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Vers une culture de modération Réduire les méfaits liés à l’alcool Vers une culture de modération au Canada : Recommandations en vue d’une stratégie nationale sur l’alcool Avril 2007

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Vers une culture de modération

Réduire les méfaits liés à l’alcool

Vers une culture de modérationau Canada :

Recommandations en vue d’unestratégie nationale sur l’alcool

Avril 2007

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Cher(ère) collègue,

Au nom du Groupe de travail sur la stratégienationale sur l’alcool, nous avons le plaisir devous faire parvenir un exemplaire de Réduire lesméfaits liés à l’alcool au Canada : Vers une culturede modération – Recommandations en vue d’unestratégie nationale sur l’alcool.

Comme vous le savez, l’alcool est un produitlégal qui présente des avantages économiqueset sociaux, mais qui, consommé de façonabusive, peut causer des méfaits. Selon le récentrapport sur les coûts de l’abus de substances auCanada, les retombées économiques des méfaitsliés à l’alcool au Canada, en 2002, s’élevaient à14,6 milliards de dollars en coûts associés à laperte de productivité, aux soins de santé et àl’application de la loi. Ce montant est légère-ment inférieur au coût estimatif du tabagisme,soit 17 milliards de dollars, mais presque deuxfois plus élevé que le coût attribué aux droguesillégales, soit 8,2 milliards de dollars.

Durant les consultations pancanadiennes de2005 sur l’usage et l’abus de substances, lanécessité de lutter contre l’abus d’alcool auCanada a été citée à maintes reprises commeune question d’intérêt national. En consé-quence, Santé Canada, le Centre canadien delutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies etl’Alberta Alcohol and Drug Abuse Commissionont créé conjointement un groupe de travaild’experts pour étudier la situation et produireles recommandations en vue d’une stratégienationale sur l’alcool.

Le Groupe de travail sur la stratégie nationalesur l’alcool était composé d’un éventail d’inter-venants et de représentants des gouvernementsfédéral, provinciaux et territoriaux, desorganismes de lutte contre les toxicomanies,des universités, des organisations nongouvernementales, de l’industrie des boissonsalcoolisées et de l’industrie du tourisme. Aprèsun travail considérable, le groupe a atteint unconsensus sur une vaste stratégie qui tientcompte des rôles respectifs de tous les acteurspour ce qui est de lutter contre les méfaits liés à

l’alcool, et renferme au total 41 recomman-dations dans quatre grands domaines d’action :

• Promotion de la santé, prévention etéducation – afin de sensibiliser le public àla consommation responsable d’alcool;

• Effets sur la santé et traitements – afin de réduire les effets néfastes de laconsommation d’alcool sur la santé etd’examiner comment elle contribue auxblessures et aux maladies chroniques;

• Accessibilité de l’alcool – afin d’institueret d’appliquer des mesures efficaces decontrôle de la disponibilité de l’alcool;

• Collectivités plus sécuritaires – afin derendre les collectivités plus sûres et deréduire le plus possible les méfaits del’intoxication.

Les recommandations en vue d’une stratégienationale sur l’alcool reposent sur la notion deconsommation raisonnable d’alcool ou decréation d’une culture qui vise la modération. À l’instar du changement culturel qui a conduità une diminution du tabagisme ou à l’accepta-tion du port obligatoire de la ceinture desécurité, la réduction des méfaits liés à l’alcoolau Canada nécessitera des approches complexesà long terme axées sur les normes et les valeurssociales, ainsi qu’un agencement d’activités demarketing social, d’information communautaire,de réglementation et d’application de la loi.

Étant donné que la stratégie ne répond peut-être pas entièrement aux besoins des Premièresnations, des Inuits ou des Métis, le groupe detravail préconise des efforts supplémentairespour faire participer pleinement ces commu-nautés et leurs dirigeants. De plus, il estreconnu que les problèmes autour de l’ensem-ble des troubles causés par l’alcoolisation fœtale(ETCAF) sont trop complexes pour être traitésentièrement dans ces recommandations. Ainsi,le groupe de travail encourage tous les secteursde continuer à faire des efforts pour prévenirl’ETCAF et soutenir ceux qui en souffrent.

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La mise en oeuvre des recommandations pourréduire les méfaits liés à l’alcool prendra dutemps et exigera l’engagement et la collabo-ration de tous les principaux acteurs. Aussi, legroupe de travail espère que vous trouverez lesrecommandations de ce rapport utiles.

Veuillez agréer, Madame/Monsieur, l’expressionde nos sentiments les meilleurs.

Les coprésidents du Groupe de travail sur lastratégie nationale sur l’alcool

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Le Centre canadien de lutte contrel’alcoolisme et les toxicomanies

75, rue AlbertSuite 300 Ottawa (Ontario)K1P 5E7

Programme de la stratégie antidrogue et des substances contrôlées

Santé Canada123, rue Slater Ottawa (Ontario)K1A 0K9

Alberta Alcohol and Drug AbuseCommission

10909, avenue JasperEdmonton (Alberta)T5J 3M9

Beth PietersonDirectrice générale

Murray FinnertyPrésident-directeur général

Michel PerronPrésident-directeur général

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1. Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

2. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

3. Champs d’action stratégiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

3.1 Promotion de la santé, prévention et éducation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7

3.2 Effets sur la santé et traitements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10

3.3 Accessibilité de l’alcool . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13

3.4 Collectivités plus sécuritaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19

4. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

6. Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

7. Membres du Groupe de travail sur la Stratégie nationale sur l’alcool . . 35

Table des matières

Nota : Ce document reflète le consensus généraldu Groupe de travail sur la Stratégienationale sur l’alcool mandaté pour fairedes recommandations en vue d’unestratégie nationale sur l’alcool.

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L’alcool n’est pas un bien de consommationordinaire. C’est une drogue psychoactive légalequi jouit d’une énorme popularité et qui revêtune importance sociale et culturelle particulièreau Canada. Des données concrètes indiquentaussi que, s’il est consommé à un niveau defaible à modéré, l’alcool peut être bénéfique àcertains individus. Il joue également un rôleconsidérable dans l’économie canadienne, encréant des emplois et des rentrées fiscales pourles gouvernements.

Toutefois, la consommation d’alcool est aussiune question de santé publique, car ellecontribue à l’émergence de méfaits pour lasanté et de problèmes sociaux. En 2002, lesméfaits liés à l’alcool ont totalisé 14,6 milliardsde dollars, soit 463 $ par Canadien vivant,incluant les montants suivants : 7,1 milliards dedollars en pertes de productivité attribuablesaux maladies et aux décès prématurés, 3,3 mil-liards de dollars en coûts directs de soins desanté et 3,1 milliards de dollars en coûts directsd’application de la loi.

Cette Stratégie nationale sur l’alcool est unestratégie globale de collaboration qui vise àfournir une orientation et des recomman-dations afin de réduire les méfaits liés à l’alcool.Elle propose des efforts renouvelés axés sur lapromotion de la santé, la prévention, letraitement et l’application de la loi. Afin demettre en œuvre la Stratégie, de nombreusesapproches sont requises, y compris desapproches se concentrant sur les taux globauxde consommation d’alcool (des approches auniveau de la population en général) et desapproches axées sur les habitudes deconsommation à risque élevé et/ou sur despopulations vulnérables (des interventionsciblées).

La notion de consommation raisonnabled’alcool, ou de développement d’une cultureayant la modération comme objectif, sous-tendla Stratégie. La promotion d’une culture demodération préconise une nouvelle façon depenser en matière de consommation d’alcoolqui inclut une compréhension des moments oùil est approprié ou non approprié de boire, duvolume d’alcool consommé, des motivations etdes situations où une consommationraisonnable est de mise. Une culture demodération requiert une meilleurecompréhension des risques inhérents à laconsommation d’alcool, incluant des blessuresgraves et des maladies chroniques, ainsi que lafaçon de minimiser ces risques.

La Stratégie identifie quatre champs d’actionstratégiques, notamment la promotion de lasanté, la prévention et l’éducation; les effets del’alcool sur la santé et les traitements; l’accessi-bilité de l’alcool; et les collectivités plus sécuritaires.

Le champ d’action de la promotion de la santé, de la prévention et de l’éducation vise à accroîtrela sensibilisation du public à une consom-mation responsable d’alcool et à améliorer lacapacité des individus et des collectivités, ainsique leur résilience, de participer à une culturede modération. L’établissement d’une compré-hension commune de ce que constitue uneconsommation raisonnable d’alcool estessentiel pour atteindre une culture demodération qui encouragerait tous lesCanadiens à prendre des décisions saines etéclairées au sujet de leur consommationd’alcool. Une recommandation clé estl’élaboration de directives nationales deconsommation d’alcool qui fourniraient auxCanadiennes et aux Canadiens un repère pourcomparer leurs habitudes personnelles deconsommation.

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1. Sommaire

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Les recommandations associées aux effets sur lasanté et aux traitements visent à réduire les effetsnégatifs de la consommation d’alcool sur lasanté ainsi que les blessures graves et lesmaladies chroniques qui y sont liées. Unerecommandation clé dans ce champ d’actionest d’élargir l’intervention de divers profes-sionnels de la santé pour mettre en œuvre ledépistage, des interventions de courte durée etdes services d’orientation à l’attention des indi-vidus qui risquent de développer ou qui ontdéjà développé des problèmes associés àl’alcool. On s’attend à ce que de telles interven-tions précoces produisent des économies à lafois dans le système judiciaire et dans lesystème de santé et de services sociaux quicompenseraient les coûts initiaux de leur miseen œuvre. L’élaboration de solutions detraitement additionnelles et la prestation deservices de traitement spécialisés sontégalement importantes.

Le champ d’action stratégique de l’accessibilitéde l’alcool vise à mettre en œuvre et à exécutiondes mesures efficaces de contrôle relativement àl’accessibilité de l’alcool. Il recommande deconsolider le mandat de responsabilité socialedes régies des alcools gouvernementales, derenforcer les règlements relatifs à l’obtentiondes permis d’alcool et à la mise en applicationde la loi et d’harmoniser l’âge minimum où ilest permis d’acheter de l’alcool partout auCanada. Ce champ d’action est aussi lié auxpolitiques fiscales et à l’établissement des prix,de même qu’aux contrôles de la publicité et dela promotion.

Finalement, le champ d’action de la création decollectivités plus sécuritaires vise à minimiser lesdommages liés à la consommation excessived’alcool dans un contexte communautaire. Ilexamine la manière dont les communautéspeuvent encourager une culture de modérationet créer des milieux de consommation d’alcoolplus sécuritaires. Ce champ d’action aborde lesdifférents contextes physiques et sociaux danslesquels des habitudes de consommationnuisibles surviennent, dont les foyers, lesmilieux de travail, l’école, les établissementslicenciés et les loisirs. Il examine comment laculture entourant la consommation d’alcool etla conduite automobile a changé radicalementau cours des dernières décennies. En fait, lessuccès obtenus à cet égard, comme dans laréduction du tabagisme et le port obligatoire dela ceinture de sécurité, fournissent desindications sur les changements requis pouratteindre une culture de modération dans laconsommation d’alcool au Canada.

En résumé, la Stratégie nationale sur l’alcoolfournit une vision à long terme afin de réduireles méfaits liés à l’alcool au Canada. Elleformule 41 recommandations spécifiques auxquatre champs d’action et identifie lesintervenants qui devraient mener leur mise enœuvre. Pour assurer un changement réussirelatif aux attitudes et aux pratiques en matièrede consommation d’alcool, tous lesintervenants concernés doivent partager laresponsabilité de réduire les méfaits causés parune consommation abusive d’alcool.

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Genèse de cette Stratégie nationalesur l’alcool Cette Stratégie nationale sur l’alcool est unestratégie globale de collaboration qui vise àfournir une orientation et des recommanda-tions afin de soutenir une culture de modéra-tion qui, si elle est adoptée, réduira les méfaitsliés à l’alcool au pays. Cette initiative estopportune compte tenu de la résolution votéeen 2005 par l’Assemblée mondiale de la santéqui a encouragé ses États membres à élaborerdes stratégies nationales relatives à l’alcool afinde réduire les coûts considérables en santé,ainsi que les coûts sociaux et économiquesrésultant d’une consommation d’alcoolproblématique.

La Stratégie reflète la vision, les principes et lesbuts du Cadre national d'action pour réduire lesméfaits liés à l'alcool et aux autres drogues etsubstances au Canada. Élaboré à la suite devastes consultations multisectorielles à traversle Canada, le Cadre a obtenu un consensusgénéral lors d’une réunion tenue en juin 2005,à Montréal, où une centaine d’intervenants cléss’étaient donné rendez-vous.

Ce processus de consultations a mis en lumièrela nature sérieuse des questions relatives à laconsommation nuisible d’alcool et à la néces-sité d’en faire une priorité nationale. Ennovembre 2004, un atelier sur la politique enmatière d’alcool, coparrainé par le gouverne-ment du Canada et le Centre canadien de luttecontre l’alcoolisme et les toxicomanies(CCLAT), a confirmé le besoin d’une actionconcertée dans divers domaines clés.

À partir des travaux réalisés antérieurement, un groupe de travail national a été formé pourélaborer la Stratégie. Il regroupe plus de 30représentants, notamment des gouvernementsprovinciaux et territoriaux, des ministèresfédéraux, des organisations non gouverne-mentales (ONG), des chercheurs, des orga-nismes de lutte contre la toxicomanie, et desreprésentants de l’industrie des boissonsalcoolisées et de l’industrie du tourisme etd’accueil.

La Stratégie décrit la nature et l’étendue desméfaits liés à l’alcool au Canada, tout enreconnaissant que l’alcool offre égalementcertains avantages. Elle identifie de manièreglobale et coordonnée des interventions quiréduiront les coûts en santé, ainsi que les coûtssociaux et économiques des méfaits liés àl’alcool au Canada.

L’alcool dans la société canadienneL’alcool n’est pas un bien de consommationordinaire. C’est une drogue psychoactive légalequi jouit d’une énorme popularité et qui revêtune importance sociale et culturelle au Canadaainsi que dans d’autres sociétés à travers lemonde. L’alcool a diverses fonctions,notamment la relaxation, la socialisation et lacélébration. Il accompagne souvent les repas ouest incorporé à des rituels religieux, descélébrations, des fêtes et des événements telsque les naissances et les mariages. D’un pointde vue positif, des données concrètes indiquentque, s’il est consommé à un niveau de faible àmodéré, l’alcool peut être bénéfique à certainsindividus, par exemple en réduisant les risquesde maladies coronariennes.

L’alcool joue aussi un rôle important dansl’économie canadienne soit en créant desemplois, des activités de ventes au détail, desrevenus d’exportation et des rentrées fiscalespour les gouvernements. En 2004, la valeur desventes de boissons alcoolisées au Canadatotalisait environ 16 milliards de dollars,comparativement à 13 milliards de dollars en2000. Les revenus totaux et les profits de tousles gouvernements se sont élevés à environ 7,7 milliards de dollars.

Cependant, la consommation d’alcool estégalement une question de santé publique, carelle cause des méfaits. Par exemple, elle peutaltérer les habiletés motrices et le discernement,conduire à l’empoisonnement et à ladépendance, causer des maladies et des décès etavoir des effets négatifs sur les milieux de viesociaux et économiques de tous les jours. Parmiles méfaits liés à l’alcool, on compte desmaladies chroniques, telles que la cirrhose dufoie et certains cancers, des événements graves

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2. Introduction

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tels que des collisions de la route, des blessures,de l’abus verbal, de la violence, des invaliditéset la mort.

Les décès et les invalidités liés à l’alcool comp-tent pour 4 % de l’ensemble des conséquencesnéfastes sur la vie et la longévité dans lemonde. Ce chiffre s’élève à 9 % au Canada, oùl’alcool est un des trois principaux facteurs derisque qui contribuent au fardeau de la maladie,de l’invalidité et de la mortalité (comparati-vement au tabac à 12 % et à l’hypertension à 11 %).

En 2002, l’ensemble des effets financiers auCanada émanant des méfaits liés à l’alcool onttotalisé 14,6 milliards de dollars répartis commesuit : 7,1 milliards de dollars en pertes deproductivité en raison de maladies et de décèsprématurés, 3,3 milliards de dollars en coûtsdirects de soins de santé et 3,1 milliards dedollars en coûts d’application de la loi. Cescoûts correspondent à 463 $ par Canadienvivant.

Selon l’Enquête sur les toxicomanies au Canada(ETC) de 2004, environ 80 % des Canadiens de15 ans et plus ont déclaré avoir consommé del’alcool dans les 12 mois précédant l’enquête.Seulement 7 % des répondants ont affirmén’avoir jamais consommé d’alcool et environ13 % ont indiqué ne pas avoir consomméd’alcool durant l’année précédant l’enquête.

Environ 14 % des Canadiens (soit 3,3 millionsde personnes) sont des buveurs à risque élevé,ce qui signifie que leurs habitudes deconsommation sont actuellement nuisibles ouqu’elles augmentent considérablement lesprobabilités de méfaits futurs. Parmi les jeunes,13,8 % de ceux qui ont affirmé avoirconsommé de l’alcool au cours de l’annéeprécédant l’enquête l’ont fait de façon abusiveau moins une fois par semaine, et 46 % ontdéclaré l’avoir fait au moins une fois par mois.

L’ETC a également révélé que la consommationexcessive d’alcool (c’est-à-dire boire cinq verresou plus en une seule occasion pour les hommeset boire quatre verres ou plus en une seuleoccasion pour les femmes) mensuellement ouplus souvent est l’indicateur le plus éloquentselon lequel une personne risque d’avoir desméfaits liés à l’alcool. Ces buveurs risquent

deux fois plus de connaître des méfaits que lesindividus qui ne consomment jamais l’alcool demanière excessive. Dans l’ensemble, près duquart des anciens buveurs et des buveurs actuelsont affirmé que leur consommation d’alcoolleur avait causé du tort et avait causé préjudiceà d’autres personnes au cours de leur vie.

Les niveaux globaux de consommation se sontaccrus au Canada, passant de 7,2 litres d’alcoolabsolu par personne de 15 ans et plus en 1997 à7,9 litres par habitant en 2004 – ce qui place leCanada au 43e rang sur 185 pays quant à laconsommation totale d’alcool par habitant.

Alors que les niveaux de consommationd’alcool augmentent, il en va de même del’incidence des méfaits liés à l’alcool dans lapopulation. Les habitudes individuelles deconsommation d’alcool (c.-à-d. la fréquence etle volume d’alcool consommé) peuventindiquer la probabilité de dommageschroniques ou graves. Par exemple, uneconsommation continue à long terme peutmener à une maladie chronique. Pour sa part,la consommation occassionnelle excessived’alcool (qui se caractérise par une forteconsommation en une séance) ou laconsommation d’alcool allant jusqu’à l’ivressepeut mener à des événements graves, tels quedes collisions de la route.

De nombreuses personnes considèrentl’alcoolisme, caractérisé par une consommationexcessive chronique accompagnée desymptômes physiques de dépendance à l’alcool,comme le problème le plus sérieux lié à l’alcool.

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Les coûts des méfaits liés à l’alcool auCanada

Totalisent 14,6 milliards de dollars en2002.

L’alcool a coûté 7,1 milliards de dollars àl’économie canadienne en pertes deproductivité en raison de maladies et dedécès prématurés.

3,3 milliards de dollars en coûts directs desoins de santé et 3,1 milliards de dollarsen coûts d’application de la loi.

Ces coûts correspondent à 463 $ parCanadien vivant.

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Néanmoins, la consommation excessive et lesépisodes uniques et périodiques de consom-mation occasionnelle excessive d’alcool par laplus grande partie de la population des buveursnon dépendants a des répercussions beaucoupplus grandes et plus étendues sur la santé, lasécurité et le bien-être des individus et descommunautés.

Des segments de la population canadienne sontplus vulnérables à des problèmes sociaux et àdes problèmes de santé graves et chroniques liésà l’alcool. En plus des jeunes, ces segmentsincluent, notamment les délinquants, les sans-abri, les personnes âgées, les femmes enceintes,les jeunes adultes, les Premières nations, lesInuits et les Métis.

Composantes de cette Stratégienationale sur l’alcool Afin de réduire les méfaits liés à l’alcool auCanada, une stratégie nationale globale surl’alcool est nécessaire et comprend desinvestissements dans la promotion de la santé,la prévention, les traitements, l’application dela loi et la réduction des méfaits. Pour soutenirla Stratégie, de nombreuses approches sontrequises, y compris des approches se concen-trant sur les taux globaux de consommationd’alcool (des approches au niveau de lapopulation générale) et des approches axées surles habitudes de consommation à risque élevéet/ou des populations vulnérables (desinterventions ciblées).

La notion de consommation raisonnabled’alcool, ou le développement d’une cultureayant la modération comme objectif, sous-tend la Stratégie nationale sur l’alcool.L’établissement d’une compréhensioncommune de ce que constitue uneconsommation raisonnable d’alcool estessentiel pour atteindre une culture demodération qui encouragerait tous lesCanadiens à prendre des décisions saines et éclairées en cette matière.

Préconiser une culture de modération nesuppose pas l’existence d’une culture d’« immodération » au Canada. Une culture de modération préconise plutôt une nouvellefaçon de penser, pour la majorité de lapopulation, au sujet des choix à faire relatifs à

la consommation d’alcool qui inclut unecompréhension des moments où il estapproprié ou non approprié de boire, duvolume d’alcool consommé, des motivations etdes situations où une consommationraisonnable est de mise. Une culture demodération vise à mieux comprendre lesrisques inhérents à la consommation d’alcool,tels que les blessures graves et les maladieschroniques, et à apprendre à les minimiser.

Des succès obtenus dans d’autres domainesfournissent un aperçu des changements requispour atteindre une culture de modération dansla consommation d’alcool. Par exemple, deschangements culturels ont mené à uneréduction du tabagisme, à l’acceptation du portobligatoire de la ceinture de sécurité et à unediminution de la conduite avec facultésaffaiblies. Dans ces cas, l’approche à multiplesfacettes et à long terme utilisée a mis l’accentsur les normes et les valeurs sociales. Elle ainclus une combinaison de marketing social,d’informations communautaires, de règlementset de mise en application de la loi.

Les consultations et la recherche ayant mené àl’élaboration de la Stratégie nationale surl’alcool ont identifié un vaste éventail dequestions et de recommandations, incluant desréactions nouvelles et innovatrices, ainsi que lebesoin urgent de poursuivre la recherche etl’évaluation des programmes et des politiques.La Stratégie regroupe ces questions et cesrecommandations dans quatre champs d’actionstratégiques :

la promotion de la santé, la prévention etl’éducation;

les effets de l’alcool sur la santé et lestraitements;

l’accessibilité de l’alcool;

les collectivités plus sécuritaires.

Les activités proposées dans chacun de ceschamps d’action doivent être coordonnées etsoutenues dans tous les ressorts et les secteurspour assurer des changements réussis dans lesconnaissances, les attitudes et les pratiques. Àl’intérieur de chaque champ d’action, desrecommandations sont formulées pourcontrôler à la fois les niveaux globaux deconsommation et déterminer les motivations et

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les contextes sous-jacents aux habitudes deconsommation à risque élevé.

La Stratégie ne peut pas répondre totalementaux besoins de toutes les populationsvulnérables, mais elle reconnaît l’incidence dela diversité régionale et culturelle, de même queles déterminants de la santé. Les interventionsrésultant des recommandations peuvent êtrerévisées et élargies afin de répondre aux besoinsparticuliers de certaines populations. En outre,il est nécessaire d’établir des liens avec despolitiques et des programmes existants, locauxet nationaux, pour rejoindre ces populationsimportantes.

Tous les intervenants concernés doiventpartager la responsabilité de s’attaquer auxméfaits causés par la consommation d’alcool.

Des suggestions et des mesures concrètesdoivent venir des individus, des collectivitéslocales, des gouvernements fédéral,provinciaux, territoriaux et municipaux, desfournisseurs de services de santé et d’éducation,des organismes responsables de l’application dela loi, des organisations non gouvernementales,de l’industrie des boissons alcoolisées et del’industrie du tourisme et d’accueil. La mise enœuvre d’une vision à long terme visant àréduire les méfaits liés à l’alcool au Canadapour les générations futures nécessitera undialogue continu, le développement soutenud’une base solide de données probantes, unevolonté politique d’agir et un intérêt soutenupour la responsabilité sociale.

Stratégie nationale sur l’alcool

Principes 1. L’usage abusif d’alcool est un problème de

santé publique.

2. L’usage abusif d’alcool est défini par desfacteurs sociaux et autres.

3. Les interventions réussies visant à réduireles méfaits liés à l’alcool couvrent l’éventailcomplet des approches de promotion de lasanté, de prévention, de traitement,d’application de la loi et de réduction desméfaits.

4. L’action est fondée sur les connaissances,tient compte des données probantes et sesrésultats sont évalués.

5. Les droits de la personne sont respectés.

6. Des partenariats solides sont à la base dusuccès.

7. La responsabilité, la prise en charge etl’imputabilité sont comprises et convenuespar tous.

8. Les personnes les plus touchées participentde manière significative.

9. La réduction des méfaits liés à l’alcool créedes collectivités plus saines et plussécuritaires.

Buts1. Réduire les méfaits liés à l’alcool pour les

personnes, les familles et les communautéspartout au Canada.

2. Accroître la compréhension commune deseffets et de l’étendue des méfaits liés àl’alcool dans la société canadienne; préveniret minimiser les résultats négatifs sur lasanté des personnes touchées par laconsommation d’alcool.

3. Élaborer une approche globale, coordonnéeet efficace qui repose sur des efforts passéset présents pour prévenir, réduire etrésoudre les problèmes liés à l’alcool;identifier des réactions réalistes.

4. Multiplier et renforcer des partenariats decollaboration parmi les gouvernements, lesorganisations non gouvernementales,l’industrie, les organismes d’aide auxtoxicomanes, les organismes responsablesde l’application de la loi et les collectivitéstouchées par les méfaits liés à l’alcool.

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3.1. Promotion de la santé,prévention et éducation

But : Accroître la sensibilisation du public à

une consommation responsable de l’alcool et

améliorer la résilience des individus et des

collectivités ainsi que leur capacité de

participer à une culture de modération.

Accroître la sensibilisation du public à l’alcoolest une tâche complexe, puisqu’il y a certainsavantages associés à sa consommation. Uneapproche axée sur l’« abstinence » pour lapopulation en général n’est ni réaliste, ninécessaire. Pour la majorité des Canadiens quiont l’âge légal pour acheter de l’alcool, lesmessages sur l’alcool doivent porter sur lamodération ou la consommation raisonnable.Pour d’autres, le concept de consommationraisonnable ne signifie rien de moins quel’abstinence totale.

Présentement, au Canada, il n’existe pas de « consensus national » sur les directives deconsommation d’alcool. Des provinces, tellesque l’Ontario et la Colombie-Britannique, ontélaboré leurs propres directives, mais celles-cine concordent pas. Ainsi, la première étapeconsisterait à établir des directives nationales deconsommation d’alcool qui fourniraient auxCanadiennes et aux Canadiens les donnéesdont ils ont besoin pour déterminer si leurshabitudes de consommation personnelles secomparent aux directives de consommationraisonnable. Ces directives décriraient unvolume approprié de consommation, descontextes et des motivations afin de minimiserles méfaits liés à l’alcool. L’établissement d’unecompréhension de ce que constitue uneconsommation raisonnable ou à faibles risquesd’alcool est essentiel pour atteindre une culturede modération.

Des directives nationales de consommationd’alcool identifierait 12 habitudes deconsommation d’alcool risquées (voir letableau) relatives aux niveaux et aux taux de

consommation, aux contextes dans lesquelsl’alcool est consommé ainsi qu’aux raisons pourlesquelles l’alcool est consommé. Ces directivesfourniraient des données sur les effets de laconsommation d’alcool sur la santé.

De plus, de telles directives nationalesdéfiniraient ce qui est considéré comme uneconsommation standard quant à la teneur enalcool contenue dans la bière, le vin et lesspiritueux. Une étiquette sur chaque contenantde boisson alcoolisée indiquerait le nombre deconsommations standards qu’il contient. Celapermettrait aux Canadiennes et aux Canadiensde surveiller leur consommation quotidienne ethebdomadaire d’alcool en fonction desdirectives.

Vers une culture de modération 7

3. Champs d’action stratégique

Des directives nationales deconsommation d’alcool identifieraientclairement :

12 habitudes de consommation d’alcoolrisquées1. Boire plus de (#) consommations standard

par semaine.

2. Boire plus de (#) consommations par jourpour les hommes et plus de (#) consom-mations par jour pour les femmes.

3. Boire plus d’une consommation standardpar heure.

4. Consommer et prendre le volant.

5. Consommer avant ou pendant le travail.

6. Consommer avant ou pendant la pratiquede sports ou d’autres activités physiques.

7. Consommer durant une grossesse.

8. Consommer en étant sous médication ouen prenant d’autres drogues.

9. Consommer en ayant l’intention des’intoxiquer.

10. Consommer afin d’affronter des difficultésou une perspective négative.

11. Consommer par habitude.

12. Consommer en étant mineur.

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Des directives nationales sur la consommationd’alcool fourniraient la pierre angulaire requisepour entreprendre diverses initiatives depromotion de la santé, de prévention etd’éducation afin d’accroître la sensibilisation du public et, par conséquent, d’obtenir deschangements dans les connaissances, lesattitudes et les comportements. Des initiativesseraient mises en place au moyen d’unmarketing social, de campagnes médiatiques sur l’alcool, de programmes communautaires et d‘approches ciblées pour des groupesvulnérables spécifiques dans la population. De plus, ces activités de sensibilisation seraientélaborées ou renforcées pour aborder leshabitudes clés de consommation d’alcool àrisque (p. ex. la consommation d’alcool durantla grossesse). De telles initiatives nécessiteraientdes mesures soutenues sur une longue périodepour s’assurer que chaque génération deCanadiens est consciente des risques et desavantages associés à la consommation d’alcool.

Mineurs et jeunes adultes (de 18 à 24 ans)L’alcool fait partie de la culture des adolescentset des jeunes adultes. L’ETC de 2004 a confirméque la majorité des jeunes de 15 ans et plusavaient consommé de l’alcool à la fois au coursde l’année précédente (82,9 %) et dans leur vie(90,8 %). Bien que la différence soit légère dansla prévalence globale de la consommationd’alcool chez les jeunes et les adultes, il existedes différences quant à la fréquence et auxhabitudes de consommation. Plus particulière-ment, les jeunes consomment de l’alcool moinssouvent que les adultes. Cependant, quand ilsen consomment, ils ont tendance à boiredavantage (consommation occasionnelleexcessive d’alcool). Les taux de consommationexcessive mensuelle et hebdomadaire sontpresque deux fois plus élevés chez les jeunesque chez les adultes. Les taux de consommationdangereuse et de volume d’alcool consommé enune seule occasion sont le double de ceux desadultes. À la lumière de ces résultats, il n’est passurprenant que le taux de méfaits liés à l’alcoolsoit aussi considérablement plus élevé chez lesjeunes que chez les adultes.

Évidemment, les jeunes ne sont pas un groupehomogène en ce qui concerne la consomma-

tion d’alcool, la fréquence de cette consomma-tion et le volume d’alcool consommé. Lesgarçons sont susceptibles de consommer del’alcool plus souvent que les filles, deconsommer davantage à chaque occasion et ilssont plus susceptibles d’avouer consommer del’alcool de manière plus excessive. Les jeunes de15 à 17 ans consomment de l’alcool moinssouvent, boivent moins de boissons à chaqueoccasion et sont moins enclins à boire demanière excessive et dangereuse.

L’âge moyen auquel les jeunes Canadienss’initient à l’alcool est 15,6 ans. Plus tôt lesjeunes commencent à boire de l’alcool, plus ilsrisquent d’en boire davantage en une seuleoccasion et de manière excessive chaquesemaine ou chaque mois. Les jeunes quicommencent tôt à consommer de l’alcoolrisquent davantage d’expérimenter des méfaits

Réduire les méfaits liés à l’alcool au Canada : 8

Habitudes de consommation chez lesmineurs et les jeunes adultes

Chez les jeunes Canadiens de 15 ans etplus, 90,8 % ont consommé de l’alcooldans leur vie et 82,9 % en ont consomméau cours des 12 derniers mois.

L’âge moyen auquel les jeunes Canadienss’initient à l’alcool est 15,6 ans.

Des 82,9 % des jeunes qui ont consomméde l’alcool au cours de la dernière année,plus du tiers (36,9 %) ont rapporté l’avoirfait au moins une fois par semaine, alorsque 33,7 % ont rapporté avoir consommécinq ou six verres à chaque occasion.

L’habitude de consommation la pluscourante chez les jeunes est légère ou peufréquente (38,7 %).

Chez les jeunes qui ont bu de l’alcool aucours de la dernière année, 13,8 % ontrapporté une consommation excessive aumoins une fois par semaine, et 46,0 % ontrapporté une consommation excessive aumoins une fois par mois.

Les jeunes ont rapporté des taux deméfaits liés à l’alcool supérieurs à ceux dela population en général (33,7 % contre24,2 %) et des méfaits au cours de ladernière année (21,8 % contre 8,8 %)attribuables à leur consommation.

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liés à l’alcool que ceux qui commencent à unâge plus avancé. Ainsi, l’âge de l’initiation àl’alcool est un facteur crucial dans la planifica-tion des efforts de prévention et d’interventionorientés vers les jeunes, puisqu’il est directe-ment lié aux résultats de leur consommationd’alcool.

Il est important de noter que la formationd’une culture de modération en matièred’alcool n’implique aucunement d’encouragerles mineurs à consommer de l’alcool. L’établis-sement de directives nationales sur laconsommation d’alcool axées sur les adultes etles jeunes qui ont l’âge légal pour acheter del’alcool contribuerait plutôt à façonner deshabitudes de consommation d’alcool et, parconséquent, aurait des répercussions sur ce queles mineurs peuvent observer à la maison etdans d’autres lieux où l’alcool est consommé.

Quoique l’abstinence demeure l’objectif idéalrelatif aux mineurs, il est bien connu que denombreux jeunes qui n’ont pas l’âge légal pouracheter de l’alcool choisissent d’en consommer.Il est important pour ces jeunes d’êtreconscients des risques et de savoir commentlimiter leur consommation de manière àprévenir les méfaits liés à l’alcool pour eux-mêmes et pour les autres.

Approches en matière d’information etd’éducation des jeunesAu moment où les adolescents atteignent 15ans, leurs expériences, leurs modèles de rôles etleur milieu ont déjà façonné un grand nombred’idées, d’attitudes et d’attentes par rapport àl’alcool. Malheureusement, de nombreuxadolescents ignorent les données de base qui lesaideraient à prendre des décisions éclairées ausujet de leur consommation d’alcool.

Les campagnes médiatiques sur l’alcool, lesprogrammes communautaires et lesprogrammes d’études sont des moyens possiblesde transmettre aux jeunes de nouvelles donnéessur la santé et la sécurité relatives à l’alcool.Toutefois, pour être efficaces, les politiques etles programmes qui ciblent les mineurs doiventreposer sur des buts appropriés au plandéveloppemental, allant de l’abstinence (un butidéal pour tout ce groupe d’âge) à laconsommation modérée (perçue comme unenorme, alors que les jeunes s’approchent del’âge légal pour acheter de l’alcool).

Comme il a été mentionné, les jeunes et lesjeunes adultes apprennent sur la consom-mation d’alcool (comment, où et pourquoi) en observant les adultes. La formation d’uneculture de modération doit commencer avec lesadultes plus âgés qui façonnent les attitudes etles habitudes des générations plus jeunes. Lepassage du statu quo à une nouvelle culture demodération, tant pour les jeunes adultes quepour les adultes plus âgés, nécessitera au moinsune génération d’éducation et de sensibili-sation, comme ce fut le cas du tabagisme et dela conduite avec facultés affaiblies.

Les programmes de promotion de la santé, deprévention et d’éducation pour les jeunesconstituent une composante importante de laStratégie. Des efforts considérables doivent êtredéployés pour élaborer, mettre en œuvre etévaluer les initiatives futures.

Vers une culture de modération 9

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3.2. Effets sur la santé ettraitements

But : Réduire les effets négatifs de la

consommation d’alcool sur la santé et

examiner sa contribution relative aux

blessures et aux maladies chroniques.

L’alcool est en cause dans plus de 65 étatspathologiques, allant des blessures à desmaladies de longue durée telles que le cancer,les maladies cardiovasculaires ainsi queplusieurs maladies mentales. Des rechercheseffectuées au Canada et à l’étranger indiquentque les taux de maladies chroniques augmen-tent dans la population, à mesure que les tauxde consommation d’alcool s’accroissent.

En 2002, le nombre total de décès attribuables àl’alcool au pays (4 258 décès) a représenté 1,9 % de tous les décès durant cette année1. La cirrhose du foie a été la principale cause demortalité (1 246 décès), suivie des collisions dela route (909 décès) et des suicides associés àl’alcool (603 décès). Les décès attribuables àl’alcool ont entraîné 191 136 années de viepotentielles perdues. Les maladies associées àl’alcool ont représenté environ 1,6 million dejours de soins actifs en milieu hospitalier. Ainsi,le déficit produit sur l’économie canadienne atotalisé environ 14,6 milliards de dollars, ce quiest légèrement moins que les coûts estimés dutabac (17 milliards de dollars), mais près dudouble des coûts totaux nationaux attribuésaux drogues illicites (8,2 milliards de dollars).

1 Le chiffre net est calculé en soustrayant le nombrede décès évités du nombre de décès causés parl’alcool.

Réduire les méfaits liés à l’alcool au Canada : 10

1. Élaborer et promouvoir des directivesnationales sur la consommation d’alcoolafin d’encourager la culture de modération,en ayant pour but de transmettre desmessages clairs et cohérents relatifs à lasécurité et à la santé liés à la consommationd’alcool (Santé Canada, tous lesgouvernements).

2. Élaborer une campagne de marketing socialglobale, soutenue et coordonnée avec despartenaires multisectoriels afin depromouvoir les directives nationales sur laconsommation d’alcool. Cette initiativereposerait sur des campagnes de marketingsocial existantes, comme celles axées surl’alcool au volant ou les habitudes deconsommation d’alcool à risque élevé (tous les gouvernements, les ONG,l’industrie des boissons alcoolisées etl’industrie du tourisme et d’accueil).

3. Soutenir et financer des organisationslocales afin d’élaborer et de mettre enœuvre des initiatives communautaires depromotion de la santé axées sur lesdirectives nationales sur la consommationd’alcool pour prévenir et réduire les méfaitsliés à l’alcool (tous les gouvernements,l’industrie des boissons alcoolisées etl’industrie du tourisme et d’accueil).

4. S’assurer, par réglementation, que desétiquettes normalisées et facilement visiblessont apposées sur les contenants deboissons alcoolisées pour indiquer lenombre de consommations normaliséesqu’ils contiennent (Santé Canada).

5. En ce qui a trait aux mineurs, élaborer etévaluer des politiques et des programmesappropriés aux stades de développementdes jeunes et qui préconisent, notammentl’abstinence comme un but valable pourtous; la conformité aux directives nationalessur la consommation d’alcool et laprévention visant à réduire les risques d’uneconsommation excessive d’alcool chez lesjeunes qui ne s’en abstiennent pas (tous lesgouvernements, les ONG, l’industrie desboissons alcoolisées et l’industrie dutourisme et d’accueil).

6. En ce qui a trait aux jeunes adultes, élaboreret évaluer des politiques et des programmesdans les écoles, les collèges et lesuniversités au moyen d’une initiativenationale de collaboration (tous lesgouvernements, les ONG, l’industrie desboissons alcoolisées et l’industrie dutourisme et d’accueil).

Recommandations

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D’autres problèmes de santé surviennent quandune consommation nuisible d’alcool s’accom-pagne d’autres drogues (polytoxicomanie). Lesinteractions entre les autres substances (tabac,drogues illicites et médicaments sur ordon-nance) et l’alcool sont complexes. Par exemple,des études indiquent un lien étroit entre dessurdoses d’héroïne et la consommation d’alcoolà des niveaux nuisibles au moment dessurdoses. Parmi les utilisateurs de cannabis, laconsommation d’alcool est presque universelle-ment répandue, et la plupart des utilisateursconsomment de l’alcool à des niveauxnuisibles.

Il a été démontré que la consommation d’alcooldurant la grossesse affecte le développement dufœtus, causant souvent des déficiencesneurologiques permanentes et des troublescomportementaux chez le nouveau-né connuscomme l’ensemble des troubles causés parl’alcoolisation fœtale (ETCAF). L’ETCAF, laprincipale forme d’anomalies congénitalesévitables, est une déficience permanentecomplexe et un problème social et de santépublique qui touche les individus, lescollectivités, les familles et toute la société.

Environ neuf enfants sur 1 000 naissent avecl’ETCAF au Canada. Ce trouble représente undéfi particulier pour les enfants et les adoles-cents dans les collectivités autochtones, oùentre 55 et 190 enfants sur 1 000 naissent enayant l’ETCAF. Il est évident que les coûts del’ETCAF pour la société sont élevés. Sans tenircompte du manque à gagner potentiel, les coûtsdirects associés à l’ETCAF au cours d’une vieont été évalués à environ 1,5 million de dollarspar personne affectée.

Interventions et traitementsBien que leur accessibilité soit variable, toutesles provinces et tous les territoires offrent unéventail de services allant d’initiatives deprévention jusqu’au dépistage précoce enpassant par les traitements fournis auxCanadiennes et aux Canadiens qui ont desproblèmes d’alcool.

Dépistage, interventions de courte durée etorientationsUne technique prometteuse est de recourir auxservices de professionnels de la santé, tels que

les médecins, les infirmières, les travailleurssociaux et le personnel paramédical pourdépister et traiter les personnes qui risquent dedévelopper ou qui ont déjà développé desproblèmes liés à l’alcool. Le dépistage peut sefaire dans une clinique de soins de santécommunautaires, le cabinet d’un omnipraticienou même au service d’urgence d’unétablissement hospitalier. Les patients peuventalors être dirigés, au besoin, vers destraitements ou des services spécialisés.

Les interventions de courte durée sont desinterventions opportunes à court terme quipermettent autant d’aborder avec une personnela notion selon laquelle elle peut avoir desproblèmes d’alcool que de lui suggérer desmoyens d’y faire face. De telles interventionsfournissent habituellement des renseignementset des conseils, encouragent le patient àconsidérer les aspects négatifs et positifs de sescomportements relatifs à l’alcool et luiapportent un soutien, s’il décide de réduire saconsommation. Dans la plupart des cas, lepatient n’aurait pas consulté dans le butspécifique ou premier de discuter de saconsommation d’alcool. Les recherchesindiquent que les interventions de courte duréepeuvent diminuer la consommation abusived’alcool pendant au moins un an chez lespersonnes non dépendantes. Elles peuvent aussiaider à réduire l’utilisation de ressources ensoins de santé, les jours de maladie, les épisodesde conduite en état d’ébriété et les décès liés àl’alcool.

L’utilisation systématique du dépistage, lesinterventions de courte durée et les orientationsdevraient être étendues pour englober leshôpitaux, les services d’urgence, les soins offerts aux malades hospitalisés, les servicesambulatoires, les services de santé publique, lescliniques sur les campus universitaires, lesétablissements de santé et les autres points decontact initiaux avec le système de soins desanté. Cependant, le besoin d’étendre ledépistage, les interventions de courte durée etles orientations aux traitements et aux servicesspécialisés (p. ex. les interventions prénatales)arrive à un moment où les collectivités à travers le Canada font face à une pénurie deprofessionnels de soins de santé primaires. Deplus, on s’attend à ce que ces professionnels et

Vers une culture de modération 11

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bien d’autres assurent les services de premièreligne, en assurant la prévention et en effectuantdes interventions précoces dans une gammeétendue de problèmes liés à la santé, y comprisle diabète, l’obésité, les maladies du cœur, lecancer, ainsi que la consommation probléma-tique d’alcool et d’autres drogues et substances.

Néanmoins, on s’attend à ce que desinterventions précoces auprès des buveursproduisent des économies dans les services de santé et les services sociaux (p. ex. desprogrammes de traitement), l’application de laloi et le système judiciaire qui compenseraientles coûts initiaux de leur mise en œuvre.

Traitements et services spécialisésParmi les traitements disponibles, mentionnonsles soins offerts aux personnes en consultationexterne ou les soins en établissement, lesinterventions auprès de spécialistes ou degénéralistes, le counseling, les services dedésintoxication, les interventionspharmaceutiques, l’entraide et diversescombinaisons de ces approches. Aucune forme

de traitement unique ne peut aider toutes lespersonnes de la même manière. En fait, lesindividus ont souvent besoin de différentesapproches aux diverses étapes de leurrétablissement. Ainsi, un système efficace est unsystème qui fournit un éventail de solutionsafin de répondre aux divers besoins desindividus qui cherchent à obtenir untraitement, y compris les besoins des membresde leurs familles et de leurs amis.

Plusieurs provinces et territoires canadiens sesont engagés à l’égard de l’accréditation desservices spécialisés de traitement de l’alcoolismeet des toxicomanies. Ces initiatives requièrentun soutien additionnel pour assurer demeilleurs résultats. Toutefois, selon le Centrecanadien de lutte contre l’alcoolisme et lestoxicomanies (CCLAT), de nombreuxprofessionnels de la santé et leurs collaborateursmanquent de ressources, de soutien, dedonnées et de formation pour évaluer et traiterefficacement les patients ayant des problèmesd’alcool.

Réduire les méfaits liés à l’alcool au Canada : 12

7. Concevoir des stratégies et des outils dedépistage, d’intervention de courte durée etd’orientation intégrés et adaptés à la culture(les gouvernements provinciaux etterritoriaux).

8. Assurer un financement adéquat et continu,une formation de qualité et l’accréditationdes services spécialisés de traitement destoxicomanies (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux).

9. Améliorer l’accès aux services de traitementdes toxicomanies dans les régions isolées,rurales et éloignées du Canada et pour lespopulations vulnérables (tous lesgouvernements).

10. Évaluer les programmes de traitement pourdéterminer les pratiques prometteuses etdiffuser les résultats (tous les gouverne-ments et les ONG).

11. Coordonner le transfert des connaissancesliées à l’évaluation et à la recherche dans lecadre des politiques et des programmes desanté publique de prévention et detraitement de l’alcoolisme (Centre canadien

de lutte contre l’alcoolisme et lestoxicomanies).

12. Renforcer les programmes axés sur letraitement de l’alcoolisme et destoxicomanies au premier cycle universitaireet aux études supérieurs, ainsi que lesprogrammes de perfectionnementprofessionnel continu (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux, les ONG, lescollèges et les universités).

13. Diffuser les tests de dépistage et les outilsdiagnostiques de l’ETCAF et promouvoirleur utilisation par les médecins de famille,les pédiatres et les autres professionnels dela santé (tous les gouvernements et lesONG).

14. En ce qui concerne la contribution del’alcool aux maladies chroniques :

a) préparer des rapports périodiquesportant sur les effets de l’alcool sur lesmaladies chroniques au Canada et lesharmoniser aux rapports sur les coûtsde l’abus de l’alcool et des drogues(Agence de santé publique du Canada);

Recommandations

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3.3. Accessibilité de l’alcool

But : Mettre en œuvre et à exécution des

mesures efficaces visant à contrôler

l’accessibilité de l’alcool.

Comme il a été mentionné plus tôt, uneaugmentation des taux de consommationd’alcool se traduit presque toujours par uneaugmentation des problèmes liés à l’alcool. Celasemble être particulièrement vrai dans les paysde l’Europe du Nord et au Canada2.

Quand on aborde la question de l’accessibilitéde l’alcool, on utilise principalement desapproches axées sur la population. On parle del’établissement des prix, de politiques fiscales,des jours et des heures d’ouverture des pointsde vente et de l’âge minimum requis pouracheter des produits alcoolisés. En fait, lesapproches axées sur la population qui limitentl’accessibilité de l’alcool comptent parmi lesmoyens les plus efficaces de gérer les méfaitsliés à l’alcool, bien qu’elles touchent tous lesconsommateurs d’alcool, y compris ceux quin’en abusent pas.

Au cours des dernières années, lesréglementations visant à contrôler l’accessibilitéde l’alcool au Canada ont été assouplies,particulièrement en ce qui a trait à l’accessi-bilité physique (p. ex. les heures d’ouverture etle nombre de jours d’activités des points devente, le nombre de points de vente, etc.).

2 Le cas de l’alcool au volant au Canada démontrequ’il est possible d’isoler les niveaux deconsommation globale d’alcool des taux deméfaits spécifiquement liés à l’alcool. Dans lapériode comprise entre 1992 et 2003, laconsommation d’alcool est restée stable, puis ellea augmenté de près de 10 % (après 1997), mais lestaux de conduite avec facultés affaiblies ontcontinué de décroître de manière importante. Il estimportant de noter, cependant, que les progrèsaccomplis en matière d’alcool au volant relatifs à lastabilité, puis à l’augmentation de laconsommation globale d’alcool, sont le fruit de 20ans d’efforts visant à créer un changement socialen regard de ce comportement. Si des effortssemblables ne sont pas déployés pour contrerd’autres types de méfaits liés à l’alcool, on peuts’attendre à ce que la relation positive entre laconsommation globale d’alcool et les méfaits liés àl’alcool demeure valide.

Vers une culture de modération 13

b) s’assurer que l’alcool est inclus de façonconstante dans les programmes etpolitiques axés sur les maladieschroniques (tous les gouvernements et les ONG);

c) collaborer avec l’Alliance pour laprévention des maladies chroniques au Canada (APMCC) et d’autresorganisations afin d’améliorer laprévention des maladies chroniquesassociées à l’alcool, y compris la miseen œuvre d’une campagne desensibilisation auprès du public (Agence de santé publique du Canada).

15. En ce qui concerne la recherche :

a) élaborer un système national,coordonné et continu de collecte desdonnées et de présentation de rapportssur les indicateurs communs relatifs auxméfaits aigus et chroniques liés àl’alcool dans toutes les compétencescanadiennes (Santé Canada);

b) élaborer un programme stratégiquenational de recherche sur l’alcool quiinclut une approche axée sur lesdéterminants de la santé et qui vise àobtenir une meilleure compréhensiondes facteurs de risque et de protectionrelatifs à la consommation d’alcool(Santé Canada et les Instituts derecherche sur la santé du Canada);

c) recueillir des données sur les effets del’alcool sur la santé et sur les résultatsdes traitements dans le cas particulierdes Premières nations, des Inuits et desMétis à l’aide d’une éthique derecherche appropriée (y compris lesprincipes de la prise en charge, ducontrôle, de l’accessibilité et de lapossession). Ces données devraient êtrecomparées à celles recueillies pourl’ensemble de la population canadienne(Santé Canada et les ONG).

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Par exemple, entre 1993 et 2004, le nombre depoints de vente administrés par les régiesgouvernementales des alcools est passé de 2 344à 3 371, une augmentation de 43,8 % 3.

Pour suivre le rythme de cette tendancenationale vers l’augmentation de l’accessibilitéde l’alcool, les contrôles axés sur les compor-tements, les habitudes de consommation et lesproduits qui contribuent le plus aux méfaits liésà l’alcool doivent faire partie intégrante detoute stratégie globale.

Accessibilité physiqueL’accessibilité physique fait référence à l’accèsaux boissons alcoolisées qui entraînent desincidences à l’égard des politiques sur la pré-vention des méfaits liés à l’alcool en contrôlantles conditions de vente au détail aux consom-mateurs d’alcool.

Régies gouvernementales des alcoolsLes régies gouvernementales des alcools ont laresponsabilité d’établir et de mettre en appli-cation les politiques les plus importantes quidéterminent l’accessibilité générale de l’alcoolconsommé à l’extérieur des points de vente. LeCanada compte parmi un petit nombre de paysqui continuent de contrôler, en tout ou enpartie, la distribution et la vente de l’alcool aumoyen de régies gouvernementales.

Alors que le monopole a été conçu à l’originepour s’assurer que les questions de responsa-bilité sociale n’étaient pas subordonnées à desconsidérations économiques et financières, les

régies gouvernementales des alcools se sontgraduellement éloignées de ce mandat initialpour adopter d’autres priorités. Dans lecontexte actuel du débat sur la privatisation des points de vente d’alcool dans certainesprovinces, les autorités canadiennes doiventmettre l’accent sur les structures de contrôle quisoutiennent les mandats de responsabilitésociale sous-jacents à une gestion efficace desméfaits liés à l’alcool. Ce qui devrait inclure lemaintien de contrôles raisonnables surl’accessibilité physique de l’alcool (p. ex. lenombre de points de vente extérieurs, lesheures d’ouverture et les jours d’activités despoints de vente, etc.).

Une question particulière relative aux régies desalcools existantes qui doit être abordée est lapolitique actuelle selon laquelle tous les pointsde vente, à l’intérieur d’une province ou d’unterritoire, demandent les mêmes prix pour leursboissons alcoolisées. Cela peut se traduire pardes prix moins élevés pour les boissonsalcoolisées par rapport à d’autres produits dansdes zones rurales éloignées, si les coûts detransport ne sont pas inclus dans le prix devente final. Cette situation peut êtrepréoccupante, alors que le prix des boissonsalcoolisées pourrait, de façon démesurée, êtremoindre que celui des produits alimentairesessentiels ou d’autres boissons.

Réglementation relative à l’alcool et l’application de la loiUne proportion importante de la consom-mation d’alcool au Canada a lieu dans environ65 000 établissements licenciés, tels que desbars, des restaurants et des boîtes de nuit. Les permis émis aux entreprises privées leurpermettent de vendre de l’alcool conformémentà un ensemble de lois et de règlements quivarient quelque peu d’une province à l’autre.Alors que les lois qui régissent la vente d’alcoolfournissent généralement une base solide pourgérer les méfaits liés à l’alcool, les provinces etles territoires bénéficieraient d’une améliorationde leur application, particulièrement en ce quiconcerne la vente d’alcool aux mineurs et auxclients en état d’ébriété. Il s’agit là d’unequestion cruciale, compte tenu de la tendanceactuelle vers une augmentation de l’accessibilitéde l’alcool à travers le pays.

Réduire les méfaits liés à l’alcool au Canada : 14

Taux globaux de consommation d’alcoolau Canada…

ont atteint un sommet en 1980, avec uneconsommation d’un peu plus de 11 litresd’alcool absolu par habitant parmi lespersonnes âgées de 15 ans et plus;

ont chuté à 7,2 litres d’alcool absolu parhabitant en 1997;

ont augmenté de près de 10 % entre 1997et 2004 à 7,9 litres par habitant.

3 Ces chiffres excluent l’Alberta, puisque la provincea privatisé la vente au détail de l’alcool en 1993.

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Une façon de renforcer la vente responsable del’alcool dans les établissements licenciés est defournir une formation au personnel. Toutes lesprovinces et tous les territoires offrent présen-tement des programmes de formation auxserveurs, mais beaucoup de ces programmessont volontaires. La Colombie-Britannique,l’Alberta, le Manitoba, la Nouvelle-Écosse,l’Ontario, l’Île-du-Prince-Édouard et le Yukonont des programmes obligatoires, bien quecertains de ces programmes s’appliquentseulement à certains types d’établissements et à certaines situations. Par exemple, l’Ontarioexige la formation des serveurs depuis 1993pour les nouveaux requérants de permisd’alcool, les cessionnaires, les traiteurs et lesstades. Cependant, la participation est volon-taire pour tous les autres établissements licen-ciés. En outre, étant donné le taux de rotationélevé du personnel au sein de l’industrie dutourisme et d’accueil, le renouvellement de lareconnaissance professionnelle des serveurs estaussi importante que la formation initiale.

À la lumière du rôle que joue l’alcool dans lesaccidents et d’autres méfaits sociaux, lesprovinces et les territoires devraient songer àrendre l’assurance responsabilité obligatoiredans les débits de boissons. Toutefois, cettemesure devrait être mise en place de manière à ne pas créer des difficultés financières pourl’industrie du tourisme et d’accueil. Unesolution pourrait être d’aider l’industrie àélaborer des programmes d’auto-assurance.

Beaucoup de débats ont lieu sur le changementpossible des heures d’ouverture comme moyende contrer les problèmes que créent un grandnombre de clients ivres qui quittent en mêmetemps les établissements licenciés à l’heure defermeture. Des données concrètes indiquentque la prolongation des heures d’ouverturecoïncide avec des niveaux élevés de consom-mation d’alcool et une augmentation corres-pondante des crimes violents, des collisions de la route, de l’utilisation de drogues illicites,ainsi que des coûts additionnels en santépublique et pour l’industrie touristique. Les provinces et les territoires devraient doncenvisager d’échelonner les heures de fermetureafin de résoudre ce problème, en particulierdans les zones de haute densité des points de vente.

Âge légal pour acheter de l’alcoolDes données ont démontré qu’un âge légal plusélevé pour acheter de l’alcool a des effetspositifs importants sur la consommationd’alcool chez les mineurs et certaines formes deméfaits liés à l’alcool chez les mineurs et lesjeunes adultes. Cependant, les lois sur l’âgeminimum pour acheter de l’alcool ne sontefficaces que si elles sont strictement appliquéesdans toutes les situations.

L’harmonisation de l’âge légal pour acheter del’alcool dans toutes les provinces et tous lesterritoires contribuerait à réduire certainscomportements à risque, par exemple là où ungrand nombre de jeunes traversent les fron-tières provinciales/territoriales pour profiterd’une réglementation moins restrictive dans laprovince voisine. Le problème est particu-lièrement criant aux endroits frontaliers, où despoints de vente d’alcool et des établissementslicenciés sont regroupés pour répondre à lademande des clients transfrontaliers. Lesprovinces et les territoires devraient considérerles avantages possibles de l’établissement d’unâge légal uniforme pour acheter de l’alcoolpartout au Canada.

Taxation et établissement des prixLa taxation et l’établissement des prix sont desmoyens éprouvés de contrôler efficacementl’accessibilité et la consommation d’alcool. Enrègle générale, des prix plus élevés se traduisentpar une consommation moins élevée et uneréduction des méfaits liés à l’alcool. Inverse-ment, les prix moindres amènent une

Vers une culture de modération 15

Âge légal pour acheter de l’alcool auCanada et dans le monde

Les États-Unis ont l’âge légal pour acheterde l’alcool le plus élevé au monde, soit 21 ans.

L’Alberta, le Manitoba et le Québec ontfixé à 18 ans l’âge légal pour acheter del’alcool, alors qu’il est de 19 ans dans lereste du pays.

La dernière fois où l’âge légal pouracheter de l’alcool a été modifié auCanada, était en 1982, alors que l’Île-du-Prince-Édouard l’a fait passer de 18 à 19 ans.

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augmentation des taux de consommation et desméfaits liés à l’alcool.

Les prix au détail interagissent avec le revenudisponible pour influencer les taux deconsommation d’alcool. Devant des revenusdisponibles stables, une augmentation du prixdes boissons alcoolisées se traduit par unediminution de la consommation globale et, parconséquent, par une réduction des méfaits liés àl’alcool. Deux stratégies clés peuvent contribuerà contrôler les problèmes sociaux et les pro-blèmes de santé associés à l’alcool : d’une part,l’établissement de prix à des niveaux quidécouragent la consommation excessive ou àrisque élevé et, d’autre part, le maintien de lavaleur réelle des prix par rapport à l’inflation au fil des ans.

Les gouvernements et l’industrie peuventutiliser un certain nombre de leviers politiquesafin d’infléchir et de maintenir le prix final desboissons alcoolisées, incluant l’établissement detaxes, des majorations et l’établissement de prixminimum cohérents à travers le Canada pours’assurer que les prix ne descendent pas à desniveaux qui encouragent une consommationabusive et une augmentation des méfaits liés àl’alcool (prix de référence sociale).

En réduisant la consommation des boissonsalcoolisées ayant une concentration plus élevéed’alcool éthylique, on pourrait réduire lesrisques globaux d’effets indésirables sur lasanté. Présentement, au Canada, il semble nepas y avoir de mesures incitatives pour choisirdes bières et des panachés (coolers) à teneurmoins élevée en alcool, étant donné que laplupart des provinces et des territoires calculentles taxes et les majorations à partir du volumedu produit plutôt qu’à partir de sa concentra-tion d’alcool éthylique. Cela conduit à dessituations où l’on peut acheter des produitsayant une teneur élevée en alcool à des prixmoindres que ceux de produits ayant uneteneur plus faible en alcool. Certains pays,comme l’Australie, ont résolu ce problème encréant des mesures incitatives qui offrent auxconsommateurs des produits ayant une teneurplus faible en alcool à des prix moindres.

Une autre question exigeant une attentionparticulière est liée aux avantages fiscauxconsentis aux personnes qui fabriquent elles-

mêmes leur vin ou leur bière dans certainesprovinces et certains territoires. Des dispositifs(U-Vin et U-Brew) permettent aux consomma-teurs de fabriquer leurs propres produitsalcoolisés à des prix moindres en comparaisondes boissons vendues dans des établissementslicenciés. Puisque cette situation peut amenerdes individus à produire et à consommer desquantités nuisibles d’alcool, sans que ce soitdispendieux, des mesures devraient être prisespour s’assurer que le prix de ces dispositifsreflètent exactement le prix de référence socialepour des boissons alcoolisées dans les provinceset les territoires.

Publicité et promotionLes Canadiennes et les Canadiens sont exposésà la publicité et la promotion de l’alcool à latélévision, à la radio, dans les publicitésimprimées, les points de vente et Internet.Beaucoup de types et de marques de boissonsalcoolisées sont associés à des sports, des modesde vie et des valeurs identitaires. Une expo-sition continue à des annonces publicitairesfacilite le développement d’attitudes favorablesà la consommation d’alcool et augmente lesrisques d’une consommation excessive chezcertaines personnes. De plus, des recherches ontmontré l’influence cumulative de la publicitédans la perception que les jeunes ont de l’alcoolet la création de normes sociales relatives à saconsommation.

Les trois principaux organismes qui surveillentla publicité sur l’alcool au Canada sont lessuivants : 1) le Code de la publicité radiodif-fusée en faveur des boissons alcoolisées duConseil de la radiodiffusion et des télécommu-nications canadiennes (CRTC) est responsabledu principal outil de réglementation fédérale; 2) les provinces et les territoires établissent desnormes calquées sur la réglementation fédérale;3) l’organisation Les Normes canadiennes de lapublicité identifie les normes en matière depublicité d’alcool pour l’industrie. Aucun de cesorganismes n’exerce une forme de contrôle surla publicité et la promotion de l’alcool surInternet.

Le code du CRTC interdit la publicité surl’alcool adressée aux mineurs. Par exemple, desmineurs ou des jeunes personnes qui ont l’aird’être des mineurs ne peuvent apparaître dans

Réduire les méfaits liés à l’alcool au Canada : 16

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des publicités. De même, la consommationd’alcool ne peut être associée à des symboles,des activités ou des personnalités populairesauprès des personnes n’ayant pas l’âge légalpour acheter de l’alcool.

Des lignes directrices provinciales et territo-riales, qui ne sont d’ailleurs pas uniformes,interdisent également un éventail d’activitéssusceptibles d’encourager les mineurs àconsommer de l’alcool, y compris l’utilisationde publicités dans des médias qui s’adressentaux mineurs, ou diffusées au moment où ilsreprésentent la majeure partie de l’auditoire.Ces lignes directrices interdisent souvent despublicités sur l’alcool présentant des scènesfamiliales, des histoires pour enfants, descomptines ou des personnages qui peuventattirer les enfants ou de la musique pouvantattirer les mineurs.

Le défi en matière de publicité sur l’alcool estd’assurer une conformité avec les normes

existantes. La création de processus efficaces et efficients pour surveiller la publicité surl’alcool et encourager le public à soumettre des plaintes est cruciale, particulièrement si l’on tient compte du mouvement vers l’auto-réglementation amorcé par l’industrie auCanada4. Une approche coordonnée visant às’assurer que les normes sont observées, que deschangements appropriés sont apportés au fil dutemps et que les jeunes ne sont pas surexposésà la publicité sur l’alcool se révèle essentielle ausuccès de la mise en œuvre d’une culture demodération.

4 Selon les rapports annuels de l’organisation Lesnormes canadiennes de la publicité, la publicité surl’alcool suscite un nombre considérable de plaintesdu public chaque année. Bien que très peu de cesplaintes soient retenues dans les décisions renduespar le CRTC, les commanditaires de l’industriecessent de diffuser des publicités que le publicconsidère comme étant choquantes.

Vers une culture de modération 17

Nota : Lorsque le terme « régie des alcools » estutilisé, il fait également référence à un organismecomparable dans une province ou un territoire.

16. Maintenir les systèmes actuels de contrôlede la vente d’alcool (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux). En vertu de cessystèmes, il est important :

a) d’exiger des régies des alcools le main-tien d’un cadre de responsabilité socialepour toutes les choses relatives à leursactivités et à leur gouvernance et lemaintien ou l’augmentation de leursdépenses dans ce domaine;

b) d’améliorer la formation du personneldans les points de vente et de mettre enœuvre des programmes continus deconformité à la loi pour s’assurer quel’alcool est toujours vendu d’unemanière socialement responsable etconforme à la loi;

c) d’encourager la révision systématique et l’analyse des jours et des heuresd’ouverture des points de vented’alcool, ainsi que de la densité despoints de vente, en reconnaissant quel’augmentation de l’accessibilité del’alcool peut conduire à l’accroissementdes méfaits liés à l’alcool.

17. Collaborer avec les régies des alcools pours’assurer que les prix des boissonsalcoolisées et leur accessibilité dans lescollectivités à risque élevé sont gérés d’unemanière socialement responsable (lesgouvernements provinciaux, territoriaux etmunicipaux).

18. Demander aux autorités émettrices depermis d’alcool et aux régies des alcools derecueillir et de rendre publiques les donnéessur la densité des points de vente (lesgouvernements provinciaux et territoriaux).

19. Mener une recherche afin de déterminer lanature et la portée de la distribution d’alcoolpar des tiers au Canada (c’est-à-dire ladistribution d’alcool en dehors du systèmelégal de distribution et dans des endroits oùl’alcool est interdit) (tous les gouverne-ments).

20. Évaluer les résultats de mesures de contrôled’essai dans les collectivités éloignées(particulièrement dans les trois territoires), ycompris l’interdiction totale, des restrictionssur l’importation d’alcool dans la commu-nauté et des pratiques de vente trèsrestrictives (les gouvernements provinciaux,territoriaux et municipaux, ainsi que lescollectivités des Premières nations).

Recommandations

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Réduire les méfaits liés à l’alcool au Canada : 18

21. Mettre en œuvre des programmes deformation obligatoire à l’intention desserveurs au Canada préalables à l’obtentionou au renouvellement des permis d’alcool.Ces programmes de formation devraientinclure le renouvellement périodique de lareconnaissance professionnelle desserveurs, des vérifications continues de laconformité à la loi et des évaluationspériodiques pour maintenir et améliorer leseffets au fil du temps. De plus, la formationdes serveurs et les vérifications deconformité à la loi devraient être plusfréquentes dans les établissements qui ontdéjà eu des problèmes de service d’alcool(les gouvernements provinciaux, territoriauxet municipaux, ainsi que les collectivités desPremières nations).

22. Examiner les implications d’obliger tous lesétablissements licenciés au Canada àsouscrire à une assurance responsabilité,mais de manière à ne pas créer desdifficultés financières pour l’industrie dutourisme et d’accueil, par exemple desprogrammes d’autoassurance (lesgouvernements provinciaux et territoriaux).

23. Mener une recherche sur la nature et laportée de l’accès des mineurs à l’alcool,notamment dans les établissementslicenciés, et mettre en œuvre des politiqueset des programmes appropriés pourrésoudre ce problème (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux).

24. Étant donné la relation entre l’âge légalpour acheter de l’alcool et les méfaits liés àl’alcool, envisager de hausser l’âge légalpour acheter de l’alcool à 19 ans (les gouvernements de l’Alberta, du Québecet du Manitoba).

25. Renforcer la loi et les sanctions pour lespersonnes qui produisent ou utilisent defausses cartes d’identité (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux).

26. Établir des prix minimums de référencesociale pour les boissons alcoolisées et lesindexer au moins annuellement selon

l’indice des prix à la consommation (IPC).Un organisme compétent devrait revoirl’établissement des prix des boissonsalcoolisées dans l’ensemble du Canada, aumoins annuellement, et publier un rapportrecommandant des augmentations là où lesprix ne suivent pas la hausse du tauxd’inflation (les gouvernements provinciauxet territoriaux).

27. Décourager l’établissement ou l’expansiondes entreprises qui commercialisent desdispositifs permettant aux consommateursde fabriquer leur propre vin ou leur proprebière. Là où ces entreprises existent, rendrel’obtention des permis conditionnelle àl’établissement de prix de référence socialepour les produits alcoolisés dans cetteprovince ou territoire (les gouvernementsprovinciaux, territoriaux et municipaux).

28. Créer des mesures incitatives, par le biaisde la taxation ou de la majoration des prix,afin de promouvoir la production et lacommercialisation de contenants de bière etde panaché ayant une teneur moins élevéeen alcool dans le but premier de réduire levolume d’alcool absolu consommé parhabitant au Canada (tous les gouver-nements et l’industrie des boissonsalcoolisées).

29. Établir les prix en fonction de la teneur enalcool éthylique par volume dans chaquecatégorie de boissons alcoolisées (tous lesgouvernements et l’industrie des boissonsalcoolisées).

30. Coordonner le financement de la rechercheet de la publication d’un rapport annueldocumentant l’exposition des mineurs à lapublicité sur l’alcool au Canada (Santé Canada).

31. Revoir la réglementation existante sur lapublicité en mettant à jour les normes (enparticulier celles relatives aux jeunes), demême que les mécanismes qui permettentde recevoir et de traiter les plaintes desconsommateurs au sujet de la publicité surl’alcool (tous les gouvernements).

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3.4. Collectivités plussécuritaires

But : Créer des collectivités plus sécuritaires

et minimiser les méfaits liés à la consom-

mation excessive d’alcool.

Des méfaits liés à l’alcool se produisent nonseulement chez les consommateurs eux-mêmes,mais aussi dans le cercle potentiellementétendu de personnes qui les entourent. L’alcoolest un facteur qui contribue à la conduite avecfacultés affaiblies, aux blessures, aux agressions,aux homicides, aux incendies et à d’autresévénements qui menacent la sécurité publiqueet le bien-être communautaire. Certaines de cesrépercussions résultent d’une consommationexcessive chronique; d’autres résultentd’occasions isolées ou uniques de consommerde l’alcool. La consommation d’alcool jusqu’àl’ivresse accroît les risques de dommages poursoi et pour les autres.

À l’aide de la mobilisation communautaire, lescollectivités peuvent minimiser les risques deméfaits liés à l’alcool en encourageant à la foisune culture de modération et en créant desmilieux sécuritaires de consommation d’alcool.La création de ces milieux est facilitée par lamise en œuvre de politiques, de programmes, de règlements et de lois, et par leur mise enapplication appropriée.

Afin d’améliorer la sécurité des collectivités, leshabitudes de consommation nuisibles doiventêtre abordées dans différents contextes,notamment à la maison, au travail, à l’école,dans les établissements licenciés, les centres de loisir et ailleurs. Alors que certainesinterventions sont axées sur les comportementsde consommation des individus, d’autresinterventions modifient le milieu où l’alcool est consommé afin d’atténuer les risques del’ivresse et ses conséquences nuisibles.

Milieu de travailPuisque la majorité des Canadiennes et desCanadiens passent une bonne partie de leurtemps au travail, le milieu de travail devient uncontexte important où les méfaits liés à l’alcoolpeuvent être abordés. Parmi les habitudes deconsommation d’alcool en rapport avec le

milieu de travail, mentionnons celles-ci :consommer de l’alcool avant ou pendant lesheures de travail; arriver au travail en étant enétat d’ébriété ou ressentir les effets de la gueulede bois; consommer de l’alcool sur les lieux dutravail, incluant les aires de stationnement; etconsommer de l’alcool durant les réunionsd’affaires ou les événements liés au travail.

La consommation d’alcool peut être aggravéepar une culture en milieu de travail qui favoriseune consommation excessive ou par d’autresfacteurs liés au travail, tels que des conditionsde travail stressantes ou des déplacementsfréquents. Les habitudes et les niveaux deconsommation d’alcool sont grandementinfluencés par le milieu de travail et varientconsidérablement selon les secteurs d’activitéset les postes occupés.

À court terme, l’alcool consommé dans lecontexte du travail peut influer sur laproductivité et la sécurité, en plus de causer deserreurs de jugement et des accidents. À long

Vers une culture de modération 19

Saviez-vous que…Une grande majorité de Canadiennes etde Canadiens (85 %) ont rapporté dans unrécent sondage qu’ils n’avaient pas pris levolant après avoir consommé de l’alcoolau cours du mois précédant le sondage.Cependant, 15 % des Canadiennes et desCanadiens (soit 3,2 millions de personnes)l’ont fait.

Selon le plus récent Canadian CampusSurvey (2002), 32 % des étudiants dupremier cycle universitaire ont rapportédes habitudes de consommation d’alcoolnuisibles; 10 % des étudiants interrogésont rapporté des agressions liées àl’alcool; 9,8 % ont rapporté du harcèle-ment sexuel lié à l’alcool, et 14,1 % ontrapporté avoir eu des relations sexuellesnon prévues par suite d’une consom-mation d’alcool.

Une étude sur les milieux de travail enAlberta a indiqué que 11 % des employésont rapporté avoir consommé de l’alcoolau travail dans les 12 mois précédents, lespourcentages les plus élevés étant dansl’industrie de la finance, de l’assurance etde l’immobilier (22 %) et dans les postesde professionnels et de gestionnaires (14 %).

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terme, les buveurs excessifs peuvent vivre desproblèmes sociaux, psychologiques et médicauxqui mènent à un accroissement de l’absenté-isme, à un rendement médiocre au travail et àdes congés de maladie prolongés. Ces résultatssérieux touchent non seulement l’individu etses collègues, mais ils imposent également desresponsabilités, des coûts et des conséquencestout aussi graves aux employeurs et àl’ensemble de l’économie.

Les employeurs ont le devoir de protéger leursemployés contre les menaces à leur santé et àleur sécurité, y compris celles liées à la consom-mation d’alcool en milieu de travail. Lesemployeurs peuvent aussi être tenus responsa-bles si leurs employés qui consomment del’alcool en milieu de travail causent desblessures ou des dommages dans l’ensemble dela communauté. Par conséquent, un nombregrandissant d’employeurs mettent en œuvre despolitiques en milieu de travail concernant laconsommation d’alcool sous forme de pro-grammes d’éducation et de programmes d’aideaux employés, y intégrant des conseils etd’autres mesures de soutien.

Des politiques globales en matière d’alcool enmilieu de travail, qui suggèrent une consom-mation responsable d’alcool et, dans certainessituations, une abstinence, sont particulière-ment nécessaires dans les professions où lasécurité est essentielle. De telles politiquesdevraient comprendre un libellé sur lesobligations et les responsabilités aussi bien desemployeurs que des employés. Autant quepossible, elles devraient s’appuyer sur lesprogrammes d’aide aux employés actuels plus élargis.

Politiques municipales en matière d’alcoolLes autorités municipales ont une grandelatitude pour mettre en œuvre des arrêtés oud’autres règlements qui contribuent à gérer ladisponibilité et l’accessibilité de l’alcool sur leurterritoire. À l’aide des politiques municipales enmatière d’alcool, les collectivités peuvent spéci-fier dans quelles conditions l’alcool est permisou interdit dans les installations appartenantaux municipalités.

Les permis qui autorisent le service d’alcoolconformément à ces politiques contiennentgénéralement les éléments suivants, notam-ment les rôles et responsabilités des détenteurs;les stratégies visant à limiter l’état d’ébriété(telles que servir des consommations standards,offrir des consommations à faible teneur enalcool et ne pas avoir de « dernière tournée »);les procédures d’application des règlements etl’imposition d’amendes s’ils ne sont pasrespectés.

Réduire les méfaits liés à l’alcool au Canada : 20

Saviez-vous que…Il y a un lien prouvé entre les taux deconsommation globale d’alcool au Canadaet les victimes de la route, les homicides,la cirrhose du foie, le suicide et les tauxde mortalité.

La consommation d’alcool est unimportant facteur de risque de blessuresqui représentent un fardeau considérablepour la santé publique. Les chiffres varientselon la collectivité ou la région, mais lesétudes indiquent que l’alcool est impliquédans 17 à 70 % des blessures violentes etdans 7 à 32 % des blessures accidentelles.

Il existe une forte association entrel’occurrence et la réapparition de lésionstraumatiques et l’alcoolisme ou lestoxicomanies.

Entre 35 et 50 % des gens qui arriventdans les salles d’urgence en ayant deslésions cérébrales traumatiques ont unhistorique de consommation abusived’alcool ou d’autres drogues.

Les jeunes de 10 à 24 ans ont représentéla proportion la plus élevée (27 %) despersonnes admises à un hôpital spécialiséen traumatologie en 2002-2003. Lescollisions de la route ont représenté plusde la moitié des hospitalisations pourtraumatismes liés à l’alcool en 2002-2003.

Une étude canadienne menée par unservice d’urgence a révélé que 42 % despersonnes ayant subi des blessuresviolentes avaient un taux d’alcoolémiesupérieur à 0,08 % (la « limite légale »selon le Code criminel).

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Une politique municipale en matière d’alcool aeu du succès par le biais d’un projet de collabo-ration composé d’un certain nombre demunicipalités en Ontario et du Centre detoxicomanie et de santé mentale de l’Ontario5.

Une politique municipale en matière d’alcoolpeut être étendue au-delà des installationsmunicipales pour couvrir les activités d’autresentités, telles que des clubs sportifs ou récréa-tifs, de même que des événements planifiés pardes groupes religieux, ou des événements privésoù l’alcool pourrait être disponible. De tellespolitiques peuvent réduire le service illégald’alcool et contribuent à éduquer les clients ausujet de leurs responsabilités et obligations.

Bars sécuritairesLes bars et les restaurants autorisés à vendre del’alcool fournissent un milieu qui peut mener àl’ivresse des clients et, conséquemment, à desblessures et des agressions liées à l’alcool. Deplus, ces méfaits liés à l’alcool peuvent menacerla sécurité des autres membres de la collectivitéà cause de la conduite avec facultés affaiblies oud’autres comportements problématiques.

Parmi les principales initiatives qui ciblent lescomportements à risque élevé dans le contextede la consommation d’alcool, mentionnons lesprogrammes de formation pour les responsablesdes établissements licenciés et les serveurs quivisent à minimiser les risques de servir del’alcool à des personnes déjà ivres ou sur lepoint de l’être, ou encore à des mineurs. (Voirla section « Accessibilité physique », où il estquestion de la formation obligatoire àl’intention des serveurs.) Il existe également desprogrammes prometteurs de prévention de laviolence qui visent à minimiser les risques deviolence pouvant résulter de la consommationd’alcool dans les établissements licenciés. Cesprogrammes permettent aux propriétaires etgestionnaires de bars d’évaluer et de gérer lesrisques liés à des facteurs environnementaux,tels que l’accès des clients au bar, sonaménagement physique, les comportements desserveurs et des responsables de la sécurité ainsique l’heure de fermeture.

5 Le Centre de toxicomanie et de santé mentale apréparé un manuel de ressources afin d’aider lesmunicipalités intéressées à élaborer des politiquesen matière d’alcool.

Ces programmes sont devenus une pratiquecourante et de plus en plus obligatoire del’industrie du tourisme et d’accueil dans laplupart des provinces pour atténuer leproblème de la consommation d’alcool chez lesmineurs, la surconsommation, la violence et laconduite avec facultés affaiblies. Ils constituentle moyen le plus efficace de réduire les méfaitsliés à l’alcool consommé sur place, en parti-culier quand il est appuyé par une plus grandeapplication de la loi et la responsabilité desserveurs.

Responsabilité des hôtesUne décision récente de la Cour suprême duCanada dans une cause de responsabilité civilea déterminé que les hôtes sociaux ne devraientpas être tenus aux mêmes normes de responsa-bilité légale que les hôtes commerciaux (les barset les autres établissements licenciés) pourremplir un devoir de prudence et démontrerune diligence raisonnable en veillant à lasécurité et au mieux-être de leurs invités et destiers parties (qui consomment de l’alcool chezeux ou dans d’autres endroits sociaux). Dans cecas particulier, l’hôte n’avait pas fourni l’alcoolconsommé et aucune responsabilité n’a étéétablie.

Alors que les consommateurs d’alcool ont undegré élevé de responsabilité personnelle pourleurs actes en vertu de cette règle, le rôle deshôtes sociaux dans des contextes noncommerciaux de consommation d’alcool restegrandement important du point de vue durenforcement d’une culture axée sur lamodération. La responsabilité des hôtes sociauxfournit aux adultes des occasions de donnerl’exemple d’une consommation raisonnabled’alcool, plus particulièrement aux enfants etaux adolescents.

LoisirsL’alcool est souvent consommé dans descontextes récréatifs, même si ses effets sur lejugement et les habiletés motrices en font unfacteur de risque de blessures dans la plupartdes sports et des activités récréatives. À mesureque le taux d’alcoolémie d’une personneaugmente, sa coordination, son jugement et sacapacité de réagir se détériorent, ce quiaugmente les risques de blessures ou de décès.Les statistiques canadiennes sur les blessures

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indiquent que ces effets négatifs surviennentparticulièrement dans les activités impliquantdes embarcations et des motoneiges, ou dansd’autres activités auxquelles les jeunes hommesparticipent en grand nombre. Des campagnesmédiatiques destinées aux utilisateurs demotoneiges et d’embarcations ont été menéesau Canada, et les résultats de l’évaluationinitiale laissent envisager des réductionsprometteuses de l’incidence des problèmesassociés à l’alcool. Comme il a été dit précé-demment, de telles initiatives peuvent reposersur des politiques municipales et inclure laparticipation d’intervenants clés, commel’industrie de l’assurance.

Collèges et universitésLes comportements typiques de consommationd’alcool à risque chez les étudiants collégiaux etuniversitaires, en particulier la consommationexcessive périodique et la consommationd’alcool durant les rituels d’initiation, ont lieuaussi bien sur les campus qu’à l’extérieur descampus (p. ex. dans les résidences ou lesappartements des étudiants, les bars). Laconsommation nocive d’alcool peut conduire àl’ivresse, à l’empoisonnement, à des avancessexuelles non souhaitées et même à desagressions sexuelles et au viol. Le contexte danslequel a lieu la consommation joue nonseulement un rôle important dans le volumed’alcool consommé et les problèmes quirisquent d’en découler, mais il peut aussiprésenter des occasions d’intervenir.

Les approches traditionnelles adoptées par lescampus collégiaux et universitaires pour réduireles méfaits liés à l’alcool comportent l’éduca-tion, des semaines ou des événements desensibilisation à l’alcool et des programmesd’information. Des initiatives plus récentestentent d’influer sur le contexte dans lequell’alcool est consommé sur les campus, telles quedes événements ou des résidences sans alcool,des programmes axés sur la responsabilité, unemoins grande accessibilité de l’alcool dans lesbars sur les campus ou des restrictions enmatière de publicité sur l’alcool. Même si diverscampus ont adopté des politiques en matièred’alcool à travers le Canada, une évaluationempirique additionnelle de ces initiatives est requise.

Alcool au volantLa culture qui entoure l’alcool au volant achangé radicalement au cours des dernièresdécennies. Ce qui était autrefois un compor-tement bien enraciné et normalisé est devenuinacceptable pour la majorité des Canadienneset des Canadiens.

On comprend maintenant que même de petitesquantités d’alcool peuvent rendre une personneinapte à conduire un véhicule moteur, que cesoit une auto, un camion, une motocyclette,une motoneige ou une embarcation, enparticulier chez les jeunes conducteurs. Lesrisques accrus de collisions, de blessures et dedécès s’accompagnent de coûts élevés.

Réduire les méfaits liés à l’alcool au Canada : 22

Saviez-vous que…Les statistiques policières indiquent que letaux global de collisions de la route enétat d’ébriété a diminué de 60 % entre1980 et 2002.

Le pourcentage de conducteurs blessésmortellement qui étaient en état d’ébriétéau moment de prendre le volant a chuté,passant de 48 % (en 1991-1992) à 33 % en1999 et à 35 % en 2002. En 2003, le pour-centage a augmenté légèrement à 38 %.

Néanmoins, l’alcool au volant demeureune préoccupation sociale persistanteparmi les Canadiennes et les Canadiens :81 % d’entre eux ont indiqué qu’ils étaientrelativement ou très préoccupés par cettequestion.

Depuis 1999, le pourcentage de conduc-teurs blessés mortellement dont le testd’alcoolémie s’est révélé positif s’estaccru d’environ 3 % par année.

En 2001, chaque jour au Canada, onestime qu’il y a eu 195 collisions de laroute liées à l’alcool impliquant desblessures et 648 collisions liées à l’alcoolimpliquant des dommages matériels.

Bien que les tendances globales desdiverses mesures de conduite en étatd’ébriété restent positives, des chercheursde la Traffic Injury Research Foundationconcluent que « le taux d’amélioration aralenti… [et]… l’ampleur du problème esttoujours importante ».

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Comme la plupart des pays industrialisés, leCanada a un système de sanctions à troispaliers en matière de conduite automobile : untaux d’alcoolémie de zéro pour les jeunes et lesnouveaux conducteurs; un taux d’alcoolémie de0,05 % qui donne lieu à des mesures adminis-tratives, comme la suspension du permis deconduire pendant 24 heures; et un tauxd’alcoolémie de 0,08 %, au-delà duquel dessanctions criminelles s’appliquent. Le systèmecanadien reflète deux niveaux de responsabilitégouvernementale : à un taux d’alcoolémie de0,05 %, les lois provinciales et territoriales surla sécurité routière s’appliquent et, à un tauxd’alcoolémie de 0,08 %, le Code criminel Fédérals’applique. La plupart des provinces et terri-toires ont prévu des dispositions en matièred’alcootest pour le dépistage lors d’interceptionsur la route et des mesures administratives àcourt terme pour les conducteurs ayant un tauxd’alcoolémie entre 0,05 et 0,08 %.

Les jeunes et les nouveaux conducteurs risquentdavantage d’avoir des collisions de la route enraison de leur inexpérience de la route ou de laconsommation d’alcool, ou des deux. Touteconsommation d’alcool augmente ces risques,particulièrement pour les jeunes chez quicertains facteurs, tels que la pression des pairset la recherche de sensations fortes, peuventaussi jouer un rôle. Les collisions de la routeconstituent la principale cause de décès chez lesadolescents canadiens, et 40 % des conducteursadolescents décédés lors d’une collision de laroute avaient consommé de l’alcool. Lesprobabilités de décès chez les conducteurs demoins de 25 ans qui consomment de l’alcoolsont les plus élevées parmi tous les groupesd’âge. Le tiers (34 %) des collisions de la routeliées à l’alcool causant la mort impliquent despersonnes de 25 ans ou moins.

Présentement au Canada, toutes les provinceset tous les territoires à l’exception du Nunavutont mis en œuvre des programmes dedélivrance graduelle des permis de conduirepour les jeunes et les nouveaux conducteurs.Ces programmes comprennent des éléments,tels que la tolérance zéro en matièred’alcoolémie et des restrictions relatives auxheures de conduite et au nombre de passagersautorisé, bien que des variantes considérablesexistent entre ces programmes. Des recherches

confirment de plus en plus les avantages desécurité de la délivrance graduelle des permis deconduire et soutiennent l’identification depratiques exemplaires.

Alors que des progrès considérables ont étéaccomplis afin de réduire la conduite en étatd’ébriété au Canada, elle demeure un problèmesérieux, en particulier dans le cas desrécidivistes.

Les Canadiennes et les Canadiens affirmentappuyer généralement les mesures prises pourcontrer l’alcool au volant, telles que les barragesroutiers, les antidémarreurs avec éthylomètre etla saisie immédiate des véhicules des personnesqui échouent l’alcootest. L’application rigou-reuse de la loi contribue largement à ce que

Vers une culture de modération 23

Saviez-vous que…Des comparaisons des risques decollisions de la route indiquent que lesconducteurs âgés de 16 à 19 ans ont untaux de décès quatre fois plus élevé quecelui des conducteurs âgés de 25 à 34 anset neuf fois plus élevé que celui desconducteurs âgés de 45 à 54 ans.

On retrouve la plus grande proportion desconducteurs en état d’ébriété qui perdentla vie au volant chez les personnes âgéesde 19 ans.

87 % des conducteurs en état d’ébriété quiperdent la vie au volant et 89 % desconducteurs qui subissent des blessuresgraves au volant sont des hommes.

Les décès et les blessures risquent le plusde survenir en été et risquent le moins desurvenir en hiver.

La plupart des décès et des blessuressurviennent durant les soirées de la fin desemaine.

L’automobile est le type de véhicule leplus utilisé et, souvent, les collisionsn’impliquent qu’un seul véhicule.

Dans presque les deux tiers des collisionsde la route liés à l’alcool qui impliquentplus d’un véhicule, le conducteuradolescent qui perd la vie a consommé del’alcool avant de prendre le volant (maisce n’est pas le cas des autres conducteurs.

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moins de gens prennent le volant après avoirconsommé de l’alcool. Toutefois, il demeureimportant de poursuivre et de renforcer lesinitiatives de sensibilisation du public poursoutenir ces efforts.

Les questions interdépendantes de la consom-mation d’alcool, de la conduite automobile etdes méfaits liés à l’alcool sont une préoccupa-tion de longue date des autorités responsablesdes transports, telles que Transports Canada etles ministères provinciaux et territoriauxresponsables de la sécurité routière, ainsi quedes organismes de recherche comme la TrafficInjury Research Foundation.

En 1990, le Conseil des ministres responsablesdes transports et de la sécurité routière ademandé au Conseil canadien des adminis-trateurs en transport motorisé (CCATM)d’élaborer une initiative globale pour réduire lenombre de victimes de la route entourant descas de conducteurs en état d’ébriété dans toutesles provinces et tous les territoires.

Cette initiative appelée « Stratégie de réductionde la conduite avec facultés affaiblies (SRCFA) »s’est échelonnée sur une période de cinq ans(1995-2001). Renouvelée par la suite pourdevenir SRCFA 2010, la stratégie vise à réduired’environ 40 % le nombre d’usagers de la routequi décèdent ou se blessent gravement dans des collisions liées à la consommation d’alcool.Il faut une approche globale et coordonnée quicomporte un vaste éventail d’initiatives axéessur les délinquants invétérés de la conduite en état d’ébriété, les jeunes et les nouveauxconducteurs, les buveurs mondains et lesconducteurs qui en sont à leur premièreinfraction. La stratégie comprend également des mesures proposées pour traiter plusefficacement les infractions impliquant un taux d’alcoolémie plus faible.

Réduire les méfaits liés à l’alcool au Canada : 24

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32. Élaborer et adopter des politiques globalesen matière d’alcool dans chaque secteur dela population active du Canada en mettantparticulièrement l’accent sur les professionsoù la sécurité est essentielle (tous lesgouvernements, les ONG et les industries).

33. Travailler en partenariat avec les groupescommunautaires afin d’élaborer despolitiques et des programmes municipauxen matière d’alcool qui abordent desproblèmes locaux (les gouvernementsprovinciaux, territoriaux, municipaux et lesONG).

34. Mettre en œuvre des programmes éprouvésde prévention de la violence dans lesétablissements licenciés (les gouver-nements provinciaux et territoriaux,l’industrie des boissons alcoolisées etl’industrie du tourisme et d’accueil).

35. Élaborer une campagne de sensibilisationauprès du public ayant trait à la responsabi-lité en matière d’alcool (tous les gouverne-ments, les ONG et l’industrie des boissonsalcoolisées).

36. Modifier ou élaborer des politiques et desprogrammes qui incorporent des solutionsfondées sur des données probantes afin deréduire les méfaits liés à l’alcool dans lescollèges et les universités (les collèges, lesuniversités et les ONG).

37. Endosser et soutenir la Stratégie deréduction de la conduite avec facultésaffaiblies (SRCFA 2010) (tous lesgouvernements).

38. Adopter le modèle de suspension à courtterme des permis de conduire et les autresmesures qui s’adressent aux personnes

ayant pris le volant avec un tauxd’alcoolémie inférieur tel qu’il a été proposépar le Conseil canadien des administrateursen transport motorisé (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux).

39. Revigorer l’application de la loi concernantl’alcool au volant (tous les gouvernements).

40. Poursuivre des approches axées sur lesconducteurs dépendants de l’alcool ou àrisque élevé (c.-à-d. qui ont pris le volantavec un taux d’alcoolémie de 0,15 % ouplus) afin de mieux dissuader et réhabiliterles récidivistes (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux et les ONG). Ces approches pourraient comprendre leséléments suivants :

a) des solutions technologiques (p. ex. desantidémarreurs avec éthylomètre);

b) des initiatives d’éducation et desensibilisation du public;

c) des protocoles d’évaluation améliorés;

d) des réhabilitations et des traitementsaméliorés axés sur la réduction desméfaits liés à l’alcool et des modèlesmédicaux afin de mieux s’attaquer auxproblèmes concurrents de laconsommation excessive et chroniqued’alcool et aux troubles cognitifspossibles.

41. Dans le cadre de programmes de délivrancegraduelle des permis de conduire, adopterdes dispositions relatives à la tolérance zéro(taux d’alcoolémie de 0,0 %) pour tous lesconducteurs jusqu’à l’âge de 21 ans (lesgouvernements provinciaux et territoriaux).

Recommandations

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Réduire les méfaits liés à l’alcool au Canada : 26

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Consommé avec modération, l’alcool peutprocurer du plaisir à beaucoup de gens.Toutefois, quand sa consommation estirresponsable, l’alcool peut être une droguedangereuse susceptible de causer des problèmesde santé et des dommages sociaux. Pours’attaquer aux méfaits liés à l’alcool au Canada,la présente Stratégie nationale sur l’alcool a étéélaborée comme un appel à l’action à la suitede consultations intensives avec les diversintervenants et de nombreuses suggestions. Elle propose des efforts renouvelés dans lesdomaines de la promotion de la santé, de laprévention, des traitements et de l’applicationde la loi afin de soutenir une culture demodération.

Cette culture présente une nouvelle façon depenser au sujet de la consommation d’alcool,une meilleure compréhension des risquesassociés à l’alcool et une détermination à aiderles Canadiennes et les Canadiens à choisirintelligemment les moyens de minimiser cesrisques. La Stratégie nationale sur l’alcoolformule 41 recommandations spécifiques aux quatre champs d’action et identifie lesprincipaux intervenants qui devraient êtreresponsables de leur mise en œuvre. De la même façon que toutes ces mesures doiventêtre prises ensemble pour assurer le succès des changements à l’égard des connaissances,des attitudes et des pratiques en matière deconsommation d’alcool, tous les intervenantsconcernés doivent partager la responsabilité deréduire les méfaits causés par uneconsommation abusive d’alcool.

Vers une culture de modération 27

4. Conclusion

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Promotion de la santé, prévention et éducationCAMH (N.D.). Directives de consommation d’alcool à fai-

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Vers une culture de modération 29

5. Bibliographie

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Promotion de la santé, prévention etéducation1. Élaborer et promouvoir des directives

nationales sur la consommation d’alcoolafin d’encourager la culture de modération,en ayant pour but de transmettre desmessages clairs et cohérents relatifs à lasécurité et à la santé liés à la consommationd’alcool (Santé Canada, tous lesgouvernements).

2. Élaborer une campagne de marketing socialglobale, soutenue et coordonnée avec despartenaires multisectoriels afin depromouvoir les directives nationales sur laconsommation d’alcool. Cette initiativereposerait sur des campagnes de marketingsocial existantes, comme celles axées surl’alcool au volant ou les habitudes deconsommation d’alcool à risque élevé (tous les gouvernements, les ONG,l’industrie des boissons alcoolisées etl’industrie du tourisme et d’accueil).

3. Soutenir et financer des organisationslocales afin d’élaborer et de mettre enœuvre des initiatives communautaires depromotion de la santé axées sur lesdirectives nationales sur la consommationd’alcool pour prévenir et réduire les méfaitsliés à l’alcool (tous les gouvernements,l’industrie des boissons alcoolisées etl’industrie du tourisme et d’accueil).

4. S’assurer, par réglementation, que desétiquettes normalisées et facilement visiblessont apposées sur les contenants deboissons alcoolisées pour indiquer lenombre de consommations normaliséesqu’ils contiennent (Santé Canada).

5. En ce qui a trait aux mineurs, élaborer etévaluer des politiques et des programmesappropriés aux stades de développementdes jeunes et qui préconisent, notammentl’abstinence comme un but valable pourtous, la conformité aux directives nationalessur la consommation d’alcool et laprévention visant à réduire les risques d’uneconsommation excessive d’alcool chez les

personnes qui ne s’en abstiennent pas (tous les gouvernements, les ONG,l’industrie des boissons alcoolisées etl’industrie du tourisme et d’accueil).

6. En ce qui a trait aux jeunes adultes, élaboreret évaluer des politiques et des programmesdans les écoles, les collèges et les universitésau moyen d’une initiative nationale decollaboration (tous les gouvernements, lesONG, l’industrie des boissons alcoolisées etl’industrie du tourisme et d’accueil).

Effets sur la santé et traitements7. Concevoir des stratégies et des outils de

dépistage, d’interventions de courte duréeet d’orientation intégrés et adaptés à laculture (les gouvernements provinciaux etterritoriaux).

8. Assurer un financement adéquat et continu,une formation de qualité et l’accréditationdes services spécialisés de traitement destoxicomanies (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux).

9. Améliorer l’accès aux services de traitementdes toxicomanies dans les régions isolées,rurales et éloignées du Canada et pour lespopulations vulnérables (tous lesgouvernements).

10. Évaluer les programmes de traitement pourdéterminer les pratiques prometteuses etdiffuser les résultats (tous les gouverne-ments et les ONG).

11. Coordonner le transfert des connaissancesliées à l’évaluation et à la recherche dans lecadre de politiques et des programmes desanté publique de prévention et de traite-ment de l’alcoolisme (Centre canadien delutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies).

12. Renforcer les programmes axés sur letraitement de l’alcoolisme et des toxico-manies au premier cycle universitaire et aux études supérieures, ainsi que lesprogrammes de perfectionnementprofessionnel continu (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux, les ONG, lescollèges et les universités).

Vers une culture de modération 31

6. Recommandations

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13. Diffuser les tests de dépistage et les outilsdiagnostiques de l’ETCAF et promouvoirleur utilisation par les médecins de famille,les pédiatres et les autres professionnels dela santé (tous les gouvernements et les ONG).

14. En ce qui concerne la contribution del’alcool aux maladies chroniques :

a) préparer des rapports périodiquesportant sur les effets de l’alcool sur lesmaladies chroniques au Canada et lesharmoniser aux rapports sur les coûts de l’abus de l’alcool et des drogues(Agence de santé publique du Canada);

b) s’assurer que l’alcool est inclus de façonconstante dans les programmes etpolitiques axés sur les maladieschroniques (tous les gouvernements et les ONG);

c) collaborer avec l’Alliance pour laprévention des maladies chroniques au Canada (APMCC) et d’autresorganisations afin d’améliorer laprévention des maladies chroniquesassociées à l’alcool, y compris la mise en œuvre d’une campagne de sensibili-sation auprès du public (Agence desanté publique du Canada).

15. En ce qui concerne la recherche :

a) élaborer un système national,coordonné et continu de collecte desdonnées et de présentation de rapportssur les indicateurs communs relatifs aux méfaits aigus et chroniques liés àl’alcool dans toutes les compétencescanadiennes (Santé Canada);

b) élaborer un programme stratégiquenational de recherche sur l’alcool quiinclut une approche axée sur lesdéterminants de la santé et qui vise àobtenir une meilleure compréhensiondes facteurs de risque et de protectionrelatifs à la consommation d’alcool(Santé Canada et les Instituts derecherche sur la santé du Canada);

c) recueillir des données sur les effets del’alcool sur la santé et sur les résultatsdes traitements dans le cas particulierdes Premières nations, des Inuits et des Métis à l’aide d’une éthique derecherche appropriée (y compris les

principes de la prise en charge, ducontrôle, de l’accessibilité et de lapossession). Ces données devraient être comparées à celles recueillies pourl’ensemble de la population canadienne(Santé Canada et les ONG).

Accessibilité de l’alcoolNota : Lorsque le terme « régie des alcools »

est utilisé, il fait également référence à unorganisme comparable dans une province ou un territoire.

16. Maintenir les systèmes actuels de contrôlede la vente d’alcool (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux). En vertu de ces systèmes, il est important :

a) d’exiger des régies des alcools lemaintien d’un cadre de responsabilitésociale pour toutes les choses relatives àleurs activités et à leur gouvernance etle maintien ou l’augmentation de leursdépenses dans ce domaine;

b) d’améliorer la formation du personneldans les points de vente et de mettre en œuvre des programmes continus deconformité à la loi pour s’assurer quel’alcool est toujours vendu d’unemanière socialement responsable etconforme à la loi;

c) d’encourager la révision systématiqueet l’analyse des jours et des heuresd’ouverture des points de vented’alcool, ainsi que de la densité despoints de vente, en reconnaissant quel’augmentation de l’accessibilité del’alcool peut conduire à l’accroissementdes méfaits liés à l’alcool.

17. Collaborer avec les régies des alcools pours’assurer que les prix des boissonsalcoolisées et leur accessibilité dans lescollectivités à risque élevé sont gérés d’unemanière socialement responsable (les gouvernements provinciaux,territoriaux et municipaux).

18. Demander aux autorités émettrices depermis d’alcool et aux régies des alcools derecueillir et de rendre publiques desdonnées sur la densité des points de vente(les gouvernements provinciaux etterritoriaux).

Réduire les méfaits liés à l’alcool au Canada : 32

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19. Mener une recherche afin de déterminer lanature et la portée de la distributiond’alcool par des tiers au Canada (c’est-à-direla distribution d’alcool en dehors dusystème légal de distribution et dans desendroits où l’alcool est interdit) (tous lesgouvernements).

20. Évaluer les résultats de mesures de contrôled’essai dans les collectivités éloignées(particulièrement dans les trois territoires),y compris l’interdiction totale, desrestrictions sur l’importation d’alcool dansla communauté et des pratiques de ventetrès restrictives (les gouvernementsprovinciaux, territoriaux et municipaux,ainsi que les collectivités des Premièresnations).

21. Mettre en œuvre des programmes deformation à l’intention des serveurs au Canada et en faire des préalables àl’obtention ou au renouvellement despermis d’alcool. Ces programmes deformation devraient inclure le renouvel-lement périodique de reconnaissanceprofessionnelle des serveurs, desvérifications continues de la conformité à la loi et des évaluations périodiques pourmaintenir et améliorer les effets au fil dutemps. De plus, la formation des serveurs et les vérifications de conformité à la loidevraient être plus fréquentes dans lesétablissements qui ont déjà eu desproblèmes de service d’alcool (les gouver-nements provinciaux, territoriaux etmunicipaux, ainsi que les collectivités des Premières nations).

22. Examiner les implications d’obliger tous les établissements licenciés au Canada àsouscrire à une assurance responsabilité,mais de manière à ne pas créer desdifficultés financières pour l’industrie du tourisme et d’accueil, par exemple des programmes d’autoassurance (lesgouvernements provinciaux et territoriaux).

23. Mener une recherche sur la nature et laportée de l’accès des mineurs à l’alcool,notamment dans les établissementslicenciés, et mettre en œuvre des politiqueset des programmes appropriés pourrésoudre ce problème (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux).

24. Étant donné la relation entre l’âge légalpour acheter de l’alcool et les méfaits liés à l’alcool, envisager de hausser l’âge légalpour acheter de l’alcool à 19 ans (les gouvernements de l’Alberta, du Québecet du Manitoba).

25. Renforcer la loi et les sanctions pour lespersonnes qui produisent ou utilisent defausses cartes d’identité (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux).

26. Établir des prix minimums de référencesociale pour les boissons alcoolisées et lesindexer au moins annuellement selonl’indice des prix à la consommation (IPC).Un organisme compétent devrait revoirl’établissement des prix des boissonsalcoolisées dans l’ensemble du Canada, au moins annuellement, et publier unrapport recommandant des augmentationslà où les prix ne suivent pas la hausse dutaux d’inflation (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux).

27. Décourager l’établissement ou l’expansiondes entreprises qui commercialisent desdispositifs permettant aux consommateursde fabriquer leur propre vin ou leur proprebière. Là où ces entreprises existent, rendrel’obtention des permis conditionnelle àl’établissement de prix de référence socialepour les produits alcoolisés dans cetteprovince ou territoire (les gouvernementsprovinciaux, territoriaux et municipaux).

28. Créer des mesures incitatives, par le biais de la taxation ou de la majoration des prix,afin de promouvoir la production et lacommercialisation de contenants de bière et de panaché ayant une teneur moinsélevée en alcool dans le but premier deréduire le volume d’alcool absoluconsommé par habitant au Canada (tous les gouvernements et l’industrie desboissons alcoolisées).

29. Établir les prix en fonction de la teneur enalcool éthylique par volume dans chaquecatégorie de boissons alcoolisées (tous lesgouvernements et l’industrie des boissonsalcoolisées).

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30. Coordonner le financement de la rechercheet de la publication d’un rapport annueldocumentant l’exposition des mineurs à la publicité sur l’alcool au Canada (Santé Canada).

31. Revoir la réglementation existante sur lapublicité en mettant à jour les normes (enparticulier celles relatives aux jeunes), demême que les mécanismes qui permettentde recevoir et de traiter les plaintes desconsommateurs au sujet de la publicité surl’alcool (tous les gouvernements).

Création de collectivités plussécuritaires32. Élaborer et adopter des politiques globales

en matière d’alcool dans chaque secteur dela population active du Canada en mettantparticulièrement l’accent sur les professionsoù la sécurité est essentielle (tous lesgouvernements, les ONG et les industries).

33. Travailler en partenariat avec les groupescommunautaires afin d’élaborer despolitiques et des programmes municipauxen matière d’alcool qui abordent desproblèmes locaux (les gouvernementsprovinciaux, territoriaux, municipaux, et les ONG).

34. Mettre en œuvre des programmes éprouvésde prévention de la violence dans lesétablissements licenciés (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux, l’industrie desboissons alcoolisées et l’industrie dutourisme et d’accueil).

35. Élaborer une campagne de sensibilisationauprès du public, ayant trait à la respon-sabilité en matière d’alcool (tous lesgouvernements, les ONG et l’industrie des boissons alcoolisées).

36. Modifier ou élaborer des politiques et desprogrammes qui incorporent des solutionsfondées sur des données probantes afin deréduire les méfaits liés à l’alcool dans lescollèges et les universités (les collèges, lesuniversités et les ONG).

37. Endosser et soutenir la Stratégie deréduction de la conduite avec facultésaffaiblies (SRCFA 2010) (tous lesgouvernements).

38. Adopter le modèle de suspension à courtterme des permis de conduire et les autresmesures qui s’adressent aux personnesayant pris le volant avec un tauxd’alcoolémie inférieur tel qu’il a été proposépar le Conseil canadien des administrateursen transport motorisé (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux).

39. Revigorer l’application de la loi concernantl’alcool au volant (tous les gouvernements).

40. Poursuivre des approches axées sur lesconducteurs dépendants de l’alcool ou àrisque élevé (c.-à-d. qui ont pris le volantavec un taux d’alcoolémie de 0,15 % ouplus) afin de mieux dissuader et réhabiliterles récidivistes (les gouvernementsprovinciaux et territoriaux et les ONG). Ces approches pourraient comprendre leséléments suivants :

a) des solutions technologiques (p. ex. des antidémarreurs avec éthylomètre);

b) des initiatives d’éducation et desensibilisation du public;

c) des protocoles d’évaluation améliorés;

d) des réhabilitations et des traitementsaméliorés axés sur la réduction desméfaits liés à l’alcool et des modèlesmédicaux afin de mieux s’attaquer auxproblèmes concurrents de la consom-mation excessive et chronique d’alcoolet aux troubles cognitifs possibles.

41. Dans le cadre de programmes de délivrancegraduelle des permis de conduire, adopterdes dispositions relatives à la tolérance zéro(taux d’alcoolémie de 0,0 %) pour tous lesconducteurs jusqu’à l’âge de 21 ans (lesgouvernements provinciaux et territoriaux).

Réduire les méfaits liés à l’alcool au Canada : 34

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Présidents Beth Pieterson, directrice générale (Santé Canada)

Michel Perron, PDG (Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et lestoxicomanies)

Murray Finnerty, PDG (Alberta Alcohol and Drug Abuse Commission)

Représentation provinciale/territorialeNouvelle-Écosse - Carolyn Davison

Colombie-Britannique - Dr Tim Stockwell

Ontario - Dr Louis Gliksman

Représentants du gouvernement fédéralFraser Macaulay, Sécurité publique etProtection civile Canada/GRC

Hal Pruden, Section du droit criminel,Justice Canada

Kelly Stone, Agence de santé publique du Canada

Dr Dennis Wardman, Direction générale de la santé des Premières nations et desInuits, Santé Canada et Assemblée desPremières Nations

Organisations non gouvernementalesSylvie Fanjoy, Association canadienne de santé publique

Andrew Murie, Les mères contre l’alcool au volant (MADD Canada)

Chris McNeil, Association canadiennes des chefs de police

Dr Peter Butt, Collège des médecins de famille du Canada (Saskatchewan)

Jan Lutke, FASD Connections, Vancouver

Don Lussier, Association canadienne dessociétés des alcools

Dr David Marsh, Société médicalecanadienne sur l’addiction

Michael Ferrabee, vice-président directeur,Relations gouvernementales, Associationcanadienne des restaurateurs et des servicesalimentaires

Maureen Spier, représentante, Associationof Liquor Licensing Authorities of Canada

Catherine Dallas, Département de santé,Inuit Tapiriit Kanatani

ChercheursDre Louise Nadeau, Université de Montréal

Dre Christiane Poulin, Université Dalhousie

Industrie des boissons alcooliséesDan Paszkowski, Canadian VintnersAssociation

Howard Collins, Association des brasseursdu Canada

Jan Westcott, Association des distillateurscanadiens

Bureau de soutien Linda Dabros (Santé Canada)

Heidi Liepold (Santé Canada)

Ed Sawka (Alberta Alcohol and Drug AbuseCommission)

Gerald Thomas (Centre canadien de luttecontre l’alcoolisme et les toxicomanies)

Sandra Song (Santé Canada)

Nathan Lockhart (Santé Canada)

Vers une culture de modération 35

7. Membres du Groupe de travail sur laStratégie nationale sur l’alcool