risques liés au vapotage passif le danger de la rumeur

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Selon une étude norvégienne parue hier, le vapotage passif serait nocif, au même titre que le tabagisme passif. Pour JeanFrançois Etter, professeur de santé publique à l’Université de Genève, on assiste à une amplification de la rumeur, dangereuse en termes de santé publique. Interview. Paris Match.L’institut norvégien de santé publique vient de mettre en garde contre les dangers du vapotage passif. Au même titre que le tabagisme passif, il peut affecter le système cardiovasculaire, avoir des effets stimulants et créer une dépendance chez les individus. JeanFrançois Etter. Ce n’est pas du tout ce que dit le rapport en question. On est face à un phénomène sociologique qui mérite une analyse en soi : la présentation des résultats des études, leur interprétation par les agences gouvernementales et les communiqués de presse qui s’ensuivent, puis le rapport qui en est fait dans les médias. JEANFRANÇOIS ETTER: "LE RAPPORT NORVÉGIEN EST PLUTÔT RASSURANT SUR LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE" Que dit exactement cette étude ? Il est important de préciser que ce n’est pas une étude mais une revue de littérature scientifique. Et elle plutôt rassurante. Elle rapporte que le risque de cancer lié à la cigarette électronique est négligeable, et les risques en général sont faibles. Le risque lié au vapotage passif est évoqué dans un petit paragraph se base sur deux études seulement, l’une grecque, l’autre espagnole. La première se base sur 7 fumeurs exposés, dans des conditions de laboratoire, à de la fumée passive et à de la vapeur passive deuxième, se base sur 5 nonfumeurs vivant avec des vapoteurs, donc exposés au vapotage passif. auteurs de l’étude admettent euxmêmes que les conditions ne sont pas du tout contrôlées puisque

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Page 1: Risques liés au vapotage passif   le danger de la rumeur

15/4/2015 Risques liés au vapotage passif ­ Le danger de la rumeur

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Selon une étude norvégienne parue hier, le vapotagepassif serait nocif, au même titre que le tabagismepassif. Pour Jean­François Etter, professeur de santépublique à l’Université de Genève, on assiste à uneamplification de la rumeur, dangereuse en termes desanté publique. Interview.

Paris Match.L’institut norvégien de santé publiquevient de mettre en garde contre les dangers duvapotage passif. Au même titre que le tabagismepassif, il peut affecter le système cardiovasculaire,avoir des effets stimulants et créer une dépendancechez les individus.Jean­François Etter. Ce n’est pas du tout ce que dit lerapport en question. On est face à un phénomènesociologique qui mérite une analyse en soi : laprésentation des résultats des études, leur interprétationpar les agences gouvernementales et les communiquésde presse qui s’ensuivent, puis le rapport qui en est faitdans les médias.

JEAN­FRANÇOIS ETTER:"LE RAPPORT NORVÉGIENEST PLUTÔT RASSURANT

SUR LA CIGARETTEÉLECTRONIQUE"

Que dit exactement cette étude ?Il est important de préciser que ce n’est pas une étude mais une revue de littérature scientifique. Et elle estplutôt rassurante. Elle rapporte que le risque de cancer lié à la cigarette électronique est négligeable, et queles risques en général sont faibles. Le risque lié au vapotage passif est évoqué dans un petit paragraphe etse base sur deux études seulement, l’une grecque, l’autre espagnole. La première se base sur 7 non­fumeurs exposés, dans des conditions de laboratoire, à de la fumée passive et à de la vapeur passive. Ladeuxième, se base sur 5 non­fumeurs vivant avec des vapoteurs, donc exposés au vapotage passif. Lesauteurs de l’étude admettent eux­mêmes que les conditions ne sont pas du tout contrôlées puisque les

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15/4/2015 Risques liés au vapotage passif ­ Le danger de la rumeur

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tabac et on ne sait pas s’ils ont été exposés par ailleurs à de la fumée sur leur période de travail (aurestaurant, par exemple). On se base donc sur seulement 12 personnes, dans des conditions delaboratoire qui ne reproduisent pas forcément les conditions de vie réelle, ou dans des conditions noncontrôlées, pour conclure que le vapotage passif pose des risques et pourrait même conduire à l’addiction!

Une étude allemande(1) vient de confirmer les recherches(2) publiées par le Dr Farsalinos. LesAllemands reconnaissent que la vapeur de la cigarette électronique est bien moins toxique pour lescellules pulmonaires que la fumée de tabac. Question de bon sens : si c’est moins toxique que letabac pour le vapoteur actif, peut­on penser qu’il en va de même pour le vapotage passif ?Oui, il en va de même. Evidemment !

Depuis hier, la couverture médiatique autour de ce rapport est alarmiste. Quelles conséquencessont à craindre pour la cigarette électronique ?C’est le phénomène d’amplification de la rumeurque l’on observe régulièrement. On a une couverturemédiatique sélective qui ne prend qu’une phrase du rapport alors que l’ensemble est plutôt rassurant. C’estun phénomène intéressant mais c’est très négatif du point de vue de la santé publique parce qu’on est entrain de couler une alternative au tabac. De plus en plus de personnes croient aujourd’hui que la cigaretteélectronique est tout aussi dangereuse que le tabac. On constate déjà en Angleterre un tassement dunombre des utilisateurs de cigarettes électroniques. Cela a aussi un impact sur le législateur. Ce n’est pasinnocent car c’est maintenant que l’on planche sur les réglementations aux Etats­Unis et en Europe.

Pourquoi assiste­t­on aujourd’hui à une diabolisation de la cigarette électronique ?La notion de réduction des risques est soit rejetée par principe soit incomprise. C’est un peu l’idéologieabsolutiste selon laquelle il ne faut pas consommer du tout le produit (la nicotine) et qu’il n’y a pas d’autresolution. Du coup, on met tous les produits au même niveau tant qu’ils contiennent de la nicotine.

Les patchs de nicotine, eux, n’ont pas été dénigrés…Parce qu’ils ont été prescrits par les médecins. Là, on a un produit où il y a une notion de plaisir liée à unesubstance addictive, la nicotine. Beaucoup de gens ne sont pas prêts à l’accepter, bien que rien ne prouveaujourd’hui que les jeunes non­fumeurs s’initient au tabagisme en passant par la cigarette cigaretteélectronique. C’est un débat de société important sur la place de la nicotine dans la loi. Cela va au­delà desdonnées scientifiques, c’est un débat philosophique.

(1) L'étude allemande.(2) Etude 1 et étude 2 (sur la cytotoxicité) du Dr Farsalinos.