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Focus sur la collection « Une histoire personnelle de la France » Créée en 2013 par les éditions PUF, la collection « Une histoire personnelle de la France » est désormais complète, avec la parution du septième et dernier volume le 19 mars. L’occasion pour nous de vous présenter cette collection passionnante, qui s’adresse à un large public.
Quelques mots sur la collection « Une histoire personnelle de la France »
Avec la publication du Siècle des bouleversements de Jean-‐François Sirinelli, s’achève la série « Une histoire personnelle de la France ». Une nouvelle approche de l’histoire de France, concise, abordable et de haute tenue scientifique, incarnée par l’expression de plusieurs voix singulières. Chaque livre est placé sous la responsabilité d’un historien, appelé à retracer une vaste période tout en proposant sa lecture propre : les auteurs en sont Bruno Dumézil, Jean-‐ Marie Le Gall, Olivier Coquart, Emmanuel Fureix, Jean-‐François Sirinelli, et enfin Claude Gauvard, qui dirige la collection. Chacun des sept volumes qui composent la série se veut un concentré de savoir, qui englobe les dernières recherches de l’historiographie, remet en cause un certain nombre d’idées reçues et témoigne de la vérité historique la plus juste. Ici, pas de jargon, pas de notes, mais un récit fluide et rythmé, où chaque historien imprime de sa voix le flux des événements et des analyses qui en sont faites, donne aux hommes célèbres ou obscurs toute leur place dans le devenir politique de la France, confère un souffle à l’Histoire, gage du plaisir d’apprendre. Cette « histoire personnelle de la France » emprunte un déroulement chronologique, l’Histoire ne se construisant que dans et à travers le temps. Elle s’adresse aussi bien au féru d’histoire, qui y fera encore des découvertes, qu’au néophyte, qui y trouvera les bases d’une solide culture historique et le goût d’aller plus loin. �
Trois questions à Claude Gauvard
Claude Gauvard, vous êtes directrice de la collection "Une histoire personnelle de la France", dont les premiers ouvrages sont parus en mars 2013. Quelle a été la volonté à l'origine de la création de cette collection ? Cette collection répond au souci de transmettre le savoir universitaire à un public élargi, c’est-‐à-‐dire de mettre à la portée du plus grand nombre les derniers acquis de la recherche concernant l’histoire de France. Il s’agit d’une histoire qui privilégie le politique et nous avons voulu des textes courts et faciles à lire : pas de notes érudites, mais des cartes, une chronologie, une bibliographie pour en savoir plus… La collection, dont les volumes suivent un ordre chronologique, répond donc à une triple exigence : rester rigoureux, aller à l’essentiel, et trouver les mots pour le dire.
Dans cette collection, sept ouvrages sont parus, chacun étant sous la responsabilité d'un historien. Comment cette histoire personnelle, réalisée avec le concours de plusieurs spécialistes, s'est-‐elle alors élaborée ? Reflète-‐t-‐elle la vision d'une génération plutôt que celle d'une personne ? La collection est née de cours que les différents auteurs ont enregistrés pour l’Encyclopédie sonore Frémeaux, en collaboration avec les Presses universitaires de France. Ces historiens, spécialistes de la période considérée, sont aussi des enseignants qui aiment leur métier et qui ont plaisir à transmettre leur savoir, qui est, bien sûr, celui de leur génération. L’historien est fils de son temps et il lit les événements avec les nouveaux outils dont il dispose, par exemple l’informatique qui lui permet de mieux aborder les données quantitatives. Il utilise aussi de nouveaux concepts qui changent son regard, telle l’histoire des représentations. Mais ces historiens sont aussi des chercheurs reconnus dans leur spécialité et ils sont les acteurs de ces dernières recherches. En ce sens, leur vision est personnelle, et ces livres leur donnent l’occasion de l’exprimer. On peut ici donner quelques exemples : Bruno Dumézil apporte sa vision de Barbares fortement romanisés et il contribue, par ses recherches, à prolonger l’apport de l’Empire romain pendant la période du haut Moyen Âge, remettant en cause la coupure habituelle du Ve siècle. Emmanuel Fureix, très sensible à l’histoire des représentations et à la place de l’émotion en politique, s’attache à montrer comment la République a eu des difficultés à s’enraciner et par quels moyens elle a pu y parvenir. Moi-‐même, qui ai beaucoup travaillé sur la nature du pouvoir royal, en particulier le pouvoir judiciaire, j’ai construit mes deux livres sur la façon dont le roi s’est imposé à ceux qui sont devenus ses sujets, dans le cadre du royaume, donc dans un espace politique qu’il a fallu aussi construire. J’essaie de montrer que si la coercition a existé, elle s’est accompagnée d’une rhétorique de l’amour et de la protection. Cette collection s'adresse aussi bien aux férus d'histoire qu'aux néophytes. En quoi est-‐il important selon vous de démocratiser l'histoire par le biais, notamment, de l'écriture ? L’histoire doit être démocratisée, surtout l’histoire dite nationale, car elle fait partie d’un patrimoine commun. Comme telle, il importe qu’elle soit la plus juste et vraie possible. Vraie, cela veut dire par rapport aux acquis et possibilités de la recherche, qui font évoluer nos connaissances, comme je l’ai dit précédemment. L’histoire repose sur des faits, dont la plupart sont connus, mais leur interprétation évolue. De nos jours, les historiens ne se contentent plus de décrire les événements, de reconstituer les personnages. Ils les inscrivent dans des contextes dont la complexité doit transparaître, y compris dans ces petits livres. Ce n’est pas chose facile, mais c’est indispensable. L’exemple de Jeanne d’Arc est très significatif : on ne peut comprendre le personnage qu’en l’inscrivant dans la longue liste des prophétesses ou des sorcières, en évoquant donc des croyances qui sont très différentes de celles de notre temps. Mais ces données ne seraient que des élucubrations sèches, si elles n’étaient pas portées par une écriture qui parle au lecteur. On retrouve là ce souci de faire partager une passion de l’histoire qui est finalement à l’origine de cette collection.