qui est charlie _ - sociologie - emmanuel todd

8/15/2019 Qui Est Charlie _ - Sociologie - Emmanuel Todd

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Du même auteur

AUX MÊMES ÉDITIONS

La Troisième PlanèteStructures familiales et systèmes

idéologiques

« Empreintes », 1983

L’Enfance du monde

Structures familiales etdéveloppement

« Empreintes », 1984



La Nouvelle France

« L’Histoire immédiate », 1988et « Points Politique » no 136, 1990

L’Invention de l’Europe« L’Histoire immédiate », 1990

et « Points Essais » no 321, 1996

Le Destin des immigrés

Assimilation et ségrégation dans les

démocraties occidentales« L’Histoire immédiate », 1994

et « Points Essais » no 345, 1997



Le Rendez-vous des civilisations

(avec Youssef Courbage)

Seuil/La République des Idées, 2007nouv. éd., 2011

Le Mystère français(avec Hervé Le Bras)

Seuil/La République des Idées, 2013

CHEZ D’AUTRES ÉDITEURS

La Chute finale

Essai sur la décomposition de la

sphère soviétique Robert Laffont, 1976

nouv. éd., 2004



Le Fou et le Prolétaire

Robert Laffont, 1979

L’Invention de la France

Atlas anthropologique et politique(avec Hervé Le Bras)

Pluriel/Hachette, 1981

nouv. éd., Gallimard, 2012

L’Illusion économique

Essai sur la stagnation des sociétésdéveloppées

Gallimard, 1998

et « Folio Actuel », 1999



Après l’empire

Essai sur la décomposition du systèmeaméricain

Gallimard, 2002

et « Folio Actuel », 2004

Après la démocratie

Gallimard, 2008et « Folio Actuel », 2010

L’Origine des systèmes familiaux1. L’Eurasie

Gallimard, 2011



ISBN : 978-2-02-127916-0

© Éditions du Seuil, mai 2015

www.seuil.com

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Pour mon pèr



TABLE DES MATIÈRES

Du même auteur Copyright

Dédicace

ntroduction

Chapitre I - Une crise religieuse

La crise terminale du catholicisme

Effondrements religieux et poussées

xénophobes



France catholique et France laïque :

1750-1960

Les deux France et l’égalité

Du Dieu unique à la monnaie unique

François Hollande, la gauche

et le catholicisme zombie

2005 : l’occasion manquée de la lutte

des classes ?

L’athéisme difficile

Chapitre II - Charlie

Charlie : cadre, supérieur et catholique

zombie Le néo-républicanisme

1992-2015 : de l’européisme au néo-

républicanisme



La réalité néo-républicaine : l’État

social des classes moyennes

Charlie est inquiet

La laïcité contre la gauche

Catholicisme, islamophobie,

antisémitisme

Chapitre III - L’égalité malheureuse

Les difficultés de la France laïque

et égalitaire Anthropologie du capitalisme en crise

L’Europe de l’inégalité

La France, les Allemands et les Arabes L’Allemagne et la circoncision

Le grand happening européiste

du 11 janvier 2015



L’exception russe

Le mystère de Paris

La mémoire des lieux Les quatre temps de la crise

Chapitre IV - Les Français d’extrême droite

La lente marche du Front national versle centre de l’Hexagone

Une perversion de l’universalisme

Antisémitisme républicain

Le Pen, Sarkozy et l’égalité

Le PS et l’inégalité : le concept

de xénophobie objective

Mélenchon et l’inégalité



Insignifiance des hommes et violence

des idéologies

Chapitre V - Les Français musulmans La désintégration des cultures

maghrébines

Mariages mixtes juifs et musulmans Les idéologues et l’exogamie

L’écrasement des jeunes et la fabrique

du djihad Fondamentalisme écossais

Sortir de la phobie du religieux

L’islam et l’égalité L’inégalité des sexes

L’antisémitisme des banlieues



Conclusion

Le vrai passé républicain

Le présent néo-républicain Futur 1 : La confrontation

Futur 2 : Le retour à la République :

l’accommodement avec l’islam L’aggravation prévisible

L’arme secrète du renouveau républicai



1.

And all must love the huma form,

In heathen, Turk, or Jew ;Where Mercy, Love, and Pitdwell

There God is dwelling too

1

.William BlakeThe Divine Image, 178

« Aimons donc tous la forme humaine



Dans le païen, le Turc, le juif.Où logent Pardon, Amour, Pitié,Dieu se trouve aussi. »

(Dernière strophe du poème, mtraduction.)



Introduction

Nous savons désormais, avec le recu

du temps, que la France a vécu e

anvier 2015 un accès d’hystérie. L

massacre de la rédaction du journa

satirique Charlie Hebdo, de policiers e

des clients d’un magasin juif on

provoqué une réaction collective san

précédent dans l’histoire de notre pays

En parler à chaud aurait été impossible



Les médias communiaient dans l

dénonciation du terrorisme, dans l

célébration du caractère admirable dpeuple français, dans la sacralisation d

a liberté et de la République. Charli

ebdo et ses caricatures de Mahomeétaient sanctuarisés. Le gouvernemen

annonçait une subvention pour aider à l

renaissance de l’hebdomadaire. Lefoules, convoquées par le gouvernement

défilaient à travers toute la France

crayons à papier en main pousymboliser la liberté de la presse

ovationnant les CRS et les tireurs d’élit

postés sur les toits. Le logo « Je sui



Charlie », dessiné en lettres blanches su

fond noir, avait envahi les écrans, le

rues, les cartes de restaurant. Les enfantrevenaient du collège avec une lettre C

écrite sur la main. On interviewait de

gamins de sept ou huit ans à la sortie deécoles primaires pour leur fair

commenter l’horreur des événements e

’importance de la liberté de caricaturerLe gouvernement décrétait des sanctions

Tout refus par un lycéen d’observer l

minute de silence décidée par lgouvernement était interprété comme un

apologie implicite du terrorisme et u

refus d’adhérer à la communaut



nationale. Vers la fin janvier, nou

apprenions que certains adultes e

étaient venus à adopter decomportements répressifs stupéfiants

des enfants de huit ou neuf an

auditionnés par la police. Un flasotalitaire.Les chaînes de télévision et la press

nous répétaient en boucle que nouvivions un moment « historique » d

communion : « Nous sommes un peuple

a France est unie dans l’adversitérefondée par et pour la liberté.

L’obsession de l’islam, bien sûr, étai

partout. Les journalistes politiques ne s



contentaient pas d’écouter les imams e

es Français musulmans de base qui leu

affirmaient, comme tout le monde, que lviolence était inacceptable, que le

erroristes étaient infâmes et qu’il

rahissaient leur religion. Leournalistes exigeaient d’eux, comme d

nous tous, qu’ils prononcent la formul

rituelle, « Je suis Charlie », désormaisynonyme de « Je suis français ». Il leu

fallait, pour être pleinement intégrés à l

communauté nationale, admettre que lblasphème par des caricatures d

Mahomet était une composante d

’identité française. On devai



blasphémer. Sur nos écrans d

élévision, des journalistes, devenu

pédagogues, nous expliquaiendoctement la différence entre l’act

ncitant à la haine raciale (mauvais) et l

blasphème religieux (bon). J’ai soufferen écoutant Jamel Debbouze, personnag

central de la culture française, soumis

cette injonction sur TF1. Il était venaffirmer sa qualité de musulman, s

fidélité aux jeunes des banlieues, so

amour de la France, de sa femme nomusulmane, de ses enfants issus d’un

union mixte et qui sont la France d

demain. Il tentait d’expliquer gentimen



et douloureusement à son inquisiteur qu

e blasphème, c’était difficile pour u

musulman, que ce n’était pas dans sradition. Mais non, être français c’était

non pas avoir le droit , mais le devoir d

blasphémer. Voltaire dixit . Je npouvais m’empêcher de penser à ce qu

’avais lu sur l’Inquisition, sur ce

nterrogatoires des juifs convertis donon voulait s’assurer qu’ils mangeaien

bien du porc, comme tous les vrai

chrétiens.La relance, avec subvention de l’État

de Charlie Hebdo représente le poin

culminant de la réaction nationale a



drame. En couverture, nous avons pu

nouveau admirer Mahomet, le visag

ong comme un pénis, surmonté d’uurban recouvrant deux masses ronde

évoquant des testicules. Cet élégan

dessin était tracé sur fond vert – lcouleur de l’islam –, mais un vert plat

erne, bien loin des vert

extraordinairement beaux et subtils qucouronnent les édifices du cult

musulman1.

Il ne saurait échapper à un historien da longue durée, familier des crise

religieuses, iconophiles ou iconoclastes

que la sacralisation par l’État françai



d’une image de Mahomet en forme d

bite constitue un tournant historique. L

France vit bien une crise religieusesuccédant à toutes les crises religieuse

qui ont rythmé son histoire et celle d

’Europe depuis le crépuscule d’Empire romain. Nous pouvons don

ci, pour une fois, suivre les médias dan

eur qualification d’« historique » de lmanifestation du 11 janvier, un

qualification intense, répétitive

obsessionnelle, incantatoire, pour toudire religieuse.

J’avais alors refusé tous les entretien

et débats sur la crise.



Je n’avais pourtant pas hésité

m’exprimer en 2005, lors de la grand

révolte des banlieues, pour affirme’absolue francité des jeunes qu

ncendiaient partout des voitures. Leu

acte, formellement délinquann’exprimait selon moi qu’une exigenc

d’égalité, l’une des deux valeur

françaises fondamentales. J’avais ausssouligné la retenue admirable de l

police, qui n’avait pas plus tiré sur le

gosses des banlieues que sur les jeunebourgeois de mai 1968. En 2005, l

France était tolérante, libre, en dépit d

réactions naturellement et justemen



hostiles aux désordres. Parler servait

quelque chose. Ni le gouvernement, n

es journalistes, ni la société dans smasse n’avaient cédé à la panique

Aucune propension à l’hystérie ne fu

décelable. Nous fûmes, en 2005, upeuple admirable. Les émotion

restèrent privées. La peur des personne

âgées fut silencieuse et aboutit, sanmenace immédiate pour la libert

d’expression, à l’élection de Nicola

Sarkozy comme Président en 2007L’âge moyen de son électorat était plu

élevé que celui de tous les présidents d

droite qui l’avaient précédé.



Mais en janvier 2015, une analys

critique aurait été inaudible. Commen

dire que la mobilisation de masse, loid’être « admirable », révélait un manqu

de sang-froid et, pour tout dire, d

dignité dans l’épreuve ? Que lcondamnation de l’acte terrorist

n’impliquait aucunement que l’o

divinisât Charlie Hebdo. Que le droit ablasphème sur sa propre religion n

devait pas être confondu avec le droit a

blasphème sur la religion d’autruiparticulièrement dans le contexte socio

économique difficile qui est celui de l

société française actuelle : blasphéme



de manière répétitive, systématique, su

Mahomet, personnage central de l

religion d’un groupe faible ediscriminé, devrait être, quoi qu’e

disent les tribunaux, qualifié d’incitatio

à la haine religieuse, ethnique oraciale.

Comment affronter l’ignoranc

vertueuse en marche, oser dire que lemanifestants, avec leurs crayons

papier symboles de liberté, insultaien

’histoire puisque, dans la séquencantisémite et nazie, les caricatures d

uifs à la peau sombre et au nez croch

avaient précédé la violence physique



Comment expliquer calmement, e

prenant le temps de la démonstration

que l’urgence, pour la société françaisen’était pas en 2015 une réflexion su

’islam mais une analyse de son blocag

global ? Comment faire comprendre ques frères Kouachi et Amedy Coulibal

étaient bien des Français, des produit

de la société française, et que le recouraux symboles de l’islam ne fait pa

nécessairement de celui qui les utilise u

véritable musulman ? Qu’ils n’étaienque le reflet inversé, pathologique e

quelque sorte, de la médiocrité moral

de nos chefs élus, plus soucieu



d’optimiser le niveau de leur retrait

que de tirer les jeunes de l

surexploitation par les bas salaires ode la marginalisation par le chômage ?

Comment suggérer à chaud qu

François Hollande, en décidant unmanifestation de masse, avait pris l

risque de glorifier les frères Kouachi, d

conférer un sens idéologique à un actqui aurait dû être dévalorisé par un

nterprétation de type psychiatrique ? L

folie, perte de contact avec la réalité, npeut en effet se passer des symbolique

sociales ordinaires : le schizophrène s

prend pour Napoléon ou Jésus, l



paranoïaque se pense pénétré par l

soleil ou traqué par l’État. Une voie d

mépris, de l’atténuation du sens, auraété possible. Cette option n’excluait pas

bien entendu, une sociologie de l

psychose islamiste en France. Mais ella été rejetée. À l’inverse, nous avons e

droit à une sacralisation négative du ma

par l’autorité, conduisant à unaggravation des tensions religieuses

’intérieur de notre société comme dan

notre rapport au monde. Ç’avait été lchoix de Bush en 2001, mais sur la bas

de faits beaucoup plus lourds. Le

17 morts du 7 janvier furent-ils vraimen



’équivalent des 2 977 morts du Worl

Trade Center ? Plus encore qu

’Amérique, si souvent moquée pour seexcès émotionnels, la France a surréag

Où était donc passé l’esprit français

rationnel et ironique, le 11 janvie2015 ?

Comment faire admettre que la France

dans sa masse, dans ses classemoyennes, et non sur ses franges, vit un

crise non pas simplement économiqu

mais aussi de type religieux, ou quasreligieux, parce qu’elle ne sait plus o

elle va ? Le problème de la sociét

française ne se réduit pas à une banlieu



ravaillée par la montée du terrorism

slamique, il est beaucoup plus vaste. L

focalisation sur l’islam révèle en réalitun besoin pathologique des couche

moyennes et supérieures de déteste

quelque chose ou quelqu’un, et non pasimplement la peur d’une menac

montant des bas-fonds de la société

même si le nombre des départs de jeunedjihadistes vers la Syrie ou l’Irak mérit

aussi une analyse sociologique. L

xénophobie, hier réservée aux milieupopulaires, migre vers le haut de l

structure sociale. Les classes moyenne



et supérieures cherchent leur bou

émissaire.

Et puis il y eut cette troublante sousestimation, dans les commentaires, de l

dimension antisémite de l’événement

qui pourtant succédait aux tueries dBruxelles en mai 2014 et de Toulouse e

mars 2012. La vraie question pour l

France, ce n’est pas le droit à lcaricature, c’est la montée d

’antisémitisme dans les banlieues. L

racisme diffuse simultanément vers lhaut et vers le bas de la structur

sociale.



Trop de choses complexes

paradoxales, contre-intuitives, devaien

être expliquées. Impossible de s’y livredurant ce moment d’autocélébratio

nationale et républicaine. L’État

pendant ce temps, aspergeait la Francde cars de police et de militaires e

armes, méticuleusement dispersés en de

ieux où le risque était pourtant nul. Cae nouveau terrorisme ne frappe en effe

pas à l’aveugle, il choisit ses cibles

slamophobes blasphémateurs, policiersuifs pratiquants. Trois hommes bie

postés auraient sans doute empêché l

uerie de Charlie Hebdo, cible depui



ongtemps désignée du terrorism

slamique. Le ministre de l’Intérieur, qu

avait failli dans sa tâche, se pavannéanmoins sans être critiqué. Bref, dan

e comportement de l’État, tout était u

peu ridicule en janvier 2015, mais unévocation de ce ridicule aurait ét

nterprétée dans l’ambiance unanimist

du moment comme une apologie derrorisme.

Je me souviens avoir accueilli l

nouvelle d’une grève des camionneurcomme le premier signal d’un retour a

réel, preuve de la survie de la Franc

que le monde envie, individualiste



égalitaire, cette France qui n’obéit pa

aux injonctions venues d’en haut.

Je ne regrette pas d’avoir attendu. Cqu’un chercheur peut apporter d’utile a

débat public n’est pas une morale plu

pure ou une idéologie de meilleurqualité, mais une interprétation objectiv

de faits qui ont échappé aux acteurs eux

mêmes, emportés par l’émotion, mus pades préférences souvent obscures o

carrément inconscientes. Or le « Je sui

Charlie » de ces semaines-là, qu’iémoigne d’une volonté de masse o

émane d’une pure logique médiatique

fut, au cœur de notre sociét



postindustrielle, une manifestatio

emblématique de fausse conscience.

La manifestation du 11 janvier funterprétée comme la réémergence d’un

France unie et volontaire. La Républiqu

réaffirmait ses valeurs, avec ce qu’ifallait d’images de Marianne. Force

grandeur, renaissance : impossible de n

pas sentir une aspiration au collectif, unremontée du sentiment national, s

définissant ici officiellement contr

’intolérance religieuse. La foule d11 janvier était loin d’être antipathiqu

bien sûr. Marchant pour le respect de

ibertés, parsemée de drapeaux de toute



es nations, affirmant haut et fort l

différence entre l’islamisme radica

rejeté, et l’islam ordinaire, acceptcomme le catholicisme s’il respectait l

principe français de laïcité. L

manifestation toutefois ne parlait pas d’égalité. L’exclusion du Front nationa

amponnait l’événement du label GNX

« garanti non xénophobe ». Lmanifestation était paisible, bon enfan

l fut d’ailleurs difficile d’obtenir de

participants des justifications précises eur présence dans la foule. Dominait l

besoin d’« être ensemble » aprè



’horreur, d’affirmer quelque

« valeurs » de base.

Ce serait donc une erreur que dsupposer aux foules du 11 janvier un

homogénéité essentielle, corollaire d

celle des médias unanimes. Des laïcistedurs, bouffeurs de curés, de rabbins e

d’imams, côtoyèrent ceux, beaucou

plus nombreux, qui justifiaient leuprésence par leur attachement général

a liberté d’expression et défendaient u

déal de tolérance. De nombreusediscussions m’ont convaincu que, l

endemain ou dans les jours qui ont suiv

a « marche républicaine », des dizaine



de milliers de participants sans aucu

doute, des centaines de milliers peut

être, se sont demandé ce qu’ils avaienréellement fait, ou cautionné, e

marchant ce jour-là. Beaucoup ont véc

e « Je suis Charlie » comme un épisodd’aliénation par la pensée d’autrui, d

dépersonnalisation temporaire

débouchant sur une gueule de boidéologique précédant de peu une remis

de l’événement sur l’étagère « very ba

rip » de la mémoire.Mais nous ne sommes ici qu’au nivea

conscient, explicite. Il faut aller plu

oin et s’interroger sur les déterminant



sociologiques de ces foules en état d

communion spirituelle.

Une partie de la France n’était pas là

e 11 janvier, et celle qui l’était

soucieuse de se faire passer pour s

otalité, n’était ni si sûre de ses valeurs

ni si généreuse. Le monde populair

n’était pas Charlie, les jeunes de

banlieues, qu’ils fussent musulmans o

non, n’étaient pas Charlie, les ouvrier

des provinces n’étaient pas Charlie. L

France des classes moyenne

supérieures, en revanche, fut en quelqu

sorte surmobilisée et se révéla capabl



ce jour-là d’entraîner, une fois encore

es couches intermédiaires de la sociét

française par l’expression de soémotion. Pourtant, aujourd’hui, le

classes moyennes françaises, bien loi

de porter les « valeurs positives de lnation », sont fondamentalemen

égoïstes, autistes et d’humeu

répressive. Elles ont même abandonné lprincipe d’égalité. Et elles sont souven

nous le verrons, plus proches du vieu

fond catholique français que de lradition laïque. Bref, elles sont peut

être la France d’aujourd’hui, mai



certainement pas celle de la traditio

révolutionnaire.

Le concept marxiste de faussconscience et la notion freudienn

d’inconscient viennent ici à l’esprit

ous devons surtout revenir à ldéfinition par Émile Durkheim de l

sociologie : celle-ci commence d’êtr

une science, dit-il, lorsqu’elle admet ques hommes, parfois, sont mus par de

forces sociales qui les dépassent

L’interprétation consciente qu’ildonnent de leurs actes n’est pas toujour

exacte. C’est ainsi que l’ouvrag

fondateur de la sociologie moderne, L



Suicide, s’ouvre sur le rejet de

explications laissées derrière eux pa

certains suicidés, ou des motifs donnépar les agents qui ont enregistré le

décès. C’est au contraire dans l

distribution statistique objective deactes de suicide – dans le temps, dan

’espace, selon la situation familiale

selon la religion – que Durkheicherche le sens, ou plutôt les sens, d

phénomène. C’est exactement ce qu

nous devons faire pour comprendre lphénomène « Je suis Charlie ». Dan

cette perspective, nous laisseron

ranquilles les manifestants qui, souvent



ne surent pas vraiment expliquer c

qu’ils faisaient là, nous oublierons le

ournalistes politiques qui se chargèrende dire « le sens des choses », emporté

par l’ivresse mimétique d’un espac

médiatique saturé. N’allons tout de même pas trop loi

dans l’absolution par l’inconscience

ous avons aussi eu affaire à de lâcheté et au cynisme. Les politiques on

consciemment instrumentalis

’événement pour tenter d’échapper eur impopularité ; bien des journaliste

ont renoncé, en toute connaissance d

cause, à leur devoir critique. Quant à l



foule, certes diverse dans s

composition, incertaine et sympathique

nous ne pouvons l’absoudre a priorpour cause de non-conscience. Si nu

n’est censé ignorer la loi, nul n’est cens

gnorer pourquoi il manifeste. La Francse ment à elle-même. Souvent, elle s

pense grande quand elle est petite, mai

parfois aussi, elle se dit grande quanelle sait qu’elle est petite. Ce livre es

aussi un essai sur le mensonge. Charlie

un imposteur ?

Qui étaient socialement le

manifestants ? D’où venaient-ils



Répondre à ces deux questions simple

nous permettra d’identifier la Franc

mobilisée le 11 janvier et de reconnaîtren elle un vieil ennemi, en cours d

radicalisation, fondamentaliste à s

manière.Le moment est donc venu de prendr

ce mois de janvier 2015 au sérieux, mai

en plaçant la réaction émotionnelle de lsociété française, et non le massacre d

mercredi 7, au cœur de la recherche. L

manifestation centrale du dimanche 11 donné lieu à des comptages hâtifs

probablement exagérés, pas toujour

compatibles entre eux, mais susceptible



de traitement statistique. 3 à 4 million

de manifestants, cela représente 4,5

6 % de la population. La présencd’enfants dans les défilés interdit qu

’on rapporte ces chiffres globaux a

nombre des seuls adultes. Mais on peuégitimement les rapporter aux urbain

des 85 plus grandes agglomérations, e

cela donne un taux de mobilisatioexceptionnel compris entre 7 et 10 %

La manifestation (prise en son sen

collectif, Paris et province mêlées) s’espour ainsi dire spontanément constitué

en objet sociologique. Sa cartographi

nous enseigne donc ce qu’elle fut.



Ayant réalisé à trois reprises de

analyses cartographiques de la sociét

française – en 1981, 1988 et 2011 –, j’ammédiatement senti, en regardant l

carte publiée par Libération l

12 janvier, que la distribution d’émotion n’était pas uniforme sur l

erritoire français et qu’un traitemen

statistique approprié pourrait nous dirquelles forces sociales et religieuses, o

crypto-religieuses, avaient jeté tant d

gens dans les rues. N’est-il pas plus qustupéfiant que des estimations publiées

a va-vite le lendemain même de l

manifestation puissent produire de



corrélations qui sont, du point de vue d

a théorie statistique, si hautemen

significatives ? Quoi qu’il en soit’unanimité tant vantée par les média

est une fiction. Ne soyons pas déçus

n’en tirons pas la conclusion que tout nfut qu’illusion et qu’il ne reste rien. A

contraire. Comprendre comment un

partie de la société fut capabld’imposer une image fausse de la réalit

à l’ensemble de la population, c’es

mettre à nu la réalité de notre systèmsocial. C’est ainsi que la manifestatio

du 11 janvier, moment d’hystéri

collective, nous offre une fantastique cl



de compréhension des mécanismes d

pouvoir idéologique et politique dans l

société française actuelle.Quelques surprises de taille nou

attendent. Nous allons ainsi constate

que le débat actuel sur la laïcité ns’inscrit pas dans la continuité de

valeurs laïques, que les forces qui s

réclament aujourd’hui de la Républiqune sont pas d’essence républicaine, bref

que Marianne n’est plus la femm

aimable que nous avons connue. Nouallons saisir en son cœur le gran

détraquage du système politiqu

français, comprendre pourquoi le Part



socialiste est désormais ancré à droite e

pourquoi la droite flotte dans l’espac

français sans trop savoir ce qu’elle estous allons chercher à identifier le

forces puissantes, efficaces e

parfaitement méprisables qumaintiennent la France dans le carcan d

choix politiques et économiques qu

détruisent une partie de sa populationous allons devoir admettre que l

France n’est plus la France, mais nou

demander aussi si elle a quelque chancde redevenir elle-même, avec, pourquo

pas, un jour lointain, l’aide de l’islam e

des électeurs du Front national.



Mais avant de nous préoccuper de

remèdes éventuels, nous devon

procéder au diagnostic du mal qui est ’origine de la poussée de fièvre. Nou

devons savoir quel genre de société

bien pu faire descendre dans la rue 3 4 millions de personnes affirmant leu

solidarité avec un journal identifié à un

caricature de Mahomet, spécialisé dana stigmatisation d’une religio

minoritaire, l’islam, et sa désignatio

comme problème numéro 1 de la FranceLe ton de cet essai, écrit sous le coup

de l’exaspération, n’est pas académique

l s’est pourtant agi pour moi d



procéder à une sociologie à chaud d

’événement, de m’en tenir à la rigueu

scientifique autant qu’il est possiblorsqu’il faut travailler vite, lorsque l’o

doit mobiliser et utiliser en quelque

semaines quarante années de recherchet de connaissances péniblemen

acquises. Mais, grâce aux très originale

études menées par l’IFOP sur lepopulations d’origine catholique e

musulmane, communiquées par Jérôm

Fourquet, l’étude est à jour et préciseGrâce au traitement statistique de

manifestations réalisé par Philipp



Laforgue, elle est rigoureuse dans s

méthode.

Dans la mesure où ce livrs’intéresse, simultanément, au

fondements religieux et aux structure

économiques de la société, sans trochercher à établir une hiérarchie entr

es uns et les autres, il est de strict

obédience wébérienne. Certes, la prisen compte des valeurs familiales ancr

’ensemble dans quelque chose de plu

profond que les variables de MaWeber. Mais, ainsi qu’on le verra, j

n’ai pas considéré la famille comme un

nstance plus importante que la religio



dans l’évaluation du degr

d’« égalitarisme » caractérisant le

sociétés régionales qui constituen’ensemble français.

Cet essai s’inscrit dans les pas d

Max Weber en un sens plus profonencore, plus moral. Comme celui-c

’explique dans « La science comm

vocation », la sociologie ne doit paprétendre discerner le bien du mal mai

aider les hommes à comprendre le sen

profond de leurs choix et de leurs acteses contraindre à admettre ce que son

es valeurs latentes qui les conduisent

faire tel ou tel choix idéologique o



politique. C’est ainsi que, par l’analys

et le raisonnement, je serai conduit, a

erme de la démonstration, à avancequelques propositions surprenantes e

plutôt désagréables sur le

comportements des masses éduquéesdes gens âgés, des Français de traditio

catholique, des socialistes et de leur

dirigeants. Il ne se sera pourtant agi poumoi que de demeurer fidèle à l’esprit d

Weber : « Les savants peuvent – e

doivent – encore vous dire que tel ou teparti que vous adoptez dériv

ogiquement, et en toute conviction

quant à sa signification, de telle ou tell



1.

2.

vision dernière et fondamentale d

monde […]. La science vous indiquer

qu’en adoptant telle position, vouservirez tel dieu et en offenserez te

autre 2… »

« Blasphème et sexe en une : l’esprCharlie Hebdo est toujours là ! », paClaire Courbet, mis en ligne l

14 janvier 2015. Les sémiologues espécialistes des médiaDominique Wolton et JeanDidier Urbain, analysent pou

Le Figaro la couverture dCharlie Hebdo.« La science comme vocation (Wissenchaft als Beruf ). Je traduis l

titre de cette conférence de 1919 plu



littéralement que ne le fait l’éditiofrançaise (Paris, UGE, 10/18, 1963 p. 113 pour la citation).



CHAPITRE I

Une crise religieuse

Par son volume et ses exigence

métaphysiques, la manifestation d11 janvier nous a clairement indiqué qu

a France vivait une crise religieuse. O

aurait pu croire, devant l’inquiétude demanifestants, des commentateurs et d

gouvernement que 15 à 25 % d

musulmans s’apprêtaient à soumettre



eur foi le pays de Jeanne d’Arc, d

Voltaire et de Charles de Gaulle.

C’était d’ailleurs le thème du dernieroman de Michel Houellebecq, dont l

succès avant même la parution ava

précédé les horreurs perpétrées par lefrères Kouachi et Amedy Coulibaly. L

dernier tube islamophobe d’Éri

Zemmour aussi se jouait partout avant ldrame. Le Suicide français reprenait l

rengaine de l’échec de l’intégration, de

pièges du multiculturalisme et d’extinction de notre belle culture. L

30 octobre 2014, bien avant le

événements du 9 janvier, Zemmou



expliquait au Corriere della Sera que l

France devrait envisager de renvoye

chez eux les musulmans, suscitant aveun temps de retard une fascinant

polémique sur la condensatio

sémantique en « déportation » de soprojet par le journaliste italien. Le term

était-il ou non adapté pour décrir

’expulsion par bateau d’une partie de lpopulation française ?

L’islamophobie a son rythme propre

Dans la mesure où elle rejettsymboliquement les musulmans hors d

a communauté nationale, elle est caus

autant qu’effet du terrorisme. Elle es



’un des deux pôles d’une dialectiqu

nfernale dans laquelle la crise objectiv

des banlieues et l’hystérie de l’idéologise nourrissent l’une l’autre.

Ici comme ailleurs, cependant, nou

devons situer sociologiquement estatistiquement le phénomène

’adhésion à l’islamophobi

d’inspiration houellebecquozemmourienne est limitée, par nature,

ceux qui ont les moyens d’acheter de

ivres et le temps de les lire, des gend’un certain âge, donc, appartenant au

classes moyennes. Ni les milieu

populaires qui votent pour le Fron



national, ni les jeunes diplômés dont le

revenus baissent n’ont les moyens ou l

emps de lire Zemmour ou Houellebecdans le texte.

Plutôt que de foncer sur le chiffo

rouge, ou plutôt vert, de l’islamattardons-nous sur le désarroi spiritue

qui frappe les 94 % de la populatio

dont l’origine est chrétienne. Noureviendrons plus tard sur l’éta

psychologique et social des 4,5 % o

5 % de musulmans qui contribuent ’existence de la nation.

Ces chiffres disproportionnés – 94 %

d’origine chrétienne, 4,5 % à 5 %



d’origine musulmane – ne doivent pa

faire illusion. Pour chaque confession

’évaluation mêle les croyants et lepratiquants à ceux pour lesquels l

religion est un souvenir plutôt qu’u

présent. La vérité religieuse de lFrance de 2015, c’est une incroyanc

comme il n’en a jamais existé dan

’histoire. Parmi les Français totalemenaïcisés se trouve la majorité des enfant

ssus de mariages mixtes, unions d

parents issus de religions différentesdes unions parfois répétées sur plusieur

générations. Leur ascendance mêl

fraternellement chrétiens, musulmans e



uifs, sans oublier la possibilité d

bouddhisme, du confucianisme ou d

’hindouisme de nos compatrioted’origine asiatique.

C’est bien sûr dans la masse central

de la société française et non sur sefranges que nous devons chercher l

dynamique religieuse du pays. Ce choi

méthodologique nous invite à nousouvenir qu’il y a peu de temps, de

foules défilaient dans la rue contre l

« Mariage pour tous ». Le 13 janvie2013, deux ans avant l’irruption d

Charlie sur la scène nationale, la plu

réussie des « Manifs pour tous » avai



regroupé à Paris entre 340 000 e

800 000 personnes – selon qu’on suiv

es chiffres de la police ou ceux demanifestants. Une minorité importante

souvent catholique, refusait le mariag

de couples homosexuels. Une certainfébrilité religieuse ou quasi religieus

agitait alors la masse centrale de l

société française, sur un mode equelque sorte négatif puisque la réalit

de ce qui se passait, le mariage pou

ous, marquait un pas en avansupplémentaire dans la rupture de l

nation avec la vision chrétienn

raditionnelle de la famille.



Comment cette crise religieuse s’est

elle manifestée le 11 janvier ?

La crise terminaledu catholicisme

En France, religion et mœurs évoluen

de conserve. La pratique religieuse

fini de s’effondrer, pour l’essentieentre 1960 et 1990. De trois enfants pa

femme en 1950, la fécondité a chuté

deux depuis, mouvement qui inclut ldisparition des familles nombreuse

catholiques. Il y avait en 1960 5,5 %

d’enfants nés hors mariage, il y en



55 % aujourd’hui. La France, où

’Église pesait encore lourd il y

quelques décennies, est désormais danses croyances et ses mœurs un pays d

sceptiques.

Trente ou quarante ans, c’est peu dan’histoire des mentalités. La pyramid

des âges garde aujourd’hui la trac

d’une population âgée encore un peu liéà la religion, surplombant de

générations jeunes complètemen

détachées. Une enquête récente d’IFOP donne un taux de 12,7 % d

sondés se définissant comme catholique

« pratiquants ». Il est vraisemblable qu



’application des critères stricts de l

sociologie religieuse, qui compterait le

assistants effectifs à la messdominicale, conduirait à une divisio

par deux de cette proportion. Reste que

si le taux obtenu par autodéfinition denterviewés est de seulement 6,6 % pou

es 25-34 ans, il est encore de 21,6 %

pour les 65-74 ans et de 32,7 % pour le75 ans et plus 1. Les gens aujourd’hu

âgés de 75 à 85 ans avaient 20 à 30 an

en 1960. Pour ce groupe d’âge des 2030 ans, la pratique religieuse a donc ét

divisée par 5 2. Le tiers des « plus d

75 ans » qui se déclare aujourd’hu



pratiquant ne témoigne pas d’une Franc

uniformément catholique vers 1960 mai

déjà, pour les deux tiersdéchristianisée.

Une plongée de 33 à 6 % de l

pratique n’est cependant panégligeable, surtout si ell

s’accompagne aussi de perturbation

d’ordre métaphysique dans les deux tierde la population qui avaient, en 1960

depuis longtemps échappé à l’empris

du catholicisme. Le basculement de lFrance dans l’incroyance généralisée e

a liberté des mœurs pose de

problèmes d’équilibre psychologique e



politique à la population en cours d

ransformation.

Effondrementsreligieux et pousséesxénophobes

Une approche comparative de

effondrements religieux dans l’histoirnous oblige à poser cette question d’u

déséquilibre psychique de transition

Une mutation ou une chute des croyanceest en effet le plus souvent suivie d’u

événement révolutionnaire. L

disparition de son encadremen



métaphysique produit dans un

population, presque mécaniquemen

’émergence d’une idéologie dsubstitution, variable quant à ses valeur

mais le plus souvent physiquemen

violente.En France, vers 1730-1740, l

recrutement en prêtres s’était tari dans l

Bassin parisien et sur la façadméditerranéenne, mais continuait à u

niveau normal dans le reste du royaume

La Révolution suivra la crise dcatholicisme d’un demi-siècle. L’Églis

avait garanti à ses fidèles l’égalité et l

iberté dans leur quête de la vi



éternelle, grâce au baptême pour tous e

au salut par les œuvres. En 1789, ce

objectif lointain est converti e’exigence d’une liberté et d’une égalit

mmédiates dans la cité terrestre.

Notons que le Dictionnairhilosophique dans lequel Voltaire

exposé une pensée antireligieus

complète, pugnace et drôle, fut publié e1764, soit vingt ans aprè

’effondrement de l’Église dans les deu

iers du royaume.En Allemagne, entre 1880 et 1930, l

chute de la pratique religieuse dans le

deux tiers protestants du pays a conduit



’ascension, dans un premier temps de l

social-démocratie et de l’antisémitisme

dans un deuxième du nazisme. Leenvolées de Nietzsche sur la mort d

Dieu et la sociologie religieuse d

Weber furent d’autres produits de cettcrise métaphysique. Les valeur

déologiques qui s’exprimèrent dan

’Allemagne nazie furent l’opposé, termà terme, de celles de la Franc

révolutionnaire, comme l

protestantisme avait été l’opposmétaphysique du catholicisme du Bassi

parisien vers 1700. La prédestinatio

uthérienne affirmait les hommes inégau



devant la possibilité du salut, choisis o

exclus avant même leur naissance par u

décret sans appel de l’Éternel. Cetthéologie autoritaire et inégalitaire fu

remplacée, en 1933, par l’exigenc

d’une servitude et d’une inégalitmmédiates sur terre. La race choisit se

hommes. Le statut d’être humain fu

réservé aux Aryens, les juifs condamnéà l’enfer des camps de la mort

ransposition laïque de la damnatio

éternelle de Luther. Nous devons prendre la religion a

sérieux, particulièrement lorsqu’ell

disparaît. Dire cela ne revient pas



négliger les structures et le

conjonctures économiques : l

Révolution française fut bien déclenchépar une hausse du prix du blé, l

révolution nazie par une dépressio

économique de grande ampleur. Mais inous faut aussi admettre que ni la famin

ni le chômage n’auraient seuls produ

des phénomènes révolutionnaires aussmassifs et intenses, et victorieux. Pa

eur violence fondatrice, Révolutio

française et nazisme ont atteint en leuemps – et conservent dans no

mémoires – ce que l’on pourrait appele

un « statut métaphysique ». Issus chacu



d’une crise religieuse, ces évènement

furent en un sens religieux aussi.

Les idéologies terrestres sondifférentes par le contenu parce que de

valeurs familiales profondes, de

systèmes anthropologiques latentscontinuent de guider les choix de

sociétés lorsqu’elles échappent

’emprise du religieux stricto sensu. Acœur du Bassin parisien, une structur

familiale libérale et égalitaire régula

es conduites sociales ; en Allemagneune structure familiale autoritaire e

négalitaire les orientait en un sen

opposé.



Nous vivons des problème

économiques de moindre brutalité mai

de plus longue durée que la grande crisde 1929. Cependant, autant qu

d’évolutions économiques trè

évidentes, l’avenir politique de notrsociété dépend d’une transformatio

religieuse ou quasi religieus

souterraine.La crise terminale du catholicisme

ouché l’ensemble du monde occidenta

à partir des années 1960. Là où cettreligion encadrait des population

inguistiquement minoritaires o

s’estimant culturellement dominées – a



Québec, au Pays basque, en Irlande et e

Flandre –, sa disparition a conduit, dè

es années 1970, à une forte poussénationaliste. La transition vers la laïcit

a engendré une poussée terroriste a

Canada, en Espagne et en Irlande, et deaccès phobiques moins violents – mai

peut-être plus durables – en Belgique

Les Flamands restent remarquables paeur détestation de la francophonie, alor

même qu’ils sont devenus dans leur pay

e groupe dominant. Tous ceévénements eurent lieu dans une périod

de prospérité et de développement de l

société de consommation.



Il est important de comprendre l

ogique qui peut conduire d

catholicisme à la xénophobie. L’Égliscatholique, attachée au principe d

hiérarchie, est cependant, par tradition

universelle – c’est le sens de son nomJusque vers 1960, elle agissait sur u

certain nombre de cultures régionale

peu douées pour l’universel comme umodérateur, ou, mieux, un agent d

contrôle de l’ethnocentrisme. Le

cultures québécoise, basque, irlandaiset flamande étaient dépourvues, comm

celle de l’Allemagne, du principe d

’égalité familiale. Le catholicism



ntégrait donc l’ethnocentrisme de leu

fond anthropologique à un système

certes autoritaire et vertical, mais vocation universelle. Il est logique qu

a disparition de ce régulateur ait libér

e tempérament inégalitaire ou noégalitaire ancré dans des structure

familiales plus profondes encore que l

religion.La chute du catholicisme a produit,

partir de la seconde moitié des année

1980, des effets analogues en Italie, oa Ligue du Nord a tourné s

xénophobie, en interne, contre les gen

du Sud, le Mezzogiorno. Son épicentr



régional, au nord-est du Pô, correspon

bien aux régions d’Italie où la pratiqu

religieuse était la plus forte jusque ver1960, et où le fond anthropologique n

prédisposait pas à l’universel.

L’oppression communiste avamaintenu vivant un catholicisme d

défense en Pologne et en Ukrain

occidentale. Dans ce dernier cas, is’agissait plus exactement de la religio

uniate, c’est-à-dire orthodoxe à l’origin

mais ralliée au catholicisme dans lcourant du XVIIe siècle. Ainsi que nou

’indique la chute brutale des indicateur

de fécondité à partir de 1990, c



catholicisme d’autoprotection n’a pa

survécu à la chute du communisme. S

disparition a laissé un videclassiquement générateur d’anxiété e

d’une poussée xénophobe, indépendant

du contexte matériel puisqu’adaptation économique a été réussie e

Pologne mais totalement ratée e

Ukraine. Dans le contexte de l’Europde l’Est postcommuniste, le mécanism

de substitution ne pouvait mener qu’

une poussée de russophobie, tout commes phénomènes analogues avaien

auparavant entraîné en Europ

occidentale, selon le lieu, anglophobie



hispanophobie, francophobie o

talophobie.

Il n’est pas impossible qu’umécanisme du même type ait joué u

rôle dans l’entrée en sécession de l

Croatie, nation définie par socatholicisme. J’hésite toutefois à l

mettre dans la même catégorie que l

Pologne ou l’Ukraine occidentale parcque la guerre civile qui a détruit l

Yougoslavie, certes définie par le

dentités religieuses catholiquesorthodoxes et musulmanes, fu

déclenchée par l’effondrement d



communisme plutôt que par celui d

’Église.

L’émergence d’une extrême droitcolorée de néonazisme dans le

provinces ukrainiennes de Galicie, d

Volhynie et de Ruthénie est surprenantpour qui attend de la libération de

peuples un meilleur équilibre mental

elle apparaît tout à fait normale à celuqui y a été préparé par l’observation de

émergences nationalistes, basque

rlandaise, flamande et québécoiseC’est ainsi que nous devons comprendr

que la russophobie polonaise o

ukrainienne occidentale, si elle utilis



une symbolique venue du passé, exprim

une crise religieuse vécue au présent e

qui a peu à voir avec la volonté dpuissance de la Russie.

Le nationalisme est rarement origina

dans le choix de ses buts et de ses objetde détestation. Nous devons pourtan

admettre que la crise terminale d

catholicisme a produit en France et eAllemagne une forme idéologique d

ransition beaucoup plus intéressant

qu’un banal nationalisme ethnocentriquel faut dire que, dans l’un et l’autre pays

es provinces catholiques pratiquante

ne constituaient qu’un tiers du territoir



et qu’elles avaient été pleinemen

ntégrées à leurs nations respectives pa

a guerre de 1914-1918. Mais la chutdu catholicisme a fortement contribué

des deux côtés du Rhin, à la poussé

européiste qui a conduit au traité dMaastricht. C’est ce que révèle dans l

cas de la France la cartographi

politique.Se combinant dans l’Hexagone ave

’héritage égalitaire et universaliste d

cœur du système national, l’anxiétengendrée par la décomposition d

catholicisme a conduit à l’émergenc

d’une forme idéologique hybride mai



grandiose, une tentative de nationalism

multinational.

France catholiqueet France laïque : 1750-1960

Il n’y a pas, en effet, une seule Franc

catholique mais deux : une Franccatholique no 1 qui a abandonné l’Églis

dès le milieu du XVIIIe siècle, et un

France catholique no 2 qui lui est restéfidèle jusque vers 1960 mais vien

finalement de décrocher pour plonger



son tour dans l’incroyance. L’Hexagon

uxtapose donc aujourd’hui deux Franc

déchristianisées, l’une ancienne, l’autrrès récente dont la carte I. 1a 3 nou

définit les territoires.

Grâce aux travaux de Timothy Tacketnous savons que la sortie d

catholicisme au XVIIIe siècle ne fut pas l

fait d’individus mais de communautéocales, tandis que d’autre

communautés locales restaient fidèles

’Église4

.La Constitution civile du clergé d

1790 voulait instituer l’élection de

prêtres et des évêques par le



paroissiens. Un serment d’allégeance

ce texte fut exigé des curés. L

carte I. 1b des acceptations et des refude jurer, réalisée ici d’après Timoth

Tackett, loin de nous donner accès à l

conscience intime des prêtres, nourévèle la volonté des paroisses. Le

curés ont accepté la Constitution civil

dans un immense Bassin parisies’étirant de Saint-Quentin à Bordeaux

ainsi que sur la façade méditerranéenne

elle-même reliée à Paris par un corridocomprenant la Drôme, l’Isère, l’Ain et l

Saône-et-Loire. Ils ont refusé l’Églis

républicaine dans une constellation d



provinces périphériques : l’ensemble d

’Ouest, le gros du Sud-Ouest et d

Massif central, le Jura, l’Alsace e’extrême Nord.



I.1a – La pratique religieuse en 1960



I.1b – Le serment constitutionnel en 179



I.1c – La pratique religieuse en 2009



À partir de 1793, la Révolution voulu

affronter l’Église pour la détruire. So

échec pérennisa la première fracturatiode l’espace religieux français.

Les choix religieux sont si pe

ndividuels que la géographie dementalités avait à peine changé lorsqu

e chanoine Boulard et Gabriel Le Bra

réalisèrent, au lendemain de la SecondGuerre mondiale, la première cart

nationale de la pratique religieus

carte I. 1a)

5

. Le cœur déchristianisé da France semble stable, et bipolair

puisqu’il inclut toujours le Bassi

parisien et la façade méditerranéenne



La constellation catholique périphériqu

est presque intacte. Les lignes de fron

n’ont guère bougé. Le Limousin, lvallée de la Garonne et le Nord-Pas-de

Calais s’éloignent un peu de l’Église ; l

région Rhône-Alpes, la Lorraine et lCotentin paraissent y revenir.

Cette stabilité témoigne d

’« inutilité » de la lutte religieuse qus’étendit sur plus d’un siècle – depui

es 200 000 morts de la guerre d

Vendée, entre 1793 et 1796, jusqu’aunventaires musclés des biens du clerg

durant la séparation de l’Église et d

’État en 1905. La lutte n’a fait, a



contraire, que confirmer la coexistence

en France, de deux communauté

religieuses séparées, l’une croyante’autre incroyante, possédant chacun

son territoire. Sous la IIIe République, l

eu des partis politiques s’est insérdans cette forme religieuse fondatrice

Le républicanisme, le communisme et l

CGT se sont épanouis dans l’espaccentral et méditerranéen. La droit

raditionnelle, la CFTC puis la CFDT

ont trouvé leur assise dans les bastioncatholiques périphériques. L’oppositio

de ces deux France a constitué l

structure fondamentale de la vie social



et politique française durant le

années 1789-1960. En dépit du reflux d

a pratique dans les bastioncatholiques, cette division de l’espac

demeure active, de manière souterraine

non consciente.La sociologie religieuse nous révèl

ainsi le caractère anti-historique d

discours laïciste actuel, frénétiquemenopposé au « communautarisme ». Il fait

en quelque sorte, référence à un passé…

qui n’a jamais existé. Durant deusiècles, la France a été double

simultanément mère de la Révolution e

fille aînée de l’Église, communautarisé



en pratique au niveau local. Le vra

génie de la IIIe République aura consist

à tenir un discours jacobin de l’Unité ede l’Indivisibilité tout en pratiquant u

communautarisme pragmatique – ou plu

exactement un communautarisme rendpragmatique par un siècle et demi d

conflits entre la République et l’Église

Marianne a fini par s’habituer à lcohabitation avec Marie.

La laïcité française concrète n

consistait pas alors en un agrégat dconsciences privées choisissant ou no

de croire en Dieu. Elle combinait un

culture de l’incroyance, au cœur d



’Hexagone, avec des masses restée

catholiques sur la périphérie. Un modu

vivendi s’est établi avec le temps ’échelle de la nation. Des individus e

des familles, en proportions modérées

ont pu profiter de cet équilibre pouvivre en paix leur croyance catholiqu

en zone déchristianisée ou jouir de leu

ncroyance en zone catholique. Leminorités religieuses – juifs émancipé

en 1791 et protestants qui avaien

survécu à l’abrogation de l’édit dantes en 1685 – se sont rangée

politiquement du côté des incroyants

option raisonnable qui les a toutefoi



conduits rapidement à adopter un élégan

scepticisme religieux.

Les deux Franceet l’égalité

Comment expliquer cette divisio

stable de l’espace français ? Un mot

été peu prononcé durant la crise danvier 2015, celui d’égalité. Charli

s’est contenté d’affirmer sa liberté

C’est pourtant le deuxième terme de ldevise de la République française qu

permet le mieux de comprendr

’opposition des deux France. Bie



avant la fracturation de l’espace nationa

par la première crise du catholicisme

on constate, du point de vue du rapport ’égalité, une division entre centre e

périphérie, opposition définie depuis l

fin du Moyen Âge par les structurefamiliales.

Les structures familiales paysanne

raditionnelles étaient égalitaires acœur du Bassin parisien et sur la façad

méditerranéenne, particulièrement dan

a partie de la Provence la plus prochde la mer. Dans le nord du pays

’égalitarisme incluait les filles puisqu

eur droit à l’héritage était égal à celu



de leurs frères. Dans le Sud, un biai

patrilinéaire favorisait les garçons. L

cœur du système national, avec soannexe sur la Méditerranée, croyait don

spontanément en l’égalité. U

mécanisme non conscient y fonctionnait « Si les frères sont égaux, les homme

sont égaux, les peuples sont égaux.

ous voyons ici la source des conceptrévolutionnaires de l’égalité civique e

de l’homme universel. L’alphabétisatio

de masse assura, au XVIII

e

siècle’émergence idéologique.

Dans la France périphérique, e

revanche, la structure familiale n’éta



pas égalitaire, en vertu de modalité

diverses. Une véritable préférence pou

’inégalité n’était franche que dans lepays pratiquant le droit d’aînesse, u

rès vaste Sud-Ouest poussant u

entacule vers la région Rhône-Alpesainsi que dans certaines parties de l

Bretagne côtière, et en Alsace 6. Dan

’ensemble de l’Ouest et le Nord-Pasde-Calais dominaient des système

familiaux qui, sans être vraimen

négalitaires, n’étaient pas, comme ceudu Bassin parisien, obsédés par l

division des héritages en parts égales.



Ensemble, depuis longtemps, les deu

France forment système. Sans l

contrepoids de la France périphériqueproductrice de discipline

’individualisme égalitaire du cœur d

système national aurait produit ddésordre plutôt qu’une doctrine de l

iberté et de l’égalité. Du point de vu

de l’anthropologie des structurefamiliales, la vraie France, sur la longu

période, ce pourrait être deux tier

d’anarchie et un tiers de hiérarchie.La carte I. 2 donne une visio

simplifiée de la répartition originelle d

principe d’égalité familiale dan



’espace français. Elle définit un

anthropologie de base de la nation. Ell

efface toutefois les formentermédiaires qui, depuis la fin d

Moyen Âge, soudent le bloc central à s

périphérie, particulièrement les payd’oïl à l’Occitanie, le long d’un ax

La Rochelle/Poitiers/Bourges/Nevers.

Le plus souvent, l’égalité étaassociée dans la famille à des valeur

ibérales. Au cœur du Bassin parisien

a famille paysanne, nucléaireémancipait rapidement ses enfants. Mai

a famille communautaire de la bordur

nord-ouest du Massif central, entr



Dordogne et Nièvre, fort égalitaire

n’était pas libérale puisque de vaste

ménages comprenant plusieurs couplemariés pouvaient y encadrer l’individu.

L’inégalité était fréquemment associé

à des valeurs autoritaires. La famillsouche du Sud-Ouest ou d’Alsac

associait les générations dans de

structures verticales à trois générationscombinant autorité du père et inégalit

des fils en une totalité hiérarchique

Dans l’Ouest intérieur, l’indifférence ’idéal d’égalité pouvait se combiner,

’anglaise, avec une structure nucléair

des ménages. Dans les Deux-Sèvres o



dans le Nord-Pas-de-Calais, des forme

flexibles associaient les générations d

manière temporaire et pragmatique.



I. 2 – L’égalité dans les structuresfamiliales



Mais c’est bien la carte de l’égalit

qui permet de comprendre, no

seulement l’origine de ldéchristianisation, mais auss

’émergence de bastions qui lui on

résisté. Le reflux de la croyanccatholique a débuté, au XVIIIe siècle, a

cœur des systèmes égalitaires du Bassi

parisien et de la façadméditerranéenne. La logiqu

fondamentale de la déchristianisatio

« égalitaire » est simple : ayant appris ire et écrire, les populations rejetten

’hypothèse métaphysique d’un Die

supérieur aux hommes et d’un prêtr



supérieur à ses paroissiens. E

revanche, dans les bastions d

catholicisme, nul inconscient familiaégalitaire ne menace l’autorité de l

religion.

Les cartes de l’égalité familiale et da déchristianisation ne coïnciden

qu’imparfaitement. Seule l’identité de

pôles est évidente. On voit bien que ldéchristianisation, structurellemen

déterminée au départ par l’égalitarism

des structures familiales, a diffusensuite le long des grandes voies d

communication. Nous la voyons pénétre

e Sud-Ouest selon l’ax



Paris/Bordeaux, celui de la futur

nationale 10 puis autoroute A10, pou

remonter ensuite la vallée de lGaronne.

Dans le cadre de cet essai, consacré

’exploration de la crise actuelle de lsociété française, à l’avenir du pay

plutôt qu’à son origine, une réflexio

approfondie sur les concordances et lediscordances entre égalitarisme de

structures familiales e

déchristianisation n’est pas nécessairel est plus utile, pour comprendre ce qu

est en train de se passer, de définir un

carte synthétique du tempéramen



J’ai donc additionné sur la carte I. 3

égalitarisme familial et irréligion pou

obtenir un score global d’égalité varianentre 0 et 3. L’existence de vaste

espaces intermédiaires suggère un

ension entre les principes d’égalité ed’inégalité, des flux et des reflux dan

’espace français. Jusqu’au début de

années 1980, les cartes du vote politiquen France révélaient surtou

’importance de l’empreinte catholique

L’effacement de l’Église conduprogressivement à une montée e

puissance de l’égalitarisme familia

atent, ou de son contraire, dans l



détermination électorale. Jusque ver

1990, la carte de la pratique religieus

était la plus efficace pour prédir’alignement politique stable de

régions ; vers 2015, la carte qui combin

structure familiale et religion semble lplus appropriée. J’utilisera

systématiquement ces « score

d’égalité » au chapitre IV poucomprendre la signification des votes e

faveur de Marine Le Pen, de Nicola

Sarkozy, de François Hollande et dJean-Luc Mélenchon en 2012.



I. 3 – Le fond égalitaire global



Du Dieu unique

à la monnaie uniqueIl y a un peu plus de vingt ans, le trait

de Maastricht a entraîné la plus grandpartie de l’Europe occidentale dans l

rêve d’une unification par la monnaie. I

fut approuvé par référendum en Francen 1992, avec 51 % des voix, au term

d’un débat passionné. Il apparaî

aujourd’hui que le projet était foupuisque la zone euro, malgré tous se

efforts budgétaires, financiers et surtou

déologiques, croupit dans la stagnation



e chômage et la déflation. Désormai

ibérés du débat sur l’intérê

économique du projet, nous pouvons eoute sérénité examiner les origine

anthropologiques et religieuses d

’utopie.La validation de Maastricht pa

’électorat a mis en évidence un

dimension verticale d’insertion dans lstructure de classe et une dimensio

horizontale de positionnemen

géographique sur l’axcentre/périphérie.

Le référendum a tout d’abord mis e

évidence la notion de classe sociale. Il



fait émerger à la conscience nationale –

on pourrait même dire qu’il

accouché – le thème désormais constand’une opposition entre les élites et l

peuple. En haut de la structure sociale

es « cadres et professionntellectuelles supérieures » votèren

« oui » à 70 %, entraînant le

« professions intermédiaires » dans uchoix positif à 57 %. En bas, les classe

populaires furent spontanément hostile

au traité. Les ouvriers ne l’approuvèrenqu’à 42 %, les employés à 44 %, tou

comme les artisans et les petit

commerçants.



Les catégories socio-professionnelle

de l’INSEE mêlent dimension

économiques et culturelles du statut. Nregardons donc surtout pas les cadres e

es professions intellectuelle

supérieures comme autant de privilégiéau regard de l’argent. Le groupe inclu

es professeurs agrégés ou certifiés

ainsi que les autres fonctionnaires dcadre A de la fonction publique, u

monde qui a sa cohérence mais dont le

salaires sont loin d’être mirobolants. Lgroupe dit « supérieur » mêle don

avantages éducatifs et avantage

économiques, de revenu ou de stabilit



de l’emploi. Instituteurs, professeurs de

écoles et des lycées professionnels

maîtres auxiliaires et conseillerd’éducation relèvent des profession

« intermédiaires » qui ont suiv

politiquement, les « supérieurs » e1992.

Le « oui » s’est aussi appuyé sur l

plus classique des variableprédisposant à un vote de droite : un âg

élevé. Les retraités ont ainsi ratifié

55 %.Les sondages dits de « sortie de

urnes » ne saisissent que la stratificatio

par classe et par âge du vote. L



cartographie de Maastricht révèle que l

vote « oui » avait aussi une fort

dimension religieuse, ou plutôpostreligieuse. La région parisienne

capitale des cadres supérieurs, a certe

massivement voté « oui ». Mai’adhésion des provinces périphérique

de tradition catholique à la monnai

unique fut également manifeste, ainsi que montre la carte I. 4. Un coefficient d

corrélation de + 0,47 associe encore l

vote « oui » de 1992 à la pratiqucatholique résiduelle mesurée pa

’IFOP en 2009.



(Rappelons qu’un coefficient d

corrélation linéaire entre deux séries d

chiffres varie entre – 1 et + 1. Le lieentre les deux séries, positif ou négatif

est d’autant plus étroit que la valeu

absolue du coefficient se rapproche d1.)



I. 4 – Maastricht 1992



À noter que variables de classe et d

religion ne sont pas absolumen

ndépendantes puisque les couchesupérieures de la société ont aujourd’hu

encore une pratique religieuse résiduell

plus importante que le monde populaireLa bourgeoisie, voltairienne à la fin d

XVIIIe siècle, s’était partiellemen

recatholicisée au XIXe

, y compris dans lpartie déchristianisée du territoir

national. La peur de la révolutio

sociale explique ce regain d’intérêt poues secours de la religion. On peu

évoquer de même une relation entr

’âge et la religion, puisqu’une certain



pratique religieuse subsiste, on l’a vu

chez les plus de 65 ans, et surtout che

es plus de 75 ans.Pourtant, ces liens ne sont pa

essentiels car ce qui compte aujourd’hui

ce n’est plus le catholicisme actif. Et cserait une erreur de tirer de l

corrélation entre pratique religieus

résiduelle et vote « oui » l’idée généralque ce sont les suffrages de

« catholiques » qui, menés par le

cadres supérieurs, ont entraîné la Francdans le mystère exaltant de la monnai

unique. J’avais commis cette erreur

’époque. Constatant la coïncidenc



entre les cartes de la pratique religieus

vers 1960 et du vote « oui » en 1992

’en avais tiré la conclusion que le votpour Maastricht était catholique. E

réalité, et si l’on considère les masse

électorales statistiquemensignificatives, c’est le vote d’électeur

venus du catholicisme mais qu

’avaient déjà abandonné qui a fabasculer la France. Le choix de l

monnaie unique a donc suivi – de pe

pour un historien de la longue durée l’abandon du dieu unique. Ce n’est pa

a religion qui a déterminé l’adhésion

un projet économique, c’est le reflux d



a religion qui a conduit à so

remplacement par une idéologie, e

’occurrence à la création d’une idolmonétaire que l’on peut à ce stade d

’analyse appeler indifféremment eur

ou veau d’or.Il est vrai qu’une simple juxtapositio

des cartes pouvait nous faire croire qu

e « oui » à Maastricht reproduisait lvote en faveur de Valéry Giscar

d’Estaing, de 1974, décalque lui-mêm

de la vieille carte de la droitconservatrice, évidente aux élections d

Front populaire de 1936, visible avan

1914. La présence incessante de VGE



sur les podiums pro-Maastricht de l

campagne ajoutait à l’illusion. Mais c

sont bien des masses fraîchemendéchristianisées qui ont permis

’utopie monétaire de l’emporter e

1992, comme elles avaient permis, partir de 1965, la renaissance du Part

socialiste et sa prise du pouvoir

gauche, puis en France. La carte de lcroissance du PS entre 1965 et 199

ressemble elle aussi à celle d

catholicisme.



François Hollande,la gauche

et le catholicismezombie

La dynamique essentielle du systèm

politico-idéologique français, durant le

rois décennies précédant Maastricht

avait consisté en un glissement vers l

gauche de l’électorat catholique d

droite. L’importance du phénomèn

dépasse le simple comptage statistique

Son énergie cinétique a donné au group

un avantage offensif. Il fut producteu

d’hommes nouveaux et d’idée



nouvelles. La CFTC

déconfessionnalisée devint la CFDT, l

deuxième gauche l’emporta sur lpremière, qui restait, elle, laïque

’ancienne, fidèle à un socialism

ritualisé. C’est ce mouvement qui conduit à Maastricht. La structure d

classe du vote ne doit pas nous fair

oublier que l’utopie monétaire fut undée socialiste, suivie, avec des degré

d’enthousiasme divers, par la droite

Jamais le parti conservateur de Giscarou le RPR de Jacques Chirac n’auraien

eu l’énergie, la créativité, pour tout dir



a foi, nécessaires à l’invention de l

monnaie unique.

Dans Le Mystère français, que j’acoécrit avec Hervé Le Bras 7, nou

avons baptisé « catholicisme zombie

a force anthropologique et sociale néde la désagrégation finale de l’Églis

dans ses bastions traditionnels

J’examinerai plus loin d’autrephénomènes, éducatifs et économiques

qui témoignent de la survie après la mor

de cette forme résiduelle de lsubculture catholique périphérique

Cette réincarnation est probablement l

phénomène social le plus important de



années 1965-2015. Elle a fini pa

entraîner la France dans une aventur

déologique aux multiples facettesncluant la montée en puissance d’u

socialisme d’un genre nouveau, l

décentralisation, un regain européisteune politique monétaire masochiste, un

dénaturation de la République et, ains

qu’il apparaîtra plus loin, une formparticulièrement sournois

d’islamophobie et, probablement

d’antisémitisme.François Hollande, fils d’un médeci

catholique d’extrême droite et d’un

assistante sociale catholique de gauche



est une parfaite incarnation de c

catholicisme zombie. Il pourrait mêm

être considéré comme le type idéal, asens wébérien, du catholique zombie

L’homme se pense sans doute de gauche

et ne saurait facilement admettre que sevaleurs profondes demeurent celles d

son enfance : hiérarchie, obéissance

matriarcat peut-être. Le derniecatholicisme fut en effet une religion d

a mère, centrée sur le culte de la vierg

Marie, particulièrement dans l’Ouest da France.

Ce simple coup d’œil à la cart

d’identité religieuse du Président nou



permet de comprendre bien des choses

Placé à la tête d’une nation en difficulté

e Président s’obstine à ne rien faire, ne pas décider, à ne pas être grand,

rester, en conformité avec l’éducatio

qu’il a reçue, humble. Mais c’est biecette modestie qui, dans sa versio

originelle, avait permis aux catholique

de l’armée française de ne pas tropgravement désobéir à la Républiqu

durant l’affaire Dreyfus, ou à l’État

major de la Royale de saborder la flottà Toulon le 27 novembre 1942

L’incapacité à décider ne vient pas,

’Élysée, ainsi qu’on le suggère parfois



du radical-socialisme. Elle a une origin

culturelle, collective, mais n’est en fa

que l’une des virtualités de la subculturcatholique, magnifiquement transmise

François Hollande, catholique zombi

archétypal. Comme tant d’autres avanui, né poussière, il redeviendr

poussière.

Pour comprendre le grand détraquagdu système politique français, il nou

faut maintenant affronter une questio

fondamentale : qu’est-ce en réalité quce Parti socialiste revitalisé pa

’absorption de transfuges d

catholicisme ? L’habitude où nous nou



rouvons de ne commenter que l

politique consciente, explicite, nous

ongtemps fait imaginer des régions ddroite qui passaient à gauche

L’anthropologie, elle, nous permet d

saisir les déterminations inconscientedes groupes et des individus qui le

constituent. Elle nous invite ainsi

adopter une représentation plus réalistdes choix. Nous avons constaté que l

catholicisme était ancré dans des région

où les structures familiales étaienrétives au principe d’égalité. N’est-i

pas vraisemblable que les catholique

zombies, en s’intégrant au Part



socialiste, plutôt que de se convertir

’égalitarisme des régions centrales, on

déposé au cœur de la gauche leur bagagmental inégalitaire ? Ne tenons-nous pa

ci l’élément clé qui expliquerait, dan

un premier temps, les complaisances dParti socialiste envers les banques, dan

un deuxième sa frénésie sans cesse plu

affirmée d’ordre et d’austérité ?Le franc fort, la marche à l’euro

’euro réalisé, n’en finissent pas d

orturer le corps social, de gangréner ldémocratie. Le Parti socialiste devien

peut-être au fond plus insensible, plu

dur aux faibles que ne l’était la droit



conservatrice. Le catholicisme socia

ui, méprisait l’argent et encouragea

chez les privilégiés le sentiment d’unresponsabilité vis-à-vis des pauvres. L

culte socialiste de la monnaie uniqu

nous mène au-delà d’une conceptiocatholique de la société.

2005 : l’occasionmanquée de la luttedes classes ?

Le référendum de 2005 sur le Trait

constitutionnel européen a fait apparaîtr

un renforcement de la dimensio



verticale, de classe, du vote qui

conduit à son rejet par près de 55 % de

électeurs. 19 % des ouvriers seulemenont voté « oui », contre 40 % de

employés. Le vote « oui » des artisans e

des petits commerçants fut presqustable ; à 45 %, il augmente même d’u

petit point par rapport à 1992. E

revanche, les professions intermédiairesont clairement passées dans le camp d

refus, avec seulement 46 % de « oui »

Les cadres et les professionntellectuelles supérieures ont fléchi d

8 % dans leur attachement au proje

européen, mais ont tout de même donn



62 % de « oui » au traité. Le vot

catholique zombie pour le « oui » a

quant à lui, nettement faibli : si lequelques départements de la périphéri

qui ont ratifié le traité sont tou

catholiques zombies, la corrélatiogéographique globale entre pratiqu

catholique résiduelle et vote « oui » es

ombée à + 0,36.Ce qui surprend le plus, c’est l

durcissement européiste de la parti

aisée de la région parisienne. Dans Parimême, le « oui » est monté de 62,5 %

66,5 %, dans les Yvelines de 57,4 %

59,5 %, dans les Hauts-de-Seine d



56,7 % à 61,9 %. Le reste de l’Île-de

France en revanche a glissé, de peu

dans le camp du « non ». Les étudiantont voté « oui » à 54 % : l’hypothès

d’une jeunesse éduquée révolutionnair

n’était pas, en 2005, à l’ordre du jour.Le vote des retraités, ainsi qu’i

convient pour le groupe d’âge concerné

fut rigide, à 56 %. Avec un gain de 1 %seulement, il apparaît que la progressio

de l’arthrose idéologique est lente.



I. 5 – Traité constitutionnel 2005



Dès 2005, donc, l’échec du proje

européen était évident pour la majorit

de la population, mais on observait aussune crispation, un durcissement, dan

’attachement des classes les plu

privilégiées à l’utopie. Et nous aurionort de penser cette fidélité uniquemen

dans les termes simplistes de l’intérê

économique. Bien sûr, le bastion de lrésistance européiste est constitué de

gens qui souffrent le moins du naufrag

économique de la zone euro, soit parcqu’ils sont protégés par leur proximit

au capital, dispensateur de bienfait

financiers, soit parce qu’ils colonisen



’État, garant de la stabilité de l’emplo

Mais nous ne devons pas négliger l

dimension métaphysique de la fixationL’utopie monétaire était sortie d

’effondrement de la religion catholiqu

comme la Révolution française de lpremière déchristianisation ou l

nazisme de la chute du lutheranisme ! L

crise actuelle met aussi en jeu demécanismes profonds d’ordre quas

religieux. Il est difficile à des croyant

de renoncer à leur foi monétaire. Lperte du sens des choses es

particulièrement grave, douloureus

même, pour ceux qui sont censés défini



’avenir de la société et la diriger dan

sa recherche d’une vie meilleure. Aprè

e Dieu unique et son paradis, lMonnaie unique et son Europe, mai

après la Monnaie unique… quoi ? Que

rêve désormais guidera leurs pas ? Lclasse dominante souffre. Ici, un

précision s’impose : il doit être clai

que l’enkystement des dominants dans lcroyance monétaire ne présuppose pa

un attachement profond des individus

des valeurs. C’est tout le contraire : lforce de la croyance du groupe découl

de la faiblesse de la croyance de

ndividus, ainsi qu’on le verra plus loin



En octobre 2005, un soulèvement de

banlieues a très vite suivi le vote d

classe du mois de mai contre le Traitconstitutionnel. L’opinion commune de

élites a alors admis assez vite, et ave

une certaine élégance, que les jeunes qubrûlaient des voitures n’étaient au pir

que des petits Français mal élevés

exprimant par leurs déprédations udésir d’entrer dans la cité. Cette attitud

sympathique, qui paraît aujourd’hu

archaïque, nous indique qu’en 2005’islamophobie n’avait pas encor

pénétré les classes moyennes françaises



Reste qu’au terme de cette anné

2005, qui fut décidément bie

perturbante pour les classes dirigeanteson aurait pu entrevoir que la Franc

allait renouer avec la bonne vieille lutt

des classes. Mais il vient d’apparaîtren 2015, qu’après dix ans d

progression de l’islamophobie dans le

classes moyennes et de l’antisémitismdans les banlieues, la France ne s’es

pas décidée pour l’affrontemen

économique. Le facteur religieux, oquasi religieux, qui semblait en 200

s’affaiblir, est revenu en force. Or l

catholicisme zombie, impérieux, toniqu



mais minoritaire, ne saurait être ten

comme le seul facteur du déséquilibr

mental qui gagne peu à peu la sociétfrançaise.

L’athéisme difficile Ne sous-estimons pas aujourd’hui l

contribution du cœur laïque d’Hexagone au mal-être religieux qu

monte lentement mais irrésistiblemen

Être athée aujourd’hui devient pludifficile. La France centrale de

mécréants n’avait pas été, entre 1791 e

1960, complètement abandonnée pa



’Église. Cette dernière y existait sur u

mode négatif, en ennemie bien sûr, mai

comme un point de repère métaphysiqusûr, un Nord à éviter. L’incroyant s

définissait comme un libre-penseur, u

évadé de prison théologique, heureux dsa liberté retrouvée. Tant que subsista

un adversaire clérical, l’homme san

Dieu était préservé de la questioultime. Après la croyance religieuse

quoi ? Pour l’essentiel, les idéologie

politiques modernes bien sûr. La Francdéchristianisée a vu se succéder l

Révolution, la gauche républicaine (l

vraie), le Parti communiste enfin



apothéose de la coïncidenc

cartographique entre une force de gauch

et la déchristianisation (carte I. 6). À smaturité, au lendemain de la Second

Guerre mondiale, le vote communist

s’inscrit dans l’Hexagone comme unégatif presque parfait de la pratiqu

religieuse, à quelques exceptions prè

comme les Côtes d’Armor, départemenrès original sur le plan anthropologique

occupé dans sa partie ouest par un typ

familial communautaire et matrilocaMais la complémentarité géographiqu

des implantations catholique e

communiste évoque une structure, u



système, pour ne pas dire un

complicité. De 1789 à 1981, le

déologies révolutionnaires du centre ede la façade méditerranéenne semblen

ainsi s’appuyer sur les bastion

catholiques périphériques. L’imagnattendue d’une nef révolutionnair

stabilisée par des arcs-boutant

catholiques vient à l’esprit. Est-on si sûqu’à un moment quelconque, l’idéologi

révolutionnaire aurait pu exister par s

seule force, sans le soutien de scontradiction catholique ?



I. 6 – Le Parti communiste en 1973



La disparition ultime de l’Églis

aisse un vide dans la vie du laï

français. La fin du catholicisme fut aussune crise pour la France laïque. On n

peut qu’être frappé par la façon dont l

chute du Parti communiste a suivi cellde la pratique religieuse. C’est en 198

que le PCF chute brusquement d

20,6 % à 15,3 % des suffrages exprimésprès d’une décennie avant l’implosio

du système soviétique, mais aprè

quinze ans de déclin du catholicisme.Jusqu’à l’effondrement de la religio

dans ses provinces périphériques d

’Ouest, des Pyrénées occidentales, d



Sud et de l’Est du Massif central, de l

région Rhône-Alpes, du Jura, d

Lorraine, d’Alsace et de l’extrême norde l’Hexagone, la laïcité n’avait jamai

eu à se définir dans l’absolu d’un mond

sans Dieu. Elle avait pu se contenter douer en contre. À partir du début de

années 1990, le problème fondamenta

de l’incroyance peut enfin émergerL’inexistence de Dieu, conceptio

hautement raisonnable, ne résout pas l

question des fins dernières d’existence humaine. L’athéism

n’aboutit qu’à définir un mond

dépourvu de sens et une espèce humain



sans projet. La France laïque contribu

donc à sa manière au nouveau malais

religieux. Non parce qu’elle dos’habituer à l’incroyance, mais parc

qu’elle doit enfin la vivre « dan

’absolu », privée de la ressourcmorale et psychologique de l

contestation cléricale.

La France catholique zombie passquant à elle, sans transition, dans le vid

nfini d’un monde sans Dieu, athée. L

erme est pris ici dans une acceptioneutre, sans qu’il soit fait référence

une quelconque dimension militante (l

concept d’agnosticisme ne me paraît pa



sociologiquement pertinent). La richess

des interactions possibles entr

’athéisme ancien et l’athéisme nouveasemble infinie, difficile à analyser e

’absence de données d’enquête

distinguant les deux videmétaphysiques. Il semble pruden

d’imaginer le pire. La combinaison d

deux anxiétés ne peut raisonnablemenproduire du bien-être. Un effe

d’amplification mutuelle et circulaire es

envisageable.Si nous admettons que l’athéisme, loi

de procurer sur longue période un bien

être psychologique sans mélange, est a



contraire générateur d’angoisse, nou

devons nous représenter la populatio

de l’Hexagone comme en état de risqumétaphysique. Parvenus à ce stade d

’analyse, nous devons même nous l

représenter comme à la recherche d’uadversaire structurant, d’une cible

L’islam est disponible, dans no

banlieues désorganisées par la crise dcapitalisme avancé, et dans ses pay

d’origine, bouleversés par leurs crise

de transition vers la modernité. Sannégliger l’existence concrète d

fondamentalisme musulman ou d

errorisme, nous devons être capable



d’admettre que la France incroyante

besoin, pour trouver son équilibre, d’u

bouc émissaire pour remplacer sopropre catholicisme, devenu inutilisable

La diabolisation de l’islam répond a

besoin intrinsèque d’une sociétotalement déchristianisée. Nous n

pouvons, sans cette hypothèse

comprendre la mobilisation de millionde laïcs défilant derrière leur Présiden

catholique zombie pour défendre le dro

absolu à caricaturer Mahomet, figurreligieuse respectée par au plus 5 % de

habitants du pays, parmi les plus faible

et les plus fragiles.



1.

Ce modèle ne nous dit certes pa

aquelle des deux laïcités françaises

’ancienne ou la nouvelle, fut la pluactive dans la mobilisation d

11 janvier. Mais l’analyse statistiqu

des manifestations permet d’apporteune réponse simple à cette question. E

c’est ainsi que nous allons découvrir qu

est vraiment Charlie ; mieux, lreconnaître sous son nouvea

déguisement.

Jérôme Fourquet et Hervé Le Bra« La religion dévoilée. Nouvellgéographie du catholicisme »

Fondation Jean-Jaurès, avril 2014



2.

3.

4.

5.

p. 88.Je ne tiens pas compte, dans cettcomparaison, d’un éventuel cycl

interne à chaque génération, quinclurait une remontée de la croyancavec l’âge. Je doute que les croyancerésiduelles des jeunes actuels sfortifient au terme de leur vie.Tirée de H. Le Bras et E. Todd

L’Invention de la France, PariGallimard, rééd. 20121, p. 444-445.

Timothy Tackett, La Révolutionl’Église, la France, Paris, Cerf, 1986On peut trouver le résultat ultime dce travail dans L’Atlas de la pratiqu

religieuse des catholiques e France, de François André Isambert eAlain Terrenoire, Paris, Presses de lFondation des sciences politique1980.



6.

7.

L’égalitarisme formel de l’Alsacétait, comme dans toute la Rhénaniedésactivé dans la pratique.

Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, L Mystère français, Paris, Seuil/LRépublique des Idées, 2013.



CHAPITRE II

Charlie

Dès le lendemain des grande

manifestations du 11 janvier, on pouvarouver dans la presse des carte

estimant, ville par ville, le nombre de

participants. La précipitation danaquelle elles ont été réalisées, dans un

ambiance d’autocélébratio



républicaine, garantit qu’elle

contiennent de multiples erreurs.

Le nombre de manifestants, rapporté a seule population active, aurait ét

supérieur à 25 % dans 30 villes, l

record étant détenu par Cherbourg ave57 % ! Il serait facile d’ironiser et d

proposer une division par deux ou plu

de toutes les estimations, peut-être mêmd’ébaucher une théorie des effet

statistiques de l’unanimisme médiatique

Ce serait cependant une erreur de croirque ces chiffres ne valent rien. L

distribution des intensités sur l

erritoire national recoupe celle d’autre



variables. La théorie statistique nous d

d’ailleurs que lorsque les erreurs d

chiffrage sont aléatoires, c’est-à-dire nrésultent d’aucun biais systématique, l

corrélation mesurée est inférieure à c

qu’elle aurait été si la mesure avait étexacte. En d’autres termes, si une o

plusieurs causes ont détermin

’amplitude de la mobilisation, leerreurs d’enregistrement jouent contr

’émergence statistique de ces causes

Bref, si nous arrivons à tirer une oplusieurs lois de ces chiffres bâclés

nous pouvons être sûrs qu’elle est o

qu’elles sont, en réalité, plu



puissante(s) que ne le suggèrent le

données.

Nous n’avons aucune raison dsoupçonner le tandem « ministère d

’Intérieur/ Libération » d’avoir introdu

un biais systématique. Les chiffres sonexagérés, certainement, mais de manièr

aléatoire. Je n’ai toutefois utilisé ici le

données proposées le 12 janvier paibération que pour le

85 agglomérations les plus peuplées

Pour les villes de petite taille, lendance à gonfler, pour « indique

quelque chose », devient irrésistible

une dramatisation, en quelque sorte d



’effet Cherbourg. La carte II. 1 intègr

es manifestations du 10 janvier, veill

du grand jour, lorsqu’elles sonenregistrées par le journal. Je les a

ajoutées à celle du 11 lorsque deu

mobilisations se sont succédé dans unmême ville, comme à Marseille. Bie

sûr, certains individus ont pu manifeste

deux jours de suite, mais il aurait étnjuste de ne pas récompense

statistiquement l’énergie ainsi dépensée

Dans le cas de Paris, pour lequel onous propose un nombre compris entr

1,5 et 2 millions de manifestants, j’a

opté pour l’estimation la plus élevée



par respect de l’adversaire. Si aucun

estimation n’est proposée pour l’une de

85 villes, j’ai compté un nombrminimal d’un millier de manifestants et

dans le cas de Douai-Lens, oubliée su

a carte, de zéro manifestant.Ces 85 aires urbaines englobaient, e

2011, 41,2 millions d’habitants, so

64 % de la population française. Le totaenregistré des manifestants y a attein

4 394 000. Le taux moyen d

manifestants fut donc de 10,7 pou100 habitants dans l’espace urbai

français principal, la moyenne des tau

de seulement 7,6 %. Le poids d



’agglomération parisienne – 12 million

d’habitants – explique pour l’essentie

’écart : son taux de 16,3 %, l’un deplus élevés, entraîne moins bien l

moyenne des taux que ses 2 millions d

manifestants n’entraînent le taux moyen.Un Français urbain sur di

s’identifiant à Charlie, c’es

considérable. La distribution des massefut cependant très inégale sur l

erritoire national. La taille d

’agglomération ne semble pas avoir ed’effet important : + 0,20 de corrélation

+ 0,14 si l’on exclut Paris.



Charlie : cadre,supérieur et catholique

zombieLa confrontation des taux d

manifestants avec la composition social

des agglomérations est très significative

Les cartes II. 2 et II. 3 nous indiquen

respectivement, les proportion

« d’ouvriers » et de « cadres e

professions intellectuelles supérieures

dans chacune des aires urbaines.



II. 1 – Intensité des manifestations



Aire

urbaine

(en grasles villes

d’imprégnation

catholique)

Population(2011)

Manifestantsen

milliers

Taux pour cen

habitants

Cherbourg116 878 25 21,4

Brest 314 239 65 20,7

Rennes 679 866 125 18,4

Saint-

Brieuc

170 779 30 17,6

Grenoble 675 122 110 16,3

Paris 12 292 895 2 000 16,3

Quimper 124 930 20 16,0



La

Roche-

sur-Yon

116 856 18 15,4

Clermont-

Ferrand467 178 70 15,0

Périgueux 101 773 15 14,7La Rochelle205 822 30 14,6

Pau 240 898 35 14,5

Lyon 2 188 759 300 13,7Vannes 149 312 20 13,4

Perpignan 305 546 40 13,1

Tarbes 116 056 15 12,9Bordeaux 1 140 668 140 12,3

Toulouse 1 250 251 150 12,0



Blois 126 814 15 11,8

Saint-

Étienne

508 548 60 11,8

Agen 111 011 13 11,7

Metz 389 529 45 11,6

Nancy 434 565 50 11,5Charleville-

Mézières106 440 12 11,3

Angoulême179 540 20 11,1Montpellier561 326 60 10,7

Poitiers 254 051 27 10,6

Limoges 282 876 30 10,6

Montauban104 534 11 10,5

Besançon 245 178 25 10,2



Ajaccio 100 621 10 9,9

Nevers 102 447 10 9,8

Lorient 214 066 20 9,3Dijon 375 841 35 9,3

Chambéry216 528 20 9,2

Annecy 219 470 20 9,1Nantes 884 275 80 9,0

Mulhouse 282 714 25 8,8

Roanne 107 392 9 8,4

Reims 315 480 25 7,9

Colmar 127 598 10 7,8

Chalon-

sur-

Saône

133 298 10 7,5



Angers 400 428 30 7,5

Caen 401 208 30 7,5

Tours 480 378 35 7,3

Bayonne 283 571 20 7,1

Brive-la-

Gaillarde 101 915 7 6,9

Aix-

Marseille

1 720 941 115 6,7

Toulon 606 987 40 6,6

Troyes 190 179 12 6,3

Strasbourg764 013 45 5,9Le Mans 343 175 20 5,8

Rouen 655 013 35 5,3



Orléans 421 047 22 5,2

Saint-

Nazaire

211 675 10 4,7

Laval 121 017 5 4,1

Valence 175 195 7 4,0

Niort 152 148 6 3,9Arras 128 989 5 3,9

Lille 1 159 547 40 3,4

Bourges 139 368 4 2,9Cholet 104 742 3 2,9

Nice 1 003 947 28 2,8

Calais 126 308 3 2,4

Dunkerque 257 887 6 2,3

Le Havre 291 579 5 1,7



Amiens 293 646 5 1,7

Valenciennes367 998 3 0,8

Béthune 367 924 3 0,7Mâcon 100 172 1 1,0

Évreux 110 661 1 0,9

Saint-

Quentin111 549 1 0,9

Vienne 111 606 1 0,9

Alès 112 741 1 0,9

Belfort 113 507 1 0,9

Bourg-en-

Bresse

121 386 1 0,8

Beauvais 124 603 1 0,8



Maubeuge 129 872 1 0,8

Boulogne-

sur-Mer

132 661 1 0,8

Thionville 134 736 1 0,7

Chartres 146 142 1 0,7

Béziers 162 430 1 0,6Nîmes 256 205 1 0,4

Avignon 515 123 1 0,2

Douai – Lens

542 946 0 0,0



II. 2 – Les ouvriers



II. 3 – Les classes moyennes supérieures



On repère des taux faibles d

manifestants dans les agglomération

comportant une proportion élevéd’ouvriers comme Dunkerque, Amiens

Saint-Quentin, Maubeuge, Charleville

Mézières, Thionville, Rouen, Le HavreMulhouse, Belfort, Laval, Le Mans

Cholet. À l’opposé, les citadelles de

cadres, Paris en tête, puis LyonBordeaux, Toulouse, Rennes, Nante

font apparaître une intensité élevée de l

mobilisation. Une corrélation de -0,4peut être mesurée entre taux d

manifestants et proportion d’ouvriers, d

+ 0,38 entre taux de manifestants e



proportion de cadres. Ces deux indices

sans être très élevés, sont, au sens de l

statistique, très significatifs

1

Souvenons-nous de l’imperfection de l

mesure. Notons le coefficient plus élev

pour les ouvriers. Il évoque unndifférence ouvrière plus déterminant

encore que l’enthousiasme des cadre

dans la distribution des intensités2

. Localisation de l’émotion dans le

classes moyennes évoque l’affair

Dreyfus plus que le Front populaire.Une irrégularité significative apparaî

mmédiatement, qui nous met sur la pist

du religieux, l’opposition entre Lyon e



Marseille, respectivement deuxième e

roisième agglomérations françaises

Marseille englobe ici sa parti« bourgeoise » et universitaire, Aix. O

note 300 000 manifestants à Lyon

115 000 seulement à Marseille, cdernier chiffre cumulant pourtant deu

ours de manifestation, soit 13,7 %

contre 6,7 % de mobilisationL’opposition des deux métropoles

presque toujours un sens parce qu

chacune est le cœur d’une régioculturelle très typée. Marseille est l

capitale du Sud-Est déchristianisé, d

forte implantation communiste autrefois



frontiste aujourd’hui. Lyon est l

capitale d’une région Rhône-Alpes d

radition catholique. Ces deux villencarnent les mutations urbaines

respectivement, de la laïcité ancienne e

du catholicisme zombie. Leur oppositiofait soupçonner une forte propension de

populations de la périphérie catholiqu

à manifester, et une réticence de celledes régions de déchristianisatio

ancienne à se déplacer.

On peut traiter la questioglobalement, en classant les villes e

fonction de l’imprégnation, so

catholique, soit laïque ancienne, de leu



environnement régional. Dans certain

cas, très minoritaires, j’ai dû utiliser un

catégorie intermédiaire. La carte II. distribue les villes en trois catégories

mprégnation catholique forte, faible o

nsignifiante. Elle dérive des cartes da pratique religieuse présentées a

chapitre précédent pour le

départements. J’ai tenu compte des flumigratoires dominants dans l’évaluatio

du fond religieux des agglomérations

On suppose donc ici que les villes dprovince ont absorbé les culture

régionales en même temps que le

populations déplacées par l’exode rural



Ainsi que le montre le graphique 1, l

aux moyen de manifestants fut e

moyenne de 6 % dans les villes dradition laïque, de 11,4 % dans le

villes catholiques zombies ; à nouveau

a corrélation est nette, proche de cellmesurée pour les ouvriers, + 0,43 3.

En vérité, la simple liste des ville

rangées par ordre décroissant d’intensitdes manifestations laisse apparaître u

effet catholique zombie. Nous voyons e

ête de distribution, dans l’ordreCherbourg, Brest, Rennes, Saint-Brieuc

Grenoble, Paris, Quimper, La Roche

sur-Yon. La surreprésentation de l’Oues



est comme la signature du catholicisme

un hommage tardif et bizarre au Tablea

olitique de la France de l’Ouest , chefd’œuvre de la science politiqu

française dans lequel André Siegfrie

étudiait, dès 1913, le rôle dcatholicisme dans l’indéracinabl

orientation à droite de l’Ouest français

Son analyse fut fondamentale pour lerépublicains de l’époque. Elle leu

disait qu’ils allaient devoir apprendre

vivre avec l’Église. Mais aujourd’huce que nous devons comprendre c’es

pourquoi l’Ouest s’est levé au nom de

valeurs républicaines, changemen



miraculeux, si toutefois nous accepton

de croire qu’il s’agit bien de défendre l

même République que celle qui y fudétestée entre 1791 et 1914.



II. 4 – Le catholicisme zombie dansles villes



1. Taux de manifestation



L’effet catholique zombie es

cependant effacé dans le

agglomérations à forte populatioouvrière comme Laval, Angers, Chole

et Saint-Nazaire. Cette dernièr

exceptée, les villes de l’Ouest sonrarement perçues comme « ouvrières

parce que leurs industries y son

d’implantation récente. Aujourd’hui, lecartes économiques de la Franc

enregistrent surtout l’effondrement de

effectifs industriels qui a résulté dolicy mix dément combinant, depui

rente ans, libre-échange et monnai

forte. Les agglomérations de l’Ouest on



mieux résisté et apparaissent désormai

avec des proportions d’ouvriers auss

élevées que les villes sinistrées du noret de l’est du Bassin parisien. Les Pay

de la Loire ont même été le lieu, jusqu’

rès récemment, d’un vrai dynamismeporté par des industries nouvelles

souvent électroniques mais toujour

diversifiées. Cholet est bien connue pouson réseau d’entreprises inventives mai

a discrète Laval est tout auss

remarquable.On ne peut expliquer l’absence d

Strasbourg parmi les cités à taux d

manifestation élevés par son ambianc



ouvrière et populaire. La capitale d

’Alsace est une grande vill

administrative et universitaire, très biepourvue en cadres et profession

ntellectuelles supérieures. Mais il es

emps, ici, de rappeler ce que fut lhème principal de la manifestation

explicite pour certains, implicite o

même inconscient pour d’autres : « Jsuis Charlie, je suis français, j’ai l

droit et même le devoir de blasphémer

sur l’islam des autres autant que sur mocatholicisme. » Les deux département

alsaciens et la Moselle, rattachés

’Allemagne entre 1871 et 1918, n’on



pas connu la séparation de l’Église et d

’État de 1905. Ils restent sous le régim

du Concordat de 1801, qui ne reconnaîpas le droit au blasphème. Jean-Lu

Mélenchon, avec le sens aigu de

priorités historiques qui le caractériseréclamait pour cette région particulièr

’application du droit commun bie

avant l’affaire Charlie Hebdo. Lrapport de L’Alsace à la religion es

spécifique. Il arrive encore que les gen

s’y identifient en tant que catholiques oprotestants. Sans prétendre le moins d

monde que la faible mobilisation d

Strasbourg révèle une tendress



particulière envers l’islam, on peu

admettre que l’axe idéologique de l

manifestation du 11 janvier s’intégramal à la dynamique culturell

alsacienne. Je reviendrai plus loin su

es conséquences dramatiques qupourrait avoir en Alsace la nouvell

hystérie laïciste.

L’analyse détaillée de la manifestatio

n’aboutit donc pas à la découverte d’u

monde neuf, régénéré, refondé. Le

déterminations de sa mise en march

sont, pour l’essentiel, les mêmes qu

celles du vote pour Maastricht. Le



couches sociales motivées furent le

classes moyennes, issues du secteu

public et du secteur privé, enrichiedans les provinces d’une fort

composante catholique zombie.

La régression linéaire sur troivariables – la proportion d’ouvriers, l

proportion de cadres et des profession

ntellectuelles supérieures, l’empreintcatholique – permet d’« expliquer » a

sens de la statistique 40 % de l

variance du taux de manifestation

4

Compte tenu de l’incertitude qui pès

sur les données, c’est remarquable. L

erme d’erreur entre les taux à approche



et les valeurs prédites par le modèl

comporte en effet, non seulement –

comme il est normal – des variableexplicatives absentes, mais aussi un

erreur de mesure massive. Sans cett

erreur, le niveau de détermination seravraisemblablement de l’ordre de 55 %.

Dans le parallèle avec Maastricht

seuls les citoyens âgés manquent ’appel. Nous ne les avons pas intégrés

notre analyse parce qu’il est éviden

qu’au-dessus d’un certain âgemanifester devient difficile. Il es

cependant certain que la moyenne d’âg

des citoyens mobilisés était plutô



élevée si on la compare à celle de foule

révolutionnaires. Elle intégrait u

nombre non négligeable de retraités.Charlie est donc une vieill

connaissance. Les forces sociales qui s

sont exprimées le 11 janvier sont cellequi avaient fait accepter le traité d

Maastricht. L’émotion née de la tueri

du 11 janvier a ressuscité, non pas lRépublique, mais la coalition qui ava

voté sa dissolution dans le nouvel ordr

européen. La masse de la manifestatiosuggère que les catégorie

« intermédiaires » de la nomenclatur

socio-professionnelle de l’INSEE, qu



avaient lâché la coalition en 2005, son

revenues dans le bloc idéologiquemen

dominant de la société française e2015. De ce ralliement a résulté l

sentiment d’unanimité.

Le néo-républicanisme

L’ancrage de la manifestation dans lmoitié supérieure de la société français

et dans sa périphérie postcatholiqu

oblige à parler d’hégémonie d’un bloou d’une coalition sociale plutôt qu

d’unanimité. Les milieux populaires on

été réduits au silence, tout comme le



descendants d’immigrés des banlieues

absents pour l’essentiel de

manifestations ainsi qu’en ont finalemenconvenu tous les commentateurs. L

République qu’il s’agissait de défendr

n’était pas celle de tous les citoyensUne compréhension anthropologique e

géographique de l’espace social françai

nous oblige à admettre que les doctrinenouvelles – européistes comm

républicaines récentes – s’appuient su

es classes et les régions qui adhèrent lmoins, ou même pas du tout, au princip

d’égalité. Nous comprenons pourquoi o

n’a pas beaucoup entendu, durant l



manifestation, le deuxième terme de l

devise républicaine.

Pour éviter toute confusion, jdésignerai désormais par le terme d

« néo-républicanisme » la doctrine e

cours d’émergence, qui affirmfrénétiquement son attachement

Marianne et à la laïcité mais trouve so

assise la plus solide dans ces régioncatholiques qui résistèrent le plu

vigoureusement à l’établissement de l

République. L’analyse statistique nouconduit ainsi à cette interrogatio

fondamentale : Pourquoi les régions qu

soutiennent aujourd’hui le plu



vigoureusement le projet européen et l

aïcité sont-elles celles qu

orsqu’elles étaient catholiquesavaient fourni à l’antidreyfusisme se

lus gros bataillons et au régime d

Vichy ses meilleurs soutiens ?Il existe une réponse optimiste à cett

question. La chute finale du catholicism

dans ses bastions des classesupérieures et de la périphérie d

’Hexagone aurait permis un

émancipation totale des groupeconcernés, un ralliement sincère e

profond aux valeurs de liberté e

d’égalité. (Je postule ici que la valeu



de fraternité est commune à l’Église et

a République et ne la mentionne don

pas comme élément discriminant.)Dans une telle représentation e

ermes de conversion – une sorte d

modèle saint Paul du ralliement à lRépublique –, il faudrait considérer l

passion nouvelle pour la laïcité de

groupes qui viennent d’abandonne’Église, derniers sortis de l’empris

cléricale, comme une pure et simpl

revitalisation de la laïcité traditionnelleOr ce n’est pas du tout ce que l’o

constate : la dernière étape de l

disparition du catholicisme en tant qu



puissance sociale n’a pas inclus un reje

explicite et violent de l’Église

semblable à celui qu’on avait pobserver du temps de Voltaire, de l

Révolution, ou de la séparation de 1905

La CFTC s’est transformée doucementpaisiblement, en CFDT, sans deveni

anticléricale pour autant.

C’est qu’avant de spéculer emétaphysiciens sur la liberté d

’homme, nous devons accepter de voi

dans la réalité du monde la puissancdes continuités. Ni les individus ni le

groupes ne peuvent être libérés de leur

valeurs, en France ou ailleurs, pa



seulement trente ans d’évolution. U

principe d’inertie fait qu’une société o

une classe ne saurait échapper si vite sa trajectoire historique.

Bien sûr, ces valeurs sont masquées

nconscientes. Mais admettre leupermanence, et leur conflit possibl

avec les valeurs conscientes de

politiques ou des électeurs, portées pahabitude, comme un vieux vêtemen

nous permet d’analyser avec efficacit

’un des traits structurels de la vipolitique française actuelle : un

contradiction incessante entre ce qui es

dit et ce qui est fait.



1992-2015 :de l’européisme au néo-

républicanismeCe dédoublement est typique d

’européisme. Le langage de Maastrich

était libéral, égalitaire, universaliste. I

ne s’agissait que de pousser plus avan

’édification d’une Europe unie

association de nations libres et égale

vivant dans la paix perpétuelle d’u

ordre kantien. La grandeur des principe

ne faisait pas dédaigner une justificatio

par l’efficacité économique. L’eur

devait assurer notre prospérité.



La réalité fut à l’opposé

ralentissement de la croissance

stagnation économique. Loin de meneau triomphe de la liberté et de l’égalité

Maastricht aboutit à celui de l’inégalit

sous l’autorité transcendante d’undivinité cruelle, la monnaie. Le mond

populaire vit s’abattre sur lui la main d

fer d’une gestion économique autorisana destruction des activités industrielle

pour privilégier les services financiers

L’Europe devint une hiérarchie dnations inégales.

Nous pouvions autrefois admettre qu

es politiques et les électeurs favorable



à Maastricht, également incompétents

n’envisageaient pas les conséquence

économiques de leur rêve idéologiqueet qu’ils pensaient effectivement e

ermes de liberté et d’égalit

républicaines. L’opposition soudaine dpeuple et des élites, en 1992, n’aurai

été qu’un malheureux accident, tou

comme la trace du catholicisme dans lvote « oui ». Mais en 2015, les effets d

Maastricht sont là. Les usines ont fermé

es banlieues pourrissent. Et noudevons émettre l’hypothèse qu’il n’ava

amais été question d’autre chose dan

’esprit des concepteurs de la monnai



unique : Ce qui se passe n’est pas e

contradiction avec les valeurs de l

coalition sociale qui contrôle lrance mais, au contraire, les satisfait

Pour les ouvriers, les employés et le

eunes, ce quart de siècle a été perduPour le débat idéologique auss

puisqu’il se perdit en rhétoriqu

circulaire. Pour le chercheur, cependantce temps écoulé vaut quelque chos

parce qu’il a fini par rendre manifeste

es valeurs latentes des acteurs. C’esbien un idéal de hiérarchie qui avai

mené à Maastricht, et qui nous gouvern

oujours, ancré dans les valeur



d’autorité et d’inégalité. Il nous vient d

catholicisme et de Vichy plus que de l

Révolution.Charlie, comme Maastricht, fonctionn

sur deux modes, l’un conscient et positif

ibéral et égalitaire, républicain, l’autrnconscient et négatif, autoritaire e

négalitaire, qui domine et exclut.

La manifestation du 11 janvier fugrandiose. Ce serait une perte de temp

que de reprendre en détail tout c

qu’elle exprimait de positif selon seacteurs : défense de la libert

d’expression, de la laïcité, ouverture a

« bon islam » et au monde. Mais il suff



de concentrer notre attention sur le

objectifs concrets de la manifestatio

pour atteindre ses valeurs latentes. Is’agissait avant tout d’affirmer u

pouvoir social, une domination, objecti

atteint en défilant en masse, derrière sogouvernement et sous le contrôle de s

police. L’identification au journa

satirique Charlie Hebdo révèle, quant elle, la puissante dimension de rejet d

a motivation manifestante. L

République qu’il s’agissait de refondemettait au centre de ses valeurs le dro

au blasphème, avec pour poin

d’application immédiat le devoir d



blasphémer sur le personnag

emblématique d’une religio

minoritaire, portée par un groupdéfavorisé. Dans le contexte du chômag

de masse, d’une discrimination

’embauche des jeunes d’originmaghrébine, d’une diabolisatio

ncessante de l’islam par des idéologue

nstallés au sommet de la sociétfrançaise, à la télévision comme

’Académie, on ne saurait souligne

assez la violence rentrée dans lmanifestation du 11 janvier.

Des millions de Français se son

précipités dans les rues pour défini



comme besoin prioritaire de leur sociét

e droit de cracher sur la religion de

faibles. Ils sont à cette occasion sortisen dépit de leurs assertions, de l’ax

central de l’histoire nationale. Voltaire

souvent été évoqué par Charlie commréférence doctrinale, tout comme i

’était, avec raison, par le

révolutionnaires de 1789 ou par lepartisans de la séparation de l’Église e

de l’État en 1905. Mais si nous nou

replongeons dans son Dictionnairhilosophique, ce que nous y trouvon

est surtout une excellente mise en boît

du catholicisme, religion des pères d



’auteur, et du judaïsme, source uniqu

de cette religion. Le dictionnair

s’intéresse très peu à l’islam ou aprotestantisme. Il contient des article

sur Abraham, David, Jésus, Joseph

Julien, Moïse, Paul, Pierre et Salomonaucun sur Mahomet, Luther ou Calvin

Voltaire, au contraire de Charlie, n

dénonçait pas la religion des autres. Iblasphémait sur la sienne et sur cell

dont elle était issue.

Nous ne disposons pas pour lmanifestation de 2015, comme pou

Maastricht, du recul qui nou

autoriserait à dire, dès aujourd’hui, qu



Charlie va engendrer un monstr

autoritaire et inégalitaire. D’ailleurs

nous ne savons pas à quel degré leclasses moyennes de la capitale son

pénétrées par la valeur d’inégalité, qu

n’est absolument pas typique de lrégion parisienne dans son ensemble. I

n’est pas impossible, ainsi que je l

montrerai aux chapitres suivants, que lmanifestation parisienne ait inclus u

élément xénophobe absolumen

ndépendant de la tradition catholiquequi renvoie à l’inverse à la face sombr

de la tradition révolutionnaire e

républicaine. Impossible de répondr



définitivement à cette question : Charli

a-t-il ou non un rapport avec les année

es plus noires de la Franccontemporaine ?

Mais nous sommes en France, e

2015, entraînés par la montée dsentiments islamophobes et antisémites

et nous ne pouvons nous permettr

d’attendre d’être « sûrs » que le néorépublicanisme soit un néo-vichysm

pour proclamer la validité de cett

proposition, tout simplement parce quesi nous venions à en être sûrs un jour, i

serait probablement trop tard

L’islamophobie aurait suffisammen



progressé pour être devenu auss

dangereuse que l’antisémitisme de l

droite classique.De quels éléments disposons-nous, e

2015, pour évaluer la situation ?

1. De la carte d’identité géographiquet sociale de la manifestation, avec se

bastions catholiques zombies, qui es

vraiment parlante. Elle suffit à frappede nullité tous les discours lénifiants su

a laïcité. Ce qui a marché en tête de

manifestations, dans les rues des villefrançaises, ce n’était pas la vieill

aïcité mais une mutation des forces qu

avaient autrefois soutenu l’Églis



catholique. C’est le catholicisme zombi

qui se présente en première ligne face

’islam, non la Révolution. Il proclame devoir de caricaturer Mahomet. I

nous propose une guerre de religion

dans un monde qui ne croit plus en Dieu2. La détermination religieuse e

socio-économique commune à l

manifestation du 11 janvier et au vot« oui » à Maastricht suggère que, comm

a monnaie unique, Charlie pourrait êtr

un phénomène dynamique qui révèlavec le temps, de plus en plus fortement

ses vraies valeurs de référence

’autorité et l’inégalité. Charlie n’es



qu’un enfant. À quoi ressemblera-t-i

adulte ?

Quoi qu’il en soit, l’isomorphismdentifié entre Maastricht et Charlie nou

permet de décrire la réalité du systèm

social français. Le voile de la politiquofficielle et consciente a été un

deuxième fois déchiré. Le même blo

hégémonique règne, européiste eoptimiste en 1992, choqué e

potentiellement islamophobe en 2015

Charlie, être social collectif, n’est paoute la France, mais il la tien

solidement ainsi que son État.



La réalité néo-républicaine : l’État

social des classesmoyennes

La France n’est pas, en 2015, un

nation grande et généreuse. Des poche

de pauvreté s’installent et les prisons s

remplissent. Car la seule véritabl

réponse du bloc hégémonique MAZ

classes Moyennes, personnes Âgées

catholiques Zombies) à l’accumulatio

des problèmes est l’augmentation rapid

du nombre des individus incarcérés pa

’État. 36 913 personnes écrouées e



1980, 77 883 en 2014. En tenant compt

de l’augmentation de la populatio

française de 55 à 65 millions, nouenregistrons donc une élévation du tau

d’incarcération de 7 à 12 pour 10 000

soit de plus de 70 %. Il s’agit avant toud’hommes jeunes. Avant de nou

nquiéter de leurs origines nationales o

religieuses, notons en effet l’âge moyedes prisonniers : 30,1 ans en 1980

34,6 en 2014 5. Par ailleurs, la tendanc

à l’incarcération ne reflète pas unmontée de violences graves : le nombr

des homicides a, dans l’hexagone, chut

de 1 171 en 1996 à 682 en 2013. C’es



’injustice du monde qui remplit le

prisons.



2. Nombre de prisonniers au 1er

janvier



Le bloc MAZ continue d’exprimer d

merveilleuses valeurs européennes e

universelles, mais il accepte en pratiquun fantastique durcissement interne de l

société. Il ne s’agit pas ici de conteste

es valeurs françaises traditionnelles diberté et d’égalité, ni même de donne

une vision purement négative du blo

MAZ.

La taille des classes

moyennes vers2010-2015



La nomenclature de l’INSEE permet uneapproche empirique de la structuresociale, absolument imparfaite sur le plan

théorique puisqu’elle mélange fonction,éducation et revenu, mais parfaitementraisonnable.Les classes moyennes existent, par définition, entre une classe supérieure,infime par le nombre mais très importante par la possession du capital, et un monde

populaire massif.Laissons d’abord de côté la populationconsidérable des retraités et des inactifs.Les chefs d’entreprises de plus de 10

salariés constituent à peine 0,1 % de la population active. L’ajout de très hautsfonctionnaires, de cadres dirigeantsd’entreprises, des très riches rentiers,



n’augmente pas la taille des classessupérieures au-delà de 1 % de la population d’âge actif.

Les ouvriers et les employés – souventmariés ensemble puisque 80 % desouvriers sont des hommes et 75 % desemployés sont des femmes – constituentl’essentiel des milieux populaires, 50 %de la population active. Les artisans et

petits commerçants, 5,5 % des actifs, se

rapprochent des ouvriers par le niveauéducatif et la propension à voter Frontnational. Ils sont culturellement prochesou même partie des milieux populaires,

tout comme les agriculteurs – 1,5 % entout –, à l’exception d’une poignée de trèsgrands exploitants. Nous obtenons donc



57 % en tout pour les milieux populairesau sens large.Restent donc, pour les classes moyennes,

42 % de la population active, qui sedécomposent en 17 % de classesmoyennes supérieures (cadres et professions intellectuelles supérieures) et25 % de classes moyennes inférieures(les professions intermédiaires).Imaginons, pour les situer relativement

les unes aux autres, la différence entre un professeur et un instituteur, ou entre uningénieur et un technicien. Le premier enseignement fondamental de cette

description est que les classes moyennesconstituent une masse, certes moinsimportante que le monde populaire, mais



comparable par la taille : 42 % contre57 %.On voit bien comment cette classe

moyenne, combinant une éducation et desrevenus plus élevés, peut contrôler lesystème idéologique.Le deuxième enseignement, tout aussiimportant, est que si les « moyenssupérieurs » veulent tenir en respect les1 % d’en haut et les 57 % d’en bas, ils

doivent contrôler les « intermédiaires ».L’enjeu des luttes idéologiques, depuisMaastricht, est effectivementl’orientation idéologique des classes

moyennes inférieures. Les milieux populaires ont quant à eux quitté depuistellement longtemps le champgravitationnel des classes moyennes



supérieures qu’ils ne semblent plusrécupérables. N’oublions pas, dans l’équilibre des

forces sociales, les 32 % de retraités dansla population de plus de 15 ans, et les 8 %d’élèves ou d’étudiants.

Les classes moyennes françaises sont

à certains égards, admirables. A

contraire de leurs homologues anglaisesaméricaines ou allemandes, elles son

capables de faire des enfants en nombr

raisonnable, de produire des retraitécultivés, aptes à courir les festivals d’ar

en été. Elles protègent notre cinéma et

de façon générale, préservent une cultur



cohérente dans le monde disloqué de l

globalisation. Reste que le bien-être d

cette classe émane d’un système socianon seulement égoïste, mais hypocrit

puisque ses représentations officielle

nient les relations de forced’exploitation, d’exclusion et d

répression.

La rhétorique française de l’« Étasocial » est typique. Oui, les Françai

sont plus attachés que les Anglo-Saxon

à l’État social, et non, ils n’ont pasusqu’à présent, refusé de payer l’impô

qui permet de le financer. Mais est-o

bien sûr qu’ils ont toujours en tête l



vieil État social d’après-guerre, né de

uttes de la classe ouvrière et de l

ongue ascension de l’égalitdémocratique ? Certes, la protectio

médicale et les retraites sont encor

assurées pour tous. C’est ce qui expliqud’ailleurs les excellentes performance

de la France en matière de santé, qu’i

s’agisse de mortalité infantile od’espérance de vie. Mais peut-o

vraiment qualifier de « social » un Éta

dont la gestion économique assure, sua longue période, structurellement, u

aux de chômage destructeur de vi

supérieur à 10 % ? Un tel résulta



évoque plutôt la politique d’une allianc

de castes – mêlant fraternellemen

ploutocrates, retraités et classemoyennes, publiques et privées, le blo

MAZ – qui accepte l’inégalité… quan

cela l’arrange. Parfois, l’État françaiest même moins social que so

homologue anglo-saxon qui intègre lu

ainsi que l’a finement soulignChristophe Ramaux, le plein-emplo

dans ses objectifs de long terme. Place

a lutte pour l’emploi au centre de seobjectifs c’est, beaucoup plus qu’on n

’admet au pays du chômage à 10 %



accepter le principe même d’un pact

social, et l’appliquer 6.

Mais la France, c’est aussi le pays o’État, à travers toutes sortes d’activité

et de programmes, avantag

spécifiquement les couches déjfavorisées. Aux États-Unis comme e

Angleterre, le coût des étude

secondaires et supérieures, élevé poues parents, explique la faible fécondit

des classes moyennes. Pour chaqu

enfant, en effet, la facture est lourde. EFrance, c’est l’inverse : la prise e

charge par l’État de l’essentiel du coû

des éducations secondaires e



supérieures explique la bonne tenu

démographique des « cadres e

professions intellectuelles supérieures »qui peuvent procréer sans programme

ainsi leur suicide social. Oui, l’Éta

social survit en France, mais d’aborparce qu’il est devenu l’État social de

classes moyennes. Le discours dominan

nous les présente désormaissystématiquement, comme victimes d

’impôt. Mais cette représentation e

victimes n’exprime en France que lpouvoir idéologique de ces couche

privilégiées 7.



Je voudrais éviter ici tout malentendu

À mes yeux, il est clair que l

financement de l’éducation par l’Étatautrement dit par l’impôt, est une bonn

chose. Les familles ne sauraient assume

sans aide le coût d’une éducation longupour les enfants. Et le dogmatisme anti

État des néolibéraux pourrait bie

aboutir à tuer ce qu’il y a de positif poua société dans la bonne transmission d

’acquis culturel des couches cultivées

Comme refusent de le dire les héritierdirects de Pierre Bourdieu, l

reproduction culturelle n’est pa

simplement un scandale, elle est auss



une nécessité si l’on veut assurer l

continuité du système social et l

progrès pour tous. La reproduction esune base indispensable à l’élargissemen

de l’éducation. Mais, quand même, il n

faut pas exagérer. Il y a bien du cynismà faire financer par des classe

populaires qui vivent sous la menac

d’un chômage à 10 % l’éducation deenfants des cadres. Or notre systèm

d’information nous cache cette réalité. I

ne se contente pas de nous expliquer quCharlie est toute la France ; il nou

suggère sans cesse que les classe

populaires, elles, ne payent pas l’impô



Quelle blague ! Les impôts indirects –

TVA et produits énergétiques – pèsen

deux fois plus lourd dans les revenus d’État que l’impôt direct et les Françai

es moins bien lotis en payent plus qu

eur part, parce qu’ils doivent bieconsommer pour vivre et donc êtr

axés. Mais l’idéologie du bloc MAZ

domine tellement l’information que dan95 % des cas, l’impôt sur le reven

devient, dans la bouche des journaliste

économiques, l’impôt tout court. Exit lTVA, sauf évidemment quand o

envisage de l’augmenter, sous l

dénomination orwellienne de TVA



sociale…

Pour autant, je l’ai dit, il sera

absurde de refuser de voir la facpositive du système social qui a donn

naissance à Charlie. Car le néo

républicanisme peut revendiquer commsiens quelques beaux succès.

La mutation de l’État social origine

en « État social des classes moyennes a freiné l’augmentation des inégalité

économiques. Subtilement protégés, le

« cadres et professions intellectuellesupérieures » n’ont pas cherché dan

’explosion de leurs revenus une répons

à leurs problèmes d’éducation de



enfants. Leurs homologues anglo

américaines, à l’inverse, dans leu

solitude, se sont séparées des milieupopulaires et elles-mêmes fragmentée

en tentant de s’identifier aux 1 %

supérieurs de l’échelle des revenusAnnée après année, l’OCDE constat

qu’en France, à la différence de ce qu

’on observe ailleurs dans le monde lplus avancé, les inégalités de reven

n’augmentent pas, du moins entre le

80 % inférieurs et les 19 % qui lesurplombent. Chez nous, les 1 %

supérieurs décollent seuls et prennent l

risque de l’isolement idéologique. Est



ce tout à fait un hasard si la France

offert au monde Thomas Piketty

’économiste qui a ciblé les 1 % ’échelle planétaire ? Loin d’êtr

haïssables, les classes moyenne

françaises forment toujours le socle suequel on pourrait entreprendre d

construire une société réellemen

égalitaire et progressiste.Reste que l’émergence de Charli

évoque un renforcement de la tendanc

autiste d’un système social edéologique dont les « 19 % », l

fraction supérieure des classe

moyennes, constituent le centre d



gravité. Piketty lui-même, lorsqu’i

cesse d’être un savant, par exemple dan

a quatrième partie de son Capital aXI

e siècle, se révèle être un bo

européiste et un authentique néo

républicain8

. Sa vision critique des 1 %d’en haut ne le conduit pas à prendre l

parti des 50 % d’en bas. En ce sen

aussi, il est un produit de la sociétfrançaise actuelle.

Charlie est inquiet

N’exagérons pas toutefoi

’autosatisfaction du bloc MAZ. Le vid



métaphysique le travaille. L’incertitud

économique le comprime, l’infiltre. Se

enfants s’appauvrissent. Leurs difficultéà trouver un travail correctement payé e

à se loger atteignent leurs parents, no

seulement parce que ceux-ci les aimenmais souvent aussi parce qu’ils s

sentent coupables d’avoir, pour leu

part, traversé la vie sans heurt.Certaines couches stratégiques du blo

sont fragilisées. L’informatique indienn

menace certains milieux à hautcompétence technologique. La press

écrite surtout, frappée d’obsolescenc

par Internet, vit son crépuscule. Se



ournalistes subissent avec un temps d

retard ce que vécurent avant eux le

ouvriers des usines de pneu dPicardie : l’angoisse de voir leu

entreprise fermer avant qu’ils n’aien

atteint l’âge de la retraite. Lorsque nouvoyons Le Monde, fébrile, militer duran

de longs mois pour une interventio

militaire contre le régime de Bachar elAssad, puis en Ukraine, ou bie

’Express du 3 au 10 février 201

afficher sur sa couverture : « LRépublique contre l’islam », nou

devons nous souvenir que ces organe

de presse au tempérament guerrier son



en grande difficulté économique

Quoique subventionnés par l’État, il

vivent avec pour horizon un nouveaplan social et, peut-être, le dépôt d

bilan. La fébrilité belliciste d’une bonn

partie de la presse écrite s’expliquaussi, bien sûr, par cette réalit

économique menaçante. Et si nou

n’intégrons pas au modèle d’analyse declasses moyennes cette anxiété montante

nous ne comprendrons pas la diffusio

en leur sein de l’islamophobie.Les conséquences de long terme d

projet de Maastricht – plus de vingt an

d’échec – nous permettent don



d’entrevoir, sous la rhétorique en usag

du côté des partis « néo-républicains »

oute de fidélité aux valeurs ancienneses contours d’une société égoïste

njuste, féroce. Et, j’y insiste, pour bie

saisir la réalité du modèle français, noudevons constamment tenir ensemble

dans le champ de l’analyse, ces deu

éléments fondamentaux : superstructurdoctrinale libérale et égalitaire venue d

passé, infrastructure mentale autoritair

et inégalitaire du présent.La manifestation du 11 janvier

spectaculairement réitéré cette structur

élémentaire du modèle français, mai



sous une forme aggravée. Le cho

provoqué par l’horreur des attentats d

7 janvier a pris la France par surprise epermis la libération de tendance

nstinctives jusque-là refoulées. Elle

mis en évidence le début d’un glissemendes classes moyennes vers u

négalitarisme explicite, incluant l

désignation d’un bouc émissaire.Le rapide examen de la réalité d

modèle français auquel nous venons d

procéder autorise maintenant à replacea manifestation dans son context

économique et social. Les drapeau

ricolores et les statues de Marianne d



celle des banlieues ? Aucun

mportance : « nos valeurs », belles e

bonnes, sont les seules « vraievaleurs ».

Nous n’avons plus à ce stade aucu

mal à comprendre la prétenducontradiction principale de l

manifestation, réunie pour soutenir u

ournal « anarchiste » mais acclamanspontanément l’État et sa police.

Le volume des cortèges, même déflat

des exagérations médiatiques, ne laissaucun doute sur le fait que les classe

moyennes supérieures ont réussi

entraîner beaucoup de gens venus d



couches situées plus bas dans l

structure sociale urbaine. Les « cadres e

professions intellectuelles supérieures ne constituent que 17 % de la populatio

active française – 28 % à Paris, 24 %

Toulouse, 20 % à Lyon ou à Lille, 19 %à Rennes ou à Marseille, 18 %

Bordeaux. Des taux de manifestatio

supérieurs à 100 % auraient étnécessaires pour réunir les foule

observées. Nous devons certes accepter

en première approche, l’hypothèse d’unmobilisation exceptionnelle des classe

moyennes supérieures, révélant un

nquiétude et une fébrilité comme il n’e



existait pas du temps de la bonn

conscience maastrichtienne. Mais le hau

de la société française a surtoudémontré, ce 11 janvier 2015, un

capacité renouvelée à entraîner d

arges sections des classes moyennenférieures dans sa vision du monde, ce

couches qui correspondent dans le

catégories de l’INSEE aux « professionntermédiaires » et à certains type

d’employés du cœur des zones urbaines

Les étudiants, dont nous avons vu, lorde l’analyse du référendum de 2005

qu’ils demeuraient sous l’empris

européiste, sont sans doute aujourd’hu



néo-républicains et s’identifient encor

à la partie prospère de la société,

aquelle pourtant tant d’entre eun’appartiendront pas.

Le puissant effet négatif de la variabl

« proportion d’ouvriers » sur le nombrde manifestants indique, en revanche

que le monde populaire a désormai

complètement échappé au contrôldéologique des classes culturellemen

dominantes. L’organisatio

géographique de la société expliquassez largement cette liberté négative

Christophe Guilluy a, avec beaucoup d

réalisme, mis au cœur de s



représentation de la société française l

relégation périphérique des classe

populaires. Repoussés aux margegéographiques des espaces urbains, le

ouvriers ne manifestent plus au cœur de

villes. Ils ne sont pas plus mobilisableponctuellement que contrôlable

déologiquement, ainsi qu’en témoign

eur fort vote pour le Front national. Iest vrai que François Hollande et l

Parti socialiste, en refusant au FN un

place dans la « grande manifestatiorépublicaine », avaient implicitemen

désigné ses électeurs comme non désiré

au cœur des grandes villes. Pas plus qu



a catégorie fantasmatique de

musulmans, la catégorie bien réelle de

ouvriers n’est la bienvenue à l’heure dpacte néo-républicain.

La prise de contrôle des couche

ntermédiaires par le bloc MAZ, fût-ellemporaire, reste une belle réussite

Souvenons-nous que le passage d

« oui » à Maastricht à 51 % au « non au Traité sur la constitution européenn

à 55 % avait résulté de la défection d

ces couches, qui avaient voté « oui » 57 % en 1992 mais « non » à 54 % e

2005. La prise est belle, mais sembl

ouvrir la voie à l’instrumentalisation d



’islamophobie comme moyen d

contrôle social.

Évitons toute surinterprétation : on npeut avoir la certitude que les 4 million

de manifestants, chiffre certainemen

surestimé, représentent plus que le12,8 millions de « oui » de 2005 (45 %

des suffrages exprimés) d’électeurs

Mais on doit au minimum admettre que phénomène Charlie a favoris

’effondrement des oppositions interne

aux classes moyennes, fusionné equelque sorte la droite et la gauche, e

révélé le manque de substanc

déologique de la gauche de la gauche.



La laïcité contrela gauche

Nombre d’intellectuels ed’économistes d’une gauche soi-disan

critique ont été aspirés par l

revendication de laïcité, substitut de lcritique du libre-échange et de l’eur

dont ils sont incapables. J’ai cité plu

haut Christophe Ramaux pour soanalyse de l’État social. Dès l

9 janvier, celui-ci dénonçait dans L

onde la revue Politis et l’associatioAttac, coupables sans doute de n’êtr

pas tombées sans réfléchir dan



’islamophobie. Le 11 février, dans un

nouvelle tribune, « Prolonger l’esprit d

11 janvier du politique à l’économie »l a parlé de dépense publique, mai

surtout pas d’une sortie de l’euro o

d’une contestation du libre-échangeseules ruptures qui rendraient possibl

une politique économique favorable au

milieux populaires et aux jeunes dequartiers. La défense de l’État social de

classes moyennes demeure l’absolu

priorité.On trouve certes encore, en ce débu

d’année 2015, beaucoup de gens,

gauche, dont la doctrine personnell



combine en un mélange instable hostilit

à l’Europe et peur de l’islam. Mais l

dynamique idéologique qui anime leclasses moyennes tend à l’élimination d

a première préoccupation par l

seconde.La gauche contestataire a donc, dan

sa masse, défilé derrière Françoi

Hollande, Nicolas Sarkozy, AngelMerkel, David Cameron, Jean-Claud

Juncker, Donald Tusk, et Petr

Porochenko. Je le répète : nul n’escensé ignorer pourquoi, ou en tout ca

derrière qui, il manifeste. Ce que l’o

accepte en pratique est plus significati



que ce que l’on refuse en théorie

L’essentiel de la gauche de la gauch

rejette, en théorie et en vrac, l’austéritée système capitaliste, le leadershi

américain, l’oppression de

Palestiniens. Elle accepte en pratique lmonnaie unique et le libre-échange. Dir

que défiler derrière une tête d

manifestation européiste n’a pas gênces pseudo-contestataires est cependan

en dessous de la vérité. Ils ont admis e

ce jour fatidique qu’ils appartiennent abloc MAZ qui domine idéologiquemen

et politiquement la société française.



La mobilisation en faveur de la laïcit

et du droit au blasphème a donc défin

une « unanimité partielle », concepparadoxal mais essentiel à l

compréhension du système qui est e

rain d’émerger, concept qui deviensimple quand on le traduit pa

« unanimité des classes moyennes ».

Mises en état de stress par le vidmétaphysique ambiant, par l’échec d

’euro et par certains effets d

néolibéralisme, les classes moyennesbien loin de se désagréger, sont en trai

de réaliser leur fusion idéologique e

émotionnelle terminale. Socialistes



sarkozystes et mélenchonistes ont défil

ensemble, affirmant un même socle d

valeurs fondamentales. Le sentimend’unité fut véritable, thérapeutique e

quelque sorte. Beaucoup ont vécu l

ournée sur un mode religieux, commune refondation unitaire du monde

rejetant, refoulant tous ces triste

citoyens de qualité secondaire qureprésentent… plus de la moitié de l

société. Leur sincérité ne saurait êtr

mise en doute.Les journalistes politiques, un momen

ibérés du champ gravitationnel de la vi

réelle, ont ainsi vraiment attendu de l



ournée du 11 janvier qu’elle aboliss

es classes et leurs conflits. Ils on

fantasmé une volatilisation du Fronnational, symboliquement anéanti pa

son exclusion de la manifestation. Ils on

aussi, plus raisonnablement, prédit unremontée très temporaire du Part

socialiste, mené enfin – ici cesse l

raisonnable – par un vrai chef, FrançoiHollande.

D’un autre côté, il est évident qu

’unification de la France d’en hauréalisée le 11 janvier, combinée à l

double exclusion des jeunes musulman

des banlieues et des ouvriers, a accentu



a « verticalisation » mentale de l

société. Loin de faire disparaîtr

’extrême droite, elle a donc ouvert levannes à une nouvelle poussée du Fron

national. Si les journalistes politique

avaient lu la note d’analyse de JérômFourquet, qui identifiait, dès l

21 janvier 2015, les disparité

régionales de mobilisation, la marque d« non » référendaire et l’empreinte d

FN dans les zones de faibl

participation, ils auraient évité de dirbien des bêtises 9.

Dès le 30 janvier, le journa

arianne annonçait Marine Le Pen



30 % dans les sondages. Le 8 février, l

FN obtenait 48,5 % des suffrage

exprimés au deuxième tour d’unélection partielle dans le Doubs

derrière un candidat socialiste. L’UMP

avait été éliminée dès le premier tour.Aux élections départementales d

mars 2015, le Front national atteint l

quart des suffrages exprimés, et poursuson implantation locale dans le context

d’un taux d’abstention qui repasse au

dessous de 50 %. Le PS n’est choisi qupar un peu plus du cinquième de

votants.



Catholicisme,islamophobie,

antisémitismePlus encore que la faibl

représentation des ouvriers ou l

surreprésentation de la catégori

« cadres et professions intellectuelle

supérieures », la coïncidence des tau

de manifestation avec la carte ancienn

du catholicisme nous oblige à refuse

’idée d’une continuité entre l

républicanisme traditionnel, attaché

’égalité, et le néo-républicanisme

charpenté par le catholicisme zombie



Le néo-républicanisme nous vient, e

effet, de la partie du systèm

anthropologique français qui revendiqu’inégalité des hommes et des condition

sociales. L’examen de sa carte d’identit

métaphysique nous conduit plus loin edans une compréhension plus fine de s

doctrine. Elle autorise notamment

avancer quelques hypothèses sur lplace relativement faible accordée pa

Charlie à la dimension antisémite de

attentats. Il s’agit ici d’ouvrir, aveprudence, un domaine de recherch

plutôt que de conclure.



Marcela Iacub s’en inquiétait dan

ibération le 23 janvier :

« Il y a eu dans les commémorationdes victimes du terrorisme quelqu

chose de très gênant : la place presqu

nexistante octroyée aux morts juifs. Odira qu’on en a parlé partout, un pe

moins que des morts de Charlie, certes

mais on ne les a pas complètemenoubliés. Voilà le problème. C’es

précisément cela qui laisse un goût ame

dans nos mémoires. Car le sentiment qu’on éprouve, c’est que le fait de tue

des gens pour avoir dessiné de



caricatures du Prophète est plus grav

que de tuer des juifs […]. »

Nous approchons ici du péché originede Charlie. Il avait été calme a

endemain des massacres perpétrés e

mars 2012 par Mohammed Merahassassin de militaires à Montauban pui

d’un enseignant et de trois enfants juif

au collège-lycée Ozar Hatorah dToulouse. Il ne fait pourtant aucun dout

que le massacre de Toulouse éta

moralement plus grave encore d’udegré que la tuerie perpétrée à Charli

ebdo. Car il est clair qu’assassiner de

enfants, ou des hommes, simplemen



parce qu’ils sont juifs, est plus ignobl

encore que de massacrer une rédactio

engagée dans un combat. En mai 2014Mehdi Nemmouche, français, ava

abattu quatre personnes au Musée juif d

Bruxelles. Le problème n

o

1 de lsociété française n’est pas l’atteinte à l

iberté de caricature, ou d’expression

mais bien celui de la diffusion d’antisémitisme dans ses banlieues.

Les événements du 7 janvier ont don

fini par reproduire sur un mode mineua placidité face à l’antisémitisme déj

révélée par les tueries antérieures. Le

manifestants ne se sont pas réunis pou



dénoncer d’abord ce qu’il y avait d

plus grave, l’antisémitisme et le dange

croissant auquel une religiominoritaire, le judaïsme, doit faire face

mais pour sacraliser la violenc

déologique faite à une autre religiominoritaire, l’islam.

Le phénomène Charlie ne peut ains

être compris que dans son rapport areligieux – « religieux » étant pris ic

dans son sens le plus extensif, qui inclu

a négation du religieux. L’athéismmilitant a sa théologie, il estim

mportant, prioritaire de se battre pou

affirmer l’inexistence de Dieu, le die



de ses ancêtres comme celui des autres

Dans la confusion religieuse globale qu

caractérise la société française, on peurelever quatre éléments fondamentaux :

1. L’incroyance généralisée.

2. L’hostilité à l’islam, religion d’ugroupe dominé.

3. La montée de l’antisémitisme dan

ce groupe dominé.4. La relative indifférence du mond

aïc dominant à la montée en puissanc

de cet antisémitisme.Il est sociologiquement, politiquemen

et humainement évident que, dans un te

contexte, la définition de l’islam comm



roblème central de la sociét

rançaise ne peut qu’aboutir à u

accroissement du risque physique, noour la majorité des Français, mai

our les juifs.

Devons-nous considérer commaccidentelle la mise en branle de l

séquence : plus d’athéisme militant v

conduire à plus d’islamophobie qui vconduire elle-même à son tour à plu

d’antisémitisme ? Oui, absolument, s

nous nous en tenons aux motivationconscientes des acteurs politiques e

sociaux. Mais l’identification, au centr

du phénomène Charlie, du catholicism



zombie, doit nous inciter à la prudence

ous ne pouvons plus nous satisfair

d’une lecture « consciente » demécanismes sociaux. Si nous accepton

’hypothèse de l’inertie anthropologiqu

et l’évidence d’une continuité des forcehistoriques, nous devons égalemen

accepter de voir, au cœur de Charlie

qui se définit par rapport à l’islam, ldescendance de forces anthropologique

qui ne furent pas franchement aimable

aux juifs. L’universalisme a longtempdominé la France en tant qu’idéologie

mais il existe aussi une France qui pens

es peuples différents par nature.



Une logique différentialiste anime le

régions dont le fond anthropologique es

négalitaire. Une séquence simple peua résumer en tant que mécanism

mental : « Si les frères sont inégaux, le

hommes sont inégaux, les peuples sonnégaux et il n’existe pas d’homm

universel. L’étranger, le juif, l

musulman, le noir, sont par naturdifférents. » Ce différentialisme peu

s’affirmer sur un mode doux, sou

’appellation de « droit à la différence »particulièrement dans les système

anthropologiques qui définissent le

frères comme différents plutôt qu



franchement inégaux. C’est le cas d

monde anglo-américain, de la Holland

ou du Danemark. L« multiculturalisme » habille en généra

a mise à l’écart du groupe ciblé pa

’expression « respect de sa culture »ou par le terme « tolérance »

Typiquement, le différentialism

supporte assez bien l’immigré, ou le juifou le noir, ou le musulman, tant qu

celui-ci reste à sa place et accepte d

ouer son rôle (attendu) d’hommdifférent. C’est lorsqu’il s’assimile e

prétend devenir un homme comme le



autres, un banal citoyen, que le fond no

égalitaire réagit.

Le rejet peut être extrêmement brutaorsque la structure familiale sous

acente est inégalitaire. Le cas limite d

a xénophobie différentialiste fut lnazisme, produit tardif de la famill

souche allemande dans une phas

d’effondrement des croyancereligieuses et de crise économique. C

sont d’abord les juifs assimilés ou e

cours d’assimilation, qui ont étconsidérés comme insupportables. S

’Autre est différent par nature, so

assimilation ne peut être qu’une illusion



un leurre, un mensonge, une tentative d

s’introduire dans une culture saine pou

a corrompre de l’intérieur.L’antisémitisme qui s’est manifesté e

France à l’époque de l’affaire Dreyfu

fut une variante modérée du typdifférentialiste. Il était ancré dans l

partie catholique de la bourgeoisi

française et à sa périphérie, sur un fonanthropologique inégalitaire. Le

populations concernées, toutefois

porteuses d’un catholicisme bien vivann’étaient pas en état de crise religieuse

Ce catholicisme était d’ailleurs en lui

même un modérateur parce que, pa



égaux, les peuples sont égaux et il exist

un homme universel. »

Évidemment, toute résistance, toutenteur dans le processus d’assimilatio

exaspérera une société d’accuei

égalitaire fonctionnant avec un préjuguniversaliste. Dans un espr

d’impartialité, je montrerai, a

chapitre IV, consacré aux Françaid’extrême droite, la possibilité d’un

xénophobie d’essence universaliste et

en certains moments de crise, d’uantisémitisme authentiquemen

républicain. Cette forme plus rare dériv

d’une application exagérée du princip



d’égalité, inverse quant à sa logique d

’antisémitisme catholique ou vichyst

qui provient lui, classiquement, d’unapplication de routine du princip

d’inégalité. À ce stade de l’analyse

contentons-nous d’enregistrer un fapartiel fondamental. Dans une Franc

qui vient de passer sous le contrôle d

sa périphérie catholique zombie, sdéveloppe un climat religieu

obsessionnel qui emboîte le

ressentiments comme des poupéerusses : islamophobie dans la populatio

d’origine chrétienne, antisémitisme dan

a population d’origine musulmane.



L’analyse du basculement idéologiqu

qui désoriente aujourd’hui la sociét

française doit encore être complétéePour bien comprendre la montée e

puissance de la valeur d’inégalité, nou

devons en effet mieux prendre la mesurdu malaise de la France centrale, laïqu

et égalitaire. Plus encore que l

dynamisme propre du catholicismzombie, c’est l’implosion de la Franc

centrale qui explique l’émergence d

système néo-républicain. Plus que lforce de Vichy, c’est la faiblesse de l

Révolution qui explique la dénaturatio

de la République. La valeur d’égalité s



1.

2.

3.

porte en effet mal en France, en Europe

et, à vrai dire, dans l’ensemble d

monde développé.

Rappelons qu’un coefficient d

corrélation linéaire calculé su85 points de données est, sous lehypothèses usuelles, significatif aseuil 1 % si sa valeur absolue essupérieure à 0,28.Une régression linéaire multiplconfirme que le taux de cadres ne jouen fait pas significativement, une foicontrôlés les taux ouvriers et le degrd’imprégnation catholique.Une analyse de variance (ANOVA)un facteur montre cet effet (p-valu

= 3,7 × 10-5

).



4.

5.

6.

7.

8.

9.

Le coefficient de détermination (R part de la variance expliquée par lmodèle) vaut 0,39.

Direction de l’administratio pénitentiaire, Séries statistiques de personnes placées sous main d justice, 1980-2014.

Christophe Ramaux, L’État sociaParis, Mille et une nuits, 2012.Ceci ne s’applique pas au mondanglo-américain.

Thomas Piketty, Le Capital a XXI

e siècle, Paris, Seuil, 2013.

IFOP, Focus no 121, « March

républicaine pour Charlie, dedisparités de mobilisation lourdes dsens ».



CHAPITRE III

L’égalité

malheureuse

Ainsi que le montrent les travaux dThomas Piketty et de ses collègues, l

crise de l’égalité est un phénomèn

mondial. En chercher l’explication danun contexte purement français serait pe

réaliste. La concentration du capital, l



montée des inégalités de revenu e

’émergence d’oligarchies sont de

phénomènes planétaires. L’organisationéolibérale du commerce et de l

finance a permis leur émergence mai

elle ne les explique pas. Ce sont deÉtat s qui ont mis en place les règles d

eu qui ont conduit à l’accroissement de

négalités. Ce sont des systèmeolitiques représentatifs qui ont accept

et organisé l’ouverture de l’échelle de

revenus. Rien de tout cela n’est advenpar surprise. La théorie économique l

plus orthodoxe – des avantage

comparatifs de Ricardo au théorème d



Heckscher-Ohlin – promettait l’inégalit

en même temps que l’efficacité. Je veu

bien croire que les énarques qugouvernent en France les grande

banques et l’État n’avaient pas anticip

a baisse du revenu médian que nouvivons aujourd’hui. Mais les corp

électoraux, en même temps qu’il

adoptaient des mœurs nouvelles, ont beet bien accueilli avec ferveur le discour

sur l’individu triomphant, la règle du je

néolibérale, la nécessité de lcompétition, les bienfaits promis d

’inégalité.



Ce qu’il reste à identifier, c’est don

e facteur, commun à toutes les société

avancées, qui explique cette allégeancde masse. Rejetons d’emblé

’interprétation complotiste, qui attribu

à des sectes haut placées la manipulatiodes médias et de l’opinion. Observon

plutôt l’évolution éducative de

populations pour comprendre commens’est opérée la dissolution du corps de

citoyens.

Vers 1945, à l’aube des TrentGlorieuses, tout le monde ou presqu

savait lire et écrire en Europe et a

Japon, mais pas davantage. Aux États



Unis, 80 % des jeunes déjà avaient reç

une éducation secondaire. Dan

’ensemble du monde le plus développéa dominante implicite éta

démocratique. Les classes différaien

peu par le niveau de compétencculturelle. Les politiques, les idéologue

et les romanciers qui avaient bénéfici

d’une éducation supérieure devaients’ils voulaient exister socialement

« parler » aux masses. Partou

cependant, à partir des années 1950 auÉtats-Unis, des années 1970 ou 1980 e

Europe et au Japon, le développemen



de l’éducation supérieure a fragilisé

brisé, disloqué l’homogénéité éducative

La pyramide culturelle s’inverse poues jeunes générations. Celles-ci tenden

vers une nouvelle stratification, incluan

selon un modèle très schématique, 45 %d’éduqués supérieurs, 45 % d’éduqué

secondaires et 10 % d’éduqué

primaires. Dans cette pyramidculturelle inversée, l’instructio

primaire se distingue mal de l’éche

scolaire. Les statistiques officiellesorsqu’elles ciblent les sous-privilégié

de l’éducation, glissent sans cesse d

concept d’« instruction primair



seulement » à celui de « sortie san

diplôme du système éducatif » ou

celui, plus explicite encore, d« difficultés de lecture ». De socle de l

démocratie, l’alphabétisation de mass

est devenue synonyme d’insuffisancesymbole d’échec. Au sentimen

égalitaire engendré par l’éducatio

primaire universelle a succédé usentiment social inégalitaire. Certes, c

dernier n’est pas le même pour tous. À

a conscience heureuse d’appartenir à lcatégorie des élus de l’éducatio

supérieure répond, soit la conscienc

malheureuse de la catégorie inférieur



du primaire, soit la conscienc

ncertaine des couches intermédiaires d

secondaire. Nous tenons ici l’origine d’affrontement entre l’élitisme et l

populisme, présent dans toutes le

grandes démocraties occidentales. Lclivage est moins net en Allemagne, a

Japon, en Suisse, en Suède, toute

sociétés protégées des effets les pludévastateurs du nouveau subconscien

négalitaire en raison de leur intégratio

verticale.La nouvelle stratification culturell

est, bien entendu, la cause fondamental

du vote Front national, dont l



détermination éducative est encore plu

puissante que la déterminatio

économique. Pourtant, le vote FN nsaurait être réputé « primaire ». Ce son

déjà les éduqués « secondaires » qui lu

donnent sa masse. Les éduqué« supérieurs » demeurent au stad

actuel, imperméables à sa séduction. L

population susceptible de rejoindre lFront national dans les jeune

générations, c’est donc, selon ce modèl

rès simplifié : 10 % de primaire+ 45 % de secondaires = 55 % de l

population. Ce calcul n’anticipe pa

’inévitable pénétration par l’extrêm



droite de la couche des jeunes éduqué

supérieurs le jour où leurs revenus, déj

médiocres au regard de leurqualifications, auront suffisammen

baissé…

Les difficultésde la France laïqueet égalitaire

La diversité anthropologique de l

France fait de ce pays un extraordinairaboratoire pour qui veut comprendre

par-delà l’universalité du mouvemen

vers l’inégalité, la diversité de ses effet



sur les sociétés. La montée en puissanc

de la valeur d’inégalité n’a en effet pa

es mêmes implications lorsque la basanthropologique, inégalitaire, l’accept

a priori et lorsque celle-ci, égalitaire

souffre, résiste, refuse la tendancgénérale.

Comment réagissent donc les deu

France, celle de l’inégalité et celle d’égalité ?

Travaillant sur les données d

recensement les plus récentes, Hervé LBras et moi-même avions observé, dan

e Mystère français, la survie au-del

de sa propre mort du catholicisme de



régions périphériques, constatation qu

e l’ai dit, avait rendu nécessair

’introduction dans nos modèles dconcept de catholicisme zombie. D

nombreux indicateurs statistique

révélaient en effet que quelque chosedans les régions indifférentes ou hostile

à l’égalité, était toujours actif

s’exprimant par des résultats scolairemeilleurs, des problèmes familiau

moins nombreux, des taux de chômag

plus bas, des reconversionéconomiques plus réussies…

Symétriquement, la vieille Franc

égalitaire et laïque n’allait pas bien. L



carte du chômage en 2014 (III. 2) fa

apparaître une corrélation positive

faible mais très significative, avec lpratique religieuse résiduelle, c’est-à

dire avec le catholicisme zombi

- 0,30).La différence de performanc

éducative est certainement le moteu

général des meilleures performancecatholiques zombies et des difficulté

aïques. Le plus étonnant ici est san

doute la plus forte polarisatioéducative observée dans les régions d

empérament égalitaire, où l’o

enregistre, relativement, beaucou



d’éduqués primaires et beaucoup d

supérieurs.

Parallèlement aux résultats que nouavons présentés dans Le Mystèr

rançais, d’autres chercheurs on

ravaillé à l’identification des régions edifficulté éducative. Nos conclusion

sont convergentes. La carte III. 1 nou

montre ainsi le résultat d’une analysrès fine qui identifie, pour l’anné

scolaire 2001-2002, quels département

ont trop bien réussi lors du test nationad’évaluation en 6e, et lesquels ont trop

mal réussi, une fois éliminés les facteur

attendus de milieu socio-économique, d



problèmes familiaux et de proportio

d’étrangers 1. Nous voyons alor

apparaître deux pôles majeurs ddifficultés : à nouveau les deux cœurs d

a France déchristianisée, le Bassi

parisien central et la Provence.



III. 2 – Chômage



Lorsque nous en fîmes la découverte

nous fûmes d’abord sensibles à la fac

positive du phénomène : la meilleurréussite des régions de traditio

catholique. Deux élément

d’explications se complétaient, epremière analyse, pour comprendre leu

performance. Le premier est sans dout

agréable aux oreilles chrétiennes : lsurvivance de disciplines sociale

venues des enseignements de l’Église –

stabilité familiale, coopération localemoralité anti-individualiste – constitu

autant de couches protectrices dans un

société néocapitaliste rongée pa



’isolement des individus, l’égoïsme, ou

pire, par le narcissisme de masse, san

oublier la dévalorisation idéologiqueriori de tout travail qui n’engendrera

pas instantanément un gain. Deu

penseurs venus d’Europe centraleconscients des origine

anthropologiques et culturelles d

désastre nazi, ont mieux compris qud’autres l’importance des couche

culturelles protectrices dans la capacit

de résistance des hommes à l’abstractioréductrice du marché. Certes, la visio

de Joseph Schumpeter, développée e

1942, restait assez élitiste puisqu’i



situait encore en haut de la structur

sociale, du côté d’aristocratie

civilisées et bienveillantes, l’essentiedes protections issues du passé 2. Mai

Karl Polanyi parvint en 1944 à replace

enfin l’émergence capitaliste dans socontexte anthropologique et

comprendre la menace que faisait couri

à la vie humaine l’érosion des coucheprotectrices par le marché. Lisons-le :

« Permettre au mécanisme du march

de diriger seul le sort des êtres humainet de leur milieu naturel, et même en fait

du montant et de l’utilisation du pouvoi

d’achat, cela aurait pour résultat d



détruire la société. Car la prétendu

marchandise qui a nom “force d

ravail” ne peut être bousculéeemployée à tort et à travers, ou mêm

aissée inutilisée, sans que soit affect

’individu qui se trouve être le porteude cette marchandise particulière. E

disposant de la force de travail d’u

homme, le système disposerait en plude l’entité physique, psychologique e

morale “homme” qui s’attache à cett

force. Dépouillés de la couverturprotectrice des institutions culturelles

es êtres humains périraient, tro

exposés à la société ; ils mourraient



victimes d’une désorganisation social

aiguë, tués par le vice, la perversion, l

crime et l’inanition

3

. » Nous voyons bien, à la lecture d

Polanyi, comment des habitude

d’encadrement des individus par derestes de pratiques de coopération e

d’entraide catholiques ont pu protéger

ces trente dernières années, un tiers derégions françaises, et cruellemen

manquer à la France centrale

ndividualiste et égalitaire.Le deuxième élément explicatif de

succès du catholicisme zombie est moin

favorable à l’Église, et s’inscrit plutô



dans la tradition laïque ou protestante

Rome, monstre obscurantiste, était arc

boutée contre le progrès et l’éducationencourageant partout la soumission a

prêtre. Il est donc normal qu

’effondrement du contrôle clérical deconsciences ait libéré les énergies e

engendré un sentiment d’optimisme

ous pouvons d’ailleurs imaginer, dane Bassin parisien et la Provence d

XVIIIe siècle, un phénomène analogue

Diderot vient de la Haute-MarneCondorcet de l’Aisne, Robespierre d

Pas-de-Calais, Saint-Just de la Nièvre

Entre 1819 et 1826, les départements d



Bassin parisien fournissaient plus qu

eur part d’étudiants aux grandes école

parisiennes, particulièrement le long d’axe Somme/Haute-Marne 4. Le cœu

égalitaire de la nation, surtout dans s

partie nord-est, battait avec force à lveille et au lendemain immédiat de l

Révolution française. Ou, plu

exactement, il dynamisait tous azimuts en avance culturellement, il produisa

davantage d’élites innovatrices, e

nduisait un taux de suicide plus élevéLa chute de la religion signifi

simultanément espérance et désarroi.



Dans les provinces du catholicism

zombie, l’espérance l’a certainemen

emporté sur le désarroi entre 1960 e1990, particulièrement dans l’ouest de l

France qui venait de découvrir, no

seulement la société de consommationmais toutes les modernités cumulées,

compris une révolution industriell

ardive et sophistiquée. Les dynamismeéconomiques du Choletais et de l

Mayenne ont résulté de cet état d’espr

nouveau.Il ne doit pas nous échapper cependan

qu’une partie du succès de ces régions

particulièrement depuis 1990, ne résult



ni de leurs traditions d’entraide, ni de l

ibération de l’emprise cléricale, mai

out simplement du fait que dans leurréfonds, dans une phase historiqu

mondiale d’accroissement de

négalités, elles acceptent a priori cettnégalité. Leurs populations actives son

plus dociles que celles qui vivent dan

a partie égalitaire centrale d’Hexagone. L’avantage de la docilit

est double. D’une part, la paix social

facilite, en interne, le bofonctionnement du mécanism

économique régional ; d’autre part, un

elle société, amicale aux patrons, attir



’investissement extérieur. Nul besoi

d’être anthropologue ou historien pou

percevoir la discipline sociale qudomine dans les sociétés catholique

zombies : la CFDT majoritaire y prôn

a concertation intelligente, qui peuévoquer, dans les phases de difficulté

économiques et de reflux des salaires, l

bon vieux « merci not’ maître » deanciennes sociétés féodales de l’Ouest.

Les choses sont certes plus subtile

dans l’Est, de vieille implantationdustrielle, mais les patronats lyonnais

alsacien ou savoyard, et leurs banquiers

savent qu’ils peuvent toujours compte



sur des ouvriers moins agités qu’ailleur

par la valeur d’égalité. L’anthropologi

des structures familiales ne fait icqu’expliquer ce que tout le monde sait

Dans la phase capitaliste actuelle, l

mobilité accélérée du capital favorise, ’intérieur des nations comme à l’échell

mondiale, les sociétés qu

s’accommodent le mieux de l’inégalité.Les difficultés de l’espace laïqu

peuvent être expliquées

symétriquement, par l’inversion de toues facteurs positifs qui viennent d’êtr

énumérés pour les régions d

catholicisme zombie. Leu



ndividualisme égalitaire laisse san

filet de sécurité les hommes et le

femmes en difficulté dans une périodd’évolution sociale rapide et d

reconversion économique incessante. L

déchristianisation y est ancienne et ndélivre plus son message optimiste d

ibération.

Un facteur supplémentaire de désarros’ajoute aux précédents dans la Franc

de l’égalité. La volatilisation d

communisme y a laissé le mondpopulaire non pas seulement orphelin d

a grande Église rouge mais, de plus

sommé d’avoir honte de son adhésion d



plus d’un demi-siècle. Les idéologue

français des années 1990-2010, for

occupés à dénoncer, le plus souvenaprès la bataille, les méfaits d

communisme vaincu, ont oublié de voi

ce que leur pays avait perdu avec lPCF. Une immense machine culturell

qui faisait vivre, dans les deux tier

aïques de la France, en miliepopulaire, la foi dans le progrès, dan

’éducation, c’est-à-dire au fond l

meilleur de la culture bourgeoise, sanoublier la confiance en l’universel et l

refus de la xénophobie. Stalinien dans s

pratique administrative, le PCF étai



ibéral dans ses mœurs et élevé dans s

moralité. Il n’acceptait pas en son sei

de militants tenant des propos antiarabes. J’évoque ici mes propre

souvenirs du parti dans les années 1967

1969. Le déclin de la France centrale eson actuel pessimisme résultent, pou

une part, de l’effondrement du Part

communiste.Et la peine est double. Le capita

n’aime pas ces régions d’indisciplin

sociale et de contestation de classeDepuis longtemps déjà, l’investissemen

ne se porte qu’à contrecœur vers le

zones dominées par la CGT, dont l



géographie est aussi sûremen

déterminée par la laïcité ancienne qu

celle de la CFDT l’est par celle de lpratique religieuse. La France laïque v

mal, non seulement parce que s

dynamique endogène est plus faiblemais aussi parce que la volatilité d

capital la punit, jour après jour, de s

préférence pour l’égalité, de son refude la déférence sociale. Dans son cas

c’est un « ni Dieu ni maître » qui es

atent.Sans cette crise de la France centrale

égalitaire, les valeurs opposées de l

périphérie ne l’auraient jamais emporté



En termes de territoire, la France d

’inégalité ne pèse pas plus lour

qu’autrefois, mais son fonanthropologique est bien adapté a

mouvement actuel de l’histoire, don

’axe principal est la course ’inégalité. La nouvelle stratificatio

éducative confirme l’a prior

déologique des zones de fond familiaet religieux inégalitaire ; ell

désorganise les régions dont l

empérament est égalitaire. Une questiosubsiste, toutefois : que deviennent, dan

ce processus, les valeurs des classe

moyennes issues des zones égalitaires



couches fortement élargies par l

développement des études supérieures

Ont-elles été transformées eprofondeur ? Le groupe des cadres e

des professions intellectuelle

supérieures, qui constitue entre lcinquième et le tiers de la populatio

active en zone urbaine égalitaire, aurait

l échappé à sa matricanthropologique ? La question concern

bien sûr déjà Paris. Devons-nou

considérer l’égalitarisme de l’Île-deFrance comme détruit ou seulemen

désactivé pour un temps ? Je reviendra

sur ce point délicat après avoir examin



e mode de reproduction des système

anthropologiques.

Pour l’heure, notons que ceconclusions obtenues pour la Franc

sont valables à l’échelle du mond

développé, où les nations dempérament égalitaire sont en difficulté

Anthropologiedu capitalisme en crise

Au risque d’aggraver l’anxiétfrançaise, il nous faut tout d’abor

admettre que le développement précoc

du capitalisme fut le fait des nations don



e fond anthropologique était, si ce n’es

négalitaire, du moins non égalitaire

C’est vrai de l’ensemble du mondanglo-américain, qui a fourni a

capitalisme mondial ses deux leader

successifs, la Grande-Bretagne aXIX

e siècle, les États-Unis au XXe. L

famille nucléaire absolue combine, dan

ces deux pays, le libéralisme de lrelation entre parents et enfants

’absence d’un quelconque princip

d’égalité dans les rapports entre frèreet sœurs. Du point de vu

anthropologique, le Danemark et l

Hollande (mais non tous les Pays-Bas



sont assez proches du monde anglo

américain, tout comme l’Ouest intérieu

français, sous son vernis catholique.La deuxième vague de décollage

économiques eut lieu dans des pays d

famille souche – en Allemagne, eSuède, au Japon, en Corée –, où

’inégalité et l’autorité étaien

franchement encouragées par la structurfamiliale. Un héritier, l’aîné des garçon

e plus souvent, succédait sur la ferme

La variante suédoise présentait unntéressante déviation féministe d’u

modèle encore jeune et imparfait a

XIX

e

siècle à l’extrême nord de l’Europe



Les puissances économique

dominantes du monde occidental son

donc bien, du point de vue d’anthropologie, un monde sans substra

égalitaire 5. On voit immédiatemen

comment l’acceptation d’un principeriori de différence entre les frères

entre les hommes, entre les classes, a p

faciliter la différenciation fonctionnelldu monde industriel naissant, pui

renaissant selon le principe d

destruction créatrice schumpétérienne.Ce monde « occidental » n’es

outefois pas idéologiquemen

homogène. L’autoritarisme de la famill



souche contraste avec le libéralisme d

a famille nucléaire absolue

L’inégalitarisme franc de l’Allemagnou du Japon n’est pas la tolérance pou

’inégalité du monde anglo-américain

Sans cette opposition, on ne pourracomprendre le choix des uns et de

autres durant la Seconde Guerr

mondiale. La notion d’inégalité absolud’hommes prisonniers de leur race

conçue par le nazisme, est inconcevabl

pour les libéraux anglo-américains, quse contentent de ne pas considérer le

hommes vraiment égaux entre eux.



L’Europe de l’inégalité

L’Europe de l’égalité, et non la seul

France centrale, est en difficulté. Eretard au début du XX

e siècle, l’Italie

’Espagne et le Portugal sont, au XXIe

rançonnés par l’Europe du Nord. Le

exceptions sont de petite taille : l

Finlande, égalitaire dans sa partie no

suédoise, et où avait existé jusqu’à trè

récemment un parti communist

mportant, va plutôt bien. Sa religio

uthérienne, imposée dès le XVIe siècl

par les Suédois, lui a permis d

empérer son égalitarisme familial pa



’inégalité de la prédestination. L

Grèce est une autre exception : sa parti

continentale, particulièrement dans smasse, au nord du golfe de Corinthe, es

égalitaire, mais le fond anthropologiqu

des îles, très original, repose sur usystème familial centré sur un dro

d’aînesse féminin. Quoi qu’il en soit, l

Grèce, asservie par l’Europe du Nordne saurait être considérée comm

viscéralement égalitaire.

Reste que, pour l’essentiel, la mise eordre hiérarchique de l’Europe, sou

direction allemande, s’opère selon un

ogique anthropologique claire. Le Nor



négalitaire, protestant ou non, repren

son avance historique sur le Su

égalitaire.La mise en ordre hiérarchique d

continent répond à la dislocation d

’Hexagone français. En Europe, le cœugermanique et inégalitaire

économiquement dominant, prend l

contrôle de la périphérie égalitaire. EFrance, le cœur égalitaire, en perte d

vitesse économique, perd le contrôle d

sa périphérie inégalitaire. On peut mêmdire que le centre passe sous le contrôl

de la périphérie, les régions d

catholicisme zombie s’appuyant sur l



mécanisme européen pour tenir tou

’Hexagone. Faisons simple, partons d

pouvoir désormais central en Europe’Allemagne : les provinces catholique

zombies jouent pour le système alleman

e rôle de relais dans l’espace français.Un examen global de l’espac

européen met en évidence u

catholicisme zombie d’échellcontinentale qui se combine à l’actio

des valeurs familiales. Dynamisme

flamand, vénétien, irlandais, autrichienpolonais renvoient à des chutes d

pratique religieuse dans des régions qu

comptèrent parmi les plus sûrs bastion



de l’Église. En Allemagne même, l

Bavière et le Bade-Wurtemberg

majoritairement catholiques, l’emportenpar les taux de croissance sur le Nor

protestant. La reconversion de la Ruhr

outefois freiné l’ascension de lRhénanie catholique. La Slovénie et l

Croatie, si elles réussissent leur

adaptations économiques, pourraienrejoindre le groupe catholique zombie

La variété des structures familiale

sous-jacentes dans ces régionn’empêche pas le partage d’un tra

commun : l’absence du princip

d’égalité.



Il existe donc, dans l’espace europée

comme dans l’Hexagone, un

constellation de régions catholiquezombies, non égalitaires, dont une larg

majorité relève de la zone euro. Dans l

mesure où ce type anthropo-religieux ese seul à être vraiment commun

plusieurs nations, on peut avance

’hypothèse qu’il constitue l’armaturréelle de la monnaie unique. Rie

d’extraordinaire dans cette proposition

qui se contente d’ajouter ldéchristianisation récente au lie

commun d’une construction européenn

fille de la démocratie-chrétienne. Vidé



de sa croyance en Dieu, la cultur

catholique a inventé l’euro. Libérée de

obligations de compassion et de charitésa conception hiérarchique de la vi

sociale s’affirme et se durcit. Jour aprè

our, cet idéal inégalitaire organise upeu plus la vie interne des sociétés et le

relations des peuples européens entr

eux.

La France,

les Allemandset les Arabes



Dans le cas de la France, rien ne me

mieux en évidence l’inversion d

’idéologie dominante que l’évolution drapport aux deux peuples qui, dan

’histoire du XXe siècle, lui ont posé de

problèmes : les Allemands et leArabes. Sous de Gaulle prédominait u

déal d’égalité entre les nations et le

peuples. La règle s’appliquaindépendamment d’un sentimen

d’infériorité vis-à-vis de l’Allemagn

militairement ou économiquemenvictorieuse) et d’un sentiment d

supériorité vis-à-vis du monde arab

nos colonies). Les politiques allemand



et arabe du Général étaient, en esprit

pareillement universalistes. L’a prior

déologique a évolué, insensiblementusqu’à ce que l’on atteigne l’actuell

mise en hiérarchie. L’Allemagne es

redéfinie comme supérieure et doit êtrmitée ou obéie. Le monde arabe es

perçu comme inférieur et doit êtr

modernisé ou relégué. Ce doublmouvement n’en est qu’un, élément de l

réorganisation inégalitaire du systèm

mental de l’élite au pouvoir. Il s’inscrdans une continuité plutôt « vichyste

que « républicaine ».



Cette tendance en combat une autre

plus égalitaire, qui consiste à déteste

ous les peuples également, et que l’opourrait nommer « xénophobi

universaliste », en vertu de quoi on peu

être germanophobe, islamophobe erussophobe en même temps. Je tentera

d’expliquer plus loin le sens et l

détermination anthropologique de cedeux xénophobies concurrentes, l’un

égalitaire et l’autre hiérarchisante.

Au stade actuel, en France, cexénophobies se superposent ou s’éviten

en une sarabande infernale. L’élite es

russophobe de manière presqu



homogène. Le PS, officiellement, aim

out le monde, sauf les Russes. L’UMP

est européenne et islamophobe, maimoins stricte dans sa russophobie. L

Front national est europhobe

slamophobe mais russophile.L’évolution propre de l’Allemagne e

des pays du Nord amorce une mise e

ordre. L’islamophobie, de plus en plussemble l’horizon de l’Europe et le

partis politiques français vont devoi

choisir. Soumission de MicheHouellebecq fut un succès de librairie

non seulement en France mais aussi e

talie et en Allemagne. N’imaginon



surtout pas Paris en capitale des idée

nouvelles. Notre balance commercial

est, à la ligne islamophobie comme ant d’autres, nettement déficitaire.

L’Allemagneet la circoncision

Tous les éléments classiques d’islamophobie sont présents e

Allemagne, à un niveau élevé, don

certains best-sellers made in Germanycomme L’Allemagne disparaît , publié

’automne 2010 et vendu à plus de deu

millions d’exemplaires. Son auteur



Thilo Sarrazin, est un homme politiqu

social-démocrate, né au cœur d

’Allemagne protestante, à Gera, eThuringe. Son livre fit scandale, e

Sarrazin a dû à la suite de sa publicatio

démissionner de son poste au directoirde la Bundesbank. Le titre original d

ivre, Deutschland schafft sich ab

signifie littéralement : « L’Allemagne ssupprime elle-même », et nous devon

admettre que notre Éric Zemmour n’est

avec son Suicide français de 2014, que modeste épigone d’une évolutio

déologique dont le centre de gravité s

rouve plus à l’est et au nord. De même



Charlie Hebdo, lorsque ce journa

satirique a commencé à se moque

systématiquement de Mahomet, n’étaqu’un épigone du quotidien danoi

yllands Posten, qui avait, dès 2005

« lancé le débat » en consacranplusieurs caricatures à l’islam. La plu

remarquée fut celle du Danois Kur

Westergaard représentant Mahomecoiffé d’un turban en forme de bombe

mmédiatement solidaire des idéologue

du Nord, Charlie Hebdo ne fut equelque sorte qu’un imitateur. À

nouveau, c’est l’Europe protestante qu

mène la danse, bien que la proportion d



musulmans dans sa population y so

beaucoup moins élevée qu’en France o

dans la partie catholique d’Allemagne.

Remontons encore un peu dans l

emps. L’assassinat le 6 mai 2002 dPim Fortuyn, le leader d’un part

slamophobe néerlandais, a précédé d

près de treize ans la tuerie de Charliebdo. Elle avait provoqué aux Pays

Bas une perturbation nationale d’un

ampleur au moins comparable à celle d7 janvier 2015 en France. Fortuyn vena

du parti socialiste et de la Hollande d

ord, protestante.



En 2014 a été fondé en Allemagn

Pegida, « Patriotische Europäer gege

die islamisierung des Abendlandes »soit, dans le langage de Ronsard, « Le

Européens patriotes contr

’islamisation de l’Occident »raduction qui perd toutefois la nuanc

crépusculaire du terme Abendlande

pays du soir, ou du soleil couchant)Une crise de croissance interne d

mouvement semble avoir cassé l

dynamique de ses soirées du lundi Dresde, à nouveau dans la parti

protestante du pays, donc.



Dans le registre de l’islamophobie d

pointe, il y a toutefois beaucoup plu

ntéressant en Allemagne que lerassemblements nocturnes et lugubres d

parti Pegida : l’inconscient des élite

udiciaires et des gens ordinaires, qumontre à quel point il est facile pou

’islamophobie de converger ave

’antisémitisme.Fin 2010, la circoncision d’un pet

Tunisien de 4 ans produisit u

saignement, soigné à l’hôpital. Uprocureur porta alors plainte contre l

médecin, un Syrien, pour « atteint

corporelle avec circonstance



aggravantes ». Un premier tribuna

refusa de le suivre. Le procureur, u

homme constant, fit donc appel auprèdu tribunal de grande instance, qu

relaxa le médecin mais décida, le 7 ma

2012, que la circoncision était un délpénal, parce qu’elle modifie le corps d

façon « durable et irréparable ». L

circoncision, tradition juive, musulmanet assez largement américaine (la moiti

environ des Américains de sex

masculin sont circoncis), a donc étdéfinie par un tribunal allemand comm

une mutilation irréversible parce qu

« le droit d’un enfant à son intégrit



physique prime sur le droit de

parents »… Ce jugement a entraîné e

Allemagne un débat désopilant dsérieux, au terme duquel les sondage

ont révélé que 55 % des Allemand

approuvaient le jugement. Leprotestations venues d’Israël on

finalement ramené Angela Merkel et le

partis politiques allemands à la réalitdu monde, et une loi autorisant le

minorités religieuses à pratiquer l

circoncision fut votée au Bundestag l12 décembre 2012, par 434 voix contr

100 et 46 abstentions. Mais la sag



allemande de la circoncision ne s’es

pas arrêtée là.

Fin septembre 2013, la députésociale-démocrate allemande Marlen

Rupprecht proposa à l’Assemblé

parlementaire du Conseil de l’Europune résolution invitant les États membre

à prendre des mesures contre le

« violations de l’intégrité physique deenfants ». Elle fut adoptée par 78 voi

pour, 13 contre et 15 abstentions. Le

parlementaires européens appelèrenainsi les États à « condamne

publiquement les pratiques les plu

préjudiciables, comme les mutilation



génitales féminines et adopter l

égislation les interdisant », et

« définir clairement les conditionmédicales, sanitaires et autres

respecter s’agissant des pratiques qu

sont aujourd’hui largement répanduedans certaines communautés religieuses

elles que la circoncision, no

médicalement justifiée, des jeunegarçons ». Rupprecht a longtemps ét

députée près de Nuremberg, dans l

partie protestante minoritaire de lBavière.

À nouveau, l’État d’Israël dut réagir

ce texte, que le simple bon sens aura



dû faire considérer comme antisémite e

slamophobe, sans que l’on puisse dir

aquelle des deux confessions était lplus visée. Rupprecht se regarde elle

même comme une combattante du dro

des enfants. Mais c’est bien la passiode l’Allemagne pour la circoncision qu

est fascinante. L’anthropologie d

errain ne la définit jamais, en effetcomme un problème, et surtout pas pou

’enfant. Les enquêtes nous décrivent de

circoncis et des incirconcis égalemenravis de leur état. Il est donc tou

simplement stupéfiant que l’Allemagn

s’autorise, moins de soixante-dix an



après avoir exterminé un millio

d’enfants juifs, à se poser en juge d

’intégrité physique d’autres enfants juifsur son territoire, avec une totale bonn

conscience. Outre-Rhin, bien sûr, on

e sentiment de se conformer à unogique moderne du bien-être d

’enfant. L’absence de recul sur soi

même, condition d’un sens de l’humouminimal, suffirait à caractériser ici le

Allemands – collectivement et no

ndividuellement, naturellement comme un peuple à part, pas antisémit

ou islamophobe par nature, bien sûr

mais au minimum schizoïde. Or, l



même structure mentale schizoïde est

’œuvre dans la politique d’austérité qu

est imposée par l’Allemagne à l’Europdu Sud, avec le soutien de la Franc

néo-républicaine.

Le silence des partis politiqueeuropéens, pourtant censés baigner dan

e culte de la Shoah, est révélateur –

mais on ne sait pas trop de quoi. Deunterprétations sont possibles. L

première insisterait sur la veulerie de

élites continentales. Ce sera’hypothèse rassurante. La second

évoquerait un acquiescement tacite, un

approbation de la nouvell



problématique allemande de l

circoncision, hypothèse beaucoup plu

nquiétante vers laquelle nous orientcependant le vote positif de la résolutio

européenne. Sans pouvoir à ce stad

rancher, nous devons admettre qu’uattachement sincère des dirigeants d

continent à la lutte contr

’antisémitisme n’est plus certain.Les historiens du futur auront pou

âche de tracer la généalogie de

xénophobies, nouvelles ou renouveléesqui envahissent peu à peu le rêv

européen en ce début de troisièm

millénaire. Il apparaît toutefois déjà qu



’Europe de tradition luthérienne, tou

aussi peu pratiquante de sa religion qu

a partie catholique du continent, joue urôle particulier de catalyseur d

’islamophobie. J’avais noté plus hau

’existence d’une armature catholiquzombie dans la zone euro, avec se

bastions bavarois, badois

wurtembergeois, rhénan, autrichien, sudnéerlandais, flamand, irlandais, italie

du Nord, espagnol du Nord-Ouest

français périphériques. L’existence d’ufond anthropologique non égalitair

commun à ces régions constitue la bas

principale de l’émergence inégalitair



dans la zone euro. Nous devons don

maintenant ajouter à notre modèle un

deuxième constellation, protestantzombie, plus au nord, aussi inégalitair

mais plus active dans l’adoption d’idée

slamophobes. Dans le cas d’Allemagne luthérienne, nous devrion

ajouter : comme elle l’avait été lors d

a montée de l’antisémitisme. Dans lsurvivance après la mort d

protestantisme zombie, on pressent u

surcroît d’inégalitarisme venu du dogmde la prédestination. Les deu

constellations, catholique zombie e

protestante zombie, s’entremêlent et s



complètent aux Pays-Bas et e

Allemagne.

Le grand happeningeuropéiste du 11 janvier2015

Les chefs d’État qui défilèrent en têt

de la manifestation mettaient en scèn’Europe de l’inégalité. Je laisse de côt

e cas de Benjamin Netanyahu, chef d

’exécutif israélien, dont la présencétait justifiée par d’autre

préoccupations, et notamment les risque

qui planent désormais sur les juif



pratiquants en France, ou celui de Serg

Lavrov, chef de la diplomatie russe, su

equel je reviendrai.Le gotha de l’inégalité postmodern

était présent : Angela Merkel (l

domination, l’austérité), FrançoiHollande (l’obéissance), Davi

Cameron (le néolibéralisme), Ann

Hidalgo (les cadres et les professionntellectuelles supérieures parisiennes)

Jean-Claude Juncker (le systèm

bancaire luxembourgeois), NicolaSarkozy (la première vagu

d’islamophobie en France), Donal

Tusk (la russophobie), etc.



Nous devons remercier Françoi

Hollande de sa sincérité. Usé durant de

mois par des sondages d’opiniomassivement défavorables, déstabilis

e 7 janvier par le retour soudain d

ragique dans l’histoire de France, il aissé parler son inconscient et nous

offert un authentique coming ou

négalitaire. J’imagine sa libératiomentale, après les souffrances qu’ava

dû lui faire endurer la récitation de so

discours égalitaire du Bourget. « Movéritable adversaire, il n’a pas de nom

pas de visage, pas de parti. Il n

présentera jamais sa candidature. Il n



sera pas élu. Et pourtant il gouverne

Mon adversaire, c’est le monde de l

finance. » Mais où donc avait-il étchercher l’idée que le monde de l

finance n’avait pas de visage et qu’il n

serait pas élu ? Reste que, bousculé pa’horreur terroriste, Hollande nous

enfin dit la vérité sur lui-même et su

notre République. Il nous a donné, pases invitations, sa définition personnell

de Charlie.

Je dois avouer que, soucieux dperfection, je me suis inquiété un instan

de l’absence de Jérôme Cahuza

l’évasion fiscale). J’exagère ? Le



couvertures de la presse de l’époque

uniformément marquées du sceau de « J

suis Charlie », suggéraient cettpossibilité : Gala était Charlie, Close

était Charlie, je ne sais plus quel journa

porno était Charlie, Mickey étaCharlie. Alors pourquoi pas Cahuzac

côté de Juncker, la fraude fiscale à côt

de son paradis ? Lui aussi incarne l’undes vraies « valeurs » de notr

République.

Une foule de 1,5 à 2 millions dpersonnes aura donc accepté de défile

derrière cette incroyable collection d

eeks monétaires, budgétaires e



militaires. La domination est acceptée

’inégalité a une base de masse. L

République française, comme lRépublique européenne qui l’enveloppe

est un système hiérarchique. Cett

mmense manifestation néo-républicainnous oblige à admettre que la montée d

’inégalité en France ne résulte pas de l

conspiration d’une minuscule élite, omême des 1 % de personnes qui touchen

es plus hauts revenus. Leu

manifestation à elles n’aurait padéfinition pas réuni – même avec u

aux de mobilisation de 100 % (plus d

75 ans et moins de 5 ans déduits) – plu



de 500 000 personnes dans tou

’Hexagone. Oui, la France est bien e

rain de muter en un systèmoligarchique, mais ce serait une erreu

d’imaginer à sa tête, à l’ancienne, u

club très fermé de 200 familles, omême de 150 000 personnes. Un

oligarchie de masse émerge, définie pa

un niveau éducatif supérieur et derevenus acceptables. Elle tient le pays

ui impose ses valeurs et ses rêves

rejette dans la proche banlieue leenfants d’immigrés, dans la banlieu

plus lointaine et au fond de



départements les milieux populaire

français.

L’exception russe

Le groupe des politiques, comme lfoule des manifestants, contenait se

accidents, des gens qui étaient là pou

d’autres raisons, en vertu d’autreogiques, coupés du flux central d

’événement. Serge Lavrov, représentan

de la Russie, invisible pour les camérade télévision, était du nombre. S

relégation dans les profondeurs releva

d’une mise en scène finement étudiée



out comme l’agressivité occidentale qu

doit désormais subir, jour après jour, l

Russie. Autant que l’islamophobie, lrussophobie a un sens.

Par nature, l’anthropologie résiste a

bla-bla idéologique. Elle décèle lréalité des valeurs nationales o

régionales sous les envolées bien

pensantes des politiques. Elle est accèà l’inconscient des peuples et de leur

dirigeants. Je viens d’évoquer l

prédominance de longue durée devaleurs familiales inégalitaires dans l

monde germanique, non égalitaires e

Angleterre, et la récente prise d



pouvoir en France par l’inégalit

périphérique. Les valeurs familiale

russes sont, quant à elles, fortemenégalitaires. La famille russe était de typ

communautaire exogame. Elle associa

un père et ses fils mariés dans de vastecommunautés de vie et de travail. Ell

avait la particularité de préserver u

statut relativement élevé des femmegrâce au caractère récent de so

organisation patrilinéaire, qui n

remonte pas au-delà du XVII

e

siècle. Lradition russe combinait u

autoritarisme fort dans les rapports entr

parents et enfants à une égalité strict



dans les relations entre les frères. Ell

fut oppression dans la paysannerie e

ntimité dans la noblesse. Elle nous donné non seulement le communisme e

Dostoïevski, mais aussi Tolstoï e

Tourgueniev. La Russie est bien lquatrième case du jeu des famille

européennes. La France central

combine la liberté à l’égalité’Angleterre la liberté à l’absenc

d’égalité, l’Allemagne l’autorité

’inégalité. La Russie joint l’égalité ’autorité.

En explosant dans la seconde moiti

du XIX

e

siècle, la famille russe a diffus



dans l’ensemble de la vie sociale se

valeurs d’autorité et d’égalité qu

atteignant la sphère idéologique, onproduit le bolchevisme, le parti unique

’économie planifiée et le KGB. Avec l

emps, et à la suite du développemendes études supérieures, la forme violent

du communautarisme russe s’est effacée

L’effondrement du système soviétiqueaprès un moment de trouble et de doute

a favorisé l’émergence d’une économi

de marché guidée par l’État. Lpermanence souterraine des valeur

familiales a maintenu en Russie, après l

chute du communisme, une sensibilit



autoritaire et égalitaire. Et cett

persistance est en train de faire de l

Russie, à l’insu de son plein gré, equelque sorte, un môle de résistance

’expansion du néolibéralism

occidental.L’autoritarisme éloigne la Russie d

a France, certainement, comme bientô

’autoritarisme de l’Allemagne ldissociera de sa partenaire française

Mais la France de Charles de Gaull

aurait immédiatement perçu dans lRussie de Vladimir Poutine une sœur e

égalité, capable comme elle de souteni

a vision d’un monde de nations égales



La Russie demeure faiblement libéral

en interne, mais sa perception égalitair

des frères, des hommes et des peuples ldésigne au rôle de défenseur mondial d

concept gaulliste de « nations libres e

égales ».La néo-République française d

François Hollande, où la valeu

d’égalité vient de perdre le pouvoir, nsaurait aimer la Russie de Poutine. E

raison de la détestation que portent

Moscou les élites occidentales, lrelégation de Lavrov dans le

profondeurs de la marche néo

républicaine était logique.



Le mystère de Paris

La présence en tête de manifestatio

d’Anne Hidalgo, maire de Paris, noupermet de clore ce chapitre sur un

nterrogation fondamentale. La capital

oue, en effet, un rôle majeur dans ldérive inégalitaire du système nationa

sans que l’on puisse faire de so

système anthropologique latent la causpremière du phénomène.

Paris se situe au cœur des régions d

famille nucléaire égalitaire. Jusqu’aXVIII

e siècle, l’essentiel de sa populatio

venait de cet espace central, portant a



cœur de la nation les valeurs d’u

système familial libéral et universaliste

Au XIX

e

puis au XX

e

siècle, l’immigratiovenue de la périphérie de l’Hexagon

prit de l’importance, comme celle venu

d’Europe puis du monde entierL’existence, jusqu’à très récemment

d’une ceinture rouge tenue par le Part

communiste témoigne de ce qu’égalitarisme de la région parisienn

n’avait pas été entamé par les migration

du XIXe

siècle et de la première moitidu XX

e.



Les grandes métropoles de provinc

continuent de fonctionner, pou

’essentiel, comme le Paris dXVIII

e siècle, tirant le gros de leu

population de leur fond régional,

compris le long de l’axe Rhin/Rhône où’immigration d’origine lointaine es

mportante. C’est ainsi, on l’a vu, qu

Rennes ou Lyon persistent dans leur êtrcatholique zombie, ou que Marseill

n’en finit pas d’être Marseille, dans s

magique indiscipline.Paris, lui, devient ce que l’on pourra

appeler une ville-monde, où s

retrouvent tous les peuples de la terre



Ce que l’on sait des mécanisme

d’assimilation dans les villes des États

Unis, pays qui a précédé la France dan’universalisation du processu

migratoire, suggère qu’on aurait tor

d’imaginer une dissolution du systèmanthropologique originel du pay

d’accueil. À New York, Boston

Chicago, San Francisco ou Los Angelesa famille peut toujours être décrit

comme nucléaire absolue. Les valeur

ibérales mais non égalitaires de lmatrice anglaise initiale sont sortie

ntactes de trois siècles d’immigration

écossaise, irlandaise, allemande



suédoise, polonaise, juive, italienne

aponaise, coréenne, chinoise. À l

deuxième ou à la troisième génératione descendant d’immigré, quel que so

son système familial originel, adopt

celui de la société d’accueil.

La mémoire des lieux

La leçon historique de l’immigratio

américaine est très importante pou

’anthropologie. Elle relativise la forcsupposée des valeurs portées par l

amille, elle éloigne d’un modèl

« psychanalytique » imaginan



exclusivement la transmission d

valeurs fortes, comme enfoncées à coup

de marteau dans l’inconscient deenfants. De tels mécanismes existen

assurément, mais on doit aussi admettr

a transmission de valeurs faiblesreproduites par un environnement plu

arge que la famille comme l’école, l

rue, le quartier ou l’entreprise, selon uprocessus mimétique diffus et léger. L

erritoire, autant que la famille, transme

ses valeurs. Sans cette hypothèse, noune pourrions comprendre l’existence de

États-Unis, du Canada ou de l’Australie



À vrai dire, le système familial lui

même ne peut se concevoir sans so

erritoire. Pensant à sa propre famillechacun se donne spontanément l

représentation verticale d’un arbr

généalogique descendant dans le tempusqu’à soi-même. Mais les parents

grands-parents et arrière-grands-parents

pour se rencontrer et se marier, ont dvivre dans les mêmes lieux. Un systèm

amilial, c’est en réalité des famille

échangeant des conjoints sur uerritoire. Même dans les systèmes dit

« endogames » du monde arabe ou d

’Inde du Sud, la majorité des conjoint



ne sont pas des cousins du premie

degré, et le territoire, autant que l

famille, assure l’échange matrimonial ea perpétuation des valeurs. Dan

certains cas, c’est vrai, la religion peu

faire office de lieu symbolique epermettre des échanges de conjoints

distance, entre familles aisées le plu

souvent. Mais même au sein du peupluif, le gros des mariages autrefoi

ntervenait dans des quartiers ou de

ghettos.Si les systèmes anthropologiques s

perpétuent aujourd’hui sans effort, e

dépit des conditions de mobilité extrêm



des populations, c’est parce que de

processus mimétiques diffus assurent l

victoire indéfiniment répétée de lculture du pays ou de la régio

d’accueil. L’immigré s’adapte, se

enfants changent de valeurs familialesLes valeurs dominantes du territoire n

sont ni modifiées ni même menacées. L

aradoxe fondamental est ici que csont des valeurs faibles qui produisen

des systèmes forts. C’est parce qu

’immigré peut abandonner ses valeurd’origine que les valeurs du territoire

également faibles mais portées par de

masses d’individus, l’emportent à tou



coup. Constatant avec Hervé Le Bras l

permanence des cultures régionales dan

’espace français, en dépit d’accélération de la mobilit

géographique, nous avons fini pa

recourir au concept de mémoire deieux. Loin d’être contradictoire ave

celui de système familial, il le complèt

parce que, je le répète, un systèmfamilial, ce sont des familles qu

échangent des conjoints sur un territoire

Le concept de mémoire des lieux esibérateur. Il permet d’accepter l

permanence des cultures régionales e

des cultures nationales sans enferme



’homme dans une essence immuable. D

même que la Picardie, la Bretagne et l

Provence peuvent se perpétuer sanqu’il existe des types d’hommes picards

bretons et provençaux violemmen

séparés par des valeurs fortemprimées dans l’enfance, l’Angleterre

a Suède et l’Allemagne peuvent êtr

autant de pays vraiment solides sans qu’on ait à faire l’hypothèse d’un Anglais

d’un Suédois ou d’un Alleman

caricatural, coupé du monde par soéducation.

Un raisonnement par l’absurde nou

permet de comprendre qu’à l’inverse



des valeurs familiales fortemen

mprimées dans les esprits aboutiraient

avec des niveaux élevés de migration, une désintégration des territoires et

’impossibilité que se perpétue tou

système familial. Si les valeurfamiliales étaient, en conformité avec u

modèle « psychanalytique », logées e

profondeur dans le cerveau des enfantses migrations porteraient au cœur de

sociétés d’accueil des famille

mperméables à l’assimilation. Lmultiplication des immigrés aboutirait

a création d’îlots divergeant sans cess

davantage de la culture originelle d



ieu. Ces îlots peuvent donner l’illusio

d’exister un instant, mais Little Italy o

Chinatown ne furent que des pisted’atterrissage, des sas d’adaptation pou

a première génération arrivée, secoué

par le transfert d’une culture dans unautre. Les immigrés, toujours et partout

ont pour destin, si la société d’accuei

ne le leur interdit pas, de devenir decitoyens du lieu. Au-delà du discour

multiculturaliste sur le respect de l

différence, la vérité est que tout hommeà où il se trouve, et même s’il veu

rester fidèle autant qu’il le peut à ce qu

ui vient de sa famille, aspire par-dessu



out à devenir un homme parmi le

hommes. Le mécanisme es

particulièrement puissant chez leenfants et les adolescents. La lutt

éducative de certaines familles contr

’école ou le quartier est le plus souvenun combat perdu d’avance. Les culture

doivent être séparées en territoires pou

durer. À cet égard, la situation actuellde la France n’apparaît pa

fondamentalement différente de celle de

autres pays, mais on doit tenir comptdans son cas des difficultés entraînée

par une gestion économique absurde, o

perverse, ségrégative en tout cas dan



ses effets. Nous devons être bie

conscients de ce que l’échec d

’assimilation, s’il a lieu, est toujours lfait de la société d’accueil, jamais d

groupe immigré : si le refus d

s’assimiler est invraisemblable, le rejepar la population d’accueil est toujour

possible.

Tout indique qu’à Paris lemécanismes mimétiques d’assimilatio

sont à l’œuvre, mais de manièr

fragmentée et sans que l’on puissexclure l’hypothèse de mutations de

valeurs dans les couches sociale



supérieures qui y constituent plus d

quart de la population.

La liberté n’a guère de raison d’êtrentamée à Paris par le context

historique et sociologique. Elle es

hystérisée plutôt. L’hyperindividualismcontemporain, la « culture d

narcissisme », pour reprendr

’expression de Christopher Lasch

6

nduit l’atomisation de la société

’incertitude sur les fins dernières d

’existence. L’individu est-il vraimenplus libre dans cette ambiance qu

évoque l’anomie et l’absence de repère

collectifs plutôt que l’épanouissement



C’est difficile à dire. Ce qui est sûr

c’est que l’isolement des consciences e

es besoins émotionnels qui en découlenont largement contribué à la fusion d

masse du 11 janvier 2015. Trop

d’individu, parfois, tue l’individu. Mainous sommes ici dans le registre d’un

éventuelle pathologie de la liberté, no

dans celui d’une mutation autoritaire dsystème de valeurs.

C’est la désactivation de la valeu

d’égalité en région parisienne, dan’idéologie comme dans le

comportements politiques, que nou

devons comprendre. La nouvell



stratification éducative, cause d

’émergence d’un subconscient socia

négalitaire, fonctionne à plein régime ele-de-France. Paris est par excellenc

a ville des cadres, où ceux-c

constituent 28 % de la population activecontre 24 % à Toulouse et 18 à 20 %

dans la plupart des grandes métropole

provinciales. La verticalisatioéducative maximale de l’Île-de-France

abolit l’effet anthropologique égalitaire

Elle permet à chacune des strates –primaire, secondaire ou supérieure – d

vivre repliée sur elle-même, de deveni

en quelque sorte un territoire



susceptible lui-même de se fragmenter

Le cadre supérieur aisé, le « bobo »

’homme des banlieues ou des quartierdevient un type en so

géographiquement séparé des autres

même si chacun reproduit peut-êtrencore, dans son environnement, de

valeurs libérales et égalitaires. Rest

qu’aujourd’hui, l’existence de niveauéducatifs différenciés produit un

éclipse du tempérament égalitair

parisien. Peut-on affirmer qu’inconscient égalitaire du systèm

anthropologique est atteint dans la mass

des couches supérieures ? La vérité es



que nous n’en savons rien. L

combinaison de valeurs familiale

anciennes et d’une stratificatioéducative nouvelle, la séparation e

erritoires, socio-professionnels plu

encore qu’ethniques, l’irrigatioabondante des catégories éduquée

parisiennes par des masses de nouveau

diplômés d’origine catholique zombiee flux croissant de nouveaux diplômé

d’origine immigrée, créent une situatio

confuse. Notre compréhension demécanismes de reproduction de

valeurs, fût-elle enrichie par l’hypothès

de valeurs faibles permettant de



systèmes forts, ne nous autorise pas

dire si la valeur d’égalité s’effondr

actuellement dans les classes moyenneparisiennes. Le niveau très élevé d

participation à la manifestation d

11 janvier suggérerait que oui, mai’existence de deux xénophobie

concurrentes en France, « xénophobi

différentialiste » ancrée dans le principd’inégalité, et « xénophobi

universaliste » ancrée dans celu

d’égalité – je les compare au chapitrsuivant – ne nous permet pas de dire c

qui a vraiment motivé la manifestatio

parisienne.



En revanche, l’évolution politique de

rente dernières années nous perme

d’affirmer que la valeur égalitaire esntacte dans les milieux populaires de l

France centrale, où elle produ

malheureusement depuis les années 198une impressionnante vague d

« xénophobie universaliste ». Cett

vague, cependant, n’est que lcontrecoup du mouvement dominant d

a société française vers l’inégalité.

Les quatre tempsde la crise



Les éléments principaux du dram

ayant été analysés, nous pouvon

maintenant résumer par un schéma assesimple le basculement de l’idéologie e

France, du principe d’égalité vers so

contraire :1) Au départ existent, dans des classe

supérieures étroites et dans les bastion

du catholicisme, des points d’ancragstables de la valeur d’inégalité.

2) La déchristianisation ultime produ

une montée en puissance du tiercatholique zombie de la périphérie et d

son substrat inégalitaire.



3) Les classes supérieures

catholiques zombies ou non, gonflée

par le développement de l’éducationétendent par capillarité vers le bas l

domination, si ce n’est de la valeu

d’inégalité, du moins d’un ensemble madéfini de sentiments inégalitaires.

4) Le mécanisme européen, dont l

centre de gravité glisse vers le Nord evers le principe d’inégalité, devient u

point d’appui capital pour les forces d

’inégalité en France. Inversement, liers inégalitaire des province

françaises et une partie mal définie d

ses classes moyennes deviennent le



relais d’un principe d’inégalité qui s

déploie à l’échelle européenne sou

eadership allemand.On est évidemment tenté à ce stad

d’évoquer Vichy (autodissolution de l

République dans une Europcontinentale sous hégémonie allemande)

mais cela reviendrait à se livrer à un

grossière simplification. À la veille d1940, aucune montée en puissance de l

périphérie catholique n’était observable

aucun développement de l’éducatiosupérieure n’était mesurable. Le Fron

populaire avait, au contraire, démontr

a vitalité du principe égalitaire dans l



1.

pays et la faiblesse des couche

supérieures de la société. Percevoir l

continuité des territoires et des groupehumains ne doit pas mener à l

conception « fausse » d’une histoir

mmobile.

Sylvain Broccolichi, Choukri Be

Ayed, Catherine Mathey-Pierre eDanièle Trancart, « Fragmentationterritoriales et inégalités scolaires des relations complexes entre ldistribution spatiale, les conditions dscolarisation et la réussite deélèves » , Éducation & Formations

no 74, avril 2007.



2.

3.

4.

5.

6.

Joseph Schumpeter, Capitalisme socialisme et démocratie, PariPayot, rééd. 2006.

Karl Polanyi, La GrandTransformation, Paris, Gallimard1983, p. 108.Hervé Le Bras et Emmanuel Todd

L’Invention de la France, op. cit p. 269.

Pour une vérification statistique eéconométrique récente de cette thèse

voir David Le Bris, « FamilCharacteristics and EconomiDevelopment », Kedge BusinesSchool, 2015.

La Culture du narcissisme, PariFlammarion, 2006 (Georges Liéberet moi-même avions fait paraître un première édition française cheRobert Laffont en 1981).



CHAPITRE IV

Les Français

d’extrême droite

L’un des outils les plus puissants de lrecherche scientifique est le principe d

symétrie. Il est rare qu’un système stabl

n’intègre pas des équilibres danesquels forces et formes se répondent

éléments d’une structure globale dan



aquelle une aberration de sens « A

rouvera inévitablement son symétriqu

dans une aberration de sens opposé« moins A ». Il serait donc surprenan

qu’à l’absurdité d’une Républiqu

française désormais ancrée dans destructures anthropologiques inégalitaire

ne réponde pas l’absurdité symétriqu

d’une force officiellement xénophobancrée dans un fond anthropologiqu

égalitaire. Cette force est très facile

dentifier dans l’Hexagone, c’est lFront national, qui affirme l’infériorit

des immigrés et de leurs enfants, mai

rouve de plus en plus clairement so



assise géographique dans les régions qu

firent la Révolution française.

La lente marchedu Front national versle centre de l’Hexagone

Nous vivons avec le Front national

Depuis 1988, les journalistes politiquecommentent à l’envi la submersio

progressive du système politiqu

français par une extrême droite dont lprogression globale est en réalit

modérée. Jean-Marie Le Pen ava

recueilli 14,4 % des votes à l



présidentielle de 1988, Marine Le Pe

17,9 % à celle de 2012. Un rythme d

progression de 3,5 % en un quart dsiècle ne témoigne pas d’une ascensio

fulgurante. Il ne fait pourtant aucun dout

que l’emprise du FN sur une partie de lsociété française s’est accentuée. Mai

sa lente progression masque plus qu’ell

ne révèle une mutation structurelleL’évolution idéologique de son group

dirigeant n’est pas vraimen

convaincante – je doute personnellemende sa renonciation intime

’antisémitisme, venu de la périphéri

différentialiste du système français



Mais l’ancrage ouvrier de l’extrêm

droite constitue un phénomène nouvea

dans l’histoire de France. Il étaobservable dès la fin des années 1980.

Quoi qu’il en soit, la véritabl

nouveauté des dix dernières annéeréside dans le mouvement géographiqu

du vote FN : parti du tiers est d

erritoire national, à forte implantatiommigrée, il bascule progressivemen

vers la partie centrale de l’Hexagone. L

coefficient de corrélation associant votd’extrême droite et proportio

d’immigrés de nationalité algérienne

marocaine et/ou tunisienne tombe d



+ 0,79 en 1986 à + 0,10 en 2012

L’extrême droite, populaire depui

ongtemps, cherche et trouve peu à peson assise anthropologique idéale. L

ystère français soulignait la tendanc

du Front à s’installer dans l’espaccentral égalitaire. Une analys

cartographique fine permettait cependan

de déceler cette tendance dès 1993. Isuffisait alors d’identifier, par un

analyse statistique de régression, le

départements où le score du FN étasupérieur à ce que laissait attendre l

proportion d’immigrés d’origin

maghrébine dans la population.



La carte IV. 1 de ces écarts nou

montre de façon saisissante qu’en 1993

déjà, le score du Front national étaanormalement élevé en zone égalitaire

dans les régions qui furent le cœur de l

Révolution française

1

.Le graphique 3 indique, quant à lui, l

niveau du vote pour Marine Le Pen (e

2012), en fonction de l’égalitarismatent du système anthropologique

L’extrême droite obtient ses plu

mauvais résultats là où l’indice d’égalitdépartemental, défini au chapitre I, es

de seulement 0,5 ; ses meilleurs là où i

est de 2. Si nous cumulons inégalit



otale et forte (indices 0 et 0,5), nou

obtenons 17,1 % de vote FN ; si nou

cumulons égalité forte, très forte emaximale (2, 2,5 et 3), nous atteignon

20 %. Bref, au-delà de tous les aléa

politiques, sociaux et économiqueocaux, le vote FN est supérieur en terr

égalitaire à ce qu’il est en terr

négalitaire.



IV. 1 – Le Front national et l ’égalitéen 1993



3. Vote Le Pen 1er

tour 2012



Il ne fait aucun doute que les électeur

du FN sont mus par des sentiments qu

’on pourrait en première approchdécrire comme inégalitaires, par un

volonté de rejeter vers le bas de l

société, ou vers l’extérieur, dendividus et des groupes perçus comm

moins ou pas français. Ils semblen

cependant travaillés par un inconscienégalitaire. Une fois identifiée l’assis

anthropologique « républicaine » d

’électorat d’extrême droite, ocomprend mieux sa capacité à refuse

’autorité des groupes dirigeants et de

élites autoproclamées.



Une perversionde l’universalisme

Il n’est pas certain que l’on puissnterpréter l’hostilité envers le

populations d’origine maghrébine de

ouvriers et des petits commerçants, quconstituent les gros bataillons du vot

FN, en termes de racisme, autrement d

comme l’effet d’une croyance a prioren l’existence de catégories d’homme

essentialisés. Les taux de mariage mixt

atteignent en France, structurellement, univeau élevé, y compris dans le

populations d’origine non européenne



J’examinerai au chapitre suivant leu

évolution récente. À toutes les époques

notre pays se distingue sur ce point depays de l’Europe du Nord, protestante e

multiculturaliste. Ces mariages mixte

ouchent évidemment les milieupopulaires, plus au contact des groupe

mmigrés que ne le sont les classe

moyennes. Mais comment intégrer à unexplication satisfaisante l’hostilité au

populations d’origine arabe e

’acceptation du mariage mixte ? Lconcept de « perversion d

’universalisme » le permet.



Partons de la séquence mentale défini

par une structure familiale égalitaire

« Les frères sont égaux, les hommes sonégaux, les peuples sont égaux. » Que s

passe-il en cas de confrontation ave

’étranger ? Au moment du contact, iexiste toujours une discordance entre l’

riori du système égalitaire et la réalit

d’une différence visible ; plus cettdifférence concrète est importante, plu

a réaction est violente. La différenc

familiale maghrébine était au départ, dpoint de vue de l’anthropologie

maximale : la famille arabe classique es

communautaire, patrilinéaire e



endogame. Elle privilégie les hommes

enferme les femmes, préfère le mariag

entre cousins germains, avec des tauproches, jusque vers l’an 2000, de 25 %

au Maroc, 28 % en Algérie et 35 % e

Tunisie. (Aujourd’hui, ces taux baissenrapidement au Maghreb.)

L’a priori universaliste du systèm

français central permet, certesd’élaborer de belles théories, comm

celle que recèle la Déclaratio

universelle des droits de l’homme, eune non moins impressionnante pratiqu

de l’assimilation des immigrés par l

mariage. Mais il peut aussi conduire



dans les phases intermédiaires, à de

crispations d’une extrême violence

Allons jusqu’au bout des conséquenceogiques de l’a priori égalitaire : « S

es hommes sont partout les mêmes, et s

es étrangers qui arrivent sur notre sol sconduisent d’une façon vraimen

différente, c’est qu’ils ne sont pas de

hommes. »Je me souviens d’une plaisanteri

rapportée par un auditeur au terme d’un

conférence qui présentait cettexplication, vers 1995. « Oui, à Béziers

nous disons ça d’une autre manière : l

racisme, c’est comme les Arabes, ça n



devrait pas exister. » L’universalism

d’expulsion ou d’extermination n’est pa

en théorie inconcevable. En pratique’apparition d’enfants parlant français

ssus ou non de couples mixtes, bloqu

rapidement cette possibilité théoriqueReste que le vote FN, typiquemen

résulte d’une interprétation littérale d

dogme de l’homme universel. Il a très tôexprimé l’exaspération d’une populatio

qui ne pouvait concevoir qu’un

assimilation rapide et devait constateque la résorption de certaine

différences prenait du temps. De plus, a

moment décisif de l’émergence du Fron



national, dévalait aussi vers les milieu

populaires français, venu des élites, u

discours de tolérance totalemendysfonctionnel affirmant la nécessité d

respecter la différence immigrée. C’es

ainsi qu’au moment même où les milieupopulaires s’inquiétaient des lenteurs d

’assimilation, leurs dirigeant

proclamaient qu’elle n’était panécessaire. Le « droit à la différence

produit par le haut de la société fut auss

ndispensable à la genèse du FN que lconfrontation sur le terrain entre un

culture d’accueil féministe et exogame e

une culture immigrée patrilinéaire e



endogame. La combinaison d

’égalitarisme populaire et d

multiculturalisme des élites avait réunau début des années 1980, les condition

d’une cristallisation pathologique. L

produit chimique sorti du tube à essai fue vote FN.

Tout au long de cette analyse d

mouvement vers l’extrême droite d’électorat populaire, il n’a jamais ét

question de l’islam mais du mode de vi

arabe concret. La croissance principaldu Front national est en effet intervenu

en un temps où l’islam, forme religieus

ou idéologique abstraite, n’obséda



quasiment personne. Le concep

d’islamophobie s’applique mal au

années 1980-1990. Arabophobie seraun terme plus exact. Et c’est tout à fa

ogique. La « xénophobie universaliste

se préoccupe de différences concrètesvisibles, des mœurs et des manières. L

« xénophobie différentialiste », qu

pense l’autre a priori différent, peuelle, se passer de la réalité mais elle

besoin, pour désigner l’objet de se

attentions, d’une étiquette abstraitedéalement religieuse. Avec l

développement de préoccupation

différentialistes dans les classe



moyennes, le musulman a donc succéd

à l’Arabe dans les représentation

dominantes. Évidemment, la coexistencdes deux logiques dans un espac

déologique unique a entraîné leur fusio

partielle et conduit à une très granddifficulté à les distinguer. Rien n’interd

outefois d’imaginer une éventuell

séparation dans le futur. L’arabophobiepopulaire égalitaire dans sa motivation

et l’islamophobie, bourgeois

négalitaire, sont deux choses trèdifférentes. De plus, il ne va pas de so

que les milieux populaires, en révolt

aujourd’hui contre leurs classe



moyennes et supérieures, aien

passionnément envie de partager ave

elles une phobie. En bonne physiqusociale, rien n’interdit d’imaginer un

slamophobie des privilégiés qu

finalement, dévaloriserait l’arabophobidans l’esprit des ouvriers et de

employés.

N’imaginons pas, cependant, que leArabes aient été les seules victimes d

cette perversion de l’universalisme qu

peut conduire à déclarer non humai’étranger différent. En 1914, le

Allemands étaient considérés à Pari

comme une espèce animale. Les Anglai



furent, bien avant eux, privés de leu

qualité d’homo sapiens par le

révolutionnaires français. ÉcoutonRobespierre, le 11 pluviôse an II, a

club des Jacobins : « En qualité d

Français, de représentant du peuple, jdéclare que je hais le peuple anglais.

Cinq mois plus tard, le décret d

7 prairial an II déclare : « Il ne sera faiaucun prisonnier anglais o

hanovrien2. » Défini comme libre par s

Constitution, le peuple anglais étaresponsable de ses actes : so

opposition à la France révolutionnaire

ncompréhensible, le faisait sortir d



’humanité. Assez classiquement, l

décret de la convention ne fut pa

appliqué par les armées révolutionnairesur le terrain. La xénophobie d’essenc

universaliste est par nature fragile

nstable, sans cesse menacée par lpossibilité d’un atterrissage brutal dan

a réalité d’hommes et de femmes qui n

sont, après tout, que des hommes et defemmes. Le type idéal de cette fragilit

ntrinsèque serait assez bien illustré

dans la France actuelle, par le cas assebanal du militant FN qui se met e

ménage avec une jolie fille d’origin

maghrébine et déchire sa carte.



La France n’a pas attendu l

déchristianisation et la Révolution pou

produire un universalisme virulent. Lcatholicisme du Bassin parisien

orsqu’il était encore vivant, au XVIe o

au XVIIe

siècle par exemple, étaégalitaire et universaliste sur un mod

violent. Le protestant fut en France

avant même le Vendéen ou l’Anglais d1793, l’objet de la fièvre réductrice d

système central. Le protestantism

français, particulièrement bien implantdans les provinces périphériques d

famille souche du Midi, fut, au term

d’une longue lutte, pratiquemen



éradiqué par un catholicisme qu

rouvait alors son assise principale a

cœur du Bassin parisien et préfigurait lRévolution par son idéal de liberté e

d’égalité métaphysique. L

prédestination calviniste avait, quant elle, séduit la famille souche occitane

habituée à désigner un aîné comm

héritier, et qui ne croyait ni en la libertni en l’égalité.

Démultipliée par la Révolution, l

volonté universaliste et réductrice de lFrance centrale s’atténua finalemen

sous la IIIe République, qui, restée fidèl

aux principes de liberté et d’égalité, fin



néanmoins par tolérer la diversité d

monde – et, en premier lieu, d

’Hexagone. La communauté catholiqufut acceptée dans ses provinces.

Reste qu’être universaliste, ce n’es

pas être « sympa ». C’est fonctionneavec l’a priori d’un homme universel –

nous, moi ! – semblable à lui-même e

out lieu et en tout temps. Si la réalité dmonde confronte ce système mental à u

homme concrètement différent, l’homm

universel, réduit à son insu à l’étaethnique le plus pur, sera capable d

réagir par une négation de la natur

humaine du porteur de la contradiction.



Antisémitismerépublicain

Nous pouvons identifier un clair accède xénophobie universaliste sous l

IIe République, mais loin du Bassi

parisien. Il a en effet existé brièvemen

dans l’Algérie coloniale, ce que l’o

pourrait appeler un antisémitisme libéra

et égalitaire, républicain, que j’avai

analysé en détail dans Le Destin de

mmigrés 3. En pleine affaire Dreyfus

’Algérie envoya ainsi au Parlement, e

mai 1898, quatre députés « antijuifs »

L’antisémitisme des Européen



d’Afrique du Nord, qu’ils aient ét

d’origine française, italienne o

espagnole, n’était toutefois pas de mêmnature que l’antisémitisme catholique d

’Hexagone. En Algérie, le fon

anthropologique européen était sanaucun doute possible, libéral, égalitaire

et tout à fait laïc. L’Église ne pesait pa

bien lourd chez les colons républicainsCe qui était reproché aux juifs algérien

n’était pas, comme à ceux d

’Hexagone, de trop bien s’assimilermais au contraire d’être un peu lents e

de continuer à pratiquer le vot

communautaire. Les leaders de



quartiers juifs, qui restaient séparés e

endogames, négociaient en bloc le

suffrages qu’ils contrôlaient eperturbaient un jeu politique localemen

ndividualiste. À l’échelle nationale, le

deux antisémitismes, le catholiqudifférentialiste et le républicai

universaliste, se sont mêlés.

La diversité anthropologique de lFrance est très certainement un

richesse, probablement la principale

Mais, pas plus qu’en chimie, lesynthèses ne sont en sociologie toute

belles et bonnes. Dans l’Allemagne d

’entre-deux-guerres, les région



protestantes du Nord fournirent a

nazisme ses masses électorales, et celle

du Sud catholique ses leaders, ecommençant par Hitler. Qui oserait dir

aujourd’hui que la fusion de l’intériorit

sérieuse des protestants et d’extraversion imaginative de

catholiques fut, pour l’Allemagne, un

bénédiction ?Mais il existe d’autres déterminants d

vote Front national que l’égalitarisme

que celui-ci soit sainement tourné contres catégories sociales supérieures ou

de manière perverse, contre le

étrangers ou les Français d’origin



étrangère. La nouvelle stratificatio

éducative joue, on l’a vu, un rôle moteu

dans la dérive inégalitaire. Autrefois’ouvrier communiste, plongé dans un

société universellement alphabétisée

regardait vers le haut de la structursociale. Il avait en ligne de mire un

petite classe supérieure dont il acceptai

a culture mais contestait les privilègeéconomiques. Il marchait vers l’avenir

L’électeur du Front national voit au

dessus de lui la masse écrasante d’unclasse moyenne définie par ses études. I

ne rêve plus d’accéder à son statut. I

regarde vers le bas, redoutant surtout d



sombrer. Sa colère se tourne contr

’immigré.

L’ébranlement par l’évolutioéducative de l’idéal d’égalité

particulièrement touché le cœur d

’espace français, et notamment semilieux populaires. Mais nous devon

garder en tête l’existence d’un lien

oujours plus fort, entre le FN et le fonanthropologique égalitaire. Traduit e

angage politique commun, ceci revient

dire que l’affirmation par les dirigeantdu FN que leur parti est républicai

n’est pas une complète absurdité. L

sortie anti-anglaise de Robespierre vien



nous rappeler que l’universalism

républicain n’est pas toujours aimabl

envers l’étranger concret.Tout le monde donc s’affirm

républicain aujourd’hui, dans une Franc

qui s’éloigne toujours plus de la valeud’égalité, et nous allons être contraint

d’opérer avec une terminologie plu

précise. J’avais qualifié de « néorépublicaine » la partie du système d

représentation politique (« les partis dit

républicains ») qui accepte une logiqud’exclusion ancrée dans des valeur

mplicitement inégalitaires. Je vai

qualifier de « postrépublicain » le FN



qui, né de structures anthropologique

égalitaires, semble leur échapper pa

son idéologie ethnicisante et xénophobeMais l’analyse anthropologiqu

réserve d’autres surprises. Elle n

confirme pas la vision frontiste d’unUMPS homogène. PS et UMP

entretiennent ainsi des rapport

différents à l’égalité, et nullement ceuque l’on attendrait…

Le Pen, Sarkozyet l’égalité



La répartition spatiale du vote Le Pe

au premier tour de l’électio

présidentielle de 2012 (carte IV. 2montre que le mouvement du FN ver

’espace égalitaire central français s

poursuit. Pour l’instant, ses zones dforces maximales, dans le nord-est d

Bassin parisien, avec un épicentre e

Champagne, sans oublier la Provencerappellent celles de la Révolutio

française. Élection après élection, l

ension s’accroît, au FN, entre undéologie qui affirme un princip

d’inégalité, l’infériorité de l’immigré, e

une détermination égalitaire du vote.



Pour qui est familier de la carte de

bastions catholiques inégalitaires de l

périphérie, la distribution du votSarkozy au premier tour de l’électio

présidentielle de 2012 est plus étonnant

encore (carte IV. 3). On y découvre biedes résidus de la droite catholique e

Savoie, en Alsace, en Vendée, e

Mayenne, et même dans tout l’Ouesntérieur. Mais Sarkozy a fa

d’excellents scores aussi en Provence e

au cœur du Bassin parisien, dan’espace central révolutionnaire. Bref

ainsi que le montre le graphique 4, s

réussite est maximale à la fois dans le



zones de plus faible et de plus for

égalitarisme. La variabl

anthropologique commune à l’ensemblde son espace politique semble être l

nucléarité de la famille, commune

’Ouest intérieur, catholique jusqu’à trèrécemment, et au cœur du Bassi

parisien ou à la Provence, autrefoi

républicains. Cette assise globaldéfinirait l’électorat de la droite néo

républicaine comme fondamentalemen

ndividualiste. L’essentiel, toutefois, esci l’émergence d’une UMP vraimen

mplantée en zone égalitaire. Nou

devons ainsi constater qu’au second tou



de la présidentielle de 2012, les milieu

populaires des régions Picardie e

Champagne-Ardenne ont donné unmajorité à Sarkozy, contre Françoi

Hollande, candidat de la « gauche » 4. L

système de représentation politiqufrançais se révèle décidément bie

étrange, avec ces électorats d’extrêm

droite (postrépublicain) et de droitnéo-républicain) souterrainemen

égalitaires. Nous touchons ici

’élément comique de la situation : cqui rapproche le plus le FN de l’UMP

au-delà de l’identification de droite d

eurs dirigeants, c’est une commun



assise anthropologique égalitaire ! O

comprend mieux les difficultés de l

droite au pouvoir lorsqu’elle veu« réformer ». Son assise nucléair

ndividualiste l’y conduit, mais so

ancrage égalitaire inconscient résiste outes les tentatives pour atteindre l

nirvana de la politique néolibérale, l

mise en question de l’État-providence.



4. Vote Sarkozy 1er

tour 2012



IV. 2 – Le Pen 2012



IV. 3 – Sarkozy 2012



Le PS et l’inégalité :

le conceptde xénophobie objective

Que les partisans de l’inégalité srassurent : le PS est là pour incarner

peut-être un jour, leurs rêve

déologiques les plus fous.Restons fidèles à l’outil scientifiqu

de symétrie, appliqué ici à l’espac

déologique français. L’existence d’undroite égalitaire nous oblige à chercher

et va nous permettre de trouver, un P

négalitaire. Le graphique 5 montre



quel point l’assise anthropologique de l

gauche française s’éloigne désormais d

ses origines révolutionnaires. Commpour les graphiques 3 et 4, mais cett

fois dans le cadre du second tour de l

présidentielle, le score électoral moyede Hollande est calculé séparément pou

es départements présentant des niveau

différents d’égalitarismanthropologique.



5. Vote Hollande 2e tour 2012

Nous constatons au niveau d’égalité

un vote très faible, ultime point d

résistance à la pénétration socialiste



effet de l’ancrage spécifique de la droit

en Alsace et en Vendée. Mais dès 0,5, l

vote pour François Hollande atteint svaleur maximale pour baisser ensuit

régulièrement à mesure que le nivea

d’égalitarisme s’élève. Nous pourriond’ailleurs aussi bien souligner que c’es

e niveau du vote Sarkozy qui s’élèv

avec le niveau d’égalitarisme.La cartographie du vote Holland

confirme ces résultats (carte IV. 4). Le

régions de famille souche partiellemendéchristianisées du Sud-Ouest et le

zones de famille nucléaire imparfaite

peu égalitaires, du Nord, toujour



présentes sur la carte, comptaient déj

parmi les bastions traditionnels de l

SFIO. Mais le PS néo-républicain perdu les Bouches-du-Rhône égalitaires

et il s’est étendu au sud dans les bastion

de la droite catholique des HautesPyrénées, des Pyrénées-Atlantiques, d

’Aveyron et du Lot. Il a conqui

’essentiel de la Bretagne. Seuls lMaine-et-Loire, la Vendée et l

Mayenne lui résistent. On pourra

évidemment dire que cela s’explique pae fait que ces départements furent l

cœur de la chouannerie contre

révolutionnaire. On doit surtou



constater qu’ils comptent parmi les plu

ndustriels et ouvriers de l’Ouest !

Il est temps d’aller jusqu’au bout draisonnement et d’accepter, jusqu’à se

conséquences ultimes, l’hypothèse d’u

alignement du Parti socialiste sur lvaleur d’inégalité. Les implications d

’analyse anthropologique sont évidente

pour le champ économique, où le PS apouvoir n’en finit pas d’être du côté de

riches et des vieux, après avoir fa

campagne pour la défense des pauvres edes jeunes. Les conséquences de notr

découverte, pour une bonn

compréhension du discours et de l



pratique socialiste de l’immigration

sont plus importantes encore. E

abordant ces rivages de vérité, lchercheur doit s’en tenir, avec le plus d

constance possible, à la logique et à l

morale de Max Weber, en s’efforçant ddévoiler, avec le plus de retenu

possible également, les valeurs latente

à l’action politique.



IV. 4 – Hollande au 2e tour 2012



Officiellement, le PS est depuis le

années 1980 le défenseur des immigré

et de leurs enfants. Son « antiracisme est constant. Il a patronné le mouvemen

SOS Racisme et son « Touche pas à mo

pote », il évoque encore de temps eemps le droit de vote des étrangers au

élections locales. Cet engagement s’es

outefois inscrit dès le départ dans unogique multiculturaliste, qui insiste su

e « droit à la différence », symptôm

pour ainsi dire clinique d’ancrage danun inconscient inégalitaire. On ne peu

raisonnablement s’en étonner puisque l

PS a été dynamisé durant le



années 1970 et 1980 par des cadres e

des électorats nouveaux venus de l

périphérie catholique. Le « droit à ldifférence » est la forme normale de l

gestion postcatholique de l’immigré. I

fonctionne assez bien, pour separtisans, dans des périodes d

prospérité, surtout si l’étranger n’est pa

encore devenu déjà trop français. Maien période dure, lorsque se cumulen

aux de chômage et assimilatio

fortement engagée, la mentalitdifférentialiste, de bienveillante devien

sinistre, et prompte à distinguer dans un

situation confuse un modèle d’apartheid



ce qu’a fait Manuel Valls e

anvier 2015. Les taux de mariage

mixtes français font du concept uoutrage verbal puisque la définition d

’apartheid sud-africain incluait, a

premier chef, une interdiction demariages interraciaux. Mais qu’importe

e concept est là, soigneusement rang

dans le bagage mental différentialisteprêt à servir parce que l’apartheid es

’horizon vrai du multiculturalisme.

Manuel Valls est né à Barcelone, l’udes hauts lieux du différentialism

bérique. Le nationalisme est, dans cett

ville et sa région, en phase ascendant



aujourd’hui et menace l’Espagne d

dislocation. La paysannerie catalan

était classiquement porteuse d’un typrès pur de famille souche et son hereu

héritier désigné, demeure un stéréotyp

culturel. La séquence « inégalité defrères, inégalité des peuples » se vérifi

donc particulièrement bien en Catalogne

à ce point près qu’il s’agit d’une petitnation, animée par un esprit défensi

plutôt que conquérant.

On ne peut jamais enfermer unpersonne dans une déterminatio

anthropologique. Seules sont vérifiable

des implications statistiques, menant



par exemple, de la prédominance dan

un groupe humain du principe familia

d’inégalité à la préférence par le mêmgroupe d’une politique de la différence

Reste que retrouver la Catalogne dans l

généalogie de l’utilisation du mo« apartheid » en France est franchemen

amusant.

Quoi qu’il en soit, nous devons nouméfier de la bienveillance socialist

envers l’immigré et ses enfants. Ell

comporte sans nul doute des rested’universalisme vrai, celui qui attend e

exige l’assimilation pure et simple d

’étranger à la culture centrale, en tan



qu’individu. Mais la gauche français

est également pénétrée aujourd’hui d’u

substrat différentialiste inconscient qune tient pas tellement à ce que le

enfants d’Arabes, de noirs et de juif

deviennent des citoyens comme leautres, et qui se sent intellectuellemen

égitimé quand il voit des beur

erroristes, des noirs qui font du rap edes juifs qui portent la kippa.

Laissons de côté les beaux discours e

passons aux faits objectifs. De ce poinde vue, il apparaît que la gestio

économique des socialistes – toujours l

même depuis 1983 lorsqu’ils sont a



pouvoir : franc fort, marche à l’euro

défense de l’euro – enferme dans l

chômage les quartiers menacés, seloManuel Valls, d’apartheid. Cett

estion est le frein principal

’assimilation des enfants d’immigréarce qu’elle interdit à beaucoup

d’entre eux de se projeter pratiquemen

et mentalement dans un futur décenous devons à ce stade du raisonnemen

ajouter l’hypothèse, vraisemblable, d

dirigeants, de cadres et de militantsocialistes doués d’une intelligenc

normale. Or il est de l’ordre d

’évidence absolue, pour un



ntelligence normale, qu’une politiqu

économique calquée sur celle d

’Allemagne, pays qui produproportionnellement 35 % d’enfants d

moins que la France, condamne un

proportion élevée de jeunes Français achômage. C’est une évidenc

supplémentaire que les jeunes les moin

bien raccordés au système national dprivilèges, enfants des derniers arrivés

subissent plus que les autres les effet

délétères de cette politique. Autremendit, si le Parti socialiste parl

d’intégration, il a choisi, par s

olitique économique, de réaliser l



ségrégation. La simplicité de l

séquence logique et l’obstination dans s

réalisation sont telles que nous npouvons retenir l’hypothèse d

’accident ou d’un malheureux hasard.

On ne peut pas dire, bien sûr, que lPS veut l’enfermement des jeunes issu

de l’immigration. Mais on doit a

minimum admettre que cet enfermemenest accepté, et que le parti dominant d

a gauche française ne se considère pa

comme responsable du bien-être et d’avenir de cette partie de la population

On a donc bien affaire ici à u

différentialisme profond, qui agit pa



des voies indirectes dont je n’oserai

cependant affirmer qu’elles son

otalement inconscientes. Pour faire lmal, il suffit le plus souvent de détourne

es yeux.

Parvenus à ce stade de l’analyse, inous faut disposer d’une terminologi

qui nous permette de distinguer le

vociférations xénophobes du Fronnational, sans effet sur la vi

économique des banlieues, de l

pratique économique socialiste, qucontribue réellement à exclure pa

grandes masses les enfants d’immigré

de la nation française.



Consciente, assumée, revendiquée, l

xénophobie des électeurs du FN relèv

de la « xénophobie subjective ». Lxénophobie du PS, révélée par u

comportement économique, mais nié

par la doctrine, peut être désignée pa’expression « xénophobie objective ».

Résumons.

Le PS est objectivement xénophobeAncré dans des structure

anthropologiques inégalitaires, il es

différentialiste et ne désire pavraiment l’entrée de tous les enfant

d’immigrés dans la nation.



L’électorat du FN est subjectivemen

xénophobe. Produit de structure

anthropologiques égalitaires, il nsupporte pas l’existence d’un

différence immigrée concrète.

Du point de vue de la logiqu

scientifique et du principe de symétrie

e monde est désormais en ordre. Pou

ce qui est de la vie des Français, c’es

une autre affaire. La xénophobi

objective de la politique économiqu

maintient l’immigré, et surtout se

enfants, dans une différence visible. Ell

nourrit donc sans relâche la xénophobi



subjective de l’électeur du Fron

national, exaspéré par la « différence »

par le « refus de s’assimiler » d’étranger.

Nous sommes ici confrontés – comm

dans le cas de la poussée antisémite da fin du XIXe siècle mais d’une autr

manière – à l’une de ces combinaison

déologiques complexes que permet ldiversité anthropologique française

Motivation différentialiste de l

périphérie et motivation universaliste dcentre collaborent à l’émergence d’un

forme, certes mixte, mais trè

menaçante, de racisme. L’image qu



vient à l’esprit est celle d’un viru

particulièrement nocif résultant de l

recombinaison de deux rubans distinctd’ADN.

Une étude du Front national dan

’espace anthropologique français serancomplète sans un examen du parti qu

voudrait le supplanter mais n’y parvien

pas, le Front de gauche. La mêmméthode d’analyse, appliquée cette foi

au vote pour Jean-Luc Mélenchon e

2012, contribue à l’explication.



Mélenchonet l’inégalité

Jean-Luc Mélenchon avait obten11,1 % des suffrages exprimés a

premier tour de l’élection présidentiell

de 2012. Au contraire de ce qui étaapparu pour François Hollande, un rée

biais « populaire » était manifeste dan

es sondages dits de « sortie des urnes réalisés à cette occasion. Ouvriers e

chômeurs étaient fortement représenté

dans l’électorat de Mélenchon, ce quest logique compte tenu du soutie

apporté par le Parti communiste a



candidat du Front de gauche. Mai

expliquer le phénomène Mélenchon

dans le contexte politiquement favorabld’une oppression du milieu ouvrier

revient surtout à comprendre, justement

son incapacité à attirer en masse, comme Front national, l’électorat populaire.

Sur le plan politique, l’absence d

véritable radicalité économique, le refude prôner une franche sortie de l’euro,

sans doute suffi à identifier Mélencho

comme une variété supplémentaire dcandidature socialiste, avec son mélang

habituel de grands principes e

d’absence de propositions concrètes. S



’électorat porte bien l’empreinte d

monde ouvrier communiste, les cadres e

sympathisants actifs de Mélenchon sonproches de la fonction publique, plu

précisément de l’État social à l

française, par et pour les classemoyennes.

La carte du vote Mélenchon est san

appel (carte IV. 5). On y distingue biea trace de l’influence du PCF, dans l

ord-Pas-de-Calais, la régio

parisienne, la bordure nord-ouest dMassif central, les Côtes d’Armor. Mai

ce qui saute aux yeux, c’est so

nscription générale dans l’espace de l



famille souche occitane, mêlan

fraternellement départements plus o

moins laïques anciens et catholiquezombies, comme les Pyrénées

Atlantiques, l’Aveyron, la Lozère, l

Haute-Loire et la Savoie. C’est lmonde de la famille souche et d

’inégalité, une inégalité autoritaire qu

aime les structures verticales, l’État o’Église. Seule l’Alsace, peu sensibl

sans doute au discours d’abolition d

Concordat, manque ici à l’appel.Le même phénomène peut être décr

de manière négative. Le populism

version Mélenchon échoue à séduire l



grand Bassin parisien, l’espac

ndividualiste égalitaire. Le graphique

révèle un affaiblissement du vote là oa valeur égalitaire est la plus puissante

Du point de vue anthropologique, Jean

Luc Mélenchon n’a pas su trouve’espace révolutionnaire central, a

contraire de Marine Le Pen, et so

fondamentalisme républicain tourne vide.

La boucle est bouclée. Nous avon

révélé plus haut que la droite e’extrême droite étaient souterrainemen

iées par un fond anthropologiqu

égalitaire, nous constatons maintenan



que la gauche et l’extrême gauche son

associées l’une à l’autre par l’entremis

de la valeur d’inégalité. À défaut d’unconsolation d’ordre religieux o

déologique, nous pouvons puiser dan

cette folle symétrie un sentiment de bienêtre d’ordre esthétique.



IV. 5 – Mélenchon 2012



6. Vote Mélenchon 1er

tour 2012



Insignifiancedes hommes et violence

des idéologiesJe suis bien conscient de ce que l

modèle anthropologique qui vient d’êtr

présenté est difficile à recevoir. Si le

cartes sont très nettes, les différences d

scores politiques selon le degr

d’égalitarisme ne sont en revanche pa

si massives.

L’interprétation que j’ai donnée de ce

nuances évoque le rejet symbolique, l

destruction économique. Elle suggère

non seulement une grande violence e



une immense mauvaise foi des acteurs

mais aussi de la conviction, de l

détermination, de la force. On peut à lrigueur imaginer de telles pulsions che

des élus d’extrême droite, de

fondamentalistes musulmans ou deathées militants. Mais sont-elle

concevables chez des gens qui s

pensent de centre-gauche ?Le président de la République, pa

exemple, est un homme débonnaire

nsignifiant, « normal » selon sa proprerminologie. Les socialistes, eux, son

modérés en toute chose. En apparence

notre théorie n’est donc pas vraimen



compatible avec l’évidence d’êtres s

peu brutaux, porteurs de croyances s

peu intenses, de militants si mous. Inous reste donc à comprendre commen

des préférences inégalitaires e

différentialistes de faible intensitpeuvent aboutir, sur un mode collectif,

une obstination d’une rare violence.

La réflexion, développée au chapitrprécédent, sur la façon dont des valeur

familiales faibles peuvent produire de

systèmes forts nous met sur la voie d’explication. Ce que nous constaton

chez tous les néo-républicains –

socialistes, umpistes, centristes o



membres du Front de gauche –, ce son

des croyances faibles mais dont la forc

provient de ce qu’elles sont communes des milieux entiers, comme les valeur

familiales sont communes à de

erritoires.Tous les groupes porteurs de valeur

ne sont pas définis par un cadr

départemental ou urbain, mais un certaiype d’inscription physique dan

’espace – village, ville, quartier, résea

professionnel, parti politique – esnécessaire pour que puissent se produir

es interactions quotidiennes entr

ndividus qui font vivre la croyance o



e comportement. Un milieu se perpétu

argement par des phénomène

mimétiques qui n’ont rien à voir aveune foi intense. Les valeurs qu’il fa

vivre, et qui le définissent, peuven

concerner des éléments importants onsignifiants de la vie personnelle e

sociale.

Je me rends compte aujourd’hui qu

mon premier contact avec la puissanc

collective des valeurs faibles fut bie

antérieur à mon analyse de l

perpétuation des systèmes familiaux e

milieu urbain. Je suis au fond parti d



’idéologie. Entre 1992 et 1995, j’avai

remarqué qu’il n’était pas impossible d

démontrer à un européiste, dans undiscussion face à face, l’absurdité d

projet de monnaie unique, mais que l

croyance en l’inévitabilité de l’eurétait invulnérable au niveau collectif. L

croyance, faible, était déjà portée par u

groupe social suffisamment vaste pouque l’individu, un instant retourné, e

revienne à sa croyance en même temp

qu’à son milieu après la conversation.Il me semble que Danie

Schneidermann a eu une intuition asse

proche lorsqu’il a récemment noté, dan



un article de Libération, l’évident

nsignifiance de deux personnage

centraux des débats du moment, JeanPierre Jouyet, « puissance » élyséenne

et Catherine Barma, « puissance

médiatique : « Voici donc deuphénomènes politiques : l

zemmourisation du débat public, et l

fusion idéologique de ce que l’oappelait la droite et la gauche. Et deu

des personnages qui organisen

modèlent dans l’ombre ces deuphénomènes, le serial gaffeur et l

iseuse de fiches, apparaissent sous l



projecteur sans aucune conscience d

eurs actes 5. »

François Ruffin a saisi la même choseou plutôt le même rien, dans une trè

belle réflexion sur une élue picarde d

PS. Il nous raconte ainsi, dans Fakir , s« rencontre avec le vide 6 » : « Deu

heures durant, à sa permanence, j’a

échangé avec ma députée socialistePascale Boistard. Rarement j’ai réalis

un entretien aussi vide. Je l’ai don

oublié. Et pourtant, ai-je réfléchi, monterview, dans sa nullité, par sa nullité

émoigne d’une maladie, collective

neurodégénérative… »



L’échec de l’euro invite désormais

réfléchir sur la limite, au sen

mathématique du terme, de l’agrégatiocollective des croyances faibles : a

niveau des individus, la croyance en l

monnaie unique tend vers zéro tandiqu’au niveau collectif des « élites », ell

est toujours aussi solide. On peut san

doute formuler l’hypothèse d’uncroyance collective qui se perpétuera

alors même qu’elle n’existerait plu

qu’à l’état de trace, ou plus du tout, eant que croyance individuelle. L’eur

n’est qu’un cas particulier d’inerti

systémique, de persistance d’un proje



humain en l’absence de toute réflexio

sur sa validité, tout simplement parc

qu’un groupe existe, originellemenporteur d’une croyance, et que le

sorties individuelles de la croyance n

suffisent pas à l’éliminer.Individus faibles, systèmes forts. U

François Hollande gardant une trace d

croyance en la monnaie unique, quelquepoussières d’une tradition familial

différentialiste, une vague idée qu

’entrée des enfants d’immigrés dans lnation n’est pas la priorité, ce n’est pa

grand-chose. Mais cinq cent mill

François Hollande qui se côtoient et s



1.

2.

miment tous les jours, ou un million o

même plusieurs millions ? La machin

est là, qui peut faire fusionner lecroyances en l’euro et en la « différenc

musulmane » en une idéologi

formidable d’obstination, capabld’exclure et de détruire des vies

grande échelle.

Emmanuel Todd, Le Destin deimmigrés, Paris, Seuil, 1994, p. 308312.

Sophie Wahnich, L’ImpossiblCitoyen. L’étranger dans le discourde la Révolution française, PariAlbin Michel, 1997.



3.

4.

5.

6.

Emmanuel Todd, Le Destin deimmigrés, op. cit. p. 331-334.Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, L

Mystère français, op.cit., p. 270.Daniel Schneidermann, « JouyeBarma, figures de l’ombre en pleinlumière », Libération, 16 novembr

2014.François Ruffin in Fakir , 20 févrie2015.



CHAPITRE V

Les Français

musulmans

Peu de temps avant qu’il ne se suicideen 1941, Stefan Zweig avait évoqu

dans ses mémoires le désarroi des juif

regroupés par le nazisme en uncatégorie qui n’avait plus de sens pou

eux :



« Mais il y avait longtemps que le

uifs du XXe siècle ne constituaient plu

une communauté. Ils n’avaient pas de focommune. Ils éprouvaient leur qualité d

uifs plutôt comme un fardeau qu

comme un honneur, et ils n’avaienconscience d’aucune mission à remplir

ls vivaient à l’écart de

commandements de leurs livres saintsou qui l’avaient été, et ils ne voulaien

plus de leur vieille langue commune

Leur aspiration de plus en plumpatiente était de s’adapter, d

s’incorporer aux peuples qui le

entouraient, de se dissoudre dan



professeurs de philosophie parisiens e

es cochers de fiacre roumains, le

chanteuses de concert et les pleureusedes enterrements, les écrivains et le

distillateurs, les laveurs de cadavres e

es prix Nobel, les possédants et lemiséreux, les grands et les petits, le

pieux et les libres-penseurs, les usurier

et les sages, les sionistes et leassimilés, les ashkénazes et le

séfarades, les justes et les injustes et

derrière eux encore, la foule désorientéde ceux qui croyaient avoir échapp

depuis longtemps à la malédiction, le

baptisés et ceux d’origines mêlées



c’est seulement maintenant que, pour l

première fois depuis des siècles, o

mposait de nouveau par la force auuifs une communauté dont ils avaien

perdu conscience depuis des siècles

celle qui depuis l’Égypte revenait sancesse, la communauté de l’expulsion1. »



V. 1 – Origine maghrébine



V. 2 – Origine africaine noire



Comme les juifs européens vers 1930

es musulmans de France n’existent pas

La catégorie religieuse est posée commdénominateur commun d’un ensembl

d’hommes et de femmes qu

appartiennent à des groupes différentspar l’origine nationale, le nivea

éducatif, le métier et la classe sociale, l

degré et le type de pratique religieuseColler sur cette diversité humain

’étiquette « musulman » est, tou

simplement, un acte raciste, commposer l’étiquette commune « juif » su

’intellectuel bourgeois de Vienne et l

uif du shtetl de Pologne fut un act



raciste. Les militaires Imad Ibn Ziaten e

Mohamed Legouad, abattus pa

Mohamed Merah à Montauban, n’étaienpas moins « musulmans » que lui, tou

comme Ahmed Merabet, le policie

achevé à terre par les frères Kouachi. Lproblème est d’ordre général : l

catégorie « musulman », telle qu’elle es

de plus en plus souvent sollicitée, esune dangereuse fiction sémantique.

Observons par les métiers et le

catégories socio-économiques, evoyons la place que les « musulmans

occupent dans le système socia

français : 8,4 % des ouvriers, 6,4 % de



commise envers les milieux populaire

français 3.

Les nationalités et les niveaud’éducation, pris ensemble, confirmen

’image d’un monde hétérogène

Considérons d’abord les descendantd’immigrés algériens de 30 à 49 ans, e

2008 : 27 % de « sans diplôme », 39 %

de « CAP, BEP, ou BEPC », 9 % d« supérieur court » et 9 % de « supérieu

ong ». 9 % de supérieur long, c’es

beaucoup moins que les 19 % deFrançais dont les ancêtres se son

nstallés plus tôt dans l’Hexagone, mêm

si c’est un peu plus que les 8 %



enregistrés pour les descendants d

Portugais. Ce 9 %, toutefois, ne nou

apprend rien sur l’« islam » : chez ledescendants de parents venus d

Tunisie, le taux d’études supérieure

ongues monte à 15 %. Dans le cas d’unorigine marocaine, on atteint 19 %, so

a moyenne des « vrais » Français. C’es

peu de dire ici que, sociologiquemen’islam n’existe pas puisque le Maghre

n’existe pas non plus 4.

Soyons juste : la France néorépublicaine parvient à produire,

partir de cette impressionnante diversit

scolaire, une relative égalité… des tau



de chômage : 20 % pour les homme

descendants d’immigrés algériens âgé

de 18 à 50 ans, 22 % pour ceux venus dTunisie, 21 % d’Afrique subsaharienne

22 % de Turquie. Au vu de cett

absence de corrélation entre le niveaéducatif et l’accès à l’emploi, u

chercheur mal intentionné pourra

soutenir que la France est obsédée pa’origine religieuse et que l

qualification n’y a aucune importance

La République nouvelle seraviscéralement islamophobe 5. Nou

verrons que les choses sont un peu plu

compliquées.



La construction de mosquées a ét

empêchée autant qu’il est possible pa

es autorités locales. Les enquêtes sur lpratique religieuse musulmane sont, e

conséquence, fortement déficiente

parce qu’en l’absence d’un réseau établde lieux de culte, elles ne peuven

s’appuyer sur une observation directe

On ne dispose donc pas d’équivalentpour l’islam, des enquêtes de sociologi

religieuse qui ont permis de distingue

es deux grandes zones qui constituen’espace français, laïque ou catholique

L’enquête Trajectoires et Origines

réalisée entre septembre 2008 e



février 2009, nous dit que si 76 % de

gens qui s’autodéfinissent comm

catholiques considèrent que la religion’a pour eux que peu ou pa

d’importance, ce taux d’indifférenc

ombe à 52 % pour les protestants, 53 %pour les orthodoxes, 48 % pour le

bouddhistes, 24 % pour les juifs et 22 %

pour les musulmans, avec deproportions assez proches, comme dan

e cas du taux de chômage, pour le

Algériens, Tunisiens, Marocains, Turcet Africains noirs 6. Le taux présent

pour les juifs, catégorie qui m’es

familière, me dit que les individu



otalement laïcisés qui constituent l

majorité de la population juive français

n’ont tout simplement pas été saisis paa méthodologie de l’enquête, qui n

conçoit pas qu’on puisse se sentir juif e

’absence d’une croyance religieuse.Ce genre de mesure ne permet don

pas de dire quelle proportion de l

population musulmane est réellemenpratiquante. Nous savons que le respec

du ramadan est fréquent, que le refus d

manger du porc reste assez largemenobservé. Certes, nous savons aussi qu

e rapport à l’alcool est beaucoup plu

souple. Il n’empêche : admettons qu



dans les conditions actuelles, le

musulmans en France se senten

musulmans, et félicitons-nous de ce que degré de diabolisation de l’islam n’a

pas atteint un niveau tel qu’ils se senten

forcés de dissimuler leur appartenancreligieuse. Une observance régulière

standardisée et complète étant asse

rare, nous devons nous demander s’autodéfinition de 78 % des enquêté

comme des « musulmans qui prennen

eur religion au sérieux » n’est pas tousimplement une manifestation de ce qu

’appellerais l’effet Zweig : si la sociét

globale vous met dans un sac portan



’étiquette musulman, vous vous sente

musulman.

Reprenons le parallèle avec l’histoiruive. Vers 1930, la majorité des juif

d’Europe occidentale marchaient ver

’oubli de leur identité religieuseAprès 1945, toute personne comptant un

deux, trois ou quatre grands-parents juif

savait qu’être juif ne relevait toujourpas d’un choix personnel. Bref

’homogénéité dans l’attachement à l

religion musulmane doit effectivemenêtre mise en relation avec l’homogénéit

des taux de chômage, ce qui ne signifi

pas, bien entendu, que l’expérience d



convaincre. L’hypothèse communautair

suppose la perpétuation d’une cultur

avec, en son cœur, celle d’unorganisation familiale. Or, ce qui es

caractéristique de la famille maghrébine

ou malienne, c’est précisément qu’ellse désintègre bien plus qu’elle ne survit

Elle se désintègre parce que les contact

entre enfants d’immigrés et enfants de lsociété d’accueil ont été ouvert

suffisamment longtemps pour que le

valeurs françaises fondamentales, l’idéd’égalité des sexes notamment – en dép

de tout ce qui est dit par le systèm

médiatique –, aient été transmises au



enfants d’Algériens, de Tunisiens et d

Marocains. L’analphabétisme de

premières générations immigrées naissait à vrai dire aucune chance à l

culture d’origine.

L’autorité du père était déjraditionnellement faible dans la famill

communautaire endogame arab

puisqu’elle ne l’autorisait pas à choisi’époux de sa fille, réservée par l

coutume à son cousin patrilinéaire. Mai

’autorité du père analphabète a été tousimplement désintégrée par l’éducatio

d’un fils qui avait atteint le collège, l

ycée ou l’université. Exit la « cultur



musulmane ». En revanche, la rapidité e

a violence du processus ont induit un

mportante désorientation psychologiquet, c’est vrai, pas mal de délinquance

Oui, il y a beaucoup d’enfant

d’immigrés dans les prisons, maiustement parce que leur cultur

d’origine, pulvérisée, n’a pu le

protéger, parce qu’au-delà des étiquetteque la société leur colle ou qu’ils s

collent à eux-mêmes, ils ne sont pa

ellement « arabes » ou « musulmans ».Je suis moi-même un Françai

ypiquement assimilationniste, qui vo

dans la fusion de tous les immigrés dan



a culture centrale du pays un desti

souhaitable. Je dois pourtant avoue

aujourd’hui que tout a été trop vite, qu’installation d’un sas de décompressio

dans des cultures immigrée

emporaires – Little Algeria, MoroccTown – aurait évité beaucoup de dégât

psychologiques. Mais on ne décide pa

d’une politique des mœurs comme odécide d’une politique économique

Compte tenu de la préférence français

pour l’assimilation, du faible intérêt dehommes et des femmes de ce pays pou

es différences d’apparence physique, l



destruction brutale de la cultur

maghrébine était inévitable.

Reste que ni la famille communautairendogame, ni l’islam n’ont pu jouer

pour la deuxième génération née e

France, le rôle d’une couverturprotectrice au sens de Polanyi. L

confrontation avec les valeur

ndividualistes de la société industriellet postindustrielle a été immédiate

brutale et destructrice. La bonn

référence, pour comprendre ldésorientation des jeunes des banlieues

ce n’est pas ce qui se passe dans l

vallée de l’Euphrate et le désert syrien



mirage et puits de violence surgis d’u

autre monde. C’est ce qui s’était pass

en Angleterre pendant la premièrrévolution industrielle : la déculturatio

brutale des ouvriers, produisant fragilit

familiale, difficultés éducatives ealcoolisme. L’une des voies de la survi

avait été, pour les plus qualifiés de ce

ouvriers, le protestantisme des sectesAux frontières de l’anéantissement pa

e marché, l’homme peut trouver u

ultime point d’appui dans une foreligieuse qui lui donne des lois et un

espérance.



Il est vrai que les taux de mariag

mixte ont plutôt stagné entre les enquête

obilité géographique et Insertiosociale de 1992 et Trajectoires e

Origines de 2008-2009, et que l

dispersion des populations d’originmaghrébine sur le territoire françai

semble s’être arrêtée, phénomène

exposés en détail dans Le Mystèrrançais 7. La grande victoire d

commentaire islamophobe est, sur c

point, de parvenir à faire passer l’effepour la cause, en proclamant que c’es

une différence culturelle irréductible qu

empêche l’adaptation des banlieues e



qui explique leurs taux de chômage

C’est pourtant, à rebours, la pause dan

’assimilation qui résulte, ainsi qu’il été dit plus haut, du choix par no

classes dirigeantes de la stagnatio

économique et de la fragmentatiosociale, choix accepté et soutenu pa

notre bloc social hégémonique MAZ. J

e répète, en démographe : la Francproduisant beaucoup plus de jeunes qu

’Allemagne, le mimétisme monétair

condamne beaucoup d’entre eux à devies difficiles, exclues, incomplètes

Quoiqu’en pensent les acteurs eux

mêmes, les bourreaux comme le



victimes, le repli n’est pas voulu, il es

mposé par une logique économique qu

perturbe le mécanisme d’assimilationes taux de mariage mixte mesurés e

1992 montraient que les choses étaien

en bonne voie. Contrairement à ce qunous dit la vulgate, ce que l’o

observait alors était une incroyabl

accélération historique du processude mélange des populations dans l

seconde moitié du XX e siècle.

Mariages mixtes juifset musulmans



Comparons avec la vitess

d’assimilation des juifs. Comme m

mère avait coutume de le faire, je vaiprendre un exemple au hasard, moi, o

plus exactement, ma famille. On par

d’une famille juive de l’Est, alsaciennou lorraine, émancipée en 1791 par l

Révolution. Le grand-père de mo

arrière-grand-mère, Simon Levy, fugrand rabbin de Bordeaux. Il a publié e

1887 Moïse, Jésus et Mahomet, ou le

rois grandes religions sémitiques

8

une défense et illustration de la religio

uive. Il s’agissait, encore et toujours, d

utter contre les calomnies dont l



udaïsme était l’objet. Simon Levy nou

rappelle que les valeurs fondamentale

du christianisme et de l’isladescendent exclusivement du judaïsme

Le titre du livre, qui met Jésus sur l

même plan que Moïse et Mahometsuggère en lui-même qu’il n’y aur

vraiment plus aucun problème entre le

uifs et les chrétiens aussitôt que cederniers auront admis que Jésus n’es

pas le fils de Dieu. Son gendre Pau

Hesse, cependant, classiquemenpropriétaire d’une petite fonderie d

métaux précieux, n’est déjà plus croyant

l a laissé des cahiers relatant le



discussions qu’il avait eues pendant l

guerre de 1914 alors que, rappel

comme officier, il occupait sedéjeuners à discuter théologie avec de

curés. Le manuscrit s’ouvre par un

autodéfinition très précise : « Jdéclarai tout d’abord que j’étais juif d

race et libre-penseur de croyance…

Le mot race n’avait pas encore pris sconnotation maléfique. Son usag

pouvait être justifié par le fait que, dan

cette famille « israélite » françaisypique, il n’y avait encore eu aucu

mariage mixte. Il faudra attendre 192

pour que la petite-fille de Paul Hess



L’enquête Trajectoires et origines d

2008-2009 nous indique que 44 % de

descendants d’immigrés masculind’origine algérienne ou marocaine ont u

conjoint qui n’est ni immigré, n

descendant d’immigrés. Le taux s’élèvà 60 % pour une origine tunisienne

revient à 42 % pour une origine turque

remonte à 65 % pour une originafricaine subsaharienne (on ne peu

dans ce dernier cas, distinguer le

musulmans des non-musulmans). Poues femmes, les taux sont un peu moin

élevés, ce qui est normal pour de

cultures patrilinéaires en désintégration



mais ils restent à un excellent niveau e

cas d’origine algérienne (41 %)

marocaine (34 %), tunisienne (38 %)africaine subsaharienne (49 %) 9. Seul l

aux des femmes d’origine turque es

vraiment bas, à 7 %. Ces chiffren’invitent nullement à dire que tout es

pour le mieux dans le meilleur de

mondes. Pourtant, si l’exogamie n’espas encore majoritaire, la soudure ave

a société française est clairemen

réalisée. On ne peut en aucun cas lirdans ces chiffres l’existence d’u

« problème musulman ». Il faut souligne

ci la rapidité de l’intégration de



populations issues d’Afriqu

subsaharienne, qui en dit moins

d’ailleurs, sur l’Afrique que sur lFrance : la population d’accueil n’es

décidément pas angoissée par la couleu

de la peau.On doit toutefois évoquer ici u

« problème turc » qui n’est peut-être

ristement, qu’un problème allemandJ’avais examiné ce point dans Le Desti

des immigrés. La résistance

’assimilation des populations turqueétait alors encore plus manifeste, quan

rien dans leur structure anthropologiqu

ne pouvait l’expliquer. Quelle que so



a région d’origine en Turquie, le tau

de mariage entre cousins y était plus ba

qu’au Maghreb. Parfois s’ajoutait à cettendogamie familiale plus faible un statu

nettement plus élevé des femmes

Observant la distribution géographiqude l’immigration turque en France

collée à la frontière est, j’en avai

conclu que les Turcs de France n’étaienqu’un fragment d’une immigratio

globale centrée sur l’Allemagne

mmigration qui avait intériorisé ’échelle de l’Europe, en France comm

en Belgique ou aux Pays-Bas, la norm

ségrégative en vigueur au-delà du Rhin



Les taux de mariage mixte avec de

musulmans étaient à l’époqu

nsignifiants dans la Républiqufédérale. En France, actuellement, l

aux de mariage mixte plutôt élevé de

hommes d’origine turque représente sandoute la première étape d’une rupture d

« modèle allemand » dans cett

population. Nous sommes à nouveaconfrontés au fait que l’épicentre d

différentialisme européen n’est pas situ

en France, mais plus au nord ou plus ’est en Europe. C’est la raison pou

aquelle chaque pas en avant dans l

construction européenne se révélera, a



psychologiques. Et il est aisé de voi

que la stagnation économique es

responsable des difficultés actuelles aucune « volonté » particulière de survi

n’est responsable de la pause que l’o

enregistre aujourd’hui. Mais au stadactuel d’emballement de l’islamophobie

rétablir la vérité des faits sociologique

n’est plus suffisant. La mauvaise foelle-même doit être pourchassée. Le

eunes d’origine musulmane ont ét

’objet de tant de procès et dcondamnations idéologiques qu’il paraî

nécessaire et juste de se demander s’il



sont vraiment moins bien assimilés…

que certains de leurs juges.

On évoque parfois aujourd’hui un« zemmourisation » de la société

ransformant le porteur de ce patronym

en icône culturelle. Soyonanthropologue jusqu’au bout, e

appliquons à Éric Zemmour les critère

usuels d’évaluation du degrd’assimilation. Développons, pa

’utilisation des patronymes, l

echnique utilisée dans une très bellétude du pourrissement politique de l

ville de Perpignan, qui évalue le vot

musulman par la distributio



géographique des prénoms originaire

d’Afrique du Nord 10. Je suis certain qu

Zemmour, adepte du politiquemenncorrect, ne nous en voudra pas d

noter que le nom de jeune fille de so

épouse suggère qu’il s’est lui-mêmsatisfait d’un mariage endogame, dans s

communauté d’origine, juive d’Afriqu

du Nord, alors qu’il est lui-même né Montreuil. Le Grand Inquisiteur de

eunes d’origine maghrébine est don

moins avancé dans son assimilation qua moitié des beurs d’origine algérienn

qui vivent en union mixte. Se

vaticinations typiquemen



méditerranéennes sur la masculinit

complètent le tableau. La psychiatri

ransculturelle le classerait sans doutdans la catégorie « maghrébi

mparfaitement assimilé ». Mais reston

sociologue. La centralité de Zemmoudans le paysage culturel suggère que l

psychiatrie transculturelle aurait auss

des choses à dire sur l’état mental dnos classes moyennes françaises.

Un détour par l’Académie française

où un corps électoral âgé en moyenne d78 ans vient d’élire Alain Finkielkraut

nous fournit l’exemple complémentair

d’un idéologue, lui-même d’origin



uive polonaise, toujours prompt

détecter la dimension « arabe » o

« noire » de nos problèmes sociauxmais qui n’a pas non plus fait le gran

saut dans le mariage mixte, au contrair

de tant de jeunes d’origine algériennemarocaine, tunisienne ou africaine noire

Certes, le mariage mixte n’est pa

obligatoire pour être un bon FrançaisMes ancêtres juifs ont fait leur devoi

entre 1914 et 1918 sans avoi

auparavant contracté le moindre mariagmixte. Ma grand-mère me faisait rire e

soulignant que la correspondance d

guerre de la famille, de tranchée



ranchée, se faisait entre des gens qu

s’appelaient exclusivement Alphen

Hesse, Levy, Strauss, Bloch ou WormsMais de grâce, que des idéologue

endogames cessent de donner des leçon

de francité à des enfants d’immigréexogames ! Renouons avec la Franc

que nous avons aimée, celle qui accept

avec bienveillance l’endogamie de ceuqui la préfèrent, mais qui rappelle, ave

délicatesse et sans exercer de pressio

directe, que c’est quand même par lfabrication d’enfants relevant d’origine

mélangées que se pérennise, dans l



emps long de l’histoire, la communaut

nationale.

L’écrasementdes jeuneset la fabrique du djihad

Avant d’analyser la façon dont l

France fabrique – comme l’Angleterrea Belgique ou le Danemark – de

djihadistes pour l’État islamique

rappelons quand même, toujours dans uesprit d’équité, ce que la gestion d

’affaire syrienne révèle d

’incompétence de nos dirigeants. Duran



de longs mois, Laurent Fabius, le journa

e Monde et quelques autres ont tent

d’engager la France dans unntervention militaire contre le régim

syrien. Nos autorités ont alors souten

bruyamment les forces qui ont fini paengendrer l’État islamique. Le

apprentis djihadistes et l’État françai

ont donc un temps suivi des trajectoireparallèles. Nous n’avons pourtan

oujours pas entendu la moindr

autocritique du gouvernement françaipour sa complaisance passée enver

’islamisme le plus dangereux. Commen

s’en étonner ? Si le ministre d



’Intérieur est exonéré de tout

responsabilité dans le manque d

protection de Charlie Hebdo, pourquoes errements du ministre des Affaire

étrangères seraient-ils sanctionnés ? S

Cazeneuve peut afficher en février 201à Copenhague son soutien à la polic

danoise, Fabius a bien le droit d

continuer à voyager.Au moment de nous engager dan

’analyse du djihadisme, il nous fau

rester fidèle à la méthode appliquédans ce livre : ne pas nous précipiter su

’islam comme cause de tous nos mau

et sur le musulman comme coupable



mais démonter la mécanique social

rançaise (et en l’occurrenc

occidentale) qui conduit de jeunerançais (ou Occidentaux) a

errorisme. Le nombre des candidat

djihadistes – autour du millier vers ldébut de l’année 2015 – nous oblige à c

raitement sociologique du problème. L

présence parmi eux d’une proportiomportante de convertis d’origin

chrétienne – 20 % selon certaine

déclarations du ministre de l’Intérieur a fin de février 2015 – nous invite pa

ailleurs à traiter le problème de l

eunesse dans sa généralité.



L’un des traits communs à toutes le

sociétés avancées est l’écrasemen

économique et social des jeunes. Lglobalisation s’en charge, et, au premie

chef, le libre-échange. La théorie la plu

orthodoxe nous explique pourquoi. Poumontrer à quel point le problème s

posait avant l’émergence du djihadisme

e me permets de citer ma proprpréface à la réédition de L’Illusio

économique, passage écrit en 1999

« […] L’analyse économique libéralexplique aussi très bien comment, si c

n’est pourquoi, s’effectue la spoliatio

de la jeunesse occidentale. L



mondialisation unifie les marchés d

ravail. À l’échelle planétaire, tiers

monde inclus, les jeunes sonrelativement abondants et corvéables

es vieux sont rares et détenteurs d

capital. La loi d’égalisation du coût defacteurs nous assure que si un pay

développé s’ouvre au libre-échange, l

facteur le plus abondant, en l’occurrence capital, démographiquemen

dentifiable aux vieux, sera favorisé, e

e facteur relativement rare, le travaidémographiquement identifiable au

eunes, sera désavantagé. C’est trè

exactement ce que nous vivons



’écrasement des jeunes, de leur libert

de travail, de consommation et d

mouvement, par le libre-échange. Seulquelques pourcents de jeunes diplômé

des institutions les plus prestigieuse

sont réellement à l’abri de ce mécanismd’appauvrissement11. »

L’euro aggrave bien entendu, dans s

zone, les effets du libre-échange. C’esune monnaie forte et stable, gérée ave

pour seule priorité la lutte contr

’inflation. La déflation dans laquellnous nous engageons maintenan

continuera d’avantager les détenteurs d

revenus fixes et garantis, les retraités.



Le vieillissement des population

occidentales produit partout des corp

électoraux âgés, dont les préférenceguident les décisions politiques. L

ibre-échange fut l’un de ces choix. Tou

comme la sécurisation prioritaire deretraites, par définition favorable au

vieux. Pour assurer du bien-êtr

matériel, la combinaison « retraitgarantie/libre-échange », c’est-à-dir

« revenu stable/prix des bien

consommés en baisse », est imbattable elle a assuré jusqu’à présent un

élévation du revenu médian des citoyen

es plus âgés et une baisse de celui de



plus jeunes, aux États-Unis comme a

Royaume-Uni ou en France. Pour no

retraités, aucune opposition entre lmarché, qui assure la compression de

prix, et l’État, qui protège les revenus.

Le corps électoral, à 50 ans d’âgmédian, n’est décidément plus ce qu’i

était à 35. La démocratie change d

nature, frappée d’arthritisme. Le taux dsuicide des plus de 65 ans baisse et un

crise s’annonce pour la philosophi

politique, qui va devoir approcher lnature du citoyen de manière plu

concrète, plus physiologique.



Pour ce qui nous concerne ici, nou

devons constater que la situation de

classes moyennes trouve un poind’appui décisif dans l’existence d

générations âgées dont les intérêt

économiques s’accordent pour l’instanà ceux des cadres et éduqués supérieurs

même si elles-mêmes ne sont en généra

ni très éduquées ni très riches. Lsouvenir de la pauvreté d’après-guerre

un monde sans toilettes, sans salle d

bain, sans réfrigérateur, sans téléviseursans automobile – suffit aux gens âgé

d’aujourd’hui pour apprécie

positivement leur situation et se range



du côté de « l’État social ».

L’oppression économique est, bie

entendu, différentielle, et elle touchprioritairement les jeunes d’origin

musulmane : chaque famille, placée dan

son réseau social particulier, s’efforcde protéger ses propres enfants et

parvient d’autant mieux qu’elle est plu

nsérée dans le tissu social français. Àce jeu de la survie, mécaniquement, le

derniers arrivés sont les moin

efficaces : c’est pourquoi nous pouvonsdans une large mesure, expliquer l

chômage plus élevé des enfant

d’immigrés sans avoir recours



’hypothèse de la discrimination

L’islamophobie n’est qu’un phénomèn

aggravant. Le temps d’insertion trècourt du lignage dans la sociét

française explique une bonne partie d

aux de chômage supérieur des jeuned’origine maghrébine.

On ne saurait, pour autant, réduir

’oppression des jeunes à sa dimensioéconomique. Au-delà du jeunisme d

Canal +, nous pouvons voir sur no

écrans défiler l’après-midi depublicités traitant de baignoire

sécurisées, de fuites urinaires e

d’assurances obsèques. Nous vivon



dans un monde idéologiquement domin

par l’âge, dans lequel les jeunes son

ncités à se préoccuper de leur retraitavant même d’avoir trouvé un emplo

Bien loin d’avoir des vieux qui resten

eunes d’esprit, les sociétés les pluavancées fabriquent des jeune

programmés pour le vieillissement, qu

veulent par exemple le plus vitpossible acheter un logement – c’est u

complément de retraite – et contribuen

ainsi, en faisant monter les prix, à ldiminution de leur propre surfac

habitable. Pour compléter le tableau

« l’État social des classes moyennes e



des vieux » n’investit plus vraiment dan

a construction de logements.

Et si les jeunes ne sont pas contentsqu’ils s’en aillent : en Amérique, e

Australie, ailleurs en tout cas. L’horizo

du voyage et de l’émigration des jeuneest l’un des thèmes de prédilection d

nos médias, particulièrement de ceux qu

sont achetés et lus par des vieuxÉtudiant ou cuisinier aux États-Unis

barman à Londres, humanitaire e

Afrique de l’Ouest : toute aventure esbonne à prendre. Alors, pourquoi pa

djihadiste en Syrie pour les jeunes d

banlieue englués dans le chômage et l



petite délinquance ? Je ne plaisante pas

On peut, sans rire, prétendre que l

mirage de l’État islamique n’est qu’unadaptation de l’idéal de l’émigration de

eunes si chaudement recommandé pa

nos magazines. Selon l’IFOP, emars 2014, 49 % des lecteurs d

’Express, 56 % des lecteurs du Point

et 57 % des lecteurs du NouveObservateur avaient plus de 50 ans.

Sans sombrer dans un moralisme d

ype religieux rétrograde, nous devonquand même constater que l’horizo

social et moral qui est proposé au

eunes des sociétés les plus avancées es



franchement insuffisant, en dépit d’u

progrès technologique qui demeur

stupéfiant, exaltant même. Mai’horizon, au-delà de l’adolescence, e

France aujourd’hui, ce n’est pa

seulement le jeu vidéo, le réseau sociaet une sexualité libérée. C’est aussi l

spectacle, moralement dégradant , de l

hausse des inégalités et de 10 % dchômage acceptés, c’est le ciném

permanent des politiciens qui fon

semblant de s’opposer les uns aux autreet d’un Parlement réduit à une scène d

héâtre, c’est l’insensibilité des classe



moyennes protégées dont la télévisio

continue de nous vanter la vie.

Pendant ce temps, on l’a vu, leprisons se remplissent, de jeune

nécessairement, et bien sûr avec un

surreprésentation de ceux qui sond’origine immigrée récente. En France

d’ailleurs, l’État se refuse à investi

’argent indispensable à un accueidécent des prisonniers et l

surpopulation ajoute ses effets

’ambiance délétère du milieu carcéraLa prison radicalise tout : l

délinquance qui, de légère y devien

dure, l’islam qui, de traditionnel



devient terroriste. Nous commençons

comprendre par quels mécanismes u

slam fantasmé, déformé, devient lraison de vivre et de mourir de tant d

eunes, musulmans ou non, passés ou no

par la prison. N’oublions pas pourtanque l’aliénation de la jeunesse, et so

exaspération, peuvent trouver d’autre

exutoires ailleurs en Occident.

Fondamentalisme

écossais Nous avons vu David Cameron, l

Premier Ministre britannique, s



pavaner en tête de la manifestation d

11 janvier, tandis que la press

économique nous entretenait de« succès » de sa politique. Celle-ci es

en réalité aussi austère que celle de l

zone euro, tout aussi incapable d’enrayea baisse du revenu médian, et plu

particulièrement celui des jeunes

contraints parfois de revenir vivre cheeurs parents après leurs études, ce qu

est en contradiction absolue avec l

code de la famille nucléaire qui exigeur autonomie. Au ridicule françai

d’une classe dirigeante rétrécie, souven

petite-bourgeoise mais formée pa



’ENA, répond en Angleterre le ridicul

encore plus prononcé d’un group

dirigeant sélectionné dès sa scolaritsecondaire, coterie d’anciens élève

ssus d’une poignée d’écoles privée

ruineuses, Eton en tête.Il y a peu d’immigrés d’origin

pakistanaise à Glasgow ou à Édimbourg

et la contribution de l’Écosse au djiharestera vraisemblablement modeste

Mais David Cameron, par son adhésio

aveugle aux valeurs de son tempboursières surtout), a mené la jeuness

écossaise à la sécession. Lors d

référendum de septembre 2014, 57 %



des Écossais de 16 à 34 ans ont ains

choisi de sortir du Royaume-Uni ; 73 %

des plus de 65 ans ont décidé d’y resterPour qui connaît l’histoire du Royaume

Uni, cette menace de dissolutio

endogène, par aliénation de la jeunesseest tout aussi impressionnante, quoiqu

moins violente, que le djihadisme de no

banlieues. L’Acte d’union de 1707, qufusionna les Parlements des deu

nations, ouvrit en effet une période d

prospérité extraordinaire à l’Écosse. Lcontribution de la petite nation du Nor

à l’histoire intellectuelle et scientifiqu

de la Grande-Bretagne fut par la suit



mmense, avec David Hume, Ada

Ferguson, Adam Smith, James Wat

James Clerk Maxwell, Lord Kelvin…Peu de soudures nationales semblaien

aussi réussies. Grâce au Royaume-Un

’Écosse fut l’un des leaders de lmodernité. L’aliénation de ses jeune

annonce donc que partout, absolumen

partout, à des rythmes et sous des formediverses, va se poser la question de l

solidité intrinsèque des société

occidentales. Toutes les dissidencesont désormais concevables.

Les problèmes de cohésion national

qui s’annoncent en France ne seront n



exclusivement « musulmans », ni mêm

seulement religieux. Pensons, pendan

qu’il est encore temps, à la Bretagnoubliée, à l’Alsace maltraitée par l

réforme territoriale. L’automne de

Bonnets rouges ne fut sans doute qu’uavertissement sans frais.

Sortir de la phobiedu religieux

Nous devons à ce stade faire l’efford’essayer de comprendre pourquo

’islam, religion introduite en France (e

ailleurs) par des groupes minoritaires e



dans l’ensemble plutôt défavorisés, pe

prestigieux, séduit des jeunes don

certains s’engagent dans ce qui apparaîcomme un retour à leur religio

d’origine, et d’autres, venus d’un

radition catholique ou laïque, commune conversion pure et simple.

La négation hystérique de la valeur d

religieux ne nous fera pas avancer. Cqui fait précisément le plus défaut à l

France, pays en crise métaphysique

c’est une capacité minimale à réfléchisereinement sur ce que la religion peu

donner aux gens. Au risque d’exaspére

Charlie, qui associe désormais l’identit



nationale française au droit d

blasphémer Mahomet, nous devon

réfléchir à ce que l’islam peut apporter certains Français. Il ne s’agit au fon

que d’élargir à d’autres système

religieux l’analyse proposée plus haudu catholicisme zombie, qui admetta

non seulement le rôle négatif de l’Églis

dans bien des domaines mais aussi lrôle positif joué par la morale d

coopération issue du catholicisme. I

faut appliquer Polanyi à l’islam autanqu’au catholicisme, non pas à l’islam e

général mais à ce qu’il est en France

porté par des groupes spécifiques, doté



d’un niveau de pratique beaucoup plu

faible qu’on le croit généralement.

Rien ne justifie non plus l’imputation outes les religions, et à tout moment

qu’elles s’opposent au progrès. Ce qu

montrent au contraire les cas dprotestantisme et du judaïsme, deu

religions du Livre qui ont engendré de

peuples de très haut niveau culturelc’est que dans le développement de

sociétés, la foi a précédé l’éducation d

masse. Les pays protestants, scandinavenotamment, en avance depuis l

Réforme, conservent un niveau éducati

rès élevé, tout comme l’État d’Israël. L



présence de la Finlande en tête d

palmarès des enquêtes scolaires du typ

PISA, qui mesurent les performancedes élèves du second degré, do

beaucoup à Luther, très peu à so

gouvernement – et rien au capitalismavancé. Elle est l’illustration la plu

haute du protestantisme zombie

L’histoire a été très différente en Franceoù l’Église du catholicisme tardif

rétrograde, avait frein

’alphabétisation. C’est sans doute lraison (non consciente) pour laquelle l

majorité des Français, prisonniers d

eur propre histoire, demeuren



aujourd’hui incapables de percevoi

positivement la religion.

Tout à fait indépendamment de lquestion indécidable de l’existence d

Dieu et de la vraisemblance de

conditions d’accès à la vie éternelle’existence d’un idéal combinant moral

ndividuelle, projet collectif et beaut

possible de l’avenir peut aider lehommes dans leur effort pour deveni

autre chose que de fragiles animau

âchés dans un monde dépourvu de sensC’est pour cela que nous devon

envisager la possibilité que l’isla

contribue positivement, dans certaine



circonstances et dans certaines de se

variétés, à l’équilibre psychologique de

ndividus, à leurs bons résultatscolaires et à leur intégration réussi

dans la société française. Il ne s’agit pa

d’imaginer une restructuration debanlieues par l’islam ! Mais nou

devons être bien conscients qu

’anomie, beaucoup plus que lcommunautarisme, menace aujourd’hu

es quartiers. L’assimilation des valeur

familiales et idéologiques françaises est beaucoup trop avancée. Ce que l’o

peut imaginer, c’est une contribution à l

marge de la croyance musulmane



mportante pour certaines famille

engagées dans un effort de promotio

ntellectuelle, scolaire et sociale. Isuffirait de les laisser tranquilles, mieux

de les protéger contre les insultes et le

agressions venues de l’athéisme militantcontre cette nouvelle menace à la libert

de croyance qu’est désormais l

aïcisme radical . Cette foi d’un genrnouveau doit, tout autant que l

catholicisme, le protestantisme, l

udaïsme et l’islam, être tenue ’extérieur des écoles publiques.



L’islam et l’égalité

La vraie question posée par l’islam

a société française n’est paprincipalement que, culte ancien dans u

monde métaphysiquement vide, il s’offr

comme substitut. Il n’en a déjà plus lforce. Les populations qui le portaient

’origine sont en cours de sécularisation

comme les autres, avec un léger retardMais l’islam, comme le catholicisme o

e protestantisme, est capable d

ransmettre des valeurs à une populatiodevenue incroyante et de rester acti

après sa disparition en tant que fo



vivante. Nous avons dû admettr

’existence d’un catholicisme zombie

puis celle d’un protestantisme zombieous devons être capables de postule

’existence d’un islam zombie. Or ce qu

’islam contient de spécifique est unpuissante valeur d’égalité des hommes

La famille arabe classique définit le

frères comme égaux, tout comme lerègles d’héritage idéales exposées dan

e Coran. Je parlerai plus bas de l

question du « désavantage féminin ». Lfaible autorité du père se combine

cette égalité des frères pour produire l

rait central de l’organisation familial



arabe, largement horizontale, l

solidarité des frères.

Une partie de la puissancd’expansion de l’islam vient d’ailleur

précisément de ce qu’il est, dans le

extes comme dans les structurefamiliales qui lui ont servi de poin

d’appui, fondamentalement égalitaire

Dans le cas de la France, l’égalitarismde l’islam, perçu comme une menac

aujourd’hui, pourrait devenir un

véritable chance.Le comportement politique de

populations d’origine musulmane e

France témoigne d’une fort



prédisposition à voter à gauche. Compt

enu de sa composition de classe et de

agressions idéologiques dont ils son’objet depuis des années, il es

évidemment normal que les électeur

d’origine musulmane votent de ce côtde l’échiquier politique, même si l

gauche française actuelle est plus qu

suspecte (on l’a vu), quant à ses valeurprofondes. Reste que la force de cett

orientation à gauche, mesurée par le

enquêtes de l’IFOP, laisse supposer undynamique idéologique intrinsèque

C’est que 80 % des « Françai



musulmans » choisissent la gauche d

manière stable.

L’évolution du vote des musulmansau 1

er tour en 2002, 2007 et 2012

12

Présidentielle

de 2002

Présidentielle

de 2007

Présiden

de 2012

Extr.

gauchePC 19 10 21

PS

+ alliés

49 58 57

Verts 11 3 2

Bayrou 2 15 6

Droite 17 8 7



Divers

droite1 2 2

Extrêmedroite

1 1 4

Autres – 3 1

Si l’on tient à part la périod

d’« urgence » antisarkozyste de 2007, l

puissance du vote pour l’extrême gauchest particulièrement remarquable. S

ous les ouvriers français étaien

musulmans, Jean-Luc Mélenchon seraune puissance politique…

Comment qualifier d’égalitaires

cependant, une religion et un



organisation familiale qui placent si ba

e statut de la femme ? interrogen

certains. Une telle question résulte d’unvision naïve et antihistorique de l

notion d’égalité, tout particulièremen

quand il est question d’égalité dans lestructures familiales.

L’inégalité des sexesIl est vrai que, dans le Bassi

parisien, la famille nucléaire égalitairdéfinit tous les enfants, garçons ou filles

comme égaux devant l’héritage. Il es

donc naturel à un Français de penser qu



’égalité entre les hommes, d’une part

’égalité entre les hommes et le

femmes, d’autre part, ne sont qu’application d’un même principe. C

n’est pas le cas général. Dans les pay

anglo-américains et scandinaves, paexemple, le statut élevé des femmes s

combine à l’absence d’un princip

d’égalité entre les hommes. La famillnucléaire égalitaire du Bassin parisie

est le produit d’une longue histoire, suit

elle-même de celle de la famillnucléaire égalitaire du Bas-Empir

romain, qui déjà traitait les enfants de

deux sexes comme des égaux. Mais, plu



en amont encore, il y avait eu la famill

de la Rome républicaine, qui, elle

considérait les seuls garçons commsymétriques. À l’origine du principe d

’égalité familiale, on trouve toujours –

en Chine, en Inde du Nord, en Russie une organisation patrilinéaire qu

définit les hommes comme égaux contr

es femmes. C’est le cas de la famillarabe.

La famille communautaire endogam

arabe, construite autour des principes d’égalité et de la solidarité des frères

définit un universalisme restreint au

hommes. Le mécanisme mental est d



ype habituel : « Si les frères sont égaux

es hommes sont égaux, les peuples son

égaux, avec cette réserve que lefemmes ne sont pas des hommes. »

L’islam est donc universaliste, comm

a Révolution française ou lcommunisme russe, ou d’ailleurs l

christianisme de l’Empire romain. C’es

a raison fondamentale pour laquellcette religion tend à exprime

aujourd’hui, à l’échelle planétaire, un

aspiration confuse à l’égalité, cettégalité tellement maltraitée par l

globalisation économique. La diminutio

du poids de la France dans le monde



es universalismes français, russe, arab

sont en réalité des particularismes.

La représentation de la valeud’égalité par l’islam est un problèm

parce qu’elle exclut clairement le

femmes. Youssef Courbage et moi-mêmavions, certes, montré dans Le Rendez

vous des civilisations que l’évolutio

démographique du monde arabsupposait une élévation rapide du statu

des femmes. La convergence ave

’Europe occidentale toutefois ne serpas immédiate 13. La distanc

anthropologique reste importante. Nou

voyons bien que des valeurs égalitaire



et universelles sont communes à ceu

qui, en Europe et dans le monde arabe

réclament l’égalité des droits pour lePalestiniens. Mais nous devons malgr

out tenir compte du fait (désagréable

que, dans les profondeurs des systèmeanthropologiques, des conception

différentes du statut de la femm

séparent les universalismes européen emusulman.

Le premier est en plein déclin, pou

cause d’implosion de l’universalismfrançais et de montée en puissance d

’Allemagne, le second est en plei

épanouissement parce que la hausse de



aux d’alphabétisation activ

déologiquement l’ensemble du mond

arabe, égalitaire sur le plan des valeurfamiliales. L’injustice faite au

Palestiniens fait réagir bien sûr, dan

’Hexagone, ce qu’il y reste des valeuruniverselles de la Révolution, e

déclenche donc des sentiments d

solidarité, mais c’est quand même desraéliens que les Français sont le plu

proches par le mode de vie. Cett

contradiction fondamentale est la raisopour laquelle les interaction

déologiques entre l’Europe et le mond

arabe finissent toujours par produir



plus de confusion et de violence que d

solutions et de paix. Le mirage de l’Éta

slamique a succédé au miragpalestinien. Il entraîne certains jeune

dans des aventures insensées. Il aveugl

aussi les analystes sur les dynamiquenternes de la société française. L

conflit anthropologique entre les deu

universalismes – le français et l’arabe –nsoluble pour quelques années encor

au Moyen-Orient, s’éteint pourtan

naturellement dans l’Hexagone.Les beurs des banlieues sont françai

et ont déjà, en termes de mœurs, fait le

neuf ou les dix dixièmes du chemin ver



c’est une évidence anthropologique qu

’islam, une fois dissous l’élémen

antiféministe de la culture arabe, est, evertu de son égalitarisme, hautemen

compatible avec l’égalitarisme d

Bassin parisien ou de la façadméditerranéenne.

J’ai décrit la société française comm

ravaillée par l’inégalité, valeusubjective et réalité objective. J’a

montré la prise du pouvoir idéologiqu

et politique par des régions et declasses prédisposées à l’inégalité

provinces catholiques zombies ou strate

sociales supérieures. Par voie d



conséquence, il nous faut admettre u

effondrement relatif de la cultur

française centrale, égalitaire, qui fit lRévolution et assura l’épanouissemen

d’une République réellemen

républicaine. L’agent politique principade la subversion de la culture national

fut le Parti socialiste, agent discret mai

puissant de l’inégalitarisme montant.En regard de l’égalité, la famill

arabe et son islam sont plus proches d

a tradition française centrale que ne lsont les provinces catholiques zombie

ou l’idéologie néo-républicaine. Nou

’avons senti dans le fort vote d’extrêm



gauche des Français d’origin

musulmane, tellement dans la continuit

du vote communiste de la banlieurouge. L’anthropologue se doit donc d

souligner que, dans la mesure où ell

garde une partie de sa force et de sspécificité, la culture arabe e

musulmane transformée pourrait bel e

bien contribuer au rétablissement d’uvéritable républicanisme en France

Cette conclusion optimiste es

évidemment de la plus haute importancemais nous devons néanmoins alle

usqu’au bout du raisonnement, san

aisser en chemin les élément



éventuellement dangereux de la cultur

égalitaire, que celle-ci soit musulman

ou républicaine.

L’antisémitisme

des banlieuesLe chapitre précédent a été largemen

consacré à la perversion d’égalitarisme populaire au cœur d

’espace républicain central. Il s’

manifeste sous la forme du vote Fronnational. J’y ai évoqué d’autre

perversions engendrées pa

’universalisme, plus anciennes



monarchiques puis républicaines : l

rejet final des protestants en 1685, l

massacre des Vendéens et l’anglophobide 1793, l’antisémitisme de variét

égalitaire des colons d’Afrique du Nor

vers 1898, la germanophobie de 1914En 2015, nous devons traite

’antisémitisme latent de certains jeune

d’origine maghrébine avec la mêmrigueur. Il n’est pas difficile d’identifie

dans l’antisémitisme des banlieues un

nouvelle perversion de l’égalitarisme,Merah, Nemmouche, Coulibaly : le

sentiments antijuifs qui prospèrent dan

certains milieux sont désormais avérés



sans discussion possible, et doivent êtr

raités comme un fait sociologique, à l

manière d’un taux de suicide. Nouaurions toujours tort de n’y voir qu’un

mportation en France du conflit israélo

palestinien, même si la réalité lointainde l’injustice faite aux Palestinien

anime consciemment les jeune

antisémites des banlieues. Comme c’ese cas des électeurs populaires e

égalitaires du FN, qui ont tourné leu

ressentiment contre la différence visiblde la culture arabe originelle, certain

descendants d’immigrés acculturés pa

a France tournent leur ressentimen



contre la différence visible des juif

pratiquants du nord-est de Paris, de s

banlieue ou de diverses régions du MidiL’égalitarisme hystérisé peut, nou

venons de le voir, conduire à un rejet d

’autre : différent alors qu’il devrait êtrsemblable, celui-ci est finalement class

comme « non humain ».

Dans le cas de la région parisienne, iest en pratique et en théorie tout à fa

mpossible de distinguer, dans le refu

de la différence juive par de nombreuadolescents des banlieues, ce qu

pourrait être déterminé pa

’universalisme de la culture français



centrale de ce qui pourrait proveni

d’une persistance de l’universalism

musulman.Il existe toutefois une différenc

structurelle entre l’arabophobie d

’électorat du Front national e’antisémitisme des banlieues. Le vot

FN résulte aussi d’un mécanisme d

stratification éducative qui conduit lemilieux populaires à chercher dans l

hiérarchie sociale, au-dessous d’eux, u

bouc émissaire. Dans le cas d’antisémitisme des banlieues, les jeune

ne peuvent percevoir les juif

pratiquants comme socialemen



nférieurs. Leur petit nombre en fai

certes, des boucs émissaires idéau

mais, dans le contexte d’une atomisatiodu milieu social environnant, on imagin

plutôt les juifs pratiquants enviés. Leu

communautarisation les met à l’abri dvide qui s’étend sur la périphérie de l

société française.

Le fond anthropologique depopulations d’origine maghrébine de l

région parisienne est doublemen

égalitaire, parce que parisien et parcque musulman ; il fusionne, en u

mélange instable, l’individualism

régionalement dominant et l



désintégration en cours de la famill

communautaire endogame ; il prive e

réalité de toute protection collectiveLes individus d’origine maghrébine son

comme la plupart des Français d

Bassin parisien, beaucoup plus menacépar l’anomie que par l

communautarisme. À l’opposé, l

culture juive, en elle-mêmdifférentialiste, permet si nécessaire u

repliement communautaire efficace. L

famille juive insiste sur la proximité defrères et des cousins, mais elle n

contient aucun principe d’égalité. L

Bible met en scène une oscillatio



constante entre une préférence théoriqu

pour l’aîné (Esaü) et le choix effectif d

dernier-né (Jacob)

14

. La tradition juivest exogame, du point de vue familial 15

mais n’a pas, comme les culture

chrétiennes, une phobie absolue demariages entre cousins, qu’elle tolèr

orsque la petite taille du groupe le

rend nécessaires. Elle est forte sur lplan de l’identité comme sur celui d

’éducation.

Reste qu’au-delà des différences troévidentes entre le vote FN e

’antisémitisme des banlieues, nou

sommes confrontés dans les deux cas a



mécanisme effarant d’un universalism

que son incapacité temporaire

assimiler ou à se fondre rend racistePlus haut dans la structure sociale

Charlie, porté par la montée d

’inégalité, peut tranquillemenmanifester, au nom de ses valeur

supérieures, et condamner les deu

groupes populaires, égalitaires eégarés : électeurs du FN perçus comm

racistes et beurs comme antisémites

Mais c’est pourtant bien cette classmoyenne confite de bonne conscienc

qui a, par son égoïsme et son mépris

autorisé le pourrissement au bas de l



société française et qui persiste, jou

après jour, à condamner des catégorie

entières à la relégation sociale danaquelle elles auront tout loisir d

recuire leur frustration et leur rage. Au

delà des professions de foi antiracistesau-delà des engagements solennels e

répétés du gouvernement à lutter contr

’antisémitisme, la vérité est que Charlia réussi, au terme d’une gigantesqu

partie de billard sociologique, à mettr

en danger les Français juifs emaltraitant les Français musulmans. E

que, sous l’effet d’une politiqu



1.

2.

3.

4.

5.

6.

économique insensible et cruelle, il v

continuer de s’y employer.

Stefan Zweig, Le Monde d’hierSouvenirs d’un Européen (1941Paris, Le Livre de poche, 1993

p. 496-497.Données aimablement communiquée par Jérôme Fourquet.Christophe Guilluy, La Franc

périphérique. Comment on a sacrifiles milieux populaires, PariFlammarion, 2014.

Immigrés et descendants d’immigré

en France, INSEE, 2012, p. 167.Trajectoires et Origines, INED eINSEE, Paris, 2011, p. 56.

Ibid ., p. 127.



7.

8.

9.

10.

11.

12.

13.

14.

Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, L Mystère français, op. cit., p. 222-226Rééd. Whitefish, Montana, Kessinge

Publishing, 2010. Immigrés et descendants d’immigréen France, op. cit., p. 131.

Jérôme Fourquet, Nicolas Lebourg e

Sylvain Manternach, Perpignan, unville avant le Front national, PariFondation Jean-Jaurès, 2014.Emmanuel Todd, L’Illusio

économique, Paris, Gallimard, rééd« Folio », 1999, p. X-XII.

IFOP, Focus no 88, 2013.

Youssef Courbage et Emmanuel Todd

Le Rendez-vous des civilisationsParis, Seuil/La République des Idée2007.

J’ai analysé le système familial jui

originel dans L’Origine des système



15.

familiaux, Paris, Gallimard-Seui2011, p. 541-546.Mais évidemment endogame du poin

de vue communautaire…



Conclusion

Je voudrais dans cette conclusio

rappeler rapidement ce que fut la Franc

républicaine du passé, résumer ensuit

ce qu’est devenue la France néo

républicaine du présent, poser enfin l

choix qui s’offre à nous : l

confrontation avec l’islam o

’accommodement avec lui. J

erminerai par une prédictio



raisonnablement pessimiste sur ce qu

menace d’advenir.

Le vrai passérépublicain

Au lendemain de l’affaire Dreyfus e

de la séparation de l’Église et de l’État

e l’ai dit, la IIIe

République était, edépit de sa célébration du jacobinisme

pluriculturelle de fait. Je m’abstien

d’utiliser le terme trompeur dmulticulturalisme, trop marqu

aujourd’hui d’idéologie, et qui masqu

oujours une intolérance de



profondeurs. Pluriculturel doit évoque

’inverse, une intolérance revendiqué

qui masque la liberté de tous. En socœur, l’Hexagone était incroyant. Dan

une constellation de province

périphériques, le tiers du territoirnational, l’Église catholique régnait

Elle y avait ses idoles et ses écoles. L

comportement des populationcatholiques était fortement déviant, ave

un âge au mariage tardif, un refus d

contrôle des naissances dans le coupledes familles nombreuses. Son indicateu

de fécondité, plus élevé de 25 %

pouvait donner le sentiment que l’Églis



cherchait à conquérir la République pa

une lutte démographique. Au centre de l

culture nationale régnait undésinvolture sexuelle qui n’avait so

équivalent nulle part ailleurs en Europe

Aristocrates et bourgeois anglaisallemands ou italiens venaient cherche

et trouvaient à Paris les conditions d

eur liberté.Culture laïque et culture catholique

officiellement hostiles l’une à l’autre

n’étaient pourtant pas étanches. Chaquour, des catholiques faisaient défectio

et passaient du côté de la libre-pensée

Les mariages mixtes étaient nombreu



entre les deux camps, unions le plu

souvent favorables à la culture central

dominante. Des tensions subsistaiencertes partout, mais les minorités juiv

et protestante avaient enfin trouvé l

iberté dans cet univers pluricultureCette France fantaisiste et disciplinée

anarchiste en son cœur mais autoritair

par son État et par son Église, fascinai’Europe, non seulement par sa devise

« Liberté, égalité, fraternité », mais pa

sa diversité culturelle, supérieure à cellde toute autre nation.

Écoutons J.B.S Haldane, brillan

généticien, caricature de l’anglai



excentrique. D’extrême gauche, il n

pensait pas les hommes égaux mais c

petit défaut lui permettait de voir lFrance des années 1930 telle qu’ell

était réellement parmi les nations :

« Une civilisation jeune tend à êtrmoins tolérante de la diversité qu’un

autre plus ancienne. Une transformatio

politique et sociale violente et réussiaboutit souvent à standardise

’admiration pour un type d’homm

particulier. Le fasciste italien se modèlsur un type fort, quoique peu silencieux

L’Américain, porté par une vagu

mmense de prospérité, idéalise le



capitalistes et les inventeurs qui on

organisé cette prospérité. Dans certaine

communautés stables domine une attitudplus tolérante. Sous la IIIe Républiqu

française, il est probable que son

encouragés des types humains pludifférents qu’en aucune autre société

Prenons sept êtres humains qui y on

atteint la célébrité : Pasteur, RenanAnatole France, le maréchal Foch, saint

Thérèse de l’Enfant-Jésus, Sara

Bernhardt et Suzanne Lenglen. Je doutqu’aucun autre État puisse produire u

groupe aussi profondément représentati

des différents aspects de la natur



humaine. En Angleterre, par exemple

certaines des œuvres d’Anatole Franc

auraient été interdites sous prétextd’indécence, mais sainte Thérèse aura

eu beaucoup de mal à vivre saintement

et aurait rencontré des obstacles presqunsurmontables à la réalisation d

miracles certifiés après sa mort.

Il est inutile d’ajouter que la Franceen dépit de cette immense diversité de

ypes humains, possède une culture auss

caractéristique et un degré d’unitnationale aussi élevé en temps de cris

que n’importe quel autre État 1. »



En d’autres termes, le caractèr

pluriculturel de la France a permi

’épanouissement des individus, en vertd’un processus que la théorie jacobin

n’avait nullement prévu. L’homogénéit

aïque du passé est un fantasme total. Lhéorie véhiculée aujourd’hui par l

aïcisme radical est une pure fiction. C

que l’on exige aujourd’hui demusulmans ne fut jamais obtenu de

catholiques, malgré plus de cent ans d

conflits violents, incluant le200 000 morts de la guerre de Vendée.



Le présent néo-républicain

Le néo-républicanisme est une étrangdoctrine, qui prétend parler la langue d

Marianne mais définit dans les faits un

République d’exclusion. Durant lerente dernières années, la montée e

puissance de la périphérie catholiqu

zombie de l’Hexagone et l’entrée ecrise du centre laïque, l’une combinée

’autre, ont abouti à un basculement : l

périphérie désormais domine, et aveelle son indifférence ou même son refu

de la valeur d’égalité. Les régions qu



ont soutenu la monarchie, puis la droit

conservatrice, et enfin Vichy, sont au

commandes. En tant que systèmorganisé, la France a changé de nature.

La culture centrale y est désorganisée

Elle n’a bien sûr pas disparu et conservprobablement une forte puissanc

atente, souterrainement active, mais s

contribution effective au systèmnational résonne surtout, en milie

populaire traditionnel comme chez le

descendants d’immigrés musulmanscomme l’expression d’une intoléranc

égalitaire spécifique, une perversion d

’universalisme qui, bien entendu



aggrave la situation. La dualité d

système national n’assure plus, comme

’époque où Haldane écrivait, undiversité maximale des possibilité

humaines. Elle démultiplie, au contraire

’anxiété massivement induite pa’atomisation du système centra

Anomie, intolérance hybride et instabl

combinant inégalitarisme eégalitarisme, voilà ce qui a conduit à l

montée en puissance nationale d

’islamophobie. Indépendamment de touproblème d’adaptation des population

dont il est la religion d’origine, l’isla

est bien le bouc émissaire d’une sociét



qui ne sait plus quoi faire de so

ncroyance et qui ne sait plus si elle

foi en l’égalité ou en l’inégalité. Dcette confusion a émergé le discour

néo-républicain, qui exige laïcité e

unanimité. L’omniprésence des motaïcité et République, ces ving

dernières années, révèle d’ailleurs l

déclin du véritable sentimenrépublicain. Comme il est fréquent, l

vérité s’avance masquée par sa propr

négation.La néo-République, plus proche d

Vichy dans son concept que de l

II

e

République, exige de certain



citoyens un degré intolérable d

renonciation à ce qu’ils sont. L

musulman, pour être reconnu comme ubon Français, doit ainsi admettre qu

blasphémer sur sa propre religion es

une bonne chose. Ce qui revient à ludemander, en vérité, de cesser d’êtr

musulman. Des idéologues à grand

irages évoquent la déportation commune solution.

Comme Vichy, la néo-Républiqu

n’est pas un système nationandépendant. Elle n’est qu’un morcea

d’un système multinational complexe

’Europe, ou plutôt, comme le suggèr



honnêtement Valéry Giscard d’Estain

par le choix du titre de ses livres

’Europa. L’Europa n’est pas unassociation de nations libres et égales

un élargissement au continent d’un

conception française. L’Europa est usystème hiérarchique dominé par un

nation, l’Allemagne, tandis que le

autres se répartissent selon ungradation fine allant de la servitud

volontaire de la France à la servitud

out court des pays du Sud. L’existencde l’Europa a fait de la grand

manifestation du 11 janvier u

phénomène régional, qui s’est déploy



dans l’une des provinces du système

Mais le centre de gravité d

’islamophobie est ailleurs, réparti selodeux cercles géographiquement décalés

La dynamique islamophobe est, pou

une part, caractéristique de l’ensemblde la zone euro, elle-même structuré

par ses provinces catholiques zombie

de tempérament inégalitaire. Cettslamophobie de type C (comm

catholique) est un peu modérée par u

reste du sentiment universel hérité d’Église, mais elle tend à être dopée pa

’échec de l’euro, qui rend les couche

dominantes anxieuses et les lance à l



recherche d’un bouc émissaire, l’isla

évidemment. Les classes dirigeantes d

a zone euro auraient sans doute préféra russophobie, xénophobie idéale de

élites. Mais il manque deu

caractéristiques aux Russes pouconstituer un bouc émissair

satisfaisant : une présence physiqu

mportante à l’Ouest et, surtout, lfaiblesse. Taper sur des immigrés venu

de la Méditerranée apparaît tout d

même moins risqué que d’affronte’armée russe.

Le deuxième cercle, celui d

’islamophobie de type P (comm



protestante), est situé plus au nord et n

se confond pas avec la zone euro. Mai

e protestantisme, s’il a bien légué sdynamique éducative à sa descendanc

zombie, lui a également transmis so

rapport foncièrement négatif ’universel. Depuis un bon moment déjà

e protestantisme zombie agit e

Europe – aux Pays-Bas, au Danemarken Allemagne du Nord et de l’Est –

comme un catalyseur de l’islamophobie

Le système néo-républicain esdominé par des classes moyennes qui n

souffrent pas trop encore de la crise d

système économique. Elles ont pris l



contrôle de l’État social français e

accepté de sacrifier l’industrie et l

monde ouvrier. Inquiètes, ellemanifestent des signes d’instabilit

déologique. On sent une monté

progressive en leur sein d’islamophobie. Les musulmans

catégorie fantasmée, deviennent ains

pour elles un deuxième problème, à côtde celui des milieux populaires. L

combat de la bonne conscience devien

double. Il lui faut désormais lutter contre populisme et contre l’islamisme.

Charlie vient de démontrer sa capacit

à protéger son mode de vie et se



usqu’au communisme, puisque le part

bolchevique fut en réalité la créatio

d’une intelligentsia petite-bourgeoiseLa placidité des classes moyenne

anglaise et américaine a fait la stabilit

de la démocratie libérale en GrandeBretagne et aux États-Unis.

Deux voies, je l’ai suggéré, s’offren

maintenant à la France.

Futur

1 : La confrontationSi la France poursuit dans la voi

d’une confrontation avec l’islam, ell



doit, tout simplement, se préparer

rétrécir et à se fissurer. Au sein de

eunes générations, les Français classécomme « musulmans » constituent à pe

près 10 % de la population. Ce n’est pa

a submersion évoquée par les radicalaïcistes puisque la majorité de ce

« musulmans » sont en réalité pe

pratiquants, souvent mariés à deFrançaises ou à des Français d’origin

plus ancienne. Mais il se trouv

désormais des musulmans partout et ous les niveaux de la société française

dont une bonne partie déjà soudés pa

eur descendance au corps central de l



être les plus nombreuses dans la parti

du territoire dont le fon

anthropologique est nucléaire endividualiste, c’est-à-dire dans un vast

Bassin parisien – en Normandie

Picardie, Champagne, Touraine eBourgogne –, puisque c’est là que le

générations sont le moins solidaires e

es jeunes le plus abandonnés. Nous devons comprendre que si un

partie de la jeunesse est en manque d

« sens », de « religieux », tout ciblagsupplémentaire de l’islam comm

coupable n’aboutira qu’à faire de lui u

déal d’évasion. Ce qui apparaît au



vieux comme un terrible problèm

apparaîtra aux jeunes comme un

errible solution. Tenter d’endoctrinees lycéens dans le laïcisme, cett

nouvelle religion, militariser le

étudiants-chômeurs par le serviccivique, remplir de gamins les prisons

es traquer à leur sortie, n’aboutira qu’

aggraver la situation si l’islam eseffectivement en train de deveni

’horizon du cauchemar aux yeux d’un

eunesse désorientée.La France n’a tout simplement pas le

moyens d’une telle confrontation. Ell

n’a pu survivre à l’expulsion de



protestants et à la guerre de Vendée qu

parce qu’elle était alors la premièr

puissance démographique européenneMais il est évident qu’aujourd’hui, l

réduction à un statut de citoyens d

deuxième zone de 10 % de sa populatioeune et la fuite probable vers le mond

anglo-américain des plus doués d’entr

eux marqueraient la fin de la France eant que puissance moyenne.

D’ailleurs, le racisme, lorsqu’i

s’empare des consciences, ne s’arrêtamais à telle ou telle catégorie. L

confrontation avec l’islam a déjà amorc

a renaissance de l’antisémitisme. L



diffusion de cet antisémitisme, dans un

société obsédée de religion et stagnan

économiquement, ne s’arrêtera pas auportes de la capitale et des grande

villes. Les classes moyennes seront bie

vite touchées par une infiltration dsentiments mauvais, qui n’auront plu

qu’à réactiver le vieil antisémitism

catholique et à le resservir dans unversion zombie. Les juifs auss

repartiront alors, plus rapidement et plu

massivement que les musulmans. Jdoute qu’une telle nation conserve s

séduction aux yeux de ses citoyen

d’origine asiatique. Certains Françai



d’origine chinoise aussi s’emploieron

alors à quitter l’Hexagone, pour le

États-Unis sans doute.Les idéologues qui nou

recommandent la fermeté pour obteni

’homogénéité se rendent-ils seulemencompte que la France ne demeure un

vraie puissance européenne qu’en vert

de sa diversité ? Il se trouve, en Franceplus de citoyens d’origine musulmane

africaine, juive ou chinoise que dan

oute autre nation européenne. C’esgrâce à eux que Paris est une ville

monde.



Je suis également convaincu qu

’émergence d’une France islamophobe

abandonnée par ses minorités les pludynamiques, finirait par lasser jusqu’

certaines de ses propres provinces. J’a

déjà mentionné la Bretagne et l’AlsaceMais que ferait la région Rhône-Alpe

élargie, catholique zombie elle aussi, o

’on sent déjà si nettement, à l’est, leeffets économiques et politiques d

champ gravitationnel européen ?

L’une des particularités du mondoccidental en crise est une variét

collective de narcissisme, sans nul dout

agrégation des narcissismes individuel



qui sont l’esprit du temps. Son systèm

global et ses sous-systèmes nationau

s’y pensent, autant que ses individus, acentre des attentions de tous, admirés d

’univers. Cet Occident narcissiqu

perçoit ainsi Moscou « isolé de lcommunauté internationale » au momen

même où la Banque centrale de Chin

sauve le rouble, où la Turquie spropose à la Russie comme lieu d

passage du pipeline South Strea

bloqué par l’Europe en Bulgarie, o’Iran et l’Inde achètent en masse d

matériel militaire russe. L’Otan éta

déjà suffisamment ridicule.



Mais la France de François Holland

est désormais affectée par un vertig

narcissique de première grandeur. NotrPrésident a proclamé, le 11 janvie

2015, Paris capitale du monde. Il es

vrai que notre pays a bénéficié, aendemain des attentats, d’une immens

vague de sympathie. Ce moment es

révolu. La publication du numéro de lsurvie, ce Charlie Hebdo daté d

14 janvier, tapant à nouveau su

Mahomet, a conduit à un isolemenmoral de la France comme on n’en ava

amais vu dans l’histoire. Notre pay

peut, certes, compter sur le Danemark



son maître en caricature, su

’Allemagne, théoricienne de l

circoncision, sur les Pays-Bas, payristement pilote en matièr

d’assassinats de personnalité

slamophobes, mais sur qui d’autre ?La presse anglo-américaine a refus

de reproduire le Charlie du 14 janvie

2015. Les Russes, les Japonais, leChinois, les Indiens nous ont tous jugé

nutilement insultants, en somme, ma

élevés. J’allais presque oublie’ensemble du monde musulman. L

vérité est que, enfermés dans notr

aïcisme radical, nous nous retrouvon



seuls, tragiquement provinciaux, comm

une bande ethnique qui encenserait so

dole dans l’indifférence ou ldésapprobation générale. À l’âge de l

mondialisation, on n’insulte pas le

symboles culturels des autres pour lun.

Fuite des élites venues des minorité

religieuses d’origine étrangèredéfection des provinces, isolemen

moral dans un monde globalisé. Oui, l

fin de la France n’est pas un horizompensable. Non par la faute de l’islam

mais par celle des islamophobes.



Futur 2 : Le retourà la République :

l’accommodement avecl’islam

Ce scénario n’aurait bien sûr de sen

que dans le contexte d’une libert

nationale retrouvée. Sans sortie d

’euro, pas de politique économiqu

possible, pas de baisse du chômage, pa

d’amélioration concevable de l

situation des plus fragile

économiquement – les jeunes, qu’il

soient d’origine musulmane ou non

L’européisme et l’islamophobie on



désormais partie liée. Symétriquement

a maîtrise de l’islamophobie et d

’antisémitisme ne peut se concevoisans sortie du bourbier européiste.

Pour éviter tout malentendu, le noya

du pacte républicain doit être rappelavant que soit examiné le choix d

’accommodement avec l’islam. I

établit ce sur quoi la République nsaurait transiger :

1) Sur le droit au blasphème

a) Le droit au blasphème est absolu

Les forces de l’ordre doivent assurer l

sécurité physique des blasphémateurs



Les ministres de l’Intérieur qui échouen

dans cette tâche doivent rendre de

comptes à la nation. b) Les citoyens français, musulman

ou non, qui considèrent que blasphéme

sur la religion d’un groupe dominé esnutile et lâche ont le droit de le dir

sans être accusés, ni d’apologie d

errorisme, ni de ne pas être de bonFrançais. L’État doit protéger leu

iberté d’expression.

2) Sur l’assimilation comme horizo

nécessaire



a) Le destin des Français de toute

origines est de vivre ensemble en tan

qu’individus libres et égaux, ce qumpliquera, dans un avenir qui n’a pas

être précisé, la fusion progressive de

groupes par la multiplication spontanédes mariages mixtes.

b) Le mélange des population

suppose l’effacement des différencereligieuses et, il faut l’admettre, un

prédominance du scepticisme religieu

et de la libre-pensée.c) L’égalité de statut de l’homme et d

a femme est une précondition d

mariage mixte. Elle doit être, dan



’espace républicain, un article de fo

Seule une convergence de vues sur c

que doit être un couple autorise lmariage entre individus d’origine

différentes. En conséquence

’interdiction du foulard islamique danes établissements scolaires, qu

symbolise l’égalité des femmes e

’exigence française d’exogamie, est unbonne chose. Elle fut une étape positiv

et reste nécessaire.

C’est ainsi que je demeure, u

assimilationniste. Mais je persiste auss

à penser que le discours laïciste es



gnare, ou de mauvaise foi, lorsqu’i

associe bas statut des femmes e

héologie musulmane, lorsqu’il affirmque la législation civile contenue dans l

Coran contredit gravement le code civi

français. L’islam admet toujours lriorité de l’usage local sur le text

sacré. Nulle part dans le mond

musulman les règles d’héritagcontenues dans le Coran ne son

appliquées. La fameuse « demi-part

des filles n’est pas accordée par lepaysans du monde arabe. Inversement, e

en toute liberté par rapport au messag

de Mahomet, l’islam le plus orienta



avantage les filles par rapport au

garçons. Au-delà de l’océan Indien, e

effet, l’islam place les femmes au cœudu dispositif familial. L’Indonésie, l

plus peuplé de tous les pays musulmans

est à prédominance matrilocale, et segroupes ethniques les plus pratiquants

comme les Minangkabaus, son

franchement matrilinéaires. Les homme vivent parfois même des heure

difficiles. Un islam égalitaire, du poin

de vue des rapports entre les sexesexiste déjà, vécu par 250 million

d’Indonésiens.



soi – et elle l’est vraiment –, mais auss

parce que la bienveillance est plu

efficace à long terme que lconfrontation, toujours génératrice d

haine et de polarisation.

L’assimilation des enfants d’immigréd’origine musulmane, déjà très avancée

est ralentie actuellement par de

difficultés d’ordre économique, pa’incertitude où se trouve la sociét

française elle-même de ses propres buts

L’atomisation et le vide quaccompagnent ou, plus exactement, qu

caractérisent la crise du mond

développé, induisent partout de



mécanismes de mise à l’abri, d

communautarisation, plus forts san

doute dans la France du catholicismzombie et dans certaines fractions de l

population juive que dans la populatio

d’origine musulmane, désintégrée dpoint de vue des structures familiales

Dans un tel contexte, la France ne peu

refuser à ses citoyens musulmans dpratiquer librement leur religion et d

dire, s’ils le pensent, que les caricature

de Mahomet sont obscènes. Ceci n’esqu’une toute petite partie du problème

L’islam doit globalement, enfin, êtr

accepté, légitimé en tant que composant



de la nation, comme l’Église l’a été

ous devons accepter la constructio

ibre de mosquées, nous devons mêmrattraper le retard pris en ce domaine.

Ce qui vient d’être décrit n’est pas un

utopie. C’est l’exigence d’un retour avrai passé de la République. Nou

devons accorder à l’islam ce qui a ét

accordé au catholicisme à l’époque da laïcité triomphante. La taille modest

et la fragmentation de la populatio

d’origine musulmane dans les banlieuenterdisent un parallèle trop poussé ave

es provinces de la périphéri

catholique. 5 à 10 % de populatio



musulmane, selon qu’on considère le

vieux ou les jeunes, groupes dispersés

hétérogènes quant à la nationalitd’origine ou la pratique, ne pèseron

amais autant que le tiers de ce

provinces qui furent catholiquesbeaucoup plus homogènes en leur temp

et beaucoup mieux pourvues en classe

moyennes et dirigeantes. L’islam qus’annonce, en termes de puissance, c’es

entre le tiers et le vingtième de ce qu

représentait l’Église dans la RépubliqueIl s’agit finalement, par réalisme e

nécessité, d’admettre pleinemen

oyeusement, qu’il existe désormais



dans la culture française, dans notre êtr

national, une province musulmane. I

s’agit aussi d’éviter une nouvelle guerrde Vendée, cet affrontement qui ava

contribué à solidifier le catholicisme

C’est un catholicisme accepté qui s’esspontanément dissous au lendemain de l

Seconde Guerre mondiale. Notr

nouvelle province, l’islam, croit e’égalité, au contraire de l’Église

fondée sur un principe de hiérarchie e

out point contraire à l’idéal républicainUne intégration positive de l’isla

conduirait donc au renforcement de l



culture républicaine, plutôt qu’à s

subversion.

Nous devons attendre du temps, plutôque de l’idéologie, une atténuation de

ensions et des rapports humain

pacifiés, conduisant à plus drelativisme religieux, à plus de mariage

mixtes, à encore et toujours plus d

Français incapables de décrire aisémeneurs croyances et leurs origine

religieuses.

Certes, la reprise d’un rythme élevd’assimilation des population

concernées n’est pas certaine, compt

enu du vide, au sens polanyien du terme



que génère le capitalisme avancé. Mai

’accommodement peut réussir là où l

confrontation ne peut qu’échouer. Evérité, n’importe quel niveau d

robabilité de réussite d

’accommodement est acceptable parcque la probabilité d’échec de l

confrontation est de 100 %.

L’aggravationprévisible

Confrontation, acceptation : les deu

options existent, mais nous devon

admettre que la société française es



aujourd’hui engagée sur le chemin de l

confrontation. La béatitude égoïste d

Charlie, les scores du Front nationa’antisémitisme des banlieues font doute

de la possibilité d’un changement d

rajectoire.Ce dont la France aurait besoin, c’es

d’une nouvelle fête de la Fédération, o

se retrouveraient toutes les composantede la nation. Mais il n’existe pour l

moment aucune force politique organisé

qui serait susceptible de libérer lFrance de sa gangue européenne afin d

conjuguer nation avec générosité, pou

réconcilier, dans l’Hexagone, milieu



moyenne échéance, est pe

vraisemblable.

Le détraquage d’un système politiququi voit la gauche dominer en régio

négalitaire et la droite en zon

égalitaire va durer, et même, pouquelques années encore, s’aggraver. L

corps électoral continue de vieillir, c

qui pourrait bien annoncer la possibilitd’un système plus crispé encore

Comment espérer qu’une crise d

« conscience » frappe des citoyens don’âge médian est non seulement proch

de 50 ans en 2015, mais qui s’élève d

0,2 à 0,3 an par année

2

?



Le graphique ci-dessous permet d

saisir la rapidité de ce vieillissement

que personne n’avait anticipé. À 60 ansun homme pouvait espérer vivre encor

15 ans vers 1950 mais 22 en 2015, un

femme encore 18 ans en 1950 mai27 en 2015. François Héran, qui fu

directeur de l’Institut national d’étude

démographiques (INED), nous a facomprendre, par une métaphore géniale

que l’augmentation massive du nombr

des gens âgés pouvait être analysécomme une immigration imprévue e

ncontrôlée 3.



Charlie va vieillir et sa bonn

conscience s’accentuer. Il sera toujour

plus travaillé par la nostalgie de soenfance, vécue au cœur d’une Franc

blanche dans laquelle, en l’absence d

boucheries halals mais avec du poissoe vendredi dans les écoles, coexistaien

’Église et la Révolution.

Oui, les choses vonvraisemblablement s’aggraver. Avant d

s’arranger ?



7. Espérance de vie à 60 ans



L’arme secrètedu renouveau

républicainLa culture française centrale

dominante au cœur du Bassin parisien e

sur la façade méditerranéenne, peine

mobiliser pour le meilleur la valeu

d’égalité. Elle n’a toutefois pas encor

engagé dans la bataille son arme secrète

Dans un merveilleux article consacr

à la diversité des sciences sociales, l

orvégien Johan Galtung comparait, il

a plus de trente ans, les style

ntellectuels anglo-saxon, germanique



français et japonais (Saxonic, Teutonic

Gallic et Nipponic selon sa propr

erminologie). Il y évoquait l’intellectueanglais ou américain, empirique

concepteur d’une multitude d

pyramides de taille modeste, point tropabattu lorsque l’invalidité de l’une d

ses petites constructions était démontrée

l peignait l’intellectuel japonais commun homme (ou une femme) pourvu(e

d’une roue mobile lui évitant u

engagement trop fort dans un modèlrop défini, soucieux avant tout de ne pa

oublier la complexité du monde. Il

décrivait l’intellectuel allemand



architecte d’une impressionnant

pyramide unique, mais prêt à s’effondre

psychologiquement si la fausseté de sosystème était prouvée. Il en venait enfi

à l’intellectuel français, bâtisseu

comme l’Allemand d’une grande théoriemais que Galtung représentait jolimen

comme un hamac tendu entre deux pôles

un système sous tension jamais pricomplètement au sérieux par son auteur

ui-même pressé de fuir autour d’un bo

déjeuner une discussion de fondÉcoutons Galtung : « Je pense qu

’intellectuel allemand (Teutonic) cro

vraiment ce qu’il dit, une chose que so



équivalent français (Gallic) ne fera

amais vraiment… L’intellectue

français (Gallic) aurait plutôt tendance considérer son modèle comme un

métaphore qui jette un peu de lumièr

sur la réalité mais ne devrait pas êtrrise trop au sérieux 4. » (C’est moi qu

souligne.)

Nous pourrions ne voir ici qu’unreprise scandinave du thème éculé de l

égèreté française. Mais quand il es

question de racisme, la présence o’absence d’esprit de sérieux est u

facteur sociologique capital. Car s

quelque chose peut rendre le racism



vraiment dangereux, c’est bien l’espr

de sérieux. C’est lui qui conduira cen

familles américaines blanches déménager lorsqu’une ou deux famille

noires s’installeront dans leur rue, o

qui imposera aux Allemands, plongédans l’effort de la Première Guerr

mondiale, de perdre du temps à vérifie

que les juifs font bien leur devoimilitaire. C’est le même esprit d

sérieux qui vient d’entraîner la mêm

Allemagne dans cet incroyable « débat sur la circoncision des enfants, pou

conclure par une loi qu’elle était licit

pour les musulmans et les juifs. Le



Français sont incapables de ce genre d

sérieux, qui exige des hommes qu’il

respectent réellement les lignes et lefrontières définies par l’idéologie

L’attitude française centrale, imposée ic

pour son bonheur à toute la périphérieprésente en Charlie comme chez le

électeurs du FN ou les gosses de

banlieues, n’est nulle part plus apparentque dans les rapports entre les sexes

L’anthropologie concrète se charge d

convertir l’homme universel d’idéologie en femme universelle de l

vie quotidienne, l’homme concre

différent en une femme concrèt



différente, beaucoup plus difficile

rejeter qu’un concept, surtout si elle es

rès jolie. Hésitant entre une bellexotique et un boudin nationa

’universaliste français fera en généra

e bon choix. Une femme française agirde même 5. L’absence de sérieu

déologique dans les rapports entre le

sexes est un socle sur lequel on peubâtir. C’est ainsi que la France pourrai

rester elle-même, mais surtout pas e

cultivant l’idéologie du blasphème, eexhortant à soutenir l’effort d’éducatio

civique ou au nom de la défens

prioritaire de la laïcité, et autre



foutaises grandiloquentes. La Franc

s’en sortira peut-être parce que, Die

merci, elle n’est jamais complètemensérieuse.

J’ai eu longtemps une foi absolue dan

a capacité de mon pays à assimiler lemmigrés de toutes origines – juifs

asiatiques, musulmans et noirs. Je doi

avouer que le doute m’envahit depuipeu. Paris sera peut-être malgré tout u

our l’une des merveilles de la planète

a ville où auront fusionné dereprésentants de tous les peuples d

monde, une nouvelle Jérusalem où le

phénotypes séparés par la dispersio



1.

2.

d’homo sapiens sur toute la terre, duran

plus de 100 000 ans, auront été mêlés

brassés, recomposés en une humanitibérée de tout sentiment racial. Mai

même si la France parvenait finalemen

à redevenir elle-même, la route serbeaucoup plus chaotique que je n

’avais imaginé il y a vingt ans. Il es

déjà certain que ma génération ne verrpas la terre promise.

J.B.S Haldane, The Inequality of ManLondres, Penguin, 1932, p. 47-48.Sur la dimension structurante de l’âgdans la vie sociale, voir Hakim E

Karoui La Lutte des âges Commen

qui est charlie _ - sociologie - emmanuel todd

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