REVUE BELGEDE

NUMISMATIQUEET DE SIGILLOGRAPHIE

lm AOSPICIS DE LA SOCIETE ROÏALE DE NUMISMATIOOE.

MM. LE Vt« B. DE JONGHE, A. de WITTE et Fréd. ALVIN.

1913SOIXANTE-NEUVIÈME ANNÉE.

BRUXELLESJ. GOEMAERE, IMPRIMEUR DU ROI,

^ue de la Limite, 2 1

.

1913

REVUE BELGE

MONNAIES DE BATENBOURG

La seigneurie libre de Batenbourg, l'une des plus anciennes de la Gueldre, était située dans la Betz~we, entre la Meuse et le Waal. Batenbourg, petite ville sur la rive droite de la Meuse, en était la localité principale. Cet endroit, qui se trouve à trois lieues de Nimègue, est fort ancien et semble être le Bntavorzrnt oppidum mentionné par Tacite.

Des documents des années 1162, 1180 et I 190 citent des seigtieurs de Batenbourg qui eut donc des dynastes indépendants dès une époque fort reculée.

Notre seigneurie passa, en 1272, par le mariage de Jeanne de Batenbourg avec Guillaume de Bronckhorst, à une branchecadette decette maison célèbre, branche dont les membres, depuis cette alliance, se qualifihent de Bronckhorst et Baten- bourg.

Apresla mort de Gisbert de Bronckhorst, décédé célibataire en 1525, notre seigneurie fut prise par force par Charles, duc de Gueldre, qui la vendit, le 7 mars 1534, à Herman de Bronckhorst. Baten-

bourg fit ainsi retour à cette illustre fainille dont quatre représentants se sont fait connaître, au coiirs de la guerre avec l'Espagne, comine vaillants difenseuss de l'indépendance des Pays-Bas. Ce sont les frhres Guillaunie, Charles, Thierry et Gisbert de Bronc1;horst et Batenbourg, vraisem- blablement tous les quatre signataires du Cottzbro- rtiis des Nobles. Quoique l'on ne trouve rien de précis à cet égard quant au premier, celui-ci fut le chef de l'armée réunie pour la délivrance de Harlem, en 1573, et périt dans cette entreprise qui échoua. Charles fut assassiné à Cologne, en 1580, par un espagnol. Thierry et Gisbert furent décapités publiquement àBruxelles, le juin 1568, par ordre du duc d'Albe.

La seigneurie de Batenbourg passa, en 1641, dans la maison comtale de Hoorn, Jeanne de Bronckhorst et Batenbourg qui en hérita de son père Xlaximilien de Bronckhorst et Batenbourg, étant mariée depuis 1630 avec Jean, conite de Hoorne ou Hornes, seigneur de Kessel.

La petite-fille de ce dernier, Isabelle-Justirie, transporta Batenbourg dans la maison comtale de Bentheim-Steinfurt par soi1 iiiariage avec Ernest, conite de Beiitheim-Steinfurt.

Hernian-Thierry, fils de Guillaume de Bronck- horst et d'lirica, fille de Thierry, comte de hlan-

derscheid, succéda à son p&re tué, en 1573, devant

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Harlem où il combattait contre les Espagnols. Il se qualifie généralement de u Bronckhorst, sei- gtteur de Bntettbourg et de Steytt B. L'on ne sait que peu de choses concernant ce dyriaste dont on ne connaît même pas l'année de la naissance.11 mou- rut célibataire à Thorn en 1612.

Herman-Thierry nous a laissé un grand nombre de monnaies frappées en tous les métaux.Ce sont, pour la plupart, des monnaies copiées de pièces émises par des seigneurs plus puissants que lui, pièces dont la circulation était fort étendue, ce qui donnait aux espèces imitées qui étaient, en général, d'assez mauvais aloi, l'accès dans de vastes territoires au grand bénéfice du dynaste qui les émettait.

Peu de temps après avoir succédé à son père, Herman-Thierry vit ses monnaies être aussi peu en faveur auprès des États de la Gueldre que l'avaient été celles de son père. Le Groot Gelders Placaet-Boek de 1577 donne un acte par lequel les ?touvelles monnaies de Baten bourg furent déclarées être de billon. La circulation en fut défendue. Cette défense fut renouvelée, le 26 avril 1580, et cette fois avec succès, semble-t-il, car on n'a pas retrouvé jusqü'ici des monilaies de iiotre dynaste postérieures à 1579.

Nousfaisonsconnaître, ci-après, trois monnaies de Herman-Thierry, dont deux en or et une en argent.

I. Droit. Guerrier couronné, armé de toutes pièces, tenant une hallebarde de la main droite, debout de face dans le champ qu'il occupe d'un bord de la pièce à l'aiitre. A gauche et A droite de l'effigie, à hauteur des genoux, les lettres H et B (Hermn?tz~s Bronckltorstz).

Légentie. SANCTVS . VIT - ORINVS . MA - Revers. Le lion couronné à queue fourchue de

Bronckhorst. Légende. * HERMAN a T H E . D BR JA B

1 B . S'ïEY. Or. Poids : 3gr.4~6. Notre collection. PI. 1, no 1.

Cette pièce est utle des nombreuses imitations des ducats au type hottgrois, émises par notre dy- naste. Elle est aux mêmes types que celle donnée par VAN DER CHIJS, SOUS le no 5 de la planche XV des i\f~rttte?t der vao?~titnlige heerett en stedett vnvt Gel- devlnrtd, etc. Notre ducat eu diffère par la légende du droit, qui porte le nom du saint représenté, tandis que celle de la pièce donnée par le savant hollandaisest: AVRVM .NOVM-DNIeHEKM-

2. Dyoit. Semblable à celui de notre no I. Légertde. AVRVM . NOV - VA4 . DOM1 - Cette curieuse légende diffère sensibleilietit de

celle (lu droit du ducat du iilême dynaste, donné par VAN DER CI-IIJS, pl. XV, n05de son ouvrage cité plus haut.

Revers. Semblable à celui de notre no 1.

Lége~de. + HEKMAN . THE D B R . L B 1 B STEY.

Or. Collection Hollebeke. à Bailleul.

Cette légende est la même que celles du revers de notie I et de la pièce donnée par le savant hollan- dais.

Nous n'avons pas cru devoir faire reproduire cet intéressant ducat, les types en étant identiques à ceux du no I de notre planche.

Nous reniescions vivement notre aimable con- frhre français de nous avoir permis de signaler son rare ducat à nos lecteurs.

3. Droit. Buste cuirassé A gauche, la tête nue, de Herman-Thierry. Le seigneur tient de la mzin droite le bâton de coninlandement, de la gauche, la garde de l'épée.

Légeîtde. MO . HERS THE De BK . L . BAR . 1 . B . Z . S T E . T R o S o ~ 3

Les lettres TR . S indiquent la valeur de la pièce, qui est de 30 sous (trigittta stzlferorîltn). Le monogramme ~3 est probablement la marque du graveur de coins, marque qui semble inconnue. On pourrait, à la rigueur, y voir les initiales des mots Nzlmmzis Baten bzlrgensis.

Revers. Écusson de fornle trhs découpée et ornée, coupé d'un trait, parti de trois autres qui font huit quartiers : aux I et 7, de gueules au lion d'ar- gent armé, larnpassé et couronné d'or (Broltck-

horst) (1), aus 2 et 8, de gueules au sautoir d'or cantoriné de quatre forces du même, les bouts en bas (Bntenborlrg), les quartiers 1, 7, 2 et 8 formant les arnioiries paternelles du seigneur; au 3, d'or à la fasce vivrée de gueules (Alortderscheid), du chef dlÉrica, mère de Herman-Thierry, au 4, d'or au lion de sable arnié et lanipassé de gueules, au laiiibel de quatre pendants de gueules, brochant sur le lion (Bla~zkertlzeirrt), au 5, d'or au lion de gueules (Rotrcy), au 6, d'or fretté de gueules(Dnun). Les quartiers 4, 5 et 6 sont aux armes de diffé- rentes riiaisons alliées aux Manderscheid et con- stituent avec le 3, les armoiries du côté maternel de notre seigneur. Sur le tout : d'or à neuf losan- ges de gueules, 5 et 4, accolés et aboutés (Steyn).

Le casque couronné qui surmonte à dextre l'é- cusson, a pour cimier : deux pattes d'ours de sable onglées d'or, empoignant chacune une boule (l'or cBro~tckltorst~; celui à senestre : un vol, chaque aile aux armes de l'écu (Bntertbozcvg). I,e cimier, de chacun des deux casques qui sont affrontés, va jiisqu'au bord de la pi&ce et sépare doiic le com- mencement de la légende de la fin.

Légende. POSVI % DEVM X ADIVTOREM X

AIEVRI (2V % TILIEBO. Argent. Poids : 546' 405. Notre collection. Pl. 1, no 2.

( 1 ) Le lion de Bronckhorst n'est pas contourné comme il est repré- senté sur la pi& que nous dtcrivoiis. Des erreurs de ce genre se rencontrent fréquemment sur les monnaies.

Cette ~iiagnifique pièce, de poids fort, offre des légendes très variées de celles des exemplaires connus de poids ordinaire. La gravure en est aussi plus soignée. Un mauvais dessin de cette belle monnaie a été donné par VERKADE, dans son ~l!z~~ttboek der Netlerln?tdsche Proviucie~t, 2" volume, pl. 209, no 1.

Maximilien, comte de Bron~khorst , seigneur de Batenbourg, de Steyn et de Barelidrecht, hérita Batenbourg et Steyn de son cousiii germain Her- man-Thierry, mort célibataire en 1612.

Son père, Charles de Bronckhorst, seigneur de West-Barendrecht, qui avait épousé Alberte, dame dlObbicht, fille de Guillaume de Vlodorp, mourut assassiné à Cologne, et) 1580. Charles, comme nous l'avons dit plus haut, était du parti opposé au gouvernement espagnol.

Maximilien de Bronckhorst n'avait pas, en poli- tique, les mêmes idées que son père. Il embrassa le parti espagnol et fut déclaré, en 1582, ennemi de sa patrie.

Notre dynaste est le dernier seigneur de Baten- bourg qui frappa monnaie en cette qualité.

Maximilien avait épousé, en 1595, Anne, fille de Jean de Ketteler de Nesselsath, seigneur de Lage, alors veuve du seigneur de Haes de Turnich. Il en

eut six enfants. Devenu veuf, il épousa ensuite Aiine- AIarie Sturm.

La possession de la seigneurie de Steyn lui fut contestée, en 1618, niais sans succès, semble-t.il, par Baudouin de Lusembourg, fils de sa sœur Isa- beau de Bronckhorst, laquelle avait épousé Guil- laume de Luxembourg, sire de Hollogne.

hlaxiniilien eut de non~breux démêlés avec les Etats des f-'rovinces-Unies qui prétendaient que Batenbourg était un fief de la Gueldre, tandis que lui soutenait que cette seigneurie relevait immé- diatement de l'empereur dont il obtint, en 1628, un diplôme confirmatif à cet égard.

hlaximilien ne semble gu&re avoir tenu compte des placards des États de la Guelare sur la circu- lation des monnaies de Batenbourg, car l'on con- naît un assez grand nombre de pièces émises par ce dynaste. Aussi les magistrats de la Gueldre se virent-ils forcés de promulguer, le 28 mai 1616, un riouvel édit pour défendre le cours des dutes et des escalins ?rotivellerrinrt émis à Batenbourg. Une semblable défense fut publiée, le 3 mai 1623, rela- tivement aux doubles sous, aux sous et aux demi- sous de Batenbourg où l'on frappa une grande quantité de ces nionnaiesinalgré la résolution des différents États de ne pas émettre, provisoirement, d'espèces de ces valeurs IJa rareté actuelle assez grande de ces monnaies permet de supposer que bon nombre de ces pihces ont été confisquées et fondues à l'époque dont nous parlons.

Nous passons maintenant à la description de trois monnaies en bas argent de Maximilien.

4. Droit. Écu en cartouche au lion couronné de Bronckhorst. L'écu est sommé d'une couronne surmontée de la date I 6 ' 2 ' 2 ' qui sépare le commencement de la légende de la fin.

Lége?tde. M O 0 N O - A R . MAX .CO .DE- BR ..... Revers. Croix très ornée dont les extrémités cou-

pent la légende, portant au centre les lettres V S (vijf stuivers) .

Légeltde. FIDE* - . SED . -* CVI .-. VIDE. Bas argent. Poids : 3gr.616. Notre collection. Pl. 1, no 3.

Cette pièce, dont la légende religieuse se ren- contre assez raremeiit,est une imitationdel'escalin à la rose de Zélande. VERKADE en a donné un mau- vais dessin dans son Mz~ntboek, etc. (pl. 35, no 3).

5. Droit. Écu' dans un entourage lobé et sommé d'une grande couronne coupant la légende. Les nombreux quartiers de l'écu sont, en partie, effa- cés. Le canton dextre du chef, qui est très visible, est écartelé de Bro~jckhorst et de Batenbourg.

LPgende. MO . NO . AR - * . D . B K 0 . B . ,Revers. Croix fleuronnée tr8s ornée portant en

cœur un objet qu'il est impossible de reconnaître. Légéjtde. *-*EV . PKOTECTOR . **.VS (1).

Bas argent. Poids : 2gr.088. Notre collection. PI. 1, no 4.

(1) Il nous a été impossible de compléter cette légende qui parait, cependant, si simple à déchiffrer.

Cette pièce, qui est très rognée et dont la con- servation laisse aussi à désirer? est une curieuse imitation de la pièce de trois sols (demi-escalin) des archiducs Albert et Isabelle, frappée pour le Brabant à Bruxelles, Anvers, Maestricht et Bois- le-Duc.

6 Droit. Globe inipérial surmonté d'une croix séparant le commencerilent de la légende de la fin et accostée de la date : 16 - 18. Dans la partie inférieure du globe se voit le nonibre : 24 indi- quant que la pièce est un groschen dont 24 fai- saient un reichsthaler.

Légende. . M A T T 1 . RO 1 . S . A Revers Le lion couronné de Bronckhorst. Légende. a M O . M A X - C 0 . D - B R - B A R a B .

Bas argent. Poids : igr 596. Notre collection. Pl. 1, no 5.

Cettejolie petite molinaie aété donnée parW. J. DE

V o o ~ ~ , : d a n s ses Bijdrage~t tot de Nz~~tzisf~zntiek volt Gelderln~zd (zost1lk) Berg ('S Heerenbevg-Batenburg- Baar), d'après un dessin extrait d'un placnrt des Kyeitzeu fra~tco~tie~ts, bavnvois et soz~abes, paru à Augsbourg, en mai 16x9. Notre moiinaie y figure sous le nom de neue z~nbekattde Groscheft, ~zur I 518 Kreutzer wertlt. Elle est la copie d'une pièce à un type monétaire très répandu en Allen-iagne.