radios africaines pour la paix (sfcg – 2007)

8/22/2019 Radios Africaines Pour la Paix (SFCG 2007)

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Radios Africaines Pour la Paix - SFCG - 2007 - CC 1111

Radios

Africaines Pourla Paix


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Radios Africaines Pour la Paix (RAPP) examine le rle de la radio engnral, et de la radio communautaire en particulier, dans les conflits. Enplus denvisager les diffrentes manires - positives et ngatives - dont laradio peut influencer le dveloppement des conflits, RAPP a pour objectif deprsenter de nouvelles comptences et de nouvelles techniques dans cedomaine. La plupart de celles-ci proviennent de lexprience dagents deradio africains.

Une attention particulire est accorde la radio communautaire commevecteur de transformation des conflits. Son potentiel est important, en raisonnotamment de sa proximit avec ses auditeurs, et relativement inexplorcomme tel.

Ces notes ont t rdiges et dites dans le cadre du projet Radio for

Peacebuilding, Africa de Search for Common Ground (SFCG), ONG activedans le domaine de la transformation des conflits. Plusieurs parties sont desversions dites de matriel existant car nous tenons viter de rinventerla roue quand elle existe.

En 2007, RAPP a t exploit par Mediafrica.net pour une formation distance avec des agents de radios dAfrique centrale. Pendant 15 semaines,les participants ont suivi en ligne un parcours pdagogique ralis parMediafrica.net, compos des notes, mais aussi de forums, de chats,dexercices pratiques et dun atelier rsidentiel. La mise en page et lacorrection de ce document a t ralise par Mediafrica.net.

RAPP sadresse principalement aux agents de radio en situation de conflitsviolents ou de tensions importantes en Afrique. Mais nous esprons que toutagent de radio, quel que soit son environnement de travail, trouvera icimatire rflexion sur son rle dans la socit, quil ou elle pourra mettre enuvre - aprs adaptation si ncessaire - certaines des techniques deconstruction de la paix prsentes.

Yannick De Mol est lauteur/diteur de ce cours. Journaliste radio, il fut coordonnateur du

projet Radio for Peacebuilding, Africa. Il est aujourdhui Coordonnateur Mdias pour SFCGen Cte dIvoire.

Remerciements : Francis Rolt, Michel Philippart, Aloys Niyoyita, Michael Shipler,Stphane Boulch, Marie-Soleil Frre, ainsi quaux auteurs des textes repris comme telsdans ce document.

Radio for Peacebuilding, Africa www.radiopeaceafrica.orgSearch for Common Ground www.sfcg.orgMediafrica.net www.mediafrica.net

Cette uvre est distribue sous licence Creative Commons Paternit - Pas d'UtilisationCommerciale - Pas de Modification 2.0 Belgique. Pour voir la licence, visitez :

http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/be/deed.fr


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TTTTABLE DES MATIERESABLE DES MATIERESABLE DES MATIERESABLE DES MATIERES

RAPP est compos de 11 sessions rassembles ici en un seul document :

1. Conflits, thorie et pratique...4

2. Mdias et conflits.15

3. Radio communautaire et conflits.26

4. Environnement des mdias..37

5. Public et objectifs dune mission / tablir des partenariats50

6. Formats radiophoniques...60

7. Formats hybrides (magazine et talk-shows)......72

8. Emissions culturelles...82

9. Emissions dinformation..91

10.Radio pour les jeunes.104

11.Evaluer ses missions115


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1.1.1.1.CCCCONFLITSONFLITSONFLITSONFLITS,,,,THEORIE ET PRATIQUETHEORIE ET PRATIQUETHEORIE ET PRATIQUETHEORIE ET PRATIQUE

Objectifs

Au terme de la session, les participants auront : acquis des connaissances de base en matire danalyse et de gestion des

conflits

envisag leur environnement professionnel en terme de construction dela paix

N O T E S D E C O U R S S E S S I O N 1

Cette session est une version adapte du chapitre consacr aux conflitsdvelopp par Search for Common Ground pour les guides Talk-shows radiopour construire la paix un guide de Francis Rolt et Ross Howard, et

Construire la paix radio pour les jeunesde Michael Shipler.

Ces guides sont disponibles sur http://www.radiopeaceafrica.org.


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e conflit nest pas ngatif par essence. Il est invitable et se retrouve dansla vie de chaque tre humain. Un conflit peut tre positif et susciter lacrativit comme il peut dboucher sur la souffrance et la destruction.

Limportant est la manire dont le conflit va tre gr, afin dviter quil nvoluede manire violente (violence physique mais aussi violence dite invisible ).

On peut percevoir les conflits comme un continuum allant du conflitinterpersonnel avec son collgue de travail laffrontement violent entre milicesarmes. Dans le cadre de ce cours, nous nous limiterons aborder les conflitsviolents entre groupes humains.

1. Comprendre les conflitsPour avoir un impact positif sur les conflits violents, les professionnels desmdias doivent tout dabord les comprendre. Les diplomates, les ngociateurs etles spcialistes des sciences sociales ont labor une approche sophistique desconflits. Pourtant, rares sont les journalistes et les prsentateurs en avoir

entendu parler. Les journalistes relatent les conflits violents tels quils seproduisent et les prsentateurs en parlent lantenne, mais bien souvent sans biencomprendre leurs causes profondes, et sans aucune connaissance des diffrentstypes de conflit ou de la manire dont ils peuvent tre rsolus. Comme le faitremarquer le spcialiste en analyse des conflits John Galtung, cela reviendrait dcrire une maladie sans en souligner lorigine et sans indiquer les mdicaments prendre pour en gurir.

Quest-ce quun conflit?Une dfinition largement accepte du motconflit est la suivante :

un conflit est une relation entre au moins deux parties(individus ou groupes) qui ont ou pensent avoir des objectifs,

des besoins et des intrts incompatibles.

Le conflit est un phnomne rpandu. Il en existe de nombreux types (politiques,sociaux, conomiques, religieux, etc.) susceptibles ou non dvoluer de manireviolente. On les distingue aussi parfois en fonction des groupes ou individusimpliqus (gnrations, castes, ethnies, nationalits, etc.). Certains spcialistesabordent galement les conflits selon leur phase de dveloppement.

Ainsi Simon Fisher distingue les tapes de :

pr conflit ;

confrontation ;

crise ;

issue et

post-conflit.

Le conflit nestpas ngatif paressence. Ilpeut amenerla souffrance et la

destruction, mais il

peut aussi trepositif et susciterla crativit.

L

S. Fisher (dir.),Cheminer avec le

conflit : comptences

et stratgies pour

laction,RTC/IIED, 2002


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Ces catgories peuvent tre utiles mais elles ne sont ni homognes ni exclusives.Les utiliser permet dtudier une situation donne mais ne doit en aucun cas faireoublier leur nature volutive : les conflits sont tout sauf statiques, ils setransforment et se superposent, ils changent de nature au gr du temps et desvnements.

Il nous semble fondamental que lesprofessionnels des mdias gardent lesprit que les conflits sont souvent

le rsultat dune combinaison de pulsions, de dsirs, de besoins, de croyances etde perceptions.

Dans le cas de conflits violents, il y a souvent autant de manires de percevoirlorigine du conflit que dacteurs impliqus, il ne sagit presque jamais dunesimple opposition violente entre deux groupes en qute de pouvoir.

Les conflits peuvent aussi tre le produit dune confrontation entre croyances etfaits concrets. La circoncision des femmes et les mutilations gnitales fminines

en sont un exemple les diffrentes manires de dcrire les pratiques prouventquil sagit dune question conflictuelle. Dans ce cas, le conflit oppose destraditions culturelles (valeurs) aux consquences physiques des pratiques (faits).

La prsentation des faits aux mdecins concernant les consquencesphysiques de certaines pratiques a convaincu nombre dentre eux de lancessit de modifier et/ou dradiquer celles-ci.

La plupart des volutions qui surviennent dans une socit saccompagnent

dinterrogations et de dbats sur les mrites du changement. En soi, le dsaccordou le conflit fait partie intgrante de la vie de chacun. Si le conflit est bien gr,les deux parties dvelopperont une approche commune concernant le rythme etlampleur du changement qui doit intervenir. Dans le cas contraire, il estprobable que le conflit volue de manire violente.

ViolenceSelon Simon Fisher, la violence consiste en :

des actions, des mots, des attitudes, des structures ou des

systmes qui cause un prjudice physique, psychologique,social ou environnemental et/ou empchent des gens

datteindre leurs pleines potentialits humaines .

La violence physique (ou violence visible) est le type de violence le plus connu.Elle est souvent la seule forme de violence identifie dans les mdias. Laviolence visible a pour but dintimider, de contraindre, blesser et mme tuer despersonnes .

Mais des formes de violence dite invisible existent. Elles sont tout aussidangereuses car elles peuvent aussi empcher les individus de raliser leur

potentiel et sont susceptibles de dboucher sur la violence physique.Deux grands types de violence invisible sont gnralement reconnus : la violenceculturelle et la violence structurelle.

L E S C A U S E S D E S C O N F L I T S S O N T

S O U V E N T M U L T I P L E S


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La violence culturelle dsigne les formes culturelles qui justifient ou glorifient laviolence. Elle inclut notamment les discours de haine, la justification religieusede la guerre, le recours des mythes et lgendes de hros de guerre, etc.

Les discours de haine dsignent un autre groupe comme infrieur, nemritant pas le respect, ou comme responsable des problmes actuelset suggrent de recourir la violence pour lliminer. Ce type dediscours peut tre adress lgard dun autre pays ou dun autregroupe social (ethnie, religion, classe, etc.).Lintolrance religieuse vis--vis des croyances et des coutumesdautrui et la discrimination fonde sur le sexe, qui permet despratiques contraires aux intrts des femmes, constituent dautresexemples de violence culturelle.

La violence structurelle intervient lorsque des lois et des rgles traditionnellesdune socit autorisent ou encouragent la violence lencontre dun groupe demanire structurelle. Elle inclut notamment lesclavage, le colonialisme, lasgrgation raciale. La corruption, quand elle est promue au rang de systme,relve galement de la violence structurelle. Il sagit de systmes politiques ou

juridiques (comme dans le cas de lapartheid en Afrique du Sud) qui neconsidrent pas les individus comme gaux, mais aussi de systmes sociaux danslesquels les normes et les valeurs de la socit empchent certains individus depouvoir exploiter leurs potentialits. On le comprend, mettre un terme desaffrontements ne suffira pas pour instaurer une paix durable. Il faudra galementenvisager les autres types de violence.

Circonstances dans lesquelles les conflits tendent voluer demanire violente

Ces circonstances sont identiques pratiquement partout dans le monde :

peu ou pas de communication entre les camps en dsaccord ;

chaque camp se base sur de fausses ides et des prjugs lgard de

lautre camp ; des griefs historiques ou de longue date opposent les deux camps ;

le pouvoir et/ou les ressources (nourriture, logement, emploi ou terres)ne sont pas rpartis de manire quitable.

Par rapport au dernier point (une distribution inquitable des ressources), il fautnoter qu'il est pratiquement impossible pour des gens impliqus dans un conflitd'accepter quelque arrangement que ce soit qui ne permet pas de satisfaire leursbesoins humains lmentaires, en termes dalimentation, dhbergement ouencore de soins de sant mais galement par rapport leur identit.

Cet aspect est particulirement important garder l'esprit car cela signifie queces individus dont les besoins primaires ne sont pas satisfaits ne doivent pas


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forcment tre perus comme draisonnables s'ils continuent leur lutte, et cemme si elle semble tre sans espoir. Cela signifie qu'un changement au niveaustructurel est ncessaire afin de permettre la satisfaction de ces besoins. Si aucunaccord nest trouv afin de modifier ces conditions, un conflit violent est presqueinvitable.

Issue dun conflitComment un conflit se termine-t-il? Que celui-ci oppose un homme et unefemme, deux villages ou deux pays, les spcialistes en analyse des conflitspointent au moins quatre manires dont un conflit peut se terminer :

L A D O M I N A T I O N O U L A V I C T O I R E D U N C A M P

En raison de sa domination militaire, conomique ou lissue dun processusdarbitrage, un camp lemporte et lautre perd. Le perdant sera trs probablementdu et parfois victime de violences.

Au Nigeria, la guerre de 1967-70 mene contre le mouvementscessionniste en faveur dun Biafra indpendant a abouti la victoiretotale du gouvernement central, mais certains Igbos demeurentinsatisfaits et continuent dvoquer lindpendance.

L E R E N O N C E M E N T E S T U N E A U T R E F A O N D EM E T T R E F I N A U N C O N F L I T , D U M O I N ST E M P O R A I R E M E N T

Lun des deux camps bat en retraite.

A la fin du mois de mai 2000, puises par une guerre frontalirecoteuse et sanglante, lEthiopie et lErythre ont toutes deux retirtemporairement leurs troupes de la rgion frontalire (lEthiopie aqualifi cet vnement de victoire). Pourtant, les problmes sous-jacents nont pas t rsolus et continuent de crer des tensions entreles deux pays.

L E C O M P R O M I S , P R E M I E R P A S V E R S U N E S O L U T I O ND U R A B L E A U C O N F L I T

Les deux camps saccordent sur au moins un petit changement, comme parexemple le partage des ressources qui fait lobjet du litige. Le partage ne serapeut-tre pas quitable mais il satisfait temporairement les deux groupes.

Laccord de 1996 entre le gouvernement malien et les groupestouaregs du nord du pays en est un exemple. Le gouvernement aaccord plus de pouvoir au niveau local au nord du pays, notammentdans les matires conomiques. En change, les Touaregs ont dposles armes et suspendu leurs actions en vue dobtenir lindpendancetotale. Les nouveaux affrontements montrent que la solution trouve lpoque na pas mis fin au conflit.


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L A T R A N S C E N D A N C E , O U L E V E R I T A B L E T E R R A I ND E N T E N T E

La transcendance, ou le vritable terrain dentente implique pour les deux campsde parvenir une nouvelle approche de leurs besoins rels et de trouver unenouvelle manire de partager les bnfices de la collaboration. Ils respectent leurs

diffrences et reconnaissent leurs problmes communs.Tous deux uvrent de concert leur bien commun. Le conflit violent apparatdsormais comme moins souhaitable pour surmonter leurs diffrences. Il sagitde la mthode la plus susceptible de donner naissance une paix durable.

Laccord de paix de 1992 mettant fin la longue guerre civile auMozambique lillustre. A lissue dun processus long de dix ans, lesdeux camps sont parvenus un accord sur le fait que la meilleuremanire damliorer la vie de tout un chacun tait de reconstruirelconomie agricole, accepter la rgionalisation et organiser deslections libres.

2. Comment transformer les conflitsDes techniques pour construire la paix ont t dveloppes depuis longtemps,bien avant la cration de la discipline acadmique de lanalyse des conflits il yquelques dcennies. Elles permettent de faire en sorte que les conflits nvoluentpas de manire violente.

Dans de nombreuses rgions du monde, des mcanismes de gestion des conflits

existent afin de rgler les dsaccords auxquels les groupes humains ont tconfronts.

Les techniques classiques incluent la facilitation et la mdiation entre acteurspolitiques (diplomatie officielle et mthodes non officielles), la formationdacteurs locaux pour rsoudre les conflits, la mdiation judiciaire, etc.

Plus rcemment des techniques novatrices ont commenc tre exploites,certaines avec succs. Il sagit par exemple dactivits sportives, culturelles ouducatives dpassant les clivages religieux, ethniques ou linguistiques (festivalsde thtre, matchs de football, jardins denfants, etc.) qui amnent les diffrentsgroupes mieux se connatre, et stimulent le dialogue et la comprhension

mutuelle. Les mdias peuvent videmment aider cela. Depuis quelques annes,les mdias pour la paix sont un domaine en expansion, en particulier dans lemonde anglo-saxon.


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Radio et conflitsParmi les mdias audiovisuels, la radio est celui qui touche le plus grand nombredindividus. Ce qui en fait un lment cl (particulirement dans les pays du Sud)si lon veut construire la paix. Les radios contribuent, de manire significative ounon, soit attiser les tensions, soit renforcer une culture de dialogue et detolrance. Toute radio joue un rle dans la manire dont ses auditeurs, et donc lasocit, peroivent les diffrents groupes et les conflits qui les opposent. Il ny apas que les fameuses radios de la haine et les organes de propagande qui ont uneinfluence ngative sur lvolution des conflits : un travail non professionnel peutsuffire par exemple renforcer les strotypes et les tensions. En fait, un grandnombre dagents de radio ont un impact ngatif alors quils ne sont pasmalintentionns. Quantit de journalistes et de prsentateurs contribuent parexemple exacerber les tensions et rendre le dialogue difficile par lutilisationdun vocabulaire imprcis et sensationnaliste. Nous y reviendrons.

Moins connus sont les exemples dinitiatives radio ayant une influenceconstructive, ayant favoris le dialogue et encourag la comprhension mutuelle

entre groupes ethniques, religieux, linguistiques ou autre.

Voici quelques-unes des fonctions positives que peut remplir la radio.

La radio peut :

constituer un moyen de communication entre les protagonistes (parfoisle seul),

rectifier des perceptions errones en invitant des personnalits et desexperts sexpliquer clairement,

montrer un aspect plus humain de lautre,

mettre en avant la dimension humaine du conflit en y associant des nomset des voix et en relatant lantenne des histoires vcues,

fournir un exutoire aux auditeurs et aux protagonistes, les amener envisager le problme dune manire diffrente ou encore leur donnerloccasion de sinspirer de solutions trouves ailleurs,

gnrer des solutions.

Voil prcisment certaines des missions essentielles remplies par lesngociateurs de conflit professionnels, les conseillers dans cette matire et lesdiplomates qui uvrent la rsolution des conflits. Mais il sagit galement desmissions quotidiennes des professionnels des mdias. Lorsquils agissent de lasorte, ils jouent le rle de mdiateurs de conflit.

Techniques de transformation des conflits adaptes aux mdiasLa faon dont le conflit est reprsent est dcisive, car elle freine ou encourage sa

vritable rsolution par les protagonistes. Les journalistes et les producteurs onttendance dpeindre le conflit comme un jeu somme nulle , c'est--dire une


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opposition entre deux parties pour lesquelles tout est une histoire de victoire oude dfaite. Si je gagne, tu perds et vice versa.

Mais nous avons vu dans les manires de sortir des conflits que des solutions otout le monde est gagnant approche gagnant-gagnant peuvent tretrouves. La manire dont on va reprsenter ou envisager ( frame en anglais)

le conflit est donc fondamentale. A ce niveau, les hommes et femmes de mdiaont un rle important jouer.

Les outils prsents ci-dessous (carte des conflits, distinction positions/intrts etdistinction faits/valeurs) permettent denvisager le conflit de manire diffrente.Il sagit de techniques classiques danalyse des conflits qui peuvent aider les

journalistes mieux comprendre et mieux faire comprendre la situation.

Faire la carte dun conflitCet exercice appel Mapping en anglais permet de mieux comprendre leconflit et didentifier les diffrents facteurs qui linfluencent. Il permet

denvisager des questions qui nauraient pas forcment t abordes et quipourtant permettent de comprendre rellement la situation. Les conflits sontcomplexes et les rsumer est difficile. Lobjectif ici nest bien sr pas de fairepreuve de simplisme.

Il existe plusieurs manires de raliser une carte dun conflit. En gnral, ondessine les rsultats sur un panneau selon certains codes qui ne seront pasabords ici afin de visualiser le conflit.

I D E N T I F I E R L E S A C T E U R S

Il sagit didentifier :

les principaux protagonistes/acteurs-cls du conflit ;

les autres parties impliques ou lies dune manire ou dune autre (ycompris les groupes marginaliss ou les lments externes).

Il est galement utile denvisager les relations entre les parties du conflit(alliances, ruptures de communication, confrontations, contacts serrs).

Etablir une cartedu conflit permetdenvisager la

situation avec unegrille de lectureplus riche. Ce quipeut mener sa

rsolution.

En somme lontente de rpondre

la questionsuivante : qui a un

intrt en jeu dansle conflit ?


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I D E N T I F I E R L E P R O B L E M E

Il sagit :

didentifier les positions de chacune des parties (voir le chapitre suivant).Lister les positions de toutes les parties (leurs exigences et objectifs

dclars) ; de dfinir le problme. Ce nest pas facile car il sagit de dcrire ce sur

quoi porte le conflit.

Dans de nombreux cas, vous ne pourrez vous satisfaire dune seule dfinition.Ecrivez-les toutes. Cet exercice a le mrite de dmontrer la complexit desconflits. Il est galement conseill didentifier les peurs et les besoins des acteurscar, au bout du compte, on ne pourra trouver de solution satisfaisante et durableau conflit si lon ne satisfait pas les besoins essentiels des acteurs.

Cet exercice na pas pour but de dterminer ce qui est raisonnable et ce qui nelest pas mais dexplorer les diffrentes perceptions de la ralit du conflit.

Positions et intrtsIdentifier les positions et les intrts des camps qui sopposent est un autre pointimportant pour les professionnels dsireux daborder un conflit.

La position cristallise bien souvent lattention premire des gens lors dunconflit. Il sagit dune dclaration ou dune action en vue de soutenir unedemande ou un point de vue. Il peut sagir dune croyance concernant la manire

dobtenir ou de dfendre ce dont lun des deux camps pense avoir besoin. Lesacteurs du conflit peuvent adhrer une position ou en changer afin de trouver denouvelles faons de faire avancer leurs exigences.

Lintrt quant lui constitue un besoin autrement plus fondamental et est lavritable raison qui motive une prise de position. Rarement affich, il estpourtant bien rel.

Il arrive que les positions des deux camps semblent totalement opposes maisque leurs intrts cachs prsentent des similitudes, voire une possibilit deterrain dentente.

Parfois, un conflit ne peut trouver de solution tant que le dbat ne porte que sur

les positions, sans prendre en considration les intrts de chaque camp. Lespositions opposent les deux camps, explorer les intrts est susceptible de lesrapprocher.

Faits et valeursDistinguer les faits des valeurs est particulirement important pour contribuer lapaix.

Un fait est une vrit concrte. Il sagit dune information susceptible dtreobserve ou calcule, telle que les vaches mangent de lherbe ou le

Kilimandjaro est haut de 5 895 mtres . Un fait ne change pas, quelle que soit lapersonne qui le prsente. En fin de compte, peut-tre aprs une vrificationindpendante, les faits sont accepts.

Il est important de

garder lesprit etdaccepter le

caractre subjectifdes peurs et des

besoins.

Derrire chaqueposition se cache

au moins unintrt.


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La valeur est diffrente. Il peut sagir dune conviction profondment ancre,telle que : on ne peut tuer quen cas de lgitime dfense . Mais les valeurs nesont pas vrifies par les faits. Elles sont subjectives. Dans cette perspective,croire que les politiques agricoles de tel parti politique sont meilleures que cellesdun autre, est souvent une valeur.

Par exemple, un conflit entre deux dirigeants sur le nombre de soldatsrebelles dmobiliss constitue un conflit bas sur des faits. Le chiffrepeut tre vrifi, par des sources indpendantes si ncessaire.En revanche, les dsaccords sur lautorisation ou linterdiction de lapolygamie, lhomosexualit ou lavortement sont des conflits devaleur.

Les aptitudes essentielles pour orienter un programme radiophonique sur la

voie de la rsolution des conflits consistent couter et identifier les faits

pour ensuite agir en fonction de ceux-ci.Ici, le but est de rorienter la discussion et de dlaisser la perception des causesdu conflit fonde sur des valeurs pour se concentrer sur des faits avrs etrechercher des solutions dautres faits.

Les conflits de valeursont plus dlicats rsoudre.

Toutefois, il est possible de se servir de faitsadmis de tous comme point de dpart afindencourager la tolrance vis--vis de valeursdiffrentes. Il est galement parfois possible derechercher dautres valeurs partages par les

deux camps.

Dans un certain nombre de pays dAfrique, des campagnes sanitaireset ducatives ont t menes en collaboration avec les communautsafin de mettre un terme aux mutilations gnitales fminines. Elles ontencourag ces communauts conserver un rite dinitiation spcifique(une valeur) en vue de marquer la condition de femme, mais cetteclbration se caractrise dsormais par le sacrifice dune chvre oudune vache et les jeunes femmes ne subissent plus de violencephysique.

Il est essentiel de commencer par faire le tri entre les faits et les valeurs avant

dentamer une discussion sur un conflit. Des faits solidement documentspeuvent constituer de puissants arguments pour dgager un premier accord entrediffrents protagonistes.

Trouver un terrain dententeFaire la carte du conflit, identifier les faits et les valeurs, et dterminer lesvritables intrts qui se cachent derrire les positions permet dviter les dbats

emprunts de colre et de haine pour orienter la discussion vers la recherche dunterrain dentente.

L E S G E N S N O N T P A S P O U R

H A B I T U D E D E R E N O N C E R

F A C I L E M E N T A L E U R S V A L E U R S


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Cette approche peut attirer des auditeurs prcisment parce quelle aborde lesconflits, mais sous langle de la rsolution, au lieu de simplement exploiter lesconflits et dattiser les tensions.

Cette manire de faire de la radio ncessite un travail de recherche et de

rflexion srieux avant lenregistrement. On pourra ainsi raliser une analyse du

conflit afin didentifier ses causes et prparer ses questions lavance afin defaciliter lidentification et la distinction des faits et des valeurs. Ce typedmission ncessite des techniques de facilitation prudentes afin damener lesopposants aller au-del de leurs positions antagonistes et rechercher lesintrts quils peuvent avoir en commun ainsi quun vritable terrain dentente.

Ressources

R E S S O U R C E S E N L I G N E

R. Howard, Pour un journalisme sensible aux conflits, IMPACS, 2004.http ://www.radiopeaceafrica.org/assets/texts/pdf/Handbook_conflict_sensitive_fr.pdf

J. Galtung, Conflict Transformation by Peaceful Means, 2000.

Disponible en anglais sur http ://www.transcend.org

S I T E S

Radio for Peacebuilding, Africa de SFCG : http ://www.radiopeaceafrica.orgManuels publis par Radio for Peacebuilding, Africa. :

Construire la paix. Guide de la radio pour les jeunes ; Produire un feuilleton pour la prvention / rsolution des conflits ;

Talkshows pour construire la paix - Un guide.

Pour y accder, il faut sinscrire sur le site, mais pas de panique : cela estgratuit et se fait en deux clics !

Beyond Intractability : http://www.beyondintractability.org

GRIP: http://www.grip.be

L I V R E S

S. Fisher (dir.), Cheminer avec le conflit : comptences et stratgiespour laction, RTC/IIED, 2002.

L. Reychler, T. Paffenholz, Construire la paix sur le terrain, GRIP/Complexe, 2000.

J. Lynch, A. McGoldrick, Peace Journalism, Hawthorn Press, 2005.


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2.2.2.2.MMMMEDIASEDIASEDIASEDIAS&&&&CCCCONFLITSONFLITSONFLITSONFLITSObjectifs

Au terme de la session, les participants auront :

pris conscience du rle des mdias dans les conflits

pris conscience de modes dintervention propres aux mdias


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es mdias ont aujourdhui une influence considrable dans nos socits.

Ils faonnent les valeurs des individus, leur manire de se percevoir, depercevoir les autres, et le monde dans lequel ils vivent. Les mdiasdinformation, et les autres formes dexpression mdiatique, ont un impactsignificatif sur leur public, et indirectement sur lensemble des socits.

Par mdias, nous entendons :

tout moyen organis destin communiquer avec des

groupes dindividus.

Cela comprend donc la tlvision, la radio et la presse, mais galement lInternet,

le thtre de rue ou encore la bande dessine.Les mdias de masse sont souvent dcris par les hommes politiques et lesintellectuels en raison de la mauvaise couverture faite de tel vnement, ou desvaleurs critiquables vhicules par tel ou tel film. Dailleurs, les professionnelsdes mdias sont souvent les premiers reconnatre et dnoncer les errements deleurs collgues.

Les mdias peuvent inciter la haine, propager desinformations mensongres et servir des stratgies de guerre,

mais ils peuvent aussi contribuer rduire les tensions entre

groupes opposs.

Mais, si les mdias sont souvent utiliss pour le pire, parce quils ont un agendapolitique ou parce quils poursuivent des objectifs exclusivement commerciaux,ils peuvent galement ltre pour le meilleur. Ainsi, les mdias sont des outils double tranchant pour reprendre lexpression du journaliste canadien RossHoward.

Ce constat est dautant plus vrai quand les socits sont dstabilises par desconflits. Lensemble des valeurs et des normes sociales entrent alors en

mutations. Les auditeurs sont plus fragiles cause de la peur quils ressententpour eux-mmes et pour leurs proches. Chaque camp aura dailleurs pourobjectif dempcher les informations de circuler librement, nacceptant que cequi peut servir la cause, et voulant sassurer le soutien de sa population.

L


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1. La radio, mdia mondial, mdia africain

Il existe dans le monde plus de 20.000 stations de radio et

plus de deux milliards de rcepteurs radio. Lide selon

laquelle la tlvision ou toute autre forme sophistique detechnologie de linformation va remplacer la radio, na aucunfondement, dautant que la radio est en constantevolution.

Comme laffirme A.-J. Tudesq, la radio, apparat comme le transfert detechnologie russi et le mdia le mieux africanis, mme si elle nest pastotalement mancipe des influences extrieures, notamment au niveau desquipements techniques; face la tlvision et la presse qui sont surtout desmdias urbains, elle pntre dans lAfrique profonde, intgrant les populationsrurales dans la vie nationale. Aussi son importance politique saccrot la fois

avec la gnralisation de laudience et avec llargissement de la vie politiqueprovoqu par le multipartisme et une certaine libralisation.

En raison de ses - relativement - faibles cots de production, de sa facilitdutilisation et de diffusion, des hauts taux danalphabtisme et de sonadquation avec la culture de loralit, le mdia radio a connu un dveloppementingal sur lensemble du continent africain depuis les annes 60. Bnficiant dela libralisation des ondes des annes 90, des milliers de radios prives ont vu le

jour, venant sajouter aux radios dEtat mises en place au lendemain desIndpendances. Selon le rpertoire des radios sur le site TRRAACE, on compteplus de 250 radios rien quen Rpublique dmocratique du Congo.

Bien sr la tlvision rencontre un succs croissant dans les villes, la presse critea une relle capacit dinfluence auprs des lites ; lInternet reprsente le

C. Fraser, S.Restrepo Estrada,Manuel de la radio

communautaire,

UNESCO, 2001

La table ci-dessous vous est

galement donneen annexe parmi

les ressources de

la semaine.


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(multi)mdia de lavenir. Il nempche : la radio est le premier mdia en Afrique.Ce nest dailleurs pas un hasard si de nombreux gouvernements africains ontlibralis la presse et la tlvision avant la radio ; cest bien parce que la radio estle mdia ayant la plus grande influence sur le continent lheure actuelle.

Cela tant, quelle que soit son influence, une intervention mdiatique sinscrit

toujours dans un contexte. Et cest ce contexte qui est dterminant. Si aucunconflit na jamais pu tre rsolu uniquement grce aux mdias, il est clair queceux-ci peuvent accompagner, renforcer ou rorienter les initiatives de paix ou linverse ils peuvent avoir un rle ngatif.

2. La radio comme arme de guerre

Radios de la haineCes radios propagent un discours de haine, elles encouragent la violence entre lesgroupes ethniques, sociaux, religieux, linguistiques ou autres, ou entre pays. Ilsagit de violence physique comme dans le cas o un animateur lance lappel au

meurtre pendant son mission, mais galement de violence invisible, commequand un prsentateur tient des propos racistes ou xnophobes lantenne.

Les mdias de la haine se dveloppent le plus souvent en situation de conflitviolent. Ils participent la propagande pour un des camps : ils fournissent desinformations biaises afin de soutenir la cause car la guerre se gagne aussidans les esprits.

Le cas de la RTLM estcertainement lun desexemples le plus cit de radio

de la haine.Cette station radio prive a

largement contribu crer un climat de terreur parmi la population,un climat propice la perptration du gnocide rwandais. 1 La RTLMa servi lgitimer les massacres de Tutsi et dopposants hutu et,pendant le gnocide en 1994, a incit directement aux massacres etfourni des informations pratiques aux gnocidaires pour faciliter leur travail (Les tueurs parlaient effectivement de travailler quandils perptraient les massacres). Le gnocide rwandais sest drouldavril juin 1994 et fait entre 800.000 et un million de morts.En avril 1993, alors que les rebelles tutsis du Front PatriotiqueRwandais (FPR) ont entam leur campagne militaire contre le pouvoiren place Kigali, une nouvelle station lance par des proches durgime commence mettre. A lpoque, de nombreuses publicationspapier incitent dj la haine et renforcent les strotypes lencontredes Tutsi.La RTLM a des moyens importants et diffuse sur tout le territoire carbnficie de certains relais de Radio Rwanda. La nouvelle radiorencontre rapidement le succs grce sa programmation (beaucoupde musique et danimation) mais aussi la faiblesse de laconcurrence.En octobre 1993, suite lassassinat du prsident burundais MelchiorNdadaye, la radio sengage sur le terrain politique. Elle crie au danger

1 La population du Rwanda est compose de deux ethnies majoritaires : les Hutu (85%) et les Tutsi(14%) selon des statistiques datant de 1960.

R W A N D A :

R A D I O - T E L E V I S I O N L I B R E D E S M I L L E

C O L L I N E S ( R T L M ) ,

L A R A D I O D E L A H A I N E


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de propagation de la violence depuis le Burundi voisin 2, elle critiqueavec vhmence le FPR, les accords dArusha 3, les membres de lasocit civile et les journalistes ayant soutenu le processus de paix oumis en lumire les abus du pouvoir.Lavion du prsident rwandais est abattu le 6 avril 1994, cetvnement marque le dbut des massacres. La RTLM accuse le FPR,

lopposition hutue et les Belges prsents sur le terrain. Dcrivant lerle de la RTLM, Marie-Soleil Frre indique que, trs rapidement, laradio accompagne, guide et encourage le travail des milices quidbute lexcution systmatique des personnalits de lopposition,puis de tous les Tutsi, qualifis dennemis de lintrieur, tous demche avec les assassins du prsident. Elle pousse son auditoire passer lacte, rejoindre les rangs des Interahamwe 4, brandissantlargument de la lgitime dfense, faisant croire son public quil nya quune alternative : cest tuer ou tre tu.

M E C A N I S M E S D E L A P R O P A G A N D E H A I N E U S E D E L AR T L M

Ils sont dj prsents dans Lappel la conscience des Bahutu et Les dixcommandements du Hutu , publis par le journal Kangura.

Dans une synthse de louvrage de Jean-Pierre Chrtien, Rwanda, les mdias dugnocide, Marie-Soleil Frre les rassemble comme suit :

La relecture de lhistoire. Les mdias prsentent la distinction entre Hutuet Tutsi comme ancestrale

Lvidence ethnique. Elle consiste renforcer le sentimentdappartenance en poussant sa revendication dcomplexe.

Le manichisme. Il y a dune part un peuple majoritaire et de lautreune minorit fodale qui cherche nier la ralit ethnique pour continuer

sinfiltrer .

La manipulation des faits. Les violences dont sont victimes les Tutsi sontsystmatiquement prsentes comme des rflexes dfensifs du peuplehutu face des ennemis dsireux de rinstaurer le pouvoir fodal etminoritaire des Batutsi .

La victimisation. Le premier moteur de la haine est la peur et les mdiasextrmistes reviennent constamment sur la menace que fait peser sur lesHutu la prsence des Tutsi dans le pays.

La dshumanisation et lanimalisation de lennemi. Les combattantsdu FPR sont qualifis de inyenzi (cancrelats en kinyarwanda),dnomination qui va stendre tous les Tutsi, puis aux opposantspolitiques.

La dnonciation de tous les complices du FPR. Ces ennemis delintrieur sont tout autant les hommes politiques hutu modrs quelensemble de la population tutsi.

Mais les mdias de la haine se sont dvelopps dans toutes les rgions du monde,il ne sagit en rien dune particularit africaine ou des pays non industrialiss,comme les mdias occidentaux le laissent parfois penser. Ministre delInformation et de la Propagande pendant la Seconde Guerre mondiale, Joseph

2 Dont la population est galement compose des deux mmes ethnies majoritaires quau Rwanda, dans les

mmes proportions.3 Accord de paix sign en aot 1993 entre le gouvernement dunion national rwandais le FPR.4 Les Interahamwe est le nom donn originellement aux milices composes de jeunes, de deux partisextrmistes hutus rwandais, et par extension toutes les milices de partis ayant particip activementaux massacres.

Pour plusdinformations,

consultez louvrageremarquable ralis

sous la direction delhistorien Jean-

Pierre Chrtien :Rwanda, les mdias

du gnocide, 1995.


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Goebbels a fait des mdias allemands une arme terriblement efficace. Il porte unelourde responsabilit dans lexcitation de la haine contre les Juifs lpoque.

Voici deux des exemples les plus marquants de radios de la haine activesactuellement en Europe :

Radio Oasis au Danemark est laseule radio nonazie autorise en Europe. Se revendiquantouvertement du national-socialisme, cette radio a t au centre de lapolmique pendant plusieurs annes. En plus dtre autorise mettre, Radio Oasis a reu, jusquen 2004 des subsides publics envertu de la lgislation trs librale des mdias au Danemark. Elle a tinterdite provisoirement en raison des propos racistes tenus lantenne, mais continue dexister grce des fonds privs.

La station catholique polonaiseRadio Marya, tient rgulirement des propos xnophobes etantismites lantenne. Selon le quotidien Polityka, un de sesprogrammes Conversations non termines est domin parlintolrance et lautoritarisme. Radio Marya revendique un auditoirede plus de 10% des adultes du pays. De plus elle dispose duneinfluence politique importante. Les partis quelle soutient, les partisdextrme droite la Ligue des Familles polonaises (LPR) etSamoobrona (Autodfense) ont drain environ 33 % des votes lors deslections locales de 2004.

Radios irresponsablesA ces mdias de la haine, il faut ajouter un grand nombre de radios ayant unimpact ngatif alors quils ne sont pas malintentionns. Quantit de journalisteset de prsentateurs contribuent par exemple exacerber les tensions et rendre ledialogue difficile par lutilisation dun vocabulaire imprcis et sensationnaliste.

Le poids des motsDans le cas ou un gouvernement fait face une rbellion, le mot terroriste pour dsigner les rebelles, est utiliser avec beaucoup de prcautions car il renddirectement le groupe en question infrquentable. Impossible de sasseoir unetable avec des terroristes. Ce qui complique videmment lorganisation dengociations entre les parties. Les terroristes aux yeux des uns sont souvent lescombattants de la libration aux yeux des autres. Ainsi, pendant la SecondeGuerre mondiale, les Allemands considraient les rsistants comme desterroristes. Le terrorisme peut tre dfini comme lemploi de la violence lencontre de civils, amenant la terreur, pour atteindre un objectif politique.

R A D I O O A S I S A U D A N E M A R K

Exemples reprisdu DossierCounteracting

Hate Radiode

Radio Netherlands

R A D I O M A R Y A E N P O L O G N E


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Autre terme frquemment utilis dans les mdias, fondamentaliste pose lemme genre de difficult. De nombreux journalistes pourraient dfinir un rgime fondamentaliste comme un rgime non lu dmocratiquement dont lesdirigeants sont guids par leurs croyances religieuses. Mais trs peu parmi euxdsigneraient par ce terme la premire administration G. W. Bush, dsigne parla Court Suprme en 2000 alors que G. W. Bush avait rcolt quelque 500.000voix de moins que son rival Al Gore.

Les deux exemples proposs ci-dessus le sont par J. Lynch et A. McGoldrickdans leur rcent ouvrage Peace Journalism.

Lecture ethnique des conflitsIl sagit l dun autre pige dans lequel tombent souvent les journalistes chargsde traits des conflits violents : Que ce soit dans les pays industrialiss ou dansles pays du sud, les mdias ont une forte tendance prsenter une lectureuniquement ethnique des conflits.

Ce journalisme prsente les tensions entre groupes ou communauts comme le

rsultat dantagonismes ancestraux, de traits hrditaires des protagonistes.Comme si toutes les guerres taient des conflits ethniques .

Envisager les conflits violents comme des guerres tribales est particulirementnocif car il exempte les acteurs de prendre leurs responsabilits et empche lepublic de comprendre les enjeux, les causes et les consquences des conflits.

Cela amne notamment la communaut internationale soit ne pas intervenirsous prtexte que de toute faon, ils sentretuent depuis des centaines dannes,et ce sera toujours ainsi soit intervenir, mais de manire inapproprie.

Mais, comme le rappellent T. Allen et J. Seaton, la majorit des conflits violents ne sont pas le rsultat de

divergences biologiques ou naturelles des peuples, mais de

processus sociaux. La politique et lconomie sont trs

souvent derrire ces soi-disant guerres ethniques; largent et

le pouvoir sont trs souvent lorigine des carnages. Si lesjournalistes veulent vraiment se pencher sur les sources des

conflits et les prvenir, ils devront faire un effort danalysepour saisir ces situations en profondeur.

Nous reviendronssur le danger

dutiliser unvocabulaire vagueou inappropri lors

de la sessionconsacre auxmissionsdinformation, lors

de la Semaine 9.

T. Allen, J. Seaton,The Media of

Conflict: war

reporting and

representation of

ethnic violence,Zed Books, 1999


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3. La radio comme instrument de paixBeaucoup dexemples attestent de leffet destructeur des mdias. Moins connussont les exemples dinitiatives radio ayant une influence constructive, ayantfavoris le dialogue et encourag la comprhension mutuelle entre groupesethniques, religieux linguistiques ou autre.

Types dinterventionsLors dun conflit violent, diffrentes interventions peuvent tre menes en mme

temps ou tre combines, selon les circonstances. En radio, il peut sagir de laproduction de programmes, dactivits de renforcement des capacits, de soutienau pluralisme des mdias dans le pays en question, etc.

Dans son ouvrageLe rle des mdias dans la consolidation de la paix cadreoprationnel, Ross Howard propose de distinguer cinq types dinterventions quichacune dpendent du contexte, en ce compris le stade du conflit :

1 . F O R M A T I O N J O U R N A L I S T I Q U E D E B A S E

Le premier type dintervention, trs courant, sattache corriger les dfautsdun journalisme svrement handicap par son manque de professionnalisme,

de diversit, de libert et de technologie. 2 . F O R M A T I O N A U N J O U R N A L I S M E R E S P O N S A B L E

Ce type de formation porte sur les techniques relatives au journalismedinvestigation, explicatif et spcialis, et un journalisme danalyse fond surles faits.

3 . F O R M A T I O N A U N J O U R N A L I S M E D E P A I X

Ce type de formation questionne le rle des journalistes dans les conflits. Lesparticipants acquirent des connaissances en analyse des conflits.

C O N T R I B U E R A L A P A I X N E S T P A S

P R O M O U V O I R L A P A I X

Il est important de ne pas confondre le fait de parler de paix lantenne etle fait de contribuer la paix. Cet amalgame - trs rpandu - revient considrer la paix comme une thmatique au mme titre que la sant,lenvironnement, la musique ou encore lagriculture.

Or, les professionnels des mdias travaillant dans le domaine de la transformation

des conflits saccordent sur le fait que cest aussi (et peut-tre surtout) en

dehors des missions spcifiquement consacres la paix que la radio aun rle jouer. Ce nest pas une surprise, les auditeurs naiment tre sentendredire ce quils doivent faire ou ce quils doivent penser. Nous le comprenons, noussommes aussi des auditeurs.

Si des valeurs de tolrance et de dialogue sont vhicules dans dautresmissions, de divertissement (comme des jeux ou de la fiction) ou dinformationpar exemple, les rsultats pourront tre plus probants.


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4 . I N T E R V E N T I O N P R O A C T I V E

Il sagit de campagnes mdiatiques, gnralement conue dans un but et pour unpublic spcifique par une ONG ou une institution internationale. Elle peut avoirpour objet de contrer une propagande de haine ou consister en uneprogrammation destine fournir des renseignements pratiques immdiats (vote

pour des lections, runification de rfugis, conseils en matire dducation oude sant, par exemple).

Cre par la FondationHirondelle en 1995, cette station avait pour objectif de contrer lesmdias de la haine dans lest de la Rpublique dmocratique duCongo. Elle diffusait huit heures par jour en cinq langues diffrentes(kinyarwanda, kirundi, swahili, anglais et franais). La programmationtaient compose de deux missions dinformations principales, deuxsynthses de lactualit ainsi quune srie de programmes traitant desujets spcifiques comme les conditions sanitaires, le respect des

droits de lhomme ou encore des questions touchant la justice. Elle aarrt ses activits en 1997.

5 . P R O G R A M M A T I O N V I S A N T U N R E S U L T A TS P E C I F I Q U E

Ce type dintervention vise transformer les attitudes, promouvoir larconciliation et rduire les tensions. Il ne sagit pas de journalisme classique.De telles interventions sont gnralement le fait dorganismes non

gouvernementaux. Le contenu de la programmation est dtermin en fonction desa capacit favoriser la paix. Les mcanismes de programmation et de diffusionpeuvent sappuyer sur des vecteurs de la culture populaire tels que les feuilletonsradiophoniques ou tlviss, le thtre de rue et les affiches. Linitiative et laprogrammation pourront tre ralises conjointement avec dautres acteurs etprojets. Les professionnels des mdias participant linitiative pourront jouer unrle actif de conciliateur

Emission radio du TalkingDrum Studio, studio deproduction de Search for

Common Ground en Sierra Leone. Anime par des ancienscombattants de factions opposes, le programme tait initialementdestin encourager les combattants rintgrer la vie civile(informer sur le processus de dsarmement, dmobilisation etrintgration) et fournir un forum de discussion aux combattantspour quils puissent exprimer leurs inquitudes.

R A D I O A G A T A S H Y A

L E H W I M E K S A L O N E ( C O N S T R U I S O N S L A

S I E R R A L E O N E ) ,

Le cours RAPP1 sesitue dans le typetrois, et lesprogrammes radioque vous serez mme de raliser

lissue de laformation

pourraient treclasss dans la

5me catgorie.


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Rles positifs des mdiasIl existe un grand nombre de fonctions que peut remplir une mission radio :

fournir des modles positifs ;

humaniser l autre ;

dconstruire les strotypes ;

rendre les dcideurs responsables ;

informer et permettre lexercice de la citoyennet ;

servir de courroie de transmission entre les parties ;

donner la parole aux sans-voix , amener des perspectives diffrentesdu conflit.

Lhomme de la rue, des membres de la socit civile, des enfants, ou desmembres dassociations de femmes peut contribuer de maniresignificative gnrer des solutions alternatives ;

exercer une pression sur les lites politiques et les obliger prendre encompte les aspirations souvent pacifiques de la population ;

amener les acteurs explorer le futur au lieu de regarder vers le pass.Les parties en conflit ont tendance envisager la situation en regardantvers le pass. Ils font le bilan des souffrances endures, des injusticessubies par leur camp. Et au moment de communiquer avec ladversaire,

cest laffrontement entre des lectures diffrentes du conflit. Lareconnaissance des souffrances des deux camps est indispensable maisnest pas suffisante.


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Principaux acteurs

Conciliation Resources : http://www.c-r.org Fondation Hirondelle : http://www.hirondelle.org International Media Support : http://www.i-m-s.dk

Institut Panos Paris : http://www.panosparis.org Instituts Panos dans le monde : http://www.panosparis.org/fr/monde.php IWPR : http://iwpr.net Internews : http://www.internews.org Medios para la Paz : http://www.mediosparalapaz.org Reporting the World : http://www.reportingtheworld.org.uk Search for Common Ground : http://www.sfcg.org

RessourcesR E S S O U R C E S E N L I G N E

R. Howard, F. Rolt, H. Van de Veen, J. Verhoeven, The Power of theMedia, ECCP- SFCG, 2003, (en anglais):http://www.gppac.org/documents/Media_book_nieuw/a_a_title.htm

Colin. Fraser & Sonia Restrepo Estrada,Manuel de la radiocommunautaire, UNESCO, 2001, 108 pages / 8 MB PDF file :http://www.unesco.org/webworld/publications/community_radio_handbook_fr.pdf

Radio Netherlands Counteracting hate radio (en anglais) tait disponible cette adresse

http://www2.rnw.nl/rnw/en/features/media/dossiers/hateintro.htmlL I V R E S

T. Allen, J. Seaton, The Media of Conflict : war reporting andrepresentation of ethnic violence, Zed Books, 1999

Marie Soleil Frre (dir.),Afrique centrale - Mdias et conflits. Vecteursde guerre ou acteurs de paix. , Editions Complexe GRIP & InstitutPanos Paris, 2005, 320 pages.

R. Howard,Le rle des mdias dans la consolidation de la paix- cadreoprationnel, IMPACS, 2002

Andr-Jean Tudesq,LAfrique parle, lAfrique coute, Karthala, 2002

Pour plus dedtails ou dautres

rfrences,consultez

louvrage collectifThe Power of the

Mediadisponible

en ligne, maisuniquement enanglais via le sitewww.radiopeaceafrica.org


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3333....RRRRADIO COMMUNAUTAIREADIO COMMUNAUTAIREADIO COMMUNAUTAIREADIO COMMUNAUTAIRE &&&&CONFLITSCONFLITSCONFLITSCONFLITS

Objectifs

Au terme de la session, les participants auront : acquis des connaissances concernant une radio communautaire et ses

spcificits en matire de prvention/rsolution des conflits

identifi les forces et les faiblesses dune radio communautaire en termede construction de la paix.


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1. Radio Communautaire

Une communaut est un groupe de personnes ou une

collectivit partageant des caractristiques et/ou desintrts communs. Lappartenance cette communautpeut dpendre de nombreux critres (gographiques,sociaux, linguistiques, ethniques, culturels, corporatistes,

confessionnels, politiques, dge, de genre, etc.).

onner une dfinition de la radio communautaire nest pas ais. Denombreux ouvrages ont t rdigs sur le sujet. Ils proposent desconceptions sensiblement diffrentes, une srie daspects sont

gnralement retenus. Stphane Boulch, dans son guide sur les radios

communautaires en Afrique de lOuest, les classe ainsi.En thorie, la radio communautaire:

est un mdia priv ;

appartient une communaut donne ;

est gre de faon reprsentative et dmocratique par cettecommunaut ;

est participative ;

rend des services la communaut ;

est locale ;

est un service but non lucratif.

Dans la ralit, S. Boulch prcise quaucune station ne rpond totalement cesprincipes, en raison notamment du contexte difficile dans lequel la majorit desradios communautaires se dbattent. Cest une caractristique partage parbeaucoup de ces radios : elles manquent cruellement de moyens et de personnelform. Mais dautres facteurs (identitaires, lgaux, etc.) entrent galement en

ligne de compte. Cela dit, loin dtre des vux pieux, les principes cits ci-dessus doivent servir de balises aux acteurs des radios communautaires dans leuraction. On reprendra finalement la dfinition propose par Stphane Boulch:

Une radio communautaire est bien plus quun mdia. Cest

une association prive, tablie par une communaut ou enson nom, dote dun outil audio de communication et

dinformation destin promouvoir et favoriser lapplicationde valeurs sociales, conomiques et culturelles dterminescollectivement et juges utiles pour toute cette

communaut afin de se donner les moyens daccomplir deschoses par elle-mme dans lobservance de ces valeurs

collectives.

Dfinition de

lAssociationMondiale desRadiodiffuseurs

Communautaires(AMARC)

D


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Le terme radio communautaire lui-mme est sujet caution. Pour des raisonsdiverses, certains prfreront utiliser de proximit , du tiers secteur ouencore de service public la communaut . Nous utiliserons le premier termecar il est le plus rpandu lheure actuelle.

Une des particularits de la radio communautaire est son ancrage local, dans

sa proximit avec ses auditeurs. Nombreux acteurs de ce type de radio sontmfiants, juste titre, par rapport aux interventions extrieures. Ainsi, le domainede la construction de la paix pourra tre peru comme un nouveau conceptexport par les pays occidentaux (au mme titre que la lutte contre lapauvret , le dveloppement durable et autre objectifs du millnaire queAndr-Eugne Ilboudo, prsident de lUnion des Radios Communautaires delAire Francophone, nhsite pas qualifier de gros mots ). Sil est vrai quelanalyse des conflits a t thorise dans le monde anglo-saxon, force est deconstater le caractre humain et universel de lapproche. Comme nous lavonsvu dans la section sur les conflits, il ne sagit pas de recettes appliquer partoutmais de mthodes permettant didentifier et dutiliser les cultures, les

comptences et les savoirs locaux afin damliorer les conditions de vie delensemble des populations.

2. Radio communautaire et conflits

Les checs des oprations de maintien de la paix menes par les grandespuissances en Afrique et ailleurs montrent que la construction de la paix doit trebase avant tout sur des processus endognes.

Les radios communautaires disposent dun potentiel particulier dans le domainede la transformation des conflits et de la construction de la paix. Par leur placeparticulire au sein des communauts, par leur ancrage local, les radioscommunautaires peuvent rellement jouer un rle crucial et contribuer uneculture de paix au niveau local.

Cela dit, mme si son potentiel en termes dducation en gnral, derenforcement des pratiques dmocratiques ou dengagement des auditeurs, etdonc de transformation des conflits, est important, il faut nanmoins admettrequil est rarement exploit.

Les radios communautaires occupent une place sensible en cas de conflit violent.

Elles sont en premire ligne, elles auront forcment une influence sur le coursdes vnements, mme sans le vouloir.

Tout commence par un banal faitdivers. Un jeune Peulh ayant bu

plus que de raison se met injurier dans le bar le rgime du prsidentguinen Lansana Cont (qui lui est un Soussou). Justement un groupede jeunes Soussous prsent considre que cest une provocation faite leur endroit. Ils passent tabac le jeune homme qui trouve la mort lhpital. Cet incident, qui survient dans un contexte prlectoral oles groupes ethniques Peulhs et Soussous sopposent par partispolitiques interposs, est vite rcupr par les chefs de partis.

G U I N E :

U N E R A D I O R U R A L E P R I S E P A R T I


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Lenterrement de la victime est loccasion dune manifestation delopposition. Lopinion publique, pousse par des dclarationsincendiaires de lopposition exige de la radio rurale quelle dise bienclairement que la victime a t tue par des Soussous et quil faut lavenger. Pourtant lavis de dcs envoy par la famille de la victime

mentionne une mort des suites dune courte maladie . Lecommuniqu a t lu sur les antennes tel quel. Cette attitude de laradio rurale est interprte comme un soutien implicite de la station aupouvoir, une caution de ce qui sest pass (se ranger du ct desSoussous contre les Peulhs) et un refus de dire la vrit. Rsultat, auretour du cimetire, une marche est organise en direction de la radiorurale. Les forces de lordre russiront arrter les manifestants enchemin, mais un vhicule de la radio sera incendi.

Cet exemple propos par Intermdia Consultants est instructif. Dans ce cas, laradio na pas contribu prvenir la violence. Elle aurait pu appeler au calme etde questionner la ncessit de venger la victime . Pire, elle a attis les tensionsen relayant une fausse information dans un contexte sensible. Rsultat : la radio aperdu ainsi toute crdibilit aux yeux de la population et des violences ont tcommises. Il lui sera trs difficile de jouer un rle positif par la suite. Laconfiance des auditeurs ne se gagne pas facilement.

Mais la radio communautaire peut avoir une attitude proactive. Elle ne doit pasattendre davoir des manifestants sous ses fentres pour prendre des mesurespour la prvention ou la rsolution dun conflit. Le rle des radioscommunautaires dans le domaine de la construction de la paix ne se limitecertainement pas jouer les pompiers et sactiver en situation de conflit violentuniquement.

La paix se construit sur le long terme, plusieurs gnrations sont parfoisncessaires pour effacer les rancurs du pass. A cela vient sajouter la dure -souvent ignore par les bailleurs de fonds - ncessaire toute interventionmdiatique pour quelle porte ses fruits. Il est videmment possible de fournir desinformations vitales et rsoudre dans lurgence mais, sans engagement sur lelong terme, c'est--dire plusieurs annes, il y a fort parier que le conflitresurgisse plus tard.

Cette radio communautaire aconsidrablement contribu la transformation dun conflit entreleveurs et agriculteurs de la rgion de Tombouctou. Survenu enpriode de scheresse, le diffrend portait sur laccs leau et auxterres arables. Traditionnellement, les agriculteurs avaient permis auxptres dutiliser leurs champs sachant que le fumier du btail serviraitdengrais. Mais dsormais, les animaux abmaient les terres.

Radio Daande Douentza a eu une action trois niveaux :>Lorsquune dispute clatait entre les agriculteurs et les ptres, lastation rendait compte des incidents pour permettre ladministrationrgionale de ragir rapidement.>La station a aussi permis aux agriculteurs dannoncer la radio quel moment ils avaient fini les rcoltes. Les ptres qui coutaient la

M A L I : R A D I O D A A N D E D O U E N T Z A 1

Echos, Bulletin

pour les

partenaires du

Rseau de Radios

Rurales des Pays

en

Dveloppement,uin 2003 etWorking with the

media, DFID, 2000


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radio savaient ainsi quand ils pouvaient se dplacer sans dgrader leschamps traverss, et donc en toute scurit.>La station a ralis une srie dmissions diffuses de manirerptitive rappelant aux ptres et aux agriculteurs la collaboration quiavait toujours exist entre les deux groupes.

Fonctions de la radio communautaire dans la

transformation des conflitsParmi les fonctions primaires de la radio communautaire, certaines peuventcontribuer la construction de la paix :

V E I L L E

Vu son intgration dans le tissu social, la radio communautaire peut dtecterrapidement des tensions entre groupes ou communauts, identifier les acteurs du

conflit, diffrencier leurs positions (ce quils disent) de leurs intrts, diffrencierles conflits bass sur des valeurs des acteurs et sur des faits. Pour ce faire, ellepeut mettre en place des mcanismes dalerte adapts. Elle peut galement fairelobjet dun monitoring par dautres acteurs en vue dvaluer la situation. Dansson guide lintention des radios de proximit, Intermdia Consultants proposela mise sur pied dune Cellule de crise selon un organigramme particulier.Voir document annexe pour plus de dtails.

I N F O R M A T I O N

La radio communautaire doit informer la communaut de la situation,

permettre aux auditeurs didentifier les acteurs du conflit, de comprendre lesenjeux, les causes et les consquences des vnements qui ont lieu. Enparticulier : informer sur le processus de paix si il y en a un. En situation deconflit violent, elle peut donner des informations pratiques et humanitaires (o seprocurer de la nourriture, des mdicaments, etc.).

T M O I N

La radio communautaire peut garantir un accord, une transaction par le faitmme quelle enregistre des dclarations. Elle donne aussi loccasion lapopulation dtre tmoin dun vnement de ce type. Enfin, elle peut galementrendre les responsables politiques et les pouvoirs locaux responsables de leurs

actes et de leurs engagements (accountability).M D I A T I O N

La radio communautaire sert de courroie de transmission entre les parties enconflit. Bien souvent, les parties en conflit ne sont plus en contact alors quilsagit pralable ncessaire pour quils puissent rsoudre le conflit. De plus, ellepeut faire le lien entre la communaut et le pouvoir central ou avec dautresacteurs. En crant une dynamique dchange, la radio communautaire facilite lesinteractions entre les diffrents acteurs.


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A N I M A T E U R S O C I A L

En animant des tribunes/dbats, la radio peut notamment gnrer des solutionsalternatives. Il ne sagit pas seulement de discussions en studio mais tous lesniveaux de la vie de la radio, ce qui la positionne comme acteur social.

P R O M O T I O N D ' U N E C U L T U R E D E P A I X

La radio peut aider identifier de leaders dopinions ayant une approcheconstructive et valoriser leur discours, dans missions et en dehors.

P O R T E - P A R O L E

Dans cette fonction, la radio communautaire donne la voix aux sans voix , ellevalorise dautres visions du conflit, et permet dinformer les groupes arms desbesoins des populations locales.

Deux socits de transporteurs deGaya assurant la ligne Gaya-Niamey soppose car une des

deux dcider de sagrandir et a achet de nouvelles voitures. Lautrecrie la concurrence dloyale. La tension monte et les deux parties seprparent laffrontement. Les uns menacent de dtruire les nouvellesvoitures pourtant apprcies de la population. Les autres sont prts en dcoudre avec eux pour empcher la casse. Cest au cours dunetable ronde organise Radio Faraa et rassemblant les protagonistesquune solution sera trouve et accepte par les deux parties.

N I G E R : R A D I O F A R A A

L E S T A X I S B R O U S S E D E G A Y A 2

2 IntermdiaConsultants,Manuel pour la

prvention des

conflits par la

radio de proximit.


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Avantages et dsavantagesCe tableau est une tentative didentification des avantages et des inconvnientsinhrents la nature et au positionnement des radios de proximit pour assumerles fonctions dcrites ci-dessus. La difficult darriver une dfinition claire de

ce mdia rend la tche ardue.

Avantages Dsavantages

Connaissance des cultures etralits locales

La radio de proximit est uninstrument de pouvoir et peutdonc avoir une influencesignificative sur lvolution duconflit

Connaissance des mcanismestraditionnels pouvant tre misen uvre pour rsoudre lesconflits

Utilisation des langues localespermettant de toucherlensemble de la population

Particulirement appropriedans des rgions ayant uneforte culture de loralit

Production et de diffusion peucoteuse

Eloignement par rapport aupouvoir central, cela peutpermettre dchapper uncertain contrle

Flexibilit (production, grille,prise de dcision)

Difficult pour s'abstraire desprjugs ou des rflexesports par les cultures locales

La radio de proximit est uninstrument de pouvoir. Il peuttre difficile de collaboreravec les autres structures depouvoirs existantes

Transposer ressources critesdans systme oral est peuais. Problme daccs, decomprhension des sources,difficult pour transmettre lesinformations ainsi obtenues

Manque de financementsstructurels ce qui empche letravail long terme

Gestion coteuse

Eloignement par rapport aupouvoir central (zonesrecules, parfois de nondroit ), cela peut entraner unmanque de scurit pour lesacteurs de la radio deproximit

Statut souvent flou, parfoiscontraignant

Personnel rduit et mal form(li au bnvolat et larotation)


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Potentialits et menaces(selon les capacits et le contexte)

Potentialits Menaces

Forte participation permettantnotamment lidentification desproccupations et des besoinsde la communaut

Une forte confiance desauditeurs en leur radio peut

permettre de faire passer desmessages avec dautant plusde poids

Prservation et valorisationdes cultures locales.Facilitation de la cohabitationentre groupes ethniques,sociaux ou religieux

Etablissement de partenariats

avec dautres acteurs (socitcivile, autorits, etc.), lienentre local et national

Mission de service lacommunaut / Service public

Crativit

Discours confisqu parcertains membres de lacommunaut

Partisanerie

Des pressions internes et

externes la communautpeuvent survenir (corruption,menace, etc.)

Repli identitaire, valorisationdune culture prsentecomme homogne (discoursde haine, etc.)

Perte de ses fonctions de baselies au travail de proximit

Outil au service desassociations et non acteur dela communaut

Etant proprit dindividus oude groupe qui ne recherchepas toujours lintrt gnral

Mimtisme, imitation

Manque de vision clair desobjectifs, mauvaiseplanification des activits,vision peu claire de la missionde la radio


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3. Participation et reprsentativit

La radio pourrait tre le moyen de communication idal dansla vie publique, un gigantesque rseau de canaux. Ce seraitle cas si elle permettait non seulement de transmettre maisaussi recevoir, si elle permettait lauditeur dcouter maisaussi de sexprimer, si elle permettait dtablir avec lui une

relation au lieu de lisoler. Sur cette base, la radio changeraitde rle et ferait de ses auditeurs des acteurs.

La radio communautaire incarne la radio rve en 1926 par lauteur allemandBertolt Brecht. Il sagit dun mdia trs interactif offrant par l la possibilitdune participation importante des membres de la communaut.

Elle devrait permettre et encourager les changes au sein de la population. Lesauditeurs peuvent participer de nombreuses manire: par tlphone (phone-in),par courrier, par courrier lectronique, lors de micro-trottoir, lors dmissions enpublic, en interviewant des membres de la communaut, en organisant des clubsdcoute mais aussi la gestion de la radio. En diffusant en langues utilises parla population locale dans ses activits quotidiennes, la radio de communautairetouche des populations autrement exclues des processus de dcisions.

Grce cette participation, les radios communautaires peuvent tre le relais desproccupations de lensemble de la population, de ses besoins et ainsi contribuer la cohabitation pacifique de groupes aux intrts diffrents.

Mais force est de constater que la ralit est autre. En gnral, les mcanismes departicipations sont peu efficaces. Stphane Boulch lexplique comme suit :

La plupart du temps, cette participation se limite des micro-trottoir et autressondages dopinion, des interventions lors de dbats radiodiffuss ou dans lecadre de jeux ou de spectacles, de brefs passages lantenne pour desddicaces ou autres messages personnels. Mais nombre dagents de radioscommunautaires ne la conoivent pas autrement. La participation effective laconception, la production des missions se rencontre moins couramment. Lesraisons sont encore une fois : manque de matriel, manque de comptences,manque de disponibilit, etc.

Comme en matire de reprsentativit, le degr de participation dpendra de lavolont des gestionnaires et employs de la radio. La participation nest pas uneformule qui coule de source partout. Dans des structures sociales etorganisationnelles hirarchises, le fait de faire participer les autres constitue uneperte de pouvoir. La participation dpendra aussi du dsir de la population desinvestir ou du fait quelle sen sentira apte ou digne. Pour les radios dbutantes,tout lenjeu des premiers mois consistera justement intresser la population auxactivits quelles proposent, dmystifier la technique et les mdias ses yeux et la persuader quelle y a lgitimement accs.

Bertolt Brecht


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Composition du personnelUn constat fait par les acteurs des mdias pour la construction de la paix est quilest fondamental que lquipe soit compose dindividus reprsentant

lensemble de la population. Les groupes ethniques, religieux, linguistiques,sociaux ou autres doivent tre reprsents si lon veut que la population sente quela radio lui appartient . On portera une attention particulire ce que desfemmes et des individus dge diffrents soient impliqus dans la vie de la radio.

Le studio de production StudioIjambo a t mis en place parSearch for Common Ground en

1995 suite au gnocide rwandais et aux dgts causs par les mdias.Il sagissait dviter que le Burundi, faux jumeaux du Rwandavoisin5, ne plonge nouveau dans la violence. Demble, le personnel

a t compos de journalistes et de producteurs des diffrentes ethniesdu pays, des hommes et des femmes, des jeunes et des plus gs issusde milieux sociaux diffrents. Ceux-ci ont particip ensemble laproduction de milliers d'heures dmissions diffuses sur plusieursradios burundaises, dmontrant ainsi quil tait possible de travaillerensemble.

Outre quavoir une quipe reprsentative de la socit permet de rpondrefacilement aux accusations dtre partisan, cela permet de raliser des missionsayant des perspectives diffrentes, et cela favorise ainsi lappropriation de laradio par les diffrents groupes qui compose la communaut. L aussi, du

chemin reste parcourir. En dpit de leurs prtentions ou des bienfaits quelles apportent

ventuellement, ces radios ne sont pas toutes reprsentatives, loin sen fautSans parler du fait que daucuns usurpent purement et simplement ce rle dereprsentation. Notons que la notion de reprsentativit peut revtir plusieursdegrs dacceptation : les composantes de la communaut peuvent trs biendlguer leur participation uniquement en matire de proprit ; elles peuventtre seulement impliques dans llection de ses reprsentants, celle desdirigeants et de gestionnaires, parfois dans llaboration des rglements interneset des stratgies de la station, dans la slection et le contenu de la programmation,dans la ralisation dmissions, dans la reprsentation de la station lextrieurrarement tout la fois. Aux yeux de beaucoup, ce serait dailleurs inconcevable.Il est vrai quen dpit des multiples mcanismes et structures expriments pourgarantir la reprsentation maximale de la population, labsence de comptences,le manque de disponibilit, la faible conscientisation des populations, lesantagonismes et les enjeux de pouvoirs peuvent relguer lidal au rang desprincipes.

5 La population du Burundi est compose des deux mmes ethnies majoritaires (hutu et tusi) quauRwanda. Mais le pays a connu une volution historique sensiblement diffrente, do le terme de faux jumeau propos par la journaliste Colette Braeckman.

B U R U N D I : S T U D I O I J A M B O

U N E Q U I P E D E J O U R N A L I S T E S

R E P R S E N T A T I V E D E L A S O C I T


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Ressources

R E S S O U R C E S E N L I G N E

Intermdia Consultants,Manuel pour la prvention des conflits par laradio de proximit, http://www.intermedia-consultants.ch/preventionconflits.html

C. Fraser, S. Estrada,Manuel de la radio communautaire, UNESCO,2001, 108 pages / 8 Mbhttp://unesdoc.unesco.org/images/0012/001245/124595f.pdf

AMARC Africa The African Community Radio Handbook, , 2000, 93pages, 486 Kbhttp://www.apc.org/apps/img_upload/29f7440303691f46ae6e48c35512ccf2/AMARC_manual_for_managers.doc

Working with the Media in Conflict and other Emergencies, DFID, 2000http://www.dfid.gov.uk/pubs/files/chad-media.pdf

S. Boulch,Radios communautaires en Afrique de lOuest. Guide lintention des ONG et des bailleurs de fonds, Coll. Hors Srie n5COTA, 2003, 151 pages / 3,8 Mb : http://www.cota.be/SPIP/IMG/pdf/HS5.pdf

L I V R E S

J-M. Brosseau, J. Soncin, Crer grer et animer une radio, GRET,1998, 158 pages

Wilna W. Quarmyne,Radios communautaires apprendre participer,IPAO, 2004, 82 pages

AMARC Afrique,Manuel pour la gestion des radios communautaire.Guide pratique pour une radio viable, document manuscrit, 2001, 117pages.

A U T R E S S I T E S M E N T I O N N S

Intermdia Consultants : http://www.intermedia-consultants.ch

Une trsabondante

littrature en ligneexiste sur les

radioscommunautaires,nous renvoyons ces documentspour plus de

dtails.Linformation est

porte de souris.


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4444....EEEENVIRONNEMENT DES MEDNVIRONNEMENT DES MEDNVIRONNEMENT DES MEDNVIRONNEMENT DES MEDIASIASIASIAS

Objectifs

Au terme de la session, les participants auront mieux assimil : La libert dexpression et ses limites

lenvironnement juridique dans lequel oprent les mdias

les principes dans lesquels toute radio doit inscrire son activit (et lesrisques encourus si ces principes ne sont pas respects)

la diffrence entre les principes lgaux, dontologiques et thiques

limportance et le rle des associations professionnelles

N O T E S D E C O U R S S E S S I O N 4

Lauteur des notes de la session est Marie-Soleil Frre : chercheurqualifi auprs du Fonds national de la recherche scientifique deBelgique attache au Dpartement des Sciences de l'Informationet de la Communication de lUniversit Libre de Bruxelles(Belgique). Marie-Soleil frre est aussi expert-associe lInstitutPanos Paris.


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Introduction

a pratique radiophonique sinscrit dans un environnement et un cadredtermins. Pour faire de la radio, il ne suffit pas de tourner un bouton,

dallumer un metteur et de se placer devant un micro. Il y a une srie dergles et dacteurs qui sont prsents dans le secteur, dont il faut bien connatre etcomprendre le rle et la fonction.

La libert dexpression et de circulation des ides et des opinions est unecondition fondamentale dun rgime dmocratique, mais elle nest pas absolue :il est normal quelle sinscrive dans certaines limites et contraintes. Ceslimitations garantissent que les mdias contribuent au dbat dmocratique et neconstituent pas un danger pour la socit.

Les mdias ont des relations troites avec trois types dacteurs importants de lasocit :

le monde politique : les mdias peuvent tre des instruments de pouvoirou contester le pouvoir ;

le monde conomique : les mdias sont des relais des messagescommerciaux des entreprises et peuvent gnrer beaucoup de profits ;

le citoyen : en dmocratie, le citoyen a non seulement le droit desexprimer, travers les mdias ou tout autre moyen, mais, il a aussi ledroit dtre inform de manire honnte, complte et rigoureuse sur cequi lentoure. Cela ne peut se faire qu travers les mdias.

Puisque les mdias occupent une place tellement stratgique au confluent entre lepolitique, lconomique et le social, des garde-fous sont alors ncessaires pour :

assurer que la population a effectivement accs linformation,

protger le journaliste contre les pressions, les contraintes et les failles dusystme qui pourraient lempcher de faire son travail, de remplir sondevoir dinformer le citoyen,

garantir le pluralisme, cest--dire la circulation de formes dexpressiondiversifies au sein de la socit, mme dans des contextes o la logique

du march amne les mdias les plus riches simposer. Ces garde-fous, qui garantissent que les mdias exerceront leur rle de

manire utile et responsable, sont de trois types : la loi, la dontologie etlthique.

LToutes lespersonnes quisexpriment

lantenne doiventconnatre et

respecter le cadrerglementaire

dans lequel elles

travaillent.


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1. La loi : lenvironnement juridique

La radiodiffusion, comme toute autre activit mdiatique, sinscrit dans unenvironnement juridique, cest--dire

un ensemble de lois et de mesures dapplication adoptespar le Parlement, par le pouvoir excutif et par les autorits

publiques comptentes.

Cet ensemble de rgles officielles inclut le droit de la presse, en particulier leslois qui rgissent dans chaque pays et au niveau international laudiovisuel et laradiodiffusion. Mais les mdias sont aussi concerns et encadrs par le droitcivil, pnal et commercial.

Les lois sont ncessaires pour assurer que les mdias jouent effectivement le rlequi leur est dvolu face au public et pour empcher certaines pratiques quipeuvent nuire lintrt gnral.

Par exemple, cest la loi qui doit dterminer les modalits doctroi desautorisations de diffusion et des frquences, les conditions pralables la cration dune radio, la reconnaissance de la profession dejournaliste, le fonctionnement et le pouvoir des organes chargs de

superviser le secteur des mdias (organe de rgulation), le dptlgal, les mcanismes daide publique la presse prive, le statut desorganes de presse publics, ...

Cest aussi la loi (renvoyant souvent au Code pnal) qui sanctionne les dlitsqui peuvent souvent tre perptrs travers les mdias : diffamation, insultes,racisme et le tribalisme, outrage magistrat, dnonciations et imputationscalomnieuses, provocation, outrage public aux bonnes murs et attentat lapudeur, incitation au meurtre, atteinte la scurit de lEtat, appel la rvoltecontre lautorit

Cest aussi un ensemble de rgles juridiques qui organisent la fiscalit desentreprises de presse, stipulent si elles sont soumises limpt et dans quellemesure. Les entreprises de presse sont galement contraintes de respecter le droitdu travail qui rgit les relations entre employs et employeurs.

Tout agent de radio devrait avoir une connaissance de base de lenvironnementjuridique des mdias car : Nul nest cens ignorer la loi . Si un agent de radio,ou sa station, est accus de violer une rgle de droit, il ne pourra pas se protgerdes accusations en prtextant quil ntait pas au courant de la lgislation

En cas de violation des principes contenus dans la loi, les plaintes sont du ressortde la police, des tribunaux ou des instances de rgulation, cest--dire des

institutions officielles de ltat. Violer la loi, cest prendre le risque de sanctionspnales : amendes, suspensions, voire mme emprisonnement Certains types


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de dlits de presse peuvent mme tre considrs comme des crimes aux yeux dela communaut internationale.

Ainsi, au Tribunal pnal international pour le Rwanda Arusha, ontt condamns des journalistes qui navaient pas tu de leurs propresmains, mais qui, au micro, avaient appel la population massacrertous les Tutsis durant le gnocide de 1994. Leur condamnation, endcembre 2003, de lourdes peines de prison a bien montr que lonpeut se retrouver devant une juridiction pnale internationale justepour avoir anim des missions de radio.

La loi peut imposer certaines interdictions aux mdias (pour freiner laconcentration, limiter la publicit sur le tabac ou lalcool, protger la jeunessedimages violentes ou provocantes...). Elle peut aussi imposer des devoirs aux

journalistes (protection de la vie prive, respect du droit de rponse...).

Selon le type de radio (communautaire, commerciale, confessionnelle), la loi

peut prvoir des obligations diffrentes (souvent prcises dans un cahier descharges) dont le respect est contrl par une instance de rgulation. Par exemple,les radios commerciales peuvent tre obliges de diffuser un certain quota deproductions dorigine nationale, les radios communautaires se voient interdire lapublicit commerciale, les radios confessionnelles peuvent tre obliges deproposer un minimum de programmes ducatifs ou informatifs.

La loi ne pose pas que des contraintes aux journalistes et aux mdias : elle

offre aussi certaines garanties. Par exemple, elle peut garantir labsencedautorisation pralable, de sorte quaucune autorit administrative nait le droit

de mettre en uvre une telle procdure. Elle peut aussi garantir laccs auxdocuments officiels et aux archives, ou assurer le secret des sources.

Quest-ce quune instance de rgulation ?Les instances de rgulation de la Communication sont apparues rcemment enAfrique, dans la foule des processus de dmocratisation. Ces instances sont desautorits administratives indpendantes qui sont charges de garantir la libert decommunication, lgal accs des forces politiques aux canaux dexpression(surtout en priode lectorale) et de protger les intrts des publics destinatairesdes informations produites et diffuses par les mdias.

Ces instances doivent la fois veiller prendre toutes les mesures ncessairespour

encadrer lactivit mdiatique ;

surveiller les contenus diffuss pour sassurer quils sont conformes auxexigences de la rglementation en vigueur ;

prendre des mesures punitives envers les mdias qui ne respectent pasles dispositions auxquelles ils sont soumis.


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INSTANCES DE REGULATION DES MEDIAS EN AFRIQUE

Pays Nom Sigle Cration

ANGOLA Conselho de Communiao Social CNCS

BENIN Haute Autorit de l'Audiovisuel et de la Communication HAAC 21/08/1992

BOTSWANA National Broadcasting Board NBB

BURKINA FASO Conseil Suprieur de la Communication CSS 01/08/95

BURUNDI Conseil National de la Communication CNC

CAMEROUN Conseil National de la Communication CNC

CENTRAFRIQUE Haut Conseil de la Communication HCC 2004

COTE D'IVOIRE Conseil National

radios africaines pour la paix (sfcg – 2007)

Documents