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René Dionne et Gabrielle Poulin œuvres et vies croisées Sous la direction de Lucie Hotte :

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René Dionne et Gabrielle Poulin

œuvres et vies croisées

Sous la direction de

Lucie Hotte

:

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RENÉ DIONNE ET GABRIELLE POULIN :

ŒUVRES ET VIES CROISÉES

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RENÉ DIONNE ET GABRIELLE POULIN :

ŒUVRES ET VIES CROISÉES

SOUS LA DIRECTION DE

Lucie Hotte

en collaboration avec Robert Yergeau

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Les Éditions David remercient le Conseil des arts du Canada, le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l’Ontario, la Ville d’Ottawa, le gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada ainsi que la Faculté des arts de l’Université d’Ottawa.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

      René Dionne et Gabrielle Poulin : œuvres et vies croisées / sous la direction de Lucie Hotte ; avec la collaboration de Robert Yergeau.

(Voix savantes ; 38) Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-2-89597-437-6. — ISBN 978-2-89597-491-8 (pdf)

      1. Dionne, René, 1929-. 2. Poulin, Gabrielle. 3. Poulin, Gabrielle — Critique et interprétation. 4. Littérature canadienne-française — Ontario — Histoire et critique. 5. Littérature québécoise — Histoire et critique.

I. Hotte, Lucie, éditeur intellectuel II. Collection : Voix savantes ; 38

PS8131.O6R46 2014      C840.9’9713      C2014-907540-5 C2014-907541-3

Les Éditions David 335-B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario) K1N 7J3 Téléphone : 613-830-3336 | Télécopieur : 613-830-2819 [email protected] | www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 4e trimestre 2014

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INTRODUCTION

Deux vies en écriture

Lucie Hotte

Université d’Ottawa

C’était une entente parfaite. C’est pas pensable des choses comme ça. Mais c’est vrai, c’est un vrai roman.Et nous ne nous sommes jamais quit-tés. […] Nous étions toujours dans un univers évidemment littéraire.

Entrevue de René Dionne avec François-Xavier Chamberland

À l’automne 2010, mon collègue Robert Yergeau arrive en coup de vent, comme c’était son habitude, à mon bureau. Il m’invite

à préparer avec lui un ouvrage en hommage à René Dionne et à Gabrielle Poulin. Il s’enflamme et s’emporte contre l’oubli dans lequel sont tombés ces « deux grands » de la littérature franco-ontarienne. Je suis bien d’accord avec lui : c’est une honte que nous n’ayons jamais rendu hommage à René Dionne, un des pionniers, et sans doute le plus important d’entre eux, de la critique littéraire en Ontario français, celui qui a œuvré toute sa carrière pour donner ses titres de noblesse à la littérature franco-ontarienne. Et l’œuvre de son épouse, la roman-cière et poète Gabrielle Poulin, n’a certainement pas reçu l’attention critique qu’elle méritait. J’accepte donc volontiers de collaborer à ce projet avec Robert.

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En novembre 2010, nous écrivons aux collaborateurs potentiels ; plusieurs d’entre eux acceptent notre invitation. Le projet est donc lancé. Moins d’un an plus tard, le 5 octobre 2011, mon collègue décède. Je me retrouve alors seule à la barre de cet ouvrage. Il n’est certai-nement pas question pour moi de reculer à ce moment-là  : ce livre est nécessaire. Je le dois non seulement à René Dionne et à Gabrielle Poulin, mais également à Robert Yergeau qui a, lui aussi, joué un rôle important dans le développement de la littérature franco-ontarienne.

Comme Robert est l’initiateur du projet qui trouve son accom-plissement ici, il me semblait normal que son nom apparaisse en page de couverture en tant que collaborateur, et cela, même s’il est disparu avant même que nous ayons tous les textes en main. En fait, sans lui, ce livre n’aurait peut-être jamais vu le jour, prise comme je le suis par mes tâches administratives et mes nombreux projets de recherche. Je lui suis donc très reconnaissante de m’avoir obligée à travailler à cet ouvrage et à ne plus remettre à plus tard sa préparation.

Trajectoires

Rien ne destinait René Dionne et Gabrielle Poulin à devenir des figures-clés de la littérature franco-ontarienne. Québécois de naissance et de formation, ils sont le fruit de l’éducation classique canadienne- française. Pourtant, peu après leur arrivée en Ontario en 1970, ils mettront au service de la littérature et de la communauté franco-ontariennes le savoir, les compétences et l’expérience qu’ils ont acquis dans leur province natale. Leur milieu d’origine, leur époque et leur formation marquent leur conception de la littérature, leurs goûts litté-raires et leur posture scripturaire. Afin de mieux comprendre la forme qu’a prise leur engagement envers l’Ontario français, il faut rappeler quelques traits biographiques.

René Dionne est né le 29 janvier 1929 à Saint-Philippe-de-Néri, dans le comté de Kamouraska, au Québec. Il est l’aîné d’une famille de neuf enfants, dont la plupart des garçons ont fait le cours classique, et les filles, l’école normale 1. Bien qu’il soit un élève brillant, un premier

1. Voir l’entretien avec René Dionne dans François-Xavier Chamberland, L’Ontario français se raconte  : de A à X. Entrevues radiophoniques, Toronto,

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de classe au Collège de La Pocatière, qu’il fréquente de 1942 à 1950 2, il prête néanmoins main-forte à son père sur la ferme familiale lors des vacances scolaires d’hiver et d’été. Gabrielle Poulin affirme d’ailleurs, dans le portrait qu’elle dresse de lui pour la revue Liaison, qu’« il a été initié aux travaux de la ferme dès son plus jeune âge 3 ». Il n’a donc « jamais eu de vacances » (FXC, p. 595) dans sa jeunesse, ni même plus tard, puisque Gabrielle Poulin soutient « qu’il a oublié depuis belle lurette, s’il l’a jamais su, le sens courant du mot “vacances” » (RDV, p. 13).

Au collège, René Dionne manifeste, selon son épouse, de réelles qualités de leader. Il y fait preuve d’un esprit de devoir et de loyauté ainsi que d’une ardeur au travail qui ne seront jamais démentis. Après être entré dans les ordres, vraisemblablement en 1951 4, il poursuit ses études, l’année scolaire suivante (1952-1953), à l’École supérieure de lettres de la Compagnie de Jésus, à Montréal. De 1954 à 1956, puis durant l’année scolaire 1958-1959, il est professeur de latin, de grec, de français et d’élocution au Collège Saint-Ignace, tout en complétant une maîtrise en grec classique à l’Université de Montréal. Après l’ obtention de ce diplôme en 1955, il s’inscrit au Scolasticat de l’Immaculée- Conception, toujours à Montréal, où il obtient en 1958 une licence en philosophie. Déjà, à cette époque, il choisit d’emprunter des chemins peu fréquentés : au lieu de faire la thèse attendue sur saint Thomas d’Aquin, il étudie plutôt l’œuvre de Jean-Paul Sartre. Rien d’étonnant à cela puisqu’il confie à François-Xavier Chamberland avoir choisi la question sur l’histoire du Canada à l’examen universitaire en

Éditions du Gref, coll. « Dont actes », 1999, p. 595. Dorénavant les références à cet entretien seront données dans le corps du texte, entre parenthèses, et indiquées par le sigle FXC.

2. Il obtient, en 1950, un baccalauréat ès arts de l’Université Laval puisque le Collège de La Pocatière y est affilié. Le curriculum vitæ de René Dionne conservé au Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) de l’Univer-sité d’Ottawa est l’une des principales sources de renseignement sur ses études.

3. Lors de l’entretien radiophonique, Dionne répond à la question de François- Xavier Chamberland qui lui demande comment on se sent quand « on quitte une institution comme les jésuites après dix-huit ans » en disant que « [c]’était en 1969 » (FXC, p. 601). Voir aussi Gabrielle Poulin, « René Dionne vu de très près », Liaison, no 63, septembre 1991, p. 14. Dorénavant, les références à cet article seront données dans le corps du texte et indiquées par le sigle RDV.

4. Gabrielle Poulin dit qu’il a quitté la Compagnie de Jésus en 1969 après y avoir passé 18 ans.

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rhéto rique, sachant fort bien qu’il fallait choisir celle sur la littérature française pour avoir une chance de gagner le Prix du prince de Galles, « le Grand Prix de l’Université Laval à ce moment-là » (FXC, p. 597).

Cette audace qui le pousse à choisir la voie la moins fréquentée, même si elle lui coûte cher, caractérisera l’ensemble de sa carrière. Il poursuit ensuite des études de latin (1957-1958), de littérature française et d’histoire du Canada (1959-1960) à l’Université de Montréal, qui lui accorde une licence ès lettres en 1960. De 1960 à 1964, il étudie en France à la Faculté de théologie SJ de Chantilly (1960-1961), à la Faculté de théologie SJ de Lyon-Fourvière (1961-1963) et à la Faculté de théo-logie catholique de l’Université d’État de Strasbourg (1963-1964). Il profite de son séjour en Europe pour suivre des cours d’anglais l’été à Cambridge (1961), à Édimbourg (1962) et à Oxford (1963). Il avait d’ail-leurs fréquenté l’école d’été de la Georgetown University à Washing ton, en linguistique, en phonétique et en phonémique à l’été 1960. Il retour-nera d’ailleurs à Cambridge à l’été 1983, avec Gabrielle Poulin cette fois, pour suivre des séminaires intitulés « Five Nineteenth- Century English Novelists » et « The Twentieth-Century English Novel ».

De 1965 à 1969, à son retour au pays, il enseigne en tant que chargé de cours la littérature québécoise et l’histoire du Canada au Collège Sainte-Marie. Il assume, à la même époque (1967-1969), les fonctions de directeur de travaux pratiques en littérature québécoise à l’Uni-versité de Montréal. Ces emplois ne mettent toutefois pas fin à ses études. De 1965 à 1974, il étudie à la Faculté des lettres de l’Université de Montréal, puis de 1974 à 1975 à l’Université de Sherbrooke, où il obtient le doctorat ès lettres. Sa thèse de doctorat est une biographie intellectuelle d’Antoine Gérin-Lajoie alors qu’il était rare à l’époque de se pencher sur l’œuvre d’auteurs canadiens-français 5. L’année 1968-1969 fut décisive dans sa vie et dans sa carrière : il est nommé directeur de la revue Relations ; il quitte la Compagnie de Jésus et devient chargé

5. Réjean Robidoux rappelle que, dans les années 1950, « il était de bon ton de contester jusqu’à l’existence même de notre littérature ». Il cite la blague de Louvigny de Montigny qui, lorsqu’il avait présenté Séraphin Marion à un Français de passage à Ottawa, avait dit : « “Monsieur, je vous présente Marion, auteur de neuf bouquins sur les lettres canadiennes… qui n’existent pas”. » Réjean Robidoux, Fonder une littérature nationale, Ottawa, Éditions David, 1994, p. 1. On peut lire l’anecdote racontée par Séraphin Marion dans « Un octogénaire franco-ontarien se raconte », Bulletin du CRCCF, no 21, décembre 1980, p. 27.

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de cours à l’Université de Sherbrooke. C’est aussi à cette époque qu’il rencontre Gabrielle Poulin. Selon Yves Saint-Denis, René Dionne fait la connaissance de Gabrielle Poulin lorsqu’il lui commande un article pour la revue Maintenant 6, mais il est plus vraisemblable que ce soit pour la revue Relations, où Gabrielle Poulin publie en 1968 son premier article, un compte rendu des Soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma 7. L’année suivante est tout aussi déterminante puisqu’il déménage à Ottawa, où il vient d’accepter un poste de professeur à l’Université d’Ottawa mais surtout, il se marie à Hull le 8 octobre 1970.

Gabrielle Poulin est six mois plus jeune que son conjoint puisqu’elle est née le 21 juin 1929, à Saint-Prosper de Beauce au Québec. Elle gran-dit toutefois à Montréal, où sa famille s’établit en 1934, d’abord au nord de la ville à Saint-Vincent-de-Paul, puis dans la ville même. Dès la « petite école », elle s’intéresse à l’écriture. Il n’y a certes pas de cours de littérature à l’école Marie-Immaculée, mais Gabrielle Poulin se sou-vient du cahier de compositions et du cahier à anneaux où étaient ran-gées les feuilles volantes des journaux personnels. Une fin de semaine sur deux était consacrée à l’écriture d’histoires, et l’autre, au journal personnel 8. Les livres ont d’ailleurs meublé sa vie dès son enfance. Elle affirme même : « Je peux dire que, dès mon plus jeune âge, j’ai davan-tage vécu dans les livres que dans le monde dit réel 9. » Elle se rappelle qu’à l’âge de trois ans, « tous les soirs, [s]on père, entourant [s] on corps de son bras gauche, [l]’endormait, en lisant tantôt silencieusement, tantôt à voix haute, et laissait parfois éclater son rire qui faisait bouger

6. Yves Saint-Denis, « L’Ontarie en deuil », L’Express d’Ottawa, 6  janvier 2010, <http://www.expressottawa.ca/Communaute/2010-01-06/article-791309/L&rsquo%3BOntarie-en-deuil/1>. La revue Maintenant était publiée par les Dominicains. Voir Martin Roy, « L’actualisation du catholicisme québécois  : la revue “Maintenant” [sic] (1961-1974) », mémoire de M.A. (Histoire), Université du Québec à Montréal, 2007, p. 72.

7. Gabrielle Poulin, « Les Soleils des indépendances », Relations, no 28, 1968, p. 351-352. Voir aussi Gabrielle Poulin, La Vie l’écriture. Mémoires littéraires, Ottawa, Vermillon, coll. « Essais et recherches », 2000, p. 11  : « Cette année-là [1969] fut une année charnière dans ma vie. René Dionne, qui dirigeait la section littéraire de Relations, m’avait invitée à écrire des articles de critique sur la litté-rature québécoise (poésie et roman) pour cette revue. »

8. Gabrielle Poulin, « Au ban des lettres. Hors-texte et robe-prétexte », dans La Vie l’écriture, op. cit., p. 125.

9. Id., « J’ai deux amours », dans La Vie l’écriture, op. cit., p. 71.

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les ombres sur les murs 10 ». Souvenir réel ou imaginé ? Difficile à dire, mais Gabrielle Poulin soutient qu’il s’agissait de Don Quichotte, dont elle aurait hérité 11.

À huit ans, elle découvre, dans le grenier de la maison familiale, une boîte de vieux livres qui lui apparaît comme « un coffre aux tré-sors 12 ». Quelques années plus tard, « [s]a vieille boîte de livres disparut au cours d’un [des] multiples déménagements [de sa famille] 13 ». Quelle ne fut pas sa surprise de la retrouver cinq ans plus tard dans un puits de lumière de leur nouveau logement ! C’est ainsi, raconte-t-elle, que, « [g]râce aux livres, [elle se] mettai[t], à treize ans, à avoir un passé 14 ». Elle emporta dans sa chambre « la boîte magique » et eut, pour la pre-mière fois, « des livres qui seraient chez [elle] à demeure 15 ». Ses autres lectures d’enfance, à l’école ou à la bibliothèque municipale, étaient celles des auteurs qu’on faisait lire aux petites filles à cette époque : les romans de la comtesse de Ségur, les livres de la « Bibliothèque de Suzette », la collection des Brigitte.

Il semble bien que Gabrielle Poulin lisait aussi tout ce qui lui tom-bait sous la main puisqu’elle mentionne tant René Bazin, Paul Féval, Pierre l’Ermite que les « plus édifiants de nos auteurs québécois  : Michelle Le Normand, Marie-Claire Daveluy et Léo-Paul Desrosiers 16 », que Georges Ohnet et Delly. Elle remarque même, adolescente, que son « jeune frère semblait connaître des auteurs bien différents des [s] iens 17 ». De là naît son désir de découvrir d’autres auteurs. Des années plus tard, lorsqu’elle raconte cet épisode de sa vie, son texte est encore empreint du sentiment d’injustice qui a dû être le sien à l’époque :

Les petites Québécoises des écoles de la Commission des écoles catho-liques de Montréal, puis plus tard, des Écoles normales, apprenaient la lecture et l’écriture à l’abri des textes, en marge de la vie et des lettres.

10. Id., « Au ban des lettres. Hors-texte et robe-prétexte », dans La Vie l’ écriture, op. cit., p. 136.

11. Ibid., p. 137.12. Ibid., p. 117.13. Ibid., p. 119.14. Ibid., p. 120.15. Ibid.16. Ibid., p. 130.17. Ibid.

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13DEUX VIES EN ÉCRITURE

Elles savaient faire une dictée sans faute, analyser une phrase bourrée de propositions subordonnées […]… elles pouvaient composer une narration impeccable avec une introduction, un nœud et un dénoue-ment, faire le portrait de leur petite amie de cœur ou de leur chat (non, la plupart ne connaîtraient jamais Colette !), décrire la chute des feuilles en s’inspirant d’Albert Lozeau […] et un paysage embelli par la première neige, paisible et rassurant comme un poème de Chauveau […]. Mais, jamais, au grand jamais, n’entendait-on de hallalis entre les lignes droites de leurs cahiers impeccables. Les petites filles et les grandes filles modèles écrivaient, noir sur blanc, dans l’étroitesse et le silence de ce lieu où les maintenaient leurs mères et leurs institutrices, gardiennes de la tradition, tandis que, dans les vastes espaces blancs où étaient appelés leurs frères, les voyelles elles-mêmes étincelaient : « I » rouge, « U » vert, et dans l’« O » bleu l’on percevait les

strideurs étranges,silences traversés des Mondes et des Anges 18.

Il n’est dès lors pas surprenant que Gabrielle opte pour une carrière en enseignement. De 1946 à 1949, elle fréquente l’École Normale de Valleyfield, où elle obtient un diplôme d’études supérieures en pédago-gie. Durant l’année qui précède son entrée au noviciat chez les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie en 1950, elle enseigne à l’école primaire Jean-de-Brébeuf, dans le quartier Rosemont à Montréal (1949-1950). Entre 1950 et 1957, elle fait son noviciat. Mais ces études, à l’École normale ou au couvent, ne lui ouvrent cependant pas la porte de la littérature. Elle se souvient plutôt, dans La Vie l’écriture, que, « sur les rayons des bibliothèques de nos couvents, on ne trouvait, en ces temps-là, que des vies de saints 19 ». Entre 1951 et 1955, elle enseigne dans diverses écoles primaires de la Commission des écoles catholiques de Montréal, tout en poursuivant des études classiques au Collège Jésus-Marie d’Outremont, d’abord à temps partiel, de 1952 à 1960, puis à temps complet, et elle obtient son baccalauréat ès arts (option lettres) en 1962 de l’Université de Montréal, à laquelle le Collège était sans doute affilié.

Gabrielle Poulin obtient également un diplôme en sciences reli-gieuses de l’Institut Pie-XI de l’Université de Montréal en 1956 et un

18. Ibid., p. 132-133.19. Ibid., p. 135.

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RENÉ DIONNE ET GABRIELLE POULIN : ŒUVRES ET VIES CROISÉES14

diplôme d’études en spiritualité de l’Université de Sherbrooke en 1964. En 1962, elle entre à la Faculté des lettres de l’Université de Montréal, où elle obtient une licence ès lettres (français et histoire) en 1967 et un diplôme d’études supérieures (études françaises) en 1968. Pendant ce temps (de 1965 à 1969), elle est chargée de cours, toujours en lettres françaises et québécoises, au Collège Jésus-Marie, au Cégep d’Ahuntsic et à l’Université de Montréal. L’année 1968-1969 est féconde : Gabrielle Poulin quitte sa communauté religieuse le 30 juin 1968 et rencontre René Dionne en octobre de la même année 20. En 1969 paraît également son premier livre, Les Miroirs d’un poète. Images et reflets de Paul Éluard, poète sur lequel portera sa thèse de doctorat, intitulée « Lec-ture de L’Amour la Poésie de Paul Éluard », rédigée entre 1969 et 1974. Après son mariage en 1970, elle s’installe à Ottawa.

Des vies consacrées à l’écriture

Mais la littérature pour moi, j’y suis entré comme en religion. Pour moi, c’est quelque chose qui me fait vivre.

René Dionne (FXC, p. 603)

Le “cloître de l’Écriture”, comme Jean Fugère a un jour appelé l’espace où je vis et j’écris, je ne m’y suis enfermée, après avoir quitté le vrai cloître, que parce que l’homme que j’aime, je savais qu’il s’y enfermerait avec moi.

Gabrielle Poulin (LVL, p. 11-12)

J’ai moi-même connu René Dionne durant mes études au baccalauréat à la fin des années 1980. J’ai suivi son cours d’introduction à la littérature franco-ontarienne et son cours de méthodologie des études littéraires. Il m’a rapidement embauchée comme assistante de recherche pour son monumental projet de bibliographie de la critique de la littérature qué-bécoise et canadienne-française. Cela a été mon initiation à l’utilisation d’immenses bases de données dans les études littéraires. Mon rôle était d’entrer les informations bibliographiques, qu’une vaste équipe

20. Gabrielle Poulin, « La littérature et la critique ou Le premier jour du monde », dans La Vie l’écriture, op. cit., p. 111-112.

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15DEUX VIES EN ÉCRITURE

d’assistants avait notées sur des fiches lors de leur dépouillement des revues, des journaux et des collections des bibliothèques, dans un système informatique d’une complexité qui dépassait l’entendement. J’avais un minuscule bureau dans une des petites maisons en briques que l’Université d’Ottawa avait achetées sur la rue King Edward, une de ces petites « maisons grises » comme on les appelait, car elles avaient été peintes de cette couleur. Elle est toujours là, d’ailleurs, mais je n’y ai jamais remis les pieds.

À quelques reprises, j’ai dû me rendre à la maison des Dionne-Poulin sur la rue Quincy afin de rencontrer monsieur Dionne, comme je l’appelais à l’époque, pour lui faire part de l’état des travaux. Très accueillants, René et Gabrielle, comme j’ai commencé à les appeler plus tard quand je suis moi-même devenue professeure, m’ont fait visiter leur maison, remplie à craquer de livres. Le bureau de René était à l’étage dans une chambre à coucher convertie. Il me semble qu’une deuxième chambre servait à entreposer livres et papiers. Je me souviens surtout des papiers en pile sur son pupitre, des livres amoncelés un peu partout, de la grande fenêtre qui donnait sur le jardin et laissait entrer la lumière. Au rez-de-chaussée, le bureau de Gabrielle avait été aménagé dans le salon. Il était beaucoup plus dépouillé que celui de René, avec la table de travail faisant face à la grande fenêtre qui donnait sur la rue. Au sous-sol, des bibliothèques, partout, des milliers de livres, un paradis pour une lectrice invétérée comme moi. Cette collection appartient aujourd’hui à l’Université de Hearst grâce aux démarches entreprises par Robert Yergeau. Lui et moi aurions bien aimé que l’Uni-versité d’Ottawa en prenne possession, mais l’absence de locaux aptes à l’accueillir a rendu ce projet impossible.

Aujourd’hui, je me demande si mon souvenir de leur maison corres-pond à la réalité ou si ma mémoire a embelli ou déformé le tout. Il doit certainement y avoir un fondement de vérité puisque Gabrielle Poulin décrit sensiblement le même environnement dans son article dans Liaison : « Mon bureau est au rez-de-chaussée, le sien, à l’étage, litté-ralement tapissé de livres. Des feuilles de toutes dimensions couvrent sa table. Quand il se lève, je peux suivre son pas jusqu’à l’ordinateur et imaginer le sérieux professeur en train d’enjamber d’autres livres qui forment des piles sur le plancher. C’est la seule gymnastique qu’il ait le temps de pratiquer. » (RDV, p. 13)

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Si la bibliothèque des Dionne-Poulin illustrait l’éclectisme de leurs goûts littéraires, elle témoignait aussi de leur allégeance au classement des littératures en fonction des nations. Les livres y étaient effective-ment regroupés en fonction des corpus nationaux – littérature russe, littérature allemande, littérature britannique, littérature française, littérature américaine –, mais aussi, dans le cas du Canada, en fonction des corpus régionaux : littératures de l’Acadie, de l’Ontario français, de l’Ouest. Quel était le statut de la littérature québécoise ? Constituait-elle pour eux un corpus national ou régional ? Les nombreux propos de René Dionne sur le nationalisme littéraire laisseraient croire à la pre-mière option. Mais s’agit-il d’un nationalisme québécois ou plutôt d’un nationalisme canadien-français comme le prétend François Paré dans l’article par lequel il contribue à cet ouvrage ? Je ne saurais trop le dire.

Chose certaine, si Dionne choisit de faire une thèse de doctorat sur Antoine Gérin-Lajoie 21, alors qu’il pense que cela minerait ses chances « de rentrer dans les grandes universités » (FXC, p. 597), c’est qu’il croit fermement dans l’importance d’étudier les œuvres « de chez nous ». Anne Caumartin, dans son article publié ici, montre comment ce premier ouvrage illustre l’approche particulière de René Dionne, qui cherche constamment à « réfléchir au rôle particulier de l’homme, c’est-à-dire sa situation, ses contingences et sa responsabilité » et à cerner son ancrage dans un destin national. L’intérêt de René Dionne pour la littérature canadienne-française du xixe siècle tient d’ailleurs au fait que ces romans et ces recueils de poésie « étaient nationalistes ». Il poursuit  : « Le nationalisme, ça date du début du xixe siècle au Canada français. ». Cette littérature lui tient à cœur, dit-il, parce qu’elle « parlait de nous et c’est très important. Pour moi c’est fondamental » (FXC, p. 598).

Lorsqu’il arrive en Ontario, René Dionne ne peut que s’intéresser à la jeune littérature franco-ontarienne. Sa croyance fondamentale est simple : « nous avons besoin d’être d’abord enracinés » (FXC, p. 598). Gabrielle Poulin souligne l’attitude de René Dionne à son arrivée en terre ontarienne :

21. Cette thèse, remarquable, publiée en 1978 aux Éditions Naaman, a rem-porté le Prix Champlain 1979.

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Il a toujours eu à cœur de travailler pour les gens au milieu desquels il vit. En 1970, il choisit de s’établir à Ottawa, ville bilingue, dotée d’excellentes bibliothèques. La nostalgie du Québec, il ne la cultive pas. Dans les années soixante, il avait travaillé à la promotion de la littérature dite québécoise. Dès son arrivée dans l’Outaouais, il com-mence à défricher l’espace littéraire franco-ontarien. (RDV, p. 15)

La présence de bonnes bibliothèques a effectivement été déterminante dans le choix de René Dionne :

Et je suis venu à Ottawa parce que je savais qu’à Sherbrooke je n’aurais pas les mêmes possibilités de recherche qu’à Ottawa avec la Biblio-thèque nationale, l’excellente bibliothèque de l’Université d’Ottawa que l’Université Laval, l’Université de Montréal et Sherbrooke n’avaient pas à ce moment-là, et que je trouvais à l’Université d’Ottawa, parce que les oblats avaient bien monté la bibliothèque […]. Et je voulais une université bilingue. (FXC, p. 602)

En outre, en dépit du rôle important qu’il a joué dans la promotion de la littérature québécoise, Dionne demeure attaché à l’ancienne référence du Canada français  : vivre en Ontario français peut être aussi une façon de garder vivante l’idée d’une francophonie canadienne coast to coast. François Paré soutient d’ailleurs, dans son article, que l’ensemble du travail historiographique de René Dionne tire sa source dans la nostalgie du Canada français  : ses recherches lui permettraient « de rétablir les ponts et de retisser, par le biais de l’histoire littéraire, les liens historiques rompus par le nationalisme québécois ».

En effet, René Dionne me semble constamment tiraillé entre sa croyance dans la nécessité d’une littérature nationale forte qui s’enra-cine et sa profonde conviction que l’avènement d’une littérature et d’une identité québécoises se fait au détriment des communautés fran-cophones à l’extérieur du Québec. Dans une conférence qu’il donne le 9 novembre 1981 au campus de Cornwall de l’Université d’Ottawa, inti-tulée « Pourquoi étudier la littérature franco-ontarienne », il affirme :

les Québécois ont appris à reconnaître dans la poésie du groupe de l’Hexagone un certain appel du pays qui, la politique aidant, devait aboutir à transformer idéalement la province de Québec en État natio-nal. De plus en plus, les francophones de cette province ont refusé de s’appeler Canadiens ou Canadiens français ; ils ont voulu marquer

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leur différence en ne s’appelant plus, même au plan international, que Québécois. Leur littérature, davantage québécoise depuis 1958 par ses thèmes et ses aspirations, n’a guère été désignée autrement après 1970 ; elle a cependant continué dans un geste impérialiste, à réclamer comme œuvre québécoise toute œuvre française produite au Canada. La littérature affirmait son identité en même temps que la nation, mais à la différence de cette dernière, ou plus qu’elle devrais-je plutôt dire, elle se faisait colonisatrice après avoir été elle-même colonisée par la littérature française 22.

Cette conférence, particulièrement révélatrice des sentiments de René Dionne à l’égard des relations entre le Québec et les communautés francophones hors Québec et de sa conception de la littérature qui contribue, selon lui, à construire le sentiment d’appartenance à une nation ou à un peuple, illustre également son adoption totale de l’iden-tité franco-ontarienne par l’utilisation des pronoms possessifs de la troisième personne du pluriel (ils, leur) et de la première personne du pluriel (nous, nos). Il conclut sa conférence en affirmant que

l’étude de la littérature franco-ontarienne, entre autres domaines, s’avère pour nous, Franco-Ontariens de naissance ou d’adoption, un instrument de connaissance extrêmement précieux : nous avons besoin d’étudier les œuvres du passé et du présent, nous avons besoin également d’en créer de nouvelles à notre image et à notre ressem-blance. […] Il faut les prendre en charge, comme on se prend en main ; il faut les lire, non pas comme un pur reflet de nous-mêmes – ce serait du narcissisme vain –, mais comme une expression de nous-mêmes : elles nous disent à nous et aux autres. […] Les œuvres n’existent pas seules ; elles existent par nous, avec nous, lecteurs 23.

On trouve ici la motivation de l’ensemble des travaux littéraires de René Dionne, de même que de son engagement à développer les études franco-ontariennes. Pour qu’une communauté puisse construire son identité, elle doit savoir qui elle est, et donc, d’où elle vient. De même, pour qu’une littérature existe, elle doit avoir une histoire.

22. René Dionne, « Pourquoi étudier la littérature franco-ontarienne ? », f. [1]. P177-15/125/5 Fonds Gabrielle Poulin et René Dionne, nº 32.

23. Ibid., f. [4-5].

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Dionne, tant dans ses travaux au Québec que dans ceux en Ontario, sera celui qui dressera l’histoire de ces littératures : il se fera l’archéo-logue du littéraire, titre de la première section de ce livre qui m’est venu en écrivant un chapitre que je consacre aux travaux de René Dionne et de Fernand Dorais dans mon livre sur la critique littéraire en contexte minoritaire 24. Il procédera, surtout en Ontario où la pénurie de cher-cheurs et de bibliographies est plus grande, à un dépouillement intensif des sources premières et secondaires afin de produire des outils de recherche pouvant permettre aux chercheurs qui le suivront de mieux connaître les corpus sur lesquels ils travaillent.

C’est également lui qui insistera pour que soient mis au programme des universités ontariennes des cours de littérature franco-ontarienne. En 1975-1976, alors que René Dionne est directeur du Département des lettres françaises de l’Université d’Ottawa, deux cours sur la litté-rature franco-ontarienne sont créés  : « l’un aux études supérieures (maîtrise et doctorat) sur la littérature orale franco-ontarienne ; l’autre, au niveau du baccalauréat général, sur la littérature outaouaise et franco-ontarienne 25 ». Le premier cours devait être donné à l’Univer-sité Laurentienne par le père Germain Lemieux, en vertu d’une entente entre les deux universités. À ma connaissance, ce cours n’a jamais été donné. Un cours aux études supérieures, offert par l’Université d’Ottawa, verra cependant le jour durant les années 1980. Le cours de premier cycle sera donné, pour la première fois, par Yolande Grisé, que Dionne embauche afin de le coordonner. Selon Dionne, elle a bénéficié de l’appui de « huit professeurs-conférenciers » en 1977 et de « six pro-fesseurs et de deux écrivains 26 » en 1978. C’est sans doute, en partie du moins, grâce à ce cours que Yolande Grisé s’intéresse à la littérature franco-ontarienne. Elle fera d’ailleurs paraître, au début des années 1980, une Anthologie de textes littéraires franco-ontariens en quatre

24. Lucie Hotte, Lectures de l’exiguïté. La critique en contexte minoritaire, Montréal, Nota bene, à paraître.

25. René Dionne, « Le G.I.É.F.O. à l’Université d’Ottawa », Bulletin du Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l’Université d’Ottawa, no 18, avril 1979, p. 5.

26. Ibid.

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volumes 27. C’est également elle qui dirige en 1983 la première thèse de doctorat sur la littérature franco-ontarienne.

En 1979, le cours a été donné par le père Paul Gay, auteur de la première histoire de la littérature franco-ontarienne sous forme de manuel 28. René Dionne a, par la suite, donné ce cours que j’ai moi-même suivi à la fin des années 1980. Dionne insistera également pour que le journal Le Droit publie des articles sur la littérature franco-ontarienne (souvent des comptes rendus) dans sa page littéraire hebdomadaire. Si Yolande Grisé et Paul Gay ont fait paraître des textes à la fin des années 1970, c’est surtout René Dionne qui y publiera de nombreux articles durant les années 1980. Lorsqu’il décide d’arrêter de contribuer au Droit, Dionne recrute François Paré pour prendre la relève. Paré soutient dans une lettre à François Ouellet, publiée dans Traversées, qu’il s’est intéressé « à la littérature franco-ontarienne par hasard », tout comme son correspondant. Il poursuit :

Quant à moi, c’est René Dionne qui m’y a d’abord intéressé. Il se cher-chait un critique régulier pour sa page littéraire au journal Le Droit et m’a demandé si je voulais y collaborer. C’était au début des années quatre-vingt  : Le  Droit n’a plus que des rubriques occasionnelles maintenant. À cette époque-là, j’ai lu toutes sortes de choses : roman, poésie, théâtre. Je parlais autant d’œuvres québécoises que franco-ontariennes. C’est là que je me suis rendu compte pour la première fois de la responsabilité critique dans une société minoritaire. 29

Je crois que René Dionne était fortement imprégné de cette « responsa-bilité critique », qui, dans son cas, était aussi un sentiment de profonde responsabilité sociale.

27. Yolande Grisé (dir.), Parli, parlo, parlons, Montréal, Fides, 1982, « Antho-logie de textes littéraires franco-ontariens, v. 1 » ; Les Yeux en fête, Montréal, Fides, 1982, « Anthologie de textes littéraires franco-ontariens, v. 2 » ; Des mots pour se connaître, Montréal, Fides, 1982, « Anthologie de textes littéraires franco- ontariens, v. 3 » ; Pour se faire un nom, Montréal, Fides, 1982, « Anthologie de textes littéraires franco-ontariens, v. 4 ».

28. Paul Gay, La Vitalité littéraire de l’Ontario français, Ottawa, Éditions du Vermillon, 1986, coll. « Paedagogus, no 1 ».

29. François Ouellet et François Paré, Traversées : lettres, Ottawa, Le Nordir, 2000, p. 59.

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Notices biobibliographiques des auteurs

Brun del Re, Ariane

Ariane Brun del Re est doctorante au Département de français de l’Université d’Ottawa et assistante à la Chaire de recherche sur les cultures et les littératures francophones du Canada. Elle détient un baccalauréat en lettres françaises de l’Université d’Ottawa et une maî-trise en langue et littérature françaises de l’Université McGill, dans le cadre de laquelle elle a rédigé une thèse intitulée « Portrait de villes littéraires : Moncton et Ottawa ». Ses recherches portent présentement sur les littératures franco-canadiennes depuis 1990, qu’elle aborde à partir de la sociologie de la littérature et des poétiques de la lecture. Elle est récipiendaire de la bourse de doctorat du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. On peut la lire dans Francophonies d’Amérique, Voix plurielles et Liaison ainsi que dans plusieurs ouvrages collectifs. En mai 2014, elle a reçu le prix de la meilleure communica-tion étudiante remis par l’Association des professeurs de français des universités et collèges canadiens.

Caron, Marie-Andrée

Originaire du Saguenay, Marie-Andrée Caron détient un baccalau-réat en études littéraires françaises et un certificat en rédaction- communications de l’Université du Québec à Chicoutimi. Boursière du CRSH et du FQRSC, elle a rédigé un mémoire de maîtrise sous la direction de Nicolas Xanthos. Pendant une bonne partie de ses études, elle a été assistante de recherche, notamment pour un groupe de

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recherche interuniversitaire sur la narrativité contemporaine (RANX), dirigé par Nicolas Xanthos (UQAC) et René Audet (Université Laval). Son mémoire de maîtrise, portant sur Jean-Philippe Toussaint, Patrick Nicol et Régis Jauffret, s’inscrit d’ailleurs dans ce champ de recherches. C’est lors d’un séminaire de François Oueĺlet sur les littératures franco-phones du Canada que Marie-Andrée Caron s’est intéressée plus parti-culièrement à Gabrielle Poulin. Elle réside actuellement à Montréal et connaît ses débuts en enseignement du français langue seconde et de la littérature au collégial.

Caumartin, Anne

Anne Caumartin est professeure adjointe de littératures françaises au Collège militaire royal de Saint-Jean (CMRSJ). Ses recherches portent sur la conception de la culture québécoise, les modalités de filiation, la notion de responsabilité en littérature et les relations entre mémoire et perspectives d’avenir dans l’essai et le roman québécois. Elle a codi-rigé le dossier « Responsabilités de la littérature : vers une éthique de l’expérience » de la revue Études françaises (avec Maïté Snauwaert) de même que le dossier « Filiations intellectuelles dans la littérature québécoise » de la revue @nalyses et le collectif Parcours de l’essai québécois (1980-2000) (avec Martine-Emmanuelle Lapointe). Anne Caumartin est cochercheure du groupe « La vie littéraire au Québec » (D.  Saint-Jacques, dir.), membre régulier du Centre de recherche interuniversitaire en littérature et culture québécoises (CRILCQ) et membre du conseil de rédaction des revues Argument et Recherches sociographiques.

Dansereau, Estelle

Estelle Dansereau a été professeure de littérature et de langue fran-çaises au Département de français, italien et espagnol de l’Université de Calgary, où elle a également enseigné pour le Programme de littéra-ture comparée. Elle a dirigé le n° 7 de Francophonies d’Amérique (1997) sur « Le(s) discours féminin(s) de la francophonie nord- américaine » et, avec trois collègues albertains, elle a conçu et dirigé Alberta, village sans mur(s) (2005), collectif qui commémore le centenaire de

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la province de l’Alberta. Ses publications principales portent sur l’écri-ture au féminin, l’écriture en milieu minoritaire et les représentations de la vieillesse. Au fil des ans, elle a étudié, entre autres, les œuvres de Gabrielle Roy, Gabrielle Poulin, Madeleine Ferron, Marguerite Primeau, Claire Martin, Simone Chaput et Lise Gaboury-Diallo. Elle se consacre actuellement à plusieurs projets de recherche : les représentations de la femme d’âge mûr en littérature, les espaces de l’extrême vieillesse ainsi que l’abjection (mémoire paroles) et la vieillesse.

Hotte, Lucie

Lucie Hotte est titulaire de la Chaire de recherche sur les cultures et les littératures francophones du Canada et professeure titulaire au Dépar-tement de français de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur ses trois principaux champs d’intérêt  : les théories de la lecture, les littératures minoritaires et l’écriture des femmes. Elle s’intéresse aussi à la réception critique des œuvres d’écrivains marginaux. Elle a beaucoup publié sur les littératures franco-canadiennes et les enjeux institutionnels propres aux littératures minoritaires. En 2001, son essai, L’Inscription de la lecture. Lecture du roman, romans de la lec-ture, a remporté le prix Gabrielle-Roy pour le meilleur ouvrage en critique littéraire portant sur la littérature québécoise ou canadienne. L’Introduction à la littérature franco-ontarienne (2010), qu’elle a codi-rigé avec Johanne Melançon, a reçu une mention honorable du jury du Prix Champlain. Son plus récent livre est une étude des romans pour la jeunesse de Doric Germain (Doric Germain, Éditions David, 2012).

Kellett, Kathleen

Titulaire d’un doctorat de l’Université de Toronto, Kathleen Kellett est professeure agrégée à l’Université Ryerson à Toronto, où elle enseigne la littérature et la culture québécoises et franco-canadiennes. Elle est membre de l’École Yeates des études supérieures de l’Université Ryerson depuis 2001 et membre du programme de maîtrise en études de l’immigration ainsi que du programme d’études supérieures en communication et culture. Ses recherches actuelles portent sur la littérature franco-canadienne et la représentation de l’espace urbain.

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Elle travaille également sur le roman policier franco-canadien. Elle a publié, entre autres, des articles sur Antonine Maillet, Louise Maheux- Forcier, Daniel Poliquin, Maurice Henrie et Chrystine Brouillet dans des ouvrages collectifs et des revues diverses, dont University of Toronto Quarterly, Québec Studies, Voix plurielles et @nalyses.

Marcotte, Gilles

Chroniqueur, romancier, nouvelliste, essayiste et professeur de litté-rature, Gilles Marcotte s’est imposé comme l’un des plus importants critiques littéraires québécois. Journaliste à La Tribune, puis direc-teur des sections littéraire et artistique du Devoir (1948-1955) et de La Presse (1961-1966), il a travaillé à titre de réalisateur à Radio-Canada (1955-1957) et de scénariste-recherchiste à l’ONF (1957-1961), avant de devenir professeur de littérature à l’Université de Montréal de 1965 à 1995. Il est l’auteur de 25 ouvrages et de pas moins de 1 500 articles. Gilles Marcotte a été nommé membre de l’Ordre du Canada en 1996, membre de l’Ordre des francophones d’Amérique en 2004 et officier de l’Ordre national du Québec en 2008. Le prix Athanase-David lui a été attribué pour l’ensemble de son œuvre en 1997. Il est également le récipiendaire d’une dizaine d’autres prix prestigieux, dont le Prix du gouverneur général et la Médaille de l’Académie des lettres du Québec.

Melançon, Johanne

Johanne Melançon est professeure agrégée au Département d’études françaises de l’Université Laurentienne, où elle enseigne la littérature et la chanson franco-ontariennes de même que la chanson et la lit-térature québécoises. Ses publications et ses recherches portent sur l’œuvre de poètes, de romanciers et de dramaturges franco-ontariens, sur l’institution littéraire en Ontario français de même que sur la chan-son québécoise et la chanson franco-ontarienne. Chercheure associée à la Chaire de recherche sur les cultures et les littératures francophones du Canada, elle a codirigé avec Lucie Hotte une Introduction à la litté-rature franco-ontarienne (Prise de parole, 2010), ouvrage qui a reçu une mention honorable au Prix Champlain en 2011. Elle a également

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dirigé le collectif Écrire au féminin au Canada français, paru en 2013 aux Éditions Prise de parole.

Paré, François

François Paré est professeur titulaire et University Research Professor au Département d’études françaises de l’Université de Waterloo. Il est membre de la Société royale du Canada et directeur de la revue Francophonies d’Amérique. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Les Littératures de l’exiguïté (Le Nordir, 1992), qui lui a valu le Prix du Gouverneur général du Canada, Théories de la fragilité (Le Nor-dir, 1994) et La Distance habitée (Le Nordir, 2003), qui a remporté le prix Trillium et le prix Victor-Barbeau de l’Académie des Lettres du Québec. Son plus récent ouvrage, un recueil collectif codirigé avec Tara Collington, est paru sous le titre Diasporiques : mémoire, diaspo-ras et formes du roman francophone contemporain aux Éditions David, en 2013. François Paré travaille actuellement sur deux ouvrages, le premier sur les représentations de la langue maternelle au sein des cultures minoritaires, l’autre sur le nom propre chez un certain nombre d’écrivains de l’Amérique francophone.

Simard, Mathieu

Mathieu Simard est étudiant au doctorat à l’Université d’Ottawa. Il a complété un baccalauréat en études littéraires à l’Université Laval et a obtenu une maîtrise en langue et littérature françaises de l’Université McGill pour un mémoire intitulé « La poétique bilingue de Patrice Desbiens ». On peut lire ses travaux sur Desbiens dans les revues en ligne Continents manuscrits, Fabula LHT et, bientôt, dans La Revue Frontenac et @nalyses. Il a également publié des comptes rendus dans Canadian Literature et Liaison, de même que des textes de création litté raire dans Le Crachoir de Flaubert et d’autres revues. Détenteur d’une bourse de doctorat du CRSH, il rédige une thèse intitulée « Les esthétiques transgénériques dans les littératures francophones du Canada ». Dans cette thèse, il se penche sur des textes publiés depuis les années 1970 et qui présentent un rapport non conventionnel au(x) genre(s).

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Vigneault, Robert (1927-2014)

Après des études en lettres à l’Université Laval et à l’Université d’Aix-Marseille, Robert Vigneault a enseigné les littératures française et québécoise dans plusieurs universités canadiennes et françaises, avant d’obtenir un poste à l’Université d’Ottawa, où il enseignera jusqu’en 1999, année où il prend sa retraite. Il s’est surtout intéressé aux œuvres des essayistes français et québécois ainsi qu’à la recherche théorique sur l’essai, forme d’art littéraire. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont L’Écriture de l’essai, paru aux Éditions de l’Hexagone en 1994, et Dialogue sur l’essai et la culture, publié aux Presses de l’Université Laval en 2008. En 1968, il se voit récompensé du Premier prix des Concours littéraires de la Province de Québec, dans la section « essais sur la littérature, l’art, la philologie » pour un livre intitulé L’Univers féminin dans l’œuvre de Charles Péguy. Essai sur l’imagination créatrice d’un poète. Il est décédé le 1er janvier 2014.

Yergeau, Robert (1956-2011)

Titulaire d’un doctorat en lettres françaises de l’Université de Sher-brooke, Robert Yergeau a enseigné à l’Université de Hearst dans le Nord de l’Ontario avant de se joindre au Département de français de l’Université d’Ottawa. En 1988, il a fondé les Éditions du Nordir, à Hearst, avec Jacques Poirier. La maison d’édition, qu’il a dirigée jusqu’en 2008, a publié de nombreux ouvrages marquants qui ont transformé le paysage littéraire franco-ontarien. Trois d’entre eux ont d’ailleurs remporté un prix du Gouverneur général du Canada. Robert Yergeau est aussi l’auteur de sept recueils de poèmes, d’un essai sur les prix littéraires, À tout prix, paru en 1994, et d’ouvrages sur le mécénat d’État. Il a reçu le Prix Gaston-Gouin pour L’Oralité de l’émeute en 1980. Son plus récent ouvrage, le recueil de poèmes Une clarté minus-cule, est paru en 2013.

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Table des matières

Introduction

Deux vies en écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7Lucie Hotte — Université d’Ottawa

PREMIÈRE PARTIE

René Dionne : l’archéologue du littéraire

René Dionne essayiste. Portrait du chercheur en humaniste . . .49Anne Caumartin — Collège militaire royal de Saint-Jean

Pour d’heureuses retrouvailles avec la littérature québécoise . .67Robert Vigneault — Université d’Ottawa

René Dionne, l’histoire littéraire et la question des identités périphériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .89

François Paré — Université de Waterloo

DEUXIÈME PARTIE

Gabrielle Poulin : la conquête de la page blanche

La passion de l’écriture. L’écriture de la passion . . . . . . . . . . . . . .109Gilles Marcotte — Université de Montréal

Écrire le désir féminin dans les romans de Gabrielle Poulin : La Couronne d’oubli et Le Livre de déraison . . . . . . . . . . . . . . . 127

Estelle Dansereau — Université de Calgary

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D’un morcellement de l’identité à la naissance de la liberté chez les héroïnes de Gabrielle Poulin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .151

Marie-Andrée Caron — Université du Québec à Chicoutimi

L’espace sacré, l’espace profane et la quête de transcendance chez Gabrielle Poulin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .173

Kathleen Kellett — Université Ryerson

Gabrielle Poulin : la vie, l’écriture, la poésie . . . . . . . . . . . . . . . . . .191Johanne Melançon — Université Laurentienne

Biographies

Biographie de René Dionne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .211Mathieu Simard — Université d’Ottawa

Biographie de Gabrielle Poulin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .215Mathieu Simard — Université d’Ottawa

Bibliographies

Bibliographie sélective de René Dionne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .221Ariane Brun del Re — Université d’Ottawa

Bibliographie de Gabrielle Poulin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .239Mathieu Simard — Université d’Ottawa

Notices biobibliographiques des auteurs . . . . . . . . . . . 255

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Page 29: René Dionne et Gabrielle Poulin œuvres et vies croisées · 14. Dorénavant, les références à cet article seront données dans le corps du texte et indiquées par le sigle RDV

COLLECTION « VOIX SAVANTES »Collection dirigée par Christian Milat

Acerenza, Gerardo (dir.). Dictionnaires français et littéra tures québé-coise et canadienne-française, 2005.

Berthiaume, Pierre et Christian Vandendorpe (dir.). La passion des lettres. Études de littérature médiévale et québécoise en hommage à Yvan Lepage, 2006.

Bouvier, Luc. « Je » et son histoire. L’analyse des personnages dans la poésie de Jacques Brault, 1998.

Castillo Durante, Daniel et Patrick Imbert (dir.). L’interculturel et l’économie à l’œuvre. Les marges de la mondialisation, 2004.

Connolly, Carole. Le partenaire occulté. Manifestations du narrataire dans le roman québécois, 2003.

Desrochers, Alain, France Martineau et Yves Charles Morin (dir.). Orthographe française : évolution et pra tique, 2008.

Forget, Danielle et France Martineau (dir.). Des identités en muta-tion : de l’Ancien au Nouveau Monde, 2002.

Gallays, François. Diffractions. Romans et nouvelles du Québec. Études, 2000.

Gallays, François et Yves Laliberté. Alain Grandbois, prosateur et poète, 1997.

Gaulin, Michel et Pierre-Louis Vaillancourt (dir.). L’aventure des lettres. Pour Roger Le Moine, 1999.

Grutman, Rainier et Christian Milat (dir.). Lecture, rêve, hypertexte. Liber amicorum Christian Vandendorpe, 2009.

Hotte, Lucie (dir.), avec la collaboration de Robert Yergeau. René Dionne et Gabrielle Poulin : œuvres et vies croisées, 2014.

Kunstmann, Pierre, Danielle Forget et France Martineau (dir.). Ancien et moyen français sur le Web. Enjeux méthodologiques et analyse du discours, 2003.

Laliberté, Yves. Les rituels de l’absolu. Essai sur la poésie d’Alain Grandbois, 2001.

Lawson-Hellu, Laté (dir.). Littérature et impôt, 2002. Lepage, Françoise. Histoire de la littérature pour la jeunesse. Québec et

francophonies du Canada, c2000, 2011.

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Lepage, Yvan G. et Christian Milat (dir.). Por s’onor croistre. Mélanges de langue et de littérature médiévales offerts à Pierre Kunstmann, 2008.

Lepage, Yvan G. et Robert Major (dir.). Croire à l’écriture. Études de littérature québécoise en hommage à Jean-Louis Major, 2000.

Major, Robert. Convoyages, 1999.Malette, Yvon. L’autoportrait mythique de Gabrielle Roy, 1994.Maser, Simone. L’image de David dans la littérature française, 1996.Meadwell, Kenneth. Narrativité et voix de l’altérité. Figurations et

configurations de l’altérité dans le roman canadien d’expression française, 2012.

Milat, Christian. Robbe-Grillet, romancier alchimiste, 2001. L’Har-mattan, coéditeur.

Paré, François et Tara Collington (dir.). Diasporiques. Mémoire, diasporas et formes du roman francophone contemporain, 2013.

Poirier, Guy, Christian Guilbault et Jacqueline Viswanathan (dir.). La francophonie de la Colombie- Britannique : mémoire et fiction. Espaces culturels francophones III, 2012.

Poirier, Guy (dir.). Culture et littérature francophones de la Colombie-Britannique : du rêve à la réalité. Espaces culturels francophones II, 2007.

Poirier, Guy, Jacqueline Viswanathan et Grazia Merler (dir.). Littérature et culture francophones de Colombie-Britannique. Espaces culturels francophones I, 2004.

Poirier, Guy et Pierre-Louis Vaillancourt (dir.). Le bref et l’instan-tané, 1999.

Roberto, Eugène. L’Hermès québécois II, 2003.Roberto, Eugène. L’Hermès québécois, 2002.Robidoux, Réjean. D’éloge et de critique. Études littéraires, 2005.Robidoux, Réjean. Fonder une littérature nationale. Notes d’histoire

littéraire, 1994.Tremblay, Victor-Laurent. Être ou ne pas être un homme. La mascu-

linité dans le roman québécois, 2011.Viau, Robert. Antonine Maillet : 50 ans d’écriture, 2008.Voldeng, Évelyne, Lectures de l’imaginaire. Huit femmes poètes des

deux cultures canadiennes, avec la collaboration de Georges Riser, 2000. Presses de l’Université de Valenciennes, coéditeur.

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Watthee-Delmotte, Myriam et Metka Zupancic (dir.). Le mal dans l’imaginaire littéraire français (1850-1950), 1998. L’Harmattan, coéditeur.

Whitfield, Agnès (dir.). L’écho de nos classiques. Bonheur d’occasion et Two Solitudes en traduction, 2009.

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Couverture : Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Gabrielle-Poulin-et-René-Dionne, Ph119-17/16Maquette et mise en pages : Anne-Marie Berthiaume

Achevé d’imprimer en décembre 2014 sur les presses d’Imprimerie Gauvin

Gatineau (Québec) Canada

Imprimé sur papier Enviro 100 % postconsommation

traité sans chlore, accrédité Éco-Logo et fait à partir de biogaz.

Couverture 30 % de fibres postconsommation Certifié FSC®

Fabriqué à l’aide d’énergie renouvelable, sans chlore élémentaire, sans acide.

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Pour qu’une littérature existe, il faut des auteurs qui produisent des œuvres de qualité et des critiques littéraires, des professeurs de littérature et des chercheurs qui en consacrent l’excellence. Dès les années 1960, René Dionne et Gabrielle Poulin font partie de ceux et de celles qui œuvrent à la mise sur pied et à la reconnaissance des littératures québécoise et franco-ontarienne, lui en tant que chercheur et professeur, elle en tant qu’écrivaine et critique. Cet ouvrage explore l’étendue et l’importance de leur contribution aux littératures québécoise et franco-ontarienne et éclaire de ce fait une période importante de notre histoire littéraire.

Ce volume comporte les contributions suivantes :

Ariane Brun del Re (Université d’Ottawa)Marie-Andrée Caron (Université du Québec à Chicoutimi)Anne Caumartin (Collège militaire royal de Saint-Jean)Estelle Dansereau (Université de Calgary)Kathleen Kellett (Université Ryerson)Gilles Marcotte (Université de Montréal)Johanne Melançon (Université Laurentienne)François Paré (Université de Waterloo)Mathieu Simard (Université d’Ottawa)Robert Vigneault (Université d’Ottawa)

Professeure titulaire au Département de français de l’Université d’Ottawa, Lucie Hotte est titulaire de la Chaire de recherche sur les cultures et les littératures francophones du Canada. Ses recherches portent sur ses trois principaux champs d’intérêt : les théories de la lecture, les littératures minoritaires et l’écriture des femmes. Elle a conçu ce projet avec Robert Yergeau.

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