manuel de sigillographie française

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Roman, Joseph - Manuel de sigillographie française, éd. Alphonse Picard.Paris. 1912

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MANUELDE

GILLOGRAPHIEPAR

FRANAISE

J.

ROMANL INSTITUT

CORRESPONDANT DE

PARISLIBRAIRIE ALPHONSE PIGARD ET FILS,AUGUSTE PICARD, SUCCESSEUR.BRAIRE DES ARCHIVES NATIONALES ET DE LA SOCIT DE l'COLE DES CHARTES

82, RUE BONAPARTE, 82

1912

.

MANUELSD'HISTOIRE DE L'ART ET D'ARflHOLOGlE(Chaque vol. iu-H", \n\,

15

l'r.

;

rel.

t.,

17

fr.

;

demi-mar.

22

IV.

ARCHOLOGIE PRHISTORIQUE CELTIQUE ET GALLO-ROMAINEDECHELETTE

Joseph

Conservateur du Muse de Roanne

-

ARCHEOLOGIElu

PREHISTORIQUEla pierre polie)

Age dp

pierre taille.

Arje de

1

volumeI:

Dfinitions et notions prliminaires. Chap. Lre ter Chap. Lre quaternaire. Notions gnrales et classificaLe palolithique infrieur. Epoques chellenne et tion. Chap. IV acheulenne. Chap. V Le quaternaire moyen. Epoque moustrienne. Chap. VI Le quaternaire suprieur ou poque du renne, phase aurig;nacienne. Chap. VII Le quaternaire suprieur ou poque du renne, phase solutrenne. Chap. VIII Le cjuaternaire suprieur ou poque du renne, poque magdalnienne. Chap. IX L'art l'poque du renne, parure, sculpture gravure. Chap. X L'art l'poque du renne, gravures et peintures paritales. Chap. XI Les races humainesCuAi'.II:

tiaire.

III

:

:

:

:

:

:

:

et

:

:

(|ualernaires. Spultures et rites funraires. Deu.vime partie Age de la pierre polie ou priode nolithique. (^HAP. I Gnralits. La fin du palolithique ou piiase azilienne. L'aurore du nolithique et les industries arisienne et campignienne. (>HAP. II Les villages et ateliers nolithiques. Chap. III Les monuments mgalithirpies. Dolmens et alles couvertes. Chap. l\ Les monuments mgalithiques suite Menhirs. Alignements. Cromlechs.:

:

:

:

:

.

Chap.

Spultures nolithiques drives du type dolmnique et spultures simples. Chap. VI L'industrie nolithique. Armes et outils. Chap. VII Objets en pierre polie, en os, etc. Chap. VIII La cramique nolithique. Chap. IX Ornements corporels, tissus, objets divers. Chap. X L'art et le commerce. Appendices. Index gnral.:

V

:

:

;

:

:

MAM

El.

VAHCIIKOLOGIK PHMISTOHigrK

CELTIQUE ET (iALLO-noMAlXhDECHELETTEMiist'-e clo

Joseph

Consoi-\ aleur du

Hnanm

II.

-

ARCHEOLOGIE CELTIQUE OU PROTOHISTORIQUEl>

RE

M

1

RE

PAR T

I

E

I.'Aqe1

du

hronzi'.

volumeI:

Les premiers habitants de la Gaule connus des historiens. Ch.xp.II: L'ge du bronze en Grce et en Orient. Provinces europennes de l'ge du bronze. Origines de la Chap. III Cii.\p. IV Villages et mtallurgie. Subdivisions chronologiques. Gh.\p. V Spultures de lge du bronze. i)ourgades de l'Age du bronze. Dpots et fonderies. Procds mtallurgiques et matriel Cn.\p. VI Armes offensives et dfensives. Ch.\p. VIII Cii.\p. VII de fondeur. Cuap. IX Vtements et objets de Outils, instruments et ustensiles. Chap. XI La Chap. X L'or, l'argent, le plomb et le verre. parure. Chap, XIII cramique. Chap. XII Le commerce l'ge du bronze. Chap. XIV L'art l'ge du bronze. La religion l'ge du bronze.Chai-.

l>igures et Ibres.:

:

:

:

:

:

:

:

:

:

:

:

APPEN'niCES

UL"

TO.ME

II

Liste bibliographique des dpts de l'ge du bronze en F'rance. III. InvenInventaire des moules de l'ge du bronze en France. taire des pes et poignards de fer de l'poque de Hallslatt, dcouvertsI.

II.

en France.t..

Vu

vol.

in-8, 191

pages, tableaux.

Broch

:

'i

fr.; roi.

7 fr.

IV. Inventaire des |)es de bronze Appendices isujjplment). V. Liste bibliogral'pocjue de Ilallstatt, dcouvertes en France. phie] ue des ncropoles et spultures isoles de l'poque de la Tne, VI. Inventaire par lombes des objets recueildcouvertes en France. non tunuilaires. de l'poque de la Tne Inde.x lis dans les spultures fr. (160 p.). Broch(le

"

Reli toile

~

fr.

MANUELD'ARGH0LOC;iE

PRHISTORIQUE CELTIOT E ET GALLO-ROMAINE

Joseph

DECHELETTEdu Muse de Roanne

(]on!?ei"valcui-

II.

ARCHOLOGIE CELTIQUE OU PROTOHISTORIQUEDPreiiiier fige

EUXI

yi E

PARTIE

du fer ou poque de Hallstatl.

1

volume

Le premier ge du fer en Grce et en Italie, l/origine de l'indusdu fer. II. Le.s origines et les migrations des Celtes. La fondaIII. Subdivisions gographiques et chronologiques tion de Marseille. IV et V. Les spultures hallstattiennes de la de l'poque de Hallstalt. VI. Les habiFrance orientale, occidentale et de la pninsule ibrique. VIL Armes offensives et dfensives. tats hallstattiens. VIII. Vases IX. La cramique. X, Vtements en bronze, ustensiles et outils. XI L'art au premier gedu fer. Importance des etobjets de parure. figurations d'amulettes dans l'ornementation hallstattienne.I.

trie

.

f'araitnt en inai

l!)l.'i.

I

RO SII

.M

E

l>

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r

I

El'ne.

Second

A(/e

du fer nu poque de La

volume

Gnralits. Subdivisions gogiaphi((ues et chronologiques. III. Les spultures de l'poque de Oppida, villages et habitations. IV. Les spultures de Lpoque de la Tne l'tranhi Tne en France. V. Armes offensives et dfensives. Chars de guerre. Objets ger. VI Vtements. Objet de parure et de harnachement et d'quipement. de toilette. VII et VIII. Outils, ustensiles et instruments. IX. La cramique. X. L'art, le commerce et l'industrie. Index gnral du1.

IJ.

tome

11.

MAM

KLRenaissance

D'ARCHOLOGIE FRANAISEdepuis les temps Mrovingiens jusqu la

Camille

ENLART.

RihliitfirHfihie critique

de

lu

siiiillogruphie franaise.

VII

place par M. Dout d'Arcq en du premier volume de son Inventaire de la collection de sceaux des Archives de V empireintroduction,tte

L

(1863), est une excellente tude, mais outre qu'elleest

peu

maniable, puisqu'elle

fait

partie

d'unea le

publication en trois volumes in-quarto,

elle

double

dfaut de dater de quarante-neuf ans et

d'avoir t compose, Taide seulement des douzemille moulages deles

sceaux que possdaient alors

Archives nationales.1

De

ouvrage de M. Lecoy de

la

Marche,

intitul

Les Sceaux (1889). il vaut mieux ne rien dire sinon que c'est un agrable morceau de littrature. Il y avait donc une place prendre dans cetordre d'ides et un petit livre clairfaire.

et

pratique

Ai-je russi donner une ide juste de la

science des sceaux, de son importance au point de

vue de

ceux qui voudront bien me lire en seront juges. Ce petit nombre de pages, on me permettra de le dire, est le rsultat d'un travaill'histoire et

de

l'art,

trs assiduj'ai

de plus de deux ans pour les crire d voir en nature ou en moulage, en dessin;

ou en gravure prs de cent mille sceaux franaiset consulter

environ quatre cents volumes ou disser-

tations.

CHAPITREHISTOIRE

I

DU SCEAU

"

Le sceau, en grec

copiyiq,

en latin anulus, au moyen

ge siffnum, sigillum ou bulla, est un objet gnralelement lenticulaire, de mtal ou de cire quelquefoisrecouvert de papier, appliqu ou suspendu un critpublic ou priv, et qui tmoigne de l'approbation ou

tout au moins de la participation de celui dontl'image, l'emblme ou le

il

porte

nom.d'uncachet sur les

L'usage d'apposer l'empreintelettres missives

sur les

dont on voulait assurer l'inviolabilit ou actes dont on prtendait certifier l'authenticit,

remonte l'antiquit la plus recule. L'Ecriture sainte nous montre la reine Jzabel se servant de l'anneau d'Achab, son poux, pour sceller ses ordres; on a dcouvert en

Assyrie des matrices de sceau d'argile et de;

pierre fine

deux admirables cachets en or massif du

1. DoM Tassi.n et DOM TousTAiN. Noiivcau trait de diplomatique patdeux religieux bndictins. Paris, 1750-1765, in-4. T. IV, p. 543. Labordk (C" de Prface de l'Inventaire de la collection de sceaux des Archives de l'Empire par Douct dArcq. T. I, 1863, p. 1 48. Lecoy iJE La Marche. Les sceaux. Paris, 1.SS9, iii-S" (Bibliothque de l'Ensei1

.

{,'nement des Beau.\-Arts).1

2

MANUEL DE SKIILLOGRAPHIE FRANAISE

Muse du Louvre reprsentent lun des Ptolmes enbuste,

vtu sur l'un k Tgyptienne, sur l'autre

la

g^recque; enfin les historiens ont fait connatre les sujets

gravs sur les

anneaux dont

faisaient

usage quelqueset

personnages historiques, Sylla, Csar, Augustesieurs de leurs successeurs'.

plu-

Sutone dcrit minutieusementusit de son temps.

le

mode de scellement

Les tablettes que l'on voulait sceller

[obsignare) taient perces de plusieurs trous dans les-

quels on faisait passer jusqu' trois fois un cordon surlequel le cachet tait imprim,ce

qui rendait

toute

indiscrtion peu prs impossible-.

L'importance attribue l'empreinte de l'anneautelle

tait

cachet, afin qu'on ne pt s'en

que Ptrone, en mourant, ordonna de briser son servir pour donner un semblant d'authenticit des correspondances supposes

entre lui et des citoyens que l'on voudrait faire

condamtait

ner

comme

criminels de lse-majest -^

Sous l'empire romain l'authenticit des actesl

donc

garantie par la double formalit de la signature et de

apposition de l'anneau de ceux qui les souscrivaient.

C'est seulement au V^ sicle de notre re qu'une distinction

commence

se produire entre le

scellement des

actes publics et celui des correspondances prives. Tandis

que pour ces dernires on continua se servir de Vanulus, qui sous le nom de signet a persist pendant tout le

moyen ge

et qui persiste

encore sous celui de cachet,

1.

SiTOE. Les douze

2.

3.

Csars, Octave-Auguste, Sutone. Les douze Csars, Nron. wu. Tacite. Annales, L. XVI, 19.

l.

HISTOIKE DU SCEAU

J

l'usage s'tablit pour les actes publics d'un scellement

avec des bulles de plomb suspendues. Ds lors l'anneaune fut plus que la proprit d'un simple particulier seservant de son empreinte pour clore sa correspondance et

en assurer

l'inviolabilit,officielle

tandis que la bulle fut

une

manifestation

d'une puissance publique ou pri-

ve certifiant l'exactitude des nonciations d'un acte.

Cet usage de

la bulle se rpandit trs^;

rapidement dans

toute l'tendue de l'empire byzantin

tant que dura cet

empire, les princes, les fonctionnaires publics, les glises,les

monastres,

scellrent

les

actes

mans de leur double face.

chancellerie avec des bulles del'Orient ce

plombIII.

De

mode de scellement passa en

Italie; ds 560,

on connat une bulle du pape Jean

Ature.

l'poque mrovingienne, les rois des Francs adop-

tent l'usage

d'un sceau destin remplacer la signa-

Les

rois

mrovingiens et carolingiens scellent leurs

actes, les rois de Lorraine et de

Bourgogne

les imitent,

mais aucun grand seigneur ou dignitaire ecclsiastique

ne se permet d'usurperattribut incontestla

le droit

au sceau qui reste unla

du pouvoir

royal. Jusqu'au dbut de

monarchie captienne, malgrfiefs,

prodigieuse disper-

sion de l'autorit publique entre les

seurs de bnfices ou de

d'euxsi

ait tent

d'usurper

le

mains des posseson ne voit pas qu'aucun droit au sceau, ou du moins

cette usurpation a eu lieu quelquefois, ce fait a t

exceptionnel et n'a laiss aucune trace.ScHi.iMBERGER. Sigillographie de V empire byzantin. Paris, J884 nombreuses bulles publies par M. Monceaux au cours de ces dix dernires annes dans le Bulletin de la1.

1100 sceaux. Voir aussi les

Socit des Anti([uiiires de France.

4C'est

MAM

i:i.

DK SIGILLOGRAPHIE FRANAISKx''

au milieu du

sicle

seulement que nous

constatons l'emploi du sceau par un nombre trs restreint

de princes ecclsiastiquesprincessculiersest

;

entrent

au milieu du xi^ quelques dans la mme voie. Leur

type diffrent de celui du peu frquent qu'on n'en connat pas plus de cinq ou six exemples, tous restreints aux provinces du nord de la France. Il faut descendre jusqu'au xii'' sicle pour voir lemploi du sceau se gnraliser; il remplace alors la signature quand, l'ignorance progressant, on ne trouve plus de

sceau

toujours

d'un

roi et l'usage

en est

si

parties ni de tmoins sachant signer.

non scelle est rpute une enqute pour que son authenticit soit reconnue. Ds lors tous, seigneurs, vques, abbs, chapitres, prieurs, dames, seigneursxiii*'

Au

sicle,il

toute

pice

suspecte et

faut procder

infrieurs et

fils

de seigneurs, sont en pleine possession

duon

droit de sceller.

On

veille la

garde

et la

conser-

vation des matrices de sceaules brise,

comme

d'objets prcieux,,

on

les cancelle la

mort de leurs possesen scellant des

seurs pour qu'on n'en puisse abuseractes faux.

qu'il faille tre

Cependant, jusqu'au milieu du xiii^ sicle, il semble un personnage notable ou une collecti-

vit importante,

pour avoirdes

le

droit

de sceller; desflorissantes,

seigneurs

puissants,

municipalits

avouent encore alors ne possder aucun sceau,pruntent au besoin celui

dun

voisin.

et emEn 1204, Guillaume,

comte de Forcalquier, autorise les consuls d'Embrun, cependant archipiscopale, qui n'ont point de sceau, se servir du sien. En 1247, les citoyens de Prigueux,ville

HISTOIRE DU SCEAUville piscopale, n'ont

pas encore de sceau et empruntent

celui de leur vque.

Mais partir de 12o0,il n'y a plussubalternes, les bourgeois

dexclusion

;

les

mag-istrats

mme,pour

s'arrogent le droit au sceau.sicle, l'usage

du sceau est gnral aussi bien que pour les bourgeois, les ouvriers et les paysans. Le sceau remplace alors les nombreux tmoins qu'on avait l'habitude de convoquer dans les sicles prcdents pour certifier par leur prsence Texacles princes

Au XIV''

titude des clauses de l'acte souscrit.

Au

XV

sicle,

cette

licence paratet, les

diminuer;

les

sceaux sont moins nombreux

progrs de l'instruc-

tion aidant, parfois la signature des parties ou,

sonles

dfaut, le seing d'un notaire les remplace.Ils

sont moins

actes notaris, rdigs alors en

nombreux encore au xvi^ nombre infini

sicle;et

pour

les

objets les plus insignifiants, rendent le scellement des

contrats

et

des transactions inutile, l'intervention d'un

notaire prsentant une garantie suffisante.

x\ux

xv'ii^

et

XVIII*'

sicles, les

sceaux se font trs rares.reli-

Les

rois, les princes, les

vques, les collectivits

gieuses,

les

tribunaux suprieurs, un petit nombre de

magistrats et d'administrateurs, font seuls usage d'un

sceau vritable. Tous les autres ne se servent plus que

de petits cachets de cire d'Espagnequit.

et,

sans qu on s'en

doute, on en revient ce qui se pratiquait dans l'anti-

En rsum,

le

sceau a suivi dans son expansion unela diffusion

marche inverse de celle de

de l'instruction etles sicles

de la multiplication des notaires.

Dans

o

l'ignorance est gnrale et o le notariat

commence

b

MAMELremplacent

DK SIGILLOclRAPHIE FRANAISE

peine se constituer, les sceaux sontqu'ilsla sig^nature. Ilset

vement en nombrel'instructionl'ait

en

nombreux parce diminuent progressiimportance mesure quela

des progrs et que les notaires tablis

dans

les

moindres

bourgades sont

disposition

de tous

les citovens lettrs

ou

illettrs.

CHAPITREUTILIT

II

DE L'TUDE DES SCEAUX

i

La

sigillographie est

une des sciencesl'art,

auxiliaires de

rhistoire les plus prcieuses pour l'tude des institutionsfodales, des

murs, dege.

du costume

et

des gnalo-

gies au

moyen

ticit

Et tout d'abord le sceau tant une preuve de l'authendes actes auxquels il adhre, il est indispensablecaractres propres les

de pouvoir distinguer par leurs

sceaux faux des sceaux authentiques.set

Un

sceau faux,

appos un acte, constitue dj une prsomption de faus

pour

l'acte

sceaux unesicles,

mode

lui-mme or comme il a exist pour les qui a constamment vari au cours des;

comme

leur

ornementation, leur forme,

leur

dimension, leur

mode

d'apposition ont diffr sensibleil

ment suivantdtail

les

poques,qui

est ncessaire d'tudier enle

ces

A^ariations,si

sont

meilleur et

mme

l'unique

moyen,ou

le

faux est ancien, de

reconnatre

l'authenticit1.

la fausset

du sceau lui-mme.la

Maihy

(Alfhbd). Une nouvelle science auxiliaire de l'histoire;

sigillographie

ou

science des

octobre 1S71).

Di;m.\.v. I.e

sceaux {Revue des Deux-Mondes, 15 costume au moi/en ge d'aprs les sceaux.

Paris, 1880, in-8.

8

MA.NLEL DE SKilLLOGRAPHIK FRANAISE

Au

point de vue pigraphique et palographique, les

sceaux sont des documents de premier ordre. Les caractres des lgendes varient de sicle en sicle suivant leur

volution naturellecontraintle

;

le

champ

restreint

du monumentsouvent les l-

graveur avoir recours de nombreuses etabrviations.

intressantes

En

outre,

gendes

sigillaires

expliquent et compltent les noncia-

l'acte en renfermant des titres, des surnoms ou des mentions de fiefs qui ne sont pas relats dans le texte, ou qui n y sont relats qu incompltement. La charte et le sceau se compltent lun l'autre. Le sceau est incontestablement la source la plus riche laquelle on puisse puiser pour l'histoire du costume. Des personnages de toute condition y sont figurs depuis

tions de

le roi,

le prlat,

le

chevalier jusqu'au simple ouvrier,

avec leurs vtements ordinaires ou d'apparat, leurs armeset leur coitTure. On suit sur les sceaux les variations du costume anne par anne, non seulement dans une unique province, mais dans toutes les'provinces la fois,

avec

les

modes

et les

usages qui, suivant

les lieux, les

caractrisent.

La topographie urbaine, militaire et ecclsiastique, le monuments, sont reprsents sur les sceaux par de nombreux chantillons. Des chteaux forts, desmobilier, lesvilles entires

y sont reproduits, ces dernires fort reconcathdrales, leurstroit

naissables leurs ponts, leursdifices

municipaux, tasss sans doute dans un

espace, mais cependant assez exactement reproduits pour

pouvoir tre identifis

'.

Les navires avec leurs chteaux

!

.

Planches

XVI

et

XVII

et

fis. 17.

UTILIT DE l'tude DES SCEAUX

9

de poupe, leurs mts et leurs agrs sont maintes reprsents sur les sceaux. A ct des reprises

monuments,triels,

les

meubles

usuels,

chaises,

fauteuils,

pupitres, dressoirs, les instruments agricoles

ou indus-

scrupuleusement figurs, nous permettent de conde complter les reprsentationsest la seule source authentique

trler et

du mmela

genre qui se voient dans les miniatures des manuscrits.

Le sceau

pour

con-

naissance des armoiries, connaissance indispensable pouridentifier et dater des difices, des tableaux, desscrits,

manu-

des objets dart de toute nature orns d'cussons

armoris.

L'iconographie sacre trouve dans les types des sceaux

de prcieux renseignements. Desfigurent avec leurs symboles,les

saints

nombreux yde leur

instruments

ou dans les circonstances les plus notables Les scnes de l'histoire sacre y sont traduites par le burin avec les plus minutieux dtails, qui permettent une utile comparaison avec les peintures,martyre,

de leur

vie.

les

sculptures et les autres

reprsentations

figures.

L'iconographie

des

personnages

historiques

peut,

quoique dans une mesure plus restreinte, bnficier del'tude des sceaux. Certains portraits de princes sont

vivants

et

par consquent

doivent

tre

exacts.

Les

grands sceauxPierre,

de Jean, duc de Berry, de ses cousins

duc de Bourbonnais, Jean, duc de Bretagne, Louis, duc d'Alenon; les contre-sceaux d Humbert I, dauphin, et de son fils Jean II, donnent de ces princesdes portraits, n'en pas douter fort ressemblants. Levisage de Charles

V

sur son signet de 1371 offre une

10

MANUEL DE SKIILLOOHAPHIE FRANAISE

analogie frappante avec son portrait tel que les miniatures nous l'ont transmis'.

Maisles

la

question

d art domine toutes

les

autres.

Le sceau nous permet de suivre pourprogrs dele

ainsi dire pas paset

la

gravure sur mtalxviii'' sicle,

sur pierre fine

depuis

viT jusqu'au

et les variations

de

l'ornementation qui, rudimentaire au dbut,lgante auxv!*"

sobre et

xiii^ sicle,

devient toulue au xv^, subit au

du got italien et se retrouve charmante et lgre au xviii'^. Le sceau, monument k date certaine, est un des lments les plus prcieux qui existent pour tudier cet art dont la monnaie fournit des spcimensl'influenceinsuffisants,

son champ tant trop troit

et

ses types

rgls l'avance par la tradition.libre

Le graveur de sceaux,

de choisir ses types suivant sa fantaisie, de disposer

son ornementation sa guise, oprant sur unplus large, pouvait donner carrire sonce qui tait interdit au graveur de monnaies.l.

champ

imagination,

Planches XII et

XXX,

n"

i.

n"

61, -121, 452, 549, 895.

Roman.

Dovt n'AncQ. Collection de sceaux,Description des sceaux des familles

seigneuriales de Dnuphin, n"' 826 et 842.

CHAPITRETUDEET

III

CONSERVATION

DES

SCEAUX

*

Au moyencommedre

ge on prenait les prcautions les plus

minutieuses pour assurer la conservation des sceaux, car,je Tai dit plus haut, toute charte de laquelle ils

avaient disparu tait, jusqu' preuve du contraire, consi-

comme

suspecte.

Les sceaux les plus anciens, qu'ils soient rivs l'acte ou suspendus, sont entours d'un rebord extrmementpais et saillant qui protge le t^-pe contre les chocs etles frottements.

Jusqu'au

xiv*^ sicle,

on donna

la plufait

part des sceaux unifaces une forme ovode qui les

ressembler alin fut

la

moiti d'un

uf coup dans

sa longueur,

que leur masse homogne rsistt mieux. La cire durcie par l'addition d'une substance crayeuse oucendresfinesle

de

qu'on triturait avec

elle.

On

alla

jusqu' enduire

sceau d'un vernis noirtre pour sous-

traire l'empreinte l'influence

de l'humidit et de la

chaleur1.

'.

de

l

Laudrue De), Introduction Empire par Douct d'Arcq, t.

l'Inventaire desI,

sceaux des Archives

p.

l

48.

2.

Un

frrand sceau de Philippe-Auj^uste, en cire verte, est recouvertle fait

d'un vernis qui

paratre noir (Archives nationales,Sentis, 1N91).

K

27, n 36).

Un

autre sce.iu d'un abb de Saint-Denis a reu, vers 1155, un traite-

ment semblalile {Comit archologique de

12

-MANUEL DE SIGILLOGRAPHIE FRANAISE

de

les revtit mme de chemises feutres, de bourses parchemin bourres d'toupes, de sachets d'toffes prcieuses. Quand, par accident, le sceau venait tre bris, on en rassemblait les fragments dans un sachet

On

o quelquefois on les retrouve encore. Les chartriers des abbayes de Froidmont, du Jard et de Vaucelles, sont remarquables par la richesse des toffes orientales dont on a revtu les sceaux qui s y trouvent. Au xv^ sicle, on remplaa ces sachets par des botes en bois t au XVI*' par des botes en fer-blanc. Les sceaux plaqus furent l'objet de prcautions d'unautre genre.

Aux

xiv*'

et xv'^ sicles, les signets appliqus

sur les actes sont souvent entours d'une couronne faite

de brins de roseau ou de

filets

de parchemin artistementles recouvritla;

tresss et incrusts dans la cire pour viter l'crasement

du

type.

A

partir de

1450 environ, on

de

papier qu'on interposa entre la cire et

matrice de

sceau, et qui reut directement l'empreinte

on espraitsujettek se

que

le

papier, matire

homogne,

etil

non

briser, protgerait la cire sur laquelle

tait pos.;

Aucunles

de ces palliatifs n'a t absolument efficacele

sceaux qui ont

mieux

rsist, ce sont

les plus

anciens, pais, globuleux, rendus extrmement durs par

ou de cendres ptries avec la cire, et rivs l'acte ou suspendus par de fortes ficelles. Les autres, surtout ceux en cire mince ou plaque, ont en grande partie disparu et disparaissent tous les jours.craie lorsqu'ils ont fait des copies

une addition de

du moyen ge ont eu soin, ou des vidiinus de chartes, de dcrire les sceaux qui y taient apposs ces descript ions, gnralement exactes, nous sont d'un trs grand

Heureusement

les scribes

;

TUDE ET CONSERVATION DES SCEAUXsecours pour complter les types oules

13

lgendes des

sceaux dtriors.

point de

xvii^ sicle, on ne s'occupa des sceaux qu'au vue de leur importance comme tmoignage d'authenticit des chartes partir du xvii" sicle, on

Jusqu'au

;

commena

envisager aussi leur valeur historique, mais

ce fut beaucoup plus tard que l'on comprit que la sigil-

lographie est une science part, distincte de

la diplo-

matique, et que les sceaux,

mme

dtachs des actes,

ont une valeur qui leur est propre.

DomMabillon,

Dom Toustainet Dom Tassin, dans leurs',

clbres traits de diplomatique

traitent assez

longue-

ment des sceaux, maisl'ombrele

ils les

envisagent surtout au point

de vue de leur authenticit, laissant volontairement dansct historique et artistique. Ils donnent les

moyens

les

plus srs pour reconnatre les falsificationsfait subir,

qu'on peut leur avoir

ou

la transposition frauils

duleuse d'un sceau authentique un acte faux, mais

ne vont pas au delle

;

tout

un

ct de la question, et

non

moins intressant, leur chappe.

Auxet les

xvii''

et xviii''

sicles les historiens provinciaux

gnalogistes,

Andr Duchesne,

Dom

Lobineau,

Valbonnais,

Baluze, Montfaucon,

Dom

Vaissette,

Dom

ce

Mabillox (Dom). De Re Manuel est celle de Paris, UT TousTAiN (Dom). Nouveau1.

diploinatica. L'dition cite au cours de1709-1714, in-fol., 2 vol.Irait de

Tassi> ^Dom) diplomatique. Paris, 1750-1765,

6 vol. in-i".

14

MANUEL DE SIGILLOGRAPHIE FRANAISE

Plancher, Dom Morice. Dom Calmet, etc. ', utilisent les sceaux dans une mesure trs restreinte et en font graver, en gnral fort inexactement, quelques planches. En

rsum, on passe alors ct d une mine prcieuse sans songer l'exploiter mthodiquement, et sans mme

souponnerGaignresdes sceaux

les richesses qu'elle(-J-

renferme.

1715) le premier, comprit l'importanceauxiliaires indispensables des tudes

comme

historiques. Alors que bien

saient

ces

frai^riles

peu de personnes s'intresmonuments, il avait runi trente

mille pices scelles rparties aujourd'hui dans le fonds

Clairambault, dans celui des Pices originales du Cabinet des Titres et dans quelques autres fonds de la Biblio-

thque nationale. Bien plus,original,

il

fit

dessiner avec soin plus

de quatre mille sceaux qu'il ne pouvait se procurer en

sceaux gnralement fort anciens, et pour la

plupart aujourd'hui disparus. Ces recueils de Gaignres,

quoique misrablement dpecs maintenant, sont extr-

mement1.

prcieux

-.

DicHESxE (AxDR). Ilistoire de la maison de ChAlillon-sur-Marne. Histoire de la maison de Montmorency et Laval. Pans, 1621, in-fol. Histoire gnalogique de la maison de Vergy. Paris, 1624, in-fol. Histoire de Bretagne. Paris, Louineau (Dom Paris, 1625, in-fol. Morice (Dom). Mmoires pour servir l'histoire 1707, 2 vol. in-fol.

.

Balize. Histoire gnade Bretagne. Paris. 1742-1746. 3 vol. in-fol. Vallogique de la maison dWuvergne. Paris, 1708. 2 vol. in-fol. noN.N.vis. Histoire de Dauphin et des princes qui ont port le nom de Moxtfaucox. Les Monuments Dauphins. Genve. 1722,2 vol. in-fol. Vaissette de la Monarchie franaise. Paris, 1729-1733, 5 vol. in-foL

'Dom). Histoire gnrale de Languedoc. Paris, 1730-1745. 5 vol. in-fol. Plancher (Dom). Histoire gnrale et particulire de Bourgogne.

Dijon, 1739-1781, 4 vol. in-fol.et civile

Calmet (Dom). Histoire

ecclsiastique

de Lorraine. Nancy, 1745-1757,7 vol. in-fol. Gaignres la 2. Roman-. Les dessins de sceaux de la collection Bibliothque nationale {Mmoire des Antiquaires de France. 1909, p. 42 l58j. Inventaire de 3.340 dessins de sceaux.

.

TUDE ET CONSERVATION DES SCEAUX

lo

Aduire

la fin

du

xyiii*^ sicle,

quelques essais, sans faraude

valeur, de descriptions d'ensemble commencrent se pro.

Puis clatrent les troubles rvolutionnaires pen-

dant lesquels on ne prit, naturellement, aucune prcaution pour protg-er les sceaux contre la destruction et beaucoup se perdirent. De 1800 1830, ce qui n'avait t que de l'incurie se transforma en systme les archivistes inexpriments de cette poque n'attachaient gnralement aucune importance aux sceaux, ils les coupaient et les faisaient fondre, sous prtexte qu'ils empchaient les chartes de se tasser uniformment dans les cartons. C'est par milliers qu'ils disparurent pendant ce tiers de;

sicle.

En

Angleterre, on attribuait alors plus d'importance

aux sceaux qu'en France. En 1835, Doubleday, antiquaire anglais, obtint l'autorisation de procder au moulage de dix-neuf cents sceaux du Trsor des Chartes ce fut une;

rvlationla

et,

en 1843, on songea en France entrer dans

mme

voie.

Lallemand qui avait

t le collaborateur

de Doubleday, commena cette poque, par ordre du

Garde gnral des archives royales,les

le

moulage de touslui

sceaux de ce dpt.

Quand Demay

succda en

1852, plus de huit mille sceaux taient mouls; en 1856,le chiffre

des moulag-es s'levait quinze mille cinq cent

quarante-sept

Le public rndit commenait alors k s'intresser l'tude de la sigillographie une Socit de sphragistique;

s'tait

fonde en 1850:

et,

de

1851

1855,

elle

publia

1.

Par exemple

gothiques, par

li m'"

Recueil de sceaux du moyen Age dits sceaux keMigiei' (Paris, 17'9, in-4'', 30 planches), ouvrage

du reste mdiocre.

46

MAMEL

DE SIGILLOGRAPHIE FRANAISE

quatre volumes de travaux de valeur fort ingale, mais

renfermant

M. Blancard,le

beaucoup de recherches utiles. En 1860, archiviste des Bouches-du-Rhne, publia

l'inventaire

premier travail d'ensemble sur les sceaux, savoir de tous ceux qui existaient dans le dptil

dont

avait la direction

'.

Presque en

mme temps Dout

d'Arcq,

le

vritable

crateur de la science sigillographique en France, entre-

prend son monumental ouvrage sur les sceaux des Archives impriales dont le premier volunie parat en1863et le et

dernier en 1869fait

*.

Aprs sa mort, Demay

lui

succde

paratre successivement les Inventaires

des sceaux de Flandre (1873), de Picardie (1875), d'Artois (1877),

tion

Clairambault

de Normandie (1881) et enfin de la collec(1885) '^. M. de Bosredon, ancien

conseiller d'Etat, utilise, la

mme

poque, les loisirs

que

lui

a crs la politique, en publiant les sceaux de(1872),et

lAngoumois(1886-1892)1.

du Prigord (1880), du Limousin4.

de l'Auvergne (1895)et

Blancard. Iconographie des sceaux

huiles des Archives dpar2 vol. in-fol.

tementales des Bouches-du-Hhone. Marseille, 1860.2.

Dout d'Arcq.

Collection de sceaux

des Archives de l'Empire.1873, 2 vol. in-fol.1877), Paris,in-4.

Paris, 1.S63-1868, 3 vol. in-4.3.

Dem.w. Inventaire des sceaux de Flandre. Paris,

Inventaire des sceauxiii-4".

de Picardie (1875la

,

et

d'Artois

Inventaire des sceaux de Normandie. Paris, 1881,

Inventaire des sceaux de2 vol. in-4'>.4.

collection Clairambault. Paris. 1885-1886,

Bosredon (De;. Sigillographie de lAngoumois. Prigueux, 1872, Sigillographie du Prigord. Prifrueu.x, 1880, in-4''. Supplment, 1S82. Deuxime dition, Brive, 1891, 111-4. Sigillographie du Bas-Limousin. Brive, 1886, in-4" (avec E. Rupin,. Supplment, 1896. Aotes pour servir la sigillographie de la HauteVienne. Limoges, 1892, in-S". Sigillographie de l'ancienne Auvergne.in-i" (avec J. Mallatj.

Brive. 1S95. in-4".

^

TUDE ET CONSERVATION DES SCEAUX

17

Toute une pliade de savants, Charles Robert, d'Arboisde Jubainville, Hermand,Albns, Dag-uin,etc., ont,

Deschamps de Pas, Hucher,depuis cinquante ans, consa-

Jules Gauthier, Bertrand de Broussillon, de Farcy, abb

aux sceaux de Lorraine, de Franche-Comt, d'Artois, de Provence, de Champagne, du Maine. J'ose peine, la suite de ces noms, inscrire le mien et rappeler mes travaux sur la sigillographie de Dauphin et des Pices originales du Cabinet des Titrescr des ouvrages remarquables

de

la

Bibliothque nationale ^il

Maintenantville,

n'est plus permis d'crire l'histoire d'une

d'une province,

d'une1

race chevaleresque, sans;

consacrer un chapitre

tude des sceaux

c'est

de leur

examen que Demay a tir tous les lments de son excellente Histoire du costume au moyen ge le muse;

des moulages aux Archives nationales s'enrichit tous lesjours;

la

mort de Dout d'Arcq,

il

comprenait vingtaujourd'hui et

mille numros, ce

nombre

est quadrupl

on peut

s

y procurer des empreintes excellentes.Armoria.1el

1.

seille. Marseille,les

sUfillographie des vques de Marhe Jubainville (D). Essai sur sceauxdes comtes et comtesses de Champagne. Paris, 1836, in-4.18Si, in-4".

ALBANs(ABt).

Annois

Broussillon et de Farcy. Sigillographie des seigneurs de Laval. Paris, 1888, in-8. La maison de Craon. Paris, 1893, 2 vol in-8. Daguin. Les ueques de Lan^res. Nojent, 1S80-1883, in-4"'. Deschamps de Pas. Sceaux des comtes d'Artois. Paris, 1837, in-4. Hermam> et Deschamps de Pas. Histoire sigillaire de la ville de Sainti>e

Hertrano

Omer.

Paris, 1860, Paris,

in-4.

La Plagne-Barris. Sceaux gascons duin-S,3 vol.

moyen ge.

1888-1892,

Toul. Paris, 1868, in-4.

Dauphin. Paris, 1906.

Roman. Sceaux des familles seigneuriales de in-8". Inventaire des sceaux des Pices origi{11-4.

Robert. Sigillographie de

nales du Cabinet des Titres. Paris, 1910,

18

MANUEL DE SIGILLOGRAPHIE FRANALSE

Les sceaux-matrices ont particip la mme volution. quand ils avaient appartenu k des personnages illustres, on n'v attachait quune importanceAutrefois, sauf

secondaireparfois d

:

on

faisait

un

tout autre cas des

monnaies

et

des mdailles. Maintenant ces petits bijoux uniques et

un

travail exquis, sont apprcis leur valeur

vritable et on les recherche avidement.

le

Le Cabinet des mdailles de la Bibliothque nationale, Muse des Archives nationales, ceux de Nmes, deetc.,

Troyes, de Grenoble, d'Arras, d'Avignon,sdent de superbes sries etil

en pos-

n'est pas

de muse de

province qui n'en puisse montrer un certain nombre.

Depuis un demi-sicle les collectionneurs s'y sont le comte de l'Espine, vivement intresss; M. MM. Cartier, de Tours; Hucher, du Mans Preux, de Douai Lormier, de Rouen Bouchage et M"'^ Febvre, de Mcon ', en avaient runi un grand nombre choisis avec: : ;

got et

discernement.

La

collection

Charvet

les

a

presque tous absorbs.

Charvet publia, en 1872. sousCollection Doncfc,

le

titre fallacieux

de

six cent trente-huit sceaux-matrices^.

qui lui appartenaient

En

ralit

il

en possdait plus

1.

Catalogue de

la

collection de sceaux-matrices de M. E. Hacher.in-s.

Paris et Cacn, 1863,

L'Espine, Paris, 1867, in-S".

Catalogue deSoultiiait(Paris, 183

la

collection

du c" deles

C'',

de

.

yotices sur

sceaux, de iV" Febvre de(Paris, 1853).

.iV.-icon

et

de feu M. Bouchage

2. Charvet. Description des M. E. Dong. Paris, 1872, in-S".

collections

de

sceaux-matrices de

TUDE ET CONSERVATION DES SCEAUX

19

ensemble merveilleux, qui n'a jamais le 7 mai 1883 K En 1897 (24 avril- 1*"" mai) passa en vente publique la collection d'objets d'art du baron Pichon, dans laquelle se trouvaient deux cent cinquante matrices de sceaux ou de sig-nets, la plupart admirables ~.et cet

du double

t dpass, fut

vendu aux enchres

Enfin ce fut en 1909 (5-7 avril)

le

tour de

la

collection

Schuermans quidansles

s'tait enrichie

de quelques belles pices

ventes prcdentes, et qui comprenait huit centsig-nets

ou cachets 3. Actuellement il n'est pas de muse, pas d'amateur d'objets d'art qui ne tienne honneur d'exposer dans ses vitrines quelque belle matrice de sceau, et la valeur dequarante matrices de sceaux,ces

monuments, ncessairement uniques,

ira toujours

en

progressant.

On nesans

peut plus s'occuper de l'histoire dutudier les

moyen

^e, on ne peut plus s'intresser l'art subtil de

cette poque,

monuments

sigillog'ra-

phiques qui en sont l'une des expressions les pluscates et les plus authentiques,1.

dli-

Collection Charvet. Mdailles, antiquits, sceaux-matrices. Ventele

aux enchres publiques,in-8", 92.

lundi

7

mai

et

jours suivants. Paris, 1883,

planches.

ge, de

le baron Pichon. Objets antiques, du moyenRenaissance. Paris, 1897, in-8'',16 planches. 3. Collection de feu M. Henri Schuermans. Sceaux-matrices. Paris [1909J, in-4'',16 planches.

Collections de feu M.la

.

CHAPITRE

IV

DE L'EMPLOI DU SCEAU

L'importance exceptionnelle du sceaude l'authenticit

comme

garantie

des actes publics et privs et aussi

comme

source d un revenu considrable pour les posses-

seurs de droits de justice et de tabellionage, avait contraint prendre des prcautions multiples contre l'abus

qu'en pouvaient

faire les

voleurs et les faussaires, contre

sa perte et sa falsification.

Depuis saint Ouen, chancelier duplus ancien de ces magistrats dontle

roi

Dagobert,connu,

le

nom soit

le

grand sceau du roi de France tait dpos entre les mains du chancelier dans une cassette close. Plusieursofficiers

infrieurs,

les

scelleurs

et

les chauffe-cire

taient chargs des dtails du scellement

Le grand sceau n'tait pas transport la suite du roi dans ses dplacements, moins que le chancelier ne l'accompagnt on y supplait par un sceau dit sceau;

secret, qui se distinguait de l'autre par

im typela

dilTrent,etla

une moindre dimension,lgende, qui tait:

la

couleur desccreti

cire

Siffillum

reois

in

absentia

magni. Ces sceaux en l'absence du grand font leur appa1.

Lasteyrie

(C"

de).

Bulletin des Antiquaires de France,

1883,

p. 93.

DE l'e3IPL0I du SCEAUrition

21

sous Philippe de Valois pour disparatre aprsII.

Henri'de

De mme, en

cas d'absence lointainelui n'usait

du

roi, le

conseil

rgence institu par

pas du grand sceauspcialement pourla

ordinaire, mais d'un autre grav

circonstance et diffrent du grand sceau par son type et sa lgende. Pendant la croisade de saint Louis, leconseil de rgence use d'un sceau sur lequel est figure

une couronne royale entoure de(1270).

la

lgende

:

S' Ludovici

dei gr. francor. rg. in partihus transmarinis agentis

Le conseil de rgence

institu par Philippe

le

Hardi dans des circonstances presque semblables se sert d'un sceau d'un type identique avec la lgende S" Plii. dei gr. franc, ad regimen regni dimiss (1285).:

Les personnages d'un rang infrieur ne ngligeaient aucune prcaution pour confirmer l'authenticit de leur sceau, pour obvier sa perte et pour en mettre la lgende d'accord avec les changements d'tat qu'ils pouvaient subir dansle

cours de leur vie.le

Trs frquemment

revers du sceau porte l'empreinte

quelques poils de sa barbe ou quelques-uns de ses cheveux mlangs la cire pour tmoigner de sa prsence effective, au moment o l'acte

du doigt du

sigillant,

,

de l'approbation qu'il lui donna. Les personnes qui avaient droit plusieurs sceaux cause de fiefs ou d'offices divers, possdaient des matrices de sceau varies qu'ils employaient suivant les circonstances, pour que la concordance du type et de laa t rdig, et

lgende avec

les

titres

qu'ils

prenaient

dans

l'acte

lui-mme ft une preuve d'authenticit. Un des exemples la fois les plus anciens et les plus curieux de

22

MANUEL DE SKilLLOGRAPHIE FRANAISEconstater dans les deuxfois

ces sceaux multiples peut se

sceaux de Robert de Courtenay. laet

vque d'Orlans

seigneur de Nonancourt et de Damville, appendus

un mme acte de 1273 relatif sa seigneurie de Nonancourt. Le premier, dont il use comme vque d'Orlans,esta type sacerdotal,le prlat

debout;

le

second,

comme

seigneur de Nonancourt, est type armoriai, et Robertde Courtenay a soin de spcifier ces diffrences et leur

cause dans le libell de

la

charte

'.

Lusage defin

ces sceaux

multiples a persist fort tard; la

Claude de Savoie-Tende

,

gouverneuret

et

du xvi^ sicle, grand snchalgrand-sn-

de Provence, use de trois sceaux, l'un personnel et les

deux autreschal2.

comme gouverneur

comme

et chaque face une qualit diffrente de leur possesseur. Le plus ancien exemple connu de cet usage est celui d'Eudes de Conteville, la fois vque de Bayeux et comte de Kent (1030-1097). Ce personnage usait d'un sceau double face, qui n'existe plus aujourd'hui mais dont la description nous a t conserve sur l'une il tient un bton pastoral en sa qualit d'vque, et sur l'autre une pe en sa qualit de comte ^. Les rois d'Angleterre, ducs de Normandie, sont reprsents sur une face de leur sceau, couronne en tte, et assis sur un trne comme

Trs souvent les sceaux ont deux faces,

se rfre

;

1. Stein. Le double sceau de Robert de Courtenay 'Bulletin des Antiquaires de France, 1909, p. 387). 2. Roman. Les sceaux de la famille de Savoie-Tende. Valence, 1906,

in-8.3. Farcy (De Sigillographie de .\ormandie. vques de Bayeux. Caen, 1875-18"6, in-4..

DE l'emploi du sceaurois,

23

et

sur l'autre arms de toutes pices, et galopant

comme ducs de Normandie et d'Aquitaine. Il en est mme pour les rois de Navarre, comtes d'Evreux,pourles

deet

comtes de Barcelone

et

de Toulouse. Par suite

du mme usage, lorsque Louis VII, roi de France, devient duc d'Aquitaine par son mariage avec Elonore de Guyenne, il adjoint au type de majest, dont il use commeroi, le

revers questre des grands feudataires.le

Lorsquetitre,s'il

possesseur du sceau changeait d'tat, ou de

devenait, par exemple, vque ou chevalier,

aprs avoir t abb ou cuyer, il devait faire graver une matrice nouvelle, sur laquelle son nouveau titretait inscrit, ets'il

tait contraint

de

faire

usage de sonle

ancien sceau ou de quelque autre, en attendant que

nouveaule

ft grav,

il

avait soin de faire mentionner dans

corps de l'acte cette circonstance particulire.

Nus

predictus episcopus, crit

Amde

de Roussillon, vque

de Valence,

dans une charte de 1282,et fregi

cum

sigillum

nostrum decridaritri

fecimus, sigillum secreti nos-

presentihus apponi fecimus ^

Si

une matrice de sceaule

tait

perdue ou vole, sonspcifiait qu'il

propritaire en faisait gnralement la dclaration en

prsence du magistrat

plus voisin

;

il

rvoquait et dsavouait par avance tous les

actes, qui

pourraient avoir t frauduleusement munis de ce sceau

dont

il

n'avait plus la responsabilit.la

En 1372, Guy

et

Guillaume de

Trmouille ayant gar leur sceau, s'em-

pressent de protester en prsence du bailli de Dijoncontre l'abus qu'on en pourrait faireI.:

Ont protest que

Pii.oT

DE TiioHF.v. Invenlaire des sceaux des urchices de l'Isrein-X, p. 97.

relatifs

au Dauphin. Grenoble, 1879,

2i

MANUEL DE SIGILLOGRAPHIE FRANAISE

chose qui serait ainsi faicte ne leur tourne aucun prjudice,

comme

ils

entendent d'ores en avant user deil

aultres seaulz

esquels

aura

certaines diffrences

ceulx qui sont perdus K S il advenait qu'une partie, en passant un acte, et nglig' de porter son sceau avec elle, ou mme si elle n enpossdait aucun et tait oblig d'emprunter celui d'untiers, elle avait soin

de mentionner

le

fait

ct de la

formule d'apposition de

son sceau. Quia sigillum non

habeo, dclare Henri de Vergy, snchal de Bourgogne,

en 1242, sigillo matris mee usus sum -. Les citoyens de Prigueux font insrer en 1247 dans une charte la

mention suivante

:

Xos etiam

milites et cives Petra-

goricenses, quia sigilla autentica

non habemus,et''.

sigillis

reverendi patris episcopi Petragoricensissentes litteras

Capituli pr-

procuravimus sigillari A la mort du possesseur d'un sceau, surtout s'il tait un personnage considrable, il tait de rgle que la matrice de son sceau ft ensevelie avec lui ou brise cet usage explique la raret des sceaux-matrices des rois, des hauts barons et des princes ecclsiastiques. Les matrices de sceau des reines Constance (llo4-1160) et Isabelle de Hainaut ^180-1190) fpl. XIII, n" 2) ont t retrouves dans leur tombeau. Quant celles des rois de France elles taient toujours brises, et c'tait le prieur de la Saussaye, prs Villejuif. qui avait le privilge;

1.

Pktit. Histoire des ducs de liourgogne del. I.

la

maison de Valois.1625,

Paris, 1909,2.

p. i5..

DtCHKSNE 'AxijR

Ifisloire de la

maison de Vergy. Paris,p. 32.

in-foL Preuves, p. 192. 3. Bi.snEFiON De). Sigillographie

du Prigord,

DE L EMPLOI DU SCEAUd'hriter des fragments des sceaux

-y

la mort des souverainsla prieure

attestant la

royaux mis en pices on possde plusieurs reus de remise de ces fragments d'argent;

bris.

On

connat un petit nombre de sceaux-matrices

coups la

l'aide de cisailles ou dtriors la lime aprs mort de ceux auxquels ils appartenaient. Je puis

signaler celui de Marguerite,(pi. II,

dame de

Villars-Thoire

n

1),

bris verticalement aprs avoir t ray et celui

coups de lime,

de Marguerite, abbesse d'Hierre,^.

bris transversalement

Dans unege,

socit aussi hirarchise

l'apposition,

que celle du moyen du sceau ne pouvait tre laisse audes

hasard

une rgle

prsances

s'imposait

,

dans

laquelle on devait tenirties et

compte du rangsicle,

social des par-

des tmoins. Ce problme, toutefois, ne se posafin

pas avant la

du

xii*'

c'est--dire

avant

le

du sceau se ft trs rpandu. Lorsque certains actes furent munis de plusieurs sceauxl'usage

moment o

(quelques-uns en portent plus de soixante),

la

question

des prsances s'imposa.

Dout d'Arcq cite comme exemples une charte de Blanche de Navarre, comtesse de Champagne (1212), et une ordonnance de saint Louis (1230) dans lesquellesLe premier, trouv dans les ruines du vieux chteau de Montral M. le C" Douglas. Le second a pass dans la vente Ciiarvet (n'^ 7 43) et appartient M. Caion Paris. (Yerre, arr. de Gor1.

(Ain), appartient

bcil,

Seinc-et-Oise

.

26

MAM

EL DE SIGILLOGRAPHIE FRANAISE

interviennent

comme

seigneurs

;

les

sceaux du

tmoins un assez grand nombre de roi et de la comtesse sont au

centre, tandisqu' droite et

gauche sont disposs ceux'.

des barons suivant l'importance de leur situation sociale

Mais cela

est exceptionnel; presque toujours l'ordre dela

prsance a lieu de gauche droite,

place la plus

honorable tant occupe par l'archevque ou l'vque,

mme

s'il

n'intervient que

comme

tmoin, puis par

le

souscripteur de l'acte, sa femme, son fds an, sescadets, les autres

fils

membres de

sa parent, et enfin les

Il y a trs peu d'exceptions cette rgle. Pour prvenir toute erreur dans l'apposition du sceau, pour tre certain que toutes les parties occuperaient bien

trangers.

la place qui leur tait due,

on inscrivait l'avance

le

nom

de chaque sigillant ct de l'emplacement que son

sceau devait occuper ou sur cet emplacement lui-mme.

Tantt

le

nom

est inscrit

ct

du trou dans lequelauquelle

devait passer la lanire ou

le lacet

sceau tait

suspendu, ce

nom

restant cach par le repli

du parche;

min quiil

existe presque toujours au bas de l'acte

tantt

est inscrit

sur la queue

de parchemin

l'endroitla

mme

que

le

sceau suspendu devait occuper, et ole lire.le

destruction seule du sceau permet de

Ces diverses prescriptions pour l'emprunt,

change-

ment du sceauya attach

et les prsances, ont t religieusementxv*' sicle;

observes jusqu'au

partir de cetteet

moins d'importance,fait

poque on une foule de pices

sont munies de sceaux trangers celui qui les souscrit

sans qu'il en soit

mention. Bien plus, l'acte porte

1.

DouT oAncQ. Collection de sceaux,

t. I,

p. xxix.

DE l'emploi du sceau

27

quelquefois en toutes lettres que c'est le vrai sceau dusigillant, tandis

que

c'est inexact.

une lgende

et qu'elle est lisible,

corriger ce que ces

mentions

Lorsque le sceau porte on peut avec son aide ont d'erron, mais aula

xvi" sicle la plupart des

sceaux tant anpigraphes,l'erreur. J'ai

connaissance seule des armoiries des personnages peut

empcher de tomber dansties

trouv des partri-

scellant

avec

le

sceau de leur mre, de leur

saeul,

taine

du premier mari de leur femme, ou du capisans qu'aucune indication de leur compagnie,

vienne

l'attester.

Gnralement l'acte scell contient la mention de l'apposition du sceau ou des sceaux, et la nomenclature des les formules personnages auxquels ils appartiennent;

usites cette occasion sont trs varies et leur tudeestil

du ressort detitre

la

diplomatique surfaire

le terrain

de laquelle

ne m'appartient pas derecueillies

dant

une incursion. Voici cepende renseignement quelques-unes de ces fordans des actes de dates trs diversesla

mules

passs dans des rgions de

France trs loignes les

unes des autresvers 803).

*.

Et subter plumbum

sigillari jussinius

(Gharlemagne,

impressione jiisimus asignari (Charles1.

Ut pleniorem obtineat firmitatis vigorem, anuli tiostid le Chauve, 871).Chartes de Cluny, Carlulaires de Durbon, de Grenoble, de Saintp. 120.

Victor, Bibl. nation, mss. lat. 5418, p. 57, et Gauthier. Inventaire de

sceaux des archevques de Besanon,

28

MANURr. DE SIGlLLOf.KAPHlE FRANAISE

El anuli nostriroi de

i?yipressione si ff illari jiissimus [Robert,

France, 1008).

Sigilli

mei impressione consigno (Hugues, archevque

de Besanon, 1087).Sigilli nosfri impressione

prefatam pactionem

et

com-

positionem laudamus

et

confirmanius (Etienne, abb de

Gluny, 1166).

Plumhico

majorem

et

sigillo presentem cartam sigillari precepi ad perpetuam firmitatern (Guillaume, comte de

Forcalquier, 1174).

Presentem

cartam

sigilli

mei

munimine roboraviperpetuam

(Rotrou, comte du Perche, 1190).

Ut autem hec nostreobtineat frmitatem,

constitutionis pagina

eam

nostri sigilli

munimine robo-

ramus (Bernard,Nostrisigilli

lgat en Provence, 1195).

munire curavimus (Robert Vidame, vers 1200). Dicta ipsorum testium autenticare decrevi sigilli mei impressionem apponendo (Guillaume, vque de Gap,karactere1201).

Hanc presentem cartam

huila nostra

plumbea

hic pen-

dente sigillari fecimus in testimonium rei geste (Guil-

laume, vque de Gap, vers 1235). In testimonium premissorum predictasnostro quo unico utimur,

litteras sigillo

communiri

et

roborari fecimus

(Raoul, abb de Royaumont, 1316).

En

tesmoignage denostre

ce,

avons ces prsentes lettres fait

mettre

boullette [Louin de

Nevers

,

seigneur de

Dunkerque, 1318).

En

tesmoing de

ce, ces

prsentes sont scelles de nostre

DE l'emploi du sceau

29

proprenit de

scel

(Madeleine de Thieuville, abbesse de la Trisigilli

Caen, 1439). Datum suh dicti reverendi domini abbatis(Louis de

appen-

ione

Langeac,

abb de Saint-Antoine en

Viennois, 1569).

CHAPITRE VDIVERSES SORTES DE SCEAUX

Les

personnages

d'un rang

subalterne, bourgeois,

clercs, magistrats infrieurs, chtelains, chanoines, etc.,

n'avaient qu'un sceau, gnralement desion, qui tait

petite

dimen-

nommles

sigillum, seel, scel, sael, sagel ou

seyau.

Les seigneurs,

avaient l'occasion d'intervenir

personnages ecclsiastiques qui frquemment dans les

actes publics et dont le sceau devait, en consquence,

mis l'abri des falsifications, faisaient usae-e d^un sceau et d'un contre-sceau, empreinte de petite dimension applique au revers du sceau. Le contre-sceau portetrele

nom

de contra-sigillum, sigillum secretum ou secreti,

clavis, Veritas

ou custos

sigilli,

son but tait en

effet d'as-

surer l'authenticitaltr

du sceau en empchant

qu'il ft

ou dtach. Les grands seigneurs avaient, surtout au xu^ sicle, des sceaux deux faces gales c'tait une sorte de privilge des hauts barons comme le dmontre l'exemple suivant. Tant que les comtes de Valentinois ne possdrent que cette comt, ils ne firent usage que d'un petit sceau uniface lorsqu'en 1189 le comte de Provence leur;;

DIVERSES SORTES DE SCEAUXeut infod le comt de Die,ils

31

adoptrent un sceau de

plus grande dimension et double face ^

Beaucoup de sceaux municipaux offrent galement cette particularit d'avoir une face et un revers gaux. Cet usage s'est conserv dans le midi de la France plus longtemps que dans le nord. Outre les sceaux prcdents, les grands feudataires, les princes ecclsiastiques avaient un ou plusieurs petits sceaux ou sceaux secrets, un ou plusieurs signets ou anneaiix. Le sceau secret tait rserv aux actes de moindre importance le signet c'est l'anneau dont l'em;

preinte est appose sur les lettres missives et par les

contrleurs des finances sur les pices de comptabilit.

Suivant qu'il appartient un ecclsiastique ou unlac, le

magnumLe

grand sceau prend le nom de si(/niim, de sigillum ou niajiis, de sigillum pontificale ou rotundum.

petit sceau est dit

parvum

sigillum, sigillum secreest

tum outiquit,

secreti, sigiletum.

Le signets'est

un legs de

l'an-

c'est

anulus qui

perptu jusqu'

nos

jours sous le

nom

de cachet.

Les rois possdaient toute uneportance diversergl, depuis leet

gamme

de sceaux d'im-

dont l'emploi tait soigneusement:

grand sceausuite

sigillum majestatis,,

le

contre-sceautransport

:

contra-sigillumla

du

roi

grand sceau secret dans ses dplacementsle:

sigillum secreti in ahsentia

sceau secret

:

magni ordinatum. Le petit sigillum secreti, parvum, manuale, jusil

qu'au signet ou anneau. Parfois

existe plusieurs sceaux

d'un type diffrent pour chaque sorte de sceaux royaux,1.

Roman.

Sceaux des

fiunilles

seigneuriales de Dauphin,

p.

231

et suiv.

22

MANUEL DE SIGILLOGRAPHIE FRANAISE

sauf pour celui de majest qui demeure toujours invariable. J'ai

mentionn dans

le

chapitre prcdent le sceau

dutait

conseil de rgence institu par le roi lorsqu'il par:

sigillum rgis in partibus pour un long voyage transmarinis agentis, ou ad regimen regni dimissuni.

Ce

n'est pas tout, les

grands seigneurs possdant plu-

sieurs fiefs importants avaient souvent des sceaux diff-

rents pour chacun

d'eux; les dauphins, par exemple,

usaient de trois sceaux diffrents pour le Dauphin, la

baronnie de

la

Tour du Pin

et celle de

Coligny

'.

Si les sceaux personnels taient

nombreux

et varis,

les sceaux de juridiction taient innombrables.

Les

sei-

gneurs juridiction avaient des sceaux distincts pour

chaque juridiction et mme pour chaque genre d'acte sigillum dans chaque juridiction pour les tribunaux notaris ad causas ou seel aux sentences pour les actes:

;

:

;

sigillum contractuum, seel

aux contraux, sigillum;

obli-

gationum,sier:

seel

du tabellionage;

pour

les exploits d'huis-

sigillum citaiionum:

pour

les droits sur les hri-

tagesfoire,

pour les droits de Nous trouvons mme au XIV'' sicle les glises de Pont sur la Vienne et de Dravet en possession d'un sceau pour les actes de mariage, adsigillum

hereditagiorum\

sigillum pro nundinis.

matrimonia

~.

Au

surplus tous les tribunaux,

les

parlements, les

bailliages, les vibailliages, les prvts, les snchausses,les chtellenies avaient leur sceau spcial, soit1.

que cesly"'

RoMA.N. Sceaux des familles seigneuriales de Dauphin,

822,

S65.2.

Mmoires des antiquaires den">

l'Ouest, 1880.

Catalogue de

la

collec-

lion Charvet,

896.

DINEUSES SORTES DE SCEAUXjuridictions dpendissentjjfneur particulier,

33sei-

du domaine royal ou d'unet

avec des types

des lgendes appro-

prisS'

:

Siffillum curie parlamenti GratianopoU residentis;;

curie Kroli romitis Andegavensiset

S.

raj. senescall.

montanaruni Alvergnie ; ConAf/en prepositure Stampensis suh manu rgis, etc.. tra sigillum Lorsque deux seigneurs se partageaient une juridiction, ils avaient un sceau commun dit sigillu/n commune ou curie communis. Les magistrats, les administrateurs exerant plusieurs offices, avaient un sceau diffrent pour chacun d eux nous avons vu dans le chapitre qui prcde le gouverneur et grand snchal de Provence avoir trois sceaux, Tun personnel et les deux autres pour chacun de ses offices les exemples de cet usage sont extrmement frquents aussi bien pour les lacs que pour les ecclsiastiques. Par contre, lorsque plusieurs titulaires exeraient un ofce en commun, les marchaux de France, les receveurs des aides ou des montres par exemple, ils avaientVascon';

S' haillie

:

;

des sceaux collectifs sur lesquelsries

et aient graves les

armoila

de tous les

titulaires.

Les lgendes des sceaux desontcaractristiquesla

marchaussegard:

de

Francede

cet

seella

commun

marechaulciee de France ousceaux mtalliques

ordonn

marchausse de France.les

Sauf l'poque carolingienne,

ou bulles n'ont t en usage que dans le sud-est de la France, et les limites dans lesquelles on les rencontre ne dpassent pas la Provence, le Dauphin, Lyon et une bande troite sur la rive droite du Rhne. Les bulles d'or au nombre de deux que l'on peut signaler sont l'elligie des princes angevins de Naples. comtes de Prt-i

3

:H

MA M

1.1-

DK SKill.LOGRAPHlt; KKANAISK

vence, mais agissant plutt

commed'or

rois

de Naples

'.

En

dehors de celles-lFrance.

les bulles

sont

inconnues en

commencelles sont

Quant aux bulles do plomb, dont l'usag-e a la fin du xiT sicle pour durer jusqu'au xvi'',presque exclusivement des sceaux de juridicdehiiUnet

tion et sont qualifies indiffremment

de

Cette multiplicit de sceaux pour

le

mme:

personnage,

pourchacun desqu'il souscrit,

offices qu'il exerce, et

chaque sorte d'acte au w^et

n'est pas trs ancienne

mme

pendant presque tout le xii*" sicle, chaque personnage n'avait qu'un sceau qui lui suffisait dans toutes les occasions. 11 ne parait pas que les rois de France aient faitusasre de contre-sceaux avant Louis le

Jeune

1174), de

sceau du conseil de rgence avant saint Louis (1270), de sceau secret avant Philippe de Valois 1331), de sceauen l'absence du grand avantest dele

mme:

prince (1343).

11

en

mmeet

pourau

les

seigneurs lacs ou ecclsiastiquessicle

antrieurement

xiii

avant

cetteet

poqueie

lvquetir

son

otficialit. le

monastre

son abb,

seigneur et son tribunal usaient du

mme

sceau.

A

par-

de 12o0 au contraire, les sceaux se sont extrmement

multiplis, surtout, semble-t-il. dansc'est

pour augmenter

chaque juridiction,

un but de fiscalit; moluments du sceau que quelque minime soit-elle, et chaqueles

sorte d'acte, a son sceau spcial.

Au

xiv'"

sicle surtout, le

nombre des sceaux est immense, et ce nombre explique comment, aprs tant de pertes et de destructions, il enexiste encore des milliers.I.

Blancari. Iconofraphie des sceaux.

et3.

bulles des

archives des

lioiichesdu-Hhne

pi.

X, n

3, et

XII. n

CHAPITRE VIMATIREDES

SCEAUX

'

De l'poque mroving-iennesiste

et caroling-ienne

il

ne sub-

plus

de matrice de sceau,;

mais

seulement des

anneauxric1

sigillaires

le

plus clbre est celui de Child-

Il, n'* 2) trouv dans son tombeau r'"" (io8-481) (pi. ournay et fondu la suite de excrable vol commis en 1831 au Cabinet des mdailles o il tait dpos. C tait une ba^ue paisse en or massif, avec chaton grav en creux portant Tetligie et le nom du roi. Celui de la reine Hertilde, femme de Dagobert (628-638), qui faisait parcelui de Sigebert II tie du cabinet du baron Pichon (638-656) sont conus de la mme faon ce sont des1-'.;

bagues, celle de Bertilde avec une lgende autour d'un

monogramme,M. Delochequi subsistent;

celle

de Sigebert avec son buste de

profil.

a publi la plupart des

anneaux

sigillaires

le plus grand nombre est en or, quelquesuns sont en argent. L'or et l'argent furent les mtaux gnralement employs pour les anneaux, signets ou

sigillaires et autres des

Dblochk. tude historique et archologique sur les anneaux premiers sicles du moyen ge. Paris, 1900. in-8>. Voir aussi les catalogues des ventes C'harvet. baron Piclion et Scliuermaus.I.1'.

Cette

Ijati-ne fsl

l'cproduite

fi};.

1.

36

MAMEI.

D1-:

SKJILUIGKAPHIK FKANAISEla

cachets depuis lantiquit jusqukies vraies matrices

Rvolution. Poul-

de sceau, c'est--dire pour celles quil'ivoire

sont de grande dimension et n'ont pas la forme d'an-

neaux, onet

a fait

usage de l'argent, du bronze, de

du plomb. Aucune matrice de sceau en orets'il

n'est

venuela

jusqu' nous,

en a exist, ce qui est probable,

valeur du mtal explique sutlisamment leur disparition.

belle de

Les sceaux de la reine Constance (1 loi-1 KiO) et d'Isa180-1 190. pi. XIII, n" 2 trouvs dans Hainaut1

leurs tombeaux, celui de Jeanne d'Angleterre, reine de Sicile, morte en 1199, celui de la commune de Rouen (pi. XVIII, n" 2), figurant un lion furieux et datant de 1262, sont en argent, ainsi que celui du chapitre d'Em-

brun,

du

milieu du

xui''

sicle,

dont l'appendice de'.

prhension figure un petit personnage finement cisel

Le matrices de sceau en bronze sont en nombre infini: quant celles de plomb je ne sais s'il en existe encore, mais il en a certainement exist; les paysans et hommes de fief du nord de la France s en sont souvent servi auxxiii*^

et

\iv^ sicles,

les

empreintes caractristiques decet gard

leurs

sceaux barbares, publies en grand nombre parlaissent

M. Demay, ne

aucun doute la cire

*.

On

connat cpielques rares matrices de sceau en ivoire,la

matire que

chaleur de

en fusion ne devait pas

tarder faire craqueler et briser.

La matrice de sceau1036-1058).celles de

de Foulques, vque d'Amiens

1. Cabinet des Mdailles, muse des Archives nationales, collections du baron Pichon et de M. R. Vallentin du Cheylar. Montlimar. 2. Demay. Inventaire des sceaux Je Flamlre et Inventaire des sceaux de .Wormandie. Plusieurs sceaux provenant de matrices de plomb sont reproduits dans les planches.

MATIRE DES SCEAUX

37(?)

labbaye de Saint-Servaisen ivoire ^

et

de

Robert de Torcy

chevalier, sont les plus Idaux spcimens

connus de sceaux

muse de Lyon une intaille en agathe reprsent int un vque ou un abb assis, tte nue et tenant un livre ou un bton pastoral; M. Babelon, qui a dcrit et le croit du x*" sicle, le cet intressant monument considre comme une matrice de sceau, mais comme il ne porte aucune lgende il subsiste un doute cet g-ard.Il

existe au

11

peut se faire cependant que la lgende

ait t

grave

sur un entourage mtallique maintenant disparu.

Onsertie

trouve en

efet

des matrices composes d'une intailleplus

gnralement

antique,

rarement du moyen

g-e,

dans une couronne mtallique. Cette disposition est surtout frquente dans les anneaux sigillaires ou signets, dont la partie centrale est souvent occupe par

une pierre grave. Les inventaires princiers en font souvent mention, maisil

n'en existe plus qu'un

trs petit

nombre. Les sceaux de Jean BuUant et de Simon Buel, conservs au Cabinet des mdailles, celui de SolTrey Morard, qui appartenait au baion Pichon, sont formsd'intailles

entoures

d'un

cercle

d'argent

;

celui

de

Simon de Ventura,

de

la

vente Charvet, est compos

d une cornaline sertie dans

un

cercle de bronze

-K

1. La |)rcinirc est au muse d'Amiens, la deuxime a t publie par M. Babelon Bulletin des Antiquaires de France, 1S07, p. 261 la troisime par M. de La Gure 'ihid., 1885, p. 2G8). 2. Babei.ox. Sceaux d'ugathe et d ivoire (BulleUn des Antiquaires:

lie

France, 1897,3.

p. 259;.fip. M\,

On

Ipou\ era quelques-uns de ces sceaux reprfiduils ci-aprs

37. iO, i2.

38

MAMEl. DK

SIGll.LOGHAI'HIE KRANCAISK

Examiiioiis maintenant

la

matire des sceaux eux-

mmes,

cest--dire de l'empreinteet

obtenue au moyen

duneIl

matrice

appose ou appendue aux actes.

n'existe pas,

proprementen trouve

parler, de Imlles

dor en

France,

comme on

aux

actes

mans des

empereurs d Allemag-ne ou de la seig^neurie de Venise. Les deux seules manes de princes franais et encore enplace que Ton connaisse, celles de C.harlesII

d Anjou

(1292) et de Robertrois

P''

1323), comtes de Provence et

de Naples, ont t employes par ces princes plutt

en cette dernire qualit que vence, ou tout au moins napolitaine'. 1

comme comtes

de Pro-

imitation de leur chancellerie

Les bulles d'argent de quelques princes carolinu^iens. le Chauve, qui existent dans certaines collections, sont des surmouls relativemententre autres de Charles

modernes de bulles de plomb. Je ne connais pas non plus en F'rance debronze indiscutables,(juel(jues-unes en

])ulles

de

comme on en trouve, parat-il, Allemagne. Deux exemplaires d'une

bulle de Ciraud

bronze

et unifaces,

Adhmar, seigneur de Montlimar. en sont conservs au muse Galvet Avicollection Caron, Paris, mais l'absence

gnon,avec

et

dans

la

de trous de suspension, caractre qu'ils ont deles bulles

commun

d'argent dont je viens de parler, doivent

les faire considrer

comme

des moulages rcents.et

I.

ni.AiNCABii.

Iconoyniithie des sce;iuxpi.

bulles des

archives des

lintirhes-du-Rhone.

X.

ii'

3. ft

XTI. iv

i.

.

MATIRE DES SCEAUX

39

En somme\enanl d'Italie.

MAIRt; DES SCEAUX

i3

La couleur deurie

la cire et la

matire employe pour les

scellementsn'taient pas laisses au hasard, elles avaientraison

d tre traditionnelle.

Les

rois

de

France

scellaient toujours leurs lettres patentes avec leur

grand

sceau de cire verte, leurs lettres d'abolition avec leurtrrand sceau secret de cire naturelle, leurs lettres closes

avec leur petit sceau secret de cire rouge,

et leur corres-

pondance avec leur signet galement de cire rouge. La chancellerie royale respectait scrupuleusement les usages des provinces qui, peu peu, s'annexaient la monarchie. Les Dauphins de la race de la Tour du Pin scellaient en cire rouge et leur grand sceau tait au type du cavalier; aprs l'annexion du Dauphin la France

on continua, jusqu'relatifs cette

la

Rvolution, sceller les actes

province en cire rouge et avec un sceaude

type questre.11

en

tait

mme du

bas

au

haut de

l'chelle

fodale, la tradition locale tait toujours respecte pourles

scellements. Les Dauphins,

par exemple, ne

fai-

saient pas usage de bulles de j)lomb dans leur chancellerie personnelle,

mais aprs avoir annex

leur seigneurie

les

baronnies deils

(1317),

Montauban (1302) et de Mvouillon trouvrent des bulles de plomb en usage danssouscrivaient

ces deux terres et continurent s en servir pour lesactesqu'ils

en

qualit

de

barons

de

Mvouillon et de Montauban. Il en tait de mme dans les autres provinces de France l'annexion au domaine royal et les changements de seigneurs n'amenaient aucun bouleversement dans les usages locaux relatifs au scellement qui ne subirent aucune altration au moins jusqu'au xv*" sicle.;

CHAPITREFORME ET DIMENSION

VII

DES SCEAUX

Les sceaux affectent des formes trs varies, mais deux prdominent, la premire est la forme ronde, la seconde est le rsultat de deux segments de cercle de mme rayon qui se coupent et n'a aucun nom en gomtrie.

Jusqu' prsent cette forme tait

nomme

ogivale,

mais M. Prinet ayant propos de qualifier de sceaux en navette ceux qui se profilent ainsi, je ne fais aucune diflicult1.

pour accepter ce terme faute de mieux

'.

Cette forme ne peut se traduire gomtriquement que par une

priphrase assez longue, inacceptable en sigillograjjhie, et aucun des termes qu'on a proposs pour y suppler n'est admissible. Le motoifival

a

le

dfaut capital d'tre inexact, puisqu'il suppose que l'arc

bris ou en tiers-point estest inadmissiblecl

une ogive, ce qui

est faux.

Le mot ellipsodecourbes

puisque

1

ellipse est toujours termine par des

non par des angles. Le mot aniygdalode

n'est pas plus juste puis-

qu'une amande est pointue d'un ct et demi-circulaire de l'autre. Mais de tous les termes le moins acceptable est celui d'ovale ou d'ovode parce que le mot ovale correspond une figure gomtrique parfaitement dfinie que les sceau.x alTectent trs souvent. Si on qualifiait d'ovale un sceau compos de deux arcs en tiers-point souds par leur base, comment nommerait-on la forme ovale vritable quand on aurait dcrire un sceau ayant cette forme, comme il y en tant au XVI' sicle"? Je crois donc que le terme en navette qu'emploient les joailliers pour dsigner les chatons de bague de cette forme peut tre adopt jusqu' ce qu'on ait trouv mieux.

DIVERSES SORTES DE SCEAUX

%)

Toutesnelles.

les

autres formes de sceaux sont exception-

Jusqu'auparler, lesles

xu'" sicle,

sauf une exception dont je vaiset ovale

formes ronde

ont t seules en usage,les

mrovingiens et

les carolingiens

emploient con-

curremment. Hugues Capet a un sceau ovale '; celui de Robert pi. 111. n"2( est en navette tellement surbaisse qu'elle peut se confondre avec un ovale celui d'Henri 1:

'pi.

IV.

n'^

1

),

est rond, et tous ses successeurs ont desle;

sceaux semblables. Durantest exclusivement

xFles

sicle le

sceau rondles

employet lesxii*'

comtes

d'Anjou,

dues de Normandie

vques n'en ont pas d'autres.sicle, le

A

partir

du milieu du

sceau rond

est.

en

rgle gnrale, celui des princes lacs, des barons, des

magistrats et

des bourgeois

;

le

sceau en

navette est

celui des seigneurs ecclsiastiques, des

dames, des cor-

porations religieuses, des prtres, des clercs. Cependantcette rgle

comporte de nombreuses exceptions. Les vques ont fait frquemment'usage du sceau rondxiii''

jusqu'au

sicle et

mme

aprs cette date

ils

s'en

servent souvent

pour leurs

ofcialits

et autres tribu-

naux.

Les dames qui se font reprsenter montes sur des haquenes se servent presque toujours d'un sceau rond; en 1257 Batrix de Beaudinar, en 1308 Alix de Mer-

cur

(pi.

X, n"

contraire les

Au 1), usent du sceau questre rond dames reprsentes debout ont dessceauxen'-.

1.

Maiui.i.on.

De Re

iliploinaliai, planches.

2,

PiLOT

iiE

Tin)Hi:v.

Iinenliiirc des sceaux des archives de l'Isre,

n" 310.

46navette;brise,taitet

MAMEL

DF,

SIGILU (GRAPHIE FRANAISEla

cependantet la

matrice de

sceau, actuellement(pi.II,

de Marguerite de Villars-Thoire

n" 1),

ronde

dame yet les

(fifurait

pied

tenant un faucon

un

leurre.

Les comniunesi\

magistrats

communaux

ont

tait

peu prs exclusivement usage de sceaux ronds.

Ena

principe le sceau en navette est celui des eccl;

siastiques

cependant en 1 161 Giraud Lambert, chevalier,

un sceau de cette forme qui le reprsente galopant, une lance pennon en arrt. Vers la mme poque, Gilles de Gorran reprsent marchant, couvert de son cu et l'pe haute, et en l2ol Hugues de Pierregourde. dont le type est un lvrier courant, usent de sceaux ennavette'.

On

ne peut donc promulguer une rgle absolue sur

la

corrlation de la forme des sceaux avec la situation sociale

des personnes qui en usent.

Les seigneurs

lacs ont

souvent

fait

usage,

surtout

dans

les

provinces mridionales, d'un sceau en;

forme

cette deuxime un peu plus moderne que l'autre. Mathilde, comtesse de Flandre (1189), a un sceau en forme d'cu elle est figure en pied sur une face et le

d'cu, soit arrondi, soit aiguis par le bas

varit est

peut-tre

;

revers est armoriai

;

ce sceau est toQt

fait

exceptionnel

'.

On

trouve encore quelques exemples de ces sceaux enxiv*"

cusson au

sicle.

Les sceaux amygdalodesdes prcdents.I.

me

paraissent une drivation

Ils

sont extrmement rares.

L'exemple

Doiiir u".\iu:y. Collection de sceaux, n" 228s.

Roma^. Sceaux des,I

fumilles seigneuriales de Daupliin. n" 596._*.

Demay. Inventaire des sceaux de Flandre,

n'

il

el

1

12.

.

l'ORMKle

El'

DIMKNSIO.N

UES SCEAUX

47estla

plus caractristique (jue

j

en puisse

donnersicle

matrice du sceau de Guillaume Odonis qui date de

la fin

du

xu*'

ou du

commencement du'

xiii^

et

sur

laquelle est grav un paon

Quelques sceaux ecclsiastiques affectent des formessingulires.

Certains sceaux piscopaux ou capitvdaires trs ancienssont piriformes ou en

forme de flacon,;

le

goulot tant

figur par l'appendice de prhensionpitre

les

sceaux du cha-

de

Noyon eu 1174I

et

d'Henri,

archevque-.

de

Bourges en

lllll.

en sont de bons exemples

D'autres, plus rares encore et plus anciens, offrent

la

silhouette d'une fentre plein cintre, tels ceux d'Eli-

nand, vque de Laon 1096), et de Garnier, abb de Marmoutiers de 1137 k l!o7 Les sceaux en losange sont peu communs le sceau questre de Roncelin de Lunel (1292j en est un spcimen remarquable, et celui d'Arnaud Flotte (1332) en est un exemple d'autant plus curieux que ce seigneur ayant un losange pour armoiries, la forme de son sceau drive de celle des pices dei

'.

;

son cu

'.

La forme carre se rencontre rarement: si Ion excepte les l)ulles de plomb de Guillaume de Baladun et de Dragonet de Montauban 1229 et 1269) elle ne parat',i

pas1.

avant

le

xiv'"

sicle.

Le

sceau

rectangulaire de

Roman. ScemijDoi'i-nii'Aitt;i,i.

(les

ftunilles seiynevriales de Daiijihin. n" 7s.f/e .ceau-r,

2.H. 4.

'Jo/iec^tonlat.

n" 6300.

Bibl. nal..

iiiss.

5141, p.

i90 et 17026, p. 2.

RoM\.\. Sceunx des familles seiffneiiriales de Daujiliin. iv 375.iialiunalcs,.1.

Archives5.

277.

Bla.nc.vri.

Icono(jriijihi('1.

des

sceaur

des

Boiiches-dii-lihne.

pi.

XXirr.

IV" 3 et

i-S

M \MEI.

Di;

SIGTLLOr.RAI'IlIi:

KRANCAISI':

("iiiilhiunu' de \'illiors, appendu un acte de 1384, est un charnianl spcimen de cette lornie de sceau '. Le seul

sceau rectangulaire avecinfrieures arrondies,l'ordre

lesje

extrmits suprieures etpuisse citer, est celui de

que

du Croissant qui date de 1 i62 et est l'un des plus grands connus, puisqu'il mesure 110 millimtres^. Les sceaux hexagones et octogones ne sont pas frceux de Lambert de Chabeuil (1248) et du quents Conseil delphinal 13i-6) sont hexagones '. Comme l'a justement observ Dout tl Arcq, les sceaux ovales sont ou trs anciens ou trs modernes;

f

;

trs usits

sous

les

mrovingiens

et les carolingiens, ils

disparaissent peu prs compltement au xr' sicle pour

ne reparatre qu'au

xvi''.

Toutes ces formes exceptionnelles sont plus communes

dans les contre-sceauxles signets

vari,

elles sont trs frquentes dans ou anneaux qui affectent le dessin le plus carr, hexagone, octogone, ovode, polygonal,;

triangulaire, rectangulaire, etc.,

comme

il

est naturel

un chaton de bague. Les bulles sont toutes rondes et double face, sauf deux que j'ai cites plus haut et qui par exception sontcarres.

Cette particularit de la double face se rencontre dans un grand nombre de sceaux des grands feudataires

dans

la

France entire, ducs de

Normandie, comtes

d'Anjou, de Toulouse, de Provence, de Valentinois et1.

Ce sceau

est reproduit

fig.

10.

2.

Biillelin des

3.

Antiquaires de France, 1897, p. 183. Roman. Scennx des familles seigneuriales de Dauphin.

u"* 217

et 856.

FORME ET D[MENS10N DES SCEAUXDiois,

49

Dauphins de Viennois, etc. Elle est commune clans un grand nombre de sceaux municipaux et de sceaux seigneuriaux ou piscopaux du midi de la France. Cet usage ne se maintint pas aussi longtemps dans le Nord que dans le Midi les sceaux du Nord ne tardrent pas tre empreints d'un seul ct, et quand la face;

adverse porte une empreinte, c'est celle d'un contre-sceau

de moindre dimension.

Auc[ui

xvi*"

sicle

il

se produit

formes des sceaux. Les sceauxne varient jamais,({uils taient

une rvolution dans les lacs, sauf ceux des rois

deviennent ovales, de rondsxv'^ sicle,

gnralement. Les sceaux ecclsiastiques,

presque tous en navette auronds, puis auxvii'' sicle

deviennent d'abord

ovales, forme qu'ils conservent

jusqu' la

Rvolution.pas.

manquent

Certainesxviii''

Cependant les exceptions ne maisons religieuses contiavec leurs vieilles

nurent jusqu au

sicle sceller

matrices de sceau de forme ancienne qu'elles conservaient

prcieusement. Ces sceaux, plus vieux de deux ou troissicles

que

les actes

auxquels

ils

sont joints, se recon-

naissent aisment leur travail antique et surtout auxc:rractres qui

composent leurs lgendes. Quelqueslesvieilles

reli-

gieux

conservent

formes

traditionnelles,

dans leurs sceaux gravs au xvii*' sicle; en 1603, l^'ranoise de Quespray, abbesse de Gif, use encore d'un sceau en navette son nom, de forme absolumentarchaque,et

mme

reprsentant

la

Vierge debout sous un

baldaquin, l'abbesse agenouille ses pieds ^

1.

Bibl. nat., niss. IV.mf. 2090J, n* 67.

.

oO

MAMFJ.

I>K

SMill.LfMVKAIMIII-:

KRANAISE

L;i

directe

dimension du sceau semble avoir t en raison le limportance sociale de celui qui le possdait.

En

I18(),

Aymar

de Poitiers, comte de ^^^lence,il

a

un

sceau questre de o3 millimtres; en 1189,

reoit l'in-

todation du comt de Die et immdiatement troque ce

sceau contre un autre de

6ti

millimtres

'

Les plus grands sceaux sont ceux des rois de Franco le sceau de majest de Charles VIII mesure 112 millimtres, ceux de Louis XI et de Henri II 115. Exception;

et

nellement ceux de Raymond, comte de Toulouse (1207). de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne (1403 1.le

galement 115 millimtres, mais celui dv Tmraire (pi. IX ne dpasse pas HO millimtres, et ceux de Louis, duc d'Anjou (1374), et de Humbert, ancien dauphin, patriarche d'Alexandrie mesurentCharles(1354)(pi.

XXH), mesurent

108 millimtres seulement

-'.

celui de

Le plus grand sceau en navette que je connaisse est Robert de Croy, vque de Cambrai en 1529 La moyenne (pi. XXVI, n" 2); il a 105 millimtres'.

des sceaux est trs infrieure ces dimensions exceptionnelles;

les

sceaux questres ne dpassent gnralementet

pas 60 ou 70 millimtres

les

sceaux armoriaux ont

des dimensions moindres encore.

Les contre-sceaux, comme il est naturel, sont beaucoup plus petits ils ont en moyenne de 20 30 milli;

1.

Roman, i'ceaua; des familles seigneuriales de Dauphin, n'606,

607.

2.3.

Tous les sceaux prcdents ont t dcrits par Dout d'Arcq. Demay. Inventaire des sceaux de Flandre, n 5839.

KOHMK KT

DI.MENSKtxN

DES SCEAUX

O

I

mtres, (juant aux signets ou(le

minuscules, depuis o millimtres,C'est au

anneaux, on en connat et rarement ilsf(ue;

dpassent 20.

xVxvi''

sicle et

les

sceaux atteignentil

les plus

au commencement du xvi*' grandes dimensions

au

milieu du

se produit

subite de leur diamtre et la

une diminution presque dimension reste la mme

pendant deux sicles

et

demi.

Onles

ne connat aucun sceau-matrice authentique pour

poques

mrovingienne'.

et

carolingiennecju

;

il

ne

subsiste plus de ce

temps recul

un

certain

nombre

danneaux

sigillaires

Fi;;.

I.

Aiinaan iitiribu

Ih

reine Hertllde

BSS-ii.ls

.

Celui qu'on attribue la reine Bertilde, femme du roi Dagobert (628-638), figur ci-contre, peut donner une ide suflisante de leur foi-me et de leur composition '.

I.

Dei.dciii;.

sifjilliiires etiii-8-.'1.

Elude luntorique et nrcholofjique sur milres des premiers sicles du moi/en lUfe.de lu vente du baron l'irhon.prixfie ^ .'lOOii"Iti.

les

anneaux

Paris, 190O.

(lalnlitfjiie\

(^-1

iiniu'im a alteiiil

celle

enle

le

francs.

.

32

MAM

KL

DE SIGILL ICRAPIIIK KRA.NAISKsicle,

A

partir

du

xi'"

quelques matrices;

de sceau

authentiques sont venues jusqu' nous