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Rapport relatif au projet « Accompagnement proactif » de Tabacstop
Période du 01/05/2007 au 31/12/2011
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Rapport relatif au projet « Accompagnement proactif » de Tabacstop
Période du 01/05/2007 au 31/12/2011
1. Introduction
Nombre de fumeurs tentent de se défaire de leur dépendance au tabac sans demander d’aide ni de
soutien. Or, sans aide, seuls 3 à 5 % de fumeurs réussissent effectivement à arrêter de fumer. Un
accompagnement professionnel personnalisé n’est certes pas gage de succès, mais les chances de
réussite augmentent considérablement lorsque l’on combine une aide pharmacologique et un
soutien spécialisé. Chez les fumeurs qui bénéficient d’une aide adéquate, la probabilité qu’ils n’aient
pas recommencé à fumer après un an est de 25 %.
Le projet de « coach personnel » ou d’« accompagnement proactif » (projet PA) proposé par
Tabacstop désigne un programme d’assistance téléphonique destiné aux fumeurs déterminés à
renoncer au tabac. Cet accompagnement prend la forme de 6 à 8 entretiens téléphoniques (sur
rendez-vous), qui durent 15 à 20 minutes. Il est assuré par un tabacologue, c’est-à-dire un
professionnel de la santé spécialisé dans l’aide au sevrage tabagique et qui a suivi une formation en
tabacologie. Le tabagisme engendre une dépendance à la fois physique et psychologique liée aux
« habitudes comportementales », qui incite le fumeur à s’accrocher à la cigarette. L’accompagnement
doit donc tenir compte de ces deux aspects. Dans certains cas, l’accompagnement téléphonique sera
également complété par une aide pharmacologique.
Le modèle d’accompagnement repose sur le modèle des changements de comportement de
Prochaska & Diclemente (1983), mais a été revu et amélioré à la lumière de nouvelles connaissances.
Le modèle « Stages of Change » (stades de changement) de Prochaska & Diclemente propose une
approche du changement comportemental qui peut également s’appliquer à d’autres habitudes qui
conditionnent le style de vie – telles que l’alimentation ou l’activité physique – ou à d’autres types de
dépendance – à l’alcool par exemple. Dans ce modèle (cf. illustration page suivante), l’arrêt tabagique
n’est pas considéré sous l’angle du « tout ou rien » : « on fume ou on ne fume pas », ou « on veut
arrêter de fumer ou on ne veut pas ». L’arrêt tabagique est plutôt vu comme un processus au cours
duquel le fumeur passe par plusieurs stades. Au stade de précontemplation, il ne s’efforce pas encore
d’arrêter de fumer. Lorsqu’il arrive à la phase de « contemplation », il envisage d’arrêter de fumer
mais n’a pas encore l’intention concrète de changer de comportement à court terme. Pendant la
phase de « préparation », il entame des démarches concrètes pour tenter, à court terme, d’arrêter de
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fumer et, au stade de l’« action », il tente effectivement de renoncer au tabac. Suit alors une phase
de « consolidation », indispensable pour renoncer définitivement au tabac.
Les phases du processus de changement (Prochaska et Di Clemente)
Pré-contemplation
Contemplation
Préparation
Action
Maintenance/consolidation
Rechute
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La toute première phase est la pré-contemplation. Le fumeur passe ensuite aux stades suivants, mais
revient parfois à un stade antérieur. Souvent aussi, il lui arrivera de parcourir plusieurs fois les
différentes phases avant d’atteindre l’objectif, c’est-à-dire réussir à changer durablement de
comportement. Aussi la rechute est-elle considérée comme « normale » dans un processus de
changement de comportement. On adopte en outre pour principe que chaque tentative de sevrage
permet aussi de tirer des enseignements utiles et que l’on ne repart jamais vraiment de « zéro ». En
moyenne, 4 à 5 tentatives sont nécessaires avant d’aboutir à un arrêt durable.
Ce modèle des stades du changement (Stages of Change) a fait l’objet de nombreuses critiques. West
e.a. (2005) a ainsi fait remarquer que d’après une enquête sur les ménages, près de la moitié des
fumeurs ont tenté d’arrêter de fumer sans plan établi (immédiatement après avoir décidé d’arrêter
de fumer). Ces tentatives d’arrêt tabagique non planifiées étaient même davantage couronnées de
succès que les tentatives planifiées. C’est ainsi qu’il a élaboré sa théorie des catastrophes
(« catastrophe theory »), selon laquelle les convictions, les expériences et la situation peuvent
provoquer différents niveaux de « tension motivationnelle ». Même des petits facteurs déclenchants
(« triggers ») peuvent conduire à la décision d’arrêter de fumer, et le report de l’arrêt tabagique peut
amoindrir les chances de réussite. Selon West, cela ne signifie pas nécessairement que la planification
de l’arrêt tabagique est contreproductive. Il pense qu’un soutien comportemental et les substituts
nicotiniques (NRT – nicotine replacement therapy) améliorent les chances de réussite. Toujours
d’après West e.a. (2005), les campagnes de santé publique doivent viser à créer une tension
motivationnelle, à déclencher une action chez les fumeurs qui sont sur le point de modifier leur
attitude face à la cigarette et à assurer la mise à disposition immédiate de substituts nicotiniques et
d’un soutien comportemental afin d’encourager cette impulsion à l’arrêt tabagique. La théorie
motivationnelle PRIME (West, 2009) expose de façon plus détaillée les moyens qui permettent de
soutenir le client dans ce processus de changement de comportement. Si l’on se réfère à cette
théorie, chacun de nos actes est constamment régi par nos aspirations ou nos besoins. La plupart du
temps, nous n’en sommes pas activement conscients : nous continuons d’adopter notre
comportement habituel. Certains événements peuvent néanmoins nous amener à prendre
conscience de l’existence de désirs ou de besoins qui vont constituer le point de départ d’un
changement de comportement réfléchi. Nous ne sommes plus satisfaits de notre situation ou nous
sommes en mesure de l’améliorer et transposons alors le changement de comportement souhaité
dans une règle (« Je vais arrêter de fumer », « je vais fumer moins »). L’accompagnement à l’arrêt
tabagique consiste alors à soutenir l’intéressé dans cette prise de conscience, un processus au cours
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duquel il définit une nouvelle règle de conduite en harmonie avec ses désirs et ses besoins. Les
chances de réussite augmentent lorsque cette règle est bien définie et lorsqu’elle correspond mieux à
la personnalité de l’intéressé. On a pour ce faire recours à un entretien motivationnel (« motivational
interviewing ») dans le « projet motivationnel » avant c’était projet « Motivational ». Dans le cadre de
ce sous-projet, les fumeurs qui n’ont pas encore défini de règle claire en matière d’arrêt tabagique
participent à quatre entretiens au cours desquels on tente de faire naître chez eux l’intention
d’arrêter. Si cette intention d’arrêter devient réelle, l’accompagnement est poursuivi. Les clients
proactifs « ordinaires » passent également l’entretien motivationnel, pendant lequel l’ambivalence
par rapport à l’arrêt tabagique est mise en lumière, mais il représente souvent une partie moins
importante de l’accompagnement.
Au final, les participants ne réussissent pas tous à arrêter de fumer complètement.
L’accompagnement promeut un arrêt tabagique complet, mais le client peut aussi se fixer une autre
règle – fumer moins, par exemple. En outre, tous ne reviennent pas à un arrêt tabagique complet
après une rechute. Dans ce cas, leur dossier peut être « mis en suspens » un certain temps ou
clôturé. Lorsque l’intéressé est de nouveau déterminé à faire un travail sur lui-même afin de changer
de comportement, il peut se réinscrire si son dossier a été clôturé ou « réactiver » son dossier si ce
dernier avait été mis en suspens. De même, il arrive que la rechute survienne après
l’accompagnement et que l’intéressé se réinscrive ultérieurement. Le projet « Accompagnement
proactif » a été lancé en 2007 et s’est achevé le 31 décembre 2011 : au cours de cette période, 65
personnes – 39 néerlandophones et 26 francophones – se sont inscrites une deuxième fois pour
bénéficier d’un accompagnement proactif. De cette manière, le counseling peut être mieux adapté au
processus de changement de comportement de chacun. Étant donné que l’analyse porte sur les
caractéristiques par accompagnement et non par personne, plusieurs accompagnements seront
repris dans les analyses concernant ces personnes.
Depuis le 1er janvier 2012, les participants sont également interrogés sur le nombre de cigarettes
fumées par jour au début et à la fin de l’accompagnement puisque « fumer moins » est aussi un
changement de comportement.
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2. Méthode
Les résultats sont issus des données opérationnelles de Tabacstop. Lorsqu’un client demande un
accompagnement téléphonique proactif, un dossier personnel est ouvert et complété par le
tabacologue en charge de l’accompagnement. Dans ce rapport, nous proposons d’abord une
description générale de la méthode d’accompagnement proactif. Nous nous intéressons ensuite plus
en détail à deux sous-projets, à savoir le projet « Participation financière aux NRT » et le « projet
motivationnel ».
2.1. L’accompagnement téléphonique proactif en général
Lorsqu’il s’inscrit à un programme d’accompagnement proactif, le fumeur doit remplir un
questionnaire. Ce questionnaire peut être téléchargé à partir du site web et renvoyé par e-mail à
Tabacstop. Il peut également être envoyé par courrier aux intéressés, qui devront ensuite le renvoyer
complété, également par courrier. Le questionnaire porte sur un certain nombre de caractéristiques,
entre autres les données démographiques, le profil tabagique et quelques variables pertinentes
concernant la santé physique et psychique du participant. Le dossier de ce dernier est créé via
Tabacstop, de sorte que le tabacologue dispose de ces informations de base dès le début de
l’accompagnement.
Le tabacologue parcourt ensuite ce questionnaire avec le client. Il peut ainsi se faire une idée plus
précise à propos du client, mais contribue aussi, ce faisant, à la qualité des données. Le tabacologue
complète le dossier à chaque entretien. Il note si la personne a recours à une aide pharmacologique
et, le cas échéant, laquelle, ainsi que le moment auquel elle a arrêté de fumer et, éventuellement,
recommencé (rechute). Il indique aussi si le dossier est temporairement en suspens. Le tabacologue
dispose aussi d’un champ de texte dans lequel il peut inscrire toutes les informations qu’il juge
pertinentes pour l’accompagnement. Lors de la clôture du dossier, la procédure standard veut que le
tabacologue consigne de nouveau une série d’informations telles que le statut tabagique à la fin de
l’accompagnement et le nombre total d’entretiens.
Depuis le lancement du projet le 1er mai 2007, 1.146 personnes se sont inscrites au programme
d’accompagnement proactif. Parmi elles, 129 ont reçu pour statut « no counseling » parce qu’un seul
entretien maximum avait eu lieu. Dans ce cas, l’accompagnement n’a jamais débuté ou il s’est avéré
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impossible de contacter la personne. 11 % des participants inscrits n’ont finalement pas entamé le
programme d’accompagnement au sevrage tabagique. Ils n’ont donc pas été pris en considération
dans les analyses. En ce qui concerne les données démographiques demandées au moment de
l’inscription, on peut dès lors avancer le chiffre de 1.017 participants proactifs qui ont effectivement
commencé l’accompagnement. Sur ces 1.017 participants, 829 avaient terminé l’accompagnement le
31 décembre 2011. Pour ces clients, les analyses en fin d’accompagnement peuvent être effectuées.
Tableau 1 – Clients ayant le statut « no counseling » depuis le 1er mai 2007, selon l’appartenance
linguistique et le nombre d’entretiens
Néerlandophones Francophones Total
N % N % N %
Pas d’entretien 50 63% 26 53% 76 59%
Un seul entretien 30 38% 23 47% 53 41%
Total 80 100% 49 100% 129 100%
Si la personne a arrêté de fumer à la fin de l’accompagnement, nous reprenons contact avec elle par
téléphone à deux reprises, six mois et un an après la date de l’arrêt tabagique, afin de connaître son
statut tabagique. Les personnes qui fumaient toujours ou qui ont recommencé à fumer sont
également recontactées six et douze mois après la fin de l’accompagnement et invitées à répondre à
la même question. En ce qui concerne le suivi après 6 mois, nous avons pu joindre 585 personnes sur
les 664 appelées (88 %). Pour le suivi après 1 an, 453 des 550 patients proactifs (82 %) ont pu être
contactés. Lors des analyses, les personnes qui n’ont pu être contactées pour les entretiens de suivi
après 6 mois et 1 an ont été incluses dans le groupe des personnes qui n’ont pas arrêté de fumer.
Tableau 2 - Nombre de clients impliqués dans les différentes analyses relatives à
l’accompagnement proactif traditionnel (« PA ») du 1er mai 2007 au 31 décembre 2011, en fonction
de la phase du programme
Néerlandophones Francophones Total
Nombre d’inscriptions 750 396 1.146
Début de l’accompagnement PA
671 346 1.017
Fin de l’accompagnement PA
548 281 829
Suivi après 6 mois 478 186 664 585 contactés
Suivi après 1 an 390 160 550 453 contactés
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2.2. Projet « Participation financière aux NRT »
Le projet pilote « Participation financière aux NRT » a été mis en œuvre en juin 2010 afin de rendre
les substituts nicotiniques plus abordables pour les fumeurs défavorisés inscrits à un programme
d’accompagnement proactif auprès de Tabacstop et d’augmenter ainsi la probabilité qu’ils essaient
réellement d’arrêter de fumer, qu’ils suivent correctement leur traitement et accroissent leurs
chances de réussite. Le remboursement peut être demandé une fois tous les 2 ans La durée du
remboursement du substitut nicotinique est en outre limitée à 6 semaines. Les bénéficiaires sont
sélectionnés via Tabacstop. Du côté francophone, quelques participants ont également été admis via
les maisons médicales. Les participants devaient satisfaire aux conditions suivantes : suivre le
programme d’accompagnement proactif et avoir droit à une assurance majorée de l’assurance ou
bénéficier d’une aide financière du CPAS. Certains groupes sont exclus de cette mesure : les femmes
enceintes, les jeunes de moins de 18 ans, les personnes atteintes récemment d’une maladie
cardiovasculaire ou souffrant d’hypertension sévère. Le médecin traitant est également consulté afin
d’exclure toute contre-indication.
Au total, 170 clients répondant aux critères de participation au projet ont reçu les documents
nécessaires. 85 % d’entre eux ont effectivement entamé le programme d’accompagnement et avaient
droit au remboursement. L’accompagnement s’est terminé le 31 décembre 2011 pour 108 clients
NRT. Ils ont été repris dans toutes les analyses issues de ce rapport concernant le profil du client NRT
et le statut tabagique à la fin de l’accompagnement. Les clients NRT qui ont terminé le programme
d’accompagnement ont été comparés aux autres clients proactifs ayant également terminé cet
accompagnement pendant la même période (n= 262). Lors du suivi après 6 mois, 55 clients NRT sur
57 ont pu être contactés par téléphone. Dans le groupe des clients non-NRT, la proportion était de
129 sur 145. Lors du suivi après 1 an, 21 clients NRT sur 23 ont pu être contactés. Vu le petit nombre
de clients NRT contactés pour l’entretien de suivi après 1 an, ces chiffres ne sont pas pris en
considération pour l’instant.
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Tableau 3 - Nombre de clients NRT impliqués dans les différentes analyses relatives à
l’accompagnement proactif traditionnel (« PA ») du 1er juin 2010 au 31 décembre 2011, selon la
phase du programme
Néerlandophones Francophones Total
Envoi des documents NRT 93 77 170
Documents NRT en ordre 71 73 144
Fin de l’accompagnement PA
55 53 108
Suivi après 6 mois 38 19 57 55 contactés
Suivi après 1 an 12 11 23 21 contactés
2.3. Projet motivationnel
Le projet motivationnel concerne des personnes qui, lors de leur admission au programme, ne sont
pas suffisamment motivées. Elles bénéficient alors de quatre entretiens préparatoires maximum,
destinés à renforcer leur motivation et à modifier leurs habitudes tabagiques. Après ces quatre
entretiens, on détermine si elles veulent poursuivre le programme. En l’absence d’augmentation de la
motivation, on met fin à l’accompagnement. S’il est animé d’une motivation plus importante, le client
passe à l’accompagnement proactif. De « motivationnel », son statut devient « proactif ».
L’enregistrement a débuté fin 2010. Jusqu’à présent, les données relatives au nombre de clients qui
sont passés du statut « motivationnel » à « proactif » n’ont pas été tenues à jour, mais cela sera fait à
l’avenir.
Les chiffres actuels relatifs au projet motivationnel portent sur les 30 clients qui ne sont pas passés à
l’accompagnement proactif classique. Deux à quatre entretiens motivationnels ont eu lieu avec eux,
soit un total de 91 entretiens pour l’ensemble de ces clients. Onze de ces 30 clients sont passés du
stade de contemplation à celui de la préparation et l’un d’eux a essayé d’arrêter de fumer. Pour les
autres clients, on n’a noté aucune évolution de statut entre le départ et la fin de l’accompagnement.
Ce groupe de clients qui ont gardé le statut « motivationnel » du début à la fin n’a pas été pris en
compte dans le présent rapport. Les clients qui sont passés du statut « motivationnel » au statut
« proactif » ont été repris dans les analyses portant sur l’accompagnement proactif.
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Tableau 4 - Nombre de clients ayant le statut « motivationnel » à la fin de l’accompagnement, de
fin 2010 au 31 décembre 2011, selon l’appartenance linguistique et le nombre d’entretiens
Nombre d’entretiens Néerlandophones Francophones Total Total
entretiens
N % N % N % N
2 5 38% 4 24% 9 30% 18
3 7 54% 4 24% 11 37% 33
4 1 8% 9 53% 10 33% 40
Total 13 100% 17 100% 30 100% 91
3. Résultats
Nous présentons d’abord les résultats du projet « Accompagnement proactif » dans son ensemble.
Viendront ensuite les résultats du projet « Participation financière aux NRT ».
3.1. « Accompagnement proactif » - période 01/05/2007 – 31/12/2011
Cette partie du rapport donne un aperçu descriptif des données collectées auprès des participants au
projet entre le 01/05/2007 et le 31/12/2011.
Données démographiques des participants au projet PA (n=1.017)
1.017 personnes ont participé au programme d’accompagnement proactif entre le 1er mai 2007 et le
31 décembre 2011, ce qui a donné lieu à 6.428 entretiens. Fin 2010, le nombre de participants était
encore de 607 et 3.626 entretiens ont eu lieu, ce qui témoigne de la forte augmentation de la
demande pour ce service. Les participants étaient majoritairement néerlandophones (66 %), et les
entretiens se sont donc déroulés majoritairement en néerlandais (66 %). Même si l’on tient compte
de la structure de la population qui compte environ 60% de Flamands, les néerlandophones restent
mieux représentés que les francophones dans le projet PA. L’augmentation du nombre de clients
francophones et d’entretiens en français a toutefois été plus importante en 2011.
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Tableau 5 Nombre de clients proactifs et d’entretiens, selon l’appartenance linguistique et la
période
Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011
N % N %
Néerlandais 432 71% 671 66%
Français 175 29% 346 34%
Total 607 100% 1.017 100%
Néerlandais 2.675 72% 4.269 66%
Français 1039 28% 2.159 34%
Total 3.714 100% 6.428 100%
Graphique 1 Nombre de clients proactifs et pourcentage de la population selon la province
Note : Clients PA = nombre de clients PA pour une province déterminée sur le nombre total de clients
PA pour la période du 1/05/2007 au 31/12/2011. Population = population dans la province concernée
sur la population totale belge au 1/1/2010, SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, DGSIE,
http://statbel.fgov.be/.
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Les femmes ont participé en plus grand nombre (56 %) que les hommes (44 %) (Tableau 6).
Tableau 6 Nombre de clients proactifs selon le sexe et la période
Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011
N % N %
Hommes 272 45% 444 44%
Femmes 335 55% 573 56%
Total 607 100% 1.017 100%
22% des clients PA sont issus de la province d’Anvers. Par rapport à son poids démographique (16 %
de la population belge), la population anversoise est donc largement représentée dans le projet. La
population bruxelloise est également mieux représentée que ce que l’on pouvait escompter par
rapport à son poids démographique. On constate l’inverse pour les provinces du Hainaut et de Liège.
Globalement, par rapport à 2010, les pourcentages des provinces se rapprochent davantage de leur
poids démographique.
Graphique 2 Pourcentage de clients proactifs selon l’âge
La tranche d’âge des 46-55 ans reste la plus représentée avec 32 %, suivie par les deux catégories
d’âge les plus proches : les 36-45 ans (22 %) et les 56-65 ans (20 %). Les moins de 25 ans et les plus de
65 ans participent en revanche assez rarement au programme.
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Profil des personnes ayant terminé l’accompagnement pendant la période d’évaluation (n=829)
Sur les 1.017 participants au programme d’accompagnement, 829 l’avaient terminé au 31 décembre
2011. Pour les autres clients proactifs, l’accompagnement était toujours en cours.
Le Tableau 7 indique le statut tabagique du participant à la fin de l’accompagnement. Ces résultats
montrent que 34 % des participants n’avaient pas encore essayé d’arrêter de fumer à la fin de
l’accompagnement. Fin 2010, ce chiffre était encore de 40 %. Ce groupe envisageait d’arrêter de
fumer mais se montrait encore ambivalent et n’avait donc pas encore d’intention concrète d’arrêt
tabagique à court terme (= contemplation), ou bien il envisageait un sevrage tabagique à court terme
(= préparation). Environ un cinquième des participants (21 %) a fait une tentative au cours de
l’accompagnement et a rechuté (= rechute). 43 % du groupe avaient effectivement arrêté de fumer à
la fin de l’accompagnement (= action). Fin 2011, le taux de réussite à la fin de l’accompagnement est
de 43%, ce qui représente une légère hausse par rapport au taux de 41%1 enregistré fin 2010.
Tableau 7 Statut tabagique à la fin de l’accompagnement, selon la période
Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011
N % N %
Pré-intention 0 0% 0 0%
Intention 98 19% 123 15%
Préparation 112 21% 159 19%
Action 216 41% 357 43%
Rechute 102 19% 178 21%
Inconnu 12 1%
Total 528 100% 829 100%
Tableau 8 Recours aux moyens d’aide, selon la période
Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011
N % N %
Aucun moyen 215 41% 289 35%
NRT 201 38% 383 46%
Médication 112 21% 157 19%
Total 528 100% 829 100%
La majorité des participants a par ailleurs utilisé une solution pharmacologique pour arrêter de
fumer, sous la forme de substituts nicotiniques (NRT, 46 %) ou d’une médication (principalement
1 Il y a lieu de faire remarquer que l’enregistrement des participants au projet ‘Motivational’ a commencé fin
2010. Ces personnes n’ont pas été reprises dans les statistiques depuis 2011. Fin 2011, 36 % des participants, à
l’inclusion de ces 30 clients ‘motivational’, n’avaient pas encore essayé d’arrêter de fumer et le taux de réussite
était de 42 %.
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Zyban ou Champix, 19 %, voir Tableau 8). Le recours aux NRT a considérablement augmenté, passant
de 38 % fin 2010 à 46 % fin 2011. Sur cette même période, le nombre de clients ayant tenté un arrêt
tabagique sans aucune aide diminue. Les personnes qui ont opté pour une aide au sevrage en 2011
ont plus souvent choisi de combiner différents NRT. Le pourcentage de personnes ayant utilisé une
combinaison de différents NRT est ainsi passé de 18 % fin 2010 à 26 % fin 2011 (Tableau 9). Le taux
d’utilisation du médicament Champix est en baisse sur cette même période. Les autres changements
sont moins importants. Sur cette période complète, les solutions d’aide les plus fréquemment
choisies sont les comprimés, le Champix et une combinaison de NRT.
Tableau 9 Type d’aides au sevrage utilisées, selon la période
Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011
N % N %
Champix 102 33% 142 26%
Zyban 10 3% 12 2%
Gomme 32 10% 42 8%
Inhalateur 19 6% 36 7%
Patch 29 9% 56 10%
Combinaison de NRT 55 18% 142 26%
Comprimés 65 21% 107 20%
Autre 3 1%
Total 312 100% 540 100%
Graphique 3 Pourcentage des accompagnements selon le nombre total d’entretiens à la fin de
l’accompagnement
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Le Graphique 3 montre que le nombre de contacts téléphoniques par participant est très variable –
de 1 à plus de 9 contacts. Le groupe le plus représenté est celui qui a bénéficié de 8 contacts. Il
concerne en effet 17% des accompagnements. La moyenne est de 6 contacts.
Nous nous sommes ensuite intéressés au taux de réussite à la fin de l’accompagnement en fonction
des facteurs susmentionnés, c’est-à-dire 1) le nombre de contacts et 2) le fait de recourir ou non à des
aides au sevrage et la nature de ces aides. Le taux de réussite se définit selon le nombre de personnes
qui, à la fin d’accompagnement, ont arrêté de fumer (et n’ont toujours pas recommencé) (statut en
fin d’accompagnement = « action », n=357). Les personnes qui n’ont pas arrêté (n=472) sont celles qui
n’ont pas (encore) tenté d’arrêt tabagique (statut en fin d’accompagnement = contemplation +
« préparation », n=282) et celles qui ont rechuté pendant l’accompagnement et qui fumaient donc de
nouveau à la fin de l’accompagnement (statut en fin d’accompagnement = « rechute », n=178). Les
personnes dont le statut de fin d’accompagnement était « inconnu » ont également été placées dans
la catégorie des fumeurs n’ayant pas arrêté (n=12).
Le taux de réussite en fin d’accompagnement est largement lié au nombre d’entretiens : le taux de
réussite en fin d’accompagnement était beaucoup plus élevé dans le groupe des personnes ayant
bénéficié d’au moins 6 entretiens (54 %) que dans le groupe ayant bénéficié de moins de 6 entretiens
(29 %). De plus, le taux de réussite varie selon que la personne a ou non recours à un traitement
pharmacologique. Le taux de réussite chez les personnes qui suivent un traitement pharmacologique
est de 50% contre 29 % chez les fumeurs n’ayant pas bénéficié d’un tel traitement. 57 % des
personnes ayant reçu une médication (principalement du Zyban ou du Champix) et 48 % des
utilisateurs de NRT avaient arrêté de fumer en fin d’accompagnement.
Suivi après 6 mois (n=664)
L’entretien de suivi après 6 mois est prévu 6 mois après la date de l’arrêt tabagique pour les
personnes qui ont arrêté de fumer en fin d’accompagnement. Les autres clients sont contactés par
téléphone 6 mois après la fin de l’accompagnement.
Sur les 1.017 participants au programme d’accompagnement proactif, 664 étaient concernés par cet
entretien de suivi. Cet entretien a effectivement eu lieu pour 585 personnes. Les autres n’ont pas pu
être contactées malgré plusieurs tentatives d’appel. Dans le Tableau 10, ce dernier groupe est repris
dans la catégorie « n’a pas arrêté », ce qui fait probablement baisser le taux de réussite.
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Tableau 10 Statut tabagique après 6 mois
Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011
Statut N % N %
Arrêt < 4 semaines 10 2% 17 3%
Arrêt > 4 semaines 33 8% 70 11%
Arrêt ≥ 6 mois 101 23% 140 21%
Rechute 113 26% 169 25%
N’a pas arrêté 182 41% 268 40%
Total 439 100% 664 100%
Note : Les 79 personnes que nous n’avons pas pu contacter fin 2011 ont été placées dans la catégorie
“n’a pas arrêté”.
Le Tableau 10 donne un aperçu du statut tabagique des participants au moment du premier entretien
de suivi. Le taux de réussite à moyen terme se définit comme le pourcentage de clients qui n’ont pas
fumé pendant six mois au moins. Ce pourcentage est de 21% fin 2011. Fin 2010, il était de 23%. Bien
que la proportion de clients ayant cessé de fumer depuis plus de 6 mois était un peu plus faible à la
fin de l’année 2011, le pourcentage total de clients ayant arrêté est pratiquement équivalent fin 2010
et fin 2011 (respectivement 33% et 34%). En effet, à la fin de l’année 2011, le nombre de clients qui
avaient cessé de fumer depuis moins de 6 mois au moment de l’entretien de suivi était plus élevé.
Lors de cet entretien de suivi, environ un quart des clients avaient rechuté. 40 % des clients ont été
placés dans la catégorie « n’a pas arrêté » (12 % d’entre eux n’ont pas pu être contactés).
Nous avons par ailleurs vérifié si ce taux de réussite à moyen terme variait en fonction du nombre
d’entretiens téléphoniques d’une part, et du recours à des aides au sevrage d’autre part. Le taux de
réussite est largement lié au nombre d’entretiens : le pourcentage de clients ayant arrêté depuis au
moins 6 mois est deux fois plus important dans le groupe ayant bénéficié d’au moins 6 entretiens
(27 %) que dans le groupe ayant bénéficié de moins d’entretiens (13 %). Par ailleurs, ce taux de
réussite varie selon qu’il y a ou non eu recours à une aide pharmacologique. Le taux de réussite parmi
les bénéficiaires d’un tel traitement est de 24 % contre 17 % chez les fumeurs n’ayant pas eu recours à
une aide au sevrage pharmacologique.
Suivi après 1 an (n=550)
Sur les 1.017 participants au programme d’accompagnement proactif, 550 étaient concernés par
l’entretien de suivi après 1 an. Celui-ci a pu avoir lieu pour 453 participants (taux de réponse = 82 %).
Nous n’avons pas pu joindre les autres malgré plusieurs tentatives d’appel. Dans le Tableau 10, ce
16
dernier groupe est repris sous la catégorie « n’a pas arrêté », ce qui fait probablement baisser
quelque peu le taux de réussite.
Le Tableau 11 donne un aperçu du statut tabagique au moment du second entretien de suivi, qui a
lieu après 1 an. Le taux de réussite après ce délai plus long se définit comme le nombre de clients qui
ont cessé de fumer depuis au moins une année complète au moment du suivi. Ce pourcentage est
égal à 16 % fin 2011. 7 % des clients ont cessé de fumer depuis au moins six mois et 3 % depuis moins
de 6 mois. Le nombre de clients ayant arrêté de fumer depuis au moins six mois est presque
équivalent fin 2010 et fin 2011 (23 % pour chaque période). Fin 2011, le pourcentage de clients ayant
cessé de fumer depuis moins de 6 mois est inférieur au pourcentage de fin 2010 (3 % contre 6 %).
Environ un quart des clients avait rechuté au moment de l’entretien de suivi. Près d’un client sur deux
est repris dans la catégorie « n’a pas arrêté » (18 % d’entre eux n’ont pu être recontactés après 1 an).
Tableau 11 Statut tabagique après 12 mois
Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011
Statut N % N %
Arrêt < 6 mois 20 6% 18 3%
Arrêt ≥ 6 mois 21 6% 39 7%
Arrêt ≥ 12 mois 64 18% 89 16%
Rechute 70 19% 136 25%
N’a pas arrêté 187 52% 268 49%
Total 362 100% 550 100%
Note : Les 97 personnes que nous n’avons pas pu contacter fin 2011 ont été reprises dans la catégorie
« n’a pas arrêté ».
Le pourcentage de personnes ayant arrêté de fumer depuis au moins un an était plus élevé dans le
groupe qui avait bénéficié d’au moins 6 contacts téléphoniques (21 %) que dans celui qui en avait eu
moins de 6 (11 %). L’écart entre les deux groupes au moment du second entretien de suivi est
inférieur aux écarts constatés après 6 mois (27 % versus 13 %) et à la fin de l’accompagnement (54 %
versus 29 %).
En ce qui concerne le taux de réussite en fonction du recours ou non aux aides au sevrage, on
constate qu’après 12 mois, il est toujours légèrement supérieur pour le groupe ayant bénéficié d’aides
au sevrage (19 %) par rapport au groupe qui n’y a pas eu recours (12 %). Cet écart est certes
beaucoup moins flagrant qu’en fin d’accompagnement (50 % versus 29 %).
17
Par ailleurs, il convient de prendre en considération un certain nombre d’ex-fumeurs qui, au terme de
l’accompagnement, ont connu une période de rechute, avant de faire une nouvelle tentative d’arrêt
et qui étaient donc de nouveau sevrés au moment du suivi.
La proportion de clients qui ne fumaient plus lors d’un entretien de suivi mais qui comptabilisaient
moins de 6 mois, ou moins d’un an d’arrêt (donc qui avaient arrêté seuls après l’accompagnement)
est de 14 % au rappel de 6 mois et de 10 % au rappel d’1 an. Dans la mesure où l’accompagnement a
été fortement orienté sur la prévention d’une rechute et surtout, le cas échéant, sur la gestion des
rechutes, ces personnes se sont donc révélées, plus en mesure de gérer un arrêt seuls après notre
accompagnement.
3.2. Projet « Participation financière aux NRT » - période du 1/6/2010 au 31/12/2011 Dans cette partie du rapport, nous comparons deux groupes de clients ayant achevé le programme
d’accompagnement proactif au cours de la période comprise entre le 1er
juin 2010 et la fin de l’année
2011 : le groupe de clients ayant bénéficié du remboursement du NRT pendant 6 semaines (n=108) et
un groupe contrôle qui n’a pu y avoir recours (n=262). Le projet NRT a rassemblé un nombre
pratiquement égal de participants néerlandophones (n=55) et francophones (n=53).
Profil des participants (groupe NRT = 108 ; groupe contrôle = 262)
71 % des participants issus du groupe NRT sont âgés d’au moins 46 ans, contre 57 % dans le groupe
contrôle (Tableau 12). La différence la plus marquée est observée dans la catégorie des 46-55 ans,
fortement surreprésentée parmi les participants au projet NRT. Les 16-35 ans sont moins représentés
parmi les clients NRT (5 %) que parmi les autres participants au programme d’accompagnement
proactif (22 %).
Tableau 12 – Âge des clients NRT vs groupe contrôle, période du 1/6/2010 au 31/12/2011
Clients NRT Groupe contrôle
Âge N % N %
<15 ans 0 0 % 0 0 %
16 - 25 ans 1 1 % 17 6 %
26 - 35 ans 4 4 % 41 16 %
36 - 45 ans 26 24 % 52 20 %
46 - 55 ans 44 41 % 79 30 %
56 - 65 ans 26 24 % 50 19 %
Plus de 65 ans 7 6 % 20 8 %
Âge non connu 0 0 % 3 1 %
Total 108 100 % 262 100 %
18
Tableau 13 – Répartition des clients NRT et groupe contrôle, par produit du tabac, période du
1/6/2010 au 31/12/2011
Clients NRT Groupe contrôle
Produit du tabac N % N %
Cigarette à rouler 56 52 % 54 21 %
Cigarette avec filtre 49 45 % 190 73 %
Pipe 1 1 % 0 0 %
Cigare 1 1 % 7 3 %
Non connu 1 1 % 11 4 %
Total 108 100 % 262 100 %
La quasi-totalité des clients fume des cigarettes. Plus de la moitié (52 %) des clients NRT fume des
cigarettes à rouler. Dans le groupe contrôle, près d’un client PA sur cinq roule lui-même ses cigarettes
(tableau 13).
Tableau 14 – Répartition des clients NRT et groupe contrôle, en fonction du nombre de cigarettes
fumées par jour, période du 1/6/2010 au 31/12/2011
Clients NRT Groupe contrôle
Nombre de cigarettes par jour
N % N %
< 10 8 7 % 34 13 %
11-20 29 27 % 100 38 %
21-30 30 28 % 78 30 %
31-40 12 11 % 21 8 %
>40 26 24 % 26 10 %
Non connu 3 3 % 3 1 %
Total 108 100 % 262 100 %
Le tableau 14 présente le profil de dépendance des clients sur la base du nombre de cigarettes
fumées par jour. 63 % des clients NRT fument plus de 20 cigarettes par jour et peuvent dès lors être
inclus dans la catégorie des « gros fumeurs ». Dans le groupe contrôle, 48 % des clients fument plus
de 20 cigarettes. La différence entre les clients NRT et les autres porte essentiellement sur les très
gros fumeurs qui fument plus de 30 cigarettes par jour. 35 % des clients NRT appartiennent à cette
catégorie, contre 18 % des personnes issues du groupe contrôle.
Tableau 15 – Répartition des clients NRT et groupe contrôle, selon qu’ils ont présenté des troubles
psychiques, période du 1/6/2010 au 31/12/2011
Clients NRT Groupe contrôle
Comorbidité N % N %
Troubles psychiques 80 74 % 89 34 %
Pas de troubles psychiques
28 26 % 173 66 %
19
Total 108 100 % 262 100 %
Les participants au projet NRT sont des fumeurs présentant une grande fragilité due à des problèmes
psychiques. Trois quarts des participants du groupe NRT et un tiers dans le groupe contrôle déclarent
présenter des antécédents de dépression et/ou avoir été traités pour une autre affection psychiatrique
(tableau 15).
20
Analyses à la fin de l’accompagnement (groupe NRT = 108; groupe contrôle = 262)
Le tableau 16 présente le statut tabagique des participants à la fin de l’accompagnement.
Tableau 16 – Répartition des clients NRT et groupe contrôle, en fonction de leur statut tabagique à
la fin de l’accompagnement, période du 1/6/2010 au 31/12/2011
Clients NRT Groupe contrôle
Statut tabagique N % N %
Indétermination 0 0 % 0 0 %
Intention 13 12 % 35 13 %
Préparation 17 16 % 48 18 %
Action 43 40 % 117 45 %
Rechute 34 31 % 59 23 %
Non connu 1 1 % 3 1 %
Total 108 100 % 262 100 %
71 % des clients NRT ont déjà fait une tentative d’arrêt tabagique, contre 67 % dans le groupe
contrôle. Le pourcentage de rechute est néanmoins un peu plus élevé parmi les clients NRT (31 %)
que dans le groupe contrôle (23 %). Partant, la proportion de clients ayant arrêté de fumer à la fin de
l’accompagnement est plus élevée dans le groupe contrôle que dans le groupe NRT (45 % contre
40 %).
Le tableau 17 compare l’utilisation d’une aide pharmacologique entre les deux groupes. 90 % des
personnes du groupe NRT, contre 45 % dans le groupe contrôle, ont utilisé des substituts
nicotiniques. 44 % des clients NRT, contre 21 % des personnes du groupe contrôle, ont recouru à la
combithérapie, qui combine le port d’un patch et la prise orale d’une aide au sevrage. La forte
représentation de la combithérapie chez les clients NRT s’explique par le profil de dépendance de ce
groupe, composé pour l’essentiel de très gros fumeurs ayant besoin d’un dosage plus élevé en
nicotine pour pouvoir contrôler les symptômes de sevrage. Chez les autres participants au projet PA,
35 % ont choisi de ne pas utiliser d’aide pharmacologique et près d’un cinquième a opté pour un
médicament anti-tabac, tel que Champix ou Zyban. En ce qui concerne le groupe NRT, une minorité a
choisi de se passer d’aide pharmacologique (8 %) et seulement 2 % ont opté pour un médicament
anti-tabac.
21
Tableau 17 – Répartition des clients NRT et groupe contrôle, en fonction de l’utilisation d’un moyen
d’aide au sevrage à la fin de l’accompagnement, période du 1/6/2010 au 31/12/2011
Clients NRT Groupe contrôle
Aide au sevrage N % N %
Pas d’aide pharmacologique
9 8 % 93 35 %
Médicament 2 2 % 50 19 %
Gomme 4 4 % 7 3 %
Comprimé 20 19 % 30 11 %
Inhalateur 8 7 % 12 5 %
Patch 17 16 % 15 6 %
Combinaison patch + solution orale
48 44 % 55 21 %
Total 108 100 % 262 100 %
Tableau 18 – Répartition des clients NRT et groupe contrôle, en fonction du nombre total
d’entretiens effectués dans le cadre de l’accompagnement, période du 1/6/2010 au 31/12/2011
Clients NRT Groupe contrôle
Nombre d’entretiens N % N %
Moins de 6 31 29 % 122 47 %
Entre 6 et 8 45 42 % 107 41 %
Entre 9 et 11 28 26 % 30 11 %
12 et plus 4 4 % 3 1 %
Total 108 100 % 262 100 %
À la fin de l’accompagnement, 30 % des clients du groupe NRT ont eu plus de 8 entretiens. Dans le
groupe contrôle, ce pourcentage s’élève à 13. La proportion de personnes ayant eu moins de
6 entretiens est plus importante au sein du groupe contrôle qu’au sein du groupe NRT. Un peu plus de
40 % des clients de chaque groupe ont eu 6 à 8 entretiens (tableau 18).
Sur l’ensemble des clients proactifs qui ont achevé l’accompagnement entre le 1er
juin 2010 et le 31
décembre 2011, 102 personnes se sont efforcées d’arrêter de fumer sans aide pharmacologique. Les
personnes ayant eu recours à une aide pharmacologique pendant l’accompagnement sont au nombre
de 268. Parmi celles qui n’ont pas utilisé d’aide pharmacologique, 29 % se trouvaient, à la fin de
l’accompagnement, dans la phase d’action (= arrêt), contre 49 % parmi celles qui ont eu recours à une
aide pharmacologique. Parallèlement, le nombre de personnes qui ont effectivement arrêté de fumer
mais ont rechuté est plus élevé dans le groupe de personnes ayant eu recours à une aide
pharmacologique que dans l’autre groupe (29 % contre 15 %). Parmi ceux qui n’ont pas utilisé d’aide
pharmacologique, plus de la moitié reste au stade de contemplation ou de la préparation (tableau 19).
22
Tableau 19 – Pourcentage de clients, selon le statut tabagique à la fin de l’accompagnement, en
fonction de l’utilisation ou non d’une aide pharmacologique, période du 1/6/2010 au 31/12/2011
Pas d’aide Aide présente
Statut tabagique N % N %
Intention 26 25 % 22 8 %
Préparation 29 28 % 36 13 %
Action 30 29 % 130 49 %
Rechute 15 15 % 78 29 %
Non connu 2 2 % 2 1 %
Total 102 100 % 268 100 %
Tableau 20 - Pourcentage de clients, selon le statut tabagique à la fin de l’accompagnement, en
fonction de l’utilisation ou non d’une aide pharmacologique et de leur appartenance au groupe NRT
vs. groupe contrôle, période du 1/6/2010 au 31/12/2011
PAS D’AIDE PHARMACOLOGIQUE
Groupe NRT Groupe contrôle
Statut tabagique N % N %
Intention 3 33 % 23 25 %
Préparation 4 44 % 25 27 %
Action 2 22 % 28 30 %
Rechute 0 0 % 15 16 %
Non connu 0 0 % 2 2 %
Total 9 100 % 93 100 %
UTILISATION D’UNE AIDE PHARMACOLOGIQUE
Groupe NRT Groupe contrôle
Statut tabagique N % N %
Intention 10 10 % 12 7 %
Préparation 13 13 % 23 14 %
Action 41 41 % 89 53 %
Rechute 34 34 % 44 26 %
Non connu 1 1 % 1 1 %
Total 99 100 % 169 100 %
Les chances d’arrêter effectivement de fumer grâce à une aide pharmacologique sont de 76 % dans
le groupe NRT, contre 79 % dans le groupe contrôle. Sans aide pharmacologique, ces chances sont
de 22 % dans le groupe NRT contre 46 % dans le groupe contrôle. Cela pourrait signifier que la
réussite de l’arrêt tabagique chez les clients NRT est plus fortement corrélée à l’utilisation d’une aide
que parmi le groupe contrôle. À l’heure actuelle cependant, le nombre de clients NRT n’ayant pas eu
recours à une aide pharmacologique est encore trop faible pour que l’on puisse tirer des conclusions
fiables (tableau 20).
23
Remboursement des produits NRT (n=108 clients NRT et 2 clients no-counseling)
Sur les 108 participants ayant terminé le programme d’accompagnement avant le 31 décembre 2011,
82 (76 %) ont remis leurs tickets de pharmacie. 26 participants pouvant prétendre à un
remboursement des frais n’ont pas remis les tickets de pharmacie correspondants (24 %). Parmi les
personnes qui n’ont pas rentré leurs frais de pharmacie, les néerlandophones sont plus nombreux que
les francophones. Par ailleurs, deux clients (un néerlandophone et un francophone) ayant terminé leur
programme d’accompagnement plus tôt et classés, de ce fait, dans le groupe « no-counseling », ont
été remboursés de leurs frais. Si l’on inclut ces deux clients « no-counseling », 84 clients au total ont
bénéficié d’un remboursement des NRT. Le montant total de ces remboursements s’élève à
11 990 euros, ce qui correspond à 143 euros en moyenne par personne (tableaux 21 et 22).
Tableau 21 – Pourcentage de clients NRT ayant rentré leurs frais pharmaceutiques, en fonction de
l’appartenance linguistique, période du 1/6/2010 au 31/12/2011
Néerlandophones Francophones Total
Frais rentrés N % N %
Oui 36 65 % 46 87 % 82 76 %
Non 19 35 % 7 13 % 26 24 %
Total 55 100 % 53 100 % 108 100 %
Remarque: Deux personnes supplémentaires ont été remboursées. Il s’agit de personnes qui ont
terminé leur programme d’accompagnement plus tôt (statut = « no-counseling »). Ces personnes ne
sont pas reprises dans le tableau ci-dessus.
Tableau 22 – Nombre de clients ayant présenté leurs frais de NRT, montant total remboursé et
montant moyen par personne remboursé, en fonction de l’appartenance linguistique, période du
1/6/2010 au 31/12/2011
Groupe linguistique Nombre Montant total en € Montant moyen par
personne en €
Néerlandophone 37 4.881 132
Fra cophone 47 7.109 151
Total 84 11.990 143
Note : les montants sont arrondis à l’unité.
Suivi après 6 mois (groupe NRT= 57; groupe contrôle= 145)
Les clients qui ont arrêté de fumer à la fin de l’accompagnement ont bénéficié d’un suivi programmé
6 mois après la date de l’arrêt tabagique. Les clients qui n’ont pas arrêté au terme du programme
d’accompagnement ont eu un entretien de suivi six mois après la fin de l’accompagnement. Sur les
108 personnes qui ont achevé le programme NRT au 31 décembre 2011, 57 pouvaient faire l’objet
d’un suivi à 6 mois. Sur ces 57 personnes, 55 ont pu être effectivement contactées. S’agissant du
groupe contrôle, nous avons pu joindre 129 personnes sur les 145 susceptibles d’être contactées pour
24
le suivi. Les personnes qui n’ont pas pu être contactées ont été ajoutées à la catégorie « N’a pas
arrêté ».
Tableau 23 – Statut tabagique après 6 mois, chez les clients NRT et dans le groupe contrôle
Groupe NRT Groupe contrôle
Statut tabagique N % N %
Arrêt < 4 semaines 1 2 % 6 4 %
Arrêt > 4 semaines 8 14 % 29 20 %
Arrêt ≥ 6 mois 8 14 % 27 19 %
Rechute 18 32 % 28 19 %
N’a pas arrêté 22 39 % 55 38 %
Total 57 100 % 145 100 %
Remarque: Les personnes qui n’ont pas pu être contactées pour le suivi ont été ajoutées à la catégorie
« N’a pas arrêté ». Cela concerne deux clients du groupe NRT et 16 clients du groupe contrôle.
Le tableau 23 donne un aperçu de la situation sur le plan de l’arrêt de la consommation de tabac lors
du premier entretien de suivi à six mois (moyen terme). Le pourcentage de réussite est défini par la
proportion de clients ayant réussi à s’abstenir de fumer pendant 6 mois au moins. Ce pourcentage
s’élevait, fin 2011, à 14 % pour le groupe NRT, contre 19 % dans le groupe contrôle. La proportion de
clients ayant arrêté pendant moins longtemps est également plus faible dans le groupe NRT que dans
le groupe contrôle. Le groupe NRT présente plus de rechutes (32 %) que le groupe contrôle (19 %). Vu
le nombre encore réduit de clients ayant participé au suivi après six mois, ces premiers résultats
doivent être considérés comme provisoires. En 2012, nous poserons également des questions sur les
motifs de la rechute au cours de l’entretien de suivi. Compte tenu du nombre encore peu élevé de
personnes concernées, nous n’avons pas encore réalisé de tableau mettant en corrélation les taux de
réussite à six mois avec l’utilisation d’une aide pharmacologique, ou avec le nombre d’entretiens
d’accompagnement.
4. Conclusions
Arrêter de fumer est bénéfique pour la santé à court et à long terme. Les fumeurs ont donc tout
intérêt à mettre un terme à leur consommation de tabac, ce qui sera également profitable aux
fumeurs passifs. Des études démontrent qu’un accompagnement professionnel augmente
significativement les chances de réussite du sevrage. Le programme de counseling proactif propose
un accompagnement téléphonique à l’arrêt tabagique. Lancé le 1er mai 2007, ce projet a touché un
groupe cible important. Il s’est révélé le plus efficace parmi le groupe d’âge des 26-65 ans. Dans tous
les cas, arrêter de fumer offre de nombreux bénéfices sur le plan de la santé. Au terme de
25
l’accompagnement, 43 % des clients avaient arrêté de fumer. Un ex-fumeur sur cinq avait arrêté
depuis 6 mois ou plus lors du premier suivi, et 16 % étaient toujours abstinents depuis un an ou plus
lors du deuxième suivi. Ces observations corroborent les données des ouvrages consacrés au sujet.
En outre, nos observations étayent la recommandation préconisant de combiner accompagnement
personnel et aide pharmacologique dans un programme de sevrage tabagique. Les pourcentages de
réussite sont en effet toujours plus élevés chez les personnes qui ont associé un accompagnement
personnalisé à l’aide pharmacologique que chez celles qui n’ont pris ni substitut nicotinique ni autre
médication. La durée de l’accompagnement peut également s’avérer importante pour la réussite du
sevrage. En effet, les clients qui ont eu au moins six contacts téléphoniques obtenaient au terme de
l’accompagnement, ainsi que 6 mois et 12 mois après, des pourcentages de réussite plus élevés que
les clients ayant eu moins d’entretiens.
Outre ces pourcentages de réussite à court, moyen et long termes, il importe de ne pas perdre de vue
l’ensemble du processus de sevrage tabagique. Avant d’en arriver à un arrêt définitif, plusieurs étapes
préparatoires sont nécessaires. En outre, après le sevrage, l’ex-fumeur peut être confronté à une
rechute complète ou temporaire. Par conséquent, l’accompagnement au sevrage proposé est basé
sur un modèle en étapes, et nos résultats révèlent également de grandes disparités entre les
candidats au sevrage tabagique.
Pendant l’accompagnement, les clients sont préparés à l’arrêt. Les fumeurs peu motivés à l’idée
d’arrêter de fumer au début de l’accompagnement sont inclus dans le projet motivationnel qui a
débuté fin 2010. Ces personnes ont reçu, au maximum, quatre entretiens préparatoires dont l’objectif
était de renforcer leur motivation et de modifier leurs habitudes de consommation de tabac. Ensuite,
l’accompagnement a pris fin ou les intéressés ont été réorientés vers le programme
d’accompagnement proactif classique.
Trente-quatre pour cent des participants au programme d’accompagnement proactif se trouvent dans
une phase préparatoire lorsqu’ils terminent le programme, sans réussir à passer à la phase active
(l’arrêt effectif). Cela ne doit pas oblitérer le fait que ces personnes ont reçu dans la foulée davantage
d’informations sur le tabagisme et le sevrage, et comprennent mieux désormais leurs motivations à
arrêter de fumer (ou pas), le processus de sevrage, leurs résistances intrinsèques, etc. Dans la mesure
où la sensibilisation et la motivation constituent des préalables importants à l’arrêt tabagique, ces
personnes seront mieux armées lorsqu’elles envisageront de nouveau d’arrêter de fumer. En outre,
ces personnes peuvent s’être fixé un autre objectif que l’arrêt définitif – fumer moins, par exemple –
26
objectif qu’ils auront ou non atteint. À partir du 1er janvier 2012, les participants seront également
interrogés sur le nombre de cigarettes fumées afin de vérifier s’ils ont modifié leurs habitudes de
consommation dans le cadre du programme d’accompagnement.
Par ailleurs, il convient de prendre en considération un certain nombre d’ex-fumeurs qui, au terme de
l’accompagnement, ont connu une période de rechute, avant de faire une nouvelle tentative d’arrêt
et qui étaient donc de nouveau sevrés au moment du suivi.
La proportion de clients qui ne fumaient plus lors d’un entretien de suivi mais qui comptabilisaient
moins de 6 mois, ou moins d’un an d’arrêt (donc qui avaient arrêté seuls après l’accompagnement)
est de 14 % au rappel de 6 mois et de 10 % au rappel d’1 an. Dans la mesure où l’accompagnement a
été fortement orienté sur la prévention d’une rechute et surtout, le cas échéant, sur la gestion des
rechutes, ces personnes se sont donc révélées, plus en mesure de gérer un arrêt seuls après notre
accompagnement.
Après 6 mois et après un an, un quart des clients se trouve en phase de rechute. Au sein de ce
groupe, certains décideront peut-être, à un stade ultérieur, de programmer une nouvelle tentative
d’arrêt. Nous remarquons ainsi que l’entretien de suivi constitue parfois une nouvelle incitation à
l’arrêt et que les personnes concernées font éventuellement de nouveau appel au projet PA. Depuis le
début du projet, 65 personnes se sont inscrites pour la deuxième fois.
Nombre de fumeurs s’efforcent d’arrêter de fumer en comptant uniquement sur leur volonté, sans
aide ni médicaments. Le succès du sevrage tabagique relève cependant plus d’une question
d’approche que de volonté. Le projet PA de Tabacstop peut être utile à cet égard.
Le projet « Participation financière aux NRT » destinés aux fumeurs défavorisés dans le cadre des
entretiens proactifs représente un stimulant important à l’arrêt tabagique pour un groupe en
difficulté à plusieurs égards (financier mais aussi psychique).
À l’évidence, une offre variée de services est essentielle pour toucher un large public. Par conséquent,
TabacStop s’efforce d’améliorer l’adéquation de son offre de services aux processus individuels de
sevrage afin d’accompagner le mieux possible les participants, dans le cadre d’un programme
correspondant idéalement à leurs besoins. Le développement de l’offre de services de Tabacstop en
faveur des fumeurs défavorisés constitue un immense défi pour l’avenir. La participation financière
aux NRT dans ce groupe représente un stimulant positif, qui doit être évalué plus avant.