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Rapport d’activités
Rapport moral
2012
Association loi 1901
Déclarée à la Préfecture de Police de Paris le 01/04/96. N° d’ordre : 96/1370 – N° de dossier :
124999
Agréée Centre Social par la CAF le 01/01/2001
Agréée au titre de la jeunesse et de l’éducation populaire le 28/06/2006 N° 75 JEP 06-22
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SOMMAIRE
IDENTITE DE LA STRUCTURE page 5
POINTS FORTS 2012 page 10
DES SECTEURS D’ACTIVITES page 13
ACCUEIL page 15
ANIMATION GLOBALE DU QUARTIER page 21
PERMANENCE SOCIALE page 23
FORMATION ET SOCIALISATION page 29
ENFANCE-JEUNESSE page 39
HALTE-GARDERIE « CARAVELLE » page 47
ANIMATION SOCIO CULTURELLE ET FAMILIALE page 55
ACTIONS PARENTS page 63
RAPPORT MORAL page 65
ORGANIGRAMME page 67
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1 – IDENTIFICATION
IDENTITE DE LA STRUCTURE
L’Accueil Goutte d’Or est implanté dans le quartier de la Goutte d’Or depuis 1979. Il s’est
constitué en association loi 1901 en avril 1996 et a les objectifs suivants définis par les
statuts :
« L’association a pour but de promouvoir, de favoriser et d’harmoniser toutes initiatives
permettant de répondre avec efficacité aux multiples exigences de justice et de solidarité au
sein du quartier de la Goutte d’Or et tout particulièrement d’aider à l’accueil, à l’insertion des
habitants dans ce quartier ainsi qu’à son développement social ».
Depuis le 1er janvier 2001, l’association est agréée « Centre social ».
LE CONSEIL D’ADMINISTRATION
L’association « Accueil Goutte d’Or » est administrée par un conseil d’administration élu lors
de l’Assemblée Générale du 30 mars 2012 :
BANGOURA Karim BOUHELLIER Perrine BOULAY Sylvie
DERNONCOURT Céline FREDERICH Lola LEVRARD Elyane
LEVRARD Jacques MASSERA Bernard MERCERON Monique
MOUCHARD Ginette NOMDEDEU Daniel SELLIER Morgane
Simone VIGUIE fondatrice d’Accueil Goutte d’Or est membre d’honneur du CA.
Cinq des douze administrateurs étaient bénévoles dans une des actions du Centre (accueil,
accompagnement à la scolarité) et tous se sont investis dans les actions ponctuelles. Un
administrateur et une suppléante nous représentent au Conseil de quartier. Deux font partie
du comité du FSIH. Le vice-président fait partie du CA de la Fédération parisienne des centres
sociaux. Dix d’entre eux habitent le 18° arrondissement. Le Conseil d’Administration se réunit
au moins tous les deux mois. Il faut noter l’important investissement des membres du CA dans
l’organisation des différents temps forts de l’année ce qui a généré une dynamique
intéressante entre le CA, les salariés et autres acteurs du centre.
Le bureau, élu le 30 mars 2012 par le Conseil d’Administration se tient au moins une fois
entre deux conseils d’administration :
BOUHELLIER Perrine, secrétaire
DERNONCOURT Céline, trésorière
FREDERICH Lola, présidente
MASSERA Bernard, vice-président
LES SALARIES
L’année 2012 a été particulière car au début de l’année, le non-renouvellement du marché
RSA nous a obligés à mettre fin au contrat de travail des 2 salariées chargées de cette action.
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Nous avons procédé au licenciement économique de Sophie Louis-Moreau, la coordinatrice
du secteur et référente du RSA et Chantal Molbert est partie à la retraite.
Nous avons recruté un agent d’accueil, poste créé à la rentrée 2011 et pourvu le 24 janvier
2012 en la personne de François Baroni.
La halte-garderie Caravelle a vu se succéder deux éducateurs de jeunes enfants : Sarah
Hidouci du 3 novembre 2011 au 23 août 2012 et Thibault Lepage depuis le 9 octobre 2012.
L’effectif actuel est de 13 salariés dont une personne à mi-temps (Cf. organigramme).
Nous relevons de la convention collective des « Centres sociaux et socioculturels, des
associations d’accueil de jeunes enfants, des associations de développement social local ».
Plusieurs salariés se sont formés pendant l’année. Certains ont suivi des sessions de
formations courtes sur des thématiques précises, en lien avec leur secteur d’activité. Les
salariés se retrouvent en réunion d’équipe toutes les semaines, le lundi matin, sauf pour les
salariées de la halte garderie dont seule la directrice participe à ces réunions.
LES BENEVOLES
Les bénévoles sont d’une importance capitale dans l’association. Ils sont la traduction
concrète de la mobilisation citoyenne des habitants. Sans leur implication, le Centre ne
pourrait pas mener ses actions.
Le bénévolat est aussi un engagement fort qui implique les personnes dans le fonctionnement
du centre et de ses actions. Nous cherchons à le soutenir et à le développer.
Ce sont les coordinateurs de chaque secteur d’activités qui ont la responsabilité du
recrutement, de la formation et du suivi des bénévoles. Le recrutement est fait par annonces
dans la presse locale ou nationale, sur des sites internet, par l’Espace Bénévolat, par
affichage dans des lieux publics, par le bouche à oreille.
Les bénévoles sont environ 60 à s’investir dans la permanence sociale, les ateliers socio
linguistiques, l’accompagnement à la scolarité, les sorties jeunesse et plus ponctuellement
dans l’accueil, les événements et dans l’animation socioculturelle et familiale. Leur
engagement correspond environ au temps de travail de 10 salariés. L’âge et le statut des
bénévoles est varié. Environ un tiers habite le quartier, un autre tiers, le reste du 18 °, le tiers
restant vient de Paris et exceptionnellement de banlieue.
Nous sommes toujours en manque de bénévoles tant pour l’apprentissage linguistique que
pour l’accompagnement à la scolarité. Nous avons conscience que l’engagement que nous
demandons pour les ateliers socio linguistiques est particulièrement lourd (2 séances de 2h30
auxquelles s’ajoutent la préparation, la formation, et les temps de coordination. Mais c’est cet
engagement qui permet la réussite de l’action.
Nous assurons la formation des bénévoles soit en interne, soit en partenariat avec d’autres
associations du quartier, soit avec la fédération des centres sociaux.
LES LOCAUX
Depuis juillet 2011, nous sommes installés dans un nouveau local sauf la halte-garderie
« Caravelle » qui est restée dans son local.
Le rassemblement des secteurs est très positif.
Au niveau de l’équipe, outre faciliter la communication, le partage au quotidien du même local
a permis de mieux appréhender le travail de chacun, de se soutenir davantage, de faciliter
l’émergence et la mise en œuvre de projets communs…
Au niveau du public, les familles fréquentent toutes le même lieu. Elles ont une vision plus
globale de l’action du centre, un meilleur accès aux informations. Elles peuvent plus
facilement bénéficier de l’ensemble des actions.
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Notre nouvelle situation a permis d’accueillir des enfants venant des écoles du nord du
quartier avec leur famille. Mais cela n’a pas eu d’incidence notable sur la fréquentation du
centre par les adultes.
L’emplacement, dans une rue peu passante est moins propice aux passages spontanés ; Il y a
moins de personnes qui poussent la porte, en passant que dans le local précédent, situé dans
un carrefour très fréquentés par les habitants. La communication vers l’extérieur devient plus
nécessaire.
Au niveau matériel, nous avons dû subir de très nombreux dysfonctionnements causés par
des défauts graves de construction : fuites incessantes, problème d’électricité, peintures et
revêtements de sol de mauvaise qualité, fermeture des portes et des fenêtres défectueuses,
sortie de secours inadaptés… Cela a eu des répercussions sur la qualité d’accueil du public,
sur le travail de l’équipe et a entraîné beaucoup de temps de travail pour communiquer avec le
bailleur, l’entreprise avec des résultats très décourageants. De nombreux problèmes ne sont
toujours pas résolus.
LES FINANCEMENTS
Seules la CAF et la DASES nous financent au titre du fonctionnement global du centre social
soit près du budget total. Tous les autres financements sont versés en fonction des actions :
o La permanence sociale par la DASES (Direction de l’action sociale, de l’enfance et de
la santé) et la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale).
o Les actions de socialisation et d’alphabétisation par la DASES, la DDCS et la fondation
Notre Dame. ). La formation des bénévoles par la DRJS (Direction régionale Jeunesse
et sports)
o Le secteur Enfance Jeunesse par la CAF (Caisse d’allocations familiales), la DASES et
l’ACSE (Agence nationale pour la cohésion sociale). La formation des bénévoles par la
DRJS (Direction régionale Jeunesse et sports)
o La halte-garderie par la CAF et la DFPE (Direction de la famille et de la petite
enfance).
o L’action Parents par la DDCS.
o L’accueil est financé par la CAF et la Préfecture.
o L’animation socioculturelle et familiale par la CAF et divers autres financeurs (la région,
la fédération des centres sociaux, ANCV (Agence nationale des chèques vacances), la
DASES, l’ACSE, la fondation Notre Dame…)
L’autofinancement est minime : la participation des usagers représente 3.00 % (2,45 % en
2009, 2,60 en 2010 et 2.90% en 2011) du budget et celle des adhérents et donateurs : 1.20 %
(0,66 % en 2009, 0,20 % en 2010 et 2.12% en 2011).
La perte du marché RSA a des conséquences sur le financement du fonctionnement du centre
(- 25 000 €). Le nouveau local a entraîné une augmentation de 21 000 € des frais de locaux,
d’entretien et d’énergie Certains financements d’actions sont en baisse. C’est le cas du
financement par l’Etat de la Permanence sociale passé de 15 000 € en 2009 à 10 000 e en
2010, 8 500 € en 2011 et 5 000 € en 2012. Ils ne sont pas compensés par d’autres
augmentations. Seuls les financements de la CAF et de la DASES pour l’animation globale
prennent en compte l’augmentation des coûts (Salaires, loyers, coût de la vie). En restant à
l’identique, les autres financeurs contribuent à un déséquilibre financier progressif car
l’augmentation des dépenses n’est pas couverte. Seule point positif, nous avons une
convention avec la Préfecture pour un second poste depuis septembre 2011 qui contribue au
financement du poste d’accueil.
La recherche de financements est extrêmement complexe. Pour chaque financeur et pour
chaque action, il faut faire des dossiers différents pour les demandes et pour les bilans et
parfois des dossiers intermédiaires. Nous avons une trentaine de financements différents. Peu
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de financeurs nous informent lorsqu’ils ont décidé de ne pas financer et ils ne donnent pas
d’explications à leur refus. Certains financeurs ne nous accordent qu’une partie de ce que
nous avons demandé et exigent qu’on leur fasse un nouveau budget prévisionnel équilibré !
LE QUARTIER
La zone d’influence du centre correspond au quartier Goutte d’Or. Le quartier abrite 22 490
habitants sur un territoire de 38 hectares. Il y a 15 % de logements sociaux. C’est un quartier
classé ZUS (Zone Urbaine Sensible). Il est intégré au CUCS (Contrat Urbain de Cohésion
Sociale) après avoir été depuis 1984 en Politique de la Ville. Il est aussi classé en REP
(Réseau d’Education prioritaire) et en RAR (Réseau ambition réussite)
Situé au sud du 18 ° arrondissement, la Goutte d’Or forme un rectangle entre le boulevard de
la Chapelle, le boulevard Barbès, la rue Ordener et les voies de chemin de fer de la Gare du
Nord. Il est marqué par une forte proportion de jeunes et d’immigrés, de faibles niveaux de
formation, des niveaux de précarité très élevés, un déficit d’emploi, des conditions d’habitation
encore insuffisantes…
On constate aussi un fort attachement des habitants à leur quartier et une vie associative
dense même si les associations peinent à survivre et que leur implication dans le quartier
ainsi que dans le partenariat s’en ressent.
La forte implantation du centre développe sa connaissance du quartier
Les actions que le centre social a initiées et développées au cours des années s’appuient sur
la connaissance du quartier au travers d’indicateurs tels que ceux cités plus haut. Mais la
connaissance des problématiques des habitants est aussi étayée par la longue implantation
de l’Accueil Goutte d’Or dans le quartier (depuis 1979) et par la stabilité de l’équipe. Un climat
de confiance s’est établi entre l’équipe et les usagers. Il est né du partage du vécu. Il peut
s’agir d’événements qui secouent le quartier ou qui touchent particulièrement telle ou telle
famille. Les acteurs de l’association sont proches des personnes touchées, savent s’impliquer,
partager l’émotion, écouter pour faire passer les personnes à l’action. Accueil Goutte d’Or
ainsi que quelques autres associations du quartier sont des observateurs privilégiés du vécu,
des aspirations, des difficultés des familles. Nous sommes très attentifs à ce que disent les
participants aux diverses actions sur leur vécu, le quartier, les institutions… Nous rappelons
que l’Accueil Goutte d’Or est né de la volonté d’habitants. Ils sont nombreux à s’y impliquer
soit comme bénévoles, soit dans le C.A. Cette participation de personnes qui vivent et qui
s’impliquent dans le quartier et ses instances contribue à notre connaissance du territoire.
Cette connaissance, plus sensible et plus intuitive, permet de compléter efficacement les
indicateurs sociaux.
LES PUBLICS DE L’ASSOCIATION
On peut distinguer différents types de public allant du plus occasionnel (une personne venue 1
fois à l’accueil) au plus régulier, une personne venant 3 fois par semaine en ateliers socio
linguistiques et participant à d’autres actions).
Les demandes de renseignements ou de découverte de l’association, du quartier, les études
de chercheurs et enquêtes de journalistes émanent de personnes de tous horizons. Les fêtes
et débats sont ouverts prioritairement aux habitants du quartier mais le sont aussi au reste de
Paris ou à la banlieue.
Pour les activités régulières, le public est composé quasi exclusivement d’habitants du quartier
CUCS.
On peut évaluer la fréquentation régulière à environ 1 000 personnes mais dans une année,
ce sont plus de 2 000 personnes qui ont un contact avec le centre.
Le public des activités régulières se renouvelle d’environ 1/3 par an.
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LES AXES DU CENTRE SOCIAL
LE PROJET SOCIAL
Accueil Goutte d’Or comme les Centres sociaux se situent dans la ligne de l’Education
Populaire et se réfèrent à des valeurs définies dans la charte fédérale des Centres sociaux et
socioculturels de France adoptée en juin 2000.
Les trois valeurs fondatrices des centres sociaux et socioculturels sont
La dignité humaine : Reconnaître la dignité et la liberté de tout homme et de toute
femme est l’attitude première des acteurs des Centres sociaux et socio-culturels.
La solidarité : Considérer les hommes et les femmes comme solidaires, c’est à dire
comme étant capables de vivre ensemble en société, est une conviction constante des
Centres sociaux et socio-culturels depuis leurs origines.
La démocratie : Opter pour la démocratie, c’est, pour les Centres sociaux et socio-
culturels, vouloir une société ouverte au débat et au partage du pouvoir.
L’action des Centres sociaux et socio-culturels s’enracine dans l’expérience vécue des
habitants.
L’agrément, donné par la CAF et reconnu par la Mairie de Paris est accordé aux structures de
proximité qui travaillent suivant les quatre grandes lignes directrices définies par une circulaire
de la Caisse Nationale d’Allocations Familiales le 31 décembre 1984 :
- mener sur une zone géographique une action sociale globale ouverte à toutes les
catégories de population ;
- promouvoir la famille et l’intergénérationnalité : le centre social doit offrir aux familles
diverses activités prenant en compte les besoins et les difficultés tant des enfants, des
adolescents, des jeunes adultes que de leurs parents et mettre en lien et en cohérence
l’ensemble de ces activités ;
- animer la vie sociale du quartier en dynamisant la vie associative locale et en
favorisant l’implication des habitants ;
- être un support d’interventions concertées et novatrices en associant à son action
l’ensemble des partenaires locaux, dans un souci de cohérence et de coordination des
actions menées en direction des familles.
Accueil Goutte d’Or est adhérent de la Fédération des Centres Sociaux de Paris et de la
Fédération des centres sociaux et sociaux culturels de France.
Dans la philosophie d’un centre social, les activités mises en œuvre ne sont pas juxtaposées,
mais elles se complètent pour répondre au mieux aux besoins locaux et pour prendre en
compte les personnes et les familles dans leur globalité. Pour atteindre ses objectifs, un
centre social s’appuie sur la participation des habitants et le partenariat.
Notre convention avec la CAF expirait le 31 décembre 2011. Elle a été renouvelée pour
2012/2014.
Outre la poursuite des actions menées depuis plusieurs années, elle porte sur plusieurs axes :
o L’installation dans le nouveau local avec un renforcement de la cohésion des actions
et un développement de la communication
o Le développement social en poursuivant la participation aux instances partenariales,
l’implication dans la Fédération des centres sociaux.
o Le développement de l’accueil par le recrutement d’un agent.
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POINTS FORTS 2012
1/ EDUCATION POPULAIRE
Un an de réflexion sur l'éducation populaire
Lors de la dernière assemblée générale, il a été proposé de réfléchir ensemble sur l'éducation
populaire. L'objectif était de travailler notre ancrage dans l'éducation populaire, notamment sur
nos pratiques et dans une optique de plus grande implication des habitants du quartier.
Le travail préparatoire
Un petit groupe de travail s’est créé pour organiser la réflexion. Dès le départ, un choix
structurant a été unanimement acté : la réflexion devait se faire en mélangeant les activités
(Ateliers socio linguistiques, accompagnement à la scolarité, animation jeunesse, animation
socioculturelle et familiale, halte-garderie, permanence sociale, accueil) et aussi les "statuts"
(salarié, bénévole, membre du CA ou du bureau). Le petit groupe de départ était d'ailleurs à
l'image de cette mixité souhaitée et donc assez représentatif du centre.
Très vite, on a ressenti le besoin de se faire aider par quelqu'un qui nous apporte des savoirs
autour de l'éducation populaire et regard extérieur. Et nous l'avons trouvé en Jean Bourrieau,
spécialiste de l'éducation populaire qui nous accompagne bénévolement depuis septembre.
Jean nous a fait exprimer des mots sur l’éducation populaire. Ceci a révélé un fort consensus
dans le groupe autour de valeurs communes. Dans un second temps, Jean nous a fait une
présentation de l'histoire de l'éducation populaire et des grandes tensions qui la traversent.
L'idée était de voir ensemble quelles tensions avaient un sens pour nous et sur lesquelles il
serait intéressant de travailler. Une fois ces tensions identifiées, s'est posé la question de
savoir comment on allait les aborder.
La soirée du 4 décembre
Nous souhaitions un grand moment d'échange convivial et ouvert à tous mais comment le
structurer ? Comment rendre les tensions explicites ? Sur une proposition de Jean, le choix
s'est fait sur l'organisation de « tables dansantes » : des questions simples voire provocantes
posées sur des tables et des groupes qui circulent de table en table en écrivant dessus leurs
réflexions. Les questions finalement retenues étaient :
- Dans les actions auxquelles je participe, qui sait quoi ?
- Qu'est-ce que j'apprends ou découvre à l’Accueil Goutte d’Or ?
- A Accueil Goutte d’Or, je cherche une réponse à un besoin … ou plus ?
- L'objectif d'Accueil Goutte d’Or, c'est que chacun puisse s'en sortir !
A cette soirée du 4 décembre, il y avait 30 participants avec un bon mélange de salariés,
bénévoles et membres du CA mais très peu d’usagers (2). L’ambiance était excellente, la
forme « table dansante » a bien fonctionné, les quatre groupes ont répondu aux questions
avec leur personnalité, en suivant souvent leur réflexion de table en table.
Les riches échanges nous ont permis d'identifier plusieurs pistes de travail :
la posture des animateurs : « permettre », « faciliter », plutôt qu’ « animer ».
Comment ça se traduit dans chacune des actions et dans le projet global du centre ?
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les compétences sociales des usagers : Comment leur faire prendre conscience de
leurs compétences et comment les rendre visibles ?
la valorisation des savoirs et des compétences
la force des femmes : quelles conséquences possibles pour Accueil Goutte d’Or ?
l'échec scolaire : approche individuelle et/ou collective
des idées pour communiquer sur l'éducation populaire : l'image du souffle sur la
braise » et la formule « De s’en sortir à entrer (dans une vraie citoyenneté) »
Perspectives
Avant de travailler sur la posture des animateurs, il nous a semblé pertinent de prévoir une
soirée sur les savoirs citoyens qui aura lieu le 4 avril avec Héloïse Nez, universitaire
spécialiste du sujet.
Sur l'échec scolaire, l'idée a été lancée de faire s'exprimer les enfants de l'accompagnement
à la scolarité (sous la forme de théâtre forum par exemple).
Evaluation de ces dix mois
Au-delà des actions engagées ou à venir, ce qui nous semble fondamental dans la démarche
engagée, c'est la dynamique de groupe qui s'est lancée. Toutes les réunions ont permis à tous
les acteurs de mieux se connaître et ont été très riches en échanges. Ça fait du bien de
réfléchir de manière plus large que dans le cadre « contraint » de nos diverses activités.
Plus généralement, il semble que la dimension « Éducation populaire » soit de plus en plus
présente dans les préoccupations au quotidien, des nouvelles actions sont en train de germer,
notamment la création d'un comité d'habitants ou la rédaction d'articles par les usagers du
centre dans la Gazette.
2/TRAVAIL COMMUN ENTRE CONSEIL D’ADMINISTRATION ET SALARIES.
Plusieurs groupes de travail réunissant des membres du CA avec des salariés ont vu le jour
en 2012. L’un d’eux, celui sur la gazette existait déjà.
Groupe « Communication »
Une réflexion a été engagée sur nos outils de communication pour donner à voir non
seulement ce que fait le centre mais aussi, l’esprit dans lequel il le fait. Cela a abouti à la
création d’une charte graphique, à la refonte du site, à la création de cartes de visites, de
cartes de correspondance, d’affiches et de flyers…Le travail se poursuit pour élaborer une
nouvelle plaquette. Nous sommes aussi en train d’améliorer la diffusion des informations.
Groupe « Temps forts »
Les temps forts sont des moments où le centre s’ouvre à un public autre que les « habitués ».
Souvent des bénévoles, des usagers, des administrateurs s’impliquent avec les salariés dans
leur organisation. L’organisation de ces événements est donc réfléchie collectivement pour
qu’elle réponde à des attentes des habitants tout en reflétant les valeurs de l’association.
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Groupe « Gazette »
Ce groupe se réunit depuis plusieurs années pour penser le contenu des gazettes, inciter
diverses personnes à y écrire. Mais une réflexion est en cours pour bien redéfinir ensemble ce
projet : public visé par la gazette, organisation du contenu, diffusion…
Groupe « Recherche de financement »
Plusieurs administrateurs se sont engagés pour repérer des fondations ou des donateurs
pouvant éventuellement soutenir financièrement les actions du centre. Un premier travail de
recensement a été effectué. Il doit maintenant être mis en œuvre.
Ces groupes de travail entre CA et salariés sont importants car ils contribuent à une meilleure
prise en charge commune de ces sujets et plus globalement du projet du centre, une meilleure
compréhension des attentes, des besoins et des contraintes de chacun. Leur mise en œuvre
est parfois délicate justement car les modes d’implication et les contraintes de chacun diffèrent
beaucoup. A titre d’exemple, trouver des horaires communs est déjà une mission relevant de
l’exploit. Ce processus qui nécessite de nombreux allers retours est un peu chronophage. Il
doit être amélioré, notamment en éclaircissant le mode de prise de décision. Dans
l’expérience de cette année, ce n’était pas bien clarifié et a entraîné des incompréhensions
ainsi que de trop nombreux allers retours. Mais les administrateurs comme les salariés veulent
continuer ce travail collectif qui fait partie des richesses de la vie associative en favorisant la
prise de recul et l’échange entre personnes différemment positionnées.
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DES SECTEURS D’ACTIVITES EN REPONSE AUX BESOINS
L’analyse des indicateurs provenant de la Préfecture montre que la Goutte d’Or cumule de
nombreuses difficultés sociales. Cela valide le choix de l’association de privilégier les actions
visant à l’insertion, au lien social, à la citoyenneté et au développement global du quartier et
rejoint les priorités du projet de territoire qui ont été définies pour la mise en œuvre du CUCS
parisien sur la Goutte d’Or : santé, vivre ensemble, intégration, insertion et emploi, éducation.
Outre la mission d’accueil qui est préalable et l’animation globale du quartier, cela se traduit à
l’Accueil Goutte d’Or par les actions suivantes :
- Permanence sociale : soutien aux démarches entreprises par les personnes
confrontées à différentes difficultés.
- Formation : permettre aux personnes d’acquérir une autonomie sociale par la
découverte et l’appropriation de différents espaces sociaux ainsi que par
l’apprentissage linguistique.
- Enfance-jeunesse : un travail sur l’épanouissement et la réussite scolaire des enfants
et des jeunes mené en impliquant les parents et en partenariat avec les établissements
scolaires.
- Petite enfance : favoriser l’épanouissement, le développement du jeune enfant en
l’accueillant dans un lieu collectif. Travail sur la parentalité.
- Animation socioculturelle et familiale : Favoriser le vivre ensemble entre personnes
d’âges, d’origines, de cultures, de milieux différents.
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L’ACCUEIL
L’accueil est une fonction primordiale du centre social. L'accueil, c'est prioritairement l'écoute et le respect de la demande de toute personne qui s'adresse au Centre. Ces facteurs sont primordiaux pour que la personne se sente en confiance pour exprimer l'objet de sa venue. C’est un préalable qui déterminera la relation de la personne avec le centre. En effet, ce premier accueil signifiera que le centre est un lieu qui sait prendre la personne et ses demandes en considération, répondre à un besoin et inciter la personne à revenir, à participer progressivement à une activité de l’association ou à la vie du quartier. A toute demande, une réponse est apportée, que la personne habite ou non le quartier. Seul, le contenu sera adapté en fonction de ce critère. Pour les personnes du quartier, il s'agit dans la plupart des cas de les informer, les conseiller ou de les orienter soit vers une personne ou une activité du centre ou vers un relais extérieur, selon l'objet de leur demande. Lorsque l'intéressé n'habite pas le quartier nous lui expliquons la mission du centre afin qu'il comprenne la raison d'une non-réponse directe et lui apportons des coordonnées de lieux auxquels il peut s'adresser. Nous sommes parfois limités pour une réponse, mais l'écoute est déjà un facteur qui répond à un besoin. L'accueil se traduit à travers le contact direct ou en réponse à une demande téléphonique. Pour assumer au mieux cette fonction, il est nécessaire d'adhérer aux finalités du projet du centre, de bien connaître son fonctionnement, son organisation au quotidien, ses activités, l'actualité, le quartier ainsi que les lieux ressources pour les demandes les plus fréquentes. Il est aussi nécessaire de pratiquer l'écoute, d'être convivial et chaleureux avec les personnes qui arrivent souvent porteuses de problèmes, voire, en situation de détresse et parfois rejetées de tous côtés. En un même temps, il y a lieu d'être rigoureux dans l'application des règles de fonctionnement. En appui à cette fonction, une documentation, à actualiser en permanence, est mise à disposition. Elle comporte des informations sur les activités de l'association, sur le quartier ainsi que les coordonnées des lieux ressources concernant les demandes les plus formulées. Le recueil d'informations relatives aux activités des autres centres sociaux permet également d'apporter des renseignements à un nombre significatif de demandes téléphoniques émanant notamment de travailleurs sociaux et d'associations diverses. L’accueil a plusieurs dimensions : Lieu d’information et d’orientation L’accueil est souvent dans un premier temps un lieu d’information sur les actions du centre et sur les ressources du quartier ou de l’extérieur. Les plus fréquentes concernent les cours de français langue étrangère ou d’alphabétisation, mais cela peut être des demandes d’écrivain public, des informations juridiques, d’aide à la recherche d’emploi ou dans les relations aux employeurs ainsi que des demandes d’orientation vers des services comme la P.M.I., la C.P.A.M., les services sociaux, les autres associations … Lieu de ressources De nombreux chercheurs, étudiants ou journalistes, venant parfois de l’étranger, viennent nous solliciter sur les problématiques du quartier ou sur notre projet. Cela porte souvent sur les thématiques de l’immigration et de l’insertion, du statut des femmes, de la précarité, de l’urbanisme et de la rénovation, de la Politique de la Ville, de la vie associative, de l’histoire du quartier…Ce sont parfois aussi des acteurs institutionnels ou des élus qui viennent nous interroger sur nos activités et surtout sur nos perceptions du quartier.
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Soutien aux initiatives Nous sommes sollicités par des associations qui cherchent à se créer, à monter des projets ou à les renforcer. Il y a aussi des demandes d’habitants qui veulent mettre en place un projet. Nous sommes un lieu ressources pour les projets dans le cadre du FSIH. Espace de convivialité L’accueil a aussi une dimension très conviviale. Ce sont des anciens qui viennent donner des nouvelles, une mère qui amène son dernier-né, un homme qui présente son épouse récemment arrivée en France, une personne qui a obtenu son titre de séjour, une famille qui annonce son relogement… Ces passages montrent bien les liens qui se sont tissés entre les habitants et le Centre. L’accueil est le reflet du projet du centre social Mais il est important que l’accueil ne soit pas restreint à une fonction de « guichet » distribuant des renseignements. L’accueil est le reflet du projet du centre social. La façon d’accueillir doit être en cohérence avec les valeurs du centre (l’attention à la personne, l’absence de jugement, la non-discrimination, la laïcité…). Nous voulons, dans la mesure du possible, que les personnes reçues puissent découvrir ou sentir qu’elles sont dans un lieu associatif porté par une volonté d’engagement de ses acteurs, salariés, administrateurs, bénévoles, usagers… Quand une personne pousse la porte du centre, elle a souvent une demande individuelle. Nous cherchons, chaque fois que c’est possible, à inscrire cette demande dans une dimension collective. LES MOYENS Le local L’aménagement du local doit être fonctionnel, adapté aux diverses actions qui s’y déroulent et refléter ce qui s’y vit. La disposition des salles est aménagée, plusieurs fois par jour pour répondre aux besoins des groupes qui l’utilisent. L’espace dédié à l’accueil a été repensé pour le rendre plus chaleureux et plus fonctionnel. Dans un premier temps nous avons réorganisé le mobilier et agrémenté le hall par l’ajout de
plantes vertes et de banquettes coffre. Cette démarche est toujours en cours car c’est
progressivement que nous déterminons l’aménagement qui sera le plus possible en cohérence avec la façon dont nous voulons accueillir. La documentation A l’accueil, de nombreuses informations concernant la vie du centre, du quartier et autres sont à la disposition du public. Les personnes chargées de l’accueil disposent d’une documentation à actualiser en permanence. Elle comporte des informations sur les activités de l'association, sur certains aspects législatifs et administratifs, sur le quartier ainsi que les coordonnées des lieux ressources concernant les demandes les plus formulées. La communication L’information sur les activités du centre est affichée en interne. Mais l’agent d’accueil veille à la relayer oralement. Les vitrines servent aussi à communiquer sur nos activités ainsi que sur ce qui est proposé dans le quartier ou ailleurs. C’est réparti par thématique (centre, quartier, emploi, spectacle….) L’agent d’accueil a été formé en interne pour gérer le site internet de l’association. Depuis la rentrée de septembre nous avons opté pour un éditeur de contenu web plus convivial, permettant aux salariés qui le désirent d’actualiser les informations concernant leur secteur. L’agent d’accueil participe à un projet inter associatif de création d’un « média citoyen », sous la forme d’un site internet qui vise à soutenir et valoriser les initiatives associatives, d’informer sur le quartier (actualité et histoire de la vie locale) et tout ce qui permet de créer du lien avec les habitants.
17
Le matériel Un ordinateur avec accès internet et un téléphone sont consacrés à l’accueil. Du matériel de bureau est disponible. Les personnes Depuis la fin janvier 2012 nous avons embauché un agent d’accueil. Le salarié chargé de l’accueil a un rôle fondamental. Sa mission tourne autour de 4 pôles : Accueil, médiation, communication et administration : Un groupe de 4 bénévoles s’investissent également dans l’accueil pour assurer le relais quand il est nécessaire de remplacer le salarié. L’EVALUATION Depuis mars 2012 nous avons créé une base de données informatique pour évaluer notre accueil physique et téléphonique et pouvoir ainsi recenser au plus juste nos catégories de demande. Tous les usagers de la permanence sociale, les apprenants en alpha et en FLE, les enfants qui viennent en accompagnement à la scolarité et autres activités sont exclus de ces statistiques. Pour l’année 2012 cette évaluation se portera sur 9 mois d’activité.
Accueil
L’accueil interne concerne les usagers qui connaissent déjà le centre et demandent directement à parler ou à rencontrer les salariés.
Les demandes
65 % des demandes viennent d’habitants du quartier. Les femmes en représentent 65 %. Elles sont classées en quatre catégories :
51,53 %
21,22 % 18,48 %8,76 %
Atelier Informationactivité
Culture et vie de quartier
Total accueil téléphonique : 2814
Total accueil physique : 1370
Demande
Administrative
Et sociale
18
1. Demandes administratives et sociales
2. Informations activités
26%20% 18%
13% 13%
8%
2%
3. Atelier Socio Linguistique
Alpha FLE
70% 30%
4. Culture et vie de quartier
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Les réponses apportées
Les demandes sans solutions sont majoritairement des demandes concernant les stages ou l’emploi. LES PERSPECTIVES Nous sommes à l’écoute et déterminé à recevoir nos usagers dans de bonnes conditions. Nous souhaitons créer un espace de convivialité afin que les habitants et bénévoles s’emparent de ce lieu pour échanger sur le quartier, sur des projets, des envies, des besoins… Il nous semble aussi important de rendre notre communication plus efficace : envoi systématique de mails, cahier pour recueillir les avis et propositions des usagers tout en veillant à intégrer les personnes qui maîtrise peu les différents modes de communication écrite ou orale.
21
L’ANIMATION GLOBALE DU QUARTIER
Le développement social du quartier est un objectif de l’Accueil Goutte d’Or inscrit dans ses
statuts et dans les critères d’agrément Centre social par la CAF. Cela signifie que le centre
veut contribuer à améliorer les conditions de vie des habitants et à favoriser le vivre ensemble
du quartier. Par ses actions, par l’organisation d’événements, par le bénévolat, l’Accueil
Goutte d’Or contribue à favoriser la rencontre entre divers habitants.
Il participe aussi à la réflexion autour de projets ou de thèmes sensibles de la vie du quartier
en y portant la voix des habitants qui le fréquentent. Mais nous souhaitons que les habitants
eux-mêmes prennent la parole.
Toutes nos actions, en visant l’épanouissement et l’autonomie des personnes les incitent à
s’impliquer davantage dans leur environnement. Nous veillons, chaque fois que possible, à
inscrire les demandes individuelles dans un contexte et des démarches collectives.
Des actions qui rassemblent les habitants
Nous avons cherché à avoir plusieurs temps dans l’année permettant aux habitants et aux
usagers ou bénévoles du centre de vivre quelque chose ensemble. Cela a pris plusieurs
formes : 2 braderies, un débat, un spectacle de Noël, une sortie à la mer, une rencontre de
tous les bénévoles, la Fête de la Goutte d’Or …
Une implication dans plusieurs instances participatives
La coordination inter associative
Cette coordination rassemblant depuis près de 30 ans une quinzaine d’associations du
quartier connait des difficultés de fonctionnement qui en partie, résultent des fragilités que
connaissent les associations : Difficultés pour assurer la survie des associations pour recruter
des bénévoles et des membres pour les CA, pour financer des postes salariés. Cela pèse sur
la vie des associations et les poussent à se replier sur elle-même, faute de temps, d’énergie et
de moyens pour s’investir dans du collectif.
La coordination inter associative s’est peu réunie cette année. Cependant, quelques
commissions de travail ont fonctionné comme la CASCO (Commission de l’accompagnement
à la scolarité), la commission « Vie de quartier », la commission « Fête ».
Le Contrat Urbain de Cohésion Sociale :
L’Accueil Goutte d’Or a participé à l’élaboration du Projet de Territoire. Il contribue à sa mise
en œuvre et à son pilotage. Il fait partie du GPS (Groupe de Pilotage et de Suivi) et de la
plupart des groupes de travail thématiques. Dans ces espaces, il permet d’affiner les
diagnostics grâce à sa connaissance des habitants et de proposer des réponses plus
adaptées aux réalités.
Le Conseil de Quartier :
Les Conseils de quartier ont été créés en 2002. L’un des 8 Conseils de quartier du 18°
arrondissement est celui de Goutte d’Or/Château Rouge. Accueil Goutte d’Or en est membre.
Le Fonds de Soutien aux Initiatives des Habitants (FSIH).
Mis en place en 2009, le FSIH (Fonds de solidarité aux Initiatives des habitants) est une aide
financière attribuée à des porteurs de projets ponctuels, proposés par des habitants (ou
travailleurs) du quartier Goutte d’Or/Château Rouge.
Un comité de gestion est composé de membres de droits, à voix consultatives (Mairie,
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Préfecture) et de membres actifs, décisionnaires, composés d’un collège associatif et d’un
collège d’habitants. Deux membres du CA d'Accueil Goutte d’Or y participent, l'un dans le
collège associatif, l'autre dans celui des habitants.
La Fédération des centres sociaux parisiens
Dans le choix de devenir un centre social, la participation à la Fédération des centres sociaux
(au niveau national comme au niveau parisien) a été un élément déterminant. Il nous a paru
essentiel de participer à un réseau d’acteurs plus large que le quartier et portant les mêmes
valeurs de respect de la dignité de tous, de démocratie et de solidarité. Cela nous a amenés
à adhérer à la fédération parisienne et nationale dès l’obtention de notre agrément. Nous
avons, pendant toutes ces années, participé à différentes actions de la fédération et bénéficié
de son soutien.
C’est ainsi que des bénévoles ont pu bénéficier de formations organisées par la fédération.
Nous participons au travail mené au niveau fédéral, sur la question de la Petite enfance. La
directrice va régulièrement aux réunions des directeurs. Nous avons aussi contribué à la
réflexion qui a amené la Fédération à marquer son opposition à la mise en place du dispositif
de « Français Langue d’Intégration ». Pour plus de renseignements, se rendre sur le site de la
Fédération : http://paris.centres-sociaux.fr/2012/11/08/petition/
Le comptable de l’association s’est investi dans le travail de dialogue entre la Fédération et la
CAF pour élaborer des outils comptable (Le PLA) reflétant la réalité budgétaire des centres et
répondant aux exigences de la CAF.
Le vice-président d’Accueil Goutte d’Or est membre du conseil d’administration de la
Fédération.
Un lieu de ressources et d’information
Le soutien à la vie associative :
Certaines associations nous sollicitent pour leur apporter une aide technique dans certains
secteurs, notamment sur le plan administratif. C’est ainsi que le comptable a accompagné une
des salariées d’une association voisine afin qu’elle acquière les compétences nécessaires à la
gestion de la paie et à la comptabilité. D’autres associations du secteur, de la région ou de
province nous rencontrent pour échanger sur nos pratiques.
Nous faisons partie du CA de la Salle Saint Bruno et la directrice est membre du bureau de
cette association.
La contribution à des réflexions collectives :
Nous sommes fréquemment sollicités par des chercheurs, des étudiants, des journalistes qui
nous demandent d’alimenter leur réflexion sur différentes problématiques de la vie du quartier
et de ses habitants.
23
LA PERMANENCE SOCIALE.
1 – LE CONTEXTE
Une part importante des habitants du quartier cumule des difficultés qui entravent leur accès
aux droits et, par voie de conséquence, à la citoyenneté.
Il s’agit essentiellement de personnes de nationalité étrangère ou d’origine étrangère,
analphabètes, issues d’une culture orale et rurale. Certains aspects de notre société leur sont
hermétiques. Aller directement aux guichets des services publics, comprendre et remplir des
dossiers représente une difficulté insurmontable. Ils ont besoin d’un lieu où des personnes
vont les accueillir, prendre le temps de les écouter, de comprendre leurs demandes,
d’expliquer leurs droits et les démarches à accomplir… Il ne suffit pas de renseigner et
d’orienter. Un travail de suivi est nécessaire.
Les personnes ont souvent le sentiment d’être isolées et impuissantes face à leurs difficultés.
Elles ont besoin d’un lieu proche, ouvert et convivial pour y poser leurs problèmes et
commencer à envisager d’en sortir.
La conscience des droits est très inégale. La conscience de soi et des autres est liée à la
conscience d’avoir des droits. Nous constatons que beaucoup n’ont même pas le sentiment
d’avoir des droits ou alors ont une conception faussée de leurs droits qui peut les mettre en
situation de revendication inappropriée. Il est essentiel de travailler cette question des droits
car c’est quand une personne connaît et comprend ses droits et qu’ils sont respectés qu’elle a
conscience d’appartenir à la société régie par un ensemble de droits et de devoirs.
2 – LES OBJECTIFS
La permanence sociale a pour objectif de permettre à des personnes rencontrant différentes
formes d’exclusion de connaître et d’accéder à leurs droits.
Cet accès aux droits, en leur évitant des situations de marginalisation, leur permet d’exercer
leur citoyenneté avec leurs droits, mais aussi leurs responsabilités.
3 – LE PUBLIC
Ce sont des habitants du quartier qui connaissent déjà le Centre ou qui sont orientés par des
voisins, des amis, des associations ou des services publics.
La permanence sociale est fréquentée par 82% d’étrangers. Ils viennent essentiellement du
Maghreb 38,87%). L’autre part importante du public vient d’Afrique subsaharienne (34,48 %).
Le public est mixte (46,30% d’hommes et 53,70% de femmes). La part des plus de 60 ans est
notable 33,11%. Nous remarquons une évolution par rapport à 2011. Les personnes du
Maghreb étaient à 53% et celle d’Afrique subsaharienne à 26%. Est-ce dû à notre nouvel
emplacement ou est-ce une évolution démographique, Car les plus de 60 ans étaient plus
nombreux 41% en 2011. Nous recevions beaucoup d’hommes âgés maghrébins. Or le
nombre d’homme a aussi baissé car il était de 41% en 2011.
La fragilité économique est importante. Seuls 27 % sont salariés.
Les personnes sont originaires principalement de régions rurales même si quelques-unes sont
issues de grandes villes. Seules quelques personnes ont été scolarisées. Elles sont très
démunies dans une société urbaine où c’est l’écrit qui règne. Elles ont mis en place des
stratégies pour se « débrouiller » dans la société française. La permanence sociale est pour
elles un lieu ressource.
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ELEMENTS QUANTITATIFS (Relevés à partir de 369 dossiers)
Sexe
Femmes 53,70%
Hommes 46,30%
Age
18-25 ans 2,32%
26-40 ans 26,82%
41-60 ans 37,75%
60 ans et + 33,11%
Situation Familiale
Couples 54,28%
Hommes mariés dont la femme vit au pays 9,21%
femmes célibataires 10,53%
hommes célibataires 6,58%
autres (divorcé, séparé, veuf,…) 19,41%
Nationalité
Pays d'Afrique du Nord 38,87%
Pays d'Afrique subsaharienne 34,48%
France 18,18%
Autres pays d'Europe 1,57%
Pays d'Asie 3,13%
Autres 3,76%
Logement
Logement social 35,04%
Logement privé 36,86%
Hébergement 18,25%
Hôtel 6,93%
Autre 2,92%
Principales ressources
Retraite ou pension de réversion 21,67%
salaire 27,00%
sans ressources 23,95%
allocation chômage 9,13%
RSA 8,75%
Pension invalidité ou AAH 4,56%
Autres (stage, allocations, à la charge) 4,94%
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4 – LES MOYENS
2 salariées et 3 bénévoles. Cela équivaut à un temps plein.
Une salle d’attente et 4 espaces pour les entretiens munis d’ordinateurs et de téléphones.
Une base de données informatique développée par le comptable a été mise en place en 2008.
Celle-ci rend la production de statistiques plus aisée et plus complète.
L’action a été financée par la DASES (Ville de Paris) et par l’ACSE. Ce financement (10 000
€) ne couvre que très partiellement le coût de l’activité sur laquelle sont investies deux
salariées, soit près d’1/2 équivalent temps plein.
5 – LE FONCTIONNEMENT
Fréquence : tous les mercredis et vendredis matin Depuis septembre, la permanence du
mercredi a été déplacée au mardi. Nous recevons à d’autres moments si urgence ou sur
rendez-vous
Méthode de travail :
Les personnes se présentent de leur propre initiative pendant les temps de permanence. Nous
les recevons en entretien individuel. L’écoute est primordiale. Pour certaines personnes, il est
difficile d’exprimer ses attentes. C’est l’attention et le respect qui lui permettront de se sentir
en confiance. Il faut aider la personne à exprimer sa demande, la décrypter, la cerner et la
prendre par le bon bout. Poser la demande est déjà une première étape pour la personne qui
y voit ainsi plus clair et peut avancer. Accorder du temps à chaque personne est primordial
pour ne pas passer à côté de quelque chose d’important. C’est aussi une manière de
considérer l’autre. La connaissance de la culture de l’autre facilite également la relation.
Les personnes ont besoin d’être rassurées. Mais elles ont aussi besoin de comprendre dans
quel contexte s’inscrit leur problème. Il est important d’indiquer le cadre, les limites et rappeler
le principe de réalité, parfois « ce n’est pas possible ». Il arrive aussi qu’on soit amené à
mettre la personne devant ses responsabilités. Nous avons ainsi une double démarche, leur
rappeler leurs droits mais aussi leur rappeler quel est le droit.
L’esprit dans lequel nous travaillons est de rendre le plus possible la personne autonome et
actrice de sa démarche. C’est la personne qui choisit ce qu’elle veut faire et le met en œuvre
avec notre appui si nécessaire.
A l’issue des entretiens, l’équipe salariés/bénévoles se réunit afin d’échanger sur tous les
dossiers de la permanence. C’est un temps extrêmement important. Il permet de partager les
informations sur chaque situation, de penser à d’autres propositions à faire aux personnes, de
rectifier d’éventuelles erreurs, de mutualiser nos compétences, de se former, de prendre du
recul face à certaines situations…
Notre présence ancienne sur le quartier fait que nous sommes bien repérés et que les
habitants nous font confiance. Nous connaissons plusieurs personnes par d’autres actions du
centre (alphabétisation, sorties, accompagnement scolaire, petite enfance…). Cela permet de
ne pas être centré uniquement sur la difficulté que la personne rencontre, mais de prendre en
compte aussi des aspects plus dynamisant de sa vie.
Une certaine convivialité règne pendant la permanence sociale. Les personnes connaissent le
fonctionnement et se sentent chez elles, loin de l’anonymat des institutions. La salle d’attente
est un lieu d’échange. Cela nous permet de faire jouer des solidarités entre les gens : certains
peuvent traduire pour d’autres ou les accompagner dans des démarches. Les personnes
peuvent échanger sur des problématiques communes. On peut ainsi, parfois, inscrire une
demande individuelle dans du collectif.
26
Nous constatons que parmi les personnes reçues, plusieurs deviennent de plus en plus
autonomes. De nombreux usagers, bien qu’analphabètes, ont appris petit à petit à classer un
peu leurs papiers. Ils sont plus nombreux à venir avec les justificatifs nécessaires et à savoir
quelle démarche effectuer.
6 – L’EVALUATION
Public reçu : Plus de 1 200 entretiens pour environ 500 personnes différentes. En moyenne,
12 personnes sont reçues à chaque permanence.
Principaux problèmes rencontrés :
(Les pourcentages indiqués se rapportent à un total de 1637 interventions)
Ecrivain public : 46,00 %
La quasi-totalité des personnes étant analphabètes, nous avons un rôle important d’écrivain
public.
Les principales demandes d’écrivain public concernent les relations des personnes avec les
administrations telles que la C.A.F. (13 %), les caisses de retraite (9%), les impôts (7%), la
CMU (11 %), la C.P.A.M. (6 %), le pôle emploi (45%), les dossiers DALO (3 %)… .
Le développement de l’utilisation d’Internet par les administrations à la place de formulaires
papiers, exclut encore plus les personnes analphabètes. L’omniprésence de l’informatique les
éloigne davantage du monde lettré et bouleverse les quelques repères qu’ils s’étaient créés.
Derrière une demande d’écrivain public, on décèle souvent d’autres problèmes. Ceux que l’on
rencontre le plus souvent sont relatif à :
a- Le logement : 13,26 %
Ce problème se présente souvent sous deux aspects :
- l’accès au logement : il s’agit d’aider les personnes à constituer les dossiers de
demande de logement (Mairie, Préfecture, 1 % patronal, organismes de logement
social) mais, en même temps, d’inciter à la recherche d’un logement privé). Le
logement est un problème sur lequel nous sommes totalement impuissants. Nous ne
pouvons qu’aider à effectuer les démarches, mais, contrairement à ce qu’espèrent les
gens, nous n’avons aucun moyen pour les aider à obtenir un logement.
- le droit du logement : cela concerne les relations bailleurs/locataires ou les relations de
voisinage.
On peut noter que 28 % des personnes ne disposent pas d’un véritable logement. Elles vivent
en hôtel ou sont hébergées
b - Le droit des étrangers : 11,97% dont 16 % concernent une demande de naturalisation.
Ce chiffre est en hausse par rapport à 2011 (8,30 %). Concernant le droit au séjour, nous
informons et conseillons les personnes sur les démarches à entreprendre. Nous les mettons,
si nécessaire, en relation avec des avocats. Nous activons des réseaux de soutien et conseil
en cas d’arrestation de sans-papiers.
L’accueil en Préfecture : Lorsqu’un étranger sans-papiers veut déposer une demande de
régularisation pour obtenir, s’il y ouvre droit, un titre de séjour, il doit se présenter dans un des
centres de réception des étrangers de la Préfecture de Police de Paris. Il ne peut pas faire
cette demande par courrier ou par personne interposée.
Depuis des années, une pratique fréquente empêche le dépôt de la demande. Les agents au
guichet, examinent très rapidement et très superficiellement les documents apportés par les
étrangers et leur répondent oralement qu’ils n’ont pas de droit au séjour. C’est un véritable
27
piège car cette réponse orale ne peut pas être juridiquement contestée, n’ayant pas
d’existence.
Cela fait longtemps que des personnes reçues à la permanence sociale nous racontent cet
obstacle devant lequel elles sont totalement démunies.
Après le changement de gouvernement et la nomination d’un nouveau préfet de Police, nous
aurions pu espérer un changement de fonctionnement qui permette que l’accès au droit de
ces personnes soit respecté. A notre connaissance, il n’y a pas eu la moindre modification
dans ce sens.
Nous avons signalé ce non-respect du droit à plusieurs élus dont les trois députés de
l’arrondissement pour qu’ils interviennent auprès du ministre de l’intérieur afin que l’accueil en
préfecture se fasse conformément au droit. Nous attendons le résultat de notre intervention.
c - Les problèmes financiers : 9,77 %
Après une augmentation de ce type de demande en 2011 12,50%, nous sommes presque
revenus au taux de 2010 (9 %).
Nous évaluons la situation pour vérifier si les personnes ont bien ouvert tous leurs droits
(RSA, allocations diverses…) et nous les aidons, si nécessaire, à constituer les dossiers
(surendettement). Nous demandons aussi des étalements de dettes.
Nous orientons vers des associations caritatives ou nous sollicitons le C.A.S.V.P. ou l’A.S.E.
d – Autres conflits : 8,18 %
Les conflits avec les employeurs représentent 5,57 % de nos interventions. Ceux avec les
bailleurs : 2,66 %. Nous avons aidé à entreprendre des procédures en justice dans 3, 63 %
des demandes. Il y a aussi des conflits avec le voisinage 2,66 %, avec un proche, des
personnes victimes d’agression ou de menaces, des difficultés avec la police…Nous essayons
à chaque fois d’expliquer le droit ou d’orienter pour des renseignements. Nous facilitons les
relations avec les avocats lorsque c’est nécessaire. Nous avons constitué des dossiers d’aide
juridictionnelle.
e- L’emploi/formation : 4,83 %
Il prend deux aspects :
L’accès à l’emploi : C.V., lettres de motivation, inscription au Pôle emploi, orientation vers
des formations, des associations intermédiaires…
Le droit du travail : vérification des contrats de travail, des fiches de paie, mise en relation
avec l’inspection du travail, saisie des prud’hommes…Nous constatons des carences
dans la connaissance qu’ont les personnes du droit du travail. C’est cela qui nous a
conduit à mener un travail d’information auprès du public des Ateliers Socio Linguistique.
Nous orientons aussi vers l’EPE de la Salle Saint Bruno pour des sessions d’informations
et/ou un suivi.
f - Conflits familiaux : 4,22 %
Les conflits conjugaux :
Il s’agit essentiellement de femmes victimes de différentes formes de violences conjugales.
Nous les écoutons, les revalorisons. Parfois, avec leur accord, nous parlons avec le mari.
Nous les orientons éventuellement vers d’autres associations. Si elles décident de divorcer,
nous les aidons à rechercher des avocats.
Les difficultés avec les enfants :
Nous recevons des parents en difficulté relationnelle avec leurs enfants. Notre démarche est
alors de favoriser l’écoute, la communication entre parents et enfants. Parfois, il faut faciliter le
lien avec le juge pour enfants ou les structures chargées d’un suivi éducatif. C’est ce qui nous
a conduits cette année, à mettre en place deux actions collectives pour des parents, l’une pour
découvrir la Mission locale et l’autre sur les relations police-habitants.
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g -Difficultés avec les administrations : 2,69 %
Malgré la volonté de simplification des procédures administratives, les dossiers demandés par
les principales administrations sont complexes et les justificatifs à fournir sont nombreux. C’est
une difficulté parfois insurmontable pour des personnes de culture orale. C’est pourquoi nous
intervenons fréquemment auprès des institutions concernées pour « débloquer » les dossiers.
h – Droit à la consommation : 0,37%
La plupart du temps, il s’agit de litiges avec des opérateurs téléphoniques, Internet… Les
personnes souhaitent résilier ne sachant pas qu’elles sont engagées pour une durée
déterminée ou se sont fait vendre un abonnement sans savoir à quoi elles s’engageaient.
Elles constituent un public « facile » pour les commerciaux.
7 – LE PARTENARIAT
Le travail en partenariat est aussi essentiel. Nous ne pouvons pas répondre à toutes les
demandes, nous n’avons pas toutes les compétences. Notre permanence est « généraliste »
et lorsque c’est nécessaire nous orientons ou nous nous renseignons chez des
« spécialistes ».
Pour certaines situations, nous contactons le service social polyvalent de secteur ou nous
nous adressons au CASVP (Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris).
Nous nous tournons si nécessaire vers des associations spécialisées sur certaines
problématiques telles que le droit du séjour, la toxicomanie, le droit des femmes.
Nous adressons des personnes à l’Espace Développement Emploi de la Salle Saint Bruno
pour une aide aux démarches de recherche d’emploi. Le Point d’Accès au Droit est un
partenaire vers qui nous orientons des personnes qui ont besoin de conseils juridiques.
Depuis plus d’un an, nous travaillons régulièrement avec un cabinet d’avocats. Nous les
appelons pour avoir des conseils sur des questions juridiques. Nous leur adressons des
personnes qui ont besoin de l’assistance d’un avocat dans leurs démarches.
8 – LES PERSPECTIVES
Nous poursuivrons l’action dont la fréquentation montre bien qu’elle répond à un réel besoin
des habitants. La permanence sociale a des répercussions très importantes sur l’ensemble du
Centre social. C’est un des biais par lequel les habitants peuvent exprimer leurs attentes et
participer ainsi à la vie de l’association. Elle est un capteur des réalités du quartier qui rend
notre action plus pertinente et plus adaptée aux besoins des habitants.
29
LES ACTIONS DE FORMATION ET DE SOCIALISATION
A. LE CONTEXTE
Quartier marqué par un fort taux d’étrangers, la Goutte d’Or voit depuis plusieurs années les
origines de ces flux migratoires varier. Aux populations d’origines maghrébines et africaines
(Sub-saharienne), succèdent aujourd’hui des personnes originaires de l’Asie, Asie du Sud Est,
Continent Indien, Pays de l’Est… C’est naturellement que les personnes cherchent à
apprendre la langue de ce pays, parfois immédiatement après leur arrivée, ou selon leur
situation et freins personnels, plusieurs années après. Difficile de vivre dans un pays, sans en
parler la langue, sans en comprendre le fonctionnement nous disent-elles…
La recherche de maitrise de la langue française, et plus largement la compréhension des
codes socioculturels français, est une demande du public, à laquelle nous cherchons à
répondre depuis de nombreuses années. Nous mettons en place depuis longtemps, des
actions de formation linguistique à visée d’autonomie sociale en direction des femmes du
quartier, et pour la deuxième année consécutive en direction de tous les habitants de la
Goutte d’Or.
Notre volonté, en tant que centre social, est de donner aux femmes et aux hommes issus de
l’immigration, qui le souhaitent, les moyens d’apprendre la langue française avec derrière cela,
l’aspiration à mieux vivre dans notre société et gagner en autonomie sociale.
Voici les principales motivations exprimées par les personnes qui viennent s’inscrire :
o L’autonomie : Il s’agit d’être en capacité d’effectuer seul(e) les démarches de la vie
quotidienne : se déplacer, aller chez le médecin, lire son courrier… Elles veulent se
débrouiller, ne plus être dépendantes des autres.
o L’épanouissement personnel : Il s’agit d’être comme tout le monde, de ne plus avoir peur
et honte, d’accéder au savoir, de bien vivre en France. Beaucoup de personnes utilisent
des mots très forts pour parler de leur condition (« handicap »).
o L’emploi : Dans un contexte économique difficile et dans un quartier fortement touché par
le chômage, l’accès à l’emploi est indispensable.
o Les enfants : Les parents désirent aider et pouvoir mieux suivre la scolarité de leurs
enfants.
o La communication : Il s’agit de pouvoir communiquer oralement ou par écrit avec les
personnes ou institutions rencontrées.
o L’insertion, la formation : Il s’agit de trouver sa place dans la société française, d’acquérir
la nationalité française, d’accéder à des formations professionnalisantes.
Les demandes de formations sont très nombreuses tout au long de l’année. Nous n’avons pas
la capacité matérielle d’accueillir toutes les personnes qui s’adressent à nous. Quand la
demande ne correspond pas à nos critères (lieu d’habitation, niveau, horaires..), nous
essayons toujours de chercher une orientation pour la personne. Malheureusement à Paris,
l’offre est nettement inférieure à la demande et il est quasiment impossible de trouver une
place dans une formation en cours d’année. La garde des enfants en bas âge est également
un problème récurrent.
30
B. LES OBJECTIFS
L’objectif principal des ateliers de français est de favoriser, grâce à l’apprentissage de la
langue, mais pas uniquement, l’autonomie sociale. Nous travaillons avec un public adulte qui
se trouve en situation d’immersion dans la société française. Notre but est de permettre à ces
personnes de mieux maîtriser la langue et les écrits du quotidien pour mieux se débrouiller
dans leur quotidien.
C. LE PUBLIC VISE
Le public visé est constitué :
- pour les groupes de l’après-midi, de femmes, à peine ou jamais scolarisées
-pour les groupes du matin : d’hommes et de femmes, scolarisés dans leur langue.
Il s’agit pour tous les groupes, d’habitants de la Goutte d’Or ou proximité (18°).
Leurs profils et conditions de vie sont très divers et sont présentés dans le tableau joint.
Nombre de ces personnes sont confrontées à de multiples difficultés (logement, ressources,
chômage, droit au séjour, conflits familiaux…). Ces problèmes ne sont pas sans impact sur le
suivi régulier des ateliers de français.
D. LES MOYENS
Les moyens humains : La mise en œuvre de l’action est assurée par une équipe d’une
douzaine de bénévoles (équivalent à 3 temps pleins) encadrée par une coordinatrice salariée.
Deux autres salariées interviennent également sur l’action pour le suivi social individualisé.
Depuis septembre 2012, Laëtitia Brisard, effectue un service civique au sein du centre social
et intervient notamment sur les ASL. Elle sera présente jusqu’en juin 2013.
Le statut des bénévoles est très varié : retraité(e)s, en activité professionnelle, sans activité,
étudiants… Il y a une réelle diversité dans le profil des bénévoles ce qui enrichit les échanges
avec les stagiaires.
C’est un engagement très lourd que fournissent les bénévoles intervenants dans les ASL : en
effet, nous demandons un engagement de 2 demi-journées par semaine (pendant une année
scolaire) auxquelles s’ajoutent des réunions de préparation hebdomadaires afin de réfléchir et
de concevoir le contenu des séances. Les bénévoles travaillent en équipe : ils leur est donc
nécessaire de trouver une organisation commune et un mode d’intervention harmonieux. Tout
ceci demande beaucoup d’efforts, même si c’est un travail qui les passionne. Le recrutement
n’est donc pas aisé compte tenu de l’investissement nécessaire. Fort heureusement, nous
avons un noyau dur de bénévoles, très dynamique, enthousiaste et créatif, fidèle à l’action
depuis plusieurs années. Ces derniers assurent un vrai rôle de transmetteurs de compétences
aux nouveaux bénévoles qui sont accueillis chaque année.
La formation des bénévoles :
La formation des bénévoles est une priorité au sein d’Accueil Goutte d’Or. Nous
encourageons tous les bénévoles à se former, les nouveaux comme les plus aguerris. Depuis
quelques années, nous mettons en place des journées de formation en interne. Ces journées
nous permettent de réfléchir ensemble à nos pratiques, avec l’apport d’un professionnel
extérieur. En 2012, nous avons travaillé avec deux organismes de formation : IPTR et le
CEFIL.
La première journée animée par l’IPTR en mars 2012, a porté sur le thème suivant « Partir
des erreurs : un levier pour l’apprentissage ».
31
La deuxième journée, animée par le CEFIL en décembre 2012, a porté sur « l’utilisation des
outils multimédias dans la formation linguistique ».
Certains bénévoles ont aussi eu accès à des formations par le biais de la Fédération des
Centres Sociaux (formation des adultes migrants, le jeu comme outil d’animation pour les
activités adultes..) d’Espace Bénévolat (Méthode Naturelle d’Apprentissage de la Lecture et
de l’Ecriture), du CEFIL via la DPVI (« entrer dans l'écrit avec des adultes non scolarisés
antérieurement » et « Déclencher l'oral en cours de français »).
Depuis plusieurs années, nos bénévoles participent également au dispositif mis en place par
la Mission Vivre Ensemble, réunissant de nombreux établissements culturels parisiens. Ce
dispositif vise à former des relais culturels au sein des associations, qui peuvent ensuite
bénéficier d’un droit de parole et de droit d’entrée à tarif réduit, pour emmener leurs publics
dans ces lieux, qui leur sont peu familiers. Par ce canal, nous avons pu nous former à la visite
au sein du Musée du Louvre, Orsay, Beaubourg, Guimet, Cité de l’immigration.
Les moyens matériels : Nous accueillons 2 groupes le matin et 2 groupes l’après-midi dans
nos locaux du 26 rue Laghouat. Nous devons tout de même continuer à louer une salle à une
association du quartier pour 1 groupe l’après-midi.
Nous avons une bibliothèque constituée des principaux ouvrages pédagogiques existants
ainsi que des supports crées en interne ou collectés dans les différents espaces sociaux.
Nous disposons, dans nos 2 salles de cours, de vidéoprojecteurs, et nous avons aussi des
ordinateurs portables pour les formateurs et de postes CD pour les activités de
compréhension orale.
Enfin, nous avons créé un outil de partage de ressources (exercices, documents authentiques,
photos..) disponible en ligne via un service de stockage de données. Chaque bénévole peut
ainsi partager et utiliser les supports crées par chacun, que ce soient des outils linguistiques
ou des supports pour traiter des thèmes d’ASL (comme les transports, la santé, l’école…).
E. LE FONCTIONNEMENT
L’organisation :
Nous avons 3 groupes qui viennent 3 après-midi par semaine (9H/semaine) soit environ 45
personnes. Chaque groupe est co-animé par une équipe de 3 bénévoles en moyenne. Ce
sont des groupes composés de femmes uniquement qui n’ont pas ou peu été scolarisés y
compris dans leur propre langue (communément appelé alphabétisation).
Et nous avons 2 groupes qui viennent 3 matins par semaine (soit 8H/semaine) soit environ 30
personnes. Les groupes sont également animés par des bénévoles avec le soutien de la
coordinatrice. Ce sont des groupes mixtes composés de personnes ayant été scolarisés dans
leur langue mais qui maîtrisent pas ou peu le français (communément FLE – Français
Langue Etrangère).
Ces 5 groupes suivent le rythme scolaire français (pas de cours pendant les vacances
scolaires).
De mars à juin, une demi-journée supplémentaire est dédiée à la préparation du DILF pour les
personnes qui le souhaitent.
Le contenu :
Il s’agit de mieux comprendre l’environnement social dans lequel les stagiaires vivent, afin d’y
interagir de façon autonome et de faire des choix. L’autonomie ne peut se faire sans
l’acquisition de compétences linguistiques.
32
L’apprentissage de la langue orale/écrite n’est plus une fin mais un moyen pour parvenir à cet
objectif d’autonomie sociale. Il est important de prendre en compte le fait que le public est un
public adulte avec les préoccupations qui en découlent. C’est sur cela que nous travaillons, en
nous appuyant sur des thématiques et des supports qui les concernent directement.
Après un travail d’accueil, d’entretien et d’évaluation des compétences sociales et
linguistiques de la personne, nous constituons des groupes qui tiennent compte du niveau
linguistique des personnes mais aussi de leurs besoins et centres d’intérêt.
En 2012, les thématiques abordées dans les groupes ont été diverses :
- La santé : parler de son corps et de ses maux, connaître les différents intervenants et
les structures de soin du quartier. Nous avons ainsi travaillé avec le Centre de Santé
ADMS. Nous avons également travaillé avec la Caisse Primaire d’Assurance Maladie
(CPAM) afin de mieux connaître les droits et les devoirs des assurés sociaux.
- L’emploi : l’objectif de cette thématique est de permettre aux apprenants de mieux
comprendre ce qu’est le monde du travail en France, le vocabulaire lié à ce secteur, les
principales notions du droit du travail, les codes culturels et les savoirs-être nécessaires.
Le travail a aussi consisté à mieux connaître les structures liées à l’emploi (un travail
plus poussé a été fait avec l’Espace Proximité Emploi du quartier) et les documents
inhérents à la recherche d’emploi (petites annonces, CV, lettre de motivation, contrat de
travail...).
- l’école : Un projet a eu lieu sur l’année scolaire 2011/2012 avec l’école maternelle
Richomme pour permettre aux personnes de mieux comprendre le fonctionnement de
l’école et d’y trouver sa place. Après l’intervention du directeur de l’école dans le groupe,
celui-ci a pu venir visiter l’école, y rencontrer le personnel qui y travaille (cantinière,
ASTEM, professeur de l’école) et découvrir une vie de classe. Parallèlement à un travail
d’apprentissage de lecture, deux sous-groupes ont pu aller lire des albums auprès de 2
classes de petite et grande section. Les salariées du secteur enfance jeunesse ont
également proposé une séance d’échange et de réflexion autour du rôle des parents
dans l’accompagnement de la scolarité des enfants.
- Les déplacements : se repérer sur un plan, se déplacer en métro sont des
compétences sur lesquels nous avons encore travaillé en 2012. La mobilité
géographique est une condition sine qua non à l’autonomie des personnes. Ce thème
est systématiquement traité lorsque qu’une sortie culturelle est prévue.
- La gestion du temps : Nous travaillons avec des agendas pour chaque apprenant afin
d’aborder la question du calendrier et de la gestion du temps. L’entraînement à la prise
de rendez-vous par téléphone est régulièrement travaillé avec des mises en situations.
- Et d’autres comme la Poste, les achats, le logement, la citoyenneté (notamment à
l’occasion des élections présidentielles de 2012), l’actualité…
Nos pratiques évoluent de plus en plus au fil des années, grâce à l’investissement des
bénévoles et à la mise en place d’une réflexion commune, alimentée par les formations et
groupes de travail externe. Il nous paraît indispensable de travailler sur les situations et
espaces sociaux que les personnes peuvent rencontrer. Les méthodes et supports
d’apprentissage sont choisis dans ce sens. Par ailleurs, nous ne pouvons rester enfermés
dans nos salles de cours. Il est indispensable de mettre les personnes en situation : en
rencontrant des partenaires, en nous déplaçant dans les lieux… pour les accompagner dans
leur démarche d’accès à plus d’autonomie sociale.
Enfin nous tenons également à sortir les personnes du quotidien en explorant des thèmes et
des espaces qu’elles ne connaissent pas ou peu (les établissements culturels notamment).
33
1/ L’orientation des stagiaires:
Afin de les encourager à plus d’autonomie, nous avons fait le choix chaque année de ne pas
garder les personnes plus de 4 ans dans nos groupes. A l’occasion d’un bilan annuel réalisé
par la coordinatrice avec chaque apprenant en juin, au cours duquel une évaluation
individuelle est réalisée, nous essayons de trouver avec les personnes qui le souhaitent, des
poursuites de parcours. En 2012, cette tâche s’est encore avérée compliquée car nous
réalisons que ces femmes ont encore de nombreux problèmes d’organisation. Certaines se
sont inscrites dans des associations qui proposent des actions semblables à la nôtre car elles
n’arrivaient pas à organiser leur vie de famille (garde d’enfants ou travail) pour se déplacer
plus loin ou s’engager sur des formations plus lourdes ; d’autres ont abandonné la formation
au profit d’un emploi, souvent précaire. Pour certaines la question de la régularité du séjour
bloque toute possibilité de parcours puisque les formations linguistiques ne leur sont pas
accessibles.
La notion de parcours fait cruellement défaut à l’heure actuelle pour ce public. Leur niveau de
français n’est pas suffisant pour accéder à des formations ou à des métiers qualifiés. Elles
sont très souvent dans l’obligation de délaisser la formation au profit d’emplois précaires, peu
qualifiés et fatigants.
2/ L’accompagnement social global :
Pour que les personnes qui participent aux ateliers de français avancent positivement dans
leurs démarches, il est totalement illusoire de les considérer seulement comme des
« apprenants » relevant uniquement d’un processus pédagogique. Elles ont besoin que
l’ensemble des problématiques auxquelles elles sont confrontées, soit prise en compte.
L’action est menée par deux salariées. Elle prend la forme d’entretiens individuels et
parfois d’accompagnement dans les démarches.
Environ 70 personnes ont bénéficié de cet accompagnement. Ce sont des personnes
suivant actuellement les ateliers de français ou qui poursuivent leur formation dans d’autres
organismes ou qui sont depuis peu dans le monde du travail. Les problèmes traités sont très
divers : démarches administratives, logement, ressources, santé, droit au séjour pour un
membre de la famille, naturalisation, garde d’enfants…
Au-delà d’une aide concrète à la résolution de problèmes, nous apportons une écoute
et un soutien. Les personnes ont besoin d’être éclairées pour pouvoir mesurer les
conséquences de leurs choix à court et long terme. Nous prenons notre temps pour que la
personne avance à son rythme, qu’elle mûrisse et assume ses choix.
3/ Le DILF (Diplôme Initial de Langue Française)
Le DILF est un diplôme de français langue étrangère évaluant les premiers apprentissages
(niveau A1.1 du Cadre européen commun de référence pour les langues du Conseil de
l’Europe). Il évalue les contenus communicatifs et linguistiques décrits dans le Référentiel pour
les premiers acquis en français. Il montre que la personne est capable de se débrouiller dans
tous les actes de la vie quotidienne. Encore peu connu, ce diplôme est avant tout une grande
épreuve pour ce public qui apporte fierté et un sentiment d’être comme les autres. Le DILF a
surtout une valeur aux yeux de la Préfecture dans le cadre de régularisation et renouvellement
de titre de séjour.
A noter qu’à compter du 1er janvier 2012, les personnes qui souhaitent acquérir la nationalité
française par naturalisation, réintégration ou déclaration à raison du mariage doivent justifier
de leur connaissance du français. Le niveau B1 du cadre européen commun de référence
pour les langues sera désormais exigé à l’oral (à l’écrit cependant, aucun niveau minimum ne
sera requis). Il correspond au niveau d'un élève en fin de scolarité obligatoire apte à écouter,
34
prendre part à une conversation et à s'exprimer oralement en continu. Il s'agit de maîtriser le
langage nécessaire à la vie quotidienne et aux situations de la vie courante.
Il faut fournir au choix :
un diplôme français de niveau égal ou supérieur au brevet des collèges, délivré en
France ou à l'étranger ou le diplôme d'études en langue française (DELF) de niveau
B1,
une attestation délivrée depuis moins de 2 ans par un organisme doté du label
"Français langue d'intégration" (FLI) ou agrée par le ministère de l'intérieur, de l'outre-
mer, des collectivités territoriales et de l'immigration.
Pour le public signataire du CAI (contrat d’accueil et d’intégration) : si la personne n’a pas le
niveau suffisant en français, elle est orientée vers une formation linguistique à l’issue de
laquelle elle est inscrite au DILF avec une prise en charge des frais d’examen.
Les personnes hors CAI., peuvent se présenter en candidat libre au DILF mais les frais
d’examen sont à leur charge (entre 60 et 75 euros).
La mission intégration de la DPVI a décidé de participer au financement du DILF pour les
personnes fréquentant les centres sociaux parisiens.
En 2012, nous avons préparé un groupe de 13 personnes à cet examen. Ces personnes
fréquentaient déjà nos ateliers de français (Fle ou alpha). Sur la base du volontariat, le DILF
vient valider la partie linguistique des acquis des personnes en démarche d’insertion au sein
des ASL. Les ASL et le DILF, même si la démarche est différente, s’appuient tous deux sur le
développement de compétences communicatives. Pour certaines de ces personnes, c’était la
première fois de leur vie qu’elles passaient un diplôme, qui plus est dans une langue qui n’est
pas leur langue maternelle. Cela marque une étape importante dans leur insertion. La remise
du diplôme, lors d’une petite cérémonie festive, a renforcé leur fierté et elles se sentent en
quelque sorte « reconnues » par l’obtention d’un diplôme officiel délivré par un Ministère de la
société qui les accueille.
En 2013, cette action sera reconduite pour un groupe d’une douzaine de personnes qui
passera le diplôme en juin.
4/ L’initiation à l’informatique :
En 2012, deux groupes de femmes ont participé à des séances d’initiation à l’informatique au
sein de La Goutte d’Ordinateur EPN.
Les séances étaient de 2h par semaine pendant quelques mois, animées conjointement par
l’une des formatrices du groupe et par une formatrice de La Goutte d’Ordinateur, Espace
Public Numérique de la Goutte d’Or. Pour ces deux groupes il s’agissait de la découverte de
l’outil informatique, d’une initiation au traitement de texte, de la découverte d’internet et aussi
la pratique d’exercices de français en ligne. Au-delà de ces initiations techniques, nous
essayons de sensibiliser le public aux usages et dangers d’internet.
5/ L’atelier « Remise en forme » : En raison d’un faible nombre de participants, cet atelier n’a
pas été reconduit à la rentrée de septembre 2012.
6/ L’atelier d’écriture et d’expression théâtrale :
Ce travail est mené en partenariat avec la compagnie de théâtre Graines de Soleil, avec l’un
des groupes. Une comédienne, intervient une demi-journée par semaine dans le groupe pour
faire un travail d’expression théâtrale avec les apprenants. L’objectif est d’utiliser une autre
technique d’animation pour favoriser l’expression orale, mais aussi favoriser la prise de
confiance en soi. Cet atelier a abouti à une petite représentation à l’occasion de la fête de fin
35
d’année des Ateliers de Français. Cette année il s’agissait de productions autour du thème
« ce qui me manque » (en référence à une série de vidéos, du même nom, réalisées par
ARTE).
Nous croyons beaucoup à l’intérêt de ce projet dans un groupe en formation linguistique. C’est
la raison pour laquelle nous reconduisons cette action avec Graines de Soleil depuis
novembre 2012 et ce, jusqu’en juin 2013, sur un groupe FLE mixte du matin.
L’EVALUATION QUANTITATIVE ET QUALITATIVE
De janvier à juin 2012, 62 femmes ont suivi les cours d’alphabétisation.
A l’issue de leur formation :
28 ont poursuivi leur formation à Accueil
Goutte d’Or
12 ont poursuivi leur formation ailleurs
5 ont trouvé un emploi
6 attendent ou ont eu un enfant
3 ont déménagé.
4 ont des problèmes de santé
4 ont abandonné sans nous en donner la
raison
.
F. LE PARTENARIAT
Les partenaires sont indispensables pour mener à bien notre projet.
Il s’agit de bénéficier des compétences de professionnels et de mettre les personnes en
situation d’interaction.
Nous observons chez les partenaires un réel intérêt pour notre démarche : il y a une
conviction commune qu’il faut permettre aux personnes d’acquérir des savoirs faire au-delà de
la seule maîtrise de la langue. Il en va aussi de leur intérêt de rendre les personnes plus
autonomes et de ne plus faire « à la place de ».
En 2012 nos partenaires ont été :
La Poste
Le centre de santé ADMS Myrha
La Caisse Primaire d’Assurance Maladie
L’Education Nationale (école maternelle
Richomme)
La Cité de l’immigration
L’Hôtel de Ville
Le centre Pompidou
Le théâtre de l’Odéon
Le Musée du Louvre
Le Musée d’Orsay
Le Musée Guimet
L’Hôtel de Ville de Paris
L’Espace Proximité Emploi
L’AEFTI pour le DILF
Le festival Au féminin organisé par
Graines de Soleil
G. LES PERSPECTIVES
En 2013, nous poursuivons notre action de formation et de socialisation auprès du public
féminin et masculin de la Goutte d’Or. Il est indispensable d’être à l’écoute des besoins
sociolinguistiques des personnes et d’adapter nos actions à ceux-ci. C’est la raison pour
laquelle nous allons poursuivre notre offre d’actions visant différents publics (hommes,
femmes, personnes scolarisées et non scolarisées dans le pays d’origine).
36
Nous avons aussi un projet en direction des jeunes pour lequel nous avons sollicité des
financements auprès de l’Etat, la Région et la Ville. Si ces partenaires nous soutiennent, voici
le projet que nous souhaitons construire :
Nous partons du constat que de nombreux jeunes du quartier et du 18°, âgés de 16 à 25 ans,
viennent de pays étrangers. Ils ont pour la plupart grandi sans bénéficier d’un parcours
scolaire « normal » car l’école n’y était pas obligatoire ou peu accessible. Une scolarisation
très faible, voire inexistante, dans une autre langue que le français ne leur a donc pas permis
d’acquérir les savoirs fondamentaux comme lire, écrire et calculer. Ils sont arrivés en France à
l’âge de 16/18 ans. Or, ayant dépassé l’âge d’obligation scolaire, ils ne n’ont pas pu intégrer
un cursus du système éducatif français. Ils ne connaissent pas non plus le monde du travail
en France, les outils de recherche d’emploi…
En raison de leur faible niveau, les plateformes linguistiques et de mobilisations financées par
la Région Ile de France leur sont inaccessibles
Ce manque ne permet pas de répondre rapidement et efficacement à leurs besoins
spécifiques de formation et d’insertion professionnelle.
Suite à ce constat, nous voulons mettre en place une formation de 400 heures, réparties sur 5
mois de septembre 2013 à fin janvier 2014. Puis nous prévoyons d’enchaîner avec deux
sessions successives par an, de début février à fin juin et de septembre à fin janvier.
La formation comportera différents modules
- Module Linguistique :
• Acquérir le niveau A1 à l’oral et A1.1 à l’écrit. Préparation au DILF.
• Acquérir le vocabulaire lié à l’emploi.
Ce module sera transversal à tout le contenu de la formation.
Les trois modules suivants sont autant d’occasions d’apprentissage linguistique :
- Module Autonomie : Développer sa mobilité et gérer son temps. Se situer dans l’espace
(spatialisation, vocabulaire).
- Module Emploi : Comprendre les bases élémentaires du droit du travail (contrat, feuille de
paie, droits et devoirs du salarié et de l’employeur…). Connaître des dispositifs d’aide à la
recherche d’emploi (Pôle emploi, Plie, EPE, forums emploi…). S’approprier des techniques de
recherche d’emploi. Découvrir des métiers.
- Module Développement des compétences : Savoir reconnaître et valoriser ses compétences.
Savoir se présenter. Se préparer aux entretiens individuels par un travail d’expression
théâtrale. Informatique. Réflexion sur la citoyenneté. Découvertes culturelles.
Pour l’acquisition de ces compétences nous nous appuierons au maximum sur
l’expérimentation, la mise en situation. Notre volonté est aussi de favoriser l’échange mutuel
de savoirs entre les stagiaires.
Nous prévoyons d’y adjoindre :
- Un accompagnement social réalisé par deux salariées du centre sous forme
d’entretiens individuels, d’aide aux démarches, de mise en relation avec les organismes
concernés. Il s’agira de lever les freins qui empêchent le jeune de mettre en œuvre son
parcours d’insertion.
- Un soutien individualisé à l’élaboration du parcours personnel d’insertion
professionnelle en lien avec la Mission locale. C’est ce travail tout au long de la formation qui
lui donnera tout son sens.
37
75 PERSONNES en Septembre 2012
Sexe :
Femmes 63
Hommes 12
Pays d’origine
Continent Africain : 46
Maghreb 16
Afrique Noire 30
Continent Asiatique : 24
Chine 13
Sous-continent indien 10
Asie du Sud Est 1
Continent Européen 3
Russie 1
Roumanie 1
Allemagne 1
Continent Américain 2
Brésil 2
dont 7 ont la nationalité française
Ages
Moins de 25 ans 5
De 26 à 50 ans 61
Plus de 50 ans 9
Ancienneté de l’arrivée en France
moins de 5 ans 38
de 5 à 10 ans 27
Plus de 10 ans 10
Scolarisation antérieure
Jamais scolarisées 33
Scolarisées moins de 4 ans 12
Scolarisées plus de 5 ans 30
Raisons de la non-scolarisation
Refus des parents 20
Absence ou éloignement de l’école 10
Pauvreté 3
Formation en France (alphabétisation)
Aucune formation 36
quelques mois ou 1 an 20
2 ans 7
3 ans et plus 12
Inscription au Pôle Emploi
Inscrit(e)s 12
Expérience professionnelle en France
N’ont jamais travaillé 42
Ont travaillé 15
Sont en cours d’emploi 18
Allocataires du RSA 11
Possèdent le DILF (Diplôme Initial de
Langue Française) 19
39
LES ACTIONS ENFANCE JEUNESSE
1- LE CONTEXTE
La Goutte d’Or est un quartier où la population est jeune - 24% des habitants ont moins de 20
ans - et où les résultats scolaires sont assez faibles - 51% des enfants ont 1 an de retard ou
plus à l’entrée en 6ème (16% à Paris), et le taux de réussite au brevet n’est que de 64,9% (pour
80% à Paris). Enfin, la population sans diplôme est de 43,9% sur ce quartier (25% à Paris).
Ces données nous montrent bien que face à de tels indicateurs il est nécessaire de proposer
des actions adaptées aux besoins de la population. Les écoles sont en réseau « RAR » et
dans le dispositif ECLAIR depuis 2011 ainsi que dans le dispositif de Réussite Educative.
C’est dans ce contexte que nous menons des CLAS auprès d’enfants de 7 à 15 ans.
Beaucoup de jeunes fréquentant le centre social sont issus de familles étrangères ne
maîtrisant pas suffisamment notre langue, ou notre système scolaire pour les soutenir au
mieux. Ils ont besoin de ce soutien supplémentaire. Les parents nécessitent d’être
accompagnées, de comprendre les enjeux d’une scolarité et l’importance de l’implication des
parents vis-à-vis de l’école.
2- LES OBJECTIFS
Concernant notre activité d’accompagnement à la scolarité, nous nous référons à la « Charte
nationale de l’accompagnement à la scolarité » qui stipule :
« On désigne par accompagnement à la scolarité l’ensemble des actions visant à offrir, aux
côtés de l’Ecole, l’appui et les ressources dont les enfants ont besoin pour réussir à l’Ecole,
appui qu’ils ne trouvent pas toujours dans leur environnement familial et social. Ces actions
qui ont lieu en dehors des temps de l’Ecole, sont centrées sur l’aide aux devoirs et les apports
culturels nécessaires à la réussite scolaire. Ces deux champs d’intervention,
complémentaires, à vocation éducative, contribuent à l’épanouissement personnel de l’élève
et à de meilleures chances de succès à l’Ecole. »
Afin de remplir pleinement ces objectifs, les séances d’accompagnement à la scolarité sont
complétées par des activités culturelles et artistiques. De cette façon ce n’est pas l’élève que
nous recevons mais l’enfant dans sa globalité et nous proposons un accompagnement plus
large qu’une aide scolaire.
3- LE PUBLIC VISE
Pour l’action d’accompagnement à la scolarité, les jeunes visés sont scolarisés prioritairement
entre le CE1 et la 5ème. Ils sont amenés à fréquenter le centre pour diverses raisons : parce
qu’ils peuvent présenter des difficultés d’adaptation à l’école voire être en échec scolaire,
parce qu’ils peuvent connaître des difficultés familiales, parce qu’ils ont besoin de s’exprimer
ou d’acquérir confiance en eux à travers diverses activités culturelles, ou parce qu’ils ont
besoin que leurs compétences soient valorisées et partagées.
Le public accueilli est déterminé en fonction de la demande et de nos capacités. La demande
étant très forte sur le quartier, nous ne pouvons satisfaire tout le monde. Les jeunes n’étant
inscrits dans aucune autre association sont prioritaires.
Les jeunes déjà suivis chez nous l’an passé pour qui le travail d’autonomie et de consolidation
des bases n’est pas achevé le sont également. Du fait des engagements du Centre Social
40
envers ses financeurs, nous privilégions les jeunes scolarisés entre le C.E.1 et la 5ème; mais
compte-tenu des besoins, cette année nous avons ouvert l’accompagnement à la scolarité au
CP nous proposons aux jeunes de 4ème de poursuivre.
Depuis notre nouvelle implantation, nous accueillons plus d’enfants des écoles du Nord du
quartier : principalement Budin, Oran, Doudeauville.
Pour les activités de loisirs et les ateliers culturels, nous accueillons aussi bien les jeunes
inscrits à l’accompagnement à la scolarité que les autres jeunes du quartier désireux de
pratiquer une activité, et/ou d’accéder à des sorties culturelles.
4- LES MOYENS
Les moyens humains :
Le secteur est coordonné par une salariée, Marilyn Portier, titulaire d’une licence en Sciences
de l’éducation. Une animatrice-médiatrice travaille à ces côtés, Solène Porcheret, éducatrice
de formation.
Nous faisons également appel à une quarantaine de bénévoles pour mener à bien les activités
proposées.
Les moyens matériels
Le secteur enfance jeunesse dispose de plusieurs espaces utilisables simultanément. Il y a
donc un espace dédié à l’accompagnement à la scolarité individuel, un second pour l’aide aux
devoirs collective, et enfin une salle d’activités regroupant le coin livre, le coin ludothèque et
les activités manuelles. De plus un espace internet est accessible sur les temps d’accueil.
Les moyens financiers
En 2012, nos actions ont reçues des financements de la CAF, la DASES (Ville de Paris) et de
l’Etat. La Fondation Notre Dame nous apporte aussi un soutien pour la publication d’un recueil
des gravures de l’atelier gravure. Ce financement est reporté sur 2013 pour l’édition du livre.
5- LE FONCTIONNEMENT
Nos actions à destination des jeunes et des familles sont multiples.
L’accompagnement à la scolarité
Nous proposons deux formes d’accueil : en individuel et en collectif.
L’objectif de l’accompagnement à la scolarité individuel (un bénévole pour un enfant) n’est pas
de faire ses devoirs mais que chaque enfant reprenne si nécessaire confiance en lui, qu’il ait
envie de réussir, qu’il prenne de plus en plus en main sa scolarité et qu’il acquière les outils
pour y parvenir. La qualité de la relation entre l’enfant et le bénévole est primordiale.
L’enfant et le bénévole conviennent d’une séance par semaine (parfois deux) d’une durée
allant de une à deux heures. Le jeune est suivi tout au long de l’année scolaire par le même
référent et ils se voient au créneau horaire défini. Nous les accueillons du lundi au jeudi entre
16h30 et 19h30. Nous souhaitons, à travers ces séances, pouvoir travailler étroitement au
niveau scolaire et prendre le temps de revenir sur les lacunes accumulées les années
41
passées, mais aussi aborder leur rapport à la scolarité en les mettant en relation avec un
adulte disponible et prêt à leur consacrer du temps régulièrement. Ces temps d’échanges
peuvent aussi être l’occasion pour le jeune d’aborder d’autres aspects de sa vie : famille,
préoccupations, centre d’intérêts…
Les séances d’accompagnement à la scolarité en collectif ont été mises en place afin de
compléter le travail fait en individuel mais aussi afin de répondre à une autre demande : avoir
un lieu pour faire ses devoirs.
Il s’agit de jeunes plutôt autonomes face à leur scolarité mais ayant besoin d’une aide
méthodologique lors de leur passage au collège ou encore ayant besoin d’une aide aux
devoirs plus classique. Le groupe permet d’accueillir seize enfants encadré par quatre
bénévoles.
L’accompagnement à la scolarité tel que nous le pratiquons ne peut fonctionner sans
l’implication de tous les acteurs qui entourent l’enfant à savoir les parents, l’école et bien sûr
le jeune lui-même.
Les jeunes
Ceux qui souhaitent s’inscrire doivent rencontrer la coordinatrice afin d’évaluer leur motivation
et leurs besoins réels. Il est alors proposé et décidé le type d’accompagnement à la scolarité
adapté (individuel ou collectif). Après quoi, les jeunes s’engagent lors de l’inscription à être
ponctuels et assidus. Ils sont présents lors des discussions sur leur évolution avec les parents
et le bénévole. Ils apportent leur bulletin à la fin de chaque trimestre pour une discussion
autour de ce support. Nous leur demandons de faire part de leurs difficultés au bénévole et/ou
à la coordinatrice ou la médiatrice.
Les parents
Ils doivent être présents lors de l’inscription de l’enfant. Lors de la première séance de l’enfant
avec un bénévole, un des parents au moins est présent au début et à la fin pour communiquer
avec le bénévole et une des salariées. Ensuite, les parents sont tenus, une fois par trimestre
de rencontrer le bénévole pour faire le point sur l’évolution de leur enfant, qu’elle soit scolaire,
comportementale ou autre. La présence des parents est également imposée lors des
rencontres entre les bénévoles et les enseignants.
Les familles montrent un réel désir de réussite pour leurs enfants mais n’en ont pas toujours
les moyens. Il est difficile de généraliser ces manquements qui résultent de causes diverses
selon les familles : méconnaissance du système scolaire, familles monoparentales peu
disponibles, travail, cultures différentes, analphabétisme, difficultés sociales, ou beaucoup
plus rarement désinvestissement dans l’éducation des enfants.
Les bénévoles
L’accompagnement scolaire des enfants se concrétise par le suivi individuel effectué par un
même bénévole s’engageant sur l’année scolaire.
Les bénévoles peuvent accéder gratuitement à un cycle de formations. Ce cycle est conçu par
les associations membres de la CASCO. Ce sont des sessions de formation d’environ trois
heures, répondant aux besoins évoqués par les bénévoles au cours de l’année précédente.
Les thèmes abordés cette année ont été la connaissance du quartier, la relation éducative,
l’apprentissage des mathématiques, l’apprentissage de la lecture et du français.
42
Nous faisons appel à des intervenants locaux, et à des formateurs professionnels. En 2012,
Juliette Bayer, ancienne directrice de l’école polyvalente Goutte d’Or et maître formateur à
l’IUFM a assuré le cycle de formations avec Geneviève Gauthier, conseillère pédagogique de
la circonscription 18A en ce qui concerne les formations relatives aux apprentissages
scolaires.
Nous avons également proposé une formation sur le jeu et l’importance de jeu dans la
construction de l’enfant. Le jeu pare qu’il participe au développement de la singularité de
l’enfant et à sa créativité est essentiel. Cette formation de 9h a été dispensée par Nadège
Haberbusch, codirectrice de la ludothèque « Les enfants du jeu » à St Denis. Cette formation
s’adressait à l’ensemble des bénévoles, qu’ils utilisent déjà le jeu dans le cadre de
l’accompagnement à la scolarité ou pas. Les principales attentes des participants à cette
formation étaient la découverte de nouveaux jeux et une réflexion sur leur positionnement
dans les situations de jeux avec les enfants. L’intervenante à travers une approche à la fois
théorique et pratique, a pu passer en revue les différents types de jeux existants, en
interrogeant à chaque fois la posture des apprenants (du côté de l’enfant et du côté de
l’adulte).
La Fédération des centres sociaux propose également un cycle de formation auquel nos
bénévoles peuvent s’inscrire en fonction de leurs besoins.
L’éducation nationale:
Une feuille de liaison élaborée par les associations et les écoles du quartier avec l’inspectrice
de l’Education Nationale est utilisée chaque année pour chaque enfant. Elle est adressée à
l’enseignant qui nous la retourne complétée par ses remarques et coordonnées. Elle doit
permettre de repérer les lacunes et difficultés (scolaires ou autres) du jeune. Les bénévoles
qui le souhaitent peuvent rencontrer avec l’accord et en présence si possible de la famille, les
enseignants au cours de l’année. Les établissements peuvent également prendre contact
avec nous s’ils le souhaitent pour évoquer la situation d’un élève par le biais du directeur, de
l’enseignant ou de l’assistante sociale.
Enfin, nous pouvons organiser, à la demande du bénévole et/ou des parents, des rendez-vous
ponctuels entre enseignants, bénévole et famille.
Les activités collectives à destination des enfants
Nous avons souhaité compléter les actions individuelles d’accompagnement à la scolarité par
des activités collectives. Il s’agit de groupes relativement restreints pour favoriser l’expression
et la participation de chacun.
Atelier Gravure
Les enfants que nous accueillons expriment souvent le besoin d’avoir accès à des pratiques
artistiques. C’est une réelle demande de leur part, ils n’ont pas accès à des cours privés, trop
onéreux pour leurs familles. Les objectifs sont les suivants :
Permettre la valorisation des enfants à travers l’art
Permettre aux enfants d’avoir un réel moment de créativité « renforcé » par la
présence d’un artiste
Echanger et mutualiser leurs connaissances et compétences.
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Renforcer le lien familial en impliquant les parents dans l’organisation des moments de
valorisation de l’atelier (expositions des gravures, vernissages, présentation de l’ouvrage
réalisé…)
Depuis 2008, nous proposons un atelier gravure mené par Olivier Besson, graveur illustrateur
en littérature jeunesse. Il s’agit d’un atelier hebdomadaire à destination d’enfants entre 7 et 12
ans. Le projet est ouvert à huit enfants, prioritairement des enfants n’ayant jamais pratiqué la
gravure, ni aucune autre forme d’expression d’arts plastiques. Leur inscription se fait alors sur
leur envie, leur motivation. L’implication dans le projet est également déterminante.
Le rythme des séances se construit en fonction du rythme des enfants et de l’acquisition des
techniques. Nous débutons par une séance de démonstration par le graveur (dessin, gravure,
impression). Puis les enfants pratiquent eux-mêmes ces techniques. Nous utilisons de
matériaux adaptés à leurs âges (linoléum, bois japonais, buren etc..). Après quelques séances
pratiques, les enfants se sont rendus dans l’atelier de l’artiste afin d’y découvrir la pratique
professionnelle de la gravure, le matériel utilisé, les projets de l’artiste.
Avec le soutien de la Fondation Notre Dame, un recueil des gravures réalisées dans le cadre
de l’atelier sera édité en 2013.
Atelier Théâtre
A la rentrée 2012, à la demande de plusieurs enfants, nous avons relancé l’atelier théâtre.
Sylvie Haggaï, de la compagnie Gaby Sourire invite donc les enfants à se retrouver chaque
mardi.
« Lorsqu’un enfant participe à un atelier théâtre, il se sent chargé d’une expérience, d’un
savoir qui n’est pas l’ordinaire (l’appris), mais d’une sorte de maitrise qui permet l’illusion.
C’est aussi le plaisir de naviguer hors de sa personne, d’apparaitre tel qu’on ne nous a pas
encore bien vu, et dans cette situation, de faire passer des idées »
Partant de cette idée, Sylvie Haggaï construit la séance et le cadre de l’atelier destiné à des
jeunes de 7 à 10 ans. Apres une période de jeux et d’exercices destinés à fixer les repères
nécessaires à leur épanouissement, mais aussi à créer un climat de confiance et de détente,
les enfants découvrent l’improvisation à partir de sujets libres ou de textes qui ont été choisis
collectivement. L’intervenante est là pour guider les enfants en proposant ou en suggérant de
nouvelles voies mais sans jamais s’imposer. L’improvisation n’est pas une finalité en soi mais
un moyen de découvrir les règles du jeu théâtral.
Le jeu dramatique est une technique de groupe qui utilise le jeu improvisé, la mise en situation
de scènes réelles ou imaginaires dans le but de laisser la place à la spontanéité et
l’imagination. Il permet à chacun de s’exprimer et d’aborder le théâtre sous la forme du jeu.
Afin qu’il existe un témoignage de ce travail, les enfants sont invités à écrire et dessiner ce
qu’ils font dans l’atelier. Ce carnet est un témoignage auquel il est consacré un temps à la fin
de chaque séance.
Des sorties ont ponctué l’année, afin de voir et de vivre le théâtre aussi dans une salle de
spectacle. En décembre 2012, le groupe s’est rendu au théâtre national de Chaillot pour le
spectacle « Mon amoureux noueux pommier ».
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Du musée à l’atelier.
C’est une journée consacrée à l’art destinée aux enfants qui souhaitent découvrir un musée, à
travers la visite de sa collection permanente ou d’une exposition, suivie d’un atelier de
pratique artistique. De novembre à juin, c’est un rendez-vous mensuel qui a lieu le mercredi,
pour les enfants de 7 à 11 ans. Un groupe d’une douzaine d’enfants qui vient de façon
régulière s’est constitué.
Ce projet recouvre trois objectifs :
- Que les enfants découvrent un ensemble de lieux aussi variés que les musées, les
centres d’art, les galeries d’art.
- Que les enfants puissent approcher une variété de courants artistiques ou d’artistes
par le biais d’une pratique qui les sensibilisent directement aussi bien à certaines
notions esthétiques qu’à leurs propres élans créatifs.
- Que cette familiarisation permette aux enfants de faire des liens afin de développer des
connaissances de base et d’apprendre à se repérer dans le monde de l’art (au niveau
historique comme géographique).
Sorties culturelles et loisirs pendant les vacances.
Nous avons également effectués des sorties durant les petites et grandes vacances, avec en
moyenne une douzaine d’enfants encadrés par la responsable du secteur Enfance Jeunesse,
une animatrice-médiatrice, et des bénévoles de l’accompagnement à la scolarité.
De nombreuses sorties ont été proposées durant l’année
Spectacles : « Dans le ventre du loup » et « Mon amoureux noueux pommier » à Chaillot,
Spartacus, Macao et Cosmage au théâtre Dunois, « L’arbre et la graine » au L.M.P, « Plan
B » au théâtre du rond-point
Cinéma : Wallace & Gromit, Batman, Le tableau, Pirates, l’âge de glace 4, le Lorax & « Mon
premier festival » durant les vacances de la Toussaint (Jean de la lune, Max et les
maximonstres, Brik à Brak, Princesse Mononoké)
Arts : Exposition « Matisse, paires et séries » à Pompidou, Atelier « Calderissimo » et « ces
objets qui ne manquent pas d’air » à Pompidou
Découverte : une journée à Amiens, une journée à Provins, bateau mouche
Histoire : festival « les portes du temps » à Cluny et à Ecouen
Sport & loisirs: Accrobranche, jardin des dunes à la villette, le parc des félins, Exposition
« Les gaulois » à la villette
Projet « Lire la ville » :
Exposition « Sempé » à l’hôtel de ville
Exposition « pop-up et architecture » à la bibliothèque Marguerite Duras
Exposition de photos à l a librairie « les enfants sur le toit »
Exposition de photos « Doisneau » à l’hôtel de ville
Alphabetville
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Création d’un Coin Livres
Sur l’année 2012, l’animatrice-médiatrice du secteur a suivi un cycle de six formations de base
pour la création d’un coin livres, proposée par la Direction Départementale Jeunesse et Sports
et animée par l’ARPLE.
Les nouveaux locaux nous ont permis de mettre en place ce coin livre à travers un mobilier
adapté, mobile et évolutif. Nous avons proposé chaque mois un après-midi autour du livre.
Nous travaillons en partenariat avec la librairie Les Enfants sur le Toit, située rue Ramey, une
librairie spécialisée dans les lectures jeunesse, qui propose également des expositions, des
ateliers et des concours de dessins. C’est la librairie la plus proche du quartier, elle possède
un excellent choix et sait très bien conseiller les visiteurs, néophytes ou aguerris.
Les activités collectives à destination des parents
Le Café des parents
Depuis la rentrée scolaire 2010, nous avons mis en place un café des parents. Son
fonctionnement s’inspire des « cafés des parents » que l’on peut retrouver dans les
établissements scolaires, à savoir, une invitation à se réunir entre parents pour parler
librement, après avoir déposé les enfants à l’école. Nous les organisons une matinée de la
semaine qui précède chaque période de vacances. Cette matinée change afin de permettre à
différents parents de s’y rendre selon les disponibilités et contraintes de chacun.
C’est un moment particulièrement convivial car nous nous retrouvons autour d’un petit
déjeuner, les échanges permettent néanmoins de donner des informations concernant les
activités, de réexpliquer le fonctionnement de l’association et du secteur, mais également, de
dégager des problématiques que nous proposerons d’aborder lors de prochains cafés. Les
thèmes ayant été abordés ont été : le quartier, le logement, la scolarité, la famille, les activités,
mais aussi l’adolescence et la puberté.
Ce café est encore pour nous une occasion de réfléchir et construire ensemble les actions du
secteur, de mieux répondre aux attentes du public, et de renforcer les liens créés.
6- L’EVALUATION
80 jeunes ont participé à nos activité sur l’année 2011 / 2012, et début janvier c’est déjà 75
enfants qui participent à nos actions pour l’année 2012/2013. Nous avons proposé en
septembre d’élargir nos capacités d’accueil Nous avons cependant des demandes, tout au
long de l’année scolaire, auxquelles nous ne pouvons pas donner suite faute de places
disponibles.
En grande majorité, les bulletins et livrets scolaires des jeunes laissent voir une progression
constante souvent, dès le milieu du second trimestre. Les rencontres avec les professeurs
nous confortent dans notre sentiment de progrès, car même s’il ne le ressent pas de suite
dans les résultats, l’instituteur perçoit que les lacunes antérieures diminuent.
Les familles sont un peu plus impliquées dans la scolarité de leur enfant. Un premier pas se
fait bien souvent vers l’école en prenant par exemple garde à ce que l’enfant adopte un
rythme de sommeil adéquat, qu’il ait le matériel nécessaire pour aller en classe etc.… Il y a un
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début d’implication pour tous, et pour les familles les plus sensibilisées, des prises de rendez-
vous avec les professeurs, des entretiens réguliers avec les bénévoles.
7- LE PARTENARIAT
Avec l’Education nationale :
En début d’année, notre association présente ses actions aux équipes pédagogiques de
chaque établissement du quartier dont sont issus les jeunes inscrits au centre social.
Une feuille de liaison permettant de repérer les lacunes et difficultés du jeune est adressée à
l’enseignant de l’enfant qui nous la retourne complétée par ses remarques et coordonnées.
Les bénévoles qui le souhaitent peuvent rencontrer avec la famille les enseignants au cours
de l’année
D’autre part, le coordinateur du réseau ECLAIR nous informe de chaque évènement important
au cours de l’année et nous invite à y participer (remise des bulletins, rencontres avec des
associations…) Enfin, notre nouvelle implantation entraîne avec un travail de rencontres et
d’échanges avec les écoles situées au Nord du quartier (Doudeauville, Oran, Budin). Nous
souhaitons rencontrer plus fréquemment ces équipes enseignantes et créer plus de liens avec
eux.
Avec les autres associations d’accompagnement à la scolarité :
Le tissu associatif est très présent dans le quartier de la Goutte d’Or. Nous sommes en lien
avec toutes les associations proposant une action d’accompagnement à la scolarité et ce par
l’adhésion à une commission ; la CASCO (commission d’accompagnement à la scolarité). Il
s’agit d’échanger à la fois sur nos pratiques, mais surtout sur les problématiques rencontrées
dans les structures, les liens avec les partenaires institutionnels, la formation des bénévoles.
A ce titre, nous mettons en place, à quatre associations, un programme de sessions de
formations à destination de nos intervenants. Ainsi cette répartition du travail et des coûts
nous permet de proposer une formation plus complète et professionnelle à un plus grand
nombre.
8- LES PERSPECTIVES
L’année 2013 verra une majorité des actions se poursuivre avec la volonté de mettre en place
de nouveaux projets : autour du jardinage, de la lecture, d’un accueil libre ponctuel etc…
Au moment de la rédaction de ce rapport d’activités, se pose la question de la réforme des
rythmes scolaires. Les activités d’accompagnement à la scolarité et également les sorties
culturelles le mercredi pourraient être modifiées en fonction des nouveaux horaires de
scolarisation.
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LA HALTE GARDERIE « CARAVELLE »
1 - LE CONTEXTE
La halte-garderie répond, en partie, à un manque de structure d’accueil petite enfance dans le
quartier. Les demandes des familles du quartier sont diverses : suivre des cours
d’alphabétisation, ouvrir un espace aux enfants de familles en difficultés (santé, logement…),
se libérer du temps, travailler, permettre à l’enfant de vivre en collectivité… Elle propose aussi
un espace où des enfants et des parents de milieux et de cultures diverses se rencontrent.
2 - LES OBJECTIFS
Favoriser la séparation parents/enfants en douceur
Favoriser l’autonomie, la découverte de nouvelles expériences et le développement de
l’enfant à travers divers jeux et activités.
Accueillir l’enfant dans un espace de socialisation où il découvrira l’autre et échangera
avec lui
S’imprégner du langage avec les histoires, les livres, les diapositives, les chansons,
comptines
Soutenir les parents dans leur fonction parentale.
Travailler dans la bientraitance au quotidien
3 - LE PUBLIC VISE
Notre capacité d’accueil est de 19 enfants par demi –journée. Nous accueillons des enfants du
quartier âgés de moins de 4 ans (plus de 4 ans avec dérogation pour les enfants en situation
de handicap). Ils sont orientés par bouche à oreilles, les associations du quartier, la mairie et
la PMI.
Pendant les horaires de l’alphabétisation, nous réservons 10 places pour les enfants des
stagiaires. Depuis, la rentrée de septembre 2012 nous accueillons 2 enfants le matin dont les
mamans suivent les cours « français langues étrangères ».
4 - LES MOYENS
Moyens humains :
Afin d’assurer le bon fonctionnement de la halte-garderie, celle-ci comprend une équipe de six
salariées : une Responsable diplômée universitaire aux fonctions de Responsable en structure
accueil petite enfance et diplômée Educatrice de Jeunes enfants, un Educateur (trice) Jeunes
enfants diplômé(e)), une Auxiliaire de Puériculture diplômée, deux Auxiliaires Petite Enfance
diplômée CAP petite enfance (dont l’une est Salariée en Formation EJE depuis la rentrée de
septembre 2012) et un Agent d’entretien.
Sarah Hidouci, l’Educatrice de Jeunes Enfants a quitté, avec regrets, « Caravelle » pour des
raisons personnelles, le 27 juillet 2012. C’est début octobre que Thibault Lepage, Educateur
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de Jeunes Enfants, a pris son poste dans l’équipe de « Caravelle ». A la fin de cette
présentation, vous découvrirez son « point de vue « sur Caravelle
Moyens matériels
Nous disposons d’un local de 110 m² qui comprend : une salle d’activité avec divers coins :
jeux, dînette, toboggan, pataugeoire, et une chambre. Nous disposons également d’un
matériel pédagogique adapté aux enfants accueillis.
Moyens financiers
La halte-garderie est subventionnée par la CAF et la DFPE (ville de Paris). Les participations
familiales sont calculées en fonction des ressources et à partir du barème établit par la CAF.
Outils d’évaluation
Nous établissons un dossier, dès l’inscription, avec tous les renseignements nécessaires pour
chaque enfant.
L’équipe utilise un cahier de suivi pour les enfants : comportements, habitudes, évolution,
difficultés rencontrées. Ainsi, un travail auprès des enfants et des familles s’établit pour
accueillir les enfants dans de meilleures conditions.
5 - LE FONCTIONNEMENT
Nous n’allons pas reprendre la description détaillée des journées des enfants à Caravelle.
Elles sont ponctuées par les temps d’accueil, de chant, d’activité et de jeux, de changes et de
sieste…mais nous allons mettre l’accent sur 2 « temps forts » partagés avec les parents
L’entrée en maternelle
Une découverte approfondie d’une école avec un accueil très attentif du directeur et des
enseignants nous a semblé importante pour préparer les enfants et leurs parents à l’entrée à
l’école. Elle s’est déroulée en deux temps :
Visite d’une école du quartier : l’école maternelle Richomme
Le 1° juin, nous avons visité une école maternelle du quartier avec 8 enfants et leurs mamans
accompagnés de la responsable et de l’éducatrice.
Le directeur nous a accueillis. Il a insisté sur la différence entre école et halte-garderie. Même
si les enfants vont déjà en collectivité, ce n’est pas pareil. L’école, c’est pour apprendre. Tout
ce qu’on y fait dans l’objectif d’apprendre. Par exemple : coller des gommettes, à la halte-
garderie, c’est juste pour le plaisir. A l’école, c’est avec l’objectif d’apprendre les notions
d’intérieur et d’extérieur.
Il a également expliqué le déroulement d’une journée de classe.
Il nous a fait visiter entièrement l’école, salles de classe, salles de sieste, Salle de motricité,
cantine, toilettes.
Nous avons pu voir ce que faisaient les enfants en maternelle. Nous avons entendu chanter
ceux de la moyenne section. Les enfants de la halte-garderie ont participé à une récréation.
Nous avons eu l’occasion de voir comment les adultes de l’école intervenaient auprès des
enfants, notamment pour les aider à gérer un conflit.
Tous les parents ont été contents que leur enfant ait pu visiter une école car ce n’est pas
prévu par toutes les écoles. Ils ont appréciés d’avoir pu entrer vraiment dans l’école et d’avoir
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pu s’imaginer ainsi leur enfant dans l’école. Ils ont été étonnés de leur enfant et de leur
comportement, « il a écouté » « il a joué » « il a bien réussi le parcours».
Et pour les enfants, ce fut une occasion de se préparer à la grande aventure de l’entrée à
l’école.
Réunion autour de l’école avec les parents
Les parents présents à la rencontre ont évoqué surtout leur contentement que leurs enfants
rentrent à l’école et ensemble ils ont un peu récapitulé tout ce que nous avions vu lors de la
visite et tout ce qu’ils savaient sur le fonctionnement d’une école. Les parents ont parlé
spontanément de leur enfant qui grandissait et de leurs questionnements.
Certains parents ont évoqué leur inquiétude quant à leur enfant. Sera-t-il prêt ? Pourquoi ne
parle-t-il pas encore ? Va-t-il pouvoir s’adapter à l’école ? Pourquoi a-t-il pleuré à la fin de la
visite ?
D’autres questions sont venues. Celle des langues : comment chaque enfant articule français
et langue maternelle ? Certains ne parlent le français qu’à la halte-garderie et leur langue
maternelle qu’à la maison. D’autres manient les deux langues dans les deux lieux. Certains
parents ont évoqué leur étonnement la première fois que leur enfant leur a parlé en français à
la maison.
Le sommeil, l’alimentation sont des thèmes importants pour les très jeunes enfants et leur lien
avec leurs parents. Certains parents espèrent que grâce à l’école, leur enfant se mettra à
manger pour faire comme les autres. D’autres s’inquiètent des exceptions alimentaires :
seront-elles respectées ? Comment ? Pour le sommeil, comment font les maîtresses lorsqu’un
enfant ne dort pas à la sieste ? Finalement ils se posent des questions liées à l’individualité
dans le groupe : comment la singularité de mon enfant va être respectée à l’intérieur de la
collectivité ? Y aura-t-il une place pour lui tel qu’il est vraiment ?
Cette rencontre a été un bon moment pour les parents présents qui ont parlé de leur enfant
qui ont grandi. Ils semblaient contents d’avoir pu partager ce moment avec d’autres, d’avoir
écouté et d’avoir été écoutés.
Les goûters littéraires
Depuis l’ouverture de la halte-garderie, familiariser l’enfant avec le livre est un de nos
objectifs. Il a pris des formes multiples, et cette année, nous avons organisé des « goûters
littéraires ». Pour préparer le premier goûter littéraire de l’année, nous avons réfléchi à son
déroulement dans les années précédentes. Les livres étaient à disposition des enfants et des
parents qui s’en emparaient spontanément.
Il nous a semblé que cette spontanéité ne suffisait pas car certains parents restaient à l’écart
ou que les enfants n’étaient pas suffisamment invités à aller vers les livres.
Nous avons décidé de changer la façon de faire : proposer des temps de lecture comme un
petit spectacle. Une personne lit 2 ou 3 livres et les « spectateurs » : parents, enfants, et
professionnels écoutent. Alterner un temps de lecture puis un temps libre où chacun peut les
regarder, les feuilleter. Les parents peuvent alors lire ou regarder les livres avec leur enfant.
Un goûter était servi au milieu de l’après-midi. Nous avons terminé par des chansons car cela
plaît aux enfants et permet de clore ce moment.
En amont, nous avons travaillé la communication.
Les goûters littéraires se sont bien passés. Les parents sont venus nombreux. Ils ont eu plaisir
à écouter les histoires et aussi à se rencontrer, à échanger entre eux. Les enfants ont écouté
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avec beaucoup de plaisir. Certains sont restés à l’écart, impressionnés par le fait qu’il y avait
beaucoup d’adultes dans leur salle de vie, intrigué par le changement. Enfants et parents ont
écouté les histoires ensemble partageant ce moment en silence.
6 - EVALUATION
Evaluation quantitative
Nous avons reçu 74 enfants.
Pays d’origine :
- Afrique Noire : 29 39 %
- Maghreb : 21 28 %
- France : 11 15 %
- Issus de couples mixtes : 5 7 %
- Autres pays : 8 11 %
Situations familiales :
- 62 : couples 77 %
- 12 : monoparentales 23 %
Compositions familiales :
- 1 enfant : 15 20 %
- 2 enfants : 27 36 %
- 3 enfants : 17 23 %
- 4 enfants et plus : 15 20 %
Ressources mensuelles des familles :
- 36 : de 0 à 760 € 49 %
- 26 : de 760 à1 520 € 35 %
- 3 : de 1 520 à 3 040€ 4 %
- 2 : de 3 040 à 3 800 € 3 %
- 7: au-delà de 3 800 € 9 %
Evaluation qualitative :
La halte-garderie continue d’être un lieu de passage. Le turn-over reste important car
certaines familles inscrivent leur enfant en attendant une place en crèche, et pour d’autres, la
halte est une solution de dépannage avant de trouver le mode de garde qui soit plus adapté à
leur besoins. Certains sont relogés sur un autre arrondissement ou en banlieue. A la rentrée
de septembre, nous avons accueilli du mieux possible les nouveaux enfants. Sarah Hidouci,
n’a été remplacée qu’en octobre par Thibault Lepage. De plus, Gaëlle Marc a commencé à la
même période sa formation d’EJE. De ce fait, à la rentrée, il n’y avait que Nathalie Guillaume,
Auxiliaire de Puériculture et Marie N’Dour pour les adaptations des nouveaux enfants. Ainsi,
les nouveaux inscrits se sont échelonnés sur un plus longue période que les années
précédentes
Accueil de la psychologue sur le terrain :
Comme chaque année, notre travail de supervision avec la psychologue s’est poursuivi.
Ensemble nous avons mené un travail d’observation auprès d’enfants qui nous interrogeaient.
Ce travail nous a permis d’avoir un autre regard sur notre pratique et d’accompagner des
familles dans leur rôle de parents auprès de leurs enfants.
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Implication des Parents
Les rencontres parents enfants et les goûters littéraires favorisent les échanges entre parents
et professionnels. L’été dernier, nous avons pique-niqué avec eux au jardin de l’Eole. Lors des
braderies organisées avec toute l’équipe du centre social, certains parents apportent des
vêtements, des jouets. Ils viennent acheter les jours prévus.
Complémentarité avec les autres secteurs du centre social
La halte-garderie est restée la seule activité qui ne se déroule pas dans le même local que les
autres. Cette séparation géographique, la nécessité de la présence des salariés auprès des
enfants qui restreint la participation des salariés de Caravelle aux actions communes du
centre rendent moins lisible le sentiment d’appartenir à une même structure. Plusieurs familles
de Caravelle ne connaissent pas ou peu les autres actions du centre.
Cependant, des liens existent. Les valeurs sur lesquelles s’appuient les choix d’actions sont
les mêmes.
La responsable de la halte-garderie participe aux réunions d’équipe.
Les activités se complètent :
Accueil Goutte d’Or permet de pallier au besoin de mode de garde pour les enfants des
femmes en parcours d’insertion et aux familles du quartier. Nous répondons également à la
nécessité de favoriser des espaces de rencontre entre populations de différents milieux et
origines. C’est dans ce sens que nous travaillons en cohérence avec le projet global de
l’association.
En 2012, nous avons reçu 14 enfants dont les mères suivent des cours d’alphabétisation et 2
enfants dont les mères suivent des cours de français langues étrangères. Nous sommes
également en lien avec les différents autres secteurs du centre social : la permanence sociale,
le secteur enfance jeunesse, l’animation socioculturelle et familiale.
Cette année 2012, l’équipe de la halte-garderie "Caravelle" a participé à divers évènements
organisés par l’ensemble du centre social : braderies, fête de la Goutte d’Or et spectacle
familial de fin d’année.
7 – PARTENARIAT
Nous poursuivons notre travail en collaboration avec les puéricultrices de secteur, assistantes
sociales et conseillères en économie sociale et familiale. Nous sommes toujours amenés à
entendre les difficultés rencontrées par les familles : problème de logement, difficultés
financières, mères seules, enfants en détresse... Ces difficultés entraînent de grandes
souffrances chez certains enfants. C’est pourquoi notre rôle est de favoriser l’accueil de ces
enfants dans un lieu sécurisant où ils peuvent s’exprimer. Nous sommes de plus en plus
sollicités pour l’accompagnement étroit avec certaines familles, toujours en lien, avec les
puéricultrices et médecin de secteur. A cet effet, la responsable, l’éducatrice et l’éducateur ont
participé à plusieurs synthèses pour permettre à ces enfants de s’épanouir dans de bonnes
conditions.
Nous poursuivons notre collaboration avec l’équipe du CAMSP pour l’accueil des enfants en situation de handicap. L’année 2012, l’équipe toute entière a continué de participer aux réunions avec les intervenants du CAMSP pour mieux comprendre ces enfants et faire part de leurs observations sur le terrain. Ainsi, nous avons échangé, avec plus de détails, autour de
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l’évolution des enfants, leurs besoins et autour de l’accompagnement des familles. La responsable, l’éducatrice et ensuite l’éducateur ont été amenés à participer à des synthèses pour l’accueil et l’orientation de ces enfants.
Nous continuons d’accompagner le mieux possible les familles, de coordonner les besoins en mode d’accueil et d’élargir les possibilités d’informations, nous gardons également contact avec les organismes du quartier : la P.M.I., le Pôle Santé, l’Arbre Bleu, la Maison de l’enfance, les services sociaux et la CAF.
En fin d’année, pour Noël, nous avons programmé un spectacle de contes et chansons pour les tout-petits. Nous avions invité l’Arbre Bleu et les enfants du quartier.
8 – PERSPECTIVES
En 2013, nous prévoyons d’établir une charte d’accueil pour définir nos valeurs et notre
éthique.
Pour mieux orienter les familles qui formulent une demande à laquelle nous ne pouvons pas
répondre, nous travaillerons à mieux identifier le réseau existant.
Après un mois à Caravelle, impressions et quelques points à souligner de Thibault
Lepage, nouvel éducateur de jeunes enfants
La structure :
La structure permet de répondre à la fois aux besoins de garde d’enfants des parents
fréquentant le centre social et de travailler en partenariat, en collaboration, en « relais » avec
des institutions de soin (PMI, CAMSP, CMPP), ce qui donne à la halte-garderie une dimension
sociale autre qu’un simple mode de garde. Ceci a une conséquence directe sur l’attitude de
l’équipe à l’égard des enfants : du fait notamment de la participation à des réunions portant sur
un enfant, l’équipe soutient une attention particulière à certains enfants étayée par des
observations régulières.
L’espace :
La halte-garderie est petite mais la pertinence de certains aspects de l’aménagement est à
souligner : une salle de change et un coin repas qui permette la relation individuelle ou en tout
petit groupe sans interférence, un coin repos permanent qui permet aux enfants de se
reposer en présence des adultes. Les différents espaces sont utilisés par l’équipe pour mener
des activités en petits comité afin de cloisonner le groupe. Cependant l’emplacement des
casiers coupe l’espace convivial adulte du sas d’entrée où viennent les parents, ce qui a pour
conséquence de freiner la communication avec ces derniers.
Le travail quotidien auprès des enfants :
Certains éléments du fonctionnement sont à souligner : globalement, l’équipe est attachée à
individualiser la réponse aux besoins de chaque enfant et à entendre et respecter les
manifestations des enfants :
- l’eau est à disposition à tout moment,
- les enfants peuvent lorsqu’ils en ont besoin ou s’il le souhaite se reposer ou dormir dans la
chambre ou dans l’espace repos et s’ils manifestent un refus, une crainte à aller dans la
53
chambre ou à s’allonger, cela est entendu et respecté : l’équipe va alors réajuster le cadre
proposé à l’enfant.
- les enfants sont accompagnés individuellement aux toilettes ou à la salle de change dès lors
qu’ils en manifestent la demande ou qu’un enfant semble avoir une couche « pleine ». Le
change et le passage aux toilettes ne sont pas systématiques et chaque membre de l’équipe
prend soin de ne pas couper un enfant dans son jeu en lui proposant de lui changer une
couche qui ne le gêne pas dans le moment présent. De plus la configuration de la salle de
change permet aux enfants et aux adultes de vivre de véritables moments qui favorisent la
relation individuelle, à l’écart du groupe mais avec la possibilité pour les enfants restés dans la
salle de voir l’adulte qui s’est momentanément absenté.
- les goûters sont donnés individuellement ou en petits groupes (4 maximum) ce qui permet de
favoriser un sentiment de sécurité et une grande disponibilité de l’adulte. Cette disponibilité est
renforcée par l’organisation matérielle en amont du goûter qui permet à l’adulte d’avoir tout à
disposition et ainsi de rester assis avec les enfants sans être préoccupé par des besoins
matériels.
- des jeux sont installés avant l’arrivée des enfants pour leur signifier qu’ils sont attendus
- globalement, l’équipe verbalise à bon escient les situations aux enfants. Lors de l’irruption
d’un conflit entre enfants, généralement, l’équipe s’appuie sur les compétences des enfants
pour les aider à résoudre eux même la situation.
- Le choix et la forme des activités dite « encadrées » (car le jeu libre est aussi encadré par
une équipe d’adulte) sont pertinentes et adaptées au public (manipulation sans objectif de
production, transvasement, découverte…). Le cadre des activités est pensé : nombre restreint
d’enfants, matériel en quantité suffisante pour permettre à chaque enfant d’avoir le sien. Les
enfants qui participent à l’activité proposée sont ceux qui en manifestent l’envie ou le besoin.
L’équipe s’est constituée un cadre et des outils d’observation réinvestis lors des supervisions
menées par Diana (la psychologue qui assure la supervision). Ces observations permettent de
saisir dans l’anodin du quotidien, les éléments permettant de décoder les manifestations des
enfants pour ensuite répondre au mieux à leurs besoins et d’avoir un regard réflexif sur les
relations dans lesquelles s’engagent les professionnels afin prendre de la distance.
Du fait de la fermeture de Caravelle de 12h à 13h, la halte-garderie n’est pas soumise à
pression temporelle de la prise en charge des repas (souvent vécue dans les structures
d’accueil de la petite enfance) ce qui permet aux adultes une grande disponibilité dans
l’accompagnement des moments de jeux libres.
Tous ces éléments contribuent à l’ambiance calme et sereine de Caravelle tant au niveau des
enfants (qui investissent par conséquent pleinement les jeux proposés) que des adultes.
L’équipe :
L’équipe semble relativement sereine quant aux relations interpersonnelles, une envie de
partage (que ce soit de moments conviviaux ou d’expériences) se fait sentir. Les personnalités
de chacune, et par conséquent les rôles auprès des enfants et des parents sont très
différentes mais ce groupe professionnel semble avoir acquis la maturité nécessaire pour
assumer l’expression d’un conflit sans que cela constitue une menace majeure pour l’équipe.
Les attitudes entre professionnelles sont marquées par de la bienveillance. Ceci paraît être le
fruit d’un long travail, élaboré notamment en supervision, laquelle est très investie.
54
Des pistes de réflexion sont proposées autour :
- des postures et de la disposition des adultes dans l’espace pour continuer à observer, agir à
bonne distance et favoriser l’autonomie des enfants.
- des paroles adressées aux enfants : car auprès de jeunes enfants, la minutie du choix des
mots adressés aux enfants nécessite un travail de réflexion constant et jamais totalement
abouti, cette réflexion doit s’appuyer sur des connaissances certes, mais surtout sur des
observations.
- de la question du soin continu avec les particularités propres à la halte-garderie. Il s’agit de
mener une réflexion, étayée par des observations, autour des différents aspects de la vie
quotidienne (accueil, repos, change, goûter…) afin de veiller au besoin de continuité ressenti
par l’enfant ; cette réflexion devrait prévenir certaines situations où un enfant serait pris en
charge par un grand nombre d’adultes dans un temps courts, fragmentant l’attention de ces
derniers.
- de l’accueil et de la place des parents.
55
L’ANIMATION SOCIOCULTURELLE ET FAMILIALE
LE CONTEXTE
Les habitants du quartier, d’origines très diverses, vivent les uns à côté des autres sans
forcément se connaître avec les difficultés relationnelles que cela implique. Aussi
l’organisation de sorties, d’ateliers et de vacances leur permet de se découvrir, de s’apprécier
et de reconnaître la richesse culturelle du quartier de la Goutte d’Or comme un atout.
Cette action comporte une spécificité par rapport aux activités proposées par d’autres
associations : les sorties, ateliers et vacances sont organisés pour des familles et non pas
pour des enfants ou pour des adultes. En effet, la population du quartier n’a pas souvent
l’habitude, d’une part, du fait de leur culture, et d’autre part, de leurs conditions de vie difficiles,
de partager du temps ensemble parents et enfants.
Ce partage leur permet également de mieux percevoir la dimension de l’association et surtout
la complémentarité de ses actions.
LES OBJECTIFS
Favoriser la création de lien social et de mixité sociale
Faciliter le rôle éducatif des parents par le biais d’échanges et d’activités en groupe
Créer un réseau de familles dans le quartier : s’entraider, entrer dans une dynamique de
groupe, découvrir d’autres familles
Susciter l’envie des familles de découvrir de nouveaux lieux et de nouvelles activités par
elles-mêmes
LE PUBLIC VISE
Il s’agit d’une part, des familles fréquentant déjà le centre et d’autre part, des habitants du
quartier.
Ce quartier présente des spécificités. On y retrouve notamment une forte proportion de
personnes immigrées ou issues de l’immigration (principalement du Maghreb et de l’Afrique de
l’ouest). De plus, il y a dans le quartier une population plus fragilisée qu’ailleurs par des
difficultés liées à l’analphabétisme, au logement, à l’emploi… Toutefois, les activités
organisées par le centre ne sont pas réservées aux personnes en difficulté même si, dans les
faits, ce sont plutôt ces personnes qui en bénéficient. Des familles plutôt de classe moyenne
participent aux sorties, même si cela reste ponctuel et minoritaire, cela va dans le sens de
l’ouverture de nos actions à l’ensemble des habitants du quartier et plus de mixité au sein du
centre.
Accueil Goutte d’Or doit se doter d’une stratégie de communication afin de clarifier son image
auprès de son public et faire tomber la stigmatisation autour de l’appellation « centre social ».
L’entrée dans de nouveaux locaux et leur appropriation peut être l’occasion de communiquer
vers une autre image.
56
LES MOYENS
Moyens humains : 1 salariée à mi-temps (coordinatrice des actions sociales, familiales et
culturelles), des co-accompagnateurs pour les sorties (salariés et bénévoles) et 1 salariée
supplémentaire pendant le séjour familial.
Moyens financiers : C’est un secteur difficile à financer car la prestation animation collective
famille de la CAF qui ne couvre pas la totalité du poste et des frais engagés. Elle doit être
complétée par plusieurs subventions ponctuelles par projet, par exemple, le Conseil Régional,
l’ANCV et la Fédération des Centres Sociaux, pour les vacances familiales ou par des
financements privés comme la Fondation Notre-Dame. Cela demande de réaliser de
nombreux dossiers auprès de multiples partenaires et d’être toujours en recherche de
nouveaux financements.
LE FONCTIONNEMENT ET L’EVALUATION DES ACTIONS
1. Les sorties familiales
Les objectifs recherchés par cette action sont :
Accès à la culture et aux loisirs pour les familles
Créer du lien social entre les familles / renforcer les liens familiaux
Développer leur autonomie et leur mobilité dans Paris et au-delà
Les sorties sont réalisées pendant les vacances scolaires. Elles sont ouvertes à tous les
habitants du quartier, dans une optique de mixité sociale et culturelle.
Nous avons fait le choix de proposer une action à l’ensemble de la famille car il apparaît
nécessaire pour ces familles de bénéficier d’un temps partagé pour favoriser notamment le
dialogue parents enfants. Cette action vient en complémentarité avec les autres propositions
du quartier qui s’adressent seulement aux enfants et aux jeunes.
Les familles sont contactées via les différentes actions du centre, à savoir, l’accueil, la
permanence sociale, les actions sociolinguistiques, le secteur enfance jeunesse, la halte-
garderie, le suivi des allocataires du RSA.
En plus de cette communication orale, un affichage est réalisé et des relais sont mis en place
avec les partenaires associatifs du quartier.
Pour chaque sortie, les familles ont rendez-vous à l’association. On explique aux parents et
enfants ce que l’on va faire, comment se comporter dans les lieux dans lesquels nous nous
rendons (théâtre, musée, cinéma…), l’itinéraire, les règles de conduite en groupe.
Après chaque sortie, les familles échangent entre elles et avec la structure, autour d’un
goûter. Ce moment est l’occasion de s’exprimer sur ce qui a été réalisé et d’émettre des
souhaits sur le prochain programme de sorties.
Une participation financière inférieure au coût réel (ce qui est expliqué aux familles) est
systématiquement demandée.
Bilan de l’action :
- 19 sorties auxquelles 364 personnes (dont 219 enfants) ont participé : ateliers dans des
musées (Beaubourg, Musée du Louvre, Musée des arts décoratifs…), théâtre, cinéma,
ateliers à la Villette, sortie à la mer, visite de quartier…
Les familles qui participent aux sorties prennent du plaisir et viennent nous solliciter pour
savoir à quels moments d’autres sorties seront reprogrammées. Cela témoigne de la qualité
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du temps passé ensemble. Les familles échangent entre elles, elles se conseillent, se
rassurent.
Les sorties ont lieu dans différents quartiers de Paris, parfois les familles se renseignent sur
les possibilités qu’elles ont de revenir seules dans les lieux d’activités. Elles découvrent des
endroits qui les incitent à pratiquer des activités avec les enfants.
Les enfants sont fiers et heureux de partager des activités avec leurs parents. Ils les
découvrent sous un autre aspect.
Des liens se créent entre les familles, ces sorties sont aussi l’occasion d’échanges sur
l’éducation des enfants, l’école, les activités extrascolaires, leurs habitudes de sorties…
La principale difficulté rencontrée sur cette action est la mobilisation des familles pour celles
qui n’ont jamais participé à des sorties en groupe. Une fois, qu’elles ont franchi le premier pas,
elles sont demandeuses.
On constate progressivement une plus grande diversité de public. Des familles, qui ne
participent pas aux actions du centre visant plutôt l’insertion comme l’alphabétisation ou la
permanence sociale, viennent à ces sorties. Elles appartiennent à un milieu social plus
favorisé et leur arrivée a permis une plus grande mixité dans l’action. Pour elles, l’objectif de
créer du lien au travers de ces sorties est bien perçu et apprécié. Elles cherchent à y
contribuer.
2. Les vacances familiales
Accueil Goutte d’Or propose aux familles qui n’ont pas de pratique des vacances, un
accompagnement afin de faciliter leur départ.
Un accompagnement individuel auprès des familles a été mis en place afin de les aider à
monter leur projet vacances. Bien que le résultat ait été positif, une partie de la population et
notamment celle que nous rencontrons le plus, via les activités que nous proposons, est trop
démunie et ne maîtrise pas (ou croit ne pas maîtriser) tous les savoirs faire nécessaires pour
envisager de partir seule. C’est pourquoi, nous avons choisi, en complément de
l’accompagnement individuel, de mettre en place un séjour « collectif accompagné »
répondant mieux aux attentes de socialisation et d’autonomie de la population que nous
souhaitons toucher.
Les objectifs des vacances familiales s’articulent autour de 3 axes :
La relation enfants/parents
- Se redécouvrir parent et enfant dans un autre contexte loin des problèmes du
quotidien (logement, travail…) ;
Et plus particulièrement pour le séjour collectif :
- Faciliter le rôle éducatif des parents par le biais d’échange et d’activités en groupe.
Découverte de l’autre
- Rencontrer de nouvelles familles sur le lieu de vacances ;
- Découvrir un autre environnement culturel, un patrimoine régional.
Et plus particulièrement pour le séjour collectif :
- Créer un réseau de familles dans le quartier : s’entraider, entrer dans une dynamique
de groupe, rencontrer d’autres familles.
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Développement des compétences
- Appréhender la notion de projection dans le temps : travailler sur quelque chose qui ne
se réalisera que dans plusieurs mois
- Apprendre à gérer et à anticiper son budget
Et plus particulièrement pour le séjour collectif :
- S’exprimer devant un groupe, écouter l’autre, communiquer, savoir se remettre en
question (par rapport aux choix concernant le projet vacances) ;
- Argumenter et défendre ses choix.
Bilan de l’action :
En 2012, 11 familles soit 43 personnes - dont 28 enfants - sont parties en vacances.
Deux propositions ont été faites aux habitants du quartier :
1/ Un séjour collectif accompagné :
Qui s’est déroulé à Gujan Mestras (près d’Arcachon) (hébergement en maison) et qui a
regroupé 4 familles, soit 16 personnes dont 4 adultes et 12 enfants âgés de 12 mois à 15 ans.
Les familles se sont inscrites tardivement dans le dispositif. Cette année, la précarité a semblé
encore plus forte. Les vacances sont la dernière des préoccupations des familles, elles vivent
dans le présent et gèrent les urgences. Le coût que représente le séjour, aussi raisonnable
soit-il, a représenté un obstacle pour les familles. La préparation collective du séjour a donc
commencé tardivement.
Des réunions de préparation des vacances ont permis aux familles de se connaître et de
mieux se représenter les vacances dans un lieu qu’elles ne connaissent pas, avec des
personnes qu’elles ne connaissent pas.
Une braderie a été organisée afin d’autofinancer une partie du séjour.
Malgré ces débuts hésitants, les ont été heureuses de partir en vacances. Elles ont manifesté
l’envie de repartir.
Réussir à partir en vacances, quand le quotidien est difficile, est valorisant. Cela montre leur
capacité à réussir un projet malgré les obstacles. Toutes souhaitaient partir en vacances pour
leurs enfants avant tout. La concrétisation de ce projet les valorise dans leur rôle de mère.
D’autant plus, que le contexte du départ n’était pas simple pour certaines familles.
Ce séjour a permis aux familles de se rapprocher et parfois de se découvrir lors d’une activité
jamais pratiquée ou jamais réalisé ensemble.
Elles ont découvert un autre mode de vie, un autre cadre, ce qui leur a permis de mieux
mesurer la diversité qu’il peut y avoir en France.
Perspectives :
Nous maintiendrons notre choix de définir le type et lieu de séjour avant l’entrée du public
dans le projet. En effet, cela permet de gagner un temps considérable et de bénéficier d’un
plus large choix d’hébergement répondant mieux aux besoins du projet. De plus, de connaître
le lieu du séjour permet au public de mieux se projeter. Cela permet également d’intégrer des
familles les unes après les autres, ce qui est plus compliqué lorsqu’elles choisissent le lieu de
séjour.
Nous renouvellerons également le choix de la location en gestion libre qui permet une plus
grande flexibilité, d’entretenir une plus grande cohésion de groupe et surtout de davantage
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travailler sur la relation parents – enfants en permettant tout simplement de passer davantage
de temps tous ensemble. Pour l’été 2013, une maison à Aix en Provence a été réservée.
Financement
Ces choix méthodologiques nous obligent à nous passer du financement de la CAF et du
Conseil régional, c’est pourquoi nous devrons à nouveau nous appuyer sur des financements
privés.
Pour pallier à cette baisse de financement, nous nous sommes tournés vers les financeurs
privés et nous avons reçu le soutien de la fondation Notre Dame.
2/ Des séjours individuels :
- 7 départs individuels : 7 familles en séjours autonomes, soit 27 personnes (11 adultes et
16 enfants).
Nous nous inscrivons dans le dispositif « Vacances familles » mis en œuvre par l’UNAT pour
le compte du Conseil Régional Ile de France afin de faire partir les familles du quartier une
semaine en pension complète au sein d’une résidence vacances. Les familles concernées
sont les familles en situation de fragilité économique ou sociale.
Nous accompagnons ces familles dans leur projet vacances en amont et à leur retour.
Les familles peuvent choisir entre plusieurs propositions qui ont été retenues au préalable par
l’association. Elles peuvent ainsi prendre le temps de la réflexion et choisir avec notre aide ce
qui leur semble le mieux adapté.
3. Le café des parents
Les objectifs de ce groupe sont les suivants :
Favoriser la rencontre de parents qui ont un modèle éducatif différent ;
Permettre l’expression des peurs, joies et doutes des parents ;
Créer un lieu de soutien pour les parents ;
Construire des débuts de réponses aux questions qu’ils se posent.
Bilan de l’action :
Le groupe parents s’est réuni une fois par mois de janvier à juin. Il a regroupé une dizaine de
mères. Nous avons donné un ton convivial à ce temps en proposant une configuration « Petit
déjeuner » afin que chaque participant se sente en confiance et puisse parler sans se sentir
jugées ni par leurs paires ni par les professionnelles.
Les thèmes qui ont été abordés: le quartier, le logement, la scolarité, la famille, les activités,
mais aussi l’adolescence et la puberté.
Ce groupe est un lieu privilégié pour réfléchir et construire avec les habitants du quartier des
actions qui répondent à leurs attentes.
Atelier cuisine
Ce projet est né à partir de l’expérience du café des parents. Le public qui y est venu était très
hétérogène : D’une part, des parents assez à l’aise dans l’expression oral, assez à l’aise dans
leur environnement culturel et social. Mais nous avions aussi un public moins à l’aise avec
l’expression orale en français avec une demande d’échanges ne se limitant pas aux questions
éducatives.
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Par ailleurs, nous avons dans notre public, des personnes sans enfant qui souffrent parfois
d’isolement, et qui ne trouvent pas d’action au centre qui leur correspondent.
A plusieurs reprises, aussi bien lors du café des parents, qu’à d’autres moments plus
informels, le public nous fait remonter l’importance d’avoir un lieu où se rencontrer et où
échanger avec d’autres habitants. Nombreux sont aussi ceux, qui nous fait remonter leur
intérêt pour la cuisine et l’envie de partager des recettes et d’en découvrir d’autres.
Nous savons que la cuisine est fédératrice, c’est une activité qui permet de réunir des
personnes d’origine et de milieu social très différents.
Le projet cuisine amenant à des échanges informels qui permettent d’aller plus loin dans la
rencontre, se veut donc ouvert à tout(e) habitant(e) du quartier qui souhaiterait entrer dans
cette dynamique de partage.
Cet atelier ouvert à tous se veut être un espace-temps convivial permettant à chaque
participant(e) à échanger des savoirs autour de la cuisine, et ce faisant à partager bien plus
que des savoirs… plaisir d’être ensemble et de profiter des richesses que chacun peut
s’apporter. La cuisine comme fil conducteur de ces rencontres est un moyen de mettre en
valeur les richesses culturelles et humaines de chacun(e). Il s’agit d’apporter ses savoir-faire
ou de venir découvrir des talents ou des ressources encore insoupçonnées. Par ailleurs, ces
expériences de vivre-ensemble sur le thème culinaire, seront valorisées à travers la mise en
ligne des recettes au fil de l’année, sur un blog crée à cet effet.
OBJECTIFS
- Instaurer un temps convivial : préparer des recettes variées, suivi d’un temps convivial
de dégustation sous forme de déjeuner
- Echanger autour de la cuisine (référence différentes cultures-habitudes alimentaires…)
mais également autour de tout autre sujet
- Créer des liens entre habitants du quartier
- Valoriser les recettes des participants en créant un blog/page/site
FONCTIONNEMENT
Qui ? Tout habitant(e) désireux de partager un temps de rencontre convivial autour de la
cuisine, sans prérequis ou compétences nécessaires.
Où ? Dans la cuisine de l’association
Quand ? Le jeudi matin entre 9h30 et 14h Durée de l’atelier : 2h30, de 9h 30 à 12h, suivi d’un
déjeuner partagé.
Fréquence : une fois par mois,
Moyens matériels : matériel de base à lister sous forme d’inventaire
Moyens humains :
2 animatrices pour 8 adultes
RESULTAT
Deux premières séances ont eu lieu en novembre et en décembre. Outre le temps partagé de
confection du repas suivi de la dégustation, elles ont permis de mettre en forme les recettes et
de les publier sur notre site. Le public qui y a participé était divers et les échanges ont bien
fonctionné, dépassant comme nous l’attendions, les simples discussions autour des recettes.
4. Nouvelle policière avec les allocataires RSA
En 2010, nous avons démarré un atelier d’écriture avec les allocataires du service RSA. Le
projet du groupe était la rédaction d’une nouvelle policière. Le travail du groupe était presque
terminé lorsque nous avons dû mettre fin au service RSA suite à la perte du marché fin 2011.
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Aussi, l’achèvement du projet a été un peu plus laborieux. En effet, nous avons perdu les
relations régulières que nous avions avec les allocataires et devant nous séparer de deux
salariées, nos moyens humains sur ce projet ont considérablement baissés.
Toutefois, ce projet est en bonne voie d’aboutissement et nous espérons publier cette
nouvelle en 2013.
LE PARTENARIAT
Les vacances familiales reposent sur un dispositif multi partenarial.
La Fédération des Centres Sociaux nous soutient par l’octroi de chèques vacances. La Ville
de Paris et la Préfecture de Paris nous apportent également leur concours via le dispositif
VVV (Ville Vie vacances). Le Conseil régional (via l’UNAT) nous soutient dans le cadre de son
programme « Premiers départs ».
Il faut noter qu’un certain nombre de partenaires institutionnels et culturels font de gros efforts
en ce qui concerne les politiques d’accès des publics fragilisés. Outre la gratuité ou les tarifs
réduits (qui ne sont malheureusement pas systématiques), nous avons la chance de
bénéficier d’accueils adaptés à nos publics et de formation ou de concertation pour les
travailleurs sociaux (comme au Louvre et à la Cité des Sciences). Ces dispositifs nous
permettent de ne pas nous replier sur nous-mêmes mais au contraire de pouvoir échanger sur
nos pratiques avec les autres et de faire progresser nos réflexions sur le sens de notre travail.
Le Conseil Régional finance également une partie des projets de fête de Noël et du repas de
quartier de l’association et celui de la fête de la Goutte d’Or.
Nous travaillons régulièrement avec les associations du quartier : La Salle Saint Bruno, Les
Enfants de la Goutte d’Or, ADOS, ADCLJC… sur des projets d’animation de quartier comme
la Fête de la Goutte d’Or.
PERSPECTIVES
Cette action s’adresse à tous les publics du centre et est ouverte aux habitants qui ont ainsi
une première occasion de connaître le centre.
Les événements et la communication que nous avons mis en place à l’occasion de
l’emménagement dans le nouveau local ainsi que notre implantation dans le nord du quartier
nous permet de toucher d’autres habitants. Nous souhaitons continuer sur cette voie en
mettant en place des actions qui permettent à un maximum d’habitants de se rencontrer.
63
ACTIONS PARENTS
1 – CONSTATS
Le public rencontré par le Centre social est composé de personnes principalement issues de
l’immigration (majoritairement maghrébine et africaine). En revanche, leurs enfants sont, bien
souvent, nés en France et ne connaissent pas ou peu le pays de leurs origines. Il y a
fréquemment un décalage entre les parents qui viennent de sociétés traditionnelles et les
enfants qui baignent dans la culture française accentué par le manque de dialogue
intergénérationnel. Toutes les familles connaissent cette difficulté de dialoguer. Dans le public
que nous recevons, elle est particulièrement renforcée par plusieurs éléments :
L’exil : L’immigration résulte rarement d’un choix positif. Elle est due à des contraintes
économiques, aux pressions de l’entourage, à l’insécurité… De nombreux parents ont
vécu l’exil comme un déchirement. Ils ont souvent subi des vexations, des humiliations.
Ce parcours a été si douloureux qu’ils ne peuvent parler à leurs enfants de leur passé.
La précarité : La survie immédiate absorbe une grande partie de l’énergie des parents
en situation de précarité. Cela les rend moins disponibles pour leurs enfants. Leur
insécurité les fragilise dans leur rôle de parent. « Quand soi-même on n’a pas de
place, comment on peut dire à son enfant : voilà ta place ! » disait une mère de famille.
Le décalage culturel : La plupart des parents viennent de société où les adultes
collectivement éduquent les enfants. Ici, ils se retrouvent en familles nucléaires et sans
y avoir été préparés, seuls pour assumer la responsabilité éducative de leurs enfants.
Cela se passe dans un contexte qu’ils ne connaissent pas ou mal. L’école, les
structures Petite enfance, les travailleurs sociaux, la police, la justice sont des
interlocuteurs auxquels, ils n’avaient souvent jamais eu à faire dans leur pays d’origine.
Face à ces difficultés, les parents sont trop souvent seuls et démunis. Ils ont besoin de lieux
où parler et être écoutés, d’interlocuteurs qui les aident à comprendre leur situation et ce que
vivent leurs enfants, à s’adapter aux règles et à la culture française sans dévaloriser la leur. Ils
ont besoin de prendre confiance en eux, en leur capacité à être de bons parents et à regarder
positivement leur enfant même s’il ne correspond pas à l’enfant rêvé. Il s’agit de mutualiser et
de valoriser leurs compétences dans un contexte où les parents sont trop souvent culpabilisés
et désigner comme seuls responsables des dérives éventuelles de leurs enfants.
2 – LES ACTIONS
Le soutien à la parentalité est un axe transversal à toutes les activités du Centre.
Cela se traduit dans la halte-garderie Caravelle par les ateliers parents/enfants, les réunions
thématiques en direction des parents, les temps de convivialité et l’accompagnement
individuel de certains parents. Dans les actions Enfance Jeunesse et dans plusieurs actions
de l’animation socioculturelle, les temps de rencontre avec les parents sont multiples. Mais cet
axe est également présent dans les autres actions.
Ainsi dans les Ateliers Socio Linguistiques, les thèmes de l’enfance, l’adolescence, l’école,
l’éducation sont travaillés et une des motivations fréquemment exprimées par les femmes lors
de leur inscription est de mieux pouvoir suivre la scolarité de leurs enfants.
Dans le cadre de la permanence sociale, de nombreux parents nous parlent de leurs relations
avec leurs enfants. Ils connaissent les inquiétudes et les questionnements de tous les parents
du monde mais certains sont confrontés à des difficultés sérieuses. Nous sommes amenés à
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les aider dans leurs relations avec les écoles, les services sociaux, la justice. Il s’agit souvent
d’un travail d’explication auprès des parents qui ne comprennent pas toujours bien le rôle de
certains intervenants et le sens de leurs actions. Par ailleurs, certains parents culpabilisent par
rapport à leur situation : le mal logement, la précarité ou l’absence de titre séjour sont rendus
responsables de certaines de leurs difficultés.
Bien des parents sont à la recherche de quelqu’un qui puisse les écouter, auprès duquel ils
peuvent déposer leur « paquet ». Il nous semble essentiel de veiller à toujours créer les
conditions pour que le dialogue soit possible.
Outre ces temps d’écoute individuelle, nous avons poursuivi des actions collectives déjà
décrites plus haut dans les différents secteurs.
Le rassemblement des activités dans le même local a permis de rassembler des parents du
secteur enfance/jeunesse avec ceux de l’animation socio culturelle et familiale pour un café
des parents.
- Le café des parents :
C’est un temps convivial, organisé tous les mois autour d’un café ou d’un thé. Les parents qui
le souhaitent y viennent sans inscription, sans engagement dans la durée. L’objectif est de se
rencontrer, d’échanger autour de sujets liés aux enfants.
Pour tous les parents, le fait de ne plus se sentir seuls, de ne pas être jugés leur permet
d’accepter et d’envisager des solutions pour faire face. L’échange avec d’autres parents est
également un élément primordial car il permet de montrer différentes façons de prendre en
compte les questions éducatives.
Dans ce groupe il y avait d’une part, des parents bien informés, impliqués dans le
fonctionnement de l’école et qui se sont mobilisés pour défendre l’éducation des enfants du
quartier. Leur attente vis-à-vis de l’association est plutôt de bénéficier d’un lieu ressources et
d’aller à la rencontre d’autres parents. Ils sont autonomes pour monter leurs propres actions,
ils ont seulement besoin d’un soutien.
Nous avions aussi un public moins à l’aise avec l’expression orale (en français), ne maîtrisant
pas forcément les rouages du système scolaire et plus intéressés pour échanger avec
d’autres parents sur les questions qu’elles se posent par rapport à l’éducation, au sens large,
de leurs enfants, voire pour échanger sur des difficultés de la vie quotidienne (vie de couple,
logement, emploi…).
Pour répondre à cette attente d’échange plus informels, nous avons proposé, à partir de la
rentrée scolaire un atelier cuisine facilitant les échanges pour des personnes moins à l’aise
pour s’exprimer.
Le café des parents se poursuit mais cette double proposition permet à chacun d’aller vers
l’action qui lui convient le mieux ou aux deux.
3 – PERSPECTIVES
Nous poursuivrons ces actions en veillant toujours à instaurer un climat permettant à chacun
de s’exprimer sans crainte de jugement, en s’appuyant sur les expériences et les
compétences de chaque parent pour alimenter les échanges.
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RAPPORT MORAL
Pérennité de l’association Accueil Goutte d’Or : un avenir qui repose sur le collectif
2012 fut une année dense et complexe pour Accueil Goutte d’Or. En janvier 2012, la perte du
marché RSA et le licenciement de deux salariées a fragilisé l’association, tant au niveau
humain, qu’au niveau financier. Une période de doute s’en est suivie. La confrontation à un
système de financement public - qui privilégie de plus en plus les appels d’offre et la mise en
concurrence des associations - remet en cause la stabilité du centre social et nous interpelle
quant à son avenir.
Comment continuer à penser nos actions sur du long terme lorsque les sources de
financements se révèlent de moins en moins pérennes et plus ciblées sur des actions
spécifiques? Jusqu’où pouvons-nous diversifier nos financements? Comment concilier cette
incertitude avec un engagement sur le terrain basé sur une relation de confiance construite
avec les habitants pendant plusieurs décennies? Quelles sont les nouvelles actions à
envisager et dans quelles conditions faut-il les mener?
Les équipes des salariés, des membres du conseil d’administration et des bénévoles se sont
rapprochées pour mener une réflexion interne afin de construire des jalons pour l’avenir du
centre. Des groupes de travail se sont constitués autour des problématiques importantes : les
conditions et la nature des financements privés, les nouvelles actions à mener, la
communication destinée aux habitants et aux partenaires, l’implication des habitants dans le
fonctionnement même du centre, l’organisation de temps de convivialité et de transversalité
des secteurs.
Ce travail en commun a permis d’asseoir la certitude que nous partageons -encore et
toujours- la même vision : écarter les actions à court terme et basées sur le consumérisme,
qui pourraient dénaturer la relation avec les habitants. Ensemble, nous avons évoqué ce qui
constitue l’essence même de notre démarche : les besoins concrets des habitants, qui, dans
la mesure du possible, sont à l’origine de nos actions. Depuis sa création, Accueil Goutte d’Or
ne cesse de penser ses activités de manière transversale, en lien les unes avec les autres,
afin de permettre à l’ensemble des usagers et des bénévoles de pouvoir se retrouver, année
après année, selon les évolutions de chacun. Accueil Goutte d’Or doit rester un outil pour
celles et ceux qui souhaitent partager, s’informer, apprendre… et cela autant pour les
bénévoles que pour les usagers ou salariés. C’est notamment dans cet état d’esprit que nous
avons décidé de nous engager dans une réflexion au long cours autour de l’éducation
populaire.
Dans ce mouvement d’introspection, nous avons pointé les faiblesses d’Accueil Goutte d’Or :
si l’engagement des habitants issus du quartier est important au sein du conseil
d’administration, nous avons des difficultés à favoriser une plus grande participation des
usagers au pilotage de l’association.
Certains publics sont peu touchés. Les salariés sont actuellement en train de mettre en place
un nouveau projet de formation linguistique afin de toucher les jeunes de 16/25 ans, un public
qui n’était jusqu’à présent pris en compte par Accueil Goutte d’Or.
Par ailleurs, comment créer des ponts entre habitants qui s’ignorent ? Comment permettre un
dialogue qui puisse évoquer les richesses issues de la diversité ? Nous savons qu’il nous faut
ouvrir un peu plus grandes nos portes, investir nos rues, créer des évènements qui soient
l’occasion de rencontres entre habitants et continuer à organiser des moments collectifs, telles
les braderies ou les repas de quartier. Le désir d’être ensemble vitalise et irrigue les veines
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d’une association comme Accueil Goutte d’Or et nous sommes déterminés à continuer dans
cette voie : rendre Accueil Goutte d’Or plus accessible afin que les habitants puissent s’en
emparer librement, qu’ils puissent y proposer des actions et des projets à mener en
partenariat avec l’équipe des salariés ou de façon autonome. Cela se fait et se fera d’autant
plus facilement que les actions menées dans chaque secteur permettent d’ores et déjà des
liens forts avec les habitants que nous aurons cœur à faire vivre et à faire grandir.
Accueil Goutte d’Or : une diversité à l’image de son quartier
A travers ses activités -portées par les salariés, les usagers et les bénévoles- Accueil Goutte
d’Or rassemble en son sein des parisiens de toutes classes sociales, de toutes origines et de
confessions différentes. Jour après jour, une multitude de gestes et de paroles traversent et
imprègnent l’association, laissant sur son passage les traces d’une humanité urbaine en
devenir. Accueil Goutte d’Or est donc un lieu où s’énonce, de manière continue, une
expérience multiple du monde, exigeant un questionnement permanent sur le fonctionnement
et les pratiques de l’association.
Les enfants, les femmes et les hommes qui décident de participer à la vie d’Accueil Goutte
d’Or, déposent en son sein une approche singulière de la ville et de notre société. Face à
l’adversité, aux aléas de vies qui se révèlent particulièrement cruels pour une grande partie de
la population du quartier, des résistances s’inventent là où notre société échoue à combler les
fractures sociales. Entraides, mutualisations, trocs et solidarités alimentaires, systèmes de
banques et prêts entre particuliers, stratégies compensatoires palliant l’illettrisme, décryptage
aigu des dangers intrinsèques à la précarité urbaine, veille des mères quant à la détresse
scolaire et la menace des trafics… Ces femmes et ces hommes sont les hérauts d’une société
vacillante et leurs voix dépeignent les impasses de notre pratique sociétale de la ville.
Malheureusement, ils ont de grandes difficultés à se faire entendre.
La démocratie locale, telle qu’elle est pratiquée actuellement, porte en elle-même les strates
inégalitaires présentes dans le tissu social des quartiers. Il y a ceux qui ont accès à la parole,
à l’expression de leurs droits et ceux qui ne l’ont pas. Et il est surprenant d’observer à quel
point ceux qui parlent, aiment parler pour tous : ils savent de quoi doit se constituer le bien
commun et déterminer quel doit être son usage, laissant à la marge celles et ceux qui ne
rentrent pas dans les cases. Si les associations permettent dans un premier temps de relayer
auprès des élu-e-s une parole inaudible - celle des sans-droits, celles des citoyen-e-s de
seconde zone qui n’ont pas accès au droit de vote- il relève de notre clairvoyance de discerner
les limites des politiques à prendre en considération ces usages parfois différents de la ville, et
de faire le constat d’un étatisme qui se contente souvent de perpétuer le tout répressif.
Alors que nous reste- t-il? Garder intact le désir d’être ensemble, fédérer les motivations et les
énergies sur le long terme et continuer à s’autoriser une certaine audace. L’audace d’apporter
quelques réponses ou d'en construire de nouvelles avec les enfants, les familles, les hommes
et les femmes qui choisissent de venir au centre. L’audace d’investir ensemble des territoires
laissés en jachère et aller au-devant des appréhensions vis-à-vis de l’altérité sociale et
existentielle d’autrui. Pour cela, continuons à écouter et à donner écho à des chemins de vie,
des intimités, des mémoires particulières: celle de ces luttes quotidiennes, silencieuses et
invisibles qui se font dans l’ombre des villes - des luttes contre la précarité, pour la dignité.
Dans les murs d’Accueil Goutte d’Or, là où la parole se déploie, gardons intact le plaisir
d’écouter une langue traversée et réinventée par le multilinguisme de la Goutte d’Or : l’ironie
des femmes africaines, la poésie des femmes kabyles, l’invention de ces femmes et de ces
hommes qui scandent et injectent de si belles métaphores dans leur oralité. Oralité qui porte
en elle même le mouvement et la dynamique de la multitude du monde.