rebellions - hobsbawm-1appli6.hec.fr/amo/public/files/docs/225_fr.pdf · eric hobsbawm est un...
TRANSCRIPT
Observatoire du Management AlternatifAlternative Management Observatory
__
Fiche de lecture
RébellionsLa Résistance des Gens ordinaires.
Jazz, Paysans et ProlétairesEric Hobsbawm
2010
Guillaume Mompeyssin – Mars 2011Majeure Alternative Management – HEC Paris – 2010-2011
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 1
Rébellions – La Résistance des Gens ordinaires. Jazz, Paysans et Prolétaires
Cette fiche de lecture a été réalisée dans le cadre du cours « Histoire de la Critique » donné par Eve Chiapello et Ludovic François au sein de la Majeure Alternative Management, spécialité de troisième année du programme Grande Ecole d’HEC Paris.
Editions Aden, Bruxelles, 2010Première date de parution de l’ouvrage: 1998
Résumé : La plupart des hommes et femmes n’ont pas leur nom inscrit dans les livres d’histoire. Ils ne doivent pourtant pas être oubliés car collectivement, si ce n’est en tant qu’individus, ils ont été des acteurs historiques majeurs. Ils ont été façonnés par la société et l’ont façonnée en retour : cela est vrai de la classe ouvrière, des paysans, du jazz ou de mouvements plus contemporains. Ce livre s’attache à analyser leur rôle et à rétablir leur place dans l’histoire humaine.
Mots clés : Marxisme, Résistance, Mouvements sociaux, Tradition
Uncommon People –Resistance, Rebellion and Jazz
This review was presented in the “Histoire de la Critique” course of Eve Chiapello and Ludovic François. This course is part of the “Alternative Management” specialization of the third-year HEC Paris business school program.
Editions Aden, Bruxelles, 2010Date of first publication: 1998
Abstract : Most men and women remain unnoticed in history books. But these people must not be forgotten because they played a major role in history, sometimes as individuals and often as a body. They were shaped by their past and present and shaped the society and human history in return: it is true when studying the working class, peasantry, jazz or more recent movements. This book strives for analyzing their role and for restoring their position in human history.
Key words : Marxism, Resistance, Social movement, Tradition
Charte Ethique de l'Observatoire du Management AlternatifLes documents de l'Observatoire du Management Alternatif sont publiés sous licence Creative Commons http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/fr/ pour promouvoir l'égalité de partage des ressources intellectuelles et le libre accès aux connaissances. L'exactitude, la fiabilité et la validité des renseignements ou opinions diffusés par l'Observatoire du Management Alternatif relèvent de la responsabilité exclusive de leurs auteurs.
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 2
Table des matières
1.L’auteur et son œuvre...........................................................................................4
1.1.Brève biographie.............................................................................................4
1.2.Place de l’ouvrage dans la vie de l’auteur.......................................................5
2.Résumé de l’ouvrage............................................................................................6
2.1.Plan de l’ouvrage..............................................................................................6
2.2.Principales étapes du raisonnement et principales conclusions.......................8
3.Commentaires critiques.....................................................................................12
3.1.Avis d’autres auteurs sur l’ouvrage................................................................12
3.2.Avis de l’auteur de la fiche.............................................................................13
4.Bibliographie de l’auteur...................................................................................14
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 3
1. L’auteur et son œuvre
1.1. Brève biographie
Eric Hobsbawm est un historien anglais né en 1917 à Alexandrie avant d’habiter
Vienne puis Berlin. Fuyant les persécutions antisémites, sa famille s’installe à
Londres en 1933. Il fait ensuite des études d’histoire au King’s College de Cambridge
où il obtient son doctorat.
En tant qu'historien marxiste, il a mené une analyse précise de la « révolution
duelle » (simultanéité des révolutions politique en France et économique en
Angleterre) et de leurs effets sur les tendances prédominantes qui conduisent à l'actuel
capitalisme libéral. Hobsbawm s’est aussi intéressé au banditisme et aux liens que ce
dernier entretient avec un contexte social et historique, ainsi qu’à divers sujets de
l’histoire sociale à la barbarie et tout en publiant des critiques ou des essais sur le jazz.
Eric Hobsbawm est, depuis 1976, membre de la British Academy.
Eric Hobsbawm s’est engagé dès 1936 dans le parti communiste de Grande-
Bretagne. Il fait aussi partie dès 1946 du Groupe des Historiens du parti jusqu’à la
dissolution de celui-ci après la répression par l’armée rouge de l’insurrection de
Budapest en 1956. Hobsbawm est alors le seul à rester membre du Parti Communiste,
justifiant même l’intervention de l’Union Soviétique. A cause de ses prises de position
en faveur du régime soviétique, son œuvre a failli ne jamais être traduite en français.
Les avis sur son travail sont par conséquent partagés et certains historiens ou députés
britanniques rejettent ses travaux au motif de telles prises de position, alors que
d’autres le considèrent comme le plus grand historien vivant.
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 4
1.2 Place de l’ouvrage dans la vie de l’auteur
Rébellions parcourt plus de quarante ans ans de la carrière d’Hobsbawm. Les
textes repris dans ce livre donnent un bon aperçu de la grande diversité des thèmes
qu’a traités l’historien en adoptant des modes narratifs extrêmement variés:
mouvement ouvrier, paysannerie, jazz, actualités. Il a toujours porté une attention
particulière au « petit peuple » qui, individuellement n’est pas ou peu connu, mais qui
a collectivement pesé sur la société. Rébellions est représentatif d’une vision de
l’histoire mâtinée de sociologie, qui n’étudie pas l’histoire des partis politiques ou des
hommes marquants et essaie de faire une place tant au groupe qu’à l’individu. En
revanche, cet ouvrage, représentatif d’une partie seulement de la carrière
d’Hobsbawm, n’est bien qu’un recueil de textes et non une tentative plus ambitieuse,
comme ont pu l’être sa trilogie sur le dix-neuvième siècle ou L’Âge de Extrêmes.
Rébellions n’a pas la même portée et les commentaires en sont rares.
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 5
2. Résumé de l’ouvrage
2.1. Plan de l’ouvrage
Préface
Partie I : La tradition radicale
Chapitre 1 : Thomas Paine
Chapitre 2 : Les briseurs de machines
Chapitre 3 : Cordonniers politisés
Chapitre 4 : Tradition ouvrière
Chapitre 5 : La formation de la classe ouvrière, 1870-1914
Chapitre 6 : Valeurs victoriennes
Chapitre 7 : Homme et femme : images de la gauche
Chapitre 8 : Naissance d’un jour férié : le Premier Mai
Chapitre 9 : Le socialisme et l’avant-garde, 1880-1914
Chapitre 10 : Le mégaphone de la gauche
Partie 2 : Gens de la campagne
Chapitre 11 : Paysans et politique
Chapitre 12 : Paysans et occupations de terres
Chapitre 13 : Giuliano le bandit
Partie 3 : Histoire contemporaine
Chapitre 14 : Le Vietnam et la guerre de guérilla
Chapitre 15 : Mai 1968
Chapitre 16 : Les règles de la violence
Chapitre 17 : Révolution et sexe
Chapitre 18 : Epitaphe pour un scélérat
Partie 4 : Jazz
Chapitre 19 : Le Caruso du jazz
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 6
Chapitre 20 : Count Basie
Chapitre 21 : The Duke
Chapitre 22 : Le jazz arrive en Europe
Chapitre 23 : Le swing du peuple
Chapitre 24 : Le jazz depuis 1960
Chapitre 25 : Billie Holiday
Chapitre 26 : Le vieux continent et le Nouveau Monde : les 500 ans de Colomb
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 7
2.2. Principales étapes du raisonnement et principales conclusions
Rébellions est un recueil de textes écrits tout au long de la carrière d’Hobsbawm,
en son nom propre ou avec un nom d’emprunt. Il regroupe des conférences, des
articles parus dans des revues scientifiques ou des magazines, des cours, des critiques
de livres, parfois croisées, et des portraits. Hobsbawm se fixe, dans la préface,
l’ambition de réhabiliter la mémoire de gens dont les noms sont inconnus, mais qui
ont contribué collectivement à modeler la société.
La tradition radicale
Dans cette partie, l’auteur s’attache à retracer l’histoire de la classe ouvrière au
Royaume-Uni et en Europe. Contre toute attente, Hobsbawm débute son livre avec la
biographie d’un homme, qui pourrait appartenir à l’histoire traditionnelle puisqu’il a
participé à trois luttes majeures qui ont façonné la société actuelle : l’indépendance
des Etats-Unis, la Révolution française et le rationalisme de la classe ouvrière. Ainsi
Thomas Paine est-il emblématique de la révolte contre les structures établies par les
institutions et annonce les textes suivants. Sa biographie est suivie d’une longue étude
sur les mouvements de briseurs de machines, que l’auteur cherche à réhabiliter en
forme archaïque de revendication, puisque ces bris de machines ont plus été dirigés
contre les employeurs que contre les machines en tant que telles. Le luddisme avait
été jusqu’à son article présenté plus comme un mouvement conservateur et
anarchique que comme une forme de revendication par l’action. Hobsbawm se penche
ensuite sur la figure du cordonnier et analyse les éléments qui expliquent sa réputation
de militant radical : un militantisme enraciné dans le compagnonnage et des
conditions de travail permettant l’instruction. Les tensions de la révolution industrielle
ont transformé le cordonnier en porte-parole du radicalisme, avant de faire disparaître
son métier.
Rébellions présente ensuite une histoire comparée des traditions ouvrières en
France et au Royaume-Uni, animées par la Révolution Française pour le premier pays
et par la révolution industrielle et le protestantisme pour l’autre, avant d’expliciter
dans le texte suivant la formation de la classe ouvrière de 1870 à 1914, d’une somme
de microcosmes locaux à un véritable mode de vie uniforme au plan national, à
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 8
l’image de la traditionnelle casquette de cette classe sociale (Capp). A la suite de cette
histoire de la classe ouvrière, Hobsbawm invite à étudier la transformation de la
société victorienne et la disparition des travailleurs manuels qualifiés.
Pendant cette période, les changements portés par la classe ouvrière émergente
transforment la réalité et les représentations des rôles des hommes et des femmes et
de leurs rapports. Hobsbawm s’attache à analyser et à comparer ces mutations du
début du dix-neuvième à la fin du siècle. La classe ouvrière modifie aussi l’ensemble
de la société à l’image de l’essor des célébrations du premier mai à l’échelle
mondiale, qu’il présente comme un événement issu spontanément de la conscience de
classe et de sa célébration. Suit enfin une étude des rapports entre, d'une part, le
socialisme, et notamment ses grandes figures comme Trotski ou Luxemburg, et,
d'autre part, l’avant-garde artistique, lien ténu dans la marginalité face à la société
bourgeoise, plus fort dans un mouvement comme Arts & Craft et rejeté au début du
vingtième siècle, où les mouvements nouveaux sont perçus par les marxistes comme
de nouvelles crises de la société bourgeoise.
Hobsbawm conclut cette partie avec un article sur Harold Laski, personnage-clé
mais vite oublié du Labour et de l’opposition au pouvoir avant la victoire de 1945.
Gens de la campagne
Hobsbawm s’intéresse dans cette partie aux rapports entre paysans traditionnels et
politique. Il distingue tout d’abord les sociétés « traditionnelles » de paysannerie
collective et celles d’entrepreneurs agricoles individuels comme la société française.
En analysant la paysannerie collective, on constate qu’elle n’est pas à l’origine de
réels mouvements politiques, mais qu’elle fait office de force d’inertie contre des
éléments extérieurs appartenant au monde non-paysan. L’historien s’intéresse ensuite
à l’occupation de terre, qui est la forme fondamentale de l’action collective paysanne,
à partir de l’exemple des Andes péruviennes et des communautés ayant entrepris de
récupérer des terres ancestrales. Il montre ainsi l’activisme de long-terme des
communautés allié au pragmatisme qui entraine des formes de revendication
pacifiques ou non, légaliste ou autoritaires. Cette partie se conclut sur une étude du
bandit sicilien Giuliano, émanation sociale de la campagne insulaire : dans la période
incertaine au sortir du fascisme, la figure du bandit a été récupérée par des
mouvements d’intérêts locaux : indépendantistes, mafia ou encore anti-communistes.
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 9
Hobsbawm présente Giuliano comme l’image du monde paysan traditionnel, sans
conscience de classe et sans véritable mouvement à défendre : ceci l’a mené à sa
perte.
Histoire contemporaine
Trois des textes de cette partie du livre ont été écrits en réaction à l’actualité et
couvrent la guerre du Vietnam, les évènements de mai 1968 en France et la mort de
Roy Cohn.
Hobsbawm livre en 1965 une analyse de la guérilla en se servant de la guerre du
Vietnam alors que les Etats-Unis ont tout juste décidé d’y étendre leur action. Il y
analyse les mécanismes de la guérilla et prédit le retrait américain face à cette
opposition soutenue par la population paysanne et face à laquelle une force extérieure
est inopérante. Cette révolte ne peut être brisée par une guerre traditionnelle, car elle
n’a pas de colonne vertébrale, de voies de communication centrale comme une armée
traditionnelle. Le recours à des méthodes violentes d’information renforce alors
mécaniquement l’adhésion à la cause de la guérilla, dont seule une stratégie de la terre
brûlée peut éventuellement venir à bout. Les Etats-Unis y ayant moins d’intérêt que
les populations et puissances locales, ils devront se retirer.
Hobsbawm essaie ensuite de décortiquer les mouvements politiques de mai 1968
en France. Il décrit la montée en puissance du mouvement étudiant anonyme, mais
puissant, auquel le pouvoir a répondu en rétablissant l’ordre contre la menace de la
révolution rouge. Si le gaullisme semblait à ce moment avoir gagné la partie face au
Parti Communiste, Hobsbawm avoue dans l’introduction qu’il en avait sous-estimé
les conséquences à long-terme pour la société française.
Le livre présente ensuite un essai sur la violence et la perte des codes traditionnels
face à la montée de la violence indirecte médiatisée. Ceci laisse la place à l’apparition
d’une forme de violence proportionnée qui essaie de remplacer la régulation
traditionnelle. Hobsbawm traite par ailleurs du lien entre les mouvements sociaux
révolutionnaires et la permissivité dans les comportements sexuels publics. Il affirme
que ce lien n’existe pas, à moins que la révolution soit dirigée contre l’aliénation
plutôt que contre la pauvreté. Il existe en effet un parallèle bien plus marquant entre
révolution et puritanisme.
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 10
Hobsbawm conclut cette partie par le portrait d’un escroc, et critique en creux la
célébration américaine de l’arrivisme, qui permet à un personnage pervers tel que Roy
Cohn, avocat associé au Maccarthysme et au procès des époux Rosenberg,
homophobe militant mort du Sida, de réussir sans vergogne.
Jazz
Hobsbawm présente enfin quelques articles sur le jazz, qu’il considère comme le
grand mouvement artistique issu d’une classe populaire. Le jazz, musique américaine,
a été reçue dans le monde comme le symbole de la modernité, une musique non-
intellectuelle faite pour danser. Elle a été reprise par l’intégralité des couches sociales
en Europe comme aux Etats-Unis. L’intellectualisation des années 1950 et 1960 a fait
perdre au jazz sa base avant de revenir en grâce comme une forme de musique
classique.
Count Basie est représentatif de l’émergence du jazz, une musique de déshérités,
fusion des cultures noires et rurales américaines. Le jazz doit sa renommée à l’écho
qu’en ont fait les Européens, qui l’ont considéré comme une musique pour elle-même,
plus que comme un fond sonore pour danser. New York a aussi joué un rôle en
diffusant très largement le jazz grâce à sa capacité de rayonnement, faisant de cette
musique le seul art américain qui ne doive rien à la classe moyenne.
Le jazz n’est à l’origine pas lié à un mouvement politique, il est simplement une
forme nouvelle de musique qui s’est imposée, avant de faire place au rock,
représentatif de la nouvelle conscience de la jeunesse à partir des années 1950.
Les 500 ans de Christophe Colomb
Eric Hobsbawm se propose enfin d’analyser, dans une conférence de 1992,
l’influence énorme qu’a eu le Nouveau Monde sur l’Europe, avant la montée en
puissance des Etats-Unis. Si les conquistadors ont entrepris, avec l’appui de l’Eglise,
la destruction des cultures pré-existantes, l’Amérique a malgré tout marqué
profondément le vieux continent : sa nouveauté a permis l’émergence du concept de
société idéale, d’utopie, a incité à repenser la conception scientifique du monde et a
donné aux Européens les moyens de nourrir leur population.
Sur cette forme de résistance contre-intuitive qu’est l’influence des conquis,
Hobsbawm conclut son livre.
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 11
3. Commentaires critiques
3.1. Avis d’autres auteurs sur l’ouvrage
Rébellions n’est pas un des ouvrages majeurs d’Hobsbawm, contrairement à sa
trilogie consacrée au long dix-neuvième siècle ou à L’Âge des Extrêmes. Le livre n’a
par conséquent pas été réellement commenté.
Les textes qu’il contient ont été écrits tout au long de sa carrière, saluée par de
nombreux historiens. Son œuvre est néanmoins entachée de son engagement politique
puisqu’il a soutenu le régime soviétique, malgré l’écrasement de l’insurrection de
Budapest et du Printemps de Prague. Les critiques s’élèvent donc plus contre
l’historien que contre son travail, qu’elles refusent parfois de considérer, dénonçant
simplement la vision déformée de l’auteur (DeLong) ou la posture de victime tenue
par Hobsbawm alors que l’histoire en Europe a longtemps été pratiquée « à la lumière
du marxisme victorieux. » (Courtois).
Ces critiques concernent essentiellement ses histoires du long dix-neuvième siècle
et du court vingtième. En revanche, le reste de ses travaux est généralement salué :
dans un style dont chacun souligne la qualité, la multiplicité des sujets impressionne
et les historiens mettent en avant son apport méthodologique à la discipline sans
dogmatisme ainsi que la qualité de sa réflexion sur la place et l’influence de l’histoire
dans la société.
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 12
3.2. Avis de l’auteur de la fiche
A moins de considérer les différents chapitres séparément, ce livre est d’un accès
difficile. Hormis la préface où Hobsbawm annonce ses intentions et quelques courtes
notes où il donne le contexte de publication originelle et parfois un lien avec le reste
du livre, le lecteur est plongé directement dans le vif d’une situation, d’un mouvement
ou d’une personne ayant fait acte de résistance, bien que la majeure partie des textes
ne soient pas techniques. C’est en même temps un des premiers atouts de cet ouvrage
qui fournit un vaste champ de réflexion et des références fournies invitant à creuser
les sujets abordés.
On peut regretter le manque d’équilibre des différentes parties, entre une tradition
ouvrière étudiée dans le détail et le jazz, dont les textes plus légers pâtissent du faible
sens musical de l’auteur, qui est avant tout historien, bien qu’amateur de jazz.
Même s’il semble difficile d’en faire une synthèse, le livre traite de situations
rendues très vivantes grâce au recours à des personnages marquants, à des scènes de
la vie quotidienne animées par une description des paysages, des rues du Middle-West,
de la situation matérielle des ouvriers, de leurs lieux de vacances,…. Hobsbawm allie
cela avec une grande rigueur et refuse systématiquement les institutions comme allant
de soi. Il fait apparaître les mouvements de rébellions comme les tentatives de
récupération de situations politiques. Sa description de groupes sociaux amène à
considérer des situations parfois contradictoires, comme celle des artisans et des
ouvriers non-qualifiés, sans jamais supposer qu’aucun ne soit a priori conservateur : il
dresse le portrait du sens social des artisans corporatistes et de leur disparition.
Avec ce livre, Hobsbawm nous offre accès à de nombreux textes écrits tout au long
de sa vie d’historien, de militant et d’amateur. On ne peut qu’admirer la richesse et la
diversité des sujets qu’il a étudié avec une rigueur constante. Cet ouvrage a été conçu
comme un acte de défense des gens dont l’histoire ne garde pas mémoire et y parvient
avec l’appui du lecteur qui peut à sa guise lire les textes séparément, s’en servir de
base pour approfondir un sujet, tant les références abondent, ou essayer avec l’auteur
d’obtenir une vision d’ensemble de cette résistance des gens ordinaires.
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 13
4. Bibliographie de l’auteur
• 1948 - Labour's Turning Point: Extracts from Contemporary Sources, Lawrence
& Wishart
• 1959 - Primitive Rebels: Studies in Archaic Forms of Social Movement in the
19th and 20th Centuries, Manchester University Press
• 1962 - The Age of Revolution: Europe 1789-1848, Abacus (UK)
• 1964 - Labouring Men: studies in the history of labour, Weidenfeld & Nicolson
• 1965 - Pre-Capitalist Economic Formations, Lawrence & Wishart
• 1968 - Industry and Empire: From 1750 to the Present Day, Pelican
• 1969 – Bandits, Weidenfeld & Nicolson
• 1973 - Revolutionaries: Contemporary Essays, Weidenfeld & Nicolson
• 1975 - The Age of Capital: 1848-1875, Weidenfeld & Nicolson
• 1983 - The Invention of Tradition, Cambridge University Press
• 1984 - Worlds of Labour: further studies in the history of labour, Weidenfeld &
Nicolson
• 1987 - The Age of Empire: 1875-1914
• 1989 - The Jazz Scene, Weidenfeld & Nicolson
• 1990 - Echoes of the Marseillaise: two centuries look back on the French
Revolution, Verso
• 1991 - Nations and Nationalism Since 1780: programme, myth, reality,
Cambridge University Press
• 1994 - The Age of Extremes: the short 20th century, 1914-1991, Michael Joseph
• 1995 - Art and Power, Hayward Gallery
• 1997 - On History, Weidenfeld & Nicolson
• 1998 - Behind the Times: decline and fall of the twentieth-century avant-gardes,
Thames and Hudson
• 2002 - Interesting Times: a twentieth-Century life, Allen Lane
• 2007 - Globalisation, Democracy and Terrorism, Little, Brown
• 2011 - How to Change the World: Tales of Marx and Marxism, Little, Brown
Eric Hobsbawm – Fiche de lecture : Rébellions – Mars 2011 14