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www.ombres-blanches.fr librairie en ligneà toulouse – librairie en ville

ombres blanches95 programme fév./mars 2013

r é a l i t é e t f i c t i o n 3Littérature/Faits diversYves RaveY, Jean-Baptiste HaRang

samedi 16 février à 17 h Rencontre avec Yves Ravey et Jean-Baptiste Harang autour des livres Un notaire peu ordinaire (Éditions de Minuit) et Bordeaux Vintimille (Grasset).

Yves RaveY né à Besançon en 1953, est un dramaturge et écrivain français publié aux Éditions de Minuit. Il est notamment l’auteur de La concession Pilgrim (1999), Pris eu piège (2005), Cutter (2009), Enlèvement avec rançon (2010).

Un notairepeu ordinaire« Ce n’est pas un huis clos, d’ail-leurs de page en page le décor change : ici, dans un faubourg, une maison neuve toute simple, avec véranda et remise au fond du jardin ; là, à la sortie de la ville, la rivière où pêcher ou se baigner ; plus loin, l’église, le cimetière, le Jolly Café sur la place de l’Abbaye, la belle propriété du notaire. Ce n’est pas un huis clos, donc, mais on s’y croirait pourtant, tant on se sent vaguement oppressé, sur le qui-vive.[…] L’apparente banalité des composantes roma-nesques ainsi exposées dont use Yves Ravey, dans ce Notaire peu ordinaire comme dans ses pré-cédents ouvrages, ne dit rien de la sophistication extrême de son art, de la puissance des sensations, des émotions, des réflexions qu’il met en branle. Derrière la linéarité de l’intrigue, l’harmonie discrète et précise de l’écriture, la simpli-cité des dialogues, s’impose dès les premières pages une narration tendue à l’extrême, dont le ressort intimiste n’exclut pas l’ancrage fort dans un contexte social soi-gneusement observé et analysé, régi par la relation dominant/dominé, mais où les rébellions et les renversements de rapports de force sont possibles – dussent-ils être violents. C’est madame Reber-

nak qui en fournira ici la preuve en acte – femme simple, droite, rigou-reuse, femme puissante et mère courage, dont ce roman constitue un attentif et admirable portrait. »

Nathalie CRom, Télérama, 2013.

JeaN Baptiste haRaNg né en 1949 dans la Nièvre est journaliste et écrivain, longtemps collaborateur à Libération et régu-lièrement au Magazine littéraire. Il a notamment publié chez Gras-set Théodore disparaît (1998), La chambre de la Stella (2006, prix Inter), Nos cœurs vaillants (2010).

Bordeaux-Vintimille« Dans la nuit du 13 au 14 novembre 1983, entre Agen et Montauban, au lieu-dit Fourrier Six-Basses, un homme est mort. On l’a jeté vivant d’un train en pleine vitesse, le 343, qui relie

Bordeaux à Vintimille. Cette nuit-là Rachid Abdou, un jeune Algérien, se rend à Marseille. Après trois jours de vacances en France, il rentre à Oran. Trois jeunes gens, en route pour Aubagne où ils vont s’engager dans la Légion étran-gère, l’agressent sauvagement, le poignardent et le jettent par la portière. Crime raciste ? Violence gratuite ? Ivrognerie incontrôlée ?Des faits à la Cour d’assises, Jean-Baptiste Harang dit les dernières heures de la victime, le passé des assassins, tout ce que l’on a su avant de juger, et les questions restées sans réponse : Pourquoi ? Pourquoi trois jeunes gens qui ne se connaissaient pas ont-ils lynché un. inconnu de leur âge ? Pourquoi personne dans ce train bondé n’est intervenu ? Pourquoi Rachid Abdou est-il mort ? n

l e s r e n c o n t r e s d ’ o m b r e s b l a n c h e s

lundi 11 février/18hJoris ZylbermanLes nouveaux communistes chinoisp. 10-11

samedi 16 février/17 hYves Ravey, J.-B. HarangLittérature/Faits diversp. 3

lundi 18 février/18 hAlain BénéteauLes régions au milieu du guép. 16-17

mardi 19 février/18 hChristian OsterEn villep. 7

mercredi 20 février/18 hMichel JullienEsquisse d’un pendup. 9

jeudi 21 février/18 hHervé KempfFin de l’Occident, naissancedu mondep. 16

vendredi 22 février/18 hJ.-M. MariouCe besoin d’Espagnep. 14

lundi 25 février/18 hP. Haag, C. Lemieux, J.-P. CavailléFaire des sciences socialesp. 17

mercredi 27 février/18 hCaroline MecaryL’amour et la loip. 21

jeudi 28 février/18 hMedhi MoutasharDes angles remarquablesp. 24

mardi 5 mars/17 h 30 au caféCafé Maïmonide n° 6Les grands textes de la Cabalep. 31

mardi 5 mars/18 hChahla ChafiqIslam, politique, sexe et genrep. 20

mercredi 6 mars/18 hAngelique Del ReyTyrannie de l’évaluationp. 18-19

jeudi 7 mars/18 hAkira MizubayashiMélodiep. 4

vendredi 8 mars/18 hZakya DaoudHannibalp. 25

samedi 9 mars/11 h 30 au caféLes irréguliers des lettres Lecture de Gilles Corrozet et d’André Mage de Fiefmelinxvie sièclep. 30

mardi 12 mars/18 hGuy GoffetteGéronimo a mal au dosp. 5

mercredi 13 mars/17 h 30Cinéma ABC

Michel SerresPetite poucettep. 18

mercredi 13 mars/18 hBagdad Café/Soirée féministep. 20-21

jeudi 14 mars/18 hAlexandre MoattiAltersciencesp. 19

vendredi 15 mars/17 h 30 au caféMarie MelissouLa fille qui n’existait pasp. 29

vendredi 15 mars/18 hJérôme GarcinBleus Horizonsp. 13

vendredi 15 mars/20 h 30Radmila ZigourisL’ordinaire, symptômep. 22

samedi 16 mars/12 hFanny Abadie, Je n’ai pas choisi Dédicaces-lecture avec la Cie Petit Matinp. 29

samedi 16 mars/16 h 30H. Kemplaire, P. DaubertLe guide du promeneurde Toulousep. 10

samedi 16 mars/18 hEmmanuelle UrienPetit Traité de convalescenceà l’usage des femmes quittéesp. 8

mardi 19 mars/18 hFrançois Granier autour de l’Exposition d’Art Thérapiep. 23

mercredi 20 mars/18 hPascale KramerGloriap. 8

jeudi 21 mars/17 hEdwy PlenelLe droit de savoirp. 26

vendredi 22 mars/18 hJ.-L. PierreLecture de Ramuzp. 12

vendredi 22 mars/20 h 30Pierre BrunoPoèmes de la soif physiqueet de la douleur mop. 22-23

samedi 23 mars/11 h 30 au caféLes irréguliers des lettres. Lecture de Mme des Houlières et d’Antoine Léonard Thomas xviie sièclep. 30

samedi 23 mars/16 hLieu à préciser (voir site internet)

Catherine MillotO Solitudep. 6

samedi 23 mars/18 hJean-Yves LaurichesseLes briséesp. 15

lundi 25 mars/18 hJacques FerrierLa possibilité d’une villep. 27

mardi 26 mars/18 hJean-Luc CoatalemNouilles Froide à Pyongyangp. 11

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Les rencontres se tiennent dans la salle des débats de la librairie à l’exception de :

à l’extérieur rayon jeunesse café littéraire

l ’ a u t r e e t l ’ u nl ’ u n e t l ’ a u t r e

Un père mort – épitapheguY goffette

mardi 12 mars à 18 hRencontre avec Guy Goffette autour de son livre Geronimo a mal au dos (Gallimard).

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akiRa mizuBaYashi est né en 1952, il est écrivain et traduc-teur japonais. Après des études à l’université nationale des langues et civilisations étrangères de Tokyo, il part pour la France en 1973 et suit à Montpellier une formation pédagogique pour devenir pro-fesseur de français. Il reviendra en France en 1979 comme élève de l’École normale supérieure. Depuis 1983, il enseigne au département d’études françaises de l’univer-sité Sophia à Tokyo. Il a publié six essais littéraires en japonais et il est notamment l’auteur de Une langue venue d’ailleurs son seul livre en français paru chez Galli-mard en 2011.

Une pincéede miettes d’osDans un placard dont on a fait un sanctuaire ne ressemblant en rien à un sanctuaire et qui abrite discrètement quelques âmes inou-bliables et inoubliées, il y a une petite boîte en bois laqué pour le thé en poudre. Elle contient une toute petite portion des cendres de mon père que j’avais prélevée dans son urne avant qu’elle ne fût mise en tombe. Lorsque j’ai pré-paré cette boîte mortuaire il y a déjà dix-huit ans, j’ai osé prendre une pincée de miettes d’os pour en goûter.Bientôt, je crois que j’en ferai autant pour Mélodie dont je garde toujours l’urne près de moi sur l’emplacement exact de son mate-las. Je me procurerai une autre boîte en bois laqué pour y mettre quelques cuillerées de poudre d’os et une partie de l’omo-

Deuil du père – cendresakiRa MizuBaYasHi

jeudi 7 mars à 18 hRencontre avec Akira Mizubayashi autour de son livre Mélodie, Chronique d’une passion,collection « L’un et l’autre » dririgée par J.-B. Pontalis (Gallimard). Organisée avec le soutiende Made in Asia.

L’un et l’autre – une collection de J.-B. Pontalis – un testament

J.-B. Pontalis est mort le 15 janvier dernier, nos auteurs invi-tés Akira Mizubayashi et Guy Goffettes ont tous deux publié sous la couverture bleue de la Belle Collection. En rappeler ici les grandes lignes, c’est saluer un éditeur qui, chez Gallimard, aura ouvert, sans limites, des espaces intimes et des lectures de nos patrimoines littéraires.La collection « L’un et l’autre » est créée en janvier 1989 par J.-B. Pontalis, psychanalyste, membre du comité de lecture de Gallimard, fondateur de la collection « Connaissance de l’in-conscient » et de l’ancienne Nouvelle Revue de psychanalyse (1970-1994). Éditeur d’essais destinés au public savant de sa discipline, J.-B. Pontalis est lui-même auteur de récits et grand amateur de littérature ; a fortiori parce que, à ses yeux, « il n’y a aucune antinomie entre la littérature et la psychanalyse. Les romanciers sont simplement en avance sur les psychanalystes pour la compréhension des sentiments humains ».Dans sa première formulation, « L’Un et l’autre » se donne pour objet de rassembler des œuvres qui dévoilent « les vies

des autres telles que la mémoire des uns les invente ». « L’Un et l’autre » est un dialogue, un jeu de va-et-vient constituant une connivence entre l’auteur et son objet, le propre de l’un se nourrissant de la fiction et de la quête de l’autre. Médita-tion sur les personnes, les textes ou tout autre monument de la mémoire (au sens de ce qui conserve ou exalte le souvenir d’une personne), rêveries biographiques, fragments d’érudi-tion, esquisses de trames romanesques… la collection se prête particulièrement bien à la fusion ou à la superposition des partis-pris, propres à une nouvelle forme d’imaginaire biogra-phique qui s’est épanouie dans les années 1980. La saisie par la marge – par l’autre – de sa propre identité demeure le propre de l’exercice de mémoire ainsi proposé. Des œuvres anté-rieures, comme celles de Pierre Michon ou de Gérard Macé (Vies minuscules pour l’un ; Les Vies antérieures pour l’autre) – tous deux par ailleurs auteur de récits publiés dans « L’Un et l’autre » –, voire celles de J.-B. Pontalis lui-même, avaient pu annoncer le principe d’une telle collection.

guY goffette est né en 1947 dans les Ardenne. Aux éditions Gal-limard, il a notamment publié Un Été autour du cou (2001), Solo d’ombres (2003), Une enfance lin-gère (2006), L’autre Verlaine (2008), Presqu’elle, Tombeau du Capri-corne (2009), La ruée vers Laure (2011).

les années perdues« Mais regardant cet homme au milieu des rires et des chansons, comme un chêne dans son feuil-lage ; ce danseur crucifié à côté de la piste, ce père que j’ai craint comme l’orage et que j’ai fui pour ne pas avoir à le détester, je me dis qu’il y a pire douleur que tous les arbres de la forêt abattus, tous les massacres en images, c’est de voir un homme en silence qui pleure. »

« Longtemps avant d’y trôner dans son cercueil, le père avait aménagé le salon pour en faire “quelque chose de chic”, avec un beau par-quet en chêne clair. Une pièce pour les jours de fête devenue l’an-tichambre du cimetière. Ce matin, tout le monde défile le mouchoir à la main et Simon, le fils aîné, se place en retrait, fouillant dans ses souvenirs, à l’affût d’un chagrin. Parti depuis longtemps pour mener une « existence chaotique de coureur de chimères », Simon n’est pas triste, à peine mélanco-lique, et joue les observateurs. Pro-gressivement, le spectacle devient introspection et les années remontent, avec les jours heureux, la liberté et les mauvais quarts d’heure : gifles faciles, absence de tendresse et de baisers, silences

pesants et manque de générosité. Pourtant, presque malgré lui, le beau texte de Guy Goffette est solaire, peuplé des cavalcades d’un gamin buissonnier, de décou-vertes bucoliques. Au fil des pages, le père « craint comme l’orage et que j’ai fui pour ne pas avoir à le détester » redevient l’homme qui se faisait appeler Géronimo, fier de tenir sa famille droite pour qu’elle ne manque de rien.Après Un été autour du cou et Une enfance lingère, Guy Gof-fette offre à son paternel mal aimé un tombeau plein de fleurs et de douceurs inattendues. Simon, son double, comprend enfin que Géro-nimo était capable de rire et même de pleurer en espérant, sans le dire, le retour du fils prodigue. » n

ChRistiNe feRNiot, Télérama,

plate ou d’une côte. Le reste sera répandu dans le jardin ou ailleurs pour retourner à la terre. n

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En villecHRistian osteR

mardi 19 février à 18 hRencontre avec Christian Oster autour de son livre En ville (Éditions de L’Olivier).

O Solitude catHeRine Millot

samedi 23 mars à 16 hLieu à préciser (se reporter au site internet de la librairie)Féminité et solitude parfaite/Conversation avec Catherine Millot, autour de son livre O Solitude (Gallimard). Organisée avec le Collège clinique de Toulouse et animée par Christiane Alberti.

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Nous cheminerons avec Catherine Millot, de la solitude sombre, trau-matique, la détresse dont vibre tout amour – un seul être aimé vous manque et… – à la solitude parfaite « bonheur de vivre seule, lorsque la légèreté qui l’accom-pagne va jusqu’à l’effacement de soi dans la joie contemplative ». Au lieu de cette solitude heureuse, où nous-mêmes sommes absents, naît le silence intérieur. Un silence où « ce qui ne se dit pas, s’écrit ». Écriture, pas uniquement d’écri-vain, mais celle qui nous sup-porte depuis toujours et nous porte à l’existence, « le miracle de l’existence ».CatheRiNe millot née en 1944 est psychanalyste et écrivaine française. Elle est également Maître de conférence au département de psychanalyse de l’Université de Paris 8. Elle est notamment l’au-teur de quatre livres parus dans la collection « L’Infini » aux Éditions Gallimard : La vocation de l’écri-vain (1991), Gide Genet Mishima (1996), Abîmes ordinaires (2001) et La vie parfaite (2006).

aux confins de soi« La solitude la plus absolue n’est-elle pas celle où l’on est soi-même absent ? » Abîmes et vertiges soli-taires ; absence et plénitude de l’absence. On n’est jamais loin de l’expérience mystique, de l’explo-ration des mondes extrêmes, aux confins de soi et des autres, dans les étonnants voyages intérieurs où convie Catherine Millot. […] Amoureuse de littérature et d’art, cette disciple de Lacan qui avoue avoir découvert l’amour avec A

la recherche du temps perdu, de Marcel Proust, y convoque de son écriture ciselée les plus grands maîtres. Du musicien baroque Purcell (dont une mélodie célèbre sert de titre à l’ouvrage) au peintre romantique Caspar Friedrich, de Goethe à Poe, de Rilke à Barthes, tous invitent à aborder ce conti-nent fondateur et magique : la solitude. Qu’on y accède par l’enfermement, la clôture monas-tique ou l’appel des espaces infi-nis, c’est toujours la même quête : celle d’un « avant-moi » ou plutôt d’un « avant-monde » que n’a pas encore abîmé l’homme, que n’a pas encore réduit le langage, où innocence et sauvagerie sans fin se répondent.

Aux références littéraires, l’écri-vain associe finement sa propre mémoire, éclaire de son expé-rience cette lumineuse initiation à la solitude. Dieu n’y est jamais évoqué, ni la foi, ni la prière ; juste l’amour, la perte de soi dans l’autre, ou l’art ou l’écriture. Mais y a-t-il si loin entre ce cristallin récit et ceux d’une Catherine de Sienne ou des Thérèse d’Avila ou de Lisieux ? Toutes disent magi-quement comment les tourments de l’âme deviennent sérénité, une fois survenue la joie de disparaître dans la seule contemplation du monde. » n

Télérama, 17/08/2011

ChRistiaN osteR est un écri-vain français né à Paris en 1949. Il a publié des romans policiers et des livres pour enfants (une tren-taine de titres à L’École des loisirs) ainsi que de nombreux romans aux Éditions de Minuit, dont Mon grand appartement (1999), Une femme de ménage (2001), L’im-prévu (2005), Trois hommes seuls (2008), Dans la cathédrale (2010) et Rouler (Éditions de l’Olivier, 2011).

Zone hors d’atteinte« Lire un roman de Christian Oster, c’est entrer de plain-pied dans un univers connu, familier. Sans avoir à réfléchir, au bout de quelques pages, on comprend intimement les situations, les caractères, on devine les silences, les blessures, les inquiétudes. La conscience des protagonistes est si bavarde qu’elle en devient limpide, du moins en apparence. Très vite, on en arrive même, ingénument, à s’insérer dans l’histoire qui se déroule. Cette empathie un peu maussade n’est pas fortuite : elle est le cœur même de l’art d’Oster, son moteur secret. Paris, de nos jours. II y a là trois ou quatre hommes, la cin-quantaine, plutôt bien installés dans la vie. Le premier est journa-liste (Georges), le deuxième édi-teur (Jean, le narrateur), le dernier médecin (Paul). Un peu à l’arrière, quelques femmes, dont Louise qui est en train de se séparer de Paul. […]Un vague projet de vacances esti-vales réunit le groupe. Projet qui est lui-même pris dans le tissu serré des jours. Une mort et une naissance à venir scandent cette temporalité, comme des points à

l’horizon, hors du globe invisible où s’agitent les personnages. C’est donc Jean qui pense, observe, parle, à voix haute ou étouffée, pour lui et pour les autres. La vie amoureuse et/ou familiale de chacun occupe d’ailleurs l’esprit de tous, détermine les échanges, les parades, les engouements et les lassitudes. Par rapport à celle des hommes, largement exposée et verbalisée, la psychologie des femmes est ici plus cachée, mysté-rieuse, objet de méfiance et d’in-terrogations. Car nous sommes, avec l’auteur, attachés irrémédia-blement au rivage des hommes, les femmes formant l’autre conti-nent. […] Les personnages sont placés dans une sorte de présent perpétuel où ils s’agitent, souvent

désarmés, toujours poreux. Pas de perspectives, ou seulement à très court terme. Pas d’espoir, encore moins d’espérance. Mais comme pour éclaircir cet univers très gris, se développe une lucidité impi-toyable et, allant avec elle, une drôlerie sans frein, comme invo-lontaire. Peu à peu se dessine ainsi ce qu’Oster lui-même nomme une zone hors d’atteinte où se tient l’irréparable. Ces mots sont rares sous sa plume. Ils indiquent que cette lucidité, en fait, regarde au-delà de cet horizon rétréci et sans fin parcouru. Par cela, Christian Oster échappe à la catégorie limi-tée des peintres de mœurs. » n

PatRiCk kéChiChiaN,

la Croix, 17/01/2013

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c h r o n i q u e d e f r a n c e 9Esquisse d’un pendu MicHel Jullien

mercredi 20 février à 18 h Rencontre avec Michel Jullien autour de son livre Esquisse d’un pendu (Éditions verdier).

miChel JulieN est né en 1962. Compagnies tactiles (Ver-dier, 2009) et Au bout des comé-dies (Verdier, 2011) sont ses deux premiers romans. Outre l’écriture Michel Jullien est également édi-teur de livres d’art depuis 1998.

Un mystérieuxfaussaireRompant avec une tradition qui décrit l’atmosphère monacale des ateliers de copistes du Moyen Âge, ce roman met en scène un scribe très laïque, Raoulet d’Orléans – per-sonnage réel, il fut l’un des copistes attitrés de Charles V –, bon vivant, hâbleur, peu chatouilleux sur les mystères de la religion. Animant un atelier familial au cœur de Paris, actuelle rue Boutebrie, il a pour-tant copié des bibles à tour de bras mais, incapable d’établir le silence et de se concentrer très longtemps sur ses rectangles de parchemin, il a pour habitude de fréquenter les tripots des barrières, ceux de Montfaucon notamment, le grand gibet de Paris.

Au-delà de l’intrigue qui se noue autour d’un mystérieux faus-saire venu s’immiscer dans les commandes royales de Raoulet, ce roman en forme de parabole médiévale restitue l’ombre de l’imprimerie qui plane sur le siècle et suggère une méditation sur l’avènement contemporain du numérique.Au début des années 1370, Charles V passe commande à Raoulet d’Orléans de deux livres assez peu ordinaires, des codex prestigieux, très nouveaux : la première traduction en français des Politiques d’Aristote et les Grandes Chroniques de France, œuvre d’histoire narrant la suc-cession des règnes jusqu’à celui de son commanditaire, Charles V le Sage en personne. (Et là encore, ces commandes sont réelles). Contrairement aux apparences, ces deux textes d’essence poli-tique sont adverses. Ils ont 1 700 ans de différence, le livre d’Aris-tote est un outil de pensée univer-selle et de réflexion atemporelle

tandis que les Chroniques consti-tuent un écrit partial, frisant la propagande du règne de Charles, « médiatique » à sa façon comme le seront bientôt ceux des gazettes, des journaux, de la presse, un texte pré-moderne voué à être dépassé sitôt écrit. Lequel des deux écrits est le plus moderne ? Celui du nouvel Aristote ou celui du prince auteur de son règne ?En cours de besogne, les manus-crits passent aux artisans enlu-mineurs et Raoulet d’Orléans a tôt fait de s’apercevoir que l’un d’eux, faussaire, contrefait son travail en sous-main, prépare une version pirate des Grandes Chro-niques, destinée à être revendue en contrebande, contre l’auto-rité royale, sous le manteau. Alors Raoulet en vieux maître des lettres, bien qu’amuseur, fidèle à Charles V, mène son enquête ; elle aboutira à une pendaison au gibet de Montfaucon. De qui ? car il y a bien un pendu à la fin. Du faus-saire, de Raoulet lui-même dépassé par son époque ? n

petit traité de convalescence…eMManuelle uRien

samedi 16 mars à 18 hRencontre avec Emmanuelle Urien autour de son livre Petit traité de convalescence à l’usagedes femmes quittées (Denoël).

emmaNuelle uRieN est née à Angers et vit à Toulouse. Traductrice, musicienne et chan-teuse, elle a publié de nombreux recueils de nouvelles dont La col-lecte des monstres et Tu devrais voir quelqu’un (Gallimard, 2007, 2009), Court, noir, sans sucre (Éditions Quadra-ture, 2010) et Tous nos petits morceaux (Éditions D’un noir si bleu, 2011). Petit traité de convalescence à l’usage des femmes quittées est son premier roman.

Entre haineet douleurMariée à un type adorable, mère de trois enfants merveil-leux, elle pensait que la vie était un long fleuve tranquille. Mais il faut être deux pour le croire ! Quand son mari la quitte pour sa meilleure amie,

Faitha se retrouve victime d’une maladie très banale en pareilles circonstances : elle se sent à la fois morte est vivante, elle veut mourir mais reconnaît qu’il serait ridicule de se jeter par la fenêtre d’un pre-

mier étage. Et même haïr sa rivale se révèle absurde, puisque le destin vient juste de faire mourir la garce d’un bête accident de voiture. Elle oscille entre haine et douleur, désir de vengeance et espoir de recon-

quête. Conseillée par sa mère psychiatre, Faitha passe à l’action : effacer la source du mal, décréter que Julien est mort. Après tout, puisqu’elle doit « faire son deuil », autant s’imaginer veuve ! Jusqu’au jour où Julien disparaît pour de bon…À travers ce roman noir et grinçant. Emmanuelle Urien se joue de son lecteur, le prend continuellement à contre-pied. Une comédie intelligente, douce amère, qui traite de thèmes univer-sels ; le grand amour puis la rupture, d’une façon totale-ment originale. n

Pascale Kramer est née à Genève en 1961. Elle a publié plusieurs romans dont Les Vivants (Calmann Levy, 2000) et chez Mercure de France L’adieu au Nord (2005), Fracas (2007), L’implacable brutalité du réveil (2009), Un homme ébranlé (2011).« Pascale Kramer signe avec Glo-ria une passionnante et subtile plongée dans les marges de la société. Michel a presque tout

perdu en voulant désespérément aider Gloria. Il a été renvoyé du centre d’accueil où la jeune femme avait été placée, et ne l’a plus revue. Trois ans plus tard, elle le rappelle. Et il consent à la revoir. Très vite, le comporte-ment de Gloria envers sa petite fille, Naïs, l’inquiète et le pousse à s’immiscer dans leur vie. Mais qui cherche-t-il vraiment à sauver ? Chez Pascale Kramer, les enfants sont au centre des histoires, agis-

sant comme des révélateurs. Ce roman est un voyage en eaux troubles dans lequel l’auteur explore la part secrète, cachée et surtout inavouable des êtres. Pas-cale Kramer met admirablement en scène l’ambivalence au cœur des relations humaines et la soli-tude de chacun face au jugement des autres. À quoi finalement se mesure la normalité ? ». n

gloria pascale kRaMeR

mercredi 20 mars à 18 hRencontre avec Pascale Kramer autour de son livre Gloria (Flammarion).

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Jules Pascin, Portrait d’Hermine au grand chapeau, 1916.

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à l ’ e s t – d u n o u v e a uen europe des patrimoines

Nouilles froides à Pyongyang Jean-luc coataleM

mardi 26 mars à 18 h Rencontre avec Jean-Luc Coatalem autour de son livre Nouilles froides à Pyongyang (Gallimard).

Le Guide du promeneur de ToulouseHélène keMplaiRe, patRick dauBeRt

samedi 16 mars à partir de 16 h 30Rencontre autour du livre Le Guide du promeneur de Toulouse (Éditions Les Beaux Jours/Parigramme) en présence des auteurs : Hélène Kemplaire et Patrick Daubert. La rencontre sera précédéed’une promenade inédite entre Garonne et Capitole guidée par les auteurs. (Le rendez-vousde la promenade est fixé à 15 h 30 précises rue des Gestes/durée 1 heure environ).Séance de dédicaces après la rencontre.

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Brique chaleureuseUn Capitole, une cathédrale, deux basiliques, une centaine d’hôtels particuliers, deux inscriptions sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, des ruelles tortueuses, des jardins apaisants, des églises discrètes ou imposantes, des monuments d’exception ou de modestes demeures, des fontaines murmurantes, des places animées, des paysages urbains admirables, voilà quelques-uns des ingrédients qui font de Toulouse ce qu’elle est. « Tout est réuni pour faire de Toulouse une des villes les plus agréables de France », disait le libraire François Gimet en 1876.Au gré de ses excursions, le pro-meneur intègre naturellement l’art de vivre, adopte la brique chaleureuse comme référence, s’imprègne du charme de la ville, et constate qu’aucun poncif ne suffit à la définir. Il y rencontre aussi ceux qui l’ont faite : de Calas

au cardinal Saliège, de la Dubarry à Françoise, de saint Dominique à Saint-Exupéry, de Carlos Gardel à Nougaro, de Bachelier à Montariol, c’est un florilège de personnalités talentueuses, étonnantes ou enga-gées, dont la mémoire fait encore vibrer l’âme toulousaine.

DéambulationIl est une évidence : Toulouse se parcourt à pied. Ce livre est une invitation à la déambulation le nez en l’air. Une incitation à flâner, en prêtant attention aux monuments et à la multitude de détails qui forgent l’identité de la ville, devant lesquels on passe habituellement sans prendre le temps de les observer. Se perdre sans s’égarer, apprécier la promenade tout en ayant le sentiment que la ville se dévoile peu à peu, pas à pas.Ces dix-sept itinéraires parcourent essentiellement la ville historique et ses faubourgs. Entre rose et vert, ils proposent d’explorer l’espace urbain dans sa diversité par des balades originales couvrant un thème ou un quartier. L’objectif est simple : décrire ce qui peut être vu par le promeneur, essen-tiellement en extérieur, mettre à sa disposition des éléments pour donner du sens à ses découvertes, ou lui laisser le simple plaisir de l’émerveillement… Chaque lieu nécessite un éclairage que nous nous efforçons de fournir. Cepen-dant, une multitude d’endroits n’ont laissé aucune trace iden-tifiable, ni dans les livres, ni dans les mémoires. C’est pourquoi, mal-

gré notre vigilance, il pourra sans doute demeurer quelques erreurs, approximations ou omissions, que les lecteurs pourront peut-être nous aider à rectifier. Le propos n’est pas cependant de refaire un énième guide qui détaille l’his-toire des grands monuments de la ville : il en existe déjà un grand nombre. Ici, le choix porte sur des itinéraires généralement inédits, invitant à s’aventurer hors des sen-tiers battus. Toulouse est multiple. Des bords de Garonne aux canaux, du bourg Saint-Sernin au quartier Marengo, des Minimes au Busca, chacun des quartiers se révèle par sa structure, son architecture, son atmosphère, ses habitants illustres ou anonymes. Pedibus cum jam-bis, l’immersion est assurée ! n

les nouveaux communistes chinoisJoRis zYlBeRMan

lundi 11 février à 18 hRencontre avec Joris Zylberman autour de son livre Les Nouveauxcommunistes chinois (essai – Armand Colin).

politique du monde, et l´une des plus opaques. Qui sont ces nou-veaux membres ? Pourquoi et comment adhèrent-ils ? Croient-ils encore au marxisme-léni-nisme, à la lutte des classes ?À partir d’une cinquantaine d´entretiens inédits, cet ouvrage explore le parcours de ces nouveaux membres. Il révèle l´inexorable dilution des critères idéologiques dans le recrutement, au profit d´une logique élitiste, fondée sur la cooptation. n

Joris Zylberman est corres-pondant de France 24 à Pékin.À l´heure où la Chine, la deu-xième puissance économique de la planète, nomme un nouveau dirigeant à la tête de son Parti, comment ne pas s´interroger sur son fonctionnement ? Car tenir la Chine, c’est toujours tenir le Parti. Or que sait-on au juste sur son organisation et son recru-tement ? Avec ses 80 millions de membres, le Parti est à la fois la plus imposante organisation

propagande tous azimuts, bains de boue et fermes modèles, mais aussi errances campagnardes et crises de mélancolie sur les fleuves et sur les lacs, bref l’endroit autant que l’envers de ce pays clos mais fissuré.« Impossible de trouver un café, un restaurant, des boutiques, un pan-neau de publicité, des enseignes de magasins, des terrasses de café, des kiosques à journaux, il n’y en a pas, les rues sont râpées et nues ». Un journal de voyage, attentif mais distant, amusé parfois, jamais dupe, dans ce royaume énigma-tique dont un diplomate américain affirmait récemment que l’on en savait moins sur lui que sur… nos galaxies lointaines.

reportage terrifiant« Dans la façon qu’il a de se mettre en scène dans la grisaille coréenne, Jean-Luc Coatalem impose une façon d’humour à froid qui est de l’ordre du prodige. Car pour le reste, les images qu’il a rapportées du pays des « Kim » sont au-delà de tout ce que l’on peut imaginer,

JeaN luC Coatalem est rédacteur en chef adjoint à Géo et auteur chez Grasset de Mission au Paraguay (1996), Le fils du fakir (1998), Je suis dans les mers du Sud (2002), La consolation des voyages (2004) et, récemment Le dernier roi d’Angkor (2010), et Le gouverneur d’Antipodia (Le Dilet-tante, 2012).

au pays des KimNul n’entre ni ne sort de Corée du Nord, le pays le plus secret de la planète. Et pourtant, flanqué de son ami Clorinde, qui affectionne davantage Valery Larbaud que les voyages modernes, et déguisé en vrai-faux représentant d’une agence de tourisme, notre écri-vain nous emmène cette fois sur un ton décalé au pays des Kim. Au programme : défilés et cérémonies,

Nouilles froides à Pyongyang est un reportage terrifiant. Au nord des barbelés du 38e parallèle, où les individus vivent dans une ter-reur permanente, justifiée par la construction de l’Homme nouveau, le réel a été aboli et tout est factice. Jean-Luc Coatalem a eu le courage de faire le voyage. II convient de le lire. » n

extRait du

Figaro liTTérairE

l e t t r e s d u f r o n tl e t t r e s d e s u i s s e

Bleus horizons JéRôMe gaRcin

vendredi 15 mars à 18 h Rencontre avec Jérôme Garcin autour de son livre Bleus Horizons(Gallimard).

JeaN-louis pieRRe est diplômé de l’IEP de Paris, docteur ès lettres, a enseigné en lycée et à l’Université François-Rabelais de Tours ; université avec laquelle il prépare le 5e Colloque internatio-nal consacré à Ramuz, Éthique et politique prévu en octobre 2014. En 1980 il fonde la Société des Amis de Ramuz. Sa thèse d’État, Identités de Ramuz (Artois Presses Univer-sité, Arras, 2011) remet Ramuz à sa vraie place : celle d’un des plus grands écrivains de la première moitié du XXe siècle.

écrivain précurseurMalgré l’entrée de Ramuz dans la bibliothèque de « La Pléiade », en deux volumes de romans (2005),

édition qui connut un réel suc-cès, Ramuz (1878-1947) reste un écrivain trop peu connu ou mal connu.Ainsi les représentations de l’His-toire du soldat, œuvre réalisée conjointement avec Stravinski ne font pas toujours mention de son nom. Récemment le film magnifique de Philippe Béziat, (2012) « Noces », évoquant une autre œuvre commune remar-quable de Ramuz et du musicien a connu hélas une diffusion trop confidentielle. Ramuz demeure au purgatoire et victime d’images erronées : auteur régionaliste, ou passéiste, apolitique, muré dans sa tour d’ivoire de « La Muette » à Pully.

C’est un tout autre por-trait que J.-L. Pierre entend dresser du Vaudois. Celui d’un écrivain précurseur de bien des procédés modernes d’écriture, à la langue audacieuse saluée en son temps par Claudel, le désignant comme « un des meilleurs ouvriers de notre langue » ; ou, récem-ment, par Robert Pin-get révélant que Ramuz avait marqué sa jeunesse « par la beauté de son style et par ses savantes recherches […] un des premiers de ce siècle à s’intéresser au langage parlé et à refondre la syn-taxe traditionnelle ».Celui aussi d’un essayiste analysant lucidement les grandes idéologies de son temps et sollicité, pour la liberté et la profondeur de ses propos, aussi bien

par Aragon que par Paulhan ou par Daniel-Rops…Ramuz interroge inlassablement la présence de l’homme, et son rapport aux autres, au monde, à la nature. Le titre des grands essais, Taille de l’Homme, Questions, Besoin de grandeur, en indique la perspective et la démarche. Voilà un essayiste qui peut éclai-rer bien des débats de notre temps ; écrivant, par exemple, et avec quelle modernité, en 1935, que la question de la nature est centrale et que les réponses que l’on apporte à notre relation avec elle conditionnent notre attitude politique ! n

Charles Ferdinand Ramuz toujoursJean-louis pieRRe

vendredi 22 mars à 18 h Rencontre-lecture avec Jean-Louis Pierre à l’occasion de la parution de Identités de C. F. Ramuz (APU).

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JéRôme gaRCiN né en 1956, est directeur délégué à la rédaction des pages culturelles du Nouvel Observateur et producteur et ani-mateur de l’émission Le Masque et la plume sur France Inter. Roman-cier et essayiste, il est notamment l’auteur, aux Éditions Gallimard de C’était tous les jours tempête (2001), Les sœurs de Prague (2007), Son excellence, monsieur mon ami (2009), L’Écuyer mirobo-lant (2010) et Olivier (2011).

mémoire fertile« Qui se souvient de Jean de La Ville de Mirmont ? Ce grand gar-çon très myope, qui aimait sa mère d’un amour un peu trop passion-nel et rêvait à l’aube du siècle dernier, sur les quais de Bordeaux, d’horizons qu’il ne rejoindrait jamais. Pour le reste, magnifique écrivain dont l’œuvre complète tient en quelques pages, L’Hori-zon chimérique, un recueil poé-tique, élégiaque et baudelairien, comme empreint de la tristesse et de la prescience de sa fin préma-

turée, et Les Dimanches de Jean Dézert, un roman, glacial, sardo-nique, lapidaire, qui annonce Bove ou les premiers livres d’Henri Tho-mas. Et puis, enfant prodige d’une génération perdue, la mort à l’âge de 28 ans, dans la boue et le fracas d’un champ de bataille, bien loin de la douceur des fleuves et de l’espérance des voyages, sur le mal nommé Chemin des Dames. Qui se souvient de Jean de La Ville de Mirmont ? Jérôme Garcin (entre autres). Il est vrai que ce serait assez son truc, le souvenir. Ses livres ne sont tissés que de cela, sensibles tentatives d’exhumation. Parfois, sur leur couverture, le mot « roman » est mentionné. Parfois, non. Qu’importe, Garcin est de deux qui ont l’imagination pré-cise et la mémoire fertile… Cette fois-ci, dans ce Bleus horizons, tout empreint de la courte vie et de l’absence qui ne se laisse pas oublier de La Ville de Mirmont, c’est donc un roman. L’histoire d’un certain Louis Gémon qui rencontre l’écrivain et soldat en

herbe lors de leur mobilisation commune à Libourne, est à ses côtés lorsqu’il meurt. Il est blessé, démobilisé, et consacre les années qu’il lui reste, dans un état d’ab-sence au monde tenant du som-nambulisme, à la mémoire de son camarade tombé au champ d’hon-neur. […]À la page 146 de Bleus horizons, Jérôme Garcin se demande benoî-tement : « à quoi sert d’écrire sur les écrivains qu’on admire, les amis qui nous manquent, les morts qu’on voudrait ressus-citer… ». Il y a quelque chose de vampirique dans la démarche jusqu’au-boutiste de Louis Gémon ; quelque chose que ne saurait justifier le seul devoir de mémoire, l’exigence des souve-nirs. D’une certaine façon, si Jean est mort, Louis aussi. Il ne vit plus que par et pour son défunt ami. Cela tient de la transfiguration amoureuse, du don et de l’oubli de soi, d’une générosité aussi folle que rigoureuse. Avec une réserve très consciente d’elle-même, où la folie prend les atours de l’unders-tatement le plus élégant (belles pages impressionnistes où les échos de la guerre se surexposent à la douceur diaprée d’une plage en hiver du côté de Trouville), Gar-cin déroule sans fausse note, entre orage d’acier et tendresse désolée, le fil de son histoire. » n

olivieR moNY, liVrEs HEBDo

f r a n c h i r l e s s e u i l sf r a n c h i r l e s c o l s

Les briséesJean-Yves lauRicHesse

samedi 23 mars à 18 h Rencontre avec Jean-Yves Laurichesse autour de son livre Les brisées (Éditions Le Temps qu’il fait). Rencontre suivie d’une lecture d’extraits du livre, et d’accompagnements au piano(par Ana Laurichesse).

Ce besoin d’Espagne Jean-MicHel MaRiou

vendredi 22 février à 18 hRencontre avec Jean-Michel Mariou autour de son livre Ce besoin d’Espagne (verdier).

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JeaN-miChel maRiou est journaliste à France 3. Il a créé et produit l’émission littéraire Qu’est ce qu’elle dit Zazie et divers maga-zines et reportages sur la tauro-machie.

De l’andalousieà la Camargue« À l’âge de quatorze ou quinze ans, lorsque l’on ouvre les yeux sur la vie, on a parfois ce haut-le-cœur, et la certitude que, quoiqu’il arrive, on ne supportera pas ce chemin-là, tel qu’il se donne. Alors on se révolte, et on rêve. On devient musicien, peintre, alpi-niste ou torero. On veut danser près du gouffre. On a compris que c’est dans cette brûlure-là, sur le fil exact que rodent les questions, les vraies. Ceux qui ont choisi l’étrange route des toros se tiennent plus près que les autres des questions qui brûlent. »

Besoin d’Espagne« Qu’est-ce qui pousse Jean-Michel Mariou, le printemps venu, à quit-ter les Corbières pour parcourir chaque année des dizaines de milliers de kilomètres, jusqu’au fin fond de l’Andalousie, sur la route des toros ? Sans doute ce « besoin d’Espagne » invoqué dans le titre de ce récit à paraître chez Verdier. Et une certaine horreur du domi-cile aussi.Au cours de ce road-movie taurin, on l’accompagne de fêtes de vil-lage en visites chez les plus grands éleveurs, on assiste à des ren-contres avec les figures du métier comme avec les plus humbles valets d’épée. Cette route-là mène forcément jusqu’à Séville et à ses fameuses arènes, là où cet aficio-

nado assiste au dernier triomphe de Curro Romero, icône fantasque mais ô combien adorée de ses compatriotes. Mariou apprécie cette cité qui vous reçoit avec générosité et candeur, et qui insuffle « une volonté joyeuse d’être ensemble ». Il observe les processions de la semaine sainte depuis les meilleurs endroits où se poster pour voir passer chaque confrérie. Au bout de ce périple, le ton devient plus grave, car « ceux qui ont choisi la route des toros se tiennent plus près que les autres des questions qui brûlent »… Vient alors le dernier tercio – celui de la mise à mort – dans lequel l’auteur évoque Nimeño II, le torero fran-çais disparu en 1991, un orphe-

lin pour qui la corrida fut une manière de dépasser sa propre existence mais qui « portait aussi depuis l’enfance une peine grise, que bien peu savaient ».Pas de clichés ni d’anecdotes faciles dans cette authentique quête entamée par « quichottisme radical » et qui se poursuit grâce à « la passion, l’obsession du partage, la fidélité aux amis, le goût d’une certaine fraternité ».« L’hiver, remarque Jean-Michel Mariou, les aficionados sont désemparés. » Ils pourront au moins se consoler avec de telles lectures. » n

miChel puChe, liVrEs HEBDo,

04/01/2013

un internat à Tulle (Corrèze), il poursuivit ses études à Paris dans les années 1930, avant d’être fait prisonnier en Allemagne, au début de la Seconde Guerre mondiale. J.-Y. Laurichesse dessine avec beau-coup de délicatesse le portrait de ce père modeste et appliqué qui ne connut jamais l’insouciance et trouva dans les livres la famille qu’il avait si tôt perdue. Il eut Alain pour professeur, envoya des lettres d’admiration à Gide, Valéry, Montherlant, aima follement la poésie, en écrivit, soignant ses alexandrins avec ferveur et ingé-nuité. Pendant sa captivité, il pria ses grands-parents de lui faire par-venir des grammaires et des dic-tionnaires. Car la langue française fut « le plus sûr rempart contre le renoncement » et il voulait « la maintenir intacte en lui, comme un honneur ». Le fils a hérité de cette passion et de cette exigence. Il y a ajouté la tendresse. » n

JéRome gaRCiN in lE noUVEl oBs

comme un récit autobiographique. Jean-Yves Laurichesse, spécialiste de Giono et de Simon, y fait le portrait de son grand-père, jeune lieutenant tombé en mai 1918 à la tête de sa compagnie près du mont Kemmel. Un an auparavant, lors d’une brève permission, Jean avait passé quelques heures dans l’appartement vide et glacial de la place Monge, à Paris, d’où il avait écrit à sa femme, Gabrielle, réfugiée avec leurs deux enfants en Corrèze.Après la disparition de Jean, les drames se succèdent […]. Ce pay-sage familial avec ruines, J.-Y. Lauri-chesse le recompose à partir des lettres retrouvées : d’un poilu à sa femme, d’une veuve de guerre à une autre, d’une mère qui va mou-rir à son jeune fils, lettres d’amour, de désespoir, de réconfort, lettres laconiques de l’administration militaire, lettres qui ressemblent à des prières. […] C’est exactement le son, cuivré, vibrant, prolongé, que fait entendre ce beau livre dont chaque phrase est une vic-toire contre l’oubli. »

JéRome gaRCiN in lE noUVEl oBs

les pas de l’ombreDans son premier roman, Place Monge, J.-Y. Laurichesse faisait le portrait de son grand-père, jeune lieutenant tombé en mai 1918 à la tête de sa compagnie ; de sa grand-mère, emportée à trente-deux ans par la tuberculose ; et de leur fille, morte à trois ans. Un fils réchappa de ce désastre familial. C’est le père de l’auteur, lequel s’emploie aujourd’hui à sauver de l’oubli l’unique survivant d’une tragédie ordinaire. Orphelin envoyé dans

JeaN-Yves lauRiChesse est né en 1956 à Guéret. Il est notamment l’auteur aux éditions Le Temps qu’il fait de Place Monge (2008), Les pas de l’ombre (2009), L’hiver en Arcadie (2011). Égale-ment professeur de littérature fran-çaise contemporaine à l’Université de Toulouse-Le Mirail, il a publié des essais critiques et dirigé des ouvrages collectifs sur Jean Giono, Claude Simon, Richard Millet, l’ima-ginaire et l’intertextualité.En attente de lecture, seuls quelques mots disponibles sur ce nouvel opus de Jean-Yves Lauri-chesse, toujours aussi modeste et secret que son éditeur Georges Monti, le sorcier du Temps qu’il fait, désormais sis en bord de Garonne, non loin du confluent de la Dor-dogne. C’est parce qu’il faut au livre le temps de remonter le fleuve en amont que nous proposons d’ac-compagner ces mots sur le livre à venir par des regards sur deux des livres précédents de notre écrivain.

les briséesÀ sa table de travail, pendant que la nuit s’avance dans la rumeur du fleuve proche, un homme se souvient d’un retour dans sa ville d’enfance, rassemble des bribes d’étés anciens, suit le fil intermit-tent de l’écriture au long de sa vie. Comme un cheminement rêveur sur les brisées de la mémoire.

Place monge« Écrit à l’économie avec une émo-tion tremblée, ce livre discret est une merveille. Commencé comme un roman, il se poursuit comme un livre d’histoire et se termine A

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r é s u r g e n c e sé m e r g e n c e s

Faire des sciences socialesp. Haag, c. leMieux, J.-p. cavaillé

lundi 25 février à 18 hRencontre avec Pascale Haag, Cyril Lemieux (éditeurs) et Jean-Pierre Cavaillé (co-auteur) autour de l’ouvrage en trois volumes Faire des sciences sociales, Critiquer, Comparer, Généraliser (Éditions EHESS). Rencontre organisée en collaboration avec le LiSST-Centre d’Antorpologie Sociale.

Fin de L’Occident naissance du monde HeRvé keMpf

jeudi 21 février à 18 h Rencontre avec Hervé Kempf autour de son livre Fin de L’Occident naissance du monde (Seuil).

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les régions françaises au milieu du guéalain Bénéteau

lundi 18 février à 18 hRencontre avec Alain Bénéteau autour de son livre co-écrit avec Louis Mallet et Michel Catlla Les régions françaises au milieu du gué : plaidoyer pour accéder à l’autre rive.

alain bénéteau a été vice-président du conseil régional de Midi-Pyrénées en charge de la Recherche, de l’enseignement supérieur, du transfert de techno-logies et des TIC.« 2012, la région a trente ans. C’est une durée suffisante pour poser la question de savoir si la dernière née de nos collectivités territoriales, la région, a trouvé sa place dans le système institu-tionnel français, et répondu aux attentes de ses créateurs.Malgré un démarrage incertain, la région a survécu, s’est ins-tallée, s’est illustrée auprès de

l’opinion par une prise en charge efficace et rénovatrice des lycées, par son intervention plus récente dans les transports ferroviaires régionaux. Les présidents de régions sont maintenant repérés et connus de l’opinion. L’insti-tution régionale est pleinement entrée dans le paysage politique français. Mais les difficultés et les contradictions qui ont accom-pagné sa naissance ne l’ont pas quittée.Il est nécessaire que les nouvelles autorités politiques que la France vient de se donner, tant exécu-tives que législatives, prennent

une connaissance approfondie de ce travail. La région est encore fragile et donc pas encore stabili-sée.La région a besoin d’une conso-lidation politique et institution-nelle vigoureuse. La publication dans une pareille période d’une réflexion aussi ample et appro-fondie sur l’aventure de l’insti-tution régionale en France tombe bien. Tous les esprits décentra-lisateurs, tous les défenseurs de la démocratie locale trouveront bénéfice à découvrir les réflexions et les conclusions contenues dans cet ouvrage. » n

heRvé kempf est journaliste et écrivain. Depuis près de vingt ans, il travaille à faire reconnaître l’écologie comme un secteur d’information à part entière. Après avoir fondé Reporterre, il a travaillé à Courrier international, à La Recherche, et assure désormais la rubrique Écologie du journal Le Monde. Il est notamment l’auteur au Seuil de Comment les riches détruisent la planète (2008), Pour sauver la planète, sortir du capi-talisme (2009) et L’Oligarchie ça suffit, vive la démocratie (2011).

Courant historiqueLes contraintes écologiques rendent impossible la généralisa-tion du niveau de vie occidental à l’échelle du monde. Et, inévita-

blement, celui-ci devra bais-ser pour que chacun ait

sa part du gâteau. Comment

allons-nous vivre cette mutation ? Alors que jusqu’au XVIIIe siècle, les conditions de vie sur la pla-nète ne présentaient pas de dif-férences marquées, le monde a vécu à cette époque ce que les historiens appellent aujourd’hui la Grande divergence : l’Occident s’est imposé. Or, depuis quelques décennies, c’est à une Grande convergence que l’on assiste, et l’Occident est progressivement rattrapé par le reste du monde. Mais cette convergence se pro-duit dans un contexte écologique tel que, si nous laissons s’aggra-ver celle-ci, l’amélioration de la condition humaine ne sera plus possible. Et le mur écologique implique que l’égalisation sociale se produise par un abaissement de

la condition des plus riches, autre-ment dit par une réduction de la condition matérielle des Occiden-taux. Comment vivrons-nous cette évolution ? Soit les pays occiden-taux et les autre pays riches ten-teront d’enrayer cette tendance, et les rivalités pour accéder aux res-sources multiplieront les guerres. Soit les sociétés occidentales s’adapteront volontairement à ce courant historique et le monde pourra alors faire face à la crise écologique de manière pacifique, tendant vers la formation d’une société planétaire, certes traversée de tensions, mais rendue cohé-rente par l’intérêt commun de la survie dans les meilleures condi-tions possibles. n

pasCale haag est maître de conférences à l’EHESS depuis 2003. Ses recherches ont porté principa-lement, jusqu’en 2011, sur la phi-losophie du langage d’expression sanskrite et l’histoire des théories linguistique indiennes. Elle est notamment l’auteur de L’Inde en 2009 et L’hypnose en 2010 aux édi-tions le Cavalier Bleu.

CYRil lemieux est sociologue, maître de conférences à l’EHESS et membre de l’Institut Marcel Mauss (EHESS-CNRS). Il est l’auteur, notamment, de Mauvaise presse. Une sociologie compréhensive du travail journalistique et de ses critiques (Métailié, 2000) et de La

sociologie sur le vif (Presses des Mines, 2010).

JeaN-pieRRe Cavaillé est maître de conférences à l’EHESS, il a notamment publié Décartes, la fable du monde (Vrin, 1991), Dis-simulation. Religions, morale et politique au XVIIe siècle (Honoré Champion, 2002), et, chez Anachar-sis, L’Antre des nymphes, 2004.

Critiquer :une nécessité.Comment définir exactement l’exigence critique à laquelle les chercheurs sont tenus ? Les auteurs livrent un aperçu des multiples façons de produire le décalage nécessaire vis-à-vis des conceptions usuelles ou domi-nantes du monde social.Les sciences sociales, lorsqu’elles oublient leur vocation critique, ne produisent que de simples discours idéologiques, ou d’expertise, prompts à conforter la pensée commune. Dès le seuil

de l’enquête, les chercheurs se doivent d’essayer de penser autre-ment qu’on ne le fait commu-nément les objets qu’ils se sont donnés pour tâche d’étudier. Mais comment définir exactement l’exigence critique à laquelle ils sont tenus ? Et comment la réaf-firmer dans le contexte actuel de la recherche ? Onze cher-cheurs tentent ici d’apporter des réponses en prenant appui sur les enquêtes qu’ils ont menées à pro-pos d’objets très différents. Leurs analyses soulignent combien la pratique des sciences sociales demeure incomplète tant qu’elle refuse de penser ses effets poli-tiques. Mais elles montrent aussi qu’en sciences sociales, la critique se joue tout autant à travers la contribution des chercheurs au débat public que, indissociable-ment, dans leurs démarches d’en-quête, la discussion de leurs tra-vaux et la clarification collective

de leurs pratiques. n

d i s c o u r s d e l a s c i e n c ee s p r i t d e l a s c i e n c e

Petite poucette MicHel seRRes

mercredi 13 mars à 17 h 30 Au cinéma ABCRencontre avec Michel Serres autour de son livre Petite poucette (Le Pommier). Organisée en liaison avec la Mission Agrobiosciences.

Altersciences, Posture, Dogmes, IdéologiesalexandRe Moatti

jeudi 14 mars à 18 hRencontre avec Alexandre Moatti autour de son livre Altersciences, Posture, Dogmes, Idéologies (Odile Jacob). Organisée en liaison avec la Mission Agrobiosciences. Rencontre animée par Jacques Rochefort.

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voisinages, alors que nous vivions dans un espace métrique, référé par les distances », analyse le philosophe dans Petite Poucette, son essai né d’un discours prononcé à l’Acadé-mie française en 2011. En acadé-micien, Serres constate que, d’une édition à l’autre, leur dictionnaire compte un différentiel d’environ quatre mille mots ; il sera de trente-cinq mille d’ici à la prochaine… Chapeau bas devant « l’intelligence inventive » déployée par tous ces Petit Poucet face aux bouleverse-ments du monde, à l’effondrement des anciennes hiérarchies. Loin de lorgner vers le passé, le penseur octogénaire sait, lui aussi, voyager

au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. » Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer, une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître… Débute une nouvelle ère qui verra la victoire de la multitude, anonyme, sur les élites dirigeantes, bien iden-tifiées ; du savoir discuté sur les doctrines enseignées ; d’une société immatérielle librement connectée sur la société du spectacle à sens unique…Ce livre propose à Petite Poucette une collaboration entre généra-tions pour mettre en œuvre cette utopie, seule réalité possible. n

la tyrannie de l’évaluationangélique del ReY

mercredi 6 mars à 18 hRencontre avec Angélique Del Rey autour de son livre La Tyrannie de l’évaluation (La Découverte).Organisée en liaison avec la Mission Agrobiosciences.

angélique Del rey enseigne la philosophie dans un centre de postcure pour adolescents, en banlieue parisienne. Elle est notamment l’auteur de Plus jamais seuls. Le phénomène du téléphone portable (Bayard, 2006), Éloge du conflit (La Découverte, 2007), À l’école des compétences. De l’éducation à la fabrique de l’élève performant (La Découverte, 2010).Dans la vie quotidienne de chacun, jeune ou moins jeune, cadre ou ouvrier, à l’école comme au travail, dans les organisations publiques et privées, au niveau des politiques publiques, etc. les évaluations se font de plus en

plus pressantes, diffuses, conti-nues. Rendre des comptes, être visible, mesurable, et surtout compétitif devient l’injonction permanente, stressante et très peu mise en cause. Être évalué paraît généralement aller de soi, voire, être désirable : « On m’évalue, donc je suis ». Or ces évaluations sont tout à fait para-doxales ; au nom de la rétribution au mérite, elles dénient le mérite véritable et engendrent un cli-mat délétère de concurrence et de sauve-qui-peut ; au nom de « plus d’efficacité », elles créent une forme inédite d’inefficacité ; au nom de l’objectivité, elles écrasent les différences, standardisent, nor-

malisent. De cette omniprésence de l’évaluation et de ses méfaits, ce livre propose une analyse ori-ginale, qui, au delà de la critique, réfléchit aussi à des pistes alterna-tives en résonance avec une intui-tion largement répandue : la com-plexité de la vie sociale n’est pas respectée. Les nouvelles évalua-tions unidimensionalisent une vie multiple, ignorent les conflits qui font le cœur de l’individu comme de la société et, surtout prétendent être justes et efficaces en dehors de toute situation concrète, réelle : en dehors de toute territorialisation.Une réflexion essentielle pour ne pas se soumettre à cette « évalua-tion qui tue ». n

alexaNdRe moatti ancien élève de l’École polytechnique, est ingénieur en chef du corps des Mines. Il est le concepteur du portail scientifique www.science.gouv.fr.Il est notamment l’auteur chez Odile Jacob de Les Indispensables Mathématiques et physiques pour tous (2006), Einstein, un siècle contre lui (2007) et Les Indispen-sables astronomiques et astrophy-siques pour tous (2009).

l’alterscience« Pourquoi et comment des per-sonnes formées à la science se mettent-elles, à un certain âge de miChel seRRes est l’un des

rares philosophes contemporains à proposer une vision du monde ouverte, fondée sur une connais-sance des humanités et des sciences. Professeur à Stanford University, membre de l’Académie française, il est l’auteur de très nombreux essais philosophiques et d’histoire des sciences. Il a publié récemment Temps des crises, Musique et Petite Poucette.

nouvelle ère« Certains l’appellent la génération Y. Plus inspiré, tel un grand-père bien-veillant, Michel Serres la nomme « Petite Poucette », parce qu’elle uti-lise ses pouces pour envoyer des SMS… Les représentants de cette génération mutante sont nés avec les nouvelles technologies – ils sont « digital natives » –, grosso modo entre 1981 et 1999 « Ils n’habitent plus le même espace » : « Par téléphone cellulaire, ils accèdent à toutes per-sonnes ; par GPS, en tous lieux ; par la Toile, à tout le savoir : ils hantent donc un espace topologique de

leur vie, à prendre une attitude violemment opposée à la science qui leur est contemporaine ? Com-ment des scientifiques en viennent-ils à mobiliser leur capacité de raisonnement et construisent-ils une argumentation à caractère scientifique au service d’idéolo-gies sans rapport avec la science ? Comment expliquer la perma-nence de tels comportements chez des hommes de science depuis au moins la naissance de la science moderne, il y a plus de trois cents ans ? De nos jours, quel est l’impact sur les rapports entre science et société de ces attitudes, diffusées sinon multipliées par le

canal de l’Internet ? Nous désigne-rons leur démarche par le terme d’alterscience dans lequel nous englobons diverses constructions théoriques remettant en cause de manière radicale des résultats importants de la science ou utili-sant des arguments scientifiques à des fins idéologiques, religieuses ou personnelles. »

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Ambivalence, pseudo-rationalité théorique, virulence du discours, instrumentalisation de la science à des fins idéologiques ou reli-gieuses, telles sont les princi-pales caractéristiques de « l’alter-science ». n

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L’amour et la loicaRoline MecaRY

mercredi 27 février à 18 hRencontre avec Caroline Mecary autour de son livre L’amour et la loi. Homos Hétéros mêmes droits mêmes devoirs (Alma).

Islam, politique, sexe et genrecHaHla cHafiq

mardi 5 mars à 18 h Rencontre avec Chahla Chafiq autour de son livre Islam, politique, sexe et genre. À la lumière de l’expérience iranienne (PUF). Rencontre organisée avec le Collectif Midi-Pyrénnées pour les Droitsdes Femmes. Animée par irène Coradin.

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Chahla Chafiq est une écri-vaine et une sociologue d’origine iranienne. Exilée en France depuis 1982 elle a notamment publié : Chemins et brouillard (Métropolis, 2005), Le nouvel homme islamiste. Les prisons politiques en Iran (Éd. Le Félin, 2002), Femmes sous le voile face à la loi islamique (Éd. Le Félin, 1995).

rapports sociauxde sexe« Dans le débat sans cesse renou-velé sur l’islamisme, il y a un sujet grandement absent, malgré son omniprésence : la question des femmes. Si parmi les images évo-quées à l’esprit lorsqu’on parle d’islamisme, l’image de la femme voilée surgit rapidement, paradoxa-lement, ce sujet n’occupe qu’une place marginale dans les réflexions sur la nature politique de l’isla-misme en tant qu’idéologisation de l’islam. J’ai fait l’expérience de cette absence et de ses malheu-reuses conséquences à différents titres : dans mon parcours de jeune militante politique qui a croisé, à la fin des années 1970, l’histoire de mon pays emporté par l’islamisme. Les objectifs politiques et la stra-tégie déployés par cette idéologie dans leur approche des femmes se sont à l’époque déployés dans l’insouciance générale. Dans mon parcours d’écrivaine et mon travail sur l’islamisme qui m’a engagée dans un débat au sein de la société française et m’a confrontée à des théorisations, dominantes, pour lesquelles les rapports sociaux de sexe sont souvent secondaires. Parallèlement, les ouvrages qui s’in-

téressent aux femmes, n’entrent que rarement dans une vision poli-tique globale. Dans cet essai, Islam politique, sexe et genre, je porte cette ambition. »

Chahla Chafiq

Questionner l’islamisme sous l’angle des rapports sociaux de sexe constitue une perspective privilégiée pour analyser l’idéolo-gie islamiste et le rôle des divers acteurs sociopolitiques (islamistes et non-islamistes) dans son déve-loppement en tant qu’utopie

sociale. L’expérience iranienne sert de laboratoire pour décorti-quer les enjeux et les mécanismes du développement de cette idéo-logie. Elle met en lumière la nature totalitaire du projet sociopolitique porté par l’islamisme et ses consé-quences sociopolitiques. Au-delà de l’Iran, cette analyse approfondit aussi les questions actuelles sur l’essor de l’islamisme et ouvre de nouvelles perspectives pour exa-miner les discours sur les conflits de civilisation. n

CaRoliNe meCaRY est avo-cate au barreau de Paris, spécialiste du droit de la famille, coprésidente de la fondation Copernic, prési-dente de l’Agence Régionale de Promotion de l’Égalité (ARPE) et femme politique (conseillère régio-nale Europe Écologie Les Verts en Île-de-France), elle a déjà publié sept livres dont Le Couple homo-sexuel et le Droit (Odile Jacob, 2001), Le Pacs 2010 (Delmas, 2009) et Art et techniques de la plaidoirie (LexisNexis, 2011).

Quinze ans de combat« En 2004, Noël Mamère marie “symboliquement” deux hommes dans la commune de Bègles. La France s’embrase alors pour cette affaire. Aujourd’hui, la question de l’ouverture du mariage civil aux homosexuels et celle de leur droit à fonder une famille est l’un des principaux sujets débattu au Parlement et dans l’ensemble de la société, comme lors du grand rassemblement des partisans du

mariage pour tous le 16 décembre 2012. À cette occasion, Alma publie un essai extrêmement clair et précis relatant quinze ans de combat mené au nom de l’égalité de traitement des citoyens devant la loi. Un récit passionnant où l’on découvre l’histoire d’hommes gays et de femmes lesbiennes dési-rant vivre comme les autres. L’his-toire aussi des professionnels de la justice qui disent le droit. ».Combien d’années faut-il pour que le temps judiciaire, l’enga-gement d’un avocat, l’évolution de la société et l’Histoire se rejoignent ? Pour Caroline Mecary, il aura fallu quinze ans. Quinze ans de réflexions, de combats judi-ciaires, de conviction personnelle ; quinze ans d’engagements pour mettre hors la loi la discrimina-tion selon l’orientation sexuelle. Cette histoire, somme de destins individuels et de débats publics, loin d’être réservée à la « commu-nauté » homosexuelle, concerne la société tout entière. L’heure est

venue, nous dit Caroline Mecary, d’ouvrir la porte à toutes les familles, au lieu de s’en tenir à un prétendu « modèle unique ». Elle montre aussi qu’à toute cause il faut un avocat. n

Après une thèse d’histoire sur la conflictualité politique dans le dernier tiers du XXe siècle, Fanny bugnon poursuit ses recherches sur l’engagement politique des femmes au XXe siècle.Sociologue, vanessa WatremeZ est intervenante sociale au CHRS-la Maison des Allées à Toulouse, où elle travaille auprès des femmes victimes de violences. Outre sa participation à l’ouvrage, elle est l’auteure de nombreux articles.cette somme inéDite, réunissant des études historiques, anthropologiques, sociologiques, lin-guistiques et littéraires, révèle combien la violence des femmes est au cœur d’enjeux d’ordre à la fois politique et épistémologique. Penser la violence des femmes, c’est en faire un véritable levier pour consi-dérer autrement la différence des sexes, la violence et, par-delà, l’ordre social.« C’était un attribut patriarcal avec lequel il fallait en finir : les féministes françaises ont très majoritaire-ment récusé la violence. Comme le dit Benoîte Groult, le féminisme n’a jamais tué personne. Position

théorique et philosophique parfaitement justifiable, ce choix a contribué à maintenir sur la violence des femmes une chape de plomb, interdisant de penser son éventuelle dimension émancipatrice. L’ouvrage coordonné par deux sociologues, Coline Cardi et Geneviève Pruvost, et préfacé par Arlette Farge, n’en est que plus nécessaire. Offrant au lecteur des aperçus historiques, littéraires et sociologiques, allant des « femmes en armes du XVIe siècle » à la pédophilie féminine, il décline la nature des dénis qui entourent ces frasques ou ces déviances : violentes, les femmes ne sauraient l’être « vraiment » (et on continuera, malgré les évidences, à voir les bandes de filles comme des phénomènes nouveaux et contre-nature), ou du moins ne peuvent-elles en être tenues responsables (les femmes terroristes sont manipulées ou amoureuses). Passionnant. »

Julie clarini, Le Monde des Livres

Dans le cadre du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, bagdam espace lesbien présente à ombres blanches, Penser la violence des femmes, sous la direction

de coline cardi et geneviève Pruvost, la Découverte (2012). Présenté par deux coauteures, Fanny bugnon et vanessa Watremez, introduites par la philosophe Katy barasc.

Mercredi 13 mars à 18 h / Bagdam Espace lesbien / penser la violence des femmes

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a r t e t t h é r a p i epsychanalyse et littérature

Voyages – ExpositionfRançois gRanieR

mardi 19 mars à 18 hConférence-débat avec François Granier autour de exposition d’art-thérapie intitulée Voyages,exposition du CHU de Toulouse. Les œuvres des artistes-patients sont présentées à l’Hôtel-Dieudu 10 au 14 avril 2013. Rencontre organisée dans le cadre de la Semaine d’information en SantéMentale et en lien avec le Congrès National de la SFPE-AT (Société Française de psychopathologiede l’Expression et Art-Thérapie), qui aura lieu aux Abattoirs les 12 et 13 avril 2013 « CRÉER, MONTRER, PROTÉGER », spécialement organisé sur ce thème.

L’ordinaire, symptôme RadMila zYgouRis

vendredi 15 mars à 20 h 30 Rencontre avec Radmila Zygouris autour de son livre L’ordinaire, symptôme (Éditions d’octobre).Rencontre organisée par la Fédération des Ateliers de Psychanalyse et animée par JacquesLagarrigues, Dominique Lauze et Martine Salle-Mengin (psychanalystes).

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Radmila zYgouRis a été à l’École Freudienne de Paris de 1967 jusqu’à sa dissolution en 1980 où elle n’a pas suivi Lacan. Elle a été un des membres fondateurs, en 1982, de la Fédération des Ateliers de Psychanalyse dont elle est tou-jours membre. Elle fait référence particulièrement à Ferenczi, Balint et Winnicott. Elle écrit en français mais a publié ses cinq livres au Bré-sil, en portugais, et deux en Argen-tine, en espagnol. Elle est notam-ment l’auteure de Pulsions de vie (Éditions Escuta, 1999), et Après Lacan, rencontres et séparations (Éditions Portezuelo, 2006).

audace et insolenceSon livre, que Pierre Babin édite, retrace toute cette période jusqu’à maintenant, en se centrant sur L’Ordinaire, revue psychanaly-tique marginale au sein de l’École Freudienne de Paris, que l’auteure fonda avec Francis Hofstein, et dont les articles ne portaient pas la signature de leurs auteurs. Les textes ici rassemblés sont ceux de Radmila Zygouris, augmentés de conversations avec Pierre Babin en forme de mise à jour.« Retirer des cendres de Mai 68 les braises de l’audace et de l’in-solence n’était pas chose aisée. Surtout dans le paysage de la psy-chanalyse en France, psychanalyse écrasée par la parole et le texte de Lacan.L’audace s’est nommée L’Ordi-naire du psychanalyste. Nous sommes en mai 73. Parution mar-ginale ? L’Ordinaire a inventé un nouveau centre, (excentrique ?), centré sur le cœur jamais dit de

la chose : une histoire à deux, l’analysant ET l’analyste, sans recours au discours dominant en vigueur.L’Ordinaire, témoin d’un décentrement risqué, où le corps et la parole, le clinique et le politique rendent leur voix à une expérience psychanaly-tique détachée d’une théorie dogmatique. 1973-2012 : tran-chant et humour tiennent le cap. » n

niser le soin. Nous avons effec-tivement beaucoup voyagé, de différentes façons. L’art-thérapie est bien un moyen de s’éloigner de l’asile, de connaître le monde, de s’extravertir à travers de nou-velles images de soi, d’extérioriser drames et passions oppressantes. L’exposition est l’invitation au voyage pour le public pour déstig-matiser, partager le regard.Toute thérapie n’est-elle pas un voyage ? » n

dR fRaNçois gRaNieR

louse, SABLES, NATURES, ROBOTS, voici en 2013 VOYAGES.Il s’agit à nouveau de l’illustration de ce que peut produire un véri-table projet d’art-thérapie. Partagé par toute un collectif de groupe, il saisit un thème qui renvoie autant au monde extérieur, qu’au monde du voyage intérieur. Il se prête à l’exercice de médiums multiples, peinture, sculpture, photographie, théâtre, écriture, tous représentés. VOYAGES est aussi le symbole d’une façon de travailler, d’orga-

fRaNçois gRaNieR est pra-ticien Hospitalier, responsable du Service d’Art-thérapie au CHU-Toulouse (Purpan-Casselardit) et également Président de la SFPE-AT (Société Française de Psychopatho-logie de l’Expression et Art-théra-pie).

s’extravertir« Après les grandes expositions précédentes à l’Hôtel-Dieu de Tou-

poèmes de la soif physique et de la douleur mopieRRe BRuno

vendredi 22 mars à 20 h 30Rencontre avec Pierre Bruno autour de son livre Poèmes de la soif physique et de la douleur mo (Le bleu du ciel). Simultanément, Pierre Bruno fait paraître un recueil de poèmes préfacé par Bernard Noël aux éditions Script, Eau « asie ».

Pierre bruno est psychana-lyste et membre de l’Association de psychanalyse Jacques Lacan (APJL). Critique littéraire et maître de conférence à l’univer-sité Toulouse Le Mirail de 1967 à 1989 et au département de psy-chanalyse de Paris VIII 1989 à 1999. Fondateur et directeur de la revue Barca ! Poésie, politique, psychanalyse de 1993 à 2000, il a été directeur de la revue Psycha-nalyse de 2003 à 2009. Il a publié récemment Lacan, passeur de Marx : l’invention du symptôme (Erès, 2010) et travaille actuelle-ment à Histoire de la littérature, en collaboration avec Bernard Noël.Il a publié Nu, untitled, fleur, avec les lithographies de Monique

Frydman, (éditions Sollertis, 1996), également aux Cahiers de l’atelier : Réserve Mallarmé, avec des sérigraphies de Fran-çois Rouan, (1999), Herbier volume, avec des peintures de Bracha Ettinger, (2003) ainsi qu’Antonin Artaud, réalité et poésie (L’Harmattan, 1999). Enfin ses poèmes sont parus dans les revues La polygraphe, le nou-veau recueil, Quaderno, Barca !. Pierre Bruno écrit depuis l’âge de seize ans, sans jamais cesser depuis. Il a conservé de cette vie d’écriture un millier de poèmes, constituant plusieurs ensembles. Le livre au Bleu du ciel est pour lui le départ de l’exploration de ces ensembles, afin d’affirmer une œuvre. Ses textes jouent avec

l’énergie et la surprise de l’oni-risme. Les événements contenus dans ses poèmes, les recherches de ses constructions, affirment une voix singulière dans la poésie d’aujourd’hui.« lÀ, dans le roulement discret de ces osselets du vers ou de la phrase, survient un coup de dés verbal discret, qui rompt l’assu-rance du lecteur et le remet dans le vers, la phrase et le texte.L’art de Pierre Bruno consiste à construire une marqueterie de détails suffisamment significa-tifs pour qu’ils fassent exister un tout dont la présence, bien que virtuelle, convoque la réalité imaginaire qui est la terre de la poésie. » n

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Gustave Moreau, Œdipe et le Sphinx (détail), 1861.

a f r i q u e / e u r o p eo r i e n t / o c c i d e n t

HannibalzakYa daoud

vendredi 8 mars à 18 h Rencontre avec Habib Samrakandi, directeur de la revue Horizon Magrébins – Le droit à la mémoire et Zakya Daoud autour de son livre Hannibal (Perrin).

Des angles remarquables MeHdi MoutasHaR

jeudi 28 février à 18 h Rencontre avec Mehdi Moutashar autour de son exposition et de la présentation de son livreDes angles remarquables (Éditions Méridianes) préfacé par Dominique Clèvenot.

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mehdi moutashaR est un artiste français d’origine irakienne, né en 1943 et installé à Arles, il définit son œuvre entre « les arts de l’Islam et les arts géométriques occidentaux ». Depuis le début des années soixante-dix, il mène une réflexion à la fois sensible et construite, une véritable gram-maire articulée autour du concept du carré. Présente dès le début dans son travail en deux dimen-sions, cette recherche s’est poursui-vie ces dernières années à travers des constructions qui témoignent d’une approche philosophique globale de l’espace. C’est à cette logique qu’appartiennent sa réfé-rence constante à l’alphabet et à la calligraphie, ainsi que l’utilisation récurrente de la brique, module par excellence.

Construction du réelQuinzième ouvrage publié par les éditions Méridianes (en co-édition avec les éditions Bervillé) dans la collection Grands Méridianes, Des angles remarquables, outre le texte de Dominique Clévenot avec ce même titre, comporte onze lithographies originales (dont celle de la couverture) de Mehdi Moutashar, Tout son travail tend vers l’élaboration d’« un langage de construction du réel », éludant la relation avec le corps ou l’expé-rience des sens, jusqu’à ce qu’il convient de nommer l’abstrac-tion géométrique. L’art de Mehdi Moutashar se tient à distance de toute volonté d’exprimer une expérience subjective du monde, comme de tout recours aux pou-voirs de l’image. L’univers auquel il appartient est celui, rationnel, de

la ligne droite, de l’angle mathéma-tiquement déterminé, de l’oppo-sition du noir et du blanc. Cette géométrie qui laisse pressentir un ordre mathématique premier sans jamais le manifester sous une forme définitive, cette géométrie toujours en devenir, relève d’une esthétique qui plonge ses racines dans une culture propre à l’artiste. Son art est en effet à la confluence de deux héritages artistiques. Le premier est l’héritage occiden-tal de l’abstraction géométrique, dont l’histoire commence avec les

pionniers de l’abstraction – Mon-drian, Van Doesburg, Malevitch ou Lissitzky – et se poursuit avec les artistes du Hard Edge, de l’Op’Art, de l’Art cinétique ou du Minimaln Art. Le deuxième est celui de la tradition esthétique islamique, qui, peu encline à redoubler les apparences du monde, accorde une place de choix à l’ordre géo-métrique et aux déploiements de la ligne, en particulier dans l’art de l’entrelacs ornemental ou dans celui de la calligraphie. n

zakYa daoud, journaliste et écrivaine, intellectuelle franco-marocaine de renom a travaillé à la radio marocaine, à l’Avant garde, journal de l’UMT, et dans divers média au Maroc avant de lancer avec son mari, en 1966, la revue Lamalif dont elle était rédacteur en chef jusqu’à son arrêt de paru-tion en 1988. Elle a ensuite tra-vaillé dans diverses publications en France, notamment à la revue Maghreb-Machrek et publié dans divers média comme Le Monde diplomatique, Arabies, Pano-ramiques. Elle est notamment l’auteur de Féminisme et poli-tique au Maghreb (Maisonneuve et Larose, 1994), Ferhat Abbas, une utopie algérienne (Éditions Denoël, 1995) Ben Barka (Éditions Michalon, 1996), Casablanca en mouvement (Éditions Autrement, 2005) La diaspora marocaine en Europe (éditions Seguier, 2011).

activité réformatriceNé en 247 av. J.-C. à Carthage, près de l’actuelle Tunis, Hannibal, élevé dans la haine de Rome par son père Hamilcar Barca, consacra sa vie à la combattre. C’est lui qui déclenche la deuxième guerre punique qui durera de -218 à -201. Après une traversée légendaire des Alpes, il envahit l’Italie où il remporte sur les Romains des batailles qui l’on fait comparer à Alexandre le Grand. Son écra-sante victoire à Cannes le porte au faîte de sa gloire avant qu’il ne rencontre un adversaire à sa mesure en la personne de Scipion l’Africain qui finit par l’emporter à Zama. La deuxième partie de son existence – il meurt en -183 – est

marquée par une brillante activité réformatrice, précédant l’errance de l’exil. Menacé d’être livré aux Romains, il choisit de mettre fin à ses jours.Dans ces pages sensibles, l’auteur dépeint non seulement l’incom-parable chef de guerre mais aussi

l’homme politique oublié, dont les buts étaient de dessiner une nou-velle géopolitique de la Méditer-ranée incluant la Rome naissante, et montre comment, malgré ses échecs, il est devenu un mythe qui a perduré à travers les siècles. n

vendredi 15 février à 18 hRencontre avec Michaël Ferrier autour de son livrefukushima : récit d’un désastre (Gallimard).

miChaël feRRieR est l’auteur de plusieurs articles sur la culture japonaise ainsi que de plusieurs essais et romans, dont Tokyo – Petits portraits de l’aube (Gallimard, 2004), Le goût de Tokyo (Mercure de France, 2008), Japon : la barrière des rencontres (Cécile Défaut, 2009), Sympathie pour le fantôme (Gallimard, 2010).FUKUsHima qui parait un an après la catastrophe, revient sur son déroulement et ses enchaînements dramatiques, tentant aussi d’en son-der les responsabilités, les causes. Michaël Ferrier fait d’emblée allusion, derrière le récit des effets de la gigantesque secousse sismique, derrière les descriptions des vagues énormes qui ont noyé la côte nord-est de la grande île, à l’existence d’une autre menace, intangible encore, mais plus terrifiante que la catastrophe naturelle[…] Fukushima n’est plus que le synonyme confus d’une catastrophe sans ¬véritable nom, dont on perçoit mal les causes, dont on ne distingue pas les contours et dont on n’imagine pas encore toutes les conséquences ».

c o n c e v o i r , d e s s i n e ri n f o r m e r, i n s t r u i r e

Le droit de savoir edwY plenel

jeudi 21 mars à 17 h À l’occasion des 5 ans de Mediapart rencontre-débat avec Edwy Plenel autour de la thématique ‘’Médias et pouvoir’’ déclinée dans la Muestra ‘’Cinéma et politique’’ de Cinélatino, 25e rencontresde Toulouse et de la sortie du livre d’Edwy Plenel Le droit de savoir (Don Quichotte). Débat animé par Francis Saint Didier.

La possibilité d’une villeJacques feRRieR

lundi 25 mars à 18 hRencontre avec Jacques Ferrier autour de son livre La possibilité d’une ville (Arléa).

revendiquée par Mediapart, comme si le journal réclamait un droit inquisitorial à percer les secrets alors que, au contraire, ses curiosités n’ont jamais porté que sur des sujets d’intérêt public (Karachi, Bettencourt, Kadhafi.).Ce livre entend démontrer l’utilité de ce droit de savoir comme accé-lérateur de la prise en main de leur destinée par les peuples, alors que la crise en cours ne cesse de les en déposséder. Tandis que l’opacité et le secret protègent la corruption et l’injustice et que des murailles, y compris inconscientes, se dressent

devant le légitime droit de savoir dès que les journalistes l’illustrent par des curiosités dérangeantes, l’information se révèle toujours un appel à la liberté.Fondé sur l’expérience de Media-part, Le Droit de savoir recense les obstacles qui se sont dressés en travers de son chemin pour empê-cher l’information et les enquêtes ; le livre revient sur les filatures, les écoutes, les campagnes de diffa-mation, les plaintes de l’ancien gouvernement. Il analyse aussi les conséquences de ses révélations et les débats publics qu’elles ont provoqués.Surtout, à l’heure de la révolution numérique, cet ouvrage constitue un plaidoyer pour une nouvelle loi fondamentale sur la liberté de l’information. Un droit qu’il faut étendre, consolider et renforcer. n

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urbains sans qualités. L’urbanisme de géométrie, séparant le territoire urbain en cases fonctionnelles, s’est imposé comme correspon-dant le mieux à la rentabilité fon-cière, détruisant toute possibilité de créer une vie urbaine et col-lective pour des métropoles où doivent pourtant coexister plu-sieurs dizaines de millions d’habi-tants. n

complexité au cours du XXe siècle, entraînant l’architecture loin des bases auxquelles elle a pu se ratta-cher pendant des siècles.Ce réel est aujourd’hui en crise : nous vivons un profond change-ment dans le mode de vie urbain, un changement qui concerne donc la majeure partie de la popu-lation et la planète toute entière. Ce changement appelle de nou-velles façons de penser la ville et l’architecture ; mais, contrairement aux apparences, rien ne bouge vraiment : occupés à concevoir des bâtiments de plus en plus spectaculaires, quelques stars occupent le devant de la scène et occultent le malaise profond de l’architecture.Dans un même temps nous nous sommes condamnés à une archi-tecture générique, prise dans l’engrenage d’une production effrénée ou les critères financiers priment sur les valeurs humaines, créant partout des mondes

JaCques feRRieR est archi-tecte et urbaniste, actuellement en charge de l’architecture et du design des futures gares du Grand Paris. Il œuvre pour des projets novateurs, écologiques et respon-sables vis-à-vis des enjeux urbains. Sa vision humaniste de la ville à venir trouve sa pleine expression à travers le concept de la « Ville Sen-suelle », une proposition urbaine conçue pour le Pavillon France de l’Exposition universelle de Shan-ghai en 2010, qui répond à la ques-tion de ce que doit être l’urbanisme aujourd’hui.

En prise avec le réelUn architecte n’est pas un artiste, mais l’architecture, elle, peut s’ap-parenter à un travail d’auteur ; un travail qui doit formaliser dans une vision singulière les attentes et les aspirations d’une époque. L’archi-tecte doit construire une œuvre en prise avec le réel et celui-ci est devenu d’une extraordinaire

edwY pleNel né en 1952 est journaliste politique. Ancien directeur de la rédac-tion du Monde (de 1996 à 2004), il est actuellement cofondateur et directeur de Mediapart, premier quoti-dien d’information en ligne indépendant et participatif. Il a publié plus d’une dizaine d’ouvrages, citons entre autre L’effet Le Pen (Le Monde édi-tions, 1984), La République inachevée (Payot, 1985), Le journaliste et le président (Stock, 2006), Combat pour une presse libre (Galaade édi-tions, 2009) et Le président de trop (Don Quichotte, 2011).

appel à la libertéS’agissant des affaires publiques, la publicité doit être la règle et le secret l’exception. Rendre public ce qui est d’intérêt public est toujours légitime. Tout document qui concerne le sort des peuples, des nations et des sociétés mérite d’être connu de tous afin que chacun puisse juger sur pièces, choisir pour agir, influer sur la politique des gou-vernements. Si, en démocratie, le peuple est souverain, alors la politique menée en son nom ne saurait être l’apanage d’experts et de spécialistes, d’élites et de pro-fessionnels, seuls destinataires des informations légitimes, et agissant comme des propriétaires privés d’un bien public. Preuve en est la diabolisation par les puissants de la « transparence » notamment

les RencontRes cinéMas d’aMéRiques latines :cinelatino !

25e Rencontres de Toulouse, du 15 mars au 24 mars,organisée par l’ARCALT.

(Association Rencontres Cinémas d’Amérique Latine de Toulouse)

Depuis ses débuts, le festival s’est donné comme objectif de faire émerger de nouveaux talents de ce continent aux identités multiples mais aussi de donner à voir des cinématographies singulières laissées parfois de côté par les réseaux de distribution français et européens. À travers une com-pétition riche, un panorama de la production récente, des sections thématiques, mais également des actions de développement des publics, les Rencontres donnent à voir des films pour tous.Le festival est aussi une plate-forme professionnelle qui œuvre pour la production, la diffusion et distribution des films latino-américains en France et en Europe en permettant la rencontre de différents acteurs de l’industrie cinématographique.

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r a y o n j e u n e s s e 29J’ai pas choisifannY aBadie

samedi 16 mars à partir de 12 h Rencontre dédicaces et pot de l’amitié avec Fanny Abadie autour de son premier roman, J’ai pas choisi (Milan). Lectures assurées par la Compagnie de Théâtre du petit matin de 12 h 15 à 12 h 45.

faNNY aBadie est auteur de théâtre, et s’est lancée dans l’écri-ture pour ados. Car les mots, elle connaît : comme son héroïne, elle les tord dans tous les sens pour mieux les aimer. Quant aux ados, elle les côtoie tous les jours dans le lycée où elle travaille… J’ai pas choisi est son premier roman.

Faust revisitéFaustine aime les mots. Faustine aime Johan. Et on dirait bien qu’elle ne peut pas avoir les deux… Un pacte mystérieux passé avec une fille non moins mystérieuse lui fait gagner le cœur de Johan… au détriment de son talent pour écrire. A-t-elle fait le bon choix ?

Et si, au final, elle pouvait quand même avoir l’un et l’autre ? Le mythe de Faust revisité dans un récit contemporain sur fond de slams et de poésie. n

Atelier avecles anacHRoniques

samedi 16 février entre 12 h et 15 h

Atelier d’initiation à la lecture théâtralisée avec la CompagnieLes Anachroniques.

La compagnie Les Anachroniques propose comme l’an passé un atelier réservé en priorité aux « Graines de Critiques ».

INFO PRATIQUES ATELIER :THèME : Lecture Théâtralisée

DURÉE : 2 hNOMBRE DE PARTICIPANTS :

une dizaineÂGE : pour les 9/13 ans

Renseignements et Inscription (Gratuite et OBLIGATOIRE)

auprès de Françoise Guiseppin 05 34 45 53 37 n

marie melissou est poète, nouvelliste et auteur de romans et d’albums jeunesse. Elle inter-vient régulièrement dans les écoles et les collèges et anime des ateliers d’écritures.elle, c’est ninaWa. Lui, Nino, c’est son double, son copain, son voisin jumeau. Durant deux années, il assiste, impuis-sant, à la compétition que mène Ninawa avec elle-même. Elle se trouve grosse, elle veut maigrir de quelques kilos avant son anniver-saire. Enivrée par son poids qui baisse, elle entre dans un tour-

billon infernal qu’elle ne maîtrise plus. Au fil des mois, elle « abat » les grammes et les kilos avec mille ruses qui vont l’emmener loin. Bien loin de ces images de maga-zines qui la faisaient rêver. Un jour, elle tombe, la voilà squelet-tique. « La peau pâle de Ninawa, ses joues amaigries, ses côtes qui saillent malgré les grands sweats dans lesquels elle se dissimule, ses jambes si maigres, les signes sont là. » C’est une maladie qui porte un nom, l’anorexie. Faudra- t-il en passer par l’hôpital ? Ou, entre complicité, rires et pleurs,

duo-duel, l’amour d’une mère et la tendresse de Nino seront-elles entendues ? n

La fille qui n’existait pasMaRie Melissou

vendredi 15 mars à 17 h 30 au Café/Côté CourRencontre-Débat avec Marie Melissou autour du livre La fille qui n’existait pas (Le Griffon bleu) dans le cadre de la Semaine d’information sur la santé mentale.

CourCôté

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> mardi 5 mars à 17 h 30au café Côté CourCafé Maïmonide n° 6 avec Isy Morgensztern autour du livre Les grands textes de la Cabale : les rites qui font Dieu de Charles Mopsik (Verdier).

Charles Mopsik est un phi-losophe et philologue français, éminent spécialiste de la Cabale et de la mystique juive. En 1979 il fonde et dirige chez Verdier la col-lection « Les dix paroles » avec Maï-monide, le Guide des égarés. À partir de 1981, il fera paraître ses traduc-tions successives du Zohar, mettant ce texte fondateur de la mystique juive médiévale à la portée des lec-teurs francophones cultivés.pratiques religieuses et efficacité théurgique dans la cabale,

des origines jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, tel est le sujet d’étude de cet ouvrage. Première mono-graphie entièrement consacrée à la signification et à la fonction des observances religieuses, ce livre ras-semble en traduction française les écrits d’une centaine de cabalistes, présentés et expliqués dans l’ordre chronologique, école par école, auteur par auteur.Un des apports les plus originaux des cabalistes a été le développe-ment d’une pensée de la pratique et des œuvres qui attribue à celles-ci un pouvoir sur la création et sur le monde divin, pouvoir si extraor-dinaire qu’il est même capable de « faire Dieu ». Les systèmes de pen-sée élaborés par les cabalistes pour rendre compte de cette puissance des actes des hommes se sont déployés en mêlant certains concepts issus

du néoplatonisme tardif et de sa théurgie aux croyances bibliques et aux exégèses rabbiniques anciennes. Cette fusion entre certains aspects de la pensée des derniers philosophes de la fin de l’Antiquité et de la tra-dition juive a été d’une très grande fécondité puisqu’elle a suscité une immense littérature qui s’est pro-posé d’élucider les « secrets de la Torah ». Cette part essentielle de la pensée juive, très souvent ignorée et parfois même rejetée comme intru-sion étrangère et inauthentique, se trouve au cœur de la conception théologique et anthropologique de quelques maîtres parmi les plus éminents de l’histoire du judaïsme.

> samedi 16 février au mercredi 20 mars 2013 – au café Côté Cour. »

exposition-ventes des peintures et dessins de Jean-Jacques Valencak

Jean-JaCques ValenCak est né en 1969 à Rueil-Malmaison, vit et travaille à Sète. Peintre depuis 1987, il a réalisé de nombreuses expositions à Toulouse et dans la région, notamment pour le festival Estivada off (Rodez, 2008), la Maison du Chevalier (Carcassonne, 2009), le Centre Culturel de Najac (2010), Le Salon Reçoit (Toulouse, 2011).« Mes travaux ont pour sujet le corps et sa perception : anato-mies, portraits et figures. La superposition et la sédimentation de taches de couleurs annoncent une volonté de peinture incar-née plus que figurative.Archives photographiques ou imagerie médicale (radiogra-phies, scanners) nourrissent mon expression. Jeux plastiques et techniques privilégiant le hasard, mes œuvres traitent de la géographie de l’intime en proposant une généalogie de l’acte de création.Je travaille actuellement sur le thème des « effigies », extrapolations sur le thème du timbre : portraits, trames, tampons constituent le vocabulaire de cette série. Ces œuvres sont des acryliques sur papier de format 30 x 40 cm, et seront présentées accompagnées d’œuvres plus anciennes de même format. »

Quelle image se fait-on de la litté-rature d’un pays ? Quelques grands noms, à raison d’une dizaine par siècle ? Quelques grands courants prédominants (le classicisme au XVIIe, le romantisme au XIXe, etc.). Une image qui à force d’être sim-plifiée finirait par être poussiéreuse, oublieuse, trompeuse.Pourtant on a pu être baroque au XVIIe, ou romantique au XVIIIe. Pour-tant la littérature est multiforme. Aussi les irréguliers, les égarés de l’histoire littéraire, connus que de rares spécialistes, sont-ils nombreux. Ces auteurs oubliés, en dehors des courants majeurs que l’Histoire a consacrés, ne sont pourtant ni des auteurs médiocres, ni des excen-triques. Tout au plus quelques fois des femmes, des protestants, des étrangers, des adeptes de genre répu-tés mineurs…C’est de ce constat qu’est née l’idée de présenter huit écrivains sans pos-térité, lors de quatre rencontres. On les a choisis, parmi beaucoup d’autres poètes, prosateurs, ou auteurs de théâtre également digne d’intérêt

> samedi 9 mars

renContre autour de gilles Corro-zet (~1510-~1603). Libraire, imprimeur, traduc-teur, érudit, c’est d’abord un fabuliste et un moraliste. Devancier, avec quelques autres, de La Fontaine, ses fables comptent d’heureuses trouvailles.et andré Mage de FieFMelin (~1560 — ~1603). Gentilhomme protestant de l’île d’Oléron, c’est un poète baroque, chantre des marais salants comme de la spiritualité chrétienne. Sa poésie cosmique, sensuelle et mystique, est habitée par la misère de l’homme et la grandeur de Dieu.

> samedi 23 mars

renContre autour d’antoinette du ligier de la garde, MMe des houlières (~1634-1694). Aussi belle et savante que noble, elle eut pour précepteur un poète philosophe, issu du peuple et proche du courant libertin. Un temps mêlée de près aux affaires du royaume, cela ne l’empêcha pas d’écrire des poèmes, amusés ou graves, qui touchent à l’intime.et antoine léonard thoMas (1732 - 1785). Il est l’auteur d’éloges en prose au souffle épique, célèbres en leur temps, mais aussi un poète pré-romantique, le premier à s’écrier « O Temps, suspends ton vol ».

entre le XVIe et le XIXe siècles : Gilles Corrozet, André Mage de Fiefmelin, Antoinette Des Houlières, Antoine Léonard Thomas, Louis Ramon de Carbonnières, Jean-Baptiste Cousin de Grainville, Felix-Auguste Duvert et Augustin-Théodore de Lausanne, et Marie Krysinska. Il ne s’agit pas tant de dresser une stèle éphémère à ces écrivains, célèbres ou marginaux en leur temps, mais plutôt de mon-trer que ces voix méconnues sont sin-gulières ou simplement inattendues, qu’elles portent toutes témoignage

du fait littéraire, et l’éclairent d’un jour souvent surprenant.Pourquoi s’inquiéter de ces oubliés, en un temps où la lecture et la culture littéraire sont concurrencées par la consommation de loisirs multiples ? Parce qu’ils sont encore susceptibles de nous étonner, de renouveler une vue quelque peu confite et fabri-quée de notre culture, et parce que l’époque fait aussi que leur œuvre redevient accessible grâce à l’inter-net.

café littéraire/3130/café littéraireLes saMedIs 9 et 23 Mars, 6 et 20 aVrIL 2013 de 11 h 30 à 13 h au café Côté Cour

« à la découverte de 8 irréguliers de la littérature française »Lectures assurées par amélie Chataur, Catherine Gadon et Philippe dupeyron. Ces rencontres seront animées par henri Prade.