retranscriptions super plantes - marzin suileabhan · agress e se sont mis eux aussi a augmenter...

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Retranscriptions « SUPER PLANTES » 1 - Le Cri des Arbres Tueurs 2 - L’Heure du Bambou 3 - L’Indestructible Ginkgo 4 - L’ ˆ Ile des Arbres Vieillards 5 - Des Graines d’ ´ Eternit´ e 6- ` A la Recherche de l’Arbre Dinosaure Except´ e pour le premier, les textes suivants sont les retranscriptions que j’ai faites (`a raison de presque 3 heures par volet d’une heure ! ) des diff´ erents volets de la s´ erie documentaire « Super Plantes », diffus´ ee `a l’origine en Avril 2003 par la chaˆ ıne de t´ el´ evision France 5 (www.france5.fr). Cette s´ erie comportait 6 volets d’une heure chacun. Il s’agit d’une coproduction : T´ el´ e Images Nature, Productions Espace Vert VI Inc, France 5, en asso- ciation avec TFO - TVONTARIO : une coproduction France-Canada. J’avais retranscrit les diff´ erents volets, car cette s´ erie me semble tr` es int´ eressante pour ceux (druide, Wiccan, ou ...) qui arpentent le chemin dans le grand labyrinthe de la Vie. Cette s´ erie montre les liens entre l’homme et la Nature (communication avec les Plantes et autres liens). Elle est une bonne cl´ e pour celui qui souhaite ouvrir son esprit `a la Nature. Si ces notes peuvent servir `a quelqu’un... Mazrin 26 Avril 2003 www.geocities.com/feuillesdemazrin 1

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Retranscriptions« SUPER PLANTES »

1 - Le Cri des Arbres Tueurs

2 - L’Heure du Bambou

3 - L’Indestructible Ginkgo

4 - L’Ile des Arbres Vieillards

5 - Des Graines d’Eternite

6 - A la Recherche de l’Arbre Dinosaure

Excepte pour le premier, les textes suivants sont les retranscriptions que j’ai faites (a raison de presque3 heures par volet d’une heure ! ) des differents volets de la serie documentaire « Super Plantes », diffuseea l’origine en Avril 2003 par la chaıne de television France 5 (www.france5.fr).

Cette serie comportait 6 volets d’une heure chacun.

Il s’agit d’une coproduction : Tele Images Nature, Productions Espace Vert VI Inc, France 5, en asso-ciation avec TFO - TVONTARIO : une coproduction France-Canada.

J’avais retranscrit les differents volets, car cette serie me semble tres interessante pour ceux (druide,Wiccan, ou ...) qui arpentent le chemin dans le grand labyrinthe de la Vie. Cette serie montre les liensentre l’homme et la Nature (communication avec les Plantes et autres liens). Elle est une bonne cle pourcelui qui souhaite ouvrir son esprit a la Nature. Si ces notes peuvent servir a quelqu’un...

Mazrin26 Avril 2003www.geocities.com/feuillesdemazrin

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1 - Le Cri des Arbres Tueurs

Restranscrit par Sylva initialement pour le site « le Grimoire de la Lune »

Afrique du sud, region de Transvaal.

Les koudous (grandes antilopes) se nourrissent presque exclusivement de feuilles d’acacia.

Dans les ranchs ou vivent des koudous un probleme est survenu il y a quelques annees : on retrouvaitmorts de plus en plus de koudous, sans aucune trace exterieure apparente. Les symptomes etaient unefaiblesse extreme puis la mort.

Un autre phenomene avait ete observe : habituellement les koudous ne passent les clotures que tresrarement, et seulement pendant la saison de reproduction pour aller chercher des femelles, ou bien quandil y a une penurie de nourriture. Mais la ce n’est pas le cas et ils essayaient quand meme de les franchir.D’autre part, ils pourraient essayer de les sauter (ces animaux sont d’excellents sauteurs, il faut des cloturesde 2,5 metres de haut) mais ils preferaient foncer dessus alors qu’elles sont sous haute tension.

Les pertes etaient de plus en plus importantes, des recherches ont donc ete entreprises pour elucider cemystere.

Un recensement a revele que le phenomene etait tres important et etendu : 280 fermes atteintes. Fin1986, plus de 2000 victimes. Plus d’1/3 des koudous etaient morts, jusqu’a 39 % de pertes dans certainsranchs.

On a decouvert que plus la population de koudous etait elevee, plus le taux de mortalite l’etait aussi.Et egalement que le mal ne s’attaquait pas a tous les herbivores ; par exemples les zebres n’etaient sontpas touches.

Les recherches ont ete orientees vers le systeme digestif : Une autopsie a revele des feuilles d’acacia apeine digerees, presque intactes, dans l’estomac d’un koudou.

Quelque chose semblait entraver le processus de digestion.

Les epines de l’acacia sont seulement une defense physique, un obstacle a l’action des herbivores, pourles empecher d’atteindre les feuilles. Ces epines ne jouent aucun role dans la pollinisation ou dans la pho-tosynthese.

L’acacia tortilis peut modifier ses defenses au fur et a mesure de sa croissance. Quand il est jeune, ilmaximise ses protections car il ne peut pas se permettre de perdre trop de ses pousses et de ses feuilles.Puis, quand il est plus grand, ses defenses physiques sont moins importantes.

Une etude sur l’acacia drepanolobium a ete menee pour etudier s’il consacrait moins d’energie a lafabrication d’epines s’il n’etait pas menace par des herbivores. Et si l’energie etait redistribuee ailleurs.

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On a alors decouvert que l’acacia etait capable de produire une defense graduee proportionnelle auxattaques : l’acacia est actif, il adopte des strategies pour eliminer les importuns.

Par exemple si le danger est tres important, l’acacia peut devenir agresseur. Il va repartir ses moyensde defense en fonction des dangers qui le menacent. Des epines plus ou moins longues sont une armedissuasive, pour eloigner les agresseurs et limiter les degats. Mais tout un arsenal est developpe pour seproteger. Le vent qui passe dans les branches de cet acacia « siffleur » fait un bruit particulier. D’autrepart, ses epines sont creuses ; l’acacia y abrite 4 especes de fourmis, et les nourrit en leur distribuantdu nectar. Ces fourmis ont en commun d’etre des guerrieres tres agressives si l’arbre est menace. Maislors des premieres heures de floraison, l’acacia secrete une substance qui tient les fourmis eloignees, ce quipermet a la pollinisation de se faire, les fourmis ne pouvant alors attaquer les insectes qui viennent butiner.

Autre remarque sur la mort des koudous : seulement en hiver, jamais en ete. Un lien a ainsi ete etabliavec leur nourriture. La poursuite recherches a confirme qu’une reaction chimique inconnue entravait leprocessus de digestion des koudous. Les recherches ont alors ete orientees sur les tanins : on savait que lesplantes s’en servaient comme mecanisme chimique de defense, contre les parasites et les insectes. Mais onn’avait jusqu’alors jamais pense que ce mecanisme pourrait s’exercer contre des animaux.

L’acacia contient un faible taux de tanin en temps normal, juste assez pour donner un gout amer a sesfeuilles et eloigner ainsi les herbivores. L’examen des feuilles d’acacia a confirme l’hypothese : le taux detanin etait beaucoup plus eleve dans les endroits ou la population de koudous etait plus importante (3 a4 fois plus eleve, des doses alors capables de tuer) D’autre part un lien direct a ete etabli entre la densitede Koudous dans les ranchs (avec clotures, donc ils ne peuvent pas sortir pour aller se nourrir ailleurs) etle taux eleve de tanins dans les feuilles d’acacia. La question qui se posait etait alors de savoir si l’acaciaetait capable de declencher un tel processus.

Une experience a alors ete tentee par chercheurs :un acacia a ete « agresse » a plusieurs reprises, enimitant ce que font les koudous lorsqu’ils mangent les feuilles.

Au fur et a mesure de l’agression, le taux de tanin augmentait, meme sur une courte periode de 3 heures.L’arbre declenchait donc une reaction de defense en produisant une quantite de tanin qui empoisonnaitses agresseurs a petit feu.

Un autre phenomene a ete observe : au bout de quelques heures, les arbres voisins de celui qui etaitagresse se sont mis eux aussi a augmenter leur taux de tanins.

Hypothese avancee d’une communication entre les arbres.

tudes menees en Suisse sur le maıs. Question de savoir pourquoi certains champs de maıs etaient ef-ficacement proteges par des guepes qui tuaient les chenilles qui devorent la plante, et pourquoi d’autreschamps etaient envahis de chenilles ? Si un homme ou un animal endommage une feuille de maıs, pas dereaction. Mais si la salive d’une de ces chenilles est mise en contact avec la plante, cette derniere emetalors un signal olfactif qui guide directement la guepe jusqu’a elle. Message envoye par la plante : il existeune forme de communication entre la plante et l’insecte.

Idee qu’un acacia attaque peut lui aussi prevenir les arbres voisins du danger. En analysant des branchesblessees, les chercheurs ont decouvert que l’arbre emettait un gaz : en fait, differentes substances emisesdont l’ethylene (une molecule secretee quand l’arbre est blesse) ; elle est transportee par l’air et quand les

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autres arbres recoivent cette molecule, ils reagissent a leur tour en augmentant leur taux de tanins.

Les chercheurs ont d’ailleurs remarque que les Koudous avancent toujours face au vent, d’arbre enarbre, comme pour eviter que l’odeur des arbres agresses ne les suivent, n’accompagnent leur progression.

Un chercheur est sur le point de prouver que les plantes communiquent entre elles ; on ne sait pas encorecomment se transmettent ces signaux, mais il existe des connexions entre les plantes.

Preuves scientifiques d’une communication de plante a plante sont plus difficiles a donner que de plantea insecte : la plante change sa chimie de maniere subtile pour communiquer, alors que l’insecte recoit unsignal olfactif et s’oriente immediatement vers l’odeur.

Les plantes ont la memoire des attaques anterieures. Elles repondent differemment selon qu’elles ontou non subi des attaques auparavant. Il a fallu deux ans d’enquete pour trouver la cause de la mort desKoudous. On a finalement decouvert qu’il fallait respecter dans les ranchs la densite qui existe dans lanature pour eviter que les acacias n’attaquent (pas plus de 4 tetes pour 100 hectares de savane).

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2 - L’Heure du Bambou

Restranscrit par Mazrin initialement pour le site « le Grimoire de la Lune »

(Precision : malgre des hauteurs de 40 metres (la plante peut croıtre de 7 cm/heure), le bambou estune herbe, une graminee comme le riz ou le ble et non un arbre)

Au « Fuji Bamboo Garden » (Japon) co-existent 500 especes de bambous, qui relient cette plante auJapon eternel, aux samouraıs et au kendo. Mais a la base des feuilles, de minuscules epis, en fait desfleurs, apparaissent depuis 1 an (la floraison pouvant durer jusqu’a 2-3 ans), les tiges perdent ensuite leurfeuillage. Mais sans feuilles, pas de chlorophylle, donc pas de photosynthese pour assurer la survie. Lesbambous se dessechent alors et la bambouseraie meurt.

En Asie, les legendes sur la floraison des bambous annoncent l’imminence d’un desastre. Misere etdesolation d’apres les superstitions... voire tremblements de terre et cataclysme. Des processions sont alorsorganisees afin de conjurer le malheur et prier les dieux.

1/ De quoi s’agit-il ? Produit polluant empoisonnant la Terre ou la nappe phreatique ? Mais un premierexamen du sol montre que non. Humidite du sol et feuilles en decomposition sont parfaites pour la poussedes bambous... Seule une variete et uniquement les individus en fleurs sont touches... et il en est de memea travers le reste du monde : des bambous meurent peu apres leur floraison. Un inventaire des floraisonsdans le monde est alors mene par un chercheur.

2/ L’effort energetique d’une telle floraison viendrait-elle a bout des bambous ? Mais, meme si contrai-rement au corps massif et ligneux des bois les bambous sont creux, leur resistance de 1000 kg/cm2 lesrend superieurs a l’acier ! ! ! C’est la raison pour laquelle les maisons sont baties en Inde sur des bambousplantes dans le sol et qu’a HongKong les echafaudages sont en bambou (leger, peu couteux, tres courant).Et contrairement au metal, ils ne sont pas sensibles a l’humidite et resistent mieux au vent. Ce n’est doncpas la bonne hypothese.

3/ La floraison est gregaire et touche plein d’individus. On formule alors l’hypothese qu’ils synthetisentdes messages... comme dans le cas des koudous et acacias qui se previennent (cf. SuperPlantes 1), maisaussi que les pois, la sauge ou le tabac. Dans la Nature, les mycorhizes (orthographe pas sure), reseau dechampignons qui etablissent des connections entre toutes les plantes, meme de differentes especes, jouentle role de reseau telephonique (cf. Baldwin).

La cause de la mort de la plante ne serait-elle pas la meme que celle d’un insecte qui meurt apress’etre reproduit ? La plante n’aurait pas besoin de vivre une fois la reproduction faite. La comparaison deschaumes seches et vivantes montre que la floraison vide totalement les reserves energetiques, et qu’ensuiteincapable de les reconstituer, la plante meurt.

4/ Les floraisons debutent en meme temps pour une meme espece, meme a des centaines de kilometres.En 1961, en Chine, au Japon et dans le Sud de la France, la floraison s’est produite en meme temps.Partout sur le globe, malgre les oceans et les montagnes. On suppose alors que ces plantes (souvent issuesde la « Mer de Bambou » 70.000 hectares en Chine) seraient issues d’un meme plant, car souvent une

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bambouseraie naıt d’un seul individu par transplantation de rhizome. Mais l’analyse genetique montre queles plants eloignes n’ont pas le meme patrimoine genetique. Le mystere demeure donc....

Depuis chaque jardin botanique maintient un fichier pour effectuer des recherches. De la base de donneesapparaissent des cycles reguliers mais tres compliques. Il existe meme un bambou carre de Chine, arriveau Japon il y a 500 ans, et que personne n’a vu fleurir. Il a donc un cycle de floraison tres long (superieura 500 ans) ! ! ! Bref la disparite selon les 1300 especes (30, 60, 80 voire 120 ans) rend la prevision tres difficile.

Afin de sauvegarder les pandas, l’ecosysteme et eviter les problemes de ressources, l’idee est alorsd’introduire de nouvelles especes de bambous avec des cycles tres differents, assurant ainsi la diversite,meilleure garantie de survie. Pour tester cette methode, 35 pandas degustent ainsi les differentes especesdans un centre de recherche (9 a 18 kg de bambou par jour et par panda pendant 15 heures). (Tres mignonsces pandas qui, par un carpe modifie, coupent chaumes et feuilles et epluchent les tiges pour en manger lecur tendre).

« La nuit venue, berces par cette atmosphere de peur et de croyances, les enfants s’in-ventent des charmes et des sortileges : les petites graminees deviennent alors les instrumentsd’etranges incantations... des grimoires vegetaux dans lesquels l’enfance puise sa magie. »

Les scientifiques sont surpris par la precision des cycles des bambous : probablement une horloge in-terne qui mesure le temps, quelque chose dans les genes. Une des meilleures horloges biologiques, ou chaquecellule sait quand la graine a germe, dans combien de temps le bambou doit fleurir et quand il doit mourir.

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3 - L’Indestructible Ginkgo

Restranscrit par Mazrin initialement pour le site « le Grimoire de la Lune »

INTRODUCTION

A Hiroshima (Japon), au cur d’un temple, des gens se recueillent devant un arbre geant, immobile. Onl’honore, on le venere. On pourrait croire qu’un dieu s’est materialise ici en un vegetal... Le 6 Aout 1945,l’apocalypse nucleaire s’est dechaıne. Tout ce qui est fait de cellules, de chairs et de vie se consume del’interieur.

Quelques jours plus tard, quelques hommes et femmes parcourent cette terre devastee. Le lendemain, aHiroshima, la ou se trouvait un temple, il ne restait plus que des debris et un arbre immense grace auquelon a pu se reperer dans les ruines. La partie du tronc tournee vers les radiations est calcinee et il n’y aplus aucune feuille alors qu’a cette epoque de l’annee, il aurait du en etre couvert. Tous pensent alorsqu’il va mourir. Pourtant... quelques semaines plus tard, contrairement aux expertises, des bourgeons sontsortis de l’arbre meurtri apportant courage et reconfort. Aussi incroyable que cela puisse paraıtre, l’arbrea survecu au cataclysme.

Comment le Ginkgo Biloba a-t-il pu survivre ? Doit-il son destin a un concours de circonstances ? Dansles archives du Musee de la Paix, il apparaıt que 50 % des arbres sont tombes a cause du souffle, carbonises,irradies. En Septembre, un typhon avait meme souffle.... et puis, les mauvaises herbes ont commence apousser d’un seul coup. Sept ginkgos avaient survecus a seulement 1 km de l’epicentre. Tous les arbressont morts, mais ceux-la non, et ils continuent a produire des fruits.

L’arbre est si resistant qu’il symbolise alors l’espoir et la rage de vivre. A moins de 3 km de l’epicentre,dans un temple, les moines le veneraient comme une relique, au point que l’architecte charge de rebatirle temple a du le batir autour de l’arbre et non a sa place. La Vie n’a jamais ete eradiquee... Invincible,inebranlable, indestructible, le secret du ginkgo est inestimable.

En 1932, un chimiste japonais avait deja commence a etudier les proprietes du ginkgo, mais ses moleculessont difficiles a isoler, si complexes. Depuis 10 ans, les laboratoires (y compris francais), les chimistes etles pharmacologues s’interessent aux ginkgos. Mais en realite sa reputation precede Hiroshima.

CROYANCES ET MYTHES

- Les croyances avaient deja constate sa force exceptionnelle. Meme ses feuilles resistent eu feu ! ! ! Lesjaponais pensent donc que le ginkgo peut proteger les batiments et objets proches du feu et de la foudreen etendant son invulnerabilite.

- On raconte, qu’autrefois, quand les pretres voyageaient, ils utilisaient une branche de ginkgo commecanne, et qu’arrives a destination, ils enfoncaient le baton dans la terre et qu’il y prenait racine. Autourd’un des ginkgos, age de 700 ans, on place une corde en paille de riz qui le designe comme arbre sacre, eton place des petits papiers blancs pour eloigner les mauvais esprits.

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- On associe aussi sa feuille a un des rituels japonais les plus importants. En effet, depuis le 18e siecle,les meilleurs lutteurs sumotoris ont adopte les coiffes « grand ginkgo ». La chevelure est mise de tellemaniere qu’elle ressemble a une feuille de ginkgo afin de transmettre au corps et a l’esprit une part de soninvincibilite.

- Toutes les croyances lui accordent des pouvoirs extraordinaires. On le venerait aussi pour sa sexualitequ’on trouvait presque humaine : en raison de certaines protuberances sur son tronc que certains assimi-laient a des testicules ou des protuberances mammaires. Un arbre si proche de l’homme prouvait doncainsi son extraordinaire superiorite. En outre, le mode de fecondation du ginkgo est comparable a celui deshommes : d’un cote des spermatozoıdes et de l’autre un ovule ; les spermatozoıdes nageant alors jusqu’al’ovule comme pour les animaux. Dans ce systeme, l’eloignement des arbres rend la fecondation aleatoireet ce mode de fecondation devient plus un inconvenient qu’un avantage.

UN ARBRE ETERNEL ?

En realite, l’aire de presence du ginkgo dans le monde s’est reduite depuis 65 millions d’annees. Lesseismes et les glaciations sont venues a bout de nombreux ginkgos. Grace au Musee botanique de Tokyo, onsait qu’on les retrouve partout il y a 270 millions d’annees, puis qu’il y a eu un affaiblissement de l’espece.Sur les feuilles fossilisees il y a 300 millions d’annees, beaucoup d’especes ont disparu. Mais, en Chine, aufond d’une vallee perdue, certaines especes ont resiste et sont reapparues au Japon.

Le plus vieux ginkgo du Japon a 700 ans. Beaucoup disent que le bouddhisme et le ginkgo sont arrivesen meme temps au Japon, mais personne ne peut le prouver. En realite, le bouddhisme serait arrive au 6esiecle alors que le ginkgo ne serait arrive qu’au 13e siecle. Aucun des ginkgos du Japon n’a donc succombea la degenerescence, aucun n’est mort de vieillesse (13e siecle + 700 ans = 20e siecle) ! ! !

On dit qu’un ginkgo, qui ne meurt pas de mort violente, vit eternellement.

Les arbres nes au Japon ne sont jamais morts de vieillesse... sont-ils donc une exception a cette reglequi dit que « tout ce qui vit chemine vers sa destruction » ?. Normalement, le vivant est soumis a unphenomene ineluctable appele « entropie ». Tout ce qui est organise se desorganise, et donctout ce qui est vivant meurt. Dans l’Univers, la matiere tend inexorablement a evoluer versun etat de desordre croissant jusqu’au chaos.

Bien sur, la longevite des organismes vivants peut varier : de l’ephemere (qq. heures ou jours) a latortue (200 ans). Mais tous subissent un phenomene de degenerescence ineluctable. Il n’y a que descycles plus ou moins longs...

S’il n’existe pas au Japon de ginkgo assez vieux pour presenter des signes de degenerescence, il fautchercher ailleurs. Dans le Tian Mu Shan (en Chine), la ou les ginkgos ont resiste au seisme du Cretace(quand 70 % des formes de vie marine, et la majorite des animaux et vegetaux terrestres ont disparus)...D’apres l’Universite de Shanghai, il existe des specimens ages de plus de 1000 ans. Ainsi, un ginkgo nomme« Dragon Volant » est age de plus de 2000 ans et est devenu un lieu de pelerinage. Les ginkgos millenairesne sont pas durs a trouver en Chine et certains ont facilement 3000 ans. En plus de la reproduction pargraine, il peut bourgeonner par la racine... un pouvoir de regeneration incroyable, car presque aussitot dejeunes pousses rejailliront par ses racines. Quand le tronc de « Dragon Volant » se desagregea (il y a 2000ans), l’arbre genera 22 nouveaux troncs qui s’elancerent des meme racines que l’ancien, resistant ainsi al’usure de l’age.

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PHARMACOPEE CHINOISE

L’arbre peut survivre dans un environnement fortement pollue sans meme tomber malade. Il y a doncbien quelque chose qui fait du ginkgo le « Superman des arbres ». C’est la raison pour laquelle on le venereen Chine. Depuis plus de 3000 ans, la medecine traditionnelle chinoise a montre que le ginkgo contient desprincipes actifs qui permettent de resister contre les maladies.

Un moine temoigne : un maıtre a plante un ginkgo il y a 2000 ans et aujourd’hui l’arbre est encoretres robuste. Le moine conserve le plus ancien recueil de medecine chinoise : la feuille, preparee en theet consommee a long terme, agit sur le systeme immunitaire, le rhume et le refroidissement. Le ginkgoagit dans l’ensemble du corps et peut le reajuster. La pharmacopee chinoise n’utilise et n’associe que desproduits naturels. Un grand herbier du 16e siecle comprend ainsi plus de 1900 formules et 5000 ingredientsde base (mineraux, matieres animales et pour 90 % des extraits vegetaux).

Debarrassees de leur coquille, les graines guerissent de l’asthme, des toux et des problemes urinaires.Les cueilleurs portent des gants, car la pulpe de ce qu’on appelle « Abricot d’Argent » contient des sub-stances irritantes et allergisantes. La broyeuse separe alors pulpes et amandes (qui seront etalees au soleil).Et comme chaque automne, la fin des recoltes donnera lieu a de grandes fetes : les graines crues etanttoxiques, elles sont alors consommees bouillies ou grillees, avec un gout proche de la chataigne. Cettedenree precieuse que l’Empereur acceptait comme tribu est un present lors des mariages.

A Shanghai ou tradition et modernite se melent, la medecine occidentale reste en retrait. Bien qu’ellessemblent en bonne sante, des personnes agees souffrant de palpitations vont voir le medecin qui ausculteen donnant 3 coups sur le bras (un pour le souffle, un pour l’abdomen superieur et un pour l’abdomeninferieur). La graine est utilisee pour les maladies du systeme respiratoire (asthme, toux) et, aujourd’hui,on commence a utiliser le pouvoir des feuilles pour activer la circulation sanguine. Dans la pharmacie voi-sine, par des gestes precis et immuables, une dizaine d’ingredients est ajoutee aux feuilles pour concocterune infusion a boire au reveil.

Les medecines traditionnelles ont formalise des methodes pragmatiques mais en ignorent les raisons.

Les premiers a avoir remarque quelque chose sont les paysans. Car les parasites et les insectes attaquentmoins souvent ces arbres. C’est donc qu’il y avait qq chose d’insecticide dans les feuilles de ginkgo (en faitde l’acide gingkolique qui tue la vermine). Une decoction est alors faite et filtree. Elle a des caracteristiquestoxique et insecticide, mais ne pollue pas car elle se detruit rapidement (d’ou de nombreuses pulverisations)respectant ainsi la nature environnante.

SCIENCE MODERNE

La science occidentale se pose des questions : pollution, insecte, vieillissement,... l’homme pourrait-ilemprunter au ginkgo quelques-unes des armes qui le rende indestructible ?

L’extrait de gingko biloba (EGB) comprend 2 types de principes actifs : les flavenoıdes et les terpenes.Ces principes actifs ont des effets differents mais complementaires. Il a une premiere vertu sur la regulationde la circulation sanguine : l’extrait dilate les arteres quand elles sont bouchees ou retrecies, et les retractesi elles sont trop dilatees. Il est donc a la fois vasodilatateur et vasoconstricteur suivant l’etat.

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A une centaine de km de Shanghai, l’operation d’effeuillage s’effectue a la fin de l’ete pour les industriespharmaceutiques, car aucun chimiste n’a reussi a synthetiser les molecules produites par ces feuilles. Plu-sieurs tonnes vont alors vers les usines, car a son tour, la pharmacopee chinoise s’industrialise et desormaisl’extrait se prendra en comprimes ou en pilules : en general pour guerir un probleme de circulation san-guine (ou cardiaque ou cerebral), pour lutter contre le syndrome de la « Classe economique en avion » (unethrombose sur les longs courriers, du au ralentissement de la circulation sanguine creant des caillots dansles jambes qui vont vers les arteres pulmonaires).

Cet EGB opere aussi sur les problemes cerebraux (en fait les vaisseaux capillaires). Ainsi, un rat auquelon bouche les vaisseaux cerebraux presente : une rotation du thorax, ne tourne que d’un cote en refusantl’autre cote et glisse sur un plan incline alors qu’un rat normal se redresse. L’EGB reduit les troubles : 48h apres, sur des coupes de cerveau, on observe que les zones necrotiques sont tres diminuees.

Nos cellules sont faites d’atomes, avec des electrons par paires. Parfois un electron s’arrache faisantapparaıtre un radical libre qui endommage les cellules voisines, provoquant vieillissement, maladies neuro-degeneratives (Parkinson, Alzheimer,...), problemes de rhumatologie et vasculaires... Les molecules duginkgo piegent les radicaux libres, ralentissant ainsi le phenomene d’entropie... ainsi s’explique la resistancedu ginkgo.

CONCLUSION

Ce que la recherche occidentale a decouvert, la tradition asiatique le devinait. L’empi-risme de l’Orient pourrait inspirer la Science moderne et l’aider a trouver de nouvelles pistestherapeutiques. Il y a beaucoup a apprendre des mythes populaires a condition de savoir lesdecrypter. Peut-etre aurait-on pu comprendre plus tot, si nous avions preter une oreille plusattentive aux mythes et aux legendes.

Un moine parle et explique en quoi le ginkgo protege les hommes. Si on remplace « ondes negatives » par« radicaux libres », ses paroles prennent tout leur sens : « Le temple est un lieu de priere pour les gens :pour des vux souvent bons mais aussi parfois mauvais. Quand les ginkgos emmagasinent trop d’ondesnegatives, ils finissent par exploser. Le ginkgo capte toutes ces energies pour grandir de plus en plus. »

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4 - L’Ile des Arbres Vieillards

Restranscrit par Mazrin initialement pour le site « le Grimoire de la Lune »

INTRODUCTION

Un vieillard, un arbre centenaire qui un jour cessa de se reproduire... Dans son pays d’origine, on sur-nomme ce geant « l’arbre aux bois de fer ». Sans cet individu, cet espece n’existerait plus que sous formede reliques, tiges et feuillages jaunis sur les pages d’un herbier use par le temps. Une legende raconte qu’unjour une malediction frappa l’arbre aux bois de fer. Par une injuste sentence, il perdit le pouvoir de donnerla vie. Tous ses congeneres entamerent alors un combat pour survivre. Les plus forts resisterent au poidsdes ans. Cet arbre unique s’appelle le tombalacoque.

Aujourd’hui, les derniers tombalacoques survivants se terrent dans une vallee encaissee de l’ıle Mau-rice. Situee a l’est du continent africain, l’ıle Maurice (mesurant a peine 1865 km2), un ancien volcan,constitue un formidable laboratoire naturel de l’evolution, une terre promise pour tous les vegetaux partisa sa conquete. Il y a 5 millions d’annees, les courants marins et les cyclones ont amene d’Afrique et deMadagascar des graines qui se sont implantees, se sont repandues et modifiees pour creer de nouvellesespeces endemiques (= qui n’existent nul part ailleurs).

Le tombalacoque apparaıt avec ses racines solidement ancrees, son tronc de 20 m de haut, et ses feuillescoriaces qui resistent au vent, a la pluie et au soleil tropical. En 1973, Stanley Temple (jeune scientifiqueamericain) explore pour la 1ere fois les sous-bois de la foret mauricienne et ne recense apres bien deskilometres parcourus que 13 arbres. Cet isolement l’intrigue. Tous les tombalacoques de l’ıle sont ages etmeurtris. Pas de jeune pousse ne signale une releve... L’espece est en tain de s’eteindre.

Une etude methodique montre qu’il n’y a pas de defaut dans la structure des plantes, ni d’insectes,ni de parasites sur l’ecorce. La plupart produisait des fruits meme en grandes quantites (certains etaientmeme tres productifs !). Comment peut-on s’eteindre alors qu’on produit des fruits, des noix a l’aspectrugueux ? Aucun jeune arbre meme la ou pourtant des graines etaient tombees.

Une absence de predateurs, un habitacle favorable... L’ıle Maurice est une niche ecologique ideale pourde nombreuses especes vegetales... sauf pour le tombalacoque. Alors pourquoi devient-il sterile ?

STRATEGIES DE COLONISATION

Pour qu’une plante naisse, il suffit parfois d’une graine projetee au loin par une goutte de pluie outransportee vers de nouveaux horizons par un simple coup de vent. Au fil des millenaires, pour conquerirl’espace et assurer leur perennite, les plantes se sont transformees en guerrieres. Toutes ont developpe deformidables strategies. Dans cette lutte sans merci, les plus opportunistes se servent d’animaux afin defaire parcourir a leur graines des distances considerables. tendre son territoire est une tendance universelledu Vivant. Dans cette course a la colonisation, ou l’homme arrive en tete avec les fourmis, les plantes fontdes prouesses.

Pour eliminer les concurrents, elles peuvent engager des strategies d’une agressivite implacable. C’est

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le cas de la jacinthe d’eau que rien ne semble pouvoir stopper. Elle parcourt parfois des milliers de kmgrace a un systeme de crochets ou d’epines qui permet aux graines de s’accrocher au plumage d’un oiseau.

Mais la nature est complexe... Dans le monde vegetal, il existe des plantes qui n’ont toujours pas reveleleur mystere. Combien sont-elles ces especes qui, a l’image du tombalacoque de l’ıle Maurice, s’eteignentlentement sans laisser aux hommes le temps de comprendre les raisons de leur disparition ?

UN CATACLYSME ?

Peu de temps apres, Stanley Temple evalue l’age des arbres trouves dans la foret. Ils ont tous environ300 ans. Le scientifique ne comprend toujours pas pourquoi il n’y a pas de jeune tombalacoque dans lessous-bois. Y aurait-il eu un evenement dramatique il y a plus de 3 siecles ? Temple pense d’abord a uncataclysme qui aurait deracine tous les jeunes tombalacoques ne laissant que les plus vieux, les plus enra-cines, les plus solides.

Tempete, ouragan, cyclone... Au centre meteo de l’ıle Maurice, on traque les signes de ces cataclysmesdepuis 20 ans et on surveille l’evolution des cyclones. Pendant l’ete, il y a en moyenne 10 ouragans, et cer-tains arbres, surtout ceux qui mettent une centaine d’annees a grandir, peuvent disparaıtre soudainement.Si des cyclones reviennent regulierement sur l’ıle, ils peuvent causer de tels degats que ces arbres peuventdisparaıtre.

Parmi ceux des annees 1615 a 1970, il y en a eu plusieurs de meurtriers mais ils n’ont jamais provoquela destruction aussi massive d’arbres tels que les tombalacoques. Au contraire... les ouragans profitent acette espece car ils ont pour interet de disperser les pollens et de favoriser la chute des fruits. C’est doncla mauvaise hypothese.

L’exploitation de la canne a sucre ? Depuis 3 siecles, la foret a recule a 700 m d’altitude a cause descultures, mais le tombalacoque vit dans des lieux tellement inaccessibles qu’ils n’interessent pas l’exploi-tation.

UNE INTERVENTION ANIMALE ? OU ON REPARLE DU DODO

La graine du tombalacoque est une sphere de 4 a 5 cm de diametre et renferme certainement la cle del’enigme. En l’examinant de pres, l’enveloppe de la graine est tres dure, si dure que rien ne semble pouvoirla percer, meme pas un germe venu de l’interieur. Temple la soumet alors a des tests : meme plongee dansde l’eau, meme dans un terreau humide, la graine ne germe pas.

Une telle resistance de la graine est inhabituelle... Generalement, ces caracteristiques sont typiquesd’une graine qui cherche a se proteger des dommages d’un animal qui veut la manger. Or, l’ıle Mauricen’heberge pas d’animaux assez gros pour se nourrir des graines du tombalacoque. Alors pourquoi unegraine si dure qu’elle ne peut pas remplir pas sa fonction reproductrice ?

Une decouverte essentielle est faite dans les archives sur l’histoire de l’ıle : l’epoque a laquelle l’arbrecesse de se reproduire coıncide exactement avec la disparition d’une autre espece. Pour les Hollandais, l’ılesert de point de ravitaillement vers les Indes. Des 1598, ils s’y installent, mais au lieu de faire fructifier, ilspillent. Vers 1680 s’eteint le dernier representant d’un oiseau rare et introuvable ailleurs qu’a l’ıle Maurice :le dodo. Chasse pour sa chair, cet oiseau est victime d’un veritable carnage, d’autant qu’il ne pond qu’unseul oeuf durant toute sa vie. Avec ses ailes atrophiees, ses courtes pattes, et son corps gigantesque, le

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dodo resume le resultat d’une evolution insulaire de plusieurs millions d’annees.

Peut-etre ces graines tiraient un avantage du dodo ? Une relation de mutualisme ?

On trouve alors de nouvelles graines pres d’une mare et des os de dodo. Beaucoup plus petites quecelles trouvees auparavant, comme si elles avaient ete abrasees, ces graines avaient perdues une grandepartie de leur surface (certaines avaient meme ete reduites de moitie).

Afin de decrypter les liens secrets entre animaux et vegetaux, des experiences sont menees sur l’ılot desaigrettes (un jardin botanique experimental ou on essaie de restaurer les especes vegetales du 16e siecleen replantant des especes endemiques). On surveille ainsi, l’ebenier, une espece endemique qui commele tombalacoque a quasiment disparu et qui utilise tous les moyens pour disperser ses graines. Sous lacanopee de l’ebenier, il n’y a pas de dispersion des plantules... Pour conquerir le plus vite possible, pourprendre de vitesse ses rivales, a des trentaines de metres, il utilise une tortue terrestre (cousine de la tortued’Aldabra, espece endemique qui a egalement disparue a cause des colons). L’ebenier utilise les intestinsde cette tortue, qui se nourrit du jus des graine. La tortue disperse ainsi les graines d’une dizaine d’especesdifferentes tout en les nettoyant de nombreuses bacteries grace a ses sucs gastriques.

Selon le biologiste americain, le dodo aurait presente une particularite physiologique, il aurait etecapable d’ingurgiter des graines tres dures et de les briser pour faciliter leur acheminement dans le tubedigestif. Le volatile devait rejeter dans ses excrements les graines ramollies et faciliter ainsi leur germination.

Pour etayer son hypothese, le scientifique met en place une experience : un enorme dindon tres voraceau systeme digestif tres performant du a un organe bien precis : le gesier. Il remplit son gesier de caillouxqu’il ingurgite. Et grace a ces concasseurs naturels, il broie toute la nourriture qu’il avale : des graines, desbrindilles, des mottes de terre,...

Par sa corpulence, un dindon adulte devrait donc digerer des graines aussi dures que celles du tomba-lacoque et les rejeter abrasees et ramollies. Sur 20 graines avalees, 7 sont recuperees et plantees. Trois moisplus tard, 3 plantules apparaissent assistes par un agent exterieur : le dindon. La theorie semble irrefutable.

Le dodo serait devenu de plus en plus gros, donc le tombalacoque aurait pris en compte ce fait et lesgraines auraient developpe des mecanismes de defense plus efficaces, plus resistants.

UNE AUTRE HYPOTHESE : LES PLANTES EXOTIQUES

Pourtant, Vincent Florenz ( ?) a reussi a obtenir des germes sans action exterieure... alors pourquoipas dans la Nature ? En outre, le dodo vivait aux basses altitudes et les tombalacoques vivent en hautesaltitudes... L’hypothese precedente n’est donc peut-etre pas la bonne.

Des plantes exotiques ont ete importees, or, certaines comme le goyavier ont detruites des especesendemiques en occupant l’espace. Ainsi, l’arbre-tambour est presque aussi rare que le tombalacoque.Separes, cloisonne, ces arbres finissent par disparaıtre dans la solitude.

La deforestation, la disparition des tortues geantes, le dodo, ... une dizaine de raisons pour le tomba-lacoque. Mais laquelle est la bonne ? Auparavant, il faut determiner si les graines sont viables.... Combiende graines viables produisent les tombalacoques avant que les plantules n’apparaissent ?

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Une etude est alors menee au cur des graines, en prelevant des fragments. En effet, les ıles abritentbeaucoup moins de parasites que sur les continents, ce qui conduit a relachement de leur systeme de defenseface a des phytophages. Peut-etre y a-t-il des animaux ou des bacteries recemment importees qui, face auxdefenses physiques et chimiques relachees du tombalacoque, rendraient les graines steriles. Or il n’y a pasde champignons... donc le probleme intervient apres la germination.

Les plantes invasives ont attaque les tombalacoques ! Dans des conditions optimales, 1 graine sur 30seulement arrive a sortir de son enveloppe. Donc, en competition avec les especes dans la foret, assailliesde toutes part les plantules deviennent rares.

A l’inverse, dans une zone ou les especes invasives avaient ete eradiquees, des plantules apparaissent,liberees du joug des especes invasives.

CONCLUSION

Avant l’arrivee des hommes, cette ıle n’avait pas d’especes envahissantes. L’arbre vieillard a retrouvesa jeunesse perdue trop tot.

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5 - Des Graınes d’Eternite

Restranscrit par Mazrin initialement pour le site « le Grimoire de la Lune »

INTRODUCTION

Au debut du 3e millenaire, on pourrait croire que la Chine se soit devoilee... et pourtant, malgre queles dragons se soient envoles, il reste des mysteres.

Autrefois, un lac recouvrait des champs. Lorsque les eaux s’evaporerent, il y a plus de 5 siecles, latourbe retint emprisonne un tresor insoupconne. La terre ne garde pas eternellement ses secrets. Un matinde 1952, des pelles creuserent plus profondement et ramenerent a la lumiere apres des siecles de tenebresde petites billes sombres : des graines de lotus, celles du mulumbo lucifera, le lotus sacre d’Asie.

Oubliees pendant des annees, ces graines furent redecouvertes par Jane Sheen Miller (UCLA) en 1982...et en bon etat ! Ce pourrait-il que ces graines puissent encore germer ? Sur les 7 graines, 2 sont sacrifieespour datation au carbone 14 : la plus agee a 1288 ans ! ! ! Une graine millenaire ! ! ! La graine aurait dupourrir, se desagreger... Jusqu’a present, on considerait que la duree de vie maximale ne pouvait excederune centaine d’annees, et ces graines sont encore vivantes ! ! !

LA LONGEVITE DES GRAINES

Or, pour qu’une graine puisse germer, il faut qu’elle repare tous les dommages qu’elle a subi car,comme chez l’homme, les effets du vieillissement et du stress s’accumulent avec le temps. Comment lelotus repare-t-il ces degats ? Pour le moment, nous connaissons tres mal ces processus... Nous pourrionsutiliser ces mecanismes pour d’autres cultures comme le ble, le riz dont la duree de vie est de 5-15 ans etnon de milliers d’annees comme le lotus.

Au Kenya, la destruction des semences est crainte. La secheresse a deja detruit une partie des epis demaıs, d’ou donc peu de semence qui sont en outre attaquees par les champignons, les insectes, les parasiteset l’humidite. La duree de vie est tres limitee de quelques jours pour la graine de cacaoyer, gorgee d’eau etincapable de ralentir ses activites physiologiques, a une dizaine d’annees pour le ble ou le concombre. Legrain de maıs conserve la quasi-totalite de son pouvoir germinatif pendant pres de 2 ans, mais en quelquessemaines, la perte atteint plus de 20% des semences.

Et si un jour, le miracle se produisait ? La vie de millions d’hommes et femmes serait amelioree, caravec d’autres semences la famine reculerait. Plus de 20 ans apres le reveil du premier embryon millenaire,le lotus germe et grandit aussi vigoureux que les plants issus de jeunes semences.

RETROUVER DES GRAINES ?

Le probleme est que la datation au carbone 14 a detruit les graines. Mais ou trouver d’autres grainesd’eternite ?

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La piste mene a un homme : Hishiro Hoga ( ?) (Botaniste japonais). En 1950, dans la region de Shiba, ila trouve 3 graines de mulumbo lucifera parfaitement conservees pres d’une barque sous 6 metres de tourbe.La datation de la barque avait ete etablie a plus de 3000 ans (a l’epoque ou l’empire assyrien connaissaitson apogee, David regnait sur Israel et les restes de Troie fumaient encore). Depuis a Shiba, elles sontrepresentees partout (timbres, batiments, ...) et les rejetons peuplent les jardins. Les graines pouvaientvivre 2000 ans... et peut-etre eternellement. Mais les graines ont ete utilisees.

Deux nouvelles graines seront trouvees dans la region d’un lac asseche (4 km2) dans la region du YangMing ( ?), Liaoning au Nord-Est de la Chine. Deux graines apparaissent lisses et intactes : le sarcophaged’argile libere ses tresors. D’apres les strates, elles ont au minimum quelques centaines d’anees (en fait :549 ans). Elles sont reconnaissables car les vieilles graines sont brillantes et leur excroissance est partie (lesjeunes sont grises, couvertes de cire et presentent une excroissance), en outre les graines fertiles coulentdans une tasse d’eau (car l’air n’a pas penetre leur enveloppe).

BOUDDHISME ET LOTUS

Le lotus a ete cultive par les moines bouddhistes des le 4eme siecle. Le lotus est une plante d’originemodeste, il naıt dans la boue puis s’eleve au-dessus de l’eau et prend sa vraie couleur. Dans la religionbouddhiste, il symbolise la purete, la vitalite et la beaute. Un lien sacre uni cette plante a Bouddha : desfleurs de lotus surgissaient a chacun de ses pas. Dans la mythologie, Bouddha trone a tout jamais sur cettefleur dans une posture qui symbolise l’illumination.

Il existe une histoire romantique a propos du lotus : deux amoureux, qui devaient se separer, briserentune tige de lotus. Les deux parties coupees resterent reliees par des fils de soie, ainsi ils ne seraient jamaissepares. Loin tres loin de l’autre, la soie les relierait toujours.

Les proprietes du nulumbo lucifera ne sont pas legendaires et la science a encore beaucoup a apprendrede cette plante.

DES FEUILLES SUPRA-LISSES

Les feuilles sont recouvertes d’un duvet. L’eau nettoie les feuilles et enleve toute la poussiere. Parcequ’il naıt de l’obscurite boueuse, perce l’eau et s’eleve toujours immacule, le lotus represente dans toutel’Asie un symbole de purete. L’allemand Willerm Buttle ( ?) (Universite Botanique d Bonn) s’interessealors au fondement du mythe de purete.

Les feuilles de la plante sont couvertes d’asperites microscopiques qui permettent d’evacuer l’eau et lessaletes, au lieu de les retenir. Sur la feuille de lotus, comme sur du Teflon, tout glisse sans s’attacher...meme les substances les plus collantes comme le miel ne peuvent adherer a la surface de la feuille !

On pense souvent qu’une surface doit etre lisse pour etre propre, mais la Nature prouve que ce n’estpas toujours vrai. Dans la Nature, les surfaces structurees selon ce principe sont legion : c’est le cas desailes de papillon ou meme de nos cheveux, qui sont exposes a la salete et a la pluie. Elles presentent unestructure hydrophobe telle que les gouttes n’adherent pas mais glissent et entraınent les particules de salete.

Un test nous montre l’incroyable pouvoir de ces asperites : une goutte d’eau qui touche une surfacelisse eclate immediatement a son contact, mais sur un echantillon de feuille de lotus, la goutte reste intacteet semble a peine effleurer la surface. Cette incroyable structure est invisible a l’il nu. Les particules de

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salete se posent comme un fakir a la surface d’un lit de clous. C’est l’effet lotus.

La glu la plus forte (le pigment rouge « Soudan 3 »), qui sert a marquer les billets de banque lors desattaques, glisse ! ! ! Cette decouverte commence deja a avoir des applications dans des tas de domaines :recipient, enduit, cirage, peinture...

UNE COSSE SUFFISAMMENT RESISTANTE ?

Pour Steven Clarke (UCLA - Molecular biology), l’origine du vieillissement des plantes se trouve dansles graines qui sont l’equivalent d’un ftus humain, sauf que la graine arrive a maturite en 1-2 mois et quele ftus est jete dans une coque et dans la Nature. Comment reparer son ftus pour survivre aussi longtemps ?

Le lotus multiplie les protections autour de son embryon. Cet etrange cone, qui ressemble a un arrosoir,constitue la premiere enveloppe autour des graines : une vingtaine d’alveoles renferme les graines jusqu’aleur maturite. Puis l’epaisse cosse noire des graines prend le relais, protege de l’humidite et de la lumiere.On pourrait penser que le secret de la longevite serait la.

Mais ce ne sont pas les seules graines a avoir des cosses solides. Ainsi la noix de coco : malmenee par lescourants marins, corrodee par le sel, la graine resiste et protege le ftus endormi en son sein. Il y a un corpsqui grandit a l’interieur et il doit survivre a tout prix. La noix de coco peut passer des mois dans l’eau demer... Celle-ci partira de Thaılande parcourant des milliers de kilometres pour venir coloniser les plagesaustraliennes, et c’est seulement quand elle atteindra le sol ferme qu’elle puisera dans ses reserves pourdevelopper son germe. Et quelques mois plus tard, ses racines et feuilles prendront le relais, et assurerontseules son developpement.

LA SOLUTION : UNE ENZYME

La solidite de leur cosse ne suffit pas a expliquer la longevite : il y a probablement une structuregenetique tres particuliere. Pour en avoir la preuve, Sheen Miller demande a Steven Clarke (Specialiste dela biochimie des processus chimiques de vieillissement - UCLA). Les processus chimiques de vieillissementsont les memes pour tous les organismes.

Afin de rechercher des enzymes de reparation, il faut etudier la composition genetique des tissus etsacrifier la derniere graine, casser la cosse de la graine pour en extraire l’embryon, en faire une finie poudreet congeler dans l’azote liquide.

Apres des mois de recherche, l’equipe de Clarke a decouvert le secret de l’etonnante longevite du LotusSacre d’Asie. Le vieillissement cellulaire est due a l’accumulation de proteines endommagees. Habituelle-ment, chez les graines, la periode de stockage augmente ce vieillissement et donc reduit donc sa viabilite.Mais ce n’est pas le cas du lotus, qui arrive a reparer les dommages lies a l’age. Ce facteur a enfin eteidentifie, il s’agit de l’enzyme « L iso-aspartyl methyl transferase »

PHARMACOPEE ET GASTRONOMIE ASIATIQUES

En Chine, le lotus est considere comme une plante qui cache d’innombrables tresors. Bien avant quel’occident ne s’interesse a ses graines, la pharmacopee asiatique leur pretait d’innombrables vertus. Chaquepartie de ses tissus (feuilles, tiges, fleurs, racines,...) est utilisee par la medecine traditionnelle depuis plusde 4000 ans.

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Les fleurs, les larges feuilles sechees, et les graines soulagent ainsi les mille et un maux, tout commeles rhizomes (tiges qui poussent horizontalement sous la terre) et les racines (a ne pas confondre avec lesrhizomes). Cette medecine traditionnelle prescrivait des graines de nelumba lucifera pour lutter contre levieillissement longtemps avant que les scientifiques ne decouvrent leur resistance a l’usure. Encore aujour-d’hui, le lotus possede des ressources qui n’ont pas ete repertoriees.

Dans les profondeurs des lacs, on recolte les rhizomes en extirpant leurs larges tiges. Ces tubercules,a la chair tendre et legerement sucree, constituent un grand classique de la gastronomie asiatique. Lesrhizomes sont soigneusement laves et debarrasses de leur peau pour eviter tout arriere-gout de vase. Lesracines crues sont consommer en salade. Les fleurs et graines sont egalement comestibles. Ainsi, la traditionasiatique utilise depuis toujours les vertus de cette plante, a laquelle la recherche occidentale commencetout juste a s’interesser.

CONCLUSION

Trouver la fontaine de jouvence, percer le secret du lotus et l’appliquer a l’homme, afin de contenirnotre propre vieillissement, ou encore ameliorer la resistance des semences, afin de lutter les famines, tellessont les objectifs de cette etude.

Nous savons, a present, que nous avons avec les plantes plus de genes en commun que nous ne pensions.

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6 - A la Recherche de l’Arbre Dinosaure

Restranscrit par Mazrin initialement pour le site « le Grimoire de la Lune »

RESUME

Ce dernier volet porte sur la decouverte en Australie de deux arbres prehistoriques vivants : le PinWollemi (gymnosperme) et le Chene de Nightcap (angiosperme), et decrit l’evolution des plantes de gym-nosperme a angiosperme.

(Les phrases entre guillemets sont dites par Robert Kooyman)

INTRODUCTION

Le premier arbre qui aurait eu la premiere fleur existerait encore dans une vallee interdite en Australie :le plus isole des continents. Les aborigenes disent qu’elle est le decor de notre reve et que nous ne sortonsde ce songe que le jour de notre mort.

Robert Kooyman recherche les dinosaures du regne vegetal. Son terrain de chasse : l’ıle continent,veritable Jurassic Park, ou ont pu survivre ignores de tous, des colosses immobiles appartenant a desespeces vieilles de plusieurs centaines de millions d’annees. Chaque jour depuis plus de 20 ans, il parta la recherche d’un arbre dont les racines plongeraient dans les temps prehistoriques. Parfois les indicesqu’il doit recueillir (feuilles, fruits, brindilles) se trouvent a des hauteurs inaccessibles. Il utilise alors unlance-pierre ou une technique encore plus simple :

Par exemple, il arrive que des fragments vegetaux eventuellement revelateurs se prennent dans lesmailles d’un filet pose quelques jours plus tot. Il suffirait d’une feuille arrachee par le vent a sa branche,ou d’une graine qu’un oiseau rejetterait en plein vol pour que la vie de Kooyman soit bouleversee, carsi cette feuille, cette graine n’avait jamais ete repertoriee auparavant, cela signifierait qu’en effet on peutimaginer qu’une lignee de dinosaures vegetaux ait pu survivre aux millenaires, au creux d’une vallee perdue.

Robert Kooyman le sait. Ce qu’il cherche ce n’est rien de moins que l’equivalent d’un tyrannosaure :un tyrannosaure dote de racines, de branches, de feuilles... un reve fou ! !

« Chaque fois que je tombe sur quelque chose que je peine a identifier, cela m’excite parce que je vaisameliorer ma connaissance et ma comprehension, et qui sait ce sera peut etre une espece nouvelle. »

Chaque soir, Robert Kooyman analyse sa moisson du jour. Le plus souvent, c’est l’instant des desillusions :telle pousse prometteuse n’est qu’une herbe ordinaire, telle feuille insolite n’est que la variante banale d’uneessence bien connue des botanistes. Classer des especes nouvelles est un defi, esperer en trouver une quiremonte a la prehistoire une folie.

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AUSTRALIE : RADEAU DE L’EVOLUTION

Pourtant s’il existe sur cette planete un lieu ou une telle espece aurait pu prosperer, c’est bien cetteıle qui jadis se separa du reste du monde semblable a un radeau au milieu des mers. Longtemps oubliedes hommes, abrite et lointain, le dernier des continents fut protege de leur curiosite et de leur instinctdestructeur.

A l’origine, un super continent austral nomme Gondwana regroupait en un seul bloc les terres destineesa devenir l’Amerique du Sud, l’Afrique, l’Arabie, Madagascar, l’Inde, la Nouvelle-Zelande, l’Australie, l’An-tarctique ainsi que certaines parties de l’Asie du Sud. Il y a environ 50 millions d’annees, l’Australie sedetacha de cet ensemble pour evoluer separement devenant une sorte de sanctuaire ou le vivant seraitpreserve et ou il emprunterait des voies originales. Et c’est ainsi qu’on trouve en Australie, pays duRocher Sacre dresse au milieu du desert, des creatures telles que le varan ou le crocodile d’estuaire. Ellesfrequentaient ces terres au temps des dinosaures il y a 200 millions d’annees avant meme qu’elles ne deriventpour former un continent. Et elles sont toujours la ! Leurs formes et leurs comportements sont restes stables.

Petit buisson vivant aux epines claires et au nez pointu, l’echidne est le seul representant avec l’orni-thorynque de l’ordre des monotremes ( ?). Si ces especes antediluviennes ont pu survivre ici, pourquoi pasun arbre dinosaure ?

Les forets australiennes se situent principalement dans les regions subtropicales du nord et le long de lafrange cotiere orientale. C’est plus particulierement dans les zones mal explorees de l’tat de Nouvelle Gallesdu Sud, que Robert Kooyman developpe ses recherches de terrain. Les changements de climat pendantdes millions d’annees ont eu un impact profond sur ce continent, et pour ce qui concerne les essences quietaient adaptees a la foret ombrophile la fraıcheur humide qui leur convient ne se trouve plus que dans lesgorges et des vallees profondes ainsi que sur les flancs de certaines montagnes.

LES FOSSILES DE VON MUELLER

Robert Kooyman reve de retrouver au creux de ces encaissements les traces encore vivantes d’un passelointain. Mais ce passe d’autres que lui en ont exhume des traces fossilisees. Pour le botaniste, il est essentielde mieux comprendre grace a ces fossiles a quoi pourrait vraiment ressembler le fantome qu’il poursuit.

Nous sommes au Victoria Museum de Melbourne. C’est la dans des coffres d’ou on ne les sort presquejamais que se trouvent les pieces a conviction sur lesquelles se fondent quelques-unes des intuitions deRobert Kooyman. Tom Darac ( ?), paleobotaniste, etudie ces fossiles depuis de nombreuses annees. Lesfossiles se presentent sous la forme de grosses boules de la taille d’une balle de cricket : ce sont des fruits,et on peut penser qu’ils sont parmi les premiers qu’un arbre ait pu produire sur ce continent. Ils pendaientaux branches de l’un de ces arbres que recherche Kooyman, il y a 15 ou 20 millions d’annees.

L’histoire de ces fossiles commence au 19e siecle, alors qu’une ruee vers l’or precipite une foule d’aventu-riers vers Balarat, une ville proche de Melbourne, situee sur les ultimes reliefs de la cordillere australienne.Nous avons reconstitue cette journee de 1875 ou, au fond d’une mine, un chercheur d’or mit au jour unenoix fossilisee. Cette decouverte aurait pu passer inapercue dans l’agitation de cette epoque exaltee... maisun scientifique, Ferdinand Von Mueller, qui fut botaniste officiel du gouvernement pendant 43 ans, en futinforme. Il repertoria, data la relique et la baptisa « Xylocarion loci » ( ?). Retrouver vivant un arbre quisoit comparable a l’arbre aux noix de Ferdinand Von Mueller, c’est l’ambition dont Robert Kooyman nedemord pas.

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UNE PISTE INESPEREE OU UNE VOIE SANS ISSUE ?

Alors le botaniste reprend sa quete sur son terrain d’exploration du moment : le Nightcap NationalPark. Le parc est situe sur une chaıne volcanique que l’erosion a entaille formant ces vallees humides etabritees que Kooyman sait propices a ses recherches. Le taux de biodiversite est eleve et le sol acide : deuxconditions favorables supplementaires. Ancien garde forestier, Kooyman connait chaque centimetre carrede ces forets, rien d’inhabituel ne saurait lui echapper.

Aujourd’hui Robert Kooyman aime a refaire les gestes accomplis ce jour de 1988 qui aurait pu changersa vie. Il y eu d’abord cette feuille decoupee en lobes profondement entailles, puis ces notes confiees sansla moindre febrilite au carnet d’aventure. Et le meme protocole que d’habitude, pour collecter les donneeset conserver la recolte du jour.

Ce jour la, Robert Kooyman a l’impression qu’il effleure peut-etre le but qu’il s’est fixe, il y a si long-temps. Cette feuille, il ne rappelle pas l’avoir jamais vu auparavant, si ce n’est sur les nomenclaturesdes especes eteintes. Pour en avoir le cur net, il decide d’envoyer son tresor a l’homme en qui il a le plusconfiance : son maıtre le botaniste Alex Floyd, specialiste des forets tropicales humides. Alex Floyd confieral’echantillon au prestigieux herbier de Brise Bad ( ?) aux fins d’analyse. Au terme d’un long processus decomparaison avec l’ensemble des especes connues, les responsables de l’herbier decretent finalement quela feuille fournie par Robert Kooyman ne presente aucun interet particulier. L’arbre, duquel elle provient,est deja dument repertorie : il fait partie de la famille des corinocarpacees ( ?). Les botanistes de l’herbierofficiel classent l’affaire et retournent a des taches plus serieuses... ils viennent en realite de faire commettrea leur institution la plus grave erreur de son histoire. Kooyman est fataliste, il croit avoir suivi une faussepiste.

« Pour faire aisement comprendre aux gens ce qu’est la science, et en particulier ce que sont les sciencesnaturelles et la botanique, on pourrait les comparer avec les recherches de preuves cachees qu’on cherchedans la medecine legale ou dans les enquetes policieres. »

FOUGERES ET EVOLUTION VEGETALE

Decu mais pas decourage, Kooyman repart a l’attaque sur les flancs volcaniques du parc national deNightcap en 2000. Plus que jamais, il considere sa tache comme essentielle, si on veut mieux comprendreles grandes regles de l’evolution dans le regne vegetal. Les hommes se sont toujours attaches, dans le sillagede Darwin, a analyser les mecanismes de selection naturelle, de survie du « mieux adapte » chez les ani-maux. Archeologue du monde vegetal, Kooyman pense lui que nous devons a present decrypter les memesmecanismes lorsqu’ils s’exercent sur les plantes dont l’evolution nous est nettement moins bien connue.

En particulier, le mode de reproduction des plantes a subi des revolutions successives. C’est precisementcela qui tend Robert Kooyman vers son but : mieux comprendre comment depuis l’archaısme du systemereproductif chez la fougere, tout a evolue vers une sophistication croissante... Et l’arbre dinosaure qu’ilrecherche depuis tant d’annees pourrait donner de precieuses indications sur les etapes de ce parcours.

Voici plus de 300 millions d’annees, les fougeres dominaient l’epoque dite du Carbonifere. Bien qu’ellessoient depourvues de tronc, certaines d’entre elles s’elevaient a pres de 30 metres. Pour en arriver la, pourse liberer du sol ou s’etalait l’univers des mousses, il leur avait fallu inventer la tige. Les fougeres ne regnentplus sur les paysages d’Australie, mais elles sont toujours la et partout ailleurs dans le monde, rescapees

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de ces epoques ou diplodocus et iguanodons arpentaient les plaines. Pour Kooyman, c’est bien la preuveque des plantes ont pu survivre au temps des dinosaures et traverser les temps.

Au-dessous de la surface des feuilles, on trouve ces sporanges : petites concentrations de spores qui per-mettent la reproduction de la plante. Les fougeres ne portent ni fleurs, ni fruits, ni graines... leur mode dereproduction est le plus primaire qu’on puisse imaginer : de minuscules particules (les spores) sont libereesau moindre contact, au moindre coup de vent. Tombees au sol, elles donnent naissance en quelques jours,si les conditions de temperature et d’humidite sont favorables, a de petits organismes, les gametophytes,qui eux-memes engendreront de nouvelles fougeres.

Semaine apres semaine, annee apres annee, Kooyman poursuit sa longue quete dans la meme region.Il sait qu’on trouve sur de hautes terres au Nord du Queens Land une foret comparable a celle-ci, et dontpersonne ne conteste les vestiges gondwaniques herites du super continent originel. Alors pourquoi la foretde Nightcap ne remonterait-elle pas elle aussi a la genese des terres immergees ?

Parfois, le botaniste redoute de passer sans meme le voir a cote de l’arbre qu’il cherche. Ici en effet, unarbre peut en cacher un autre : le figuier etrangleur en est la preuve. Sa graine, rejetee dans les excrementsd’un oiseau ou transportee par le vent, se fixe au hasard sur l’ecorce d’un arbre et germe. Une liane seforme qui touche le sol et s’enracine, puis, de toutes parts, l’organisme parasite developpe des tentaculesvegetaux qui enserrent son hote jusqu’a le rendre invisible. L’arbre, que cherche Kooyman, est peut-etrecache entre les griffes de ce figuier etrangleur... et pour le verifier, echantillons a l’appui, il faut payer desa personne !

DECOUVERTE DU PIN WOLLEMI, GYMNOSPERME PREHISTORIQUE VIVANT.

A ce stade, Robert Kooyman pourrait considerer qu’il a echoue : ses recherches ne le menent a rien. Lebotaniste repasse 100 fois les memes zones au peigne fin sans succes. Parfois il repense a ce jour de 1988ou il a cru toucher au but. Il arrive meme que ses itineraires le ramenent au pied de cette jeune plante quil’avait rempli d’espoir, qu’il frole desormais avec indifference et qui semble le narguer.

Soudain, c’est le destin qui va narguer Kooyman. En effet, un autre homme va decouvrir avant lui lepremier vestige vivant de la prehistoire vegetale de l’Australie, et cet homme n’est meme pas botaniste.David Nobel est ranger des parcs nationaux et adepte de l’escalade (ce qui lui donne acces a des crevassesque Kooyman ne peut pas explorer). Au fond d’une gorge inaccessible du parc national Blue Mountainsen Nouvelle Galles du Sud, Nobel trouve un arbre prehistorique, un arbre que personne n’a jamais observeauparavant. Un arbre qui pourrait passer pour une fougere s’il ne mesurait 35 metres de haut et si sonecorce n’etait legerement granuleuse. Il appartient au groupe des pins, on le nommera « pin Wollemi ».On trouvera 38 autres pins sur le site, dont le plus vieux est age de plus de 1000 ans.

La decouverte du pin est tres importante pour plusieurs raisons : d’abord, il appartient a une especetres ancienne, qu’on croyait eteinte depuis tres longtemps, c’est un fossile vivant qui remonte au tempsdes dinosaures. Les coniferes n’ont pas tant varie depuis si longtemps (100 millions d’annees), cela montrequ’ils sont bien adaptes a leurs conditions de vie : ils n’ont pas besoin de beaucoup changer.

Ken Hill, le botaniste des jardins botaniques de Sydney, qui a identifie la plante, a bien raison. A peinela decouverte annoncee, on redoute que le site ne soit devaste par les curieux. Les autorites decident de nepas devoiler son emplacement, et les rares personnes autorisees a s’y rendre sont amenees les yeux bandeset en helicoptere... et depuis l’acces a la vallee a ete totalement interdit.

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Un autre risque : on craint que des trafiquants ne franchissent les protections afin de collecter les grainesde ces pins, dont la valeur pourrait atteindre des milliers de dollars. C’est pourquoi des scientifiques s’en-gagent dans une course contre la montre, ils doivent au plus vite analyser le systeme de reproduction dece pin. S’ils y parviennent, on pourra reproduire cet arbre en serre et tuer le marche avant qu’il ne sedeveloppe. On decouvre alors que le pin est bisexuel, sur ses branches superieures on trouve des conesreproducteurs males et femelles.

Au Mount Tomah Botanic Garden, les chercheurs prennent des precautions extremes (desinfection deschaussures, barbeles, ...). C’est ici qu’on eleve 12 pins issus de tous ces efforts. Ils ont ete obtenus par bou-turage, methode retenue pour multiplier l’arbre rarissime. Les jeunes arbres sont couves, choyes a chaqueinstant. On mesure la regularite de leur croissance, on teste leur aptitudes a affronter l’animal qui regnedesormais sur le monde a la place des dinosaures : l’homme. Une date a ete prevue pour la commerciali-sation de la plante : 2005, et en attendant, pour satisfaire la curiosite, un pin a ete mis dans les jardinsbotaniques royaux de Sydney.

GYMNOSPERMES ET ANGIOSPERMES

Au lieu de le decourager, la sensation de s’etre fait doubler stimule Robert Kooyman : il existe biendes arbres dinosaures, ceux qui l’affirment ne sont pas de doux reveurs. De plus Kooyman a une autreambition : il veut decouvrir le premier arbre a fruits, l’un de ceux qui ont adapte un mode de reproductionrevolutionnaire.

Le grand pin est un proche parent du pin wollemi. On le classe dans les gymnospermes. Il predominait,ou il est arrive, dans l’evolution bien avant les plantes a fleurs. Gymnosperme signifie en gros « grainenue » , car les cones liberent la semence et rien ne la protege : elle n’est ni recouverte, ni protegee.

Il y a 2 sortes d’arbres : les gymnospermes et les angiospermes.

Les premiers sont principalement des coniferes. Le pin wollemi est un gymnosperme, ce qui signifiequ’il appartient, comme l’ensemble des coniferes, a une espece au mode de reproduction rudimentaire. Lesbranches portent des fleurs : les pommes de pin males ou femelles. Les cones males, en s’ouvrant, repandentun pollen qui feconde les ovules situes a la base des ecailles, situees sur le cone femelle.

Ainsi sont produites les cellules oeufs ou graines, qui seront disseminees par le vent. C’est la le pointimportant : les ovules puis les graines sont nus, a l’air libre et non proteges dans la cavite de l’ovaire.En d’autres termes, il s’agit d’un mode reproductif plus elabore que celui des fougeres, mais encore tresprecaire.

A LA RECHERCHE DES ANGIOSPERMES

Ce qui interesse Robert Kooyman au premier chef, ce qui guide sa quete, se sont les evolutions dans lemonde vegetal. L’une des plus extraordinaires fut franchie quand s’amorca le processus qui ferait s’ouvrirune fleur sur la branche d’un arbre : une veritable revolution !

« Les plantes les plus celebrees sont les plantes a fleurs. Quant aux arbres a fleurs ils sont connus detous, a cause de leur floraison abondante exuberante. Bien sur, ils dominent dans la nature mais il futun temps ou s’etaient les gymnospermes qui regnaient, qui dominaient la planete. Le regne des plantes a

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fleurs n’est venu que plus tard. »

Ce dont reve Kooyman ce serait de decouvrir encore vivant l’un des tous premiers arbres angiospermes.Dans l’evolution, l’apparition des angiospermes fut un moment magique. Les plantes commencerent a gar-der leurs ovules dans un ovaire, bien a l’abri au cur de la fleur au lieu de les abandonner nus et vulnerablesaux hasards des vents. Desormais on pourrait presque dire que la plante protegeait sa progeniture afin delui donner de meilleures chances de survie.

Au Museum National d’Histoire Naturelle de Paris, une botaniste disseque une orchidee, l’un des or-ganismes les plus evolues du regne vegetal. On distingue au microscope les ovaires de la fleur, veritablessanctuaires destines a la protection des ovules.

Le mode de reproduction des angiospermes va, en outre, leur offrir la possibilite de se diversifier car ilimplique une meilleure multiplication des combinaisons genetiques.

« Les plantes a fleur, les angiospermes, attirent les insectes, les oiseaux, les chauves-souris et d’autresespeces qui les assistent dans le processus reproductif. »

Beneficiant d’une plus grande diversite, 2000 ans apres JC, on comptera plus de 250.000 especes d’an-giospermes contre 700 pour les gymnospermes. Les plantes a fleurs pourront coloniser des espaces varies.Elles partiront a la conquete des deserts et des savanes, des jungles et des toundras, et tout cela grace acette invention miraculeuse : la fleur, et donc le fruit.

La decouverte par Nobel d’un gymnosperme prehistorique encore en vie attise la volonte de Kooyman.Il sera celui qui mettra a jour une angiosperme prehistorique encore en vie : l’un de ces arbres qui ontinvente la fleur, le fruit.

« Une grande partie du travail que nous faisons en biologie et en ecologie et particulierement dans ledomaine des plantes est en rapport avec les incendies et l’urbanisation : l’impact de l’homme sur l’environ-nement. Nous consacrons beaucoup d’efforts a assister des especes dans leur lutte pour la survie. Bien sur,nous devons trouver, localiser et identifier autant d’especes que possible avant qu’elles ne disparaissent. »

Telle est l’angoisse de Kooyman, l’arbre qu’il cherche depuis plus de 20 ans pourrait bien tout simple-ment avoir ete brule ou abattu par les hommes sans qu’on ne l’ait identifie.

DES NOIX PREHISTORIQUES ENCORE VIVANTES ! ! !

Le botaniste repart en expedition et quadrille systematiquement ces forets profondes ou pourrait setrouver son arbre oublie, noye dans l’epaisseur du tapis de chlorophylle que forme la canopee. Mais Kooy-man a-t-il adopte la bonne methode ? D’autres chercheurs d’especes anciennes quelques annees auparavantne sont pas eux partis au hasard, ils ont au contraire adopte une demarche plus detective.

Il faut savoir qu’en 1960 un botaniste trouva dans une foret primaire du Queens Land des noix fraıchescomparables a celles fossiles que Von Mueller avait decouvert au fond d’une mine au 19e siecle. Quand ilregarda autour de lui , il n’avait trouve aucun arbre qui aurait pu produire ces fruits extraordinaires. Ileut beau parcourir en tous sens les pentes du mont, il ne trouva rien d’autre que ces noix pour ainsi diretombees du ciel.

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A l’Herbier Royal de Sydney, ou officie Peter Weston, la decouverte provoque alors l’emoi des scienti-fiques. On se reporte aux dessins anciens de Von Mueller : la preuve est bien la ce sont les memes fruits,mais ou diable est l’arbre qui les a produit ?

Ce sont des fruits grignotes par des rats appartenant a l’espece locale. Si pendant de nombreuses annees,il n’a pas reussi a trouver des noix fraıches et intactes, c’est parce que des animaux frugivores les ont mange,grignote ou deplace. Parmi eux : le rat-kangourou, petit marsupial qui se nourrit de fruits, d’ecorces, denoix ou de graines. Il fait partie des animaux jardiniers qui contribuent a entretenir la vegetation. Sesexcrements sont riches en spores de certaines truffes utiles aux racines des arbres... Et il disperse souventses aliments en les deplacant pour les mettre a l’abri dans des cachettes. Au lieu de partir a l’aventure,Robert Kooyman aurait pu tenir compte de ces elements et adopter une methode plus logique... d’autresl’ont fait.

Pres de Smythesdale, l’endroit ou les noix fossiles ont ete trouvees, a cote de la mine ! Calculer ladistance sur laquelle les animaux peuvent deplacer des fruits, et ratisser une zone equivalente autour de lamine ou ont ete trouvees des noix fossiles de Von Mueller : c’est ce que ferait tout detective professionnel.C’est aussi ce qu’ont tente plusieurs botanistes... malheureusement depuis cette epoque la zone a terrible-ment change.

DECOUVERTE DU CHENE DE NIGHTCAP, ANGIOSPERME PREHISTORIQUE VI-VANT.

Un jour, alors qu’il repasse pres de cette plante, en qui il avait cru jadis identifier un tresor extraordi-naire, Robert Kooyman repense a la maniere peut-etre expeditive dont l’herbier de Brise Bad ( ?) a detruitses espoirs.

Est-il vraiment possible de trancher l’appartenance d’une plante a une espece precise en la determinanta l’aide d’une seule feuille ? Au Museum d’Histoire Naturelle de Paris, Marc Pignal, directeur du plus belherbier du monde, prouve que non. Ainsi la feuille d’une plante jeune aux lobes tres decoupes et une feuillede la meme plante parvenue a l’age adulte d’une decoupe reguliere, sans encoches : ces feuilles font partied’un arbre du groupe des piliacees ( ?). Les feuilles des piliacees ( ?) changent de forme selon que la plante estjeune ou adulte. En Australie, cette caracteristique est frequente chez les arbres de la famille des proteacees.

Robert Kooyman comprend enfin que son intuition initiale etait peut-etre juste et qu’on peut identifiera coup sur a l’aide d’une feuille une plante si son feuillage ne change pas au cours de la vie... mais pasune plante proteacee ! Et que donc peut-etre l’herbier s’est trompe et que l’arbre dinosaure est peut-etreencore la insoupconne au cur du parc de Nightcap. L’acces au parc est desormais strictement reglemente.

Enfin, Kooyman parvient la ou, 20 ans plus tot, lui etait apparue la feuille etrange et ciselee. Et bienque le temps ait passe, une plante semblable est la au pied d’un arbre, qui semble l’attendre. C’est bienla meme feuille que celle envoyee a l’herbier... Kooyman s’apercoit alors que la plante n’est qu’un rejetonde l’arbre immense qui se dresse devant lui et dont les feuilles, elles, semblent legerement differentes. Cetarbre c’est bien un proteace ! Plus aucun doute ne subsiste sur la faute de l’herbier... Cet arbre haut de 30metres appartiendrait bien a une espece prehistorique !

Mais d’apres Peter Weston, directeur de l’herbier de Sydney, l’arbre ne portait ni fleur ni fruit... l’ana-lyse d’un fragment d’ecorce devrait donner la preuve finale. Le tronc a vif (apres une incision) revele unaspect a celui du chene, c’est l’un des indices qu’il esperait, parmi ceux qui pourraient prouver que cet

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arbre n’a jamais ete identifie auparavant. Sur le sol, Kooyman decouvre alors quelques noix qui avaientechappe a son attention. Elles ont la meme apparence que les fossiles mis au jour il y a 125 par Von Mueller.

Recevant ces nouveaux elements, Peter Weston est cette fois categorique : l’arbre de Kooyman est bienun specimen inconnu appartenant a la famille des proteacees, famille dont font partie les premiers arbresa fleurs du Gondwana. Les premieres feuilles de Kooyman etaient jeunes, avec des bordures epineuses. Onpourrait les prendre pour des feuilles de corinocarapacees ( ?), une autre espece qui possede egalement depetites feuilles epineuses.

C’est ainsi que la science progresse avec des scientifiques qui fournissent des intuitions audacieuses,et qui les testent en observant le monde reel. C’est bien ainsi que la science progresse par erreur ettatonnement !

Aux Jardins Botaniques Royaux de Sydney, les botanistes ont analyse l’ADN de l’arbre, que Kooymana baptise le « Chene de Nightcap ». Ils ont prouve qu’il appartient bien a une espece contemporaine desdinosaures et les medias ont salue l’exploit du chercheur opiniatre.

Le chene de Nightcap est decrit comme une espece voisine du matamkaya ( ?), qu’on appelle aussi lenoyer du Queens Land. 25 chenes de Nightcap ont ete trouves, dont certains hauts de 35 metres.

« C’est comme un voyage dans le temps. Cet arbre appartient a ces anciennes forets du Gondwanaqui s’etendaient sur toute l’Australie, et qui sont maintenant restreintes aux zones les plus humides ducontinent. »

Depuis le debut, Kooyman avait vu juste. Aujourd’hui le chene de Nightcap est protege comme untresor national. Quand le scientifique revint vers la foret secrete, quelque temps plus tard, ces arbres lui of-frirent un cadeau bouleversant : tous etaient en fleur. Comme si une explosion blanche avait souffle la foret...

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