r55 - magazine bioénergie international no54 - juin 2018

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Page 24 Bioénergie international n o 55 - Mai - juin 2018 architectural le 22 septembre 2005 et de l’avant-projet définitif le 4 novembre 2005 et enfin mise en place de la procédure de marché public pour les travaux le 14 décembre. Les entreprises ont été retenues le 31 mars 2006, les travaux ont débuté dans la foulée et le 20 novembre, la chaufferie produisait ses premiers kWh. L’importance de la chaudière bois, d’une puissance maximale de 1,2 MW, est essentiellement liée à la présence d’un hôpital local qui est le client le plus important en termes de consommation. Mais il faut aussi avouer que la position très concentrée de l’ensemble des bâtiments communaux raccordés (salle des fêtes, école maternelle, mairie, ateliers municipaux et vestiaires de la salle omnisports) a aussi largement contribué au bon équilibre du projet. Pour desservir l’ensemble des lieux, le réseau enterré faisait moins de 800 mètres. L’hôpital est en liaison directe avec la chaufferie. À Tramayes le projet de construction d’un réseau de chaleur alimenté par une chaufferie biomasse a été initié en 2002 lors des premières réflexions sur la transformation du Plan d’Occupation des Sols en Plan Local d’Urbanisme. En effet pour élaborer ce dernier, il est nécessaire d’y inclure un Projet d’Aménagement et de Développement Durable ce qui a conduit le Conseil Municipal à prendre conscience qu’un aménagement urbain devait permettre de respecter l’environnement et d’intégrer une réflexion sur la gestion de l’énergie. Sur ce dernier thème, il est rapidement apparu que trois bâtiments communaux anciens et énergivores se trouvaient dans un périmètre réduit et en plus à proximité de l’hôpital local. La commune n’étant pas alimentée en réseau gaz, ces bâtiments étaient chauffés par des chaudières fonctionnant au fioul. Parallèlement un projet d’éco-quartier était à l’étude. Ceci a conduit à réaliser une étude de faisabilité pour un réseau de chaleur qui desservirait ces immeubles et qui utiliserait du bois déchiqueté comme source principale d’énergie. Le ruban inaugural de la chaufferie a été coupé le 24 novembre 2006, mais à l’analyse des comptes rendus du Conseil Municipal, on peut constater que c’est lors de la séance du 27 septembre 2002 qu’a été choisi le cabinet pour l’étude de faisabilité. Cette dernière a ensuite été adoptée le 5 décembre 2003. Par la suite elle a été transmise aux différents partenaires du dossier de financement : l’ADEME, le Conseil Régional de Bourgogne et le Conseil Général de Saône-et-Loire. Ces derniers ayant eux aussi validé l’étude, le Conseil Municipal fait le 30 avril 2004 un appel à candidatures pour maîtrise d’œuvre et le 23 juillet 2004, un cabinet est retenu pour cette mission. L’année 2005 a été mise à profit pour avancer le dossier administratif : adoption de l’avant-projet détaillé le 15 janvier 2005, du projet La chaufferie communale de Tramayes, photo FD La commune de Tramayes, 1000 habitants, est située à l’extrême sud du département de Saône-et-Loire sur les contreforts boisés du Haut-Beaujolais. C’est une commune rurale à caractère agricole, mais son éloignement relatif des villes de Cluny et de Mâcon l’a conduite à développer des activités commerciales, artisanales et associatives, ainsi qu’un hôpital local qui en est le plus gros employeur.

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Page 24 Bioénergie international no 55 - Mai - juin 2018

architectural le 22 septembre 2005 et de l’avant-projet définitif le 4 novembre 2005 et enfinmise en place de la procédure de marché public pour les travaux le 14 décembre. Lesentreprises ont été retenues le 31 mars 2006, les travaux ont débuté dans la foulée et le 20novembre, la chaufferie produisait ses premiers kWh.

Description des besoins

L’importance de la chaudière bois, d’une puissance maximale de 1,2  MW, estessentiellement liée à la présence d’un hôpital local qui est le client le plus important entermes de consommation. Mais il faut aussi avouer que la position très concentrée del’ensemble des bâtiments communaux raccordés (salle des fêtes, école maternelle, mairie,ateliers municipaux et vestiaires de la salle omnisports) a aussi largement contribué au bonéquilibre du projet. Pour desservir l’ensemble des lieux, le réseau enterré faisait moins de800 mètres. L’hôpital est en liaison directe avec la chaufferie.

Genèse du projet de réseau de chaleur au bois

À Tramayes le projet de construction d’un réseau dechaleur alimenté par une chaufferie biomasse a été initié en2002 lors des premières réflexions sur la transformation duPlan d’Occupation des Sols en Plan Local d’Urbanisme. Eneffet pour élaborer ce dernier, il est nécessaire d’y inclure unProjet d’Aménagement et de Développement Durable ce quia conduit le Conseil Municipal à prendre conscience qu’unaménagement urbain devait permettre de respecterl’environnement et d’intégrer une réflexion sur la gestion del’énergie.

Sur ce dernier thème, il est rapidement apparu que troisbâtiments communaux anciens et énergivores se trouvaientdans un périmètre réduit et en plus à proximité de l’hôpitallocal. La commune n’étant pas alimentée en réseau gaz, cesbâtiments étaient chauffés par des chaudières fonctionnantau fioul. Parallèlement un projet d’éco-quartier était àl’étude. Ceci a conduit à réaliser une étude de faisabilité pourun réseau de chaleur qui desservirait ces immeubles et quiutiliserait du bois déchiqueté comme source principaled’énergie.

Un projet long à conduire

Le ruban inaugural de la chaufferie a été coupé le 24novembre 2006, mais à l’analyse des comptes rendus duConseil Municipal, on peut constater que c’est lors de laséance du 27 septembre 2002 qu’a été choisi le cabinet pourl’étude de faisabilité. Cette dernière a ensuite été adoptée le5 décembre 2003. Par la suite elle a été transmise auxdifférents partenaires du dossier de financement : l’ADEME,le Conseil Régional de Bourgogne et le Conseil Général deSaône-et-Loire. Ces derniers ayant eux aussi validé l’étude, leConseil Municipal fait le 30 avril 2004 un appel àcandidatures pour maîtrise d’œuvre et le 23 juillet 2004, uncabinet est retenu pour cette mission. L’année 2005 a étémise à profit pour avancer le dossier administratif : adoptionde l’avant-projet détaillé le 15 janvier 2005, du projet

RÉSEA

UDECHALEUR

La chaufferie communale de Tramayes, photo FD

Michel Maya, maire de Tramayes,photo FD

La chaudière Schmid de 1,2 MWà Tramayes, photo FD

Le réseau de chaleur au bois de Tramayes,en régie municipale depuis douze ans, unmodèle de réussite

La commune de Tramayes, 1000 habitants, est située à l’extrême sud du département de Saône-et-Loiresur les contreforts boisés du Haut-Beaujolais. C’est une commune rurale à caractère agricole, mais sonéloignement relatif des villes de Cluny et de Mâcon l’a conduite à développer des activités commerciales,artisanales et associatives, ainsi qu’un hôpital local qui en est le plus gros employeur.

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Tous les jours, toute l'actualité des bioénergies sur www.bioenergie-promotion.fr Bioénergie international no 55 - Mai - juin 2018 Page 25

Un approvisionnement local plusque suffisant

Lorsque l’on se lance ainsi dansune réalisation nouvelle, on se pose denombreuses questions. L’une d’elledans le cas des chaufferies boisconcerne l’alimentation. Commentassurer durablement la fourniture enbois déchiqueté  ? Les ressourceslocales seront-elles suffisantes  ? Laqualité du bois sera-t-elle au rendez-vous ? Pour la réalisation tramayonne,toutes ces questions semblent êtrebien traitées. À sa mise en fonction lachaufferie utilise annuellementenviron 1 600 mètres cubes apparentsde plaquettes (MAP).L’approvisionnement est assuré parl’élimination des déchets de deuxentreprises du bois, une scierie et uneentreprise de charpente bois, situées àmoins de 6  km de la chaufferie. Lebroyage est fait par une entrepriselocale, des agriculteurs assurant avecleurs remorques d’ensilage lesnavettes. Pratiquement, en saisonhivernale, il faut remplir le silo de300  m³ environ tous les mois. Lacampagne de déchiquetage nécessairepour ce remplissage dure une demi-journée. Les plaquettes obtenues sont

de qualité suffisante, hygrométrieinférieure à 45  %, pour la chaudièrequi est à grilles mobiles. Avec cesconditions assez exceptionnelles, leprix du MAP ne dépasse pas les 14 € htce qui donne un combustible à prix derevient très bas. Mais il faut aussi noterque depuis la mise en service del’installation, par de nombreusesoccasions, le maire de la communes’est vu contraint de refuser despropositions d’alimentation à partird’autres sources locales (moins de20  km). Il ne peut hélas pasconsommer plus de combustibles, lademande en énergie étantentièrement satisfaite. Manifestementla ressource en bois déchiqueté estlocalement en manque de chaudières.

Des ennuis techniques toujourssolutionnés

Pour la petite histoire, le premierproblème technique est apparu… lejour de l’inauguration. Cette dernièreétait prévue à 15 heures, mais à 10heures la commune connaissait unepanne générale d’électricité mettanten arrêt l’installation. Heureusement à14 heures le courant revenait et lachaudière, après avoir fait ses proprestests, repartait automatiquement.

Depuis d’autres problèmes ont vule jour, le plus important étant leconstat d’un sous dimensionnementdes vérins d’extraction du combustible.Lorsque le silo était bien plein, pour nepas dire trop rempli par excès de zèle,le système d’extraction ne permettaitpas l’évacuation de la matièrepremière vers le tapis d’alimentation.Ce problème a été solutionné durantl’été 2007, l’entreprise ayant mis enplace des vérins de plus forte capacité.En attendant ce remède, il étaitnécessaire de ne pas trop charger lesilo lors de la campagne dedéchiquetage. L’installation, pilotée parordinateur, peut être gérée assezfacilement. Alors qu’initialement, leConseil Municipal pensait être dansl’obligation de confier la gestion à unfermier, ou en délégation de servicepublic, il est apparu assez rapidementqu’avec les informations de pannesdonnées par l’ordinateur, etéventuellement des appelstéléphoniques auprès du constructeur,en l’occurrence Schmid, les agentscommunaux étaient en capacité desolutionner les pannes rencontrées.C’est pourquoi la municipalité a retenuen définitive une gestion en régie,diminuant ainsi très sensiblement lescoûts d’exploitation.

Une chaufferie avec accès de plain pied des deux côtés pour uneexploitation aisée, photo FD

La chaufferie communale de Tramayes, photo FD

RÉSEA

UDECHALEUR

La chaudière Schmid bénéficie d'une fortemasse réfractaire garante de bonnes

températures de combustion même avec desbois humides ou en basse charge, photo FD

Le spécialiste allemand du biogazWeltec Biopower construit actuellementtrois installations de biométhanisationen Irlande du Nord. Ces installations de500 kWé alimenteront le réseauélectrique à partir de l’été 2018. Deuxd’entre elles sont réalisées dans le comtéd’Antrim, au nord-est de l’Irlande duNord. Une autre installation est enconstruction à Benburb dans le comtédeTyrone. Weltec Biopower comptera ainsibientôt neuf installations de méthanisa-tion sur les 40 installations qui existenten Irlande du Nord. Pour cet engage-ment marqué à l’étranger, Weltec Bio-power s’est vue décerner récemment ladeuxième place du Prix du commerceextérieurallemand.

Ces trois nouvelles installationsfonctionneront essentiellement avec dulisier et du fumier de porcs, de bovins etde volailles. Toutefois, les ingénieurs deWELTEC ont réalisé un concept person-nalisé pour chaque installation étantdonné que la composition des substratset le temps de séjour. Ainsi, l’une desinstallations du comté d’Antrim fonction-nera uniquement avec une cuve defermentation en acier inoxydable de2625 m³. Pour la seconde installation àproximité, il est prévu deuxdigesteurs de2625 m³. L’installation de Benburb fonc-tionne quant à elle avec un seul di-gesteur un peu plus grand pour obtenirun rendement énergétique maximumdessubstrats.

La forte position que WELTEC oc-cupe sur le marché en Grande-Bretagnene doit rien au hasard. Cette entreprisede Basse-Saxe y a imprimé sa marquede fabrique grâce à son approche per-sonnalisée, à l’usage souple des sub-strats, à la courte durée de constructionet au bon retour sur investissement. C’estégalement pour ces raisons que Weltecvient d’obtenir la seconde place du Prixdu commerce extérieur allemand dansla section des petites et moyennes entre-prises pour son remarquable engage-ment dans le domaine du commerceextérieur. Ce prix a été décerné pour ladixième fois le 19avril2018.

Le jury a souligné, pour motiver sadécision, que Weltec Biopower acommencé ses activités de commerceextérieur un an seulement après sa fon-dation en 2001. Il existe aujourd’hui plusde 300 installationsWeltec dans 25 paysrépartis sur cinq continents. De nouvellesinstallations sont actuellement en coursde constructions en Uruguay, en France,en Croatie et en Grèce. Notons aussi queWeltec conserve les éléments essentielsde sa valeur ajoutée en Allemagne, cequi garantit un niveau de qualitééquivalent et constant partout dans lemonde.

www.weltec-biopower.com

Welteca réalisé22,5  %des

dernièresunitésdeméthanisation

d’IrlandeduNord

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Le combustible de la chaufferie provientmajoritairement de l'écorçage des bois dans unescierie voisine, photo FD

Selon notre confrère Bloomberg,General Electric serait en négociationpour vendre sa filiale de moteurs à gazJenbacher. Une première approche pourun montant de trois milliards de dollarsaméricains aurait été faite avec leconstructeur américain Cummins. Cetteacquisition permettrait à Cummins decompléter sa gamme de moteurs diesel.Bloomberg signale aussi que d’autresoffres sont également examinées etnotamment en provenance des fondsd’investissement suédois EQT Partners etaméricain KKR&Co.

La société Jenbacher, du nom de laville autrichienne Jenbach où estimplantée l’entreprise depuis 1959, avaitété rachetée par GE en 2003. Elle faitpartie de l’activité de distributiond’énergiedeGE, toutcommeWaukesha.

En France et en Europe, lesmoteursJenbacher sont largement utilisés encogénération au gaz naturel et au biogaz.Clarke Energy France est le distributeuragréé de la marque en France et enAfrique francophone.

www.bloomberg.com

General Electricpourrait vendre

Jenbacher àCummins pour

3  milliards $

L’automatisation est très pousséeet les pannes sont signaléesautomatiquement par téléphone.Toutefois, à la suite d’un projet avecdes élèves ingénieurs, il estmaintenant possible de vérifier ladisponibilité de la chaufferie depuis unsite internet et d’avoir des alertes sursmartphone. Depuis novembre 2006,la chaudière bois, aidée par la petitechaudière annexe à fioul, a toujourspu fournir l’énergie nécessaire àl’hôpital.

Un projet surdimensionné maisévolutif

Au départ, l’étude de faisabilitéportait simplement sur les bâtimentsqui sont actuellement raccordés. Maisau vu du résultat de cette étude, auprintemps 2004, le Conseil Municipal asouhaité surdimensionner l’installationpar rapport aux besoins existants. LePlan Local d’Urbanisme était en pleineélaboration et la chaufferie étaitimplantée dans la future zoned’extension du bourg. Un lotissement

avec plusieurs dizaines de logementsfaisait partie des orientations dedéveloppement de la commune. À cemoment, l’idée était alors d’imposer leraccordement à la chaufferie pour lesconstructions neuves. Depuis le PLU aeffectivement été adopté avec le projetd’aménagement de la zone. Mais,essentiellement pour des raisonsadministratives, les premièresconstructions n’ont pu êtrecommencées qu’en 2015 et n’ont desbesoins énergétiques qu’à l’automne2016. Avec l’évolution de laréglementation thermique cesmaisons sont beaucoup moinsconsommatrices d’énergie que ce quiétait prévu dans l’avant-projet définitifde 2005. De plus des travauxd’isolation de bâtiments raccordés à lachaufferie permettent de réduire lademande en énergie mais aussi enpuissance.

Partant de ce fait, mais aussi au vudes bons résultats économiques despremières années de fonctionnement,et enfin constatant qu’il restait encore

sur le bourg des installations dechauffage au fioul à gestioncommunale  (école élémentaire,maison des associations, bibliothèqueet maison de la poste), le conseilmunicipal a décidé en 2009 de faireune prolongation de réseau. Ces bâtissont anciens et assez gourmands enénergie. D’autre part, le réseautraversant le bourg, des propositionsde raccordement ont pu être faitesauprès de particuliers. Et à l’automne2010 le réseau est passé à 1,4 km avecl’adjonction de 5 nouveaux échangeurspour bâtiments communaux et de8  nouveaux échangeurs pour desbâtiments de particuliers (ce quicorrespond à 22  logements). Depuiscette époque, tous les bâtiments àgestion communale, hors la résidencede Vannas et les deux gendarmeries,sont raccordés au réseau de chaleur cequi a permis de réduire fortement lesémissions de gaz à effet de serre pourla fonction chauffage des bâtimentscommunaux.

À nouveau les bons résultatsobtenus ont incité d’autres particuliersà demander le raccordement de leurbien immobilier au réseau. Toutes lesdemandes ont été examinées, maisseules celles ne dégradant pas trop lerendement global du réseau ont puêtre satisfaites. À l’automne 2012, sixnouveaux échangeurs permettantd’alimenter huit logements departiculiers étaient mis en service.

D’autre part en 2013, la nouvellemaison de santé pluridisciplinairegérée par la communauté decommune du Mâconnais-Charolais etsituée à proximité de l’hôpital a étéreliée à la chaufferie biomasse. En2016, les premières maisons dulotissement ont été construites ce quia occasionné une petite extension duréseau d’alimentation de l’hôpital poury brancher les 12  nouveauxlogements. Enfin en 2018, suite à unagrandissement conséquent, l’hôpitala raccordé un nouveau bâtiment.

Les évolutions du réseau de chaleur de Tramayes

RÉSEA

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Moteur de cogenerationJenbacher installé en

Bretagne, photo FredericDouard

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D’autre part, en 2017, la municipalité a aussi raccordé ledernier bâtiment communal non connecté, bâtiment avecune halte-garderie, une salle de classe et cinq logements, letout chauffé initialement en électrique.

Des adaptations de fonctionnement au fil des ans

Passée la période de rodage, on peut s’interroger sur lesévolutions envisageables. Un premier constat a été fait lorsde l’été 2007. Durant ce moment la seule demande enénergie au niveau municipal résidait dans la production del’eau chaude sanitaire pour les vestiaires de la salleomnisports. Un rapide bilan thermique obtenu à partir descompteurs calorifiques sortie de chaufferie et entrée debâtiments municipaux a démontré que les pertes par réseaudevenaient majoritaires. La consommation était très faible etles calories partaient dans le terrain par l’intermédiaire duréseau, bien que ce dernier soit isolé. La chaudière fioul quiautrefois servait au chauffage et à la production d’eauchaude sanitaire des vestiaires avait été supprimée. À partirde ces constats, il a été décidé de placer des capteurssolaires pour alimenter le ballon d’eau chaude sanitaire. Etdonc, depuis la saison estivale 2008, le réseau communalpartant de la chaufferie n’est plus alimenté en été, lescapteurs solaires assurant la demande énergétique localedes vestiaires.

Toujours sur la période estivale, lors de la premièresaison, la municipalité a employé le fioul pour assurer laproduction d’eau chaude sanitaire de l’hôpital. Laconsommation s’est élevée à environ 10 000 litres. Devant cechiffre, et compte tenu du fait que la technologie de lachaudière bois (foyer réfractaire avec grille mobile)permettait de la faire travailler à très bas régime sansincidence sur son bon fonctionnement (10  % de sapuissance nominale avec du bois plutôt sec), il a été décidéde l’utiliser prioritairement par rapport au fioul. Pour ce faire,en été, le combustible est pris auprès d’une sourced’approvisionnement permettant d’avoir un taux d’humiditéle plus bas possible et donc les meilleures conditions defonctionnement possibles.

Une recherche d’efficacité énergétique sur les bâtiments

Mais les adaptations ne concernent pas que l’exploitationde la chaufferie. Soucieuse de limiter les déperditionsthermiques, la municipalité a procédé durant l’automne2008 à des travaux d’isolation par l’extérieur de la salle desfêtes (ce qui a permis de refaire la façade qui nécessitait unrafraîchissement) et de changer des huisseries. En 2010 destravaux dans l’école maternelle ont permis de séparerthermiquement les deux étages. En 2013, des travauxd’isolation de combles ont été faits à la salle des fêtes et à lamairie. En 2017, la municipalité a engagé un gros chantiersur les écoles. Cela consiste en une rénovation extension de

l’école maternelle pour la transformer en école primaire.Conforme à ses objectifs environnementaux, l’équipemunicipale a inscrit ces travaux dans le programmeEFFILOGIS de la région Bourgogne-Franche-Comté. De fait larénovation du bâtiment existant est faite au-delà duréférentiel Bâtiment Basse Consommation et l’extensionconduit à des locaux neufs à énergie positive grâce à uneproduction photovoltaïque de 16 kWc. Bien entendu, pour lechauffage, tous ces bâtiments sont reliés à la chaufferie bois.

Certes, il aurait été plus logique de commencer par lestravaux d’économies d’énergie plutôt que par ceux deproduction d’énergie, mais avec sa chaufferie, la communede Tramayes est entrée depuis 2006 de plain-pied dans unepolitique de réduction de l’émission des gaz à effet de serre.De plus avec les compteurs calorifiques placés dans chaquebâtiment, la municipalité a un suivi régulier et précis desconsommations, ce qui facilite la recherche de dérivesénergétiques.

Une recherche d’efficacité énergétique sur la chaufferie

Pour son fonctionnement, la chaufferie utilise del’électricité. Dès la mise en service, il a été constaté que laconsommation de cette forme énergétique était très forte au

Le silo de Tramayes est équipé d'un hérisson dedévoûtage au dessus des extracteurs permettant

d'accepter des produits relativement grossiers,photo FD

Travaux d'extension du réseau en 2013, photo FD

La ville de Gdansk située au norddela Pologne, a signé le 7 mai 2018, avec legroupement auquel TIRU participe, uncontrat d’une durée de 29 ans pour laconstruction et l’exploitation d’une Unité deValorisation Energétique des CombustiblesSolides de Récupération. Les travauxs’achèveront fin 2021, avec pour objectiflaproduction d’électricitéetde chaleurpourleréseau de chauffage urbain de la ville.Gdansk est la sixième ville de Pologne parsa population avec 500 000 habitantsenviron et qui abrite le plus grand port dupays.

D’une capacité annuelle de 160 000tonnes, la nouvelle Unité de ValorisationEnergétique vient compléterun large centremulti-filières situé à l’extérieur de la ville.L’usine traitera majoritairement desCombustibles Solides de Récupération(CSR) issus du centre de tri-préparationactuellement en exploitation sur le mêmesite, ainsi que des quatre centres deprétraitement des déchets ménagers de larégion.

La chaleur issue de la combustiondes CSR sera récupérée pour alimenter leréseau de chaleur de la ville, enremplacement des énergies fossiles(charbon notamment). L’UVE produiraégalement de l’électricité qui sera ensuiteinjectéedansleréseau.

Avec cette installation, la régie de ZUTdisposerad’un pôle completde valorisationdes déchets. La ville de Gdansk respectera,quant à elle, les enjeux européens enmatière de Transition Energétique, à savoirla réduction de l’enfouissementdesdéchetsetledéveloppementdurecyclage.

Chiffres clés :- 160 000 tonnes de déchets- 56 GWh électriques produits par an-112GWhthermiquesproduitsparan

bioenergi.es/s/4mz

Tiru va construireet exploiter un

centre devalorisation

énergétique deCSRà Gdansk

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Preparation de CSR dans unbroyeur Teuton, photo

VERCOM

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La chaufferie de Tramayes fut parmi les premières àbénéficier du ramonage pneumatique source d'efficacité

énergétique et d'économies d'exploitation, photo FD

regard de l’énergie thermique fournie. Pendant denombreuses années, différents acteurs, bureau d’étudethermique, constructeur de la chaudière, EDF, SyndicatDépartemental d'Energie de Saône et Loire (SYDESL) se sontpenché sur le problème sans apporter de solution. Interpellépar cette question qui risquait d’être posée dans d’autresinstallations du même type, le SYDESL a décidé de procéderà une étude complète de l’installation. Pendant huit mois, dejuillet 2011 à février 2012, un bureau d’étude spécialisé aenregistré toutes les 10 minutes les consommationsélectriques de chacun des postes de fonctionnement de lachaufferie.

Dans le même temps, suite à des conseils prodigués surle réseau associatif AMORCE, il a été décidé de faire unpilotage à débit variable pour les pompes de circulation del’hôpital. Les résultats plus que probants sont visibles sur lerapport d’étude de consommation d’électriquetéléchargeable sur le site internet de la commune  :http://www.tramayes.com/sources/Etude%20omegawatt/rapport-tramayes1.pdf.

Concrètement après avoir équipé l’ensemble despompes de circulation des trois réseaux pour qu’ellesfonctionnent en débit variable par modulation de fréquencepilotée par écart de température sortie – entrée chaufferie,la consommation électrique annuelle a été divisée par deuxpassant de 100 à 50 MWhé/an.

Un bon bilan environnemental

Bien entendu, comme toute combustion, le bois enbrûlant apporte sa part de pollution. Il est moins bon que lefioul sur certains polluants, meilleur sur d’autres. Il restenéanmoins vrai que, dans nos conditions d’utilisationactuelles, la biomasse fait partie des énergies renouvelablesayant un impact sur le rejet des gaz à effet de serre trèslimité. Certaines personnes accusent le chauffage au boisd’être l’une des causes les plus importantes de rejet departicules fines. Elles ont raison, mais elles oublient souventdans leur raisonnement d’indiquer l’origine de ces pollutionsqui viennent principalement des anciens poêles à bois oudes cheminées ouvertes à combustion mal contrôlée. Lesinstallations actuelles de chauffage au bois, et notammentautomatiques, présentent des caractéristiques biendifférentes et si ce n’est pas suffisant, on les équipe de filtresperformants.

Pour la construction de la chaufferie de Tramayes leConseil Départemental de Saône-et-Loire a donné unesubvention. Toutefois comme il était envisageable qued’autres collectivités expriment le même besoin, afin des’assurer de la pertinence environnementale d’une solutionpar chaufferie à bois déchiqueté, il a été décidé de procéder

à une étude de pollution de l’air à proximité de la chaufferiede Tramayes. Ainsi en novembre 2006 avant la mise en routede la chaufferie et en novembre 2007, une analyse complètede différents polluants atmosphériques a été faite pendantun mois sur le parking entre l’école maternelle et la salle desfêtes. Le rapport complet d’analyse est disponible sur le sitede la commune  :http://www.tramayes.com/sources/PDF/Mesures%20Atmosf%27air%20-%20AB62-Tramayes.pdf. Globalement il enressort que la chaufferie a une incidence faible sur lapollution atmosphérique.

En termes de rejet de gaz à effet de serre, l’installation arévélé en 2014 (Rapport au SNCU) une émission de20 grammes de CO2 par kWh produit, à comparer aux 23 gde l’arrêté du 11 juillet 2013, ce qui est loin des 300 grammesattribués au chauffage au fioul dans l’arrêté du 8 février2012. Selon ces chiffres, en considérant que sur la période2006-2015 la chaufferie aura fourni près de 10 GWh utiles,on s’aperçoit que sur la même période elle aura permisd’éviter l’émission de 2 800 tonnes de CO2.

Le local vérins de la chaufferie est ventilé contre les accumulations deCO en points bas, et éjecte de l'air chaud de la chaufferie vers le silo qui

lui-même se ventile et ne condense pas, photo FD

En 2017, les ventes totales de gaznatureletde biogaz se sont chiffrées à 39229 GWh en Suisse soit une augmenta-tion de 0,5 % par rapport à 2016. Laquantité de biométhane produite locale-ment et injectée dans le réseau gaziers’est montée à 341 GWh, en hausse deprèsde 11 % parrapportà l’exercice pré-cédent. En Suisse, on compte aujourd’huiquelque 30 installations de biométhanequi injectent leur produit directementdans le réseau ; des installations supplé-mentaires sont en phase de constructionoudeplanification.

L’industrie gazière suisse va encou-rager résolument l’injection de gaz renou-velables ces prochaines années. L’objectifest de porter leur part au marchéthermique à 30 % d’ici à 2030. Ce mixpermet de réduire les émissions de CO2de 50 % par rapport au mazout. Le capest bon, comme en attestent les chiffresles plus récents. L’industrie gazière encou-rage de manière ciblée de nouvellesinstallations par le biais de son Fondsbiogaz. En 2017, des aides pourun mon-tant totalde 3,4millions de francs ontétéversées. Ce soutien permet de corriger lesmauvaises incitations liées aux subven-tions fédérales à la production électriqueà partir de biogaz (rétribution à prix coû-tant, RPC), qui présente un moins bon bi-lan énergétique. Pour que l’industriegazière puisse continuerde développer laproduction de gaz renouvelables, il fautconsentir des efforts supplémentaires,notamment financiers. Il faut en particu-lier aussi améliorer les conditions-cadre,en commençant par la reconnaissancegénérale du biométhane comme énergierenouvelable dans le domaine du chauf-fage, la reconnaissance des importationset une affectation partielle de la taxe CO2à la promotion des gaz renouvelables.L’industrie gazière paye chaque annéeplusd’un demi-milliardde francsde taxesCO2 ; une partie de ce montant devraitêtre utilisée pour promouvoir la produc-tion etl’injectiondegazrenouvelables.

Ces dernières années, un grandnombre d’entreprises gazières ont intégré

suite page 29

Hausse de 11 %du biométhaneinjecté dans leréseau gaziersuisse en 2017

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Tous les jours, toute l'actualité des bioénergies sur www.bioenergie-promotion.fr Bioénergie international no 55 - Mai - juin 2018 Page 29

une part fixe de biométhane dans leuroffre standardde gaz naturel (5 ou 10 %généralement). Plusieurs d’entre ellesproposent à leurs clients une part plusimportante de biogaz à titre optionnel. Lerecours au biogaz permet d’abaisser en-corepluslesémissionsdeCO2.

Avec une part de 13,7 % de laconsommation finale d’énergie, le gaznaturel/biogaz est le troisième agenténergétique de Suisse. Les trois quarts dela population suisse a accès au gaz natu-relgrâce à son réseau de quelque 20 000km de conduites. Un bon tiers de laconsommation suisse de gaz naturel estabsorbé par l’industrie, qui l’utilise princi-palement pour la production d’énergiede processus. Avec son infrastructure ré-seau, le gaz a un rôle clé à jouerdans larefonte du système énergétique. Il peutlargement contribuer à l’avènement d’unapprovisionnement énergétique renou-velable, rentable et sûr, notamment du-rantlesmoisd’hiver.

Ménager le climat en roulant augaz

En 2017, on dénombrait en Suisseau total 13 297 véhicules propulsés augaz naturel/biogaz (+3 % par rapport à2016). La proportion moyenne de bio-méthane dans le carburant a frôlé les 25% en 2017. Les véhicules propulsés augaz naturel/biogaz émettent non seule-ment nettement moins de CO2 que lesvéhicules propulsés à l’essence ou audiesel, mais encore moins de particulesportant atteinte à la santé et à l’environ-nement comme les poussières fines oules oxydes d’azote, qui ont fait les man-chettes dans le contexte du « dieselgate». Quel que soit l’avenir du diesel, les vé-hicules à gaz proposent aujourd’hui déjàune technologie éprouvée, quiménage leclimat et l’environnement. Le dernierclassement EcoMobiListe de l’AssociationTransports et Environnement (ATE) leconfirme une fois de plus, en plaçant lesvéhiculesàgazauxavant-postes.

Thomas Hegglin, porte-parole del’Association Suisse de L’industrie Gazière: +41 442883262– [email protected]

La salle des fêtes de Tramayes, l'un desbâtiments raccordés au réseau de chaleur,photo FD

Un bilan financier positif

À sa création, l’opération a coûté un peu plus d’un milliond’euros hors taxes et elle a été subventionnée au total àhauteur de 56  %. La municipalité a emprunté le solde. En2008, afin de garantir le remboursement de l’emprunt,l’achat des pièces d’usures et l’amortissement de l’opération,un tarif d’abonnement à 60 €ht/kW a été déterminé. Pour lefonctionnement, l’achat de matière première, l’achatd’électricité et autres petites fournitures, un tarif deconsommation de 30 €ht/MWh est défini. En travaillant avecun budget annexe, la municipalité fait des factures de cebudget d’une part vers le budget principal pour ses propresbâtiments, d’autre part vers l’hôpital. Ce dernier, dont lafacture énergie chauffage et eau chaude sanitaire pourl’année 2006 était de 73 000 €TTC a eu en 2008 une facturede 61 000 €TTC.

Les tarifs sont indexés sur l’indice INSEE des loyers. Pourl’année 2015, le tarif d’abonnement est de 65,77 €ht/kW et letarif de consommation est de 33 €ht/MWh. Donc de 2008 à2015, l’augmentation tarifaire annuelle aura été de 1,32 % cequi correspond à une grande stabilité au vu de l’inflationénergétique constatée sur la même période. Il est à noterque l’application d’un taux de TVA à 5,5 % contribue aussi àl’attractivité tarifaire.

Au 31 décembre 2015, l’ensemble des investissementssur la chaufferie et le réseau de chaleur avec ses extensionsse monte à 1 476 979,91 €ht. Parallèlement le montant totaldes subventions perçues est de 687  878,03  € ce quireprésente un taux global de subventionnement de 46,57 %.

Une commune exemplaire engagée dans la transitionécologique

Grâce à la création de sa chaufferie biomasse, lacommune de Tramayes a pris conscience qu’elle pouvait, àson échelon, avoir un rôle dans la lutte contre le

dérèglement climatique. Elle a mené d’autres actions commeune gestion plus rigoureuse de son éclairage public ce qui luia permis de diviser par quatre sa consommation électriquesur ce poste en six ans. Elle travaille sur un aménagementprogressif d’un nouveau quartier dans le respect del’environnement. Elle favorise autant que faire se peutl’installation individuelle ou collective de panneauxphotovoltaïques, en particulier en lien avec une structureassociative de type « Centrale Villageoise Photovoltaïque ».

Cela lui a permis d’obtenir quelques reconnaissancescomme le prix spécial national de la Ligue des ÉnergiesRenouvelables en 2011 et le premier prix de la LigueEuropéenne des Énergies Renouvelables en 2012. En 2015,elle a été labellisée «  Territoires à Énergie Positive pour laCroissance Verte ». Enfin en 2018, suite au passage auprèsdu fournisseur d’électricité ENERCOOP, elle pense pouvoiraffirmer qu’elle est la première collectivité territorialefrançaise de plus de 1 000 habitants ayant l’intégralité de sesbâtiments alimentés à 100  % en énergie renouvelable,chauffage inclus bien entendu grâce à sa chaufferie bois-masse.

Retrouver tous les documents, chiffres, photos, vidéos etrapports de ce projet sur le site www.tramayes.com.

Contacts :Commune de Tramayes : +33 385

50 51 18 [email protected]ères Schmid en France :

Jean-Claude JOSEPH Tél. : +33 389 28 5082 - +33 601 35 26 80

[email protected]

Michel Maya, maire de Tramayes

www.gaz-naturel.ch

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RÉSEA

UDECHALEUR

Ici en fonctionnement, la chaufferie présenteune efficacité de combustion très élevée,photo FD