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Compte rendu de la journée Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? Comment former les médecins de premier recours de demain ? Comment rendre la formation en médecine de premier recours plus attractive ? Journée de réflexion à l’intention des parlementaires et des acteurs du système de santé 7 octobre 2009, Salle Empire du restaurant « Zum Äusseren Stand » à Berne Organisateurs : Conseil Suisse de la Science et de la Technologie CSST www.swtr.ch Académie Suisse des Sciences Médicales ASSM www.samw.ch Conférence des Recteurs des Universités Suisses CRUS Conférence pour la Médecine Universitaire CMU www.crus.ch

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Compte rendu de la journée

Quelle sera la médecine de premier recours de demain ?

Comment former les médecins de premier recours de demain ?

Comment rendre la formation en médecine de premier recours plus attractive ?

Journée de réflexion à l’intention des parlementaires et des acteurs du système de santé 7 octobre 2009, Salle Empire du restaurant « Zum Äusseren Stand » à Berne

Organisateurs :

Conseil Suisse de la Science et de la Technologie CSST www.swtr.ch

Académie Suisse des Sciences Médicales ASSM www.samw.ch

Conférence des Recteurs des Universités Suisses CRUS Conférence pour la Médecine Universitaire CMU www.crus.ch

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Sommaire Préface /3 Résumés des exposés et de la table ronde : Bienvenue Jacqueline Fehr, Conseillère nationale /4 Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? Contexte et objectifs de la journée Prof. Susanne Suter, Présidente du CSST /6 Démographie médicale et besoins médicaux en 2030 Dr méd. Hélène Jaccard Ruedin, Observatoire suisse de la santé (Obsan) /8 Comment motiver les jeunes à s’orienter vers les domaines où une pénurie s’esquisse ? Dr méd. Werner Bauer, groupe de travail « Profils professionnels » de l’ASSM, en dialogue avec Madame Rahel Schwotzer, médecin-assistante, Männedorf /11 Parcours de formation en médecine de premier recours : répondre aux besoins hospitaliers et ambulatoires Prof. Arnaud Perrier, Médecine interne générale, HUG Genève /13 Nouveaux modèles de soins, compétences et skill mix en médecine de premier recours Prof. Sabina de Geest, Institut pour la Science des Soins Infirmiers, Université de Bâle /15 Table ronde /17 Conclusions et clôture Prof. Peter Suter, Président de l’ASSM /20 Notices biographiques /22 Échos de la presse /24 Contributions /25 Toutes les présentations PowerPoint ainsi qu’une galerie photo de la journée sont disponibles sur le site internet suivant : www.swtr.ch/journeedereflexion

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 2

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Préface Le système de santé doit être entièrement repensé en profondeur, telle est la revendication du Conseil fédéral dans son rapport pour la législature 2003-2007. Où en sommes-nous, aujourd’hui ? Si une réforme essentielle n’a pas encore eu lieu, on a reconnu l’urgence de certains sujets : il faut citer ici la pénurie qui menace la médecine de premier recours : nous ne formons pas assez de médecins et, plus le temps passe, moins on trouve de jeunes médecins désireux de se former à la médecine de premier recours. Après une réforme de grande envergure des études, c’est maintenant un remaniement du système entier de formation des médecins qui est nécessaire, afin de concevoir la formation postgrade du médecin de premier recours de manière plus attrayante et de l’adapter aux futurs besoins de la population. Il s’agit là d’un défi lancé tant aux institutions de formation responsables qu’aux instances politiques chargées des adaptations structurelles du système de formation. Les interventions politiques réalisées dans le système de santé et les réformes menées au sein du système de formation des professions médicales doivent se renforcer mutuellement pour répondre aux défis. C’est pourquoi le dialogue entre la classe politique et les responsables de la formation doit – plus que jamais – être entretenu, de par la complexité des problèmes, mais aussi en raison de l’urgence. Les changements essentiels dans le système de formation des médecins n’agiront dans la pratique que 10 à 12 ans après leur introduction, ce qui correspond à la durée des études de médecine et de la formation postgrade. La pénurie se fera sentir de plus en plus nettement dans les 10 à 20 prochaines années et des mesures correctives doivent être prises le plus rapidement possible. La journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » organisée conjointement par le Conseil Suisse de la Science et de la Technologie, l’Académie Suisse des Sciences Médicales et la Conférence des Recteurs des Universités Suisses, fait l’objet d’un résumé dans ce compte rendu. Elle avait pour objectif de réunir les politiciens et les acteurs du système de formation des professions de la santé autour de cette problématique.

Prof. Dr Dominique Arlettaz CRUS-CMU

Prof Dr. Susanne Suter Présidente du CSST

Prof Dr. Peter Suter Président de l’ASSM

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 3

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Bienvenue Jacqueline Fehr, Conseillère nationale

La politique de la santé est consciente de la menace d’une pénurie à laquelle il faudra faire face par un meilleur esprit d’équipe et des modèles de salaire et de travail modernes et proches des besoins. Par ailleurs, les rênes de la politique de la santé devraient généralement être tenues de manière plus serrée au niveau fédéral.

Face à l’actuelle pénurie dans la médecine de premier recours, les jalons scientifiques, politiques et financiers doivent être posés de manière à éviter les goulets d’étranglement et les baisses de qualité. Les raisons de la pénurie sont variées : - démographie médicale et exigences modifiées à l’égard de la médecine de premier

recours ; - attractivité variable des différentes professions de la santé ; - concurrence d’autres professions et filières ; - numerus clausus ; - lourde charge dans l’activité professionnelle quotidienne. Au sein du système de santé suisse régulé, l’ équilibre ne s’établit pas tout seul entre le résultat de la formation et ce qui est nécessaire pour une médecine de premier recours durable, sûre et de bonne qualité. La question du pilotage se pose ici. Si la politique a commencé, ces derniers mois, à prendre des décisions ciblées en faveur de la médecine générale (par ex. avec la quote-part différenciée ou encore la régulation de la clause du besoin, qui exceptera les médecins de famille à l’avenir), ces interventions ne représentent que le consensus minimal. Plus le temps passe, plus les questions relatives à la cohérence et au pilotage du système, aux incitations, aux profils professionnels, etc. se posent de manière nette. Les médecins généralistes constituent l’élément-clé de la médecine de premier recours du futur. C’est pourquoi la médecine de famille doit revenir davantage au centre, mais également se moderniser, c’est-à-dire prendre en compte les grandes tendances suivantes :

1. la part des femmes en hausse ; 2. des nouveaux secteurs professionnels disposant d’un master ; 3. des changements démographiques ; 4. une société hétérogène (du point de vue culturel, économique, etc.) ; 5. des patientes et des patients aux niveaux d’information et d’autonomie variables ; 6. des pressions commerciales de la part de l’industrie, entre autres par le biais de la

pseudo-innovation. Du combattant isolé à l’équipe En médecine, la part croissante des femmes représente une tendance dominante. Il en résulte un intérêt pour le travail en équipe et donc une modification fondamentale du profil professionnel : le travail à temps partiel, les cabinets de groupe et la mise en réseau augmenteront proportionnellement au nombre de femmes actives en qualité de médecins de famille. La contrainte liée à la réorganisation des services d’urgence s’accentuera, tout comme l’intérêt porté à la collaboration interdisciplinaire. Un nombre plus élevé de femmes correspond en règle générale à davantage d’innovation et de courage face à la nouveauté.

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 4

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Du tarif à la prestation vers un salaire C’est surtout la discussion portant sur la rémunération des prestations médicales qui sera intéressante. Là aussi, un nombre croissant de voix s’élèvent – précisément parmi les femmes médecins – pour réclamer un salaire fixe à la place de la rémunération à la prestation actuellement pratiquée. Un tel salaire fixe – par ex. en s’inspirant du modèle danois – pourrait être calculé sur la base du nombre de patientes et patients inscrits, de leurs facteurs de risque et du temps de travail réel. Une régulation claire est nécessaire pour aborder ces défis. Il faut quelqu’un pour prendre l’initiative et il ne peut s’agir que de la Confédération, car elle est la seule à tenir les rênes de la politique de la santé sans discontinuer, et à pouvoir négocier avec tous les acteurs sur un pied d’égalité. Il serait utile de créer une ou un secrétaire d’État pour la santé afin de maîtriser avec succès ce processus de réforme.

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 5

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Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? Contexte et objectifs de la journée Prof. Susanne Suter, Présidente du CSST

Le CSST, en sa qualité d’organe consultatif du Conseil fédéral, avait attiré l’attention en 2006 et 2007 sur l’urgente nécessité de repenser la formation professionnelle des médecins, qui pourrait se conformer aux étapes de vie des patients et différer selon le lieu d’exercice. D’autre part, il faudrait améliorer la collaboration entre médecins et personnel soignant.

Cette journée de réflexion doit permettre un débat public de fond sur la formation des médecins en Suisse. Le CSST a déjà fait paraître différentes publications à ce sujet et a attiré l’attention sur l’urgente nécessité d’agir (« Quel avenir pour la médecine univer-sitaire » en 2006 et « Démographie médicale et réforme de la formation professionnelle des médecins » en 2007, cf. www.swtr.ch). Les décisions prises aujourd’hui produiront leur effet dans 12 ans. Des mesures telles qu’une augmentation du nombre des places d’études ou des réformes concernant la formation postgrade n’ont pas d’action rapide. Les répercussions ne se feront sentir qu’environ 12 ans plus tard (études de 6 ans minimum, formation postgrade de 3 à 6 ans minimum). Il est donc d’autant plus important de poser aujourd’hui déjà les jalons pour l’avenir.

Schweizerischer Wissenschafts- und Technologierat SWTRSCHWEIZERISCHE EIDGENOSSENSCHAFTCONFÉDÉRATION SUISSECONFEDERAZIONE SVIZZERACONFEDERAZIUN SVIZRA

Nota bene:Il faut au moins 12 ans avant de voir les conséquences d‘une augmentation des effectifs ou d‘une réforme:

• Assurer la continuité des réformes

• Repenser la formation des médecins de premier recours

• Réforme pédagogique et réforme des contenus déjà mise en oeuvre

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 6

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Pourquoi repenser la formation professionnelle des médecins en profondeur ? Il existe différentes raisons de reconsidérer la formation professionnelle des médecins. On peut citer entre autres :

- le manque de continuité entre les études de médecine réformées et la formation professionnelle des médecins ;

- la pénurie de relève et/ou le caractère peu attrayant de la médecine générale ; - la diversification des médecins actuels de premier recours (internistes, pédiatres,

gynécologues, psychiatres …) ; - les profondes transformations dans le secteur hospitalier ainsi que l’évolution de

l’interface entre l’hôpital et les services ambulatoires (la moitié environ des médecins travaille en milieu hospitalier).

Première piste de réflexion : s’adapter à la croissance du savoir médical Le savoir ou les instruments diagnostiques leur faisant défaut, les médecins de famille sont frustrés du fait qu’ils ne peuvent bien souvent garantir le traitement de leurs patients qu’avec l’aide de spécialistes. Deux manières permettent de faire face à cette situation : Une spécialisation en fonction des étapes de vie des patients : Les médecins se spécialisent sur différentes étapes de vie, comme p. ex. les enfants et les adolescents, la population active ou les personnes âgées. Le savoir concernant les facteurs de santé liés à l’âge permet au médecin d’appliquer les thérapies de façon plus ciblée et économe. Ce modèle exige cependant des formations postgrades modulaires permettant au médecin d’acquérir les connaissances nécessaires, les compétences thérapeutiques et de recourir aux méthodes diagnostiques ; il pourra ainsi soigner de manière autonome et efficace la plupart des patients dans une étape de vie donnée. Un rôle de triage et de coordination, en collaboration avec les spécialistes : Les cabinets de groupe – tout comme la communication et la complémentarité nécessaires ici – passent ainsi au premier plan. La formation requise devrait davantage insister sur les capacités de communication et de management. Deuxième piste de réflexion : adapter la formation postgrade à l’activité future Cela pourrait par exemple signifier que les médecins seraient en mesure de choisir les formations postgrades adaptées à leur futur lieu de travail, par ex. en fonction de leur volonté d’exercer en milieu rural ou urbain, dans un hôpital ou dans un cabinet individuel ou de groupe. Pour cette raison également, la formation doit être modulaire. Troisième piste de réflexion : assurer la rentabilité des prestations médicales La rentabilité des prestations fournies par la médecine de premier recours doit être assurée, mais dans le cadre d’une pesée d’intérêts. La structure tarifaire dans son ensemble doit répondre au concept de la formation postgrade. Quatrième piste de réflexion : améliorer la collaboration et la répartition des tâches entre médecins et personnel soignant

- Les médecins, soignants et physiothérapeutes pourraient être formés dans le cadre de cours communs afin d’améliorer leur collaboration. À titre d'exemple : Faculty of Health Sciences à Linköping, Suède ; Careum à Zurich.

- La médecine de premier recours se trouve placée ici au premier plan. - Le contact avec le patient doit avoir lieu tôt dans la formation. Des training wards

peuvent également s’avérer utiles : il s’agit de lieux de formation permettant aux représentants des différentes professions de la santé d’exercer leur collaboration, pendant la formation et au moment du diagnostic et du traitement de patients.

- Un lien étroit entre la pratique et la recherche doit être possible pour toutes les professions médicales.

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 7

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Démographie médicale et besoins médicaux en 2030 Dr méd. Hélène Jaccard Ruedin, Observatoire suisse de la santé (Obsan)

Un coup d’œil sur la statistique fait apparaître d’autres facettes : le nombre des médecins de famille est en baisse, alors que le total des consultations est en hausse. Il est impossible de faire face à ce clivage, qui se dessine de manière dramatique, en se contentant de produire plus de médecins. Des changements radicaux s’imposent lors du recours aux prestations.

À quoi ressemblera le système de santé suisse en 2030 ? Le vieillissement de la population et du corps médical représente, d’après les prévisions, le plus grand défi. Cette évolution aura différentes conséquences : premièrement, les besoins en prestations médicales augmenteront fondamentalement, de par le nombre accru de personnes âgées. Deuxièmement, on assistera à un déplacement des maladies aiguës en direction des maladies chroniques. Troisièmement, une part importante des médecins de famille aujourd’hui en activité sera partie à la retraite, tandis qu’une relève suisse insuffisante en nombre lui succèdera. Les médecins de famille sont consultés avant tout par les patients âgés La pénurie pronostiquée de médecins de famille concernera davantage les patients âgés de 65 ans et plus, car ce sont eux qui font appel au médecin de famille, dans la proportion de deux consultations sur trois. Les jeunes générations en revanche ont plutôt besoin de pédiatres, de gynécologues, de psychiatres ou de médecins spécialistes. En examinant la pyramide des âges des médecins aujourd’hui en activité dans le secteur ambulatoire, on remarque que 24 % des médecins de famille sont âgés de plus de 60 ans (situation en 2008). Chez les hommes, c’est la tranche d’âge des 55 à 59 ans qui dispose, avec 2000 membres, de la plupart des médecins. Pour la tranche des 40 à 44 ans, ils ne sont guère plus de 1000. La situation est semblable chez les femmes, même si la pyramide des âges est un peu plus jeune. La relève suisse fait donc défaut dans le domaine des médecins de famille. Fait confirmé par les chiffres : en 2005, 75 % environ des 19000 médecins exerçant en milieu hospitalier étaient suisses (la moitié d’entre eux étant en formation). Deux ans plus tard, ils représentaient à peine plus de 65 %. En revanche, la part des médecins allemands augmenta pendant la même période pour passer de 13 à 19 %. 14 % de médecins de famille en moins d’ici 2030 Si, d’après les pronostics, le nombre des femmes médecins de famille doublera environ d’ici 2030 – pour passer de 1500 aujourd’hui à un peu plus de 3000 –, cette augmentation ne parviendra cependant pas à rattraper la pénurie existante chez les hommes. En 2030, il y aura, de ce fait, 14 % de médecins de famille (hommes et femmes) de moins au total. Quelles seront les conséquences de cette évolution pour la médecine de premier recours ? Un déficit sans cesse croissant entre l’offre et la demande. En se basant sur les critères actuels, la demande augmentera jusqu’en 2030, pour passer d’environ 21 à 24 millions de consultations par an. Du côté de l’offre, moins de consultations pourront être données, en raison du nombre plus réduit de médecins : leur nombre diminuera pour passer de 21 millions aujourd’hui à 14 millions.

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Reflexionstagung zur medizinischen Grundversorgung, Bern, 7. Oktober 2009

Dix millions de consultations potentiellement nondélivrées (40% des besoins) pour trois raisons :

Médecine de famille, d‘ici 2030

1/3: Hausse des besoinsen soins

1/3: Baisse des effectifsde médecins

1/3: Féminisation des effectifs de médecins

et réduction du temps de travail(Obsan 2008)

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 9

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Des répercussions variées Répartir davantage de consultations entre moins de médecins ? Un conflit apparaît ici, avec plusieurs conséquences possibles : cette évolution pourrait d’une part annoncer un rationnement des consultations, l’accent étant alors mis sur celles qui sont vraiment nécessaires. D’autre part, la menace existe de voir les consultations se reporter sur les services d’urgence et les médecins spécialistes (car la baisse qui menace n’est, dans ce secteur, « que » de 5 %). La question du manque de personnel ne se pose pas seulement pour les médecins, mais globalement pour tous les professionnels de la santé :

Ce qui est nécessaire Quelles sont les mesures à envisager pour neutraliser l’évolution ? Au niveau de la population, il est nécessaire de reconsidérer les prestations vraiment judicieuses et qui doivent être fournies. Il faudrait par ailleurs revoir les moyens de promouvoir la santé ainsi que les compétences de la population en la matière. Dans ce domaine, il est également question, d’une part, de l’immigration de personnel qualifié – qui ne va pas sans poser de problème – et, d’autre part, de la formation d’un personnel qui devrait rester fidèle à plus long terme au système de santé. Une volonté politique est par ailleurs nécessaire afin de promouvoir la médecine de famille à l’intérieur de l’assurance obligatoire des soins.

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Comment motiver les jeunes à s’orienter vers les domaines où une pénurie s’esquisse ? Dr méd. Werner Bauer, groupe de travail « Profils professionnels » de l’ASSM, en dialogue avec Madame Rahel Schwotzer, médecin-assistante, Männedorf

Pour le médecin de famille expérimenté, la voie vers une médecine de premier recours assurée passe par une formation postgrade de qualité des médecins généralistes et une répar-tition claire des tâches ; parallèlement, la perspective de la médecin-assistante se concentre sur l’attractivité du profil pro-fessionnel et sur les conditions de travail.

Il y a 100 ans déjà que furent décrites les conditions de travail que connaissent aujourd’hui encore les médecins de famille. Contrairement aux structures de travail en hôpital qui se sont modernisées dans les dernières années, celles que l’on trouve dans les cabinets de médecins de famille ont très peu changé. En outre, l’image du génie universel – ou celle, plus négative, de la bonne à tout faire – persiste en ce qui concerne les médecins de famille.

Quelle sera la médecine de premier recours de demain ?

The family doctor, the private in our great army, the essential factor in the battle, should be carefully nurtured by the schoolsand carefully guarded by the public (…).

The cultivated general practitioner. May this be the destiny of a large majority of you! You cannot reach any better position in a community. That his life is hard and exacting; that he isunderpaid and overworked; that he has but little time for studyand less for recreation – these are the blows that may give finertemper to his steel, and bring out the nobler elements in his character.

Sir William Osler, 1849 - 1919

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 11

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Pourquoi ne pas avoir son propre cabinet ? Quelles raisons font que de moins en moins de jeunes médecins souhaitent reprendre un cabinet ?

- La position des médecins de famille au sein du système de santé est à la fois confuse et contestée.

- Le faible revenu des médecins de famille, en comparaison avec d’autres professions médicales, témoigne de la valeur accordée à la profession.

- Les heures de travail sont longues et irrégulières. - L’ouverture de son propre cabinet perd de son charme. Il est plus satisfaisant d’être

employé et de travailler au sein d’une équipe : cela laisse plus d’options, comme le travail à temps partiel, surtout important pour les femmes.

- La charge de travail doit coïncider avec les modes de vie actuels (équilibre famille-emploi).

Rahel Schwotzer souligne que le manque d’intérêt a également quelque chose à voir avec l’esprit du temps : on souhaite rester flexible et ne pas s’engager pour les prochaines décennies après quelques années à peine d’expérience professionnelle. Le revenu des médecins de premier recours plaide, lui aussi, plutôt en faveur de la spécialisation que pour une carrière de médecin de famille. Un certain nombre de raisons font que les jeunes médecins se décident néanmoins en faveur de leur propre cabinet :

- L’autonomie du médecin de famille est relativement importante. - Le médecin de famille voit un large éventail de patients et de maladies, ce qui rend le

travail varié. - Le médecin de famille peut soigner ses patients pendant une longue période et

quelquefois des décennies. Une relation s’établit entre le médecin et son patient. Que faut-il changer pour faire ressortir les points forts de la profession et la rendre plus attrayante ? 1. Le profil professionnel du médecin de famille doit se transformer et mieux s’adapter aux

conditions actuelles, ce qui inclut une amélioration de la formation. 2. Les généralistes seront également importants à l’avenir : l’évolution démographique, la

multimorbidité et les ressources limitées réclament des médecins généralistes. Ces éléments constituent, pour la médecine de famille, la chance du développement.

3. Il n’est pas nécessaire d’avoir recours au spécialiste pour le moindre rhume. La pénurie

de médecins et de soignants rend indispensable la concentration des tâches. À l’avenir, chaque groupe professionnel devra accomplir ce à quoi il est le plus apte.

4. Il faut promouvoir les nouveaux modèles de travail. Trois facteurs seront déterminants :

une formation postgrade structurée et ciblée, des conditions de travail assurant un équilibre famille-emploi satisfaisant et une revalorisation de la position des médecins de famille.

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 12

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Parcours de formation en médecine de premier recours : répondre aux besoins hospitaliers et ambulatoires Prof. Arnaud Perrier, Médecine interne générale, HUG Genève

Les expériences réalisées lors de la réforme des études de médecine permettent d’établir une base importante pour la formation postgrade : il est nécessaire de trouver le juste équi-libre entre une formation liée à l’hôpital et des modules complé-mentaires en médecine ambulatoire. Par ailleurs, il faut dévelop-per les formats d’enseignement adaptés au travail en équipe.

De quels médecins la médecine de premier recours a-t-elle besoin ? Autrement dit, avons-nous vraiment besoin de gatekeepers ? De nombreux éléments plaident en leur faveur, car : - les prestations spécialisées sont souvent onéreuses, sans être toujours nécessaires ; - le morcellement des soins entre plusieurs spécialistes revient plus cher que la prise

en charge par un seul médecin ; - l’orientation insuffisante du patient entraîne la consultation de plusieurs spécialistes là

où un seul aurait suffi (ou même aucun). Les gatekeepers ne doivent pas seulement orienter, mais également fournir leurs propres prestations afin de garantir la médecine de premier recours. Celle-ci est définie de la manière suivante par la World Organization of Family Doctors : - une discipline scientifique et universitaire avec un contenu spécifique de formation, de

recherche et de pratique ; - une spécialité clinique orientée vers les soins primaires ; - un premier point d’entrée dans le système de soins, permettant un accès ouvert et

prenant en compte tous les problèmes de santé, indépendamment de l’âge, du sexe ou d’autres critères.

Dans quel environnement avons-nous besoin des médecins de premier recours et pour quelles missions ? - En milieu hospitalier : pour orienter, réaliser un tri et assurer des soins intégrés, en

collaboration avec des spécialistes (si nécessaire). - En milieu urbain : comme ci-dessus. Il est également question ici de prévention, du

suivi au long cours, etc. - Dans les régions isolées : comme ci-dessus. Sont également concernés la prise en

charge des enfants et des femmes enceintes, le traitement des problèmes fréquents d’ORL, les soins en dermatologie et en ophtalmologie, etc.

Comment pourrait-on adapter la formation postgrade ? À l’avenir également, la médecine interne hospitalière devra constituer le tronc commun de la formation postgrade des médecins généralistes (durée : 2 ans). L’hôpital représente un endroit bien adapté à la formation : des spécialistes y exercent et les médecins peuvent tirer profit d’une supervision étroite. Les modules supplémentaires suivants doivent cependant être prévus : médecine ambulatoire en milieu rural, médecine ambulatoire en milieu urbain, médecine hospitalière (durée : trois ans).

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 13

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Vers une formation modulaire

TRONC COMMUNFormation hospitalièreTRONC COMMUN

Formation hospitalière

ModuleMédecine ambulatoire

décentralisée

ModuleMédecine ambulatoire

décentralisée

ModuleMédecine ambulatoire

urbaine

ModuleMédecine ambulatoire

urbaine

ModuleMédecine hospitalière

ModuleMédecine hospitalière

Formation approfondieDomaines spécifiques (échographie, hypnose, gériatrie…)

Formation approfondieDomaines spécifiques (échographie, hypnose, gériatrie…)

Les contenus et les formats de la formation postgrade devraient eux aussi être adaptés : à titre d'exemple, les aspects médico-économiques ou encore la sécurité du patient devraient être davantage transmis. D’autres formes de formations peuvent avoir des répercussions essentiellement positives sur le travail en équipe : apprentissage en groupe, discussion de cas, simulations. Une simple restructuration de la formation postgrade est cependant insuffisante. Un véritable changement de culture est nécessaire qui mènera à une reconnaissance accrue de la médecine de premier recours et assurera une meilleure promotion de la recherche en soins primaires.

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 14

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Nouveaux modèles de soins, compétences et skill mix en médecine de premier recours Prof. Sabina de Geest, Institut pour la Science des Soins Infirmiers, Université de Bâle

De nouveaux modèles de collaboration apparaissent entre soignants et médecins, dans le contexte des soins en hausse liés aux maladies chroniques et en valorisant la gestion de la maladie par les patients eux-mêmes. En outre, de nouvelles perspectives se profilent grâce aux « Advanced Practice Nurses » (infirmières de pratique avancée).

Ce qui doit déterminer les soins de santé La médecine de premier recours est entraînée par les besoins changeants de la population en matière de santé. Leur évolution – qui peut être évaluée au moyen d’indicateurs – doit donc être surveillée de manière précise ; en Suisse, la proportion des personnes âgées de plus de 80 ans passera de 5 % aujourd’hui à 12 % en 2050. Parallèlement, les maladies chroniques gagneront sans cesse en importance. On estime que dans quelques années, les trois quarts des dépenses de la santé seront occasionnés par des soins aux malades chroniques. Les objectifs : des soins médicaux professionnels et la promotion du « self-management » En plus des soins médicaux appropriés et efficaces, se soigner soi-même gagne en importance, en particulier chez les personnes souffrant de maladies chroniques. Un modèle qui encourage surtout le management par le patient ou le self-management pourrait s’avérer intéressant dans ce cas. À l’avenir, quatre cinquièmes au moins des contributions consacrées aux soins de santé des malades chroniques devraient être employés pour les compétences en matière de santé, la gestion des symptômes et pour se soigner soi-même. Un cinquième serait réservé aux soins médicaux professionnels prodigués par les soignants et les médecins. Les déficits sont manifestes Une grande partie des ressources affectées à la prise en charge médicale est employée pour les maladies aiguës, souvent sans prévention ni prise en compte suffisante des patients. En outre, un suivi systématique qui place le patient – et non le médecin – au centre, fait souvent défaut. Nouvelles approches L’interaction entre des patients actifs et informés et des équipes préparées et proactives dans la pratique – constituées de médecins et d’infirmiers spécialisés – peut apporter une qualité neuve à la médecine de premier recours. Les premières clarifications pourraient avoir lieu au domicile des patients et déboucher sur une planification des soins et un monitoring régulier. L’encadrement des patients et de leurs proches représenterait un autre élément important. Les expériences faites aux États-Unis montrent que les séjours en hôpitaux et EMS peuvent ainsi être réduits d’un quart à un tiers. Ce modèle signifierait cependant que nous devons nous défaire de l’idée qui considère l’hôpital, les soins extérieurs à l’hôpital, le cabinet médical et l’EMS comme des éléments séparés. Des investissements seront surtout nécessaires à la base pour lancer le modèle avec succès –au niveau de la promotion du self-management afin de pouvoir remettre davantage de responsabilités aux patients actifs et informés.

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 15

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Le modèle des Advanced Practice Nurses (APN) ou infirmières de pratique avancée (IPA) Les Advanced Practice Nurses pourraient se focaliser sur le management par le patient, en collaboration étroite avec les médecins qui se concentreraient sur le diagnostic et le traitement. Cela nécessiterait toutefois des filières de formations interprofessionnelles (au niveau master), un modèle qui commence également à s’imposer en Suisse. Les compétences-clés suivantes – pour les professions de la médecine de premier recours – pourraient ainsi être acquises plus facilement : - soins médicaux centrés sur les patients ; - capacité à participer et à collaborer, par ex. au moyen d’une formation

interdisciplinaire ; - développement de la qualité ; - maîtrise des technologies de l’information et de la communication ; - intégration d’une perspective de santé publique.

Compte rendu de la journée de réflexion « Quelle sera la médecine de premier recours de demain ? » 16

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Table ronde • Dr méd. Werner Bauer, groupe de travail « Profils professionnels » de l’ASSM • Madame Jacqueline Fehr, Conseillère nationale • Prof. Patrick Francioli, Doyen de la Faculté de biologie et de médecine, Université de Lausanne • Prof. Sabina de Geest, Institut pour la Science des Soins Infirmiers, Université de Bâle • Dr méd. Pierre Klauser, pédiatre, Genève • Prof. Thomas Rosemann, Médecine de famille, Université de Zurich • Madame Esther Pardo, étudiante en médecine à l’Université de Zurich Modération : Prof. Dr Iwan Rickenbacher

Au cours de la table ronde, on a constaté un consensus sur de nombreuses questions fondamentales. Les points essentiels étaient les suivants :

« Trois facteurs sont déterminants : la formation postgrade ; des conditions de travail permettant un équilibre famille-emploi satisfaisant ; et une

revalorisation de la position des médecins de famille incluant un rôle de pilotage. »

Werner Bauer

La Suisse a besoin de nouveaux modèles de soins Il est amplement prouvé que les systèmes de soins incluant une médecine de famille fiable sont plus économiques et entraînent une meilleure qualité de vie. Mais la médecine de premier recours traverse une véritable crise. La politique doit mettre davantage de moyens financiers à disposition, tandis que de nouveaux modèles de prise en charge médicale doivent être institutionnalisés. Les projets pilotes montrent que les personnes âgées peuvent rester plus longtemps chez elles si elles ne se rendent chez leur médecin que lorsque cela est indiqué, après une évaluation réalisée par des soignants. Le fédéralisme helvétique pourrait constituer une bonne base pour introduire et tester de tels projets pilotes. Une réflexion portant sur la répartition des tâches entre les médecins, les soignants et les autres professions médicales s’impose. La création de centres de santé – qui conseillent et accompagnent les patients dans le système de soins – est également envisageable. Les communes suisses devraient s’intéresser à une médecine de premier recours disponible localement et pourraient concourir à l’installation de son infrastructure.

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Points de départ : caractère interdisciplinaire et travail en équipe Tous les acteurs doivent apporter leur contribution aux nouveaux modèles de soins. Le système doit garantir que chacun fasse ce à quoi il est le plus apte. Un consensus existe pour dire que le travail en équipe est important pour la médecine de premier recours. Un leader – fonction centrale du médecin de famille – est nécessaire, même au sein d’une équipe, car il empêche la fragmentation. Si des Advanced Practice Nurses (APN) doivent assumer plus de tâches, la question se pose de savoir d’où ces APN viendront et si leur nombre sera suffisant pour endosser ces tâches. Le médecin de famille doit posséder une fonction-clé à l’avenir, tout en restant ancré dans une équipe et lié à d’autres professions, dont les responsabilités se chevauchent de plus en plus. La discussion porte également sur le rôle qui peut être assumé par les pharmaciens dans ce modèle ; à quelles conditions – par exemple suite à l’éxtension de leur formation postgrade et continue – pourraient-ils endosser d’autres missions :

- dans leurs domaines habituels (par ex. comme partenaires spécialisés lors du recours aux médicaments) et

- au-delà (par ex. lors de la responsabilisation du patient ou du Patient Empowerment) ?

Que veulent au juste ...

« Lorsqu’un patient bien informé se rend

directement chez le spécialiste, il ne faudrait pas être trop rigide en l’obligeant à passer d’abord

chez un médecin généraliste. » Patrick Francioli

... les patients ? Les patients n’ont pas tous besoin d’un médecin de famille dans leur commune : une étude réalisée dans le canton de Berne a montré que de nombreux patients sont plus mobiles qu’on ne le pense et prêts à consulter le médecin du village voisin. Il existe par ailleurs un certain nombre de patients relativement bien informés qui se rendent – à juste titre – directement chez le spécialiste. Dans ce cas, il ne faudrait pas être trop rigide en ce qui concerne la visite obligatoire chez le médecin de famille.

« Avec un cabinet médical, la flexibilité professionnelle est restreinte – on est moins

mobile. Pendant mon stage, j’ai rencontré de nombreux médecins-assistants de sexe masculin

qui n’imaginent pas travailler en permanence à 100 %. »

Esther Pardo ... et les jeunes médecins ? Les incitations (y compris financières) pour prendre une décision précoce en direction de la médecine de famille sont insuffisantes. Faudrait-il donc adapter le modèle salarial pour les médecins de famille ? Aux Pays-Bas, par exemple, un salaire mixte est payé aux médecins de famille. Différents modèles salariaux sont envisageables : le modèle « performance » dépendra des traitements réussis, tandis qu’un autre modèle procédera du nombre de patients soignés. Un troisième modèle fera intervenir les coûts du traitement. Une combinaison des trois modèles serait concevable pour la Suisse.

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« Nous, les « anciens », pourrions vraiment incarner notre profession de manière plus enthousiaste.

Nous devons soutenir la jeune génération dans sa motivation, même si leurs aspirations ne sont

plus les mêmes que les nôtres. » Pierre Klauser

Ici, la question se pose également de savoir quel est le profil professionnel transmis par les médecins de famille actuels : éprouvent-ils encore assez de joie et de plaisir pour motiver les jeunes médecins ?

« En ce qui concerne les spécialistes en médecine générale, je plaide clairement en faveur

d’une formation postgrade de cinq ans ». Thomas Rosemann

L’importance de la formation prégraduée, postgraduée et continue Si tous s’accordent sur la nécessité d’améliorer la formation prégraduée, postgraduée et continue, les experts ne s’entendent pas sur la manière de procéder. À l’avenir, plusieurs voies devraient être ouvertes en ce qui concerne la qualification du médecin de famille. Cela requiert cependant une formation professionnelle de structure modulaire et exige que l’on renonce au modèle existant, rigide et uniforme. La médecine de famille réclame une très bonne formation postgrade (qui tendra à être plus longue que courte), si elle doit jouer un rôle plus important à l’avenir. D’un autre côté, on a souligné que la durée de la formation n’était pas déterminante si les besoins des patients se trouvent placés au centre. Les contenus et les lieux de formation et d’application (par ex. la clinique spécialisée par opposition au cabinet médical) revêtent alors plus d’importance. Une grande flexibilité est nécessaire en ce qui concerne la formation des médecins. Un accroissement de l’attractivité de la médecine de premier recours semble réalisable, en passant par une certaine spécialisation.

« Je vois toujours encore de nombreux fils déliés, suspendus quelque part. Le coup de maître sera de

trouver quelqu’un pour les rassembler. » Jacqueline Fehr

Ce que l’avenir réserve Des changements au niveau des conditions cadres sont inscrits à l’ordre du jour politique, comme par exemple l’initiative populaire « Oui à la médecine de famille », dont l’objectif est un renforcement de ce secteur, de nouveaux modèles du médecin de famille ainsi que la levée du gel de l’ouverture de nouveaux cabinets (canton de Zurich). Ces mesures vont-elles dans la bonne direction ? Oui, mais elles restent modestes. C’est pourquoi un ordre du jour politique de grande envergure est à la fois nécessaire et urgent.

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Conclusions et clôture Prof. Dr Peter Suter, Président de l’ASSM

Dans la perspective de l’ASSM, il ne fait pas non plus de doute que la médecine de premier recours doit revenir au centre de la politique de la santé. Seule une série de mesures concertées permettra des améliorations : elles concernent la formation des médecins, les nouveaux modèles de cabinet et de rémunération, un rôle plus actif pour les communes et les quartiers ainsi que la répartition des tâches et la coopération interdisciplinaire.

Il existe aujourd’hui de nombreux changements dans le domaine de la médecine de premier recours, comme par exemple les cabinets de groupe, le temps de travail régle-menté, le partage des responsabilités avec d’autres membres du corps médical et en particulier : « la femme est l’avenir de l’homme» (d’après une chanson de Jean Ferrat), ce qui revient à dire – en l’appliquant à la journée d’aujourd’hui – que « la femme est l’avenir de la médecine ». La médecine de premier recours aujourd’hui : où se situent les problèmes ? - Une pénurie de praticiens se fait sentir, tandis que la relève manque de motivation

pour s’aiguiller vers la médecine de premier recours. Se pourrait-il que la formation des médecins ne soit pas optimale dans les facultés et les hôpitaux ?

- Il est possible d’améliorer la motivation et la sensibilisation des futurs médecins, avant les études (au gymnase) et pendant les études.

Flash sur la formation

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- La Suisse forme peu de médecins, en comparaison avec d’autres pays de l’OCDE : 22 médecins diplômés par an sur 1000 médecins (moyenne de l’OCDE : 35, Autriche : 58). La Suisse arrive donc en queue des pays de l’OCDE.

- Eu égard aux dépenses totales du secteur de la santé, la formation coûte relativement peu cher : 1 à 1,5 milliard de francs (coût approximatif des facultés de médecine en Suisse), ce qui correspond à une somme comprise entre 1,5 et 2,5 % des dépenses totales.

- Faut-il abolir le numerus clausus, combiné au test d’aptitudes ? Non, le test peut permettre de décourager les étudiants qui ne réussiraient pas les premiers examens. Le nombre de places d’études doit toutefois être nettement augmenté.

Quels ont été les effets de la réforme et de Bologne ? - Une amélioration de la formation prégraduée pour la médecine de premier recours

ainsi qu’un contact accru avec la pratique. Cela a-t-il suscité un regain de motivation en faveur des médecins de famille ?

- Les nouvelles méthodes pédagogiques – qui encouragent l’apprentissage autonome – doivent également être mises en œuvre de manière cohérente dans la formation postgrade : ce point doit devenir une fonction centrale de l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue.

- Employer les aspects positifs – tels que l’autoapprentissage ou les nouvelles méthodes pédagogiques – dans le domaine de la formation postgrade et continue. Pour cela, l’institut de formation planifié doit développer une « unité de doctrine ».

- Nouvelles offres de formation : « Master of Medical Education ». Les conclusions – ce qui est nécessaire : - La médecine de famille doit revenir au centre. - Le médecin de premier recours doit évoluer et passer du combattant isolé au membre

d’une équipe : cabinets de groupe, nouveaux profils professionnels, nouvelle répartition des tâches entre les groupes professionnels. Le médecin de famille pose des diagnostics, soigne et coordonne.

- Du tarif à la prestation vers un salaire : les médecins sont-ils des entrepreneurs ou préfèrent-ils être des employés ?

- Des conditions cadres claires posées par la politique, avant tout au niveau fédéral, indépendamment des groupes d’intérêts : le débat sur la liberté de contracter doit également être mené ; ne faudrait-il pas – dans toutes les régions – attacher plus d’importance à des soins qui correspondent aux besoins ? Les médecins misent-ils sur le bon cheval – dans le débat politique sur l’obligation de contracter – lorsque 99 % d’entre eux veulent protéger 1 % de moutons gris ?

- Une communauté active va chercher le praticien : les communes et les quartiers mettent des infrastructures à disposition des cabinets et des « permanences ».

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Notices biographiques Dr méd. Werner Bauer, Membre du groupe de travail « Profils professionnels » de l’ASSM Né en 1947, Werner Bauer a fait ses études de médecine à Zurich et suivi deux formations postgrades à Zurich et Seattle (médecine interne et hématologie-oncologie). Il a travaillé comme médecin-assistant puis comme médecin-chef à l’Hôpital Universitaire de Zurich, avant d’ouvrir son propre cabinet en 1981. Il est actif dans plusieurs organisations professionnelles : il a présidé, entre autres, le Collège Suisse de Médecine de Premier Recours de 1999 à 2001 et la Société Suisse de Médecine Interne de 2001 à 2004. Depuis 2008 il est Président de la Fédération Européenne de Médecine Interne. Il a présidé le groupe de travail « Profils professionnels » de l’ASSM, dont les résultats sont mentionnés dans le document suivant : Les futurs profils professionnels des médecins et des infirmiers dans la pratique ambulatoire et clinique (Bulletin des médecins suisses 2007; 88: 46). Prof. Dr Sabina De Geest, Institut pour la Science des Soins Infirmiers, Université de Bâle Après avoir suivi une formation d’infirmière, Sabina De Geest a obtenu un doctorat en Medical Social Sciences à l’Université Catholique de Louvain (Belgique). Depuis 2000 elle dirige l’Institut pour la Science des Soins Infirmiers de l’Université de Bâle et est professeur adjoint au Center for Health Services and Nursing Research à Louvain (Belgique), à l’Université de Pennsylvanie (USA), à la John Hopkins Uni-versity (USA), au College of Nursing of New York (USA) et à l’Université du Missouri (USA). Sa recherche se concentre sur les aspects psychosociaux et comportementaux des maladies chroniques. Elle est co-éditrice du Journal of Nursing Scholarship et membre de nombreux Editorial Boards. Elle est Fellow of the Royal College of Nursing depuis 2004 et Fellow of the American Academy of Nursing depuis 2006. Madame Jacqueline Fehr, Conseillère nationale Née en 1963, Jacqueline Fehr a grandi à Elgg et à Winterthur. Elle fut d’abord enseignante avant d’être active en tant que conseillère indépendante (conseil, formation, coaching) ; elle s’est lancée dans la politique en 1990 (Grosser Gemeinderat de Winterthur 1990 à 1992 ; Kantonsrat 1991 à 1998). Depuis 1998, elle est parlementaire au Conseil National pour le canton de Zurich et a participé à plusieurs commissions ; elle est actuellement membre de la Commission des transports et des télécommunications CTT-N et la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique CSSS-N. En octobre 2008, elle a déposé une motion parlementaire intitulée Stratégie pour lutter contre la pénurie de médecins et encourager la médecine de premier recours. Elle est vice-présidente du PS. Prof. Dr Patrick Francioli Professeur au Service de médecine préventive hospitalière (CHUV de Lausanne), Patrick Francioli est actif dans la recherche sur la résistance antibiotique. Il est actuellement doyen de la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne. Dr méd. Hélène Jaccard Ruedin, chef de projet à l’Observatoire suisse de la santé (Obsan) Née en 1963, Hélène Jaccard a fait ses études de médecine à Lausanne, puis suivi une formation postgrade en médecine interne. Elle a également obtenu un diplôme de médecine tropicale et de santé publique à Anvers (Belgique) en 1995 ainsi qu’un Master en Public Health en 2003 (Universités de Berne, Bâle et Zurich). Elle a travaillé comme médecin assistante dans divers hôpitaux suisses, avant de s’engager comme médecin de district dans le nord du Mozambique avec l’ONG Solidarmed. De 2000 à 2004, elle a travaillé comme collaboratrice scientifique auprès de l’OFSP dans la section Vaccinations de la division Maladies transmissibles ; depuis 2004 elle est chef de projet à l’Obsan. Elle est co-auteur de nombreuses publications, dont : Personnel de santé suisse – Etat des lieux et perspectives jusqu’en 2020 (février 2009), Offre et recours aux soins médicaux ambulatoires en Suisse – projections à l’horizon 2030 (juillet 2008), Evolution du taux d’activité en médecine ambulatoire entre 1998 et 2004 (décembre 2007), Offre et recours aux soins médicaux ambulatoires en Suisse (avril 2007). Dr méd. Pierre Klauser Pierre Klauser a un cabinet de pédiatrie à Genève. Il fut nommé membre d’honneur de la Société Suisse de Pédiatrie en 2009, après en avoir été le président pendant plusieurs années. Madame Esther Pardo Esther Pardo a commencé ses études de médecine en 2002 à l’Université de Zurich. Elle fut active au sein de l’association locale, puis du comité directeur de la Swiss Medical Student Association. Elle représente les étudiants au sein de la Commission fédérale des professions médicales (MEBEKO) depuis 2007.

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Prof. Dr Arnaud Perrier, Médecine interne générale, HUG (Hôpitaux Universitaires de Genève) Né en 1959, Arnaud Perrier a étudié la médecine à l’Université de Genève où il fut diplômé en 1982. Après deux ans de recherche en physiologie rénale, il entreprit une formation postgrade en médecine interne et en pulmonologie aux Hôpitaux Universitaires de Genève. Il travaille depuis 1994 dans le département de médecine interne, qu’il dirige actuellement. Ses recherches concernent essentiellement le diagnostic des thromboses. A. Perrier s’intéresse également à l’enseignement de la médecine et a participé activement au développement du nouveau programme d’études de médecine de la Faculté de médecine de Genève. Il est responsable des Apprentissages en Milieu Clinique (AMC) pour la médecine interne au niveau master. Prof. Dr Iwan Rickenbacher Iwan Rickenbacher a suivi une formation d’enseignant, puis étudié les sciences pédagogiques à l’Université de Fribourg. Depuis 1992, il travaille comme conseiller en communication indépendant. Entre autres, il est également professeur honoraire de l’Université de Berne et Président de l’École suisse de journalisme de Lucerne. Prof. Dr Thomas Rosemann Thomas Rosemann a suivi des études de médecine à la LMU de Munich et fut diplômé en 2001. Il compléta une formation postgrade en médecine interne générale et obtint un doctorat à l’Université Radboud de Nimègue (Pays-Bas). Après avoir été nommé Privatdozent à l’Université de Heidelberg en 2007, il prit la direction du nouvel Institut de la médecine de famille de Zurich en 2008. Madame Rahel Schwotzer, Médecin-assistante à l’hôpital de Männedorf Née en 1980, Rahel Schwotzer a fait ses études de médecine à Fribourg et à Zurich ; elle a travaillé comme médecin-assistante à l’hôpital cantonal de Lucerne à Wolhusen. Elle est actuellement médecin-assistante en médecine interne à l’hôpital de Männedorf. Prof. Dr méd. Susanne Suter, Présidente du Conseil Suisse de la Science et de la Technologie Née en 1943, Susanne Suter a fait ses études de médecine à Zurich et à Vienne. Elle a suivi une formation postgrade en pédiatrie à Genève et San Francisco et une formation postgrade en infectiologie à Genève. Nommée professeur ordinaire de pédiatrie à l’Université de Genève en 1990, elle a régulièrement conduit des projets de recherche soutenus par le FNS. De 1991 à 2004, elle a dirigé le Département de pédiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Genève tout en étant chef du Département médical de pédiatrie des Hôpitaux Universitaires de Genève. De 1997 à 2000, elle a assuré ad interim les fonctions de chef du Service de pédiatrie du Département médico-chirurgical de pédiatrie du CHUV à Lausanne. Parallèlement à ses activités cliniques, d’enseignement, de recherche et de gestion, Susanne Suter a fait partie de nombreuses commissions, sociétés, Editorial Boards et conseils ; elle a été nommée Présidente du CSST en 2004. Sous sa direction, le CSST a publié deux rapports concernant la formation des médecins : Quel avenir pour la médecine universitaire ? (CSST 1/2006) et Démographie médicale et réforme de la formation professionnelle des médecins (CSST 2007). Prof. Dr méd. Peter Suter, Président de l’Académie Suisse des Sciences Médicales Peter Suter a étudié la médecine à Vienne et à Zurich et suivi une formation postgrade en médecine interne et en soins intensifs à Genève, San Francisco, Boston et Pittsburgh. Il a été médecin-chef du Département de médecine intensive chirurgicale aux Hôpitaux Universitaires de Genève de 1982 à 2005, professeur ordinaire de 1995 à 2006, Doyen de la Faculté de médecine de Genève de 1995 à 2003 et Vice-recteur de l’Université de Genève de 2003 à 2006. Ses intérêts au niveau de la recherche se situent au niveau des problèmes pulmonaires, des infections en soins intensifs, de l’évaluation de l’enseignement et de la recherche et de l’éthique. Il a publié environ 400 articles dans diverses revues scientifiques. Il est membre de plusieurs Editorial boards et conseils scientifiques. Il est Président de l’Académie Suisse des Sciences Médicales ASSM depuis 2004 et Président des Académies Suisses des Sciences depuis 2009.

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Échos de la presse La journée a été mentionnée dans le cadre de deux articles parus sur la médecine de premier recours (Corriere del Ticino du 07.10.09 ; Bulletin des médecins suisses 2009 90:46). En outre, la Neue Zürcher Zeitung du 8 octobre 2009 a consacré un article au congrès : Les stratégies face à la pénurie de médecins de famille La politique mise sur les médecins de famille, mais ce parcours professionnel manque d’attractivité aux yeux des jeunes. Toujours moins de médecins souhaitent devenir généralistes. Lors d’un congrès tenu à Berne, le débat a porté sur les moyens de contrer la pénurie qui se profile. Berne. Les politiciens de tous bords sont d’accord sur un point dans leur lutte contre les coûts de la santé en hausse : les patients ne doivent pas immédiatement courir chez le spécialiste, mais consulter auparavant leur médecin de famille qui les enverra voir un spécialiste, si nécessaire. Les modèles « médecin de famille » sont déjà encouragés par des diminutions de primes ; il est même depuis peu question de pénaliser par une franchise plus élevée celui qui se rend directement chez le spécialiste. Il y a peu de temps, les médecins de famille – nouvellement organisés – lançaient une initiative populaire afin d’inscrire la médecine de premier recours dans la Constitution. Les raisons de la pénurie Un congrès organisé mardi à Berne par le Conseil Suisse de la Science et de la Technologie confirma l’analyse suivante: nous connaîtrons une pénurie de médecins de famille dans un avenir proche. D’après les calculs d’Hélène Jaccard Ruedin de l’Observatoire suisse de la santé, un nombre supplémentaire de médecins de famille serait nécessaire, suite au vieillissement de la population et au fait que les personnes âgées font appel à un médecin de famille pour deux consultations sur trois. Il est possible de pronostiquer une baisse de 14 % ainsi qu’une pénurie d’ici 2030, car de nombreux médecins de famille atteindront bientôt l’âge de la retraite et les jeunes médecins qui leur succèderont seront en nombre insuffisant. Révélateur à ce sujet : un exposé sous forme de dialogue, présenté par Werner Bauer de l’Académie Suisse des Sciences Médicales et Rahel Schwotzer, médecin-assistante zurichoise. Parmi les raisons du caractère peu attrayant de la profession de médecin de famille, la jeune femme médecin citait le faible revenu – en comparaison à celui des médecins spécialistes – mais aussi « l’esprit du temps ». S’engager pendant des années pour son propre cabinet et se tenir prêt, tel un combattant isolé, pratiquement vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour ses patients, ne correspond tout bonnement plus à la perception actuelle de la liberté. Contrairement à la pénurie généralisée de médecins en Suisse, il n’est pas possible de remédier au manque de médecins de famille en supprimant simplement le numerus clausus ou en augmentant les places d’études en médecine. La profession de médecin de famille doit au contraire être revalorisée, de l’avis général des participants au congrès. Les médecins généralistes ne doivent pas uniquement effectuer un triage pour les spécialistes en qualité de « gatekeepers », mais également acquérir des compétences spécialisées dans le cadre de leur formation. Modulaire et intégrée Une des propositions émises : au lieu de distinguer entre spécialistes et médecins de famille, ces derniers pourraient se spécialiser sur les enfants, la population active ou les personnes âgées. Arnaud Perrier, responsable du département de médecine interne aux Hôpitaux Universitaires de Genève, présenta un modèle de formation modulaire qui permettrait aux étudiants de suivre une formation de médecin de famille « rural » ou « urbain ». De plus, on souligna que les médecins de famille devraient à l’avenir exercer davantage en cabinet de groupe et en équipe – ne serait-ce qu’à cause des revendications d’une relève féminine en hausse, concernant le travail à temps partiel. Parallèlement, les soignants pourraient, dans le cadre de modèles intégrés, assumer davantage de tâches, surtout en ce qui concerne les soins prodigués aux malades chroniques. Conclusion du congrès, mené de manière stimulante par le politologue Iwan Rickenbacher : le renforcement des médecins de famille au sein du système de santé – souhaité sur le plan politique – nécessite des investissements en matière de formation et d’attractivité de la profession.

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Contributions En plus des collaborateurs du CSST, de l’ASSM et de la CRUS, les mandataires externes suivants ont contribué à la journée de réflexion : Monsieur Jean-Michel Stoessel, traduction advocacy AG Monsieur Dominik Büchel, compte-rendu de la journée MIT-Group Monsieur Simon Rickenbacher, conseil et soutien au développement du dépliant et du site web Madame Duscha Heer (mc-idee), design du dépliant Monsieur Oliver Ebert, site web de la journée Monsieur Mario Ciceri, photographe de la journée

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