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Economie sociale et solidaire : un système et des principes en regain d’intérêt Les Coopératives Féminines : solidarité au féminin et chute de stéréotypes Les coopératives des jeunes diplômés : une expérience d’auto-emploi qui s’affirme R E M A C O O P R evue M arocaine des C oopératives Editée par l’Office du Développement de la Coopération (ODCO) N°1

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◆ Economie sociale et solidaire : un système et des principes en regain d’intérêt

◆ Les Coopératives Féminines : solidarité au féminin et chute de stéréotypes

◆ Les coopératives des jeunes diplômés : une expérience d’auto-emploi qui s’affirme

REMACO O PRe vu e Ma ro c a in e d e s C o o p é rat i ve s

Editée par l’Office du Développementde la Coopération (ODCO)

N°1

Office du Développement de la Coopération 13, Rue Dayet Aoua, Agdal, Rabat - MarocTèl : 05.37.77.10.06/ Fax : 05.37.77.10.05

Email : [email protected] Site web : www.odco.gov.ma

- Cette Revue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3- L’Office du Développement de la Coopération au service

de la promotion des coopératives au Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4- Le secteur coopératif au Maroc :

● Eclairages sur le mouvement coopératif au Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7● Le secteur coopératif au Maroc durant les cinq

dernières années : une dynamique à soutenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11● L’ère coopérative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20● L’Initiative Nationale pour le Développement Humain –INDH-

au cœur du développement coopératif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24● Le Travail Coopératif et le marketing . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30● Les coopératives de femmes au Maroc : Etats des lieux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34● Les femmes artistes (peintres) d’Alma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43● Les coopératives de pèche artisanale dans une nouvelle dynamique . . . . . . . . . . . 47● Les coopératives des jeunes diplômés : une expérience d’auto-emploi qui s’affirme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

- l’Economie Sociale et Solidaire :● Evolution historique de l’économie solidaire au Maroc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61● Économie solidaire et développement humain territorial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69● Combler le vide stratégique : une vision d’ensemble pour un développement

harmonieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79● Le premier marché itinérant des produits sociaux de Fès : la pertinence de

l’idée et le souci de sa pérennité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

- Environnement et développement durable :● La société civile comme catalyseur du développement local : Le cas du village

de potiers de Marrakech . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

- De tout horizon :● L’Economie sociale en méditerranée : le réseau euro-méditerranéen de

l’économie sociale(ESMED) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .102● La crise financière et les coopératives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .106● 2012 Année internationale des coopératives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .108● Nouveautés coopératives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .110

- Evénements :● Le Conseil d’Administration de l’ODCO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .111● Journée nationale des coopératives féminines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .114

- Statistiques :● Les coopératives au Maroc en chiffres -2010- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .115

S m a rr

Directeur :Abdelkader ALAMI

Rédacteur en chef :Mustapha BOUCHAFRA

Secrétaire de rédaction :Hanane MIRI

Comité de rédaction :Ahmed FATH ALLAHMounia HASNAOUI

Mustafa BENOUICHAHakima KHALESS

Slimane LHAJJIHayat ZOUHIR

Rachida ELGHIAT

ImpressionEditions OKAD

- 2011 -

Dépôt légal2011 PE 0053

R M OO

Revue Marocaine des Coopératives 3

Pendant des années, l’Office du Développement de la Coopération -ODCO- a veillé à la publication d’une revue en langue arabe spécialisée en mouvement coopératif.

Dans le cadre de la promotion de la communication externe de l’ODCO et de sa volonté de s’ouvrir sur davantage de catégories s’interessant aux coopératives, notamment des organismes internationaux oeuvrant dans le domaine, nous avons décidé de lancer une deuxième revue éditée en langue française, qui permettrait une meilleure connaissance du secteur coopératif au Maroc ,et de visibiliser son effiscience pour le développement de l’économie sociale solidaire.

Nous voulons à travers cette revue REMACOOP, renforcer les outils adoptés par l’ODCO pour sensibiliser sur l’importance de la coopérative comme moyen efficace d’auto emploi et de réalisation d’activités génératrices de revenus ,de création d’emplois ,de lutte contre le chômage des jeunes et des femmes en particulier en milieu rural, et d’améliorer ainsi la contribution de l’Office et sa performance en matière de lutte contre la pauvreté et d’exclusion sociale et de réalisation d’un développement équilibré et durable.

Cette revue se veut un espace de débat et d’échange sur les nombreuses disciplines reliées d’une manière ou d’une autre à la vie

socio-économique, ouverte aux chercheurs, aux expert(e )s et les acteurs dans le domaine des coopératives et de l’économie solidaire, et nous permettra de capitaliser sur les expériences réussies, les bonnes pratiques, d’identifier les contraintes et de compléter notre vision lors de l’élaboration de nos nouvelles politiques, afin d’atteindre notre objectif qui est celui de l’évolution et la consolidation du secteur et l’élargissement de ses domaines d’action, par conséquent le renforcement de son role dans le domaine du développement économique et social et la construction d’une société équilibrée.

Nous comptons beaucoup ,à l’ODCO, sur la contribution de nos partenaires nationaux et internationaux pour l’enrichissement du contenu de REMACOOP, à travers des recherches académiques qui nous aideraient à promouvoir la coopérative marocaine en tant que pilier de l’économie sociale solidaire, ou à travers la présentation d’expériences réussies et de bonnes pratiques, s’inscrivant dans le cadre de la stratégie globale de promotion du secteur coopératif et de sa contribution aux grands chantiers nationaux couvrant tout le territoire marocain, lancés par Sa Majesté le Roi Mohammed VI que dieu l’assiste.

Abdelkader AlamiDirecteur de l’Office du Développement

de la Coopération

Cette revue

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Les pouvoirs publics ont été convaincus dès les premières années de l’indépendance,de l’importance de la participation despopulations à l’effort de développement à travers des structures adaptées et acceptéespar ces populations. La coopérative, ayantfait preuve de réussite dans cette tâche de,s’est avérée le cadre le plus adéquat à réaliser une telle mobilisation.

Cette action a débuté en 1958 avec la distribution de terrains sur les agriculteurs organisés en coopératives. Elle a étéconsolidée par la création d’un organisme à compétence horizontale de coordination pour harmoniser l’action publique en raison de l’importance et de la diversité dessecteurs ciblés.

Cet organisme était le Bureau du Dévelop-pement de la Coopération (BDCO) crée en1962 sous forme de structure administrative dépendante de la présidence du Conseil de gouvernement.. L’importance de ses mis-sions a nécessité sa restructuration en 1975 en établissement public bénéficiant de la personnalité morale et l’autonomie et finan-cière, et devient de ce fait Office de Dé-veloppement de la Coopération (ODCO) conformément au Dahir du 3 Août 1975avec des attributions précises orientées principalement vers l’accompagnement des coopératives dans les domaines de la for-mation, l’information et l’appui juridique.

La loi N° 24.83 fixant le statut général des

coopératives et les missions de l’ODCO,promulguée en 1984, a, encore, précisé lamission de l’ODCO faisant de lui l’organe chargé de la mise en œuvre de la politiquegouvernementale dans le domaine descoopératives, à l’exception des coopérativesde la réforme agraire.

Cette responsabilité a pris une nouvelleampleur après le lancement de l’initiative nationale pour le développement humainpar Sa Majesté le Roi Mohamed VIcomme feuille de route pour la constructiond’une société solidaire et équilibrée, etaprès que les choix publics concernantl’économie sociale en général, et le secteurcoopératif en particulier, aient été clarifiéset programmés.L’ODCO est administré par un conseil administratif composé de représentants desdépartements ministériels, d’établissementspublics, de banques et de coopérativesest présidé par le Ministre délégué auprèsdu Premier Ministre chargé des Affaires Economiques et Générales.

ATTRIBUTIONS

L’O.D.CO : est chargé, selon la loi n° 24-83, de :ß Centraliser et instruire les demandes de

constitution des coopératives et de leursunions et les transmettre pour décision avec son avis, au ministre de tutelle ;

ß Prêter son concours aux coopérativeset leurs unions dans les domaines de

L’Office du Développement de la Coopération -ODCO-Au service de la promotion des coopératives

Au Maroc

Revue Marocaine des Coopératives 5

la formation, de l’information et del’assistance juridique ;

ß Centraliser et diffuser la documentation del’information relative à la coopération ;

ß Etudier et proposer toutes réformeslégislatives ou réglementaires et toutesmesures à caractère particulier relativesà la création et au développement descoopératives ;

ß Financer des campagnes de vulgarisationet de formation ;

ß Assister les institutions coopératives dans

le domaine de gestion ;ß Régler à l’amiable les différends s’élevant

au sein des institutions coopératives;ß S’assurer que les coopératives et leurs

unions sont gérées conformément à la législation en vigueur.

L’organisation interne de l’office a été particulièrement influencée et façonnée par ses attributions, et se reflètent clairement dans son organigramme qui comprend des services centraux au niveau du siège et quatorze (14) délégations régionales.

AXES D’INTERVENTION

Les missions de l’ODCO se focalisent entrois axes principaux :

La sensibilisation pour la création decoopératives ;L’accompagnement des coopératives ;La gestion de crises.

A – La sensibilisation pour la création de coopératives :Cet axe se décline en plusieurs actions de type communicatif ciblant le grand public et les catégories présentant des caractéristiques particulières (femme rurale, étudiants etjeunes diplômés, handicapés, détenus bénéficiant d’une formation professionnelle, fils d’anciens résistants…).Le grand public, constitué , de producteurs de

biens ou de services ou de consommateurs,est une cible de l’action de sensibilisationde la formule coopérative menée à traversdes rencontres ouvertes, organisées parl’ODCO à l’occasion de la célébrationde fêtes ou de journées coopératives ;mondiales et nationales ou à l’occasionde sa participation aux rencontres ou auxfoires organisées par ses partenaires.

La sensibilisation des catégories formellesse fait de manière organisée, programmée et selon une pédagogie appropriée. Ils’agit de cours de sensibilisation organisés,soit aux sièges de l’ODCO ou chez lespartenaires concernés.

Cette action de sensibilisation, vulgarisation,se fait également à travers les supports de

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communication offerts, à travers des émissions radiophoniques, de la presse écrite, et, principalement la Revue Coopérative, éditée par l’ODCO quatre fois par an.

B – L’accompagnement des coopératives : Cet axe s’adresse aux coopératives souffrant de difficultés internes ou de contraintes de l’environnement. Il se décline en plusieurs actions qui diffèrent selon, le secteur, l’activité et le type de besoin.Les actions inscrites au niveau de cet axe sont : la réalisation de diagnostics de besoin, l’organisation de sessions de formation ciblée en matière de gestion, de législation, d’organisation, de comptabilité, de suivi, d’assistance juridique, et d’appui à la commercialisation.

L’action la plus dominante ici c’est la formation qui consiste en l’organisation de cours pour les dirigeants et gérants des coopératives avec une préparation pédagogique adaptée et l’utilisation de supports de communication nécessaires.

Une autre action d’accompagnement des coopératives qui n’est pas moindre d’im-portance et qui interpelle la mobilisation de tant de moyens humains et d’heures de travail, réside dans l’assistance aux assem-blées générales des coopératives. Beau-coup d’enseignements sont dispensés lors de ces assemblées et plusieurs problèmes trouvent leurs issues au sein de ces réunions appuyées par la présence des représentants de l’ODCO.L’ODCO accompagne, également, les coo-pératives dans le renforcement de leurs ca-pacités en se regroupant au sein d’unions ou de groupements d’intérêt économique (GIE).

C – La gestion de crisesCet axe vise les coopératives qui connaissent des problèmes liés aux litiges ou différents survenant entre certains membres et le conseil d’administration ou liés au non respect des lois et statuts en vigueur par ce dernier. L’ODCO intervient, selon l’importance ou la gravité du problème, par une réconciliation dans le cadre de l’article 81 de la loi n°24-83 ou un contrôle en appliquant les dispositions de l’article 79 de la même loi.

COORDINATION ET PARTENARIAT

Pour accomplir son action et faire aboutir ses missions l’ODCO a travaillé et travaille toujours en coordination avec tous les intervenants directes ou indirectes dans le secteur coopératif. Les programmes de sensibilisation ou d’accompagnement sont établis en concertation et sont exécutés de manière conjointe.Certaines interventions sont encadrées par des conventions de partenariat, d’autres faisaient partie d’une coordination dans la convergence et la complémentarité des actions.

Les partenaires de l’ODCO sont principa-lement les départements ministériels, les établissements publics, les chambres profes-sionnelles, les collectivités locales, les agen-ces de la coopération internationale, les organismes des Nations Unies et les ONG nationales et internationales.

L’ODCO est membre de l’Alliance Coo-pérative Internationale(ACI) et lu Réseau Euro-méditerranéen de l’Economie Sociale (ESMED).

Revue Marocaine des Coopératives 7

Le Secteur Cooperatif au Maroc

1- Un peu d’histoire :

Le mouvement coopératif marocain, prend de plus en plus unegrande ampleur ces derniers temps, et réalise des performancesrelativement considérables, mais contestables.

Il a vécu durant son historique/pratique des transformationsimportantes relatives aux diverses mutations que le Maroc à connu sur tous les plans : économiques, sociaux et politiques.

Il est évident qu’on ne saurait comprendre et analyser le mouvement coopératif marocain, ses atouts et ses perspectives sans une connaissance de son historique, ses étapes importantes, ses pointsforts et ses faiblesses.

Il est certain que le Maroc et les marocains ont connu de vieilles pratiques coopératives d’une façon spontanée, sous différentesformes, et cela pour faire face aux multiples difficultés qu’ilsrencontrent dans la vie.

Ces pratiques ancestrales sont différentes dans leurs objectifs, leurs manières et leurs mécanismes. Celles- ci ont vu le jour principalementdans le monde rural, ce qui est une évidence, puisque l’agriculture, les travaux agricoles, l’élevage, … étaient des activités dominanteset qui jouaient un rôle social et économique important.

On peut citer par exemple la JAMAA qui est une institutionqui s’occupait de la gestion des biens collectifs. Cette JAMAA étaitadministrée par un comité/conseil désigné parmi les notables ou

Par : Ahmed FATH ALLAH [email protected]

Eclairagessur le mouvement

coopératif marocain

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

des personnes possédant une certaine notoriété, surtout morale, au milieu d’une tribu et/ou d’un village.

Autres modèles, à titre indicatif, comme la TOUIZA, LOUZIA, AGADIR, CHARD, AGOUG…, sont des formes de coopération, d’entraide et de solidarité qui touchent des domaines tel que la consommation, les travaux agricoles, les services, la gestion des silos/greniers collectifs, l’éducation, etc.…

On peut rencontrer également, d’autres modèles de coopération au Maroc, tel que AL MOUZARAA, AL MOUSSAKAT, etc. Ces modèles sont régis par le droit coutumier.

Mais le tournant dans ce processus, c’est la venue de l’ère coloniale qui a introduit au Maroc la notion de la «coopérative» en tant qu’instrument conventionnel. Ces coopératives implantées dans le secteur de la consommation (1922), d’agriculture (1937-1938) et d’artisanat (1938), étaient orientées pour jouer un rôle spécial au profit du colonisateur et de la métropole.

Et pour terminer avec cet historique bref et succinct de l’évolution du système coopératif, on s’arrête pour évoquer une expérience très intéressante que certains considèrent comme la naissance de la coopérative conventionnelle. Il s’agit du Complexe Apicole d’Inzergui dans la région de Souss, fondé depuis plus de trois siècles et qui abritait jusqu’à 3000 ruches traditionnelles appartenant aux habitants de la tribu Idaouziki. Ce complexe, est

géré et exploite en commun et d’une façon solidaire et coopérative.

Après l’indépendance, le mouvement coo-pératif marocain a connu une amélioration très sensible, notamment par la création du BDCO «Bureau de Développement de la Coopération» en 1962, et la promul-gation des textes relatifs aux secteurs : ré-forme agraire, habitat, mine, commerçants détaillants, pêche, etc. Cette étape peut être classée comme une étape classique du Mouvement Coopératif Marocain.

Une autre étape qu’on peut nommer l’étape moderne, est caractérisée par deux grands événements :

å La restructuration du BDCO et sa transformation en office en 1975.

ç La promulgation de la loi n° 24-83 en 1983.

Ces deux événements sont considérés comme des actes qui traduisent l’intérêt accordé par les pouvoirs publics aux coopératives, en tant qu’instruments de développement local, de part leurs rôles et leurs objectifs économiques, sociaux, et éducatifs. Les institutions coopératives se sont imposées en tant qu’organismes aptes et efficaces, pour jouer un rôle pertinent dans la sécurité alimentaire (Coopérative Agricole Marocaine), l’autosuffisance alimentaire (lait…), et à la création de l’emploi.

2- Caractéristiques des coopératives : Il ya lieu de signaler quelques caractéristiques

Revue Marocaine des Coopératives 9

des institutions coopératives, en se référantà la loi n°24-83 régissant le statut généraldes coopératives et les missions de l’Office du Développement et de la Coopération, notamment son article 89

On constate que le terme «coopérative» est donc une appellation protégée, et sonemploi et conditionné par l’autorisationaccordée par les pouvoirs publics auxinstitutions répondant aux conditions citéesdans la loi n° 24-83.

Les coopératives doivent être fondées etgérées par des principes tels qu’ils sont déterminés et reconnus universellement, par les instances mondiales. Se sont despiliers de la vocation coopérative.

Parmi ces principes, et sans doute le plus révélateur, c’est le fait que les bénéficesdoivent être répartis entre les adhérents au prorata des opérations effectuées avec leurcoopérative.

Autres principes non négligeables, et essentiels, c’est la libre adhésion desintéressés à la coopérative, et la gestiondémocratique de celle-ci de manière quechaque membre ne dispose que d’une seule voix quelque soit son apport aucapital de la coopération. C’est l’approchehumanitaire et participative des membres.

Autres caractéristiques et particularités dumouvement coopératif, on peut citer entre autre, l’enracinement des coopérativesdans le milieu social et local le plus reculé, ce qui favorise une grande sensibilité aux besoins des membres, de même, la volonté

d’aboutir malgré quelques handicapsde ceux qui sont à l’origine du projet –porteurs du projet- et leur esprit d’initiativeset d’innovation sociale.

La diversité, d’une part, des objectifs tracéset poursuivis durant le cycle de vie de lacoopérative, et d’autre part, la diversitédes secteurs concernés et qui touche toutesles activités humaines.

3- Remarques et observations :

On avance toujours que la coopérativeest une entreprise économique, sociale etculturelle, et pourtant ces deux dernièresdimensions sont généralement absentes des agendas et des programmes des coopératives.

La plupart des coopératives sont restéesattachées à un seul objet et à la seulesatisfaction de leurs membres, ce qui peut être considéré comme une absence d’ambition. Pourtant, les coopératives parleur fonction et leur objectif font partieintégrante d’une économie de marché àfinalité sociale.

Elles doivent, en principe, apporterleur contribution à la consolidation del’ordre social et à la cohésion sociale quisont des conditions essentielles pour le développement humain.

Au sein de nos coopératives, nousconstatons deux logiques séparées.La 1ére logique est celle d’individusrassemblés autour d’un projet collectif et/oucommunautaire, et la 2éme est celle d’une

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

entreprise économique qui a comme finalité l’épanouissement de ses membres, de leur famille, et même de leur communauté. Ces deux logiques se sont rarement intégrées alors qu’elles doivent être rapprochées et complémentaires.

De part leurs particularités et leurs caractéristiques, les unités coopératives au Maroc vivent dans un tunnel plein d’instabilité, d’insécurité, de manque de confiance, et surtout, des craintes de ne pas pouvoir s’adapter aux changements qui bouleversent leur environnement, et ceci à cause des faiblesses constatées dans les domaines de l’organisation, de la gestion, et du marketing ; et la lumière du bout du tunnel apparaît lointaine..

Le mouvement coopératif marocain n’a pas encore déclenché, d’une façon concrète, le processus de sa structuration que se soit au niveau interne: organes de gestion et d’administration qu’au niveau externe en se groupant en unions pour faire face à la concurrence accrue sur le marché, et créer des entreprises aux dimensions optimales pour pouvoir rationaliser les coûts et améliorer la position du mouvement coopératif sur le marché et lui permettre de s’affirmer.

Des efforts considérables restent à faire pour assurer les conditions minimales permettant à l’institution coopérative, dont

les membres créent, agissent et décident d’une manière responsable; une réussite continue et des résultats positifs.

Donc, il faut réfléchir et innover ensemble aux dispositions nouvelles qui permettront aux coopératives de s’épanouir et de continuer à concilier les principes de bases auxquels elles se référent (gestion démocratique et participative) et les nécessités et obligations de la loi du marché (financement, commercialisation…)

Et pour terminer une grande interrogation s’impose, en se référant aux nombres des coopératives, à leurs tailles, leur participation dans le produit intérieur brut, leurs impacts sur la communauté, leur force économique et à leurs structures; Peut-on parler d’un mouvement coopératif Marocain ?

Le mouvement coopératif Marocain a rarement fait l’objet d’études et d’analyses académiques.

Il est certain que ce mouvement mérite un intérêt particulier vu son rôle, ses objectifs, ses racines, et surtout qu’il porte en lui un espoir de développement, et pour le développement.

Donc c’est un appel aux intellectuels, aux spécialistes et aux universitaires de s’intéresser à ce mouvement.

Revue Marocaine des Coopératives 11

Par : Mustapha [email protected]

1- Introduction

Le secteur coopératif au Maroc est en trainde vivre ces cinq dernières années une pé-riode de foisonnement sans précédent. Unevéritable dynamique et un regain d’intérêtet de confirmation comme outil d’intégra-tion et de mobilisation des catégories quivivent en marge du processus de dévelop-pement déclenché par les pouvoirs publics en ce début du siècle.

Longtemps considéré comme un secteur d’amortissement de crises socio-économi-ques dont les performances sont incapa-bles de dépasser le seuil de subsistance,le secteur coopératif a démontré qu’il esten mesure d’abriter des entreprises aussiperformantes que celles du secteur privé etfaire face aux aléas du marché national etinternational.

Le secteur coopératif a prouvé, également,sa capacité de développer des activitésgénératrices de revenus et de mobiliser lespetites épargnes permettant l’améliorationdes conditions de vie des couchesmoins favorisées ou en état de fragilitééconomique et sociale.

Il a aussi fait preuve de grandes qualités d’adaptation aux différents environnementssocioculturels surmontant, parfois même, lesbarrières sociologiques tout en imposant unedynamique démographique érigée en forcemotrice d’un développement local durable.

C’est en raison de toutes ces considéra-tions que le secteur coopératif a bénéficiéet continue de bénéficier d’une attentionparticulière de la part des pouvoirs publicset a acquis un accueil favorable chez lesdifférentes catégories de producteurs debiens et de services ainsi que les porteursde projets, notamment les jeunes diplôméset la femme rurale.

Un accueil particulier lui a été réservé par le tissu associatif en charge de réalisationde projets générateurs de revenus ou d’ac-tions de développement local soutenu soitpar l’Etat ou par des bailleurs de fondsétrangers.Avec cet engouement considérable, le sec-teur coopératif a, en retour, le devoir deremplir les tâches prescrites et de répondreaux attentes.

Le secteur coopératif marocain durant les cinq dernières années

Une dynamique à soutenir

12

Le Secteur Cooperatif au Maroc

Les résultats réalisés ces dernières années donnent de l’espoir, pourvu que cela puisse s’inscrire dans la continuité et la persévérance.

2- Conviction et volonté politique

Les pouvoirs publics exprimaient leur conviction du rôle des coopératives dans la mobilisation de l’action solidaire et dans l’organisation des activités des populations autour de projets de développement, de plusieurs façons. Cette expression de vo-lonté au plus haut niveau de l’Etat prend forme de manière manifeste aussi bien au niveau des discours, des lettres et des dé-clarations qu’au niveau de l’acte.

Dès son accession au trône et dans sa let-tre adressée, le 16 Déc 1999 , au Premier Ministre pour la préparation du plan quin-quennal 2000-2004, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a souligné :

« …, les organisations non gouvernementa-les, les associations professionnelles et les coopératives sont appelées à jouer un rôle important dans le cadre du partenariat et de la mobilisation requise pour faire face aux défis de la bataille du développement. ».

Egalement, dans son discours du Trône du 30 Juillet 2005, deux mois après le lance-ment de l’Initiative Nationale du Dévelop-pement Humain ( INDH), Sa Majesté pré-sente son hommage aux acteurs œuvrant au développement de l’économie sociale dont les coopératives constituent l’une des principales composantes ; la citation :

« …, nous rendons également hommage aux acteurs de la société civile pour les ef-forts qu’ils déploient généreusement en vue de promouvoir les valeurs de citoyenneté et développer l’économie sociale qui contribue à créer les conditions d’une vie digne. »

Ces déclarations de volonté du Souverain ont été accompagnées d’actes solennels à chaque visite de terrain ou inauguration de foires. Plusieurs coopératives ont bénéficié de ses visites ou de prix discernés par Sa Majesté aux acteurs économiques et so-ciaux invités.Le gouvernement, de son côté, a exprimé sa conviction de faire du secteur de l’économie sociale en général, et des coopératives en particulier, un moyen incontournable de mise en pratique, de sa politique en économie de proximité. C’est ce qui a été mentionné dans sa déclaration présentée par le Premier Ministre le 30 Octobre 2007 devant la chambre des représentants.

3- Contexte et environnement favorables

Les cinq dernières années ont été mar-quées par le lancement de chantiers struc-turants et de grande dimension humaine. Des chantiers qui placent l’élément hu-main au cœur des préoccupations, soit en tant qu’acteur dynamique de l’action ou en tant que bénéficiaire participa-tif de cette action, à travers des grou-pements adaptés à chaque approche.Le plus important parmi ces chantiers est l’Initiative Nationale du Développement Humain (INDH), lancée par Sa Majesté le

Revue Marocaine des Coopératives 13

Roi Mohammed VI à travers son discours, adressé à la Nation le 18 Mai 2005.

Cette Initiative a mis les entreprises de l’Eco-nomie Sociale, notamment les associations et les coopératives au centre de la stratégiede développement humain en les considé-rant comme structures adéquates et parfai-tement adaptées pour des actions de proxi-mité à caractère participatif. Les premièrespour l’encadrement et l’accompagnementde projets collectifs et les secondes pour le développement des activités génératrices de revenu dans un concept d’entreprise.

Un autre chantier structurant au niveau du secteur agricole et du monde rural a faitdes coopératives l’un de ses principauxoutils pour la réalisation des objectifs visés.C’est le plan Maroc vert qui a été conçu sous forme d’une stratégie dont l’un de sesdeux piliers est consacré à l’agriculture so-lidaire où les coopératives constituent l’ar-senal organisationnel d’exécution.D’autres projets tels que la vision 2015 de l’Artisanat, Halieutis, MCC, lutte anticanabis,..., ont réservé aux coopérativesune place de choix dans leurs programmesdestinés à promouvoir les activités à faible valeur ajoutée et ciblant les petits produc-teurs en difficulté d’accès au marché.

4- Mesures d’appui et d’accompagnement

Le secteur coopératif marocain bénéfi-ciait depuis l’indépendance du pays de l’accompagnement de l’Etat sur plusieursplans : juridique, technique, financier, insti-tutionnel, commercial….

Le premier plan quinquennal 1960-1964 avait consacré aux coopérativesune place centrale dans le développe-ment agricole, ainsi que le code des in-vestissements agricoles de 1969. 1962 a vu la création du Bureau du Développement de la Coopération qui deviendra en 1975 l’Office de Déve-loppement de la Coopération (ODCO),établissement public chargé de promou-voir l’action coopérative et d’appuyer les coopératives en matière d’assistance juri-dique, de gestion, de mise à niveau, de commercialisation… Un appui financier sous forme de crédits bancaires avec un traitement particulier a été offert aux coopératives agrico-les par la Caisse Nationale de CréditAgricole(CNCA), aux coopératives arti-sanales par la Banque Populaire et auxcoopératives d’habitat par le Crédit Im-mobilier et Hôtelier (CIH). Une exonération fiscale bénéficiait aux coopératives selon les articles 87 et 88de la loi n°24-83 fixant le statut géné-ral des coopératives et les missions de l’Office du Développement de la Coo-pération Les départements ministériels sectorielsont installé, de leur côté, des services d’encadrement technique des coopérati-ves, aux niveaux central et provincial et ont réservé des lignes dans leurs budgets pour le soutien matériel et humain descoopératives relevant de leurs champs d’intervention respectifs.

Toutes ses mesures d’accompagnement- entre autres - ont permis aux petits agri-culteurs, aux mono-artisans, aux petits pê-

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

cheurs…organisés en coopératives, de sur-monter les contraintes dont ils souffraient, en amont et en aval du marché.

Pendant ces dernières cinq années, les coopératives ont été soutenues d’une ma-nière différente et plus adaptée à l’environ-nement et aux attentes du nouveau marché. D’autant plus que le profil des adhérents a complètement changé et beaucoup de nouvelles catégories ont intégré le secteur coopératif : la femme rurale, les jeunes di-plômés, les immigrés de retour, les handi-capés,….De même que le secteur a connu de nouvelles activités : les produits de ter-roir, l’informatique et l’électronique,… et une ouverture sur le marché international.

Les nouvelles mesures d’accompagnement ont adopté une approche beaucoup plus focalisée sur des manières d’agir et d’en-treprendre que sur le concept d’assistanat. Il s’agit de rapports contractuels entre l’Etat et les acteurs économiques et sociaux ac-tifs dans le domaine du développement humain. C’est un partenariat socialement engagé pour la lutte contre les déficiences sociales notamment l’exclusion, la préca-rité et le chômage.

Les points ciblés par cette nouvelle option d’accompagnement sont : la formation en matière de gouvernance ; l’appui matériel et financier à la création et au développement des activités géné-ratrices de revenus ; l’appui à la commercialisation des pro-duits des coopératives auprès des grands espaces de distribution et à la participa-tion aux foires commerciales ;

le soutien et l’encadrement pour l’ouverture sur les ONG et les bailleurs de fonds ; l’aide au démarrage des coopératives, porteuses de projets viables, nouvelle-ment créées.

Ces mesures sont conçues au sein d’une stratégie nationale déclinée en plans régio-naux de développement de l’Economie So-ciale où les coopératives constituent la cible prioritaire en tant que structures porteuses d’activités génératrices de revenus. Une stratégie partenariale, (pilotée par le dépar-tement en charge des affaires économiques et générales) où se conjuguent les apports de toutes les parties intervenantes : INDH, départements ministériels, établissements publics, collectivités locales, société civile…

5- Réalisations et performances (source : ODCO)

Le secteur coopératif marocain a enregis-tré ces cinq dernières années une montée remarquable avec un taux de croissance sans précédant, malgré la lourdeur qui ca-ractérise la procédure de constitution d’une coopérative et les difficultés que confron-tent les petites coopératives au début de leur existence ; difficultés de fonds de rou-lement, de local, d’accès aux crédits, d’in-tégration de marché.

Malgré toutes ces contraintes les décla-rations de création de coopératives, ex-primées à travers un formulaire envoyé à l’ODCO par les porteurs du projet, ne ces-sent d’augmenter d’une année à l’autre.

Certaines de ces déclarations aboutissent

Revue Marocaine des Coopératives 15

sur des créations grâce à la persévérance et la conviction des porteurs du projet,d’autres, par défaut de cette convictionet par manque de facteurs qui poussent àl’action collective, restent sans suite. Le ta-bleau ci-après présente la différence entre les déclarations de création exprimées et les constitutions effectives :

Déclarations de création

Créations effectives

2005 946 303

2006 1120 364

2007 807 487

2008 934 547

2009 1166 610

2010 2624 909

Si toutes les déclarations de créations ont été traduites en créations réelles, nous auront un effectif plus élevé et nous pourrions vite atteindre le seuil de décollage coopératif estimé, par l’Alliance Coopérative Internationale, à 6% de la population active occupée,

Toutefois, d’après les données relatives aux créations effectives des coopératives, nous pouvons constater une forte croissance et une évolution cumulée de 300% entre2005 et 2010. Une évolution constamment ascendante comme le démontre le graphique suivant :

Cette évolution a été constatée également au niveau de l’effectif total d’adhérents. Ce que nous présente le tableau suivant :

2005 2006 2007 2008 2009 2010

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

Année Nombre de coopératives

Nombre d’adhérents

2005 4912 317 982

2006 5276 324 239

2007 5749 335 158

2008 6286 347 684

2009 6895 358 798

2010 7804 380 144

C’est une évolution cumulée d’un taux de 20% entre les deux années de référence. La différence entre les deux taux vient du fait que la majorité des coopératives nou-vellement créées sont des coopératives de service. Elles sont des petites structures d’une moyenne de 18 adhérents par coo-pérative.

Il est à préciser, finalement, que cette crois-sance concerne, aussi bien les secteurs classiques tels que l’agriculture, l’habitat, l’artisanat, la forêt, l’huile d’argan, la pê-che et le transport que les nouveaux cré-neaux tels que l’alphabétisation, les plan-tes aromatiques et médicinales, les denrées alimentaires, la gestion et comptabilité…comme le démontre le tableau ci-après :

secteurs 2005 2010 agriculture 3043 5003

habitat 846 1026

artisanat 570 968

forêt 144 175

pêche 53 92

transport 54 58

argan 74 183

commerce de détail 32 46

alphabétisation 29 50

consommation 25 27

plantes médicinales 14 69

denrées alimentaires 06 62

exploitation des carrières 05 14

gestion et comptabilité 05 8

main d’œuvre 04 7

autres 08 16

Total 4912 7804

D’après les données du tableau ci-haut, nous nous trouvons, avec une évolution quantitative doublée d’une diversité secto-rielle, d’une nouvelle répartition territoriale et d’une nette percée féminine.

La tendance avant 2005 a été marquée par une présence prédominante des sec-teurs laitier, céréalier, apicole, maraicher, oléicole, avicole, d’approvisionnement, d’utilisation de matériel en commun et d’élevage pour le domaine agricole et des secteurs de tapis, de broderie et couture, de menuiserie, de poterie et de ferronne-rie dans le domaine artisanal à côté du secteur de l’habitat, de la pêche, des trans-ports et de la forêt.

Pendant les cinq dernières années, le sec-teur coopératif a pu conquérir de nouveaux domaines d’activités et de nouvelles caté-gories de petits producteurs et de porteurs de projets. Comme il a pu consolider sa présence au niveau des activités liées aux produits de terroir ( huile d’argan, miel, plantes médicinales et aromatiques, den-rées alimentaires…) et aux activités de for-mation, de gestion et comptabilité, d’entre-tien de matériel électronique….

Revue Marocaine des Coopératives 17

Des coopératives ont été créées distinctive-ment et massivement par des femmes et desjeunes diplômés dans différents domaines,notamment, ceux qui répondent au mieux àleurs statuts sociaux et socioprofessionnels : produits de terroir et domaines de hautevaleur cognitive : formation, informatique, gestion, consulting…

Les dernières statistiques dénombrent un to-tal de 986 coopératives de femmes avec 22429 adhérentes et 276 coopérativesde jeunes diplômés regroupant 3132 coo-pérateurs.

Cette nouvelle émergence a eu également son effet au niveau territorial. La cartogra-phie coopérative a enregistré l’apparitionde nouveaux espaces géographiques ab-sentés pour manque d’activités appelantau regroupement coopératif. Ils ont intégré,cette cartographie grâce aux nouveauxcréneaux bénéficiant du soutien et de l’ac-compagnement des pouvoirs publics et dela société civile. Ces espaces ont vu naî-îître une action coopérative d’une grandeferveur avec l’apparition d’une diversité decoopératives. Il s’agissait plus particulière-ment des provinces du Sud, des oasis, deszones arides et montagnardes.

Pour ce qui est des performances réaliséespar le secteur coopératif marocain, nouspouvons mentionner certaines expériencesréussie au niveau des secteurs laitier ( Copagà Taroudant ), arganier (union Tissaliouine à Agadir), agrumicole (Mabrouka à AitMelloul), maraicher( Izdihar à Berkane), de pêche artisanale( Merja Zarka à MoulayBouselham et Cala Iris à El Hoceima),

d’éleva Bni Guil à Bouarfa), de cactus(Acnari à Tiznit et Sobarif à El Hoceima),de tapis de taznakht à Ouarzazate,…etc.

En terme d’indicateurs, nous pouvons avan-cer les chiffres disponibles pour 936 coo-pératives collectés en 2006 relatifs aux :

6 - Contraintes à surmonter

Avec une structure humaine et financière particulièrement faible et un environne-ment extrêmement difficile et en perpétuel changement dans toutes ses composantes physiques et immatérielles, la majorité des coopératives sont confrontées à une multi-tude de contraintes dont voici les plus ap-parentes :

Au niveau interne :

Ë Taux d’analphabétisme élevé ou niveau d’instruction très bas: plusieurs coopératives souffrent de cet handicap qui limite leur capacité de gestion etleur marge de communication avec leur environnement et ne leur permet pas debénéficier des opportunités qu’offre le milieu de la coopération internationale en terme de financement de projets. Cet handicap est beaucoup bien ressenti chez les coopératives féminines en milieu rural.

Ë Faiblesse du capital : la plupart des petites coopératives ont un capital très fai-ble et insignifiant pour pouvoir gagner la confiance et des fournisseurs et des ban-

18

Le Secteur Cooperatif au Maroc

ques. Faute de quoi, elles ne peuvent nulle-ment engager des opérations à moyen ou à long terme ou participer à des actions engendrant de bonnes retombées commer-ciales et économiques.

Ë Non investissement des excédents : beaucoup de coopératives décident, lors de leurs assemblées annuelles, de répartir les excédents réalisés au lieu de les réin-vestir. Cela est fait soit par inconscience et manque de visibilité, ou par besoin de ré-cupérer de l’argent en fin d’exercice consi-déré comme fruit ou récompense de l’effort fourni ou bien uniquement par manque de confiance au dirigeant de la coopérative.

Ë Défaut de bonne gouvernance : un nombre considérable de coopératives de différentes tailles sont mal gérées et pré-sentent des bilans en deçà des attentes de leurs membres et de leurs partenaires. Cer-taines fonctionnent sans plan prévisionnel ou stratégie malgré la présence de possibi-lités financières. D’autres ne respectent pas les règles et les dispositions juridiques en vigueur et ne tiennent pas les réunions exi-gées aux périodes statutaires…sans parler du manque de compétences et de ressour-ces humaines qualifiées.

Au niveau externe :Ë Contraintes du marché : la plupart des petites coopératives aux possibilités limi-tées ne résistent pas aux aléas du marché et à ses exigences en termes de qualité et de quantité indissociablement liées. Elles sont incapables de pouvoir assurer une position rentable et une place stable et

prometteuse. Elles se contentent souvent d’une clientèle locale à faible taux d’achat ou de la présence d’occasions saisonniè-res ; fêtes, mois de Ramadan, foires…pour écouler leurs produits. Ë Difficulté d’accès au financement e -terne : à défaut de présence de garantie ou d’organismes de cautionnement mutuel ou coopératif , beaucoup de coopératives n’accèdent pas aux crédits bancaires ou à d’autres sources de financement. Ce qui constitue une limite assez forte pour leur évolution et leur succès.

Ë Cadre juridique inadéquat ; le cadre juridique des coopératives, en vigueur de-puis plus de 25 ans, présente certaines failles et inadaptations au nouvel envi-ronnement. La procédure de création des coopératives n’est plus adaptée au rythme en cour. La manière de gérer est devenue archaïque et handicapante. Les sanctions contre le non respect des dispositions de la loi ne sont plus en mesure de dissuader et stopper les dérives…. Ë Environnement dominé par l’informel : il s’agit du type de rapports que tissent la plupart des petites coopératives avec leur environnement économique . La façon de s’approvisionner en produits et moyens de production et la manière d’écoulement de leurs produits, souvent sans factures ou reçus, constitue le fond et l’arrière-plan de ces rapports. C’est un environnement qui ne favorise pas le développement de ces coopératives et rend vains tous les efforts déployés par les différents intervenants.

Revue Marocaine des Coopératives 19

Ë Faiblesse d’infrastructure : l’absence d’infrastructure routière et de moyens de communication et de désenclavement de plusieurs zones pose des difficultés couteu-ses au niveau de l’approvisionnement et l’acheminement de la production. Ce qui condamne les coopératives de ces zones à la stagnation et à l’inactivité.

7 - Perspectives d’avenir

Malgré les contraintes mentionnées ci-des-sus, qui font l’objet d’interventions des pou-voirs publics et d’autres partenaires natio-naux et internationaux, le secteur coopératifmarocain dispose de plusieurs opportunités et moyens pour les surmonter. Il bénéficie de larges perspectives pour progresser etse faire une position appréciable au seindu contexte socio-économique du pays.En plus des grands chantiers et projets enplace (INDH, plan vert,…), il y a, égale-ment, des actions engagées pour l’assai-nissement de l’environnement coopératif au niveau juridique et l’amélioration des outilsde soutien au niveau du marché.

Au niveau juridique, un projet de loi ré-formant la loi n°24-83 est déposé au Se-crétariat Général du Gouvernement pourpromulgation. C’est un projet de texte quimodifiera le texte en vigueur dans sa qua-si-totalité et permettra aux porteurs de pro-jets de surmonter le problème de lenteurde la procédure de création en remplaçantl’agrément par un simple enregistrement auregistre des coopératives au tribunal depremière instance. La coopérative sera,ainsi, créée dans 15 jours au maximum au lieu de deux ou trois mois actuellement.

Ce projet imposera à la coopérative d’être plus transparente au niveau de l’organisa-tion, la gestion et la comptabilité, gagede la bonne gouvernance ; ce qui est fon-damental pour les partenaires financiers et commerciaux et ce qui permettra, enl’occurrence, à la coopérative d’avoir laconfiance et les moyens pour assurer sa croissance et sa pérennité.

Il y a, également, un projet de loi en pré-paration sur le commerce équitable qui constitue, comme c’est le cas dans d’autrespays, un moyen approprié pour l’écoule-ment des produits des coopératives dansles meilleures conditions.

Le Ministère chargé des Affaires Economiques et Générales, tuteur du secteur coopératif a lancé ces derniers mois un projet ambitieux d’accompagnement des coopératives nouvellement créées.Il s’agit d’un accompagnement, exécuté par l’ODCO, et qui s’étale sur 2 anspour assurer aux coopératives élues undécollage sans risque.

L’environnement international, très touché par les effets de la dernière crise financièreet économique accorde de plus en plus de crédibilités aux entreprises coopératives qui ont prouvé, selon une étude réaliséeen janvier 2009 par l’ACI pour le compte du Bureau International du Travail (BIT), leur résistance à ces effets. Une conviction cer-taine s’installe et une tendance à encoura-ger ses institutions prend de l’ampleur. Cequi se traduit par des opportunités à sai-sir et des perspectives prometteuses pourl’avenir.

20

Le Secteur Cooperatif au Maroc

du terrain de jour en jour, et détiennent«sans exception» une place importantedans les programmes de développementnationaux.

L’année 2010 a enregistré un chiffre-recordavec 909 coopératives nouvellementagréées. Ce gain d’intérêt s’explique par le rôle qu’assignent les pouvoirs publics, quede nombreuses instances internationales, aux coopératives pour faire face à denombreux problèmes de développement.

Ainsi le mouvement coopératif Marocain aconnu un développement substantiel aussibien sur le plan qualitatif que quantitatif. Lenombre de coopératives agréées a atteint 7804 unités en 2010, avec un nombre d’adhérents de 380.144.

Le rebondissement des coopératives s’ex-plique par leurs exploits dans divers domai-nes, économique, social, éducatif - culturel et environnemental.

Economique :

L’institution coopérative tout en étant une

entreprise, a constitué un modèle d’entre-prise sociale, de par les principes et lesvaleurs qui la régissent. Ainsi loin du butpurement lucratif et de la prédominancede l’apport en capital, la coopérative enfaisant exception, de ne pas exiger un mi-nimum du capital. Seule la solidarité se faitprévaloir. Les impacts économiques se fontsentir sous divers angles :

génération de revenu, par un travaildécent, pour chaque coopérateur, qui parson adhésion devient salarié et patron. Etce n’est pas pour rien que la coopératives’est imposée comme la seule capable decréer des activités génératrices de revenu.C’est ainsi qu’elle est aux premières logesdans les programmes de l’Initiative nationa-le pour le développement humain (INDH).

pérennisation des projets économi-ques, engagés par des associations, dont certaines parmi elles se sont carrémentconverties en coopératives. C’est l’exem-ple des associations des producteurs d’hui-le d’olive dans la région de Tétouan qui se sont toutes converties en coopératives,dans l’attente de se restructurer en union dans un proche avenir,

Par : Slimane lhajji [email protected]

L’ère descoopératives

Revue Marocaine des Coopératives 21

contribution dans la production des biens et des services. Les coopératives alimentent de leur part, le marché national voir celuiinternational, d’une variété de produits etde services (laitiers, oléicoles, arboricoles, fruitiers, mielleux, alphabétisation, conseilsjuridiques et financiers …),

amélioration de la qualité des biens et des services, par la combinaison des efforts, des ajouts et la recherche de la perfection par les coopérateurs dans l’exécution de leurs œuvres. La production d’huile d’olive, par exemple,a subi une transformationimportante grâce à la coopérative,qui a permis aux coopérateurs d’avoir connaissance des nouvelles procédures et techniques modernes d’extraction d’huile. Cela a permis la production d’une huile de source connue et saine grâce à sa mise en bouteille. Elle en procure donc, un surplus en terme de garantie et de qualité. les coopératives de collecte de lait, quant à elles,ont amélioré considérablement les conditions de traite, d’acheminement et deconditionnement du lait …

diminution du prix de revient, des biens et des services acquis ou vendus, par la réduction du nombre des intermédiaires et l’établissement du contact direct des coopérateurs avec les fournisseurs ou les clients. La négociation des prix devienne possible et fertile. Quant aux divers frais et charges (transport et autre ), diminuent lorsqu’ils sont divisés sur l’ensemble descoopérateurs. Cette situation se concrétise avec les coopératives d’approvisionnement en mettant à la disposition des adhérents les matières premières et les moyens de

production nécessaires à moindre coût, (semences, engrais… pour les coopérativesagricoles, pièces de rechange, réparation… (coopératives des professionnels de petits et grands taxis), carburants, moteurs, filet de pêche… (coopératives de pêche maritimes)…

formalisation et organisation decertaines activités, et des systèmesproductifs informels, tel que les mineurs quise sont fédérés en coopérative dans lesrégions où la loi permet la création de cescoopératives, les colporteurs, les femmesde ménages…

aide à l’accès aux biens et services et à leur commercialisation, en répondantaux besoins de ces adhérents. Unproducteur laitier ne peut arriver seul àécouler aisément sa production journalière,de même un artisan maçon, plombier oupeintre coopérateur ne peut soumissionneraux marchés facilement. La coopérativedresse un pont vers les débouchés et cherche les opportunités de travail.

soutien à l’intégration au servicedu commerce équitable. Il assure auxproducteurs coopérateurs un salaire justepour leur travail. Les coopératives féminines,essentiellement au milieu rural, travaillentdes produits de manière artisanale, quisont variées et originales. Ils rivalisent avecd’autres produits sur le marché, mais restentdistingués et valent plus par leur intégrationau système du commerce équitable. Ils’agit des coopératives de productionde couscous, du sel (pour divers usage :cuisine médicinal…), d’huile d’olive …

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

valorisation économique de quelques tâches, qui jusqu’a certaine époque, ne sont pas prises en considération, malgré leur poids en terme de temps et de difficulté. les travaux domestiques et quotidiens des femmes au monde rural, présentent un parfait exemple. Ces femmes commencent à vivre une période florissante, avec la prolifération des coopératives féminines dans plusieurs domaines,tel que celui d’arganier, d’artisanat, d’élevage et des produits de terroir,

La rupture du cycle de pauvreté des coopérateurs et de leurs familles voir même d’une grande partie de la population environnante, grâce aux effets d’entrainement.

Social :

L’entreprise coopérative contribue amplement, à l’amélioration des conditions de vie de ses adhérents et de leur famille. Une tâche qui s’est confirmée lors du lancement de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), en permettant l’accès à plusieurs services tels que :

◆ résorption du chômage, par la création des opportunités du travail à toute la po-pulation inactive avec ou sans diplôme, issue du milieu urbain ou rural.

◆ services de santé,

◆ service de logement, par l’acquisition d’un logement décent,

◆ protection sociale,En plus, et toujours dans le volêt social, les

coopératives participent à l’amélioration de bien être de la population coopérative par :

◆ la promotion sociale,

◆ le changement de mentalité et de com-portement des coopérateurs,

◆ la réduction des inégalités,

◆ le renforcement d’esprit de solidarité entre les adhérents.

Educatif et Culturel :

Les coopératives, outre les ajouts socio-économiques, sont censées par la loi N 24.83, affecter et utiliser 2% des excédents réalisés pour l’éducation de leurs membres. Dès lors les coopératives participent à :

◆ l’alphabétisation des coopérateurs et les membres de leur familles,

◆ développement de la capacité de participation à la prise de décision,

◆ renforcement des capacités des adhé-rents pour faire face aux exigences de la concurrence et aux lois du marché, par des cycles de formation spécifiques.

◆ contribution effective à la diffusion du savoir à travers les coopératives d’alphabétisation et de formation.

En outre, les coopératives contribuent à la préservation du patrimoine culturel national, par les produits artisanaux, les produits de terroir et autres produits typiquement Marocains.

Revue Marocaine des Coopératives 23

Environnemental :

Face aux exigences du développement durable et aux dommages causés à l’en-vironnement, les coopératives adhérentlargement dans ce sens, avec une gestionrationnelle des ressources naturelles, lorsde l’exécution de leurs objectifs.

En principe le développement durabledoit concilier trois éléments majeurs, quisont : l’équité sociale, la préservation del’environnement et l’efficacité économique.Dans ce sens, plusieurs types de coopératives y participent largement.Il s‘agit des coopératives forestières à travers l’exploitation raisonnable des ressources forestières, le reboisement …,les coopératives de la pêche maritimeartisanale qui militent contre la pêche sauvage et illégale, les coopérativesagricoles qui, bien encadrées, mènentleurs activités en tenant compte desimpacts à court, moyen et long terme sur l’environnement, au niveau de l’usage del’eau, l’utilisation des engrais, exploitation du sol, manipulation des produits et letraitement des détritus…

A cet égard des coopératives se sontlancées dans le recyclage des déchets, visant à la fois la création d’un projet socio-économique, et la protection de l’environnement.

En résumé, si le développement est senséêtre un processus participatif qui nécessite l’implication de tous les acteurs, en une étroite collaboration et partenariat, les coopératives remplissent, néanmoins, un rôle d’importance significatif et très spécifique.Ce rôle doit être infiniment soutenu par tousles intervenants, qu’il s’agisse des pouvoirspublics, les instances parlementaires, les chambres professionnelles, les collectivités locales, les organismes non gouvernemen-taux, la société civile…

Non seulement, les coopératives se sont implantées dans toutes les régions du Royaume, mais en outre, elles sontprésentes dans les points les plus reculés. Elles influencent sérieusement, de leur part la progression de tout les nouveaux indicateurs de développement. C’est sans doute l’ère des coopératives.

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

“ L’INDH a permis d’accélérer les transformations sociales au niveau des territoires cibles, de garantir les conditions d’une vie digne aux populations et de renforcer

leur confiance dans l’avenir. ”

Extrait du message de sa Majesté le Roi Mohammed VI que dieu l’assiste aux participants du premier forum international sur le développement humain a la ville d’Agadir le 1 et le 2 novembre 2010.

économique soutenue favorisant l’initiative privée et la création d’emploi et de riches-ses pour une population pauvre et sans res-sources a travers l’appui a la création de micros projets, la dynamisation des coopé-ratives et la mobilisations des ressources et des richesses naturelles.

Bien évidement, L’INDH est un programme de développement communautaire partici-patif, ce qui signifie que ce sont les habi-tants des communautés cibles, eux-mêmes, qui vont exprimer leurs besoins en matière d’équipements et de services sociaux, d’appui aux activités génératrices de re-venus, de renforcement des capacités et d’animation sociale. Le programme vise 360 communes rurales qui ont un taux de pauvreté de plus de 30% et 250 quartiers urbains où les conditions d’exclusion so-ciale sont aiguës.

Les activités de l’INDH en milieu rural ont pour objectif de réduire la pauvreté et l’ex-clusion de citoyens ruraux. Les objectifs en

Certes, l’Initiative Nationale pour le Dé-veloppement Humain (INDH), est une ini-tiative novatrice au Maroc pour réduire la pauvreté, l’exclusion sociale et la précaritéà travers des projets d’appui aux infrastruc-tures de base, des projets de formation etde renforcement des capacités, des projetsd’animation sociale, culturelle et sportive eta travers la promotion des activités géné-ratrices de revenus, elle s’inscrit égalementdans une vision globale du développementsocial et humain pour le pays.

L’INDH a opté pour un choix stratégiquepour renforcer les bases d’une croissance

Par : Hanane Miri [email protected]

L’Initiative Nationale pourle Développement Humain –INDH-

au cœurdu développement coopératif

Revue Marocaine des Coopératives 25

milieu urbain visent à renforcer l’insertion, la cohésion sociale et l’amélioration des conditions et de la qualité de vie des po-pulations. Les actions prévues peuvent êtreregroupées sous quatre volets :◆ Soutien à l’accès aux infrastructures debase/aux services de proximité et auxéquipements sociaux/urbains de base ;◆ Dynamisation du tissu économique local par des activités génératrices de revenus/d’emploi ;◆ Soutien à l’action et à l’animation sociale,culturelle et sportive ;◆ Renforcement de la gouvernance et descapacités locales.

Elle se propose en outre de renforcer l’actionde l’Etat et des collectivités locales sans sesubstituer aux programmes sectoriels ou aux Plans de Développement Economique et Social des collectivités locales. A cet effet, elle offre une capacité de financement additionnelle pour soutenir les actions permettant de hisser de façon rapide et durable les indices de développementhumain à des niveaux appréciables. Les besoins identifiés seront étudiés au niveau de chaque commune ou quartier et seront financés dans le cadre d’une «initiativelocale du développement humain». La miseen œuvre de cette initiative locale se fera tout en recherchant une mise en convergence avec les programmes sectoriels et les plansde développement des collectivités locales.

Par ailleurs, les principes directeurs de l’ l’Initiative Nationale pour le Développe-ment Humain fonde ses interventions surune dynamique institutionnelle qui doit prendre appui sur des partenariats locaux et nationaux entre les acteurs publics et la

société civile (associations notamment) en faveur des plus démunis et ce à une échelle décentralisée et déconcentrée. Cette démarche repose sur :- La planification stratégique :

effectuée selon un processus de planifica-tion stratégique, basée sur un diagnostic rigoureux, une définition d’objectifs précis et l’expression des besoins par les popula-tions concernées.

une relecture de leur plan de développe-ment économique et social privilégiant l’as-pect développement humain.

- La synergie :-

gence des programmes sectoriels, en parti-culier sur les zones les plus défavorisées ;

programmes sectoriels et les actions des collectivités locales. Dans cette perspective, la participation effective de la population bénéficiaire et des acteurs de la société civile locale de-vient sur les plans de l’approche et de la gouvernance de ces stratégies locales de développement social intégrée indispensa-ble dans toute opération de ciblage desbénéficiaires et des programmes, d’identi-fication des zones d’intervention et de défi-nition des priorités.La mise en œuvre de l’INDH obéit à uneplate forme préparée par le gouvernement, sur la base des Hautes Instructions Royales, selon quatre programmes:◆ lutte contre l’exclusion en milieu urbain◆ lutte contre la pauvreté en milieu rural◆ lutte contre la précarité ◆ programme transversal.

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

L’INDH Une nouvelle approche dans la politique du dévelop-pement.L’INDH est présentée comme une nouvelle approche de développement et un nouveau mode de gouvernance et pas comme un simple programme de lutte contre la pau-vreté. Elle constituerait un cadre prospectif de réorganisation des solidarités sociales et territoriales et une garantie d’efficacité des politiques publiques de développe-ment social. Dans cet esprit, il faut insister sur deux éléments de la nouvelle approche dans la politique de développement :◆ L’implication des nouveaux acteurs et le passage à un système fondé sur la gouver-nance ;◆ Le nouveau paradigme en matière de dé-veloppement.

A signaler que le développement humain occupe, aujourd’hui, une place stratégique aussi bien au niveau des pays développés que des pays en voie de développement (PED). Cette importance découle de l’im-pact de développement humain sur le dé-veloppement économique et social d’un pays. Le développement humain est un paradigme du développement qui valorise beaucoup plus que la simple hausse ou la baisse des revenus nationaux. Il repose sur la création d’un environnement au sein duquel les gens peuvent développer plei-nement leur potentiel et mener des vies pro-ductives et créatives en accord avec leurs besoins et leurs intérêts. Les gens sont la vraie richesse des nations. Le développe-ment vise donc à élargir les choix qui s’of-frent aux personnes pour leur permettre de mener des vies qui leur sont précieuses. Il s’agit donc de bien plus qu’une croissance

économique, qui n’est qu’un moyen – cer-tes très important – d’élargir les choix qui s’offrent aux populations.

En principe, ces choix peuvent être infinis et peuvent varier dans le temps. Les gens attachent souvent de la valeur aux réussi-tes, dans les chiffres relatifs aux revenus ou à la croissance économique : un meilleur accès aux connaissances, une meilleure nu-trition et de meilleurs services de santé, des moyens d’existence plus sûrs, une certaine sécurité contre la criminalité et la violence physique, du temps libre bien rempli, des libertés politiques et culturelles et un senti-ment de participation aux activités de la communauté. L’objectif du développement est de créer un environnement favorisant l’épanouissement pour que les gens puissent jouir d’une vie longue, saine et créative.

Le développement humain est aussi, d’abord et avant tout, une dimension terri-toriale impliquant appropriation et pilotage communautaires, Il suppose l’intégration et la participation de différentes catégories de la population aux différentes étapes du processus.

L’INDH et le développement coopératif La dynamique coopérative actuelle consi-dérée comme très favorable pour un es-sor coopératif positif qui traduit les efforts considérables des acteurs concernés et l’apport des grands chantiers qui appui ef-fectivement ce mouvement.

L’entreprise coopérative en tant que struc-ture de production chargée de fournir à ses membres, le produit ou le service dont

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ils ont besoin, constitue l’un des piliers, à coté des associations et des mutuelles, de l’économie sociale et solidaire. Ce typed’entrepreneuriat, en s’intégrant dans uneéconomie plurielle, cherche à préserver un certain équilibre entre l’efficacité économi-que et le développement social à travers unegestion démocratique, solidaire et sociale.Le mouvement coopératif apparaît commele mieux placé pour garantir l’attachementde l’économie au territoire ainsi il favori-se le développement humain. Il constitueun outil pour promouvoir l’apprentissaged’une culture partenariale entre l’économiesociale et l’environnement global. il doitêtre perçu comme un partenaire potentiel avec qui les collectivités territoriales peu-vent s’associer pour poursuivre et satisfaireles objectifs d’intérêt général, que ce soitpour favoriser la cohésion sociale, l’inser-tion de personne en situation d’exclusion etde pauvreté ou le maintien d’un tissu socio-économique dans les territoires aussi bienurbain que ruraux.

Les coopératives contribuent de façon im-portante à l’économie, à la mobilisationdes ressources ainsi qu’à la stimulation del’investissement en même temps qu’ellespromeuvent la plus complète participation au développement économique et socialde toute la population. Donc, en tant queforme puissante de solidarité humaine, lescoopératives favorisent d’une part la créa-tion de richesses et leur répartition pluséquitable, ce qui bénéficie leurs membreset leur communauté; d’autre part, les coo-pératives sont des espaces d’insertion so-ciale pour leurs membres. Cette capacitédes coopératives d’imbriquer l’économiquedans le social est reconnue pour tous les

pays, quel que soit leur niveau de dévelop-pement selon l’organisation internationaledu travail.

Constituant ainsi la principale composanted’une économie qui s’appuie sur des en-treprises à propriété collective, les coopé-ratives sont ainsi reconnues comme faisantpartie d’une sphère de l’économie pluriel-le, au même rang que l’économie publiqueet l’économie privée. Une sphère de l’éco-nomie où les biens et les services produitsservent à augmenter le bien-être des mem-bres et dont le paramètre de définition dela valeur est la contribution à la réalisationdes objectifs de l’organisation.C’est derrières des expériences, aux ni-veaux national et international, que lacoopérative a montré le moyen le plusapproprié pour favoriser la création desactivités génératrices de revenus. Elle tracedésormais la dimension humaine du déve-loppement puisqu’elle se base sur les va-leurs de participation, de solidarité et dedémocratie.

A cet égard, force est de constater que cesprincipes prônés par l’INDH, s’inscriventen parfaite harmonie avec ceux des institu-tions de l’économie sociale, notamment lescoopératives qui véhiculent la même philo-sophie, partagent les mêmes valeurs et sur-tout animées beaucoup plus par la valori-sation de l’Homme et son épanouissement.L’initiative nationale de développementhumain constitue la base de l’ancragede la nouvelle culture, axée autour devaleurs et de principes fondamentaux departicipation, de dignité, de confiance, deproximité, de solidarité et de partenariat,en mettant en œuvre des réalisations

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

concrètes porteuses d’une réelle volonté de lutter contre la pauvreté, l’exclusion et la précarité en vue de promouvoir le développement humain durable. Au regard de cette nouvelle culture, la pro-motion du développement humain repose sur la valorisation de l’élément humain placé au centre de cette initiative.

L’adéquation entre les principes, les valeurs, les règles et les pratiques passe par la mise en cohérence de leurs applications dans les domaines de la gestion. Ces derniers sont inextricablement liés, et, en ce sens, consti-tuent bel et bien un «système» avec ses in-terdépendances, ses synergies et ce sont précisément ces interférences multiples des principes et règles dans les divers domai-nes de la gestion qu’une formation spécifi-que des entrepreneurs sociaux doit s’atta-cher à mettre en évidence et en cohérence.En revanche, le développement d’activités économiques génératrices de revenus est reconnu par tous comme étant la clé de la relance des zones rurales du pays. En effet, les expériences au Maroc ont donné de très bons résultats. D’une part, elles ont permis de déclencher un dynamisme et un proces-sus de développement au niveau des locali-tés concernées par ces actions, d’autre part elles ont été un moyen de stimulation de la motivation et de l’intégration de la popu-lation dans les projets de développement.En l’occurrence, la finalité de toute AGR est le développement local durable dans tou-tes les localités de la nation, par l’améliora-tion de la situation économique et sociale des groupements de la population. Cela, ne peut se faire qu’a travers :

ou groupe d’intérêts» susceptibles et capable

de mettre en place et de gérer collectivement une activité génératrice de revenus;

économiques dans la production, la transformation et la commercialisation des produits (agriculture, élevage, et artisanat);

et d’organisation collective des groupes concernés à travers la formation.C’est pour cette raison que la nouvelle stra-tégie pour le développement du secteur des cooperatives s’assigne pour objectif de s’inscrire en harmonie et en complé-mentarité avec l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH).L’INDH a apporté une gouvernance nouvelle partant des projets identifiés par les populations jusqu’à leur réalisation. Aujourd’hui, s’il y a eu une évolution constante et dynamique du secteur coopératif, le constat est de dire que cela se traduit a travers les efforts de faire naitre des activités génératrices de revenus (AGR), des projets de type coopératif et des activités de lutte contre la pauvreté qui permettront de développer une ascension sociale. Aussi «L’Initiative nationale pour le dévelop-pement humain a donné une dynamique très importante à l’économie solidaire en nous permettant de mettre le doigt sur la problématique de la lutte contre la pau-vreté et la précarité». L’affirmation est de monsieur Nizar Baraka, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Af-faires économiques et générales.La également, des efforts se multiples tels que le projet en cours de révision de la loi sur les coopératives pour bien permettre a ce secteur à se développer de manière no-table. On trouve aussi l’accompagnement des coopératives à travers le programme

Revue Marocaine des Coopératives 29

«Mourafaka» et également de la commer-cialisation de leurs produits pour assurerleur pérennité. Dans ce cadre, des conven-tions ont été signée avec les grandes sur-faces (commerciales) pour faciliter l’intro-duction des produits des coopératives. Enoutre, une loi est en cours d’élaborationpour développer le commerce équitable.Il faut aussi citer les mesures en faveur du commerce itinérant et à travers des salons régionaux de l’économie solidaire pour lacommercialisation des produits du terroir etdes coopératives.Ainsi, Pour que ce secteur puisse jouer sonrôle d’insertion et créer des AGR contre lapauvreté et l’exclusion sociale, il faut qu’ily ait un impact concret des attitudes poli-tiques plus favorables que jamais.les insti-tutions locales incarnant la responsabilitéde gestion et de régulation, devienne desespaces de solidarité capables de générerdes ressources spécifiques. En tant qu’enti-tés locales déconcentrées, elles ne peuventjouer réellement ce rôle que si elles cher-chent a mobiliser les énergies locales et travailler dans un cadre de cohérence, decoordination et de synergie. Elles créent,par leur action stimulante, les conditionsd’un nouveau développement. Le climat am-biant au développement socio-économiquene peut être acquis qu’à cette condition.

Le premier forum international sur le développement humain a AGADIR : «Le Développement Humain, l’expérience marocaine de l’INDH»Le forum d’Agadir était, pour ainsi dire, le moment pour faire le bilan de manière so-lennelle et rendre public les premiers chif-fres et justement, de déboucher sur “une vi-

sion commune du développement humain”et de sortir avec des “recommandationsqui contribueront à affiner les axes et leschoix stratégiques de la deuxième phase2011-2015 de l’INDH”.Coté bilan, 13 milliards de DH déboursésau lieu de 10 prévus initialement, 22 000projets financés, 40 000 emplois créés,5 millions de bénéficiaires : les chiffresparlent d’eux-mêmes. On peut parler deréussite même s’il faudra encore affiner da-vantage l’analyse. Il serait ainsi intéressantde voir l’évolution des indicateurs, dont letaux de pauvreté, dans les communes etquartiers ciblés par l’INDH.

Cela dit, pour avoir une idée précise, ilfaudra, selon le HCP, attendre 2012, dateà laquelle il procédera à la confectiond’une nouvelle carte de la pauvreté.Mais pour que l’INDH (2011-2015) soitencore meilleure, le Maroc a besoin de fai-re surtout le bilan de ce qui a le moins bien marché, de partager son expérience et des’inspirer de ce qui se fait ailleurs. le forumd’Agadir a accueilli plus de 1 500 parti-cipants, marocains et étrangers, de divershorizons, et 138 intervenants, venus dumonde entier ; Economistes, décideurs po-litiques, ministres, patrons d’organisationsinternationales, représentants de la sociétécivile et d’ONG renommées…sont venuspour s’inspirer de l’expérience marocaine,unique en son genre.

Donner un nouvel élan à l’INDH, voilà latâche à laquelle doit s’atteler la deuxièmephase (2011-2015) de ce programmecertes “fait par et pour les Marocains”,mais qui intégrerait volontiers les apportsdes expériences extérieures.

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

1- Etude de marché :analyser et diagnostiquer les opportunités et menaces de l’environnement externe : Offre, Demande, macro-environnement.Ainsi que les forces et faiblesses de l’environnement interne : Conditionsd’exercice de la coopérative.

Pour collecter ses données. Il existe trois catégories de méthodes : L’observation,l’expérimentation et l’enquête.

◆ L’observation permet d’enregistrer des données qui seront ultérieurement analysées et expliquées. Diverses techniques sont utilisées :

le comportement passé

inventaires (ex. Audit de vente)

comportement d’achat de l’acheteur et le comportement d’utilisation du consommateur(Ex. observation de l’acheteur en magasin).

La mercatique est l’ensemble des actions destinées à détecter les besoins et à adapter en conséquence et de façon continue la production et la commercialisation de biens ou de services. Comment à partir de cette définition, la démarche mercatique peut-elle s’articuler pour une coopérative ? et quelles sont les étapes de la démarche mercatique ?

◆ L’expérimentation mesure les liens de cause à effet. Elle mesure l’impact dela modification d’une variable sur uneautre variable (Ex. observer l’effet d’une diminution du prix sur le montant des ventes).

◆ L’enquête est menée à partir d’unquestionnaire sur un échantillon de lapopulation à étudier. Quatre modes derecueil des données sont utilisées :

(à domicile, sur le lieu de travail, dansla rue) ou entretien de groupe. Ce mode d’entretien est onéreux et peu rapide.

mais ce mode entraîne un faible taux deréponse

-teux et permet de contacter des personnesdispersées géographiquement.

et les modalités de réponse s’affichent surécran et les réponses sont exprimées à l’aidedu clavier. Les coûts et les délais sont réduits.

Par : Amina Lokmane [email protected]

Le Travail Coopératif et le marketing

Revue Marocaine des Coopératives 31

Disposant de moyens financiers limités, lacoopérative devrait choisir la méthode lamoins onéreuse.

2- Segmentation du marché :

La segmentation de la demande globaleconsiste à mettre en évidence des sous-ensembles homogènes de consommateurs (segments) aux caractéristiques spécifiques(critères), susceptibles d’expliquer desdifférences de comportement.

Un critère de segmentation peut être :

du foyer, revenu ;

commune, climat, habitat

consommation, habitudes, lieu d’achat

opinions,etc …

3-Sélection d’une cible :

En segmentant, la coopérative identifieplus clairement les groupes d’acheteurs etpeut cibler ceux qui lui paraissent les plus rentables.

4- Marketing-Mix :

Les besoins étant clairement identifiés, l’offrepeut être affinée, et la coopérative élabore son programme marketing : Produit – Prix –Distribution – Communication.

L’expression «Mix Marketing» est l’une des plus employée en marketing. Lemarketing mix est également connu sous le nom des «4P» c’est-à-dire : Produit,

Prix, Place (distribution) et Promotion(Communication).

Quelle Offre la coopérative doit proposer sur le marché ? Quel produit ? Et à quel prix ?

Pour être choisi et acheté, le produitdoit être reconnu par le consommateur.La marque, l’emballage, l’étiquette et lastylique sont les éléments qui participentà cette identification. Ils permettent decommuniquer avec le client et véhiculentune image de la coopérative et de sesproduits.

à distinguer les produits, objets ou servicesd’une entité.La marque peut être : un dessin, un symbole, une combinaison de lettres et / ou de chiffres, un son, un nom géographique.Le choix de la marque permet ainsi dedifférencier le produit de ses concurrents etfacilite le repérage du produit.

remplissent deux types de fonctions : des fonctions techniques et des fonctions com-merciales ou mercatiques.Fonctions techniques :

produit (Ex. Produit alimentaire)

Fonctions mercatiques :-

niquer (Ex. Emballage noir et doré de cartenoire)

marque-

mentaires (Ex. recettes)

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

(pots de yaourt en verre)

d’ouverture du lait)Le choix de l’emballage est fonction du produit, de son prix, des contraintes éventuelles (Ex. recyclage).

◆ L’étiquette : C’est la carte d’identité du produit. L’étiquette a un rôle légal (Marquage et affichage des prix), un rôle dans la gestion du point de vente (suivi du stock Ex. codes à barres) ; un rôle de communication et d’information (mode d’emploi, promotion du produit, communication de messages publicitaires).

◆ La stylique : est l’intégration de l’esthétique (formes, couleurs) aux produits de l’entité et à l’image qu’elle souhaite donner aux consommateurs.

Le prix est l’expression monétaire de la valeur d’un produit. Variable mercatique déterminante, il procure à la coopérative des revenus et assure donc sa pérennité. Quatre stratégies de fixation des prix sont possibles :

◆ Stratégie de luxe (prix élevé) :Le caractère exceptionnel de votre offre peut justifier un prix élevé. De tels prix sont fixés pour des produits de luxe.

◆ Stratégie du cadeau (prix de pénétration) :Dans le but de gagner des parts de marché, l’entité utilise cette stratégie pour conquérir de nouveaux clients (pour une qualité élevée, on propose un prix bas)

◆ Stratégie d’économie (prix économique)

Il s’agit d’un bas prix pour un produit sans «extras». Les coûts de fabrication et marketing sont réduits au minimum. C’est la stratégie la plus adoptée par les coopératives.

◆ Stratégie d’exploitation (prix d’écréma-ge)Vous bénéficiez d’un avantage concurrentiel important et pouvez fixer un prix élevé.

Comment la coopérative va assurer la distribution et la communication de son offre ?La distribution (Place, en anglais) est un autre élément du mix marketing. C’est un mécanisme à travers lequel les biens et services sont acheminés du fabricant au consommateur final.

On choisit l’une des stratégies de distribution: Intensive, Sélective et Exclusive.

◆ Stratégie intensive : Distribution du pro-duit dans le plus grand nombre possible de points de vente.

◆ Stratégie sélective : Distribution du produit dans des points de vente sélectionnés selon des critères de taille, de compétence, de services offerts à la clientèle (Ex. Produits de beauté en parfumerie)

◆ Stratégie exclusive : Distribution des pro-duits dans quelques points de vente limités et sélectionnés, bénéficiant d’un contrat d’exclusivité.La coopérative cherche à faire connaître son produit et à générer un chiffre d’affaire important, résultat qui ne peut être atteint que par une stratégie intensive.

Revue Marocaine des Coopératives 33

Communiquer, c’est émettre des informa-tions vers une ou des cibles définies afin d’assurer de la part des récepteurs (clients,distributeurs, prescripteurs, force de ven-te…) une modification de leurs attitudes oude leur comportement.

Pour atteindre l’objectif de la communication,la coopérative dispose de plusieurs canaux de communication selon ses moyens(affichage, promotion des ventes, presse,radio, télévision…).

Peut-on dire qu’il y a une orientation des efforts des coopératives vers l’adoption d’un plan Marketing ?La caractéristique principale d’une coo-pérative est que les adhérents cherchent collectivement, et non individuellement, à résoudre un problème commun ou à tirer profit d’une opportunité. Les motifs pour dé-marrer une coopérative sont variés :

possible individuellement,

acheter des biens et des services,

n’est possible de le faire seulement.

Les coopératives sont en effet capablesde produire des articles de qualité, mais ne savent pas répondre à la demandedu marché, ou chercher des acheteurs potentiels. Elles se contentent de produire,stocker et attendre que quelqu’un passe parlà, ou qu’une administration leur propose une exposition.Dans un environnement d’économie de marché, la coopérative se trouve obligée d’adopter une démarche marketing et

d’établir un plan marketing mix pour vendreses produits et services.

Par ailleurs, ces coopératives sontconfrontées au manque d’études demarché, à l’inadaptation des produits etservices aux goûts des consommateurs,à l’absence des politiques de prix des concurrents et des plans de distribution desproduits et services.

Plusieurs contraintes empêchent lescoopératives d’engager une politiquemarketing :

Contraintes Internes :

trop faibles ou inexistants…)

Contraintes Externes :

-nement et commercialisation)

Pour y remédier, il est nécessaire decréer de Fédérations de coopératives etde groupements d’intérêt économique.L’objectif étant d’unir leurs forces et dedévelopper une offre plus complète, pluscrédible et plus attractive.

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

Préambule

milieu rural et péri-urbain fournissent degros efforts pour assurer un revenu à même d’améliorer leur situation socio économi-que. Surtout qu’actuellement, elles sont devenues le seul soutien de leurs famillesen l’absence du mari pour des raisons qui peuvent être liées à la maladie, le divorce, la mort, l’exode…

subvenir aux besoins de la famille. Ceci moyennant un revenu dérisoire, ce qui neleur permet pas de s’émanciper et de parti-ciper au développement du pays.

Pour pallier à cette situation de pauvreté, diverses possibilités d’intégration des fem-mes se sont présentées : aide financière individuelle et mesures d’accompagnement entre autres. Or, ces mesures n’ont pas donné les résul-tats escomptés car ce dont ces femmes ontbesoin en plus, c’est un cadre d’épanouis-sement et de créativité où elles se prennent en charge elles mêmes. Ce cadre n’estautre que l’entreprise coopérative.

Actuellement, l’émergence du secteur coo-pératif des femmes est une réalité que per-sonne ne peut contester. C’est une expé-rience qui mérite d’être mise en exergue, et c’est dans cette logique qu’entre cet essai.

I. La promotion des coopératives de femmes au Maroc

1. La coopérative : cadre approprié pour l’intégration de la femme

La coopérative qui est une entreprise, créée

Or, l’analphabétisme, le chômage ou en-core l’absence de qualification dont ellessouffrent ne sont pas des facteurs d’intégra-tion, ce qui affaiblit leur compétitivité sur le marché du travail, les forçant à travaillerde manière individuelle dans le secteur in-formel et souvent saisonnier par la vente de produits de façon ambulante, auprès desvoisins ou sur les marchés, ou des servi-ces (aide familiale) dans la perspective de

Par : Rachida [email protected]

Les Coopératives de femmesau Maroc: Etat des lieux

Revue Marocaine des Coopératives 35

volontairement par des femmes en vue dese procurer les produits ou les services dontelles ont besoin et de la gérer selon lesprincipes de la démocratie, la solidaire, laparticipation, l’autonomie et la responsa-bilité, représente la structure adéquate de création d’emploi pour les femmes dans un cadre formel.

La coopérative qui relève de la famille del’économie sociale a des objectifs écono-miques, sociaux et éducatifs. Elle permetaux femmes de se partager entre elles les excédents réalisés au prorata des opéra-tions ou travail fourni avec une grande sou-plesse car elle :

◆ Fait appel à davantage de main d’œu-vre que de technologie,

◆ Ne nécessite qu’un capital limité (du moins pour la période du démarrage),

◆ Permet aux femmes d’exercer desactivités qu’elles pratiquaient dans leurs quotidiens,

◆ Utilise généralement des matières pre-mières locales

◆ Consolide la stabilité sociale en particu-lier pour les femmes dans les zones rura-les et participe ainsi au développementlocal,

◆ Préserve le patrimoine culturel marocain, notamment artisanal.

Si la coopérative des femmes s’inspire despréceptes de l’islam et valeurs ancestrales et de la société marocaine, puisque lajmaâ a constitué dans notre pays depuisdes siècles un cadre au sein duquel le tra-vail collectif, l’entraide et diverses formes de soutient ont pris la forme de solidaritédans les institutions informelles au sein

desquelles les femmes marocaines étaientomniprésentes, l’expérience des coopéra-tives de femmes au Maroc dans leur sens moderne est relativement récente.

Ainsi, à l’exception d’une douzaine de coopératives de tissage de tapis et hanbal qui ont été créées dans les années soixanteet soixante dix du siècle dernier dans lesvilles de Rabat, Salé, et Fès. Leur démar-rage effectif n’a commencé qu’à partir de1990.

Cet intérêt émanait de la volonté des pou-voirs publics à créer des activités génératri-ces de revenu pour les femmes sen vue leur insertion dans l’activité économique ainsi que l’intérêt et l’encouragement portés aux femmes par certains organismes des no-tions unies, des ONG et des associationsde développement local.De son coté, l’Office de Développement de la Coopération (ODCO), conscient del’importance des coopératives dans l’impli-cation des femmes, n’a cessé de multiplier ses mesures de vulgarisation, appui, ac-compagnement des femmes pour faciliter leur insertion dans ces structures.

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

2. Mesures prises par l’odco pour la pro-motion des coopératives de femmes

Le début des années 90 a marqué un tournant décisif en faveur de La création des coopératives de femmes. Les efforts de l’Office de Développement de la coopération ont été focalisés sur les actions suivantes à titre indicatif :

◆ Lancement de campagnes d’information sous forme de rencontres pour sensibiliser les jeunes filles ayant suivi une formation professionnelle au mode d’organisation et de fonctionnement coopératif en par-tenariat avec différents ministères.

◆ Organisation de tables rondes au niveau central et régional et des journées d’étu-des sur les coopératives dans le cadre de la commémoration des événements liés à la femme : journée mondiale de la femme le 8 mars, journée mondiale de lutte contre la pauvreté le 17 octobre, journée mondiale de la femme rurale le 16 octobre et la journée mondiale de l’alimentation le 15 octobre. Toutes ces manifestations sont devenues une prati-que intégrée dans les activités de l’office.

◆ Formulation de projets et participation à leurs réalisations. Ainsi, entre 1999 et 2003 l’odco a pris part aux travaux pré-paratifs de la commission d’intégration économique des femmes qui a adopté la formule coopérative comme un des moyens d’implication de la femme dans la vie active, et ce lors de la prépara-tion du plan national d’intégration de la femme dans le développement.

◆ On peut citer également l’élaboration du projet «appui et accompagnement aux coopératives de femmes au Maroc»

initié par l’ODCO en partenariat avec Oxfam Québec et la GTZ avec l’organi-sation d’un atelier sur ce sujet.

◆ Etudes et publication par lesquelles l’ODCO contribue largement à une meilleure connaissance des coopéra-tives de femmes et leur environnement, à travers la réalisation de recherches et publications notamment la réalisation en 1987 d’une étude sur les femmes dans les coopératives au Maroc.

II. Bilan de l’action des coopé-ratives de femmes au Maroc Les coopératives de femmes au Maroc sont au nombre de 986 (au 31/12/2010) re-présentant ainsi 12.63% de l’ensemble des coopératives Marocaines. Leur nombre a connu une évolution remarquable durant ces dernières décennies.

Tableau n°1 :Evolution de création des coopératives

Années Nombrede coopératives

1950 5

1960 11

1970 12

1980 27

1990 47

2000 70

2010 986Source : office du développement de la coopération

1. Répartition sectorielle La répartition sectorielle de ces coopérati-ves montre une forte concentration des coo-pératives de femmes dans les deux secteurs traditionnels qui sont l’agriculture et l’artisa-nat et, récemment le secteur de l’argan.

Revue Marocaine des Coopératives 37

Tableau 2:Répartition des coopératives de femmes

par secteur

Secteurs Nombre %

Agriculture 388 39.35

Artisanat 353 35.80

Argan 170 17.24

Denréesalimentaires 50 5.07

Autres 25 2.54

TOTAL 986 100Source : office du développement de la coopération

Les coopératives du secteur agricoleAvec prés de 40% de l’effectif total, le sec-teur agricole se pointe en place de choixavec 388 coopératives pratiquant en ma-jorité des activités liées au petit élevage.

Tableau n°3 :Répartition des branches d’activité agricoles

Branches Nombre %

Elevage(ovin-caprin) 193 49.74

Apiculture 63 16.24

Aviculture 42 10.82

Cuniculture 42 10.82

Collecte - commercialisation

du lait18 4.64

Autres 30 7.74

TOTAL 388 100Source : Office du développement de la Coopération

Les premières coopératives d’élevage qui ont été créées dans les années 90 concer-naient l’élevage du Dman. Leur création dans le cadre du projet de coopération entre l’union nationale des femmes maro-caines (UNFM), le fonds des nations unies pour les activités de la population (FNUAP) et l’office régional de mise en valeur agri-cole du Tafilalt.

Ce projet portait sur la création des coo-pératives au profit des femmes démunies appartenant aux communes rurales de la ville d’Errachidia (connue par l’élevage de cette race d’ovin), dans le but d’améliorer leurs conditions de vie. Parallèlement, des coopératives ont vu le jour dans d’autres régions exerçant l’élevage caprin.

Depuis, les champs d’activité se sont élar-gis et les femmes ont commencé à décou-vrir de nouvelles activités : l’apiculture, la cuniculture, l’aviculture.Hormis l’élevage, ces dernières années d’autres créneaux ont fait leur apparition dans les projets coopératifs des femmes :collecte du lait qui concerne en général laproduction du fromage, plantes médicina-les et aromatiques, oléicole, sériciculture, cactus, safran.

Les coopératives du secteur artisanal :Près de 36% des coopératives de femmes sont artisanales, et 80% entre elles prati-quent le textile, la broderie et la couture traditionnelle et moderne. Cet engouement vient du fait que ces activités artisanales nenécessitent aucune formation préalable, du moment que la maîtrise par les femmes del’art et la manière sont les outils de base decette activité.

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

A l’instar du secteur agricole, on note l’émergence de nouvelles activités qui atti-rent de plus en plus de femmes, comme les activités liées à la décoration, la boulan-gerie et pâtisserie, la céramique, sculpture sur bois. Certaines de ces activités étaient spécifiques aux hommes.

Tableau 4 :Répartition des coopératives dans le

secteur artisanal

Branches Nombres %

Textile tapis 118 33.43

Couture broderie 85 24.08

Tailleur confection 82 23.23

Art et décor 18 5.10

Autres 50 14.16

TOTAL 353 100Source : Office du Développement de la Coopération

Les coopératives d’argan 170 coopératives opèrent dans la produc-tion d’huile d’argan et ses dérivées en dif-férents produits cosmétiques.

Ces coopératives ont joué un rôle primor-dial en permettant aux femmes de valoriser le travail extrêmement pénible qui est l’ex-traction d’huile d’argan et sa commerciali-sation à un meilleur prix que celui pratiqué sur le marché.

Les coopératives de femmes d’argan ont été appuyées dans le cadre du partena-riat entre l’Office de Développement de la Coopération, Oxfam Québec et l’organi-sation gouvernementale allemande GTZ,

appui qui a été à l’origine de la création de l’union des coopératives d’argan (tissa-liwine) dont la présidente de l’époque fut la première femme à siéger au conseil d’ad-ministration de l’Office de Développement de la De coopération.

Elles ont vu leur nombre augmenté depuis 2002 date du lancement du projet : «appui à l’amélioration de la situation de l’emploi de la femme rurale et gestion durable de l’arganeraie dans le sud-ouest du Maroc» initié par l’union européenne et géré par l’agence de développement social (ADS) en partenariat avec l’office de développe-ment de la coopération et d’autres opéra-teurs publics et privés.

Ce programme a donné une impulsion à la création et la restructuration des coopérati-ves de femmes en matière d’amélioration des conditions de leur travail pour l’extrac-tion de l’huile, la valorisation des sous pro-duits résultant de l’extraction de l’huile (les produits cosmétiques).

En parallèle à ce programme, d’autres actions transversales (formation, sensibilisa-tion, alphabétisation) et complémentaires (eau, électrification, écoles tourisme rural) ont été entreprises.Les coopératives des denrées alimentaires

Sont au nombre de 50, représentant ainsi 5% de l’ensemble des coopératives de femmes et l’adhésion de 683 femmes. Ces coopératives ont développé leurs projets autour d’activité associant le moderne au traditionnel. Il s’agit essentiellement de la production de différentes variétés du couscous que ces femmes ont réussi

Revue Marocaine des Coopératives 39

à valoriser en misant sur la qualité, leconditionnement du produit avec le label de la coopérative.

C’est ainsi que des coopératives de pro-duction du couscous ont conquis des mar-chés externes en y exportant d’importantes quantités.

Autres coopératives Ces dernières années, de nouveaux cré-neaux ont émergé, donnant ainsi aux fem-

mes l’occasion de tirer profit de ces oppor-tunités. Il s’agit d’activités liées aux plantes médici-nales et aromatiques, la collecte du mollus-que et l’alphabétisation.

2. Répartition régionale

Quoique reparties de façondisproportionnée, les coopératives defemmes opèrent dans l’ensemble des 16régions du royaume.

Tableau 4:Répartition des coopératives de femmes par régions

Régions 2008 2009 2010

Souss-Massa-Draâ 167 186 217

Marrakech-Tansift-Alhaouz 85 94 108

Meknès-Tafilalt 89 96 94

Tanger-Tétouan 53 60 92

Guelmim-Es- Smara 41 63 82

Doukkala-Abda 56 63 66

Taza-Alhouceima-Taounat 51 59 66

Fès-Boulmane 39 42 52

Oriental 33 42 52

Laâyoune-Boujdour 26 29 48

Tadla-Azilal 29 32 36

Rabat-Salé-Zemmour-Zaîr 27 31 33

Chaouia-Ouardigha 15 15 17

Gharb-Cherarda-Beni hssen 17 17 9

Oued Edahab-Lagouira 3 4 8

Le Grand Casablanca 7 7 6

TOTAUX 738 840 986 Source : Office du développement de la coopération:

40

Le Secteur Cooperatif au Maroc

En disposant de 241 coopératives la ré-gion du Souss-Massa-Draâ se classe en tête avec 22% de l’effectif total. Suivie par la région Marrakech-Tansift-Alhaouz avec 11% ; puis Meknès-Tafilalt avec prés de 10% et la région Tanger-Tétouan avec 9.50%.

Les coopératives d’argan jouent un rôle pri-mordial dans l’essor que connait la créa-tion de celles-ci dans la région du Souss-Massa-Draâ.

A elles seules, ces quatre régions ci-haut citées représentent plus de la moitié des coopératives de femmes.

On note également le développement que connaît le secteur coopératif dans les ré-gions du sud, surtout Guelmim-Es-Smara avec 82 unités.

Par rapport à l’année 2009, treize régions ont noté en 2010 une augmentation sensible

en création de coopératives de femmes :Il s’agit notamment de Laâyoune-Boujdour qui a connu une progression de 65.52%, Tanger-Tétouan avec 53.33%, Guelmim-Es-Smara 30.16%. Par contre, d’autres ont stagné ou décru comme le Gharb-Cherar-da-Benihssen (-47.29%).

3. Les adhérentes

Le nombre total d’adhérentes s’élève à 22 429 femmes, soit près de 6% de l’ensemble des membres aux organismes coopératifs Marocains : 8363 femmes dans le secteur agricole, soit 37%; 7930 femmes en artisanat, soit 35% ; 4952 en arganeraie soit 22%. En effet, ces trois secteurs concentrent 94% de femmes.

On peut constater que le secteur de l’argan détient le plus de femmes par coopérative: soit une moyenne de 29, alors que la proportion dans les secteurs agricole et artisanal est de 22.

Tableau n°5 :Répartition des adhérentes par région

Régions Nombre %

Souss-Massa-Draâ 7 276 32.44

Marrakech-Tansift-Alhaouz 2 534 11.30

Meknès-Tafilalt 2 562 11.42

Tanger-Tétouan 1 623 7.24

Guelmim-Es- Smara 1 382 6.16

Doukkala-Abda 1 290 5.75

Taza-Alhouceima-Taounat 923 4.16

Fès-Boulmane 1 246 5.56

Oriental 1 023 4.56

Revue Marocaine des Coopératives 41

Laâyoune-Boujdour 718 3.20

Tadla-Azilal 746 3.33

Rabat-Salé-Zemmour-Zaîr 549 2.45

Chaouia-Ouardigha 291 1.30

Gharb-Cherarda-Beni hssen 126 0.56

Oued Edahab-Lagouira 67 0.30

Le Grand Casablanca 64 0.29

TOTAL 22 429 100Source : Office du développement de la coopération:

Sur le plan régional, Souss-Massa-Draâconcentre 32% des adhérentes, Marra-kech-Tensift-AlHaouz 12% et Meknès-Tafilalt11%. Ces trois régions disposent de 55%de l’ensemble des adhérentes.

Les femmes sont également présentes entant que membres actives dans beaucoupde coopératives mixtes et dont le nombredépasse largement celui des coopérativesde femmes.Malgré le faible degré de pénétration fé-minine dans le tissu coopératif, il a connuune augmentation sensible avec les nouvel-les créations. Cette évolution n’est pas quequantitative, elle est aussi qualitative. Ain-si, des coopératives dispensent des cours d’alphabétisation en faveur des femmes.Quand à cette nouvelle génération d’adhé-rentes, elle se caractérise par sa jeunesse, son implication délibérée dans ce secteuret son niveau scolaire.

Sur la base de ce qui précède ; nouspouvons émettre les remarques suivantes : ◆ Les coopératives de femmes constituent

une importante composante du tissu coo-pératif Marocain ;

◆ Ces structures se caractérisent par la di-versité des secteurs et branches d’activité avec une prédominance de l’agriculture et l’artisanat ;

◆ L’acheminement de la formule coopérativevers des secteurs nouveaux ;

◆ L’implantation géographique des coopé-ratives de femmes qui touche beaucoupplus les régions rurales qu’urbaines.

Or, en dépit des avancées que ces coopératives ont connues, ces dernières sont confrontées à des limites qui entravent leur fonctionnement.

4. Les problèmes

De manière générale, les problèmes queconnaissent les coopératives de femmes ne sont pas externes à ceux rencontrés parle secteur coopératif marocain dans saglobalité. Néanmoins, nous nous contenterons de mettre en exergue les principales limitesspécifiques aux coopératives de femmes :◆ Les problèmes de commercialisation des

produits qui subissent les aléas des inter-médiaires et la concurrence des usines,

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Le Secteur Cooperatif au Maroc

surtout en l’absence de communication appropriée des coopératives pour faire connaître leurs produits ;

◆ la majorité de ces femmes sont artisanes ou pratiquent le petit élevage et n’ont pas encore cette culture entreprenariale qui constitue la valeur ajoutée indispensable au développement et à la pérennité de tout projet ;

◆ L’influence de l’environnement sur les ac-tivités des coopératives notamment en milieu rural : l’insuffisance ou la dégrada-tion des infrastructures de base : les rou-tes, les moyens de transport ou encore les conditions climatiques lèsent directement l’approvisionnement des coopératives et l’acheminement de leurs productions ;

◆ Le manque de formation et d’information continue des femmes sur les techniques de gestion, de commercialisation.

Perspectives prometteuses L’avènement de l’initiative nationale pour le développement humain (INDH) a joué un rôle primordial dans l’épanouissement que connaît le secteur coopératif des fem-mes notamment durant les trois dernières années, dans son approche de lutte contre la pauvreté en milieu rural à travers l’appui à la création d’activités génératrices de revenus dont ont bénéficié plusieurs coopé-ratives de femmes dans les activités liées à l’élevage et l’artisanat.

Cet élan est amené à connaître davan-tage de développement avec la mise en route de la deuxième tranche de l’initiative royale. C’est dire l’importance du partena-riat entre les différents intervenants qui ont focalisé leurs actions sur la femme notam-ment rurale et apportent leurs soutiens à ces coopératives :

Administrations, organismes publics gou-vernementaux et non gouvernementaux, coopération bilatérale, système des na-tions unies, associations nationales et loca-les, chambres professionnelles, collectivités locales.

Parallèlement à ces appuis, les adhéren-tes sont amenées à prendre des mesures à même de disposer de coopératives concurrentielles par l’ouverture des portes d’adhésion au maximum de femmes, la diversification des activités des coopéra-tives en préconisant celles qui répondent aux besoins et au goût du consommateur local et national et, la restructuration des coopératives existantes par la constitution d’unions locales et nationales.

Les femmes devraient également réfléchir à leur protection sociale eue égard aux aléas de la vie, ainsi qu’à l’assurance de leur entreprise.

Revue Marocaine des Coopératives 43

Si la musique brode le silence, la peinture quant à elle a brodé de couleurs gais, la viedes femmes de douar d’Alma. C’est avecbeaucoup de patience, de fascinementet surtout de curiosité, qu’on a empreinté la route du miel, qui commence à Aourir,commune rurale située à 12km au nordd’Agadir. Elle mène vers les montagnes du Haut Atlas occidental au milieu des forêtsd’arganier, et de thym. Le premier douar setrouve à 8km : c’est le douar d’Alma, cette route nous mènera au milieu d’une vallée appelée «Vallée du paradis» en raisonde sa nature verdoyante, fraîche tout au long de l’année et de son climat douxmalgré la chaleur de l’été. Pour arriverenfin à Imouzzer, village où s’organise

chaque année le moussem du miel, afin dedécouvrir une entité coopérative dans unnouveau créneau.L’envie était immense à l’idée de rencontrerdes femmes hors du commun, des femmesartistes en herbe qui se sont laissées porter sur les voiles d’un rêve enfouis, qui sesont démarquées par la découverte d’unmonde de couleurs, qui ont tout simplementosé exister en tant qu’individu, en tantqu’être, et le plus attrayant en çela, entantque femmes rurales, juste alphabétisées,amazighphones, femmes au foyer et quiappartiennent à un milieu réservé… etdont la vie a préservé le plus beau de leurexistence. Parait-il, c’est une période degrande bascule pour elles.

Par : Hayat Zouhir & Slimane lhajji [email protected] [email protected]

Les Femmes artistes(peintres) d’Alma

44

Le Secteur Cooperatif au Maroc

L’éclosion d’un projet coopératif de femmes artistes :Une coopérative artistique dénommée «Talayte», siégée à douar Alma, a vu le jour le 6 décembre 2010, constituée avec un capital de 7000 dirhams, entre 14 femmes âgées de 23 à 54 ans. Ces femmes se sont fixés comme principaux objectifs : production et commercialisation des produits artistiques, approvisionnement en matières premières et moyens de production liés aux arts plastiques et commercialisation en commun des produits artistiques à travers des expositions a l’intérieur ou à l’extérieur du Maroc.

En premier lieu, la commercialisation des toiles s’effectuera par l’intermédiaire de l’association «Kane ya makane» en contre partie de 30 % du chiffre des ventes.

Ce prélèvement selon le règlement intérieur de la coopérative, sera affecté au financement des sessions de formation artistique.

Ces femmes ont bénéficié d’un programme d’alphabétisation, soutenu par la fondation Zakoura Education, ce même programme a été destiné à d’autres douars.

l’illustration calligraphique d’un livre de «Proverbes Populaires du Maroc» (paroles et calligraphies de femmes), à été un tournant crucial dans la vie de nos femmes d’Alma qui se sont jetées à corps perdu dans cette prestation, qui a fait surgir le côté caché d’un talent méconnaissable même pour elles, nos femmes se sont démarquées, et c’était leurs première consécration après le fait de savoir lire et écrire.

Ce livre a été éditer en deux versions et les proverbes traduits en arabe classique et en français, peuvent être appréciés par tous.

Cette aventure continuera avec l’association «Kane ya Makane» impressionnée par ce don, elle aspire la création d’un projet sous forme coopératif, qui favorisera leur développement économique, social, éducatif et artistique.

Le choix de cette formule a été la mieux adaptée, d’une part vue ses valeurs et ces principes énumérées par la loi n°24.83 fixant le statut général des coopératives et

Quant à la gestion de la coopérative, elle a été attribué à un conseil d’administration composé de six (6) femmes, est présidé par Malika Dadsi.

La coopérative envisage la réalisation de deux productions artistiques par semaine et par femme, soit une moyenne mensuelle de 112 chef d’œuvres.

Le prix estimé pour chaque toile, varie entre 600 et 1500 dirhams, ce prix peut dépasser les 5000 dirhams, selon la nature et les composantes des produits et matériaux utilisés.

Revue Marocaine des Coopératives 45

les missions de l’office de développent dela coopération, basée sur la démocratie, la solidarité, la responsabilité, la libreadhésion et la répartition des excédents au prorata des opérations éffectuées par chaque membre ; d’autre part lacoopérative a pour but selon la loin°24.83 précitée, l’amélioration de lasituation socio-économique des femmes,la promotion de l’ésprit coopératif parmis elles, réduction à leurs bénéfices et par leur efforts commun, le prix de revient de leur produit, l’amélioration de sa qualité, sondéveloppement et sa valorisation.

La dite association a vu nécessaire de tailler le savoir faire des femmes d’Alma atravers des ateliers de formation animés pardes artistes de renom tel Ahmed Hayaniartiste peintre et enseignant de dessin et d’expression plastique, qui a leur appris la combinaison de la calligraphie dans leurs œuvres, quant à Aziz Nadi, professeur d’artplastique et qui selon lui sa peinture raconte des choses et accorde chaque couleur à une pensée, les a initié à la peinture surtoile ; enfin c’était le tour de Tibari Kantourde leur inculquer le monotype, et de leurapprendre la fabrication du papier, qui

considéré habituellement comme un support de la peinture, reste pour cet artiste, une œuvre en elle-même quand on procède à sa fabrication.

«Talayte» leader d’un nouveau crénau :La création des coopératives dans toutes les branches de l’activité humaines, est permise par les dispositions de la loi 24.83 fixant le statut général des coopératives et les missions de l’office du développent dela coopération.

De ce fait, la constitution de la coopérative artistique «Talayte», a été l’événement tant attendu par les 14 femmes adhérentes, issuesd’un milieu rural, et qui étaient cantonnées auparavant aux tâches domestiques, s’adonnaient actuellement à l’art, aussi bien par plaisir, par épanouissement personnel que par l‘exercice d’une activité génératrice de revenu.

Selon les objectifs fixés par la coopérative, le domaine de l’art plastique est considéré comme un nouveau créneau dont «Talayte» s’accapare l’exclusivité, en étant la première aussi bien au niveau local que national.

Il est à rappeler que le tissu coopératifMarocain, a connu l’émergence de nouvelles coopératives exerçant dans des secteurs prometteurs autres que ceux traditionnellement connus, comme les coopératives agricoles, artisanales, forestières…il s’agit des coopératives des produits de terroires ( plantes aromatiques et médicinales, d’arganier, fromagerie…), de consulting, d’alphabétisation, de tourisme, de recyclage de déchets, de commerce électronique, des denrées alimentaires, de

46

Le Secteur Cooperatif au Maroc

communication et d’impression, de culture et d’art, et ce n’est que le début, il existe bien des domaines vierges inexplorés.Et depuis le lancement de ce projet, et grâce au dévouement de ces femmes talentueuses, formées en deux groupes, qui s’enchainent un jour sur deux du lundi au samedi, plus de 180 toiles ont pu voir le jour, et ont été vendu par la diligence de l’association « kane ya Makane «» et ont généré quelque 200.000 dirhams.

le sujet de toute toile comporte un proverbe choisi par chaque femme au préalable, qu’elle le teint de complicité et de tendresse et qui reflète sa présence avec son état d’âme, son origine, son langage, ces coutumes…, et donne libre critique aux yeux des amateurs d’art dont les plus avertis ne peuvent jamais décider avec certitude de ce que l’artiste a voulu dire dans son œuvre.

Les chefs d’œuvres de ces femmes artistes sont exécutées, avec plus au moins de difficultés en terme de temps ou d‘ éléments utilisés.La durée de la réalisation des toiles varie selon le genre, qu’il s’agisse d’une peinture sur toile ou d’un monotype, qui peut durer plus de 15 jours. Quant aux matériels utilisés, la fabrication du papier reste une manœuvre très délicate, qui demande un outil spécifique de broyage et de séchage.

Le devenir des femmes artistes en herbes :La coopérative «Talayte» a fait jaillir pour les femmes d’Alma une source de revenu qui a permis à certaines à travers les sommes générées de la vente de certaines de leurs

toiles, de participer à côté de leurs maris aux dépenses de leurs foyers, à celles liées à la scolarisation de leurs enfants où tout simplement de s’approprier des soins médicaux … Et pour d’autres, elles se sont contentées de manier le pinceau avec passion, de méditer et d’exécuter les nouvelles techniques d’expression artistique acquises.Le devenir de ces femmes est conditionné par l’acquisition d’un locale propre à la coopérative, qui sera composé d’un atelier plus vaste, qui peut abriter généreusement le matériel de nos artistes, en leur permettant de travailler ensemble en même temps, et une salle d’exposition qui sera la vitrine qui mettra en valeur leur chef d’œuvres, et facilitera leurs contact avec l’extérieur.Reste que l’espoir ultime est d’être maitre du vernissage de leur propre exposition, avec des toiles signées par elles et portant l’insigne de la coopérative.

Les femmes d’Alma n’envisagent guerre quitter leurs pinceaux, pour d’autres activités. l’art plastique reste et restera une passerelles et une clef vers leurs bonheur, l’art leur a permis l’intégration socio-économique, il est devenu une activité génératrice de revenu, seulement, elles doivent se perfectionner, s’appliquer et approcher les amateurs d’art potentiels acquéreurs.Nul ne peut prévoir ce que deviendront nos femmes d’Alma, peut être sur les traces de Chaâibia, marqueront leur parcours. Elles nous doivent des encouragements, car sur chaque toile, elles ont laissé un peu de leur âme, alors donnons vie à leurs chefs d’œuvres, comme a dit Pablo Picasso «Un tableau ne vit que par celui qui le regarde».

Revue Marocaine des Coopératives 47

LE secteur de la pêche est resté pendantune très grande période résistant à toutepénétration coopérative. En effet après uneseule expérience pendant le protectorat àAGADIR ( de 1934 à 1944 ) et le videjuridique qui a duré jusqu’en 1968 (datede promulgation du décret royal sur lescoopératives de pêcheurs), les expériencestentées par la suite dans les différentesvilles côtières du royaume ont été dansleur majorité vouées à l’échec et ce pourdifférentes raisons :

Dans la même année une expériencesimilaire a été tentée à TANTAN. Maisdont la réalisation s’est heurtée au manqued’infrastructures (absence d’un point dedébarquement) à l’inadéquation desbarques, et à la résistance des pêcheurs.

En 1974 et 1975 des tentatives ont eu lieuà AGADIR et ont connu le même destin, enraison de la complexité de la procédurede constitution ce qui a retardé l’agrémentet entrainé un déséquilibre flagrant entrele coût prévisionnel des équipements et lecoût réel de l’époque.

Le nord du Maroc a connu les mêmes échecs dans ce domaine et la coopérativeconstituée à JEBHA l’a particulièrementillustré car constituée de 130 adhérentsnon-pêcheurs dans leur majorité, un faiblecapital par rapport au projet envisagé, et

En effet, une expérience a été tenté à sidiIfni dès 1970 qui a bénéficié d’un don royale de 200000DH pour la constitution d’une coopérative, mais qui a échoué en raison de la non sédentarisation et lemanque d’expérience des pécheurs, lesefforts entrepris par la suite par l’ONP pour la réanimer en l’équipant de barques ,defilets de pêche ,et de matériel de transportn’ont pas abouti.

Par : Mostafa [email protected]

Les coopératives de pêche artisanale dans une nouvelle

dynamique

Une histoire semée d’embuches

48

Le Secteur Cooperatif au Maroc

le refus des banques d’accorder les crédits demandés en raison de leur manque de confiance dans le secteur.

Les échecs se sont succédé à TANGER, LARACHE, TETOUAN, ASILA, ksar seghir, les causes diffèrent le résultat est resté le même :Hypertrophie des adhésions, faible partici-pation au capital, précipitation pour profi-ter du code des investissements maritimes,

qui poussait les pêcheurs à solliciter des investissements pour des grosses unités de plus de 50 tonne.

La seule coopérative qui a connu un succès relatif est celle qui a été constituée à SIDI MAGDOUL dans la région d’ESSAOURA entre 12 marins pêcheurs qui ont bénéficié dans le cadre du code d’investissement maritime d’un financement d’un sardinier de plus de 50 tonne.

Le dénominateur commun de cette succession d’échecs gravite autour des facteurs suivants :

◆ Initiatives provenant des instances externes et non des pêcheurs ;

◆ Le manque de réalisme de l’approche de création basée sur les subventions, et non sur les besoins réelles des pécheurs.

◆ L’absence d’études de faisabilité des projets ;

◆ Le choix de la formule (coopérative de production) était inadapté pour un secteur dominé par des pratiques coutumières inégalitaires.

D’autres facteurs ont rendu cette situation

beaucoup plus complexe , ils étaient dus en grande partie aux :◆ Faible organisation et encadrement de

son activité ;◆ Multiplication incontrôlée des sites de

pêche et leur éloignement des centres urbains et de l’administration ;

◆ Activité migratoire et saisonnière ;◆ Insuffisance des infrastructures d’accueil

et de service ;◆ Précarité des conditions de vie et de

travail des pêcheurs artisans (barques, manque d’hygiène, etc.) ;

◆ Insuffisance des moyens de contrôle (du point de vue qualité et celui relatif à la police de pêche) ;

◆ Existence du circuit informel

Revue Marocaine des Coopératives 49

Une nouvelle dynamiqueCette situation a duré jusqu’aux années90 ou le secteur commence à connaîtreun nouvel élan et une nouvelle dynamique caractérisée par :

◆ la volonté politique de développer le sec-teur de la Pêche (… la pêche artisanale)

◆ une vision stratégique intégrée du département de la pêche ;

◆ des approches réalistes basées sur des études préalables et une politique de suivi et d’accompagnement

◆ un partenariat internationale (JICA, IPA-DE, MCC, INDH….) ; dans ce cadre,les programmes des villages de pêcheset des points de débarquement étaienttrès déterminant pour la constitution descoopératives.

◆ Une coordination entre départements

intervenant dans le domaine descoopératives de la pêche (ONP,ODCO, direction de la formation et dela promotion sociale)

La coopération maroco-japonaise aété fructueuse dans ce domaine par laréalisation de quatre des sept villages depêche prévus par le programme :Cala iris (province d’ALHOCEIMA);imsouane(wilayad’AGADIR) ;souiria kdima(province de SAFI) et sidi hsaine (provincede NADOR). Ces villages ont été équipésd’importantes structures satisfaisants lesdifférents besoins des pêcheurs, on y trouvegénéralement : des ouvrages portuaires,des blocs administratifs et sanitaires, unehalle aux poissons, des magasins despêcheurs, une fabrique de glace, un ateliermécanique, un dépôt de carburant, unmagasin de fourniture …..Etc.

50

Le Secteur Cooperatif au Maroc

Dans le même ordre d’importance, le programme national lancé par le ministère de la pêche depuis 1994 concernant la création de point de débarquement dans un certain nombre de sites a eu des retombés positives sur l’amélioration de l’organisation des activités de la pêche artisanale et la promotion socioprofessionnelle des marins pêcheurs ses objectifs étaient :

-ques des pêcheurs et de leurs Familles ;

-nus des pêcheurs ;

l’exclusion sociale ;

l’économie nationale ;

de travail ;

de développement économique et social ;

ressources halieutiques

cette politique a été accompagnée par un programme d’appui axé sur :

-Appui professionnel aux marins pêcheurs artisans ;

artisanale

Les résultats positifs de cette politique émergent rapidement à partir de 1995, ou les premières coopératives de pêche artisanales commencent à se constituer dans les villages de pêche et les points de débarquement aménagés (qui sont actuellement au nombre de 28 : vdp et

pda) ; et leur nombre n’a cessé d’augmenter depuis cette date.

IL se décline comme suit :

◆ 49 coopératives de pêche artisanale avec 2106 adhérents (une dizaine est en cours de constitution)

◆ 20 coopératives de ramassage des algues avec 873 adhérents

◆ 7 coopératives de pêche côtière avec 79 adhérents

◆ 7 coopératives de ramassage des coquillages avec 174 adhérents

◆ 6 coopératives de commercialisation et d’exportation avec 429 adhérents

◆ 1 coopératives mixte algues et pois-sons avec 13 adhérents

Pour assurer et développer ces acquis, une coordination étroite a été tissée entre le département de la pêche, (direction de la formation et de la promotion sociale) et l’office du développement de la coopération. ◆ Coordination avant la création :

48 sessions de vulgarisation ont été organisées dans les différents sites de pêche à travers tout le Maroc.

◆ Suivi et accompagnement après la créa-tion : organisation d’une vingtaine de sessions annuellement au profit des coo-pérateurs, et deux séminaires annuels au profit des conseils d’administrations des coopératives de pêche artisanales.

◆ Formation par l’ODCO de 64 cadres de la pêche travaillant directement avec les coopératives.

◆ Animation des ateliers d’évaluation organisés par la JICA.

◆ Suivi et assistance juridique par les délégations de l’ODCO.

Revue Marocaine des Coopératives 51

Un avenir prometteur Cette situation est appelée à se développer,et l’avenir s’annonce prometteur pour plusieurs raisons :◆ Le nombre des coopératives est en

constante évolution;

◆ Les côtes marocaines offrent d’énormes potentialités, sinueuses, mais favorables aux petites embarcations, donc à lapêche artisanale (15000 barques actuellement avec 45000 marins)

◆ Les expériences réussies ont un effet positif d’entraînement pour la constitution d’autres coopératives ;

◆ Les faibles investissements exigés par les activités de la pêche artisanale encouragent le regroupement dans le cadre coopératif.

Le projet MCC avec un apport de 116 M dollars offre encore d’autres possibilités .le projet comporte entre autre la réalisation20 points de débarquement aménagés dans 11 provinces du royaume, et la mise a niveau de 13 ports de pêches

En plus des projets financés avec la parti-cipation des organismes internationaux, un projet spécifique aux provinces du sud estactuellement en cours de réalisation. D’une Valeur de 915 MD, financé conjointement par l’ONP et l’agence de développement des provinces du sud, il vise la réalisationd’importants village de pêches dans uncertain nombre de sites dans ces provin-ces. dans ce projet également la coopé-rative est sollicité pour l’organisation des pêcheurs afin de participer efficacement à la cogestion des infrastructures réalisée.Conformément à la stratégie «Halieutis»,

qui définit la nouvelle stratégie de développement intégré du secteur halieutique au Maroc les principaux programmes du gouvernement sont les suivants :

◆ Programme National de construction desvillages de pêche mené par le DPM pourun investissement de 2,3 milliards de dhset financé par le budget de l’Etat, le Fonds Hassan II, l’Agence de développementdes Provinces du Sud, ONP ainsi que lacoopération japonaise et la coopérationaméricaine;◆ Programme spécifique de construction de10 villages de pêche dans les provinces du Sud pour un financement de 915 MDH ;◆ La coopération américaine, à travers leMCC, finance un programme pour les ré-gions maritimes de l’Atlantique Centre etnord ainsi que la Méditerranée, pour unfinancement de 700 MDH. Cet investisse-ment comprend la construction de 20 PDA, l’aménagement des infrastructures pour lapêche artisanale dans 13 ports, la forma-tion, les activités d’accompagnement et lesuivi scientifique ;

52

Le Secteur Cooperatif au Maroc

◆ Programme Ibhar de mise à niveau de 16 000 barques de pêche artisanale. Ces barques seront équipées en installations de stockage, de conservation et de sécurité à bord. Le taux de l’appui financier s’élève à 50% du montant investi. Le reliquat sera attribué sous forme de microcrédits. l’en-veloppe financière dédiée au programme IBRAH s’élève à 977 MDH:◆ 736 millions de DH pour l’appui finan-cier accordé aux professionnels.◆ 261 millions de DH pour le Fonds de Garant.Le «Pack Al Bahara» qui offre un appui financier pour tous les travaux visant l’amélioration des conditions d’habitabilité, de vie et de travail à bord. Les subventions sont fixées à 30% du montant de l’investissement. Le reste pourrait être assuré par des crédits bonifiés et garantis

La pierre angulaire de cet important élan réside également dans la capacité démontrée de ces organisations à satisfaire les besoins réels des pêcheurs aussi économiques que sociaux.

Sur le plan économique :◆ L’acquisition des moyens de production et du matériel de pêche avec des coûts moins élevés;◆ Un gain du prix de revient;◆ L’amélioration du revenu du pêcheurLa mobilisation de l’épargne garantissant un niveau de vie convenable;

Sur le plan socio-éducatif◆ L’achat de produits alimentaires en commun ce qui permet de diminuer le coût et l’approvisionnement des pêcheurs en produits de qualité et en temps opportun;

◆ L’acquisition des terrains, la construction d’habitations à moindre coût au profit des pêcheurs;◆ La scolarisation des enfants de marins; ◆ L’Organisation d’excursions et de loisirs

Sur le plan de la Valorisation des captures ◆ La commercialisation dans les marchés nationaux qui sont plus rémunérateurs;◆ L’exportation de la production;◆ L’acquisition et location en commun des moyens de transport réfrigéré;◆ La satisfaction des besoins des marchés (par la commercialisation des produits de qualité, avec emballage, etc.)Malgré le rôle joué par les coopératives, certaines contraintes, si elles ne peuvent être dépassées, elles limiteront leur déve-loppement et leur intégration dans le tissu économique et social, dont notamment :

1- Insuffisance des infrastructures (désé-quilibre entre les sites)

2- absence de valorisation du produit et du contrôle du circuit de commercialisation

3- difficulté d’accès au financement exter-ne, ce qui réduit sensiblement les pro-jets des coopératives et rend difficile la planification de leurs actions;

4- cadre juridique inadéquat; 5- environnement dominé par l’informel ; 6- absence d’audit externe 7- absence de coopération entre coopé-

ratives problème organisationnel 8- Mauvaise gestion et tenue des registres; 9- Absence de leadership ; conflit d’intérêt;10- Analphabétisme;11- Faiblesse du capital propre;12- Manque de motivation et d’intégration13- Mono- fonctionnalité14- Absence de la couverture sociale.

Revue Marocaine des Coopératives 53

Dans un monde en perpétuelle mutation,ou l’économique est omniprésent dans lavie de tous les jours, tout ce qui touche àses imbrications sociales, culturelles, envi-ronnementales fait l’objet d’un intérêt uni-versel.

Au Maroc comme partout ailleurs, la ques-tion de l’emploi des lauréats diplômés setrouve au centre des préoccupations etdes espoirs aussi bien du gouvernement,des acteurs économiques et financiers quedes chercheurs de postes de travail, dansla mesure ou un lien étroit se noue entrel’effort de formation et de qualification pro-fessionnelle, et le processus de développe-ment économique et social.

L’accès à la vie active et professionnelle de ces lauréats peut se réaliser par leurintégration dans le secteur public (Adminis-trations et Etablissements Publics), secteurprivé, ou par l’auto emploi en créant leurspropres projets dans le cadre d’une société ou d’une coopérative ou autres...

Par ailleurs, dans un contexte marqué par la rareté des ressources et par des appels à

la rationalisation des dépenses publiques,les contraintes sociales, économiques etfinancières militent en faveur de l’encoura-gement de la création de coopérative.

En effet, dans la mesure ou un lauréat ne peut supporter seul toutes les chargesde démarrage d’un projet, la formulecoopérative permet la conjugaison desefforts humains, matériels et financiers, cette organisation solidaire -la coopérative-permet la mutualisation des moyens etun accès aux crédits bancaires dans desconditions meilleures.

Actuellement, dans le monde il s’avère queles coopératives créent et font perdurer desemplois rémunérés et même elles affichentune conscience sociale envers la commu-nauté puisqu’elles répondent aux besoinsde leurs membres en matière d’éducation,de formation technique…

Néanmoins, la portée et l’ampleur du mou-vement coopératif reste sous estimé, bienque, selon les statistiques de l’alliance coo-pérative internationale(ACI ) et du BureauInternational de Travail (BIT) plus de 800

Par : Hayat Zouhir [email protected]

Les coopératives des jeunes diplômés : une expérience d’auto-

emploi qui s’affirme

54

Le Secteur Cooperatif au Maroc

millions de personnes dans le monde sont membres de coopératives et sont considé-rées dans certains pays comme les plus forts employeurs, dont des centaines de milliers sont des lauréats diplômés.

Certes, le tissu coopératif marocain au titre de l’année 2010, dénombre 7804 enti-tés dont seulement 276 coopératives des lauréats diplômés avec une première, en 1999 à Meknès. Cet indicateur chiffré interpelle de notre part plusieurs interroga-tions quant à la participation des coopéra-tives des lauréats diplômés dans le marché de l’emploi.

Dans notre travail de recherche, on ten-tera d’apporter les éléments de réponses à travers l’analyse de cette question en trois axes :◆ Etat des lieux des coopératives des lau-

réats diplômés.◆ Contraintes rencontrées pour leur fonc-

tionnement.◆ Mesures proposées pour atteindre les ob-

jectifs escomptés.

I – Etat des lieux des coopérati-ves des lauréats diplômés :

A- Les dispositifs mis en place par les pou-voirs publics : Si les années 80 au Maroc, ont été mar-qué par une cadence remarquable du chô-mage des lauréats diplômés et spéciale-ment ceux de la formation professionnelle, un effort a été entrepris par les pouvoirs publics en vue d’intégrer ces lauréats dans le marché du travail.

A ce titre, dans la perspective de participa-tion à la création d’emploi et la résorption du chômage, l’Office de Développement de la Coopération (ODCO) a encouragé, aidé et orienté ces lauréats de se constituer sous forme de sociétés coopératives de production (SCOP). Le concept de SCOP, n’est pas nouveau, puisque son origine re-monte aux racines même de l’apparition du mouvement ouvrier et du mouvement coopératif au début du siècle dernier.

Cette étape a été succédé par un effort des pouvoirs publics, qui ont pris un train de mesures aussi variées que complémentai-res: d’ordre financier par la promulgation de la loi n° 36/87 relative à l’octroi de prêts de soutien à certains promoteurs, et de nature fiscale, administrative et organi-sationnelle par la promulgation de la loi n°16/87 instituant des mesures d’encou-ragement aux diplômés de la formation professionnelle.

A signaler que, la loi n°36.87 précitée a été modifiée par la loi n°13.94 instituant un fond pour la promotion de l’emploi et la loi n°14.94 relative a l’octroi de prêts de soutien à certains promoteurs.

Ces deux lois ont apporté une exception à la loi n° 24.83 fixant le statut général des coopératives et les missions de l’Office du Développement de la Coopération pour ce qui est du nombre minimum que doit comprendre une Coopérative qui est passé désormais de sept (7) personnes au moins à trois (3) seulement ,dans le but d’encou-rager la création des coopératives par ces jeunes.

Revue Marocaine des Coopératives 55

L’expérience des coopératives de jeunespromoteurs en 1994 a rencontré des dif-ficultés surtout avec les organismes finan-ciers pour ce qui est du remboursement descrédits ou des garanties exigées.

Des réformes, à d’autres niveaux ont succé-dé ultérieurement dans l’objectif de contre-carrer les contraintes d’insertion des jeunes diplômés, notamment :◆ au niveau législatif, il s’agit de la réforme

du code de travail, du code d’assurance maladie obligatoire et de la charte natio-nale de l’éducation et de la formation;

◆ au niveau organisationnel, il y a eu la création de l’Agence Nationale de Pro-motion de l’Emploi et des Compétences (ANAPEC) et de l’Agence du Développe-ment social (ADS) et du Conseil Supérieurpour la Promotion de l’Emploi (C.S.P.E).

Par ailleurs, les pouvoirs publics ont adoptéune politique volontariste de lutte contre le chômage, basée sur des programmes d’insertion spécifiques aux différentes ca-tégories de demandeurs d’emploi (Idmaj, Taehil, Moukawalati…) et d’autres visant l’amélioration de l’employabilité à travers la mise à niveau des ressources humaines et dont des résultats notables ont, déjà, pu être enregistrés.

A ce titre, concernant le programme (Id-maj), 52.227 demandeurs de travail ont bénéficié de contrats d’intégration en enre-gistrant ainsi une hausse de 10% par rap-port à l’année 2008.

Pour ce qui est du programme (Taehil), il a permis l’insertion dans la vie active de

14.033 demandeurs de travail avec une hausse de 13 % par rapport a l’année 2008.

Quant au programme (Moukawalati), 1.012 entreprises ont été créées en 2009 contre 586 en 2007.L’évaluation de ces initiatives de promo-tion de l’emploi menée par l’ANAPEC a permis, selon des sources du Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, de dégager des résultats globalement posi-tifs, d’orienter les lauréats diplômés vers la création de leur propre projet en cherchantdes réponses novatrices pour le problèmede chômage dont ils souffrent.

B- Constats sur l’existant :Faut il souligner que le combat contre lechômage, la précarité, et l’exclusion socia-le a été l’œuvre de longue haleine, qui a appelé une large participation et une vasteaction mobilisatrice en1999 de la part de8 lauréats diplômés (licenciés en différen-tes disciplines) de Meknès, qui ont choiside se constituer en coopérative d’alphabé-tisation, d’éducation et de formation «En-namae». Cette initiative a suscité un débat de haute tenue comme on a peu connu àl’émergence d’un nouveau créneau coopé-ratif auparavant.

Ces lauréats ont agit intelligemment, en considérant ce secteur comme un marché prometteur, qui a garanti pour eux un emploi permanent en contre partie d’une prestation payante. Cette expérience a été épousée par la suite par d’autres lauréats diplômés qui ont franchi l’horizon de nouvelles acti-vités comme elles ont été prédites par le législateur Marocain en la loi n°24-83.

56

Le Secteur Cooperatif au Maroc

Actuellement, le tissu coopératif marocain dénombre 276 coopératives des lauréats diplômés, jusqu’à fin décembre 2010, alors qu’il ne comptait que 199 unités en 2005. Ce chiffre de 276 représente 3,55% du total des coopératives agréées tout secteur

confondu (7804 coopératives).Les tableaux ci après relatent, successive-ment, l’évolution du nombre de ces coo-pératives entre 2005 et 2010 (tableau 1), leur répartition par secteur d’activité (tableau 2) et par région (tableau 3).

Tableau n°1 :Evolution du nombre de coopératives des lauréats diplômés

entre l’année 2005 -2010

Année2005 2010

Pourcentage d’évolution Secteurs

Agriculture (HRA 105 140 33%

Alphabétisation 29 50 72%

Forets 20 21 5%

Artisanat 9 18 100%

Transport 15 15 0%

Plantes médicinales et aromatiques 7 9 28%

Centre de gestion 5 7 40%

Commerçants détaillants 3 4 33%

Denrées alimentaires 1 4 300%

Tourisme 2 2 0%

Commerce électronique 1 1 0%

Exploitation des carrières 1 1 0%

Argane - 1 100%

Mains d’œuvres - 1 100%

Télécommunication 1 1 0%

Traitement des déchets - 1 100%

Total 199 276 38% Source : Office du développement de la coopération.

Il ressort de ce tableau que l’évolution du nombre des coopératives des lauréats di-plômés entre 2005 et 2010, a été très marquante pour les trois secteurs, en l’oc-currence, le secteur de l’agriculture, de l’al-phabétisation et de l’artisanat.

Par ailleurs, cinq secteurs de l’ensemble de quinze, n’ont connu aucune évolution quant à la création de nouvelles coopératives.Par contre, dans la même période, deux coopératives des lauréats diplômés ont été crée dans deux nouveaux secteurs, a sa-

Revue Marocaine des Coopératives 57

voir l’arganier et la main d’œuvre.Quant aux autres créneaux porteurs, quiont été franchis par les lauréats diplômés, à côté de ceux traditionnellement connus(Agriculture hors reforme agraire, Artisanat et Forêt…), on citera :1- l’alphabétisation avec des services de

conseils en comptabilité, consulting etétudes dispensés aux coopératives etassociations ;

2- le tourisme rural ;3- le commerce électronique ;4- les plantes médicinales et aromatiques ;5- les télécommunications ;6- le traitement de déchêts ;7- l’informatique ;8- les denrées alimentaires ;9- la main d’œuvre,10- les Centres de gestion ;11- les commerçants détaillants.

Tableau 2 :Répartition des coopératives des lauréats diplômés par secteur d’activité.

Années 2008 2009 2010 Variation en %

Secteurs Nbre de coopéra-

tives

Nbre d’adhé-rants

Capitalen DHS

Nbre de coopéra-

tives

Nbre d’adhé-rants

Capitalen DHS

Nbre de coopéra-

tives

Nbre d’adhé-rants

Capitalen DHS

Nbre de coopératives

Nbred’adhérants

CapitalDHS

Agriculture (HRA) 125 1567 30754339 133 1637 30796839 140 1708 30958939 12,00 9,00 0,67

Alphabétisation 42 395 807384 43 403 815384 50 461 851784 19,05 16,71 5,50

Forets 20 374 247000 20 374 247000 21 381 248400 5,00 1,87 0,57

Artisanat 13 121 679823 16 146 694723 18 160 721723 38,46 32,23 6,16

Transport 15 58 908000 15 58 908000 15 58 908000 0,00 0,00 0,00

Plantes médicina-les et aromatiques 9 88 1470471 9 88 1470471 9 88 1470471 0,00 0,00 0,00

Centre de gestion 7 71 194500 7 71 194500 7 71 194500 0,00 0,00 0,00

Commerçants détaillants 3 16 275000 4 23 278500 4 23 278500 33,33 43,75 1,27

Denrées alimen-taires 1 18 3200 4 106 35950 4 106 35950 300,00 488,89 1023,44

Tourisme 2 11 17200 2 11 17200 2 11 17200 0,00 0,00 0,00

Aragne 0 0 0 0 0 0 1 8 3500 - - -

Commerce élec-tronique 1 8 5600 1 8 5600 1 8 5600 0,00 0,00 0,00

Exploitation des carrières 1 8 28800 1 8 28800 1 8 28800 0,00 0,00 0,00

Mains d’œuvres - - - - - - 1 21 8200 - - -

Télécommunication 1 11 30000 1 11 30000 1 11 30000 0,00 0,00 0,00

Traitement des déchets 1 9 10000 1 9 10000 1 9 10000 0,00 0,00 0,00

Total 241 2755 35431317 258 2974 35541167 276 3132 35771567 14,52 13,68 0,96

Office du développement de la coopération.

Il ressort de ce tableau que, les coopératives des lauréats sont constituées de 3132coopérateurs, soit une moyenne de 11adhérents par coopérative. Toutefois, ilconvient de signaler que seulement 5secteurs: l’agriculture (1708 coopérateurs),

l’alphabétisation (461), la forêt ( 381),l’artisanat (160) et les denrées alimentaires(106), regroupent 2816 adhérents au titrede l’exercice 2010 , ce qui représente 90% du total des adhérents qui est de 3132.Par ailleurs, le nombre des adhérents des

58

Le Secteur Cooperatif au Maroc

coopératives des lauréats diplômés a connu un taux d’accroissement positif d’en-viron 14 % en passant de 2755 membres en l’année 2008 à 3132 membres en l’année 2010.En occurrence, le nombre d’adhérents des coopératives des lauréats diplômés(3132), ne représente que 0.81 % du nombre total des adhérents des coopératives agréées

(380.144 coopérateurs au Maroc ).Quant au montant total du capital des coopératives des lauréats diplômés, il s’éléve à 35.7 MDH soit une moyenne de 129.000 DH par coopérative. Le dit capital ne représente que 0.57 % du total des capitaux des coopératives, tout secteur confondu (7.804 coopératives ) qui s’élève à 6.226 MDH.

Tableau 3 :coopératives des lauréats diplômés selon les régions

Année Régions

2005 2008 2009 2010

Région de l’ Orientale 51 52 52 55

Meknés –Tafilalet 41 47 47 47

Tanger – Tétouan 32 36 37 37

Fès – Boulmane 11 18 22 27

Gharb –Chrarda - Bni Hssen 18 20 20 20

Rabat – Salé – zemmour –Zaer 12 17 18 18

Souss – Massa -Daraâ 7 9 14 17

Taza – Al-Hoceima - Taounate 5 10 12 12

Tadla – Azilal 11 12 12 12

Marrakech –Tansift – Al haouz 6 8 8 12

Grand Casablanca 3 4 4 5

Lâayoune -Boujdour –Assakia Al Hamra 1 3 4 4

Guelmim – Es- smara 4 4 4

Doukkala – Abda - - 3 4

Chaouia – Ouardigha 1 1 1 2

Total 199 241 258 276 Source : Office du développement de la coopération.

Ce tableau indique que, 50 % des coo-pératives des lauréats diplômés, sont concentrées en trois régions principales dont l’orientale accapare 20 %, Meknès Tafilalt 17%,Tanger –Tetouan 13 %. les

autres régions ont une part de 10 % pour Fes – Boulmane, de 7.24 % pour Gharb–Chrarda–Bni Hssen et 32.76 % pour les régions restantes.

Revue Marocaine des Coopératives 59

Par ailleurs, il est à préciser que la régionde Fès–Boulmane a enregistré une évolution remarquable de 50 % du nombre descoopératives créées entre 2008 et 2010 et ce, en passant de 18 coopératives à 27.

Quant à la région de Sous – Massa – Darâa,le nombre des coopératives des lauréatsdiplômés a frôlé les 17 coopératives, en 2010, contre 9 coopératives en 2008, soit une évolution de presque 90%.

Par contre, le nombre des coopérativesen certaines régions, a demeuré statique.C’est le cas de la région de Guelmim –Es-smara (4 coopératives), Tadla –Azilal(12 coopératives), Méknes – Tafilalet (47 Coopératives), Gharb – Chrarda – BniHssen (20 coopératives).

II- Les contraintes rencontrées par les coopératives des lau-réats diplômés :

Les coopératives des lauréats diplômés nesemblent pas conforter les espoirs à causede multiples raisons :

absence d’études spécifiques auxcoopératives des lauréats diplômés étant donné que celles réalisées par l’ODCO, en 2001, concernait «les coopératives des jeunes toutes catégories confondues»(diplômés ou non diplômés), de même quepour celles entamées, en 2005, par le dit Office sous le titre «les coopératives et l’emploi» qui englobait un échantillon de coopératives de différentes catégories;

fragilité des coopératives des lauréats di-plômés due à un potentiel humain dispo-

sant d’un diplôme mais sans expérienceprofessionnelle lui permettant de faireface aux exigences des demandeurs po-tentiels ;

difficulté d’accès aux financements en l’absence de garanties et de sûretés réel-les assurant la bonne fin du rembourse-ment vis-à-vis des organismes financiers;

absence d’un cadre institutionnel, d’inter-locuteur ou de structures de suivi spécia-lisés en cas de problèmes rencontrés parles lauréats diplômés ;

concurrence rude dont souffre les coopé-ratives de lauréats diplômés (coopérati-ves d’alphabétisation avec les associa-tions) et les autres coopératives avec les sociétés ;

infrastructure inadéquate et services très coûteux (aménagement de terrains et lo-caux ; lourdeur des charges ) ;

difficulté d’accès au marché à cause d’un manque de référence et de condi-tions requises pour intégrer les marchéspublics ;absence de politique commerciale en marketing et gestion ;

manque de cadre juridique cohérent et incitatif pour les coopératives des lau-réats diplômés permettant, notamment,l’acquisition ou la location collective deterrains ;

absence de politique d’interchange, d’expériences et d’informations entre les

60

Le Secteur Cooperatif au Maroc

coopératives des lauréats diplômés pour faire face aux problèmes similaires ren-contrés ;

manque de suivi et d’évaluation qui permet une bonne connaissance des ré-sultats et les mesures d’incapacités afin d’atteindre une bonne gouvernance pour la réussite du projet.

III- Mesures ciblées pour attein-dre les objectifs escomptés :

préparer et exécuter des programmes de formation selon le besoin en vue de cibler l’intégration de certains marchés prometteurs (informatique, andrologie) ;

développer en faveur des lauréats diplômés regroupés en coopératives une formation à l’entreprenariat (gestion des entreprises, gestion des ressources humaines et marketing …)

créer un espace d’interchange et d’intercoopération ,entre les coopératives de lauréats diplômés pour mener à bien leurs projets ;

enrichir les dispositifs et les mécanismes qui facilitent l’accès à une infrastructure indispensable à la création des coopératives des lauréats diplômés,

promouvoir les formules innovantes de partenariat entre tous les acteurs (les régions, villes et collectivités locales) autour de la création de nouvelles coopératives des lauréats diplômés, permettant un échange de savoir et de savoir faire entre les coopératives déjà existantes, surtout, en matière de villages artisanaux, villages des pêcheurs et pépinières agricoles,

créer une banque de données sur les potentialités de chaque région pour permettre aux lauréats diplômés de créer des coopératives dans des créneaux nouveaux et prometteurs,

instaurer des mesures incitatives en matière législative et financière pour la création des coopératives des lauréats diplômés,

encourager à la création des coopératives des lauréats diplômés dans le cadre des programmes de l’initiative nationale de développement humain dans la mesure où ce dernier ne peut avoir comme meilleur allié que ces coopératives dans le processus de création des activités génératrices de revenus, essentiellement en faveur des lauréats diplômés en quête d’emploi.

Revue Marocaine des Coopératives 61

L‘Economie sociale et solidaire

INTRODUCTION :

Depuis quelques années, un peu partout dans le monde, et au moment où les mutations que nous vivons imposent à nos sociétésla recherche d’un dépassement des limites rencontrées par les secteurs privé et public, de nombreuses expériences pour faire de l’économie autrement – se développent dans tous les pays. Cesexpériences qui se caractérisent par la volonté de concilier initiativeet solidarité, peuvent être regroupées sous des vocables divers: économie solidaire, volontaire, communautaire tiers secteur1.(1)

En plus, l’économie solidaire peut être définie par les valeurs sur lesquelles elle se base, la citoyenneté et la solidarité. Elle est définie aussi par ce qu’elle produit. La production de l’économie solidaire ne se résume pas seulement à l’économique, mais aussi au social, c’est un nouveau moyen de changement social(2) qui permet de créer des1 Quelle que soit la forme juridique (Association, fondation, organisation …) l’entreprise de

l’économie solidaire se caractérise par l’adhésion des membres à un principe de non-domi-nation du capital qui consiste à donner la primauté à la gestion de service sur la gestion du rapport, à l’activité sur la rentabilité, aux droits de personne sur les droits de la propriété. En plus, ces organisations de l’économie solidaire se basent sur deux principes : Le premier (Un homme, une voix) qui signifie que tous les adhérents de l’organisation ont le même pouvoir, le second c’est que les institutions de l’économie solidaire sont fondées sur le volontariat (principe de la porte ouverte) qui implique l’adhésion, la prise de responsabilité, l’engage-ment libre, leur objet n’est pas la réalisation du profit maximum, même si la réalisation d’un excédent est nécessaire à leur développement, leur finalité est la production des valeurs et liens sociaux. Ce sont des organisations d’intérêt général. / Revenir au texte

2 Il faut noter à ce propos que le changement social est produit par de micro-espaces collectifs d’intégration sociale et de solidarité, autonomes vis-à-vis des institutions étatiques et des entre-

Par :Hachmi BENTAHAR : Professeur d’enseignement supérieur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales d’Oujda

Et Yahya YAHAYAOUI : Professeur d’enseignement supérieur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales d’Oujda

Evolution historiquede l’économie solidaire au Maroc

62

L‘Economie sociale et solidaire

valeurs et de consolider les liens sociaux entre les différents citoyens.

Quand on cherche à traiter l’historique de l’économie solidaire, on vient forcement à s’intéresser à l’histoire de ses acteurs. Surtout quand ces acteurs eux-mêmes attirent l’attention sur le fait que l’économie solidaire n’est pas née dans les années 80 mais vient de bien plus loin.

Au Maroc, comme dans les autres pays du monde, les pratiques de l’économie solidaire ont des racines plus profondes dans la tradition économique et sociale connue à travers la longue histoire sociale et religieuse des pays.

Toutefois, il faut noter que le concept même de l’économie solidaire est considéré comme une nouvelle mouvance du concept de l’économie sociale. Ce dernier peut être considéré à son tour comme «le frère aîné» de l’économie solidaire.

Ainsi, dans ce travail, on va s’intéresser à connaître l’existence et les formes de mise en pratique de l’économie solidaire au Maroc, à l’origine et aussi actuellement et ceci à travers l’analyse de l’évaluation de ses acteurs. La question se pose à ce propos :

prises privées. L’économie solidaire est non sectorielle car elle se veut porteuse de nouvelles passerelles avec les éco-nomies marchandes et non marchande. Ces passerelles (les acteurs de l’économie solidaire) sont les vecteurs d’un changement social. Ce dernier impliqué par l’économie solidaire va sans doute transformer la culture de la tutelle par celle de la concertation et de la négociation, et celle de la réglementation à priori par une autre culture de la contractualisation.

d’une économie solidaire au Maroc? Quelles sont ses origines? Quels sont ses objectifs? Quelle est l’évolution qu’ont connue ses acteurs? Et enfin, est ce que ces derniers continuent encore à jouer leur rôle?

C’est ce qu’on va essayer de voir dans la deuxième section de ce travail, tandis que la première sera consacrée à la genèse et l’évolution de l’économie solidaire au niveau mondial.

Section 1 : Genèse de l’économie solidaire au niveau mondial :Le principe de ce qu’on appelle actuellement l’économie solidaire remonte au Moyen Âge où guildes)(3), confréries(4), jurandes(5), corporations(6) constituent autant de formes d’organisation sociale préfigurant ce que seront plus tard les organisations de l’économie solidaire et ayant une vocation essentiellement charitable.

En fait, l’étude de la genèse de l’économie solidaire sur la scène internationale est étroitement liée à l’apparition du concept de l’économie sociale, un siècle après la révolution industrielle.

3 Guilde : Des structures qui ont été apparues au Moyen Âge de type artisanal ou commercial et qui offrent à leurs adhérents des avantages particuliers, leur intérêt est à la fois culturel et commercial.

4 Confréries: Des associations pieuses, le plus souvent co -posées de principes religieux laïcs (on note par exemple : confréries de la passion créées par des laïcs parisiens qui jouaient notamment les mystères de la passion XIV – XV siècle).

5 Jurande : Des groupements professionnels autonomes, avec personnalité juridique propre et discipline collective stricte, composés de nombreux égaux, unis par un ser-ment.

6 Corporation : Réunion d’individus de même profession en un corps particulier ayant ses règlements propres, ses pri-vilèges, ses jurés chargés de la défendre.

Revue Marocaine des Coopératives 63

De ce point de vue on peut distinguer, à la suite de Jean Christophe, trois phasesessentielles du développement de l’action humanitaire dans le monde(7). Il faut noter que ce sont les organisations de cette dernière qui deviendront plus tard lesacteurs de l’économie solidaire.

A – Le mouvement fondateur :

L’inspirateur le plus ancien de l’économiesociale et solidaire est peut être lesocialisme utopique de Saint Simon (1760– 1825) qui propose, en opposition aulibéralisme, un système industriel ayant pour objet direct et unique de procurer «laplus grande somme de bien-être possible,du bonheur social à la classe laborieuse etproductrice et dans lequel il confère à l’Etatun rôle rédistributeur(8)».

Charles Fourier (1772 – 1837) s’estefforcé de recréer un milieu exemplairedans lequel l’homme pourra se développerharmonieusement et où la répartition desbiens se fait selon le travail, le capital et letalent et dans lequel l’association occupeune place centrale.

Parmi les précurseurs de l’économiesociale et solidaire on trouve aussi le célèbre Pierre Proudhan (1809 – 1865)un des précurseurs du système mutualisteet coopératif. On peut citer aussi Louis BLANC (1812 – 1882) qui a le mérite de transformer en programme politiquel’aspiration économique et sociale que7 Cf. Jean CRISTOPHE; pour l’humanitaire : dépasser le se -

timent d’échec; Revue le Débat, n° 3, 1992.

8 Eric Bidet; l’économie sociale, Edition le monde 1997, page 54.

l’on observe dans quelques concrétisations isolées.

Parmi les expériences de solidarité collective, on trouve celle de Philipe BUCHEZ (1796 – 1865) qui a été orientévers l’association de type entreprenerial dont les principales caractéristiques on trouve les réserves impartageables, «notion du capital collectif, non individualisé». Et en cas de dissolution de l’association, le capital ne peut être attribué qu’à uneassociation poursuivant un but similaire.En Allemagne, Frédéric-Guillaume Raiffeisen (1818 – 1888) a créé dans un premier temps l’association pour le pain (1847) pour lutter contre la famine, il a fondé ensuite une association qui achète lebétail nécessaire et le cède aux exploitants à un taux modéré grâce à la cautionfinancière de notables locaux.

De toutes ces expériences, deux points sont à retenir : d’une part, l’économie solidaire y apparaît comme le résultat d’expériencespratiques relayées ensuite sur le plan théorique et institutionnel et, d’autre part, elle trouve son origine dans diverses réalisations partageant en commun le souci d’instaurer un certain respect de ladignité humaine tout en garantissant une protection sociale minimale aux catégories défavorisées, voire marginalisées par la révolution industrielle.

B – L’apparition du terme d’économie solidaire :

L’expérience la plus significative qui a véritablement défini les bases de

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L‘Economie sociale et solidaire

la coopération, de la solidarité et de l’économie sociale et solidaire actuelle, est sans doute celle des «Equitables pionniers de Rochdale».Cette expérience a débuté par la constitution d’une coopérative tout en se basant sur un ensemble de principes tels que : «l’égalité et contrôle démocratique (un homme, une voix), la liberté d’adhésion, la répartition des bénéfices au prorata des activités de chaque membre, la neutralité politique et religieuse relativement mal connue aujourd’hui encore, l’expression d’économie sociale apparaît pour la première fois au début du XXe siècle et précisément en 1912, dans un ouvrage intitulé «les institutions du progrès social» dont l’auteur est Charle GIDE.

Celui-ci décrit cette économie comme une «Cathédrale dont la grande nef serait composée de trois travées» : les pouvoirs publics (au sens de la politique sociale), les associations et les patronages (C’est à dire les œuvres sociales des patrons).

C – Le tournant des années 80 :

Dès le milieu des années 70, et surtout à partir de 1980 (début d’application des programmes d’ajustement structurel dans plusieurs pays), on assiste à l’émergence d’un ensemble de pratiques de l’économie solidaire. Le désengagement progressif de l’Etat des secteurs socialement vitaux a marqué l’enclenchement des secteurs de l’économie solidaire.

Dés lors, plusieurs chercheurs ont essayé de cerner les contours de l’économie solidaire. Ces recherches ont été accompagnées, sur le terrain, par un ensemble des pratiques concrètes, et elles ont contribué, au Nord comme au Sud, à la consolidation de l’économie solidaire au niveau mondial.

Aussi, les aides financières accordées aux ONG nationales par les organisations internationales ont joué un rôle déterminant dans le renforcement de l’économie solidaire au sein des pays bénéficiaires.Dans la seconde section, nous présenterons l’évolution historique de l’économie solidaire au Maroc.

Revue Marocaine des Coopératives 65

Section 2 : L’économie solidaire au Maroc: histoire et évolution.

A – Origine et pratique de l’économie solidaire au Maroc :

L’économie solidaire au Maroc a sesracines dans la Société marocaine depuis toujours. Elle a géré la société marocainedepuis bien longtemps car elle émaned’abord de la religion musulmane et de l’esprit de solidarité, aussi bien dans les familles que dans les tribus, surtout à la compagne.

Ainsi, on peut distinguer deux périodesdifférentes quant à la mise en pratique del’économie solidaire au Maroc :

Avant le XIXème siècle, des associationsautochtones tel que des groupes tribaux oudes conglomérations de grandes familles,ont joué un rôle éminent dans la structuresociale ainsi que dans la vie quotidienne:la mission collective, la solution des conflitssociaux, les foires commerciales ont étéorganisées sur une base commune etsolidaire.Pendant cette période et jusqu’à nos jours,le système social à la campagne s’est basé à travers le Maroc sur la tribu quiest solidaire dans toute les circonstances, même en cas d’affrontements : litiges deterre, rixes, crimes …etc.

Du point de vue religieux, il est dit dans leCoran des versets «soyez solidaires» «Aidezvos proches, les pauvres, les nécessiteurs»«Donnez la Zakat et Lâchour». Pour la

Zakat, les riches aident les pauvres au moisde Achoura selon des critères déterminéspar la religion musulmane et qui se basent sur le gain ou la fortune de chacun. Onse base soit sur la fortune pour donnerla Zakat en argent, soit sur le nombre de bêtes (Ovins, bovins, dromadaires) qu’onpossède et on la donne alors en bêtes, soit enfin sur la quantité récoltée en blé, orge ou maïs. Du point de vue social, c’est la Touiza qui est souvent pratiquée surtout àla campagne.

Pour la moisson qu’on exécutait à la faucille,plusieurs agriculteurs moissonnaient lechamp de chacun et à tour de rôle. Après la moisson, c’est le même systèmequi est employé pour le battage avec lerassemblement de plusieurs chevaux etmulets. Il en est de même pour les labourset les semences.

La Touiza est employée aussi pour lesconstructions de moissons, bergeries,creusement de puits … etc. Elle est utilisée notamment par les gens qui n’ont pas demoyens financiers pour faire face aux fraisde main-d’œuvre.

Ainsi, chacun recueille ses journées detravail. La Touiza est aussi utilisée pour lebien, sans contrepartie, au bénéfice denécessiteux …

Cette forme de solidarité était aussiordonnée par les Caïds et chefs detribus pour l’aménagement de pistes, laconstruction de canaux d’irrigation pour lepartage de l’eau dans les terres irriguées.A cet effet, il y avait une collecte faite par

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L‘Economie sociale et solidaire

les gens aisés pour l’achat de matériaux; cela était fait pour le bien collectif. Grâce à ceci, l’infrastructure économique voit le jour et permet un certain développement. La campagne a été délaissée avant l’indépendance du Maroc.

La Touiza est aussi pratiquée dans les villes et villages, entre parents et personnes d’une même tribu, souvent pour la construction. Surtout, elle est pratiquée dans les bidonvilles après l’exode rural dû à plusieurs années de sécheresse.

L’économie solidaire est toujours pratiquée à ce jour. Dans les familles aisées, on vient en aide aux proches pour leur entretien, pour les nécessiteux pour les mariages, funérailles ou toute autre occasion. Dans les familles, les plus âgés et ceux qui travaillent hébergent leurs frères et sœurs, soit jeunes, soit en chômage. C’est grâce à cette solidarité que les gens survivent. On ne voit pas cette solidarité pratiquée systématiquement dans les pays occidentaux comme au Maroc. Aussi, dans une famille marocaine, quand le père décède, ou qu’il touche un revenu insuffisant pour faire face aux besoins de sa famille, c’est l’aîné de ses enfants qui travaille et qui prend en charge toute sa famille, il se sacrifie pour elle, surtout pour permettre à ses frères et sœurs de poursuivre leurs études.

Les formes de solidarité au Maroc sont nombreuses et essentielles dans les relations humaines et on a cité que quelques-unes.

Outre que la «Touiza», ils existent d’autres associations autochtones comme la

«jemaâ», «l’agadir», «la mousharaka» ou encore «le mouzaraâ» qui étaient fondés sur la loi islamique ou les coutumes berbères.

Ces associations bénéficiaient au niveau du financement, de donations privées ou de fondations religieuses dans les zones urbaines et rurales.

Ce qui est remarquable, c’est la résistance de telles formes d’institutions, comme la «Jemaâ», avec les mêmes préoccupations, notamment dans le haut Atlas et le Sous. Elles participent à l’électrification et l’alimentation en eau potable des Douars, exemple : Douar «Ayt Yahya» (Alrif province Errachidia) et Douar «Ayt Sidi Insaâd» (Tazarine province Ourzazate)

- Pendant l’ère coloniale :La notion moderne d’association ou d’ONG a été introduite au Maroc pendant la période du protectorat français (1912 – 1956) par le Dahir de 1941. Seules les français et autres étrangers avaient l’autorisation juridique de créer des organisations. Cependant, depuis 1923 plusieurs associations, groupes de musique, de théâtre et de sport ont vu le jour dans toutes les grandes villes marocaines : Tanger, Casablanca, Rabat, Fès et Marrakech.

Les traits marquants ces associations de l’ère coloniale, c’est leur fondation par des militants nationalistes, prédominance du discours «Salafi» et leur orientation vers les activités très populaires : sports, musique, théâtre, scoutisme …, montrent leur articulation avec le nationalisme.

Revue Marocaine des Coopératives 67

B – Régulation et essor des acteurs de l’économie solidaire au Maroc :

Depuis l’indépendance, l’évolution desacteurs de l’économie solidaire au Maroc a connu trois phases distinctes :

Le droit d’association a été institué, enpremier lieu, par le Dahir Royal du 15novembre 1958 et continue d’être garantipar la constitution marocaine. Ce fameuxDahir spécifie la manière d’exercer ce droitconstitutionnel, en se basant sur des notionsmodernes et sur les traditions séculaires duMaroc. Ses dispositions offrent un cadrejuridique pour toute activité associative, comme action collective, peut être institutionnalisée.

En fait, cette période a été marquée parla création de plusieurs associations dans toutes les régions du Maroc, situation qui vaêtre limitée après par des aménagementsapportés par le Dahir de 10 Avril 1973.

Le Dahir du 10 avril 1973 a restreint la liberté d’association de façon plus significative. Ses dispositions sont relativesau statut juridique des associations (l’obligation de l’autorisation administrative), elles accordent aux autorités une plusgrande discrétion de décision quant à lalégalisation de l’ONG (la dissolution del’association est désormais du ressort des autorités administratives après qu’elle a été

à la discrétion du tribunal provincial).

Malgré cet ensemble de restrictions juridiquesimposées aux associations depuis 1973,un grand nombre d’association ont vu lejour, la vie associative a continué de jouerun rôle important dans le développementde la vie sociale et culturelle du pays.

nos jours :Parmi les changements importants qui sontsurvenus au Maroc et qui ont contribué àl’émergence des associations, principalescomposantes de la société civile, la crisefinancière du milieu des années 80 et le programme d’ajustement structurel (PAS)lancé par le gouvernement en 1983, enentraînant un déclin du niveau de vie delarge couche de la population marocaine.De façon générale, la plupart desassociations créées durant la dernièredécennie considèrent que les politiquesappliquées par l’Etat depuis l’indépendancesont responsables des problèmeséconomiques et sociaux du pays.

Actuellement, conscientes que l’Etat seulne peut pas tout faire, les associations ontopté et choisi de s’attaquer à la résolutionde ces problèmes. Tout en gardant unplus grand degré d’autonomie afin desauvegarder une certaine légitimité vis-à-vis de la population qu’elles représentent etgarantissent une plus grande efficacité à ladéfense de leurs intérêts.

Contrairement aux vieilles associations, laseconde génération d’ONG se considèrecomme faisant partie d’un mouvement

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L‘Economie sociale et solidaire

international plus vaste qui se développe grâce à la consolidation de la société civile sur le plan national.Les activités des deux générations d’ONG différent également dans leur contenu. La première génération cherche à s’engager dans des activités caritatives et étroitement concentrées sur le culturel et le social. La seconde s’engage normalement dans un nouveau type d’activité, tel que le développement communautaire, la santé, la protection de l’environnement, la promotion des petites et moyennes entreprises … et les questions féminines.

Ensemble, elles constituent un secteur dynamique capable d’améliorer la vie du citoyen marocain et d’accélérer le rythme du développement du pays.

Conclusion :

A la lumière de ce qui précède, nous constatons que l’économie solidaire au niveau du Maroc n’est pas récente, elle remonte à un passé plus ancien. Aussi, on peut dire que l’évolution historique de l’économie solidaire est liée à celle de ses acteurs. Ainsi, l’analyse de l’histoire de ces derniers nous a permis de constater que l’économie solidaire n’est pas née dans les années 80, mais sa naissance date de plus loin.

«La tradition associative» est ancienne au Maroc : des éléments nouveaux ont marqué le mouvement associatif marocain au cours des dernières décennies le faisant proliférer autour des besoins, des centres d’intérêt de la société (donnant le jour même à des associations de consommateurs et pour la protection de l’environnement). Et en particulier dans le domaine de la culture, de la défense et de la promotion des droits de l’homme.

Aussi, la société civile ne peut trouver application dans le monde arabe ou arabo-musulmen «sauf si l’entendre comme l’un des groupements d’individus concrets, reliés entre eux par des structures familiales, des relations d’appropriation de l’échange marchand, des interactions langagières, des cultes, des rites, des rixes, des jeux dont le fonctionnement n’est pas uniquement réglé par le hasard ou la violence nue».

Enfin, pour faire face aux problèmes économiques et sociaux auxquels l’Etat ne peut seul résoudre, l’économie solidaire est appelée, ces dernières décennies, à jouer continuellement son rôle à travers ses acteurs; aussi, la seconde génération d’ONG se considère aujourd’hui comme faisant partie d’un mouvement international plus vaste qui se développe grâce à la société civile au niveau national.

Revue Marocaine des Coopératives 69

1. Introduction

L’économie sociale et solidaire s’est affirméedepuis les années 1980 comme une voiealternative à l’économie privée et publiqueclassique. En effet, Cette économie se veutune nouvelle manière d’entreprendre et d’agir en société.

Aujourd’hui, Il s’agit de renouer avec l’essence même de l’économie qui étédepuis la préhistoire à caractère sociale, Jusqu’à ce qu’elle change de visage avec l’avènement de la révolution industrielle.Ainsi, praticiens, économistes, décideurs … s’accordent tous sur le rôle majeur quepeuvent jouer les institutions de l’économiesociale et solidaire dans la réalisation despolitiques de développement.

Néanmoins, il nécessaire de clarifierd’emblée que les institutions en questionbien qu’elles ont comme dénominateurcommun les principes fondateurs fondéssur la primauté de l’Homme sur le capital, elles demeurent divergentes quant à leursmodes d’action. L’un des critères essentielsde révision de leur classification est ladimension commerciale qui caractérisecertaines parmi elles. A cet égard, en

étroit accord avec la vision anglo-saxonne,nous tendons à scinder les institutions del’économie sociale et solidaire en deuxcatégories :

associations, mutuelles et fondationsdont la mission est dominée par le voletsociétale (plaidoyer, conseil, charité,aides, etc.). cette économie se veutcomme un palliatif aux effets pervers de l’économie de marché ;

commerçante sans but lucratif. Les seulesinstitutions dont le profil coïncide avec cettevocation et les principes de l’économiesociale et solidaire sont les coopératives.

En d’autres termes, la présence descoopératives sur le marché exigent àce qu’elles soient analysées et traitéesdifféremment. Puisqu’elles peuvent être àl’origine d’un nouveau modèle économiquegrâce à leurs qualités socioéconomiques,transactionnelles et concurrentielles. Dans cet article(1), nous avons pourobjectifs de :

1- Cet article est issu d’une communication faites par l’auteur aux «3èmes Rencontres des Initiatives Citoyennes Euro-mé-diterranéennes» à El Jadida le 26 janvier 2011 sous le thème «La coopérative, actrice économique du territoire, État des lieux et perspectives».

Par : Hicham ATTOUCHProfesseur à la FSJES Souissi Rabat

[email protected]

Économie solidaireet développement humain

territorial

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L‘Economie sociale et solidaire

paradigme émergent ayant pour institution de base les coopératives ;

l’économie solidaire au développement humain territorial ;

l’émergence d’un véritable secteur coopératif au Maroc à la lumière des conclusions tirées des 2 sections précédentes.

2. Caractérisation du paradigme coopératif

Un paradigme peut être définit comme «l’ensemble organisé d’idées concernant la conception sociologique de l’Homme, quelques valeurs fondamentales correspon-dantes ainsi que des finalités existentielles qui se matérialisent dans une pratique concrète» (Martin A. & Lafleur M., 2009). Trois éléments constituent donc les clés de compréhension de n’importe quel paradig-me et delà savoir s’il peut servir le bien-être de l’Homme. Ces clés sont : la place de l’homme dans le système et les valeurs et les finalités du système. Force et de constater depuis trois décennies que le paradigme dominant «néolibéral»(2)

est en perte de vitesse, et ce pour plusieurs raisons. Citons entre autres quelques-unes:

(3) dont la plus récente est la crise systémique internationale de 2008(4) ayant comme principal effet néfaste: la socialisation des faillites et problèmes du système néolibéral et le bénéfice des responsables de son déclenchement de parachutes d’or;

de la population des différents pays, aussi bien au nord qu’au sud, de se retrouver sans droits économiques et sociaux alors que les droits politiques et civiques furent déjà en question dans certains pays y compris ceux émergents. En particulier, dans la zone arabe, le fantôme du chômage et de la précarité a pesé et continu de l’être sur les politiques socioéconomiques misent en œuvre.

de garantir l’émancipation de l’Homme par la seule réalisation de forts taux de croissance économique. La raison de ceci réside de la construction même du mode de production néolibéral qui favorise une répartition uniquement en faveur des détenteurs des capitaux.

2- A l’échelle planétaire les grandes puissances notamment le G8 épaulées par les organisations supranationales telles que le FMI et la Banque Mondiale ont dicté la loi du plus fort en instituant le libre échange et en défendant l’idée se-lon laquelle les marchés peuvent s’autoréguler moyennant l’existence de règles prudentielles superficielles. Toutefois, à l’échelle des nations, différents modes de production existent (socialisme, communisme du marché, féodalisme, etc.) voir même cohabitent dans certains pays (Cf ; théorie de développement dual).

3- Durant les 30 dernières années l’économie mondiale est passée par plusieurs moments difficiles. Citons à titre d’exemple la crise latine 1994 et la crise asiatique 1997 dont l’onde de choc s’est propagée aux différents pays du monde créant une instabilité économique avec de lourdes répercussions sur le social surtout dans les pays en déve-loppement.

4- Systémique car elle a touché depuis 2005 plusieurs do-maines (énergie, alimentation, finance, économie) et pays; et elle a déstabilisé les modes de croissance qui se sont développés depuis les années 1980.

Revue Marocaine des Coopératives 71

Figure n°1:Comparaison Homme-Valeurs-Finalités des paradigmes néolibéral et coopératif

Source : Construction auteur

Bref, les crises et les risques du paradigmedominant à ce jour sont toujoursomniprésentes et les solutions pour lesorthodoxes réside dans le maintien del’ordre existant avec du lifting, tandis queles hétérodoxes(5) il faudra changer deparadigme.

Comme le montre la figure n° 1, le para-digme coopératif se présente comme l’undes paradigmes plausibles susceptible dedétrôner le paradigme néolibéral. En effet,si ce dernier s’est construit dès le départautour de la conception sociologique del’homme économique rationnel qui ne cher-che que son bien et que le bien-être collec-

tif serait le résultat d’agrégation ; le para-digme coopératif défend l’homme altruistedont le bonheur passe impérativement par celui des autres. Une telle conception so-ciologique de l’homme influe directementsur les valeurs et les finalités complétant le paradigme.

Les valeurs coopératives, diamétralement opposées à celles du paradigme néolibéral, vont dans le sens de mettre l’Homme au centre des préoccupations sans oublier lapréservation de son environnement aussibien social que naturel. Le projet de sociétéqui découle de ces valeurs plaide en faveur du gain qui mène vers le bien-être collectif,

5- La causes apparentes (subprimes) de la crise actuelle sans largement diffusées alors que les limites des modèles de croissance dominants (endettement, recherche de la rentabilité maximum des capitaux, spéculation, etc.) ne sont évoquées que par les approches hétérodoxes.

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L‘Economie sociale et solidaire

à l’encontre du projet de société néolibéral qui enrichit les riches et cherche à apaiser les douleurs des pauvres via des politiques sociales d’intégration. Les finalités du paradigme coopératif seraient donc le développement de la personne loin de la conception étriquée de l’homo-économicus et le développement local ou territorial au détriment de la seule croissance mesurée par la production et la consommation de masse.

Empiriquement, le paradigme coopératif se concrétise au travers la multiplication du nombre des coopératives à l’image des SCOP(6) dont les caractéristiques

(Cf. tableau n° 1 ci-dessous) matérialisent «la primauté de l’homme sur le capital». Cette réalité est confirmée par la définition des coopératives retenue par l’Alliance coopérative Internationale (2010) : «Les coopératives sont des entreprises détenues et régies de manière démocratique et guidées par les valeurs de l’entraide, de l’auto responsabilité, de la démocratie, de l’égalité, de l’équité et de la solidarité. Elles axent leurs activités sur la personne et permettent aux membres, par le biais de décisions prises démocratiquement, de déterminer de quelle manière ils veulent réaliser leurs aspirations économiques, sociales et culturelles.».

6- Société coopérative et participative.

Tableau 1:Comparaison des caractéristiques de l’entreprise capitaliste et d’une SCOP

Statut de l’entrepriseSociété capitaliste, S.A.

SARL.SCOP

Dénomination du capital Action Part sociale

Définition Titre de propriété juridiqueEngagement financier dans une propriété collective

Rémunération Dividende et plus value Revenu limité légalement

Cession Pas de remboursement Négociable sur le marché boursier

Remboursement conditionnel au-delà de la partie non remboursable et des réserves impartageables

Valeur de cession A la hausse ou à la baisse Instable A la valeur nominale Stable

Variabilité Fonction de la liquidité Faible liquiditéDroit de vote Proportionnel au capital

investiUn homme, une voix

Stabilité du contrôle Non OuiPossibilité de rachat des titres par l’entreprise

Oui Conditionnelle

Source :

Revue Marocaine des Coopératives 73

Nonobstant, la multiplication quantitative des coopératives dans un paysdevra nécessairement découler d’undéveloppement sociétal volontaire etêtre accompagnée par : une présenceprépondérante dans tous les secteurs dela vie (économiques, sociaux, culturelles,etc.), une maturité qualitative dans lagestion de la chose locale et national et unesprit d’innovation.

Ceci étant la question centrale qui reste posée est la suivante : comment leparadigme coopératif peut-il source dedéveloppement humain territorial ?

2. Les coopératives, lieu d’interaction ES-DHT(7)

La publication du rapport Brundtland surle développement durable en 1987 et du rapport sur le développement humain dansle monde en 1990 a constitué un tournantdécisif dans l’histoire de l’économie de développement. Au fil du temps, lesdimensions qualitatives de liberté, de participation, de gouvernance et dedéveloppement des capacités ont rejointles dimensions quantitatives mesurées parles indicateurs de développement humain(IDH, ISDH, IPH-2 et IPH-1) et par la batteriedes indicateurs des Objectifs Millénairesde Développement prescrits en 2000.

Ainsi, après plusieurs décennies de défense de politiques centrales du développement basées sur la croissance économique, voicique des stratégies de développement local

et territorial (Lévesque, 2001) prennent le dessus. Selon Tremblay et Fontan (1994) ces stratégies relèvent de deux paradigmes :

toujours par des motifs économiques ettechniques ;

traduit par des initiatives économiquesinspirées de préoccupations sociales.Ces initiatives encouragent l’apparitionde la solidarité et de la démocratieéconomique qui à leur tour favorisent laparticipation élargie et le contrôle de la communauté et des personnes dans ledéveloppement du territoire.

Pendant plus de 20 ans de discours surle développement humain durable, lesrésultats sont restés très mitigés et révocablesà la moindre crise. Deux raisons majeursexpliquent cette situation. La première,c’est la vision réductrice du développementhumain marquée par la seule recherche dela satisfaction des besoins élémentaires endépit du coloriage qualitatif (participation,gouvernance, …). La seconde raison, c’estla considération du développement humaincomme une politique complémentaire et unremède aux défauts du système économiquedominant. L’issue plausible d’une tellesituation réside dans la concrétisation dudéveloppement humain territorial sur labase de la proximité l’initiative locale et lepartage des responsabilités et des résultats.Ces éléments sont le propre même del’économie solidaire.

7- Economie Solidaire-Développement Humain Territorial

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L‘Economie sociale et solidaire

D’ailleurs, comme le démontre la figure n° 2 ci-après, les objectifs du développement humain territorial vont de paire avec les principes et les finalités de l’économie solidaire. Le lieu de rencontre de toutes ses aspirations c’est la coopérative qui nait dans un territoire et milite activement de différentes manières pour le préserver

et le développer. «L’imbrication effective d’une démocratie sociale en interne et de réseaux de partenariat en externe constitue la source même des effets positifs de proximité, directs et induits, qui font la preuve de la contribution des banques coopératives au développement local.» (Gianfaldoni & Richez-Battesti, 2006)

Figure n°2 :Mise en relation par les principes de l’économie sociale et du développement

humain territorial

* Exemple: Des coopératives se créent en vue de distribuer de l’électricité d’origine renouvelable ou de produire de l’énergie solaire et éolienne.

Source : Construction auteur

Les apports bénéfiques des coopératives au développement humain ne sont plus à démontrer. Sur le plan conceptuel et pratiquement les coopératives peuvent être et sont, en plein essor des entreprises qui contribuent de manière significative à réduire la pauvreté, promouvoir l’égalité entre les sexes, offrir des services de soins de santé, lutter contre la pandémie du VIH/

sida, assurer un environnement durable (Birchall 2004). «Devenir membre d’une coopérative, c’est pour une femme se doter d’une stratégie d’indépendance, produire son propre revenu et constituer son propre patrimoine, et apprendre à surmonter les préjugés et les partis pris les plus enracinés. Et c’est en même temps jouer un rôle important dans la réalisation des objectifs

Revue Marocaine des Coopératives 75

du Millénaire pour le développement.»(SG-ONU, 2010).

Plus spécifiquement, le développementhumain passe nécessairement par lalutte contre la pauvreté et la création des emplois décents. A ce niveau, lacoopérative « en tant que société, elleest autorisée légalement à distribuer àses membres (propriétaires/usagers)une partie de ses excédents issus de sesactivités. Elle entretient des transactions d’affaires avec ses propres membres. Il est possible de former une coopérative avecun faible capital de départ. La coopérativebénéficie des économies d’échelle. Lacoopérative limite la responsabilité de ses membres et, en cas de faillite le patrimoineprivé des membres est épargné. En

conséquence de ce qui précède, on déduitque la coopérative possède un avantagecomparatif multiple pour lutter contre lapauvreté … » (Kamdem, 2010 :7).

Dans le même ordre d’idées, «… lescoopératives jouent un rôle important dans la création d’emplois du fait qu’elles soutiennent directement le développement d’activités professionnelles autonomes et rémunératrices et créent des opportunités d’emploi supplémentaires.» (FAO, 2010). Bref, la dynamique de la coopérative constitue la plateforme de l’économie solidaire susceptible d’engendrer un véritable développement humain. La figure n° 3 traduit parfaitement cette relation quiexiste entre le développement humain et l’économie solidaire.

Figure n°3 :Rôles des coopératives dans l’éradication de la pauvreté humaine

Source :

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L‘Economie sociale et solidaire

Malgré les spécificités et les avantages multiples du paradigme coopératif et en dépit de l’intérêt croissant donné à ce paradigme(8) force est de constater que les coopératives se sont déve0loppent et se développent à la marge des systèmes économiques dominants (capitalisme, socialisme, hybride) ou à leur merci. Ceci rend le projet de la république coopérative (de Charles Gide) une utopie comme au tant d’utopies et illusions qui se sont construites pendant plus de 150 ans autour de l’économie solidaire institutionnelle (Draperi, 2000).

Comment se présente la situation des coopératives au Maroc ? Et comment peut-on rendre concrète la relation DHT-ES dans le cas marocain ?

4. ES-DHT, quelles conditions de réussite au Maroc?

En 2010, la cartographie du coopératisme au Maroc se présentait ainsi(9) :

-tiellement dans les secteurs traditionnels: 2/3 agricoles; 13% habitation; 12,4% artisanales;

contre 264 en 2003. A titre de compa-raison, 24.560 entreprises classiques (personnes morales ont été créées en 2010 (OMPIC, 2011).

Drâa en tête (11,29%) suivie des régions à vocation agricoles au moment ou le centre industriel névralgique du Grand Casa ne compte que 2,83% des coopé-ratives. Les 3 régions du sud ensemble totalisent 9,11%;

coopérative contre 61 en 2006 et 55 en 2008). Le total des adhérents avoisine 3% de la population active marocaine);

coopératives s’élevait à 6.226.715.420 DH au avec une moyenne de 797.888 DH par coopérative contre 960.430 en 2008. Cette moyenne cache le fait que 73,4% de ce capital est détenu par un seul secteur « l’Habitat » et que 89% des coopératives peuvent être assimilées se-lon le critère du capital à des très petites entreprises (10) ;

8- Durant la dernière décennie un intérêt croissant a été donné par des organisations internationales aux coopéra-tives : incitation à la promotion des coopératives. (89ème Session BIT, Juin 2001); reconnaissance de la capacité des coopératives d’éviter la séparation de l’économique et du social. (Recommandation 193 de l’OIT, 2002); pro-clamation de 2012 «Année internationale des coopérati-ves» (Résolution 64/136. Rôle des coopératives dans le développement social, 65e séance plénière 18 décembre 2009).

9- Statistiques adaptées des données de Dardory (20 janvier 2011). Dardory Mohamed. Chef du Service Economique à l’ODCO.

10- Selon le livre blanc de la PME parmi les critères d’iden-tification d’une très petite entreprise : total bilan inférieur à 5 millions de dirhams.

Revue Marocaine des Coopératives 77

l’ensemble des coopératives (CA, EBE, etc.) ne sont pas disponibles faute d’audit et de communication obligatoire des résultats, sachant qu’un plan comptable des coopératives existe depuis 2001.

En dépit des progrès notables en terme quantitatif, la cartographie précédente dénote une réalité contradictoire avec la tradition séculaire de solidarité existante au Maroc via Touisa, Tawala, Agdal, Nouba, etc. Par ailleurs, les attentes vis-à-vis du secteur coopératif marocain sont multiplesvu l’existence de déficits socioéconomiques (chômage, pauvreté, précarité, etc.) et l’importance que prennent les coopératives dans la sortie de la crise systémique internationale de 2008 dans différentspays du monde.Toutefois, pour que les coopératives jouent pleinement leurs rôles et constituent un soclepour l’émergence du paradigme coopératifau Maroc certaines conditions de réussite doivent se réaliser :

suffisante, consiste en la préservationde l’identité coopérative de l’emprisede 3D: Domination du managementmortel(11); Déviationnisme capitalisteou rentier et Dépendance simultanéede l’État et de l’entreprise classiqueavec développement d’espaces deconcertation.

nombre de trois, à savoir:

u Développement du coopératisme via un processus sociétal volontaristeet non comme palliatif dirigé par l’État;

u Ouverture de tous les secteurs àla coopérative avec limitation du lobbying;

u Création d’un guichet unique pour les coopératives avec assouplissementdes procédures de création.

11- Selon Deming 5 maladies du management: Absence planification, profit CT, évaluation arbitraire, volatilité des managers et primauté des chiffres comptables.

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Bibliographie

création d’emplois décents en Afrique» Conférence à la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Rabat, 19 avril 2010, Réseau Marocain d’Economie Sociale et Solidaire REMESS.

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à travers l’entreprenariat coopératif et la

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La crise de la société salariale, etdes derniers îlots du fordisme, le démantèlement, programmé, de l’étatprovidence et la dérégulation rampante,poussée jusqu’au bout par la montéeen flèche de la spéculation financière, mettent l’humanité devant de nouveauxproblèmes. Les réponses ou les solutions à apporter à ces problèmes ne peuvent plusêtre techniques.Ils exigent une refonte deslogiques actuelles, voire un dépassement,pour sortir du dilemme des crises et pouvoir proposer de nouvelles perspectives dedéveloppement basées sur des projets de société novateurs ayant pour objectifl’émergence d’un nouveau compromis historique, qui ne se limite plus au cadre,étroit et peu adapté aux changementsactuels, de l’état –nation, permettant ainsi àl’humanité, dans son ensemble, d’entamerune nouvelle marche vers le progrès socialet la réhabilitation des valeurs l’égalité etl’équité.

Repenser les schémas héritésL’intégration sociale, en s’attaquant aux racines de l’exclusion sociale et en offrant aux exclus d’aujourd’hui des perspectives

de mobilité sociale demain, représentele problème majeur qui exige unesolution conçue sur des bases nouvelleset éthiques parce que l’exclusion, purproduit des inégalités, affaiblit le sentimentd’appartenance collective et devient,de ce fait, une bombe à retardementqui menace la cohésion des sociétés, lacohabitation et le système économiquemondial, structuré autour d’une financedétachée de l’économie réelle et fragilisépar l’explosion des bulles spéculatives àrépétition et à un rythme de plus en plusrapide, et risque de provoquer une grandeet longue tragédie humaine, surtout aprèsla montée des expressions idéologiqueset politiques populistes et les démons dupassé.

Toute solution au problème de l’intégrationsociale, tel qu’il se présente actuellement,amène, obligatoirement, à repenser lesschémas hérités du siècle dernier et du 19ème siècle et relancer un débat sain etconstructif pouvant éclaircir de nouvellesperspectives d’équilibre entre l’économiqueet le social ou,plutôt, une recompositionfavorable à la relance du progrès social

Par : Koumina Mohamed Najib

Combler le vide stratégique

Une vision d’ensemblepour un développement harmonieux

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L‘Economie sociale et solidaire

à travers des modèles de redistribution et de sécurisation des revenus post- fordistes adaptés aux changements économiques et technologiques, à l’exclusion durable d’une partie de la population, aux nouvelles données démographiques et aux défis des changements climatiques.

L’économie sociale et solidaire, telle qu’elle a été reprise et conçue pendant les années 80 et 90 du siècle dernier, après avoir été rangée aux oubliettes durant plusieurs décennies, est, aujourd’hui, présentée par les uns, surtout des groupes alter mondialistes, comme alternative à «la faillite social» du système capitaliste, la faillite, tout court, des systèmes communistes basés sur le léninisme, et aux limites des expériences menées par les sociaux démocrates rattrapées par les malédictions du capitalisme. Elle est présentée par d’autres comme un tiers secteur, entre privé et public, pouvant participer à la recomposition du système capitaliste en introduisant un nouvel équilibre entre l’économie et la société favorisant l’émergence de nouveaux espaces de solidarité et, surtout, à créer des emplois permettant aux exclus de générer des revenus leur garantissant des chances de vivre décemment.

Au Maroc, comme dans d’autres pays en développement, l’introduction du terme économie sociale et des pratiques nouvelles de l’économie sociale et solidaire, càd l’action associative, a été, contrairement à ce qu’avancent certains activistes, initié par l’état à la fin des années 80 du 20éme

siècle en mettant l’accent sur le rôle que peut jouer ce secteur dans le plan quinquennal 1988-1992 et en lançant des corporations de développement communautaire locales et régionales, formés par des notables et présidés par des personnalités issues des hautes sphères de l’état. Dans les deux cas, l’état cherchait à combler un vide social survenu suite à la mise en œuvre des programmes d’ajustement structurel édictés par le FMI, après la crise financière et économique des années 80 du siècle dernier, qui ont imposé des mesures draconiennes pour maîtriser les déficits publics et mettre fin au rééchelonnement de la dette extérieure. Ces mesures, mal maîtrisées par une administration mal préparée pour changer de cap et agir autrement, ont généré une crise sociale sans précédent ayant provoqué des explosions en 1981,1984 et 1990. La tentative de l’état de combler le vide par des outils associatifs, ²préfabriqués, a fini par produire l’effet inverse. Ils ont, plutôt, accentué les tensions et la contestation.

Prise de conscienceC’est au début des années 90 que les premières initiatives associatives indépendantes, appartenant à une nouvelle génération, ont commencé à voir le jour dans des provinces marginalisées, comme khénifra. L’assistance international a contribué, de façon déterminante, au développement d’un tissus associatif dédié au développement et à la lutte contre la pauvreté et la marginalisation, y compris les associations opérant dans le

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domaine du micro crédit ayant précédé la promulgation d’une loi encadrant leurs activités spécifiques. Le développementde ce tissus, hétérogène et empreintde caractéristiques découlant de sonenvironnement socio –culturel et politique,a atteint sa vitesse de croisière durantla dernière décennie, surtout après le lancement de l’indh. Cette vitesse a reflété une prise de conscience d’une large tranche de la population des devoirs de citoyenneté et une volonté d’agir en commundans le champ public et contribuer, dans le cadre du volontariat, au développement humain, devenu un enjeu majeur sur la scène internationale et nationale après lapublication du premier rapport du PNUDsur le développement humain en 1990,mais elle a,également, reflété une action de l’état et des autorités locales visant àdonner une impulsion à un tissus associatifqui soit en mesure de participer à la mise en œuvre de sa vision de la luttecontre la pauvreté et de développementhumain, caractérisée par une volonté dene pas poser le problème majeur des disparités et la décentralisation des coûtsde ce développement, même en l’absencede filets sociaux capables d’amortircertains retraits programmés de l’état,et la mobilisation des ressources locales et internationales, non conventionnels, surtout les dons . L’effectif total des associations au Maroc actuellement est estimé à 40000, dont un grand pourcentage est inactif.

Le secteur des mutuelles, quand à lui, astagné durant cette période et continué à

être dominé par les mutuelles de couverturemédicale pour les fonctionnaires et lesemployés du secteur public, après ladécision de la banque populaire de mettrefin à son soutien à plusieurs sociétés decautionnement mutuel, crées sur soninitiative pour faciliter l’accès des artisans aufinancement bancaire, suite aux problèmesde gestion et de recouvrement. Ce secteurqui a connu la plus grande opération derestructuration au début de la décennie1970 avec la création du CNOPS, n’aconnu depuis qu’une seule opérationd’envergure ces dernières années, à savoirla fusion de la MAMDA et du MCMA, entre temps ce secteur a connu desproblèmes de gouvernance dont le dossierde la mutuelle générale des fonctionnairestraité par la justice actuellement est l’un desmanifestations.

Retards et logique négativePar contre le secteur coopératif qui disposait d’une nouvelle loi, promulguée en 1984, n’a pas évolué au même rythme durant les années 80 et 90, à cause du retard pris pour publier le décret indispensable pour l’application de cette loi, la première qui a autorisé la création des coopératives dans tous les secteurs sans restriction et proposé des incitations fiscales sans limites, mais aussi à cause des procédures administratives lourdes, le manque de communication adéquate avec la population cible, les préjugés découlant de l’expérience de la réforme agraire arrêté en 1981 et l’affaiblissement des pratiques solidaires traditionnelles.

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A part le secteur du lait qui a bénéficié d’un plan laitier faisant des coopératives un outil de restructuration- développement, la création des coopératives ne s’insérait dans aucune vision. Elle relevait, plutôt, des initiatives spontanées ou soutenues par des bailleurs de fonds internationaux en l’absence d’une stratégie claire, et d’instruments efficaces pour mener des actions concrètes, visant à donner l’impulsion à un secteur coopératif qui ait la capacité et la force pour pouvoir se positionner sur la scène économique et sociale nationale avec force et contribuer ainsi à la création de la richesse, l’offre d’emplois décents, la génération de revenus et l’intégration des exclus, sachant que la décennie 90 était la décennie ou la pauvreté absolue à atteint des taux sans précédent selon les données statistiques nationales et internationales. La créations de ces coopératives était influencé, ce qui est le cas même aujourd’hui, par la continuité d’une logique négative ne permettant pas d’évoluer vers une logique d’entreprenariat solidaire dans le cadre d’une économie de marché, ce qui a eu pour résultat : une mortalité élevée, une mauvaise gouvernance et une ingérence disproportionnée de l’administration dans la vie des coopératives allant, parfois, jusqu’à la tutelle ou la manipulation.

Si le gouvernement, en collaboration avec le FAO, a procédé à la réalisation d’une étude sur le secteur coopératif à la fin des années 1990 en vue d’élaborer une stratégie de développement, l’administration

s’est montré méfiante et peu coopérative ce qui a abouti à une perte d’argent et de temps et à mettre fin à un processus qui a produit des documents ayant été rangées dans les terroirs.

C’est à partir de 2000 que le gouvernement de l’alternance consensuelle a commencé à penser à l’ utilisation du potentiel de l’économie sociale en général, et des coopératives en particulier, pour atteindre les objectifs de développement économique et social arrêtes, et surtout pour créer des emplois et lutter contre la pauvreté et l’exclusion, mais il a tardé à concrétiser cette volonté affichée dans un document stratégique sectoriel détaillant les objectifs et les mesures adéquates pour son application, ce qui n’a pas amené à la dynamisation et la restructuration des composantes de l’économie sociale et solidaire et à rompre avec la routine administrative improductive. Mais il faut reconnaître qu’une idée nouvelle a commencé à prendre son chemin et à marquer une présence dans le débat public depuis ce temps. Cette période a été caractérisé, également, par le lancement du projet arganier, financé par l’union européenne, et la création de l’agence de développement social qui est devenu un acteur public principal dans le domaine coopératif, à coté de l’ODCO qui reste l’établissement public chargé de la mise en œuvre de la politique gouvernementale dans le secteur coopératif. Elle a été caractérisé aussi par le lancement d’autres programmes novateurs soutenu par des

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fonds internationaux, dont celui des plantes médicinales et aromatiques appuyé parl’USAID.Il a fallu attendre les dernières années pour voir émerger une volonté de sortir du flou stratégique et des discours de bonnesvolontés sans lendemains et d’encadrer le développement d’un secteur naissantet fragile à travers la déterminationd’objectifs et d’outils d’action appropriés,même si cette volonté a été perturbé, au départ, par la décision du ministèredes finances en 2005 de fiscaliser unepartie du chiffre d’affaire des grandescoopératives qui opèrent dans le domainede la transformation ( TVA et IS), surtout lescoopératives laitières, après des annéesde lobbying de leur concurrent principal. Cette fiscalisation a été accentuée dans la nouvelle loi sur la fiscalité locale qui asoumis les coopératives à la nouvelle taxe professionnelle à partir d’un chiffre d’affairede 2 millions de dirhams.

Planification et proximitéL’approche qui a été privilégié au départ estcelle d’élaborer des plans de développementrégional en partenariat avec les autorités locales et les conseils régionaux. Cetteapproche a été dictée non seulementpar le choix public de décentraliser, dedéconcentrer et rendre la région, élevéau rang de collectivité locale, un espace de planification et de décision mais aussi par les caractéristiques et les spécificitésdes composantes de l’économie socialeet solidaire, surtout les coopératives, quisont par définition des acteurs de proximité

et solidarité communautaire se référant àdes valeurs de participation, d’égalité etde démocratie directe. L’implication desacteurs publics dans la mise en place deces plans visait à acquérir leur adhésionet à les responsabiliser, ce qui estessentiel, mais on peut reprocher à cetteapproche valable d’empreinter un sentiertechnocratique négligeant la démensionparticipative, ce qui a amené à exclure lesacteurs de l’économie sociale et solidairedans les régions ou le secteur a atteint un degré de maturation, tel sous – massadraa, d’un processus de planification basésur le dialogue et la concertation.

Les 16 régions du pays devraient être dotésde plans régionaux de développement del’économie sociale et solidaires à l’horizon2012. chaque plan devrait se baser sur les potentialités de chaque région et mettre à ladisposition des populations et des différentsacteurs une feuille de route, un systèmed’information, une banque de projets …ces plans seront accompagnés par la miseen place d’un fonds de soutien.

Combler le vide stratégiqueLe gouvernement est passé par la suite à la mise en place d’une stratégie nationale 2010-2020 pour le développement de l’économie sociale et solidaire qui se veut une feuille de route pour tous les acteurs intervenant dans ce secteur et un moyen pour assurer la convergence de leur action. Cette stratégie, qui s’insère dans le cadre des stratégies sectorielles élaborées ces dernières années et qui couvrent des

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secteurs comme le tourisme, l’artisanat, l’industrie, le commerce, l’énergie, le numérique, l’agriculture et la pêche maritime .., vise, également, à positionner ce secteur dans la carte des secteurs stratégiques et prioritaires du développement pendant les années à venir et permettre son émergence. Les objectifs quantitatifs et qualitatifs arrêtes par cette stratégie dans sa version actuelle, non définitive et loin d’être fermée, prouvent qu’il ‘agisse, pour le moment, d’un document de plaidoyer pour convaincre les différents décideurs de la faisabilité et la pertinence de parier sur les capacités du secteur de l’économie sociale et solidaire de créer la richesse, l’emploi, d’assurer la redistribution des revenus et de contribuer au développement local et humain et de les renforcer, mais le problème qui se pose aujourd’hui dans notre pays est celui d’assurer une certaine convergence entre les stratégies sectorielles et les programmes complémentaires en arrêtant des objectifs d’ensemble permettant à tout le monde de voir les objectifs du développement global du pays de façon claire, de savoir, avec clarté également, qui est chargé de quoi

et quelles sont les réformes institutionnelles à mettre en application pour atteindre les résultats escomptés, car, en définitive, il faut passer à une culture de résultats qui soit conforme à un choix élaboré de bâtir une société qui se réfère aux valeurs et aux normes démocratiques de façon claire et irréversible.

Réhabiliter le planLa résolution de ce problème qui commence à être posé par acuité, pour que le pays ait des priorités claires et une référence élaborée pour les différents actions de développement, passe, obligatoirement, par la mise en place d’un plan de développement économique et social réaliste et volontariste en même temps qui doit être élaboré sur la base d’une nouvelle approche permettant de dépasser la médiocrité et la stérilité de l’approche administrative qui a mis à mal le plan et le processus de planification, tout en en mettant en valeur les acquis des stratégies sectorielles et en élaborant de vraies stratégies pour les secteurs non couvert aujourd’hui par ces documents.

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Avec l’avènement ces dernières annéesd’une nouvelle génération de petitescoopératives artisanales et de produitsagricoles de terroir, le problème decommercialisation commence à seposer sérieusement ; surtout lorsqu’onconstate que la cadence de création dece genre de coopératives, avec l’appui des programmes des A.G.R (activitésgénératrices de revenus) de l’I.N.D.H estde plus en plus forte dans les différentesprovinces et préfectures de la région,dans des métiers et filières le plus souventclassiques et de plus en plus saturés.La tendance se complique d’autant plus avec l’absence de véritables études defaisabilité et de viabilité des projets qui doivent dessiner les normes et les contours prévisionnels de leur réussite sur le terrain;dans un marché de plus en plus serré par l’abondance des offres et les différents essoufflements de la demande.

Un rappel des structures précédentes d’appui à la commercialisation des produits coopératifs Pendant le protectorat et dés le début de l’indépendance du Maroc, la probléma-tique de commercialisation coopérative

avait retenu pleinement l’attention des décideurs ; avec une grande nuance en-tre les 2 étapes et les intérêts divergents recherchés de part et d’autre. Si le pro-tectorat utilisait la formule coopérative pour drainer le maximum de richesse vers la métropole, le Maroc, naturelle-ment après son indépendance .avait par contre, pour préoccupation essentielle le développement du monde agricole et ar-tisanal, en cherchant à moderniser pro-gressivement les structures de production, d’approvisionnement en intrant agricoles et en matières premières et d’écoulement des produits des milliers d’artisans et d’agriculteurs du pays.COPARTIM, CONAPEAUX, CONATEX, lesSCAMS, les centres d’approvisionnementet les centres de collecte et decommercialisation du lait etc…., avaientété initialement conçus par l’état pourfaciliter l’accès aux intrants agricoles etautres matières premières et permettre unemeilleure commercialisation des produitscoopératifs.

Actuellement il n’en reste plus que les fameuxcentres de la collecte du lait, surtout ceuxqui avaient fait le bon choix au départ de

Par : BENNADIBA Abderrazzak abderben–[email protected]

Le 1er marche itinerant des produits de l’economie sociale de fes :

la pertinence de l’idee et le souci de sa perennite

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L‘Economie sociale et solidaire

s’inscrire dans une filière laitière intégrée régionale ou nationale, coopérative ou privée ou ceux qui ont pu ensuite passer carrément au stade de transformation et de valorisation du lait avec l’aide consistante de l’état.

de CONATEX, respectivement en tant que centrales nationales d’approvisionnement en peaux tannées et matières premières du textile, était la plus normale du monde, la transformation par contre de la COPARTIM en véritable coopérative préfectorale ou régionale n’a pas eu le résultat escompté, étant donné qu’elle n’a pas été ouverte sur le maximum des artisans pour faciliter la commercialisation de leurs produits. Actuellement une telle coopérative n’est plus qu’un show-room inter- régionale aux mains d’une minorité d’adhérents, dont la majorité a perdu probablement son statut de producteur depuis bonne lurette. La philosophie des marchés itinérants :Elle est très simple. Au-delà des objectifs tracés par la convention de partenariat entre la wilaya de Fés – Boulmane, le conseil de la ville de FES l’entraide nationale le Ministère des affaires générales et économiques et l’office de développement de la coopération (ODCO), à savoir – rapprocher les produits de l’économie sociale des consommateurs et les faire connaître, améliorer le processus de commercialisation des produits de l’économie sociale et solidaire.

le cadre des programmes de l’I.N.D.H et leur continuité,Les buts recherchés sont plus profonds que ça :1- d’abord elle cherche l’initiation à une nouvelle forme de solidarité entre le consommateur et les petits producteurs sur la base d’un échange d’appui bilatéral dans lequel chacune des parties trouverait son

Les SCAM à leur tour qui ont été transformées en CMA avec l’entrée en vigueur de la loi 24-.83, ont perdu actuellement la place de choix d’antan. Elles ont occupé à peine 7% du marché des collectes céréalières durant la compagne agricole 2010, et ce essentiellement pour des raisons de mauvaise Gestion et de la concurrence de plus en plus accrue des agrées privée et des minotiers, avec toutes les conséquences néfastes ressenties sur le revenu des petits agriculteurs et le pouvoir d’achat des larges couches de la population, des équilibres de la caisse de compensation et du risque même d’hypothéquer la souveraineté alimentaire nationale.Si la disparition de la CONAPEAUX et

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compte : des produits de terroir de qualitéet de confiance, avec des prix abordablescontre le maintien de l’auto - emploi et desrevenus décents au profit des membresdes coopératives et des associations dudéveloppement locales participantes.

2- Faire sortir ces coopératives et asso-ciations de leur ombre pour des raisonsd’infrastructure, de la non proximité desmarchés, du manque de moyens ou tout simplement par ignorance et manque d’ex-périence et rendre leurs produits accessi-bles aux consommateurs, qui souvent lesdécouverent pour la première fois en même temps s’enrichir par la même occasion del’expérience des autres et de leurs perfor-mances.

3- Faire profiter, ces coopératives et as-sociations progressivement d’un ensemblede programmes de sensibilisation et deformation dans le domaine de la gestion,des techniques de commercialisation delibéralisation et de certification de leurs produits etc… pour améliorer la qualité et l’attractivité de leurs produits.

4- En fin transformer progressivement lesassociations qui exercent illégalement desactivités a but lucratif en véritables coopé-ratives de production.

La pertinence de l’idée du marché itinérant:L’idée en elle-même est indiscutablementpertinente pour plusieurs raisons :

D’abord parce qu’elle répond à une grande contrainte qui touche la majorité

des coopératives déjà existantes ;ensuiteparce qu ‘elle arrive au bon moment avecle boom actuel des petites coopérativesstandardisées et inconscientes dans leurquasi-totalité de la meilleure façon de mettreen valeur leurs produits sur le marché.

Cette pertinence peut être vérifiée demême dans l’indispensable remise encause des axes prioritaires dans leprocessus d’encadrement et d’appui auxcoopératives.

Elle doit inspirer aussi l’idée de créationdes coopératives en tant que projetssocio-économiques solidaires et évolutifsnécessitant toutes les conditions requisesde survie et d’épanouissement.

Une première évaluation à mi- parcours :Il va sans dire qu’une première évalua-tion des 5 marchés itinérants organisésjusqu’à maintenant, auxquels ont participéfidèlement plus d’une quarantaine de coo-pératives de production et d’associationsrelevant des provinces et préfectures de larégion de Fes – Boulmane laisse apparaî-îître déjà beaucoup de différences entre le1er marché lancé à Fes le 17 avril 2009 et le 5éme organisé à Sefrou du 17 au20/06/2010 à l’occasion de la fête descerises. Ces différences qu’on peut releverd’abord sur le plan de la forme :

Utilisation des emballages et de l’étiquetagepour les produits du terroir telle que l’huiled’olives le miel, le conserve naturel desolives les huiles des plantes médicinales etaromatiques et de l’arganier ; ce progrès peut être décelé également à travers la

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L‘Economie sociale et solidaire

diversité des dérivés et la consolidation de la valeur ajoutée des produits (savon,shampoing à base du miel et…..).La prise de conscience de l’importance du rapport qualité – prix, l’authenticité du produit et son origine est devenue plus concrète. Sans omettre aussi les grands pas en avant sur le plan de la créativité et de l’innovation dans les domaines de la couture traditionnelle, la broderie, le tissage de montagne, la dinanderie et la ferronnerie ….etc. réalisés dans un esprit de compétitivité et de concurrence entre les associations et les coopératives du même métier. Tout cela a généré une nouvelle dynamique, un grand attachement et un lien de cause à effet entre ces marchés et les bénéficiaires.

Maintenant on est incessamment questionné sur la date de la prochaine édition ; ce qui doit interpeller sérieusement l’ensemble des partenaires administratifs et le conseil de la ville de Fes sur la suite à donner à ce projet, qu’il serait sincèrement difficile d’abandonner à mi-chemin, eu égard d’abord à cet air d’optimisme qu’il a déjà suscité, à l’investissement que ces partenaires ont consentis et aux efforts de mise à niveau qui restent à faire conformément aux objectifs tracés par la convention de partenariat, d’où le besoin logique de pérenniser ce projet, voir même de le généraliser dans les autres régions du royaume.

Comment le pérenniser ?Préalablement par une amélioration du niveau de gestion et de structure interne.

En tant que première expérience du genre a l’échelon national, plusieurs points de faiblesse ont été relevés.

Une étude de cas sur les 22 coopératives ayant participée au 4ème marché a Fès du 22/04/10 au 26/04/10 révèle les réalités suivantes :

12 coopératives sur 22, ont un nombre d’adhérents inférieur à 10.

à 20,

compris entre 72 et 140,

de la production et de l’optimisation des coûts,

de ces coopératives, c’est qu’elles sont dans leur quasi- totalité auto – financées avec des apports de capitaux largement en dessous des besoins réels d’investissement et d’extension,

propre égal à 10.000,00 DH,

et 56700,00 DH, et une seulement à un capital de 290.000,00 DH avec un investissement moyen par adhérent de 2070,00 DH.

Le même constat de faiblesse s’applique aux chiffres d’affaire qui se situent entre un minimum 600.00 et un maximum de 273252,80 durant l’année 2008 (avant la participation aux marchés itinérants).

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Notons que certaines coopératives :ATMA et coopérative de tissage les cerisessont arrivées à conclure des relations commerciales extérieures sans que celase répercute paradoxalement sur leur chiffre d’affaire qui reste respectivement de18.040,00 DH en 2006 et 18752,00DH en 2007.

On en conclue que toute approche decommercialisation doit être adaptée à cesspécificités et doit être fondée sur un certainnombre de réaménagements préalablesdont on peut citer entre autres :

une tenue de comptabilité conformément auplan comptable général, des coopérativeset une comptabilité analytique permettantde pré- établir les coût de production, lesprix de revient et de vente garantissant unemarge d’excédent adéquate et permettant de connaître la compétitivité comptablede ces coopératives vis à vis de leursconcurrents. A cet égard on s’interroge sur quel type de compétitivité à faire valoir pourles produits de l’économie sociale : le bio,l’humanisme les valeurs et les principes etl’auto- emploi, ou la rationalité des coûts de production et de revient la forte productivité et l’abondance de la production,

des produits exposés en poussant les

exposants à faire preuve de plus decréativité et d’invention pour remotiverd’une manière continue des milliers devisiteurs habituels.

comme, leur nom l’indique, vers lesgrandes métropoles et autres villes duroyaume commercialement favorables.

telles sont les quelques conditions de basepréalables avant de s’attaquer à l’aspectorganisationnel et aux techniques demarketing au sens large de terme. Toutefois le risque de tarissement des sources definancement n’est pas à écarter, même si la convention de partenariat s’étend sur unedurée illimitée sauf position contraire dela part des associés. Ce qui fait installerpour le moment un manque de visibilitéconcernant l’avenir du projet pour lamajorité des responsables administratifset partenaires de l’économie sociale. Lacommission d’organisation doit se réunir leplus vite possible pour faire une évaluationgénérale, touchant l’ensemble des aspectsinstitutionnel, financier et organisationnelprécités, pour réfléchir avec l’ensembledes bénéficiaires sur les choix judicieux afaire pour créer une structure autonome etdynamique capable de porter pleinementce projet, en conformité totale avec l’espritet les valeurs de l’économie sociale.

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Environnement et développement durable

Si certaines formes de développement local naissent spontanémentde la rencontre des acteurs, des institutions et d'un territoire, d'autresont besoin d'être suscitées et accompagnées par des institutions pu-bliques ou privées. Les formes diverses et variées de systèmes pro-ductifs localisés ayant fait l'objet de plusieurs contributions dans ce numéro, cet article propose de présenter une expérience singulièred'émergence d'un système localisé de production dans la régionde Marrakech. La singularité tient au fait que le diagnostic territo-rial, puis la mise en œuvre d'une solution appropriée se soient faitsà l'initiative d'une association de développement local. Tous les aspects de la durabilité ont été pris en compte dans la réalisation

Par :

Ahmed Chehbouni : Professeur à la Faculté des Sciences Semlalia de Marrakech/ [email protected]

Et Malika Hattab-Christman : Maitre de Conférences à l’IUT de Tarbes,Université Paul Sabatier, Chercheur au LEREPS-GRES, Université des Sciences Sociales de Toulouse / [email protected]

La société civile comme catalyseur du développement local : Le cas du village de potiers de

Marrakech

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de ce projet. Cette étude de cas articuledes aspects de l'économie solidaire(1) etdu développement local(2) en montrant lerôle que peut jouer la société civile comme révélateur de potentialités de coordinationset de coopérations mobilisables dans unedynamique de développement local. En ef-fet, L'économie solidaire recouvre non seu-lement les relations marchandes, non-mar-chandes mais aussi les relations de dons et de réciprocité. Elle fait référence à KarlPolanyi(3) pour qui l’économie est à l'ori-gine encastrée dans le religieux, le social et le politique. Cette définition s'appuie sur 4 principes, le marché, la redistribution, laréciprocité et l'administration domestiquequi déterminent 3 ensembles de relations,les relations marchandes, les relations nonmarchandes et le domaine du don, de la réciprocité et de l'entraide mutuelle. PourLaville (1994), penser les relations entreéconomie et société, c'est s'inscrire dans une économie plurielle qui peut permettre de résoudre les problèmes que l'économie seule ne parvient pas à régler.

Le développement durable, conceptaujourd’hui repris dans tous les textes of-ficiels au Maroc, comme la forme de dé-veloppement qu’il convient de construire,est “ un développement qui répond auxbesoins du présent sans compromettre lacapacité des générations futures de répon-dre aux leurs ”.

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2 PECQUEUR B.(1989), Le développement local, Paris, S -ros

3 SERVET J.M, MAUCOURANT J. et TIRAN A. (1998), La modernité de Karl POLANYI, L’Harmattan POLANIY K.(1983), La grande transformation ”, éd. Gallimard

L’idée du développement local endogène et durable est née du constat de la double incapacité du marché et de l'Etat d'assurer l'égalité des chances pour tous les territoi-res, et particulièrement pour les régions rurales géographiquement marginalisées ainsi que les quartiers urbains socialement défavorisés. “ Elle trouve ses racines dans l’écodéveloppement et ne constitue pas un modèle théorique mais une méthode qui consiste à formuler dans des contextes concrets des propositions concrètes ”(4)Ces dernières années on a assisté au Ma-roc à une augmentation importante du nombre d'associations et notamment cellesqui sont orientées vers le développementlocal. Ce phénomène bien qu'il soit inter-prété le plus souvent comme un acquis de revendications sociales pour plus de démo-cratie n'en est pas moins déterminé par la conjonction de deux facteurs qui ont joué de manière complémentaire, la décentra-lisation de l'aide au développement et la décentralisation administrative dans un contexte de désengagement progressif de l'Etat de domaines qui était traditionnelle-ment de son ressort. C'est dans ce contexte qu'a été créé le CDRT (Centre de Dévelop-pement de la Région de Tensift) qui initie et accompagne un certain nombre d'ex-périences de développement local. Dans ce domaine, partout à travers le monde, l'organisation sous forme de SPL (système productif local) apparaît comme le moyen de construire des dynamiques territoriales à partir de l'organisation d'un tissu productif existant. Si cette forme d'organisation ter-ritoriale s'inspire de l'expérience italienne

4 SACHS I. , (2000), Vers l’éco-socio-économie, in L’écon -mie repensée, Paris, Syros, 2000.

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des districts industriels, elle se base surtout sur le rôle important que joue la proximité dans la construction d'un faisceau de rela-tions entre acteurs localement situés. Ces acteurs qui ont des problèmes communs et des objectifs communs coopèrent et se coordonnent pour agir.

Le projet du village des potiers s'inscrit dans ce cadre. Dans cet article, nous nous proposons de montrer en quoi cette action constitue bien un exemple de système pro-ductif local et quels sont ses limites et ses prolongements.

dant, tous les artisans n'utilisent pas le bois comme source d'énergie, essentiellement pour des raisons de coût. Un certain nom-bre d'entre eux ont recours à l'incinération sauvage de pneus.

C'est notamment la raison pour laquelle cette activité a été délocalisée par les pou-voirs publics de la ville de Marrakech vers sa périphérie.

Si l'utilisation massive de bois pose le pro-blème de la déforestation et de la déser-tification(5), l'incinération "sauvage" de pneus représente non seulement plusieurs risques environnementaux (pollution atmos-phérique, pollution de la nappe phréati-que, production de CO2 accentuant les changements climatiques(6)_), mais consti-tue également une menace directe pour la santé des artisans. En effet, chaque four consomme 4 tonnes de bois par cuisson (et donc par jour), soit 104 tonnes pour 26 jours. Ce sont donc 1248 tonnes par an et par four soit 132288 tonnes pour les 106 fours. Cette consommation correspondrait à une émission de 195786,2 tonnes de CO2 et à une disparition de 416,8 ha de forêt par an(7). De plus, la qualité de la cuisson étant médiocre du fait de la mau-vaise répartition de température à l'intérieur

5 Il faut souligner que ce problème est très sensible au M -roc où le réseau marocain des associations en lutte contre la désertification compte plus d'une cinquantaine d'asso-ciations

6 Ce sont ces aspects polluants qui avaient justifié leur délocalisation de la médina de Marrakech vers ce site excentré

7 Estimations faites à partir du Bulletin "Energie renouvel -ble et efficacité énergétique au Maroc", CDER, Agence de l'Environnement et de la Maîtrise d'Energie, l'UNN-FCCC.

1. Contexte et problématiqueL'action concerne un village de potiers situé dans le territoire de la communauté urbaine de Marrakech, sur la route d'Aga-dir, à 2 km de la ville de Marrakech. Il regroupe une centaine d’ateliers d'artisans employant entre 800 et 1200 personnes dont la production de poterie de terre cui-te, de céramique et de briqueterie artisa-nale, spécifique à la région de Marrakech, est en grande partie destinée au marché local. Pour la cuisson, les artisans chauf-fent leurs fours traditionnels avec du bois d'olivier, d'eucalyptus et de cyprès. Cepen-

Revue Marocaine des Coopératives 93

du four, la qualité des produits fabriqués enest affectée.

2. Vers un développement lo-cal durable et solidaire

2.1 Les objectifs du projetLe projet a donc une finalité à la fois éco-logique, économique et sociale. Il consisteà faire adhérer les artisans à un change-ment technologique consistant à substitueraux pneus et au bois un autre combustiblemoins polluant et financièrement soutena-ble à long terme, à savoir le gaz.

du nouveau four. En fait, la mise en œuvrede ce projet nécessite également un chan-gement organisationnel avec l'adhésiondes principaux concernés qui sont des ac-teurs à part entière impliqués dans toutesles dimensions du projet. Au-delà de ceschangements, l'objectif est de construire unenvironnement attrayant : aménagementdes façades, des espaces verts, des alléeset des trottoirs, l'assainissement, la construc-tion d'une cafétéria et d'une salle d'expo-sition. La restructuration du village vise à ledésenclaver pour l'ouvrir aux visiteurs sur lemodèle du village de potiers de Salé, et àlong terme d'en faire un passage obligépour les touristes visitant Marrakech.Ainsi, les objectifs spécifiques du projetsont triples :

de travail des opérateurs du secteur

-taux négatifs de l'incinération des pneus.

On retrouve là les finalités de toute formedu développement durable. Les impératifsde concilier développement économique, préservation de l’environnement, équité so-ciale inter et intra-générationnelle font du développement local durable une appro-che normative complexe qui consiste à arti-culer trois types de normes : normes socio-éthiques, normes économiques et normes scientifiques dictées par les contraintes des milieux naturels(8). Ces normes prennent

8 TORRES E (2000), Adapter localement la problématique du développement durable : rationalité procédurale et dé-marche-qualité, in ZUINDEAU B. (Ed.) “ Développement durable et territoire ”, Presses Universitaires du Septen-trion.

Dans ce contexte, la recherche des argu-ments incitatifs est primordiale car il s'agitde les convaincre de s'équiper en four à gaz sachant que le coût en est plus élevé. Plutôt que d'envisager un changement com-plet qui serait difficile à soutenir à la fois fi-nancièrement et techniquement, les promo-teurs du projet ont décidé de commencerd’abord à petite échelle (un ou deux fours), puis, progressivement, d'équiper l'ensem-ble du site que ce soit les ateliers de po-terie ou les briqueteries de Marrakech. Ce rythme permettra non seulement de résou-dre un certain nombre de problèmes che-min faisant, mais aura également pour effetd'offrir en démonstration les performances

Environnement et développement durable

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la forme de règles juridiques, de prescrip-tions techniques ou simplement de règles de conduite inscrites dans une charte. Tou-tes les améliorations programmées visent à mettre aux normes l'ensemble des aspects d'une activité dont la survie dépendait jus-que-là du marché local.

2.2 Les acteurs en présence et leurs inter-relations Le développement local endogène ne peut être possible sans une appropriation du projet par tous les membres de la popu-lation cible sous peine de reproduire au niveau local des phénomènes d’exclusion, de marginalisation. Il se fonde sur l’expres-sion de tous les acteurs et leur implication. Le risque est de voir se mettre en place de multiples stratégies de pouvoir qui peuvent être induites par l’absence d’espace de dialogue et de concertation des acteurs dé-bouchant ainsi sur une gouvernance publi-que trop forte avec des élus qui piloteraient le devenir du village ou une gouvernance privée dominée par une ou plusieurs entre-prises importantes pour l’économie locale. Cependant, dans le cas présent, l'asso-ciation Koutoubia des potiers participe à toutes les phases du projet et apporte son expérience pour adapter les propositions aux réalités de l'activité et du lieu.

Dans la mise en place de ce projet, on peut identifier plusieurs catégories d'acteurs en fonction du niveau de leur intervention. Les parties prenantes sont des institutions dont les statuts et les finalités sont différents mais qui ont en commun le souci d'accom-pagner ces changements technologique et organisationnel. L'ensemble de ces acteurs

se sont mobilisés pour mettre en œuvre des propositions destinées à améliorer le cadre de vie et d'activité dans ce village qui ressemblait au départ à une véritable décharge sauvage. La délocalisation de cette activité et son implantation dans ce nouveau site n'avait fait l'objet d'aucun aménagement de la part des autorités mu-nicipales. De plus, les conditions de travail des artisans étaient très précaires (faible rémunération, dangers sanitaire et environ-nemental). L'objectif de transformer ce vil-lage de potiers en un lieu attractif dédié à l'artisanat aux portes de Marrakech devrait avoir des retombées non seulement sur les artisans , mais également sur l'ensemble de la collectivité.

On peut présenter les acteurs en fonction de leur statut, du niveau et de la nature de leur intervention.

2.2.1 Institutions et société civileInitier, développer : CDRT, ORMVAH (Of-fice Régional de mise en Valeur Agricole du Haouz)

Pour le CDRT, comme pour l'ORMVAH dont le Directeur est membre du CDRT, il y a une certaine vision du développement local de la région que l'on pourrait quali-fier de durable. C'est la finalité du projet qui leur importe ainsi que ses retombées sur les hommes, sur la nature, sur le déve-loppement de la région. Cependant, si l'on se réfère à la Charte Régionale du Maroc, force est de constater que le Conseil Régio-nal a les mêmes objectifs."D’autre part, les Instances Régionales peuvent mettre en place toutes les mesures

Revue Marocaine des Coopératives 95

nécessaires à la protection de l’environne-ment “Il adopte toutes les mesures tendant à la protection de l’environnement”. “Ilveille à la préservation et à la promotiondes spécificités architecturales régionales”.Dans le domaine social, il peut “engagerdes actions en vue de promouvoir et desoutenir toute action de solidarité sociale et toute mesure à caractère caritatif.

Il peut proposer et faire des suggestions :art.9

promouvoir le développement de la régionlorsque les dites actions dépassent le cadrede compétences de la dite région…)

réaliser dans la région par l’état ou toutautre personne morale de droit public.

Le CDRT est une organisation non gouver-nementale dont la finalité est de contribuerà la promotion de la région en tant qu’es-pace et cadre institutionnel d’initiative, deconception et d'exécution de politiques ré-gionales de développement. Cette institu-tion réunit de nombreuses personnalités de la société civile, universitaires, ingénieurs,techniciens, professions libérales et autrescadres. Ces membres appartiennent éga-lement à d'autres institutions locales qu'ils mobilisent autour des actions et des projetsinitiés par le CDRT sur le développement durable de la région selon deux axes :

1 Par une réflexion sur la politique de développement de la région de Tensift qui s'appuie sur une politique de valorisation de l’être humain conçu à la fois comme moteur et finalité du développement.

2 Par la participation, l'initiation, la réalisation de projets concrets dans lesdomaines suivants :

-sement.

outils de développement.

le développement.-

cherches sur la désertification et la forêt.

Il assure plusieurs rôles à la fois, puisqueselon les projets, il est à la fois initiateur,architecte du projet, consultant sur ses dif-férents aspects et sur son impact environne-mental, chercheur de financement.

L'Office Régional de Mise en Valeur Agri-cole du Haouz, est un établissement publicdoté de la personnalité civile et de l'auto-nomie financière. Il est placé sous la tutelle du Ministère de l'Agriculture, du Dévelop-pement Rural et des Pêches Maritimes. Dans le cadre de la politique agricole ar-rêtée par le gouvernement du Royaume du Maroc, il est chargé de promouvoir le dé-veloppement agricole dans sa zone d'ac-tion. Cette dernière s'étend sur la Wilaya de Marrakech, la province d'El Kélaa des Sraghna et une partie de la province. À cetitre, l'ORMVA du Haouz met ses moyenshumains et matériels et l'ensemble de ses connaissances à la disposition des inves-tisseurs intéressés par le secteur agricole.L'intérêt de cet organisme pour ce projetest lié non seulement au fait de l'implan-tation de ce village en zone rurale mais

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aussi à la personnalité de son directeur et à son appartenance au CDRT. Cette forme de coordination entre une institution publi-que et un acteur de la société civile, illustre certains aspects d'une économie plurielle ou économie solidaire. Elle montre égale-ment l'importance des relations sociales et de la proximité dans la construction d'un territoire.

2.2.2 Les producteurs locauxLes artisans indépendants sont regroupés dans l'Association Koutoubia des potiers qui permet d'assurer l'interface avec les autres acteurs. Entre eux, les potiers ont déjà une tradition de coordination et de coopération, notamment pour effectuer leurs achats de bois ou pour planifier l'uti-lisation commune des fours collectifs. Par ailleurs, ils entretiennent des relations avec la Chambre des artisans et les autorités pour toutes les questions relatives à leur métier. Dans le cadre de cette action, ils doivent s'adapter, s'approprier le projet de changements technique et organisationnel qui aura un impact sur leur revenu et sur leur façon de travailler. Ils sont sensibles à l'argumentation sur l'amélioration de leur revenu et de leurs conditions de travail, mais également à l'ouverture sur de nou-velles formes de clientèles liées à l'activité touristique de la région.

Diagnostic environnemental, soutenir, ac-compagner, suivi technique : Faculté des Sciences Semlalia (Marrakech), CDRT. A la suite de l'étude économique et envi-ronnementale réalisée par le CDRT en col-

laboration avec l'Université, il s'est avéré que l'utilisation des fours à gaz permettrait non seulement d'améliorer la situation éco-nomique des artisans en leur assurant une meilleure qualité de leurs produits mais aussi en réduisant les impacts négatifs de la pollution sur l'environnement.

Là aussi, on peut également noter l'impor-tance de la co-appartenance des princi-paux acteurs individuels à la fois au CDRT et à la Faculté des Sciences. Ainsi, en fai-sant réaliser le diagnostic environnemental par les chercheurs de la Faculté, le CDRT a non seulement imaginé une solution adap-tée au problème qui se posait mais il a surtout participé à la mise en place d'un maillage entre l'Université et les potiers en tant qu'acteurs du tissu productif local. On peut dire que ce faisant, le CDRT a joué un rôle de catalyseur du développement local.

Soutien financier : ORMVAH, Crédit agri-cole, Fondation Mohamed V, PNUD/FEM,Agenda 21, La wilaya, le Conseil RégionalLe Conseil Régional a financé la voierie et les aménagements du site. Le projet lui a été présenté par le Wali qui a mis tout son pouvoir de persuasion pour convaincre de la validité du projet. En effet, c'est le wali qui signe et autorise le budget du conseil régional

Si les institutions locales sont mues par tous les aspects ayant trait à l'amélioration de la situation des artisans et aux perspectives de développement local, les partenaires

Revue Marocaine des Coopératives 97

internationaux sont plus sensibles à la lutte contre la pollution atmosphérique.

En conclusion de cette partie, nous pou-vons souligner que c'est la personnalité desacteurs individuels qui oriente et détermineles décisions des acteurs collectifs. L'exis-tence d'un réseau très structuré donne de lacohérence à l'action car l'information cir-cule vite et bien entre les différents acteurspar le biais d'interlocuteurs bien identifiés.

3. Du projet théorique à la mise en place du SPLDans l'attente de la mise en place de toutesces améliorations, le CDRT et l'ORMVAHont mis en œuvre des programmes inter-médiaires :

-bée de la nuit ;

plastique comme combustibles ;-

monstratif

Si tous les aspects du projet ont pu êtrepensés et résolus par la concertation, lecoût élevé des fours à gaz, leur prix varie entre 200 000 DH et 300 000 DH, pa-raissait inaccessible aux artisans qui n’ontni les moyens de les financer, ni la capaci-té d'emprunter auprès d'une institution ban-caire. En effet, pour être éligible à un prêtbancaire, le potier doit donner l'assurancequ'il est en mesure de rembourser, en offrantun ensemble de garanties, qu'il n'a pas. Il est donc apparu très tôt que la mise en place d'un SPL nécessitait un financementadapté aux conditions particulières des

artisans. Deux types de fours nécessitentd'être reconvertis, 52 fours de 3 m3 et 12 fours d'une capacité de 10 m3(9), le coût total s'élevant à 8 400 000 DH.

En fait, le coût étant prohibitif, il fallait agirsimultanément dans deux directions, recher-cher les moyens de le baisser et rechercherdes modes de financement adaptés auxcapacités des artisans.

3.1 Nécessité d'une adaptation technolo-giqueLe Président de l'association des artisansqui avait déjà travaillé sur un four à gaz dans la ville de Salé, réputée pour ses poteries, proposa de construire un fouraussi performant que ceux du marché maisà un coût beaucoup plus faible. On ne peut pas parler ni de transfert de technologie, ni d'imitation, mais plutôt d'adaptationtechnologique pour rendre le nouvel outil accessible à ces principaux utilisateurs. Apartir d’un modèle italien très utilisé dans lesannées soixante, le maître -potier entrepritde fabriquer un four à gaz pilote qui fut testé avec succès et qui fonctionne trèsbien actuellement. De façon complètementempirique, on retrouve ici une certaine version de la théorie du cycle de vie d'unproduit développée par Vernon qui montrecomment des techniques obsolètes dans les pays développés peuvent faire l'objetd'une d'une adaptation aux conditionslocales suivie d'une réappropriation. Lestests expérimentaux ont montré que cette"innovation-adaptation" permet de réduirenon seulement les coûts de production et

9 Les fours de grande capacité sont utilisés pour la cuisson des briques.

Environnement et développement durable

98

les pertes lors de la cuisson mais améliore également la qualité des articles produits. Par ailleurs, en étant très facile à manipuler contrairement aux fours à gaz plus sophistiqués qu'on trouve sur le marché, ce four offre l'avantage d'être accessible à des personnes ayant un faible niveau de qualification.

De ce fait, la reconversion technologique de l'ensemble des potiers qui le souhai-taient devenait possible.

3.2 La mise en place de financements adaptésD'autre part, il fallait trouver des financements à la fois pour le producteur de fours mais aussi pour les utilisateurs. Pour permettre à l'artisan d'accéder à un prêt des 70 000 DH(10) nécessaires, le Directeur de l'ORMVAH, également représentant régional de la Fondation Mohamed V se porta garant auprès du Crédit Agricole. Ce prêt bancaire a permis la production du premier four pilote. Cependant, la diffusion de cette technologie moins polluante et plus performante exigeant une augmentation de la capacité de production, l'artisan-producteur de fours à gaz a eu besoin d’un appui financier supplémentaire pour améliorer le système de sécurité du four, acheter les matériaux et payer les frais de production des premiers fours. Pour l'aider à créer sa propre entreprise, le CDRT a pu obtenir un financement du Fonds pour l'Environnement Mondial. Ce fonds lui a permis d'acheter le matériel et les équipements nécessaires pour construire deux fours. Cependant, malgré le faible

10 Environ 7000 euros

coût de ces fours produits localement, la charge financière reste lourde pour les potiers. En effet, les intérêts du prêt bancaire sont élevés, d'où la nécessité de réfléchir et de tester la mise en place d’un mécanisme financier qui leur permettra d'assurer le remboursement du crédit et des intérêts. L'artisan entrepreneur remboursera ce fonds en faisant une réduction de 4000dh à chaque artisan qui achètera son four et ce jusqu'au 40ième artisan. Ainsi cette réduction des coûts pour les artisans constitue un moyen indirect d'alléger les intérêts bancaires. La Fondation Mohamed V a participé également au financement du projet par l'apport d'un soutien de 15000 DH par four alors que l'agenda 21 a contribué par un apport total de 20000DH.

Avec le soutien du CDRT, de l'ORMVAH et des autorités (le Wali), le Crédit Agricole a signé une convention avec l'association des potiers afin de faciliter l’octroi du crédit aux artisans désirant s'équiper en four à gaz. Le PNUD est venu renforcer cette convention en aidant à la diffusion du nouveau modèle de four pour lutter contre la pollution.

Actuellement, le site est déjà aménagé se-lon un plan architectural et la voirie est en cours grâce aux efforts de tous les acteurs de la région. L'ensemble de ces coordina-tions ont permis d'étendre l'adoption de cette nouvelle technologie par tout le village

Dans la mise en place de ce projet, plusieurs acteurs ont joué un rôle important. Des institutions comme l'ORMVAH (Office

Revue Marocaine des Coopératives 99

Régional de mise en Valeur Agricole duHaouz) et le CDRT, la Faculté des SciencesSemlalia se sont coordonnées pour fairele diagnostic et l'étude des risques, mettre en place des propositions, en étudierla faisabilité, assurer la réappropriation du projet par l'association Koutoubia,apporter les soutiens et garanties nécessaires, assurer la coordination avec les autres institutions partenaires commeles banques et les administrations etc …Il faut noter que, derrière ces institutions, ce sont d'abord des individus liés par desrelations interpersonnelles de solidarité fortes et partageant une vision commune du développement local de la région. Cespersonnes appartiennent à une ou plusieurs des institutions partenaires, ce qui a eupour effet de faciliter les coordinations. La proximité a joué une rôle important danscette construction. Ce maillage entre acteurs localement situés constitue sans aucun douteune ressource spécifique pour la région deMarrakech qui peut jouer un rôle importantdans le développement local, d'une part,en mobilisant les réseaux nécessaires au lancement de nouvelles actions, d'autre part en assurant le lien entre le tissu local et les acteurs internationaux (ONG d'autres régions, PNUD par exemple).D'autres acteurs locaux sont mobilisés parla création de dynamiques territoriales en relation avec des régions étrangères dansle cadre de la coopération décentralisée,que ce soit à titre individuel, ou dans le cadre d'une institution. Il reste cependant àélargir et à généraliser les coopérations etles coordinations à tous les acteurs désireux de participer au développement durable de la région Tensift El Haouz.

Pour conclure, on peut vérifier que les cinqcritères d'identification d'un SPL sont vérifiés :

1- Concentration spatiale des activités : L’ensemble des ateliers sont regroupésdans un village situé à 5 Km de Marra-kech vers la sortie d ’Agadir ;

2- Spécialisation autour d’un produit ou d’une famille de produits : la cérami-que, les briques et les Tam Tams ;

3- Relations interentreprises : Que ce soit par l'intermédiaire de leur association, ou directement les uns avec les autres,les potiers continuent à travailler ensem-ble, à utiliser les mêmes fours, à regrou-per leurs achats etc…

4- Solidarité, coopération, coordination avec d ’autres entreprisesAu delà des relations marchandes, ce sont surtout les relations non-marchandes qui qualifient le mieux leurs interrelations

5- Relations avec les autres acteurs locale-ment situés comme les institutions

En juin 2004, deux ans après le démarrage de l'action, ce sont 22 fours àgaz qui sont opérationnels dans le village. Ils ont permis de préserver 86,5 ha de forêt par an et de réduire l'émission de CO2 de 40634,87 tonnes par an. Lespotiers ont pu aujourd'hui non seulementaugmenter les quantités produites, maisaussi améliorer de manière substantielle la qualité de leurs produits. Cependant, on

Environnement et développement durable

100

ne peut que constater qu'ils n'ont aucune latitude pour innover, leur fabrication restant fortement dépendante des demandes des donneurs d'ordre qui sont les grossistes des souks de Marrakech et de la région. Pour enclencher une véritable dynamique, les artisans pourraient être proactifs, c'est-à-dire anticiper les changements en créant des tendances nouvelles. Peut-être pourraient-ils ainsi espérer élargir et diversifier leur demande afin d'augmenter leurs revenus. Dans l'état actuel des choses, le village de potiers n'en est qu'à la première étape de la vie d'un SPL. Le développement et la marche vers la maturité nécessitent que se construisent des coopérations avec des SPL du même secteur que ce soit au Maroc ou à l'étranger, que se mettent en place des formations, de styliciens par exemple. En effet, une des premières motivations observées le plus souvent dans la création d'un SPL, c'est la perspective d'une ouverture internationale qui permette d'exploiter de nouveaux débouchés. En effet, comme nous l'avons déjà souligné, actuellement la production des potiers est écoulée localement, soit dans les souks de Marrakech, soit vers le secteur de la construction en ce qui concerne les briques rouges de Marrakech.

Au Maroc, ce type de SPL existe déjà no-tamment dans le domaine de la marquete-rie à Essaouira et de la poterie à Safi. Sous l'égide de l'ONUDI, les SPL marocains de ces deux secteurs coopèrent avec deux SPL italiens.

Conclusion :Ce projet de développement local à petite échelle sera bénéfique pour l'en-semble des acteurs qui y ont participé :

-tions sanitaires et la rémunération de leur travail seront améliorées ;

(protection des fermes avoisinantes et de la nappe phréatique, diminution de la pollution de l'air et des autres impacts environnementaux négatifs) ;

avoisinants le site qui vont bénéficier d'un environnement moins pollué (plus d'odeurs nauséabondes, air moins pollué).

-poser de produits de meilleure qualité.

L'organisation sous forme de SPL a permis de capitaliser les coopérations déjà exis-tantes et de les mobiliser autour de la réali-sation d'un projet commun.

Revue Marocaine des Coopératives 101

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problématique du développement durable : rationalité procédurale et démarche-qualité, dans ZUINDEAU B. (Ed.) “Développement durable et territoire”, Presses Universitaires du Septentrion.

102

De tout horizon

Les entreprises et organismes de l’Économie Sociale sont présents dans tous les secteurs économiques des pays de la Méditerranée et de l’Union européenne. Ce qui caractérise ces entreprises et organismes, c’est qu’ils sont gérés et qu’ils fonctionnent selon lesprincipes suivants :

-rêt général

responsabilité-

voirs publics-

jectifs pour le développement soutenable, l'intérêt des servi-ces aux membres et l'intérêt général.

Les pays méditerranéens, du Nord comme du Sud, montrent lagrande pluralité des formes que l’Économie Sociale peut adopter.Les coopératives, mutualités et associations en sont les formes les plus courantes. Il existe dans chaque pays des formes particulièresd’Économie Sociale qui réalisent des acticités économiques et commerciales, dont les règles de fonctionnement suivent les principes que nous venons de mentionner.

Le Comité Économique et Social Européen (CESE) a souligné lerôle joué par l’Économie Sociale dans la consécution des objectifs de la coopération économique, sociale et politique entre le sud

Par : Carlos Lozano Coordinateur

Réseau Euro-méditerranéen de l’Économie Sociale (ESMED)Confédération Espagnole d’Entreprises de l’Économie Sociale

(CEPES)

L’ÉCONOMIE SOCIALE en Méditerranée :

Le Réseau Euro-méditerrranéen de l’Économie Sociale (ESMED)

Revue Marocaine des Coopératives 103

et le nord de la Méditerranée dans le ca-dre de l’ « Union pour la Méditerranée ».Le CESE a indiqué, dans plusieurs de ses documents officiels, l’importance de l’Éco-nomie Sociale comme générateur d’emploi et comme acteur garant de la prestation deservices sociaux élémentaires(1).

Les conclusions de la VIIº Conférence Euro-méditerranéenne des Ministres des AffairesÉtrangères de 2005 avaient déjà soulignéla nécessité de promouvoir le rôle des PMEet d’autres formes de gestion d’entreprise,de particulier l’Économie Sociale, afind’augmenter le nombre d’emplois. Les Co-mités Économiques et Sociaux de plusieurspays de la Méditerranée ont demandé à ce que les instruments financiers qui soutien-nent la coopération euro-méditerranéenneincluent des mécanismes d’assistance tech-nique, d’échange de bonnes pratiques, decréation de plateformes d’entreprises entreles deux rives et des mesures d’accompa-gnement permettant à l’économie socialede se développer de manière compétitive dans un environnement globalisé, étantdonnée son incidence sur la création derichesse et d’emploi à échelle locale.

Le rôle de l’Économie Sociale est égale-ment à souligner dans le développementde la cohésion sociale, car elle garantit laprestation de services sociaux élémentaires là où l’État n’agit pas, de telle sorte quel’auto-organisation des communautés loca-les à travers des coopératives ou associa-tions permette de répondre à des besoins qui demeureraient non satisfaits en leurabsence. Les Comités Économiques et So-

1 La liberté d’association dans les pays membres méditerranéens. Comité Économique et Social Européen. Bruxelles, 2008.

ciaux de plusieurs pays de la région Euro-méditerranéenne se sont également mani-festés en ce sens, affirmant que « dans le but de pallier le manque d’investissements et d’augmenter les opportunités de déve-loppement économique et social dans des régions peu attrayantes pour l’investisseur extérieur, il peut s’avérer intéressant d'en-courager tout type d’initiatives d’entreprises collectives du domaine de l’économie so-ciale(2)”.

L’importance de l’Economie Sociale dans la région euroméditerranéenne réside dans sa forte implantation sociale. Des statistiques corroborent cette affirmation. En Algérie, Espagne, France, Italie, Tunisie, au Maroc et au Portugal, on compte au total plusde 400 000 entreprises et organismes d'Économie Sociale, dont sont membres ou bénéficiaires plus 134 000 millions de personnes. Cela signifie que l'Économie Sociale de 7 des 43 pays de l'Union pour la Méditerranée regroupent une population représentant 17% du total des 756 millions de citoyens de tous les États membres de l’Union européenne et des États nord-africains ainsi que du Moyen-orient méditerranéen formant l’Union pour la Méditerranée.

Conscientes de l’importance que doit avoir l’Économie Sociale, ses principales organi-sations représentatives en Espagne, France, Italie, Tunisie, au Maroc et au Portugal, ont établi une plateforme de coordination qui

2 Rapport conjoint sur « les facteurs de la comp -titivité et de la cohésion sociale pour la construc-tion d’un espace intégré euroméditerranéen ». Conseil Économique et Social d’Espagne en col-laboration avec le Conseil National Économique et Social d’Algérie (CNES) et le Conseil National d’Économie et du Travail d’Italie (CNEL). 2006.

104

De tout horizon

travaille depuis l’année 2000 pour mettre sur pied des projets d’intérêt commun et proposer des initiatives afin que l’Écono-mie Sociale soit prise en compte dans les politiques euroméditerranéennes. Le Maroc fait partie du Réseau ESMED à travers l'Office de Développement de la Coopération (ODCo), la première organi-sation non européenne membre du Réseau, et l’Union Nationale des Coopératives Agri-coles (UNCAM). Outre ces organisations, sont également membres du Réseau ES-MED, la Confédération des Entreprises Es-pagnoles de l’Économie Sociale (CEPES), le Conseil des Entreprises, Employeurs et Groupes d’Économie Sociale (CEGES) de France, la Confédération Coopérative Italienne (CONFCOOPERATIVE), la Ligue Nationale des Coopératives et Mutuelles (LEGACOOP) d’Italie, la Fédération Na-tionale des Coopératives de Consomma-teurs (FENACOOP) du Portugal, la Coo-pérative António Sérgio pour l’Économie Sociale - Institut António Sérgio (CASES), du Portugal, la Confédération Coopérative Portugaise (CONFECOOP), et l’Union Na-tionale des Mutualités (UNAM) de Tunisie. La CEPES est l’organisation responsable de garantir le secrétariat du Réseau ESMED depuis sa création.

Pour les membres du Réseau ESMED, il est prioritaire de travailler pour la création d’opportunités de travail meilleures et plus nombreuses. La création d’emploi est un défi non seulement dans les pays du sud de la Méditerranée, où la croissance dé-mographique exerce une forte pression sur la population active(3), mais aussi dans les

3 Impact de la crise économique globale dans les pays arabes : une première approche. Olivia Oro-zco et Javier Lesaca, Casa Árabe. 2009

pays de la rive nord, comme l’Espagne, où la destruction de l’emploi est l’une des nombreuses conséquences de la crise éco-nomique qui nous touche. À ce sujet, on doit rappeler que le Comité Économique et Social Européen (CESE) a signalé que «dans le domaine de la création d’emploi, en particulier pour les jeunes et les femmes, il convient d’orienter la coopération entre l’UE et les Pays Membres Méditerranéens vers la création de PME et d’entreprises de l’économie sociale »(4). Dans ce but, le Sommet Euroméditerranéen du CES et Institutions Similaires, tenu à Alexandrie en 2009, a proposé de développer l’esprit d’entreprise en promouvant les coopérati-ves et les autres formes d’économie sociale afin de créer des emplois, en particulier pour les personnes vulnérables et en risque d’exclusion sociale. « En période de crise économique, il est particulièrement impor-tant de développer toutes les formes possi-bles d’économie sociale»(5).

Le Réseau ESMED exige que les initiatives de développement d’entreprises dans le domaine euroméditerranéen prennent en compte l’Économie Sociale. Le manque d’investissements et la dépendance écono-mique excessive de certains secteurs (com-me le tourisme ou le secteur immobilier, ou des hydrocarbures dans le cas de certains pays du sud) font qu’il est prioritaire de ren-forcer l’Économie Sociale comme compo-sant du tissu d’entreprises locales et comme

4 La dimension sociale des relations entre l’Union européenne et les pays membres méditerranéens. REX/251. Conseil Economique et Social. Docu-ment d’information. Bruxelles, 2008.

5 Déclaration finale du Sommet Euroméditerr -néen des Conseils Economiques et Sociaux et Ins-titutions Similaires. Alexandrie, 2009.

Revue Marocaine des Coopératives 105

alternative de génération de richesse. Cette ligne de travail permettrait de diversifier leséconomies et de générer des opportunitésde vie, en particulier sur les territoires quin’attirent pas l’investisseur traditionnel.

Pour ces raisons, le Réseau ESMED a pro-posé que les politiques euroméditerranéen-nes visent à :

u Renforcer la capacité de gestion desentreprises d’Économie Sociale et de leur processus de production au moyen de programmes de formation technique et de formation du créateur d'entreprise.

u Augmenter l’accès des entreprises del’Économie Sociale aux ressources financières à travers la création d’un instrument financier permettant le dé-veloppement du tissu économique lo-cal et à travers les microfinances.

u Améliorer les services de soutien et deconseil aux entreprises de l’Économie Sociale.

u Consolider la coordination des D -partements Publics chargés de la pro-motion des entreprises de l’ÉconomieSociale afin de générer des politiquesde développement de cette autre fa-çon d'entreprendre.

Le Réseau ESMED considère égalementqu’il est nécessaire de mettre en marche des politiques ayant pour priorité de consolider le cadre de coopération régionale entre le Nord et le Sud de la Méditerranée afinde générer un développement économique soutenu et une meilleure cohésion sociale. Le Réseau ESMED montre l’engagement de l’Économie Sociale dans la constructiond’un Partenariat euroméditerranéen basé sur la connaissance mutuelle des cultureset des personnes, ainsi que sur un dialo-gue pacifique, ces deux conditions étant préalables à tout développement durable dans la région.La participation et l’implication de la ci-toyenneté sont des points élémentaires pour parvenir à ces propositions, c’est pourquoiil est important aussi de renforcer les mé-canismes de dialogue et de coopération entre les États et les organisations de la so-ciété civile, afin de générer, comme celaa été établi en 1995 lors de la naissancedu Processus de Barcelone, une zone de prospérité partagée. Le Réseau ESMEDsoutiendra tous les milieux qui favorisentla participation et la consultation des or-ganisations représentatives de l'Économie Sociale afin que ses valeurs puissent contri-buer à parvenir à cette prospérité partagée si désirée.

106

De tout horizon

Les coopératives ont mieux résisté que d’autres secteurs à l’aggravation de la crise mondiale de l’économie et de l’emploi

La crise actuelle est vraiment impression-nante: profonde, longue et universelle, elle affecte plusieurs pays et différents secteursdans le monde entier. Au cours de notre vie nous avons déjà vécu plusieurs crises maisprobablement aucune d’entre elles ne peut être comparée à celle-ci. Notre société est malheureusement marquée par une perte de repères et par une vision à court termede son avenir.

Cette crise n’est pas uniquement financiè-re, elle affecte fondamentalement des va-leurs : le capitalisme devrait être reconstruit au départ de valeurs simples, telles que la production de biens et de services utiles, l’économie des services à la personne, une distribution équitable de la richesse, un modèle de développement disséminant l’égalité, et rendant possible une mondia-lisation réelle des réalités économiques, éducatives et sociales.

Là réside la réponse coopérative à la crise. Les coopératives ont des repères, elles ont le sens du temps. Leurs principes, qui dé-montrent leur efficacité depuis plus de centcinquante ans, sont d’une totale modernité.Selon une récente étude pour laquelle l’ACI(l’Alliance Coopérative Internationale) a été mandaté par l’organisation internatio-nale du travail OIT, les coopératives résis-tent mieux à la crise que les autres formesd’entreprises.

Les coopératives financières sont restées financièrement solides; les coopératives agricoles dans des nombreux pays dumonde enregistrent des excédents; les coopératives de consommation font étatde chiffres d’affaires accrus; les coopéra-tives de travail connaissent la croissance.De plus en plus de personnes choisissent l’entreprise coopérative pour répondre auxnouvelles réalités économiques.

Quoiqu’il en soit, il semble que la crise n’ait pas affecté les coopératives et autantque prévu. Il y a quelque chose que les ins-titutions financières et politiques tradition-nelles devraient apprendre d’elles… nousdevons en même temps tenir compte de

Par : Hanane Miri [email protected]

La crise financière et les coopératives

Revue Marocaine des Coopératives 107

leurs principes et de leurs valeurs et les met-tre en œuvre : la primauté des personnes etdes travailleurs, la valeur instrumentale ducapital, la démocratie économique, la so-lidarité, le service et l’engagement enversla communauté, l’importance de l’éduca-tion,…, bref, la responsabilité sociale denos entreprises.Dans ce sens, L’OIT (Organisation Interna-tionale du Travail) considère que les coo-pératives sont importantes pour améliorerles conditions de vie et de travail des hom-mes et des femmes autour du monde, et ondoit mettre à leur disposition des infrastruc-tures et des services essentiels. En outre,les valeurs qui sont au cœur du mouvementcoopératif sont fondamentales pour créerdes emplois décents.

avantage de la confiance qu’accorde la société à nos coopératives.

Tandis pour les Conditions interne de laréussite de cette entreprenariat coopératif.Trois conditions au moins doivent être rem-plies pour contribuer à ca. Il s’agit : de la bonne gouvernance coopérative qui consis-te en un système complet et transparent de règles, processus et procédures assurant laprotection des droits des coopératrices etcoopérateurs dans la connaissance, la pri-se de décision, la responsabilité et les ac-tions qu’ils ou qu’elles entreprennent pour diriger l’entreprise coopérative dont ils sont copropriétaires. La gouvernance des coo-pératives s’exerce à travers ses différentsorganes (assemblée générale, Conseil d’administration, etc.); pour la deuxième condition on trouve l’autonomie de gestion à savoir le fait de diriger sans ingérence externe les affaires de la coopérative sui-vant un objectif arrêté de commun accord, conformément aux principes coopératifs.Et finalement on trouve l’importance de l’audit et contrôle interne/audit externe/audit social/audit sociétal qui consistentrespectivement à l’organisation interne pour prévenir et détecter les erreurs et lesfraudes, l’intervention d’un professionnel externe pour les mêmes raisons, la situation des employés dans la coopérative et finale-ment le degré de promotion des membrespar leur entreprise coopérative, ainsi quede son engagement envers la communautédans laquelle elle vie.

Donc, dans le cadre de ces multitudes des crises ; crise alimentaire, crises sociale, crise économique et crise financière. Lescoopératives, reste l’espoir des milliardsd’être humains pour relancer l’économie et promouvoir le social.

Les coopératives tendent vers une écono-mie démocratique, centrée sur l’Homme,soucieuse de l’environnement, tout en favo-risant la croissance économique, la justicesociale et une mondialisation équitable.Les coopératives jouent un rôle de plus enplus important pour trouver un équilibreentre les dimensions économique, socialeet environnementale, ainsi que pour contri-buer à prévenir et réduire la pauvreté. De plus, en période de crise, des opportunitésse présentent aussi et nous devrions tirer

108

De tout horizon

Par : H .M

Les Nations Unies notent que « le modèle entrepreneurial coopératif est un facteur de développement économique et social ma-jeur qui soutien la participation la plus com-plète possible des personnes dans le dé-veloppement économique et social autant dans les pays développé qu’en développe-ment et qu’en particulier, les coopératives contribuent à l’éradication de la pauvreté».Proposée par 55 gouvernements, la résolu-tion demande aux États membres de sensi-biliser et de promouvoir la croissance descoopératives. Elle propose également que tous les gouvernements à travers le monderévisent la législation régissant les coopé-ratives pour assurer leur croissance et leur viabilité .ajoutant que les coopératives en-globent aujourd’hui plus de 800 millions de membres dans plus de 100 pays, les coopératives emploient plus de 100 mil-lions de personnes dans le monde.

A signaler que l’Alliance coopérative in-ternationale -ACI- définit une coopérative comme «une association autonome de personnes volontairement réunies pour sa-tisfaire leurs aspirations et besoins écono-miques, sociaux et culturels communs au

˝2012˝l’Année internationale des coopératives :

L’ONU a proclamé 2012 Année internaLL -tionale des coopératives en hommage à la contribution des coopératives à la réduc-tion de la pauvreté, à la création d’emplois et à l’intégration sociale, La résolution A/RES/64/136, adoptée le 18 Décembre 2009 par consensus, a été proposée par 55 États membres de l’ONU. Elle reconnaît que le modèle d’entreprise coopérative est un facteur majeur dans laréalisation du développement économique et social et invite gouvernements, institu-tions internationales, les coopératives et les autres intervenants à soutenir le développe-ment et la croissance des coopératives du

d

Revue Marocaine des Coopératives 109

moyen d’une entreprise dont la propriétéest collective et où le pouvoir est exercédémocratiquement».

Selon l’ACI, toujours, plus de 800 millions de personnes sont membres de coopéra-tives, soit plus de 12 % de la populationmondiale.Les plus grands groupes coopératifs / mu-tualistes sont :

activités de production, de crédit, d’en-seignement et de recherche, situé dans le pays basque espagnol (218 entrepri-ses et 71 000 salariés, dont une moitié sont également sociétaires). Elle produit en particulier de l’électroménager sous la marque Fagor ;

-de, implanté largement en Allemagne, Autriche, Benelux, Suisse et maintenant en Europe de l’Est. Son activité concernenotamment l’agriculture et la banque etles sociétaires sont essentiellement les uti-lisateurs ;

-ses locales, 5,7 millions de sociétaires et33.200 administrateurs, la plus grandeorganisation coopérative en France.

respectivement 1er et 2e plus grands dis-tributeurs suisses dans le commerce dedétail.

-ratives agricoles en Corée du Sud.

Ainsi, en tant que forme puissante de soli-darité humaine, les coopératives favorisent d’une part la création de richesses et leurrépartition plus équitable, ce qui bénéficie à leurs membres et à leur communauté.Par ailleurs, les coopératives deviennentdes espaces d’insertion sociale pour leursmembres. Cette capacité d’imbriquer l’éco-nomique dans le social est reconnue pourtous les pays, quel que soit leur niveau de développement.

Les coopératives sont donc reconnues in-ternationalement comme une forme d’entre-prise capable de produire de la richesse et de promouvoir le développement écono-mique et social de toute la population, et pas seulement une croissance économique qui profite à quelques-uns. Une richesse qui tend à offrir de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail aux tra-vailleurs-membres; de meilleurs prix et des produits de meilleure qualité aux consom-mateurs-membres; de meilleurs bénéfices et de meilleures conditions d’écoulement dela production aux producteurs-membres;des relations plus équitables pour tous les partenaires de l’activité économique; des retombées solides et directes pour les com-munautés.

Les coopératives sont donc internationale-ment reconnues aussi par leur capacité deproduction d’une richesse favorable auxpauvres, contribuant au développementbasé sur l’inclusion sociale.

110

De tout horizon

Une première mondiale

Définitivement adoptée par l’Assemblée Nationale, la loi espagnole sur l’écono-mie sociale est la première de cette natureadoptée dans le monde. Pour Juan AntonioPedreño, président de la Confédération des entreprises l’économie sociale» CE-PES», la loi situe désormais le secteur «à laplace et dans le statut que requiert son im-portance dans l’économie de l’Espagne». Elle fait partie de l’accord réalisé entre lechef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero et la CEPES pour renforcer l’éco-nomie sociale et faciliter sa contribution àla construction des politiques publiques.Pour Juan Antonio Pedreño, il s’agit d’ « uneimportante reconnaissance institutionnelle, économique et sociale des valeurs essen-tielles de l’économie sociale » qui devrait se traduire par « une impulsion importantede la pluralité des formes d’entreprendre etde créer des richesses»*.

Une réalisation coopérative exemplaire

La construction de «ORONA IDeO», cité pionnière de l’innovation en Europe adébuté à San Sebastian (Espagne). LeGroupe coopératif Orona réalise ainsi une

expérience unique de collaboration entreentreprises, centres de R&D et université,qui ambitionne de devenir un espacecommun de travail, création, gestionet développement de la connaissanceet de l’innovation. Cet ensemble seraterminé en 2014, année du cinquantièmeanniversaire de la coopérative qui yinvertira 160 millions d’euros et créera1000 nouveaux emplois hautementqualifiés. Avec une superficie de 40.000m2 construits, il est implanté dans le Parctechnologique de San Sebastian. Le projetse veut exemplaire en matière de gestionde l’énergie dans les bâtiments. Oronafait partie de l’emblématique Groupecoopératif Mondragon. Elle est constituéede 30 entreprises en Espagne, France, Portugal, Royaume-Uni, Irlande, Belgiqueet Pays-Bas et emploie plus de 4.000personnes. Son activité est centrée sur la conception, la fabrication, l’installation,la maintenance et la modernisation desystèmes d’élévation et de mobilité urbaine:ascenseurs, escaliers roulants, rampesd’accès,… pour habitations, bureaux,centres commerciaux, aéroports, stationsde métro,… Ses produits sont diffusés dans 92 pays. (Un ascenseur sur 20, installésdans le monde, est un Orona : 180.000 au total)*.

Nouveautés coopératives

* Source : Brèves de CIRIEC - France, Avril 2011

Revue Marocaine des Coopératives 111

Evénement

Le ministre a prononcé à l’ouverture de cette session un discoursdans lequel il a mentionné le climat propice et adéquat pour ledéveloppement de l’action coopérative avant de passer en revue les réalisations et les acquis de l’année 2010. Dans ce cadre, le ministre a qualifié l’effort de l’ODCO, en collaboration avec les autres intervenants dans le domaine coopératif, de productif et très positif. cet effort a, selon monsieur le ministre, a eu comme résultatune croissance continue du tissu coopératif qui a été enrichi par 909 coopératives agréées en 2010. le ministre a confirmé dans

Le conseil administratif de l’office du développement de la coo-

décembre sous la présidence du ministre chargé des affaires économiques et générales monsieur Nizar Baraka .

Le conseil d’administration de l’office du développement de la

coopération

112

Evénement

ce discours la volonté gouvernementale d’aider le secteur coopératif à surmonter les problèmes qu’il rencontre actuellement.

Dans ce cadre, il a avancé la nouvelle stra-tégie nationale pour le développement de l’économie sociale et solidaire qui vise à mettre au point une feuille de route pour les intervenants dans ce secteur et faciliter la convergence de leurs actions respectives, le programme «MOURAFAKA» qui a pour objectif d’accompagner les coopératives nouvellement créées à travers le coaching, la révision de la loi coopérative pour re-voir les procédures et la facilitation de la création des coopératives et les actions visant à permettre aux coopératives de commercialiser leurs produits et s’intégrer dans les réseaux modernes de distribution et de commercialisation. le ministre a pro-fité de cette occasion pour annoncer la soumission du projet de loi coopérative au débat au sein du conseil du gouvernement prochainement, après avoir reçu les obser-vations des départements ministériels, et l’élaboration d’un projet de loi concernant le commerce équitable sur la base d’une étude scientifique.

Cette session a été, également, caractéri-sée par la présentation d’un rapport d’acti-vité de l’ODCO par son directeur monsieur Abdelkader Alami qui a mis les membres du conseil d’administration au courant des résultats de l’exercice 2010 avant d’abor-der le programme d’action pour l’année 2011.

Dans ce cadre, le directeur de l’odco a re-tracé, devant les membres du conseil d’ad-ministration, le chemin parcouru par l’éta-blissement, chiffres à l’appui, et présenté la dynamique déclenché, dont le nombre des coopératives agréées en 2010 est l’un des indices de reflets.

Parmi les chiffres avancé par monsieur Alami, le nombre des coopératives agréées: 909, ce qui représente un taux de croissance de 49 % en comparaison avec 2009 qui était une année exceptionnelle, le nombre des sessions de formation et de renforcement des capacités des coopératives ( +35% ), les audits de mise à niveau (+ 84 % ) les opérations visant à résoudre les problèmes des coopératives inactives (+68 % ) les visites des coopératives (+143 % ) et d’autres indicateurs concernant l’accompagnement des porteurs de projets et les coopératives nouvellement créées, la mise en œuvre des recommandations issues des audits de mise à niveau, la structuration du mouvement coopératif à travers la création de 5 unions,…etc.. Ces données et d’autres confirment, selon le directeur de l’ODCO, une nouvelle dynamique soutenue par les nouveaux programmes publics, surtout l’INDH, et les actions de la société civile.

Le directeur de l’ODCO a, en outre, dressé le tableau des partenariats signés avec des acteurs publics et de la société civile opé-rant dans le domaine des coopératives, à commencer par le partenariat signé avec le ministère chargé des affaires économi-

Revue Marocaine des Coopératives 113

ques et générales pour la mise en œuvredu programme d’accompagnement et le partenariat signé avec l’agence de déve-loppement agricole visant à contribuer àla réussite du 2ème pilier du plan MAROCVERT, et présenté le bilan de ses partici-pations aux divers manifestations, foires et réunions à l’intérieur et à l’extérieur dupays qui ont contribués au renforcement desa présence, sa communication et ses rela-tions extérieurs.

Pour l’année 2011, le directeur de l’odcoa signalé que le programme arrêté s’ins-crit dans la continuité des actions visant àinciter, accompagner et à contribuer, ac-tivement, à la réalisation des objectifs deplusieurs programmes publics ce qui l’aamené à prévoir la création de plus de1000 coopératives. ce programme metl’accent également sur le développementde la commercialisation des produits descoopératives en créant de nouvelles oppor-

tunités, la transformation des associationsqui s’adonnent à des activités génératricesde revenus en coopératives, la résolutiondes problèmes des coopératives non ac-tives, la restructuration du tissus coopé-ratif national en procédant à la créationd’unions coopératives et en accompa-gnant son réseautage, l’organisation desessions de formation, de sensibilisation etd’information et l’actualisation de la basede données sur le secteur coopératif tenupar l’ODCO conformément à la loi.

La session a été marqué par un débatfructueux qui a porté sur plusieurs sujets, dont la participation des coopératives à lamise en œuvre du, projet gouvernementalconcernant les classes moyennes supervisépar le premier ministre.

Le conseil a voté à l’unamité sur les points inscrits dans l’ordre de cette session avantla clôture la séance.

Réseau Euroméditerraneen de l’Economie Sociale ( ESMED)Dix ans de l’Economie Sociale dans la Méditerranée

ont fêté le dixième anniversaire de leur institution par le renouvellement de signature du protocole de création lors d’un diner de travail auquel étaient conviés des responsables de départements gouvernementaux de l’économie sociale espagnols, marocains et catalans et des représentants des instances européennes concernées. A cette occasion, le directeur de l’ODCO, membre d’ ESMED à été représenté par Mr. Mustapha Bouchafra (Inspecteur

l’Economie Sociale dans la Méditerranée. Le Réseau Euro-méditerranéen de l’Economie

faits dont, particulièrement, le bilan de ESMED depuis sa création, présenté conjointement

114

Evénement

-me «quelles mesures pour l’intégration dela femme dans le développement local àtravers les coopératives» organisée le 23décembre 2010 à Rabat, Le ministre char-gé des Affaires économiques et générales,Monsieur Nizar Baraka, a souligné, queson département a élaboré le programme «Mourafaka» (accompagnement) qui vise à assurer un accompagnement des coopé-ratives nouvellement créées.

Monsieur le ministre a souligné que ce pro-gramme qui sera mis en Œuvre en colla-boration avec l’Office du développementde la coopération (ODCO) vise égalementà accompagner les nouvelles coopérativesdans le cadre d’un programme de forma-tion ciblé, des actions de soutien d’appui et de suivi. vue que les coopératives consti-tuent un véritable levier de développement économique et social, eu égard aux op-portunités multiples qu’elles offrent pour la promotion de la situation de la femme, arelevé M. Baraka, lors de cette rencontre organisée par l’ODCO et consacrée àl’évaluation de l’expérience des coopéra-tives féminines et à l’examen des perspecti-ves et contraintes de cet dernières.Les coopératives féminines constituent un moyen efficace pour la lutte contre la pau-vreté et la création d’emplois, a précisé leministre, insistant sur la sensibilisation etl’accompagnement des femmes désirant créer des coopératives en vue d’atteindre les objectifs escomptés.

Le ministre a, en outre, mis l’accent sur lacoordination et la coopération avec toutesles parties concernées par le développe-ment de l’économie sociale, notammentles ONGs, les chambres professionnelleset les collectivités locales.De son côté, le directeur de l’ODCO, M.Abdelkader Alami, a mis l’accent sur l’im-portance de ce secteur dans le domainedu développement global et la contributionefficace des coopératives à l’améliorationdu niveau de vie, à la lutte contre la pau-vreté et à la réalisation des projets généra-teurs de revenus.

Il a appelé, à cet égard, à la diversificationdes domaines d’activités des coopérativesféminines pour englober d’autres secteurset à la restructuration de ces coopérativesafin d’accompagner les évolutions.Pour sa part, la présidente de l’Associationmarocaine de développement de l’écono-mie sociale, Mme Hakima Khalis, a misen exergue la mission de son associationqui contribue notamment à l’intégration desjeunes dans les coopératives et le soutiendes entreprises féminines.

Cette rencontre a été marquée par la si-gnature d’une convention de partenariatentre l’ODCO et l’Association marocained’appui et de développement de l’écono-mie sociale portant sur la coordination etle soutien des efforts dans les domaines de la formation, de la coopération et de laréalisation des études.

La journée nationale de la femme sous le thème :«Quelles mesures pour l’intégration

de la femme dans le développement localà travers les coopératives»

Revue Marocaine des Coopératives 115

Statistique

Le secteur coopératif occupe une place non négligeable dans le tissu économique national, il joue un rôle prédominant dans le dé-veloppement durable, dans la mesure où il représente une partimportante dans les programmes de développement économique et social du pays. Une place qui s’est renforcée par l’Initiative Na-tionale du Développement Humain(INDH).Ce qui s’est traduit parl’évolution de l’effectif des coopératives d’un taux de 47,9% entre2006 et 2010. Un effectif qui est passé de 5.276 à 7.804 coo-pératives durant cette période :

Année

Effectif des Coopé-ratives

Nombre d’Adhé-rents

Total Coop. Femmes Total Coop.

Femmes

2006 5.276 528 324.239 14.476

2008 6.286 738 347.684 18.217

2010 7.804 986 380.144 22.429

1– LES COOPERATIVES SELON LES SECTEURS D’ACTIVITES :

Le secteur Agricole prédomine le tissu coopératif avec 64,11% (5.003 coopératives), entre 2006 et 2010,il a enregistré un ac-croissement de 52,39%. Le secteur de l’Habitat vient le seconder avec un taux de 13,15%. Le secteur Artisanal occupe la troisièmeplace avec un taux de 12,4%.

Les coopératives d’Argane constituent 2,34% de l’effectif du to-tal, 93% de ces coopératives ont été créées entre des femmes.

Les coopératives au Maroc en chiffres -2010-

116

Statistique

Leur nombre a connu, entre 2006 et 2010, un accroissement de 88,65% dans la mesure où il est passé de 97 à 183 coopératives durant cette période.

Les Coopératives par Secteur d’Activité

SecteurAnnée 2006 2008 2010

Agriculture 3 272 3 903 5 003

Habitat 879 967 1 026

Artisanat 622 776 968

Argane 97 144 183

Forêt 147 158 175

Pêche 59 79 92

Plantes médicinales et aromatiques 19 37 69

Denrées alimentaires 7 26 62

Transport 54 54 58

Alphabétisation 36 42 50

Commerce de détail 34 38 46

Consommation 27 27 27

Exploitation des carrières 5 11 14

Centres de gestion 6 7 8

Main d’Œuvre 4 6 7

Autres 8 11 16

TOTAL 5 276 6 286 7 804

2- LES COOPERATIVES A TRAVERS LES 16 REGIONS DU ROYAUME :

La région de Souss-Massa-Darâa s’ac-capare de 11,29% de l’effectif total des

coopératives, suivie de la région de Tan-ger-Tétouan avec 10%, ensuite la région de Doukkala Abda avec 9,28% suivie de

Les autres secteurs tels que la forêt, la pê-che, le transport, les plantes médicinales, etc.… ne constituent ensemble que 8% du tissu coopératif marocain :

Revue Marocaine des Coopératives 117

la région de l’Oriental avec 8,9% puis larégion de Meknès-Tafilalet avec 7,56% etla région de Marrakech-Tansift-Al Haouz

Répartition des Coopératives selon les Régions

RégionAnnée 2006 2008 2010

1-Souss-Massa-Darâa 635 741 881

2-Tanger-Tétouan 359 492 781

3-Doukkala-Abda 570 650 724

4-La Région Orientale 529 583 696

5-Meknès-Tafilalet 466 516 590

6-Marrakech-Tensift-Haouz 408 487 576

7-Rabat-Salé-Zemmour-Zaîr 453 524 573

8-Chaouia-Ouardigha 369 418 502

9-Guelmim-Es-Smara 177 284 443

10-Gharb-Chrarda-BeniHssen 345 403 441

11-Taza-Houceima-Taounate 231 311 407

12-Tadla-Azilal 258 298 367

13-Fès-Boulmane 189 237 334

14-Le Grand Casablanca 194 204 221

15-Lâayoun-Boujdour-S.Hamra 56 93 180

16-Oued-Eddahab-Lagouira 37 45 88

TOTAL 5.276 6.286 7.804

3 – LES ADHESIONS DANS LES COOPERATIVES :Le secteur coopératif compte 380.144 adhérents en 2010. Comparé au nombrede 2006 (324.239), celui-ci a enregistréun taux de croissance de 17,24%, ce qui donne une moyenne de 49 adhérents par

coopérative. Le secteur Agricole prédomineen regroupant 73,7% des adhérents descoopératives, suivi de loin par les secteurs de l’Habitat avec 12,43% et de l’artisanatavec 5,9% :

avec 7,38%. Soit au total 54,4%.Les autres régions se répartissent inégalement 45,6% qui reste :

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Statistique

Les Adhérents dans les Coopératives par Région

Région Année 2006 2008 2010

-Souss-Massa-Darâa 35.072 37.827 43.316

-Tanger-Tétouan 19.003 23.427 28.034

-Doukkala-Abda 35.413 37.766 40.767

-La Région Orientale 36.301 38.250 41.326

-Meknès-Tafilalet 22.867 23.679 25.092

-Marrakech-Tensift-Haouz 49.915 52.123 54.186

-Rabat-Salé-Zemmour-Zaîr 16.863 17.706 18.608

-Chaouia-Ouardigha 27.993 29.030 30.851

-Guelmim-Es-Smara 3.338 4.333 5.906

-Gharb-Chrarda-BeniHssen 16.207 18.293 19.475

-Taza-Houceima-Taounate 8.220 9.265 10.592

-Tadla-Azilal 31.791 33.366 36.164

-Fès-Boulmane 8.019 8.510 9.729

-Le Grand Casablanca 11.667 11.878 12.372

-Lâayoun-Boujdour-S.Hamra 1.118 1.652 2.719

-Oued-Eddahab-Lagouira 452 579 1.007

TOTAL 324.239 347.684 380.144

4 – LES CAPITAUX DES COOPE-RATIVES :Le volume des capitaux générés par les coo-pératives qui s’élevait à 6.027.846.508 DH au 31/12/2006, a atteint 6.226.715.420 DH au 31/12/2010. Soit un accroissement de 3,3% durant cette

période avec une moyenne de 797.888 DH par coopérative, et de 16.380 DH par adhérent. Sur le plan sectoriel, c’est l’habitat qui détient la plus grande part de capitaux avec 73,4% ; suivi de l’agricultu-re avec 24% et de l’artisanat avec 1,85 %.

L’Effectif des Coopératives par Tranche du Capital

Capital par Tranche (en DH) Effectif des coopératives

Moins de 10.000 dirhams 2 875

Entre 10.001 et 300.000 dirhams 3 588

Entre 300.001 et 1.000.000 dirhams 462

Plus de 1.000.000 dirhams 879

TOTAL 7 804

Revue Marocaine des Coopératives 119

5– LES COOPERATIVES, OUTILS POUR L’EMANCIPATION DES FEMMES :Les coopératives créées entre femmes sontpassées de 528 en 2006, à 986 coopé-ratives au 31/12/2010 ; soit un accrois-sement de plus de 86,7% durant cette pé-riode. Elles représentent 12,63% du totaldes coopératives à l’échelle nationale. Lacréation de ces coopératives est fortementfocalisée sur le secteur de l’Agriculture avec 388 coopératives, suivi de l’Artisanat avec353 coopératives.

Sur le plan régional, la région du Souss-Massa-Darâa prédomine avec 22%, suiviede la région de Marrakech-Tansift-Al Haouzavec 11%, puis de celle de Meknès-Tafila-let avec 9,5%. Ces coopératives regroupent 22.429 ad-hérentes, soit une moyenne de 23 femmes par coopérative.

Plus de 39% des coopératives fémininesexercent dans le secteur Agricole avec8363 adhérentes, suivies par l’Artisanatavec 36% englobant 7930 membres, etensuite par la filière de l’Argane qui re-groupe plus de 17%de ces coopérativesdont l’effectif a atteint 4952 adhérentes.

Nonobstant les embuches et entraves exis-tantes, les coopératives, dont les buts visent à améliorer la situation socio-économiquede leurs membres, constituent la meilleurealternative pour la création des ActivitésGénératrices de Revenus (AGR), lesquelles

relèvent de la priorité de l’Initiative Natio-nale du Développement Humain (INDH), et ce, pour faire face au chômage des jeu-nes, à l’exclusion, à la précarité,….C’estdire qu’au lieu que l’INDH se focalise sur les associations dont les buts non lucratifs revêtent des caractères sociaux (Dahir de1958 sur les Libertés publiques), au détri-ment des coopératives, et ce pour créerdes Activités Génératrices de Revenus, il est temps de revoir cette approche, afin de prendre en considération le rôle joué par le secteur coopératif, dans la mesure où les coopératives sont des entités économi-ques et sociales qui exercent leurs actionsdans toutes les branches de l’activité hu-maine (Dahir de 1984 sur la Loi n°24-83)et cherchent essentiellement à améliorer lasituation économique et sociale de leursadhérents, leurs familles et leur environne-ment. Ainsi, il convient de prêter main forte aux coopératives les sensibiliser, leur pro-diguer des conseils, les aider pour la réali-sation des études, procéder à la formation de leurs membres, et surtout subvenir à leurbesoin afin de financer leurs Projets.

Les différents intervenants dont les adminis-trations concernées et l’INDH ont un rôle majeur à jouer à travers la conjugaison deleurs efforts, leur concertation et leur colla-boration pour concrétiser les Projets coopé-ratifs, les assister, les doter des moyens etdes compétences, les accompagner pour leur assurer une bonne gouvernance à tra-vers la mise à niveau du capital humain et veiller sur leur pérennité.

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Adresses

Siège centrale :

Office du Développement de la Coopération 13, Rue Dayet Aoua , Agdal , Rabat - MarocTèl : 05.37.77.10.33/34 - Fax : 05.37.77.10.05Email : [email protected] web : www.odco.gov.ma

Les délégations :

- Fès : 60, Avenue Zerktouni Atlas BP 2039TEL/FAX : 05.35.65.43.62E-mail : [email protected]

- Meknès : 6, Rue Antsirabé N°1 Etage 1.BP 49TEL/FAX : 05.35.51.49.80E-mail : [email protected]

- Oujda : Avenue Mohamed V, Imm Al Bourssa 3éme Etage N°5 BP 49TEL/FAX : 05.36.68.28.33E-mail : [email protected]

- Tanger : AvenueYoussef BenTachfine,Imm Fraihi,BP 1134TEL/FAX : 05.39.94.67.85E-mail : [email protected]

- Agadir : Avenue Hassan 1er Imm Amal Souss BP 532TEL/FAX : 05.28.23.33.97E-mail : [email protected]

- Laayoune : Immeuble 87 Avenue 24 novembre Appt N° 1 Hay Saada BP : 493TEL/FAX : 05.28.89.29.48E-mail : [email protected]

- Marrakech : 82,Avenue Yougoslavie Imm Mellak BP 2209TEL/FAX : 05.24.43.77.88E-mail : [email protected]

- Al Houceima : 3,Avenu Al Andalous BP 259TEL/FAX : 05.39.84.14.75E-mail : [email protected]

- Guelmima BAB SAHARA : 840,Hay Al Kods, BP 415TEL/FAX : 05.28.87.30.38E-mail : [email protected]

- Beni Mellal : Rue Chabbi BP 1750 Oulad hemdanTEL/FAX : 05.23.42.04.31E-mail : [email protected]

- Safi : Plateau N° 6, 3éme Etage Lot Bouzobaa Avenue Ibn ZaidaneN.V Safi BP 366E-mail : [email protected]/FAX : 05.24.62.10.95

- Settat : Avenue Hassan II Imm 20 Appt 6,2eme Etage BP 813TEL/FAX : 05.23.40.51.45E-mail : [email protected]

- Kenitra : Angle Avenue Mohammed Diouri et Avenue Lyarmog, BP 249TEL/FAX : 05.37.37.56.31E-mail : [email protected]