recherche des dimensions culturelles au bénin et ses...
TRANSCRIPT
1
RECHERCHE DES DIMENSIONS DE LA CULTURE NATIONALE ET SES
IMPLICATIONS SUR LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES :
Essai sur le cas Béninois
Emmanuel HOUNKOU Université d’Abomey-Calavi (Bénin)
Tél. +229.97.68.98.77
Résumé
De nombreuses études ont insisté, depuis les travaux fondateurs de Hofstede (1991), sur la
nécessité d’une prise en compte de la variable culturelle en Afrique. La littérature consultée
sur la culture en Afrique, montre qu’il y a plus d’opinions pouvant refléter les valeurs des
cultures africaines que de résultats empiriques. Les rares études empiriques effectuées sur le
continent sont limitées au niveau de quelques pays et n’ont pas pris en compte le Bénin dans
leurs échantillons. Or on s’accorde de plus en plus à admettre que les techniques
managériales sont lourdement influencées par les valeurs culturelles locales. Sur ces
constats, cette contribution s’est fixée comme but de rechercher les traits caractéristiques de
la culture nationale béninoise et au de-là, ses implications sur la gestion des ressources
humaines. En épousant le modèle hofstedien de la culture, nous avons mis au point un
questionnaire composé des variables de Hofstede mais également d’autres variables relevant
de la littérature sur la culture en Afrique. Une première analyse des données recueillies sur
1200 étudiants nous a permis de déterminer les cinq dimensions de Hofstede. Nos résultats
indiquent que, la distance hiérarchique est faible au bénin. Les béninois objets de notre
enquête, sont tournés vers le pôle individualiste. En suite la dimension féminine prédomine.
Enfin le contrôle de l’incertitude est fort et les béninois sont orientés vers le long terme. La
deuxième analyse concerne les variables issues de la littérature sur l’Afrique. Cette analyse
est basée sur la méthode z de Fisher et a permis d’identifier quelques traits caractéristiques
du béninois qui selon nos résultats serait un être qui reconnaît les liens du sang, qui estime
avoir un chef démocratique dont le pouvoir ne doit être fondé ni sur l’âge ni sur l’argent, qui
estime qui contraste l’idée de privilège ethnique tout en reconnaissant que l’entreprise doit
être considérée comme une famille, qui a un respect pour la religion, les ancêtres et les
anciens mais qui refuse la soumission et la fatalisme. Toutefois cette caractérisation de la
culture nationale béninoise ne signifie pas que tous les béninois sont programmés de cette
manière. Nos résultats indiquent l’orientation culturelle de la jeune population béninoise.
Mots-clés : Culture nationale, variables de Hofstede, pratiques de GRH, Bénin.
1. Introduction La gestion des organisations dans le contexte mondial actuel est marquée à la fois par le désir
de s’ouvrir et le souci de reconnaître son identité. Bien que le monde soit de plus en plus
considéré comme un village planétaire, force est de constater que les différences culturelles
sont plus marquées. C’est à ce titre que Hampden-Turner et Trompennaars (2004), ont fait
remarquer que dans un monde économique aujourd’hui « global », comprendre la culture de
ses interlocuteurs est un sésame indispensable à une négociation réussie. Or avec le
2
développement du concept de culture d’entreprise, la littérature à tendance a négligé l’impact
de la culture nationale sur la socialisation des individus au travail. On pourrait se demander si
la culture d’entreprise peut-t-elle atténuer les traits de la culture nationale chez les individus.
Selon certains auteurs tels que Hofstede, (1989) ; d’Iribarne (1989), Trompenaars (1994) les
différences constatées dans les attitudes et les comportements des individus au travail sont
expliquées par leurs origines culturelles nationales. Ainsi, nous pouvons dire que la culture
d’entreprise n’élimine pas les différences émanant des cultures nationales.
Dans cette perspective, depuis les travaux fondateurs de Hofstede (1991), de nombreuses
études ont insisté sur la nécessité d’une prise en compte de la variable culturelle en Afrique.
En effet, la plupart des travaux sur les rapports entre gestion et cultures africaines, concluent
que les techniques de gestion modernes ne sont pas applicables aux entreprises africaines
(Tidjani, 1995). Des voix s’élèvent de plus en plus pour insister sur le développement des
modèles de gestion destinés à gérer les différences culturelles en Afrique. Cependant les
études empiriques sur la question en Afrique sont encore en nombre très limité. Il y a dans la
littérature plus d’opinions que de résultats empiriques. Ces derniers varient d’un pays à un
autre. Dans les recherches existantes, le Bénin ne fait pas partir des échantillons très limitatifs
de pays ayant participé ces études.
Fort de ces constats, nous pensons qu’il est impérieux de rechercher les traits caractéristiques
de la culture nationale au Bénin et au-delà de voir ses éventuelles implications sur la gestion
des ressources humaines. Pour ce faire, nous présentons très brièvement les paradigmes anti-
culturaliste et culturaliste avant de passer en revue quelques traits caractéristiques de la
culture nationale à travers la littérature. Nous effectuerons ensuite une recension des études
empiriques ayant recherché les traits caractéristiques de la culture dans le contexte africain.
Nous élaborerons enfin des outils, sur la base des informations recueillies dans la littérature,
afin de rechercher les traits caractéristiques dominants de la culture béninoise.
2. Contexte de l’étude
Cette étude s’inscrit dans le courant des études qui abordent la problématique de la prise en
compte ou non de la variable culturelle dans la gestion des organisations. Ce débat qui
s’anime autour de la culture, a connu le développement de deux paradigmes à savoir le
paradigme anti-culturaliste et le paradigme culturaliste.
2.1. Le paradigme anti-culturaliste
De plus en plus, avec la mondialisation, des voix s’élèvent pour faire remarquer que les
modes de gestion et formes d’organisations dans les différents pays convergeraient tout
comme les modes de vie et de consommation. Nous sommes bien là dans l’approche
universaliste de la gestion. Dans le débat sur la culture nationale, la critique du déterminisme
de la culture dans l’explication des différences observables dans les formes d’organisations et
de gestion des ressources humaines rallie un certain nombre d’opposants au paradigme
culturaliste. Les détracteurs reprochent souvent aux analyses culturalistes de s’attacher
exclusivement à repérer des manières de penser ou des valeurs sans décrire le mécanisme
précis d’institution, qu’elles soient éducatives ou organisationnelles. Sorge et Warner (1981)
récusent à la fois les approches culturalistes et les théories de la contingence qui leur
paraissent nier le poids des règles et des institutions nationales. Ces auteurs ont publié les
résultats de plusieurs études comparatives sur la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France.
Pour ce qui concerne la France et l’Allemagne, les chercheurs français Maurice, Sellier et
Silvestre (1982) offrent une explication des différences d’organisation du travail, de
hiérarchie salariale qui repose sur la mise en évidence de règles (particulièrement les règles de
fonctionnement du système éducatif) et non de valeurs nationales. Ils mettent ainsi l’accent
3
sur les institutions elles-mêmes, sur les règles de fonctionnement et sur les conséquences en
matière de mode de fonctionnement des entreprises.
Dans cette même veine, Amadieu (1992) soutient les théories de la contingence structurelle
pour lesquelles l’effet des cultures nationales est secondaire et le mode explicatif des
différences observables dans les formes d’organisations serait les différences constatées dans
les techniques de production, la structuration des marchés, la taille des firmes ou les secteurs
d’activités (Lawrence et Lorsch, 1973, Woodward, 1965). L’auteur prône également les
analyses interactionnistes des cultures nationales dans la mesure où elles permettent de
comprendre à quelles conditions les acteurs peuvent faire évoluer les règles du jeu, c’est-à-
dire la culture nationale elle-même. Il se fait l’avocat de la « régulation conjointe » au sens de
Reynaud (1982) selon qui « les normes ou les valeurs ne sont pas un simple héritage ou un
programme préétabli de longues dates mais le résultat de l’activité des acteurs eux-mêmes.
Ici, des employeurs décident d’une fidélisation de leur main-d’œuvre ; ailleurs, devant
l’ampleur des grèves, les partenaires sociaux concluent un pacte social ». Coriat B. (1991) va
dans le même sens dans la mesure où il a essayé de montrer que l’adoption du mode de
gestion « juste à temps » s’expliquait par une adaptation à des conditions économiques
spécifiques après la guerre au Japon. Les opposants à cette thèse ne manquent pas aussi
d’arguments.
2.2. Le paradigme culturaliste
Nous essayerons d’étudier l’influence de la culture nationale sur les méthodes et les pratiques
qui caractérisent les entreprises. Quelque peu oublié par les analyses « contingentes », au
début des années 1980, des chercheurs mettent en lumière un nouveau facteur de contingence
en montrant que les environnements culturels nationaux conditionnent de manière décisive les
modes d’organisations des entreprises. Le contexte culturel a retenu par la suite de plus en
plus l’attention, et ceci à partir de l’émergence de l’approche anthropologique de
l’organisation et au fur et à mesure que les comparaisons internationales se développaient.
C’est ainsi que la thèse d’un universalisme des structures et des modes de fonctionnement
interne, est aujourd’hui largement abandonnée. D’autres études (D’Iribarne, 1987 ; 1990 ;
Hofstede, 1987 ;1991) ont pu montrer à l’inverse que les modes d’organisation étaient
fortement influencés par les caractéristiques culturelles des groupes sociaux et surtout des
pays dans lesquels ils étaient mis en œuvre.
L’approche culturaliste s’intéresse au décryptage des liens subtils entre culture et pratiques
managériales. Cette approche met l’accent sur la spécificité des modes de gestion nationaux
sous-tendus par des représentations ou des logiques différentes. Cette approche suggère la
difficulté de faire travailler ensemble des membres de cultures différentes. Uniformiser les
pratiques aux moyens d’une culture forte qui transcenderait des cultures nationales relèverait
ainsi de l’utopie. S’opposant à l’approche universaliste, le courant culturaliste considère que,
ne prendre en compte que la dimension économique de la gestion est profondément réducteur
et qu’une telle approche se heurte inévitablement à des échecs sur le terrain.
Eu égard à ce qui précède, nous épousons dans cette contribution la voie de l’adaptation du
management au contexte local. En optant pour la perspective culturaliste dans cette
contribution, nous sommes en phase avec la recherche en gestion qui a connu autant de
publications touchant la culture, et au management interculturel au cours des dernières années
(Trompenaars, 1993 ; Adler, 1994 ; Schneider et Barsoux, 2003 ; Chervier, 2003 ; d’Iribarne,
2003 ; Dupriez et Simons, 2002). Notre approche culturaliste du management s’inscrit
clairement dans le courant de recherche de la contingence qui est en rupture avec la théorie de
l’universalité des théories et pratiques de gestion. Les théories de la contingence (Burns et
Stalker 1961 ; Lawrence et Lorsch 1973 ; Woodward 1958) ont pris leur essor dès le milieu
4
des années soixante et cherchent à repérer des facteurs susceptibles d’expliquer la variété des
modes d’organisations.
Le choix du déterminisme culturel nous invite à passer en revue les études empiriques sur la
culture nationale
3. Les études empiriques sur la culture en Afrique
Nous distinguons ici d’abord les études menées par Hofstede (1987) qui a pris une en compte
une partie de l’Afrique. Ensuite, nous allons rapporter les principales conclusions des travaux
de Noorderhaven et Tidjani (2001) sur la culture en Afrique. Enfin, nous aborderons les
travaux sur l’Afrique. La synthèse de ces études nous permettra de dégager les variables de
notre étude.
3.1 Les travaux de Hofstede
Les études empiriques sur les dimensions de la culture nationale sont peu nombreuses en
Afrique. Les travaux de Hofstede (1987), demeure une référence. L’auteur a identifié quatre
grandes dimensions culturelles nationales à savoir :
1- la distance hiérarchique ou les inégalités sociales
2- le degré d’individualisme ou de collectivisme ou les relations entre l’individu et le
groupe
3- le degré de masculinité ou de féminité ou les conséquences sociales de l’appartenance
au groupe des hommes ou à celui des femmes,
4- le contrôle de l’incertitude ou les façons de maîtriser l’avenir.
Il convient de souligner que cette étude a été menée essentiellement dans les cultures
occidentales. Pour corriger ce déséquilibre Bond (1994) a élaboré un questionnaire non
occidental et a pu déterminer non seulement les quatre dimensions principales de Hofstede,
mais également une cinquième dimension qu’il nomme « l’orientation à court ou à long
terme.
Ce modèle hofstedien de la culture nationale a été empiriquement testé plusieurs fois en
Occident (Bollinger et Hofstede, 1987; Hofstede, 1991 ; Bond, 1994) mais également en
Afrique (Ongodo, 2003 au Cameroun ;). Les dimensions mises en évidence par ce modèle
sont les suivantes :
La distance hiérarchique : Cette dimension nous renseigne sur le degré de dépendance qui
caractérise les relations entre individus. En d’autres mots, elle exprime la perception qu’a le
subordonné du pouvoir de son chef. L’auteur estime qu’il existe une sorte d’osmose entre le
milieu politique et le milieu économique et social. Dans les pays où il y a une grande distance
hiérarchique, le pouvoir est inégalement réparti, les subordonnés y sont soumis à un mode de
gestion centralisé et autoritaire. Quant aux pays où on trouve une faible distance hiérarchique,
l’accès au pouvoir est plus facile ; il en découle que les compétences individuelles y comptent
davantage que le statut social. Selon l’auteur, la distance hiérarchique est forte en Afrique.
Le degré d’individualisme ou de collectivisme : Cette dimension met en évidence la relation
entre l’individu et la société. Les sociétés à tendance individualiste valorisent le temps
consacré à la vie privée et où l’intérêt individuel passe avant l’intérêt général. Quand aux
sociétés communautaires, les individus sont marqués par les valeurs du groupe. La famille
dans laquelle grandit l’enfant n’est pas limitée aux seuls parents et enfants. Le groupe est la
seule protection sûre contre les difficultés de la vie de l’individu, c’est pourquoi il lui doit un
dévouement à vie. Selon Hofstede, (op. cit.), Exception faite de l’Afrique du Sud, les sociétés
5
africaines sont des sociétés collectivistes. D’Iribarne (2000) souligne toutefois que les cultures
dites communautaires, telles que celles que l’on rencontre en Afrique noire, se révèlent
marquées par des formes très poussées d’individualisme, au point que l’on se demande si le
fait de les qualifier de communautaires n’est pas strictement lié à une certaine manière de les
regarder. Pour Kamdem (1999), il existe en Afrique un individualisme compétitif (réalisation
de soi), qui conduit les gens à développer des activités d’accumulation et de production
matérielles suffisamment intenses pour permettre la redistribution sociale et pouvoir ainsi
s’assurer une distinction sociale honorifique.
Le degré de masculinité ou de féminité : Cette dimension trouve son origine dans les
différents rôles qu’on assigne à l’un ou à l’autre sexe (bien que ces rôles ont évolué dans le
temps). La répartition sexuelle des rôles n’est pas la même chez tous les peuples. Plus les
rôles sont différenciés, plus la société montrera des traits appelés masculins. A l’opposé, plus
les rôles sont interchangeables, moins ils sont différenciés, plus la société montrera des traits
féminins. Selon le modèle de Hofstede, exception faite de l’Afrique du Sud, les sociétés
africaines sont des sociétés féminines.
Le contrôle de l’incertitude : Cette dimension trouve son origine dans le niveau de
modernisation d’un pays, dans la nature de la population, l’évolution historique, les pratiques
religieuses, etc. Le contrôle de l’incertitude d’un pays mesure « le degré d’inquiétude de ses
habitants face aux situations inconnues ou incertaines ». C’est donc le degré de recherche de
maîtrise sur l’environnement et l’avenir (prévisibilité).
On distingue deux types de sociétés : d’une part, les sociétés à faible contrôle de l’incertitude,
qui conditionnent leurs membres à subir l’incertitude. Elles tolèrent plus facilement
l’ambiguïté, l’instabilité et l’inconnu, et elles s’en remettent volontiers au destin et à la
fatalité. La conséquence d’une telle attitude est la passivité. D’autre part, on trouve les
sociétés à fort contrôle de l’incertitude, dont les membres cherchent à vaincre l’avenir. Ces
sociétés cherchent à maîtriser l’anxiété face aux forces de la nature, aux comportements.
Les indices de Hofstede (1999), placent l’Afrique parmi les sociétés à faible contrôle de
l’incertitude.
Rapport au temps : Nous devons cette cinquième dimension à Bond (1994 ; 1996) qui l’a
baptisée « l’orientation à court ou à long terme ». A l’orientation à long terme, correspond « la
persévérance, le respect du rang, le sens de l’économie et du déshonneur ». Par contre, sont
liées à l’orientation à court terme, « les valeurs de solidarité, de protection de sa propre
dignité, de réciprocité des politesses, faveurs et cadeaux, de respect de la tradition ».
Il convient de souligner que le questionnaire proposé par Hofstede qui porte sur les valeurs et
les attitudes, a connu de nombreuses évolutions dans son contenu et sa composition. A
l’origine, les tous premiers questionnaires proposés vers les années 1967 comportaient
environ 180 questions. Les travaux statistiques basés sur les analyses factorielles réalisées sur
la première phase de l’enquête, ont conduit à une classification des questions en trois
catégories. Ainsi, au cours des enquêtes de 1971 et 1974, une série de 60 questions ont été
déclarées obligatoires, 66 questions ont été recommandées et 60 non obligatoires. Après le
recours au test de stabilité et dans l’optique d’éliminer les questions dont le niveau de score
fluctuait dans le temps, 32 questions seront finalement retenues.
Au lendemain de la rédaction de son ouvrage « Culture’s Consequences » en 1980 de
nouvelles versions du questionnaire ont vu le jour : le « VSM 80 », le « VSM 82 ». Les
réponses à ces questions ont permis de dégager les quatre valeurs fondamentales occidentales
6
définies par Hofstede : Distance hiérarchique, Individualisme/collectivisme,
Masculinité/Féminité, Contrôle de l’Incertitude. Cette enquête qui portait sur les filiales IBM
dans le monde, porte en elle ses propres limites qui sont dues aux origines culturelles des
chercheurs. En effet la principale critique adressée aux travaux de recherche menée par
Hofstede est qu’elle épouse beaucoup plus le contexte occidental (problème de l’universalité
des méthodes). Il y a existence d’un biais occidental.
Afin d’éviter cette distorsion, Bond a établi un questionnaire délibérément non occidental et
inspiré de la culture chinoise. Ce questionnaire portait sur l’importance relative des valeurs
chinoises et a permis non seulement de trouver une solution originale au problème de la
distorsion occidentale des instruments d’enquête mais aussi de déterminer une 5e dimension.
Le questionnaire à échelle à 9 points ou questionnaire « CVS » a été administré dans 23 pays
(dont 20 déjà concernés par l’enquête IBM) à des échantillons d’étudiants.
En suivant la même démarche de traitement de données que Hofstede dans l’enquête IBM et
après analyses factorielles des données recueillies, il a été identifié en définitive quatre
facteurs :
Le facteur I (CVS I) comprend 11 valeurs sensées traduire le degré d’intégration.
Ce facteur est dénommé « Integration »
Le facteur II (CVS II) est composé de 8 valeurs sensées être le reflet des
enseignements de Confucius. Ce facteur est dénommé « Confucian dynamism ».
Le facteur III (CVSIII) est composé de cinq valeurs sensées traduire la chaleur
humaine. Ce facteur est dénommé « Human-heartedness »
Le facteur IV (CVS IV) est constitué par cinq valeurs sensées traduire la discipline
morale. Ce facteur est dénommé « Moral discipline »
L’analyse de corrélation entre les dimensions IBM et CVS a permis de constater que :
1. Une forte distance hiérarchique (IBM) représente un besoin de dépendance par
rapport à des personnes plus puissantes et correspond au CVS « discipline morale » qui
contient les valeurs suivantes : la limitation des désirs, la modération, la recherche du juste
milieu, le désir de rester désintéressé et pur.
A l’opposé, une faible distance hiérarchique traduit un besoin d’indépendance. Le facteur
CVS correspondant illustre les valeurs suivantes : la flexibilité, la prudence.
Par rapport à ce résultat, Hofstede fait la remarque suivante : « Il semble que les questions
élaborées par les cerveaux occidentaux aient mis l’accent sur la composante du pouvoir de
cette dimension. Les questions d’origine orientale montrent que les inégalités de pouvoir
demandent à l’individu des réactions différentes selon les contextes : dans la culture à forte
distance hiérarchique, il doit équilibrer le pouvoir qu’il possède par la retenue ; dans un
contexte de faible distance hiérarchique, il doit agir avec prudence ». Cette remarque justifie
bien à notre avis la présence de certaines variables, telles que « structure à deux patrons »,
dans cette dimension.
2. L’individualisme (IBM) correspond à l’un des pôles du facteur CVS qui est
« l’Intégration ». Ce facteur est celui qui regroupe le plus grand nombre de valeurs : être
tolérant, rechercher l’harmonie, refuser la concurrence, avoir un véritable ami intime, être
quelqu’un sur qui on peut compter, se contenter de son sort, être solidaire des autres, être
conservateur.
Le pôle opposé, le collectivisme, correspond à d’autres valeurs de l’étude CVS : la piété
filiale, la chasteté pour les femmes, le patriotisme.
7
Hofstede nous dit : « dans les deux cas, ces valeurs correspondent assez bien aux conclusions
de l’enquête IBM. Dans une société individualiste, les relations avec les autres ne sont pas
évidentes et prédéterminées, elles sont volontaires et doivent être soigneusement entretenues.
Dans la société collectiviste, il n’est pas nécessaire de nouer les amitiés spécifiques : le choix
des amis est prédéterminé par l’appartenance au groupe. Cette appartenance est entretenue par
la piété filiale et la chasteté des femmes, et associée au patriotisme ».
3. A la masculinité (IBM) correspond le facteur CVS « chaleur humaine ». Les
valeurs correspondantes sont : la courtoisie, la gentillesse, la compassion.
Au pôle féminin sont associés le patriotisme, la doctrine.
Selon Hofstede « tandis que le pôle masculin de la dimension IBM mettait l’accent sur
l’affirmation de soi, un certain matérialisme et un besoin de réussite, l’étude CVS montre que
d’autres valeurs peuvent être associées à la masculinité. La courtoisie évoque l’idée
chevaleresque du Moyen-âge occidental. Nous verrons mieux la patience et la gentillesse
comme attribut du pôle féminin, mais les deux questionnaires ne posent pas les questions de
la même façon : le CVS interroge sur une adhésion consciente à des valeurs de références, des
qualités abstraites (le « désirable ») ; les questions IBM sur le travail idéal, qui ont débouché
sur l’indice de masculinité/féminité, portaient sur les objectifs personnels (le « désiré »). Or le
désirable et le désiré ne se recoupent pas toujours, l’un compense même parfois l’autre. Les
chinois ont toujours insisté sur le fait que les éléments masculins (yang) et féminins (yin) sont
imbriqués ; la dimension « chaleur humaine » paraît confirmer ce postulat du taoïsme. Le pôle
féminin de cette dimension insiste sur la subordination à des intérêts supérieurs : le
patriotisme et la droiture ».
Il faut remarquer que les études « CVS » ne peuvent expliquer la dimension « contrôle de
l’incertitude » de l’enquête « IBM » et qu’une dimension de l’enquête « CVS » est inconnue
des investigations menées dans le cadre de l’enquête « IBM ».
La dimension « CVS » non corrélée aux dimensions « IBM » a été considérée comme la 5e
dimension et a été dénommée « confucian dynamism », valeur qui correspond à une
orientation vers le long terme. Au pôle « orientation à long terme » est associée la
persévérance, le respect du rang, le sens de l’économie et du déshonneur. Le pôle
« orientation à court terme » associe les valeurs de solidarité, de protection, de réciprocité des
politesses, faveurs et cadeaux, de respect de la tradition.
Ainsi pour Hofstede, « les trois dimensions communes aux deux études sont celles qui se
réfèrent à trois catégories de comportements sociaux : l’attitude envers les supérieurs et les
inférieurs, par rapport au groupe et en fonction du sexe auquel on appartient. Ce sont là,
poursuit l’auteur, les choix culturels si fondamentaux dans toute société et que l’on retrouve
toujours, que les questions aient été conçues par des cerveaux orientaux ou occidentaux.
Toutes les sociétés sont confrontées à ces problèmes, mais elles ont « choisi » (historiquement
plus que consciemment) d’y répondre de manières différentes »
C’est ainsi que la dernière version du questionnaire de Hofstede a bénéficié des apports des
travaux de Bond sur les valeurs de la culture chinoise. Cette dernière version, le « VSM 94 »
qui est souvent utilisée dans les recherches comporte 20 questions relatives aux cinq
dimensions. En dehors des travaux de Hofstede, une autre étude qui a marqué la recherche sur
la culture en Afrique est l’étude « Dephi » réalisée par Noorderhaven et Tidjani.
3.2. Les travaux de Noorderhaven et Tidjani
8
Ces auteurs ont mené une enquête internationale sur les valeurs culturelles africaines en 2001.
Ils ont recouru à deux sources pour la confection de leur questionnaire. Il s’agit de l’étude
« Delphi », qui a permis de collectionner les points de vue des experts africains et autres
scientifiques tant en Afrique qu’en Europe, sur les valeurs des cultures africaines. Ces points
de vue ont été complétés par une analyse de la littérature sur les rapports entre management et
cultures africaines. Le questionnaire élaboré sur la base de ces éléments comportent 100 items
et a été administré dans 14 pays dont 6 pays africains, à des échantillons d’étudiants. Ce
travail a permis de dégager six facteurs pour la détermination de huit dimensions à savoir :
Bonté humaine (Human goodness) : cette dimension est considérée comme reflétant une vue
positive des individus. Un score élevé sur cette dimension indique une vue optimiste de la
nature humaine et la conviction que cette vue doit prédominer sur les principes
d’organisation. Un score faible indique une vue pessimiste (score faible dans les pays
africain).
Règles et hiérarchie (Rules and hierarchy) : Cette dimension traduit l’importance des règles,
des procédures et des supérieurs sur les lieux de travail. Un score élevé indique que la
réglementation (les règles) est importante et que les subordonnés doivent se référer à leurs
supérieurs pour prendre position. Un score faible indique que les règles et la hiérarchie sont
moins importantes. Les scores des pays africains sont élevés.
Importance de la religion (Importance of religion) : Cette dimension traduit l’importance de
valeurs religieuses. Un score élevé indique une plus grande importance accordée aux valeurs
religieuses et non aux valeurs hédonistes. Ici également les scores des pays africains sont très
élevés.
Sagesse ancestrale (Traditional wisdom) : Cette dimension met en évidence les points de vue
traditionnels de la sagesse et le comportement envers les étrangers. Un score élevé indique
que les répondants acceptent les points de vue traditionnels de la sagesse et de ses sources
ainsi que les autres expressions relatives à la sagesse et au bon comportement envers les
étrangers. Les pays africains étudiés enregistrent un score au-dessus de la moyenne.
Partage (Sharing) : Cette dimension traduit l’idée de partage des richesses. Un score élevé
traduit la forte tendance pour les individus au partage des richesses. Certains pays africains
réalisent des scores élevés et d’autres des scores faibles.
Jalousie (Jealousie) : Cette dimension exprime une vision négative du comportement
humain : jalousie, ambition, tromperie, peur d’être ridiculisé. Un score élevé indique une forte
perception de la jalousie ou la peur d’être rejeté comme force importante de la société. Les
scores des pays africains sont assez différents.
Collectivisme (Collestivism) : Il s’agit ici d’une dimension hybride qui recouvre des aspects
relatifs au collectivisme ou à l’esprit communautaire et des aspects relatifs au fatalisme. Les
auteurs ont adopté provisoirement l’appellation « collectivism ». Toutefois, cette dimension ne
présente aucune corrélation avec la dimension individualisme/collectivisme de Hofstede. Les
scores enregistrés par les pays africains sont au dessus de la moyenne.
Responsabilité sociale (Societal responsability) : cette dimension traduit la responsabilité
sociale des individus face à la société. Les scores sont difficilement exprimables pour les pays
africains.
9
3.3. Les autres travaux sur l’Afrique
En dehors des travaux de Hofstede (op.cit) et de Noorderhaven et Tidjani (op.cit) sur les
dimensions culturelles en Afrique, une autre recherche qui a retenu notre attention est celle de
Ongodo Fouda (2003). En effet, dans ses recherches sur « les dimensions culturelles du
management dans les organisations camerounaises », l’auteur a mis en évidence, entre autres,
les cinq dimensions culturelles de Hofstede. Il aboutit à la conclusion suivante : la distance
hiérarchique est courte ou moyenne, (faible variation selon les régions), un score faible sur la
dimension individualisme/collectivisme (le pays est globalement collectiviste), un faible score
pour la dimension masculinité-féminité ce qui traduit que la population camerounaise tend
vers le pôle de la féminité, un fort degré de l’incertitude et une orientation vers le court terme.
Il y a lieu de faire deux remarques sur ces résultats : premièrement, pour une même
dimension, les scores calculés varient d’une région à une autre (le score de la dimension
« distance hiérarchique » varie entre 42 pour le groupe BEHS et 63 pour le groupe BLSA), ce
qui rend hasardeuse la généralisation des dimensions à l’ensemble du pays. Deuxièmement,
les résultats sur le Cameroun confirment certaines dimensions de Hofstede sur l’Afrique et
contredisent d’autres ; en effet selon Hofstede la distance hiérarchique est forte en Afrique
mais les résultats de Ongodo l’infirment. D’où l’importance de tester les dimensions
hofstediennes dans chaque pays africain et au-delà rechercher d’autres variables propres à
chaque contexte.
En dehors des dimensions de Hofstede, l’auteur a mis en évidence d’autres variables testées
dans le contexte camerounais. Ces variables sont issues en grande majorité de l’analyse des
écrits sur les questions de management en Afrique soulevées par les travaux de d’Iribarne
(1998) et ceux de Kamdem (1999). Ces variables vont traduire l’importance accordée au
facteur ethnique et à la famille dans les relations de travail, la conception du chef ou du
pouvoir, la considération de l’épargne et de la femme.
4. Méthodologie
Nous précisions ici l’approche utilisée, les variables retenues pour cette étude, les modalité de
confection du questionnair, le nombre de participants à l’étude, et les méthodes d’analyse
retenues.
4.1 Choix d’une approche
Il existe plusieurs modèles de recherches sur les cultures nationales (Hofstede, 1993 ;
D’Iribarne, 1989 ; Adler, 1994 ; Aktouf, 1990 ; Trompenaars et Hampden-Turner, 2004). Les
études de ces auteurs peuvent être regroupées dans deux grandes approches :
L’approche des grandes enquêtes. Les travaux d’Hofstede sont illustratifs de cette
approche.
L’approche des études de cas approfondis. Référence faite aux travaux de D’Iribarne.
Bien que chacune de ses approches soit défendable, dans le cadre de cette contribution, nous
optons, à la suite de Ongodo Fouda (2003), pour l’approche des grandes enquêtes. Ce choix
traduit notre volonté de saisir les différentes cultures dans leurs grandes dimensions, c’est à
dire raisonner en termes de dénominateur commun et de déterminer à l’instar d’Hofstede,
quelques indices quantitatifs pouvant orienter d’autres travaux en profondeur.
Nous voulons souligner tout de suite que les travaux de Hofstede font l’objet de critiques
comme tant d’autres, mais ils restent quand même une référence incontournable dans le
domaine du management interculturel. Ces travaux ont fait l’objet de nombreuses réplications
et ont été validés par de nombreuses recherches.
10
A travers les grandes enquêtes, nous recherchons non seulement les variables issues des
dimensions de Hofstede mais également d’autres variables identifiées dans la littérature
portant sur le contexte africain.
4.2 Choix des variables de l’étude
Dans cette contribution, nous avons passé en revue les études empiriques de Hofstede, de
Noorderhaven et Tidjani et de Ongodo sur la culture en Afrique. Il convient de souligner qu’il
existe une corrélation entre certaines dimensions de Hofstede et d’autres de Noorderhaven et
Tidjani. En effet, trois des dimensions de Noorderhaven et Tidjani sont corrélées à deux
dimensions de Hofstede à savoir la distance hiérarchique et le collectivisme. Compte tenu de
cette corrélation, nous retenons pour la suite de cette recherche le modèle de Hofstede pour la
recherche des traits caractéristiques de la culture béninoise.
4.3 Elaboration du questionnaire
Pour la confection du questionnaire sur les variables socioculturelles, nous nous sommes
inspiré du questionnaire standard utilisé pour la détermination des grandes dimensions de
Hofstede. En absence d’études empiriques antérieures sur les valeurs culturelles au Bénin, ce
questionnaire a été complété par d’autres questions de nature à découvrir d’autres variables
considérées comme relevant du contexte africain, notamment celles mises en évidence par
Ongodo (op.cit.). Ces variables vont traduire l’importance accordée au facteur ethnique et à la
famille dans les relations de travail, la conception du chef ou du pouvoir, la considération de
l’épargne et de la femme, l’appartenance religieuse, la conception du temps et des valeurs
ancestrales, le recours aux forces occultes et l’importance de la compétition aussi bien au
niveau de la fratrie qu’en dehors de la famille Au total, le questionnaire conçu comprend 64
questions. Les 20 premières questions sont destinées à recherche des 5 dimensions de
Hofstede. Les 44 autres questions ont été posées pour rechercher au Bénin les variables
culturelles relevant du contexte africain.
4.4 Le nombre de participants à l’étude
Dans l’impossibilité de travailler dans le véritable monde du travail, nous avons opté, à
l’instar de Bond (1987), de Noorderhaven et Tidjani (2001) et de Ongodo (2003), pour des
échantillons d’étudiants, surtout la population des étudiants finissants et des étudiants
travailleurs des universités et des grandes écoles de formation au Bénin. Le choix des
étudiants présente certains atouts pour notre travail :
- ils sont accessibles et donnent des résultats intéressants,
- ils appartiennent à des groupes ethniques différents
- ils se sont constitués en des associations en fonction de leur appartenance
ethnique
- toutes les ethnies sont représentées sur le campus ;
- les étudiants finissants ont des contacts avec le monde des entreprises où ils
effectuent leurs stages en vue de la rédaction de leurs mémoires ou rapports de
fin de formation. (DTS, BTS, Licence, Maîtrise, Master, DESS, DEA)
Les données que nous avons collectées concernent 1200 étudiants âgés de 20 à 45 ans. Par
ailleurs, tous les individus n’ayant pas répondu à toutes les questions ont été éliminés de la
base de données. Nous passons ainsi de 1200 individus 986 individus ayant répondu
effectivement à toutes les questions. Les questionnaires ont été dépouillés. Face au nombre
très important d’individus et de variables, une réduction de ces dernières a été effectuée en
11
regroupant les niveaux des réponses aux questions. Nous passons ainsi de 5 à 2, c’est-à-dire
que les niveaux 1 et 2 d’une question sont supposés identiques et les niveaux 3 à 5 constituent
un autre niveau identique.
4.5 Méthodes d’analyse
Nous avons utilisé la méthode de calcul des indices de Hofstede et la méthode de test z de
Fisher pour analyser les résultats de nos enquêtes.
4.5.1 Présentation des formules de calcul des indices de Hofstede
a) Indice distance hiérarchique (PDI) = -35m(03)+35m(06)+25m(14)-20m(17)-20
Dans cette formule m(03) est le score moyen pour la question 03, etc. L’indice prend ses
valeurs entre 0 (distance hiérarchique élevée) et 100 (distance hiérarchique faible), mais des
valeurs en dessous de 0 ou supérieures à 100 sont possibles.
b) Indice individualisme (IDV)= -50m(01)+30m(02)+20m(04)-25m(08)+130
Dans cette formule m(01) est le score moyen pour la question 01, etc. L’indice prend ses
valeurs entre 0 (fort degré de collectivisme) et 100 (fort degré d’individualisme). Toutefois
des valeurs en dessous de 0 ou supérieures à 100 sont possibles.
c) Indice masculinité (MAS)= 60m(05)-20m(07) +20m(15)-70m(20)+100
Dans cette formule m(05) est le score moyen pour la question 05, etc. L’indice prend ses
valeurs entre 0 (fort degré de féminité) et 100 (fort degré masculinité). Toutefois des valeurs
en dessous de 0 ou supérieures à 100 sont possibles.
d) Indice contrôle de l’incertitude (UAI)=25m(13)+20m(16)-50m(18)-15m(19)+120
Dans cette formule m(13) est le score moyen pour la question 13 , etc. l’indice prend ses
valeurs entre 0 (faible contrôle de l’incertitude) et 100 (fort contrôle l’incertitude). Toutefois
des valeurs en dessous de 0 ou supérieures à 100 sont possibles.
e) Indice orientation à long terme (LTO) = 45m(09)-30m(10)-35m(11)+15m(20)+20
Dans cette formule m(09) est le score moyen pour la question 09 , etc. l’indice prend ses
valeurs entre 0 (orientation à court terme) et 100 (orientation à long terme). Toutefois des
valeurs en dessous de 0 ou supérieures à 100 sont possibles. 4.5.2 Le test z de Fisher
Le test z de Fisher est une méthode de comparaison de deux proportions. Cette méthode
permet de comparer deux proportions (ou pourcentages) issues de deux populations
indépendantes afin de déterminer celle qui est statistiquement supérieure (ou inférieure ou
égale) à l’autre. L’hypothèse nulle testée est H0 : p1= p2 ou H0 : p1 – p2 =0 (alternative H1 : p1
≠ p2 ou H1 : p1 – p2 ≠ 0). Ici, les p1 et p2 représentent respectivement le pourcentage des
enquêtés ayant répondu « pas d’accord » et « d’accord » aux différentes questions (sous-
variables) qui leurs ont été administrées. La même comparaison a été faite sur les
pourcentages de « pas d’accord » et « d’accord » globalement pour l’ensemble des sous-
variables (ou questions) composant chacune des douze variables afin de connaître l’avis
dominant par sous variable et par variable. Le logiciel utilisé est le Minitab version 13.1.
5. Présentation des résultats de l’étude.
12
Nous présentons successivement les résultats sur les dimensions de Hofstede et ceux liés aux
variables complémentaires à Hofstede.
5.1. Résultats de l’enquête sur les variables issues des dimensions de Hofstede
Il s’agira pour nous de déterminer la position du Bénin par rapport aux cinq macro dimensions
qui caractérisent les cultures nationales selon Hofstede. Pour ce faire, nous avons procédé au
calcul des indices à partir des formules élaborées par l’auteur.
Calcul de l’indice de distance hiérarchique (IDV)
Les variables étudiées dans cette dimension sont relatives aux questions suivantes : Q3, Q6,
Q14, Q17
En utilisant la formule mathématique élaborée par Hofstede, nous avons :
45,34
2013,22093,22559,23591,135
20)17(20)14(25)06(35)03(35
mmmmPDI
Le score sur cette dimension est faible. Nous pouvons en déduire que pour tous les jeunes
béninois interrogés, le score sur cette dimension traduit une faible distance hiérarchique. Nous
en déduisons que pour la question de distance hiérarchique entre les travailleurs, il convient
de noter que la bonne relation de travail entre employés et les chefs directs puis la
consultation du subalterne par le chef dans les prises de décision concernant le groupe sont
aux yeux des enquêtés d’une grande importance. Les béninois enquêtés n’ont pas la crainte
d’exprimer leur désaccord à leur supérieur hiérarchique.
Calcul de l’indice d’individualisme / collectivisme
Les questions suivantes ont été abordées dans cette dimension : Q1, Q2, Q4, Q8
En utilisant la formule de calcul de l’indice, on trouve :
80,68
13057,22546,22085,23063,250
130)08(25)04(20)02(30)01(50
mmmmIDV
Le score ici étant très élevé, nous en déduisons que tous les béninois objets de notre enquête
sont tournés vers le pôle individualisme. Concernant la variable individualisme/collectivisme,
l’opinion des enquêtés juge très important la disposition suffisante du temps pour sa vie
personnelle ou familiale, la possession de bonnes conditions matérielles de travail, la sécurité
de l’emploi et un travail qui comporte de la variété et de l’aventure. En d’autres termes, les
béninois sont favorables à un emploi durable, bien rémunéré et moins tracassant (moins
d’heures de travail). La tendance est donc en faveur de l’individualisme. Le résultat confirme
celui obtenu par les indices de Hofstede. Ces résultats semblent confirmer l’idée de Hofstede
selon laquelle les sociétés à distance hiérarchique faible sont individualistes.
Calcul de l’indice de la masculinité et la féminité
Les variables de cette dimension sont relatives aux questions suivantes : Q5, Q7, Q15, Q20
13
En utilisant la formule de Hofstede, on trouve :
64,18
10081,27020,32092,22084,160
100)20(70)15(20)07(20)05(60
mmmmMAS
Le score sur cette dimension, pour les béninois consultés, est faible. Les béninois tendent vers
le pôle de la féminité. Ces résultats confirment ceux de Hofstede qui avait conclut
qu’exception faite de l’Afrique du Sud, les sociétés africaines sont des sociétés féminines. A
ce niveau, les enquêtés ont jugé très important la bonne coopération entre travailleurs et la
promotion dans le travail c’est-à-dire avoir l’accès facile aux postes élevés. Pour eux il ne faut
pas faire confiance à tout le monde. Ils pensent également que si on rate sa vie, c’est souvent
par sa propre faute. Le test z de Fisher plaide aussi pour la Féminité.
Calcul de l’indice de contrôle de l’incertitude
Les variables corrélées à cette dimension sont relatives aux questions: Q13, Q16, Q18, Q19
L’application de la formule de calcul de l’indice donne :
77,77
12058,21573,25051,32051,225
120)19(15)18(50)16(20)13(25
mmmmUAI
Pour les béninois consultés on note un fort degré de contrôle de l’incertitude. En ce qui
concerne la dimension contrôle de l’incertitude, les enquêtés déclarent dans une large majorité
être quelque fois nerveux ou tendu au travail. Selon eux, un bon chef doit être compétant et
capable de répondre souvent aux questions de ses employés. Ils sont contre la compétition
entre employés et d’accord pour le respect des règles de l’entreprise. Ces résultats plaident
pour un fort contrôle de l’incertitude. Le résultat issu du calcul de l’indice se trouve donc
confirmé.
Calcul de l’indice orientation à court terme et l’orientation à long terme
Sont corrélées à cette dimension les variables suivantes : Q9, Q10, Q11, Q12
Le calcul de l’indice donne :
77,66
6781,21582,13511,23088,145
67)20(15)11(35)10(30)09(45
mmmmLTO
Les béninois interrogés sont orientés vers le long terme. Ici, les enquêtés accordent une
grande importance à : l’équilibre et la stabilité personnelle, l’épargne et la persévérance. Pour
ce qui concerne le respect pour la tradition, les avis sont partagés entre « peu important » et
« très important » en passant pas « assez important ». Les béninois objets de notre étude sont
favorables pour une Orientation à Long Terme. Le résultat obtenu par le calcul de l’indice se
trouve donc confirmé.
5.2. Analyse des variables complémentaires à Hofstede.
Il est essentiellement question ici d’une analyse d’opinions. Quelle est la position des béninois
sur les douze variables issues des études empiriques sur la culture en Afrique ? Pour chacune
de ces douze variables, nous présenterons les résultats issus du test z de Ficher dans un
tableau récapitulatif qui ressort la position des béninois par rapport aux différentes sous-
14
variables qui composent la variable-mère. Ainsi l’opinion statistiquement majoritaire nous
permet de dégager la tendance globale.
L’importance de la famille
Les résultats de test z de Fisher sur cette variable sont consignés dans le tableau suivant.
Tableau 1. : Avis des enquêtés sur l’importance de la famille.
Pas d’accord (%) Indécis (%) D’accord (%) Conclusion
1 13,41 4,67 81,92* D’accord
2 58,35* 22,71 18,94 Pas d’accord
3 46,03* 19,13 34,84 Pas d’accord
* : opinion statistiquement majoritaire (test z de Fisher)
Au niveau de l’importance de la famille, les enquêtés sont d’accord, en grande majorité, pour
que l’entreprise soit considérée comme une famille et que tous les travailleurs soient traités
comme les membres de cette famille. Les enquêtés pensent aussi que la famille n’est pas un
obstacle au progrès de l’individu et de la société mais ce n’est pas une raison, selon les
enquêtés, de tout lui sacrifier. Elle ne passe donc pas avant tout. En somme, pour cette
question de la famille, elle est d’une grande importance aux yeux des enquêtés mais pas au
dessus de tout.
La propension à épargner
Les résultats de test z de Fisher sur cette variable sont consignés dans le tableau suivant.
Tableau 2 : Avis des enquêtés sur l’épargne.
Pas d’accord (%) Indécis (%) D’accord (%) conclusion
1 57,04* 10,48 32,47 Pas d’accord
2 51,03* 8,46 40,51 Pas d’accord
3 16,65 13,69 69,66* D’accord
* : opinion statistiquement majoritaire (test z de Fisher)
Pour ce qui concerne l’épargne, les enquêtés pensent qu’il n’est pas nécessaire d’épargner
avant de consommer. De même, il n’est pas normal, selon ces derniers, de consommer son
revenu et ensuite songer à épargner s’il y a reste. En d’autres termes, il faut, selon les
enquêtés, rechercher l’équilibre entre les deux c’est-à-dire satisfaire aux besoins alimentaires
tout en épargnant un temps soit peu pour faire face aux imprévus. Un entrepreneur est celui
qui, selon les enquêtés, ne dilapide rien. Il est donc un homme rationnel. En somme, les
enquêtés sont favorables à une épargne raisonnée ce qui explique la prolifération des
initiatives informelles de tontines même sur les lieux de travail et le plus souvent entre les
membres de même groupe ethnique.
La conception du chef et du pouvoir
Les résultats de test z de Fisher sur cette variable sont consignés dans le tableau 5.9.
15
Tableau 3 : Avis des enquêtés sur la conception du chef et du pouvoir.
Pas d’accord (%) Indécis (%) D’accord (%) Conclusion
1 71,09* 8,54 20,37 Pas d’accord
2 17,88 9,32 72,80* D’accord
3 20,68 10,51 68,81* D’accord
4 7,33 4,10 88,57* D’accord
5 17,57 9,43 73,01* D’accord
6 81,93* 7,50 10,57 Pas d’accord
* : opinion statistiquement majoritaire (test z de Fisher)
Les résultats montrent ici qu’il ne faut pas nécessairement être âgé pour mériter le pouvoir. Le
chef, selon les enquêtés, est celui dont la communauté attend de plus grands services. Aussi,
pensent-ils qu’il faut être habile pour mériter le pouvoir. Ils pensent que le consensus est
nécessaire avant toute prise de décision et qu’il faut dire ce que l’on pense même s’il faut
offenser les autres. Ils sont contre l’idée selon laquelle il faut être riche pour mériter le
pouvoir. Donc globalement, il se dégage de l’enquête que pour les béninois le chef est un
leader démocratique qui rend service à sa communauté, qui recherche un certain consensus
avant la prise de décision et dont le pouvoir n’est pas fondé ni sur l’âge ni sur l’argent.
L’importance du facteur ethnique dans la relation de travail
Les résultats de test z de Fisher sur cette variable sont consignés dans le tableau suivant.
Tableau 4: Avis des enquêtés sur l’ethnie dans la relation de travail.
Pas d’accord (%) Indécis (%) D’accord (%) Conclusion
1 71,17* 14,03 14,79 Pas d’accord
2 84,07* 5,71 10,22 Pas d’accord
3 91,53* 4,15 4,32 Pas d’accord
4 83,53* 10,19 6,28 Pas d’accord
5 71,69* 14,03 14,29 Pas d’accord
6 30,04 16,85 53,11* D’accord
7 28,35 14,60 57,05* D’accord
8 45,47* 22,69 31,84 Pas d’accord
* : opinion statistiquement majoritaire (test z de Fisher)
Pour le facteur ethnique dans la relation de travail les enquêtés ont marqué leur désaccord
pour les sous variables suivantes :
- On doit songer à travailler le plus longtemps possible dans une entreprise appartenant ou
dirigé par un membre de son groupe ethnique ;
- En cas de recrutement et à niveau de compétence égale, le choix doit porter en priorité sur le
candidat du même groupe ethnique que le directeur ou le propriétaire de l’entreprise ;
- Il est important, pour le fonctionnement de l’entreprise de confier les postes de
responsabilité ou les postes importants aux membres du même groupe ethnique que le
propriétaire ou le directeur de l’entreprise ;
- La meilleure manière de prospérer en affaire est de s’associer aux membres de son groupe
ethnique ;
- Il est toujours préférable de travailler avec les membres de son groupe ethnique ;
- En cas de conflit au travail, il est plus facile d’arriver à une solution de compromis si mon
chef hiérarchique est de même groupe ethnique que moi ;
16
Ce désaccord des enquêtés vis-à-vis de ces six sous variables montre qu’ils sont contre
l’ethnocentrisme dans les entreprises.
Par contre, ils pensent que l’usage d’une même langue maternelle comme langue de travail
entraîne plus de compréhension et une bonne circulation de l’information dans l’entreprise.
Aussi, pensent-ils que la compétition entre groupes ethniques peut être un facteur de progrès.
En générale nous notons que les enquêtés contrastent l’idée de privilège ethnique. Ils ont une
vision positive de certains facteurs ethniques à savoir l’émulation entre groupes ethniques et
l’usage d’une même langue pour plus de compréhension et une bonne circulation de
l’information.
La considération de la femme
Les résultats du test z de Fisher sur cette variable sont consignés dans le tableau suivant.
Tableau 5: Avis des enquêtés sur la considération de la femme.
Pas d’accord (%) Indécis (%) D’accord (%) Conclusion
1 26,72 9,53 63,74* D’accord
2 72,63* 11,73 15,64 Pas d’accord
* : opinion statistiquement majoritaire (test z de Fisher)
Par rapport à la femme, les enquêtés sont d’accord que les femmes peuvent faire le même
travail que les hommes. Mais sont contre l’idée selon laquelle les femmes qui travaillent
constituent une menace pour leurs époux. En somme, les enquêtés sont contre la domination
de la femme et son écartement du processus de développement de la nation. La conception
traditionnelle de la femme a donc évolué.
Compétition au sein de la fratrie
Les résultats du test z de Fisher sur cette variable sont consignés dans le tableau suivant.
Tableau 6: Avis des enquêtés sur la compétition au sein de la fratrie
Pas d’accord (%) Indécis (%) D’accord (%) Conclusion
1 46,02* 28,28 25,71 Pas d’accord
2 21,39 18,35 60,26* D’accord
3 43,05 16,20 40,75 Neutre
* : opinion statistiquement majoritaire (test z de Fisher)
Les enquêtés ne sont pas d’accord que le frère de quelqu’un puisse être son pire ennemi. Par
contre pour eux le frère de quelqu’un est son ami. Pour ce qui concerne la sous variable
« l’esprit de compétition est la source des discordes et des violences », les avis sont partagés
entre d’accord et pas d’accord. En somme, le béninois tient beaucoup à son frère c’est-à-dire
au lien de sang. Le lien de sang prime sur l’esprit de compétition.
Compétition en dehors de la famille
Les résultats du test z de Fisher sur cette variable sont consignés dans le tableau suivant.
Tableau 7: Avis des enquêtés sur la compétition en dehors de la famille.
Pas d’accord (%) Indécis (%) D’accord (%) Conclusion
1 11,84 10,22 77,94* D’accord
2 16,32 7,69 75,98* D’accord
* : opinion statistiquement majoritaire (test z de Fisher)
17
Ici, les enquêtés pensent que la réussite est indissociable de l’esprit de compétition et que
l’envie de s’enrichir est la plus grande motivation humaine. Ils sont donc favorables à la
compétition en dehors de la famille.
L’importance de la religion
Les résultats du test z de Fisher sur cette variable sont consignés dans le tableau suivant.
Tableau 8: Avis (en pourcentages) des enquêtés sur l’importance de la religion.
Pas d’accord (%) Indécis (%) D’accord (%) Conclusion
1 18,09 12,80 69,11* D’accord
2 37,80* 28,57 33,62 Pas d’accord
3 64,47* 11,96 23,57 Pas d’accord
4 25,52 21,82 52,66* D’accord
5 59,20* 14,71 26,09 Pas d’accord
* : opinion statistiquement majoritaire (test z de Fisher)
Si les enquêtés sont d’accord que tout le monde a besoin de croire en Dieu ou d’avoir une
religion et que la réussite dépend de Dieu, ils ne pensent pas que ceux qui commettent le
péché seront frappés par la malchance et qu’il est inutile de faire des projets car notre avenir
dépend de Dieu. Dans le même ordre d’idée il n’est pas toujours préférable pour eux de
travailler avec les membres de sa religion. En somme, les enquêtés ne croient pas au fatalisme
ni à une quelconque punition de Dieu pour les péchés commis. Bien sûr ils croient à Dieu et
pensent que la réussite dépend de Dieu mais ils pensent qu’il est utile de faire des projets. Ce
qui montre l’esprit entrepreneurial des béninois.
La conception du temps
Les résultats du test z de Fisher sont consignés dans le tableau suivant.
Tableau 9: Avis des enquêtés sur le temps.
Pas d’accord (%) Indécis (%) D’accord (%)
1 26,95 28,84 44,21* D’accord
2 64,29* 7,93 27,79 Pas d’accord
3 11,60 8,68 79,72* D’accord
* : opinion statistiquement majoritaire (test z de Fisher)
Ici, les enquêtés pensent que le temps est une contrainte car on ne trouvera pas toujours
suffisamment du temps pour faire son travail. Mais ils sont d’accord que quand Dieu fit le
temps, il le fit en grande quantité et qu’on peut passer son temps, mais pas le perdre. En
somme, les enquêtés sont favorables à une gestion rationnelle du temps. Dans le stéréotype
traditionnel de la société africaine, le temps est conçu comme circulaire, un jouet élastique
que chaque individu peut manipuler à sa guise (Etounga Manguelle, 1990). Mais aujourd’hui,
les choses semblent évoluer. Notre enquête révèle que le rapport au temps devient un rapport
au temps contraint.
La croyance aux ancêtres
Les résultats de test z de Fisher sur cette variable sont consignés dans le tableau suivant.
18
Tableau 10 : Avis des enquêtés sur la croyance aux ancêtres.
Pas d’accord (%) Indécis (%) D’accord (%)
1 36,61* 32,39 31,01 Pas d’accord
2 23,20 21,81 55* D’accord
3 72,95* 16,06 10,99 Pas d’accord
* : opinion statistiquement majoritaire (test z de Fisher)
Si les enquêtés sont d’accord pour la conservation des valeurs héritées des ancêtres, ils
n’acceptent pas l’idée selon laquelle les vivants sont unis à leurs ancêtres dans la vie
quotidienne de même que l’idée selon laquelle tout ce que nous possédons est un don de nos
ancêtres. En définitive, il faut noter que les béninois ont un certain respect aux ancêtres qui se
traduit par la conservation des valeurs héritées des ancêtres.
L’occultisme
Les résultats de test z de Fisher sur cette variable sont consignés dans le tableau suivant.
Tableau 11: Avis (en pourcentages) des enquêtés sur l’occultisme comme moyen de réussir.
Pas d’accord (%) Indécis (%) D’accord (%) Conclusion
1 82,37* 8,47 9,16 Pas d’accord
2 80,53* 11,87 7,6 Pas d’accord
* : opinion statistiquement majoritaire (test z de Fisher)
Pour les enquêtés, la réussite ne nécessite pas le recours aux forces occultes. De la même
manière, les forces occultes ne sont pas des moyens pour atteindre ses objectifs. En résumé,
ils sont contre l’occultisme.
Le rôle des anciens
Les résultats du test z de Fisher sur cette variable sont consignés dans le tableau suivant.
Tableau 12: Avis des enquêtés sur le rapport entre les générations.
Pas d’accord (%) Indécis (%) D’accord (%)
1 6,22 2,85 90,92* D’accord
2 85,27* 7,63 7,11 Pas d’accord
3 70,74* 14,88 14,37 Pas d’accord
4 86,92* 6,45 6,63 Pas d’accord
* : opinion statistiquement majoritaire (test z de Fisher)
Les enquêtés tout en étant d’accord pour le respect des aînés par les jeunes pensent que la
raison du plus âgé n’est pas toujours la meilleure, qu’on peut parfois contredire les personnes
âgées et que les plus âgés ne doivent pas gagner plus que les jeunes dans l’entreprise pour un
même travail et pour les mêmes compétences. En définitive, pour les enquêtés le rapport entre
les générations doit être fraternel, un rapport basé sur les idées, la compétence et le respect
mutuel sans aucune autre forme de discrimination. Il existe donc au Bénin le respect des
anciens mais pas la soumission totale.
19
6. Discussion des résultats
Il convient de rappeler que notre étude ne s’est pas intéressée aux sous-cultures c'est-à-dire les
cultures ethniques. Notre objectif est de connaître ce qui peut différencier un béninois d’un
congolais ou d’un sénégalais…Il s’agit donc de la culture nationale, une sorte de
dénominateur commun à toutes les cultures béninoises.
Il ressort de notre analyse sur la culture nationale béninoise que certaines valeurs apparaissent
dominantes d’après nos résultats. Ces valeurs sont consignées dans le tableau ci-dessous.
Tableau 13: synthèse générale sur la culture nationale béninoise.
Valeurs dominantes
Distance hiérarchique faible
Individualisme
Féminité
Fort contrôle de l’incertitude
Orientation à long terme
Importance de la famille, lien du sang c’est-à-dire
l’amour du frère, mais contre ethnocentrisme et le
privilège ethnique
Considération du chef mais un chef démocratique et
dont le pouvoir n’est fondé ni sur l’âge ni sur l’argent
Epargne raisonnée
Considération de la femme
Compétition en dehors de la famille
Gestion rationnelle du temps
Respect à Dieu, aux ancêtres et aux anciens mais non à
la soumission, au fatalisme, à la ségrégation entre les
âges et l’occultisme
Il convient de remarquer qu’à travers ces différents résultats, il ne s’agit pas de comparer les
personnes mais les tendances générales dans les réponses. Le citoyen moyen n’existe pas, il
existe une tendance générale qui se dégage des réponses. Nos résultats indiquent l’orientation
culturelle de la jeune population béninoise. Ces résultats nous inspirent le commentaire
suivant.
Les béninois considèrent l’entreprise comme une famille. Tous les travailleurs devront être
traités comme les membres de cette famille. Les travailleurs devront travailler plus pour
l’évolution d’un bien commun dont les bénéfices profiteront à l’ensemble. La grande
importance de la famille et la reconnaissance du lien de sang traduisent l’importance de
l’identité sur les lieux de travail. Tout en travaillant ensemble pour l’intérêt commun, les
béninois reconnaissent qu’ils sont différents. Ils sont favorables à la compétition en dehors de
la famille. Ils contestent l’idée de privilège ethnique mais ont une vision positive sur certains
facteurs tels que l’émulation entre groupes ethniques et l’usage d’une même langue
maternelle. Au Bénin, les facteurs ethniques constituent donc une réalité au niveau des
entreprises étudiées en général, et de leur gestion du personnel en particulier. Mais ils ne
constituent pas un obstacle infranchissable à une bonne gestion de ces entités économiques.
20
La valorisation des identités spécifiques sur les lieux de travail converge bien avec
l’individualisme. En effet la société béninoise est individualiste. Il faut préciser qu’il s’agit de
l’orientation culturelle de la jeune population béninoise. Notre résultat renforce l’idée de
Hofstede selon laquelle les pays à faible distance hiérarchique seraient individualistes. Ce
résultat peut paraître surprenant lorsqu’on sait que les sociétés africaines sont par essence
collectivistes ou communautaristes. Cependant il faut rappeler que selon D’Iribarne (2003) les
cultures dites communautaires, telles que celles que l’on rencontre en Afrique noire, se
révèlent marquées par des formes très poussées d’individualisme, au point que l’on se
demande si le fait de les qualifier de communautaires n’est pas strictement lié à une certaine
manière de les regarder. Il convient de rappeler également que Kamdem (1999) va plus loin et
affirme qu’il existe en Afrique un individualisme compétitif (réalisation de soi), qui conduit
les gens à développer des activités d’accumulation et de productions matérielles suffisamment
intenses pour permettre la redistribution sociale et pouvoir ainsi s’assurer une distinction
sociale honorifique. Les concepts d’appartenance au groupe, de recrutement familial,
l’écrasement de l’individu face au groupe sont donc en pleine mutation au Bénin.
Quant à la perspective temporelle en ce qui concerne la satisfaction des besoins selon
Hofstede, nos résultats nous indiquent que les béninois sont orientés vers le long terme. Cette
orientation à long terme envisage la vie entière de l’individu, plutôt que la satisfaction
immédiate de ses exigences. De plus les béninois ont le souci de bien gérer leur temps. Le
rapport au temps est devenu un rapport au temps contraint. Le temps contraint contraste la
vision traditionnelle de l’Afrique, mais est bien en phase avec les valeurs actuelles des
béninois. Nous rejoignons ainsi Kamdem (2002) qui souligne qu’à l’instar des dirigeants et
cadres d’entreprises nord-américains et européens, les cadres africains commencent à
percevoir que la gestion du temps est un moyen de l’efficacité organisationnelle.
Il semble que le chef ne représente pas exactement la même chose dans les différentes
nations. Dans certains pays, le chef doit, avant de prendre une décision, rechercher l’avis de
ses collaborateurs alors que dans d’autres pays, l’important est que le chef décide quel qu’en
soit la méthode. Les béninois enquêtés pensent, que le consensus est nécessaire avant toute
prise de décision et qu’on doit toujours dire ce que l’on pense même s’il faut offenser les
autres. Cette conception du chef renforce la faible distance hiérarchique au Bénin. En effet
nos résultats indiquent que la distance hiérarchique est faible au Bénin. Ce résultat va dans le
même sens que celui de Ongodo Fouda (2003) qui a aboutit à une distance hiérarchique faible
au Cameroun. Ces résultats infirment donc la conclusion de Hofstede selon laquelle la
distance hiérarchique est forte en Afrique.
La faible distance hiérarchique au Bénin peut trouver son explication dans le processus de
démocratisation engagé par le pays depuis 1990. En effet l’ère du renouveau démocratique est
caractérisée entre autre par la liberté d’expression, les jeunes universitaires consultés sont
donc de plus en plus imprégnés par la culture démocratique. Signalons enfin que la faible
distance hiérarchique favorable à la pratique de la participation pourrait ne pas être
contradictoire avec l’individualisme dans la mesure où le chef a la responsabilité finale d’une
décision collective.
La société béninoise est féminine. Ce résultat rejoint d’autres en Afrique. La division des
rôles des sexes est bien peu marquée. Dans une telle culture, les conflits sont résolus par la
négociation et le compromis. Les béninois recherchent les attitudes modestes, l’aide à autrui,
l’égalité, la solidarité et la qualité de la vie au travail. Ce résultat concorde bien avec la
valorisation de la femme. Considérée autrefois comme un être de statut inférieur dont le rôle
est de s’occuper des enfants et du ménage, la femme béninoise est devenue aujourd’hui
incontournable sur le plan économique et social et exige de plus en plus que la parité soit
21
respectée. Nous pouvons illustrer nos propos en soulignant que depuis sa création, la Cour
Constitutionnelle béninoise est présidée par une femme. Il en est de même pour la haute cour
de justice.
Le contrôle de l’avenir est essentiel au Bénin. Le fort contrôle de l’incertitude indique que les
béninois développent leur sécurité en mettant en œuvre une multitude de moyens techniques
(chaque béninois veut avoir sa maison avant d’aller à la retraite), de moyens juridiques (Loi et
règlements) et de moyens économiques (assurance de tout). Le contrôle de l’avenir est
remarquable au Bénin à partir des organes de contre pouvoir. L’Assemblée Nationale est le
contre pouvoir de l’exécutif, la Cour Constitutionnelle veille sur le respect de la constitution,
la Haute Autorité de l’Audio-Visuel et de la Communication est un organe de régulation de la
presse et la Haute Cour de Justice peut juger le chef de l’Etat et les ministres en cas de délit.
Le contrôle de l’incertitude va de paire avec l’épargne raisonnée. Il est aisé de remarquer au
Bénin la prolifération des institutions de tontine, même sur les lieux de travail. Le fort
contrôle de l’incertitude doublé d’une petite distance hiérarchique nous indique que lorsqu’il
y a problème, les béninois doivent penser à mettre en œuvre des lois et des procédures plutôt
que de recourir au chef.
Enfin les béninois croient en Dieu et pensent que la réussite dépend de Dieu. Mais ils jugent
utile de faire des projets. Ils ont du respect pour les ancêtres et les anciens mais sont contre la
soumission, le fatalisme.
Au terme de cette recherche, nous retrouvons approximativement le portrait robot du
béninois, un être individualiste mais qui reconnaît les liens du sang, qui estime avoir un chef
démocratique mais qui doit prendre les décisions après un consensus et dont le pouvoir ne doit
pas être fondé ni sur l’âge ni sur l’argent, qui pense que la femme peut jouer le même rôle que
l’homme, qui souhaite qu’en cas de problème qu’on se réfère aux textes plutôt qu’au chef, qui
contraste l’idée de privilège ethnique tout en reconnaissant que l’entreprise doit être
considérée comme une famille, qui a un respect pour la religion, les ancêtres et les anciens
mais qui refuse la soumission, le fatalisme. Il gère bien son temps et cultive certaines valeurs
telles que la réalisation de soi, la modestie, aide à autrui, l’égalité et la solidarité. Enfin il
cherche à régler les conflits par le compromis et la négociation.
Toutefois, cette caractérisation de la culture nationale béninoise ne signifie nullement que tous
les béninois sont programmés de cette manière. Nos résultats indiquent l’orientation culturelle
de la jeune population béninoise.
7. Implications managériales
Nous voulons faire remarquer à la suite de Tidjani (1995), que les ressources humaines sont
au centre du centre du débat sur la culture et la gestion, puisque ce débat tourne souvent
autour de l’apprentissage par les Africains des techniques de gestion modernes. Il est donc
important, à la suite de cette étude de voir les liens qui pourraient exister entre les traits
culturels identifiés et la gestion des ressources humaines. Nous n’attendons pas des liens
automatiques. Nous nous n’attendons non plus, que tous les traits culturels identifiés soient en
phase avec la GRH au Bénin. Il s’agira de voir lesquels traits culturels qui pourraient jouer le
rôle de levier dans la mise en place des pratiques ou qui peuvent expliquer certaines attentes
des travailleurs sur les lieux de travail.
22
Ainsi d’après nos résultats plusieurs traits caractéristiques de la culture béninoise sont
favorables au développement de la pratique de responsabilisation qui indurait des
comportements de rendement. La responsabilisation favoriserait la prise d’initiative et la prise
de décision. La faible distance hiérarchique semble être favorable à la responsabilisation. Par
cette pratique l’organisation suscite l’implication des salariés dans l’atteinte des ses objectifs.
L’employé devient ainsi responsable de ses actes dont il mesure les conséquences et cherche à
s’identifier à son travail. La responsabilisation permet au salarié de participer aux décisions
qui affectent les procédures, les méthodes de travail et développe en lui l'autonomie au travail
(Barraud-Didier et al, 2003). Il faut donc rendre les béninois responsables et les impliquer
davantage dans la définition des tâches qu’ils sont appelés à exercer. L’employé responsable
devient très motivé et s’implique davantage dans son travail.
Sur le plan organisationnel, la faible distance hiérarchique serait favorable à la
décentralisation et sur le plan de la gestion des hommes il sera question de faire en sorte que
les échelles de salaires soient plus resserrées et que le chef soit un idéal de démocratie. Enfin
la faible distance hiérarchique induirait une tendance à la motivation. Les béninois ne seront
motivés au travail que lorsqu’ils seront associés à la définition de la tâche qu’ils sont appelés
à exercer. La faible distance hiérarchique plaide également à la diffusion de l’information.
Cette dernière permet de donner au personnel de l'organisation une vision commune, le
“pourquoi” du processus afin de le mobiliser (Daigne, 1995). La vision commune s'acquiert
dans l’entreprise par la qualité des relations entre l'équipe dirigeante, les cadres et le reste du
personnel. Sur les lieux de travail, il faut éviter qu’il ait des gens qui savent et des gens qui ne
savent pas.
La société béninoise est une société individualiste. Dans cette culture individualiste, on doit
s’attendre que les employés disent ce qu’il pensent et le dirigeant pratique un management
individualisé : les incitations et primes doivent être liées aux performances individuelles si
l’on veut obtenir des résultats. Le recrutement et la promotion doivent être en fonction des
compétences et obéissent à des règles.
La société béninoise tend vers le pôle de la féminité. Dans une telle culture, les managers
doivent faire appel à l’intuition et à la recherche du consensus, mettre l’accent sur l’égalité, la
solidarité, la qualité de la vie au travail et chercher à résoudre les conflits par les négociations
et le compromis.
La gestion du temps dans l’organisation déterminent les comportements de présence. Le
rapport au temps étant devenu un rapport au temps contraint au Bénin, il est question
désormais de mettre l’accent sur la statistique sur l’absentéisme, la planification des
ressources humaines et la planification des carrières. Kamdem (2002) signale qu’à l’instar des
dirigeants et cadres d’entreprises nord-américains et européens, les cadres africains
commencent à percevoir que la gestion du temps est un moyen de l’efficacité
organisationnelle.
Le fort contrôle de l’incertitude doublé d’une faible distance hiérarchique dans le contexte
béninois, plaident pour le recours aux modèles de GRH plus formalisés et de manière générale
plus décentralisés. Ils nous suggèrent également qu’en de problèmes, les béninois doivent
mettre en œuvre des lois et des procédures plutôt que de recourir au chef. Les pratiques de
GRH qui sécurisent l’emploi semblent davantage adaptées à un tel contexte.
23
8. Limites et conclusions
Cette étude avait pour but de rechercher les traits caractéristiques de la culture nationale au
Bénin. Après une synthèse des études empiriques sur la culture, nous avons épousé le modèle
hofstedien dans cette recherche. Cette approche par les grandes enquêtes nous a permis de
compléter les variables de Hofstede par d’autres variables relevées dans la littérature sur
l’Afrique pour la confection de notre questionnaire.
L'analyse des données recueillies sur 1200 étudiants nous a permis de calculer les indices sur
les cinq dimensions de Hofstede et de découvrir d’autres traits plus marquants de la culture
béninoise. Ainsi d’après nos résultats, la distance hiérarchique est faible au bénin. Les
béninois objets de notre enquête, sont tournés vers le pôle individualiste. En suite la société
béninoise tend vers le pole de la féminité. Enfin le contrôle de l’incertitude est fort et les
béninois sont orientés vers le long terme.
Au total, en combinant l’ensemble des variables retenues pour cette recherche, nous
retrouvons approximativement le portrait robot du béninois, un être individualiste mais qui
reconnaît les liens du sang, qui estime avoir un chef démocratique mais qui doit prendre les
décisions après un consensus et dont le pouvoir ne doit pas être fondé ni sur l’âge ni sur
l’argent, qui pense que la femme peut jouer le même rôle que l’homme, qui souhaite qu’en
cas de problème qu’on se réfère aux textes plutôt qu’au chef, qui contraste l’idée de privilège
ethnique tout en reconnaissant que l’entreprise doit être considérée comme une famille, qui a
un respect pour la religion, les ancêtres et les anciens mais qui refuse la soumission, le
fatalisme. Il gère bien son temps et cultive certaines valeurs telles que la réalisation de soi, la
modestie, aide à autrui, l’égalité et la solidarité. Enfin il cherche à régler les conflits par le
compromis et la négociation.
Il est illusoire de penser que tous les béninois sont programmés de la même manière. Le
citoyen moyen n’existe pas, il existe une tendance générale qui se dégage des réponses. Nous
sommes d’avis avec Hofstede (2001) pour reconnaître que la culture nationale constatée est
une sorte de moyenne de croyance et de valeurs autour de laquelle se situent les individus qui
habitent ce pays. Dans cette logique la description d’une culture, comme le souligne l’auteur,
se réfère à des éléments communs au sein de chaque nation, mais il ne faut pas généraliser à
tous les individus de cette nation. La caractérisation d’une culture nationale ne signifie pas
que chaque individu de cette culture est mentalement programmé de la même manière.
(Hofstede, op.cit)
Nos résultats indiquent que plusieurs de ces traits caractéristiques influencent certaines
pratiques de GRH. Ainsi les pratiques telles que la diffusion de l’information, de recrutement
sélectif, de responsabilisation, de rémunération, de statistique sur l’absentéisme et des
pratiques de planification sont influencées par les traits caractéristiques de la culture
béninoise.
Comme limite, il faut souligner que nous sommes bien conscient des critiques formulés sur le
modèle hofstedeen. Le questionnaire a été individuellement rempli ce qui pose le problème de
l’équivalence fonctionnelle comme le souligne d’ailleurs Hofstede. La population d’étudiants
finissant a été utilisée pour approcher le monde de travail. Elle ne reflète pas totalement le
monde réel de travail. Ceci constitue un biais méthodologique. Ce n’est qu’en complétant
cette recherche par d’autres au Bénin que l’on pourra faire reculer les limites de l’incertitude
en ce qui concerne les traits culturels béninois.
24
En dépit de ces limites, cette contribution a le mérite d’être la première au Bénin ayant tenté
de saisir les grandes dimensions de Hofstede et d’autres traits caractéristiques de la culture
nationale. Elle contribue de ce fait et de façon modeste au développement d’une théorie de
management prenant en compte les variables culturelles qui affectent la gestion des
organisations au Bénin. Les résultats obtenus pourront orienter d’autres travaux en profondeur
sur les sous cultures afin de prendre en compte la pluralité ethnique au Bénin comme le
suggère Kamdem.
Références bibliographies
Adler N. J., (1994), Comportement organisationnel : une approche multiculturelle, Ottawa,
Edition Reynald Goulet.
Aktouf O., (1990), Le symbolisme de la « culture d’entreprise des abus conceptuels aux
leçons de terrain » in L’individu dans l’organisation Les dimensions oubliées, Québec
Editions ESKA, p. 553-585
Amadieu J. F. (1992), « la caque sent-elle le hareng ? », Actes du 3ème congrès de l’AGRH,
Lille.
Bollinger D. et Hofstede G., (1987), Les différences culturelles dans le management:
Comment chaque pays gère-t-il ses hommes?, Paris, les éditions d’organisation
Bond M. H., (1994), « Into the heart of collectivism : A persona land scientific journey » In
U. Kim, H. C. Triandis C. Kagicibasi S. C. Choi & G. Yoon (eds), Individualism and
collectivism: theory, method, and applications, Thousand Oaks, CA: Sage, p. 66-77
Bond M. H., (1996), “ Chinese values”. In M. H., Bond (ed), the handbook of Chinese
psychology, Hong Kong. Oxford University Press, p. 208-226
Burnout V., (1963), Culture and Personality, Homewood, III, Dorsey Press
Burns et Stalker (1961), “The Management of innovation”, Tavistoch Institute.
Chevrier, S. (2003). « Le management interculturel », Paris, PUF,coll. Que sais-je? n°2535,
ISBN : 2130540279.
Coriat B. (1991), « Penser à l’envers », Ed. La découverte.
D’Iribarne P. (2003), « Le tiers-mondes qui réussit : nouveaux modèles» Paris, Odile Jacob
D’iribarne P., (1989), « La logique de l’honneur », Edition du seuil, Paris.
D’Iribarne, P. (2000), « Management et culture politiques » Revue française de gestion, p. 70-
75.
D’Iribarne, P., (2003) « Le tiers-mondes qui réussit : nouveaux modèles» Paris, Odile Jacob
Daigne J. F. (1995), Ré-ingénierie et reprise d'entreprise, Paris, Economica.
Dupriez, P., Simons, S. (dir) (2000), « La résistance culturelle », Bruxelles, De Boeck
Université.
Etouga Manguelle, D., ( 1990 ) « L’Afrique a-t-elle besoin d’un programme d’ajustement
culturel » Paris Editions Nouvelles du Sud.
Hampden-Turner, C., Trompenaas, F. (2004) « Au-delà du choc des cultures : dépasser les
oppositions pour mieux travailler ensemble » Paris, Organisation
Hofstede G. (1987) « Relativité culturelle des pratiques et théories de l’organisation » Revue
française de gestion, n° 64 pp, 10-20
Hofstede G. (1993), « Interkulturelle Zusammenabit, kulturen-Organsationen-Management »,
Wiesbaden, Gabler.
25
Hofstede G., (1991), « Vivre dans un monde multiculturel : comprendre nos programmations
mentales » Paris, Les Editions d’Organisation.
Hofstede, G. (1987) « Relativité culturelle des pratiques et théories de l’organisation » Revue
française de gestion , n° 64 pp, 10-20
Hofstede, G., ( 1991) « Vivre dans un monde multiculturel : comprendre nos
programmations mentales » Paris, Les Editions d’Organisation.
Kamdem E. (1999), « Réflexions autour du paradoxe africain : une perspective socio-
anthropologique et managériale ». Gestion, Revue internationale de gestion, vol, 24,
n° 1, printemps 1999, p. 57-67.
Kamdem, E., (2002) « Management et interculturalité en Afrique » Canada, Les presses de
l’Université Laval. L’Harmattan
Lalèyê, I. P., Panhuys, H., Verhelst, T., et Zaoual, H., (1996) « Organisations économiques et
cultures africaines de l’homo oeconomicus à l’homo situs » Paris, l’Harmattan.
Lawrence P. R. et Lorsch J. W. (1973), « Adapter les Structures de l’entreprise. Intégration ou
différenciation, Paris, Ed. d’organisation ».
Makunza, K. E., (2001) « La performance des entreprises africaines : problèmes et stratégies
des PME en République Démocratique du Congo. » Canada, Les presses de l’Université
Laval.
Maurice M., Sellier F., Sylvestre J. (1982), «Politique d’éducation et organisation
industrielle en France et en Allemagne », édition PUF, Paris
Nkakleu, R. (2002) « L’identité organisationnelle et création du capital social : La tontine
d’entreprise comme facteur déclenchant dans le contexte africain » Actes des XVIè journées
nationales des IAE. Paris
Noorderhaven N. G. et Tidjani B., (2001) «Culture, Governance, and Economic Performance:
An explorative study with special focus on Africa», International Journal of Cross Cultural
management, vol. 1, p. 31-51
Ongodo M. F. (2003) “Recherche de dimensions culturelles dans un contexte à pluralité
ethnique et implications sur le management des organisations et la formation à
l’entrepreneuriat » Revue africaine de gestion, n°1 (p.65-87)
Ongodo M. F. (2003), «Recherche de dimensions culturelles dans un contexte à pluralité
ethnique et implications sur le management des organisations et la formation à
l’entrepreneuriat » Revue africaine de gestion, n°1 (p.65-87)
Reynaud, E., (1982) « Identités collectives et changement social :les cultures collectives
comme dynamique d’action »,sociologie du travail n°2,1982.
Schneider S. C. et Barsoux J. L. (2003), « Management interculturel », Pearson Education,
Paris
Sorge A. et Warner M. (1981), « Culture Management and Manufacturing Organization : A.
Study of British and German Firm”.
Symington J. W., (1983), « Leam Latin America’s culture », New York Time (23 septembre)
Tidjani B. (1995), « Culture africaine et management : une problématique, plusieurs
approches, vers la construction d’une typologie » in Revue des Ressources Humaines,
n° 17, p.25-35.
Tidjani B.( 1995) «Culture africaine et management : une problématique, plusieurs approches,
vers la construction d’une typologie » Revue de gestion des Ressources Humaines, n° 17, pp,
25-35
Trompenaars F. (1994), « l’entreprise multiculturelle », Paris Maxima.
26
Trompenaas, F., Hampden-Turner, C. (2004) « L’entreprise multiculturelle : le livre
fondateur sur les diversités culturelles » Paris, Maxima
Woodward, J. (1958), « Technology and Organization », London, Her Majesty’s Printery.
ANNEXE : Enquête sur les valeurs socioculturelles béninoises.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs
Le questionnaire que nous vous proposons, rentre dans le cadre d’une étude sur la recherche
des dimensions de la culture au Bénin. Il s’adresse aux étudiants des facultés et des grandes
écoles de formations, futurs cadres, employés ou employeurs des institutions publiques et
privées.
Ce questionnaire anonyme, qui sera administré à près de 2000 étudiants béninois, ne sera
exploité que dans un cadre purement académique car rentrant dans la préparation d’une thèse
de doctorat en sciences de gestion sur le thème.
Nous vous assurons donc de l’usage très confidentiel qui sera fait de toutes les informations
que vous allez nous fournir. Nous vous prions de bien vouloir remplir individuellement et non
collectivement ce questionnaire. Nous comptons sur votre bonne compréhension et sincère
collaboration.
Nous vous remercions.
Partie A
Essayer de penser à ce que seraient pour vous les caractéristiques d’un travail idéal, s’il vous
arrive de travailler un jour ou si vous travaillez, même si vous ne les trouvez pas dans votre
travail actuel. En choisissant un travail idéal, quelle importance attachez-vous à : (ne
répondez qu’une fois par ligne en cochant dans une case)
1. = Très peu important
2. = Peu important
3. = Assez important
4. = Très important
5. = De la plus haute importance
1 2 3 4 5 1 Avoir suffisamment de temps pour votre vie personnelle ou
familiale
2 Avoir de bonnes conditions matérielles de travail
(ventilation, éclairage, place pour travailler
3 Avoir de bonne relation de travail avec son chef direct 4 Avoir de la sécurité de l’emploi 5 Travailler avec des gens qui coopèrent efficacement 6 Etre consulté par votre chef direct dans ses décisions
27
7 Avoir de bonnes chances d’accéder à des postes d’un
niveau plus élevé
8 Avoir un travail qui comporte de la variété et de l’aventure
Quelle importance attachez-vous dans votre vie privée aux caractéristiques suivantes ? (Ne
répondez qu’une fois par ligne, en cochant une case).
1 2 3 4 5 9 Equilibre et stabilité personnelle 10 Etre économe 11 Persévérance (ténacité) 12 Respect pour la tradition
13. Vous sentez-vous nerveux ou tendu pendant le travail ? (cochez dans une case)
1. = jamais □
2. = rarement □
3. = quelque fois □
4. = souvent □
5. = toujours □
14. Là où vous travaillez, est-ce que le personnel craint souvent d’exprimer son désaccord
avec ses chefs ou alors dans votre université ou établissement (école ou faculté), est-ce que les
étudiants craignent souvent d’exprimer leur désaccord avec les autorités décanales ou de
l’université ? (Cochez dans une case)
1. = très rarement □
2. = rarement □
3. = parfois □
4. = fréquemment □
5. = très fréquemment □
Veuillez indiquer dans quelle mesure vous êtes d’accord ou en désaccord avec les opinions
suivantes :
1. = pas du tout d’accord
2. = pas d’accord
3. = indécis
4. = d’accord
5. = tout à fait d’accord
(Ne répondez qu’une fois pas ligne en cochant une case)
1 2 3 4 5
28
15 On peut faire confiance à la plupart des gens 16 On peut être un bon chef sans disposer de réponses précises à la
majorité des questions que les subordonnés peuvent soulever au sujet
de leur travail
17 Il convient d’éviter à tout prix une structure d’organisation qui
amènerait certains subordonnés à avoir deux patrons directs
18 La compétition entre employés fait d’habitude plus de mal que de
bien
19 Les règles d’une compagnie ou d’une organisation ne doivent pas
être enfreintes même si l’employé estime que c’est dans le meilleur
intérêt de la compagnie
20 Si on rate sa vie, c’est souvent par sa propre faute
Partie B
Pour remplir cette partir partie du questionnaire, nous vous prions de bien vouloir donner
votre avis sur les sujets suivants, en encerclant un seul des chiffres qui suivent chaque
proposition. (Ne répondez qu’une fois pas ligne en cochant une case)
1. = pas du tout d’accord
2. = pas d’accord
3. = indécis
4. = d’accord
5. = tout à fait d’accord
21 Il faut être âgé pour mériter le pouvoir 1 2 3 4 5
22 Il est nécessaire d’épargner avant de consommer 1 2 3 4 5
23 Le chef est celui dont la communauté attend de plus grands services 1 2 3 4 5
24 Il faut être habile pour mériter le pouvoir 1 2 3 4 5
25 Le consensus est nécessaire avant toute prise de décision 1 2 3 4 5
26 L’entreprise est considérée comme une famille et par conséquent les
travailleurs doivent être traités comme les membres de cette famille
1 2 3 4 5
27 Il faut être riche pour mériter le pouvoir 1 2 3 4 5
28 La famille est un obstacle au progrès de l’individu et de la société (la
famille est un foyer de parasitisme)
1 2 3 4 5
29 On doit songer à travailler le plus longtemps possible dans une
entreprise appartenant ou dirigé par un membre de son groupe ethnique
1 2 3 4 5
30 Les femmes peuvent faire le même travail que les hommes 1 2 3 4 5
31 En cas de recrutement et à niveau de compétence égale, le choix doit
porter en priorité sur le candidat du même groupe ethnique que le
directeur ou le propriétaire de l’entreprise
1 2 3 4 5
32 Il est important pour le fonctionnement de l’entreprise de confier les
postes de responsabilité ou les postes important aux membres du même
groupe ethnique que le propriétaire ou le directeur de l’entreprise
1 2 3 4 5
33 La meilleure manière de prospérer en affaire est de s’associer aux
membres de son groupe ethnique
1 2 3 4 5
34 Personne n’a pire ennemi que son frère 1 2 3 4 5
35 Un frère est un ami 1 2 3 4 5
36 L’esprit de compétition est la source des discordes et des violences 1 2 3 4 5
37 Il est toujours préférable de travailler avec les membres de son groupe
ethnique
1 2 3 4 5
38 L’usage d’une même langue maternelle comme langue de travail
entraîne plus de compréhension et une bonne circulation de
l’information dans l’organisation
1 2 3 4 5
39 On doit toujours dire ce que l’on pense même s’il faut offenser 1 2 3 4 5
29
40 Un entrepreneur est celui qui ne dilapide rien 1 2 3 4 5
41 La compétition entre groupes ethniques peut être un facteur de progrès 1 2 3 4 5
42 La réussite est indissociable de l’esprit de compétition 1 2 3 4 5
43 L’envie de s’enrichir est la plus grande motivation humaine 1 2 3 4 5
44 Il est normal de consommer son revenu et ensuite songer à épargner
s’il y a un reste
1 2 3 4 5
45 Il est toujours préférable de travailler avec les membres de sa religion 1 2 3 4 5
46 La famille passe avant tout et il faut tout lui sacrifier 1 2 3 4 5
47 Les femmes qui travaillent constituent une menace pour leurs époux 1 2 3 4 5
48 Tout le monde a besoin de croire en Dieu ou d’avoir une religion 1 2 3 4 5
49 Ceux qui commettent le péché seront frappés par la malchance 1 2 3 4 5
50 En cas de conflit dans le travail, il est plus facile d’arriver à une
solution de compromis si mon chef hiérarchique est du même groupe
ethnique que moi
1 2 3 4 5
51 Les vivants sont unis à leurs ancêtres dans la vie quotidienne 1 2 3 4 5
52 On peut passer son temps, mais pas le perdre 1 2 3 4 5
53 Toute réussite nécessite le recourt aux forces occultes 1 2 3 4 5
54 Il faut conserver les valeurs héritées des ancêtres 1 2 3 4 5
55 Le temps ne saurait être une contrainte car on trouvera toujours
suffisamment du temps pour faire son travail
1 2 3 4 5
56 Les forces occultes sont des moyens pour atteindre les objectifs 1 2 3 4 5
57 Tout ce que nous possédons, est un don de nos ancêtres 1 2 3 4 5
58 Il est inutile de faire des projets, car notre avenir dépend de Dieu 1 2 3 4 5
59 Quand dieu fit le temps, il le fit en grande quantité 1 2 3 4 5
60 Les jeunes doivent respecter les aînés 1 2 3 4 5
61 La raison du plus âgé est toujours la meilleure 1 2 3 4 5
62 Il ne faut jamais contredire les personnes âgées 1 2 3 4 5
63 Les plus âgés doivent gagner plus que les jeunes dans l’entreprise 1 2 3 4 5
64 La réussite dépend de Dieu 1 2 3 4 5
Quelques informations vous concernant (pour les statistiques)
65. Vous être : Homme 1 Femme 2
66. Quel est votre âge ? ................................................................................................................
66. Dans vos études, quelle est votre spécialité ? …………………………………………………..
67. Précisez le nom de votre école de formation ou de votre Faculté……………………………….
………………………………………………………………………………………………………………..
68. Quelle est votre diplôme le plus élevé ?.................................................................................
……………………………………………………………………………………………………………….
69. Quelle est votre année d’étude universitaire actuelle ?..........................................................
………………………………………………………………………………………………………………..
70. Votre dernière année d’étude si vous avez déjà arrêté vos études ………………………………….
……………………………………………………………………………………………………………………..
71. Avez-vous déjà travaillé ou effectué un stage ? OUI 1 NON 2
72. Vous êtes travailleur ….. OUI 1 NON 2
72. Pouvez vous donner le nom exact de votre groupe ethnique ainsi que celui de votre département
d’origine ?............................................................................................................................ ...................
Merci de votre coopération