répartition des rhumatismes du sujet âgé : enquête auprès des rhumatologues de la région...

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Revue du rhumatisme 81 (2014) 69–73 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Article original Répartition des rhumatismes du sujet âgé : enquête auprès des rhumatologues de la région Auvergne Jean-Jacques Dubost a,, Bruno Pereira b , Sylvain Mathieu a , Anne Tournadre a , Sandrine Malochet Guinamand a , Marion Couderc a , Baptiste Glace a , Sylvie Melac-Ducamp c , Florence Demarquilly c , Bernard Maillet c , Alain Regnier c , Christine Voquer c , Brigitte Rivain c , Christian Boeuve c , Denis Verriere c , Karim Zbadi c , Valérie Micheau c , Sophie Franc c , Jean Prietto c , Daniel Chenebit c , Daniel Ballarin c , Daniel Marquet c , Yves Carcanague c , Abdelkrim Kabchou c , Marie-Paule Fraysse c , Jean-Luc Vitoux c , Florence Asselin c , Laure Chabrand c , Ghislaine Duband Courtine c , Anne-Marie Milesi Lecat c , Geneviève Ray-Divine c , Jean-Paul Monghal c , Martin Soubrier a a Service de rhumatologie, hôpital G.-Montpied, université Clermont-Ferrand-1, 58, rue Montalembert, 63003 Clermont-Ferrand cedex 1, France b Délégation recherche clinique et innovation, CHU de Clermont-Ferrand, 63003 Clermont-Ferrand cedex 1, France c Fédération de rhumatologie d’Auvergne, 63003 Clermont-Ferrand cedex, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Accepté le 19 avril 2013 Disponible sur Internet le 17 septembre 2013 Mots clés : Rhumatisme inflammatoire Sujet âgé Épidémiologie r é s u m é Objectifs. Étudier la répartition des rhumatismes inflammatoires diagnostiqués après 60 ans. Méthode. Enquête sur trois mois auprès des rhumatologues de la région Auvergne et sur un an auprès des médecins du service de rhumatologie. Tous les patients atteints d’un rhumatisme ont été classés selon les critères diagnostiques. Résultats. Vingt-cinq rhumatologues ont retourné 1102 fiches et les médecins du service 813 fiches. Au moment du diagnostic, 578 patients (31 %) ont plus de 60 ans et 76 (4 %) plus de 80 ans. Lorsque le diagnostic a été fait après 60 ans, la proportion de polyarthrite rhumatoïde (PR) est comparable aux sujets dont le diagnostic a été fait avant 60 ans (46 % vs 41 %), la proportion de l’ensemble pseudopo- lyarthrite rhizomélique (PPR), maladie de Horton, polyarthrite œdémateuse du sujet âgé (RS3PE) (31 % vs 1 %, p < 0,001) est plus importante, celle des spondyloarthrites (10 vs 38 %, p < 0,001) est moindre et cette dernière est plus souvent un rhumatisme psoriasique (60 % vs 36 %, p < 0,001) et moins souvent une spondylarthrite ankylosante (16 vs 41 %, p < 0,001). La fréquence des connectivites est comparable (9 % vs 11 %) mais les myosites sont plus fréquentes chez les sujets âgés (20 % vs 6 %, p < 0,008). Les rhumatismes inclassés sont plus fréquents chez les sujets âgés (10 % vs 6 %, p < 0,01). Après 80 ans, l’ensemble PPR, Horton, RS3PE devient majoritaire (57 %), la proportion de PR est moindre (24 %) et les spondyloarthrites sont exceptionnelles (3 %). Conclusion. Après 60 ans, la discussion se centre sur PR–PPR, mais on reste confronté à un large éventail de diagnostics, surtout en milieu hospitalier. © 2013 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société Française de Rhumatologie. L’âge et le sexe sont des paramètres essentiels dans l’élaboration diagnostique d’un rhumatisme inflammatoire. Pseudopolyarthrite rhizomélique (PPR), maladie de Horton, polyarthrite œdéma- teuse du sujet âgé (RS3PE syndrome) sont l’apanage du sujet âgé, alors que les spondyloarthrites concernent surtout l’homme jeune. Cependant maladie de Horton, RS3PE et connectivite sont rares comparées à la polyarthrite rhumatoïde (PR). Les données épidémiologiques [1–4] nous renseignent sur la prévalence et Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J.-J. Dubost). l’incidence des principaux rhumatismes inflammatoires, mais la répartition selon l’âge et le sexe est une information difficile à extraire. Pour connaître la répartition des rhumatismes du sujet âgé, nous avons fait une enquête dans le service de rhumatologie et auprès des rhumatologues de la région Auvergne. 1. Méthode Cette enquête transversale a été réalisée sur une période de trois mois pour les rhumatologues libéraux et un an dans le service de 1169-8330/$ see front matter © 2013 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société Française de Rhumatologie. http://dx.doi.org/10.1016/j.rhum.2013.04.011

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Revue du rhumatisme 81 (2014) 69–73

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

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épartition des rhumatismes du sujet âgé : enquête auprès des rhumatologues dea région Auvergne

ean-Jacques Dubosta,∗, Bruno Pereirab, Sylvain Mathieua, Anne Tournadrea,andrine Malochet Guinamanda, Marion Couderca, Baptiste Glacea, Sylvie Melac-Ducampc,lorence Demarquillyc, Bernard Maillet c, Alain Regnierc, Christine Voquerc, Brigitte Rivainc,hristian Boeuvec, Denis Verrierec, Karim Zbadic, Valérie Micheauc, Sophie Francc, Jean Priettoc,aniel Chenebit c, Daniel Ballarinc, Daniel Marquetc, Yves Carcanaguec, Abdelkrim Kabchouc,arie-Paule Frayssec, Jean-Luc Vitouxc, Florence Asselinc, Laure Chabrandc,hislaine Duband Courtinec, Anne-Marie Milesi Lecatc, Geneviève Ray-Divinec,

ean-Paul Monghalc, Martin Soubriera

Service de rhumatologie, hôpital G.-Montpied, université Clermont-Ferrand-1, 58, rue Montalembert, 63003 Clermont-Ferrand cedex 1, FranceDélégation recherche clinique et innovation, CHU de Clermont-Ferrand, 63003 Clermont-Ferrand cedex 1, FranceFédération de rhumatologie d’Auvergne, 63003 Clermont-Ferrand cedex, France

i n f o a r t i c l e

istorique de l’article :ccepté le 19 avril 2013isponible sur Internet le 17 septembre013

ots clés :humatisme inflammatoireujet âgépidémiologie

r é s u m é

Objectifs. – Étudier la répartition des rhumatismes inflammatoires diagnostiqués après 60 ans.Méthode. – Enquête sur trois mois auprès des rhumatologues de la région Auvergne et sur un an auprèsdes médecins du service de rhumatologie. Tous les patients atteints d’un rhumatisme ont été classésselon les critères diagnostiques.Résultats. – Vingt-cinq rhumatologues ont retourné 1102 fiches et les médecins du service 813 fiches.Au moment du diagnostic, 578 patients (31 %) ont plus de 60 ans et 76 (4 %) plus de 80 ans. Lorsque lediagnostic a été fait après 60 ans, la proportion de polyarthrite rhumatoïde (PR) est comparable auxsujets dont le diagnostic a été fait avant 60 ans (46 % vs 41 %), la proportion de l’ensemble pseudopo-lyarthrite rhizomélique (PPR), maladie de Horton, polyarthrite œdémateuse du sujet âgé (RS3PE) (31 %vs 1 %, p < 0,001) est plus importante, celle des spondyloarthrites (10 vs 38 %, p < 0,001) est moindre etcette dernière est plus souvent un rhumatisme psoriasique (60 % vs 36 %, p < 0,001) et moins souvent unespondylarthrite ankylosante (16 vs 41 %, p < 0,001). La fréquence des connectivites est comparable (9 % vs11 %) mais les myosites sont plus fréquentes chez les sujets âgés (20 % vs 6 %, p < 0,008). Les rhumatismes

inclassés sont plus fréquents chez les sujets âgés (10 % vs 6 %, p < 0,01). Après 80 ans, l’ensemble PPR,Horton, RS3PE devient majoritaire (57 %), la proportion de PR est moindre (24 %) et les spondyloarthritessont exceptionnelles (3 %).Conclusion. – Après 60 ans, la discussion se centre sur PR–PPR, mais on reste confronté à un large éventail

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de diagnostics, surtout en© 2

L’âge et le sexe sont des paramètres essentiels dans l’élaborationiagnostique d’un rhumatisme inflammatoire. Pseudopolyarthritehizomélique (PPR), maladie de Horton, polyarthrite œdéma-euse du sujet âgé (RS3PE syndrome) sont l’apanage du sujetgé, alors que les spondyloarthrites concernent surtout l’homme

eune. Cependant maladie de Horton, RS3PE et connectivite sontares comparées à la polyarthrite rhumatoïde (PR). Les donnéespidémiologiques [1–4] nous renseignent sur la prévalence et

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (J.-J. Dubost).

169-8330/$ – see front matter © 2013 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société Frttp://dx.doi.org/10.1016/j.rhum.2013.04.011

eu hospitalier.ublié par Elsevier Masson SAS pour la Société Française de Rhumatologie.

l’incidence des principaux rhumatismes inflammatoires, mais larépartition selon l’âge et le sexe est une information difficile àextraire.

Pour connaître la répartition des rhumatismes du sujet âgé, nousavons fait une enquête dans le service de rhumatologie et auprèsdes rhumatologues de la région Auvergne.

1. Méthode

Cette enquête transversale a été réalisée sur une période de troismois pour les rhumatologues libéraux et un an dans le service de

ançaise de Rhumatologie.

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Tableau 1Caractéristiques de la population étudiée.

Population étudiée CHU(n = 813)

Hors CHU(n = 1102)

Globale(n = 1876)a

Femmes (%) 63 69* 66Âge à la consultation (ans) 57,7 ± 15 63,3 ± 15,4** 61 ± 15,5Âge au diagnostic (ans) 45,2 ± 16,2 54 ± 16,9** 50,3 ± 17,2Âge au premier signe (ans) 42,7 ± 16,9 52,7 ± 17,6** 48,4 ± 18,1Polyarthrite rhumatoïde (%) 43 46 45

Facteurs rhumatoïdes (%) 79 79 79Anti-CCP (%) 80 70* 74

Spondyloarthrite (%) 32 27 29Spondyloarthrite indifferenciée (%) 21 24 23Spondylarthrite ankylosante (%) 49 30** 38Rhumatisme psoriasique (%) 32 45* 39Arthrite réactionnelle (%) 2 1 1,7MICI (%) 6 4 6

PPR–Horton–RS3PE (%) 5 14 10PPR (%) 51 81** 74Horton (%) 32 13* 17RS3PE (%) 17 7* 9

Connectivite (%) 18 5** 10Gougerot-Sjögren (%) 25 39 28LES (%) 23 29 25Myosite (%) 11 5 9Sclérodermie (%) 16 5* 13Vascularite (%) 10 11 10Sharp (%) 6 2 5

Inclassés (%) 5 9** 7

PPR : pseudopolyarthrite rhizomélique ; LES : lupus érythémateux systémique.*p ≤ 0,05 ; **p < 0,001.

0 J.-J. Dubost et al. / Revue d

humatologie. Elle concernait tous les patients vus en consultationu hospitalisés pour un rhumatisme inflammatoire.

Le rhumatologue indiquait le sexe, la date de naissance, l’âgeu moment de la consultation, l’âge du diagnostic, l’âge à la pre-ière manifestation. Puis il indiquait le diagnostic en cochant une

u plusieurs des cases appropriées, uniquement si le patient rem-lissait les critères diagnostiques usuels : pour la PR critères ACR987 [5] en précisant la présence ou non du facteur rhumatoïdet/ou des anti-CCP, pour les spondyloarthrites les critères Amor6], ESSG [7] ou ASAS [8], et pour la spondylarthrite ankylosantees critères de New York modifiés [9], pour le rhumatisme psoria-ique les critères CASPAR [10], pour les PPR les critères de Bird [11].taient aussi individualisés le RS3PE syndrome, la maladie de Hor-on, les connectivites en indiquant lesquelles, notamment lupusrythémateux systémique, sclérodermie, myosite, syndrome deougerot-Sjögren, vascularite. Lorsqu’aucun critère diagnostique’était rempli, le patient était considéré comme ayant un rhuma-isme inclassé, à condition qu’il ait un gonflement d’au moins unerticulation ou une douleur de plusieurs articulations avec des anté-édents de gonflement articulaire constaté par un médecin ou deérouillage matinal des mains de plus d’une heure ou un syndrome

nflammatoire. La symptomatologie ne devait pas être expliquéear une pathologie traumatique, arthrosique, microcristalline ou

nfectieuse. Une fiche résumant les critères de diagnostic des rhu-atismes inflammatoires était jointe pour information. Plusieurs

ases pouvaient être cochées si le patient répondait aux critèresiagnostiques de plusieurs rhumatismes. Le diagnostic a été consi-éré comme récent s’il datait de moins de trois ans.

Les caractéristiques des patients dont le diagnostic de rhuma-isme a été fait après 60 ans ont été comparées à celles des patientsont le diagnostic a été fait avant 60 ans.

.1. Statistiques

La population est décrite par des effectifs et pourcentagesssociés pour les variables catégorielles et par des moyennes± écart-type) pour les variables quantitatives. Ces dernières ontté comparées entre groupes indépendants (selon classes d’âge,HU/hors CHU, sexe, délai de diagnostic) par le test de Studentu le test de Mann-Whitney si conditions du t-test non respectéeshomoscédasticité vérifiée par le test de Fisher-Snedecor et norma-ité par le test de Shapiro-Wilk), les données qualitatives par le testu Khi2 ou le test exact de Fisher le cas échéant ; en considérantne inflation du risque de première espèce quand nécessaire [12].nfin, des modèles de régression (logistique avec variable réponse

présence/absence » pour chaque type de rhumatisme) ont permis’étudier les différences entre groupes cités précédemment (horselon classes d’âge) en situation multivariée afin de prendre enompte l’ajustement sur l’âge (car différences observées en univa-ié dans les comparaisons entre groupes). Si p < 0,05, les différencesestées ont été considérées comme significatives. Toutes les ana-yses ont été réalisées sous STATA v11 (Stata Corp, College Station,exas).

. Résultats

.1. Population étudiée

Les 44 rhumatologues de la région ont été invités à remplir uneche pour tout patient consultant pour un rhumatisme inflam-atoire sur une période de trois mois. Vingt-cinq rhumatologues

nt participé à l’enquête, deux d’entre eux n’ont fait un recueilue sur une période d’un mois. Mille cent deux fiches ont étéetournées. Les caractéristiques des patients sont indiquées danse Tableau 1. La même fiche a été remplie par les médecins du

a Après exclusion de 39 doublons.

service de rhumatologie sur une période d’un an. Huit cent treizepatients ont été inclus (Tableau 1). Trente-neuf patients ont étéinclus par les rhumatologues de la région et par les médecinsdu service, et ces doublons ont été exclus de l’analyse globale.Soixante-six patients (3,5 %) remplissaient les critères de plusieursrhumatismes, notamment 32 de plusieurs spondyloarthrites (23 despondylarthrite ankylosante et de rhumatisme psoriasique) et17 de PR et d’une autre connectivite.

La population observée dans le service de rhumatologie est unpeu moins féminine, elle est plus jeune au moment de la consulta-tion, au moment du diagnostic et aux premières manifestations.

La PR est le diagnostic le plus fréquent dans les deux populations(43 et 46 %). La fréquence de séropositivité est comparable (79 %), lafréquence des anti-CCP légèrement plus fréquente chez les patientsdu service (80 % vs 70 %, p < 0,003).

Les spondyloarthrites viennent en deuxième place avec une fré-quence comparable dans les deux populations (32 et 27 %). Leurrépartition est différente. Les spondylarthrites ankylosantes sontplus fréquentes dans le service (49 % vs 30 %, p < 0,001) et les rhu-matismes psoriasiques le sont moins (32 % vs 45 %, p < 0,002).

Le groupe PPR–maladie de Horton–RS3PE syndrome a une fré-quence qui n’est pas significativement différente dans les deuxrecrutements (5 % vs 14 %) mais la répartition est différente. La pro-portion de Horton et de RS3PE est plus importante dans le serviceet celle des PPR moindre.

Le groupe des connectivites et des vascularites est plus fréquentdans le service (18 % vs 5 %, p < 0,001). La sclérodermie y est un peuplus représentée.

Il y a moins de patients inclassés dans le service (5 % vs 9 %,p < 0,001).

2.2. Rhumatismes du sujet âgé

Au moment du diagnostic, 578 patients ont plus de 60 ans (31 %de la population) et 76 plus de 80 ans (4 %) (Tableau 2).

J.-J. Dubost et al. / Revue du rhum

Tableau 2Répartition des rhumatismes en fonction de l’âge au diagnostic.

< 60 ans(n = 1288)

≥ 60 ans(n = 578)

≥ 80 ans(n = 76)

Polyarthrite rhumatoïde (%) 46 41 24**Facteurs rhumatoïdes (%) 82 73* 83Anti-CCP (%) 75 71 63

Spondyloarthrite (%) 38 10** 3**Spondyloarthrite indifferenciée (%) 23 19 –Spondylarthrite ankylosante (%) 41 16** –Rhumatisme psoriasique (%) 36 60** 0Arthrite réactionnelle (%) 1 3 0MICI (%) 5 5 0

PPR–Horton–RS3PE (%) 1 31** 57**PPR (%) 85 74 74Maladie de Horton (%) 8 18 14RS3PE (%) 8 9 12

Connectivite (%) 11 9 5Gougerot-Sjögren (%) 27 28 50LES (%) 29 16 25Myosite (%) 6 20* 25Sclérodermie (%) 11 20 0Vascularite (%) 10 12 0Sharp (%) 6 4 0

Inclassés (%) 6 10* 12

PPR : pseudopolyarthrite rhizomélique ; LES : lupus érythémateux systémique.Comparaison avec les patients âgés de moins de 60 ans.*

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est moindre (6 % vs 17 %, p < 0,001). La proportion du groupe

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P*

p ≤ 0,05 ; **p < 0,001.

Chez les patients de plus de 60 ans, la PR reste le diagnostice plus fréquent avec une proportion comparable aux patients de

oins de 60 ans (41 % vs 46 %). La fréquence du facteur rhuma-oïde est légèrement moindre (73 % vs 82 %, p < 0,006), mais laréquence des anti-CCP n’est pas différente. Le groupe PPR–maladiee Horton–RS3PE prend la deuxième place (31 % vs 1 %, p < 0,001)t près des trois quarts des patients ont une PPR. Les spondyloar-hrites sont moins représentées après 60 ans (10 % vs 38 %, p < 0,001)t leur répartition est différente. La proportion de spondylarthritesnkylosantes est moins importante, alors que celle du rhumatismesoriasique l’est davantage. La proportion de connectivites n’est pas

ifférente (9 % vs 11 %), la proportion de myosites est plus impor-ante chez les sujets âgés. Les rhumatismes inclassés sont plusréquents chez les sujets âgés (10 % vs 6 %, p < 0,01).

ableau 3épartition des rhumatismes du sujet âgé selon le mode de recrutement, le sexe ou l’anci

CHU(n = 158)a

Hors CHU(n = 427)a

Polyarthrite rhumatoïde (%) 41 42

Facteur rhumatoïde (%) 63 76*

Anti-CCP (%) 74 70

Spondyloarthrite (%) 10 10

Spondyloarthrite indifférenciée (%) 31 14

Spondylarthrite ankylosante (%) 25 14

Rhumatisme psoriasique (%) 38 68*

PPR–Horton–RS3PE (%) 22 34*

PPR (%) 49 80**

Maladie de Horton (%) 34 14*

RS3PE (%) 17 7

Connectivite (%) 20 4**

Gougerot-Sjögren (%) 25 33

LES (%) 9 28

Myosite (%) 22 17

Sclérodermie (%) 25 11

Vascularite (%) 13 11

Inclassés (%) 8 10

PR : pseudopolyarthrite rhizomélique ; LES : lupus érythémateux systémique.p ≤ 0,05 ; **p < 0,001.

a Comparaison selon recrutement CHU ou hors CHU.b Comparaison selon le sexe.c Comparaison selon ancienneté du diagnostic.

atisme 81 (2014) 69–73 71

Dans le groupe de patients dont le diagnostic a été porté après80 ans, la proportion de PPR–Horton–RS3PE devient majoritaire(57 %). La répartition des trois rhumatismes est conservée. La PRest moins souvent diagnostiquée (24 % vs 46 % pour les moins de60 ans, p < 0,001), mais la fréquence de séropositivité et la présencedes anti-CCP ne diffèrent pas de celles du sujet jeune. Les spon-dyloarthrites deviennent exceptionnelles (3 % vs 38 % chez le sujetjeune, p < 0,001). La proportion de connectivites n’est pas significa-tivement différente (5 % vs 11 %).

2.3. Répartition des rhumatismes du sujet âgé en fonction durecrutement

Cent cinquante-huit rhumatismes ont été diagnostiqués après60 ans dans le service de rhumatologie et 427 en dehors du CHU(Tableau 3).

La proportion de PR est identique. La fréquence du facteurrhumatoïde, mais pas des anti-CCP, est légèrement moindredans le service (63 % vs 76 %, p < 0,04). La proportion du groupePPR–Horton–RS3PE est moindre dans le service (22 % vs 34 %,p < 0,004) avec une proportion de PPR moindre (49 % vs 80 %,p < 0,001), alors que celle de la maladie de Horton l’est davan-tage (34 % vs 14 %, p < 0,004). Les connectivites sont plus fréquentesdans le service (20 vs 4 %, p < 0,001), mais la répartition n’est passignificativement différente. La proportion de spondyloarthrites estidentique (10 %), mais avec une proportion de rhumatismes psoria-siques moins importante dans le service (38 % vs 68 %, p < 0,03).

2.4. Répartition des rhumatismes du sujet âgé selon le sexe

Trois cent soixante-quatorze femmes (65 %) et 200 hommes ontun rhumatisme qui a été diagnostiqué après 60 ans (Tableau 3).

Comme attendu, la proportion de PR est plus importante chezla femme (45 % vs 35 %, p < 0,01) et celle des spondyloarthrites

PPR–Horton–RS3PE ne diffère pas significativement. Il n’y a pas nonplus de différence significative pour les connectivites, mais les vas-cularites sont plus fréquentes chez l’homme (31 % vs 6 %, p < 0,01).

enneté du diagnostic.

Femmes(n = 374)b

Hommes(n = 200)b

≤ 3 ans(n = 245)c

> 3 ans(n = 332)c

45 35* 25 53**72 77 68 7569 76 67 73

6 17** 13 8*29 12 25 1217 15 9 2354 65 50 7330 34 44 22**74 72 77 6920 15 12 26*

6 13 11 610 7 7 1031 15 33 2514 23 28 925 8 22 1919 23 11 25

6 31* 0 19*10 9 11 9

72 J.-J. Dubost et al. / Revue du rhumatisme 81 (2014) 69–73

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Fig. 1. Répartition des rhumatismes (en pourcentage) en fonction

.5. Répartition des rhumatismes du sujet âgé diagnostiquésécemment (moins de trois ans)

Le diagnostic de rhumatisme a été porté depuis moins de troisns chez 245 (43 %) patients âgés de plus de 60 ans (Tableau 3). Danse groupe, la proportion du groupe PPR–Horton–RS3PE vient enremière place (44 % vs 22 %, p < 0,001) avec une fréquence moindree maladie de Horton par rapport aux patients âgés dont le rhuma-isme était diagnostiqué depuis plus de trois ans. La proportion deR est moindre (25 % vs 53 %, p < 0,001), celle des spondyloarthritesst plus importante (13 % vs 8 %, p < 0,03), celle des connectivites’est pas différente mais les vascularites sont moins représentéesans les diagnostics récents.

. Discussion

La PR et la PPR sont les deux rhumatismes le plus souvent

iagnostiqués après 60 ans. À partir de cet âge, la proportion dePR croît de fac on linéaire (Fig. 1) pour devenir fortement majori-aire après 80 ans, surtout en rhumatologie de ville. La proportione PR décroît pratiquement dans les mêmes proportions. Après

ge au diagnostic : a : population totale ; b : femmes ; c : hommes.

60 ans, la proportion de spondyloarthrites et de connectivites, quireprésentent près de 10 % des rhumatismes, diminue légèrementavec l’âge. Les connectivites représentent 20 % des rhumatismesdiagnostiqués après 60 ans en milieu hospitalier et les spondy-loarthrites 17 % des rhumatismes diagnostiqués après 60 ans chezl’homme.

Cette étude a l’avantage d’inclure un grand nombre de patientsmais elle a des limites très importantes. Elle ne concerne que lespatients consultant un rhumatologue libéral ou hospitalier. Il s’agitd’une enquête qui n’a pas de valeur épidémiologique. Il s’agit d’unecoupe transversale qui n’explore pas la répartition réelle des rhu-matismes, mais la répartition des rhumatismes vus en consultationou en hospitalisation sur une période donnée en pratique courante.La probabilité que le rhumatologue voit un patient atteint d’un rhu-matisme donné dépend de la fréquence du rhumatisme, mais ausside caractéristiques liées à la nature du rhumatisme, de son ancien-neté et de caractéristiques liées au patient, notamment son âge. La

fréquence de consultations diffère selon le rhumatisme. On peut parexemple penser qu’elle est plus fréquente pour les PR que pour lesspondyloarthrites. La durée d’évolution du rhumatisme influenceaussi la probabilité qu’il soit vu en consultation. Par exemple, une

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J.-J. Dubost et al. / Revue d

PR guérit habituellement en quelques mois ou quelques années,ontrairement à la PR. Pour essayer d’apprécier l’importance de cesiais, on a recherché la répartition des rhumatismes de 245 patientsont le diagnostic est récent (< 3 ans). La PPR est alors le diagnostic

e plus souvent posé après 60 ans (34 %) bien avant la PR (25 %). Lespondyloarthrites sont davantage représentées (13 %).

Les PR diagnostiquées après 60 ans restent majoritairementéminines (71 %). Le facteur rhumatoïde est présent dans 73 %es cas, un peu moins souvent que chez les sujets diagnostiquésvant 60 ans (82 %). La fréquence du facteur rhumatoïde n’est plusifférente dans le sous-groupe de patients atteints de PR diag-ostiquée après 80 ans (83 %). Dans les séries de la littérature, leaux de facteurs rhumatoïdes est très variable [13]. Nos résultatsont comparables à ceux observés dans la cohorte KORONA [14].oixante et onze pour cent des PR diagnostiquées après 60 ans ontes anti-CCP, la fréquence est de 65 % pour Lopez-Hoyos et al. [15],3 % dans la cohorte KORONA [14], et comme dans cette cohorte laroportion ne varie pas en fonction de l’âge.

Les spondyloarthrites représentent 10 % des rhumatismes diag-ostiqués après 60 ans, aussi bien à l’hôpital qu’en pratique libérale,t il n’est donc pas exceptionnel d’en faire le diagnostic à cet âge.ans l’enquête de la SFR de 1983 [16], les patients de plus de0 ans ont cinq fois plus souvent une PR qu’une spondyloarthrite,t quatre fois plus souvent dans notre enquête. Le nombre de rhu-atismes inclassés était élevé dans l’enquête de la SFR et il est

robable que certains patients avaient une spondyloarthrite indif-érenciée qui n’était pas prise en compte à l’époque. La répartitiones spondyloarthrites du sujet âgé diffère de celle du sujet jeune. Lehumatisme psoriasique est fortement majoritaire (60 %), surtoutn pratique libérale (68 %). La spondylarthrite ankylosante est plusare (16 %), alors que la fréquence des spondyloarthrites indifféren-iées et des spondyloarthrites associées aux MICI est comparable.ans une étude précédente [17] de 75 spondyloarthrites diagnos-

iquées après 50 ans en milieu hospitalier, les spondyloarthritesndifférenciées étaient majoritaires (57 %) devant la spondylarthritenkylosante (21 %) et le rhumatisme psoriasique (21 %). Cette plusrande proportion pourrait s’expliquer par les difficultés diagnos-iques qui conduisent plus souvent à l’hospitalisation des formesndifférenciées.

PPR, maladie de Horton et RS3PE ont été étudiés ensemble carls ont des liens de parenté importants et il existe des formes deassage entre ces diagnostics. Les PPR sont fortement majoritairest représentent les trois quarts des patients. Dans l’étude de Crow-on et al. [18], le risque d’avoir une PPR à 60 ans est de 2,5 % chez lesemmes, 1,8 % chez l’homme et pour la maladie de Horton respec-ivement de 1,10 % et 0,6 %. La forte proportion de PPR dans notrenquête s’explique probablement par un recrutement rhumatolo-ique. Comme attendu, la proportion de maladies de Horton estlus importante en milieu hospitalier. Un diagnostic de RS3PE a étéorté chez 17 patients, 16 fois après 60 ans, cinq fois après 80 ans.eux études japonaises récentes, réalisées en milieu hospitalier,

apportent un taux de RS3PE par rapport à la PPR de trois pour dix30 %) [19] et 28 pour 123 (23 %) [20]. Dans notre enquête, il est de7 pour 145 (12 %) dans la population globale mais de 33 % pour les

atients hospitalisés dans le service de rhumatologie.

Les connectivites représentent 9 % des rhumatismes diagnosti-ués après 60 ans, mais 20 % en milieu hospitalier. La répartition estrès diverse. Comme attendu, le syndrome de Gougerot-Sjögren est

[

atisme 81 (2014) 69–73 73

le plus fréquent (28 %), mais suivi de près par la sclérodermie (20 %)et les myosites (20 %), puis le lupus (16 %). Plus rarement, d’autresvascularites, comme la maladie de Wegener ou des maladies auto-immunes comme le syndrome de Sharp, sont diagnostiquées à cetâge.

En conclusion, après 60 ans, la discussion diagnostique d’unrhumatisme inflammatoire se centre sur PR–PPR, mais on resteconfronté à un large éventail de diagnostics, surtout en milieu hos-pitalier.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-tion avec cet article.

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