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Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre (Galeocerdo cuvier) et du requin bouledogue (Carcharhinus leucas) Antonin BLAISON, mai 2012 Programme CHARC (Connaissances de l’écologie et de l’HAbitat de deux espèces de Requins Côtiers sur la côte Ouest de La Réunion), Phase I Requin tigre, © http://listnation.blogspot.com/2012/03/10mostbadasssharksinworld.html Requin bouledogue, © Zeppy, 1969

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Rapport bibliographique :

Biologie et Ecologie du requin tigre (Galeocerdo cuvier) et

du requin bouledogue (Carcharhinus leucas)

Antonin BLAISON, mai 2012

Programme CHARC (Connaissances de l’écologie et de l’HAbitat de deux espèces de

Requins Côtiers sur la côte Ouest de La Réunion), Phase I

Requin tigre, © http://listnation.blogspot.com/2012/03/10‐most‐badass‐sharks‐in‐world.html  Requin bouledogue, © Zeppy, 1969 

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

SOMMAIRE

Résumé ................................................................................................................. 2

Synthèse de l’étude bibliographique ................................................................. 5

Le requin tigre ..................................................................................................... 6

Introduction ................................................................................................................................6

1. Distribution et habitat............................................................................................................7

2. Alimentation..........................................................................................................................8

3. Reproduction .......................................................................................................................10

4. Age et développement.........................................................................................................11

Fécondation........................................................................................................................11

Taille à la naissance ............................................................................................................12

Taux de croissance..............................................................................................................12

Maturité sexuelle ...............................................................................................................13

Taille maximale ..................................................................................................................13

5. Patterns de mouvements et utilisation de l’habitat..............................................................14

6. Bibliographie........................................................................................................................17

Le requin bouledogue........................................................................................ 22

Introduction ..............................................................................................................................22

1. Distribution..........................................................................................................................23

2. Alimentation........................................................................................................................24

3. Reproduction .......................................................................................................................26

Gestation............................................................................................................................26

Cycle Reproducteur ............................................................................................................26

4. Age et développement.........................................................................................................27

Fécondation et taille à la naissance.....................................................................................27

Taux de croissance..............................................................................................................28

Maturité sexuelle ...............................................................................................................29

Taille maximale ..................................................................................................................29

5. Patterns de mouvements et utilisation de l’habitat..............................................................30

Saisonnalité et migration....................................................................................................30

Utilisation de l’habitat et mouvements à court terme.........................................................32

6. Bibliographie........................................................................................................................36

Annexe ................................................................................................................ 42

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

 

Résumé

Ce rapport bibliographique fait la synthèse et la critique de 125 publications et rapports

scientifiques publiés sur la biologie et l’écologie des requins tigres et des requins bouledogues entre 1943 et 2012. Requin tigre (Galeocerdo cuvier)

Le requin tigre (Galeocerdo cuvier) est le deuxième plus grand poisson prédateur au monde après le requin blanc (Carcharodon carcharias). Le requin tigre mesure généralement entre 3 et 4 mètres pour un poids compris entre 350 et 700 kilos. Le plus grand requin tigre pêché est une femelle de 7 mètres 40 pour un poids de plus de 3 tonnes. L’âge maximum estimé est de 27 ans.

Le requin tigre est une espèce côtière et pélagique. Son aire de répartition comprend les eaux côtières et hauturières des mers tropicales et subtropicales. Le caractère hautement migratoire de cette espèce suggère que son aire de répartition est encore sous-estimée.

Le régime alimentaire des requins tigres est le plus diversifié parmi les élasmobranches. Il s’alimente principalement de poissons, de dauphins, de dugongs, de tortues de mer, de serpents de mer, d’oiseaux de mer, de crustacés, d’élasmobranches voire même d’autres mammifères marins et terrestres. Il a des proies préférentielles qui varient d’une région géographique à l’autre. Ses habitudes alimentaires peuvent être influencées par plusieurs facteurs : la disponibilité en proie, l’expérience de l’individu et son stade de maturité (en rapport avec la taille).

Il est l’unique ovovivipare de la famille des Carcharhinidés. Les œufs incubent et éclosent à l’intérieur de la mère. Avec une période de gestation relativement longue (entre 15 et 16 mois), le cycle reproducteur serait d’au moins deux ans. Certains auteurs émettent l’hypothèse d’un cycle trisannuel.

Les requins tigres ont des portées importantes (une trentaine de nouveaux nés en moyenne), une taille à la naissance qui les protège de la majorité des prédateurs, un taux de croissance élevé et une maturité relativement précoce par rapport aux autres requins de la même famille (l’âge à première maturité varie entre 7 et 10 ans selon les zones du globe). Ces informations suggèrent un potentiel de reproduction plus grand chez cette espèce par rapport aux autres Carcharhinidés. Néanmoins, les études sur les jeunes suggèrent un taux de mortalité important des nouveaux nés (entre 27% et 62% selon les observations). Le requin tigre est l’un des élasmobranches avec les plus forts taux de croissance. Ce taux diminue avec l’age et varie de 50 à 10 cm.an-1 entre 1 an et 10 ans.

L’utilisation de l’habitat est très variable entre les individus qu’ils soient originaires ou non d’une même région. Dans les eaux côtières, les requins semblent limiter leurs mouvements à des zones peu étendues, ont des déplacements circulaires et nagent principalement près du fond. Les mouvements des requins tigres à l’échelle d’une baie pourraient être corrélés avec ceux de ses proies favorites. Au contraire, dans les eaux hauturières, les individus suivis ont des nages orientées à des profondeurs moyennes comprises entre 60 et 80 mètres (profondeur maximum enregistré : 335 mètres). Plusieurs individus peuvent rester dans une même zone insulaire toute leur vie, d’autres vont étendre leur domaine vital à l’ensemble d’archipels, et d’autres encore sont capables de faire des

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migrations transocéaniques. La plus grande migration observée chez les requins tigres est celle d’un requin entre l’Australie et l’Afrique du Sud. La disponibilité en proies et la température de l’eau semble jouer un rôle important dans ces déplacements et leurs variations individuelles. Requin bouledogue (Carcharhinus carcharias)

Le requin bouledogue a une aire de répartition très étendue comprenant les eaux chaudes tropicales et sub-tropicales. C’est une espèce côtière et semi-pélagique. Il a longtemps été décrit comme vivant dans les eaux peu profondes mais des profondeurs jusqu’à 140 mètres ont pu être mesurées récemment ce qui a remis en cause son affinité exclusive à des zones côtières peu profondes. Il est souvent observé dans les lacs, les zones d’estuaires et remonte régulièrement les fleuves. C’est l’une des rares espèces de requin euryhalines. Comme les autres espèces de requins « évoluées », le requin bouledogue possède une mâchoire hyostylique. La mâchoire supérieure n’est pas soudée à la mâchoire inférieure. Les estimations de taille maximale indiquent une longueur de 340 cm (LT) mais un spécimen a été capturé mesurant 400 cm.

Les requins bouledogues ont un régime alimentaire diversifié mais bien défini. Il comprend la majorité des poissons (y compris les autres requins), les céphalopodes, les cétacés, les tortues, les oiseaux et certains mammifères terrestres. Les requins bouledogues ne s’attaquent pas aux baleines vivantes mais ils sont régulièrement signalés autour de carcasses dérivantes en pleine mer. Le type de proie ne change pas en fonction de l’âge, mais la taille de celle-ci augmente proportionnellement à la taille du requin. A la Réunion, la présence de tortues, de dauphins et saisonnièrement de baleine en plus des proies généralement décrites pourraient jouer un rôle sur la composition du régime alimentaire du requin bouledogue dans cette région de l’Océan Indien.

Le cycle de reproduction des requins bouledogues est encore peu connu. Les requins bouledogues ont une maturité tardive. Les femelles arrivent à maturité à 10 ans pour une taille supérieure à 200 cm et les mâles à 9-10 ans pour une taille comprise entre 190 et 200 cm. Le temps de gestation de 10 à 11 mois pourrait inclure un cycle annuel, bisannuel ou triannuel. Le requin bouledogue est une espèce vivipare. L’embryon est nourri par la mère par l’intermédiaire d’une liaison placentaire. La femelle donne naissance à des portées de 1 à 9 nouveaux nés. La taille à la naissance varie de 50 à 80 cm (LT).

Le taux de croissance des requins bouledogues est lent, variable entre individus et dépend du stade de maturité (entre 4 et 20 cm.an-1). Il varie d’une région à l’autre. Pour expliquer cette différence, les auteurs émettent l’hypothèse du rôle majeur de l’habitat et de ses caractéristiques dans le développement biologique et comportementale.

Dans les zones côtières, la répartition des requins adultes semble dépendre majoritairement de la structure bathymétrique des fonds qu’ils occupent, mais trois autres facteurs ont également été mis en évidence, la température de l’eau, la salinité et la turbidité. Le requin peut vivre dans des eaux peu salées mais lorsque l’apport d’eau douce est trop important, les requins quitteraient les rivières. Cette observation suggère que les mouvements à court terme des nouveaux nés et des jeunes de l’année sont davantage influencés par la salinité que par le risque de prédation. Bien que les requins bouledogues semblent évoluer

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préférentiellement dans des eaux à forte turbidité, très peu d’études ont été réalisées sur l’influence de ce facteur.

A l’heure actuelle, il est bien admis que cette espèce montre une grande fidélité au site, particulièrement les nouveaux nés, les jeunes de l’année et les juvéniles. Les comportements des sub-adultes et des adultes apparaissent plus complexes à définir. Les différentes études ont montré que si ces derniers passent la majorité de l’année au même endroit, durant l’hiver beaucoup disparaissent pour réapparaitre quelques mois plus tard. L’hypothèse acceptée est que les requins bouledogues en âge de se reproduire migrent pendant l’hiver dans d’autres régions du monde pour l’accouplement ou la mise bas.

Les requins bouledogues auraient un changement ontogénique dans leur pattern de mouvement avec une augmentation de la taille de leur territoire et de leur déplacement migratoire au cours de leur croissance. Ainsi, les nouveaux nés et les jeunes de l’année naissent et restent pendant au moins un an dans les zones côtières à proximité d’un estuaire (nurserie). En devenant sub-adultes, ils migrent progressivement vers des habitats moins côtiers où ils rejoignent les individus adultes. A ce stade, ils restent la plupart de leur vie au même endroit migrant saisonnièrement dans d’autres régions du monde pour s’accoupler et reviennent pour mettre bas.

Les distances maximales parcourues par les requins bouledogues marqués sont faibles à 2 exceptions près, n’excédant pas 650 kilomètres. Les mouvements migratoires sont donc relativement restreints en comparaison des autres espèces. Si ce scénario est bien accepté, il manque néanmoins de validation scientifique.

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Synthèse de l’étude bibliographique

Une étude sur l’écologie et l’habitat des requins tigres (Galeocerdo cuvier) et des requins

bouledogues (Carcharhinus leucas) près des côtes réunionnaises a débuté suite aux attaques

de requins à La Réunion en 2011. Une des premières étapes importantes de ce projet est de

réaliser un bilan des connaissances sur ces deux espèces à travers le monde. Les résultats de

ce rapport permettront de fournir une base de connaissances pour améliorer notre capacité à

analyser les résultats et des éléments pour comparer l’écologie comportementale de ces

espèces avec d’autres régions du monde.

Ce rapport bibliographique fait la synthèse et la critique de 125 publications et rapports

scientifiques sur les deux espèces, soit 54 études sur le requin tigre entre 1948 et 2012 et 67

sur le requin bouledogue entre 1943 et 2012 (annexe 1). Ces dernières sont synthétisées selon

5 grands thèmes : distribution géographique, alimentation, reproduction, âge &

développement et utilisation de l’habitat. Ce rapport ne fait pas état de toutes les publications

compulsées existantes à l’heure actuelle sur le sujet mais présente l’ensemble des

connaissances majeures disponibles.

Une rapide analyse de l’évolution des études sur ces deux espèces met en évidence trois

phénomènes majeurs : une nette augmentation du nombre d’études après les années 2000

(figure 1) en particulier sur l’utilisation de l’habitat (figure 2) et un manque de connaissance

sur la reproduction des deux espèces (figure 2). En comparaison aux espèces terrestres, les

animaux marins sont difficilement observables, en particulier ceux qui viennent rarement en

surface. Pour pallier à cette contrainte, les auteurs utilisaient majoritairement la pêche, la

méthode de capture/recapture et l’observation visuelle en plongée. Cependant, ces techniques

ne donnent qu’une idée ponctuelle du comportement des requins en limitant le temps

d’observation par individu. La télémétrie a permis de faire avancer nos connaissances dans ce

domaine mais elle est encore peu développée sur ces espèces.

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Figure 1 : Pourcentage de publications et rapports scientifiques (utilisés dans cette

synthèse) au cours du temps depuis 1943

Figure 2 : Nombre de publications et rapports scientifiques (utilisés dans cette

synthèse) classés par thème

Les premières études se sont focalisées sur la distribution géographique des espèces et la

description morphologique et physiologique des animaux. L’apparition de nouvelles

méthodes, a permis de mieux comprendre l’utilisation de l’habitat de ces espèces en rendant

possible le suivi de leurs déplacements à court, moyen et long termes. L’association de ces

données spatio-temporelles aux variations environnementales du milieu a apporté de

nouvelles informations sur l’évolution des animaux dans leur milieu. L’augmentation

importante du nombre d’études sur les requins après l’an 2000 avec une thématique centrée

sur l’utilisation de l’habitat peut être expliquée par les avancées technologiques récentes mais

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également par une prise de conscience collective sur le rôle majeur des requins dans

l’équilibre des écosystèmes (Stevens, 2000 ; Baum et al., 2003 ; Myers et al., 2007).

Le requin tigre

Introduction

Le requin tigre (Galeocerdo cuvier) est le deuxième plus grand poisson prédateur au

monde après le requin blanc (Carcharodon carcharias) (Campagno, 1984). Il a été décrit, la

première fois, en 1822 par Péron et Lesueur sont le nom de Squalus cuvier. Ce n’est qu’en

1837 qu’il est reclassé parmi les carcharhinidés dans le genre Galeocerdo dont il est le seul

représentant actuel (Müller and Henle, 1837). Le requin tigre est l’unique ovovivipare de la

famille des carcharhinidés. Les œufs incubent et éclosent à l’intérieur de la mère.

Contrairement aux vivipares, les embryons n’ont pas de lien placentaire avec l’utérus et se

nourrissent grâce à une poche vitelline qui leur fournit tous les éléments essentiels à leur

croissance.

Le requin tigre a un corps massif de couleurs variables, du bleu au gris-marron en passant

par le gris vert. Il possède des rayures de couleur bleu-gris sur tout le corps qui sont

particulièrement visibles chez les juvéniles. Ces marques distinctives de l’espèce tendent à

disparaitre chez les adultes. Sa tête est large et son nez carré, ce qui le différencie facilement

des autres espèces de requin. Il a une mâchoire symétrique avec des dents plates, crénelées et

pointues, en forme de scie ou « crête de coq ».

Le requin tigre mesure généralement entre 300 et 400 cm pour un poids compris entre 350

et 700 kilogrammes. Cependant, il n’est pas rare d’observer des individus dépassant 500 cm.

Le plus grand requin tigre pêché est une femelle de 740 cm pour un poids de plus de 3 tonnes.

Bien qu’il soit possible que ces mesures aient été surestimées, ce record suggère que cette

espèce pourrait atteindre des tailles et des poids supérieurs à ceux du requin blanc (le plus

grand requin blanc pêché mesurait 640 cm pour un poids de 3,2 tonnes). Ils atteignent leur

maturité entre 7 et 10 ans pour des tailles comprises entre 250 et 350 cm (Whitney and Crow,

2006).

Son régime alimentaire est très diversifié ce qui lui a valu son surnom de « poubelle des

mers ». Il s’alimente principalement de poissons, de dauphins, de dugongs, de tortues de

mer, de serpents de mer, d’oiseaux de mer. Néanmoins, les dernières études sur ses habitudes

alimentaires décrivent un régime alimentaire beaucoup moins opportuniste que ce que l’on

pensait (Lowe et al., 1996).

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1. Distribution et habitat

Le requin tigre est une espèce côtière et pélagique. Son aire de répartition comprend les

eaux côtières et hauturières des mers tropicales et subtropicales (figure 3).

Figure 3 : Aire de répartition mondiale du requin tigre (d’après les données publiées)

Source : Walter inc. original work by Chris

On le retrouve notamment sur le continent américain, du Canada à l’Uruguay, dans le

Golfe du Mexique, aux Bermudes et dans la mer des Caraïbes (Kohler et al., 1996 ;

Branstetter, 1987 ; Menni and Lucifora, 2007) ainsi que du Sud de la Californie au Pérou

incluant Hawaii, les îles Galápagos et Revillagigedo (Briggs, 1961 ; Holland et al., 1999 ;

Sandoval-Castillo et al., 2006 ; Lundberg et al., 2010 ; Meyer et al., 2010) ; sur le continent

européen, en Islande, au Royaume-Uni et en France (Campagno, 1984). Ces informations sont

issues de données de pêches non publiées, et ne sont pas intégrées à l’aire de répartition

mondiale illustrée sur la figure 3) ; sur le continent africain, du Maroc à l’Angola, ainsi que de

l’Afrique du Sud jusqu’en Mer Rouge (Gohar and Mazhar, 1964 ; Smale and Cliff, 1998) ;

dans l’Océan Indien, du canal du Mozambique jusqu’en Inde en passant par La Réunion

(Wintner and Dudley, 2000) ; et en Océanie, notamment en Australie, en Nouvelle Zélande,

en Nouvelle Calédonie et au Japon (Rancurel and Intes, 1982 ; Francis, 1998 ; Simpfendorfer

et al., 2001 ; Haraguchi et al., 2009).

Les requins tigres sont présents dans les eaux côtières de beaucoup de pays à travers le

monde. Cependant, le caractère hautement migratoire de cette espèce suggère que son aire de

répartition est encore sous-estimée notamment dans les eaux hauturières. L’utilisation de

nouvelles technologies comme les balises satellites permettront de mieux définir l’aire de

répartition globale du requin tigre (Meyer et al., 2010). A La Réunion, le requin tigre est

observé depuis de nombreuses années, notamment par les pêcheurs au gros qui en capturent

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ou en observe de temps en temps sur le sec de Saint Gilles. Cependant, aucune donnée ne

permet de définir si cette région de l’Océan Indien constitue une partie de son aire de

répartition ou juste un lieu de passage d’une migration à plus grande échelle. Au cours du

programme CHARC, 5 à 6 requins tigres seront équipés de balises satellites (MiniPat,

Wildlife Computers).Une meilleure connaissance des déplacements à grande échelle des

requins tigres fréquentant les eaux réunionnaises permettra de définir si cette zone fait partie

ou non l’aire de répartition mondiale des requins tigres.

2. Alimentation

Le requin tigre est un prédateur opportuniste avec un régime alimentaire très diversifié

comprenant: les téléostéens, les tortues marines, les serpents de mers, les oiseaux de mer, les

crustacés, les élasmobranches voir même d’autres mammifères marins et terrestres (Gudger,

1949 ; Bass et al., 1975 ; Rancurel and Intes, 1982 ; Stevens 1984 ; Stevens and Mc Loughlin,

1991). Cette capacité à s’alimenter sur un grand nombre d’espèces différentes est expliquée

par sa grande taille (Randall, 1992), sa dentition adaptée pour attraper de grosses proies

(Witzell, 1987) (figure 4), la puissance de sa mâchoire (> 30 kg.mm-2, Evans and Gilbert,

1971) et sa large répartition géographique.

Figure 4 : Dents supérieures et inférieures d’un requin tigre

Source : © Copyright Ross Robertson, 2006

Le requin tigre a des proies préférentielles qui varient d’une région géographique à l’autre,

en fonction de l’abondance des différentes espèces présentes. Au Queensland et à Hawaii, les

requins s’alimentent principalement de téléostéens (Simpfendorfer, 1992 ; Lowe et al., 1996)

alors qu’en Nouvelle Calédonie, les proies les plus fréquentes dans l’estomac des requins

étudiés sont des serpents de mer et des oiseaux marins (Rancurel and Intes, 1982). Cette

différence de régime alimentaire semble se retrouver à des échelles très réduite comme celle

d’une baie. Ainsi, à l’Ouest de Shark Bay (Australie occidentale), Simpfendorfer et al. (2001)

démontrent que les requins tigres s’alimentent principalement de serpents de mer, et en

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moindre quantité de tortues marines et de dugongs. A l’Est de cette baie, Heithaus (2001a)

trouve dans l’estomac des requins essentiellement des dugongs puis en plus petite quantité des

serpents de mers et des tortues marines. Ce dernier suggère que cette différence dans les

proportions de proies trouvées est liée à la différence de substrat entre l’Ouest, où les roches

et les coraux prédominent, et l’Est caractérisé par l’abondance d’herbiers. Le régime

alimentaire des requins tigres dépendrait de l’abondance des proies disponibles, elle-même

influencée par la nature du substrat.

La disponibilité des proies ne semble pas être le seul facteur jouant sur l’alimentation de

ces requins. A proximité d’Hawaii, au banc de la Frégate Française, certains requins tigres ont

été observés tout au long de l’année alors que d’autres ne sont présents que pendant la saison

des premiers envols des jeunes albatros de Laysan (Phoebastria immutabilis) sur lesquels ils

s’alimentent (Meyer et al., 2010). Les auteurs en déduisent que chez cette espèce de requin,

chaque individu aurait un comportement alimentaire propre, sur plusieurs sites d’alimentation,

définis par son expérience migratoire passée.

Dès les premières études sur le régime alimentaire, il a été observé un changement

ontogénique dans la taille et les espèces consommées. En Nouvelle Calédonie, plus les

requins disséqués sont de grande taille plus la proportion de serpents de mer et de téléostéens

diminue au profit de plus grosses proies comme les tortues marines, les mammifères marins et

les élasmobranches (Rancurel and Intes, 1982). De même, en Australie, l’étude du régime

alimentaire démontre une corrélation positive entre la taille des proies et celles des requins

examinés (Simpfendorfer, 1992). A Hawaii, aucune tortue verte et aucun élasmobranche n’ont

été trouvés dans l’estomac des jeunes individus alors que ces espèces sont fréquemment

observées dans ceux d’individus sub-adultes et adultes (Lowe et al., 1996). Heithaus (2001b)

arrive au même constat concernant la prédation sur les dauphins à Shark Bay. La majorité des

cicatrices laissées sur les dauphins provenait de requins tigres adultes. Lowe et al. (1996)

suggèrent trois raisons possibles pour expliquer ce changement ontogénique d’alimentation : -

les plus grands individus peuvent s’attaquer à de plus grandes proies, - les individus de

différentes tailles occupent des habitats différents, - les plus grands individus sont devenus de

meilleurs chasseurs capables de capturer des proies plus rapides.

Le régime alimentaire des requins tigres est le plus diversifié parmi les élasmobranches.

Ses habitudes alimentaires ne semblent pas pour autant aléatoires et sont influencées par

plusieurs facteurs : la disponibilité en proie, la localisation géographique, l’expérience de

l’individu et le stade de maturité (la taille) de celui-ci. A La Réunion, aucune étude sur le

régime alimentaire des requins tigres n’a été réalisée. L’analyse isotopique devrait permettre

d’avoir une première idée sur l’écologie alimentaire de ces requins et pourrait confirmer la

présence d’une ou deux espèces préférentielles avec un changement ontogénique. Ces

nouvelles données seront essentielles pour comprendre la dynamique de répartition spatio-

temporelle des requins tigres près des côtes réunionnaises et leur rôle dans les écosystèmes

marin de cette région.

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

10 

 

3. Reproduction

Le requin tigre est une espèce ovovivipare. Les embryons sont indépendants de la mère.

Ils se nourrissent et se développent grâce à une poche vitelline. La période de gestation est

encore mal définie mais elle est estimée à plus d’un an. En Floride, lors d’une étude sur la

reproduction des requins tigres, les dissections ont révélé la présence d’embryons en début de

développement chez certaines femelles et des embryons presque à terme chez d’autres.

L’ensemble des observations se déroulant sur une même période, les auteurs en déduisent que

la période de gestation doit être d’un peu plus d’un an. Ils l’estiment entre 13 et 16 mois

(Clark et Von Schmidt, 1965). Au Brésil, Alves (1977) retrouve les mêmes résultats suite aux

dissections de requins tigres pêchés au large de Ceará. Une étude plus récente, réalisée à Oahu

(Hawaii) suggère une période de gestation similaire, entre 15 et 16 mois (Withney and Crow,

2006). Cette étude est considérée comme la plus complète et la plus précise à l’heure actuelle,

avec un grand nombre d’individus étudiés et un échantillonnage étalé sur 10 mois. La

difficulté à déterminer une période de gestation précise s’explique par les caractéristiques

physiologiques des embryons. En effet, ces derniers absorbent leur poche vitelline

relativement tôt au cours de leur développement (Longueur Totale > 60cm, Withney and

Crow, 2006). Il est donc difficile de différencier des embryons arrivés à terme, d’embryons en

cours de développement (Figure 5).

Figure 5 : Requin tigre âgé de moins d’un an

Source : George Burgess

Il n’existe que peu d’informations sur le cycle reproducteur des requins tigres. Branstetter

et al. (1987) propose un cycle de reproduction d’au moins 2 ans. Ils se basent sur la période

de gestation définie par Clark et Von Schmidt (1965) et l’observation d’indices

d’accouplement sur les requins (morsures ou blessures au niveau du cloaque ou des

ptérygopodes) qui apparaissent avant la saison des mises bas. Withney and Crow (2006)

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proposent un cycle trisannuel, se basant sur les études précédentes et leurs propres travaux et

observations sur les requins tigres à Hawaii. L’accouplement aurait lieu en janvier et février.

Les femelles, n’ayant pas d’ovocytes matures à cette époque de l’année, stockeraient le

sperme dans une glande oviducale (Pratt, 1993). En juin-juillet, la fécondation et le

développement de l’embryon commenceraient. Il y aurait une période de gestation de 15-16

mois suivie d’une mise bas en septembre-octobre de l’année suivante (Vatter, 2003). La

femelle passerait ensuite un an avant de s’accoupler à nouveau.

Malgré la précision dans la description de ce cycle reproducteur, il reste encore beaucoup

d’incertitude. Si les périodes d’accouplement et de parturition commencent à être mieux

connues, la question de l’annualité du cycle est encore non résolue : Est-il bisannuel ?

Trisannuel ? Est-il constant dans le temps et l’espace ? Dans le cas d’un cycle trisannuel,

pourquoi les femelles attendent un an après la parturition pour s’accoupler à nouveau ? Les

mâles ont-ils le même cycle ou se reproduisent-ils chaque année ? Où s’accouplent-ils ?

A l’heure actuelle, la reproduction des requins tigres nécessite d’avantage de

connaissances et d’études pour être mieux définie et comprise. A La Réunion, une meilleure

compréhension du cycle reproducteur des requins tigres et des comportements associés

permettrait de mieux appréhender les questions d’abondances saisonnières et/ou annuelles,

d’utilisation de l’habitat et de changement de comportements. Ces questions peuvent être

cruciales en termes de variation du « risque requin ». En effet, si les femelles requins tigres se

rapprochent de la côte pour mettre bas une cinquantaine de nouveaux nés (par femelle), le

nombre d’interactions humains/requins sera potentiellement plus élevé l’année de la

reproduction. La même logique peut s’appliquer si l’accouplement se déroule prêt des côtes à

une période donnée selon une fréquence bis ou trisannuelle. Au cours du programme

CHARC, l’observation de femelles gestantes, qui ont mis bas, qui ont des marques

d’accouplement et/ou l’observation de nouveaux nés, devraient permettre de définir la ou les

zones de reproduction (lieu de mise bas et/ou d’accouplement). Cependant, la définition d’un

cycle reproducteur sera difficile à définir étant donné son caractère pluriannuel. Il faudra

pour cela réaliser une étude spécifique sur au moins trois ans.

4. Age et développement

Fécondation

Les femelles donnent naissance à des portées d’une trentaine de nouveaux nés en

moyenne (Whitney and Crow, 2006). Cependant, ce nombre varie beaucoup d’un individu à

l’autre. A Hawaii, sur 23 femelles gestantes étudiées, le nombre d’embryons par femelle serait

compris entre 3 et 57 avec une moyenne de 33 (Whitney and Crow, 2006). En Australie,

Simpfendorfer (1992) retrouve cette grande variabilité associée au même nombre moyen

d’embryons par femelle. En Floride, ce nombre serait compris entre 37 et 56 (Kohler et al.,

1996).

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

12 

 

Au vu du grand nombre de nouveaux nés par portée, Branstetter et al. (1987) suggère un

taux de mortalité important pour cette classe d’âge. Une étude sur la mortalité des jeunes

requins tigres au Nord du Golfe du Mexique et sur les côtes Sud-Est des Etats-Unis a

confirmé cette hypothèse (Driggers et al., 2008). Le taux de mortalité pour les jeunes de

l’année (YOY : Young of the Year) serait de 51% dans le Golfe et 39% sur les côtes Est

américaines. Ce taux est légèrement différent pour les requins juvéniles (individus de plus

d’un an) avec 62% dans le Golfe et 27% sur les côtes Est américaines. Au-delà de la

confirmation d’un taux de mortalité très élevé, les auteurs mettent en évidence la grande

variation de ce taux en fonction de la localisation géographique. Ce phénomène n’est toujours

pas bien compris à l’heure actuelle.

Le taux de mortalité élevé mais variable géographiquement peut avoir des conséquences

sur l’estimation de la population de cette espèce à la Réunion. Si le taux de mortalité se

rapproche de celui du Golfe du Mexique, la population de nouveaux nés et de jeunes de

l’année sera potentiellement plus faible que si ce taux se rapproche de celui estimé sur les

côtes Est américaines.

Taille à la naissance

La taille à la naissance varie entre 80 et 90 centimètres (Simpfendorfer, 1992 ; Schwartz,

1994 ; Whitney and Crow, 2006). Les premières études sur le sujet estiment une taille à la

naissance beaucoup plus petite. Bigelow et Schroeder (1948) et Baughman et Springer (1950)

ont suggéré une taille à la naissance comprise entre 45 et 50 centimètres. Ces résultats ont été

déduits d’observations de nouveaux nés nageant dans les eaux du Golfe du Mexique. En

1965, Clark et Von Schmidt ont observé des embryons beaucoup plus grands et concluent que

les individus observés dans les précédentes études devaient être prématurés. L’observation

d’embryons de tailles supérieures à 80 centimètres dans les études plus récentes semble

confirmer cette hypothèse.

Taux de croissance

Le requin tigre est l’un des élasmobranches avec les plus forts taux de croissance. Les

nouveaux nés et les juvéniles ont un taux de croissance très élevé jusqu’à ce qu’ils deviennent

matures. Les individus matures ont leur taux de croissance qui diminue progressivement avec

l’augmentation de leur taille. Branstetter et al. (1987) estiment que les requins tigres du Golfe

du Mexique et de l’Atlantique Nord-Ouest ont un taux de croissance de 50 cm.an-1 la première

année, de 40 cm.an-1 jusqu’à 3 ans, de 30 cm.an-1 entre 4 et 7 ans, puis de 20 à 10 cm.an-1 au-

delà de 7 ans. Natanson et al. (1999) ont retrouvé des taux de croissance assez proches chez

les populations de requins tigres en Floride. Ils estiment que les requins grandissent de 40 à 45

cm.an-1 la première année et de 35 à 45 cm.an-1 la deuxième. Les études plus récentes

montrent un taux de croissance plus faible même dans les premiers stades de maturité.

Wintner et Dudley (2000) en Afrique du Sud, puis Wirsing et al. (2006) en Australie, trouvent

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

13 

 

des taux de croissance de respectivement 32 cm.an-1 et 35 cm.an-1 jusqu’à ce que les animaux

atteignent leur taille adulte. Ils estiment le taux de croissance des adultes à respectivement 4

cm.an-1 et 12 à 15 cm.an-1. Cette différence peut être due à plusieurs facteurs : - la localisation

géographique : Branstetter et al. (1987) met en évidence une différence de vitesse de

croissance entre les populations du Golfe du Mexique et de l’Atlantique Nord-Ouest ; - la

taille considérée pour les nouveaux nés : Natanson et al. (1994) a considéré une taille à la

naissance de 65 cm alors que l’on sait aujourd’hui que cette taille est sous-estimée et serait

comprise entre 80 et 90 cm ; - et la méthodologie : bien que dès les premières études,

l’analyse des anneaux de croissance sur les vertèbres était couplée avec des campagnes de

capture/recapture, cette technique a beaucoup évoluée et est désormais beaucoup plus précise.

Maturité sexuelle

Les requins tigres ont une maturité relativement précoce en comparaison avec les autres

requins de la même famille (Carcharhinus plumbeus : 15–30 ans ; Casey and Natanson, 1992

; Carcharhinus falciformis : 6,5–12 ans ; Bonfil et al., 1993 ; Carcharhinus obscurus : 19–20

ans ; Natanson, 1994). Dans l’Atlantique Nord-Ouest, l’âge à première maturité était de 10

ans pour les mâles et les femelles (Branstetter et al., 1987). Dans le Golfe du Mexique,

(Branstetter et al., 1987) et en Floride (Natanson et al., 1999), l’âge à première maturité était

estimé à 7 ans pour les mâles et 8 ans pour les femelles. La taille à maturité est de 310

centimètres chez les mâles et 315-320 cm chez les femelles (Branstetter et al., 1987 ; Kohler

et al., 1996).

Taille maximale

La taille maximale enregistrée pour un requin tigre est 740 cm (LT). Cependant, la

majorité des plus grands requins tigres observés ne dépasse pas 500 cm (LT). L’étude de

Branstetter et al. (1987), indique que la plus grande femelle et le plus grand mâle mesuraient

tous les deux 381 cm (LT) pour des âges respectifs de 16 et 15 ans. Kohler et al. (1996)

observaient une taille maximum de 339 cm (LT) dans l’Atlantique Nord-Ouest. Wirsing et al.

(2006) ont recensé un requin tigre de 445 cm (LT). Les différents auteurs ont calculé un âge

maximum compris entre 20 et 37 ans. Les résultats de Natanson et al. (1999) en Floride

étaient plus précis en estimant un âge maximum de 27 ans. Branstetter et al. (1987) et

Natanson et al. (1999) suggèrent que les femelles deviennent matures à 25% de leur âge

maximum et seraient capables de se reproduire une dizaine de fois, sur la base d’un cycle de

reproduction de plus de 2 ans.

Les requins tigres ont des portées importantes, une taille à la naissance qui les protège de

la majorité des prédateurs, un taux de croissance élevé et une maturité relativement précoce.

Ces informations suggèrent un potentiel de reproduction plus grand chez cette espèce par

rapport aux autres Carcharhinidés. Cela implique une population de requins tigres

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

14 

 

importante, composée d’individus qui atteignent rapidement de grandes tailles par rapport

aux requins bouledogues.

5. Patterns de mouvements et utilisation de l’habitat

L’utilisation de l’habitat est l’un des traits d’histoire de vie le plus étudié ces dernières

années. La majorité des premières études sur le sujet se sont basées sur des observations

visuelles opportunistes ou sur le résultat de campagnes de pêche (Springer, 1943 ; Bigelow

and Schroeder, 1948 ; Springer, 1963 ; Randall, 1967 ; Tester, 1969). Les informations étaient

fragmentaires et souvent limitées par la méthodologie. C’est en 1981 que la première étude

utilisant la technologie acoustique fut lancée (Tricas et al., 1981). Bien qu’elle s’est déroulée

sur un seul requin, elle fut le prélude à de nombreuses autres études sur les déplacements à

court et long termes des requins tigres (Holland et al., 1999 ; Heithaus et al., 2001 ; Holland

et al., 2001 ; Heithaus et al., 2002 ; Heithaus et al., 2006 ; Lowe et al., 2006 ; Heithaus et al.,

2007) (Figure 6).

Les mouvements et les habitudes migratoires des requins tigres sont complexes à définir.

En effet dès les premières études, il est apparu que cette espèce est séparée en groupes

d’individus occupant des espaces vitaux plus au moins grands et composés de zones

spécifiques qu’ils fréquentent annuellement. Alors que la majorité des requins tigres

fréquentant les côtes de la Floride sont des résidents permanents (Springer, 1963), certains

migrent plus au Nord pendant l’été longeant la côte Est des Etats-Unis (Bigelow and

Schroeder, 1948). De même, à Hawaii, certains requins tigres limitent leurs mouvements à

certaines zones alors que d’autres ne sont plus ré-observés dans la zone après le marquage

(Tester, 1969).

Figure 6 : Marquage acoustique en interne et relâche d’un requin tigre à La Réunion

Source : © Geoffrey Bertrand et Estelle Crochelet, 2011

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

15 

 

Ces informations mettent en évidence toute la complexité de l’utilisation de l’habitat par

ces requins. La technique de capture/recapture n’étant pas adaptée à l’étude d’espèces qui font

de grands déplacements, il a fallu attendre le développement des suivis acoustiques pour

mieux comprendre les mouvements de ces requins. En 1981, dans les eaux du banc de la

Frégate Française, Tricas et al. (1981), ont réalisé le premier marquage acoustique d’un

requin tigre. Pendant les 48 heures de suivi, l’individu a limité ses mouvements aux eaux

côtières et a nagé préférentiellement au fond. Bien que cette étude a apporté des nouvelles

informations sur l’utilisation de l’habitat des requins tigres, ce n’est qu’à la fin des années

1990 que les suivis acoustiques ont été utilisés de manière systématique pour ce type d’étude.

En 1999, à Hawaii, Holland et al. ont marqué et suivi 9 requins tigres sur des durées

comprises entre 7 et 50 heures. Les résultats de cette étude ont été sensiblement différents de

ceux de Tricas et al. (1981). Les neuf requins marqués n’ont pas cantonné leurs mouvements

aux eaux côtières mais ont effectué des déplacements au large notamment entre Oahu et le

banc des Pingouins. Les auteurs ont ainsi pu définir l’utilisation de l’habitat côtier et hauturier

des requins tigres à Hawaii et ses alentours. Dans les eaux côtières, les requins semblent

limiter leurs mouvements à des zones peu étendues, ont des déplacements circulaires et

nagent principalement près du fond. Au contraire, dans les eaux hauturières, les individus

suivis nagent en ligne droite à des profondeurs moyennes comprises entre 60 et 80 mètres

avec un record à 335 mètres. Cette capacité à utiliser les milieux pélagiques pour se déplacer a

été déjà suggérée par les prises accessoires des thoniers au large d’Hawaii mais n’avait pas

encore été observée (Polovina and Lau, 1993). Pour conclure, les auteurs déduisent que la

taille de l’espace vital des requins tigres pourrait être très étendue, ne se limitant pas à une île,

un banc ou une baie mais inclurait des zones pouvant être séparées par de grandes distances.

Une étude menée en Atlantique Nord-Ouest, a montré qu’un requin tigre marqué dans cette

zone a traversé l’océan Atlantique jusqu’en Afrique du Sud (Kohler et al., 1998). Cette

observation met en évidence la capacité de certains requins tigres à effectuer des grands

déplacements à l’échelle d’un océan. En 2001, une étude utilisant 5 types de marquages

différents (Roto-tag, balises acoustiques internes et externes, balises archives acoustiques

CHAT et balises satellites) dans la même zone d’étude a confirmé et précisé ces nouvelles

informations sur les requins tigres (Holland et al., 2001). L’ensemble des résultats issus des

différentes méthodes suggère une fidélité au site variable dans l’année et confirme l’existence

d’un espace vital étendu. Les requins tigres seraient constamment en déplacement dans ces

espaces vitaux et ne resteraient pas dans un site particulier plus de quelques semaines. Plus

récemment, il a été mis en évidence que les requins tigres d’Hawaii effectuaient des

déplacements à grande échelle entre plusieurs zones, et non entre deux sites comme l’avait

suggéré Holland et al. (Oahu-banc de la Frégate Française, 1999). Plusieurs requins marqués

ont effectué des allers-retours entre le banc de la Frégate Française et l’île de Midway ou

Kona (Hawaii) (ce qui représente respectivement 1280 kilomètres et 1190 kilomètres; Lowe

et al., 2006). De même, les requins marqués à East Island ont été détectés sur l’ensemble des

îles environnantes. Ainsi, la taille de l’espace vital des requins tigres à Hawaii s’étendrait au

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

16 

 

moins à l’ensemble des archipels (Hawaii, Penguins Island, le banc de la Frégate Française et

ses îles alentours).

Cette fidélité partielle aux sites ainsi que la capacité à effectuer de grandes distances

semblent induire une saisonnalité en termes de présence et d’abondance sur chaque site. Si au

banc de la Frégate Française les requins tigres sont observés tout au long de l’année, une

tendance saisonnière se dessine concernant les îles et îlots environnants. Des individus

marqués acoustiquement ont passé plus de temps autour d’East Island durant l’été alors qu’ils

ont été majoritairement détectés autour des îles du Nord (Tern, Trig, and Shark Islands) en

hiver (Lowe et al., 2006). Les études menées à Shark Bay en Australie, montrent des

tendances similaires. Les études de Heithaus et al. (2001) et de Wirsing et al. (2006),

montrent que le nombre de requins tigres capturés est significativement plus élevé en été

(septembre à mai) qu’en hiver (juin à août), avec un pic en février.

L’influence des paramètres environnementaux sur cette variation saisonnière reste encore

mal connue et difficile à définir. La température de l’eau semble un facteur important mais

pas déterminant. A Shark Bay, le taux de capture des requins a diminué fortement lorsque la

température a dépassé 20°C (Heithaus et al., 2001). Cependant, une autre étude sur le même

site l’année suivante n’a pas trouvé de lien évident entre la température de l’eau et la variation

d’abondance saisonnière des requins tigres (Heithaus et al., 2002).

Un autre facteur étudié est la disponibilité en proie (Heithaus et al., 2001, Heithaus et al.,

2002). Deux hypothèses ont été émises pour expliquer l’influence du comportement des

proies chez le requin tigre. Les changements d’abondance saisonnière des requins tigres

observés à Shark Bay correspondent au départ et à l’arrivée des dugongs et des serpents de

mer dans la baie (Heithaus et al., 2001). Ainsi, les mouvements des requins tigres à l’échelle

d’une baie pourraient être corrélés avec ceux de ses proies favorites. Heithaus et al. (2002) a

associé des suivis acoustiques à des crittercams (caméra embarquée) pour étudier l’utilisation

de l’habitat des requins tigres à Shark Bay. Les requins suivis ont utilisé majoritairement les

zones côtières où les herbiers dominaient (habitat préférentiel de ses proies). Il appuie ainsi

l’hypothèse d’une distribution des requins tigres influencée par la disponibilité en proies. La

variabilité saisonnière pourrait aussi être influencée par la variation de la disponibilité de

proies dans d’autres régions du monde. Par exemple, certains requins observés à Oahu

(Hawaii) quittent la zone pour se rendre aux bancs de la Frégate Française où ils s’alimentent

de juvéniles d’albatros de Laysan (Meyer et al., 2010).

Une étude récente sur les mouvements à long terme des requins bouledogues à Shark Bay

met également en évidence un nouveau comportement migratoire (Heithaus et al., 2007). Si la

majorité des requins marqués avec des balises satellites sont restés dans les eaux

australiennes, une femelle adulte est allée jusqu’en Afrique du Sud parcourant plus de 8000

kilomètres en un peu plus de 50 jours. C’est la plus grande migration observée chez les

requins tigres. C’est la deuxième observation d’une migration Est-Ouest entre l’Australie et

l’Afrique du Sud réalisée par un requin. La première était un requin blanc adulte qui, marqué

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

17 

 

en Afrique du Sud, a fait l’aller-retour en Australie en 9 mois soit plus de 20000 kilomètres

(Bonfil et al., 2005). Les raisons de cette migration Est-Ouest reste encore inconnues.

Pour résumer, l’utilisation de l’habitat est très variable entre les individus qu’ils soient

originaires ou non d’une même région. Ainsi, plusieurs individus peuvent rester dans une

même zone insulaire toute leur vie, d’autres vont étendre leur domaine vital à l’ensemble

d’archipels, et d’autres encore sont capables de faire des migrations transocéaniques. Les

facteurs influençant ces différents comportements sont encore peu connus. Cependant, la

disponibilité en proies semble jouer un rôle important. Plusieurs questions se posent alors :

Pourquoi existe-il dans une même zone des requins « sédentaires » et d’autres plus

migrateurs ? Quels sont les facteurs qui déterminent si un individu sera résident permanent

ou temporaire ? Existe-il un déterminisme génétique ? Existe-il une ségrégation

comportementale en fonction des habitudes migratoires ? Autant de questions sans réponse

qui nécessitent de continuer les études dans ce domaine en s’aidant de nouvelles techniques

comme l’analyse génétique. A l’échelle de l’océan indien, la question de connectivité prend

tout son sens : est-ce que la population de requin de la Réunion est interconnectée avec celles

des Seychelles, de Madagascar ou de l’Afrique du Sud. L’existence d’un tel lien entre

plusieurs populations peut avoir un impact important sur la variation saisonnière et annuel

de l’abondance des requins tigres dans les eaux côtières de l’île. Elle sera étudiée à travers

les suivis satellites mais surtout grâce à une étude génétique.

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Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

22 

 

Le requin bouledogue

Introduction

Le requin bouledogue est l’un des plus grands poissons prédateurs au monde (Campagno,

1984). Comme le requin tigre, il appartient à la famille des Carcharhinidés ou « requins

requiem », mais fait partie du genre Carcharhinus (Blainville, 1816). Ce genre regroupe le

plus grand nombre d’espèces de requin actuel avec 32 espèces distinctes (ITIS, 2012) dont des

espèces de récif, comme le requin pointes noires (Carcharhinus melanopterus, Quoy and

Gaimard, 1824), le requin pointe blanche de récif (Carcharhinus albimarginatus, Rüppell,

1837) ou le requin gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos, Bleeker, 1856) mais aussi des

espèces océaniques, comme le requin pointe blanche océanique (Carcharhinus longimanus,

Poey, 1861). Ces espèces sont le plus souvent vivipares (les nouveaux nés naissent déjà

complètement formés), et vivent principalement dans les eaux chaudes des tropiques.

Massif, le requin bouledogue possède un nez court et arrondi et de petits yeux ronds. Son

dos est gris, gris-bleu, ou brun avec l’extrémité des nageoires un peu plus foncé, notamment

au niveau de la nageoire caudale des jeunes individus. Sa face ventrale est beaucoup plus

claire, pouvant aller de gris clair à blanchâtre. Il a une mâchoire asymétrique avec des dents

larges, triangulaires et dentelées au niveau de la mâchoire supérieure et des dents fines, lisses

et pointues au niveau de la mâchoire inférieure.

Le requin bouledogue peut atteindre une taille maximale de 400 cm (individu pêché dans

le fleuve Zambèze, Afrique du Sud) pour un poids maximum (connu) de 320 kg. Néanmoins,

de récentes découvertes montrent l’existence d’individus dépassant cette taille (population de

requins bouledogues de l’embouchure du Rio Sinera, Costa Rica, com. pers. 2012). Les

femelles arrivent à maturité à 10 ans pour une taille supérieure à 200 cm et les mâles à 9-10

ans pour une taille comprise entre 190 et 200 cm (Martinez et al., 2004).

Son régime alimentaire est diversifié, des téléostéens aux élasmobranches et/ou aux

mammifères marins (Schmid et al., 1990).

Le requin bouledogue est l’une des seules espèces euryhalines (Montoya and Thorson,

1982 ; Last and Stevens 1994 ; Pillans et al., 2005). Il est présent dans toutes les eaux

tropicales et sub-tropicales, aussi bien à la côte qu’en milieu semi-pélagique. Il est également

observé dans les fleuves et les estuaires, où il est connu sous d’autres noms. En Afrique du

Sud, les requins bouledogues fréquentant les eaux du Zambèze prennent le nom de requin du

Zambèze ; au lac Nicaragua, il a longtemps été considéré comme une espèce endémique du

lac sous le nom de requin du Nicaragua (Carcharhinus nicaraguensis, Bigelow and

Schroeder, 1961). En Inde, il fut très souvent confondu avec le requin du Gange (Glyphis

gangeticus, Müller and Henle, 1839) qu’il côtoie, mais qui est aujourd’hui considéré comme

disparu. Dans l’Océan Indien, il est aussi souvent confondu avec le requin Java, Carcharhinus

amboinensis (Müller and Henle, 1839). Ce dernier est physiquement très proche du requin

bouledogue qui ne se différencie que par un ratio de hauteur entre la première et deuxième

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

23 

 

nageoire dorsale plus petit et un nombre de dents plus faible (13-1-13/12-1-12 chez le requin

bouledogue et 12-1-12/11-1-11 chez le requin Java) (Smith, 1952 ; Sadowsky, 1971).

1. Distribution

Le requin bouledogue a une aire de répartition très étendue comprenant les eaux chaudes

tropicales et sub-tropicales, les rivières et les lacs (Figure 7). On le retrouve notamment sur le

continent américain, de la Caroline du Nord à l’Argentine sur la côte Est (Bigelow and

Schroeder, 1948, Menni and Lucifora,2007) et du Sud de la Californie au Nord du Pérou sur

la côte Ouest (Castro and Aguirre, 1978); sur le continent africain, du Nord du Sénégal à

l’Afrique du Sud jusqu’en Egypte (Valencienne, 1841; Coad and Papahr, 1988; Cliff and

Dudley, 1992; Trape, 2008); dans l’Océan Indien, des côtes du canal du Mozambique

jusqu’en Inde en passant par La Réunion (com. pers.); en Océanie, des côtes australiennes aux

Fidji (Heithaus and Dill, 2002; Brunnschweiler and Earle, 2006).

Il est également souvent observé dans les zones d’estuaires et remonte régulièrement les

fleuves, comme l’estuaire du Santa-Lucia et du Breede (Afrique du sud, Bass et al., 1973;

McCord and Lamberth, 2009), l’estuaire du Paraná (Brésil, César de Olieveira Santos and

Bismarck Fazzano Gadig, 2008), le Brisbane (Australie, Pillans and Franklin, 2004), l’Indien

et le Caloosahatchee (Floride, Snelson et al., 1984; Simpfendorfer et al. 2005), le Rio Bayano

(Panama, Montoya and Thorson, 1982), l’Amazone (Pérou, Myers, 1952), le Mississippi

(Illinois, Thomerson and Thorson, 1977) ou encore le Gange (Inde, com. pers.). Il est même

signalé dans certains lacs, le plus connu étant le lac Nicaragua (Nicaragua, Bigelow and

Schroeder, 1976) mais on le recense aussi dans le lac Miraflores (Colombie, Bigelow and

Schroeder, 1948), le lac Bayano (Panama, Montoya et al. 1982) et plus récemment, le lac

Pontchartrain (Louisiane, O'Connell et al., 2007).

Figure 7 : Aire de répartition mondiale du requin bouledogue (d’après les données publiées).

Source : Compagno, Dando & Fowler (2005). Sharks of the World. Collins Field Guides.

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

24 

 

Bien qu’il semble que l’on connaisse bien son aire de répartition mondiale, celle-ci évolue

encore de nos jours, illustrée par la récente découverte d’une population de requin

bouledogue dans l’estuaire du Rio Sinera au Costa Rica en 2012. Tout comme le requin tigre,

la présence du requin bouledogue sur les côtes réunionnaises est observée depuis longtemps

par les pêcheurs au gros et/ou les pêcheurs sous-marins. Néanmoins, aucune étude n’a

encore été faite sur sa présence réelle dans cette zone en termes d’abondance saisonnière et

annuelle. Le programme CHARC permettra de fournir ces premières informations et

confirmera ou non la présence régulière de cette espèce à La Réunion.

2. Alimentation

Comme les autres espèces de requins « évoluées », le requin bouledogue possède une

mâchoire hyostylique. La mâchoire supérieure n’est pas soudée à la mâchoire inférieure,

contrairement aux espèces de requins « primitifs » qui ont une mâchoire amphistylique. Les

dents de sa mâchoire supérieure sont larges, triangulaires et dentelées alors que les dents de sa

mâchoire inférieure sont fines et pointues (Sadowsky, 1971) (Figure 8).

Figure 8 : Dents supérieures et inférieures d’un requin bouledogue

Source : © Copyright Ross Robertson, 2006

Le requin bouledogue est un prédateur très polyvalent qui exploite un large spectre de

proies, invertébrées ou vertébrées. Son régime alimentaire comprend la majorité des poissons

(y compris les autres requins), les céphalopodes, les cétacés, les tortues, les oiseaux voir

même certains mammifères terrestres. La majorité des études ont été réalisées grâce à

l’analyse de contenus stomacaux (Sadowsky, 1971; Tuma, 1976; Snelson et al., 1984). Les

observations et les informations plus récentes sur les habitudes alimentaires du requin

bouledogue proviennent d’identification d’interactions proies/prédateurs (Heithaus et al.,

2002 ; César de Olieveira Santos and Bismarck Fazzano Gadig, 2008) ou de suivis

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

25 

 

acoustiques associés à la biodiversité présente (Heithaus et al., 2009; McCord and Lamberth,

2009).

Bien que son régime alimentaire soit très varié, les études des contenus stomacaux ont

permis de différencier les proies préférentielles des proies « accessoires ». Au Brésil, dans le

lagon de Cananéia, les requins bouledogues s’alimentent principalement de mâchoirons (Arius

spixii, Arius grandicassus…), de carangues médailles (Chloroscombrus chrysurus), de

requins (Carcharhinus porosus, Sphyrna tiburo) et de raies pastenagues (Dasyatis americana)

(Sadowsky, 1971). Au Nicaragua et au Costa Rica, les contenus stomacaux d’individus

juvéniles et adultes contiennent 85% d’Osteichtyes, 10% de crustacés et 5% de reptiles

(Cheloniidae) (Tuma, 1976). Occasionnellement, des restes d’oiseaux de la famille des

Tyrannidés et de poissons scies (famille des Pristidae) ont également été trouvés dans les

estomacs. Tout comme dans l’étude de Sadowsky (1971), aucune variation alimentaire

ontogénique n’a été observée. La taille des poissons varie proportionnellement à la taille du

requin et le pourcentage de tortues est plus élevé chez les adultes, dû certainement à

l’incapacité des juvéniles à s’attaquer à des proies plus grandes qu’eux. En Floride, dans

l’Indian River, Snelson et al. (1984) ont retrouvé ces mêmes proportions de proies dans le

régime alimentaire des requins bouledogues. Les estomacs contenaient essentiellement des

mâchoirons (Ariis), des carangues, des raies pastenagues et des requins. L’estomac d’un

requin sub-adulte (162 cm LT) comportait la tête d’un requin bouledogue juvénile, ce qui

constitue la première évidence de prédation intra-spécifique.

Bien que très peu de restes de mammifères marins soient retrouvés dans les estomacs des

requins bouledogues étudiés (Last and Stevens, 1994), plusieurs grosses cicatrices ont été

observées sur le corps de dauphins et de baleines. Au Brésil, dans l’estuaire du Paraná,

plusieurs dauphins de Guyane (Sotalia guianensis) présentent des marques de morsures sur

l’aileron (César de Oliveira Santos and Bismarck Fazzano Gadig, 2008). Certaines sont assez

marquées pour que l’on puisse identifier la mâchoire d’un requin bouledogue. Néanmoins,

aucun évènement de prédation de dauphin de Guyane par un requin bouledogue n’a encore été

observé. A La Réunion, dans la baie de Saint Paul, plusieurs grands dauphins de

l’indopacifique (Tursiops aduncus) présentent des marques identiques au niveau de la queue

et/ou de l’aileron dorsal (Rabeariosa, com. pers.). Bien que là encore aucune prédation n’ait

pu être mise en évidence, la forme de la morsure et la présence de requin bouledogue dans la

zone permet d’émettre l’hypothèse que ces blessures proviennent aussi de ces derniers.

Par ailleurs, les requins bouledogues ne s’attaquent pas à des baleines vivantes mais ils

sont régulièrement signalés autour de carcasses dérivantes en pleine mer, notamment en

Afrique du Sud et dans le canal du Mozambique (com. pers.).

Ainsi, les requins bouledogues ont un régime alimentaire diversifié mais bien défini sans

changement ontogénique. Si le type de proie de change pas en fonction de l’âge, la taille de

celle-ci augmente proportionnellement à la taille du requin. Plus le requin atteint des tailles

importantes plus le pourcentage de grosses proies, comme les tortues, les dauphins et les

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

26 

 

élasmobranches. Peu de données sont disponibles sur la part des baleines dans le régime

alimentaire de cette espèce. Il semble que ces évènements de prédation soient rares et très

opportunistes. Les données prises dans le cadre du programme CHARC chercheront à

confirmer ou infirmer ces conclusions. Comme pour le requin tigre, une étude isotopique sera

réalisée pour connaître l’évolution du régime alimentaire des requins bouledogues en

fonction des saisons et l’âge. Il sera donc possible de déterminer si les requins bouledogues

s’alimentent sur les mêmes familles d’espèces que précédemment observées. A la Réunion, la

présence de tortues, de dauphins et saisonnièrement de baleine en plus des proies

généralement décrite pour l’espèce pourraient jouer un rôle sur la composition du régime

alimentaire du requin bouledogue dans cette région de l’Océan Indien.

3. Reproduction

Gestation

Le requin bouledogue est une espèce vivipare. L’embryon est nourri par la mère par

l’intermédiaire d’une liaison placentaire. Le temps de gestation est de 10 à 11 mois

(Rodriguez de La Cruz et al., 1996). Les nouveau-nés naissent complètement formés et

indépendants.

Si beaucoup d’auteurs décrivent le requin bouledogue comme vivipare, cette espèce est

encore aujourd’hui décrite par certains comme ovovivipare. Une espèce est ovovivipare

lorsque les œufs incubent et éclosent dans le ventre de la femelle, sans relation nutritive avec

celle-ci. Chez les requins vivipares, le lien placentaire avec l’utérus maternel ne se crée pas

immédiatement. Au premier stade de développement, l’embryon est indépendant et se nourrit

grâce à une poche vitelline. Après quelques semaines, cette poche va s’attacher à la paroi

utérine créant ainsi un lien placentaire entre l’embryon et la mère. Le placenta apportera à

l’embryon l’eau, les nutriments et le dioxygène nécessaire à son bon développement (Price

and Daiber, 1967).

Il y a pu avoir une confusion entre ces deux modes de reproduction. Si les embryons sont

observés en tout début de développement, ils possèdent des poches vitellines généralement

typiques d’un mode de reproduction ovovivipare. C’est l’observation d’embryons plus âgés

qui a permis de déterminer que chez cette espèce la liaison placentaire avec la mère se faisait

plus tardivement. Bien que cela ne soit pas corrigé dans la littérature, on est actuellement sûr

que le requin bouledogue est bien vivipare et non ovovivipare.

Cycle Reproducteur

De nos jours, il existe peu d’information sur le cycle reproducteur de cette espèce. On ne

connaît pas avec exactitude leurs périodes et leurs zones de reproduction et aucun

accouplement n’a été observé. Les principales informations sont issues d’études sur leurs

déplacements et d’observations visuelles de femelles gestantes, de cicatrices laissées par des

accouplements récents ou de marques au niveau du cloaque signalant une mise bas dans la

zone. Au Brésil, dans le lagon de Cananéia, les femelles adultes en fin de gestation ne sont

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

27 

 

présentes qu’entre novembre et février (Sadowsky, 1971). Cette période a ainsi été définie

comme la période de parturition. L’absence de mâle mature dans le lagon quel que soit la

période de l’année suggère que l’accouplement a lieu hors de cette zone. En Floride, dans

l’Indian River, les femelles viennet mettre bas dans l’estuaire dès la fin du printemps (avril)

jusqu’en été (juillet) (Snelson et al., 1984) avant de quitter la zone. D’après Dodrill (1977), la

saison d’accouplement aurait lieu juste après durant les mois de juin et juillet. Le nombre de

mâle mature présent sur les côtes de Floride étant limité, les auteurs pensent que

l’accouplement doit se passer soit dans une autre zone côtière soit plus au large. Au Nicaragua

et au Costa Rica, Jenson (1976) trouve sensiblement les mêmes résultats. La parturition a lieu

dans l’estuaire du Rio Colorado entre avril et juin. L’accouplement, bien que n’ayant jamais

été observé, se déroulerait juste après la mise bas dans une zone proche de l’estuaire.

Ce cycle de reproduction annuel est différent du cycle bisannuel décrit pour les requins

bouledogues au Fidji (Brunnschweiler and Baensch, 2011). Les auteurs proposent le cycle

suivant : l’accouplement se passe en début d’année, la mise bas en fin d’année et les femelles

s’accouplent de nouveau un an après leur mise bas. Ce cycle bisannuel est assez fréquent chez

les requins, notamment pour les espèces qui ont une durée de gestation longue. Il a

notamment était décrit chez des espèces de la même famille que le requin bouledogue comme,

le requin à Nez Rude (Carcharhinus macloti), le requin taupe (Lamna nasus) ou le requin

peau bleu (Prionace glauca) (Stevens and Mcloughlin 1991 ; Pratt and Carrier, 2001).

Ainsi, le cycle de reproduction des requins bouledogues est encore peu connu et beaucoup

de questions restent encore sans réponse. Ont-ils un cycle annuel, bisannuel voir triannuel ?

Est-ce que l’ensemble de la population mondiale a le même cycle ou diffère-t-il en fonction de

la localisation géographique ? Où se déroule l’accouplement ? A quelle période de l’année ?

Comme chez beaucoup d’autres espèces de requins, la reproduction du requin bouledogue est

l’un des traits d’histoire de vie les moins bien connus, et ce malgré son importance pour la

gestion, la conservation et la protection des espèces. Comme pour le requin tigre, aucune

étude spécifique à la reproduction ne sera réalisée dans le cadre de CHARC. Néanmoins,

l’observation de femelles gestantes, ayant mis bas ou portant des marques d’accouplement

récent et de nouveaux nés devraient apporter les premières informations sur le lieu et la

période de mise bas et/ou d’accouplement. A la suite de CHARC, ces données pourront servir

à une étude plus spécifique sur le cycle de reproduction de cette espèce.

4. Age et développement

Fécondation et taille à la naissance

La femelle requin bouledogue donne naissance à des portées de 1 à 9 nouveaux nés

(Sadowsky, 1971 ; Jenson, 1976) (Figure 9). La variation du nombre de nouveaux nés par

portée peut s’expliquer par la présence d’embryons qui ne se développent pas ou

anormalement. On observe alors du cannibalisme intra-utérin par les embryons les mieux

développés (Jenson, 1976). La taille à la naissance varie de 50 à 80 cm (LT). Il existe des

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

28 

 

différences de taille entre les individus d’une même portée et entre populations de zones

géographiques différentes. En Afrique du Sud, Cliff et Dudley (1991) ont observé des

nouveaux nés dont la taille ne dépasse pas 62 cm (LT). Au Nicaragua et au Costa Rica, dans

le lac Nicaragua et dans le réseau fluvial du Rio San Juan, les nouveaux nés mesurent

majoritairement 65 à 70 cm (Jenson, 1976). Au Brésil, dans le lagon de Cananéia, ils sont

sensiblement plus grands, avec des tailles comprises entre 76 et 81 cm (LT) (Sadowsky,

1971). Ces différences de tailles, relativement importantes, peuvent s’expliquer par la

variabilité de vitesse de croissance propre à chaque individu. Dodrill (1977) a observé la

présence associée de trois embryons de petites tailles à un de grande taille dans le même

utérus. Il conclut à un phénomène de compétition alimentaire intra-utérine qui favoriserait le

développement d’un ou plusieurs embryons par rapport aux autres. La méthode

d’échantillonnage peut, elle aussi, influencer cette différence. Sadowsky (1971) ou Jenson

(1976) ont mesuré la taille d’embryons qu’ils considéraient sur le point de naître alors que

Cliff et Dudley (1991) ont observé des nouveaux nés nageant en pleine eau. Ainsi, il se peut

que ces individus n’aient pas le même âge. Par ailleurs, le taux de croissance des premières

semaines ou des premiers mois semble être important.

Figure 9 : Nouveaux nés requins bouledogues

Source : ©SeaPics

A La Réunion, deux requins juvéniles de 50 à 60 centimètres ont été observés dans la

ravine sud de Saint Leu. Un mois plus tard, leurs tailles ont été estimées à 70-80 centimètres.

Cette observation qui demande à être vérifiée sur un plus grand nombre d’individus

soutiendrait l’hypothèse d’un taux de croissance élevé dans les premières semaines après la

naissance.

Taux de croissance

Plusieurs études ont été réalisées sur l’âge et la croissance de ces requins (Brandstetter et

Stiles, 1987; Jenson, 1976; Cruz-Martínez et al., 2004; Neer et al. 2005). Bien qu’effectuées

sur des populations différentes, les résultats obtenus sont relativement similaires. Le taux de

croissance des requins bouledogues est lent, variable entre individu et dépendant du stade de

maturité de l’individu. Au Nord du Golfe du Mexique, la croissance et l’âge des requins

bouledogue ont été étudiés en comptant les anneaux de croissance qui se forment sur les

vertèbres (Brandstetter et Stiles, 1987). Indifféremment du sexe, le taux de croissance est de

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

29 

 

15-20 cm.an-1 entre 0 et 5 ans, de 10 cm.an-1 de 6 à 10 ans, de 5-7 cm.an-1 de 11 à 16 ans et

moins de 4-5 cm.an-1 pour les années suivantes. Cinq requins bouledogues élevés en aquarium

et mesurés plusieurs fois par an pendant 7 ans ont présenté des taux de croissances proches de

ceux observés par Brandstetter et Stiles (1987) (Schimd and Muru, 1994). Les trois premières

années de leur vie, ils ont eu un taux de croissance de 23 cm.an-1 puis de 7 cm.an-1 sur les 4

d’après.

Par contre, la différence de croissance en fonction du sexe reste confuse. Brandstetter et

Stiles (1987) n’ont pas trouvé de différence significative en fonction des sexes. A l’inverse,

Cruz-Martínez et al. (2004) ont mis en évidence une différence de croissance entre les mâles

et les femelles en utilisant le même protocole. Les mâles avaient une croissance plus rapide

que les femelles et ces dernières atteignaient des tailles plus importantes que les mâles. Ces

résultats se rapprochent de ceux observés chez d’autres espèces de requins, comme le requin

blanc (Carcharodon carcharias, Dudley et Simpfendorfer, 2006) ou le requin taupe (Lamna

nasus, Natanson et al., 2002) dont les mâles ont un taux de croissance plus élevé dans les

premiers stades de leur vie mais ont des tailles adultes généralement plus faibles que les

femelles.

Maturité sexuelle

Les requins bouledogues ont une maturité tardive. Dans le sud du Golfe du Mexique, à

Veracruz et Campeche, l’âge à première maturité est estimé à 10 ans avec une taille moyenne

de 204 cm (LT) pour les femelles et entre 9 et 10 ans avec une taille moyenne de 190 cm (LT)

pour les mâles (Cruz-Martínez et al., 2004). L’étude menée dans le Nord du Golfe du

Mexique par Brandstetter et Stiles (1987) décrit une maturité encore plus tardive, 18 ans voir

plus avec une taille moyenne supérieure à 225 cm (LT) pour les femelles et entre 14 et 15 ans

pour une taille moyenne comprise entre 210 et 220 cm (LT) pour les mâles. A l’inverse, les

requins bouledogues présents dans le lac Nicaragua atteignent leur maturité plus rapidement.

Jenson (1976) décrit des individus matures, femelles comme mâles, ne dépassant pas 170 cm

(LT).

Taille maximale

Campagno (1984) a estimé la taille maximale des requins bouledogues à 340 cm (LT).

Lors de l’étude de Brandstetter et Stiles (1987), la plus grande femelle mesurait 268 cm à 24

ans et le plus grand mâle mesurait 245 cm à 21 ans. Cruz-Martínez et al. (2004) ont enregistré

des tailles maximales encore plus faibles mais correspondant à des âges plus avancés. La plus

grande femelle mesurait 256 cm (LT) à 28 ans et le plus grand mâle mesurait 243 cm (LT) à

23 ans. Les plus vieux individus ont été capturés en Afrique du Sud, une femelle de 32 ans

mesurant 221 cm (LT) et un mâle de 29 ans mesurant 216 cm (LT) (Wintner et al., 2002).

Cette limite d’âge et de taille n’a plus été contestée jusqu’en 2009. Cette année-là, une équipe

Sud-Africaine, cherchant à confirmer la présence de requin bouledogue dans l’estuaire du

Breede, a pêché une femelle de 400 cm (McCord and Lamberth, 2009). Cette première

mondiale a été confirmée par la découverte d’autres spécimens de plus de 4 mètres au Costa

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

30 

 

Rica (com. pers.). Cette découverte laisse à penser que la longévité du requin bouledogue est

encore aujourd’hui sous-estimée.

Pour conclure, il semble que les caractéristiques biologiques des requins bouledogues

varient en fonction de leur localisation géographique. En effet, le taux de croissance entre

individu semble similaire au sein d’une même région mais varie d’une région à l’autre. Pour

expliquer cette différence, les auteurs émettent l’hypothèse du rôle majeur de l’habitat et de

ses caractéristiques dans le développement biologique et le comportement du requin

bouledogue. Si aucune étude sur la croissance et le développement n’est prévue dans

CHARC, il sera possible de définir une taille moyenne et maximale des requins bouledogues à

La Réunion. En comparant, en associant cette moyenne aux caractéristiques de l’habitat puis

en le comparant aux résultats des études précédentes, il sera possible d’apporter des

nouveaux éléments de compréhension de cette différence géographique et intra-spécifique des

caractéristiques biologiques de cette espèce.

5. Patterns de mouvements et utilisation de l’habitat

L’utilisation de l’habitat par les requins bouledogues a été beaucoup étudiée dans le

monde. Si les comportements des nouveaux nés, des jeunes de l’année et des juvéniles

commencent à être bien connus (Snelson et al., 1984; Neer et al., 2005; Pillans et al., 2005;

Simpfendorfer et al., 2005; Curtis, 2008; Heupel and Simpfendorfer, 2008; Heithaus et al.,

2009 ; Ortega et al., 2009), il existe très peu d’études sur le comportement des sub-adultes et

des adultes (McCord and Lamberth, 2009; Brunnschweiler et al., 2010; Carlson et al., 2010).

Saisonnalité et migration

Les requins bouledogues semblent avoir une fidélité au site très prononcée dans des

milieux côtiers ou semi-pélagiques, ponctuée par des migrations saisonnières.

La majorité des études menées sur le sujet a mis en œuvre la méthode de

marquage/recapture (roto-tag ou marque spaghettis), généralement associée à des

observations visuelles en plongée (Thorson, 1971; Kohler et al., 1998; Kohler and Turner,

2001; Curtis 2008). Une des premières études utilisant cette méthode a été réalisée par

Thorson (1971) entre le lac Nicaragua et le réseau de rivières de San Juan. Prêt de 2200

requins ont été marqués et 220 recapturés. C’est à l’heure actuelle la plus grande campagne de

marquage de requin bouledogue jamais réalisée. L’auteur a montré que la population de

requin du lac Nicaragua n’était pas isolée et qu’un requin pouvait traverser les 175 kilomètres

du réseau de rivières de San Juan pour rejoindre la mer des Caraïbes en un peu moins d’une

journée. Ainsi, les requins passeraient la majorité de l’année dans le lac mais effectueraient

ponctuellement des allers-retours dans la mer des Caraïbes. Thorson (1971) émet alors

l’hypothèse d’une grande fidélité de cette espèce au site malgré leur capacité à faire des

déplacements sur de grande distance. A Tampa Bay, à l’Ouest de la Floride, des jeunes

requins bouledogue de l’année (YOY) ont été recapturés à moins de 5 km du site de marquage

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

31 

 

après plus de 113 jours (Hueter and Manire, 1984). En Afrique du sud, des requins

bouledogues juvéniles ont été observés sur le site de marquage plus d’un an après (Bullen and

Mann, 2000). Ces deux dernières études confirment la forte fidélité des requins bouledogues

au site, comme suggéré par Thorson (1971).

Les distances maximales parcourues par les requins bouledogues capturés sur les côtes

Est/Sud-Est des Etats-Unis sont faibles, n’excédant pas 235 kilomètres selon Kolher et al.

(1998) et 643 kilomètres selon Kolher et Turner (2001). En comparaison, les résultats

d’études similaires sur des requins babosses (Carcharhinus altimus), des requins gris

(Carcharhinus plombeus) ou des requins tigres (Galeocerdo cuvier) ont montré des distances

maximum parcourues respectivement de 3343 kilomètres, 3776 kilomètres et 6747 kilomètres

(Kolher and Turner, 2001). Il apparait donc que les mouvements migratoires des requins

bouledogues sont relativement restreints en comparaison avec d’autres espèces. Néanmoins,

la technique de marquage-recapture ne donne qu’une image instantanée de la localisation

temporelle et spatiale des requins marqués (Heupel et al., 2007).

Il faudra attendre 2008 pour que la première étude utilisant la télémétrie acoustique voit le

jour. En Floride, à Pine Island Sound, Yeiser et al. (2008) ont déployé un réseau passif

d’écoute acoustique pour suivre des requins bouledogues sub-adultes. Les individus marqués

sont restés dans une zone restreinte pendant la majorité du suivi (89 jours) avec des courtes

périodes d’absence. Les requins auraient quitté cette zone côtière préférentielle pour aller dans

des zones pélagiques. Bien que ces nouveaux résultats confirment une haute fidélité au site,

les déplacements des requins n’ont pu être étudiés qu’à l’échelle d’une île et ne donnent pas

encore d’idée précise sur le comportement migratoire de cette espèce.

En 2010, J.K. Carlson et son équipe ont posé les premières balises satellites sur des

requins bouledogues dans la partie Nord du Golfe du Mexique (Carlson et al., 2010). Dix-huit

individus sub-adultes ont été marqués en 2 ans avec des balises programmées pour enregistrer

leurs mouvements pendant 90 à 120 jours. Bien que la majorité des requins marqués a limité

ses déplacements aux zones proches de celles du lieu de marquage, 2 individus marqués en

septembre à Tampa sur la côte Ouest de la Floride, ont effectué des déplacements beaucoup

plus importants. Un des deux requins a migré de la Floride au Texas en 85 jours en passant

par des eaux plus profondes au large du Golfe. Bien qu’aucun pattern journalier n’ait pu être

mis en évidence, l’individu a effectué de nombreuses plongées en profondeur avec un

maximum enregistré de 128 mètres. Le deuxième requin est parti de l’Ouest de La Floride, a

longé la côte jusqu’à la pointe Sud puis est remonté le long de la côte Est des Etats-Unis

jusqu’en Caroline du Sud où il est arrivé 30 jours plus tard. Il n’a quitté les eaux côtières

qu’après avoir dépassé le Nord de la Floride où il a commencé à migrer vers le large. A la

différence du premier requin, il a nagé à des profondeurs ne dépassant pas 30 mètres. Les

résultats de cette première étude utilisant le suivi satellite confirme la fidélité du requin

bouledogue au site mais met en évidence des comportements migratoires nouveaux. Les

auteurs émettent l’hypothèse d’une migration hivernale et ainsi une utilisation de l’habitat qui

diffère entre les saisons. Ils suggèrent également que les requins bouledogues ont un

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

32 

 

changement ontogénique dans leur pattern de mouvement avec une augmentation de la taille

de leur territoire et de leur déplacement migratoire en relation avec leur croissance.

Une étude similaire menée aux Fidji et aux Bahamas sur des requins bouledogues adultes

n’a cependant pas pu confirmer ces hypothèses (Brunnschweiler et al., 2010). Les requins

marqués avaient des déplacements très limités dans l’espace et le temps. Seule une femelle a

effectué un déplacement plus important. Marquée aux Bahamas, elle a été suivie jusque dans

les lagons de l’Indian River en Floride. Cette zone étant considérée comme une nurserie pour

cette espèce (Curtis, 2008), il se pourrait que les femelles requins bouledogues des Bahamas

migrent en Floride pour mettre bas.

Ainsi, les comportements migratoire et saisonnier des requins bouledogues restent encore

mal connus et nécessitent d’avantage d’études. A l’heure actuelle, il est bien admis que cette

espèce montre une grande fidélité au site, particulièrement les nouveaux nés, les jeunes de

l’année et les juvéniles. Les comportements des sub-adultes et des adultes apparaissent plus

complexes à définir. Les différentes études ont montré que si ces derniers passent la majorité

de l’année au même endroit, durant l’hiver beaucoup disparaissent pour réapparaitre 3 mois

plus tard. Ces trois mois d’absence ne sont toujours pas expliqués et nous ne savons pas où et

pourquoi ces individus quittent leur zone habituelle. Les dernières études utilisant les suivis

satellites commencent à donner les premiers éléments de réponse. L’hypothèse acceptée à

l’heure actuelle serait que les requins bouledogues en âge de se reproduire migrent pendant

l’hiver dans d’autres régions du monde pour l’accouplement ou la mise bas. L’utilisation de

balises satellites devrait permettre au programme CHARC de confirmer ou d’infirmer cette

hypothèse concernant les requins bouledogue des eaux réunionnaises.

Si le comportement des requins bouledogues pendant les périodes d’absence reste mal

connu, l’utilisation de l’habitat et des mouvements à court terme est, lui, beaucoup mieux

compris.

Utilisation de l’habitat et mouvements à court terme

Le requin bouledogue est une espèce côtière et semi-pélagique (Brunnschweiler et al.,

2010). Il a longtemps été décrit comme vivant dans les eaux peu profondes à proximité des

côtes et dans les estuaires à des profondeurs dépassant rarement les 30 mètres (Campagno,

1984). La majorité des études portant sur l’habitat du requin bouledogue, s’est intéressé aux

comportements d’individus immatures souvent observés à proximité des estuaires. En Floride,

les populations de requins bouledogues juvéniles, recensés par l’intermédiaire de pêches et/ou

d’observations visuelles sous-marine, ont évoluées le plus souvent à des profondeurs

n’excédant pas 10 à 5 mètres (Simpfendorfer et al., 2005; Curtis, 2008). L’utilisation de suivi

acoustique (VEMCO V13P et VR100) mesurant la profondeur de nage des requins marqués

confirme ces résultats, avec des profondeurs moyennes de 1 mètre en dessous de la surface

(Ortega et al., 2009). Cependant, il s’agissait d’individus immatures.

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

33 

 

La première étude sur l’habitat de requin bouledogue adulte a été menée par

Bunnschweiler et Buskirk en 2006 à Walker’s Cay (Bahamas). Six individus adultes ont été

équipés de balises satellites pop-up et ont été suivis entre 4 et 24 jours. Bien que le pattern de

mouvements est proche de celui des juvéniles avec 80% du temps passés dans des eaux peu

profondes (< 20 mètres), deux individus se sont distingués. Ils ont temporairement quitté

Walker’s Cay et ont nagé à une profondeur moyenne de 25 mètres. Durant cette période, ils

ont effectué régulièrement des plongées entre 50 et 90 mètres, avec un record à 140 mètres

pour l’un d’entre eux. C’est la première fois que l’on a observé un requin bouledogue à ces

profondeurs, ce qui a remis en cause son affinité exclusive à des zones côtières peu profondes.

La même année, le suivi acoustique de requins bouledogues adultes dans la Réserve Naturelle

de Shark Reef aux îles Fidji, a mis en évidence que les individus passaient la majorité de leur

temps à des profondeurs supérieures à 30 mètres (Bunnschweiler, 2009). Cette différence

d’habitat sera confirmée par une étude comparative des populations de requins bouledogues

aux Bahamas et aux Fidji utilisant des balises satellites (Bunnschweiler et al., 2010). Bien que

les deux populations de requins adultes ont été capables de sonder à des profondeurs

supérieures à 100 mètres (avec des records à plus de 200 mètres), les requins des Bahamas

sont restés majoritairement à des profondeurs supérieures à 30 mètres alors que les requins

fidjiens étaient essentiellement entre 30 et 100 mètres.

Ainsi, l’habitat des requins bouledogues juvéniles est défini par une zone côtière peu

profonde et/ou dans un estuaire où ils restent jusqu’à l’âge adulte (âge à première maturité),

habitat que l’on nommera par la suite « nurserie ». L’habitat des requins adultes est beaucoup

moins bien défini dans la littérature. Alors qu’il est essentiellement côtier dans certaines

régions, il est semi-pélagique dans d’autres. Lors de l’analyse comparative des requins adultes

des iles Bahamas et Fidji (Bunnschweiler et al., 2010), l’étude de la structure des fonds sous-

marins a montré qu’à Walker’s Cay, les eaux environnantes restent peu profondes sur

plusieurs kilomètres alors qu’aux Iles Fidji, les fonds tombent rapidement à plus de 250

mètres. Les auteurs concluent que la répartition des requins adultes dépend majoritairement de

la structure bathymétrique des fonds de l’habitat qu’ils occupent. Enfin, il faut noter l’absence

de donnée sur l’habitat des sub-adultes même s’il est pressenti qu’ils utilisent majoritairement

les zones côtières très peu profondes et qu’ils migrent progressivement vers des zones plus

profondes voir semi-pélagique, au fur et à mesure qu’ils atteignent leur taille adulte.

Si la bathymétrie joue un rôle important dans l’utilisation de l’habitat par les requins

bouledogues, trois grands autres facteurs ont été mis en évidence, la température de l’eau, la

salinité et la turbidité.

Les requins bouledogues semblent évoluer dans des eaux entre 20°C et 32°C en moyenne

(Simpfendorfer et al. 2005; Bunnschweiler and Buskirk, 2006; Curtis, 2008; Carlson et al.,

2010; Brunnschweiler et al., 2010). La température minimale et maximale de l’eau

enregistrées sont de 12°C et 37°C. Néanmoins, les individus observés à ces deux extrêmes de

températures étaient soit maigres soit faibles (Curtis, 2008; Carlson et al., 2010). Comme la

majorité des requins, les requins bouledogues sont ectothermiques, c'est-à-dire que la

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

34 

 

température de leurs corps est la même que celle du milieu extérieur, ce qui pourrait expliquer

cette faible tolérance à des températures extrêmes. De plus, selon les régions concernées, cette

espèce semble préférer des intervalles de température encore plus spécifiques. En Afrique du

Sud, les requins semblent évoluer principalement dans des eaux entre 20 et 24°C (McCord

and Lamberth, 2009). A Walker’s Cay au Bahamas, les requins passaient plus de 72% du

temps dans des eaux à 25-26°C (Bunnschweiler and Buskirk, 2006; Brunnschweiler et al.,

2010). Aux Fidji, ils préféraient les eaux dont la température dépassait les 26°C

(Brunnschweiler et al., 2010) et dans le Nord du Golfe du Mexique, l’intervalle de

température était compris entre 30 et 32°C (Curtis, 2008; Carlson et al., 2010). Cette

préférence à des intervalles de température restreints montre l’importance de ce facteur dans

l’utilisation de l’habitat par les requins bouledogues. Dans les zones tempérées, où la

température de l’eau varie en fonction des saisons, ce facteur jouerait même un rôle majeur

dans le cycle de vie de ces animaux. Castro (1993) émet l’hypothèse qu’en Caroline du Sud,

les eaux froides de l’hiver forcent les requins bouledogues juvéniles à quitter les eaux côtières

refroidies par l’apport d’eaux froides du continent, pour les eaux plus chaudes du large. Ces

individus ne reviendraient qu’au printemps une fois que les eaux côtières se sont réchauffées.

On retrouve ce même comportement d’évitement chez les requins bouledogues juvéniles en

Floride (Hueter and Tyminski 2002; Wiley and Simpfendorfer 2007). Pendant longtemps, on

a cru que l’absence de requins bouledogues adultes en hiver dans la plupart des régions du

monde était due à une période d’hibernation. La baisse de température de l’eau et donc de leur

température corporelle diminuerait leur métabolisme et leur activité jusqu’à un état proche de

l’hibernation. Cette hypothèse est maintenant abandonnée par la plupart des scientifiques

même si l’on ne sait toujours pas où vont les requins bouledogues adultes pendant l’hiver

(Curtis, 2008 ; Carlson et al., 2010). La même hypothèse avait été formulée concernant

l’absence d’observation de requin pèlerin (Cethorinus maximus) en hiver sur les côtes Nord-

Ouest de l’Europe. En 2009, la découverte d’une migration trans-équatorial par des requins

pèlerins équipés de balises satellites a infirmé cette théorie et a donné des premiers éléments

d’explication sur le comportement hivernal de ces requins (Skomal et al., 2009).

Le programme CHARC mettra en place une zone test de suivi acoustique durant l’hiver

2012 afin de collecter les premières données comportementales des requins bouledogues à La

Réunion durant cette période. De plus, la pause de balises satellites sur des requins

bouledogues adultes pourrait apporter des éléments de réponse sur l’éventuel comportement

migratoire de cette espèce pendant l’hiver.

L’utilisation de l’habitat par les requins bouledogues est aussi influencée par la salinité de

l’eau. Ils peuvent être observés en eau douce, en eau saumâtre et en eau salée (voir en milieu

hypersalé). Leur présence en eaux saumâtres ou en eaux douces semble être liée à leur

capacité d’osmorégulation. En effet, ce mécanisme par lesquels les organismes effectuent le

contrôle de la pression osmotique interne, a un coût énergétique important en milieu salé

(Kidder et al., 2006). Ce coût énergétique serait suffisamment important pour influencer le

comportement des animaux. Les requins bouledogues, bien que capables de faire cette

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

35 

 

osmorégulation dans des conditions de salinité très variables (Pillans and Franklin, 2004;

Pillans et al., 2005; Pillans et al., 2006) semblent rester préférentiellement dans des eaux avec

une salinité comprise entre 7 à 29‰ et éviter les eaux où la salinité est inférieure à 7‰

(Heupel and Simpfendorfer, 2008; Curtis, 2008). Les nouveau nés et les jeunes de l’année

tendent à être dans des milieux à plus faible salinité que les juvéniles, les sub-adultes et les

adultes (Simpfendorfer et al., 2005; Curtis, 2008). Les différents auteurs expliquent cette

ségrégation en fonction de la taille et de la salinité, par le besoin des plus jeunes individus à

éviter la prédation des individus plus âgés et/ou l’avantage physiologique d’évoluer dans des

milieux saumâtre pour réduire le coût de l’osmorégulation. L’évitement de la prédation

associé à la capacité des requins bouledogues à osmoréguler dans des milieux saumâtres voir

d’eaux douces confèreraient un avantage pour leur survie en comparaison à des espèces moins

euryhaline. Il faut toutefois noter que Simpfendorfer et al. (2005) ont observé que lorsque

l’apport d’eau douce dans le Caloosahatchee River était trop important, les requins quittent la

rivière pour aller dans des eaux plus salées. Cette dernière observation suggère que les

mouvements à court terme des nouveaux nés et des jeunes de l’année sont plus influencés par

la salinité que par le risque de prédation. Néanmoins, il est nécessaire de faire d’autres études

pour comprendre plus en détail le rôle de la salinité dans la distribution et la ségrégation

spatio-temporelle des requins bouledogues.

Au cours du programme CHARC, les mouvements des requins bouledogues seront

associés aux paramètres abiotiques et biotiques pour étudier l’influence et l’importance de

ces différents paramètres sur le comportement des individus suivis. La présence de requins de

maturité différentes et la variabilité de la salinité dans la zone étudiée devrait permettre de

tester l’hypothèse avancer par Simpfendorfer et al. (2005).

Bien qu’il soit admis que les requins bouledogues évoluent préférentiellement dans des

eaux à forte turbidité, très peu d’études ont été réalisées sur l’influence de ce facteur. En

Afrique du Sud, un requin bouledogue adulte suivi acoustiquement est resté dans des eaux

légèrement trouble pendant les heures de la journée (15 < Nephelometric Turbidity Unit < 20)

alors que durant la nuit et au levée du soleil, il a évolué dans des eaux claires (NTU<5)

(McCord and Lamberth, 2009). Ortega et al. (2009) ont aussi trouvé une influence de la

turbidité sur le comportement de requins bouledogues juvéniles dans le Caloosahatchee River.

Si la turbidité semble être un facteur influençant le comportement des requins bouledogues, il

existe très peu d’informations permettant d’évaluer son importance en comparaison avec

d’autres facteurs comme la profondeur, la température de l’eau ou la salinité.

En résumé, l’utilisation de l’habitat par les requins bouledogues est le résultat de

l’influence de plusieurs facteurs qu’ils soient physique, physiologique ou comportemental. De

plus, comme chez beaucoup d’espèces de requins, cette utilisation de l’habitat connait un

changement ontogénique : les nouveaux nés et les jeunes de l’année naissent et restent

pendant au moins un an dans les zones côtières à proximité d’un estuaire, zone appelée

« nurserie ». En devenant sub-adultes, ils migrent progressivement vers des habitats moins

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

36 

 

côtiers où ils finiront par rejoindre la population d’individus adultes. A ce stade, ils resteront

la plupart de leur vie au même endroit migrant saisonnièrement dans d’autres régions du

monde pour s’accoupler et reviendront pour mettre bas. Si ce scénario est bien accepté, il

manque cruellement de validation scientifique. Les zones de nurseries sont assez bien connues

mais le niveau de connaissances sur les habitats des sub-adultes et des adultes reste encore

faible et limité à certaines régions du monde. Ainsi, il est nécessaire de continuer les études

dans ce domaine pour mieux comprendre l’écologie comportementale de cette espèce. A La

Réunion, les résultats de la première campagne de marquage acoustique sur cette espèce

réalisée par Squal’Idée et l’IRD donne les premiers informations sur l’utilisation de l’habitat

par des individus adultes et sub-adultes (Blaison, 2012). Cependant, ces données sont limitées

dans le temps et l’espace (3 mois de suivis entre la Baie de Saint-Paul et Les Brisants) et

basées sur un nombre de requins marqués réduit. Le but du programme CHARC sera donc

d’augmenter le nombre de requins marqués, et d’étendre les suivis à l’ensemble de la côte

Ouest sur au moins un an. En associant ces suivis aux paramètres environnementaux, il sera

alors possible de définir l’utilisation de l’habitat des requins bouledogues à l’échelle d’une

île selon les périodes de l’année et leur stade de maturité. Il s’agira de mettre en évidence

l’existence ou non de micro-habitat, telle que les nurseries, et de les décrire. A La Réunion, la

présence d’individus adultes, sub-adultes et juvéniles dans une zone restreinte donne

l’opportunité d’étudier l’évolution de l’utilisation de l’habitat des requins bouledogues dès

leurs plus jeunes âges.

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Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

42 

 

Annexe

Annexe 1 : Thèmes abordés par chaque publication et rapport scientifique (utilisés dans cette synthèse)

Auteurs  Année  Pays  Espèces  Distribution Alimentation ReproductionAge et 

développementUtilisation de l'habitat

Bigelow and Schroeder 

1948 Atlantique Nord‐Ouest 

Requin bouledogue  ×             

Myers  1952  Pérou Requin 

bouledogue  ×             

Price and Daiber 

1967  ?  Requin aiguillat        ×       

Sadowsky  1971  Brézil Requin 

bouledogue    ×  ×  ×    

Thorson  1971 Nicaragua/Costa 

rica Requin 

bouledogue             × 

Bass et al.  1973  Océan Indien Requin 

bouledogue  ×             

Bigelow and Schroeder 

1976 Nicaragua/Costa 

rica Requin 

bouledogue  ×             

Jenson  1976 Nicaragua/Costa 

rica Requin 

bouledogue       ×  ×    

Tuma  1976 Nicaragua/Costa 

rica Requin 

bouledogue    ×          

Dodrill  1977  Floride Requin 

bouledogue       ×  ×    

Castro and Aguirre 

1978 Pérou et Mexique 

Requin bouledogue  ×             

Montoya and Thorson 

1982  Panama Requin 

bouledogue  ×             

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

43 

 

Montoya et al.   1982  Panama Requin 

bouledogue  ×             

Montoya and Thorson 

1982  USA Requin 

bouledogue  ×             

Hueter and Manire 

1984  Floride Requin 

bouledogue             × 

Snelson et al.  1984  Floride Requin 

bouledogue  ×  ×  ×     × 

Campagno   1984  World Requin 

bouledogue   ×  ×  ×  ×  × Branstetter and Stiles 

1987  Floride Requin 

bouledogue          ×    

Brandstetter et Stiles 

1987 Golfe du Mexique 

Requin bouledogue 

         ×    

Coad and Papahr 

1988  Iran Requin 

bouledogue  ×             

SCHAEFFER‐NOVELLI and CINTRON‐MOLERO 

1990  Brézil Requin 

bouledogue               

Stevens and Mcloughlin  

1991  Australie  Requin taupe        ×       

Cliff and Dudley 

1992  Afrique du Sud Requin 

bouledogue   ×        ×    

Castro  1993  Floride Requin 

bouledogue             × 

Castro  1993  USA Requin 

bouledogue             × 

Last and Stevens 

1994  Australie Requin 

bouledogue    ×          

Rodriguez de La Cruz et al. 

1996 Golfe du Mexique 

Requin bouledogue 

      ×       

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

44 

 

Grace and Henwood 

1997 Golfe du Mexique 

Elasmobranches               

Kohler et al.  1998  USA Requin 

bouledogue             × 

Bullen and Mann 

2000  Afrique du Sud Requin 

bouledogue             × 

Pratt and Carrier 

2001  USA  Requin nourrice       ×       

Kohler and Turner 

2001  USA Requin 

bouledogue             × 

Natanson et al.  2002 Atlantique Nord‐Ouest 

Requin taupe           ×    

Heithaus et al.  2002  Australie Requin 

bouledogue     ×          

Heithaus and Dill 

2002  Australie Requin 

bouledogue  ×             

Hueter and Tyminski 

2002 Golfe du Mexique 

Requin bouledogue 

            × 

Wintner et al.  2002  Afrique du Sud Requin 

bouledogue          ×    

Pillans and Franklin 

2004  Australie Requin 

bouledogue  ×           × 

Carlson et al.  2004  Floride Requin 

bouledogue               

Cruz‐Martínez et al. 

2004  Mexique Requin 

bouledogue          ×    

Shimd and Muru 

2005  ? Requin 

bouledogue          ×    

Pillans et al.  2005  Australie Requin 

bouledogue             × 

Simpfendorfer et al. 

2005  Floride Requin 

bouledogue  ×           × 

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

45 

 

Neer et al.  2005 Golfe du Mexique 

Requin bouledogue 

         ×  × 

Queensland Government, department of 

Primary Industries and 

Fisheries 

2006  Australie Requin 

bouledogue               

Pillans et al.  2006  Australie Requin 

bouledogue             × 

Bunnschweiler and Van Buskirk 

2006  Bahamas Requin 

bouledogue             × 

Brunnschweiler and Earle 

2006  Fidji Requin 

bouledogue  ×             

Dudley and Simpfendorfer 

2006  Afrique du Sud Requin 

bouledogue           ×    

Kidder et al.  2006  World Requin 

bouledogue             × 

Wiley and Simpfendorfer  

2007  Floride Requin 

bouledogue             × 

Menni and Lucifora 

2007 Argentine et Uruguay 

Requin bouledogue   ×             

O'Connell et al.  2007  Louisane Requin 

bouledogue  ×             

Heupel et al.  2007  np Requin 

bouledogue             × 

Heupel and Simpfendorfer 

2008  Floride Requin 

bouledogue             × 

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

46 

 

Curtis  2008  Floride Requin 

bouledogue             × 

Yeiser et al.   2008  Floride Requin 

bouledogue             × 

César de Olieveira Santos and  Bismarck 

Fazzano Gadig 

2008  Brézil Requin 

bouledogue  ×  ×          

Trape  2008  Sénégal Requin 

bouledogue   ×             

McCord and Lamberth 

2009  Afrique du Sud Requin 

bouledogue  ×  ×     ×  × 

Brunnschweiler  2009  Fidji Requin 

bouledogue              × 

Heithaus et al.  2009  Floride Requin 

bouledogue     ×        × 

Ortega et al.   2009  Floride Requin 

bouledogue             × 

Skomal et al.  2009  World  Requin pèlerin              × Brunnschweiler 

et al. 2010  Fidji/Bahamas 

Requin bouledogue 

            × 

Carlson et al.  2010 Golfe du Mexique 

Requin bouledogue 

            × 

Brunnschweiler and Baensch 

2011  Fidji Requin 

bouledogue       ×       

Blaison  2012  La Réunion Requin 

bouledogue et tigres 

            × 

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

47 

 

Stevens  2000  World Requin 

bouledogue et tigres 

×         

  

Baum et al.  2003 Atlantique Nord‐Ouest 

Requin bouledogue et 

tigres × 

          

Myers et al.  2007 Atlantique Nord‐Ouest 

Requin bouledogue et 

tigres × 

           

Springer  1943  USA  Requin tigre              × Bigelow et Schroeder  

1948 Atlantique Nord‐Ouest 

Requin tigre           ×  × 

Gudger  1949  Floride  Requin tigre     ×          Baughman et Springer  

1950 Golfe du Mexique 

Requin tigre           ×    

Briggs  1961  Pacifique Est  Requin tigre  ×             

Springer  1963  Floride  Requin tigre              × Gohar and Mazhar 

1964  Mer rouge  Requin tigre  ×             

Clark et Von Schmidt  

1965  Floride  Requin tigre        ×  ×    

Randall  1967  Inde  Requin tigre              × 

Tester  1969  Hawaii  Requin tigre              × 

Bass et al.  1975  Sud de l'Afrique Requin tigre     ×          

Alves  1977  Brésil  Requin tigre        ×       

Tricas et al.  1981  Hawaii  Requin tigre              × Rancurel and 

Intes 1982 

Nouvelle Calédonie 

Requin tigre  ×  ×          

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

48 

 

Campagno  1984  np  Requin tigre  ×  ×  ×  ×  × 

Stevens  1984 New South Wales 

Requin tigre     ×          

Branstetter et al. 

1987  USA  Requin tigre  ×     ×  ×    

Witzell  1987  World  Requin tigre     ×          Stevens and Mc Loughlin 

1991  Australie   Requin tigre     ×          

Randall  1992  World  Requin tigre     ×          

Simpfendorfer  1992  Australie   Requin tigre     ×     ×    

Casey and Natanson 

1992 Atlantique Nord‐Ouest 

Requin gris de récif           ×    

Pratt  1993 Atlantique Nord‐Ouest 

Requin tigre        ×       

Bonfil et al.  1993  Mexique  Requin soyeux           ×    

Polovina and Lau 

1993  Hawaii  Requin tigre              × 

Schwartz  1994 Caroline du 

Nord Requin tigre           ×    

Natanson  1994 Atlantique Nord‐Ouest 

Requin sombre           ×    

Kohler et al.  1996 Atlantique Nord‐Ouest 

Requin tigre  ×        ×    

Lowe et al.  1996  Hawaii  Requin tigre     ×          

Smale and Cliff  1998  Afrique du Sud  Requin tigre  ×             

Francis  1998 Nouvelle Zélande 

Requin tigre  ×             

Kohler et al.  1998  USA  Requin tigre              × 

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

49 

 

Holland et al.  1999  Hawaii  Requin tigre  ×           × 

Natanson et al.   1999 Atlantique Nord‐Ouest 

Requin tigre           ×    

Wintner and Dudley 

2000  Afrique du Sud  Requin tigre  ×        ×    

Simpfendorfer et al. 

2001  Australie   Requin tigre  ×  ×          

Heithaus (a)  2001  Australie   Requin tigre     ×          

Heithaus (b)  2001  Australie   Requin tigre     ×          

Heithaus et al.  2001  Australie   Requin tigre              × 

Holland et al.  2001  Hawaii  Requin tigre              × 

Heithaus et al.  2002  Australie   Requin tigre              × 

Vatter  2003  Hawaii  Requin tigre        ×       

Bonfil et al.  2005  Afrique du Sud  Requin blanc              × 

Sandoval‐Castillo et al. 

2006  Pacifique Est  Requin tigre  ×             

Withney and Crow 

2006  Hawaii  Requin tigre        ×  ×    

Wirsing et al.   2006  World  Requin tigre           ×  × 

Heithaus et al.  2006  Australie   Requin tigre              × 

Lowe et al.  2006  Hawaii  Requin tigre              × Menni and Lucifora 

2007 Argentine et Uruguay 

Requin tigre  ×             

Rapport bibliographique : Biologie et Ecologie du requin tigre et du requin bouledogue

 

 

50 

 

Heithaus et al.  2007  Australie   Requin tigre              × 

Driggers et al.  2008 Atlantique Nord‐Ouest 

Requin tigre           ×    

Haraguchi et al. 

2009  Japon  Requin tigre  ×             

Lundberg et al.  2010  Brésil  Requin tigre  ×             

Meyer et al.  2010  Hawaii  Requin tigre  ×  ×        ×