rapport relatif au projet - tabacstop · nicotiniques (nrt – nicotine replacement therapy)...

27
Rapport relatif au projet « Accompagnement proactif » de Tabacstop Période du 01/05/2007 au 31/12/2011

Upload: vuongmien

Post on 04-Apr-2018

225 views

Category:

Documents


5 download

TRANSCRIPT

Rapport relatif au projet « Accompagnement proactif » de Tabacstop

Période du 01/05/2007 au 31/12/2011

1

Rapport relatif au projet « Accompagnement proactif » de Tabacstop

Période du 01/05/2007 au 31/12/2011

1. Introduction

Nombre de fumeurs tentent de se défaire de leur dépendance au tabac sans demander d’aide ni de

soutien. Or, sans aide, seuls 3 à 5 % de fumeurs réussissent effectivement à arrêter de fumer. Un

accompagnement professionnel personnalisé n’est certes pas gage de succès, mais les chances de

réussite augmentent considérablement lorsque l’on combine une aide pharmacologique et un

soutien spécialisé. Chez les fumeurs qui bénéficient d’une aide adéquate, la probabilité qu’ils n’aient

pas recommencé à fumer après un an est de 25 %.

Le projet de « coach personnel » ou d’« accompagnement proactif » (projet PA) proposé par

Tabacstop désigne un programme d’assistance téléphonique destiné aux fumeurs déterminés à

renoncer au tabac. Cet accompagnement prend la forme de 6 à 8 entretiens téléphoniques (sur

rendez-vous), qui durent 15 à 20 minutes. Il est assuré par un tabacologue, c’est-à-dire un

professionnel de la santé spécialisé dans l’aide au sevrage tabagique et qui a suivi une formation en

tabacologie. Le tabagisme engendre une dépendance à la fois physique et psychologique liée aux

« habitudes comportementales », qui incite le fumeur à s’accrocher à la cigarette. L’accompagnement

doit donc tenir compte de ces deux aspects. Dans certains cas, l’accompagnement téléphonique sera

également complété par une aide pharmacologique.

Le modèle d’accompagnement repose sur le modèle des changements de comportement de

Prochaska & Diclemente (1983), mais a été revu et amélioré à la lumière de nouvelles connaissances.

Le modèle « Stages of Change » (stades de changement) de Prochaska & Diclemente propose une

approche du changement comportemental qui peut également s’appliquer à d’autres habitudes qui

conditionnent le style de vie – telles que l’alimentation ou l’activité physique – ou à d’autres types de

dépendance – à l’alcool par exemple. Dans ce modèle (cf. illustration page suivante), l’arrêt tabagique

n’est pas considéré sous l’angle du « tout ou rien » : « on fume ou on ne fume pas », ou « on veut

arrêter de fumer ou on ne veut pas ». L’arrêt tabagique est plutôt vu comme un processus au cours

duquel le fumeur passe par plusieurs stades. Au stade de précontemplation, il ne s’efforce pas encore

d’arrêter de fumer. Lorsqu’il arrive à la phase de « contemplation », il envisage d’arrêter de fumer

mais n’a pas encore l’intention concrète de changer de comportement à court terme. Pendant la

phase de « préparation », il entame des démarches concrètes pour tenter, à court terme, d’arrêter de

2

fumer et, au stade de l’« action », il tente effectivement de renoncer au tabac. Suit alors une phase

de « consolidation », indispensable pour renoncer définitivement au tabac.

Les phases du processus de changement (Prochaska et Di Clemente)

Pré-contemplation

Contemplation

Préparation

Action

Maintenance/consolidation

Rechute

3

La toute première phase est la pré-contemplation. Le fumeur passe ensuite aux stades suivants, mais

revient parfois à un stade antérieur. Souvent aussi, il lui arrivera de parcourir plusieurs fois les

différentes phases avant d’atteindre l’objectif, c’est-à-dire réussir à changer durablement de

comportement. Aussi la rechute est-elle considérée comme « normale » dans un processus de

changement de comportement. On adopte en outre pour principe que chaque tentative de sevrage

permet aussi de tirer des enseignements utiles et que l’on ne repart jamais vraiment de « zéro ». En

moyenne, 4 à 5 tentatives sont nécessaires avant d’aboutir à un arrêt durable.

Ce modèle des stades du changement (Stages of Change) a fait l’objet de nombreuses critiques. West

e.a. (2005) a ainsi fait remarquer que d’après une enquête sur les ménages, près de la moitié des

fumeurs ont tenté d’arrêter de fumer sans plan établi (immédiatement après avoir décidé d’arrêter

de fumer). Ces tentatives d’arrêt tabagique non planifiées étaient même davantage couronnées de

succès que les tentatives planifiées. C’est ainsi qu’il a élaboré sa théorie des catastrophes

(« catastrophe theory »), selon laquelle les convictions, les expériences et la situation peuvent

provoquer différents niveaux de « tension motivationnelle ». Même des petits facteurs déclenchants

(« triggers ») peuvent conduire à la décision d’arrêter de fumer, et le report de l’arrêt tabagique peut

amoindrir les chances de réussite. Selon West, cela ne signifie pas nécessairement que la planification

de l’arrêt tabagique est contreproductive. Il pense qu’un soutien comportemental et les substituts

nicotiniques (NRT – nicotine replacement therapy) améliorent les chances de réussite. Toujours

d’après West e.a. (2005), les campagnes de santé publique doivent viser à créer une tension

motivationnelle, à déclencher une action chez les fumeurs qui sont sur le point de modifier leur

attitude face à la cigarette et à assurer la mise à disposition immédiate de substituts nicotiniques et

d’un soutien comportemental afin d’encourager cette impulsion à l’arrêt tabagique. La théorie

motivationnelle PRIME (West, 2009) expose de façon plus détaillée les moyens qui permettent de

soutenir le client dans ce processus de changement de comportement. Si l’on se réfère à cette

théorie, chacun de nos actes est constamment régi par nos aspirations ou nos besoins. La plupart du

temps, nous n’en sommes pas activement conscients : nous continuons d’adopter notre

comportement habituel. Certains événements peuvent néanmoins nous amener à prendre

conscience de l’existence de désirs ou de besoins qui vont constituer le point de départ d’un

changement de comportement réfléchi. Nous ne sommes plus satisfaits de notre situation ou nous

sommes en mesure de l’améliorer et transposons alors le changement de comportement souhaité

dans une règle (« Je vais arrêter de fumer », « je vais fumer moins »). L’accompagnement à l’arrêt

tabagique consiste alors à soutenir l’intéressé dans cette prise de conscience, un processus au cours

4

duquel il définit une nouvelle règle de conduite en harmonie avec ses désirs et ses besoins. Les

chances de réussite augmentent lorsque cette règle est bien définie et lorsqu’elle correspond mieux à

la personnalité de l’intéressé. On a pour ce faire recours à un entretien motivationnel (« motivational

interviewing ») dans le « projet motivationnel » avant c’était projet « Motivational ». Dans le cadre de

ce sous-projet, les fumeurs qui n’ont pas encore défini de règle claire en matière d’arrêt tabagique

participent à quatre entretiens au cours desquels on tente de faire naître chez eux l’intention

d’arrêter. Si cette intention d’arrêter devient réelle, l’accompagnement est poursuivi. Les clients

proactifs « ordinaires » passent également l’entretien motivationnel, pendant lequel l’ambivalence

par rapport à l’arrêt tabagique est mise en lumière, mais il représente souvent une partie moins

importante de l’accompagnement.

Au final, les participants ne réussissent pas tous à arrêter de fumer complètement.

L’accompagnement promeut un arrêt tabagique complet, mais le client peut aussi se fixer une autre

règle – fumer moins, par exemple. En outre, tous ne reviennent pas à un arrêt tabagique complet

après une rechute. Dans ce cas, leur dossier peut être « mis en suspens » un certain temps ou

clôturé. Lorsque l’intéressé est de nouveau déterminé à faire un travail sur lui-même afin de changer

de comportement, il peut se réinscrire si son dossier a été clôturé ou « réactiver » son dossier si ce

dernier avait été mis en suspens. De même, il arrive que la rechute survienne après

l’accompagnement et que l’intéressé se réinscrive ultérieurement. Le projet « Accompagnement

proactif » a été lancé en 2007 et s’est achevé le 31 décembre 2011 : au cours de cette période, 65

personnes – 39 néerlandophones et 26 francophones – se sont inscrites une deuxième fois pour

bénéficier d’un accompagnement proactif. De cette manière, le counseling peut être mieux adapté au

processus de changement de comportement de chacun. Étant donné que l’analyse porte sur les

caractéristiques par accompagnement et non par personne, plusieurs accompagnements seront

repris dans les analyses concernant ces personnes.

Depuis le 1er janvier 2012, les participants sont également interrogés sur le nombre de cigarettes

fumées par jour au début et à la fin de l’accompagnement puisque « fumer moins » est aussi un

changement de comportement.

5

2. Méthode

Les résultats sont issus des données opérationnelles de Tabacstop. Lorsqu’un client demande un

accompagnement téléphonique proactif, un dossier personnel est ouvert et complété par le

tabacologue en charge de l’accompagnement. Dans ce rapport, nous proposons d’abord une

description générale de la méthode d’accompagnement proactif. Nous nous intéressons ensuite plus

en détail à deux sous-projets, à savoir le projet « Participation financière aux NRT » et le « projet

motivationnel ».

2.1. L’accompagnement téléphonique proactif en général

Lorsqu’il s’inscrit à un programme d’accompagnement proactif, le fumeur doit remplir un

questionnaire. Ce questionnaire peut être téléchargé à partir du site web et renvoyé par e-mail à

Tabacstop. Il peut également être envoyé par courrier aux intéressés, qui devront ensuite le renvoyer

complété, également par courrier. Le questionnaire porte sur un certain nombre de caractéristiques,

entre autres les données démographiques, le profil tabagique et quelques variables pertinentes

concernant la santé physique et psychique du participant. Le dossier de ce dernier est créé via

Tabacstop, de sorte que le tabacologue dispose de ces informations de base dès le début de

l’accompagnement.

Le tabacologue parcourt ensuite ce questionnaire avec le client. Il peut ainsi se faire une idée plus

précise à propos du client, mais contribue aussi, ce faisant, à la qualité des données. Le tabacologue

complète le dossier à chaque entretien. Il note si la personne a recours à une aide pharmacologique

et, le cas échéant, laquelle, ainsi que le moment auquel elle a arrêté de fumer et, éventuellement,

recommencé (rechute). Il indique aussi si le dossier est temporairement en suspens. Le tabacologue

dispose aussi d’un champ de texte dans lequel il peut inscrire toutes les informations qu’il juge

pertinentes pour l’accompagnement. Lors de la clôture du dossier, la procédure standard veut que le

tabacologue consigne de nouveau une série d’informations telles que le statut tabagique à la fin de

l’accompagnement et le nombre total d’entretiens.

Depuis le lancement du projet le 1er mai 2007, 1.146 personnes se sont inscrites au programme

d’accompagnement proactif. Parmi elles, 129 ont reçu pour statut « no counseling » parce qu’un seul

entretien maximum avait eu lieu. Dans ce cas, l’accompagnement n’a jamais débuté ou il s’est avéré

6

impossible de contacter la personne. 11 % des participants inscrits n’ont finalement pas entamé le

programme d’accompagnement au sevrage tabagique. Ils n’ont donc pas été pris en considération

dans les analyses. En ce qui concerne les données démographiques demandées au moment de

l’inscription, on peut dès lors avancer le chiffre de 1.017 participants proactifs qui ont effectivement

commencé l’accompagnement. Sur ces 1.017 participants, 829 avaient terminé l’accompagnement le

31 décembre 2011. Pour ces clients, les analyses en fin d’accompagnement peuvent être effectuées.

Tableau 1 – Clients ayant le statut « no counseling » depuis le 1er mai 2007, selon l’appartenance

linguistique et le nombre d’entretiens

Néerlandophones Francophones Total

N % N % N %

Pas d’entretien 50 63% 26 53% 76 59%

Un seul entretien 30 38% 23 47% 53 41%

Total 80 100% 49 100% 129 100%

Si la personne a arrêté de fumer à la fin de l’accompagnement, nous reprenons contact avec elle par

téléphone à deux reprises, six mois et un an après la date de l’arrêt tabagique, afin de connaître son

statut tabagique. Les personnes qui fumaient toujours ou qui ont recommencé à fumer sont

également recontactées six et douze mois après la fin de l’accompagnement et invitées à répondre à

la même question. En ce qui concerne le suivi après 6 mois, nous avons pu joindre 585 personnes sur

les 664 appelées (88 %). Pour le suivi après 1 an, 453 des 550 patients proactifs (82 %) ont pu être

contactés. Lors des analyses, les personnes qui n’ont pu être contactées pour les entretiens de suivi

après 6 mois et 1 an ont été incluses dans le groupe des personnes qui n’ont pas arrêté de fumer.

Tableau 2 - Nombre de clients impliqués dans les différentes analyses relatives à

l’accompagnement proactif traditionnel (« PA ») du 1er mai 2007 au 31 décembre 2011, en fonction

de la phase du programme

Néerlandophones Francophones Total

Nombre d’inscriptions 750 396 1.146

Début de l’accompagnement PA

671 346 1.017

Fin de l’accompagnement PA

548 281 829

Suivi après 6 mois 478 186 664 585 contactés

Suivi après 1 an 390 160 550 453 contactés

7

2.2. Projet « Participation financière aux NRT »

Le projet pilote « Participation financière aux NRT » a été mis en œuvre en juin 2010 afin de rendre

les substituts nicotiniques plus abordables pour les fumeurs défavorisés inscrits à un programme

d’accompagnement proactif auprès de Tabacstop et d’augmenter ainsi la probabilité qu’ils essaient

réellement d’arrêter de fumer, qu’ils suivent correctement leur traitement et accroissent leurs

chances de réussite. Le remboursement peut être demandé une fois tous les 2 ans La durée du

remboursement du substitut nicotinique est en outre limitée à 6 semaines. Les bénéficiaires sont

sélectionnés via Tabacstop. Du côté francophone, quelques participants ont également été admis via

les maisons médicales. Les participants devaient satisfaire aux conditions suivantes : suivre le

programme d’accompagnement proactif et avoir droit à une assurance majorée de l’assurance ou

bénéficier d’une aide financière du CPAS. Certains groupes sont exclus de cette mesure : les femmes

enceintes, les jeunes de moins de 18 ans, les personnes atteintes récemment d’une maladie

cardiovasculaire ou souffrant d’hypertension sévère. Le médecin traitant est également consulté afin

d’exclure toute contre-indication.

Au total, 170 clients répondant aux critères de participation au projet ont reçu les documents

nécessaires. 85 % d’entre eux ont effectivement entamé le programme d’accompagnement et avaient

droit au remboursement. L’accompagnement s’est terminé le 31 décembre 2011 pour 108 clients

NRT. Ils ont été repris dans toutes les analyses issues de ce rapport concernant le profil du client NRT

et le statut tabagique à la fin de l’accompagnement. Les clients NRT qui ont terminé le programme

d’accompagnement ont été comparés aux autres clients proactifs ayant également terminé cet

accompagnement pendant la même période (n= 262). Lors du suivi après 6 mois, 55 clients NRT sur

57 ont pu être contactés par téléphone. Dans le groupe des clients non-NRT, la proportion était de

129 sur 145. Lors du suivi après 1 an, 21 clients NRT sur 23 ont pu être contactés. Vu le petit nombre

de clients NRT contactés pour l’entretien de suivi après 1 an, ces chiffres ne sont pas pris en

considération pour l’instant.

8

Tableau 3 - Nombre de clients NRT impliqués dans les différentes analyses relatives à

l’accompagnement proactif traditionnel (« PA ») du 1er juin 2010 au 31 décembre 2011, selon la

phase du programme

Néerlandophones Francophones Total

Envoi des documents NRT 93 77 170

Documents NRT en ordre 71 73 144

Fin de l’accompagnement PA

55 53 108

Suivi après 6 mois 38 19 57 55 contactés

Suivi après 1 an 12 11 23 21 contactés

2.3. Projet motivationnel

Le projet motivationnel concerne des personnes qui, lors de leur admission au programme, ne sont

pas suffisamment motivées. Elles bénéficient alors de quatre entretiens préparatoires maximum,

destinés à renforcer leur motivation et à modifier leurs habitudes tabagiques. Après ces quatre

entretiens, on détermine si elles veulent poursuivre le programme. En l’absence d’augmentation de la

motivation, on met fin à l’accompagnement. S’il est animé d’une motivation plus importante, le client

passe à l’accompagnement proactif. De « motivationnel », son statut devient « proactif ».

L’enregistrement a débuté fin 2010. Jusqu’à présent, les données relatives au nombre de clients qui

sont passés du statut « motivationnel » à « proactif » n’ont pas été tenues à jour, mais cela sera fait à

l’avenir.

Les chiffres actuels relatifs au projet motivationnel portent sur les 30 clients qui ne sont pas passés à

l’accompagnement proactif classique. Deux à quatre entretiens motivationnels ont eu lieu avec eux,

soit un total de 91 entretiens pour l’ensemble de ces clients. Onze de ces 30 clients sont passés du

stade de contemplation à celui de la préparation et l’un d’eux a essayé d’arrêter de fumer. Pour les

autres clients, on n’a noté aucune évolution de statut entre le départ et la fin de l’accompagnement.

Ce groupe de clients qui ont gardé le statut « motivationnel » du début à la fin n’a pas été pris en

compte dans le présent rapport. Les clients qui sont passés du statut « motivationnel » au statut

« proactif » ont été repris dans les analyses portant sur l’accompagnement proactif.

9

Tableau 4 - Nombre de clients ayant le statut « motivationnel » à la fin de l’accompagnement, de

fin 2010 au 31 décembre 2011, selon l’appartenance linguistique et le nombre d’entretiens

Nombre d’entretiens Néerlandophones Francophones Total Total

entretiens

N % N % N % N

2 5 38% 4 24% 9 30% 18

3 7 54% 4 24% 11 37% 33

4 1 8% 9 53% 10 33% 40

Total 13 100% 17 100% 30 100% 91

3. Résultats

Nous présentons d’abord les résultats du projet « Accompagnement proactif » dans son ensemble.

Viendront ensuite les résultats du projet « Participation financière aux NRT ».

3.1. « Accompagnement proactif » - période 01/05/2007 – 31/12/2011

Cette partie du rapport donne un aperçu descriptif des données collectées auprès des participants au

projet entre le 01/05/2007 et le 31/12/2011.

Données démographiques des participants au projet PA (n=1.017)

1.017 personnes ont participé au programme d’accompagnement proactif entre le 1er mai 2007 et le

31 décembre 2011, ce qui a donné lieu à 6.428 entretiens. Fin 2010, le nombre de participants était

encore de 607 et 3.626 entretiens ont eu lieu, ce qui témoigne de la forte augmentation de la

demande pour ce service. Les participants étaient majoritairement néerlandophones (66 %), et les

entretiens se sont donc déroulés majoritairement en néerlandais (66 %). Même si l’on tient compte

de la structure de la population qui compte environ 60% de Flamands, les néerlandophones restent

mieux représentés que les francophones dans le projet PA. L’augmentation du nombre de clients

francophones et d’entretiens en français a toutefois été plus importante en 2011.

10

Tableau 5 Nombre de clients proactifs et d’entretiens, selon l’appartenance linguistique et la

période

Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011

N % N %

Néerlandais 432 71% 671 66%

Français 175 29% 346 34%

Total 607 100% 1.017 100%

Néerlandais 2.675 72% 4.269 66%

Français 1039 28% 2.159 34%

Total 3.714 100% 6.428 100%

Graphique 1 Nombre de clients proactifs et pourcentage de la population selon la province

Note : Clients PA = nombre de clients PA pour une province déterminée sur le nombre total de clients

PA pour la période du 1/05/2007 au 31/12/2011. Population = population dans la province concernée

sur la population totale belge au 1/1/2010, SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, DGSIE,

http://statbel.fgov.be/.

11

Les femmes ont participé en plus grand nombre (56 %) que les hommes (44 %) (Tableau 6).

Tableau 6 Nombre de clients proactifs selon le sexe et la période

Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011

N % N %

Hommes 272 45% 444 44%

Femmes 335 55% 573 56%

Total 607 100% 1.017 100%

22% des clients PA sont issus de la province d’Anvers. Par rapport à son poids démographique (16 %

de la population belge), la population anversoise est donc largement représentée dans le projet. La

population bruxelloise est également mieux représentée que ce que l’on pouvait escompter par

rapport à son poids démographique. On constate l’inverse pour les provinces du Hainaut et de Liège.

Globalement, par rapport à 2010, les pourcentages des provinces se rapprochent davantage de leur

poids démographique.

Graphique 2 Pourcentage de clients proactifs selon l’âge

La tranche d’âge des 46-55 ans reste la plus représentée avec 32 %, suivie par les deux catégories

d’âge les plus proches : les 36-45 ans (22 %) et les 56-65 ans (20 %). Les moins de 25 ans et les plus de

65 ans participent en revanche assez rarement au programme.

12

Profil des personnes ayant terminé l’accompagnement pendant la période d’évaluation (n=829)

Sur les 1.017 participants au programme d’accompagnement, 829 l’avaient terminé au 31 décembre

2011. Pour les autres clients proactifs, l’accompagnement était toujours en cours.

Le Tableau 7 indique le statut tabagique du participant à la fin de l’accompagnement. Ces résultats

montrent que 34 % des participants n’avaient pas encore essayé d’arrêter de fumer à la fin de

l’accompagnement. Fin 2010, ce chiffre était encore de 40 %. Ce groupe envisageait d’arrêter de

fumer mais se montrait encore ambivalent et n’avait donc pas encore d’intention concrète d’arrêt

tabagique à court terme (= contemplation), ou bien il envisageait un sevrage tabagique à court terme

(= préparation). Environ un cinquième des participants (21 %) a fait une tentative au cours de

l’accompagnement et a rechuté (= rechute). 43 % du groupe avaient effectivement arrêté de fumer à

la fin de l’accompagnement (= action). Fin 2011, le taux de réussite à la fin de l’accompagnement est

de 43%, ce qui représente une légère hausse par rapport au taux de 41%1 enregistré fin 2010.

Tableau 7 Statut tabagique à la fin de l’accompagnement, selon la période

Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011

N % N %

Pré-intention 0 0% 0 0%

Intention 98 19% 123 15%

Préparation 112 21% 159 19%

Action 216 41% 357 43%

Rechute 102 19% 178 21%

Inconnu 12 1%

Total 528 100% 829 100%

Tableau 8 Recours aux moyens d’aide, selon la période

Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011

N % N %

Aucun moyen 215 41% 289 35%

NRT 201 38% 383 46%

Médication 112 21% 157 19%

Total 528 100% 829 100%

La majorité des participants a par ailleurs utilisé une solution pharmacologique pour arrêter de

fumer, sous la forme de substituts nicotiniques (NRT, 46 %) ou d’une médication (principalement

1 Il y a lieu de faire remarquer que l’enregistrement des participants au projet ‘Motivational’ a commencé fin

2010. Ces personnes n’ont pas été reprises dans les statistiques depuis 2011. Fin 2011, 36 % des participants, à

l’inclusion de ces 30 clients ‘motivational’, n’avaient pas encore essayé d’arrêter de fumer et le taux de réussite

était de 42 %.

13

Zyban ou Champix, 19 %, voir Tableau 8). Le recours aux NRT a considérablement augmenté, passant

de 38 % fin 2010 à 46 % fin 2011. Sur cette même période, le nombre de clients ayant tenté un arrêt

tabagique sans aucune aide diminue. Les personnes qui ont opté pour une aide au sevrage en 2011

ont plus souvent choisi de combiner différents NRT. Le pourcentage de personnes ayant utilisé une

combinaison de différents NRT est ainsi passé de 18 % fin 2010 à 26 % fin 2011 (Tableau 9). Le taux

d’utilisation du médicament Champix est en baisse sur cette même période. Les autres changements

sont moins importants. Sur cette période complète, les solutions d’aide les plus fréquemment

choisies sont les comprimés, le Champix et une combinaison de NRT.

Tableau 9 Type d’aides au sevrage utilisées, selon la période

Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011

N % N %

Champix 102 33% 142 26%

Zyban 10 3% 12 2%

Gomme 32 10% 42 8%

Inhalateur 19 6% 36 7%

Patch 29 9% 56 10%

Combinaison de NRT 55 18% 142 26%

Comprimés 65 21% 107 20%

Autre 3 1%

Total 312 100% 540 100%

Graphique 3 Pourcentage des accompagnements selon le nombre total d’entretiens à la fin de

l’accompagnement

14

Le Graphique 3 montre que le nombre de contacts téléphoniques par participant est très variable –

de 1 à plus de 9 contacts. Le groupe le plus représenté est celui qui a bénéficié de 8 contacts. Il

concerne en effet 17% des accompagnements. La moyenne est de 6 contacts.

Nous nous sommes ensuite intéressés au taux de réussite à la fin de l’accompagnement en fonction

des facteurs susmentionnés, c’est-à-dire 1) le nombre de contacts et 2) le fait de recourir ou non à des

aides au sevrage et la nature de ces aides. Le taux de réussite se définit selon le nombre de personnes

qui, à la fin d’accompagnement, ont arrêté de fumer (et n’ont toujours pas recommencé) (statut en

fin d’accompagnement = « action », n=357). Les personnes qui n’ont pas arrêté (n=472) sont celles qui

n’ont pas (encore) tenté d’arrêt tabagique (statut en fin d’accompagnement = contemplation +

« préparation », n=282) et celles qui ont rechuté pendant l’accompagnement et qui fumaient donc de

nouveau à la fin de l’accompagnement (statut en fin d’accompagnement = « rechute », n=178). Les

personnes dont le statut de fin d’accompagnement était « inconnu » ont également été placées dans

la catégorie des fumeurs n’ayant pas arrêté (n=12).

Le taux de réussite en fin d’accompagnement est largement lié au nombre d’entretiens : le taux de

réussite en fin d’accompagnement était beaucoup plus élevé dans le groupe des personnes ayant

bénéficié d’au moins 6 entretiens (54 %) que dans le groupe ayant bénéficié de moins de 6 entretiens

(29 %). De plus, le taux de réussite varie selon que la personne a ou non recours à un traitement

pharmacologique. Le taux de réussite chez les personnes qui suivent un traitement pharmacologique

est de 50% contre 29 % chez les fumeurs n’ayant pas bénéficié d’un tel traitement. 57 % des

personnes ayant reçu une médication (principalement du Zyban ou du Champix) et 48 % des

utilisateurs de NRT avaient arrêté de fumer en fin d’accompagnement.

Suivi après 6 mois (n=664)

L’entretien de suivi après 6 mois est prévu 6 mois après la date de l’arrêt tabagique pour les

personnes qui ont arrêté de fumer en fin d’accompagnement. Les autres clients sont contactés par

téléphone 6 mois après la fin de l’accompagnement.

Sur les 1.017 participants au programme d’accompagnement proactif, 664 étaient concernés par cet

entretien de suivi. Cet entretien a effectivement eu lieu pour 585 personnes. Les autres n’ont pas pu

être contactées malgré plusieurs tentatives d’appel. Dans le Tableau 10, ce dernier groupe est repris

dans la catégorie « n’a pas arrêté », ce qui fait probablement baisser le taux de réussite.

15

Tableau 10 Statut tabagique après 6 mois

Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011

Statut N % N %

Arrêt < 4 semaines 10 2% 17 3%

Arrêt > 4 semaines 33 8% 70 11%

Arrêt ≥ 6 mois 101 23% 140 21%

Rechute 113 26% 169 25%

N’a pas arrêté 182 41% 268 40%

Total 439 100% 664 100%

Note : Les 79 personnes que nous n’avons pas pu contacter fin 2011 ont été placées dans la catégorie

“n’a pas arrêté”.

Le Tableau 10 donne un aperçu du statut tabagique des participants au moment du premier entretien

de suivi. Le taux de réussite à moyen terme se définit comme le pourcentage de clients qui n’ont pas

fumé pendant six mois au moins. Ce pourcentage est de 21% fin 2011. Fin 2010, il était de 23%. Bien

que la proportion de clients ayant cessé de fumer depuis plus de 6 mois était un peu plus faible à la

fin de l’année 2011, le pourcentage total de clients ayant arrêté est pratiquement équivalent fin 2010

et fin 2011 (respectivement 33% et 34%). En effet, à la fin de l’année 2011, le nombre de clients qui

avaient cessé de fumer depuis moins de 6 mois au moment de l’entretien de suivi était plus élevé.

Lors de cet entretien de suivi, environ un quart des clients avaient rechuté. 40 % des clients ont été

placés dans la catégorie « n’a pas arrêté » (12 % d’entre eux n’ont pas pu être contactés).

Nous avons par ailleurs vérifié si ce taux de réussite à moyen terme variait en fonction du nombre

d’entretiens téléphoniques d’une part, et du recours à des aides au sevrage d’autre part. Le taux de

réussite est largement lié au nombre d’entretiens : le pourcentage de clients ayant arrêté depuis au

moins 6 mois est deux fois plus important dans le groupe ayant bénéficié d’au moins 6 entretiens

(27 %) que dans le groupe ayant bénéficié de moins d’entretiens (13 %). Par ailleurs, ce taux de

réussite varie selon qu’il y a ou non eu recours à une aide pharmacologique. Le taux de réussite parmi

les bénéficiaires d’un tel traitement est de 24 % contre 17 % chez les fumeurs n’ayant pas eu recours à

une aide au sevrage pharmacologique.

Suivi après 1 an (n=550)

Sur les 1.017 participants au programme d’accompagnement proactif, 550 étaient concernés par

l’entretien de suivi après 1 an. Celui-ci a pu avoir lieu pour 453 participants (taux de réponse = 82 %).

Nous n’avons pas pu joindre les autres malgré plusieurs tentatives d’appel. Dans le Tableau 10, ce

16

dernier groupe est repris sous la catégorie « n’a pas arrêté », ce qui fait probablement baisser

quelque peu le taux de réussite.

Le Tableau 11 donne un aperçu du statut tabagique au moment du second entretien de suivi, qui a

lieu après 1 an. Le taux de réussite après ce délai plus long se définit comme le nombre de clients qui

ont cessé de fumer depuis au moins une année complète au moment du suivi. Ce pourcentage est

égal à 16 % fin 2011. 7 % des clients ont cessé de fumer depuis au moins six mois et 3 % depuis moins

de 6 mois. Le nombre de clients ayant arrêté de fumer depuis au moins six mois est presque

équivalent fin 2010 et fin 2011 (23 % pour chaque période). Fin 2011, le pourcentage de clients ayant

cessé de fumer depuis moins de 6 mois est inférieur au pourcentage de fin 2010 (3 % contre 6 %).

Environ un quart des clients avait rechuté au moment de l’entretien de suivi. Près d’un client sur deux

est repris dans la catégorie « n’a pas arrêté » (18 % d’entre eux n’ont pu être recontactés après 1 an).

Tableau 11 Statut tabagique après 12 mois

Jusqu’au 31/12/2010 Jusqu’au 31/12/2011

Statut N % N %

Arrêt < 6 mois 20 6% 18 3%

Arrêt ≥ 6 mois 21 6% 39 7%

Arrêt ≥ 12 mois 64 18% 89 16%

Rechute 70 19% 136 25%

N’a pas arrêté 187 52% 268 49%

Total 362 100% 550 100%

Note : Les 97 personnes que nous n’avons pas pu contacter fin 2011 ont été reprises dans la catégorie

« n’a pas arrêté ».

Le pourcentage de personnes ayant arrêté de fumer depuis au moins un an était plus élevé dans le

groupe qui avait bénéficié d’au moins 6 contacts téléphoniques (21 %) que dans celui qui en avait eu

moins de 6 (11 %). L’écart entre les deux groupes au moment du second entretien de suivi est

inférieur aux écarts constatés après 6 mois (27 % versus 13 %) et à la fin de l’accompagnement (54 %

versus 29 %).

En ce qui concerne le taux de réussite en fonction du recours ou non aux aides au sevrage, on

constate qu’après 12 mois, il est toujours légèrement supérieur pour le groupe ayant bénéficié d’aides

au sevrage (19 %) par rapport au groupe qui n’y a pas eu recours (12 %). Cet écart est certes

beaucoup moins flagrant qu’en fin d’accompagnement (50 % versus 29 %).

17

Par ailleurs, il convient de prendre en considération un certain nombre d’ex-fumeurs qui, au terme de

l’accompagnement, ont connu une période de rechute, avant de faire une nouvelle tentative d’arrêt

et qui étaient donc de nouveau sevrés au moment du suivi.

La proportion de clients qui ne fumaient plus lors d’un entretien de suivi mais qui comptabilisaient

moins de 6 mois, ou moins d’un an d’arrêt (donc qui avaient arrêté seuls après l’accompagnement)

est de 14 % au rappel de 6 mois et de 10 % au rappel d’1 an. Dans la mesure où l’accompagnement a

été fortement orienté sur la prévention d’une rechute et surtout, le cas échéant, sur la gestion des

rechutes, ces personnes se sont donc révélées, plus en mesure de gérer un arrêt seuls après notre

accompagnement.

3.2. Projet « Participation financière aux NRT » - période du 1/6/2010 au 31/12/2011 Dans cette partie du rapport, nous comparons deux groupes de clients ayant achevé le programme

d’accompagnement proactif au cours de la période comprise entre le 1er

juin 2010 et la fin de l’année

2011 : le groupe de clients ayant bénéficié du remboursement du NRT pendant 6 semaines (n=108) et

un groupe contrôle qui n’a pu y avoir recours (n=262). Le projet NRT a rassemblé un nombre

pratiquement égal de participants néerlandophones (n=55) et francophones (n=53).

Profil des participants (groupe NRT = 108 ; groupe contrôle = 262)

71 % des participants issus du groupe NRT sont âgés d’au moins 46 ans, contre 57 % dans le groupe

contrôle (Tableau 12). La différence la plus marquée est observée dans la catégorie des 46-55 ans,

fortement surreprésentée parmi les participants au projet NRT. Les 16-35 ans sont moins représentés

parmi les clients NRT (5 %) que parmi les autres participants au programme d’accompagnement

proactif (22 %).

Tableau 12 – Âge des clients NRT vs groupe contrôle, période du 1/6/2010 au 31/12/2011

Clients NRT Groupe contrôle

Âge N % N %

<15 ans 0 0 % 0 0 %

16 - 25 ans 1 1 % 17 6 %

26 - 35 ans 4 4 % 41 16 %

36 - 45 ans 26 24 % 52 20 %

46 - 55 ans 44 41 % 79 30 %

56 - 65 ans 26 24 % 50 19 %

Plus de 65 ans 7 6 % 20 8 %

Âge non connu 0 0 % 3 1 %

Total 108 100 % 262 100 %

18

Tableau 13 – Répartition des clients NRT et groupe contrôle, par produit du tabac, période du

1/6/2010 au 31/12/2011

Clients NRT Groupe contrôle

Produit du tabac N % N %

Cigarette à rouler 56 52 % 54 21 %

Cigarette avec filtre 49 45 % 190 73 %

Pipe 1 1 % 0 0 %

Cigare 1 1 % 7 3 %

Non connu 1 1 % 11 4 %

Total 108 100 % 262 100 %

La quasi-totalité des clients fume des cigarettes. Plus de la moitié (52 %) des clients NRT fume des

cigarettes à rouler. Dans le groupe contrôle, près d’un client PA sur cinq roule lui-même ses cigarettes

(tableau 13).

Tableau 14 – Répartition des clients NRT et groupe contrôle, en fonction du nombre de cigarettes

fumées par jour, période du 1/6/2010 au 31/12/2011

Clients NRT Groupe contrôle

Nombre de cigarettes par jour

N % N %

< 10 8 7 % 34 13 %

11-20 29 27 % 100 38 %

21-30 30 28 % 78 30 %

31-40 12 11 % 21 8 %

>40 26 24 % 26 10 %

Non connu 3 3 % 3 1 %

Total 108 100 % 262 100 %

Le tableau 14 présente le profil de dépendance des clients sur la base du nombre de cigarettes

fumées par jour. 63 % des clients NRT fument plus de 20 cigarettes par jour et peuvent dès lors être

inclus dans la catégorie des « gros fumeurs ». Dans le groupe contrôle, 48 % des clients fument plus

de 20 cigarettes. La différence entre les clients NRT et les autres porte essentiellement sur les très

gros fumeurs qui fument plus de 30 cigarettes par jour. 35 % des clients NRT appartiennent à cette

catégorie, contre 18 % des personnes issues du groupe contrôle.

Tableau 15 – Répartition des clients NRT et groupe contrôle, selon qu’ils ont présenté des troubles

psychiques, période du 1/6/2010 au 31/12/2011

Clients NRT Groupe contrôle

Comorbidité N % N %

Troubles psychiques 80 74 % 89 34 %

Pas de troubles psychiques

28 26 % 173 66 %

19

Total 108 100 % 262 100 %

Les participants au projet NRT sont des fumeurs présentant une grande fragilité due à des problèmes

psychiques. Trois quarts des participants du groupe NRT et un tiers dans le groupe contrôle déclarent

présenter des antécédents de dépression et/ou avoir été traités pour une autre affection psychiatrique

(tableau 15).

20

Analyses à la fin de l’accompagnement (groupe NRT = 108; groupe contrôle = 262)

Le tableau 16 présente le statut tabagique des participants à la fin de l’accompagnement.

Tableau 16 – Répartition des clients NRT et groupe contrôle, en fonction de leur statut tabagique à

la fin de l’accompagnement, période du 1/6/2010 au 31/12/2011

Clients NRT Groupe contrôle

Statut tabagique N % N %

Indétermination 0 0 % 0 0 %

Intention 13 12 % 35 13 %

Préparation 17 16 % 48 18 %

Action 43 40 % 117 45 %

Rechute 34 31 % 59 23 %

Non connu 1 1 % 3 1 %

Total 108 100 % 262 100 %

71 % des clients NRT ont déjà fait une tentative d’arrêt tabagique, contre 67 % dans le groupe

contrôle. Le pourcentage de rechute est néanmoins un peu plus élevé parmi les clients NRT (31 %)

que dans le groupe contrôle (23 %). Partant, la proportion de clients ayant arrêté de fumer à la fin de

l’accompagnement est plus élevée dans le groupe contrôle que dans le groupe NRT (45 % contre

40 %).

Le tableau 17 compare l’utilisation d’une aide pharmacologique entre les deux groupes. 90 % des

personnes du groupe NRT, contre 45 % dans le groupe contrôle, ont utilisé des substituts

nicotiniques. 44 % des clients NRT, contre 21 % des personnes du groupe contrôle, ont recouru à la

combithérapie, qui combine le port d’un patch et la prise orale d’une aide au sevrage. La forte

représentation de la combithérapie chez les clients NRT s’explique par le profil de dépendance de ce

groupe, composé pour l’essentiel de très gros fumeurs ayant besoin d’un dosage plus élevé en

nicotine pour pouvoir contrôler les symptômes de sevrage. Chez les autres participants au projet PA,

35 % ont choisi de ne pas utiliser d’aide pharmacologique et près d’un cinquième a opté pour un

médicament anti-tabac, tel que Champix ou Zyban. En ce qui concerne le groupe NRT, une minorité a

choisi de se passer d’aide pharmacologique (8 %) et seulement 2 % ont opté pour un médicament

anti-tabac.

21

Tableau 17 – Répartition des clients NRT et groupe contrôle, en fonction de l’utilisation d’un moyen

d’aide au sevrage à la fin de l’accompagnement, période du 1/6/2010 au 31/12/2011

Clients NRT Groupe contrôle

Aide au sevrage N % N %

Pas d’aide pharmacologique

9 8 % 93 35 %

Médicament 2 2 % 50 19 %

Gomme 4 4 % 7 3 %

Comprimé 20 19 % 30 11 %

Inhalateur 8 7 % 12 5 %

Patch 17 16 % 15 6 %

Combinaison patch + solution orale

48 44 % 55 21 %

Total 108 100 % 262 100 %

Tableau 18 – Répartition des clients NRT et groupe contrôle, en fonction du nombre total

d’entretiens effectués dans le cadre de l’accompagnement, période du 1/6/2010 au 31/12/2011

Clients NRT Groupe contrôle

Nombre d’entretiens N % N %

Moins de 6 31 29 % 122 47 %

Entre 6 et 8 45 42 % 107 41 %

Entre 9 et 11 28 26 % 30 11 %

12 et plus 4 4 % 3 1 %

Total 108 100 % 262 100 %

À la fin de l’accompagnement, 30 % des clients du groupe NRT ont eu plus de 8 entretiens. Dans le

groupe contrôle, ce pourcentage s’élève à 13. La proportion de personnes ayant eu moins de

6 entretiens est plus importante au sein du groupe contrôle qu’au sein du groupe NRT. Un peu plus de

40 % des clients de chaque groupe ont eu 6 à 8 entretiens (tableau 18).

Sur l’ensemble des clients proactifs qui ont achevé l’accompagnement entre le 1er

juin 2010 et le 31

décembre 2011, 102 personnes se sont efforcées d’arrêter de fumer sans aide pharmacologique. Les

personnes ayant eu recours à une aide pharmacologique pendant l’accompagnement sont au nombre

de 268. Parmi celles qui n’ont pas utilisé d’aide pharmacologique, 29 % se trouvaient, à la fin de

l’accompagnement, dans la phase d’action (= arrêt), contre 49 % parmi celles qui ont eu recours à une

aide pharmacologique. Parallèlement, le nombre de personnes qui ont effectivement arrêté de fumer

mais ont rechuté est plus élevé dans le groupe de personnes ayant eu recours à une aide

pharmacologique que dans l’autre groupe (29 % contre 15 %). Parmi ceux qui n’ont pas utilisé d’aide

pharmacologique, plus de la moitié reste au stade de contemplation ou de la préparation (tableau 19).

22

Tableau 19 – Pourcentage de clients, selon le statut tabagique à la fin de l’accompagnement, en

fonction de l’utilisation ou non d’une aide pharmacologique, période du 1/6/2010 au 31/12/2011

Pas d’aide Aide présente

Statut tabagique N % N %

Intention 26 25 % 22 8 %

Préparation 29 28 % 36 13 %

Action 30 29 % 130 49 %

Rechute 15 15 % 78 29 %

Non connu 2 2 % 2 1 %

Total 102 100 % 268 100 %

Tableau 20 - Pourcentage de clients, selon le statut tabagique à la fin de l’accompagnement, en

fonction de l’utilisation ou non d’une aide pharmacologique et de leur appartenance au groupe NRT

vs. groupe contrôle, période du 1/6/2010 au 31/12/2011

PAS D’AIDE PHARMACOLOGIQUE

Groupe NRT Groupe contrôle

Statut tabagique N % N %

Intention 3 33 % 23 25 %

Préparation 4 44 % 25 27 %

Action 2 22 % 28 30 %

Rechute 0 0 % 15 16 %

Non connu 0 0 % 2 2 %

Total 9 100 % 93 100 %

UTILISATION D’UNE AIDE PHARMACOLOGIQUE

Groupe NRT Groupe contrôle

Statut tabagique N % N %

Intention 10 10 % 12 7 %

Préparation 13 13 % 23 14 %

Action 41 41 % 89 53 %

Rechute 34 34 % 44 26 %

Non connu 1 1 % 1 1 %

Total 99 100 % 169 100 %

Les chances d’arrêter effectivement de fumer grâce à une aide pharmacologique sont de 76 % dans

le groupe NRT, contre 79 % dans le groupe contrôle. Sans aide pharmacologique, ces chances sont

de 22 % dans le groupe NRT contre 46 % dans le groupe contrôle. Cela pourrait signifier que la

réussite de l’arrêt tabagique chez les clients NRT est plus fortement corrélée à l’utilisation d’une aide

que parmi le groupe contrôle. À l’heure actuelle cependant, le nombre de clients NRT n’ayant pas eu

recours à une aide pharmacologique est encore trop faible pour que l’on puisse tirer des conclusions

fiables (tableau 20).

23

Remboursement des produits NRT (n=108 clients NRT et 2 clients no-counseling)

Sur les 108 participants ayant terminé le programme d’accompagnement avant le 31 décembre 2011,

82 (76 %) ont remis leurs tickets de pharmacie. 26 participants pouvant prétendre à un

remboursement des frais n’ont pas remis les tickets de pharmacie correspondants (24 %). Parmi les

personnes qui n’ont pas rentré leurs frais de pharmacie, les néerlandophones sont plus nombreux que

les francophones. Par ailleurs, deux clients (un néerlandophone et un francophone) ayant terminé leur

programme d’accompagnement plus tôt et classés, de ce fait, dans le groupe « no-counseling », ont

été remboursés de leurs frais. Si l’on inclut ces deux clients « no-counseling », 84 clients au total ont

bénéficié d’un remboursement des NRT. Le montant total de ces remboursements s’élève à

11 990 euros, ce qui correspond à 143 euros en moyenne par personne (tableaux 21 et 22).

Tableau 21 – Pourcentage de clients NRT ayant rentré leurs frais pharmaceutiques, en fonction de

l’appartenance linguistique, période du 1/6/2010 au 31/12/2011

Néerlandophones Francophones Total

Frais rentrés N % N %

Oui 36 65 % 46 87 % 82 76 %

Non 19 35 % 7 13 % 26 24 %

Total 55 100 % 53 100 % 108 100 %

Remarque: Deux personnes supplémentaires ont été remboursées. Il s’agit de personnes qui ont

terminé leur programme d’accompagnement plus tôt (statut = « no-counseling »). Ces personnes ne

sont pas reprises dans le tableau ci-dessus.

Tableau 22 – Nombre de clients ayant présenté leurs frais de NRT, montant total remboursé et

montant moyen par personne remboursé, en fonction de l’appartenance linguistique, période du

1/6/2010 au 31/12/2011

Groupe linguistique Nombre Montant total en € Montant moyen par

personne en €

Néerlandophone 37 4.881 132

Fra cophone 47 7.109 151

Total 84 11.990 143

Note : les montants sont arrondis à l’unité.

Suivi après 6 mois (groupe NRT= 57; groupe contrôle= 145)

Les clients qui ont arrêté de fumer à la fin de l’accompagnement ont bénéficié d’un suivi programmé

6 mois après la date de l’arrêt tabagique. Les clients qui n’ont pas arrêté au terme du programme

d’accompagnement ont eu un entretien de suivi six mois après la fin de l’accompagnement. Sur les

108 personnes qui ont achevé le programme NRT au 31 décembre 2011, 57 pouvaient faire l’objet

d’un suivi à 6 mois. Sur ces 57 personnes, 55 ont pu être effectivement contactées. S’agissant du

groupe contrôle, nous avons pu joindre 129 personnes sur les 145 susceptibles d’être contactées pour

24

le suivi. Les personnes qui n’ont pas pu être contactées ont été ajoutées à la catégorie « N’a pas

arrêté ».

Tableau 23 – Statut tabagique après 6 mois, chez les clients NRT et dans le groupe contrôle

Groupe NRT Groupe contrôle

Statut tabagique N % N %

Arrêt < 4 semaines 1 2 % 6 4 %

Arrêt > 4 semaines 8 14 % 29 20 %

Arrêt ≥ 6 mois 8 14 % 27 19 %

Rechute 18 32 % 28 19 %

N’a pas arrêté 22 39 % 55 38 %

Total 57 100 % 145 100 %

Remarque: Les personnes qui n’ont pas pu être contactées pour le suivi ont été ajoutées à la catégorie

« N’a pas arrêté ». Cela concerne deux clients du groupe NRT et 16 clients du groupe contrôle.

Le tableau 23 donne un aperçu de la situation sur le plan de l’arrêt de la consommation de tabac lors

du premier entretien de suivi à six mois (moyen terme). Le pourcentage de réussite est défini par la

proportion de clients ayant réussi à s’abstenir de fumer pendant 6 mois au moins. Ce pourcentage

s’élevait, fin 2011, à 14 % pour le groupe NRT, contre 19 % dans le groupe contrôle. La proportion de

clients ayant arrêté pendant moins longtemps est également plus faible dans le groupe NRT que dans

le groupe contrôle. Le groupe NRT présente plus de rechutes (32 %) que le groupe contrôle (19 %). Vu

le nombre encore réduit de clients ayant participé au suivi après six mois, ces premiers résultats

doivent être considérés comme provisoires. En 2012, nous poserons également des questions sur les

motifs de la rechute au cours de l’entretien de suivi. Compte tenu du nombre encore peu élevé de

personnes concernées, nous n’avons pas encore réalisé de tableau mettant en corrélation les taux de

réussite à six mois avec l’utilisation d’une aide pharmacologique, ou avec le nombre d’entretiens

d’accompagnement.

4. Conclusions

Arrêter de fumer est bénéfique pour la santé à court et à long terme. Les fumeurs ont donc tout

intérêt à mettre un terme à leur consommation de tabac, ce qui sera également profitable aux

fumeurs passifs. Des études démontrent qu’un accompagnement professionnel augmente

significativement les chances de réussite du sevrage. Le programme de counseling proactif propose

un accompagnement téléphonique à l’arrêt tabagique. Lancé le 1er mai 2007, ce projet a touché un

groupe cible important. Il s’est révélé le plus efficace parmi le groupe d’âge des 26-65 ans. Dans tous

les cas, arrêter de fumer offre de nombreux bénéfices sur le plan de la santé. Au terme de

25

l’accompagnement, 43 % des clients avaient arrêté de fumer. Un ex-fumeur sur cinq avait arrêté

depuis 6 mois ou plus lors du premier suivi, et 16 % étaient toujours abstinents depuis un an ou plus

lors du deuxième suivi. Ces observations corroborent les données des ouvrages consacrés au sujet.

En outre, nos observations étayent la recommandation préconisant de combiner accompagnement

personnel et aide pharmacologique dans un programme de sevrage tabagique. Les pourcentages de

réussite sont en effet toujours plus élevés chez les personnes qui ont associé un accompagnement

personnalisé à l’aide pharmacologique que chez celles qui n’ont pris ni substitut nicotinique ni autre

médication. La durée de l’accompagnement peut également s’avérer importante pour la réussite du

sevrage. En effet, les clients qui ont eu au moins six contacts téléphoniques obtenaient au terme de

l’accompagnement, ainsi que 6 mois et 12 mois après, des pourcentages de réussite plus élevés que

les clients ayant eu moins d’entretiens.

Outre ces pourcentages de réussite à court, moyen et long termes, il importe de ne pas perdre de vue

l’ensemble du processus de sevrage tabagique. Avant d’en arriver à un arrêt définitif, plusieurs étapes

préparatoires sont nécessaires. En outre, après le sevrage, l’ex-fumeur peut être confronté à une

rechute complète ou temporaire. Par conséquent, l’accompagnement au sevrage proposé est basé

sur un modèle en étapes, et nos résultats révèlent également de grandes disparités entre les

candidats au sevrage tabagique.

Pendant l’accompagnement, les clients sont préparés à l’arrêt. Les fumeurs peu motivés à l’idée

d’arrêter de fumer au début de l’accompagnement sont inclus dans le projet motivationnel qui a

débuté fin 2010. Ces personnes ont reçu, au maximum, quatre entretiens préparatoires dont l’objectif

était de renforcer leur motivation et de modifier leurs habitudes de consommation de tabac. Ensuite,

l’accompagnement a pris fin ou les intéressés ont été réorientés vers le programme

d’accompagnement proactif classique.

Trente-quatre pour cent des participants au programme d’accompagnement proactif se trouvent dans

une phase préparatoire lorsqu’ils terminent le programme, sans réussir à passer à la phase active

(l’arrêt effectif). Cela ne doit pas oblitérer le fait que ces personnes ont reçu dans la foulée davantage

d’informations sur le tabagisme et le sevrage, et comprennent mieux désormais leurs motivations à

arrêter de fumer (ou pas), le processus de sevrage, leurs résistances intrinsèques, etc. Dans la mesure

où la sensibilisation et la motivation constituent des préalables importants à l’arrêt tabagique, ces

personnes seront mieux armées lorsqu’elles envisageront de nouveau d’arrêter de fumer. En outre,

ces personnes peuvent s’être fixé un autre objectif que l’arrêt définitif – fumer moins, par exemple –

26

objectif qu’ils auront ou non atteint. À partir du 1er janvier 2012, les participants seront également

interrogés sur le nombre de cigarettes fumées afin de vérifier s’ils ont modifié leurs habitudes de

consommation dans le cadre du programme d’accompagnement.

Par ailleurs, il convient de prendre en considération un certain nombre d’ex-fumeurs qui, au terme de

l’accompagnement, ont connu une période de rechute, avant de faire une nouvelle tentative d’arrêt

et qui étaient donc de nouveau sevrés au moment du suivi.

La proportion de clients qui ne fumaient plus lors d’un entretien de suivi mais qui comptabilisaient

moins de 6 mois, ou moins d’un an d’arrêt (donc qui avaient arrêté seuls après l’accompagnement)

est de 14 % au rappel de 6 mois et de 10 % au rappel d’1 an. Dans la mesure où l’accompagnement a

été fortement orienté sur la prévention d’une rechute et surtout, le cas échéant, sur la gestion des

rechutes, ces personnes se sont donc révélées, plus en mesure de gérer un arrêt seuls après notre

accompagnement.

Après 6 mois et après un an, un quart des clients se trouve en phase de rechute. Au sein de ce

groupe, certains décideront peut-être, à un stade ultérieur, de programmer une nouvelle tentative

d’arrêt. Nous remarquons ainsi que l’entretien de suivi constitue parfois une nouvelle incitation à

l’arrêt et que les personnes concernées font éventuellement de nouveau appel au projet PA. Depuis le

début du projet, 65 personnes se sont inscrites pour la deuxième fois.

Nombre de fumeurs s’efforcent d’arrêter de fumer en comptant uniquement sur leur volonté, sans

aide ni médicaments. Le succès du sevrage tabagique relève cependant plus d’une question

d’approche que de volonté. Le projet PA de Tabacstop peut être utile à cet égard.

Le projet « Participation financière aux NRT » destinés aux fumeurs défavorisés dans le cadre des

entretiens proactifs représente un stimulant important à l’arrêt tabagique pour un groupe en

difficulté à plusieurs égards (financier mais aussi psychique).

À l’évidence, une offre variée de services est essentielle pour toucher un large public. Par conséquent,

TabacStop s’efforce d’améliorer l’adéquation de son offre de services aux processus individuels de

sevrage afin d’accompagner le mieux possible les participants, dans le cadre d’un programme

correspondant idéalement à leurs besoins. Le développement de l’offre de services de Tabacstop en

faveur des fumeurs défavorisés constitue un immense défi pour l’avenir. La participation financière

aux NRT dans ce groupe représente un stimulant positif, qui doit être évalué plus avant.