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\Rapport No. 29187-DJ République de Djibouti Secteur de l’Eau Note de Politique Sectorielle Bureau Régional Moyen-Orient et Afrique du Nord Groupe Développement Rural, Eau, Environnement et Social 1 er Juin 2004 Document de la Banque mondiale Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

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\Rapport No. 29187-DJ

République de Djibouti

Secteur de l’Eau Note de Politique Sectorielle

Bureau Régional Moyen-Orient et Afrique du Nord

Groupe Développement Rural, Eau, Environnement et Social

1er Juin 2004

Document de la Banque mondiale

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.TAUX DE CHANGE

(décembre 2003)

Unité monétaire = Franc djiboutien (FDj)

Taux de change officiel (1,00 $ EU = FDj 177,7)

(1,00 € = FDj 223,9 )

POIDS ET MESURES

Système métrique

ABREVIATIONS ET ACRONYMES

AACD Agence américaine du commerce et du développement

ADETIP Agence djiboutienne d’exécution de travaux publics

AEPA Alimentation en eau potable et assainissement

AFD Agence française de développement

AICJ Agence internationale de coopération japonaise

AID Agence internationale de développement

AIDEU Agence internationale de développement des Etats Unis

BAD Banque africaine de développement

BEI Banque européenne d’investissement

BF Borne fontaine

BIRD Banque internationale de reconstruction et de développement

CERD Centre d’études et de recherches de djibouti

CNRE Comité national des ressources en eau

CR Commissaire de la république

DA Direction de l’assainissement/MHUEAT

DE Direction de l’eau/MAEM

DSRP Document de stratégie de réduction de la pauvreté

EDD Electricité de djibouti

€ Euro

$ EU Dollar des Etats Unis

FAO Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture

FED Fonds européen de développement

FME Fond mondial pour l’environnement

IBM Institut de la Banque mondiale

Km Kilomètre

KWh Kilowatt heure

Lhj Litre par habitant par jour

MAEM Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Mer, chargé des ressources

hydrauliques

MDS Ministère de la santé

MENA Moyen orient et afrique du nord

MID Ministère de l’intérieur

MHUEAT Ministère de l’habitat, de l’urbanisme, de l’environnement et de l’aménagement

du territoire

ODM Objectifs du millénaire

OMS Organisation Mondiale de la Santé

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ONG Organisation non gouvernementale

ONED Office national des eaux de djibouti

PANE Plan national pour l’environnement

PIB Produit intérieur brut

PNB Produit national brut

PPIAF Public private infrastructure advisory facility

PPM Particules par million (mg/l)

SDNE Schéma directeur national de l’eau

STD Services techniques du district

STE Secrétariat technique de l’eau

TSD Teneur en sel dissous

UE Union européenne

WSP Water sanitary program

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Table des Matières

RESUME ANALYTIQUE

1. PRESENTATION GENERALE

1

1.1. Le cadre économique et social 1

1.2. Les objectifs globaux 3

2. DIAGNOSTIC

3

2.1. Des ressources en eau insuffisantes par rapport aux besoins 3

2.1.1. Djibouti est l’un des pays les plus pauvres en ressources en eau 3

2.1.2. La surexploitation et la pollution des nappes diminuent la disponibilité et la qualité des

ressources en eau

3

2.1.3. Augmentation du coût marginal et complexification de la gestion de l’eau 7

2.1.4. Les besoins municipaux urbains absorberaient plus des trois-quarts des prélèvements 8

2.1.5. En conclusion, l’écart entre l’offre et la demande en eau se creuse 10

2.2. Accès limité et faible qualité des services d’eau potable et d’assainissement 11

2.2.1. La faible disponibilité en eau potable pénalise les groupes les plus vulnérables 11

2.2.2. L’eau disponible n’est pas toujours potable 12

2.2.3. L’assainissement, une situation particulièrement inquiétante 12

2.2.4. Des conséquences importantes sur la santé 13

2.3. Difficultés pour le financement du secteur de l’eau et de la gestion des services 14

2.3.1. Un cadre institutionnel et juridique inopérant 14

2.3.2. Un financement trop faible, absorbé en quasi-totalité par les charges salariales 16

2.3.3. La gestion du secteur et les services rendus aux populations sont très limités 17

3. LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DU SECTEUR ET LES PRIORITES

SECTORIELLES

20

3.1. Les objectifs de développement 20

3.2. Priorités stratégiques 21

3.2.1. Axe stratégique 1. Répondre aux besoins croissants en eau, exploiter les ressources en

eau de façon efficace et durable et limiter les risques de dégâts par les crues

22

3.2.2. Axe stratégique 2. Améliorer les performances des services d’eau potable et

d’assainissement en milieu urbain

23

3.2.3. Axe stratégique 3. Améliorer l’accès aux pauvres à l’eau potable et l’assainissement 25

4. PLAN D’ACTIONS POUR LA BANQUE 30

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Annexes

Annexe I. Prélèvements et besoins en eau 34

Annexe II. Les institutions du secteur de l’eau 35

Annexe III. ONED, Compte d’exploitation et bilan 37

Tableaux Tableau 1. Indicateurs socio-économiques 2

Graphiques

Graphique 1: La pauvreté des ressources en eau à Djibouti 4

Graphique 2: Répartition des prélèvements en 2002 9

Graphique 3: Prélèvements et Besoins en Eau à Djibouti, 2002-15 11

Encadrés

Encadré 1: La situation alarmante de l’aquifère de Djibouti 7

Encadré 2: Les Lois Régissant La Gestion Des Ressources En Eau 15

Encadré 3: Objectifs de Développement pour le Millénaire – Définitions 21

Encadré 4: Initiatives récentes ou en cours sur financements extérieurs 31

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REMERCIEMENTS

Ce rapport a été rédigé par Mme Marie-Laure Lajaunie (Chef de projet). Il repose sur le travail

d’une équipe multidisciplinaire constituée par le personnel et des consultants de la Banque

comprenant Mme. Anna Bjerde (Finances), M. Patrick Canel (Infrastructure urbaine), M. Fadi

Doumani (Santé Environnementale), M. Jean-Pierre Villaret (Irrigation) ; M. Jean-Paul Lecomte

(Ressources en eau), Les collègues examinateurs sont MM. Richard Verspyck (Eau potable et

assainissement) et Peter Koenig (Ressources en eau). Le responsable secteur est M. Vijay

Jagannathan, le Directeur Secteur est Mme. Letitia Obeng et le Directeur Pays M. Mahmoud Ayub.

Des remerciements sont adressés à M. Pierre-Henri Leon et Naimy Moukoury pour leur assistance

dans la préparation finale du rapport, et aux autorités djiboutiennes pour avoir facilité le travail.

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RESUME ANALYTIQUE

1. L’objectif de cette note de politique sectorielle est de faire la revue critique du secteur de

l’eau à Djibouti, d’identifier des objectifs raisonnables pour le secteur, de formuler un plan

d’actions prioritaires à moyen-terme pour se rapprocher de ses objectifs et d’identifier le rôle que

pourrait jouer la Banque dans le cadre de la prochaine stratégie pays (CAS).

2. Djibouti est un petit pays d’environ 0,5 million d’habitants dont 70% vivent en milieu

urbain. Tirant partie de sa situation stratégique à l’entrée de la mer rouge, Djibouti génère les ¾ du

produit intérieur brute grâce au secteur des services liés au transit maritime, routier et ferroviaire

vers l’Ethiopie ainsi que l’accueil de bases militaires étrangères. En 2002, les ¾ de la population

vivaient en dessous du seuil de pauvreté et le chômage déclaré concernait plus de 50% de la

population en âge d’activité. La faible croissance économique combinée à une démographie

galopante explique l’augmentation continue de la pauvreté.

3. Avec des ressources en eau douces renouvelables probablement inférieures à 50

m3/an/habitant, Djibouti est aussi l’un des pays les plus pauvres en ressources en eau de la région

Moyen-Orient et Afrique du Nord, où la disponibilité moyenne est de 1.100 m3/an/habitant. Les

eaux de surface sont rares, limitées à l’écoulement intermittent des oueds, difficilement

mobilisables et à l’origine de crues torrentielles parfois dévastatrices. Les crues de 1994 et 2004 en

particulier ont causé des dégâts importants en milieu urbain tant sur le plan humain que matériel.

La quasi-totalité des maigres ressources en eau dont Djibouti dispose est donc souterraine et mise à

mal du fait de la surexploitation et pollution des nappes. Dès à présent, la plupart des ressources

sont impropres à la consommation humaine et ne sont pas conformes aux normes établies par

l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La situation la plus dramatique concerne la nappe de

Djibouti, unique source en eau de la capitale, dont dépend l’approvisionnement de près de 60% de

la population nationale et de la quasi-totalité des activités économiques du pays. L’intrusion d’eau

salée due à la surexploitation de l’aquifère est déjà bien avancée et les risques de pollution, liés à

l’expansion urbaine incontrôlée dans sa zone de recharge et à l’inefficacité de l’assainissement

solide et liquide, sont croissants.

4. L’écart entre l’offre et la demande en eau se creuse. Aujourd’hui, les besoins en eau,

estimés à environ 25 millions de m3/an, seraient 30% supérieurs aux prélèvements. La situation est

d’autant plus critique que les prélèvements actuels ne sont possibles qu’au prix de la surexploitation

de la nappe de Djibouti. Les besoins en 2015 seraient estimés à près du double des prélèvements

actuels. En l’absence d’activités industrielles, touristiques et agricoles d’importance significative,

la quasi totalité des prélèvements en eau serait alloué au secteur urbain et aux bases militaires. En

effet l’agriculture irriguée est marginale (400 ha) et ses perspectives de développement sont faibles.

L’élevage est une activité socio-économique importante avec un cheptel estimé à 1 million de têtes

dont dépendrait un tiers de la population nationale, mais ses besoins en eau sont limités. Une part

importante, mais non mesurée, des prélèvements urbains serait gaspillée en raison de l’état avancé

de dégradation du réseau et du non paiement des factures d’un bon nombre d’usagers. Bien que

méconnus, les prélèvements réalisés par les bases militaires représenteraient une part importante et

croissante des prélèvements nationaux. Certaines bases disposeraient de leurs propres forages, non

contrôlés par les autorités Djiboutiennes, qui pourraient accélérer la sur-exploitation de la nappe de

Djibouti.

5. Moins de la moitié des ménages de Djibouti Ville dispose d’un branchement individuel, un

tiers des ménages s’approvisionne auprès d’un voisin, les autres à une fontaine publique ou au

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camion citerne. La situation est particulièrement critique dans les quartiers périphériques pauvres,

non couverts par le réseau, où l’eau est vendue par des transporteurs privés à des prix huit fois

supérieurs au tarif appliqué à la distribution par réseau. La distribution est irrégulière, surtout en

été, et les risques de contamination bactériologique sont élevés en raison de la dégradation avancée

du réseau et de l’inefficacité de l’assainissement. Seulement 6% des ménages sont branchés au

réseau d’égout, les autres disposent de latrines ou fosses septiques. En milieu rural, seulement 30%

de la population aurait accès à l’eau potable, et la consommation moyenne est estimée à seulement

5 litres/habitant/jour, soit quatre fois moins que le minimum reconnu nécessaire pour mener une vie

en bonne santé. Les distances parcourues pour la collecte de l’eau peuvent atteindre 30 km par jour

chez les nomades. L’épuisement physique qui en résulte est un facteur de maladie et de perte de

bétail. La quête permanente d’eau, de pâturage et de bois de chauffe, notamment par les femmes,

interdit toute autre activité en milieu rural.

6. Les maladies liées à une mauvaise hygiène du milieu et à la défaillance des services d’eau

et d’assainissement sont, pour une grande part, responsables du taux élevé de la mortalité infantile

(103 ‰) et de la faible espérance de vie (inférieure à 50 ans). Le choléra, les maladies

diarrhéiques, les maladies de peau et des yeux, l’hépatite A et la fièvre typhoïde sont toutes à l’état

endémique. Par ailleurs, la défaillance des services contribue aussi à l’accroissement des gîtes

larvaires et, par conséquent, à la propagation du paludisme et de la dengue, surtout en milieu péri-

urbain après la pluie. La pratique traditionnelle de fumigation des habitations pour lutter contre les

moustiques contribue à l’importance des maladies respiratoires.

7. La dégradation des ressources en eau, l’accès limité et la détérioration de la qualité des

services d’eau potable et d’assainissement résultent pour l’essentiel des défaillances majeures et

chroniques dont souffrent la gestion et le financement du secteur. La répartition des responsabilités

est souvent inappropriée, confiant à des directions centrales des Ministères la responsabilité de

services de fonction locale (gestion des ressources en eau, approvisionnement en eau potable en

milieu rural, assainissement urbain). L’attribution des responsabilités dans la gestion du secteur est

dans certains cas insuffisamment claire, notamment pour les services d’assainissement de proximité

(déchets solides, entretien des ouvrages de drainage des eaux pluviales). Dans d’autres cas (gestion

des ressources en eau, approvisionnement en eau en milieu rural), les responsabilités sont

dispersées entre une multitude d’acteurs. Enfin, la réglementation qui permettrait une protection de

la ressource et une diminution des risques liés aux crues, en particulier en matière d’urbanisme ou

de contrôle des prélèvements et des rejets, n’est pas appliquée.

8. Les ressources financières mobilisées localement par les organismes en charge du secteur

sont, pour l’essentiel, absorbées par les charges salariales et aux dépenses d’entretien ou

d’investissement dans les infrastructures. Les sous-secteurs de l’assainissement, de l’eau potable en

milieu rural et de la gestion des ressources en eau ne disposent en pratique d’aucune ressource

spécifique autre que les dotations au budget général de l’Etat, lesquelles varient en fonction des

priorités annuellement déterminées et votées par le Parlement. Il serait de toutes les façons difficile

de justifier une taxe ou une redevance en l’état actuel des prestations de service.

L’approvisionnement en eau en milieu urbain est du ressort de l’ONED (l’Office Nationale des

Eaux de Djibouti), une entreprise nationale para-publique dotée d’un budget et de comptes distincts

de ceux de l’Etat. En théorie, il dispose de l’autonomie financière lui permettant d’assurer ses

services sur ses propres fonds. Cependant, en raison des faibles performances techniques et

commerciales de l’office, la tarification actuellement pratiquée permet tout juste de couvrir le

paiement du personnel et les dépenses relatives au petit entretien courant du réseau. Le

financement des dépenses de gros entretien et d’investissement du secteur est donc totalement

dépendant de l’aide extérieure, or cette dernière est quasiment inexistante depuis dix ans. Les

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derniers projets d’infrastructures dans le secteur, financés par la BIRD (Banque Internationale de

Reconstruction et de Développement), la BAD (Banque Africaine de Développement) et l’AFD

(Agence Française de Développement) ont en effet démontré les faibles capacités d’absorption du

secteur et ont rendu septiques les bailleurs de fonds. Seule l’Union européenne s’est pour l’instant

fermement engagée dans un financement lourd du secteur à hauteur de 18 millions de dollars des

EU.

9. La stratégie de lutte contre la pauvreté contient un certain nombre d’objectifs impliquant

nécessairement une amélioration de la gestion du secteur de l’eau dans son ensemble. Les besoins

estimés pour atteindre ces objectifs sont toutefois nettement hors de l’épure des capacités

financières de Djibouti. Quand bien même les ressources financières extérieures seraient

disponibles, le secteur serait très peu préparé à attirer et investir de façon efficace les 110 millions

de dollars EU nécessaires selon le DSRP (Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté) pour

atteindre les objectifs de développement du pays. L’aide financière mobilisable telle qu’elle est

envisageable en l’état actuel des engagements de la communauté internationale ne permettrait pas

d’atteindre le cinquième de ces objectifs. Il est donc impératif d’assigner au secteur des objectifs

stratégiques prioritaires qui soient réalisables dans le cadre des contraintes financières actuelles.

L’atteinte de ces objectifs stratégiques est une question de survie pour Djibouti-Ville en particulier.

10. L’objectif principal de cette stratégie est d’améliorer l’approvisionnement en eau potable et

l’assainissement de la population, en particulier pour les populations les plus démunies. L’atteinte

de cet objectif suppose la détermination du gouvernement à conduire des réformes profondes de

l’organisation et du financement du secteur.

11. Le premier axe stratégique concerne la gestion des ressources en eau. Il s’agit de répondre

à la demande croissante en eau tout en préservant le nappes et en limitant les risques de dégâts

causés par les crues. Les actions à mener consistent en: (a) la réduction des pertes et du gaspillage

dans les systèmes d’adduction et de distribution urbain (voir objectif 2); (b) la mobilisation de

nouvelles ressources, très probablement le dessalement en complément des aquifères locaux. En

effet, même en diminuant de façon drastique le gaspillage en milieu urbain, les ressources en eau

naturelles du pays ne seront pas suffisantes pour répondre aux besoins. Le développement de

ressources en eau additionnelles, probablement le dessalement de l’eau de mer sera nécessaire. En

raison, de son coût élevé, une approche modulaire est recommandée, permettant d’augmenter les

capacités de production au fur et à mesure que les besoins se feront sentir; (c) l’amélioration de

l’assainissement (eaux usées et drainage pluvial) pour la diminution des risques de pollution de

l’aquifère et des risques liés aux crues (voir objectif 2); (d) la clarification du cadre institutionnel et

juridique de la gestion des ressources en eau et du drainage pluvial, et l’application de la

réglementation en vigueur et (e) l’aménagement du lit et éventuellement des bassins versants des

oueds à risque pour les villes de Djibouti et de Tadjourah, et la formulation et mise en œuvre d’un

plan d’occupation des sols identifiant les zones inondables.

12. Le deuxième axe stratégique est d’améliorer la qualité et l’efficacité des services d’eau

potable et d’assainissement en milieu urbain. Le recours imminent probable au dessalement de

l’eau de mer rend d’autant plus importante l’amélioration des performances techniques et

financières des services par un changement de mode de gestion au profit d’une gestion déléguée au

secteur privé sous contrôle de la puissance publique. Compte-tenu de la petite taille du marché et

du caractère très particulier d’une partie importante de la demande (bases militaires), l’étude de

faisabilité devra faire l’objet d’une attention particulière. Plusieurs options devront être envisagées,

y compris la réunion dans une même structure des responsabilités en matière de gestion des

services d’eau, d’électricité et d’assainissement en réseau.

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13. Le troisième axe stratégique concerne l’amélioration de l’accès durable à l’eau des

populations les plus défavorisées en zones rurales et péri-urbaines. En milieu péri-urbain, cet

objectif peut-être atteint, à terme, par l’extension du réseau et la mise en place d’un maillage de

bornes-fontaines payantes après remise en état du réseau existant et la mise en place d’une nouvelle

grille tarifaire pour les accès individuels au service. Les extensions du réseau sous cette forme

devront se faire dans les quartiers où la densité d’occupation et le revenu des ménages ne justifient

pas la mise en place d’un accès individuel au service. Le mode de gestion des bornes-fontaines

devra être déterminé en concertation avec les communautés bénéficiaires et donner lieu au

minimum à un recouvrement des coûts de fonctionnement et d’entretien des équipements. Des

solutions alternatives de type point d’eau aménagée peuvent également être envisagées sous

contrôle étroit de la puissance publique, avec gestion courante par les communautés de base. En

milieu rural, un accès plus durable des populations à l’eau potable repose sur l’équipement

progressif des points d’eau existants avec des sources d’énergies renouvelables et la mise en

exploitation de points d’eau supplémentaires dans les zones rurales les plus enclavées. Dans les

deux cas (milieux péri-urbain et rural) les investissements qui resteront pour l’essentiel financés par

l’Etat, avec ou sans recours à des financements extérieurs, devront avoir pour préalable la définition

du mode de gestion le plus approprié à chaque cas et la clarification du cadre juridique et

institutionnel de la gestion de ces équipements, en particulier dans la perspective de la

décentralisation politique et administrative.

14. La faiblesse des montants alloués l’Agence Internationale de Développement (IDA) alloués

à Djibouti ne permet malheureusement pas au groupe de la Banque mondiale de contribuer de

manière décisive au financement des investissements dans le secteur. En conséquence, l’appui du

groupe de la Banque mondiale devra être nécessairement sélectif et interviendra en complément des

financements de la communauté internationale. Ces derniers devront venir en appui à la stratégie

du gouvernement dans le secteur. La contribution du groupe de la Banque pourrait porter sur les

quatre axes qui suivent.

15. En premier lieu, le groupe de la Banque mondiale pourrait apporter un appui technique et

méthodologique dans la définition du mode de gestion des services d’eau et d’assainissement le

plus approprié dans le cas de Djibouti. La partie étude/conseil et la partie discussion et

dissémination des résultats pourrait être prise en charge par un don PPIAF (Unité Conseil pour

l’Infrastructure Publique/Privée).

16. En deuxième lieu, le groupe de la Banque mondiale pourrait cofinancer à hauteur des

montants retenus pour le secteur (sur fonds AID) un programme prioritaire d’investissements

publics visant la gestion durable de l’aquifère de Djibouti et appuyer les réformes identifiées dans

le cadre de l’étude PPIAF.

17. En troisième lieu, le groupe de la Banque, via l’Institut de la Banque mondiale en liaison

avec le Programme eau et assainissement WSP (Water and Sanitation Program), pourrait apporter

son soutien à la conception et à la mise en œuvre d’un programme de renforcement des capacités

dans le secteur. L’accent devrait porter sur la sensibilisation des différents acteurs publics

(gouvernement et élus) et privés (y compris associations d’usagers/ consommateurs de la société

civile) à l’importance de la gestion des ressources en eau dans un milieu caractérisé par l’extrême

précarité de la ressource.

18. Enfin, en quatrième lieu, le groupe de la Banque à travers un don IDF (Fonds de

Développement Institutionnel) et en liaison avec le WSP, pourrait apporter un appui à la

détermination du cadre juridique et institutionnel le plus approprié à la gestion de

l’approvisionnement en eau hors réseaux (eau potable en milieu rural et éventuellement péri-

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urbain). Un don du ( Fonds Mondial pour l’Environnement )FME pourrait financer des opérations

pilotes permettant de tester ces solutions y compris au plan technique (recours aux énergies

renouvelables) en vue d’une réplique/extension ultérieure de ces opérations sur financements

locaux ou aides extérieures.

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1. PRESENTATION GENERALE

1.1 Le cadre économique et social

1. Située dans la région de la Corne de l’Afrique, la République de Djibouti est un petit pays

d’environ 23.000 km2, dépourvu de ressources naturelles, faiblement montagneux et au climat

aride. Djibouti offre un important contraste entre sa capitale, Djibouti-ville et une zone rurale où

l’élevage extensif traditionnel est pratiqué par une population semi-nomade. Cinq petites « villes

de l’intérieur » constituent les chefs-lieux des districts : Ali Sabieh, Arta-Oueha, Dikhil, Obock et

Tadjourah.

2. Les données statistiques officielles relatives à la population sont incertaines en raison de

l’absence d’un recensement récent1. La population totale, était estimée à 455.000 habitants en

2002, dont 275.000 (60%) à Djibouti-ville, 50.000 (10%) dans les 5 petites villes de l’intérieur et

130.000 (30%) en milieu rural, dont 90.000 nomades. Djibouti a aussi attiré un nombre important

de travailleurs et réfugiés des pays voisins. La croissance démographique est forte, estimée à 2,8%

par an. Elle est légèrement plus élevée en milieu urbain en raison de l’exode vers Djibouti-ville des

populations rurales démunies qui s’accompagne d’une expansion rapide des zones d’habitat

précaire. Dans les zones rurales, on observe une tendance à la sédentarisation de la population

nomade, avec formation de campements fixes et de petits villages dépourvus de toute infrastructure.

3. L’économie de Djibouti a su tirer partie de sa situation stratégique à l’entrée de la mer

rouge. Le secteur économique dominant est celui des services qui génère les trois-quarts du produit

intérieur brute (PIB). Il s’agit principalement du transit maritime, routier et ferroviaire vers

l’Ethiopie (dont Djibouti a profité suite au conflit entre l’Ethiopie et l’Erythrée) ainsi que l’accueil

de bases militaires étrangères. Les activités manufacturière et touristique sont pratiquement

inexistantes. L’agriculture, la pêche et l’élevage comptent pour 3.2 % du PIB. Malgré sa faible

contribution au PIB, l’élevage est une activité socio-économique importante, puisque 30-35% de la

population (dont la quasi-totalité sont des ruraux) vivrait d’un cheptel évalué à plus de 1 million de

têtes2.

4. Depuis son indépendance (1977), les performances économiques de Djibouti ont été

faibles. En terme réel, la croissance économique n’a pas dépassé 2% par an en moyenne depuis

1998. Les faibles performances économiques résultent d’une gestion médiocre des finances

publiques et d’une détérioration de la compétitivité expliquée, entre autres, par le coût élevé des

facteurs de production dont la main d’œuvre et l’énergie, la faiblesse du capital humain et des

capacités institutionnelles.

5. La faible croissance économique combinée à une démographie galopante explique

l’augmentation continue de la pauvreté et du chômage. Malgré un PIB par habitant relativement

élevé (880 dollars des E.U. en 2002), les indicateurs socio-économiques sont parmi les plus bas de

la région. Les trois-quarts de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. La plupart des

pauvres se trouvent en milieu urbain (deux arrondissements périphériques de Djibouti-ville

contribuent à eux seuls pour 42% et 46% respectivement de la pauvreté relative et extrême), mais

c’est en milieu rural que la pauvreté est la plus répandue, puisque 97% des ruraux seraient pauvres.

Le chômage voisine les 50% de la population active. L’espérance de vie, est d’environ 50 ans. Les

1 Le dernier recensement date de 1983. Les données socio-démographiques utilisées dans le présent rapport

sont issues de l’enquête EDAM-IS2 réalisée en 2002 sur un échantillon d’environ 20.000 ménages. 2 Les données relatives au secteur de l’élevage sont issues du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté

pour le secteur de l’élevage, rapport de mission, B. Faye, CIRAD, février 2003.

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taux de mortalité infantile et infanto-juvénile sont élevés. Les maladies hydriques en sont l’une des

causes principales (voir tableau 1).

Tableau 1: Indicateurs socio-économiques - Djibouti

Milieu urbain Milieu rural Total

Sédentaire Nomade

Population 325.000 40.000 90.000 455.000

Pauvreté

- relative

- extrême

71%

37%

97%

83%

Inconnu

Inconnu

74%

42%

Mortalité

- Infantile

- Infanto-juvénile

107,2‰

122,0‰

91,2‰

131,5‰

103,1‰

124,4‰

Diarrhée Infanto-juvénile

- Prévalence

15,1%

5,1%

12,5%

Malnutrition Infanto-juvénile

- Prévalence

22,0%

27,1%

23,0%

Source : EDAM 2 (2003) et EDSF/PAPFAM (2003).

Tableau 2 : Indicateurs socio-économiques – comparaison régionale

Indicateurs socio-

économiques Pays à revenu moyen faible Pays à faible

revenu

Algerie Iran Jordanie Maroc Tunisie

West

Bank

Gaza

Djibouti Yemen

Population (million) 31.3 66 5.2 30 9.8 3.2 0.5 19

Croissance démographique

(±%)

1.6 1.5 2.6 1.6 1.2 3.7 2.8 3

Urbain (%) 59 65 79 57 67 NA 70 25

Rural (%) 41 35 21 43 33 NA 30 75

Pauvreté urbaine (%) 30 NA NA 34 30 NA ≈70 20

Pauvreté rurale (%) 70 NA NA 66 70

25

97 80

Mortalité infanto-juvénile

urbaine (‰)

35 37 27 30 NA 122 96

Mortalité infanto-juvénile rural

(‰)

42 35 36 61 NA 131 128

Mortalité maternelle

(par 100,000 naissance) 140 37 41 230 70 19 546 350

Renewable Water

m3/year/capita

367 1,968 168 675 342 237 30 134

Production énergétique

KgOE/tête

956 1,771 1,061 359 825 NA NA 201

Accès à l’ électricité (%) 98 98 95 71 95 NA 40 50

Accès à l’eau potable en milieu

urbain (%)

94 98 100 98 92

86

69 74

Accès à l’assainissement en

milieu urbain (%)

99 86 100 86 96 95 89

Accès à l’eau potable en milieu

rural (%)

82 83 84 56 58

100

8 68

Accès à l’assainissement en

milieu rural (%)

81 79 98 44 62 13 21

Prévalence des diarrhées

infanto-juvéniles en milieu

urbain (%)

14 NA 14 8 NA NA 15 24

Prévalence diarrhées infanto-

juvéniles en milieu rural (%)

16 NA 16 12 NA NA 5 29

Source : Demographic and Health Surveys: <www.measuredhs.com>

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- 3 -

1.2 Les objectifs globaux

6. En réponse à la détérioration socio-économique du pays, le gouvernement de Djibouti s’est

fixé deux objectifs de développement prioritaires et complémentaires énoncés dans la loi

d’orientation économique et sociale 2001-2010 : amorcer une croissance économique élevée et

durable et réduire sensiblement la pauvreté. Ces objectifs nationaux sont repris dans la stratégie de

lutte contre la pauvreté (DRSP, 2003) articulée autour de quatre axes : (i) relance de la croissance

économique et amélioration de la compétitivité du pays; (ii) développement des ressources

humaines ; (iii) réduction de la pauvreté péri-urbaine et rurale par la mise en œuvre de programmes

ciblés; et (iv) promotion de la bonne gouvernance et amélioration de la gestion des finances

publiques. C’est dans ce cadre que sera analysé le secteur de l’eau en tant que ressource et service.

2. DIAGNOSTIC

2.1 Des ressources en eau insuffisantes par rapport aux besoins

2.1.1 Djibouti est l’un des pays les plus pauvres en ressources en eau

Les ressources sont mal connues

7. La quantification du cycle hydrologique est très peu documentée par manque d’études de

base telles que relevés pluviométriques, jaugeage des écoulements superficiels et l’exploration des

aquifères. Aucun bilan régional n’a été établi à l’exception de celui du bassin de l’oued Ambouli.

Dans ce contexte, il est impossible de conduire une estimation des ressources potentielles du pays.

Les raisons de cette défaillance sont avant tout le coût et la complexité des investigations dues à la

nature du système hydrologique naturel et du manque de moyens du gouvernement pour les

soutenir. Ainsi par exemple, le réseau météorologique ne comprend plus qu’une seule station

opérationnelle à Djibouti-ville. Il n’existe aucun appareil de mesure des crues et la surveillance des

aquifères est limitée aux champs de captage des forages approvisionnant la capitale en eau potable

où sont mesurés les débits d’extraction, le niveau de l’eau et certains paramètres physiques tels que

la salinité. Seule la recharge de l’aquifère de Djibouti a fait l’objet d’estimations. Elle reste

imprécise et se situerait entre 10 et 20 millions de m3/an.

Djibouti est probablement le pays le plus pauvre en eau de la région Moyen Orient et Afrique du

Nord (MENA)

8. Les ressources en eau actuellement exploitées sont estimées à environ 20 millions de m3 par

an (voir annexe 1). On peut raisonnablement avancer que les ressources potentiellement

exploitables sont proches de ce chiffre, ce qui placerait Djibouti parmi les pays les plus pauvres en

ressources en eau douce avec moins de 50 m3/habitant/an, contre une moyenne de 1.100

m3/habitant/an pour la région MENA – voir Graphique 1.

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- 4 -

Graphique 1: La pauvreté des ressources en eau à Djibouti

Source : “From scarcity through reform to security”, Banque mondiale, 2003

Des eaux de surface rares et difficilement mobilisables, des crues dévastatrices

9. En raison de la faiblesse des précipitations et de la forte évapotranspiration, Djibouti est

dépourvue de rivière pérenne. Les précipitations moyennes annuelles sont de 150 mm/an, variant

de 50 mm/an dans le nord-ouest du pays à 300 mm/an dans les montagnes à l’ouest de Tadjourah.

La pluviométrie varie de façon considérable d’une année à l’autre, et les sécheresses prolongées

sont fréquentes. L’évapotranspiration potentielle moyenne annuelle est élevée, excédant 2.000 mm.

Les eaux superficielles se limitent à deux lacs salés (Abbé et Assal) et à l’écoulement intermittent

des oueds après forte pluie. Les crues, souvent torrentielles, ont une durée limitée de quelques

heures. A l’exception de la zone côtière, elles s'évacuent dans des dépressions fermées pour former

des lacs temporaires dont une large part est perdue par évaporation.

10. L’exploitation des eaux de surface est limitée à de faibles quantités retenues

temporairement pendant la saison des pluies dans de petites excavations creusées dans le lit des

oueds et utilisées surtout pour l’abreuvage du bétail en milieu rural. Les perspectives de

mobilisation à partir de petits barrages collinaires paraissent faibles. Les barrages de Hourrougo,

Dora et Dorralé, n’ont en effet pas résisté à la première crue (sédimentation ou destruction). En

revanche, la recharge artificielle des nappes par la construction de « barrages souterrain » ou seuils

dans le lit des oueds mérite d’être étudiée. Le cas de l’oued Ambouli, zone de recharge naturelle de

la nappe de Djibouti, paraît particulièrement intéressant puisque environ 8 millions de m3 (ou 40%

des prélèvements nationaux) seraient perdus en moyenne à la mer annuellement. L’aménagement

du bassin versant et du lit de l’oued permettrait également de limiter les dégâts causés par ses crues

torrentielles. Les crues de 1994 et 2004, par exemple, ont causés des dégâts importants sur les

plans humains et matériels dans les villes de Djibouti et de Tadjourah.

La quasi-totalité des ressources en eau provient d’aquifères renouvelables

11. Il s’agit en général d’aquifères peu profonds de nature alluviale situés sous les lits des

oueds (nappe inféro-flux) ou bien d’ aquifères plus profonds de nature volcanique ou sédimentaire

rechargés à partir des nappes inféro-flux. Les aquifères connus sont renouvelables. A l’échelle

nationale, leur recharge provient de l’infiltration souterraine à partir des rivières éthiopiennes

Ressources en eau douce renouvelables (2000)

0

200

400

600

800

1000

1200

MENA Egypt Maroc Palestine Jordanie Yemen Djibouti

tre

cu

be

/ha

b/a

n Seuil de pauvreté en

ressources en eau

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- 5 -

(aquifère de Hanlé) et de l’infiltration des crues des oueds. On distingue trois types d'aquifères qui

sont décrits dans le tableau 3.

Tableau 3: Les principaux aquifères à Djibouti Type d’aquifère Les aquifères

Aquifères « continus » contenus dans les roches

volcaniques récentes de série Stratoïde (basalte du

Golfe) constitueraient les aquifères volcaniques les plus

productifs.

- Aquifère alimentant la ville de Djibouti (volume

renouvelable situé entre 10 et 20 millions de m3/an

suivant les estimations)

Aquifères « discontinus » se développent dans les

roches volcaniques plus anciennes (basalte de Dalha,

basalte de Somalie, rhyolite de Mabla) et dans les

roches sédimentaires mésozoïques.

- Ville d’Ali-Sabieh (grès du crétacé)

- Aquifère du Hanley (rhyolites fracturées), non

exploité

- Ville de Dikhil et Arta-Wéa (basalte de Dalha)

Dépôts sédimentaires daté plio-pléistocène à récent,

situés le long de la côte, dans le lits des oueds (nappes

inféro-flux) et les bassins intérieures.

- Villes de Tadjourah et Obock (dépôts

sédimentaires anciens)

- Les nappes inféro-flux, peu profondes et de faible

extension, fournissent l'essentiel des ressources en

eau utilisées dans les zones rurales.

Source : Direction de l’eau et Banque mondiale.

La gestion des ressources en eau est complexe

12. Les crues torrentielles rendent difficiles la mobilisation des eaux de surface dont une bonne

part est perdue à la mer et engendrent de fortes inondations dans les villes. La dépendance vis-à-vis

de ressources souterraines en milieu volcanique hétérogène et fracturé rend la gestion des

ressources souterraines particulièrement difficile. En effet, la circulation de l’eau ne peut y être

modélisée qu’au prix d’études géophysiques et hydro-géologiques complexes et les conditions

d’exploitation restent souvent aléatoires tant pour la quantité que pour la qualité de l’eau.

2.1.2 La surexploitation et la pollution des nappes diminuent la disponibilité et la qualité

des ressources en eau

13. La qualité de l’eau de la plupart des aquifères connus se dégrade par l’effet combiné de la

surexploitation et de la pollution. Aujourd’hui la plupart des eaux souterraines sont impropres à la

consommation humaine (voir tableau 4).

14. La surexploitation des aquifères induit une augmentation progressive de la salinité, soit par

intrusion d’eau de mer dans le cas des aquifères côtiers, soit par remontée d’eau profonde fortement

minéralisée. Elle se manifeste également par un rabattement progressif du niveau des nappes.

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Tableau 4: Quantité et qualité des ressources en eau alimentant les villes Quantité Qualité

bactériologique

Qualité physico-chimique (moyenne annuelle pour l’année 2002 au réservoir)

(en mg/l)

Villes Surexploitation TSD Chlorures Sodium Sulfates Nitrates

Djibouti +++

Inconnue

2.065 904 499 208 29

Ali-

Sabieh

+++ 1.414 464 271 261 59

Dikhil ++ 1.009 295 171 117 81

Obock ++ 1.625 545 368 145 38

Arta-Wéa 0 851 203 200 96 33

Tadjourah 0 893 221 162 88 59

Normes

OMS

600 700 200 250 50

Effets

néfastes

Salinisation,

augmentation du

coût de l’eau

Goût Globules

rouges

Hypertension Goût Méthémo-

globinémie

Légende : +++ surexploitation grave nécessitant des mesures urgentes ; ++ surexploitation modérée ; 0 pas

de surexploitation. Les chiffres en gras excèdent les normes de l’OMS.

Source : Données ONED, 2002.

15. En zone urbaine et péri-urbaine, les aquifères locaux sont également menacés par

l’extension des zones urbanisées dans l’aire de recharge des aquifères, combinée à l’inefficacité de

l’assainissement solide ou liquide. La pollution des eaux souterraines n’a cependant pu être

prouvée car ces dernières ne sont pas contrôlées sur le plan bactériologique. En zone rurale, les

nappes seraient souvent contaminées par les opérations d'exhaure, les rejets d'eaux usées et

l'accumulation de déchets animaux et humains.

16. Les effets sur la santé de la mauvaise qualité physico-chimique de l’eau à Djibouti sont

variables. L'excès de salinité mesuré par la teneur en sel dissous (TDS) ou de sulfates affecterait le

goût de l’eau. L'excès de chlorures pourrait perturber le fonctionnement des globules rouges, mais

l’effet à long terme reste à prouver. Le sodium peut affecter les personnes souffrant

d’hypertension. Les nitrates augmentent le risque de méthémoglobinémie (blue baby syndrom),

pouvant conduire à l’asphyxie des bébés. La contamination bactériologique se manifeste par

l’importance des maladies hydriques.

17. La situation la plus critique concerne l’aquifère de Djibouti, unique source de la ville de

Djibouti (voir encadré 1), où l’intrusion d’eau saline et les risques de pollution menacent

l’approvisionnement en eau de près de 60% de la population nationale et par conséquent la quasi-

totalité de l’activité économique du pays. Si des mesures urgentes ne sont pas prises pour arrêter la

dégradation de l’aquifère, la ville de Djibouti dépendra exclusivement du dessalement ou de

l’importation d’eau en vrac des pays voisins. Le coût de l’eau augmenterait alors de façon

considérable (probablement de plus de 1 dollar des EU par m3 produit)3 avec de graves

conséquences sur le niveau de vie des ménages. Le développement de ressources additionnelles

plus coûteuses est inévitable. Mais la préservation de l’aquifère de Djibouti, ressource relativement

3 Le coût de production de l’eau dessalée dans la région MENA varie de 0,5 à 1,5 dollar du m3. Le coût de

production standardisé de l’eau de mer dessalée dans la région (usine d’une capacité de 20,000 m3/jour,

technologie osmose inverse) est de 1,04 dollar par m3, dont 40% représente les dépenses d’énergie et 30% la

dépréciation du capital. Etant donné que le coût de l’énergie est particulièrement élevé à Djibouti par rapport

au reste de la région et que la salinité de la mer Rouge est forte, il est probable que le coût de production réel

à Djibouti dépasse cette estimation. (source : Sea Water and Brackish Water Desalination in Middle East,

North Africa and Central Asia, DHV Water BV, BRL Ingénerie, 2003)

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bon marché, est cruciale car elle permet de maintenir le coût moyen de l’eau à un niveau

raisonnable en limitant le développement des ressources alternatives au complément nécessaire

pour satisfaire les besoins en eau.

Encadré 1: La situation alarmante de l’aquifère de Djibouti

2.1.3 Augmentation du coût marginal et complexification de la gestion de l’eau

18. En raison de la raréfaction des ressources en eau de bonne qualité et de la croissance des

besoins, les ressources hydriques non conventionnelles -- telles que le dessalement et le recyclage

des eaux usées -- se développent malgré leur coût élevé et la complexité de leur gestion. Le

dessalement de l’eau est aujourd’hui réalisé par les bases militaires étrangères et pour la production

Cet aquifère est d'une importance cruciale pour le pays. Il est en effet la seule source d’approvisionnement

en eau de la ville de Djibouti où réside plus de 60% de la population nationale et où est concentrée la quasi-

totalité des activités économiques du pays.

L’aquifère de type volcanique fissuré ("basalte du Golf") draine un bassin versant d’une superficie de 500

km2. Il est alimenté par les apports de deux oueds principaux, Ambouli et Deydey, à travers une zone

d'infiltration située dans leur lit d'une surface cumulée de 12 km2. Le volume de recharge est estimé entre

10 et 20 millions de m3 par an en moyenne. Les prélèvements maximum préconisés par le CERD sont

estimés à 10 millions de m3. En comparaison, les prélèvements réalisés par l’Office National de l’Eau de

Djibouti (ONED) s’élèveraient à 13 millions de m3 en 2002. Ces estimations sont imprécises et une

nouvelle étude de modélisation (soutenue par l'Assistance technique française) est en cours dont les

résultats pourraient être disponibles en 2004.

La plupart des forages d’exploitation (une trentaine) sont localisés en bordure de mer. En raison de la

surexploitation de la nappe, la teneur en sel dissous (TSD) de l’eau extraite augmente, dont les chlorures, le

sodium et les nitrates. Ainsi, en 2002, la minéralisation totale de l’eau était de 2.065 mg/l en moyenne et la

teneur en chlorure de 900 mg/l, contre 600 et 250 selon les normes de l’OMS (voir tableau 4). D’autre

part, l’extension de la zone urbanisée dans l’aire de recharge de l’aquifère associée au manque

d’assainissement liquide et solide, pose un risque élevé de pollution. Seule la salinité est mesurée

régulièrement au niveau des forages de production de l’ONED. Aucun contrôle bactériologique n’y est

réalisé.

En plus de la dégradation de la qualité de l’eau, la surexploitation de l’aquifère se manifeste par le

rabattement régulier de la nappe sur tous les forages.

L’échec du projet de stabilisation de la nappe. En réponse à cette situation critique, l’ONED a lancé avec la

coopération japonaise un projet dont l’objectif était d’atteindre un niveau d’exploitation durable de la nappe

par (a) une meilleure répartition des forages dans la nappe afin d’éviter une surexploitation

locale (creusement de nouveau forages dans des zones peu exploitées) ; et (b) diminution des prélèvements

des forages existants. Malheureusement, les résultats de ce projet sont décevants. En effet, (i) sur les 13

forages additionnels, seuls 5 ont un débit suffisant pour être exploités, et (ii) les forages de remplacement se

sont avérés bien moins productifs que les forages originels. L’échec de ce projet illustre (1) la complexité

de la gestion des ressources en eau en milieu volcanique fissuré et la nécessité d’une meilleure

collaboration entre l’ONED, le CERD et la Direction de l’Eau pour la localisation des forages ; et (2) la

nécessité d’adopter une approche basée sur la gestion de la demande en eau (réduction des pertes et du

gaspillage) et sur la protection de l’aquifère par l’application de la réglementation en matière de protection

des zones de captage.

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d’eau minérale en bouteille et en vrac. Une usine de dessalement4 sera mise en service courant

2004 pour l’approvisionnement en eau potable de la ville d’Ali Sabieh dont l’aquifère surexploité

est devenu impropre à la consommation humaine. Le gouvernement djiboutien envisage aussi très

sérieusement le dessalement de l’eau de mer pour Djibouti-ville. Une étude de faisabilité financée

par l’Agence Américaine du Commerce et du Développement (AACD) est en cours. Un projet de

réutilisation des eaux usées épurées de Djibouti-ville est également prévu dans le plan stratégique

de l’assainissement en préparation et devrait permettre l’arrêt de l’utilisation des eaux usées non

traitées à des fins agricoles. L’importation d’eau en vrac par container n’a quant à elle pas été

envisagée. Elle pourrait faire partie des options à considérer pour combler une partie du déficit5.

2.1.4 Les besoins municipaux urbains absorberaient plus des trois-quarts des prélèvements

Les prélèvements et les besoins en eau sont mal connus

19. Les estimations des prélèvements et des besoins en eau présentés dans ce chapitre sont très

approximatives en raison du manque de données ou du peu de fiabilité des données disponibles.

Les sources des données utilisées et les hypothèses retenues pour le calcul de ces estimations sont

présentées en annexe I.

Tableau 5: Estimation des prélèvements et des besoins en eau (Millions m3/an) Prélèvements (2002) Besoins (2002) Besoins (2015)

Djibouti-ville 13 16 25

Villes de l’Intérieur 2,5 3 4,6

Milieu rural

- Population

- Cheptel

0,2

2,1

0,9

2,1

0,9

2,1

Irrigation 1,6 4 4

Total 19,4 26 36,6 Sources : Schéma Directeur de l’Eau (2001) ; PSSA, FAO (1999) et estimations Banque mondiale.

Les besoins municipaux urbains absorberaient plus de ¾ des prélèvements

20. En l’absence d’activités industrielles, touristiques et agricoles d’importance significative,

80% des prélèvements en eau du pays couvriraient les besoins municipaux en milieu urbain. Cette

répartition est très différente de celle observée dans la région MENA où près de 90% des ressources

sont utilisées pour l’irrigation (voir Graphique 2).

4 technologie : osmose inverse ; capacité : 150 m

3/heure ; coût d’investissement : 500 millions de FDj ;

financement Djiboutien (projet présidentiel). 5 Le coût de l’eau transportée en mer par sac (Médusa bag) sur 280 km entre la Turquie et la Chypre revenait

à 0.8 dollar/m3 e 1998 (source : Sea Water and Brackish Water Desalination in Middle East, North Africa

and Central Asia, DHV Water BV, BRL Ingénerie, 2003)

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- 9 -

Graphique 2: Répartition des prélèvements en 2002

Répartition des prélèvements en eau à Djibouti

13%

1%

11%

8%

67%

Ville de Djibouti

Villes de l'Intérieur

Eau potable en milieu rural

Elevage

Irrigation

L’agriculture irriguée est marginale et ses perspectives de développement sont faibles

21. Elle se limiterait à environ 400 ha de jardins5 pour la plupart dans les zones péri-urbaines.

Les prélèvements sont effectués à l’aide de puits dans les nappes inféro-flux des oueds et ne

devraient pas dépasser 2 millions de m3/an (contre un besoin estimé à 4 millions de m

3/an par la

FAO)6. Notons aussi l’existence de jardins maraîchers irrigués à partir des eaux usées non épurées.

Malgré l’aridité du climat qui interdit toute culture pluviale, l’agriculture irriguée a un faible

potentiel de développement en raison de la rareté et la qualité médiocre des ressources en eau et du

sol ; et de l’inexistence d’une tradition agricole et l’inexpérience en irrigation. Il serait irrationnel

de l’encourager dans les zones péri-urbaines, sauf pour certaines cultures à partir d’eaux usées

épurées. En revanche, le développement de l’irrigation pourrait être envisagé dans les zones rurales

à condition que le pompage pour l’eau d’irrigation n’entre pas en compétition avec l’eau potable.

Cela pourrait être le cas de l’aquifère du Hanlé, non encore exploité, et impropre à la consommation

humaine en raison de sa forte teneur en fluor.

L’élevage est une activité à ne pas négliger dans le bilan des ressources en eau

22. L’élevage est une activité socio-économique importante puisque 30 à 35% de la population

nationale (dont la quasi-totalité des ruraux) vivrait de l’élevage et de ses activités connexes.

Djibouti dispose en effet d’un cheptel assez important rapporté à la population humaine (0,5 Unités

Bétail Tropical par habitant). Ce cheptel est estimé, sous toute réserve7, à 1 million de têtes de

petits ruminants (ovins et caprins), 40.000 têtes de bovins, 50.000 têtes de dromadaires.

Globalement, les prélèvements en eau pour le cheptel sont estimés à environ 2 millions de m3/an,

soit 10% des prélèvements nationaux. Il s’agit surtout de ressources en eau de surface pendant la

saison des pluies et des nappes inféro-flux des oueds. Les potentialités de développement du

secteur sont non négligeables. En effet, les ressources fourragères sont importantes, estimées à

250.000 ha de forêt et de pâturage, mais sous développées en raison de la faible couverture en

points d’eau du milieu rural.

6 Les données relatives à l’irrigation sont issues du rapport de la FAO, Programme spécial pour la sécurité

alimentaire, 1999. 7 Le dernier recensement en matière d’élevage date de 1978.

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- 10 -

Les prélèvements réalisés par les bases militaires sont méconnus mais représentent probablement

une part importante et croissante des prélèvements nationaux.

23. Le volume de ces prélèvements n’est pas connu et n’est que partiellement comptabilisé

dans les prélèvements urbains, puisque seules les bases militaires françaises s’approvisionnent au

réseau d’eau potable. Les prélèvements dans l’aquifère de Djibouti par les bases militaires

françaises s’élèveraient à environ 1,2 million de m3 par an8, soit 10% des volumes prélevés par

l’ONED. Depuis 2001, les bases militaires américaines se sont installées à Djibouti. Elles

disposent de leurs propres forages, non contrôlés par les autorités djiboutiennes malgré la

réglementation en vigueur sur le contrôle des prélèvements. Ces forages se situeraient dans la

nappe de Djibouti. Les bases militaires devraient faire l’objet de mesures tarifaires et de droits de

prélèvement reflétant le coût marginal de l’eau, à savoir le coût du dessalement de l’eau de mer.

Une croissance importante des besoins en eau de la ville de Djibouti est attendue suite au

développement du complexe portuaire de Doralé.

24. Les besoins en eau générés par le port devront être estimés, ils comprendront entre autres

les besoins liés au ravitaillement des navires. L’approvisionnement du port pourra se faire soit à

partir d’une station de dessalement autonome gérée par le complexe portuaire, soit à partir du

réseau de l’ONED.

Une part importante, mais non mesurée, des prélèvements urbains serait gaspillée.

25. Dans les villes, les pertes physiques dans les conduits et le gaspillage par les usagers sont

élevés en raison de l’état avancé de dégradation du réseau et du non paiement des factures d’un bon

nombre d’usagers. La réduction des pertes et du gaspillage permettrait de combler une partie du

déficit tout en diminuant le coût de l’eau distribuée. Elle permettrait de diminuer/retarder le

volume des investissements à réaliser pour le développement de nouvelles ressources en eau telle

que le dessalement.

2.1.5 En conclusion, l’écart entre l’offre et la demande en eau se creuse.

26. La rareté des ressources en eau est un facteur limitant pour le développement économique

et social du pays. Aujourd’hui, les besoins estimés à près de 26 millions de m3/an sont déjà 30%

supérieurs aux prélèvements. Les besoins en 2015 sont estimés à près du double des prélèvements

actuels (voir graphique 3). La situation est d’autant plus critique que les prélèvements actuels ne

sont possibles qu’au prix de la surexploitation de l’aquifère de Djibouti.

8 Les volumes distribués aux bases militaires françaises seraient d’après l’ONED d’environ 850,000 m3/an en

2002 et 2003, ce qui reviendrait à un prélèvement d’environ 1,2 million de m3/an en considérant les pertes

dans le réseau de distribution à 30%.

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- 11 -

Graphique 3: Prélèvements et Besoins en Eau à Djibouti, 2002-15

Source : Direction de l’Eau et estimations de la Banque mondiale.

2.2 Accès limité et faible qualité des services d’eau potable et d’assainissement

27. L’insatisfaction des besoins en eau se manifeste notamment par un faible taux d’accès à

l’eau potable9 estimé à environ 52% au niveau national dont 69% en milieu urbain et 8% en milieu

rural. En ce qui concerne l’assainissement, 72% des ménages disposeraient de toilettes, dont 95%

en milieu urbain et 13% seulement en milieu rural (voir tableau 5 ci-dessous).

Tableau 6: Eau potable et assainissement Milieu urbain Milieu rural Total

Sédentaire Nomade

Population 325.000 40.000 90.000 455.000

Source d’eau des ménages

- Branchements 43% 1% 0% 32%

- Fontaine publique 26% 21,5% 1,4% 21%

- Puits 2% 69% 97,7% 25%

- Autres (camions, etc…) 28% 8,5% 1% 22%

Lieu de défécation

- toilettes dans la maison 90,7% 22,2% 0% 68,9%

- toilettes à l’extérieur 4,3% 12,5% 0,4% 3,9%

- dans la nature 4,9% 65,3% 99,6% 27,2%

Source : EDAM 2 (2003) et EDSF/PAPFAM (2003).

2.2.1 La faible disponibilité en eau potable pénalise les groupes les plus vulnérables

28. En milieu urbain, moins de 50% des ménages disposent d’un branchement individuel. Un

tiers des ménages s’approvisionne auprès d’un voisin, le reste à une fontaine publique ou au camion

9 L’accès à l’eau potable et à l’assainissement est défini comme suit par la communauté internationale: (i)

accès à l’eau potable: branchements à l’intérieur ou à l’extérieur du logement ainsi que borne fontaine

améliorée; (ii) accès à l’assainissement comprenant les latrines ventilés ou non à l’intérieur et à l’extérieur des

logements mais n’incluant cependant pas les latrines communales.

Evolution des besoins en eau

0

5

10

15

20

25

30

35

40

2002 2015

Million d

e m

3 par

an

Rural areas

Inner towns

Djibouti City

Volume des

prélèvements

en 2002

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citerne. La situation est particulièrement délicate dans les quartiers périphériques où les ménages

pauvres n’ont pas un accès rapproché au réseau public et ne peuvent compter que sur l’eau vendue

par intermittence aux rares bornes fontaines (tous les deux ou trois jours) ou par des transporteurs

privés au prix de 2,8 dollars des EU/m3, soit huit fois plus que celui de la première tranche du tarif

appliqué au ménage. En milieu péri-urbain, la collecte de l’eau est de la responsabilité des femmes

et des enfants et peut prendre jusqu’à 4 heures par jour.

29. Dans les zones rurales, les quelques 600 puits superficiels et 52 forages inventoriés ont

considérablement souffert de l’instabilité politique (1990-94) et du manque de moyens de l’Etat

pour en assurer le fonctionnement (gasoil), l’entretien courant et le remplacement. La densité des

points d’eau est faible et la qualité de vie des populations rurales est sérieusement affectée par le

manque d’eau potable et la difficulté d’abreuver le bétail. La rareté et le manque de clarté relatif au

droit de l’eau en milieu rural se traduisent par des conflits entre les populations rurales sédentaires

et nomades autour des points d’eau.

30. Dans les zones rurales, seule 30% de la population rurale aurait accès à l’eau potable. Il

convient de distinguer la population nomade dont l’approvisionnement se fait pratiquement

exclusivement au puits ou forage, de la population sédentaire, dont 70% s’approvisionne au puits,

20% à la borne fontaine et 9% au camion citerne. Les quantités moyennes d’eau consommée sont

très faibles, estimées à 5 litres/jour/habitant, soit 4 fois moins que le minimum reconnu nécessaire

pour mener une vie en bonne santé. Ces quantités sont insuffisantes pour assurer une hygiène

satisfaisante. Enfin, les distances parcourues pour la collecte de l’eau peuvent atteindre 30 km par

jour chez les nomades. L’épuisement physique qui en résulte est un facteur de maladie et de perte

de bétail. La quête permanente d’eau, de pâturage et de bois de chauffe, par les femmes, interdit

toute autre activité.

31. La faible couverture en points d’eau s’accompagne aussi d’un manque à gagner important

en matière d’élevage. Les potentialités pastorales trop éloignées des points d’eau sont sous utilisées

tandis que les parcours sont surexploités autour des rares points d’eau existants. Enfin, les

distances importantes à parcourir entre points d’eau entraînent l’épuisement physique des troupeaux

et des hommes.

2.2.2. L’eau disponible n’est pas toujours potable

32. A Djibouti-ville, l’eau prélevée au niveau des forages excède les normes de salinité. De

plus, les risques de contamination bactériologique dans le réseau de distribution sont élevés en

raison de son état de dégradation avancé, de la nature intermittente de la distribution et de

l’inefficacité de l’assainissement. Enfin, il n’est pas certain que la désinfection de l’eau soit

effectuée de façon régulière.

33. En milieu rural, les points d’eau sont souvent contaminés par les opérations d’exhaure et

par la pollution des animaux.

2.2.3 L’assainissement, une situation particulièrement inquiétante

34. A Djibouti-ville, le taux de raccordement au réseau existant est extrêmement faible (moins

de 6%)10

. La plupart des ménages évacue les eaux domestiques par des raccordements sauvages au

réseau de drainage des eaux pluviales et a recours à des systèmes incontrôlés d’assainissement

10

Plan stratégique d’assainissement de Djibouti, rapport de phase 1, aspects socio-économiques, décembre

2003, BRL Ingénerie.

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individuel (les trois-quarts des ménages utilisent des latrines creusées à même le sol) qui

comportent des risques de pollution de l’aquifère dans les zones péri-urbaines. Seulement 18% des

ménages seraient raccordés à une fosse septique étanche10

. On ne dispose pas d’information sur la

gestion des lieux d’épandage et il est très probable que le dépotage non contrôlé des produits de

vidange comporte des risques sérieux de pollution de l’aquifère. Enfin, le réseau d’assainissement

séparatif --auquel seulement 6% des ménages seraient raccordés-- est dans un état déplorable et ce

réseau est discontinu en plusieurs endroits. La plupart des stations de pompage et les deux stations

d’épuration construites il y a moins de quinze ans, sont hors d’usage par manque d’entretien

courant; des débordements d’eaux usées ont lieu dans certains quartiers; une intrusion massive de

déchets domestiques et de sables a lieu au niveau des regards, enfin le réseau de drainage pluvial est

l’objet de branchements sauvages pour l’écoulement des eaux usées et constitue un dépotoir pour

les déchets solides. Les risques de pollution par infiltration dans la nappe ou dans les conduites de

distribution d’eau potable sont élevés. Par ailleurs, la stagnation des eaux usées dans certains

quartiers représente un risque important pour la santé.

35. Aucune information n’a pu être recueillie sur l'assainissement des villes de l’Intérieur, si ce

n’est qu’il ne repose que sur des solutions individuelles.

36. Dans les zones rurales, seul 13% de la population dispose d’un système d’assainissement.

Cette situation est néanmoins relativement moins préoccupante qu’en milieu urbain car la majorité

de la population est nomade.

2.2.4 Des conséquences importantes sur la santé

37. Les taux de morbidité et de mortalité infantiles rencontrés à Djibouti sont les plus élevés de

la région MENA (voir tableau 2). Ils résultent entre autres de l’importance des maladies hydriques

(voir tableau 7), conséquence directe de la précarité de l’approvisionnement en eau potable, des

faiblesses constatées en matière d’assainissement, et du faible niveau d’hygiène domestique.

38. Le choléra, le paludisme et la dengue sont devenus endémiques et les maladies de peau et

des yeux liés à la qualité ou au manque d'eau sont en constante augmentation. Par ailleurs, la

présence de moustiques pousse les ménages à la fumigation traditionnelle au bois contribuant à

l’importance des maladies respiratoires.

39. Le coût des maladies hydriques sur le développement économique reste à mesurer, mais il

est vraisemblablement important. Il se traduit par les dépenses des ménages consacrées au

traitement et à la prévention des maladies, et par le manque à gagner résultant de la baisse de

productivité de la main d’œuvre et de la mortalité prématurée des enfants.

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Tableau 7: Maladies Hydriques, 200211

Maladie/

Condition Djibouti Ville Autres Districts (Urbain/Rural) Total

Total Balbala Arhiba PK12 Total Obock

Ali

Sabieh Dikhil Tadjourah

Malnutrition 2.546 2.273 1.142 452 246 1.082 869 76 246 4.819

Diarrhée 8.704 4.133 2.088 577 691 1.927 1.108 407 691 12.837

Maladies

respiratoires 19.356 3.354 4.284 1.924 87 1.804 969 494 87 22.710

Paludisme 785 1.030 272 12 111 158 559 202 111 1.815

Fièvres

d’origine

inconnues 4.229 1.504 425 87 129 742 583 50 129 5.733

Gastro-

entérite

1.939 1.148 186 147 171 904 0 73 171 3.087

Maladies de

peau 3.675 1.392 587 159 72 342 945 33 72 5.067

Maladies

des yeux 2.491 1.383 340 107 93 422 797 71 93 3.874

Note: Pas toutes les maladies susmentionnées sont attribuables aux problèmes d’eau et d’assainissement.

Source: Ministère de la Santé (2003).

2.3 Difficultés pour le financement du secteur de l’eau et la gestion des services

40. La dégradation des ressources en eau, l’accès limité et la détérioration de la qualité des

services d’eau potable et d’assainissement résultent pour l’essentiel de la faiblesse du cadre

institutionnel et financier du secteur. Les principaux acteurs du secteur de l’eau sont des

organismes publics ou para-publics. Le niveau des ressources financières, humaines (compétence

et motivation) et logistiques, dont disposent ces organismes est faible. L’inadéquation de leur

structure et le caractère inapproprié des modes de gestion actuels ne leur permettent pas de remplir

pleinement leur mission.

2.3.1 Un cadre institutionnel et juridique inopérant

41. Conscient de l’ampleur des problèmes, le gouvernement a entamé la réforme du cadre

juridique et institutionnel du secteur de l’eau dès le milieu des années 90 dans le but de préciser les

objectifs, la politique sectorielle et les principales attributions dans la gestion du secteur.

Le cadre juridique récent n’est pas appliqué

42. Deux lois régissent la gestion des ressources en eau ( encadré 2 ), il s’agit du code de l’eau

(1996) et de quatre de ses décrets d’application (2000) ; et de la loi cadre sur l’environnement

(2000). Ces lois et décrets ne sont pas appliqués.

43. Une loi sur la Décentralisation, promulguée en 2002, mais non encore opérationnelle,

prévoit la déconcentration des organismes de l’État dans les 6 districts, avec transfert de certaines

11

Les données présentées dans le tableau ne reflètent que partiellement la gravité de la situation. En effet,

une faible fraction des cas de maladies est reportée, en raison notamment de la faible capacité de collecte et

de traitement des statistiques en matière de santé. En 2002 par exemple, le service épidémiologique du

Ministère de la Santé estime que le nombre de diarrhées aurait atteint 25.000 cas à Djibouti-ville, soit près du

double des cas reportés pour l’ensemble du pays.

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responsabilités exercées jusqu’ici par le Commissaire Régional au nom des administrations

centrales vers un Conseil Régional élu.

Les principaux acteurs du secteur sont des organismes publics ou para-publics

44. Les principaux acteurs du secteur de l’eau sont des organismes publics ou para-publics,

ceci notamment en raison de la faiblesse des secteurs privés et associatifs à Djibouti. Les

institutions gouvernementales intervenant dans le secteur sont listées dans l’annexe III, par sous

secteur avec leurs attributions principales.

45. Le gouvernement a fait un effort pour améliorer la coordination de l'action des organismes

publics dans le domaine de l'eau, en créant en 1989 le Comité National des Ressources en Eau

(CNRE), organisme consultatif permanent qui regroupe tous les intervenants publics du domaine de

l'eau et se réunit en principe deux fois par an sous la présidence du Ministre responsable du

MAEM. Les travaux du CNRE sont soutenus par le Secrétariat Technique de l'Eau (STE) crée au

sein de la Direction de l'Eau du MAEM qui groupe les responsables de l'eau du MHUEAT, MDS,

ONED et CERD.

Encadré 2: Les Lois Régissant La Gestion Des Ressources En Eau

Le Code de l’Eau (loi n 93/AN/95/3eme L du 4 avril 1996) et ces trois décrets d’application (décret 2000-

0031/PR/MAEM relatif à la lutte contre la pollution des eaux ; décret 2000-0032/PR/MAEM, relatif aux

procédures de déclarations, autorisations et concessions ; et décret 2000-0033/PR/MAEM aux périmètres de

protection des captages de l’eau destinée à la consommation humaine) définissent les objectifs et les principes

de la gestion des ressources en eau.

Le code de l’eau (i) insiste sur la préservation et la gestion de la ressource en eau, en particulier souterraine,

tant aux niveaux qualitatif que quantitatif ; (ii) précise que les ressources en eau appartiennent au domaine

public hydraulique; (iii) donne la priorité à la satisfaction des besoins en eau potable des populations, suivi de

l’irrigation, puis de l’industrie ; (iv) définit les droits et obligations des usagers de l’eau soumis à trois

grandes catégories de régimes juridiques graduels allant de la simple déclaration à l’autorisation et la

concession, en fonction de critères déterminés globalement par le code et précisés par décret; (v) soumet la

profession de foreur à un régime de police spéciale pour un meilleur contrôle à l’amont ; (vi) introduit une

police spéciale sur les «déversements» comprenant la mise en place de critères déterminés par décret ; (vii)

prévoit le renforcement de la surveillance des captages par la mise en place de périmètres de protection

immédiats, rapprochés et éloignés dont les modalités sont fixées par décret; (viii) prévoit la possibilité

d’instaurer des « zones et plans de sauvegarde » là où la ressource est menacée sur le plan qualitatif ou

quantitatif ; (ix) prévoit la possibilité pour les usagers de l’eau (eau potable, irrigation ou abreuvement du

bétail) de former des commissions locales de l’eau pour assurer la gestion de leur ressources en eau ou la

gestion des points d’eau en milieu rural; (x) prévoit également des dispositions financières à la charge des

usagers (frais de dossier, redevances de prélèvements et de déversements, et frais de contrôle) pour la mise en

œuvre des dispositions du code et pénales (amendes et emprisonnement) dans le cas de non respect de la

réglementation.

La Loi Cadre sur l'Environnement (loi n 106/AN/00/4èmeL) publiée en l’an 2000 concerne aussi la gestion

des ressources en eau. Elle soumet notamment les eaux continentales à des « valeurs limites » de protection

(rejets) et d’utilisation qui seront établies par voie réglementaire. Ajoutons, qu’un certain nombre de travaux

hydrauliques sont soumis à des Etudes d’Impact selon le décret N2001/011/PR/MHUEAT publié en 2001

comme par exemple l’utilisation des eaux de surface ou souterraine, et les travaux d’adduction d’eau pour

plus de 200 personnes.

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46. Les failles les plus importantes qui ressortent de l’analyse de l’organisation du secteur

sont :

Le vide juridique concernant d’une part l’assainissement (eaux usées et drainage pluvial)

dans les 5 villes de l’intérieur et en milieu rural et d’autre part l’exploitation et l’entretien

des infrastructures d’assainissement dans la ville de Djibouti ;

Un chevauchement des compétences entre la Direction de l’Eau du MAEM, la Direction de

l’Environnement du MHUEAT, le CERD, les commissaires de district pour la gestion des

ressources en eau ;

Une répartition parfois inappropriée des compétences, confiant à des directions centrales

des Ministères la responsabilité de services de fonction locale (assainissement, eau potable

en milieu rural).

2.3.2 Un financement trop faible, absorbé en quasi totalité par les charges salariales

47. Globalement, la précarité financière du secteur s’explique par : (1) la faiblesse du budget de

l’Etat et la faible priorité accordée par le gouvernement au secteur de l’eau et de l’assainissement ;

(2) la quasi-absence des bailleurs de fonds dans le secteur en raison du peu de résultats de leurs

interventions passées; (3) les faibles performances techniques et financières des opérateurs se

traduisant par des coûts de fonctionnement élevés et un faible recouvrement des coûts auprès des

usagers. La tarification appliquée par l’ONED pour l’eau potable en milieu urbain ne lui permet

pas d’atteindre le petit équilibre. Il n’existe pas de mécanisme de recouvrement des coûts dans les

sous-secteurs de l’assainissement et de l’AEP en milieu rural; et (4) l’irrégularité

d’approvisionnement du Fonds de l’Eau.

48. Les ressources dont dispose le secteur de l’eau sont faibles par rapport à celles des autres

secteurs et sont largement insuffisantes pour répondre aux besoins grandissants. Sur la période

1994-2002, les dépenses d’investissement dans le secteur de l’eau sur financement extérieur ne

représentent en moyenne qu’environ 4 % du Programme d’investissements publics (PIP), alors que

les secteurs de la santé et de l’éducation absorberaient en moyenne 14 % du PIP (Source : Ministère

de Finances).

49. La quasi-totalité des ressources financières est absorbée par le paiement des charges

salariales. En 2003, les dépenses de personnel de la Direction de l’eau représenteraient 60% des

dépenses totales financées par le budget de l’Etat (Source : LFI 2003). Rappelons qu’à Djibouti le

poids des charges de personnel du secteur public est parmi le plus élevé du monde. Ces charges

s’élèvent à 21,4% du PNB, soit 53,9% des dépenses publiques. Le salaire moyen des

fonctionnaires djiboutiens était de 650 dollars EU en 1999, contre 100 dollars en Ethiopie et 150

dollars au Yémen et les organismes publics sont souvent contraints de jouer un rôle social en

employant un nombre trop élevé de fonctionnaires12

.

50. En conséquence, il ne reste pratiquement pas de ressources pour assurer le fonctionnement

et l’entretien des équipements, sans parler des investissements pour l’extension, la modernisation

ou la réhabilitation des infrastructures et des services. D’où le faible taux de couverture et la

dégradation des services d’eau potable et d’assainissement.

12

Revue des dépenses publiques, Banque mondiale, 2004

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51. Face aux besoins financiers grandissants du secteur et à la faiblesse du budget de l’Etat, un

Fonds de l’eau a été créé en 2002 pour le financement d’actions liées à la gestion des ressources en

eau et à l’approvisionnement en eau potable des populations rurales. Le Fonds est approvisionné

grâce à une taxe sur les bouteilles minérales (4 FDj par bouteille soit 0,02 dollar EU) ainsi qu’une

taxe de 3% sur le chiffre d’affaire de l’ONED. L’alimentation du fonds est cependant irrégulière.

L’ONED ne verse pas sa contribution. Un premier et unique versement a été effectué en 2003 et a

été utilisé pour la réhabilitation de stations de pompage en milieu rural (installation de panneaux

solaires).

52. Pour répondre à la précarité financière du secteur, il paraît donc prioritaire : (1)

d’augmenter les sources locales de revenu pour (a) assurer le fonctionnement et l’entretien des

services par l’amélioration du mécanisme de recouvrement des coûts auprès des usagers pour les

services de l’eau potable en milieu urbain et l’introduction d’un mécanisme de recouvrement des

coûts pour l’assainissement et l’eau potable en milieu rural; et (b) assurer l’alimentation régulière et

adéquate du Fonds de l’Eau ; (2) de coordonner l’action des bailleurs de fonds autour des objectifs

stratégiques du secteur pour financer les investissements prioritaires ; (3) d’améliorer les

performances techniques et financières des services d’eau potable et d’assainissement grâce à des

réformes importantes comprenant l’intervention possible des secteurs privés et associatifs ; et (4)

d’améliorer le cadrage des dépenses publiques, qui pourrait conduire à une augmentation des

ressources budgétaires disponibles pour le secteur de l’eau et de l’assainissement, y compris la

gestion des ressources en eau.

2.3.3 La gestion du secteur et les services rendus aux populations sont très limités

53. La gestion des ressources en eau est quasi- inexistante, malgré son importance pour assurer

la durabilité des aquifères. Elle est limitée à la conduite par le CERD de rares études géophysiques

et hydro-géologiques dans le cadre de projets financés directement par les Bailleurs de Fonds et à la

préparation en 1999 du Schéma Directeur National de l'Eau (SDNE) approuvé en 2000 par le

CNRE. Les propositions du SDNE ont été reprises dans une large mesure par la Stratégie de

Réduction de la Pauvreté (DRSP, 2003).

54. La gestion effective des ressources en eau, et plus particulièrement le respect de la

réglementation, nécessite une volonté politique forte de la part du gouvernement face aux usagers et

pollueurs. Cette volonté politique est aujourd’hui absente, comme en témoignent le manque total

de moyens budgétaires dont disposent les directions de l’eau et de l’environnement, et

l’alimentation très irrégulière du Fonds de l’Eau. La réglementation prévoit par ailleurs le

recouvrement partiel des frais d’instruction et de contrôle des demandes d’autorisation/concessions

de prélèvements/rejets auprès des usagers. A terme, la mise en vigueur de ces aspects tarifaires

permettrait d’alléger la facture de l’Etat, si ce dernier décidait d’intervenir effectivement dans ce

sous-secteur. Enfin, sur le plan institutionnel, le chevauchement des responsabilités entre les

Directions de l’eau, de l’Environnement, du CERD, des Commissaires de District et de la police

judiciaire accentue la paralysie du secteur. La répartition des responsabilités devra donc être

clarifiée.

55. Les activités dans le domaine de l’eau potable en milieu rural sont très limitées. Les puits

et forages ont considérablement souffert du manque de moyens de la Direction de l’Eau

(DE/MAEM) pour assurer l’entretien et le renouvellement des équipements, et de l’insuffisance des

dotations en carburant offertes par les Commissaires Régionaux pour le fonctionnement des

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pompes. Les ressources drainées par la Direction de l’eau en 2003 s’élèveraient à environ 1,4

million de dollars, soit 260,381,000 FDJ dont 84,372,000 FDJ en dépenses de personnel, 9,759,000

FDJ en dépenses de fonctionnement, 50,000,000 FDJ dépenses d’investissement sur financement

intérieur, et 116,250,000 FDJ en dépenses d’investissement sur financement extérieur (Source : LFI

2003). Les activités récentes dans le secteur sont limitées à quelques opérations d’urgence (i.e.

réparation/remplacement des groupes de pompage en cas de panne) sur le budget limité de la

DE/MAEM et à la modernisation de quelques points d'eau importants (remplacement des pompes et

substitution des groupes électrogènes par des capteurs solaires) sur financement Saoudien.

56. Les activités en matière d’assainissement (eaux usées domestiques et drainage des eaux

pluviales) sont limitées aux actions d’urgence à Djibouti-ville. Les services d’assainissement sont

inexistants dans les villes de l’intérieur et en milieu rural. La Direction de l’assainissement dont le

mandat se limite à la ville de Djibouti est entièrement dépendante du budget de l’Etat dans la

mesure où aucun mécanisme de recouvrement des coûts --que ce soit sous la forme d’une taxe ou

de redevances pour services d’assainissement --n’a été mis en place. Il est vrai qu’en l’absence de

véritable service dans ce domaine, il est difficile de demander aux populations de payer une

redevance. Le budget alloué n’est pas suffisant pour assurer le fonctionnement normal des

installations, sans parler de l’entretien, du renouvellement ou de l’extension des infrastructures. Le

simple paiement des salaires absorberait la majeure partie des fonds alloués à cette Direction.

57. La direction de l’assainissement consciente de ces difficultés, entreprend avec le soutien de

la BAD, la formulation d'un plan stratégique pour l'assainissement. Cette étude débouchera sur des

propositions de réformes importantes préalables à la réalisation d'un programme d'investissements

prioritaires nécessaire à la remise en état des infrastructures. La réforme institutionnelle devrait en

effet être une condition sine qua non pour assurer la crédibilité des investissements et l'implication

des bailleurs de fonds pour leur financement.

58. L’approvisionnement en eau potable en milieu urbain. Le taux de couverture du service est

limité et la qualité du service se détériore. En effet, l’ONED s’est révélé peu efficace dans

l’accomplissement de sa mission et ses performances techniques et financières se dégradent.

Tableau 8: Performance de l’ONED et Indicateurs Internationaux de Performance Djibouti

(ONED)

Yemen

Sana’a

Tunisia

(Sonede)

Bonne

Pratique

Tarif moyen par ménage (sans forfait

pour le branchement) -($ EU/m3)

0,35 0,28 0,34 Variable

Coût moyen de branchement ($ EU) 395 98 200 (moyenne) Peu élevé

ou bas

Pertes administrative et physique 44% 50% 20% <15%

Employés/1,000 branchements en

état de fonctionnement

21 10 4.1 2

Moyenne salaire/employé ($ EU) 9.800 2.550 8.400 Inconnu

Arriérés (nombre de jours) 640 329 Inconnu 60

Impayés (nombre de jours) 1,117 269 Inconnu 30

Ratio de fonctionnement 0,64 1,07 0,98 0,5

Source: ONED et Banque mondiale.

59. L’ONED est une entreprise publique en principe indépendante du budget de l’Etat. Sa

situation financière est néanmoins préoccupante. En 2002, le prix de revient moyen de l'eau pour

Djibouti-ville et les villes de l'intérieur atteignait 0,88 dollars EU/m3 (157 FDj/m

3) pour un prix

moyen de facturation de 0,7 dollar EU (125 FDj/m3). Cette différence génère une perte annuelle de

1,6 million de dollars EU. A cette perte s'ajoutent les volumes non comptabilisés (fuites ou

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branchements pirates) représentant environ 3,2 million de dollars EU ainsi que le montant des

impayés dont le total cumulé sur les dernières années est de l'ordre de 17,7 millions de dollars EU,

essentiellement dus par les services publics de l'Etat (casernes, hôpitaux, administrations, etc.).

60. Plus spécifiquement, la précarité financière de l’ONED s’explique par :

Des charges élevées de personnel et d’électricité qui absorbent la majorité des recettes. Les

charges de personnel, représentent 43% des charges de fonctionnement. Leur importance est

expliquée par un nombre élevé de salarié (le nombre de salariés/par 1.000 branchements est 10 fois

plus élevé que les normes internationales) et le niveau élevé des salaires. La facture d’électricité

représente 35% du budget de fonctionnement en raison du prix élevé du kWh (0,22 dollar

EU/kWh).

Un coût élevé du branchement et un faible nombre d’abonnés. Le coût du branchement

(395 dollars EU) auquel s’ajoute la prime de branchement (39,5 dollars EU), est très élevé par

rapport aux revenus des ménages. Il représente 128%, 77% et 54% des dépenses annuelles des

ménages, respectives du premier, deuxième et troisième quintile. Cela expliquerait en partie le

faible nombre d’abonnés, phénomène encouragé par le grand nombre de compteurs non

fonctionnels auxquels sont appliqués une tarification forfaitaire qui encourage la revente d’eau aux

voisins.

Une tarification inéquitable qui ne reflète pas le coût de l’eau. En 2002, le prix de revient

moyen de l'eau pour Djibouti-ville et les villes de l'Intérieur atteignait 0,88 dollars EU/m3 (157

FDj/m3) pour un prix moyen de facturation de 0,7 dollar EU (125 FDj/m

3).

Faible taux de facturation. Sur les 13.5 millions de m3 produits en 2003, seuls 8.9 millions

de m3 ont été facturés en raison de l’importance des pertes physiques, des branchements illégaux et

des factures forfaitaires (près de la moitié des compteurs sont hors service) sous-estimant les

volumes consommés.

Faible taux de recouvrement des factures. L’Etat, l’un des plus gros consommateurs ne paie

pas ses factures, et les ménages les paient mal. En 2002, les arriérés cumulés s’élevaient à prés de 3

milliards de FDj (17.7 millions de dollars EU), équivalent à prés de 2 ans de chiffre d’affaire. Plus

de 70% des arriérés sont dus par l’Etat. Les rentrées de trésorerie dépendent pour une large part de

l’Armée française, le plus gros consommateur d’eau avec l’Etat.

Tableau 9: Tarifs de l’ONED et autres charges Tranche Fourchette de consommation

sur deux mois

(en m3)

Consommation

journalière par

habitant (l/h/j)

Tarifs

FDj/m3 $ EU/m

3

1 0-30 0-80 62 0,35

2 31-80 81-212 102 0,58

3 81-120 213-317 142 0,81

4 121-200 318-529 163 0,93

5 201-1000 530-2.650 200 1,14

6 1.001 et plus 2.650 et plus 250 1,43

Port 250 FDj

Zone franche 60 FDj

Prime de branchement 45,000 FDj (étrangers)

7,000 FDj (locaux)

Coût du branchement 70,000 FDj

Note: la consommation journalière est basée sur un ménage comprenant 6,3 personnes.

Source : ONED (2003).

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61. L'ONED équilibre sa trésorerie en réduisant ses dépenses d’exploitation et de maintenance

– ce qui pénalise évidemment la qualité du service, et en différant les paiements dus à ses

fournisseurs, notamment "Electricité de Djibouti" (EDD). A la fin 2002, le montant cumulé des

créances de l'ONED atteignait 1,8 milliards de FDj (10,5 million dollars EU), dont 65% pour

l’électricité. De même, l'ONED rembourse mal les dettes liées aux investissements passés,

s’élevant à 5,7 milliards de FDj (32,2 million de dollars EU) en 2002. L’ONED a interrompu le

remboursement d'un prêt de 1,4 milliards de FDJ consenti par l'AFD (France) et non garanti par

l’Etat, ce qui a mis fin à l’assistance apportée par ce bailleur de fonds. Le service de la dette

contractée auprès de la BAD (4 milliards de FDj) est remboursé par l’Etat.

Tableau 10: Dettes croisées ONED et Gouvernement, 2002 (millions de $ EU) ONED à l’Etat L’Etat à ONED

Taxes 0,5

Arriérés fiscaux et sociaux 1,7

Dette de l’Etat (facture d’eau) 12,2

Dette contractée auprès de la

BAD (garantie de l’Etat)

22,6

Pertes cumulées (entreprise

parapublique)

6,9

Total 24,7 19,1

62. Conscient du besoin de restructurer les entreprises publiques dont l’ONED et d’encourager

leur gestion par le secteur privé, le gouvernement djiboutien a adopté en 2001 une nouvelle

stratégie gouvernementale de privatisation. Cette stratégie cible les entreprises publiques à

« privatiser » (ONED et EDD comprises), le processus à suivre et le choix des modalités techniques

de privatisation. En vue d’encourager les investisseurs privés, le crédit d’appui à la consolidation

des finances publiques de la Banque mondiale (clôture 31 décembre 2003) visait entre autres

l’amélioration de la gestion financière de l’ONED. Dans ce cadre, un audit financier de l’entreprise

a été réalisé et un plan d’apurement des dettes et créances avec l’Etat formulé. La convention pour

le règlement des dettes et des créances avec l’Etat n’a pas encore été signée.

3. LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DU SECTEUR ET LES PRIORITES

SECTORIELLES

3.1 Les objectifs de développement

63. La stratégie de développement du gouvernement formulée dans le DRSP (2003) a pour

objectif à long terme (2015) de se rapprocher des «objectifs du millénaire » (ODM) tels que définis

par la communauté internationale.

64. Ces objectifs semblent très difficiles à atteindre à l’horizon fixé compte tenu

de l’importance des financements à mobiliser, de la faible capacité d’absorption du secteur et de

son incapacité constatée jusque-là à maintenir et renouveler les équipements existants. Les besoins

en investissement du secteur évalués par le DRSP s’élèvent à 110 millions de dollars EU sur 3 ans

(soit 70 dollars EU par habitant et par an) dont seulement 15% des financements publics

correspondants sont acquis.

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Encadré 3: Objectifs de Développement pour le Millénaire – Définitions

L’accès à une source améliorée renvoie au pourcentage de la population avec un accès raisonnable à une

quantité d’eau adéquate d’une source améliorée telle qu’une connexion privée du ménage, une borne fontaine

publique, un forage, un puit ou une source contrôlés, et un collecteur d’eau de pluie. Une source non

améliorée comprend les vendeurs d’eau, les camions citernes, et les puits et sources non contrôlés. Un accès

raisonnable est défini comme la disponibilité d’au moins 20 litres d’eau par personne et par jour d’une source

améliorée dans un rayon de moins d’un kilomètre du ménage.

L’accès à une installation améliorée d’assainissement renvoie au pourcentage de la population ayant accès

à des installations (privées ou partagées, mais pas publiques) adéquates pour se débarrasser des excréments, et

qui permet d’une manière effective d’empêcher le contact entre humains, animaux et insectes et les

excréments. Des installations améliorées peuvent varier d’un cabinet à fosse simple mais contrôlé à des

toilettes avec chasse d’eau et connectées à un réseau d’assainissement. Pour être effective, les installations

doivent être construites d’une façon correcte et être proprement entretenues.

3.2 Priorités stratégiques

65. Sur la base de l’analyse qui précède, il est nécessaire de dégager un programme d’actions

prioritaires ayant pour objectif à terme de rétablir une gestion durable des ressources en eau, et

d’améliorer l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement, y compris pour les populations

pauvres.

Le programme d’actions pourrait ainsi s’articuler autour des trois axes stratégiques :

Répondre aux besoins croissants en eau tout en exploitant les ressources en eau de façon

efficace, durable et limiter les risques et dégâts liés aux crues.

Améliorer les performances des services d’eau potable et d’assainissement en milieu

urbain ;

Améliorer l’accès des pauvres à l’eau potable et d’assainissement (milieu péri-urbain et

rural).

Le programme d’actions comprendrait:

Des réformes, couvrant la clarification du cadre législatif et institutionnel, la restructuration

des trois organismes chargés de la gestion des ressources en eau et des services AEPA

(ONED, DA/MHUEAT et DE/MAEM) et la mise en place de mécanismes de financement

stables des investissements publics;

Des investissements, comprenant la conservation/mobilisation des ressources en eau et la

réhabilitation/extension des infrastructures eau potable et assainissement.

66. Toutefois, il est clair que la mise en œuvre des réformes est prioritaire car les

investissements ne pourront être réalisés et exploités avec succès dans le cadre institutionnel et

financier actuel. Les réformes institutionnelles devraient être une condition au financement des

investissements par les bailleurs de fonds.

67. Pour atteindre les trois objectifs stratégiques ci-dessus, le programme d’actions est

détaillé dans le tableau 9 et identifié comme suit :

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3.2.1 Axe stratégique 1 : Répondre aux besoins croissants en eau, exploiter les ressources

en eau de façon efficace et durable et limiter les risques de dégâts par les crues

68. Cet axe stratégique concerne en priorité l’alimentation de la ville de Djibouti et dans une

moindre mesure les autres villes déficitaires du pays à savoir Dikhil et Obock. Concernant la

protection contre les crues, il concerne en priorité les villes de Djibouti et de Tadjourah. Il

comprend les actions prioritaires indiquées ci-dessous :

1. La réduction des pertes et du gaspillage dans les systèmes d’adduction et de distribution urbain

par (a) le lancement d’un programme de détection et de réparation des fuites dans le réseau de

distribution ; (b) la comptabilisation des volumes consommés et l’application d’une tarification

incitant les usagers à économiser l’eau (voir l’axe stratégique 2) ; et (c) l’application de la

réglementation sur les prélèvements, y compris pour les bases militaires.

2. La mobilisation de nouvelles ressources en eau en complément/remplacement des aquifères

locaux. Cela nécessite, dans une première étape, la conduite d’études permettant de définir une

politique d’approvisionnement en eau supplémentaire. Ces études comprendront : (a) une

estimation de la demande future et les prélèvements actuels par zone géographique et usage (y

compris la zone franche, le port et les bases militaires) pour dégager une meilleure

connaissance des besoins sur les moyen et long termes, (b) l’amélioration de la connaissance

des aquifères exploités, en particulier de la nappe de Djibouti, et (c) une étude des options pour

augmenter les ressources en eau disponibles par zone géographique et usage. Puis, dans un

deuxième temps, la mise en œuvre de la, ou des, options retenues pour augmenter les ressources

en eau. A priori, le dessalement de l’eau de mer en adoptant une approche modulaire est la

solution la plus intéressante pour répondre aux besoins de la ville de Djibouti, des bases

militaires et du futur complexe portuaire de Doralé. Le dessalement pourrait être complété par

l’amélioration de la recharge de la nappe de Djibouti à partir de l’oued Ambouli et

l’importation d’eau en vrac par container. L’aménagement du bassin versant et du lit de l’oued

Ambouli permettrait également de diminuer les risques pausés par les crues torrentielles.

Notons que l’alimentation de la ville de Djibouti à partir de l’aquifère de Hanlé, option

envisagée par le gouvernement, devrait être écartée d’emblais en raison de la distance

importante à laquelle se trouve l’aquifère en comparaison de la ville (environ 250 km) et de sa

forte teneur en fluor qui nécessiterait un traitement coûteux. Pour les autres villes, des

solutions au cas par cas devront être envisagées. L’alimentation du complexe portuaire de

Doralé pourrait se faire soit à partir d’une station de dessalement autonome, soit à partir du

réseau de l’ONED. L’alimentation à partir d’une station autonome financée et gérée par le

concessionnaire portuaire permettrait d’assurer une alimentation fiable et de bonne qualité dans

des délais assez brefs sans grever le budget de l’Etat. Par contre, cette option serait

accompagnée d’un manque à gagner important pour l’ONED et limiterait peut-être la volonté

d’améliorer rapidement la qualité des services d’eau potable.

3. L’amélioration de l’assainissement (eaux usées, drainage pluvial et déchets solides) par un

programme de réformes et d’investissements (voir l’objectif stratégique 2) pour la diminution

des risques de pollution de l’aquifère et une meilleure évacuation des eaux de crue.

4. La clarification du cadre législatif et institutionnel en matière de gestion des ressources en eau

et l’application de la réglementation existante en matière de protection des aquifères (mise en

place des périmètres de protection autour des champs de captage d’eau potable et autour des

zones d’infiltrations et contrôle des prélèvements et des rejets) pour la protection des nappes

contre la pollution superficielle et la sur-exploitation. Cela nécessite au préalable une

amélioration de la connaissance de l’aquifère pour déterminer le volume maximum des

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prélèvements autorisés et définir les périmètres de protection et d’infiltration, et l’inventaire de

tous les points de prélèvements et de rejets dans la nappe.

5. La protection contre les crues des villes de Djibouti et de Tadjourah nécessitera, l’aménagement

du lit des oueds Ambouli pour Djibouti et des oueds Marsaki, Bodoli et Oyali pour Tadjourah

ainsi que des travaux d’amélioration du drainage pluvial en ville. La protection contre les crues

devrait également comprendre la formulation et la mise en œuvre d’un plan d’occupation des

sols afin de dégager les voies d’écoulement. Pour l’oued Ambouli, il paraît opportun de

combiner l’aménagement du lit de l’oued avec l’aménagement plus global du bassin versant

afin d’une part de limiter la force des crues et d’autre part de favoriser la recharge de l’aquifère

de Djibouti (voir plus haut). L’entretien régulier du lit de l’oued et des infrastructure de

drainage est essentiel pour éviter les inondations par le maintien des voies d’écoulement

dégagées. Les cadres législatif et institutionnel en matière de drainage pluvial devront être

clarifiés et les ressources nécessaires à l’entretien des ouvrages et au respect du plan

d’occupation du sol disponibles.

6. Enfin, toutes ces actions ne seront possibles sans une importante amélioration des financements

du secteur (alimentation régulière du Fonds de l’eau, budget de l’Etat alloué à la gestion des

ressources en eau, et, dans le long-terme, mise en vigueur des taxes et redevances prévues dans

le cadre de la législation sur les prélèvements et les rejets).

3.2.2 Axe stratégique 2. Améliorer les performances des services d’eau potable et

d’assainissement en milieu urbain

69. L’amélioration des performances des services d’eau potable et d’assainissement en milieu

urbain nécessite la restructuration de leur cadre institutionnel et financier et la réalisation d’un

programme d’investissements prioritaires.

1. Restructuration du cadre institutionnel et financier

70. En préalable à la restructuration du secteur, une étude des différentes options

institutionnelles et financières pour l’amélioration des services de l’eau et de l’assainissement doit

être menée. Cette étude devra considérer le secteur de l’assainissement dans son ensemble, le

regroupement de la gestion des services d’eau potable, d’assainissement et d’électricité et

l’orientation vers une gestion déléguée du service à un opérateur privé.

71. L’étude devra envisager l’assainissement dans son ensemble, c’est à dire l’ensemble des

services urbains de base qui garantissent un bon fonctionnement des réseaux existants et limitent les

risques de pollution et de maladies liées à une mauvaise hygiène du milieu, c’est à dire

l’assainissement en réseau et individuel, la gestion des produits de vidange, le curage des ouvrages

de drainage pluvial, et la gestion des ordures ménagères. Cette étude devra prendre en compte les

résultats de l’étude stratégique sur l’assainissement urbain en cours.

72. Il faudra également considérer l’opportunité de regrouper la gestion des services de l’eau

potable, de l’assainissement en réseau et de l’électricité. En effet, il paraît souhaitable de combiner

la gestion des services de deux ou trois de ces sous-secteurs pour les raisons suivantes : (a) les

ouvrages existants et ceux nécessaires pour pallier le déficit en eau (usine de dessalement par

exemple) sont particulièrement tributaires de l’énergie électrique et de son coût, (b) les activités

commerciales pourraient être consolidées, permettant une diminution des coûts et une amélioration

du paiement des factures de l’eau ; (c) le problème de la dette croisée entre l’ONED, la Direction de

l’Assainissement et l’EDD serait internalisé ; (d) la taille de l’entreprise serait plus à même

d’intéresser le secteur privé ; et (e) l’assainissement ne doit pas être laissé pour compte en raison du

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risque qu’il représente en terme de santé publique et de pollution des ressources en eau . Il est

probable que le service de l’assainissement, s’il n’est pas combiné à l’eau potable, ne pourra pas

être amélioré de façon durable.

73. Avec l’orientation vers le dessalement et sans préjuger des résultats de l’étude, la

restructuration du service de l’eau potable en milieu urbain (y compris électricité et

l’ assainissement si la gestion de ces services devait être regroupée), repose sans doute à terme sur

une gestion déléguée du service à un opérateur privé. Ce mode de gestion a l’avantage de

conserver le caractère public de l’autorité contractante, tout en assurant un fonctionnement de type

privé. La solution la plus prometteuse, au moins dans un premier temps, serait le contrat de gestion.

74. Dans le cas d’une gestion déléguée à un opérateur privé, les fonctions des directions

centrales des Ministères seront recentrées sur le suivi des contrats des exploitants, la

programmation et le suivi des investissements, et la gestion des financements correspondants

(extérieurs notamment). Les directions centrales pourraient éventuellement garder la responsabilité

du service dans les villes secondaires dans le cas où l’opérateur privé n’en prendrait pas la

responsabilité.

2. Autres réformes et investissements prioritaires

75. Quelque soit l’option retenue pour la restructuration des secteurs de l’eau potable et de l’

assainissement, il est indispensable de mener une série de réformes et d’investissements visant à

améliorer les performances techniques et financières des services d’eau potable et d’assainissement.

76. Ces réformes incluent notamment, pour l’eau potable en milieu urbain, la révision de la

tarification, la réduction du coût des branchements et l’introduction d’une facilité de paiement de

type branchement social pour les pauvres. Ces réformes accompagneraient la restructuration de

l’ONED et de son personnel (introduction d’une rémunération à la performance, primes, diminution

des salaires de bases, incitation au départ à la retraite anticipée, etc.), l’apurement des dettes et des

créances avec l’Etat.

77. Le programme d’investissements prioritaires viserait à limiter les pertes dans le réseau de

distribution et améliorer le recouvrement des coûts. Il comprendrait le lancement d’un programme

de détection et de réparation des fuites dans le réseau de distribution, le remplacement des

compteurs défectueux à la distribution et à la production et l’augmentation du taux de raccordement

au réseau.

78. La réforme du secteur de l’assainissement devrait envisager: (1) la clarification des

responsabilités dans le sous-secteur, y compris l’assainissement en réseau et individuel, la gestion

des produits de vidange et le curage des ouvrages de drainage pluvial; (2) la refonte des modes de

gestion afin d’assurer l’exploitation et l’entretien correct des ouvrages en rendant leur financement

indépendant des arbitrages budgétaires du gouvernement. L’étude mentionnée ci-dessus des

différentes options institutionnelles et financières pour l’amélioration des secteurs de l’eau et de

l’assainissement ainsi que l’étude stratégique assainissement en cours analyseront en détail les

options de restructuration du sous-secteur. Il semble d’ores et déjà que la création d'une institution

spécifique à l'assainissement, du type de l'ONED, est une hypothèse dont la pérennité financière est

trop aléatoire pour être une voie crédible. Le regroupement de la gestion du service de

l’assainissement avec celui de l’eau potable en milieu urbain, et leur délégation ultérieure à un

opérateur privé, est la solution qui paraît aujourd’hui la plus à même d’améliorer durablement et

rapidement les performances du secteur; et (3) l’introduction d’un mécanisme de recouvrement des

coûts auprès des usagers pour le financement de l’exploitation et de l’entretien des ouvrages. Deux

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mécanismes de recouvrement des coûts sont couramment utilisés pour l’assainissement, il s’agit

d’une taxe d’assainissement en addition de la facture d’eau ou bien d’une taxe sur la propriété

foncière. Dans le contexte djiboutien, où le recouvrement de la taxe foncière est difficile, la

première option semble la meilleure.

79. Pour l’assainissement, en matière d’investissement, deux priorités se dégagent nettement:

(a) la remise en état du réseau existant, y compris des stations d’épuration et des pompes de

relevage ; et (b) l’augmentation des taux de raccordement au réseau dans les quartiers denses par la

mise en place d’une politique d’aide au branchement pour les ménages permettant d’éviter les

branchements sauvages et l’évacuation des effluents domestiques vers le réseau d’évacuation des

eaux pluviales.

3.2.3 Axe stratégique 3. Améliorer l’accès aux pauvres à l’eau potable et l’assainissement

En milieu péri-urbain : pressurisation et extension du réseau, multiplication des points d’eau, et

amélioration de l’assainissement (drainage, latrinisation)

80. L’amélioration de l’accès des populations à l’eau peut prendre deux formes très distinctes

du point de vue de ses implications, techniques, institutionnelles, juridiques et financières, à savoir :

(a) l’extension du réseau et des ouvrages type bornes-fontaines (BF) qui jusque-là sont restés de la

responsabilité et propriété de l’ONED à Djibouti et dans les 5 villes de l’intérieur ; et (b) la création

de points d’eau améliorés, autonomes par rapport aux réseaux, là où des forages sont possibles et où

leur mise en exploitation ne présente pas de risques majeurs de contamination des aquifères. Dans

les deux cas, la définition d’un cadre institutionnel et juridique clair, ainsi que le recours à des

modes de gestion impliquant largement les communautés bénéficiaires s’avèrent nécessaires.

81. Sur le plan technique, l’extension du réseau par développement des BF n’est pas possible

sans une augmentation préalable de la pression dans le réseau. Celle-ci résultera de la réduction du

gaspillage par « gestion de la demande » et de l’augmentation de la production d’eau potable. La

question des responsabilités futures devra être abordée et réglée prioritairement pour remédier à la

situation actuelle où le fontainier ne paie pas les charges occasionnées par la consommation d’eau

aux BF. Plusieurs solutions en matière de gestion sont envisageables : une gestion directe par

l’ONED (« slot machines » ou carte pré-payée avec paiement au litre) ; une gestion déléguée par

affermage à des exploitants assurant la maintenance et le renouvellement des ouvrages, que ces

exploitants soient des personnes morales privées ou des associations de quartiers représentatives

des communautés de base ; la concession à un exploitant privé ou à une association, qui finance la

construction de l’ouvrage et l’exploite pour son compte. Ces options ne sont pas exclusives les

unes des autres, et une solution peut s’avérer plus appropriée que l’autre selon les conditions

particulières à chaque secteur. Les communautés devront, se constituer en associations (à l’échelle

d’un ou plusieurs quartiers). Si de telles associations existent déjà, leur objet devra être étendu à

l’exploitation des ouvrages d’approvisionnement en eau dans le cas où la gestion des équipements

leur serait confiée.

82. En ce qui concerne la gestion des points d’eau autonomes, on tombe dans les cas de figure

institutionnels évoqués ci-dessous pour les points d’eau dans les zones rurales, avec une option

supplémentaire qui pourrait être la concession à une personne privée compte tenu de la taille du

marché de l’eau dans les zones péri-urbaines.

83. Quelle que soit l’autorité finalement responsable (ONED, District ou communes), il sera

indispensable que cette dernière prenne ses décisions en étroite concertation avec les communautés

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de base à travers leurs associations représentatives, que ce soit en ce qui concerne le choix de la

solution (réseau ou autonome), l’emplacement des équipements et (plus important encore) le mode

de gestion des équipements et le choix éventuel d’un maître d’ouvrage délégué pour les travaux de

construction.

En milieu rural : densifier le nombre de points d’eau, recourir aux énergies renouvelables et

favoriser la participation

84. En milieu rural, l’amélioration de l’accès aux services d’eau potable repose sur le

développement du maillage de points d’eau améliorés (puits/forages) équipés de systèmes

d’exhaure dépendant de sources d’énergie renouvelables et l’introduction d’une gestion

participative des points d’eau.

85. Dans les zones rurales enclavées, devront être développés des modes de gestion confiant les

responsabilités d’exploitation et d’entretien des points d’eau aux communautés de base (usagers), y

compris leur financement. Compte tenu de la faiblesse des ressources des communautés, les

investissements devront très probablement rester du ressort de l’Etat, que ce soit sur fonds propres

ou ressources extérieures.

86. Le cadre institutionnel de la gestion des équipements en milieu rural, devra être précisé

pour éviter toute source de confusion ultérieure au plan juridique entre communautés de base

(privées) et collectivités décentralisées (publiques) autour de la gestion d’équipements qui devront

rester publics par destination. Des conventions (ou chartes) relativement simples (documents-

types) devront être mises au point et discutées entre les propriétaires des équipements (Etat ou

collectivités publiques locales) et leurs exploitants (communautés de base privées constituées

en « syndicats » ou associations d’usagers exploitant la ressource). Une approche participative

devra être suivie pour le choix de la localisation et de la technologie et du mode de gestion

ultérieure des systèmes. Des actions d’accompagnement seront nécessaires pour assurer le succès

des opérations et la durabilité du système ; elles sont détaillées dans le tableau 11 ci-après.

.

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PLAN D’ACTIONS

Tableau 10: Actions proposées au titre de l’axe stratégique 1

Etudes Investissements Réformes

Ramener les prélèvements des aquifères à un niveau compatible avec leur recharge et protection des aquifères contre la pollution

- Modélisation de l’aquifère de Djibouti et de Dikhil

pour (i) déterminer leur recharge et donc le volume

maximum des prélèvements autorisés ; et (ii) définir

les périmètres de protection des captages pour l’eau

potable.

- Inventaire de tous les points de prélèvements et des

rejets dans la nappe de Djibouti et des villes de

l’Intérieur.

- Réduction des fuites et du gaspillage en milieu

urbain (voir l’objectif stratégique 2)

- Clarification du cadre institutionnel en matière

de gestion des ressources en eau

- Application de la réglementation en matière de

périmètres de protection autour des champs de

captage d’eau potable et autour des zones

d’infiltrations ; et contrôle des prélèvements et

des rejets.

Développer des ressources en eau additionnelles

- Etude détaillée de la demande future et des

prélèvements par zone géographique et usage ;

- Etude des options pour augmenter les ressources en

eau disponibles dont (i) le dessalement ; (ii) la

recharge artificielle de la nappe de Djibouti par

l’oued Ambouli; (ii) l’importation d’eau des pays

voisins par container ; et (iv) l’étude et

développement de nouveaux aquifères.

- Réalisation des travaux correspondants aux options

retenues pour augmenter la ressource

Protection contre les inondations dans les villes

- Etude sur l’aménagement du bassin versant et du

lit de l’oued Ambouli

- Etablissement d’un plan d’occupation des sols

dans les zones inondables à Djibouti et Tadjourah

- Réalisation des travaux d’aménagement

- Améliorer le drainage pluvial en ville

- Mise en œuvre du plan d’occupation des sols

afin de dégager les voies d’écoulement

- Assurer l’entretien régulier des exutoires et des

voies de drainage en clarifiant le cadre législatif

et institutionnel en matière de drainage pluvial

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Tableau 11: Actions proposées au titre de l’axe stratégique 2 Etudes Investissements Réformes

Eau potable

- Programme de détection et de réparation des fuites pour

la réduction des pertes physiques

- Remplacement et installation de compteurs à la

distribution et à la production adaptées aux conditions

physico-chimiques de l’eau.

- Etude et réforme des secteurs de la distribution de

l’eau, de l’assainissement et de l’électricité pour

l’amélioration des performances techniques et

financières de ces services en milieu urbain. La

participation du secteur privé ainsi que le

regroupement de ces activités seront privilégiées.

- Réforme de la tarification de l’eau y compris des

coûts de branchements pour (i) augmenter le nombre

d’abonnés ; (ii) assurer une meilleure équité entre les

usagers ; et (iii) augmenter les revenus.

- Mise en place d’une taxation en complément de la

facturation de l’eau pour assurer le financement du

fonctionnement et de la maintenance du réseau

d’assainissement.

- Apurement des dettes et des créances avec l’Etat

Assainissement

- Inventaire des ménages branchés au réseau

d’assainissement et au réseau de drainage pluvial et

régularisation des branchements illégaux

- Campagne de sensibilisation à l’hygiène domestique

- Réhabilitation du réseau d’égout et des stations

d’épuration avec une technologie adaptée au contexte

Djiboutien

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Tableau 12: Actions proposées au titre de l’axe stratégique 3

.Axes prioritaires Investissements Institutions

Eau potable et Assainissement dans les

zones péri-urbaines pauvres

- Extension et densification du réseau de distribution

d’eau potable dans les zones périphériques

- Développement de points d’eau autonomes

- Campagne de sensibilisation à l’hygiène domestique

- Développement de la gestion participative des

fontaines publiques similaire à celle préconisée en

milieu rural.

Hydraulique rurale

1. Densification du réseau de points d’eau

2. Gestion durable des points d’eau

1. Densification du réseau des points d’eau avec : (i)

l’inventaire des points d’eau; (ii) la mise à jour de l’étude

des potentialités pastorales nationales et (iii)

l’établissement de plans régionaux participatifs de

valorisation pastorale, associant un zonage du potentiel

pastoral à un programme de construction de nouveaux

points d’eau.

2. L’amélioration de la conception des puits cimentés par

la mise en œuvre d’un programme de réhabilitation des

puits traditionnels, comprenant un approfondissement,

une protection contre les crues, une protection contre la

pollution et une amélioration du système d’exhaure

manuel traditionnel ;

3. La réduction de la dépendance au gasoil dans les zones

enclavées par le développement des systèmes d’exhaure

manuel, solaire ou éolien;

4. Le développement des réseaux d’adduction et de

distribution dans les gros villages ;

5. Une campagne de sensibilisation à l’hygiène

domestique

- Adoption d’une approche participative pour le

développement et la réhabilitation des points d’eau

selon laquelle les usagers seraient impliqués dans la

localisation des points d’eau, le choix de la

technologie et le financement des investissements, et

seraient responsables de la gestion du point d’eau, y

compris son état sanitaire.

- La mise en place de cette approche nécessite : (i) la

formation de l’équipe d’encadrement à l’approche

participative ; (ii) la sensibilisation des populations

et l’appui à la mise en place des comités locaux de

gestion des points d’eau ruraux ; et (iii)

l’établissement de chartes locales de gestion des

points d’eau, précisant les tâches relevant des

comités locaux de gestion, des régions, des services

déconcentrés de l’Etat ou encore de l’administration

centrale

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- 30 -

4. PLAN D’ACTIONS POUR LA BANQUE

87. Les échecs relatifs du passé dans le financement des projets d’infrastructures lourdes

incitent à la prudence et à la mise en œuvre de préalables importants en ce qui concerne

l’organisation et le financement du secteur dans son ensemble. Toutefois, l’ampleur des besoins

de financements pour atteindre des objectifs du gouvernement dans le secteur, de même que

l’urgence à améliorer la situations sanitaire des populations les plus démunies, plaident en faveur

d’un réengagement prudent mais déterminé du groupe de la Banque dans le secteur.

88. En tout état de cause, le groupe de la Banque mondiale ne pourra être un acteur majeur

dans le financement du secteur de l’eau en raison de l’enveloppe AID/IDA limitée dont il dispose

pour Djibouti. Les interventions de la Banque devront donc être sélectives, s’inscrire dans le

cadre des priorités définit précédemment et être complémentaires des financements prévus ou en

cours de la communauté internationale des bailleurs de fonds (voir encadré 4). Dans ce contexte

les axes d'interventions du groupe de la Banque pourraient être les suivants.

4.1 Appui technique et méthodologique à la définition du mode de gestion délégué de la

distribution de l’eau potable, de l’assainissement et de l’électricité en milieu urbain.

89. Un premier axe d’interventions pourrait être l’appui technique et méthodologique à la

définition du mode de gestion délégué de la distribution de l’eau potable, de l’assainissement et

l’électricité en milieu urbain. Cette étude y compris le séminaire national de présentation et de

discussion des conclusions avec les principales parties prenantes fera l’objet d’un financement

PPIAF. L’opération de restructuration et de transfert des responsabilités de l’ONED et de la

Direction de l’assainissement pourrait impliquer la Société Financière Internationale (SFI) si

toutefois la solution retenue impliquait une participation financière importante de l’opérateur

privé.

4.2 Action concernant un projet AID

90. Un deuxième axe d’interventions du Groupe de la Banque mondiale pourrait

concerner un projet AID pour: (a) le financement du programme prioritaire d’investissements

publics visant la gestion durable de l’aquifère de Djibouti ; et (b) le soutien des réformes

identifiées dans le cadre de l’étude PPIAF.

4.3 Formulation d’un programme de renforcement des capacités locales en matière de

gestion du secteur

91. Un troisième axe d’interventions pourrait être la formulation d’un programme de

renforcement des capacités locales en matière de gestion du secteur. L’appui du groupe de la

Banque pourrait porter plus particulièrement sur la définition d’une stratégie et d’un plan

d’actions en matière d'information, de formation et de sensibilisation des acteurs du secteur de

l’eau.

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Encadré 4: Initiatives récentes ou en cours sur financements extérieurs Presque tous les bailleurs de fonds représentés à Djibouti sont actifs dans le secteur ou comptent

prochainement intervenir. Il est ainsi possible de citer entre autres :

L'Union européenne (UE), qui était jusque là très peu présente dans le secteur eau, est prête à jouer un rôle

moteur essentiel et à entreprendre des actions dans le secteur à condition qu’il soit l’objet d’une approche

intégrée regroupant l'eau et l'assainissement. Un document de stratégie préparé en 2002 a permis de

réserver un montant de 13 millions d'€ sur le 9ème

FED pour l'eau et l'assainissement, déclaré "secteur de

concentration". Une étude devant actualiser la politique sectorielle du gouvernement commencera

prochainement. Elle se basera sur le présent document et le développera. A la suite des inondations de

2004 et des dégâts importants causés dans la ville de Djibouti tant sur les plans humains que matériel, l’UE

a décidé de financer à hauteur de 4 millions d’Euro, une étude de faisabilité et quelques investissements

permettant de réduire les risques de crues à l’avenir. Les conditionnalités émises par l'UE sont de nature à

dynamiser les réformes institutionnelles. L'UE interviendrait, également dans le cadre du 9ème

FED, par un

soutien macro-économique ciblant l'apurement des arriérés de paiement de l'Etat vis-à-vis des entreprises

publiques (telles que l'ONED ou EDD).

La BAD qui a financé le schéma directeur de l’assainissement dans le milieu des années 80, puis une partie

des investissements prioritaires inclus dans ce schéma au début des années 90. Elle soutient actuellement la

formulation d'un plan stratégique pour l'assainissement de Djibouti-ville. Cette étude, qui sera finalisée

courant 2004, débouchera sur des propositions de réformes importantes préalables à la réalisation d'un

programme d’investissement prioritaire.

La Coopération française a considérablement réduit ses interventions. Elles sont aujourd’hui limitées à

une subvention au CERD pour l'amélioration de la connaissance de la nappe de Djibouti – 90.000 €. La

modélisation de la nappe de Djibouti nécessitera également l'exécution de forages de reconnaissance

estimés à 500.000 € pour lesquels un financement reste à être identifié. Ajoutons qu’un projet

d’hydraulique rurale est en cours d’instruction. Ce projet prévoit la réhabilitation de points d’eau non

fonctionnels, un appui à la Direction de l’Eau et aux communautés pour améliorer leur capacité de gestion

des points d’eau et le développement des petits métiers de l’eau. Les activités de la coopération française

sont limitées car l'AFD, principal outil de la Coopération française pour les infrastructures, n'est plus

remboursée (120 millions de FDj/an) des prêts consentis en 1997/98 pour des travaux d'adduction d'eau en

périphérie de Djibouti et ne souhaite donc plus intervenir tant que le contentieux n'aura pas été réglé et que

l'ONED n'aura pas été restructurée.

L’AICJ (JBIC) a réalisé en collaboration avec la Direction de l'eau: de nouveaux forages et des forages de

remplacement dans la nappe de Djibouti pour un montant de 10 millions de dollars EU entre 2002-04 ; ces

actions n'ont pas donné les résultats escomptés (voir encadré 1); et 4 forages et adduction d'eau pour

l'approvisionnement de 4 villages entre 1994 et 2000.

Le Fonds saoudien de développement a octroyé un don de 4 millions de dollars EU pour la construction ou

la réhabilitation de 30 forages et de stations de pompages dont au moins 15 à 25 seront équipées de

panneaux solaires.

Le fonds norvégien et finnois géré par la Banque mondiale finance un projet pilote de coordination des

interventions et gestion communautaire pour réduire les risques de santé environnementale. Ce programme

est en cours dans deux villages, Kalaf (Tadjourah) et Goubeto (Ali Sabieh). Les bailleurs de fonds seront

invités à financer le plan d'actions lors d'un atelier de restitution qui aura lieu courant 2004. Ces actions

pilotes si convaincantes pourraient être répliquées dans d’autres villages ou en zone péri-urbaine.

D'autres bailleurs de fonds tels que la KfW (réalisation d'un forage et réhabilitation de l'approvisionnement

à Obock en 1997), la Banque islamique de développement de concert avec la FAO (irrigation des bassins

versants en 2002) et l'UNICEF (deux bornes fontaines à PK12 en 1996) ont financé de petites actions dans

le domaine de l'eau. Enfin, l’AACD finance l’étude de faisabilité pour le dessalement de l’eau pour

Djibouti-ville et l’AIDEU/USAID vient de lancer ses opérations à Djibouti en y ouvrant un bureau.

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92. Ce programme devrait en principe comprendre : (i) un volet « secteur public » (ONED,

Direction de l’assainissement et District de Djibouti, entre autres parmi les intervenants publics

ou parapublics), (ii) un volet « décideurs » destiné aux acteurs clés du gouvernement central

(instance en charge du plan de l’économie et des finances en particulier compte tenu de leur rôle

déterminant en matière de programmation et de financement des investissements publics) ; (iii)

un volet « élus » nationaux (parlementaires) et locaux (si la décentralisation est effectivement

mise en place) ; et (iv) un volet « société civile » visant à la sensibilisation des populations à

travers le renforcement des capacités de leurs associations représentatives au niveau des quartiers

et communautés de base.

93. Les thèmes à aborder prioritairement seraient l'utilisation et la protection des ressources

en eau, la gestion de la demande et les économies d'eau, la lutte contre le gaspillage, la valeur de

l'eau, le coût du service et l'hygiène du milieu. L’institut de la Banque mondiale (WBI) en liaison

avec le Water Sanitation Program (WSP) for Africa, serait l’interlocuteur le plus approprié pour

mener à bien ces actions au sein du groupe de la Banque mondiale.

4.4 Appui technique à la gestion des points d’eau améliorés et éventuellement appui

financier pour leur développement en milieu rural et péri-urbain

94. Le quatrième et dernier axe d’interventions possible du groupe de la Banque mondiale

pourrait porter sur l’appui technique à la gestion des points d’eau améliorés (don IDF) et

éventuellement financier pour leur développement en milieu rural (don FME). Cet appui pourra

aussi concerner le milieu péri-urbain : (a) le cas échéant lorsque l’extension du réseau et la

distribution par BF ne se justifie ni techniquement ni économiquement ; (b) pour l’assainissement

individuel et communal (don IDF et Slum Upgrade Initiative). Ces interventions devront avoir

pour préalable le règlement de la question de la propriété et de l’exploitation des ouvrages ainsi

qu’une définition précise du mode de gestion et des responsabilités respectives de la collectivité

publique vis à vis des communautés de bases ou associations des usagers de l’eau les représentant

(hypothèses avec ou sans décentralisation). Elles devront être accompagnées par des actions

d’information/sensibilisation du milieu rural à travers ses communautés de base gestionnaires

déléguées et/ou exploitants des points d’eau.

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ANNEXES

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Annexe I : Prélèvements et besoins en eau

Les estimations des prélèvements et des besoins en eau présentés dans cette annexe sont très

approximatives en raison du manque de données ou du peu de fiabilité des données disponibles.

Table A1.1: Estimation des prélèvements et des besoins en eau (Millions m3/an)0 Prélèvements (2002) Besoins (2002) Besoins (2015) Sources

Djibouti-ville 13 16 25 ONED, Schéma

directeur de l’eau Villes de l’Intérieur 2,5 3 4,6

Milieu rural

- Population

- Cheptel

0,2

2,1

0,9

2,1

0,9

2,1

Estimations

Banque mondiale

et FAO

Irrigation 1,6 4 4

Total 19,4 26 36,6

Le tableau ci-dessus est issu des données et hypothèses suivantes :

Les prélèvements en 2002 :

Les prélèvements dans la ville de Djibouti et les 5 villes de l’Intérieur ont été fournis par

l’ONED. Ils représentent les volumes pompés aux forages de l’ONED (volumes mesurés

pour les compteurs fonctionnels, estimés sinon). Les prélèvements sont probablement sous

estimés car ne sont comptabilisés que les volumes prélevés par l’ONED, en particulier ne

sont pas comptabilisés les prélèvements des bases militaires autres que françaises.

Les volumes prélevés par la population rurale ont été estimés à partir de la population estimée

à 130.000 habitants en 2002 (Enquête EDAM2) et d’une consommation journalière estimée à

5 litres par habitant.

Les volumes prélevés pour le cheptel ont été estimés à partir des informations disponibles sur

le nombre de bêtes et leurs consommations en eau dans les conditions climatiques

Djiboutiennes. Plus précisément, le cheptel est estimé à 1 million de petits ruminants dont la

consommation journalière a été estimée à 3,5 litres, 50.000 bovins dont la consommation a

été estimée à 30 litres et 40.000 chameaux dont la consommation a été estimée à 20 litres.

Notons que ces estimations sont très imprécises en raison de la grande incertitude sur le

nombre de bêtes, le dernier recensement du cheptel datant de 1978.

Les volumes prélevés pour l’irrigation ont été estimés à partir des surfaces irriguées estimées

à 400 ha et d’une irrigation de 4.000 m3/ha/an. Ces estimations sont également très

imprécises.

Les besoins en 2002 et 2015 :

Les besoins actuels et en 2015 de la ville de Djibouti et des 5 villes de l’Intérieur sont tirés

des estimations du Schéma Directeur de 1993, reprises par l’ONED dans le cadre du schéma

directeur de 2000.

Les besoins actuels de la population rurale sont calculés à partir des estimations de la

population (130.000 habitants) et des besoins en eau nécessaires pour la boisson, la cuisine et

l’hygiène (20 litres/habitant/jour sur un an). Les besoins sont supposés rester les mêmes dans

le futur.

Les besoins du cheptel sont estimés identiques à la consommation actuelle. Les besoins sont

supposés rester les mêmes dans le future.

Les besoins en eau de l’irrigation sont estimés par la FAO à 10.000 m3/ha/an, soit 4 millions

de m3/an. Les besoins futurs sont identiques en supposant une surface irriguée constante.

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Annexe II : Les acteurs institutionnels du secteur de l’eau

Gestion des ressources en eau.

La Direction de l’Eau est à la tête du dispositif administratif responsable de la gestion des

ressources en eau. Ces attributions incluent: (i) la définition et la mise en œuvre de la Politique

National de l’Eau ; (ii) la coordination des actions relatives à la politique de l’eau en assurant le

pilotage du Secrétariat Technique de l’Eau; (iii) l’évaluation des ressources en eau; (iv) la

surveillance et contrôle de l’exploitation des ressources en eau; (v) l’instruction des déclarations,

demandes d’autorisations et concessions en matière de prélèvements et de rejets en collaboration

avec les Commissaires de la République; (vi) l’étude et l’implantation des périmètres de

protection ; (vii) le développement des ressources en eau, y compris la réalisation de forages en

régie ; et (viii) l’administration du Fonds National de l’Eau.

Les Commissaires de la République délivrent les autorisations et concessions de

prélèvements/rejets, sanctionnent les usagers/pollueurs en cas de non-conformités aux

dispositions des autorisations/concessions (mise en demeure, suspension, amende).

Le CERD est le partenaire scientifique national dans le domaine de l’hydrologie et de

l’hydrogéologie. Il conduit les études géophysiques et hydrogéologiques dans le cadre de projets

financés par les bailleurs de fonds. Il dispose aussi d’un laboratoire d’hydro-chimie réalisant les

analyses physico-chimiques de l’eau pour le compte de la Direction de l’Eau et de l’ONED

moyennant paiement.

D’après le code de l’Environnement, la Direction de l’Environnement créée en 2000 est aussi

responsable de la protection des ressources en eau par la définition de valeurs limites de

protection et d’utilisation des eaux continentales, la surveillance des ressources, le contrôle des

prélèvements et des rejets et l’application éventuelle de sanctions en collaboration avec les

officiers de la police judiciaire. Elle est aussi responsable de l’application du décret sur les

Etudes d’Impact Environnemental requises lorsqu’un projet est susceptible d’affecter les

ressources en eau.

Eau potable en milieu urbain.

La production et la distribution d'eau potable à Djibouti-ville et dans les cinq villes de l'intérieur

sont de la responsabilité de l’Office National des Eaux de Djibouti (ONED), établissement public

à caractère industriel et commercial, placé sous la tutelle du MAEM. Les autres intervenants sont

des vendeurs d’eau privés desservant la population par camions citernes, gallons ou bouteilles

d’eau.

La Direction de l'Epidémiologie et de l'Hygiène du Milieu du Ministère de la Santé (MDS) est

chargée du contrôle de la qualité de l'eau des eaux de boisson et des effluents et de la surveillance

des maladies d'origine hydrique.

Eau potable en milieu rural.

L’approvisionnement en eau potable en milieu rural relève de la Direction de l’Eau et des

Commissaires Régionaux du MID. La direction de l’eau est responsable de (i) la création de

nouveaux points d’eau ; (ii) la maintenance des stations de pompage ; et (iii) l’appui à la gestion

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participative des points d’eau en milieu rural et dans les quartiers urbains non-desservis par le

réseau. Les Commissaires Régionaux sont chargés du gardiennage et de l'approvisionnement en

carburant des stations de pompage dans les zones rurales de leurs districts respectifs.

Assainissement.

A Djibouti-ville, l’assainissement (eaux usées domestiques et pluviales) est du ressort de la

Direction de l’Assainissement (DA/MHUEAT), responsable de : (i) la définition des besoins et

des programmes d’équipement ; (ii) préparer, étudier, conduire et contrôler les opérations

d’assainissement ; et (iii) réaliser en régie certains travaux. Les responsabilités en matière

d’exploitation et d’entretien des infrastructures ne sont pas précisées dans les textes. Aucun

organisme public n’est responsable de l’assainissement dans les 5 villes de l’Intérieur et en milieu

rural. Les autres intervenants sont l’ADETIP (Agence Djiboutienne d’exécution de travaux

d’intérêt publics) qui intervient dans le cadre d’un programme général de salubrité publique, et

des prestataires de services privés en charge de la vidange et du curage des fosses septiques.

Déchets solides. La gestion des déchets solides (collecte, décharge et traitement des ordures

ménagères) relève des services techniques du district (STD) en milieu urbain. Les associations

de quartiers, ONG et l’ADETIP interviennent également dans le secteur.

Hydraulique pastorale et irrigation. La réalisation et la gestion des ouvrages relèvent de la

Direction de l’Agriculture et de l’Elevage du MAEM.

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Annexe III : ONED, Compte d’exploitation et Bilan 2001 et 2002

1. Le compte d’exploitation

2001 2002

Production d’eau (m3) 14,247,308 14,247,308

Ventes d’eau (m3) 9,012,956 8,809,483

Pertes 37% 38%

Nombre de branchements 21,426 21,612

Nombre de branchements actifs 14,898 14,791

Nombre d’employés 282 301

Taux de change(FD/US$) 177 177

francs

djiboutien

US$ francs

djiboutien

US$

Ventes d’eau 1,785,864,559 10,089,630 1,781,010,872 10,062,208

Autres revenus 24,886,287 14,600 120,945,868 683,310

Revenus totaux 1,810,750,846 10,230,231 1,901,956,740 10,745,518

Charges salariales

480,345,444 2,713,816 523,963,857 2,960,248

Produits chimiques et matériaux 41,005,779 231,671 10,366,278 58,567

Coûts énergétiques liés á la

production

359,142,467 2,029,053 417,353,110 2,357,927

Services externes et coûts

administratifs

179,411,144 1,013,622 187,956,144 1,061,899

Impôts (inclut TIC) 54,561,137 308,255 70,819,707 400,111

Autres charges

Coûts de fonctionnement

1,114,465,941 6,296,418 1,210,470,283 6,838,815

Revenu net d’exploitation

696,284,905 3,933,813 691,486,457 3,906,703

Amortissements

1,064,901,134 6,016,391 829,529,492 4,686,607

Charges financières 63,122,934 356,627 76,766,612 433,710

Revenus financiers

123,308,315 696,657 56,104,447 316,964

Charges extraordinaires 248,636,203 1,404,724 680,634,426 3,845,392

Revenus extraordinaires

569,670,168 3,218,476 634,592,975 3,585,271

Impôt sur les bénéfices

16,288,536 92,026 15,098,000 85,299

Résultat net -3,685,419 -20,822 -219,844,651 -1,242,060

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2. Le bilan

2001 2002

FDj US$ FDJ US$

ACTIF

Actifs immobilisés

Actifs immobilisés brutes 15.172,227.176 85.718.798 15.129.309.450 85.476.325

Amortissements cumulés 5.846.166 33.029.187 6.015.182.563 33.984.082

Actifs immobilisés nets 9.326.061.038 52.689.610 9.114.126.887 51.492.242

Actifs disponibles

Trésorerie 326.918.306 1.846.996 154.166.879 870.999

Comptes à recevoir 3.613.254.455 20.413.867 5.202.363.267 29.391.883

Dettes irrécouvrables 1.395.668.314 7.885.132 2.067.702.257 11.681.934

Comptes à recevoir nets 2.217.586.141 12.528.735 3.134.661.010 17.709.949

Stock 63.084.410 356.409 200.088.838 1.130.445

Avances fournisseurs 5.924.596 33.472 13.567.366 76.652

Autres 174.594.016 986.407

Total actifs disponibles 2.788.107.469 15.752.020 3.502.484.093 19.788.046

Correction/ajustement 33.160.041 187.345 7.271.817 41.084

TOTAL ACTIF 12.147.328.548 68.628.975 12.623.882.797 71.321.372

PASSIF

Fonds Propres

Immobilisations 1.501.968.735 8.485.699 1.501.968.735 8.485.699

Actifs de réserve 203.144.371 1.147.708 1.200.568.880 6.782.875

Bénéfices non distribués -1.005.945.284 -5.683.307 -1.225.789.935 -6.925.367

Subventions

d’investissement et

branchements

2.596.779.431 14.671.070 2.897.303.776 16.368.948

Dettes à long-terme

Emprunts à long-terme 4.915.847.216 27.773.148 5.692.319.303 32.159.996

Passif exigible

Créances fournisseurs 1.602.714.587 9.054.885 1.852.160.802 10.464.185

Dettes fiscales et sociales 256.535.045 1.449.351 298.494.744 1.686.411

Autres dettes 142.705.626 806.246 163.674.600 924.715

Total passif exigible 2.001.955.258 11.310.482 2.314.330.146 13.075.312

Ajustements 1.933.578.821 10.924.174 243.181.892 1.373.909

TOTAL PASSIF 12.147.328.548 68.628.975 12.623.882.797 71.321.372

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