Quelles Sont Les Parties Des Animaux ? Moriologie Ancienne Et Moriologie Contemporaine
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1 – postprint – “Quelles Sont Les Parties Des Animaux ? Moriologie Ancienne Et Moriologie Contemporaine”, dans Cerami C. (éd.), Nature e t Sagesse. Les rapports entre physique et métaphysique dans la tradition aristotélicienne (colloque international en l'honneur de Pierre Pellegrin, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris 9-12 juin 2010), Peeters, Lovain 2012 (in press). QUELLES SONT LES PARTIES DES ANIMAUX? MORIOLOGIE ANCIENNE ET MORIOLOGIE CONTEMPORAINE ANDREA L. C ARBONEQuelles sont les parties des animaux ? Cette question apparemment simple et pourtant lourde d’enjeux a un rôle primordial tant dans la biologie d’Aristote que dans la biologie contemporaine. En ce qui concerne la moriologie aristotélicienne, je m’attacherai principal ement à examiner les différences qui ont trait aux parties en tant que genos, et qui, de ce fait, se situent au niveau de généralité plus élevé. En ce qui concerne la moriologie contempora ine, je voudrais proposer une comparaison entre la démarche aristotélicienne et certaines approches récentes à la définition de la relation entiers/parties, qui est l’un des axes porteurs de la biologie évolutive du développement, notamment selon la perspective qui consiste à envisager l’organisation des êtres vivants en termes de “modularité”. I. LES PARTIES DES ANIMAUX D’ APRES LA MORIOLOGIE ARIST OTELICIENNEDans le résumé qui ouvre le traité sur la génération des animaux (GAI 1, 715a 9 sq.), Aristote remarque que la cause matérielle des animaux, c’est les parties du corps, et rappelle la distinction des niveaux de composition du corps vivant établie en PA II 1, 646a 8 sq. Comme on le sait, ces niveaux sont les suivants : éléments simples, homéomères et anhoméomères. Bien que les interprètes réduisent la conception aristotélicienne des parties des animaux à cette tripartition 1 , un tel résumé est loin de couvrir la complexité du sujet, tant sur le plan théorique qu’en ce qui concerne la pratique des enquêtes biologiques. 1 Furth introduit des niveaux intermédiaires (qui ne sont d’ailleurs pas explicitement établis par Aristote) sans pour autant remettre en question ce point (M. Furth, Substance, Form, and Psyche: An Aristotelean Metaphysics, Cambridge University Press, Cambridge 1988).
Quelles sont les parties des animaux ? Cette question apparemment simple et pourtant lourded’enjeux a un rôle primordial tant dans la biologie d’Aristote que dans la biologie contemporaine. En cequi concerne la moriologie aristotélicienne, je m’attacherai principalement à examiner les différences quiont trait aux parties en tant que genos , et qui, de ce fait, se situent au niveau de généralité plus élevé. Ence qui concerne la moriologie contemporaine, je voudrais proposer une comparaison entre la démarchearistotélicienne et certaines approches récentes à la définition de la relation entiers/parties, qui est l’undes axes porteurs de la biologie évolutive du développement, notamment selon la perspective quiconsiste à envisager l’organisation des êtres vivants en termes de “modularité”