur tous les théâtres des deux

    mondes. » GUSTAVE BERNARD, IN LE MENESTREL, LE 12 MAI 1867

    Gounod révise l’œuvre en 1873 pour sa représentation à l’Opéra-Comique puis, pour celle du 28

    novembre 1888 à l’Opéra Garnier. Il y ajoute un ballet ainsi que certains fragments de la version

    manuscrite qui avaient été rejetés, et effectue quelques coupes légères.

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    11

    LES PISTES D’EXPLOITATIONS

    PEDAGOGIQUES

    LE MYTHE DE ROMEO ET JULIETTE

    A TRAVERS LES ARTS

    LA NOTION DE MYTHE

    « Récit fabuleux, souvent d'origine populaire, qui met en scène des êtres

    symbolisant aussi bien des énergies et des puissances surnaturelles que des

    aspects de la condition humaine. Chose imaginaire. Représentation idéalisée

    de l'état d'humanité. »

    DEFINITION ISSUE DE ROMEO ET JULIETTE (TEXTE ET DOSSIER) TRADUCTION DE FRANÇOIS-VICTOR

    HUGO AUX EDITIONS GALLIMARD, LECTURE ACCOMPAGNEE PAR S. JOPECK, PROFESSEUR DE LETTRES

    MODERNES ET PIERRE NOTTE, JOURNALISTE ET CRITIQUE DE THEATRE.

    ROMEO ET JULIETTE TOUJOURS…..

    EN CLASSE

    HISTOIRE DES ARTS

    Comme de nombreux mythes, celui de « Roméo et Juliette » a donné lieu à une production

    immense et variée, touchant toutes les époques et privilégiant tel ou tel aspect d’un récit

    polymorphe. L’étude de ce mythe et des écritures artistiques qui en émanent, s’intégrera, au

    collège, dans la thématique : « Arts, mythes et religions » et au lycée dans celle dédiée à « Arts

    et sacré » et plus précisément « l’art et les grands récits (religions, mythologies) : versions,

    avatars, métamorphoses ».

    LES RAISONS DU SUCCES D’UN AMOUR DEVENU MYTHIQUE

    « Roméo et Juliette : un couple mythique prestigieux entre tous, la plus émouvante des

    histoires d’amour et de mort, l’archétype de l’idylle tragique. Certes, les amours de Didon et

    Enée, de Tristan et Iseult, de Manon et des Grieux ne sont pas moins déchirantes, mais

    l’aventure de Roméo et Juliette reste unique entre toutes en raison de l’extrême jeunesse des

    héros, de l’absurde haine des clans qui contrarie leurs amours et provoque leur perte, des

    circonstances navrantes de leur mort. Face à la folie et à la bêtise humaines, les amants de

    Vérone incarnent superbement la passion vraie qui balaye les contingences du réel, la

    transcendance de l’amour sur la haine, bref une attitude exemplaire devant la vie qui leur

    donne un rayonnement poétique exceptionnel. »

    JEAN-MICHEL BREQUE, IN AVANT-SCENE OPERA, BELLINI, LES CAPULETS ET LES MONTAIGUS,

    JUILLET 1989, N° 122, P. 4.

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    12

    MUSIQUE Le mythe de Roméo et Juliette a inspiré de nombreux compositeurs d’opéras, de ballets, de

    comédies musicales. Le professeur pourra :

    EFFECTUER des rapprochements et comparaisons avec d’autres œuvres

    complémentaires parmi lesquelles :

    ETUDIER le mythe sous l’angle de sa réappropriation dans la comédie musicale

    West Side story, film américain de Robert Wise (1961), musique de Leonard

    Bernstein, chorégraphie de Jérôme Robbins.

    ZINGARELLI - Giuletta e Romeo, opéra (1796)

    VACCAI - Giuletta e Romeo, opéra (1825)

    BELLINI - I Capuleti e i Montecchi / Les Capulet et les Montaigu, opéra (1830)

    BERLIOZ - Roméo et Juliette, symphonie dramatique (1839)

    GOUNOD - Roméo et Juliette, opéra (1867)

    TCHAÏKOVSKI - Roméo et Juliette, ouverture (1869)

    DELIUS - Roméo und Juliette auf dem Dorfe / Roméo et Juliette au village, opéra

    (1907)

    ZANDONAI - Giuletta e Romeo, opéra (1922)

    PROKOFIEV - Roméo et Juliette, ballet (1935, création 1938)

    LEONARD BERNSTEIN - West Side Story, comédie musicale (1957)

    DUSAPIN - Roméo et Juliette, opéra (1988)

    PRESGURVIC - Roméo et Juliette, de la Haine à l'Amour, comédie musicale (2001)

    La plus célèbre des comédies musicales adaptées de la pièce est

    West Side Story, avec une musique de Leonard Bernstein et des

    paroles de Stephen Sondheim. Lancée à Broadway en 1957 et dans

    le West End en 1958, elle fait l’objet d’une adaptation au cinéma en

    1961. Le cadre de l’intrigue est déplacé dans la New York du XXe

    siècle, et les familles ennemies sont remplacées par des gangs

    urbains.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k616363http://www.opera-guide.ch/libretto.php?id=139&uilang=en&lang=fr

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

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    PEINTURE

    Le mythe de Roméo et Juliette a aussi inspiré de nombreux peintres de toute époque, tendance

    et style confondus.

    QUELQUES EXEMPLES :

    SHAKESPEARE : SOURCE INEPUISABLE

    D’INSPIRATION

    D’une manière générale, Shakespeare a inspiré

    nombre d’artistes, particulièrement DELACROIX qui,

    de 1835 à 1859, ne composa pas moins de vingt

    tableaux de sujets shakespeariens, sans compter ses

    seize lithographies de 1834-1843 d’après Hamlet,

    héros romantique au sombre destin, auquel il se

    serait sans doute identifié dans sa jeunesse à la suite

    des épreuves familiales qui font de lui un orphelin

    sans ressources. Outre neuf tableaux consacrés à

    Hamlet, il traita quatre fois d’Othello, mais deux fois

    seulement Roméo et Juliette : Les Adieux de Roméo

    et Juliette (Etats-Unis, collection particulière) exposé

    en 1846, et ce tableau, Roméo et Juliette au

    tombeau des Capulet. Il illustre la troisième scène du

    cinquième acte, le moment où Roméo tient dans ses

    bras le corps inanimé de Juliette qu’il croit morte,

    avant qu’il ne se tue de désespoir et que Juliette ne

    se réveille et se suicide à son tour. ROMEO ET JULIETTE AU TOMBEAU DES CAPULET

    DELACROIX

    MUSEE DELACROIX

    REPERTOIRE DES PEINTURES DEDIEES AU MYTHE CELEBRE SUR LES SITES :

    http://shakespeare.emory.edu/illustrated_playdisplay.cfm?playid=26

    http://jazzthierry.blog.lemonde.fr/2009/09/28/romeo-et-juliette-en-peinture-ou-les-origines-

    inavouees-de-la-liberte-guidant-le-peuple-par-delacroix/

    POUR APPROFONDIR

    http://shakespeare.emory.edu/illustrated_playdisplay.cfm?playid=26http://jazzthierry.blog.lemonde.fr/2009/09/28/romeo-et-juliette-en-peinture-ou-les-origines-inavouees-de-la-liberte-guidant-le-peuple-par-delacroix/http://jazzthierry.blog.lemonde.fr/2009/09/28/romeo-et-juliette-en-peinture-ou-les-origines-inavouees-de-la-liberte-guidant-le-peuple-par-delacroix/

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

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    PINO CASARINI

    Adieu de Juliette à Roméo

    1939

    Le désir et l'amour semblent avoir disparu des

    visages (les mains ne se caressent plus, elles se

    repoussent ou se joignent pour prier...), seule

    subsiste l'amertume liée évidemment à la

    séparation. Peintre du régime fasciste en Vénitie,

    Pino Casarini est fidèle à un nouveau classicisme

    que le romantisme prétendait enterrer

    définitivement, faisant référence à un "art italien"

    que l'historien du fascisme, Pierre Milza, définit

    ainsi dans sa biographie de Mussolini : "limpidité de

    la forme", "évidence du message" délivré par

    l'artiste, "simplicité élémentaire" des moyens

    utilisés. En effet la simplicité architecturale, la

    sobriété des décors et des couleurs sont évidentes,

    tout comme le message délivré par la présence des

    animaux : le cheval symbolisant cette idée de long

    voyage ; le chien, une idée de protection et de

    fidélité (tout comme le couple s'engage à vivre

    désormais séparément mais dans la fidélité de leurs

    engagements puisqu'ils se sont mariés

    secrètement...).

    D’après l’analyse trouvée sur le blog :

    http://jazzthierry.blog.lemonde.fr/2009/09/28/rom

    eo-et-juliette-en-peinture-ou-les-origines-inavouees-

    de-la-liberte-guidant-le-peuple-par-delacroix/

    PINO CASARINI

    ADIEU DE JULIETTE A ROMEO

    1939

    http://jazzthierry.blog.lemonde.fr/2009/09/28/romeo-et-juliette-en-peinture-ou-les-origines-inavouees-de-la-liberte-guidant-le-peuple-par-delacroix/http://jazzthierry.blog.lemonde.fr/2009/09/28/romeo-et-juliette-en-peinture-ou-les-origines-inavouees-de-la-liberte-guidant-le-peuple-par-delacroix/http://jazzthierry.blog.lemonde.fr/2009/09/28/romeo-et-juliette-en-peinture-ou-les-origines-inavouees-de-la-liberte-guidant-le-peuple-par-delacroix/

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

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    LITTERATURE

    ABORDER, par le biais du mythe de Roméo et Juliette, différents sujets et

    thématiques, soit à partir de l’œuvre de Shakespeare, soit directement à partir du

    livret de l’opéra.

    QUELQUES PISTES A PARTIR DE L’ŒUVRE DE SHAKESPEARE :

    Vie et œuvre de Shakespeare ;

    Le théâtre élisabéthain ;

    Le traitement du temps et des lieux ;

    Portraits de personnages ; les relations parents/enfants

    Les figures et discours de l’amour ;

    Une tragédie hybride entre comédie et tragédie.

    A PARTIR DU LIVRET DE L’OPERA :

    L’impuissance du couple face au destin et à la pression de la société.

    Analogies et différences entre l’œuvre de Shakespeare et le livret de Romani.

    DEBAT

    PISTES DE REFLEXION pour les élèves sur les différentes circonstances qui

    pourraient aujourd’hui encore rendre un amour impossible à cause de la haine

    que se vouent des « clans » opposés : obstacles religieux, culturels, politiques, etc.

    AUTOUR DE CE SUJET, ON POURRA EVOQUER LES MISES EN SCENES SUIVANTES :

    En 1994, une compagnie israélienne et une compagnie

    palestinienne de Jérusalem travaillent ensemble pour

    dénoncer les conflits entre peuples arabe (les

    Montaigu) et juif (les Capulet). Durant la représentation,

    des cailloux sont jetés sur les acteurs et les menaces de

    mort contre les comédiens font rage. Dans la scène du

    balcon, Roméo (Halifa Natur) parle en arabe et Juliette

    (Orna katz) en hébreu.

    En 1990, The Hull Truck Theater (à Hull, Angleterre)

    réunit sur scène un Roméo noir de peau et une Juliette

    blanche.

  • ROMEO ET JULIETTE

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    AUX ORIGINES DU MYTHE DE ROMEO ET JULIETTE ….

    REMONTER aux origines du mythe de Roméo et Juliette à partir d’œuvres

    complémentaires présentées ci-dessous :

    OVIDE, METAMORPHOSES : EPISODES DE « PYRAME ET THISBE », LIVRE IV

    Il existe dans la mythologie gréco-latine

    plusieurs versions de la légende de

    Pyrame et Thisbé :

    – Dans une première, les deux amants

    se suicident car Thisbé, désespérée

    d'être enceinte sans être mariée, met fin

    à ses jours et Pyrame, apprenant son

    geste, se tue à son tour.

    – Celle retenue par Ovide est l'histoire

    d'un amour platonique et donc

    éblouissant par sa pureté. C'est un choix

    délibéré car il donne une dimension

    particulière aux deux amants qui

    apparaissent, pour la première fois, dans

    toute leur dimension tragique.

    L'ensemble du recueil formé par les textes des Métamorphoses date du début du premier siècle

    après J.C. Dans cette œuvre, Ovide conte la création et l'histoire du monde gréco-romain jusqu'à

    l'avènement de l'empereur Auguste. L'épisode de l'amour tragique de Pyrame et Thisbé s'inscrit

    donc dans une cosmogonie et place les deux amants au rang des personnages mythologiques

    fondateurs du monde connu des Romains.

    LIRE dans la rubrique « les carnets de lecture » des extraits de « Pyrame et Thisbé » des

    Métamorphoses d’Ovide.

    VIRGILE, GEORGIQUES : LA LEGENDE D’ « HERO ET LEANDRE »

    HERO ET LEANDRE

    PAUL GASQ (1860-1944) BAS RELIEF PLACE LUCIEN GRILLON

    DIJON

    PIERRE MIGNARD (1612-1695)

    LA DECOUVERTE DES CORPS DE PYRAME ET THISBE

    HUILE SUR TOILE

    « Que n'ose un jeune amant qu'un feu brûlant dévore !

    L'insensé, pour jouir de l'objet qu'il adore,


    La nuit, au bruit des vents, aux lueurs de l'éclair, 


    Seul traverse à la nage une orageuse mer ;

    II n'entend ni les cieux qui grondent sur sa tête,

    Ni le bruit des rochers battus par la tempête,

    Ni ses tristes parents de douleur éperdus, 


    Ni son amante, hélas ! Qui meurt s'il ne vit plus. »

    VIRGILE, GEORGIQUES

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

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    Héro et Léandre (en grec ancien Ήρώ καi Λέανδρος) incarnent un couple d'amoureux de la

    mythologie grecque. Héro, prêtresse d'Aphrodite à Sestos, allumait toutes les nuits une lampe en

    haut d’une tour pour guider son amant Léandre qui la rejoignait à la nage. Un soir d’orage la

    lampe s’éteignit et Léandre se noya. Désespérée, Héro se jeta de la tour après avoir trouvé le

    corps de Léandre sur la grève.

    À propos de cette même légende Ovide écrit deux lettres d’amour dans les Héroïdes (Lettres XVIII et

    XIX) et, dans Les Géorgiques, Virgile évoque le «feu cruel de l’amour qui brûle dans le corps» (C.

    Casalegno, Les plus grandes histoires d’amour de tous les temps, Montréal, Guérin, 1997, p. 22-26).

    VOIR AUTOUR DE HERO ET LEANDRE :

    - Joseph Mallord William Turner (1775 - 1851) Héro et Léandre (avant 1837), Londres, National

    Gallery.

    - William Etty, Héro et Léandre, 1828, Tate Gallery, Londres.

    HERO ET LEANDRE, HUILE SUR TOILE DE THEODORE CHASSERIAU

    1849

    PARIS, MUSEE DU LOUVRE

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Grec_ancienjavascript:Document('Virgile')

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

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    CINEMA Le mythe de Roméo et Juliette connaît aussi de nombreuses adaptations cinématographiques

    parmi lesquelles :

    1968 : FRANCO ZEFFIRELLI, ROMEO ET JULIETTE

    1997 : BAZ LUHRMANN, ROMEO + JULIET

    POUR APPROFONDIR : lire l’article de Jean-Claude Diénis « De Bandello à

    Bernstein, les avatars d’un mythe », pp. 16, 17, 18 de l’Avant-scène Opéra N° 41

    « Roméo et Juliette ».

    Le réalisateur australien Baz Luhrmann crée, en 1997, une

    adaptation cinématographique du grand classique de Shakespeare :

    William Shakespeare's Romeo + Juliet, avec pour personnages

    principaux Léonardo Di Caprio et Claire Dianes.

    Il transporte Vérone dans un quartier défavorisé des États-

    Unis, dans un décor du XXe siècle, tout en conservant le

    texte original (même s’il est en grande partie raccourci).

    Vérone devient Verona Beach, et les Montaigus et les

    Capulets sont deux familles de la mafia qui luttent pour le

    contrôle de la ville. Le Prince est devenu le capitaine de la

    police et le chœur du théâtre est remplacé par une

    présentatrice de journal à la télévision.

    L'esthétique générale rappelle le style dégagé par MTV avec

    l'usage des nombreux effets visuels, pléthore de couleurs, un

    décor et des costumes baroques…

    Ce film réalisé par Franco Zeffirelli en 1968 a remporté deux Oscars

    (meilleure photographie et meilleurs costumes) et a été deux fois

    nommé (pour le meilleur réalisateur et meilleur film).

    Les deux acteurs : Léonard Whiting et Olivia Hussey incarnent

    parfaitement les personnages de la pièce par leurs âges similaires au

    moment du tournage.

    Le film, tourné dans la campagne italienne, restitue la Vérone du 16ème siècle. Le respect du cadre historique permet une

    transposition classique et pointue du texte original.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Franco_Zeffirellihttp://fr.wikipedia.org/wiki/1968http://fr.wikipedia.org/wiki/Oscar_du_cin%C3%A9ma

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    19

    LES PISTES D’ECOUTES

    OUVERTURE ET PROLOGUE

    L’ouverture, par son caractère tendu et oppressant, dans la tonalité lugubre de ré mineur,

    instaure avec efficacité, une tension dramatique annonçant la tragédie qui va se jouer sur scène.

    La première partie (A) met en place un jeu d’oppositions de timbres et de registres entre les

    cordes jouant des trémolos dans un registre aigu et les trombones effectuant un court motif

    mélodique menaçant avec son rythme pointé dans un registre grave :

    La seconde partie (B) fait entendre un fugato exposé aux cordes dont le thème est présenté 4

    fois de l’aigu au grave. Là encore, la tension dramatique est perceptible grâce à un jeu

    d’opposition entre la tête du thème présentant trois notes largement disjointes et la fin déroulant

    un flux continu de doubles croches dont le tracé nerveux et incisif peut suggérer le combat sans

    merci auquel se livrent les deux familles depuis des décennies…..

    Après un bref retour de la première partie (A), le rideau s’ouvre. Gounod laisse place au chœur

    qui, à l’image du chœur antique, participe à l’action en annonçant, en quelques phrases,

    TREMOLOS DES

    CORDES DANS

    L’AIGU

    MOTIF MENAÇANT DES

    TROMBONES DANS LE GRAVE

    TÊTE DU THEME ENTREES

    SUCCESSIVES ET

    IMITATIVES DU

    FUGATO

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    20

    l’essentiel du conflit (voir texte p.7 du présent dossier). Le texte est clairement perceptible car

    déclamé, pour l’essentiel, a cappella, délicatement ponctué par la harpe ou des triolets

    pianissimo des trompettes.

    EN CLASSE

    EXPLIQUER quelles peuvent être les fonctions de l’ouverture dans un opéra. Ici, nul besoin de mots pour annoncer le drame à venir….

    DEVELOPPER : les compétences en éducation musicale relevant notamment du domaine du timbre et de l’espace (la densité sonore, la pluralité de timbres d’une pièce musicale,

    la répartition temporelle et/ou spatiale des masses sonores) et de la forme (thème,

    répétition différée…).

    ROMEO ET JULIETTE AU FIL DE L’OPERA

    Quatre duos entre Roméo et Juliette jalonnent l’opéra. Chacun représente une situation nouvelle

    et incontournable faisant avancer nos héros vers leur destin tragique :

    1- Le coup de foudre (le bal)

    2- La déclaration d’amour (scène du balcon)

    3- L’amour malgré les obstacles et le chagrin

    4- L’Ultime sacrifice

    1) DUO DE L’ACTE 1 : « ANGE ADORABLE »

    SITUATION DE L’EXTRAIT DANS L’OPERA

    Roméo et Mercutio, son ami, se sont introduits clandestinement chez les Capulet qui donnent un

    bal. Le coup de foudre a lieu au moment où Roméo aperçoit Juliette.

    Il confie son trouble à Mercutio et s’arrange alors pour demeurer seul avec Juliette.

    ROMEO

    « Ô trésor digne des cieux !

    Quelle clarté soudaine a dessilé mes yeux ?

    Je ne connais pas de beauté véritable !

    Ai-je aimé jusqu’ici ? Ai-je aimé ?... »

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    21

    Sur le rythme d’une valse lente en fa majeur, les deux

    jeunes héros révèlent leurs premiers émois. Le duo

    débute par une première partie chantée uniquement

    par Roméo :

    Puis, Juliette reprend la mélodie du jeune homme note pour note, comme un écho, et à la fin de

    ce duo, les deux voix s’unissent en un chant harmonieux, préfigurant l’union des amants.

    EN CLASSE

    ECOUTER le duo sur le site : https://www.youtube.com/watch?v=8QnPTr9WDbM Roméo est interprété par Florian Laconi qui joue le rôle pour l’opéra de Reims. On regrettera

    l’absence de tout visuel.

    2) DUO DU SECOND ACTE « Ö NUIT DIVINE »

    SITUATION DE L’EXTRAIT DANS L’OPERA

    Roméo vient se glisser sous le balcon de Juliette. La comparant au soleil, il la presse de se

    montrer. Juliette apparait enfin…

    Lors de ce second duo, les sentiments des deux héros éclatent en pleine lumière. Il s’agit de la

    célèbre scène du balcon, correspondant à la déclaration d’amour. Juliette a demandé à Roméo

    de la quitter si ce qu’il éprouve pour elle est superficiel : « Si ta tendresse ne veut de moi

    que de folles amours… Ah ! Je t’en conjure alors, par cette heure d’ivresse, ne me

    revois plus ! ».

    ROMEO

    « Ange adorable,

    Ma main coupable.

    Profane, en l’osant toucher,

    La main divine

    Dont j’imagine

    Que nul n’a droit d’approcher ! »…

    https://www.youtube.com/watch?v=8QnPTr9WDbM

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    22

    L’amour de Roméo s’exprime alors dans toute sa magnificence. La musique, dans un arioso

    passionné avec une ample ligne mélodique s’élançant sur les arpèges de harpes, révèle la

    puissance des sentiments.

    EN CLASSE

    VOIR l’extrait proposé sur le site : https://www.youtube.com/watch?v=i

    e50haFkrRA dans l’interprétation de

    Roberto Alagna et Angelina

    Gheorghiu dans une mise en scène

    est assez « classique », en costumes

    d’époque (chorégies d’Orange,

    2002). On notera la présence de

    sous-titres bien utiles même si

    l’opéra est en français !

    COMPARER la mise en scène proposée ci-dessus avec celle de La

    Fenice (Venise, 2009), résolument

    moderne.

    3) DUO DU QUATRIEME ACTE, « NUIT D’HYMENEE ! Ô DOUCE

    NUIT D’AMOUR » SITUATION DE L’EXTRAIT DANS L’OPERA

    Dans la chambre de Juliette. Il fait encore nuit. La scène est éclairée par un simple flambeau.

    Juliette est assise et Roméo est à ses pieds ; la jeune fille lui pardonne d’avoir tué Tybalt, puis les

    deux amoureux chantent un autre duo nocturne jusqu’à l’arrivée du jour.

    Contrairement aux deux duos précédents, les voix s’unissent d’emblée. Ceci est justifié par la

    situation dramatique : les deux jeunes gens sont maintenant mariés. Nul besoin d’un travail

    d’approche et leurs voix résonnent tendrement ensemble à la sixte :

    Les voix sont soutenues par un tapis sonore moelleux composé d’accords répétés avec les

    cordes jouant en sourdine sur la harpe. La voix de Juliette est ici doublée par le hautbois.

    EN CLASSE

    ECOUTER cet extrait dans l’interprétation lumineuse de Nathalie Dessay et Jonas Kaufman : https://www.youtube.com/watch?v=ESVpnqLEKXE

    https://www.youtube.com/watch?v=ie50haFkrRAhttps://www.youtube.com/watch?v=ie50haFkrRAhttps://www.youtube.com/watch?v=ESVpnqLEKXE

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    23

    4) DUO DU CINQUIEME ACTE, « VIENS ! FUYONS LE MONDE »

    SITUATION DE L’EXTRAIT DANS L’OPERA

    Juliette vient de se réveiller. Les amants se retrouvent, un bref moment, dans un bonheur bien

    illusoire, avant un triste retour à une tragique réalité puisque Roméo a déjà pris le poison

    mortel….

    Les librettistes ont ici fait une infidélité par rapport au texte shakespearien, par ailleurs

    fidèlement suivi puisque, pour faire place à ce duo final, Roméo doit rester en vie.

    Voici un des moments musicalement les plus

    exalté de l’opéra pour clamer ce qui est

    maintenant impossible : fuir au bout du monde.

    L’union des deux amants est parfaite. La mélodie

    est chantée à l’unisson soutenue par un orchestre

    très riche. Cet élan passionné culmine, après une

    progression chromatique de l’orchestre, sur un

    accord de septième diminuée très expressif joué

    dans une nuance paroxystique : fff. Bonheur de

    courte durée, le cri déchirant de Roméo « Les

    parents ont tous des entrailles de pierre » sonne le glas.

    EN CLASSE

    ETUDIER, à travers les quatre duos proposés en analyse, la progression psychologique des deux héros.

    ROMEO ET JULIETTE

    Viens ! Fuyons au bout du monde !

    Viens, soyons heureux,

    Viens !

    Dieu de bonté ! Dieu de clémence !

    Sois béni par les cœurs heureux !

    BALCON DE LA MAISON DE JULIETTE RECONSTITUEE A VERONE où se situe la tragédie de

    Roméo et Juliette de SHAKESPEARE

    MUSEE DEPUIS 1905

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    24

    PRELUDE DE L’ACTE V : « LE SOMMEIL DE JULIETTE »

    SITUATION DE L’EXTRAIT DANS L’OPERA

    A la fin du quatrième acte, Juliette s’évanouit après avoir bu, sous les conseils de frère Laurent

    (« Buvez donc ce breuvage »), l’élixir grâce auquel elle semblera morte. Elle s’évanouit et tombe

    inanimée dans les bras de ceux qui l’entourent. Tous pensent donc qu’elle est morte alors qu’elle

    est en fait plongée dans un profond sommeil……..

    EN CLASSE

    ANALYSER les moyens musicaux par lesquels le compositeur parvient à suggérer l’état d’endormissement de la jeune fille.

    Présence de valeurs rythmiques longues

    Tempo lent (adagio sur les neuf premières mesures)

    Dynamiques essentiellement pianissimo

    Jeu en sourdine des cordes

    Caractère très calme, voire même statique de l’ensemble. A NOTER : seule la harpe, avec ses délicats arpèges introduit l’idée de mouvement.

    COMPARER ce prélude avec le second mouvement du troisième concerto « l’automne », tiré des Quatre saisons de Vivaldi. Le compositeur y décrit, par des moyens tout à fait

    similaires, l’état d’endormissement de la nature avant l’hiver…..

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    25

    ACTE V, ROMEO « C’EST LA ! SALUT ! TOMBEAU SOMBRE ET

    SILENCIEUX » SITUATION DE L’EXTRAIT DANS L’OPERA

    Après l’intermède orchestral représentant le sommeil de Juliette, Roméo arrive et contemple avec

    frayeur ce qu’il croit être le corps sans vie de sa bien-aimée.

    Gounod tisse des liens très étroits entre le texte et la musique exprimant dans les moindres

    détails les émotions ainsi que les états psychologiques que traverse Roméo.

    On remarquera notamment :

    L’EFFET DE THEATRALITE sur les paroles « c’est là ! » chantées a cappella après une introduction orchestrale agitée.

    LA SONORITE FUNEBRE DES CUIVRES dans le grave suggérant l’idée de la mort et le sentiment de terreur qui habite le héros lorsqu’il pénètre dans la nécropole.

    LE TIMBRE CHALEUREUX DE LA CLARINETTE, très souvent la voix de l’amour à l’opéra, qui se dégage, sous les arpèges délicats de la harpe, au moment de la

    « métamorphose » : Roméo ne voyant plus devant lui un tombeau mais un « palais

    splendide et radieux » dans lequel sa bien-aimée demeure.

    LA PERCEE LUMINEUSE DU HAUTBOIS lorsque Roméo a reconnu sa femme. Son solo reprend la mélodie précédemment énoncée à la clarinette.

    ROMEO C’est là ! (Avec sentiment de terreur) Salut ! Tombeau sombre et silencieux ! Un tombeau ! Non ! Non ! Ô demeure Plus belle Que le séjour même des cieux ! Salut palais splendide et radieux ! (Apercevant Juliette et s’élançant vers le tombeau) Ah ! La voilà ! C’est elle ! Viens, funèbre clarté ! Viens l’offrir à mes yeux. (Prenant la lampe funéraire) Ô ma femme ! Ô ma bien-aimée ! La mort en aspirant ton haleine embaumée N’a pas altéré ta beauté ! Non ! Non ! Cette beauté que j’adore

    Sur ton front calme et pur semble régner Encore Et sourire à l’éternité ! (Il repose la lampe sur le tombeau.) Pourquoi me la rends-tu si belle, Ô mort livide ? Est-ce pour me jeter plus vite dans ces bras ? Va ! C’est le seul bonheur Dont mon cœur soit avide ! Et ta proie aujourd’hui ne t’échappera pas. (Regardant autour de lui) Ah ! Je te contemple sans crainte, Tombe où je vais enfin près d’elle reposer ! (Se penchant vers Juliette) Ô mes bras, donnez-lui votre dernière étreinte ! Mes lèvres, donnez-lui votre dernier baiser !

    EN CLASSE

    VOIR l’extrait proposé sur le site : https://www.youtube.com/watch?v=KxZWN2m6rCg EXPLIQUER par quels moyens musicaux le compositeur parvient à mettre certains

    éléments du texte parfaitement en lumière.

    COMPARER et PRESENTER les différentes versions de cette scène où Roméo découvre le corps inanimé de son aimée :

    EN MUSIQUE avec la scène 9 du second acte d’ I capuleit e i Montecchi de Bellini (à

    visionner sur le site : https://www.youtube.com/watch?v=AnhBjZVvZgo. Le récitatif suivi

    https://www.youtube.com/watch?v=KxZWN2m6rCghttps://www.youtube.com/watch?v=AnhBjZVvZgo

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    26

    de l’aria débute à 5’55’’). Le compositeur insiste dans l’aria qui suit un récitatif sombre et

    douloureux sur le délicieux vertige de Roméo lorsqu’il supplie l’âme qui s’envole de

    l’entraîner avec elle. La mort est son seul secours. La ligne vocale, souple et sobre, est

    typique du lyrisme verdien, sans fioritures superflues. Elle est délicatement éclairée par

    l’intervention ponctuelle d’instruments solistes. On remarquera aussi la présence du cor

    au timbre chaleureux qui double la ligne vocale à la sixte rendant cette fin de l’aria

    particulièrement douce et expressive.

    EN PEINTURE :

    ROMEO

    Deh ! tu, bell’anima

    Che al ciel ascendi,

    A me rivolgiti,

    con te mi prendi :

    cosi scordami

    cosi lasciarmi

    non puoi, bell’anima,

    nel mio dolore.

    ROMEO

    De grâce ! belle âme

    Qui monte au ciel,

    Regarde-moi,

    Emmène-moi :

    Tu ne peux, belle âme,

    M’oublier ainsi,

    Me laisser ainsi

    Dans mon chagrin.

    COLLECTION PRIVEE

    JOHANN HEINRICH FÜSSLI

    Roméo se penche sur le cercueil de Juliette, 1809

    L’exaltation des sentiments amoureux s’estompe au profit de sentiments religieux dans une peinture qui prend ici une dimension quasi mystique. Roméo découvre une Juliette apparemment mourante et transfigurée par une lumière semblant venir de nulle part. Sainte ou martyre de l'amour ? Elle desserre son chapelet de la main gauche tandis qu'un Christ en croix, sur le mur, observe le couple uni pour la dernière fois. A l'extrême opposé, on reconnaît les jambes de Pâris, le jeune noble qui souhaitait tant lui aussi épouser Juliette et qui avait l'avantage aux yeux des parents, de ne pas être un Montaigu. Quant au bouquet de fleurs visible aux pieds de Juliette, c'est naturellement un indice laissé par le peintre, pour identifier le cadavre. D’après l’analyse trouvée sur le blog :

    http://jazzthierry.blog.lemonde.fr/2009/09/28/romeo-et-

    juliette-en-peinture-ou-les-origines-inavouees-de-la-liberte-

    guidant-le-peuple-par-delacroix/

    http://jazzthierry.blog.lemonde.fr/2009/09/28/romeo-et-juliette-en-peinture-ou-les-origines-inavouees-de-la-liberte-guidant-le-peuple-par-delacroix/http://jazzthierry.blog.lemonde.fr/2009/09/28/romeo-et-juliette-en-peinture-ou-les-origines-inavouees-de-la-liberte-guidant-le-peuple-par-delacroix/http://jazzthierry.blog.lemonde.fr/2009/09/28/romeo-et-juliette-en-peinture-ou-les-origines-inavouees-de-la-liberte-guidant-le-peuple-par-delacroix/

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    27

    POUR EN SAVOIR PLUS…

    BIBLIOGRAPHIE CONDE, Gérard, Charles Gounod, Fayard, Paris, 2009

    GOUNOD, Charles, Mémoires d’un artiste, Paris, Calmann-Lévy, 1896 ; éd. Claude Glayman, Paris,

    Calmann-Lévy, 1991

    LANDORMY, Paul, Charles Gounod, sa vie et ses œuvres, Paris, Gallimard, 1942

    AUTOUR DE ROMEO ET JULIETTE DE SHAKESPEARE

    Roméo et Juliette, traduit par François-Victor Hugo, collection Pocket, 1868

    Roméo et Juliette, version bilingue, traduit par Pierre Jean Jouve et Georges Pitoëff, GF

    Flammarion, 1937 et remaniée en 1955

    Roméo et Juliette, Yves Bonnefoy, Folio classique, 1968 et remaniée en 1985

    Tragédies, version bilingue, traduit par Jean-Michel Déprats, La Pléiade, 2002

    Tragédies, version bilingue, traduit par Victor Bourgy, collection Bouquins, œuvres complètes,

    1995

    Roméo et Juliette, traduit par François Laroque et Jean-Pierre Villquin, Le livre de poche, 2005

    WEBOGRAPHIE

    http://www.deezer.com/fr/album/299562

    Ecouter l’opéra dans son intégralité

    http://www.performarts.net/performarts/index.php?option=com_content&view=article&id=1404

    :romeo&catid=5:spectacle&Itemid=22

    Ecouter et regarder des extraits de l’opéra dans la mise en scène de Paul-Emile Fourny pour

    l’opéra de Reims

    https://www.youtube.com/watch?v=Y2mDxM9Nq1I

    Interview de Paul-Emile Fourny, effectuée par leprojecteur.com qui signe la mise en scène pour

    l’opéra de Reims. Cette interview éclaire les spectateurs sur les choix esthétiques et

    scénographiques lorsque l’opéra a été joué, une première fois en mai 2013, à Avignon

    http://www.operatoday.com/documents/Romeo_Juliette.pdf

    Le livret de l’opéra dans son intégralité

    crdp.ac-paris.fr/piece-demontee/pdf/romeo-et-juliette_total.pdf

    Dossier pédagogique autour du Roméo et Juliette de Shakespeare. De nombreuses propositions

    de pistes d’exploitation pédagogiques en lettres et théâtre

    http://www.grignoux.be/dossiers/093/

    Un dossier pédagogique sur le film Shakespeare in love de John Madden

    http://www.deezer.com/fr/album/299562http://www.performarts.net/performarts/index.php?option=com_content&view=article&id=1404:romeo&catid=5:spectacle&Itemid=22http://www.performarts.net/performarts/index.php?option=com_content&view=article&id=1404:romeo&catid=5:spectacle&Itemid=22https://www.youtube.com/watch?v=Y2mDxM9Nq1Ihttp://www.grignoux.be/dossiers/093/http://www.grignoux.be/dossiers/093/

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    28

    CONFERENCE

    Roméo & Juliette par F. Albou au Conservatoire de Reims :

    1ère partie : jeudi 24 septembre

    2ème partie : vendredi 25 septembre

    PHOTO DU SPECTACLE

  • ROMEO ET JULIETTE

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    ROMEO ET JULIETTE A L’OPERA DE REIMS

    LA PRODUCTION

    COPRODUCTION : OPERA GRAND AVIGNON, TOURS, METZ ET REIMS

    FLORIAN LACONI DANS LE RÔLE DE ROMEO

    Direction musicale : Jacques MERCIER

    Mise en scène : Paul-Emile FOURNY

    Décors : Emmanuelle FABRE

    Eclairage : Jacques CHATELET

    Roméo : Florian LACONI

    Juliette : Kimy Mc LAREN

    Le duc de Vérone : Jean-Marie DELPAS

    Stephano : Carine SECHAYE

    Gertrude : Sylvie BICHEBOIS

    Frère Laurent : Jerôme VARNIER

    Capulet : Marcel VANAUD

    Tubalt : Marc LARCHER

    Mercutio : Mikhael PICCONE

    Gregorio : Jean-Sebastien FRANTZ

    Chœur ELCA

    Chefs de chœur : Sandrine LEBEC,

    Hélène LE ROY

    Orchestre : OPERA DE REIMS

    http://www.escapade-champenoise.fr/IMG/arton1987.png

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    30

    FLORIAN LACONI ET/EST ROMEO

    Florian Laconi est né à Metz où il étudie l'Art Dramatique et

    participe à de nombreuses pièces de théâtre en tant que

    comédien mais aussi en tant que metteur en scène. Il débute

    le chant en 1995 il étudie avec Michèle Command, Gabriel

    Bacquier et Christian Jean. Il est lauréat du Concours Voix

    Nouvelles 2002 et fut nominé aux XIIIe Victoires de la Musique

    Classique 2006 dans la catégorie «Révélation Artiste Lyrique

    de l’année».

    Florian Laconi chante sous la direction de chefs tels que

    Lawrence Foster, Alain Guingal, John Nelson, Jacques

    Lacombe, Alberto Zedda, Alain Altinoglu, Hervé Niquet, Michel

    Plasson, Myung Whung Chung, Daniel Oren et Georges Prêtre.

    Les mises en scène sont signées de Bernard Broca, Pier Luigi Pizzi, Ian Judge, Brontis

    Jodorowsky, Michel Fau, Laurent Pelly, Gilles Bouillon, Nadine Duffaut, Gian Carlo del Monaco et

    Jérôme Savary.

    Il travaille aux côtés d'artistes comme Patrizia Ciofi, Anna Netrebko, Rolando Villazon, Bryn Terfel,

    Marcelo Alvarez, Béatrice Uria Monzon, Ludovic Tézier, Jean Philippe Lafont, Alain Fondary, Fabio

    Armiliato, Daniela Dessi, Sylvie Valayre, Vladimir Galouzine, Inva Mula et Roberto Alagna.

    Il se produit dans de nombreuses villes françaises (Metz, Avignon, Monte-Carlo, Toulouse, Massy,

    Nice, Saint-Etienne, Marseille, Opéra-Comique de Paris, Festival d’Antibes, Festival d’Auvers-sur-

    Oise, Festival de Saint-Céré, Chorégies d’Orange, Opéra National de Paris Bastille…) mais aussi à

    l’étranger....)

    EN CLASSE

    PROJETER l’interview du chanteur effectuée par leprojecteur.com

    sur le site : https://www.youtube.com/watch?v=0GqNTwtOgkw.

    Réalisée dans les loges de l’Opéra Théâtre du Grand Avignon,

    l’interview révèle les différentes facettes d’un rôle mythique pour

    un artiste lyrique devenu incontournable.

    FLORIAN LACONI

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    31

    ZOOM SUR LE METTEUR EN SCENE

    PAUL-EMILE FOURNY

    Né à Liège, Paul-Emile Fourny étudie au

    Conservatoire Royal de sa ville natale. Après l’obtention

    d’un premier prix en 1981, il est successivement

    comédien, professeur et metteur en scène.

    En 1985, il rejoint l’équipe de Gérard Mortier au

    Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles.

    Poursuivant sa carrière en France, il crée le

    Festival des Soirées Lyriques de Gigondas, travaille pour

    l’Opéra-Théâtre d’Avignon et des Pays de Vaucluse, les

    Chorégies d’Orange et l’Opéra de Nice dont il assure la

    direction générale et artistique de 2001 à 2009.

    Professeur à l’E.S.R.A. de Nice et homme de théâtre, il

    développe sa carrière de metteur en scène en France

    comme à l’étranger, parallèlement à la gestion des

    structures culturelles qui lui sont confiées. Il est

    notamment sollicité par le Teatro Colon de Buenos

    Aires, le Teatro Argentino de La Plata, l’Opéra de Tel-

    Aviv, l’Opéra Royal de Wallonie, le Festival de

    Savonlinna, le Festival Puccini de Torre del Lago et par

    de nombreux théâtres en Italie. En France, il signe de

    multiples productions au Festival de Musique d’Antibes

    et à Lacoste, ainsi qu’à Avignon, Nice, Saint-Etienne,

    Toulon… Paul-Emile Fourny a reçu, en 2007, les

    insignes de chevalier de la Légion d’Honneur.

    Au cours des deux dernières saisons, il a mis en scène Tosca, A Midsummer Night’s Dream, La

    Vida Breve, Il Trittico, Les Contes d’Hoffmann, Aida, Manon Lescaut, Faust… Il prend la direction

    de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole en avril 2011. Il signe la mise en scène de La Traviata en

    2013 pour l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole et Ballo in Maschera pour le Biel Solotrhurn

    Theater (2013) puis l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole (2015).

    PAUL-EMILE FOURNY EN REPETITION

    FABRICATION DES TÊTES DE CERFS DANS L’ATELIER DECOR DE L’OPERA THEATRE METZ METROPOLE

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    32

    REGARDS SUR LA MISE EN SCENE

    La mise en scène présentée à l’opéra de Reims en octobre 2015 a déjà été produite pour l’Opéra

    Grand Avignon, l’opéra de Tours et de Massy. Voici quelques échos de la presse révélant certains

    aspects de la mise en scène :

    « Paul-Emile Fourny a imaginé une scénographie simple et

    traditionnelle, très lisible et épurée. Une grande salle ornée de trophées

    de chasse, un escalier en colimaçon qui disparaît dans les cintres en

    guise de balcon, un lit à la tête ornée de bois de cerf, et l’œuvre se

    déroule sous nos yeux. Les costumes se révèlent d’une sobriété de bon

    aloi, seuls ceux des Montaigu surprennent, les faisant ressembler à des

    pirates ou des bohémiens, Roméo y compris. Juliette est vêtue d’une

    stricte robe bleue, faisant penser à la virginale Gilda, avant de s’en

    libérer pour son duo « Nuit d’hyménée », plus adulte et plus femme. »

    In : http://www.classiquenews.com/

    « Le décor sombre suggère la traque du couple maudit. Comme dans

    les tableaux de chasse du premier acte dans la scène du bal, on

    retrouve les bois d’un squelette de cerf dans la scène de la chambre

    au début de l’acte IV. On retrouve un cerf empaillé près du tombeau

    dans l’ultime scène. Roméo et Juliette sont victimes d’une société

    incapable de se soustraire à la violence. Les superbes décors

    d’Emmanuelle Favre soulignent l’impression pesante d’enfermement

    du couple. »

    In : http://www.performarts.net/

    EN CLASSE

    PROJETER l’interview du metteur en scène effectuée par

    leprojecteur.com sur le site :

    https://www.youtube.com/watch?v=Y2mDxM9Nq1I

    Paul-Emile Fourny, nous dévoile les secrets de fabrication d’une mise en

    scène qui rappelle que, malgré l'évolution des sociétés, l'Amour reste

    universel, et l'histoire de Roméo et Juliette est toujours d'actualité.

    https://www.youtube.com/watch?v=Y2mDxM9Nq1Ihttp://www.google.fr/url?url=http://www.youtube.com/watch?v%3DY2mDxM9Nq1I&rct=j&frm=1&q=&esrc=s&sa=U&ved=0CCgQwW4wCWoVChMIzbXQwJLbxwIVR9VyCh2kowLY&sig2=Q3v6hNO0bI8V4VtbuJmsuQ&usg=AFQjCNFo7GnHnAUqbNpuQa6FW09EeuzOMA

  • ROMEO ET JULIETTE

    GOUNOD

    33

    LES CARNETS DE LECTURE

    OVIDE, LES METAMORPHOSES,

    « PYRAME ET THISBE », LIVRE IV EXTRAIT

    « Pyrame et Thisbé effaçaient en beauté tous les hommes, toutes les filles de l'Orient. Ils

    habitaient deux maisons contiguës dans cette ville que Sémiramis entoura, dit-on, de superbes

    remparts. Le voisinage favorisa leur connaissance et forma leurs premiers nœuds. Leur amour

    s'accrut avec l'âge. L'hymen aurait dû les unir ; leurs parents s'y opposèrent, mais ils ne purent

    les empêcher de s'aimer secrètement.

    [...] Un jour, après s'être plaints longtemps et sans bruit de leur destinée, ils projettent de tromper

    leurs gardiens, [...] ils conviennent de se trouver au tombeau de Ninus ; c'est là que doit leur

    prêter l'abri de son feuillage un mûrier portant des fruits blancs, et placé près d'une source pure.

    [...] Thisbé, [...] s'assied sous l'arbre convenu. L'amour inspirait, l'amour soutenait son courage.

    Soudain s'avance une lionne qui, rassasiée du carnage des bœufs déchirés par ses dents, vient,

    la gueule sanglante, étancher sa soif dans la source voisine. Thisbé l'aperçoit aux rayons de la

    lune ; elle fuit d'un pied timide, et cherche un asile dans un antre voisin.

    Mais tandis qu'elle s'éloigne, son voile est tombé sur ses pas. La lionne, après s'être désaltérée,

    regagnait la forêt. Elle rencontre par hasard ce voile abandonné, le mord, le déchire, et le rejette

    teint du sang dont elle est encore souillée. Sorti plus tard, Pyrame voit sur la poussière les traces

    de la bête cruelle, et son front se couvre d'une affreuse pâleur. Mais lorsqu'il a vu, lorsqu'il a

    reconnu le voile sanglant de Thisbé : [...] il prend ce tissu fatal ; il le porte sous cet arbre où

    Thisbé dût l'attendre ; il le couvre de ses baisers, il l'arrose de ses larmes ; il s'écrie : "Voile baigné

    du sang de ma Thisbé, reçois aussi le mien". Il saisit son épée, la plonge dans son sein, et

    mourant la retire avec effort de sa large blessure. [...]

    Cependant Thisbé, encore tremblante, mais craignant de faire attendre son amant, revient, le

    cherche et des yeux et du cœur. [...] elle voit un corps palpitant presser la terre ensanglantée. […]

    L'infortunée aperçoit alors son voile ensanglanté ; elle voit le fourreau d'ivoire vide de son épée ;

    elle s'écrie : "Malheureux ! C'est donc ta main, c'est l'amour qui vient de t'immoler ! Eh bien ! N'ai-

    je pas aussi une main, n'ai-je pas mon amour pour t'imiter et m'arracher la vie ? Je te suivrai dans

    la nuit du tombeau. On dira du moins, elle fut la cause et la compagne de sa mort. Hélas ! Le

    trépas seul pouvait nous séparer : qu'il n'ait pas même aujourd'hui ce pouvoir ! Ô vous, parents

    trop malheureux ! Vous, mon père, et vous qui fûtes le sien, écoutez ma dernière prière ! Ne

    refusez pas un même tombeau à ceux qu'un même amour, un même trépas a voulu réunir ! Et

    toi, arbre fatal, qui de ton ombre couvres le corps de Pyrame, et vas bientôt couvrir le mien,

    conserve l'empreinte de notre sang ! Porte désormais des fruits symboles de douleur et de

    larmes, sanglant témoignage du double sacrifice de deux amants" ! Elle dit, et saisissant le fer

    encore fumant du sang de Pyrame, elle l'appuie sur son sein, et tombe et meurt sur le corps de

    son amant. Ses vœux furent exaucés, les dieux les entendirent : ils touchèrent leurs parents ; la

    mûre se teignit de pourpre en mûrissant ; une même urne renferma la cendre des deux amants. »

    (Traduction de G.T. Villenave, 1806)