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    Cette brochure contient tous les rapports aux sujets dcrits et doral dont la connaissance permet

    de mieux cerner la nature des preuves correspondantes.Son contenu, hors la partie rglementaire, nest donn qu titre indicatif.

    cole normale suprieureLettres et Sciences humaines15, parvis Ren DescartesBP 700069342 Lyon cedex 07

    Tlphone 0437376000Tlcopie 0437376060

    ISSN 0335-9409ISBN 2-84788-069-010 euros

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    Sommaire

    Liste des membres du jury du concours dentre lENS Lettres et Sciences humaines 5

    Programme du concours dentre, session 2004 15

    Statistiques gnrales 25

    Rsultats par sries 27

    Sries Lettres et arts, Langues vivantes et Sciences humaines

    COMPOSITION FRANAISEpreuve commune 61

    CULTURE GNRALE LITTRAIRE ET ARTISTIQUE 69

    LETTRES CLASSIQUESLatin 77Grec 80

    LETTRES MODERNES 87

    ARTStudes thtrales 97tudes cinmatographiques 101Histoire de la musique 103Histoire et thorie des arts 111

    PHILOSOPHIEpreuve commune 113Option 118

    GOGRAPHIEpreuve commune 123Option 126

    HISTOIREpreuve commune 133Option 144

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    ALLEMAND 153

    ANGLAIS 165

    ARABE 179

    ESPAGNOL 181

    ITALIEN 189

    POLONAIS 193

    PORTUGAIS 197

    RUSSE 199

    ORAL DE LANGUE DE LA SRIELETTRES ET ARTSAllemand 207Anglais 209Espagnol 209Latin 209

    ORAL DELATIN(LV2) DE LA SRIELANGUES VIVANTES 211

    Srie Sciences conomiques et sociales

    CONOMIE 215

    SOCIOLOGIE 219

    GOGRAPHIE 221

    HISTOIRE 223

    ORAL DE LANGUE DE LA SRIESCIENCES CONOMIQUES ET SOCIALESAllemand 225Anglais 225Espagnol 226Italien 226Latin 226

    Liste des usuels mis la disposition des candidats 227

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    SESSION 2004

    Concours dentre Rapport 2004 5

    Liste des membres du jury

    des concours dentre

    lENS Lettres et Sciences humaines

    Session 2004

    Le jury du concours session 2004 a sig dans la composition ci-aprs consigne

    Prsident du jury

    Sylvain AUROUX, Directeur de lENS Lettres et Sciences humainesDirecteur de recherche CNRS

    Prsidente adjointe

    Christine de BUZON, Directrice adjointe de lENS Lettres et Sciences humaines

    Vice-prsidents

    Nicolas RICHER, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humainesAlain SAND, Professeur des Universits, Universit Lumire, Lyon 2Catherine VOLPILHAC-AUGER, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humainesJean-Claude ZANCARINI, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humaines

    SERIES LETTRES ET ARTS, LANGUES VIVANTES, ET SCIENCES HUMAINES(crit et oral)

    Arts

    Christian BIET, Professeur des Universits, Universit Paris 10, Nanterre

    Jean-Loup BOURGET, Professeur des Universits, ENS, ParisFranois FOSSIER, Professeur des Universits, Universit Lumire, Lyon 2Henry-Jean FOURS, Directeur du Conservatoire National Suprieur de Musique et de Danse,LyonMarie GAUTHERON, Professeur agrge, ENS Lettres et Sciences humainesJacques GERSTENKORN, Professeur des Universits, Universit Lumire, Lyon 2Lukas HEMLEB, Professeur associ, ENS Lettres et Sciences humainesHerv LACOMBE, Professeur des Universits, Universit Rennes 2Christian LALLIER ,Professeur associ, ENS Lettres et Sciences humainesDenis LE TOUZ, Matre de confrences, Universit Lumire, Lyon 2Jean-Loup RIVIRE, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humainesGuillaume SOULEZ, Matre de confrences, Universit Paris 3, Sorbonne NouvellePaul-Louis RINUY, Matre de confrences, Universit Paris 10, Nanterre

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    MEMBRES DU JURY

    Concours dentre Rapport 2004

    Culture gnrale littraire et artistique

    Nathalie BARBERGER, Matre de confrences, Universit de Lille 3

    Marc DESMET, Matre de confrences, Universit de Saint-EtienneMarie GAUTHERON, Professeur agrge, ENS Lettres et Sciences humainesBrigitte GAUTHIER, Professeur des Universits, Universit de Lyon 3Jacques GERSTENKORN, Professeur des Universits, Universit Lumire, Lyon 2Hdi KADDOUR, Professeur agrg, ENS Lettres et Sciences humainesAlban RAMAUT, Professeur des Universits, Universit Jean Monnet, Saint-EtienneJean-Loup RIVIRE, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humainesAnne SAUVAGNARGUES, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesCatherine VOLPILHAC-AUGER, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humaines

    Gographie

    Cline BARTHON, Matre de confrences, Universit dAngersAntoine BEYER, Matre de confrences, Universit Louis Pasteur, StrasbourgCaroline BLONDY, Professeur agrge, Universit de La RochelleEmmanuelle BONERANDI, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesCline BROGGIO, Matre de confrences, Universit Lyon 3Florence BRONDEAU, Matre de confrences, Universit de Paris 4, SorbonneVincent CLEMENT, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesPascal CLERC, Matre de confrences, IUFM Aix-en-ProvenceMichel DESHAIES, Matre de confrences, Universit de Nancy 2Anne GAUGUE, Matre de confrences, Universit de Clermont-Ferrand 2Anne-Peggy HELLEQUIN, Matre de confrences, Universit du Littoral, DunkerqueMyriam HOUSSAY-HOLZSCHUCH, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesSophie LESTRADE, Matre de confrences, Universit de LimogesXavier LONG, Matre de confrences, Universit Grenoble 2Luc MERCHEZ, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesPerrine MICHON, Professeur agrge, Universit Paris 12-Val de Marne, CrteilSarah MILLE, Matre de confrences, Universit Jean Monnet, Saint-EtienneVincent MORINIAUX, Matre de confrences, Universit Paris 4 SorbonneJean-Pierre PICHOT, Professeur agrg, Universit de La RochelleGuillaume PROST, Professeur agrg, Universit de LilleFranois SAUR, Professeur bi-admissible, Lyce Simone de Beauvoir, Garges-ls-Gonesse

    Alexis SIERRA, Professeur agrg, Lyce Joliot-Curie, NanterrePhilippe SIERRA, Professeur agrg, Lyce Simone de Beauvoir, Garges-ls-GonesseAnthony SIMON, Matre de confrences, Universit Lumire, Lyon 2Philippe THIARD Matre de confrences, Universit Paris 12-Val de Marne, CrteilAnne VOLVEY, Matre de confrences, Universit dArtois, ArrasDidier VYE, Professeur agrg, Universit de La Rochelle

    Histoire

    Frdric ABECASSIS, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesLaurence AMERICI, Professeur agrge, Universit de Provence Aix-Marseille 1Nadine BELIGAND-RIGAULT, Matre de confrences, Universit Lumire, Lyon 2Thierry BONZON, Matre de confrences, Universit de Marne-la-VallePascal BRIOIST, Matre de confrences, Universit de Tours

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    MEMBRES DU JURY

    Concours dentre Rapport 2004

    Laurette SUBILLE, Professeur agrge, Universit de Sophia-Antipolis, NiceNorman THAU, Matre de confrences, Universit dAmiensMarie-Eve THERENTY, Matre de confrences, Universit de Montpellier 3Ccile VAN DEN AVENNE, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesCatherine VOLPILHAC-AUGER, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humainesAnne-Galle WEBER, Matre de confrences, Universit dArtois, ArrasPhilippe ZARD, Matre de confrences, Universit de Paris 10, Nanterre

    Philosophie

    Jean-Michel BUEE, Matre de confrences, IUFM de GrenobleSarah CARVALLO, Matre de confrences, Ecole Centrale de LyonFabien CHAREIX, Matre de confrences, USTL Universit Lille 1, Villeneuve dAscqAndr CHARRAK, Matre de confrences, Universit Paris 1 Panthon-Sorbonne

    Tristan DAGRON, Charg de recherches CNRS, Institut Claude Longeon, Saint-tienneLaurence DEVILLAIRS, Matre de confrences, Collge de France, ParisSara FRANCESCHELLI, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesMarie GAILLE-NIKODIMOV, Professeur agrge, ENS Lettres et Sciences humainesLaurent GERBIER, Matre de confrences, Universit Franois Rabelais, ToursPascale GILLOT, Professeur agrge, Lyce Franois Arago, Villeneuve-Saint-GeorgesPierre GUENANCIA, Professeur des Universits, Universit de Bourgogne, DijonStphane HABER, Matre de confrences, Universit de Franche-Comt, BesanonJol JANIAUD, Professeur agrg, Lyce Charles Nodier, DleAdrien KLAJNMAN, Professeur agrg, Lyce Marx Dormoy, Champigny-sur-MarneElonore LACROIX, Professeur agrge, Lyce W.A. Mozart, Le Blanc MesnilJean-Marie LARDIC, Professeur des Universits, Universit Pierre Mends-France, Grenoble 2Annie LECHENET, Professeur agrge, Lyce Franois Mauriac-Forez, Andrzieux-BouthonBatrice LENOIR, Professeur agrge, Lyce Jeanne Hachette, BeauvaisJacques MICHEL, Professeur des Universits, Institut dEtudes Politiques, LyonPierre-Franois MOREAU, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humainesJean-Marc MOUILLIE, Professeur agrg, Universit dAngersDidier OTTAVIANI, Professeur agrg, Lyce Pierre Mchain, LaonMarie-Frdrique PELLEGRIN, Matre de confrences, Universit Lyon 3Nicolas PIQUE, Professeur certifi, IUFM de GrenobleEmmanuel RENAULT, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humaines

    Elsa RIMBOUX, Professeur agrge, Lyce Vincent dIndy, PrivasSophie ROUX, Matre de confrences, Universit de Grenoble 2Patrick THIERRY, Professeur agrg, IUFM, Cergy-Pontoise

    Allemand

    Sylvie ARLAUD, Matre de confrences, Universit Lumire, Lyon 2Dominique BOSQUELLE , Matre de confrences, Universit de Sophia-Antipolis, NiceDenis BOUSCH, Matre de confrences, Universit Paris 12 Val de Marne, CrteilJean-Franois CANDONI, Matre de confrences, Universit de Picardie-Jules Verne, AmiensLaurent CASSAGNAU, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesOlivier DUCHATELLE, Matre de confrences, Universit Paris 4, SorbonneChristian HELMREICH, Matre de confrences, Universit Paris 8, Vincennes, Saint-DenisMarie-Sophie MASSE, Matre de confrences, Universit de Picardie-Jules Verne, Amiens

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    SESSION 2004

    Concours dentre Rapport 2004 9

    Alain MUZELLE, Matre de confrences, Universit Paris 4, SorbonneMarcel TAMBARIN, Matre de confrences, IUT de Dijon

    Anglais

    Camille FORT-CANDONI, Matre de confrences, Universit Marc Bloch, StrasbourgJean-Marie FOURNIER, Matre de confrences, Universit Lumire, Lyon 2Pascal GUEGO, Professeur agrg, Lyce Chateaubriand, RennesSylvie MAUREL, Matre de confrences, Universit Toulouse 2, Le MirailVincent MICHELOT, Matre de confrences, Universit Lumire, Lyon 2Aliyah MORGENSTERN, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesAxel NESME, Matre de confrences, Universit Lumire, Lyon 2Christine REYNIER, Professeur des Universits, Universit Paul Valry Montpellier 3Lacy RUMSEY, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humaines

    Anthony SABER, Professeur agrg rptiteur, ENS CachanSophie VALLAS, Matre de confrences, Universit de Provence Aix-Marseille 1Claire VIAL, Matre de confrences, IMA, Universit Paris 3 Sorbonne nouvelleJean VIVIES, Professeur des Universits, Universit de Provence Aix-Marseille 1

    Arabe

    Makram ABBES, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesGeorges BOHAS, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humaines

    Chinois

    Redouane DJAMOURI, Charg de recherche CNRS EHESS, ParisFrdric WANG, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humaines

    Espagnol

    Ascension BERTHELOT, Professeur agrge, Lyce Ozenne, ToulouseIsabelle BLETON-BONNET, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesJean-Pierre JARDIN, Professeur des Universits, Universit Paris 3, Sorbonne NouvelleGeorges MARTIN, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humainesThomas OLIU, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humaines

    Grec

    Anne-Marie GONIDOU, Professeur agrge, ENS Lettres et Sciences humainesMarie-Rose GUELFUCCI, Professeur des Universits, Universit de Franche Comt, Besanon

    Grec moderne

    Vasiliki COAVOUX-DANGOUNAKIS, Matre de confrences, Universit Jean Moulin, Lyon 3Michel LASSITHIOTAKIS, Matre de confrences, Universit Paris 4, Sorbonne

    Hbreu

    Sophie KESSLER-MESGUICH, Professeur des Universits, Universit Paris 3, Sorbonne

    NouvelleMonique OHANA, Inspectrice pdagogique rgionale, Rectorat de Paris

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    MEMBRES DU JURY

    Concours dentre Rapport 2004

    Italien

    Romain DESCENDRE, Matre de confrences, Universit Lumire, Lyon 2

    Michel FEUILLET, Professeur des Universits, Universit Jean Moulin Lyon 3Sylvie MARTIN MERCIER, Matre de confrences, Universit Grenoble 3Giuseppe SANGIRARDI, Matre de confrences, Universit de Bourgogne, Dijon

    Japonais

    Daniel STRUVE, Matre de confrences, Universit Paris 7, Denis DiderotAkira TERADA, Matre de confrences, Universit du Havre

    Latin

    Bruno BUREAU, Professeur des Universits, Universit Jean Moulin, Lyon 3Bernard COLOMBAT, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humainesChristian NICOLAS, Professeur des Universits, Universit Stendhal, Grenoble 3Grard SALAMON, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humaines

    Polonais

    Krystyna BELTER, Professeur agrge, Collge de Belledonne, Villard-BonnotAnna SAIGNES, Matre de confrences, Universit Stendhal, Grenoble 3

    Portugais

    Saulo NEIVA, Matre de confrences, Universit de Clermont-Ferrand 2Anne-Marie PASCAL, Matre de confrences, Universit Lumire, Lyon 2

    Russe

    Gayaneh ARMAGANIAN-LE VU, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesSylvie MARTIN, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humaines

    SRIE SCIENCES CONOMIQUES ET SOCIALES

    PREUVES CRITES

    Franais

    Hlne LAPLACE-CLAVERIE, Matre de confrences, Universit de Paris 4Sophie LUCET, Matre de confrences, Universit du MansCorinne SAMINADAYAR-PERRIN, Matre de confrences, Universit Jean Monnet, Saint-EtienneJean VIGNES, Professeur des universits, Universit de Paris 7 Denis Diderot

    Philosophie

    Yves DUROUX, Ingnieur de recherche, C.N.R.S.Bertrand OGILVIE, Professeur agrg, Universit Paris 10, Nanterre

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    SESSION 2004

    Concours dentre Rapport 2004 11

    Emmanuel PICAVET, Matre de confrences, Universit Paris 1, Panthon-SorbonneElisabeth SCHWARTZ, Professeur des universits, Universit de Clermont-Ferrand

    Histoire contemporaine

    Frdric ATTAL, Matre de confrences, Universit dOrlansSophie COEURE, Matre de confrences, ENS, ParisJustine FAURE, Matre de confrences, Universit Robert Schuman, Strasbourg 3Claire ZALC, Agrge rptitrice, ENS, Paris

    Mathmatiques

    Pascal MASSART, Professeur des universits, Universit de Paris Sud OrsayPatricia REYNAUD-BOURET, Charge de Recherche, ENS, Paris

    Sciences socialesPierre FRANOIS, Charg de recherche, C.N.R.SFlorence JUSOT, Charge de recherche au CREDES, laboratoire DELTA Dpartement deSciences socialesFrdrique HOUSEAUX, Professeur agrge, INSEE Division Enqute et DmographieCaroline VINCENSINI, Agrge prparatrice, ENS, Cachan

    Gographie

    Henri DESBOIS, Matre de confrences, Universit Paris 10, NanterreSbastien VELUT, Professeur agrg, ENS, Paris

    Allemand

    Patrice NEAU, Professeur des universits, Universit de NantesHerta-Luise OTT, Matre de confrences, Universit Stendhal, Grenoble 3

    Anglais

    Olivier FRAYSS, Professeur des universits, Universit de Paris 1 Panthon-SorbonneRose-May PHAM DINH, Matre de confrences, Universit Paris 13

    Arabe

    Houda AYOUB, Agrge rptitrice, ENS, ParisJean TARDY, Matre de confrences, INALCO

    Chinois

    Anne CHENG WANG, Professeur lINALCOStphane FEUILLAS, Professeur lUniversit de Paris 7, Denis Diderot

    Espagnol

    Pedro CORDOBA, Professeur lUniversit de ReimsManuelle PELOILLE, Matre de confrences, Universit de Paris 10, Nanterre

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    MEMBRES DU JURY

    Concours dentre Rapport 2004

    Grec moderne

    Michel LASSITHIOTAKIS, Matre de Confrences, Universit Paris 4, Sorbonne

    Hbreu

    Lily PERLEMUTER, Matre de Confrences, INALCO

    Italien

    Prette BUFFARIA, Professeur lUniversit de PoitiersGiuseppe SANGIRARDI, Matre de confrences, Universit de Bourgogne, Dijon

    Japonais

    Anne BAYARD-SAKAI, Professeur lINALCO

    Vronique PERRIN, Agrge prparatrice, ENS, Paris

    Polonais

    Brigitte GAUTIER, Matre de confrences, Universit Lille 3Hanna KONICKI, Matre de confrences, Universit Paris 4, Sorbonne

    Portugais

    Ilda DOS SANTOS, Matre de confrences, Universit Paris 3, Sorbonne nouvelleMarie-Christine PAIS-SIMON, Matre de confrences, Universit Paris 3, Sorbonne nouvelle

    RusseOlivier AZAM, Matre de Confrences, ENS, ParisFranoise GRCIET, Matre de Confrences, Universit Paris 4, Sorbonne

    Latin

    Valrie NAAS, Matre de confrences, Universit Lille 2Vincent ZARINI, Professeur lUniversit Paris 4, Sorbonne

    Grec

    Charles de LAMBERTERIE, Professeur lUniversit Paris 4, Sorbonne

    Jean YVONNEAU, Matre de Confrences, Universit de Bordeaux

    PREUVES ORALES

    conomie

    Pascal LE MERRER, Agrg rptiteur, ENS Lettres et Sciences humainesAlain SAND, Professeur des Universits, Universit Lumire, Lyon 2

    Sociologie

    Christine DETREZ, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesIsabelle MALLON, Matre de confrences, Universit Lumire, Lyon 2

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    SESSION 2004

    Concours dentre Rapport 2004 13

    Gographie

    Philippe THIARD, Matre de confrences, Universit Paris 12 Val de Marne, Crteil

    Myriam HOUSSAY-HOLZSCHUCH, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humaines

    Histoire

    Anne-Marie SOHN, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humainesJean SOLCHANY, Matre de confrences, Institut dEtudes Politiques, Lyon

    Allemand

    Olivier DUCHATELLE, Matre de confrences, Universit Paris 4, SorbonneSylvie TOSCER-ANGOT, Matre de confrences, Universit Paris 12 Val de Marne, Crteil

    Anglais

    Pascal GUEGO, Professeur agrg, Lyce Chateaubriand, RennesAxel NESME, Matre de confrences, Universit Lumire, Lyon 2

    Arabe

    Makram ABBES, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesGeorges BOHAS, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humaines

    Chinois

    Redouane DJAMOURI, Charg de recherches CNRS Directeur du CRCAO, EHESS, Paris

    Frdric WANG, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humaines

    Espagnol

    Georges MARTIN, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humainesThomas OLIU, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humaines

    Grec moderne

    Vasiliki COAVOUX-DANGOUNAKIS, Matre de confrences, Universit Jean Moulin Lyon 3Michel LASSITHIOTAKIS, Matre de confrences, Universit Paris 4 Sorbonne

    Hbreu

    Sophie KESSLER-MESGUICH, Professeur des Universits, Universit Paris 3, SorbonneNouvelleMonique OHANA, Inspectrice pdagogique rgionale, Rectorat de Paris

    Italien

    Sylvie MARTIN MERCIER, Matre de confrences, Universit Grenoble 3Giuseppe SANGIRARDI, Matre de confrences, Universit de Bourgogne, Dijon

    Japonais

    Daniel STRUVE, Matre de confrences, Universit Paris 7, Denis DiderotAkira TERADA, Matre de confrences, Universit du Havre

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    14

    MEMBRES DU JURY

    Concours dentre Rapport 2004

    Latin

    Bruno BUREAU, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humaines

    Grard SALAMON, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humaines

    Polonais

    Krystyna BELTER, Professeur agrge, Collge de Belledonne, Villard-BonnotAnna SAIGNES, Matre de confrences, Universit de Grenoble 3

    Portugais

    Saulo NEIVA, Matre de confrences, Universit de Clermont-Ferrand 2Anne-Marie PASCAL, Matre de confrences, Universit Lumire, Lyon 2

    Russe

    Gayaneh ARMAGANIAN-LE VU, Matre de confrences, ENS Lettres et Sciences humainesSylvie MARTIN, Professeur des Universits, ENS Lettres et Sciences humaines

    Secrtaires doral

    Gayaneh ARMAGANIAN-LE VU, Matre de confrences lENS Lettres et Sciences HumainesEmmanuelle BONERANDI, Matre de confrences lENS Lettres et Sciences HumainesMichel JOURDE, Matre de confrences lENS Lettres et Sciences HumainesMarie VOGEL, Matre de confrences lENS Lettres et Sciences Humaines

    Liste des personnels du service concours

    de lENS Lettres et Sciences Humaines

    Alain STRACHECKY, Responsable du service concoursMadeleine GUERRERO, Secrtaire du concoursRose-Line NEHRING, Secrtaire du concoursDalila TIDADINI, Secrtaire du concours

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    SESSION 2004

    Concours dentre Rapport 2004 15

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    16

    PROGRAMME DU CONCOURS DENTRE

    Concours dentre Rapport 2004

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    SESSION 2004

    Concours dentre Rapport 2004 17

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    PROGRAMME DU CONCOURS DENTRE

    Concours dentre Rapport 2004

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    SESSION 2004

    Concours dentre Rapport 2004 19

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    20

    PROGRAMME DU CONCOURS DENTRE

    Concours dentre Rapport 2004

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    SESSION 2004

    Concours dentre Rapport 2004 21

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    22

    PROGRAMME DU CONCOURS DENTRE

    Concours dentre Rapport 2004

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    SESSION 2004

    Concours dentre Rapport 2004 23

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    24

    PROGRAMME DU CONCOURS DENTRE

    Concours dentre Rapport 2004

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    STATISTIQUES GNRALES

    Concours dentre Rapport 2004 25

    Inscrits,admissiblesetadmisde19992004

    parsrieetoptions

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    Filles Garons Total

    Inscrits 629 122 751

    Prsents lcrit 609 114 723

    Admissibles 54 17 71

    Option Lettres modernes 40 11 51

    Option Lettres classiques 9 5 14

    Option Arts 5 1 6

    quivalences Deug 162 42 204

    Prsents loral 54 17 71

    Admis 29 7 36

    Liste complmentaire 3 1 4

    SRIE LETTRES ET ARTS

    Concours dentre Rapport 2004 27

    Statistiques et rsultats

    Srie Lettres et Arts

    Statistiques gnrales

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    STATISTIQUES GNRALES

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    Concours dentre Rapport 2004

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    SRIE LETTRES ET ARTS

    Concours dentre Rapport 2004 31

    Statistiques des moyennes gnrales dadmissibilit

    Total inscrits : 751 Total prsents : 723Moyenne mini. : 00.06 Moyenne maxi. : 16.00 Moyenne : 06.72 cart type : 02.49

    Statistiques des moyennes gnrales dadmission

    Total admissibles : 71 Total prsents loral : 71Moyenne mini. : 07.64 Moyenne maxi. : 16.45 Moyenne : 10.99 cart type : 01.69

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    SRIE LETTRES ET ARTS

    Concours dentre Rapport 2004 33

    Candidats admis sur liste principale

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    Concours dentre Rapport 2004

    Candidats admis sur liste complmentaire

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    SRIE LANGUES VIVANTES

    Concours dentre Rapport 2004 35

    Filles Garons Total

    Inscrits 524 62 586

    Prsents lcrit 497 61 558

    Admissibles 64 7 71

    quivalences Deug 229 26 255

    Prsents loral 62 7 69

    Admis 32 3 35

    Liste complmentaire 4 1 5

    Srie Langues vivantes

    Statistiques gnrales

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    Concours dentre Rapport 2004

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    STATISTIQUES GNRALES

    Concours dentre Rapport 2004 37

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    Concours dentre Rapport 2004

    Rsultatspar

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    SRIE LANGUES VIVANTES

    Concours dentre Rapport 2004 39

    Statistiques des moyennes gnrales dadmissibilit

    Total inscrits : 586 Total prsents : 558Moyenne mini. : 00.13 Moyenne maxi. : 15.50 Moyenne : 07.71 cart type : 02.71

    Statistiques des moyennes gnrales dadmission

    Total admissibles : 71 Total prsents loral : 69Moyenne mini. : 07.68 Moyenne maxi. : 15.57 Moyenne : 10.74 cart type : 01.48

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    Rsultatspa

    rpreuvescrites

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    Concours dentre Rapport 2004

    Candidats admis sur liste principale

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    SRIE LANGUES VIVANTES

    Concours dentre Rapport 2004 43

    Candidats admis sur liste complmentaire

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    SCIENCES HUMAINES

    Concours dentre Rapport 2004 45

    Srie Sciences humaines

    Filles Garons Total

    Inscrits 625 332 957

    Prsents lcrit 600 327 927

    Admissibles 34 42 76

    Option Histoire/ Gographie 26 32 58

    Option Philosophie 8 10 18

    quivalences Deug 174 124 298

    Prsents loral 34 42 76

    Admis 18 20 38

    Liste complmentaire 1 3 4

    Statistiques gnrales

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    STATISTIQUES GNRALES

    Concours dentre Rapport 2004 47

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    Concours dentre Rapport 2004

    Rsultatspar

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    SRIE SCIENCES HUMAINES

    Concours dentre Rapport 2004 49

    Statistiques des moyennes gnrales dadmissibilit

    Total inscrits : 957 Total prsents : 927Moyenne mini. : 00.13 Moyenne maxi. : 14.06 Moyenne : 06.77 cart type : 02.53

    Statistiques des moyennes gnrales dadmission

    Total admissibles : 76 Total prsents loral : 76Moyenne mini. : 07.79 Moyenne maxi. : 13.82 Moyenne : 10.53 cart type : 01.24

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    Concours dentre Rapport 2004

    Rsultatsparp

    reuvescritesetorales

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    SRIE SCIENCES HUMAINES

    Concours dentre Rapport 2004 51

    Candidats admis sur liste principale

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    RSULTATS PAR SRIE

    Concours dentre Rapport 2004

    Candidats admis sur liste complmentaire

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    SRIE SCIENCES CONOMIQUES ET SOCIALES

    Concours dentre Rapport 2004 53

    Filles Garons Total

    Inscrits 221 128 349

    Prsents lcrit 221 123 334

    Admissibles 22 21 43

    quivalences Deug 51 38 89

    Prsents loral 7 8 15

    Admis 3 2 5

    Liste complmentaire 1 2 3

    Srie Sciences conomiques et sociales

    Statistiques gnrales

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    RSULTATS PAR SRIE

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    SRIE SCIENCES CONOMIQUES ET SOCIALES

    Concours dentre Rapport 2004 55

    Statistiques des moyennes gnrales dadmissibilit

    Total inscrits : 349 Total prsents : 334Moyenne mini. : 00.88 Moyenne maxi. : 14.56 Moyenne : 06.77 cart type : 02.37

    Statistiques des moyennes gnrales dadmission

    Total admissibles : 43 Total prsents loral : 15Moyenne mini. : 06.21 Moyenne maxi. : 11.79 Moyenne : 09.38 cart type : 01.44

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    RSULTATS PAR SRIE

    Concours dentre Rapport 2004

    Rsultatsparpr

    euvescritesetorales

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    SRIE SCIENCES CONOMIQUES ET SOCIALES

    Concours dentre Rapport 2004 57

    Candidats admis sur liste principale

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    RSULTATS PAR SRIE

    Concours dentre Rapport 2004

    Candidats admis sur liste complmentaire

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    Sries Lettres et Arts, Langues vivantes

    et Sciences humaines

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    COMPOSITION FRANAISE

    Concours dentre Rapport 2004 61

    Composition franaise

    preuve commune

    crit

    Sujet : Dans son introduction La Nuit et le Moment(Crbillon, uvres compltes, t. II, ClassiquesGarnier, 2000, p. 527), Jean Oudart crit : [Crbillon] use ici de toute son imagination pour laisser, si lon peut dire, son oeuvre hermtique-ment ouverte. En jouant de la drision et de la lucidit, il oblige le lecteur exercer sa libert de cri-tique.

    Dans quelle mesure cette analyse claire-t-elle votre lecture des deux oeuvres de Crbillon,La Nuitet le MomentetLe Hasard du coin du feu?

    On ne donnera videmment pas, dans ce rapport, de corrig en forme du sujet propos la session2004 du concours: on se contentera de quelques remarques en cherchant prioritairement tre utileaux futurs candidats, notamment en leur dsignant, dans le cadre trs libre dune rflexion sur la phi-losophie de lpreuve et sur laspect que celle-ci a revtu cette anne, quelques erreurs ne pas com-mettre et en leur rappelant quelques consignes de bon sens, quelles que puissent tre les uvres pro-poses leur rflexion et les formules choisies pour les inviter rdiger leur composition franaise.

    Quelques mots sur lattitude adopter face au sujet

    On ne peut pas faire lconomie de son analyse prcise, assurment, mais cela ne signifie pas quilfaille latomiser en une paraphrase grammaticale absurde. Le reprage des lments quil propose la rflexion nimplique pas des dveloppements de plusieurs pages sur la thorie du paradoxe :une introduction nest pas le lieu le mieux adapt la rcitation dun cours de mthodologie, maislendroit o lon dtermine avec prcision, partir dune lucidation prudente de sa signification lit-trale, les enjeux du sujet traiter, les questions qui surgissent la lecture du jugement critique pro-pos, et les tapes du dveloppementquon va conduire dans une direction claire quil convient din-diquer. Cela doit passer videmment par une reformulation du propos, non pas pour retrouver toutprix les termes dun autre sujet trait en classe par le professeur dans son cours ou dans un corrig dedevoir, non plus pour slectionner dans la citation le sacro-saint trio de thmes susceptibles de struc-

    turer le dveloppement au dtriment dune rflexion originale1, mais pour crer les conditions dunelecture personnelle, cohrente et dynamique des uvres du programme, en dbat permanent aveclnonc propos, considr videmment comme un tout form dune citation et dun libell dac-compagnement.

    Cela implique aussi et sans doute en premier lieu une juste apprciation de lorigine dece propos : qui la tenu? quand a-t-il t mis? o a-t-il t inscrit? que peut-on en tirer pour dter-miner son sens? Dans le cas prcis du sujet de 2004 sur Crbillon, constater que lun des membresde lquipe universitaire qui sest consacre ldition des uvres de Crbillon est la recherchedune formule frappante pour synthtiser sa prsentation de lun des ouvrages dont il a eu la charge

    1. Dans le cas du sujet de 2004, les plans en triptyque sur les uvres hermtiquement ouvertes (I), la drision et la luci-dit (II), la libert de critique du lecteur (III) se sont multiplis (avec quelques variantes dans lordre choisi), ainsi que de nom-breux dveloppements sur le caractre duvres exprimentales des textes de Crbillon.

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    SRIES LETTRES ET ARTS, LANGUES VIVANTES ET SCIENCES HUMAINES

    Concours dentre Rapport 2004

    ditoriale, amne mettre en partie en question le jugement propos comme sujet: cela ne condui-rait-il pas, justement, noncer artificiellement un paradoxe peut-tre un peu trop fort? Lauteur dela citation semblait lui-mme en avoir conscience, si lon voulait bien prter attention sa faon demodaliser son propos Et ce faisant, il ouvrait lui-mme la porte, sinon une contestation, dumoins une approche prudemment hermneutique, de son jugement.

    Force est bien de constater que trop peu de candidats ont t capables dadopter cette attitude cri-tique pourtant trs ncessaire. En revanche, la plupart se sont prcipits sans distance et sansrflexion dans une traduction des termes du sujet qui, par son inexactitude, ouvrait la porte auxdveloppements les plus fantaisistes.

    Quelques erreurs et approximations

    Et pour commencer les oxymores au sens trs large du sujet, ou du moins les rencontres demots antithtiques. tait-il bien judicieux de tirer de lexpression hermtiquement ouverte un

    double dveloppement, gnralement dailleurs inscrit dans deux plans trs difficilement conci-liables, sur lunivers socialement restreint des libertins (dans certaines bonnes copies) ou sur le cadreintimiste des deux uvres (dans la plupart des autres) dune part, et sur louverture ( linterprtationdu lecteur, son voyeurisme) de lautre ? Ltait-il plus de glisser de la notion dhermtisme (dj lar-gement suspecte, en quelque sens quon la comprenne, car Crbillon nest pas un auteur sotrique) celle dambigut, surtout en rduisant cette prtendue ambigut une question de langage? Surce point, le mauvais usage dun travail critique dont lintrt intrinsque nest pas en cause afait des ravages dans les copies, conduisant les candidats rciter des analyses lexicales ou stylis-tiques supposes prouver que les deux ouvrages au programme, pourtant crits nen dplaise Diderot constamment appel la rescousse dans une langue transparente et rigoureuse, taient

    forcment hermtiques puisquon ny comprenait rien2

    ! Naurait-il pas mieux valu apprcier lucide-ment la manire quelque peu artificieusement spirituelle quavait choisie lauteur du propos pourintensifier lide douverture quil associait sa lecture deLa Nuit et le Moment? Et mesurer la ten-sion quil veut instaurer entre une langue parfaitement matrise, on la dit, et dautres niveaux designification? Lerreur, en somme, provient de la prcipitation: lon saute sur la premire formulerencontre pour lui faire un sort sans prendre garde quelle nacquiert tout son sens qu la lumirede la suite de la citation.

    Autre couple dapparence contradictoire manipuler avec beaucoup de prcautions, celui queforment la contrainte et la libert. Bien des candidats, trop presss, nont pas pris garde quil ne fai-sait sens quen considration du complment dterminatif, lui-mme couramment mal interprt3,qui venait prciser le second terme. Sen aviser conduisait minimiser le caractre paradoxal de lop-

    position: le lecteur est contraint dtre libre ne serait-il pas une manire plus prudente de dire lelecteur se trouve face un texte qui (selon des modalits quil convenait dessayer de cerner) luiimpose un jugement de nature thique ?

    Une fois cela pos, il est bien vident que larticulation entre les deux parties du propos devientplus facile analyser: aux yeux du prfacier deLa Nuit et le Moment, cet ouvrage avait t conu parson auteur comme mettant invitablement le lecteur en position de juge. On en extrapolerait volon-

    2. On signalera ici que les dveloppements sur la gaze et lart de la suggestion auraient t plus convaincants si lon avaitreconnu que lon avait dabord affaire un code, fort bien compris des partenaires en prsence, code quimposent les bonnesmanires, voire llgance (mais non la censure: Crbillon na jamais frl la pornographie) ; que lambigut, limplicite, le sous-entendu, le double sens, aient leur place, et non des moindres, et que par l passe le paradoxe de lhermtisme ouvert, nimpliquepas que les personnages passent leur temps ne se comprendre qu demi.3. Peut-on passer de lide de critique au sens thique (les textes de Crbillon imposent leur lecteur une valuation et une prise

    de parti de nature morale) lide plutt anachronique de critique littraire ? Cela sous prtexte que le narrateur phnomneextrmement rpandu lpoque interpelle ironiquement son lecteur, ou en vertu dextrapolations peu convaincantes dordrephilosophique sur la libert critique (par omission de la prposition).

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    COMPOSITION FRANAISE

    Concours dentre Rapport 2004 63

    tiers, pour aborder au passage un des thmes de dveloppement les plus malmens par les candidats,lide que Crbillon singniait faire de son lecteur un moraliste.

    Dinutiles raffinements

    Une vision claire et nette du sens gnral du sujet est bien sr de toute ncessit pour parvenir unecomposition franaise dmonstrative et efficace. Encore convient-il de ne pas la gcher par des argu-ties ou des complications qui la mettraient trop mal. Le propos offrait, dans sa lettre, aux amateursde dissection microscopique, quelques tentations particulirement sduisantes.

    Le mot imagination constituait la premire de ces invitations au faux pas. Que mettre sous ceterme? Fallait-il absolument multiplier, coups de rfrences htroclites, les dfinitions possiblesdu mot? Ne valait-il pas mieux, affrontant crnement le risque de la traduction rductrice, com-prendre que, selon lauteur du propos, Crbillonsingniait (ou dployait toutes les ressources deson art pour) laisser son uvre largement ouverte? Cela risquait de paratre un peu simple certains

    mais simplicit est en loccurrence vertu ; et de fait il tait difficile de montrer que dans ces deuxdialogues, Crbillon faisait montre dune imagination dbordante : stratge habile tant quon voudra,narrateur retors et manipulateur sans contredit, styliste soigneux, ce nest dj pas si mal. De mmelemploi du verbejouerntait pas une invite mettre en uvre la thorie du plaisir du texte ,encore moins y voir inscrit le principe de lactivit libertine (fort srieuse au demeurant).

    Ultime cueil: le couple form par drision et lucidit imposait aux candidats une rflexion quidevait parachever ce qui vient dtre expos. Si les copies tmoignent assez souvent dun effort pourmarquer entre les deux mots une articulation logique, trs rarement la signification prcise destermes a t prise en compte. On sest fort peu souvent avis que le premier relevait du paradigme delironie, se contentant de le convoquer dans son acception la plus banale. Il y avait l, pourtant, une

    ouverture pour traiter le sujet, au surplus exploitable partir de certaines des rfrences critiques lesplus judicieuses sur luvre de Crbillon: et de fait la question de lcriture ironique constituait les-sentiel de larticulation entre les deux parties du propos. Il ntait mme pas interdit den arriver tablir que le narrateur, par lusage de la drision rhtorique, semployait rendre ses marionnettesdrisoires, au sens du langage courant, artifice sans prtention de bien meilleur aloi que la plupart desfausses finesses laborieusement extraites des f ichiers sur Roland Barthes, Grard Genette, UmbertoEco ouLre du soupon.

    On vient, en passant, de prononcer quelques formules magiques. Si le jury a pu constater avec satis-faction que les candidats de 2004, trs souvent, connaissaient sur le bout des doigts les textes du pro-gramme le premier sans doute mieux que le second, ce qui les a conduits souvent ngliger dutili-

    ser les diffrences entre les deux au profit du raisonnement , il a d aussi dplorer le manque criantde la culture critique ncessaire lapprciation de ces uvres plutt difficiles: il ne sagissait pasdexiger deux la lecture de limportante bibliographie concernant Crbillon, mais de leur souhaiterseulement de se montrer capables de mobiliser ceux des travaux rcents qui pouvaient apporter desclairages aux diffrentes problmatiques souleves par le sujet. Or, dans les meilleurs des cas, lescopies tmoignent de la connaissance souvent de seconde main de trs peu de rfrences utiles.On se demande mme parfois si les candidats ont lu attentivement la prsentation de ldition au pro-gramme, contre laquelle ils polmiquent, vide mais vigoureusement non sans dfigurer le nom deluniversitaire responsable, mtamorphos dans de nombreuses copies en Jean dAgen, et sils ontune vague notion des contextes de certaines citations critiques qui se retrouvent un peu partout dansles copies.

    Ce dficit dinformation sur les uvres se double gnralement dapproximations dangereusessur le contexte littraire, culturel et historique (ce qui est ncessairement sanctionn au mme titre

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    SRIES LETTRES ET ARTS, LANGUES VIVANTES ET SCIENCES HUMAINES

    Concours dentre Rapport 2004

    que la mconnaissance ou la msinterprtation des uvres). On esquisse parfois des rapprochementsavec Laclos ou Sade que Crbillon, chronologiquement, peut difficilement rappeler sans quelon se demande si lvocation dactes sexuels ne serait pas le seul point commun entre ces diffrentsauteurs (du moins dans certains dveloppements peu explicites).

    On se lance dans de doctes exposs historiques qui situent Crbillon sous la Rgence (lui quicommence crire en 1730) ou mme lpoque du mariage de Mme de Maintenon et Louis XIV, cequi serait anecdotique voire ngligeable si cela ne constituait le fondement dun certain nombredanalyses; on tire dinvraisemblables consquences (sur la censure ou la philosophie anglaise) deladresse bibliographique de Londres , fausse adresse traditionnellement utilise par la librairiedAncien Rgime pour tout crit libertin, tolr ou non. On prsente la socit franaise duXVIIIe sicle comme adonne tout entire au libertinage, moins que Crbillon ne dsigne la cri-tique un cercle dinitis auquel il appartiendrait : ne faudrait-il pas se demander si pareils libertins ontjamais exist ? si lintrt des deux dialogues est bien de lordre de la peinture sociale, et par l-mme

    morale? Il tait ncessaire, dans le mme ordre dides, dintroduire quelque distance critique, ou dumoins de ne pas reproduire comme vrits premires ce que les personnages de Crbillon semblentaffirmer: ainsi lindignation est dplace devant les viols et autres aventures de carrosse ,quand on sait que lvanouissement et la prtendue abdication de toute volont sont les ressourceshabituelles des libertines pour ne paratre cder qu la force; il sagit de sauvegarder leur hon-neur , ou du moins les apparences, en des situations quelles ont largement contribu crer. Que laparticipation des femmes ces jeux o elles sont toujours perdantes au regard de la socit soit pro-blmatique, on le reconnatra volontiers ; mais ni Cidalise, ni Clie, ni Julie (dont le got pour lascience parat moins grand que lart de la provocation, sauf la croire dune rare stupidit) ne peu-vent vraiment apparatre comme des victimes. Mais quoi quil en soit, rflchir sur une telle questionne constitue en aucun cas le fin mot dune composition franaise , exercice fondamentalement lit-

    traire.Il tait primordial de savoir user dune terminologie prcise et dun certain nombre doutils

    danalyse, qui sont de toute manire utiliss ds le lyce. Il fallait videmment distinguer sans faillirles diffrentes instances narratives dans les textes au programme, ne pas confondre le dialogue et ledialogisme, ne pas employer ce dernier terme sans prciser si lon se rfrait lusage quen fait cer-tain critique formaliste russe ou bien la dfinition quen connaissait la rhtorique classique, joueravec la notion de didascalie tout en en prcisant lemploi particulier quen faisait Crbillon, distin-guer le style coup du style priodique. La liste nest pas limitative: il ne sagit pas dinviter lusagedu jargon, mais seulement lemploi judicieux des lexiques spcialiss devenus indispensables. Il nesagit pas, non plus, videmment, dinviter les candidats mtamorphoser la composition franaisesur un auteur du programme, en une dissertation littraire gnrale o les uvres considrerseraient rduites la portion congrue et cantonnes lillustration marginale dun dveloppementcritique prenant les choses de trop haut: ainsi on a pu crditer Crbillon du mrite douteux davoirt un prcurseur de la modernit , prise comme un label de qualit tous les termes de cette pro-position pouvant bien tre faux.

    Cela pourra paratre bien svre et bien ngatif mais nest jamais que le rappel trs partiel deconsignes ou de mises en garde connues faut-il ce propos toujours rappeler des vidences? Si lerapport ne mentionne pas la qualit de lorthographe et de la syntaxe, les candidats 2005 se croiront-ils autoriss crire nimporte comment? On vitera ce risque en signalant que, comme pour lesannes antrieures et pour les annes venir, la correction formelle fait partie des critres de correc-tion.

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    Quil ne faut cependant jamais dsesprer

    Il nen reste pas moins quil existe de bon candidats et de bons littraires, quelle que soit dailleurs

    et heureusement la srie dans laquelle ils concourent. Les bonnes copies, bien informes etbien crites, agrables lire4, nont pas manqu cette anne. Le jury qui entendait, comme il se doit,faire ressortir les meilleures, a pu trouver, au milieu dune masse assurment trop abondante de com-positions informes, construites coup de rcitations et de citations mal colles entre elles, des essaisbrillamment conduits, avec une force de conviction appuye sur une vraie rigueur de raisonnement,avec une connaissance des textes prouve par dhabiles allusions encore plus que par de scolairesrecopiages, avec un juste dosage de la narratologie bien entendue et de la stylistique prcise au ser-vice dun commentaire vraiment littraire. Une lecture personnelle des textes, quun cours solide etdes lectures critiques ont permis dapprofondir et de dvelopper, et une solide culture littraire, sonttoujours la meilleure voie daccs lcole normale suprieure de Lettres et sciences humaines.

    Oral

    Lexplication de texte orale donne aux candidats la possibilit de construire, de partager et de sou-mettre discussion leur analyse dun texte extrait dun corpus avec lequel ils se sont familiariss uneanne durant. Cette double exigence qui demande effort dlucidation et aptitude lchange a t,cette anne encore, pleinement satisfaite par plusieurs candidats qui ont su tirer parti dune excellenteprparation cette preuve : le plaisir du jury a t grand dentendre des exposs parfois exception-nels, vritables explications des textes proposs dont la prcision analytique tait rendue dans la plusparfaite clart, et qui ont donn lieu des reprises permettant dapprofondir les perspectives propo-ses. Alliant une grande finesse de lecture une relle disponibilit intellectuelle pour poursuivrelenqute, de telles prestations ont permis non seulement de dcouvrir la richesse de la relation entre-tenue par certains candidats avec les textes au programme, mais aussi dexprimenter combien larigueur mthodologique de lexplication de texte dpasse le simple statut de cadre formel pour mani-fester pleinement sa vertu tant heuristique que dmonstrative.

    Malheureusement, bien dautres exposs ont t proposs sans quils aient t fonds sur unevritable ambition hermneutique; le dtail a alors prvalu sur lapproche globale des textes, et cela dedeux manires. La plus frquente a consist en un vitement pur et simple de toute interprtation syn-thtique du texte. Cette tendance sest principalement vrifie dans les explications portant sur lespomes de Michaux; devant les constructions narratives les plus chaotiques et les situations les plusimprobables, certains candidats loin dtre dconcerts par la possibilit de se casser une jambe

    dans un urinoir ou de finir, en bon prdicateur, par mijoter dans une casserole , se contentent dereconstruire le sens littral du texte sans chercher un instant voir dans la mise en scne potique unestructure mtaphorique dont la porte pourrait tre symbolique. Si un tel examen de la construction dusens littral est une tape fondamentale qui ne doit jamais tre nglige, sy borner finit parfois, bienau-del de leffet paraphrastique, par extnuer totalement le potentiel smantique dune image po-tique. Enferme dans la littrarit, limage perd de sa profondeur et devient pur reflet dune situationraliste dont les candidats renforcent parfois la cohrence en invoquant lexprience quotidienne,comme celle de la dcapitation exercice si ais les en croire propos du Bourreau . Ladeuxime manire dchapper la question du sens du texte tait au contraire de multiplier les inter-prtations prtention synthtique tout en refusant de choisir. Convoques pour la plupart partirdun seul reprage , ces pistes ont fini, dans les exposs de nombreux candidats, par se concurren-

    4. On signalera ici, discrtement mais fermement, quutiliser toutes les lignes de feuilles petits carreaux, en crivant le plus petitpossible, cest infliger au correcteur une preuve supplmentaire.

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    cer parfois dans la plus grande incohrence. Sil nest pas question de remettre en cause louverturedun texte et sa possible paisseur smantique, il est prjudiciable de se laisser porter par une frnsieinterprtative dont le rsultat est de laisser crotre une arborescence spontane de lectures qui ne fon-dent pas une cohrence gnrale en articulant plusieurs lments du texte, ni ne sont soumises un testde compatibilit ou une organisation hirarchique. Les explications sur Michaux ont ainsi parfoisdonn lieu des prolifrations anarchiques de propos abstraits, chaque segment du texte finissant parporter en germe une petite thodice ou un trait de mtaphysique: de telles lectures, qui vont imm-diatement au-del des apparences, sont bien sr tout aussi dsastreuses que celles qui finissent par nejamais sen dgager. Lcriture distancie impose une prise de distance en lecture.

    Cette tendance multiplier les perspectives densemble sur un texte tmoigne dun autre traversmthodologique dont le jury ne peut que dplorer la prsence trop frquente: le morcellement delanalyse en une succession de remarques isoles. Une telle approche, mme prcise et fonde sur unsolide bagage littraire, ne permet jamais de rendre sensible la structure gnrale dun texte. On peut

    bien alors dcouvrir dans un texte les allusions les plus fines tel monument de la posie classique ou tel rfrent thologique ou ecclsiologique, la dmarche est vaine si cette unit de sens ne peut sin-tgrer dans la perception claire dune cohrence densemble. Lanalyse ne doit donc pas confiner unevirtuosit mcanique exerce de manire fragmente, mais doit sinscrire dans un va-et-vient entre laperception du global et celle du dtail, qui doivent se fonder mutuellement. Il est dautant plus regret-table de constater lchec de nombreux candidats unifier leur lecture quune simple attention auxdonnes les plus formelles du texte aurait pu clarifier lorganisation interne du passage tudi: tempset modes verbaux, marques de lnonciation, type de discours En ne se livrant pas aux examensgrammaticaux et stylistiques les plus simples, les candidats ne peuvent pas matriser le foisonnementde leurs remarques isoles, faute de les inscrire dans une perspective plus synthtique. Labsencedune approche simple et formelle des textes, vite parfois au profit dune multiplication inutile des

    rfrences critiques, conduit le jury signaler galement le manque doutils ncessaires lanalyse : lefonctionnement du discours indirect libre demeure flou pour certains ce qui les prive bien sr duninstrument fondamental pour expliquer les extraits de lducation sentimentale, les ides les plusinexactes ont t proposes autour du discours narrativis qui devient chez certains narratif-sty-lis ; dans le mme ordre dide, la faiblesse des acquis en rhtorique a t trs prjudiciable, surtoutpour lanalyse des textes de Crbillon et de Corneille : connatre les divers types de discours rhto-riques et leur mode de fonctionnement tait un prrequis absolument ncessaire qui, encore une fois,aurait permis de dgager la structure parfois problmatique, de bien des textes. Le jury a galementdplor labsence de matrise de nombreux autres instruments ncessaires lanalyse: si les candidatsont abus parfois jusqu labsurdit des allitrations et des assonances, les figures de sens ne sontbien souvent quinsuffisamment exploites ; de mme, les explications deLa Place royale ont souventpti dune incapacit scander les vers, voire en assurer une diction correcte.

    Le jury souhaiterait enfin attirer lattention des candidats sur le processus logique et dynamiquequi fonde la mthode mme de lexplication de texte. Effet secondaire de la disparition de cet exercicedans les lyces au profit de la lecture mthodique , ou dun simple dsintrt des tudiants pour cequi ne semblerait tre leurs yeux quun carcan formel parfaitement arbitraire et vide de sens ? Tropnombreuses sont les prestations qui ngligent le droulement traditionnel de cet exercice pour enannuler certaines phases (absence de lecture, de mouvement du texte, voire de problmatique), oupour en subvertir lordre: ainsi, par exemple, on problmatise un texte quand on nen propose pasun dcoupage en mouvements avant mme de lavoir lu. La mthode finit souvent par tre soitignore, soit applique mcaniquement, sans la moindre conscience de ses enjeux: le rsultat, dans les

    deux cas, est loin dtre convaincant. Lintroduction est certainement la squence de lexplication detexte qui a donn lieu au plus grand nombre de problmes. Sans en dresser une liste exhaustive, signa-

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    lons les plus saillants : longueur excessive de lintroduction (jusqu 50 % du temps de lexercice) ;entre en matire inefficace ou mme inexistante (du type jai eu un extrait de La Nuit et le

    Moment) ; incapacit situer le passage dans son contexte exact le jury tient signaler que la pho-tocopie fournie pour travailler plus aisment durant la prparation ne dispense pas douvrir luvredans son intgralit, notamment lorsque lextrait propos chez Crbillon nest que le retour, au termedune digression, un argument introduit une page plus haut ; lecture trop thtrale et dclamatoire deCrbillon, trop dprime ou hiratique de Michaux, ou le plus souvent trop monocorde ; mouvementdu texte sans bornes textuelles prcises, ou dcoulant de lapplication mcanique dun principe gn-ral, comme lquivalence chez Flaubert de toute unit de sens un paragraphe distinct. Le plus frap-pant a t de constater combien peu nombreux taient les candidats qui proposaient une vritable pro-blmatique pour aborder leur texte : en lieu et place dune problmatique, le jury sest vu proposer des projets de lecture ou mme des axes de lecture : lintroduction tait alors loccasion de fournirune rponse singulire qui inaugurait lexamen, le fermant le plus souvent une piste si gnrale

    quelle pouvait tre propose pour tout extrait de luvre (lcriture de lHistoire, la f igure du hros,la figure baroque, etc) ; il arrivait mme souvent que les projets ou axes de lecture soient accumuls jusqu cinq diffrents, au risque de ne pas traiter rellement un seul dentre eux dans le dveloppe-ment de lexplication. La richesse dune explication dcoule en priorit de sa capacit lucider aumieux un texte, et non de labondance daxes quelle propose le plus souvent titre purement gra-tuit et publicitaire.

    Passons sur le cadre gnral de la prise de parole: absence de communication relle (candidattotalement ferm sur ses notes), relchement de lexpression frisant parfois la dsinvolture ( auniveau de la composition du texte , a signifie , sans parler des trucs ), absence de recul sur lesattitudes adoptes (sous prtexte davoir de quoi se rafrachir, on se permet de commenter lensembledu texte le verre la main sans jamais le lcher ce qui, au-del de lambiance bistrot , est fort

    dangereux quand il est plein deau). Quant la conduite de lintroduction elle-mme, il ne suffit pasdentasser en tout sens ses principaux constituants pour introduire efficacement son propos. Le jurysouhaiterait simplement attirer lattention des candidats sur la ncessit dexplorer et de comprendreintimement la logique propre au droulement dune explication de texte. Cette dernire, malgr soncaractre codifi et acadmique qui en ferait une des rares exceptions culturelles franaises donton pourrait souhaiter la disparition, a non seulement, comme tout cadre contraignant, une valeur heu-ristique qui dynamise lenqute, mais galement une vertu rhtorique puissante quil ne faut en aucuncas annuler en y tant insensible.

    Tout comme dautres exercices la composition franaise par exemple , lexplication de texte estun acte de communication persuasive dont dpend le partage dune lecture personnelle. Permettantde sortir de la simple saisie intuitive dun texte pour rentrer dans une dmarche interpersonnelle, lex-plication de texte constitue un vritable test de la cohrence de cette appropriation du sens. Toute sonorganisation est ds lors tendue vers cet objectif: faire partager et reconnatre un parcours herm-neutique. Pour ne revenir que sur le droulement de lintroduction, toutes les squences sont liesdans une progression dordre tant logique que rhtorique. Les prolgomnes commencent par propo-ser une entre en matire qui motive et rend ncessaire lexamen du texte, avant de situer efficace-ment lextrait, sans rsum circonstanci de luvre ni mme fiche ncrologique de son auteur. Laconcision et la pertinence des lments retenus en fonction du passage singulier dont on proposelexplication permettent de prparer au mieux la saisie complte qui est lenjeu de la lecture. Cetteexposition objective du texte tudi est bien sr nourrie par la comprhension de ce dernier, et

    exprime donc par ses propres moyens un certain nombre deffets smantiques qui feront lobjet dunedmonstration dans le dveloppement.

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    Une fois expos in extenso, le mouvement du texte permet de donner lauditeur un aperu cette foissynthtique du texte qui vient dtre lu, aide la perception densemble qui fournit des prises sur lastructure globale du texte. Introduit, caractris, prsent objectivement (lecture) et synthtiquement(mouvement), le texte devient alors lobjet dune investigation quouvre la construction dune pro-blmatique. vitant de disperser lattention du destinataire de lexpos sur plusieurs problmes nonarticuls ni hirarchiss, mais concentrant lattention sur une question et une seule enjeu reconnucomme principal au terme de lanalyse prparatoire la problmatique sera le facteur de cohrencede lexplication dans son ensemble, puisquelle trouvera une rponse claire et prcise en conclusion,au terme dun parcours explicatif dans le dveloppement. Bien sr, une problmatique est par dfi-nition un vritable problme, interrogation ne du reprage dune tension, dun paradoxe qui fait toutlintrt dun texte: elle nest ni description de ce qui se passe dans le texte, ni simple projet de lec-ture dont la nature serait assertive. Elle a pour but douvrir un espace de recherche, de lancer le mou-vement hermneutique, au lieu de limmobiliser autour dun rsultat ou dune piste trop gnrale

    ou artificielle que lon aura prsuppos. Une problmatique russie et convaincante sera donc engnral lobjet dune rapide construction, qui attestera de sa pertinence. Sans continuer dtailler lesenjeux bien connus de chacune de ces squences, il faut se contenter de souligner la logique profondedun parcours qui va du plus gnral (lamorce) au plus singulier (la problmatique) et qui vise parson dploiement progressif assurer une parfaite perception de lobjet de ltude et de ses principauxenjeux, tout en perfectionnant les conditions ncessaires au dploiement russi des mcanismes quiprsident la gense du sens. Mais quon ne sy trompe pas : un cadre mthodologique ne doit enaucun cas devenir une fin en soi. Rentrer dans sa logique permettra aux candidats, bien loin de sali-ner une vaine codification du discours, de ne plus noyer le texte sous des lments danalyse connuset parfois galvauds, mais datteindre avec prcision les phnomnes dcriture les plus singuliers etles plus subtils qui fondent la richesse et loriginalit de lextrait tudi, en associant efficacement le

    jury cette dcouverte. Cet exercice, loin de brider lesprit en ne lattachant qu une vaine mca-nique, doit linviter par un surcrot de clart et de prcision sapproprier le texte; il est la conditionde son propre effacement, au profit de lintelligence et du plaisir de la lecture.

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    CULTURE GNRALE LITTRAIRE ET ARTISTIQUE

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    Culture gnrale littraire et artistique

    Toutes sries

    Pour la premire fois cette anne, les candidats avaient le choix entre cinq domaines: littrature,musique, tudes cinmatographiques, tudes thtrales et histoire des arts, comportant chacun troissujets de type diffrent, conformment au J. O. n 225 du 28 septembre 2003. La libert de choix descandidats tait entire : il ntait pas ncessaire dtre inscrit en option tudes thtrales ou Musique pour prendre un sujet correspondant ces domaines; au contraire, ctait mme locca-sion pour ceux qui ont acquis par eux-mmes, ou du moins en dehors de la prparation au concours,une solide culture musicale, cinmatographique, thtrale et artistique, de montrer des qualitsdanalyse et des connaissances, en dehors du champ de la culture littraire, plus rassurant car plus tra-

    ditionnel en ce concours. Lpreuve a parfaitement jou ce rle, pour un nombre limit de cas cetteanne. On ne saurait trop encourager les candidats aborder un domaine o ils se sentent quelquecomptence, et qui parfois reprsente pour eux une passion, dont ils sont capables de parler avec sin-crit et profondeur. Cette culture gnrale au vritable sens du terme est aussi ce qui peut don-ner sens au got et la pratique de lhistoire, de la philosophie ou de la littrature; cest parce quelesthtique est au carrefour de plusieurs disciplines, et que la reprsentation artistique sous toutesses formes et sous ses diffrents rgimes claire et largit une dmarche intellectuelle et sensible, quecette preuve a pris sa forme actuelle.

    Cela ne signifie pas pour autant que choisir les domaines nouveaux permettait de bnficierautomatiquement dune prime laudace: il ne suffit pas davoir bien tudi Racine en classe pour

    satisfaire aux exigences des tudes thtrales, ni daimer aller au cinma pour acqurir une vritablecomptence en analyse filmique ou en histoire du cinma. Mais il faut que tous les candidats sachentque leurs efforts en ce domaine seront accueillis avec lattention quils mritent mme si le prsentrapport accorde ncessairement une place importante la culture littraire, dont les sujets ont tmassivement choisis par les candidats, et o lon trouvera aussi un certain nombre de conseils por-te gnrale.

    Il est difficile de supprimer linquitude que peuvent susciter les preuves orales, mais les candidatsdoivent savoir que les membres du jury sont naturellement, et pas seulement par fonction, curieux deles entendre. Et soucieux aussi que les questions qui prolongent lexpos, dont on nexige pas quilpuise la question, soient loccasion dun vritable change o le candidat sexpose, puisse ven-

    tuellement revenir sur ce quil a dit pour le corriger et le nuancer. Bref, il ne sagit pas de proposer unexpos verrouill, achev et sans adresse. Quant aux questions, soulignons quelles nont jamais pourbut de piger le candidat. Et que le jury, conscient de ltat de fatigue et de lgre dralisation dans lequel beaucoup se trouvent lissue de leur expos, qui ne signifie cependant pas la fin delpreuve, est capable dadmettre quelques je ne sais pas , ou daccepter des aveux de flottementquant au sens de la question pose, surtout lorsque celle-ci lentrane aussitt vers dautres formesartistiques, ce que permettait la nouvelle composition du jury. Nous rappelons donc aux candidatsque, malgr la dure trs brve de lentretien (qui dans lidal doit au moins durer cinq minutes surles vingt minutes dvolues lensemble de lpreuve), il a le temps de reprendre son souffle, queboire un verre deau peut tre un instant de pause bnfique, et que ne pas rpondre une questionnest pas forcment une catastrophe Le pire est toujours de senfermer dans un discours, de rp-ter ce que lon a dj dit, sans laisser aucune prise aux questions. Le jury dpit est alors, souvent enpure perte, oblig de multiplier les questions, dans lespoir quau moins une trouvera un cho

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    1) culture littraire gnrale

    Cette preuve exige, cest sa principale difficult, rapidit et mobilit desprit. Et cest ce jeu que

    le candidat doit consentir se prter, ce qui implique quil ne cherche pas, cote que cote, plaquerune fiche toute prte sur nimporte quel sujet. Nous ne nous livrerons pas ici une prsentation spa-re et dtaille des trois types de sujet: on se rapportera pour cela avec profit au rapport de lanne2003. On redira cependant que ce dfaut tactique a donn lieu, pour les sujets de type 1, quelquestranges prestations, dont les candidats eux-mmes ne semblaient pas convaincus. Traiter lchecdans une uvre de votre choix , par exemple, ncessite de sinterroger sur la notion dchec, afin dene pas lui substituer un autre affect, et viter de se lancer dans un expos extravagant (Agrippine etBritannicus en hros de lchec), ou encore, voquer un ami dansAurlien, sans mme citer le nomdun ami, mais en sattardant longuement sur son fameux incipit, est chose curieuse On rappellera,comme lanne prcdente, que le sujet de type 1 est un sujet, et non la libert offerte au candidat deparler de nimporte quelle uvre quil aurait pralablement tudie. Et si un sujet de type 1 propose

    Une uvre qui vous a paru difficile , il est impossible dluder le vous de lexprience person-nelle, en se rfugiant dans une argumentation toute faite.Jacques le fataliste fut aussitt consacr parune candidate uvre difficile car les personnages ne peuvent tre pas jugs . Mais entendre sonexpos, on eut plutt limpression dune uvre qui ne lui posait pas le moindre souci Le jury peutcertes accepter un peu de malice dans la lecture du sujet, mais ne peut pas admettre le refus de le lire(cette candidate avait dclar demble que ce vous ntait pas intressant!), ou un immdiat etspectaculaire dvoiement lexical (un beau personnage devenant, par un tour de passe-passe, un per-sonnage beau!)

    Pour les sujets de type 2, qui sollicitent un savoir technique, le jury sest tonn que certains can-didats manifestent une absence totale, ou une quasi-absence de connaissances, ce qui leur rendait la

    tche trs difficile. Comment aborder la question du mlange des genres si on ignore ce quest ungenre? Comment fonder un expos cohrent sur le personnage du confident au thtre si lon na entte quun unique exemple? Ou encore, comment aborder la mtaphore, ou largot, sans la moindreillustration ? Un membre du jury de langues a justement voqu lexistence de papillons de nuitparmi les candidats, fonant sur des sujets qui manifestement ne leur convenaient pas. On rappelleradonc que, plutt que de se rfugier dans une uvre dj tudie avec rsum de lintrigue, agrment,cest selon, de la suppose psychologie des personnages, ou de choisir un sujet pour lequel on naaucune comptence (ce qui est forcment lourdement sanctionn: on nimprovise pas sur la mta-phore, en mettant bout bout quelques vagues clichs !), mieux vaut saventurer dans le sujet de type3, en prenant le risque dune rflexion moins balise. Enfin rappelons aussi que, exactement commepour une dissertation, tous les mots dun sujet sont importants, il ne faut donc pas le lire la va-vite,

    notamment si lon choisit ce sujet de type 3. Ainsi la phrase de Ponge Il faut faire notre deuil dunecertaine ide de perfection , laisse penser quune autre ide de la perfection est encore possible, etce nest donc pas rendre justice cette citation que de fonder tout son expos sur la perte, df initiveet irrparable, de tout idal de perfection.

    Pour ce qui est du manque de savoir, on a constat cette anne que, pour beaucoup, la littraturene semble apparatre quau XIXe sicle, avec de vastes pans doubli. Encore une fois, il ne sagit ni detmoigner dune culture de spcialistes, ni doffrir des panoramas de la littrature depuis lAntiquitjusqu hier matin, mais tout ignorer de la Querelle des Anciens et des Modernes, jusqu ne passavoir la dater, quand on traite la question de type 3 quest-ce quun moderne ? , est prilleux.Luvre de Diderot ne se rsume pas Jacques le fataliste, et la modernit ne sachve pas avec lesurralisme On aimerait sortir des rfrences habituelles pour entendre parler duvres pas nces-sairement marginales, mais dont la lecture tmoignerait dun largissement des rfrences (silencequasi absolu sur Rabelais ou Montaigne, et lon est bien oblig de faire le mme constat que dans le

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    rapport de lanne dernire: part Molire et Racine, le XVIIe sicle est une terre inconnue). Cela nesignifie videmment pas que le jury se rjouisse dentendre citer, en guise de seuls exemples, ou peu prs, dans un expos dit de culture littraire gnrale,Harry Potter,Le Seigneur des anneaux etla srieLe livre dont vous tes le hros Car si le rapport de lanne dernire conviait les lves lire hors des programmes scolaires, le jury ne sattendait pas une telle interprtation de cette invi-tation Enfin si lon choisit, en sujet 1, de proposer ltude dune uvre trs connue ce qui estun droit absolu ainsi, cette anne, Phdre,Le Misanthrope,La Princesse de Clves ouLes Liai-

    sons dangereuses encore faut-il tre capable dchapper aux banalits, de connatre luvre (unalatoire souvenir de lecture ne suffit dailleurs jamais pour ce sujet), et ne pas faire semblant dentre le premier lecteur.

    Des poncifs, ou sortes de litanies, on en a relev plusieurs cette anne, commencer par une ten-dance quasi-gnrale faire lloge, en troisime partie, du lecteur qui serait plus auteur que lAu-teur. Attention aux appauvrissements de la pense de Barthes notamment. On rappellera humblement

    que, lisant Proust, on ne devient pas Proust pour autant ni, encore moins, un sur-Proust, que le lec-teur ne dcide pas tout seul du sens dun mot, que le contresens existe, que ledit sens ne rside pasuniquement dans les blancs du texte, que la littrature, heureusement, parle du monde et pas seule-ment delle-mme, que leffet de rel, lui seul, ne dfinit pas toute lesthtique raliste Lapo-those du lecteur sallie bizarrement, chez certains candidats, la persistante recherche des inten-tions de lauteur, avec, autre possibilit dintitul de troisime partie, ce que lauteur a voulu dire ,sa vise, au mieux, ses vises. Il rgne ainsi dans les exposs un grand flou thorique. Le nom deBarthes est peu prs le seul merger (mais pas toujours pour le mieux, et avant lui, semble rgnerun immense dsert de la pense critique, part ce pauvre Sainte-Beuve que les candidats traitent parle mpris). Bakhtine, Todorov ont sombr dans loubli ; difficile pourtant dtudier le mlange desgenres ou le fantastique sans les citer, ou de traiter du narrateur sans savoir quexiste la narra-tologie (quoique Genette ait parfois servi dalpha et domga une rflexion quon aimerait moinsdpendante); idempour la notion de style et la stylistique. Quant la psychanalyse, elle est rduite des mots ftiches (du type Rousseau livre son inconscient ) ; de Paul Ricur ne reste quun titre(la mtaphore vive), et les rfrences sont souvent hasardeuses (les candidats font dire dtrangeschoses Aristote, mais aussi Platon et Deleuze). On rappellera aussi certains quil convient detmoigner de plus de rigueur dans lemploi des mots: le rcit nest pas du discours, un jeu de motsnest pas un mot desprit, illimit ne veut pas dire transcendant qui, lui-mme, ne veut pas dire trans-gressif Et lon aimerait que les candidats ne sarrtent pas des lieux communs (lcriture auto-biographique est goste, Rousseau est un orgueilleux, Balzac copie le rel, la fable est une forme desplus simples, avec sa moralit au bout, la posie atteint luniversel), quils sabstiennent de for-

    mules toutes faites, comme cette fameuse incommunicabilit des consciences qui serait la mal-diction du XXe sicle: est-il si sr que chez Racine les consciences communiquaient mieux que chezBeckett? Et autres formules lemporte-pice, telle cette autotlicit de la littrature dont le jurya appris quelle apparaissait avec Proust (quid de lAffaire Dreyfus?) Et peut-tre est-il enfin tempsde renoncer limmanquable couple Eros et Thanatos qui a surgi de faon incongrue dans plu-sieurs exposs Bien sr, le jury ne sarrte pas ces formules, juge lensemble dune prestation,mais de tels clichs de langue et strotypes de pense trahissent parfois des esprits prmaturmentferms une rflexion sur la littrature, comme ce lorsque Balzac dcide dcrire un roman ra-liste .

    Le jury a aussi entendu dexcellents exposs, dont il a apprci la matrise et la force de convic-tion. Contrairement certains prsupposs, des sujets de type 2, jugs plus difficiles car ncessitantune vaste culture et un savoir technique, ont donn lieu de remarquables prestations. La catharsis,le dtail furent tudis selon des enjeux problmatiques demble noncs, ce qui a permis dviter

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    le catalogue et dentamer une vritable rflexion (ainsi, pour le dtail: existe-t-il une dialectique deschelles, le dtail est-il lui mme dtaillable?). Pour les sujets de type 1, lorsque luvre fut choisieen conformit avec le sujet, et de faon en problmatiser lintitul, il y eut l aussi de bons, voire detrs bons exposs. Ainsi une candidate ayant choisi Un objet, ou des objets dans une uvre de votrechoix a propos un expos trs pertinent partir de la pice de Genet,Les Bonnes, en ne perdantjamais de vue son sujet. Pour ce qui est des sujets de type 3, un candidat a trait de faon trs convain-cante Traduire la posie , en soutenant lide que, de fait, la posie est intraduisible, si ce nest enun idiolecte autre, et en substituant la notion de traduction celle dune translation, qui ncessite unvritable travail archologique; son argumentation tant fonde sur de nombreux exemples de la po-sie grecque antique notamment.

    Car encore une fois ce nest pas une performance rhtorique hors-pair que nous attendons (atten-tion au bluff qui ne rsiste pas lpreuve des questions, ou lutilisation en introduction de citationshtivement puises chez Littr: hors-duvre inutile qui pourrait bien traduire une conception exclu-

    sivement rhtorique de lexercice). On coute avec bonheur les candidats qui sinterrogent, ttonnentavec intelligence autour dune question quon leur soumet, sont capables de rebondir, de reprendreun point quils avaient nglig pendant leur expos. Le jury, lors de lentretien, nattend pas forc-ment la bonne rponse la question pose: il propose des sujets de rflexion, lance des pistes, etle plaisir, cest arriv plusieurs fois et nous en remercions les candidats, est de penser ensemble.

    On laura compris, ce que les jurys de cette preuve de culture littraire gnrale attendent desfuturs normaliens, cest--dire de futurs lves, est de tmoigner de leur savoir, et aussi de montrerun effort de pense et douverture desprit.

    2) Histoire des arts

    En histoire des arts, le jury a eu le plaisir dcouter dexcellents exposs, et cela pour les trois typesde sujets proposs, dont la pertinence pour valuer la comptence des candidats sest rvle satis-faisante. La richesse des rfrences dune candidate sexprimant sur un sujet de type 2, Lart fun-raire , allant des portraits du Fayoum la statuaire baroque, associe une fine problmatisation,qui prenait en compte les aspects esthtiques de la question, et se montrait capable ce qui nest nul-lement requis dans tous les cas den interroger les fondements anthropologiques, a montr que cettenouvelle preuve permettait de valoriser la culture artistique dun candidat, pourvu quelle soit miseau service dune rflexion structure. En revanche, certains sujets que le jury estimait moins ardus,comme Labstraction ou Quappelle-t-on classique? se sont rvls dsastreux, parce quilsont donn lieu des panoramas gnraux, ncessairement dcevants dans la mesure o ils se tradui-sent par un chapelets de clichs. Opposer limitation la cration, ou identifier labstraction une

    libration est parfaitement admissible condition dentrer dans le dtail dune argumentation sen-sible et raisonne. Le jury insiste sur le fait que lnumration journalistique de quelques lieux com-muns empche lessor de la rflexion personnelle, et quil ne sagit jamais de tout savoir sur unequestion, mais de se rvler capable de formuler quelques jugements motivs et prudents en sap-puyant sur quelques exemples concrets. Sil nest pas besoin davoir suivi une formation de spcia-lit pour oser choisir un sujet en histoire des arts, il est indispensable de rflchir de manire critiquesur les noncs que lon dfend, et surtout dillustrer son propos dexemples prcis et dtaills, attes-tant une confrontation personnelle, rigoureuse et mdite avec quelques uvres. Le jury nattend pasdu candidat une connaissance exhaustive des uvres, coles, priodes ou catgories de lhistoire delart, ni des problmatiques patrimoniales, mais un rapport vivant, critique et instruit de quelques-unsde ces champs. Ainsi, on ne peut envisager de traiter un sujet comme Larchitecture baroque sanssonger dfinir larchitecture, ni tre en mesure de citer le moindre architecte ou monument rput baroque . Il aurait en revanche t possible de se limiter un seul exemple, condition quil fasse

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    CULTURE GNRALE LITTRAIRE ET ARTISTIQUE

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    lobjet dune connaissance de premire main, ou encore de nourrir sa rflexion dune comparaisonavec les autres arts pour compenser une information incertaine en architecture. Faute dune dfini-tion argumente du baroque, incluant une comprhension minimale des critres qui le distinguentdautres registres architecturaux, il nest pas possible de se montrer attentif la fortune dune ti-quette historiographique dont la pertinence ne va pas de soi. En revanche, pour un sujet de type 1comme Le nu , ou pour un sujet de type 3 comme Laccrochage , les candidats ont montr unejudicieuse prcision danalyse, rvlant une confrontation heureuse et personnelle avec quelqueschantillons duvres et dexpositions. Pour les questions qui ne visent pas une poque particulire,le jury invite les candidats proposer une rflexion appuye sur un corpus non restrictif qui, parexemple, ne nglige pas lart ancien au profit de lart contemporain, et rciproquement mais tente,au contraire, de mettre en relation le traitement dun mme thme, mdium, ou support, dans descontextes trs diffrents. Lorsquil sagit au contraire de priodes dfinies, le jury attend une locali-sation spatio-temporelle qui atteste la comptence du candidat identifier au moins un chantillon de

    ce rpertoire.Insistons sur le fait quil ne sagit pas de rciter des fiches ou notices glanes dans les diction-naires mis la disposition des candidats, mais de mettre son savoir lpreuve dune exprienceconcrte de pense, incluant une observation sensible des uvres.

    3) tudes cinmatographiques

    Les candidats ayant choisi cette anne un sujet dtudes cinmatographiques taient deux; ils ontobtenu les notes de 13 et 16, ports par une recherche personnelle quils ont su faire fructifier grce la prparation solide qui leur a t dispense. Ils ont fait des prestations trs honorables grce unevritable matrise des sujets proposs. Ce qui nest pas le cas des candidats qui, au sein de lpreuve

    de culture gnrale-littrature ont cru bon de parsemer leurs exposs dallusions cinmatogra-phiques, trop souvent floues, voire errones (confusion entre plan-squence et squence, anachro-nismes). Nanmoins, pour une premire anne, lorsque ces rfrences au cinma taient judicieuses,elles ont contribu nourrir lexpos des candidats et enrichir leur argumentation.

    On insistera sur un travail de prparation en amont li la prcision du regard et une rflexionsur des techniques et des moments au sein duvres particulires. Il ne sagit pas dapprendre descatalogues dexemples, mais plutt de savoir articuler une rflexion structure partir de films pro-venant de priodes et de pays diffrents. On vitera de se cantonner aux films trop rcents et lesgrands courants du cinma mondiaux doivent pouvoir tre prsents de faon contrastive. Il ne fautpas oublier, parce quil sagit de cinma, que toute dfinition se forge sur le contraste et la diffrence.

    On apprciera des choix personnels dans lexpos du candidat. On ne sattend en aucun cas un

    exercice-question de cours. Il ny a pas de rponse type ces sujets.Le sujet sur Le cinma vrit impliquait une rflexion sur un genre n de conditions tech-

    niques spcifiques dans trois pays simultanment (France, Canada, tats-Unis). Il sagissait de nepas se contenter dides gnrales sur la captation du rel. Le cinma vrit se df init par lassocia-tion dune prise de vue en camra lpaule et dune prise de son directe (films de Jean Rouch).Comme en littrature, il sagit de partir dune dfinition prcise des termes et de rflchir sur lescinastes reprsentatifs, dagrmenter la discussion dexemples et dvoquer les sources ouinfluences possibles.

    Lautre sujet, Le narrateur omniscient , exigeait de partir dune connaissance des formes dra-matiques et des pratiques narratives. Il sagissait de distinguer des phnomnes rcurrents comme lavoix offde la Nouvelle Vague avec un concept emprunt la littrature qui implique une mise enperspective dramatique particulire : phnomne dencadrement (Double Indemnity, Billy Wilder,1944), jeux sur le suspens dramatique (The Usual Suspects, Bryan Singer, 1995).

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    SRIES LETTRES ET ARTS, LANGUES VIVANTES ET SCIENCES HUMAINES

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    Tout sujet de cinma, quil sagisse de la dfinition dun genre, du travail sur un auteur ou unacteur, de la rflexion sur une technique ou bien sur un aspect de la production et des modes de f inan-cement de lindustrie cinmatographique ncessite de prendre en considration deux axes: technicitet illustration. Pour se prparer cette preuve, il sagit avant tout daiguiser son regard partirduvres diverses. On valorisera lexemple prcis et justifi plutt que le catalogue artificiellementexhaustif. Il ne sagit donc pas de mmoriser un savoir mais de parvenir observer un aspect artis-tique au sein dun contexte diachronique.

    4) Histoire de la musique

    Les sujets sous libell Histoire de la musique ayant fait leur apparition cette anne dans lpreuveorale de culture gnrale, il est comprhensible que seul un nombre infime de candidats (2, 31 %)aient choisi dtre interrogs dans cette discipline. Ce choix sest, dans la majorit des cas, rvlavantageux; le jury a su en particulier apprcier la qualit et la prcision du vocabulaire utilis dans

    les exposs, rvlant une culture personnelle tendue. Les rfrences la chronologie et aux uvresont souvent t dune grande pertinence; la finesse dans le dtail a permis de vrifier une connais-sance pratique, soit par le jeu instrumental voqu, soit par une lecture approfondie des partitions.

    La rpartition des sujets en trois types noffrait pas de distinction majeure avec le libell Litt-rature , cest pourquoi certains candidats manifestement musiciens cest--dire praticiens et mlo-manes confirms , mais dont la spcialit ntait pas la musique, ont t inspirs de choisir les sujetsmusicaux, particulirement aptes mettre en valeur des qualits danalyse, de sensibilit et de tech-nicit.

    Dans les sujets de type 1, portant sur une uvre, un compositeur, ventuellement un genre, unecole ou un thme, cest avant tout une claire prsentation des caractristiques de lobjet choisi quil

    tait demand de recourir, sans pour autant enfermer ce dernier dans des limites exclusives. Aucuncandidat na choisi de traiter des sujets de ce type. Les sujets de type 2, portant sur une ou deuxnotions du langage musical, sur la conception ou linterprtation de luvre musicale, rclamaient enrevanche avant tout des capacits de synthse et dhabilet dans la rfrence des sources multiples,mais pouvant tre rapproches une fois la problmatique initiale dfinie. Le jury sest montr parti-culirement sensible aux efforts des candidats traiter ce type de sujet en tablissant une distinctionentre les critres relevant de la pratique compositionnelle et ceux appartenant lhistoire des formesou lvolution des effectifs instrumentaux. Trois des cinq candidats ont choisi un sujet de type 2. Ilsse sont tous signals par la prcision dune dmarche soucieuse dagrmenter un point de vue tho-rique et/ou technique, et de rfrences pratiques adroitement mises en situation. Par exemple on a putout dabord dcouvrir, lors dun expos, la richesse du champ smantique que suggre le terme

    modulation : transposer , tons voisins , tons homonymes , tons loigns , marchesharmoniques , puis analyser llargissement de ce premier domaine dinvestigation par lobserva-tion de limportance de la modulation dans lhistoire de la musique occidentale partir dexemplespris cette fois au niveau de lorganisation structurelle de formes musicales comme laria da capo oulallegro de sonate, et enfin apprcier llvation du dbat propos, en abordant des uvres plus pr-cises, choisies, entre autres dans la production pour piano de Robert Schumann ou Gabriel Faur,pour un questionnement esthtique du principe de la modulation partir de lide: la musique doitpostuler limprvisible .

    Les sujets de type 3 rdigs sous la forme de citations, de questions ou de formulations plusparadoxales taient sans doute les plus ouverts a priori quant au type de traitement demand. Le jurydoit rappeler que lindication dauteur et de date accompagnant les citations nest pas ncessaire-ment, voire aucunement une incitation orienter lexpos vers une problmatique historique propre lpoque de la citation, mais quil peut tre au contraire demand aux candidats dprouver la qua-

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    lit des propos rapports en