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actu e n images 2 Travail & Sécurité – Mai 2012 Restauration de monuments La prévention tutoie les sommets Restauration de monuments La prévention tutoie les sommets Depuis plus d’un an, Rouen est le théâtre d’un chantier exceptionnel et techniquement passionnant. Perchés à plus de 70 m de haut, les trois clochetons néogothiques de la cathédrale ont été démontés pour restaurer leur structure. Le quatrième, arraché par la tempête de 1999, a été remis en place en février dernier et doit être revêtu de ses cuivres flambant neufs. Retour sur un chantier en conditions extrêmes qui mobilise les compagnons les plus chevronnés. Depuis plus d’un an, Rouen est le théâtre d’un chantier exceptionnel et techniquement passionnant. Perchés à plus de 70 m de haut, les trois clochetons néogothiques de la cathédrale ont été démontés pour restaurer leur structure. Le quatrième, arraché par la tempête de 1999, a été remis en place en février dernier et doit être revêtu de ses cuivres flambant neufs. Retour sur un chantier en conditions extrêmes qui mobilise les compagnons les plus chevronnés.

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2 Travail & Sécurité – Mai 2012

Restauration de monuments

La prévention tutoie les sommets

Restauration de monuments

La prévention tutoie les sommets

Depuis plus d’un an, Rouen est le théâtre d’un chantier exceptionnel et techniquement passionnant. Perchés à plus de 70 m de haut, les trois clochetons néogothiques de la cathédrale ont été démontés pour restaurer leur structure. Le quatrième, arraché par la tempête de 1999, a été remis en place en février dernier et doit être revêtu de ses cuivres flambant neufs. Retour sur un chantier en conditions extrêmes qui mobilise les compagnons les plus chevronnés.

Depuis plus d’un an, Rouen est le théâtre d’un chantier exceptionnel et techniquement passionnant. Perchés à plus de 70 m de haut, les trois clochetons néogothiques de la cathédrale ont été démontés pour restaurer leur structure. Le quatrième, arraché par la tempête de 1999, a été remis en place en février dernier et doit être revêtu de ses cuivres flambant neufs. Retour sur un chantier en conditions extrêmes qui mobilise les compagnons les plus chevronnés.

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E n ce matin de février, sous l’épaisse couche de nuages qui assombrit le

paysage, Rouen semble endor-mie. Pourtant, ce n’est pas une journée ordinaire qui débute. Au pied de la cathédrale Notre-Dame, la tension est palpable. Quelques badauds lèvent les yeux au ciel. Les pièces consti-tuant l’un des quatre cloche-tons néogothiques entourant

la flèche vont être reposées à plus de 70 m de haut. « Le vent ne doit pas dépasser les 28 km/h au sommet, prévient Paul-Franck Thérain, ingénieur du patrimoine à la Conservation régionale des monuments his-toriques de Normandie, et il atteint déjà 28 km/h ! » L’opération d’envergure est très symbolique car elle doit redonner un peu de son inté-grité architecturale à cette cathédrale si chère au cœur des Rouennais (cf. encadré). Celle-ci

a en effet été mise à mal par la tempête de sinistre mémoire qui balaya la France dans la nuit du 26 décembre 1999. Au petit matin, le clocheton Nord-Est – un ouvrage de 26,5 m de haut et de 30 tonnes – n’a pas résisté aux vents violents et a transpercé le cœur quelque 40 m en contrebas. Pas de vic-times, heureusement, mais des dégâts matériels considé-rables. Et un traumatisme pour les habitants.L’examen attentif des trois

Un ascenseur permet d’accéder à la plate-forme.

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clochetons encore debout révèle alors un état de délabre-ment avancé. À tout moment, ils risquent, eux aussi, de s’effondrer. Des travaux de consolidation provisoire et de sécurisation sont engagés en 2004, mais ce n’est qu’en 2009, soit dix ans après la tempête, que l’État, propriétaire de l’édi-fice, décide de la restauration des clochetons. Un chantier de trois ans exceptionnel, tant par sa configuration que par les moyens techniques à mettre

en œuvre, débute en 2010. Avec comme impératif, la pré-vention des risques d’accidents.

Privilégier le travail au sol

« Au moment de la consolida-tion des clochetons restants, raconte Frédéric Viennot, contrôleur de sécurité à la Carsat Normandie, une

opération avait été menée de manière un peu hasardeuse. Pour le chantier de restau-ration, les responsables ont consulté la Carsat et l’Inspec-tion du travail. Nous avons tra-vaillé ensemble, en amont. » Car, dans un tel chantier, aucune place pour l’improvisa-tion. Tout doit être organisé et coordonné a priori, d’une part entre les différentes entre-prises intervenantes, d’autre part avec le clergé, usager des lieux.

Une vaste étude préalable a été commandée par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Normandie, le maître d’ou-vrage, à Pierre-André Lablaude, architecte en chef des monu-ments historiques et maître d’œuvre du chantier. Face à l’ampleur des travaux, trois tranches sont programmées sur trois ans, faisant intervenir quatre entreprises (cf. encadré p. 7). Afin de limiter les risques pour les ouvrages et les tra-vailleurs, notamment la coac-tivité et les risques de chute, « tout a été fait pour limiter

Le pare-gravois tient en bascule à plus de 2 m de la façade.

Le chantier est situé à plus de 70 m de haut, au niveau du tabouret de la tour lanterne (la dalle en béton où reposent les quatre clochetons et la flèche).

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Un peu d’histoire

La construction de la cathédrale gothique de Rouen a débuté au XIIe siècle. La flèche, détruite par un incendie en 1822,

est reconstruite entièrement en fonte dans un style néogothique par l’architecte Alavoine en 1825. Elle culmine à 154 m et fait de la cathédrale, à cette époque, le plus haut bâtiment du monde. Très abîmée, la flèche est doublée en 1975 par une structure en acier Cor-Ten. Des clochetons en fer recouverts de cuivre, réalisés par le ferronnier d’art Ferdinand Marrou, sont installés en 1884 aux quatre angles de la tour lanterne sur laquelle repose la flèche. Ils résisteront aux terribles bombardements de 1944 mais pas à la tempête de 1999…

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support aux échafaudages et assure la sécurité des ouvriers qui travaillent dessus. Il a fallu plus d’un mois pour l’installer. » Un grillage périphérique de sécurité a été ajouté au garde-corps. Les échafaudages qui entourent chaque clocheton ainsi que le matériel de travail sont montés soit par ascenseur,

soit par grue. Ces opé-rations sont menées par des ouvriers spé-cialisés et chevron-nés, tous munis des équipements néces-saires (harnais, gants, casque de sécurité…). À cette hauteur, mieux vaut ne pas avoir le vertige : le plancher grillagé du platelage est suspendu au-dessus du vide ! « Le plus problématique, ce sont les vents tour-billonnants », précise M. Eliot, chef de chan-tier chez Lanfry.L’étape suivante – le démontage des

au maximum le temps de tra-vail en hauteur, explique Paul-Franck Thérain. L’objectif est de privilégier le travail au sol ». La première tranche débute en septembre 2010 avec l’instal-lation du chantier proprement dit, qui comporte plusieurs particularités. Il est situé à plus de 70 m de haut, au niveau du tabouret de la tour lanterne (la dalle en béton où reposent les quatre clochetons et la flèche), dans un espace réduit où vont travailler plusieurs corps de métier. En outre, il surplombe un monument historique ouvert au public. « Nous avons fait quelques remarques au départ, raconte Frédéric Viennot, car les moyens d’accès

prévus n’étaient pas suffisants. On a fait ajouter un deuxième ascenseur afin d’accéder au tabouret. » Ce qui offre plus de sécurité pour les ouvriers et permet le transport de maté-riel. Les autres installations de chantier sont mises en place : escaliers, sapines, clôture… Une base-vie est installée sur

le tabouret, à l’intérieur de la flèche.

Délabrement avancé« Sous la dalle, nous avons posé un pare-gravois qui tient en porte-à-faux à plus de deux mètres de la façade, décrit Paul-Franck Thérain. Il sert de

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Le fleuron du clocheton Sud-Est est démonté par des compagnons

alpinistes.

30 m sous le chantier, la plate-forme intermédiaire permet d’entreposer le matériel.

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Déroulement et coût

des travaux• 1re tranche (septembre 2010-août 2011)Dépose des trois clochetons encore en place, construction en atelier d’une structure en inox pour le clocheton disparu, repose sur le tabouret de la flèche et habillage avec les éléments en cuivre.Coût : 2 500 000 euros.

• 2e tranche (septembre 2011-août 2012)Création des structures en inox des trois autres clochetons et restauration des éléments en cuivre.Coût : 3 750 000 euros.

• 3e tranche (septembre 2012-août 2013)Repose et recouverture des trois clochetons.Coût : 1 350 000 euros.

• Coût total des travaux : 7 600 000 euros, financés à 100 % par l’État.

Les quelque 200 000 rivets sont poncés un à un avant d’être ôtés.

Une fois le clocheton Sud-Est démonté, c’est celui situé au Sud-

Ouest qui subit le même sort.

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puis stockées dans des bacs en plastique. » Elles sont alors descendues sur la plate-forme intermédiaire, soit par ascen-seur, soit par poulie pour les pièces les plus volumineuses (jusqu’à 2 m de long pour cer-tains modules). Elles prennent enfin le chemin de l’atelier de restauration.

Restauration des cuivres en atelier

Une fois les cuivres enlevés, l’ossature métallique du clo-cheton est découpée. « Ces opérations génèrent beaucoup de poussières de cuivre et de fer,

clochetons, réalisé début 2011 – suit un planning très précis. Elle nécessitera envi-ron un mois et demi de travail et de nombreuses manuten-tions manuelles. Il s’agit tout d’abord d’entourer le clocheton d’un échafaudage sur toute sa hauteur. « Cela n’a rien de compliqué en soi, explique M. Dolique, chargé d’affaires chez Comi Service, l’entreprise en charge de l’échafaudage. Mais les effets d’accélération du vent, le froid et la pluie rendent les choses plus compliquées. La manutention du matériel est très délicate car une partie est montée à la corde depuis le pla-telage jusqu’en haut. » De plus, les structures internes en fer des clochetons ainsi que leurs arcs-boutants sont dans un état de délabrement avancé. « À cause des eaux de ruissellement, les cales en bois entre la structure en fer et les cuivres ont pourri, raconte Thierry Garret, chef de projet auprès de l’architecte en chef. Et le fer a rouillé au contact du cuivre, par un phénomène d’électrolyse. » D’où l’écroule-ment du clocheton Nord-Est et le risque d’effondrement des trois autres. La plus grande vigilance est de mise. Les opé-rations ont finalement pris plus de temps que prévu à cause du mauvais état des pièces. « On s’est adaptés à la réalité, raconte Paul-Franck Thérain. Il y avait beaucoup de risques, on a préféré prendre un peu plus de temps. »Le clocheton Sud-Est est le premier à être « déshabillé » : l’équipe de couvreurs de l’en-treprise Adhénéo retire une à

une les quelque 2 000 pièces de cuivre qui le revêtent. Les rivets de chaque pièce – plus de 200 000 au total – sont d’abord poncés puis ôtés un par un. Tout est fait pour pré-server l’intégrité des pièces et sauver celles qui ne sont pas endommagées. La dépose des

cuivres est réalisée selon un mode opératoire très précis car elles ne sont pas toutes semblables d’un clocheton à l’autre et devront être reposi-tionnées à l’identique après restauration. « Elles sont identi-fiées une à une, précise Thierry Garret, mesurées, étiquetées

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Tour-lanterne

Tabouretde la flèche

voir zoom ci-contre

154 m

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Chœur

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CLOCHETON

Couverture et décorsen cuivre à restaurer

Deux arcs boutants

Flèche du clocheton

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CLOCHETON

Couverture et décorsen cuivre à restaurer

Deux arcs boutants

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Le clocheton, un élément architectural essentiel

Les décors en cuivre ont été parfaitement répertoriés au cours de leur dépose et étiquetés un à un.

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souligne Paul-Franck Thérain, d’où l’importance des masques de protection. » L’échafaudage est démonté au fur et à mesure que le clocheton Sud-Est est désossé, puis remonté sur les clochetons suivants (Sud-Ouest puis Nord-Ouest) qui vont subir le même sort.Pendant ce temps, la restau-ration des cuivres est déjà en cours. Elle est réalisée par Adhénéo dans un ancien han-gar portuaire sur la rive gauche de Rouen, aménagé pour per-mettre au public normand de suivre en direct les travaux de restauration. La circulation et l’accès au public ont donc été

La structure et les décors en cuivre des arcs-boutants

bénéficient d’une restauration à l’atelier.

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neuves de forme complexe, des moules ont été conçus, dans lesquels les plaques de cuivre sont embouties. Les éléments obtenus sont détourés puis rivetés ou soudés.

Le grand jourDans un local séparé, équipé d’un système d’aspiration, ils subissent une oxydation accélérée qui leur donne cette couleur vert-de-gris caractéris-tique. Quelques mois plus tard, en janvier 2012, un remontage « à blanc » du clocheton Nord-Est est réalisé dans le hangar,

prévus dès le début, en amé-nageant une zone d’exposition à l’entrée et une zone de chan-tier bien délimitée. Celle-ci comprend cinq machines (scie à ruban, presse, plieuse, cisaille et riveteuse), six établis équi-pés de chauffages individuels, une zone de stockage, une zone de remontage et un local dédié au traitement du cuivre. Des mesures de sécurité ont également été prises afin de

prévenir tout risque de vol de cuivre.« Chaque clocheton possède environ 2 000 pièces de cuivre, dont environ 860 de couver-ture et 1 120 éléments de décor façonnés : fleurons, feuilles d’acanthe, chimères, crochets…, souligne Thierry Garret. Au total, nous avons récupéré près de 6 000 pièces de cuivre, plus une centaine du cloche-ton tombé. Il reste environ 1 600 éléments à fabriquer. » L’objectif est de reconstituer avec la plus grande fidélité le clocheton Nord-Est (le premier à être remonté) en utilisant les

pièces anciennes qui ont pu être restaurées et de nouvelles reproduites à l’identique.Les sept compagnons orne-manistes et zingueurs vont œuvrer pendant près d’un an, en tournant sur tous les postes de travail, s’occupant chacun d’une pièce de A à Z. « On utilise des masques antipoussières et antivapeurs, explique Thomas Couillard, chef de chantier chez Adhénéo, des lunettes, des gants et des protections auditives. » Les pièces anciennes sont d’abord brossées pour être net-toyées puis redressées au mar-teau. Pour fabriquer les pièces

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Les décors en cuivre restaurés vont ensuite subir un traitement pour prendre la couleur caractéristique vert-de-gris.

Le remontage « à blanc » du clocheton permet de tester

les assemblages et d’éviter les mauvaises surprises.

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tel qu’il sera, une fois perché à 70 m de haut, afin de tester l’assemblage des pièces. « Tout ce travail au sol nous permet d’anticiper et de limiter ainsi au maximum les opérations en hauteur, explique Paul-Franck Thérain. Cela évite les allers et retours inutiles et les manuten-tions. De plus, cela permet au public de voir tout le travail. » Quelques semaines plus tard, c’est le grand jour. Celui, tant attendu par les Rouennais mais tant redouté par les respon-sables du chantier, du remon-tage du clocheton Nord-Est sur le tabouret de la tour lanterne. Le temps est compté, même si une semaine entière est prévue

Les derniers réglages sur le positionnement des décors sont

réalisés au sol avant le jour J.

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(un jour de montage et d’ins-tallation, deux à trois jours de pose et un jour de repli de la grue), plus la semaine suivante en cas d’intempéries. Car toute la vie autour du chantier est bousculée. La cathédrale est entièrement fermée au public pendant trois jours et la zone de grutage au pied de la cathé-drale, interdite au public, oblige la ville de Rouen à modifier circulation et stationnement. « Nous avons travaillé en amont avec l’évêché, les services de la ville pour les aménagements de la voirie ainsi que la protec-tion civile, souligne Paul-Franck Thérain. La police municipale est présente afin de surveiller les badauds. » Pendant les jours précédents, matin et soir, des points météo précis sont transmis aux responsables de la maî-trise d’ouvrage et de la maî-trise d’œuvre, seuls autorisés à annuler les opérations en cas d’intempéries. Ce matin-là, malgré le crachin persi-stant et un vent à 28 km/h, l’opération peut débuter. Le premier module de la struc-ture interne du clocheton (il en possède six au total plus ses deux arcs-boutants), d’un poids de 2,2 tonnes, arrive par camion depuis le hangar de restauration. Cinq ouvriers de l’entreprise responsable du grutage le déchargent et l’harnachent à une grue téle-scopique de 250 tonnes et de 115 m de haut. Chacun retient son souffle.Le module s’élève au-des-sus de la nef de la cathédrale et, en quelques minutes, se retrouve au-dessus de

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À 115 m de haut, le premier module du clocheton survole le cœur de la cathédrale afin de retrouver sa place originelle.

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l’échafaudage installé à l’angle Nord-Est du tabouret de la tour lanterne, quelque 70 m plus haut. Tout doucement, deux ouvriers de l’entreprise France Montage guident la descente du module au cœur de l’échafaudage. L’opération

est réussie : la tension se relâche. « Notre crainte était qu’avec le vent, le module ne heurte la tour, lâche Paul-Franck Thérain. Cette pièce est lourde, mais peu épaisse. En revanche, pour certaines pièces qui mesurent 4,5 m de haut, la

prise au vent est beaucoup plus importante. » Pour une opération d’une telle ampleur, la préparation et la coordination en amont ne sont pas de vains mots. « Nous avons émis quelques recommandations, remarque Frédéric Viennot, en parti-culier sur le mode opératoire pour relever les modules qui arrivent couchés, la stabilité du sol pour supporter le poids de la grue et la coordination entre les différents donneurs d’ordres. Mais tout s’est très bien passé, nous avions affaire à des entreprises responsables et compétentes. » Finalement, le vent s’étant levé, aucune autre pièce ne sera montée ce

jour-là. Elles le seront les jours qui suivent. « Les cuivres seront posés dans la foulée, sur cinq à six semaines », ajoute Paul-Franck Thérain. Les trois autres clochetons, quant à eux, sont en cours de restauration. Si tout va bien, ils seront reposés en une seule fois au début de l’année 2013, puis rhabillés de leurs couverture et décors en cuivres. Ils seront ensuite mis en lumière. Alors, « Rouen, la vaste ville aux toits bleus » chère à Maupassant, retrou-vera toute sa superbe.

Le premier module de la structure est attaché avec des élingues avant d’être hissé par la grue.

Le module est guidé par des ouvriers lors de la descente au cœur de l’échafaudage.

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