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Quand les femmes changent la ville Rapport de l’expérimentation nationale de marches exploratoires Remis à Madame Laurence Rossignol, Ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes à Monsieur Patrick Kanner, Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports à Madame Hélène Geoffroy, Secrétaire d’État à la Ville Le 20 septembre 2016

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Quand les femmes changent la ville

Rapport de l’expérimentation nationale de marches exploratoires

Remis à Madame Laurence Rossignol, Ministre des Familles, de l’Enfance et des

Droits des femmes à Monsieur Patrick Kanner, Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports

à Madame Hélène Geoffroy, Secrétaire d’État à la Ville

Le 20 septembre 2016

Marchesexploratoires

PréfaceLesespacespublicsconstituentlemaillagedelaville.Adifférenteséchelles,dedifférentesnatures,

ilsconstituentunenjeuincontournabledelamanièredontlesfemmesetleshommesviventlaville

etseviventdanslaville.Cesespacessontlerefletdenotrevisiondelasociétéetlelieuoùnous

construisons aussi notre citoyenneté, notre relation aux autres. Lamanière dont ils sont conçus

favorise, ou non, le vivre-ensemble à travers la diversité des pratiques et leur appropriation par

touteslescatégoriesdepopulation.

Onatropsouventconstruitlavilleavecunregardtechnique,sansprendreencomptelesusagesde

ceuxquiyhabitent.Pourtant,leregarddeshabitant-e-sestprécieux,carleurpratiquequotidienne

decesespacesleurconfèreunsavoirparticulièrementutileàlaconstructionetàl’adaptationdela

ville.Encela,leurexpertiseesttoutaussilégitimequecelledesprofessionnels.

Danslecadredu4èmeplaninterministérieldepréventionetdeluttecontrelesviolencesfaitesaux

femmes,leMinistèredesFamilles,del’EnfanceetdesDroitsdesFemmesetleMinistèredelaVille,

delaJeunesseetdesSportsontconfiéàFranceMédiationlacoordinationd’uneexpérimentation

nationaledemarchesexploratoires.

Pourquoicoordonneruntelprojetpourunréseaucommelenôtre?Parcequedonnerlaparoleà

ceux qui ne l’ont pas et renforcer chacun dans sa capacité à agir sont au fondement de notre

métier.Lesmédiateursdéveloppentmieuxquepersonnel’artdelamaïeutique:ilspermettentde

libérer laparole,de redonner confianceauxpersonnes. Ils relancent, reformulent jusqu’à ceque

l’individusoitsatisfaitdesaréponse,sanschercheràfiltrerouàorienterlaparoleverstelleoutelle

solution.

Ces marches exploratoires ont d’abord eu pour but de permettre à des femmes de prendre

consciencequ’ellesontunrôleetunelégitimitédanslaviepubliquelocale.Ellesontpermisàdes

habitanteséloignéesdesformestraditionnellesdeparticipationdes’investiretdes’exprimer,mais

aussiderenforcerleurpouvoird’interpellation,entantquefemmesetentantquecitoyennes.

Cettedynamiquedoitêtreentretenue:dansplusieursvilles,des femmesont intégré lesconseils

citoyensoud’autres instancesparticipatives.D’autresontcréédesassociationsdequartier,pour

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Marchesexploratoires

mieuxparticipercollectivementàdesprojetsderenouvellementurbain,oupourfairechangerles

comportements.

Carlesmarchesvisentaussiàfairereculerlesinégalités,lesexismeetlesviolences.Ellesontmisen

exergue la réalité des difficultés que peuvent vivre les femmes dans l’espace public et dont

l’ampleurestsisouventminorée:regards insistantsouréprobateurs, insultes,sifflets, inquiétude

d’allerboireuncafédansunbaroccupéexclusivementpardeshommes...Lesfemmesfont«profil

bas»,limitentleurprésencedansl’espacepublicoucontournentdesruesvoiredespansentiersde

leursquartiers.C’estdoncbiende leur«droità laVille»dont ils’agitetde lamanièredont ilse

construit,symboliquementetphysiquement,danslespolitiqueslocales,lescomportementsetles

aménagementsurbains.

D’autre part, le projet a permis de présenter des propositions concrètes pour améliorer

l’environnementurbain,dansunerue,unegare,unestationdemétro,unegaleriecommerciale,un

parking,unjardinouuneplace.Lespréconisationsdesmarcheusesvonttoutesdanslesensd’une

meilleureaccessibilitédelavillepourtous,hommes,femmes,personnesâgées,jeunes,personnes

àmobilitéréduite...

Ellessontunoutildeconnaissanceduquartier,quipeutêtreadaptéauxcaractéristiquesdechaque

ville.

Les villes qui ont participé à cette expérimentation ont bien compris l’importance des marches

exploratoires.Pourlaplupartd’entreelles,ellesontdémultipliécesdémarchesdanslesquartiers,

lestransports,bientôtdansl’environnementdesécoles.D’autresvillesselancentégalementdans

ceprojetetc’estunsignequ’ilrépondàlafoisaubesoind’uneplusgrandeconcertationentreélus

et habitant-e-s, mais aussi d’une plus grande reconnaissance de la place des femmes dans la

société.

Nousl’avonsvu,ladémocratien’estpassifacileàconstruire.Dansunesociétéoùleliensedélite,

où l’individualisme prend le pas sur le collectif, il nous faut retrouver le sens de l’échange, du

partage, de la relation humaine. Il nous faut créer de nouveaux espaces de médiation et de

concertation entre les différentsmondes de notre société, en particulier entre le politique et le

citoyen. Nous devons permettre à chacun d’exister en tant qu’individu, libre et responsable et

promouvoirlesconstructionscollectives.C’estlaconditiondetouteespérance.

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Marchesexploratoires

Jevoulaistoutparticulièrementremerciertousceuxquiontpermisàceprojetd’aboutir:

• Tout d’abord, les femmes qui se sontmobilisées et dont l’assiduité a fait la réussite de ce

projet.Ellesontsuserassembler,s’investirdansladuréeetproposerensembledesactionsà

mettreenœuvre.

• Les structures associatives de proximité qui ont porté ce projet au local et mobilisé les

habitantes.

• Lesstructuresdemédiationsocialequiontjouépleinementleurrôledemobilisationenallant

verslesfemmes,enallantaussicherchercelles«qu’onnevoientplus».C’estd’ailleursgrâce

àelles,àleurreconnaissancequenousavonspumettreceprojetenplace.

• L’ensemble des élus des villes sans qui rien n'aurait été possible. Sans leur engagement

politiquedanscesmarches,toutletravaildeshabitantesn’auraitpuaboutir.

• Lafondationd’entrepriseChaneletlafondationMACIF,pourleurconfiance,leursconseilset

leurappuitoutaulongduprojet.

• MarieDominiquede SuremainetDominiquePoggi, pour leur expertise, leur énergie et leur

sensdutravailtransversal,ainsiquelecabinetMaturescence.

• LeMinistèredesFamilles,del’EnfanceetdesDroitsdesFemmesetleMinistèredelaVille,de

laJeunesseetdesSportsquinousontfaitconfianceetquinousontsoutenutoutaulongde

cetteexpérimentation.

ChantalUYTTERHAEGEN

PrésidentedeFranceMédiation

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Marchesexploratoires

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MarchesexploratoiresMarchesexploratoires

SommaireSynthèse...............................................................................................................................................6

Introduction........................................................................................................................................11

Lesmarchesexploratoires:qu’est-cequec’est?..............................................................................14

Desdiagnosticsd’habitantespouraméliorerl’espacepublicetcitoyen........................................14

Pourquoidesmarchesdefemmes?...............................................................................................15

Genre,participationetespacespublics:lepointdevuedesformatrices......................................17

Méthode&outilsdesmarchesexploratoires.................................................................................20

L’expérimentationnationale..............................................................................................................21

Lepilotagenational........................................................................................................................21

Leportagelocal...............................................................................................................................22

Laformationdeséquipesprojet.....................................................................................................26

L’évaluation....................................................................................................................................27

Bilandelamiseenœuvreduprojet...............................................................................................28

Lesmarches:diagnosticetpropositions............................................................................................31

Leprofiletlamotivationdesparticipantes....................................................................................31

Lesproblèmesidentifiésetlessolutionsproposéesparlesmarcheuses.......................................32

Bilan&impactsdel’expérimentation................................................................................................38

Lamobilisationdesparticipantes...................................................................................................38

Lesimpactsobservésduprojet......................................................................................................39

Leslimitesduprojet.......................................................................................................................40

Lesinterrogations...........................................................................................................................41

Clésderéussite...................................................................................................................................42

Pourfavoriserlamobilisationdeshabitant-e-s:............................................................................42

Pourgarantirlaparticipationetlaconstructioncollectivedansladurée:....................................43

Pistesdedéveloppementduprojet&préconisations........................................................................45

Inscrirelesmarchesexploratoiresdanslescontratsdeville..........................................................45

Formerlesacteursetaccompagnerladynamique.........................................................................46

Pilotagenationaletpartenaires.........................................................................................................47

Annexe1–Tableaudesporteursdeprojet........................................................................................48

Annexe2–Revuedepresse...............................................................................................................51

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MarchesexploratoiresMarchesexploratoires

Synthèse

Uneexpérimentationnationaledans12villes

Lesmarchesexploratoiressontdesdiagnosticsdel’environnementurbainréaliséspardesgroupes

d’habitantes,enlienaveclaVilleetlesacteurslocaux.Leprojetestfondésuruneméthodesouple

maisrigoureuse,crééeauCanadaetexpérimentéedansdenombreusesvillesenFranceetdansle

monde.

LeréseauFranceMédiationacoordonnéuneexpérimentationnationaledemarchesexploratoires

dans12villes,sousl’égideduMinistèredesFamilles,del’EnfanceetdesDroitsdesfemmesetdu

Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Ce projet s’inscrivait dans le 4ème plan

interministérieldepréventionetdeluttecontrelesviolencesfaitesauxfemmesetdanslavolonté

dedévelopperlaparticipationcitoyenneauseindesquartiersprioritairesdelapolitiquedelaville

(loipourlavilleetlacohésionurbaine).

L’expérimentationaétémiseenœuvredeseptembre2014àjanvier2016avecpourobjectifsde:

Renforcerlaplacedesfemmesdansladémocratieparticipativelocaleetl’espacepublic,

Améliorer l’environnement urbain des quartiers prioritaires par des changements

concrets,proposésparlesgroupesdemarcheuses,

Favoriserl’utilisationdunumériquecommeoutildecitoyenneté.

Lesimpacts

L’impact du projet a été évalué au travers d’une étude externe (réalisée par 2 sociologues du

LERFAS)etdutravaildecapitalisationmenéparFranceMédiationsurlessitesexpérimentaux.

Cedoubleregardapermisdemettreen lumière les impactsduprojet,maisaussidesouleverun

certainnombredequestions liéesà la foisà laparticipationcitoyenneetauxenjeuxdemixitéet

d’égalitéfemme-homme.

«L’empowerment»individueletcollectifdeshabitantes:

Les marches ont permis de mobiliser des femmes éloignées des formes traditionnelles de

participation et de renforcer le lien social au sein du quartier. Elles ont également apporté aux

habitantes unemeilleure connaissance du fonctionnement institutionnel local et une conscience

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Marchesexploratoires

nouvelle de leur rôle et de leur légitimité à prendre la parole pour «changer les choses». La

dimensioncollectivedecet«empowerment»estparticulièrementimportantecarleprojetrepose

surundoubleprocessusdeco-construction:co-production,auseind’unpetitgroupedefemmes,

d’un diagnostic et de propositions pour améliorer la vie quotidienne de tous les habitant-e-s du

quartier ; co-production de réponses concertées entre le politique et le citoyen, fondée sur une

relation directe d’écoute et de dialogue allant bien au-delà des formes traditionnelles de

consultationcitoyenne.Autermedesmarches, leshabitantesonttémoignéde l’impactduprojet

sur leur perception d’elles-mêmes et leur pouvoir d’agir:meilleure confiance en soi, volonté de

continueràs’engagerpourlequartier,souhaitdesortirdavantagedechezsoi,s’ouvrirauxautres,

fairedeschosesensemble,déconstructiondesreprésentations,motivationàretrouverunemploi,

reprised’études,etc.Leurimplicationdansleprojetaégalementpuchangerlamanièredontelles

étaientperçuesparleurentourageetleursfamilles.

Plusieurs collectifs de femmes souhaitent pérenniser la démarche, en créant des associations

d’habitantesouenintégrantd’autreprojetsparticipatifs.

On a parfois reproché auxmarches le faible nombre de femmesmobilisées, au regard d’autres

projets participatifs. Un projet de marches implique en effet 10 femmes en moyenne, 15 au

maximum, pour permettre la maturation d’une véritable dynamique collective. On notera

égalementque leprojetporteunfortpotentieldemobilisation«par lespairs»,deshabitant-e-s

parleshabitant-e-s,pourautantqu’ilbénéficiedel’appuidesinstitutionslocales.

Lacréationd’unedynamiqueparticipativedanslesvilles:

Cette«nouvellemanièred’envisagerladémocratie»,commel’adéfiniuneajointeaumaire,areçu

un accueil plutôt favorable des élu-e-s, qui ont notamment apprécié le format de restitution du

travail des marcheuses. Elle a également fortement mobilisé les équipes projet (services

municipaux, associations locales, dispositifs de médiation sociale) et leur a permis de mieux

travaillerentransversalité.

Le projet interroge pourtant très directement le fonctionnement des institutions locales,

notamment,lesdifficultésdutravailtransversalentrelesservicesauseind’unemêmeinstitutionet

afortiori,entrelesdifférentsacteursduterritoire.L’identificationdescompétencesdechacunde

ces acteurs fait partie de l’apprentissage politique évoqué plus haut. Mais leur diversité (ville,

agglomération, conseildépartemental,État,AOT,bailleuretc.)aboutit leplus souventàde longs

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Marchesexploratoires

délais de prise en compte des demandes des habitantes, ce qui peut être un facteur de

démobilisation.

Les élu-e-s ont un rôle fondamental dans le succès de la démarche. Les marches exploratoires

reposenteneffetsurundoubleprérequis:d’unepart,lareconnaissancedel’expertised’usagedes

habitant-e-setdeleurlégitimitéàparticiperauxdécisionspubliques,quelquesoitleurprofil;elles

nécessitentaussi,delapartdesélu-e-s,unepostured’écouteactivepermettantundialogueouvert

etconstructifavecleshabitant-e-s.Orcettecultureparticipativenevapastoujoursdesoi:certains

sites ont très bien saisi l’enjeu de la démarche et l’ont intégrée dans les différentes politiques

localesavantde l’essaimer; surd’autres territoires, lesmarchesontpuêtreperçuescommeune

initiativerestreinte,neconcernantquequelqueshabitantes.

L’étudeduLERFASamisenévidencedeuxprincipauxécueils:

• Si le processus d’apprentissage des institutions locales est l’un des impacts positifs du

projet sur les marcheuses, il est susceptible de mener à l’effacement d’autres formes

d’expressioncitoyenne:lerisqueseraitquelesélu-e-snesoientàl’écoutequedecetype

de«parolecompétente».

• Les élu-e-s et les équipes projet ont eu tendance à «cadrer» la parole des habitantes,

privilégiant la résolutiondesproblèmes liésà l’aménagementurbainaux sujets sociétaux

«defond».Plusglobalement,leséchangesentreélu-e-sethabitantesontmontrétoutela

difficultéàaborder lesquestionsd’égalitédesdroits(femme-homme,maisaussihabitant

des quartiers prioritaires versus habitant des quartiers plus favorisés). Deux raisons

principales peuvent être évoquées: d’une part, les difficultés à intégrer la dimension de

genredansl’ensembledespolitiquespubliques(enjeupourtantaucœurduprojet).D’autre

part,unestratégieassuméedereconquêtepasàpasdel’espacedémocratique,consistant

àmobiliserleshabitantessurdessujets«matériels»etconcrets,plusfacilesàaborderet

plus rapides à traiter. Cette stratégie semble pertinente, pour autant qu’elle permet

d’aboutiràuneréflexionetàdesmesuresbeaucoupplus largessur levivre-ensemble, la

mixitémaisaussisurlesproblématiquessocio-économiquesdesquartiersprioritaires.

Les problématiques identifiées par les femmes au cours des marches sont d’ailleurs assez

révélatrices de ce mouvement: si une part importante des demandes concerne les défauts de

l’environnementurbain(éclairage,saleté,terrainsvagues,aménagementdesrues,signalisation)ou

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Marchesexploratoires

lesusagesincivils(circulation,nuisancessonores, jetsdedéchets), lefonddesdébatsabeaucoup

portésurlepartagedesespaces,laconstructiondelamixité,maisaussisurledésœuvrementdes

jeunes,lechômage,lamobilitéouladisparitiondescommercesdeproximité.

Surlaquestiondelamixitéetdupartagedesespacesparexemple,ledialogueentrelesélu-e-s,les

acteurslocauxetleshabitantespeutêtretrèsriche,dèslorsqu’ilpermetd’engagerunevéritable

réflexioncollectiveetd’interrogerlerôleetlesleviersd’actiondechacun(cequiaétélecassurun

certainnombredesites).

Leprocessusdesmarchesen lui-mêmeadoncdenombreux impactspositifssur lepouvoird’agir

deshabitanteset le renforcementde la cohésionau seinduquartier.A ce titre, le respectde la

méthodologieetlaformationdesacteurslocauxsontdesfacteursclésdusuccèsduprojet.

Maisdupointdevuedeladémocratieparticipative,l’essentielsesitueau-delàdelarestitutiondes

propositionsauxélu-e-s.Seulel’inscriptiondurabledeladynamiquedanslagouvernancepolitique

localepeutaboutiràunevraietransformationdanslarelationentreinstitutionsetcitoyensetdans

laconstructioncollectiveduvivre-ensemble.

Préconisations

1 - Inscrire les marches exploratoires dans les contrats de ville et le programme national de

rénovationurbaine

Développer le projet dans de nouveaux quartiers prioritaires et l’intégrer au programme

nationalderénovationurbaine(enamontdesopérations).

Soutenir financièrement le développement desmarches, en allouant une enveloppe aux

sites volontaires permettant notamment de prendre en charge la formation des équipes

(étapeessentielleduprojet).

2-Renforcerlaformationauxdémarchesparticipativesetauxquestionsdegenre

Former lesélu-e-sauxdémarchesparticipativesetauxenjeuxdegenre,dans lecadredu

projetetau-delà.

Renforcer la formation des équipes projets chargées de lamise enœuvre desmarches:

privilégieruneformation6jourssurchaquesiteetassocierdeshabitantesdèscettephase

deformation.

Renforcer la formation des médiateurs sociaux aux méthodes participatives et aux

questionsdediscriminationsetd’égalitéfemmes-hommes.

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Marchesexploratoires

3-Pérenniseretaccompagnerlesprojetslocaux

Veilleràlapérennisationdeladémarchesurlessitesexpérimentaux,afind’alimenterles

dynamiqueslocalesquisuscitentdefortesattenteschezleshabitantes.

Créer un réseau d’appui et de ressources pour les projets de marches exploratoires,

favorisantleséchangesentrelesacteursimpliqués(habitantes,élu-e-s,servicesmunicipaux

et associations), permettant de partager et d’enrichir les outils méthodologiques et

d’évaluerlesimpacts.

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MarchesexploratoiresMarchesexploratoires

Introduction

Élémentsdecontexte

Lesfemmesdesquartiersprioritairessontparticulièrementtouchéesparlacriseéconomiqueetle

chômage: près d’1 femme sur 2 est sans emploi dans ces territoires1. Les inégalités hommes-

femmesvisàvisdel’emploisesontaggravéesdepuis2008,enparticulierpourlesfemmesissues

del’immigration.

Par ailleurs, près d’1 femme sur 3 éprouve un sentiment d’insécurité dans son quartier2 (contre

moinsd’une femmesur5horsanciennesZUS)et10%d’entreellesontétévictimesdeviolences

physiquesousexuelles.Lesfemmessesententparticulièrementexposéesdanslesespacespublics,

avec lapeurfréquented’êtresuivies,desubirdesagressions,desmenacesoudesvols.Plusieurs

études récentes ont également pointé le fort sentiment d’insécurité des femmes dans les

transportsencommun3.

Ce sentiment d’insécurité conduit fréquemment les femmes à éviter certains espaces publics, à

restreindreleursactivitésetleurparticipationàlaviecollective.

Inventées au Canada, les marches exploratoires de femmes sont des diagnostics de

l’environnementurbain réaliséspardesgroupesd’habitantes, en lienavec laVilleet lesacteurs

locaux. Elles visent à accompagner les femmesàdevenirdevéritables actricesde la citoyenneté

localeetàseréapproprierl’espacepublic,maisaussiàcréerunenouvelleformed’échangeentrele

citoyenetlepolitique.

L’expérimentation

Danslecadredu4èmeplaninterministérieldepréventionetdeluttecontrelesviolencesfaitesaux

femmes,FranceMédiationacoordonnéuneexpérimentationnationaledemarchesexploratoires.

1Observatoirenationaldelapolitiquedelaville,Rapport2015.2HautConseilàl’Égalité,«EGATER,Leschiffresclésdesinégalitésfemmes-hommesdanslesquartiersprioritairesetlesterritoiresruraux»,Avril2014.http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hcefh_etude_02-2014-04-egater-2.pdf3IAU,«Enquêtevictimationetsentimentd’insécuritéenIle-de-France»,2015.ONDT,«Lesviolencesfaitesauxfemmesdanslestransportscollectifsterrestres»,Synthèsedel’étudeexploratoire,Mars2015.

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Marchesexploratoires

Menésousl’égidedesMinistèresenchargedelapolitiquedelavilleetdesdroitsdesfemmes,le

projets’estinscritdanslavolontédugouvernementdedévelopperlaparticipationdeshabitant-e-

sdanslesquartiersprioritairesdelapolitiquedelaville.1

L’expérimentationaétémiseenœuvredeseptembre2014àjanvier2016avecpourobjectifsde:

Renforcerlaplacedesfemmesdansladémocratieparticipativelocaleetl’espacepublic,

Améliorerl’environnementurbaindesquartiersprioritaires,

Favoriserl’utilisationdunumériquecommeoutildecitoyenneté.

12villesontparticipéàcetteexpérimentation:Amiens,Arcueil,Avignon,Bastia,Bordeaux,Creil,

Lille,Mons-en-Baroeul,Montreuil,Paris20ème,RennesetSaint-Etienne.

Au niveau local, le projet a été porté par les mairies, en partenariat avec des structures de

médiation socialeetdesassociationsdeproximité. Lespremièresmarchesonteu lieuen janvier

2015.Ellessesontdérouléestoutaulongdel’année2015.8villesontmisenœuvreleprojetdans

le cadre officiel de l’expérimentation (septembre 2014 à janvier 2016). 4 villes n’ont pasmis en

œuvreleprojetdanslecalendrierimparti2.

Lesprincipesdesmarches

Lesmarchesexploratoiresnesontnidescahiersdedoléances,nidesdiagnosticsenmarchant. Il

s’agit d’une démarche collective de réflexion et de dialogue, construite à partir de l’expertise

d’usage des habitantes. Leur objectif est à la fois de renforcer le pouvoir d’agir des femmes,

d’apporterdeschangementsconcretsetconcertésdanslavilleetdecréerunedynamiquedurable

deconcertationentreleshabitant-e-setlesacteurslocaux.

La porte d’entrée des marches se fait le plus souvent sur des éléments concrets, liés à

l’aménagementurbainouaux incivilités.Maisàpartir de constats récurrents (défautd’éclairage,

lieuxdégradésouanxiogènes,jetsdedéchets,circulation...),ellespermettentd’aborderdessujets

sociétauxdefondquisontaucœurdecequifaitlaVille:lapolitiqueéconomique,leliensocial,le

partagedesespaces,lamixité,ledialogueentrelespopulationsd’âge,d’origine,dereligionoude

sexedifférents.1Laparticipationdeshabitantsestunaxecentraldelapolitiquedelaville,inscritdanslaloideprogrammationpourlavilleetlacohésionurbaine(2014).2Voirci-dessous.

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Marchesexploratoires

Ledésœuvrementdesjeunescauséparlechômage,ladévitalisationdutissuéconomiqueetsocial,

ladisparitiondesservicesdeproximité,l’absencedemixitédanslesespacespublics...cesontces

thématiques que lesmarches peuvent permettre d’interroger, en amenant chacun – habitant-e,

élu-e,servicesmunicipaux,bailleur...-àquestionnersonproprerôle.

Prenonsexemplesurl'aménagementd’unespacesportifouculturelmixtedansl'espacepublic,une

proposition récurrente des marcheuses dans le cadre de l’expérimentation: au-delà de

l’investissementmatériel,«endur»,ilestnécessairedefaireémergerchezlesjeunesfillesl'envie

d’investirceséquipements,d’obtenirlesoutiendesfamillesmaisaussidesensibiliserlesdifférents

groupesdegarçonsetd'hommesquipourraientoccupermajoritairementcesespaces. Ilestdonc

indispensabled’animercesdémarchesparticipativesetdemixitédegenre.

Lesmarchesexploratoiresvisentàrendreconcretledroitdesfemmesàlaville,enréaffirmantleur

présencedansl’espacepublicetencréantunnouvelespacededialogueetderéflexionentreles

citoyens et les institutions locales. Il s’agit bien, pour reprendre les propos d’une élue,

d’une«nouvellemanièred’envisagerladémocratie».

Marchesexploratoires

Lesmarchesexploratoires:qu’est-ceque

c’est?Les premières marches exploratoires sont nées dans les années 1990 au Canada, à Toronto et

Montréal,àl’initiatived’associationsdefemmesetdeservicesmunicipaux.

MarcheexploratoireàCreil,Crédit:VilledeCreil.

Desdiagnosticsd’habitantespouraméliorerl’espacepublicetcitoyen

Lesmarchesexploratoiressontdesdiagnosticsdel’environnementurbainconduitspardesgroupes

d’habitantes. Elles sont organisées en lien avec les instances locales impliquées dans la vie et

l’aménagement du quartier: Ville, préfectures, directions départementales de la cohésion sociale,

bailleurssociaux,CAF,associationsetc.

Les précédentes expériences demarches ont souvent été axées sur la sécurité des femmes dans

l’espace public. C’est autour de cette préoccupation que sont nées les premières initiatives

canadiennes. Si le sentiment d’insécurité a constitué un volet important des constats faits par les

habitantesaucoursdel’expérimentation,FranceMédiationasouhaiténepasaxerleprojetapriori

surcetteseuledimensionpourdeuxraisonsprincipales:éviterdeperpétuerunstéréotypedegenre

consistantà«réduire» les femmesàun rôlede«victimes»d’unepartet surtout,permettreaux

habitantesdes’exprimerlibrementsurunensembledeproblématiquesliéesàleurviequotidienne

auseinduquartier.

Pourquoidesmarchesdefemmes?

Plusieurs «diagnostics en marchant» ont été organisés en France dans le cadre de la «gestion

urbainedeproximité».Financéspar l’ACSédans lebutd’améliorer l’habitatet lecadredeviedes

zonesurbainesprioritaires, cesdiagnostics sontdesvisites collectivesduquartier, réalisés surune

journée par tous les acteurs locaux (bailleurs, élu-e-s et services municipaux, services de l’État,

structures associatives locales, ainsi que des représentants des habitant-e-s) et actualisés chaque

semestre.

Cesexpériencesassocientleshabitant-e-sàlaformulationdudiagnostic,leplussouventtechnique,

maisellesnevisentpasàcréeruncollectifdecitoyens.D’autrepart,les«diagnosticsenmarchant»

se sont souvent illustrés par une faible place des habitant-e-s dans le processus de décision: le

parcoursréaliséétaitbiensouventdécidépar lesacteurs institutionnelsetnonpar leshabitant-e-s

eux-mêmes. Peu représentées dans les diagnostics enmarchant, les femmes s’exprimaientmoins

queleshommessurleurssouhaitsetleuranalysedel’environnementurbain1.

Partant de ce constat, lesmarches exploratoires visent à créer un espace d’expression dédié aux

habitantesdecesquartiers.Leprojetpeutêtrelepréludeàunedémarcheparticipativemixte,une

foisquelesfemmesontprisconfiancedansleurparoleetdanslapossibilitéd’engagerundébatavec

leshommesetlesinstitutionslocales.

Au-delà de cette forme de «discrimination positive», la parole des femmes revêt un intérêt

particulier:entantqu’habitantes,ellesontuneexpertisedel’usageurbainetentantquefemmes,1Cephénomèneadéjàétémisen lumièredans lecadred’uneétudeduCORIFpour leConseil régionalduNord-PasdeCalais sur la participation des jeunes filles aux dispositifs participatifs financés par la Région, notamment les budgetsparticipatifsdeslycées.Lesjeunesfillesneparticipaientpasàcesdispositifsparcequ’ellesneseconsidéraientpascommelégitimespourlefaire.

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unepratiquespécifiquedel’espacepublic,depar lesactivités«domestiques»qu’ellescontinuent

majoritairementd’exercer (gestiondesactivitésscolairesetpériscolairesdesenfantsetgestiondu

foyer) mais aussi de leur exposition particulièrement marquée au «harcèlement de rue» par

exemple. Lesprécédentesexpériencesontégalementmontréque leur regard sur lavilleprenden

comptetoutes lescatégoriesdepopulation(personnesâgées,personnesensituationdehandicap,

jeunes, enfants...) et pas seulement des problématiques exclusivement «féminines». Loin d'être

sectorielles ou «corporatistes», leurs propositions sont donc de nature àbénéficier à l’ensemble

deshabitant-e-sduquartier.

Laméthodologiedesmarchesexploratoirespermetdedépasserlasimpleconsultationcitoyenneen

associant les habitantes à la coproduction d’un diagnostic et de solutions. Les marcheuses sont

impliquéesdepuislechoixduparcoursdelamarchejusqu’àlaformulationdespréconisationsetleur

restitutionauxélu-e-s.Leprojetpermetainsidedépasserlesproblématiquesindividuellespourles

transformer en préoccupations collectives et en objets de travail pour la collectivité dans son

ensemble.

Cette méthodologie implique de travailler avec un groupe restreint d’habitantes: un projet de

marchesrassembleenmoyenne10femmes(15aumaximum),afindepermettreàchaquehabitante

des’exprimeretaugroupedemenerunevéritableréflexioncollective.

Leprojetpourraensuiteêtreétenduàd’autresquartiersdelavilleetincluredenouvelleshabitant-

e-soualimenterlestravauxdesconseilscitoyens.

Plus-valuedesmarchesexploratoires

Au regard d’autres dispositifs participatifs tels que les diagnostics en marchant, les marches

exploratoiresdefemmespermettent:

D’impliquerdesfemmeséloignéesdesformestraditionnellesdelaparticipationcitoyenne,

Deposerunregardsurlequartieren«chaussantdeslunettesdegenre»:lesfemmesont

unregarddifférent,elles«pensentpourtoutlemonde»,

De renforcer lepouvoird’interpellationdeshabitanteset leurparticipationauxdécisions

locales: au terme du projet, les «marcheuses» sont mieux préparées à investir d’autres

instances participatives, grâce à une meilleure connaissance des institutions locales et à

l’augmentationde leur confianceenelles. Il convientd’accompagner cettedémarcheavec

leshabitantesetdel’inscriredansladurée.

Genre,participationetespacespublics:lepointdevuedesformatrices

«Former les équipes de France Médiation chargées de conduire les marches exploratoires et

accompagnersur leterrain ledialogueentreprofessionnelsethabitantespourmettreenœuvre la

démarcheetl’adaptersouplement,apermisdefaireprogresserdansnotrepayslapriseencompte

dugenredanslapolitiquedelaville.

Lesmarchesexploratoiresontpourobjectifcentrall'égalitéentrefemmesethommesdansl'exercice

dudroitàlaville,droitessentielpourlacitoyennetéetlapromotiondelasécuritéhumaine,basée

sur la solidarité, le renforcementdes liens sociaux, laparticipation, le reculdes inégalités. Leplein

exercice du droit à la ville par les femmes implique pour elles depouvoirparticiper davantage à

l'améliorationducadreurbain,à laqualitédestransportsqu’ellesutilisent,à lagestionurbainede

leurenvironnement. Ledroit à la ville supposeaussi depouvoir circuler librementpartoutdans la

ville,dejourcommedenuit,pourleursactivitésprofessionnelles,familiales,culturelles,citoyennes,

pourlesloisirsetpourleplaisir.

Conquériruneplusgrandemobilité(physique,sociale,mentale),s’autoriseràsortir,fairereculerla

pressiondirecteoumoraledesgarçonsoudesadultessurlesjeunesfillesestunenjeufondamental

delacitoyenneté.

Les marches exploratoires permettent à des femmes à la fois de s’exprimer sur l’aménagement

urbainetdechangerlesrapportsentrelesfemmesetleshommesdansl’espacepublic.Ellespartent

18

delareconnaissancedel’expertised’usagedesfemmes,deleurspratiquesdelaville,avecunregard

plus attentif pour celles qui habitent dans les quartiers populaires car elles subissent des

discriminationset contraintesdémultipliées. Lesmarchesviennentenrichir lavisiondesdécideurs,

enleurapportantunpointdevueconstruitcollectivement,maisaussidespropositionsporteusesde

changement social.Achaqueétapedesmarches,habitantesetprofessionnel-le-s se transforment,

font évoluer leurs perceptions, élargissent leur horizon.On se situe ainsi dans une perspective de

croisementdessavoirsentreresponsablespolitiques,servicesdelavilleetcollectifsd'habitantes.

Les marches exploratoires appartiennent à la famille des recherches-actions participatives, elles

visentàdeschangementsdanslavieréelledesfemmes,àpartirdesdiagnosticsetsolutions.Nous

travaillonsenbinômeavecdesoutilsoriginaux:unesensibilisationaudroità lavillebaséesurdes

recherches françaises, un pré-diagnostic au moyen d’un exercice de cartographie sociale, une

formationàl’écoute,unguidesimplifié,uneformationàlaprisedeparoleenpublicetàlagestion

dustressainsiqu'unoutild’animationdelarestitution.

Les femmes se rendent compte que derrière leur sentiment d’insécurité se cache un sentiment

d’illégitimitéàfaireusagedel’espacepublicselonleursbesoinsouleursenviesetqu’ellesyontété

conditionnéesdepuisl’enfanceparlesexismeetleharcèlementordinaires,jusqu’ànormaliserleurs

évitementsetcontournements.C’estendessinantlescartographiessocialesqu’ellesidentifientleurs

pratiquesetlescomparentàcellesdeleursvoisines,etc’estenallantsurleterrain,questionnaireen

main,qu’ellesprennentconsciencedeleursévitements,justifiésounon,etdescausesconcrètesde

leur inconfort. Les gestionnaires urbains apprennent à écouter et à accompagner les débats en

facilitant l’élaboration par les habitantes de leur propre pensée. Ils s’entraînent à expliquer le

fonctionnementdelamachinemunicipale,àrevoir leursprévisions,ouàreconnaître,parexemple,

que les investissements publics sportifs ne bénéficient pas souvent de façon équitable aux jeunes

garçonsetjeunesfilles…

En pratiquant les marches, des femmes découvrent des lieux qu’elles ne connaissaient pas,

rencontrentdespersonnesàquiellesneparlaientpas,desvoisinesmaisaussidestechniciensetdes

élu-e-s.Ellesapprennentàs’exprimerdansuneréunionpublique,àdialogueraveclesélu-e-ssurle

terrain,à suivre lamiseenœuvred’uneaction.Elles se sentent«utiles»,écoutées.«J’ai compris

que la ville pouvait s’adapter àmoi, alors que je croyais que c’étaitmoi qui devaitm’adapter à la

ville»,aditl’uned’entreelles.C’estuneexpériencefondatrice.

19

Démarchehautementparticipative, lesmarchesexploratoirescontribuentnonseulementàmettre

en place des aménagements plus sécurisants, à améliorer le vivre ensemble,mais aussi à faciliter

l'empowermentdeshabitantes,àdévelopperleurpuissanced'actioncollective.

Laconcertationestaucœurdecettedémarche,lesconseilsdequartiers,lesinstancesdedémocratie

deproximitéetlesassociationsdefemmessontinformésetinvités,cequirenforcelesliensentrela

ville,leshabitant-e-setl'ensembledesacteursquipeuventconcouriràlacitoyenneté,lasécuritéet

lemieuxvivreensemble.

L’intégration d’outils québécois ou latino-américains à nos démarches de recherche-action nous a

permisdecréerdepuis2009uneméthodesimple,soupleetrigoureuse,baseduguidedesmarches

exploratoiresde2012etsupportdel’expérimentationdeFranceMédiation.

Aujourd’hui colloques et rencontres de chercheur-e-s, praticien-ne-s et équipes municipales se

multiplientautourdel’égalitéfemmes-hommesetlegenredanslaville,danslescollectivitéslocales,

l’urbanisme,lasécurité,denouvellesassociationssecréent.Cesquestionsontémergédansl’agenda

publicets’ouvrentenFrancedenouvellesperspectives.

Ellesconcernentladiffusiondesformations-accompagnementsàtraversdesréseauxactifstelsque

France Médiation mais également les mécanismes de suivi des préconisations des habitantes et

marcheuses au niveaumunicipal ou des quartiers, la création d’espaces durables de concertation

entrelaville, lesacteurscontribuantauliensocial, lesorganisationsdefemmesouengagéessurla

participationcitoyenne.Pouratteindrecesobjectifsdepriseencomptedurabledu genre, ilserait

toutàfaitsouhaitabledecréerunconseil localdel'égalitéfemmes-hommes.Seposeégalementla

question de l’inclusion d’objectifs d’égalité femmes-hommes dans les cahiers des charges des

chantiersd’aménagementdel’espacepublicetdesquartiers,ausensphysiqueetsocial.»

Marie-DominiquedeSuremain,urbanisteetDominiquePoggi,sociologue.1

Ellesontaccompagnédesmarchesexploratoiresdans25villesetauprèsdelaRATPàParis.Ellesont

égalementréalisédeuxfilmspédagogiques.

1https://aplacesegales.wordpress.fr

20

Méthode&outilsdesmarchesexploratoires

Les marches exploratoires sont fondées sur uneméthode rigoureuse, expérimentée sur plusieurs

sitesenFranceetdanslemonde:

• Uneméthodologiedeprojet(lesétapesdesmarchesexploratoires,cidessous).

• La formation des équipes projet, à la fois à la méthodologie des marches et aux enjeux

sociétaux qu’elles permettent d’aborder (genre, sentiment d’insécurité, participation

citoyenne).

• Un guide simplifié des marches pour observer l’espace public, analyser et objectiver le

ressentideshabitantesauxdifférentspointsd’arrêtduparcours.

Leprojets’estbasésurlaméthodedes4étapes,déjàexpérimentéesurplusieurssitesparlesdeux

formatrices, Dominique Poggi et Marie-Dominique De Suremain1. Dans le cadre de

l’expérimentation,FranceMédiationachoisideformaliserlaméthodologieautourde6étapes,afin

desoulignerl’importancedelarestitutionetdusuividuprojet

Les6étapesd’unprojetdemarchesexploratoires

1Laformationdeséquipeslocalesàlaméthodologieduprojet(5à6jours).

2Lapréparationdesmarches:mobilisationdespartenaires locauxetdesmarcheuses,définition

duparcoursdelamarche(exercicedecartographiesociale)

3 La réalisation des marches exploratoires: 3 marches au minimum, sur le même trajet, à

différentsmomentsdelajournée(journée,soirée).

4L’élaborationdurapport:analysedesconstatsetdespréconisationsfaitsdemanièrecollective

par les habitantes (il s’agit de retenir les éléments qui font l’objet d’un consensus, pas les

remarquesindividuelles)etrédactiond’unrapportdétailléetétayé(pardesphotosnotamment).

5 La marche de restitution avec les décideurs (élu-e-s, services municipaux, bailleurs,

transporteurs....)

6Lamiseenplaced’uneinstancedesuividespréconisations.

Il est important d’inscrire le projet dans une temporalité de 12moismaximum, pour éviter un

essoufflementde ladynamique. Il estégalement recommandéde réfléchirà lamiseenplacedu

projetbienenamont(6moisenviron).

1Collectif«APlaceségales».

Marchesexploratoires

L’expérimentationnationale

Ville Quartier1

Amiens(80) PierreRollin

Arcueil(94) JeanMacé

Avignon(84) LaBarbière

Bastia(2B) Lupino

Bordeaux(33) LesAubiers

Creil(60) PlateauRouher

Lille(59) FaubourgdeBéthune

Mons-en-Baroeul(59) NouveauMons

Montreuil(93) LaNoue

Paris20è(75) HautsdeBelleville

Rennes(35) Maurepas

Saint-Etienne(42) Montreynaud

Lalistedesporteursdeprojetsestprésentéeenannexe.

Lepilotagenational

Leprojetaétémenésousl’égideduMinistèredesFamilles,del’EnfanceetdesDroitsdesfemmeset

duMinistèredelaVille,delaJeunesseetdesSports,enpartenariatavecleCommissariatGénéralà

l’Egalite des Territoires, le Secrétariat Général du Comité Interministériel de Prévention de la

Délinquance,laRégionIle-de-France,laFondationd’entrepriseChaneletlaFondationMACIF.

Lacoordinationnationale,confiéeauréseauFranceMédiation,aconsistéà:

Sélectionnerlessitesvolontairespourparticiperàl’expérimentation,

Organiser la formationdeséquipesprojets à laméthodologiedesmarchesavec le cabinet

Maturescence,

Assurerlamiseenœuvredel’expérimentation:

• Mobiliserlesacteurslocaux,

• Rechercherdesfinancements,

• AdapterlelogicieldegéolocalisationMedios1auprojet,

1Voirannexe1,listedesporteursdeprojet.

22

• Garantirlerespectducadrenationaletdelaméthodologied’intervention,

• Permettrel’échanged’outilsetdebonnespratiquesentrelessites,

• Communiquersur leprojetetvaloriser lesexpériences locales (dans lesmédias

notamment),

• Capitaliserlesenseignementsduprojet,

• Coordonnerladémarched’évaluationréaliséeparlelaboratoireLERFAS.

Offrirunaccompagnementindividualisédessites,enfonctiondesbesoinsexprimés.

Uncomitédepilotagenationalaétémisenplacepoursuivre l’avancéede l’expérimentation,sous

l’égidedesdeuxministères.Ils’estréuniàdeuxreprises,le26janvier2015etle2juillet2015.

Leportagelocal

LeportagepolitiqueparlaVille

Lesmarches exploratoires ne peuvent êtremenées sans unportagepolitique et technique fort et

clairement exprimé de la Ville. Leportage politique du projet par les élu-e-s est en effet un des

facteurs clés du succès du projet. Il s’agit de s’engager non seulement à mettre en œuvre les

marches,maisaussiàprendreencomptelaparoledeshabitantesetàinscrireleurspréconisationsà

l’agenda politique. L’engagement de lamunicipalité dans le projet a donc été l’un des principaux

critèresdesélectiondessitesexpérimentaux.

Unefoisl’engagementacté,ils’agitensuitepourlacollectivitéd’identifierleservicechargédusuivi

etdelamiseenœuvreduprojet.

Auseindesservicesmunicipaux,leprojetaétéprincipalementportépar2:

descoordonnateursréférentsauseindesservicesdesécurité-préventiondeladélinquance,

médiationsocialeouviolencesfaitesauxfemmes,

deschargé-e-sdemissionpolitiquedelaville,

deschargé-e-sdemissionÉgalitéFemmes-Hommes,

deschargé-e-sdemissionDémocratielocale,

deschargé-e-sdemission«ConcertationGestionurbainedeproximité».1LogicieldesuividesactivitésdemédiationsocialeduréseauFranceMédiation.Ce logicielaétéadaptéauprojet,pourêtreutiliséparleséquipesetlesmarcheuses.Ilpermetnotammentdecartographierlesélémentsdediagnostic.2Anotertoutefoisquelquesspécificitéslocales:uneconseillèremunicipaledéléguéeauxdroitsdesfemmesetàlaluttecontrelesdiscriminations(Avignon),unedéléguéedupréfet(Bastia),lachargéededéveloppementlocald’unbailleursocial(Paris).

23

Cesréférentsontensuiteconstituéleurpropreéquipe-projetens’appuyantsurd’autresservicesen

interneetsurdesacteursassociatifsouinstitutionnelsdeproximité.

Laplacedesélu-e-sdansleprojet

«Les marches exploratoires ne sont pas une fin en soi, c’est le début de quelque chose d’assez

révolutionnaire. […] C’est unemanière différente pour les élu-e-s d’aborder leurmission, en étant

dansl’écouteultra-active,quipeutfaireévoluernosmodesdegouvernance.C’estledébutd’unlong

processusoùilvafalloirêtrehumble.Jenedoutepasquelesmarcheusesserontexigeantes.[…]Les

chosesseferontparcequeleprocessusestenclenchépourleshabitants.Jecroisquec’estcelaleplus

important:commentleshabitantssesaisissenteux-mêmesdeleursdroitsetdeleurcapacitéànous

dire «ça fait un an, un an et demi, il faut y aller». Ce dont on parle, c’est une nouvellemanière

d’envisagerladémocratie.»Uneélue.

Lerôledesélu-e-sdanslesmarchesconsisteà:

Formaliser,dèsledébutettoutaulongduprojet,lesoutienpolitiqueetopérationneldela

Ville:désignationdes interlocuteurs (élu-e-setagents),définitiondesmoyens,affirmation

de la volontéd’inscrire les résultats, quelsqu’ils soient, dansun véritabledialogueavec la

collectivité,impulsionàlamiseenœuvred’uneinstancederestitutionpuisdesuivi.

Laisserlechamplibreauxhabitantespendanttoutelaphaseamontduprojetetpendantles

marches(déterminationduparcours,constats,débriefingetformulationdespréconisations

durapport),afindenepas«influencer»laparoledesfemmes.Iln’estpasrecommandé,par

exemple,quelesélu-e-sparticipentauxmarches,niauxdébriefings,leurprésencepouvant

être perçue comme intimidante par les habitantes, ou ne leur permettant pas d’exprimer

librementleursressentis.

Êtredansunepostured’écouteactivelorsdelarestitutionetlaisserauxhabitantesletemps

del’expression.Larestitutionestunmomentdediscussionpartagéesurlesproblématiques

constatéespar lesfemmesetnonpasun«procèsd’intention»ouuncahierdedoléances.

Lamairiepeutavoirdéjàmisenplacedesmesuressurlesfaitsrelatésparlesfemmes,mais

elledoitêtreàl’écoutedunouveauregardportéparlegroupe,pournepas«démotiver»la

participation.

Apporter des réponses claires, bienveillantes, concrètes et inscrites dans le temps aux

préconisations.

Inscrireledialogueainsicréédansladurée,àtraversuneinstancerégulièred’information

etd’échangessurl’avancéedesréalisations.

24

« J’apprécie les remarques positives et négatives, c’est unebouffée d’oxygène.Votre participation

citoyenne[démontrevotre]l’amourpourlaVille.Vousm’enlevezunpeudemasolitude.Vousvivezla

ville,vousavezenviedel’amélioreràtraverscettedémarche.Sitoutlemonde[faisaitdemême],cela

iraitmieuxdanslaville».UnMaire,lorsdelarestitutionlocaledurapportdesmarchesexploratoires.

Lerelaisopérationnelparlesstructuresdeterrain

Les structures locales (dispositifs demédiation sociale associatifs oumunicipaux, centres sociaux,

associationsd’habitant-e-s)sontégalementdesacteursclésdelamiseenœuvreduprojet.

Danslecadredel’expérimentation,ellesontjouéunrôleplusoumoinsimportantauniveaude:

lamobilisation des habitantes (information,motivation, identificationde femmesmotrices

pourleprojet),

l’organisationetlesuividesmarchesexploratoires:organisationdesréunionsd’information

etdecartographiesociale,planificationdesmarches...

l’élaborationdurapportdesmarchesavecleshabitantes,

lapréparationdugroupedefemmesàlarestitution,

lapoursuitedelamobilisationpouralimenterladynamiquecrééeouproposerdenouvelles

initiatives.Surcertainssites,l’instancedesuividespréconisationsaétémiseenplaceausein

del’association.

l’accueil et l’information sur lesprojetset les initiativesen cours sur lequartieretdans la

ville.

Cedoubleportage,politiqueetopérationnel,doitsetraduiredanslacompositiondeséquipesprojet

chargéesdelamiseenœuvredesmarches,depuislaformationjusqu’àlarestitutionetausuivides

préconisations. Idéalement, cette équipe projet est composée d’un représentant de la ville, d’un

représentantdelastructuredeterrainetd’unehabitante.

Danslecadredel’expérimentation,seulesdeuxéquipesprojet1comptaientdeshabitantesprésentes

à la formation nationale. Cette implication est pourtant précieuse, à la fois pour transmettre au

groupedefemmesleprocessusetlaméthodedesmarchesetenfaciliterainsil’essaimageultérieur,

mais aussi pour créer une dynamique partenariale entre les différentes parties prenantes dès la

phasedeconceptionduprojet.

1AmiensetMons-en-Baroeul.

25

Cetteabsenced’implicationdeshabitantesenamontduprojets’explique,surunemajoritédesites,

pardesquestionsdecalendrier(leshabitantesàmobilisern’ayantleplussouventpasétérepérées

au moment du démarrage de la formation) ou de disponibilité des habitantes (la formation

supposant une présence sur 3 journées complètes),mais elle a pu provoquer des frustrations sur

certainsterritoires.

«Pourquoinoushabitantes,onn’estpasalléesàParispourêtre formées?Ona l’impressionqu’on

nousimposeunprojettoutconstruitetqu’aufinal,onveuttravailleravecleshabitantesmaisonne

lesassociepas».Habitante,membred’uncomitéd’usagersd’uncentresocial.

L’équipeprojet

Elleestcomposée:

D’un-eagentdelaVille

D’un-ereprésentant-edelastructuredeterrain

D’habitantes

Sonrôle:

Garantirlerespectdelaméthodologieetdesprincipesdesmarchesexploratoires

Mobiliserleshabitantes,lesélu-e-s,lesservicesmunicipauxetlespartenaires

locaux(bailleur,transporteur,servicesdel’agglomérationetc.)

Coordonnerl’organisationdesmarchesetdelarestitution

Veillerausuividesmodificationsannoncéessuiteauxrecommandationsfaitespar

lesfemmes

Entretenirladynamiqueparticipative

L’instancelocaledepilotage

Localement, chaque site a mis en place ses propres instances de pilotage. A minima, il convient

d’organiser en amont du projet, une réunion pour mobiliser les différents partenaires (sur le

repérage,l’informationetlamobilisationdesfemmesetdesjeunesfilles)etuncomitéaumoment

de la restitutiondurapportdesmarcheuses.Mêmesi tous lesacteursnesontpas impliquésde la

mêmemanièredansleprojet,ilestimportantqu’ilssoientinformésrégulièrementdesonavancée,

afinnotammentd’anticiper larestitutiondespropositionsaucoursdelaquelle ilssontsusceptibles

d’êtreinterpellés.

26

A la suite de la restitutiondes rapports locauxdesmarches, des instances se sontmises enplace

poursuivreetanimerlaconcrétisationdespropositionsdesmarcheusesretenuesparlaVilleetses

partenaires.ABordeauxparexemple,desrencontressontdésormaisorganiséesaveclebailleurpour

suivrelamiseenœuvredesaméliorationsdemandéesouconstaterd’autresdysfonctionnements.A

Arcueil comme à Creil, les marcheuses ont été invitées à rejoindre les initiatives participatives

existantes.ALille,desmarchesontétéorganiséeslanuit,danslestransports.AMons-en-Baroeul,le

chargédemissionGUPavusafeuillederouteenrichiedusuividespréconisationsdesmarches.

Laformationdeséquipesprojet

La formation des porteurs de projets est une étape essentielle à la bonne mise en œuvre des

marches.Ils’agit,pourlesvilles,lesassociationsetlesacteursdelamédiationsocialecoordonnantle

projet au local, de maîtriser la méthodologie et les différentes étapes du projet, depuis la

mobilisation des habitantes jusqu’à la restitution du diagnostic, en passant par l’organisation des

marchesetlaformationdesfemmesàlaprisedeparoleenpublic.

France Médiation a fait appel à deux formatrices du cabinet Maturescence, Dominique Poggi

(sociologue)etMarie-DominiquedeSuremain(urbanisteetsociologue)1.

5 journées de formation étaient proposées : 3 jours au national (obligatoires pour tous les sites

expérimentaux), 2 jours au local (optionnels, en fonction des besoins exprimés par les équipes

projets).

Laformationnationale(3jours):

Les12sitesontsuivilaformationnationale,organiséeen2sessions:

Lapremièresession:enseptembreetnovembre2014

Lasecondesession:enjanvieretmars2015.

Ces3journéesdeformationnationaleontpermisauxéquipesprojetdes’approprier:

Desélémentsdeconnaissancethéoriquessur lesquestionsdegenre,d’espacepublicetde

sécurité:ledroitàlavilleetsesfreins,l’égalitéfemmes-hommes...

Lesétapesduprojet,

1 Toutes deux ont participé à l’organisation et à l’évaluation demarches exploratoires en France et à l’étranger et sontspécialiséessurlesquestionsdegenreetdelaplacedesfemmesdansl’espacepublicetpluslargement,danslacitéentantqu’espaced’expressionpolitique.

27

Laméthodedelacartographiesociale,

Lapostured’écoute,

L’outilutilisépendantlesmarches(questionnairesimplifié,différentsrôlesendossésparles

habitantes),

Lesélémentsderétroplanningparsite.

Lesformationslocales:

5sitesontsouhaitésuivre1ou2journéesdeformationlocale:

J4(enamontdesmarches):présentationduprojetauxhabitantesvolontairesetexercicede

cartographiesocialepourdéterminerlepérimètredelamarcheexploratoire.

J5 (en aval des marches, avant la restitution) : formation à la prise de parole en public,

créationd’uncollectifetformationàlanégociationaveclesdécideurs.

Autotal,50personnesontparticipéàlaformation,toutessessionsconfondues.

L’évaluation

L’évaluationdel’expérimentationaétéréaliséeàtravers:

uneétudeexternedel’impactdesmarchesexploratoires,réaliséeparleLERFAS(Laboratoire

Études, Recherche, Formation en Action Sociale). Ce laboratoire a été choisi pour sa

compétence en matière d’évaluation des politiques publiques et son expérience dans le

domainedudéveloppementsocialurbain,delaparticipationcitoyenneetdesquestionsde

mobilitéchezlesfemmes.

Lacapitalisationdes retoursdeséquipesprojetsetdesmarcheusesparFranceMédiation,

toutaulongdel’expérimentation.

Cartographie sociale: en amont de

l’organisation des marches, les

habitantestracentsurunecarteleurs

parcourshabituelsdans la ville.Elles

définissent ensuite, ensemble, la ou

les zonesàexplorer,en fonctiondes

problèmes déjà identifiés dans leurs

trajetsquotidiens.

28

L’étudeduLERFASaétémenéepar2sociologuessur4sitesàtravers:

Lapassationd’unquestionnaireauprèsdesfemmessurleurprofil,leurrapportàlaVille,aux

associations et aux élu-e-s et leur perception des marches exploratoires. Sur les 4 villes

évaluées1,17questionnairesontétécomplétés.

La réalisation d’entretiens avec les professionnels formés auxmarches exploratoires et les

élu-e-sdesmunicipalités.13entretiensontétéréalisés.

Desséquencesd’observationdechaqueétapedesmarches(desréunionsd’informationaux

marches de restitution). Au total, 17 temps d’observation ont été organisés dans 4 villes

différentes.

Lescritèresd’évaluationportaientprincipalementsurlaparticipationdeshabitantesàl’amélioration

de leur environnementurbain («empowerment» des femmes), la prise en comptedesproblèmes

identifiés par les instances locales (démocratie participative) et l’utilisation de l’outil numérique

Medios.

Bilandelamiseenœuvreduprojet

8villesontmisenœuvreleprojetdanslecalendrierimparti(jusqu’enjanvier2016).

4villesn’ontpaspumenerleprojetàtermeavantjanvier2016:

Montreuil:laVilleasouhaitéinscrirelesmarchesexploratoiresdansleprojetderénovation

urbaineduquartierdelaNoue.L’actiondevraitcommenceraumoisdeseptembre2016.

Amiens:lechangementd’équipemunicipalesuiteauxélectionsde2014aentraînéuntemps

d’appropriationassez longduprojetpar lesnouveauxélu-e-s. L’associationporteuseaété

invitéeàrépondreàunappelàprojetpolitiquedelavilleen2016.Unemiseenœuvreest

prévueenseptembre2016surunnouveausecteur.

Paris 20ème : depuis une dizaine d’années, l’équipe de développement social urbain de

l’arrondissementmetenœuvredesmarchesexploratoiresdefemmesavec lecentresocial

ArchipéliaetParisHabitat.Dans le cadrede l’expérimentation, l’équipe-projetadécidéde

développerdesmarchesmixtesintergénérationnelles.Cetteactiondevraitêtrerestituéeen

septembre2016.

Saint-Etienne:l’équipe-projetdelaVilleapâtidudépartdel’animatricedesmarchesetpris

du retard sur le calendrier prévu. Une restitution devait avoir lieu dans le cadre des

manifestationsdu8mars2016pourlaJournéeinternationaledelafemme.

1Pourdesraisonsbudgétairesetdetemporalité,l’évaluationduLERFASn’aportéquesur4sites(surles12).

29

Réussites

Bonne mobilisation des habitantes sur l’ensemble des sites: les groupes d’habitantes se

sontinvestisdansladuréeetontconnuunturnoverassezfaible,cequiétaitunenjeufort

identifiéparleséquipeslorsdelaformationnationale.Certainssitesontmisenœuvredes

moyensinnovantsdemobilisationdesfemmes(voirplusbas).

Bonne appropriation du projet, de la méthode et des enjeux par les équipes projet.

L’expérimentation leurapermisd’acquériroude renforcer leurexpertisesur lesquestions

degenreetlesprocessusparticipatifsetdedévelopperdesoutilscapitalisablespourd’autres

démarches comme les conseils citoyens. On notera également la motivation des équipes,

toutesconvaincuesdel’intérêtduprojet.

Fortemobilisationdecertainsélu-e-s,facteurclédesuccèsduprojet.Laplaceoccupéepar

les élu-e-s a été variable selon les sites. L’implication des élu-e-s reste un des points de

vigilancedanslamiseenœuvredesmarches(voirl’encadrésurlerôledesélu-e-s).

Renforcement des partenariats entre les différents professionnels impliqués dans les

marches(médiateurs-trices,centressociaux,associations,personnelsdelaville,élu-e-s).

Bonnecouverturemédiatiqueduprojet,quiacontribuéàvaloriserletravaildesmarcheuses

etdeséquipes.

Impactssurlerenforcementduliensocialetl’estimedesoidesmarcheuses(voirplusbas).

Difficultés

Lesdifférencesdetemporalitésentreélu-e-s,techniciensethabitantesontpugénérerdes

incompréhensions.Globalement,leprojetaétévécucommechronophageparleséquipes.

Auvude ladimensiontrès innovanteduprojetetd’undéficitdecultureparticipativedans

les équipes municipales, il aurait été préférable demener une expérimentation sur un

nombreplusrestreintdesites.Lacoordinationnationaleaeneffetconsacréuntempstrès

importantàl’accompagnementindividueldesterritoiresexpérimentaux.

Le logiciel Medios a été très peu utilisé par les équipes projet (et a fortiori par les

marcheuses).Seuls3sitesl’ontutilisé.Ilconviendraitd’améliorerl’ergonomiedulogicielet

deformerleséquipesprojetetleshabitantesàsonutilisation.L’outilcartographiques’avère

en effet très utile, pour pallier l’absence de nom de rue dans les quartiers en cours de

30

rénovation et pour réaliser une synthèse visuellement «parlante» des problématiques

constatéesparleshabitantes.

Lebudgetallouéàl’évaluationexternen’apaspermisunepassationdesquestionnairesen

faceàfaceavecleshabitantes.Lesquestionnairesontdoncétéenvoyésauxéquipesprojets

etontrecueillipeuderéponses.

La dimension de genre a été peu traitée : il aurait été nécessaire d’accentuer la

sensibilisationdeséquipesprojetauxquestionsd’égalitédesdroits.

Leprojetamisen lumière lanécessitéderenforcer la formationdesprofessionnel-le-set

desélu-e-ssurlaparticipationcitoyenneetd’accompagnerleshabitantes(prisedeparole

en public, connaissance des institutions etc.) dans la durée, pour garantir un dialogue

pérenne.

Repèresrapidessurlesmarches

Duréeduprojet:de9à12mois,entreledébutdelaformationetlamarchederestitution.

Financements mobilisables: Politique de la ville, FIPD, Droits des femmes, fondations,

appelsàprojetsurleliensocialet/ouladémocratieparticipative.

Nombredefemmesparmarche:entre5et15marcheusesaumaximum,pourpermettrela

créationd’unvéritablecollectifoùchaquehabitantepuisses’exprimer.

Nombreetduréedesmarchessurunmêmeparcours:3marchesauminimum,d’unedurée

d’1h30chacune,organiséesàdifférentsmomentsde la journée (matin, find’après-midiet

soirée).Unemarchecomporteenmoyenne6arrêts.

Moyens nécessaires: locaux (lieu d’information et de rencontre tout au long du projet);

matériel (appareil photo, matériel de bureau, accueils café, téléphones); campagne de

communication (affiches, flyer...); moyens humains (compter environ 20 jours de travail

pourl’animateurchargéduprojet).

Marchesexploratoires

Lesmarches:diagnostic&propositions

Marcheexploratoire,Belleville,Paris20èmeCréditParis20ème

Leprofiletlamotivationdesparticipantes

Prèsde150femmesontparticipéauprojet.L’évaluationexterneapermisdedégagerlesprincipales

caractéristiquesdesmarcheuses.

Profildeshabitantesimpliquées:

• Âgemoyen:30-35ansetfemmesretraitées,

• Majoritairement des femmes sans emploi, usagères des structures sociales,

habitantdepuisplusde10ansdanslequartier,

• Pasoutrèspeudejeunesfilles.

Motivationsdeshabitantesàparticiperauprojet:

• Lesoucidesautres:lesenfants,lespersonnesâgées,lespersonneshandicapées,

• Lesouhaitd’améliorerlavieduquartier,

• Ladimensioncollectiveduprojet:rencontrerd’autreshabitantes,fairequelque

choseensemble,

• Lapossibilitédeprendrelaparole,

• L’expériencequotidienneduquartieretlesentimentd’appartenanceàlaville.

32

Rapportdes femmesà l’insécurité : toutes les femmes interrogéesmettentenœuvredes

stratégiesdecontournementdecertainsespaces. Le sentimentd’insécuritépeutnaîtredu

manqued’éclairage,dumanquedemixité,delaprésencedetrafic...

Lesproblèmesidentifiésetlessolutionsproposéesparlesmarcheuses

Lesincivilités

Lesdéchets,lasaleté,lespoubelles,lesencombrants,

«Je n’ai pas vu des saletés commeaujourd’hui pendant les 10 premières années où j’ai habité ici.

Maintenant,lesgensjettent(leursdéchets)pardessuslebalcon.Cafaitunpeuplusde10ansqu’ily

adesdéchetssurleshaiesenbasdesimmeubles.Maintenantilyalestravaux,çavachanger.Avec

lamarche,c’estlapremièrefoisquej’aipuenparler.»Unehabitante.

Lacirculation(vitesseexcessive,stationnements«sauvages»surlestrottoirs,bruit).

«Lesmotosçafaitunbruitinfernal,àl’heuredelasiestepourlesenfants.»Unehabitante.

«Les personnes se garent là pour être plus près de l’entrée. Ce sont des incivilités: il faudrait

verbaliser les voitures mal garées. La difficulté est pour les mamans avec les poussettes et les

personneshandicapées.Lamontée,enparticulieravecdescoursesetunepoussette,c’estleparcours

ducombattant.»Unehabitante.

«Dans larueX,c’estcatastrophique,onnepeutpluspasserdutout.Lapolicene fait riendans la

ville.»Unehabitante.

Exemplesdesolutionsproposées:

Créerdescampagnesdesensibilisationsurlesdéchetsetletrisélectif,

Améliorerlesystèmederamassagedesencombrants/ordures,

Verbaliser(davantage)lesstationnementsgênants.

Lesdéfautsd’aménagementurbainetd’accessibilité(services,transports)

L’absence de matérialisation et de couverture des arrêts, l’absence d’espaces de

stationnementautoriséàproximitédelieuxfréquentés,

L’absencedenompourcertainesruesoudesignalisationclaire,

Ledéfautoul’absenced’éclairagepublicdanscertainesrues,

33

Lemanqued’accessibilitédeslieuxouespacespublicsauxpersonnesàmobilitéréduite,aux

poussettes ou aux personnes âgées: trottoirs trop étroits ou défoncés, absence de

transportsencommun,absenced’aménagementsadaptésauxpersonneshandicapées...

Surplusieurs sites, ilestapparuqu’unnombre importantdemarcheusesn’empruntaitpas

lestransportsencommun,enraisondeleurcoûtetnepossédaitpasdevéhicule.Lamarche

est donc le principal outil de mobilité: étant donné les détours empruntés pour éviter

certains lieux considérés comme insécurisants, les distances parcourues pour réaliser les

activitésquotidiennes(emmeneretallerchercher lesenfantsà l’école,faire lescourses,se

rendrechezlemédecinouàPôleemploi,etc.)peuventêtretrèsimportantespourcertaines

habitantes.

Exemplesdesolutionsproposées

Améliorerl’éclairagepublicetlasignalisation,

Aménagerlesespacespublicspourlespersonnesàmobilitéréduite,

Faciliterlamobilitéetl’accessibilitéauxtransports:créerdenouveauxarrêtsdebus,mettre

enplacedespédibusdansleslieuxinsécurisants...

Aménagerlesespacesverts(tailledesarbres,tableetbancspublics,habillagedesarbres),

Aménagerlesterrainsvaguesquifavorisentlesquat,

Ladisparitiondescommercesdeproximité

Sur de nombreux sites, les habitantes pointent l’absence de commerce dans leur quartier, en

particulierlescommercesalimentaires(supermarché,boucherie,marchandsdefruitsetlégumes...)

Cette disparition est particulièrement problématique au regard des difficultés de mobilité

précédemment évoquées: les habitantes doivent emprunter les transports en commun (peu

accessiblesphysiquementetfinancièrement)pourallerfairedescoursesdanslecentrevilleoudans

deszonescommercialeséloignées.

34

Exemplesdesolutionsproposées

Redynamiser l’offrede commercesen centre-ville, enparticulier lespetits commerces

alimentaires.

L’occupationnonmixtedesespacesetdesservices

Lepartagedesespaces:unespacepublic«occupé»exclusivementpardeshommesquiy

«stationnent»,lesfemmesnefaisantqueletraverser

«Cen’est paspropreà (cette ville): ces10dernièresannées, ona vu les femmesdéserter

l’espacepublic.Onvoulaittendrelaparoleàcesfemmesparcequ’onnelesentendpas».La

directriced’uneassociationdemédiationsociale.

«Ilfautprendresesdistances,nepasprovoquer.Jesorstoujoursavecmesenfantsdonciln’y

apasdeproblème.»Unehabitante.

Dans certains lieux, des groupesmasculinsorganisentun«monopole»de l’occupationde

l’espacepublicetgênentparfoisl’accèsauxentréesdesimmeubles.Surunsite,lesfemmes

sontainsiobligéesdecontournerl’endroitoùsesituel’ascenseurpouréviterdesregardset

desremarquesparfoisdésagréables.Ellesremontentchezellesparlesescaliers(sales,sans

éclairageetsurplusieursétages).

Les remarques verbales faites aux femmes et aux jeunes filles dans l’espace public ou les

manifestationsdedésapprobationoudejugement(«regards»),

Lescafésoccupésexclusivementparleshommes,lesfemmesn’osantpasyentreretévitant

mêmedepasserdevant.

«De nombreux commerces ont

fermérueX.Auparavant, ilyavait

une laverie très pratique par

exemple, maintenant il n’y a plus

qu’une boulangerie. Il y a

beaucoup plus de bars que de

commerces.Nousavonsbesoinde

commerces abordables pour nos

budgets.»Unehabitante.

35

«Dans lesannées2000,onpouvaitprendreuncafé,mêmeenterrasse,onnesubissaitpas

desregardscommemaintenant.Aujourd’hui,quandj’aienviedeboireuncafé,jeprendsma

voitureetjevais(danslavillevoisine).»Unehabitante.

L’absence d’activités pour les filles, ou la non participation des jeunes filles aux activités

sportivesorganisées(voirci-dessous).

Exemplesdesolutionsproposées

Mettre en place des démarches de sensibilisation des hommes et des jeunes au vivre-

ensembleetàl’égalitéhomme-femmes:placedesfemmesdansl’espacepublic,partage

desespaces,mixité.

Créerdeséquipementssportifs/culturelsmixtesetintergénérationnels,

Mettre en place des actions collectives pour «réinvestir» les espaces désertés par les

femmes(lescafésparexemple)ouleshabitant-e-sengénéral(lesbasd’immeubles).

Proposer un accompagnement des jeunes par des professionnels formés (médiateurs

sociauxetautresintervenantsdeproximité...)

Quelssontlesmoyensd’actionfaceàdetelsphénomènes?Commentdéterminerlabonne

mesureenrépressionetsensibilisation?Lesréflexionsengagéesparleshabitantesreflètent

la complexité du problème et la nécessité d’impliquer un ensemble large d’acteurs, pour

modifierlescomportements.

Si l’occupationdesespacesest liéeautrafic, ilestpossiblede faire intervenir les forcesde

police.Maislaprésencedeshommesetdesjeunesdanslarueestlargementattribuée,par

leshabitantes,àunétatdedésoeuvrement, luimêmecausépar lechômageet lemanque

d’infrastructures(sportives,deloisirsouculturelles)danslequartier1.

Lebesoinportealorsessentiellementsurlasensibilisationàlamixitédansl’espacepublicet

aurespectdesprincipesduvivreensemble,maisaussisurunepolitiqued’insertionsocialeet

professionnelle.

Lesdébatsentremarcheusespointentaussilefaitque«l’autre»estaussiunproche:«le

jeune» est aussi «le fils de». Les habitantes proposent donc que ces jeunes puissent

bénéficier d’un accompagnement par des professionnels formés (médiateurs sociaux,

1ATDQuartMondeacontactélaVilledeMons-en-Baroeul,pourquelesmarchesserventdesupportàl’expérimentation«TerritoiresZérochômeursdelonguedurée».

36

éducateurs de prévention spécialisée) A leurs yeux, ces jeunes ont surtout besoin

d’orientations,demotivations,«qu’onleurtendelamain».

«Il n’y a pas de cafète pour les jeunes. L’été, les garçonsmettent les télés dehors pour le

foot.»Unehabitante.

«IlssontauRSA,ilsn’ontpasdetravail.»Unehabitante.

LaplacedesjeunesfillesdanslaVille

Unehabitante:«Ilyatoujoursungroupesdejeunes.Ilsnefontrien,maislesfemmesetlesjeunes

fillessontgênées.Pourquoic’estauxfillesd’êtregênées?Pourquoinous,lesmères,onditauxfilles

defaireattention?Entantquemèredefamille,jedisàmesfillesdenepasprovoquer.»

Uneautrehabitante(B):«Lesjeunestiennentlesmurs,maisilsn’ontnullepartoùaller.»

Laformatrice:«Etlesjeunesfilles,elles,est-cequ’ellestiennentlesmurs?»

L’autrehabitante(B):«Lesfilles,elles,doiventseregrouperàlamaison,àl’intérieur».

Sitrèspeudejeunesfillesontdirectementparticipéauxmarches, leurplacedansl’espacepublica

ététrèssouventabordéeparleshabitantes,leséquipesprojetsetlesélu-e-s.

Leshabitantesontrégulièrementexpriméleurinquiétudevisàvisdeleursfilles:peurqu’ellessoient

agressées, insultées, menacées dans la rue, ou qu’elles soient jugées, par les groupes d’hommes

(jeunesenparticulier).

L’échange ci-dessus (issu d’une réunion de marcheuses) est révélateur de l’intériorisation d’une

différencedestatutentrelesfillesetlesgarçonsdansl’espacepublic.Cettedifférenceimpliqueune

nécessitédeprotégerlesfillesetdonc,derestreindreleurcirculationdansl’espacepublic.Aufildes

échanges, cet impératif est questionné par les habitantes elles-mêmes, sans être pour autant

véritablementremisenquestion.

Car au-delàde lapeurde l’agression, c’est laquestionde la réputationqui est en jeu: les jeunes

filles doivent éviter de s’exposer à la stigmatisation de la «mauvaise réputation», considérée

commeunemarqueindélébile.

«Unefillequistationne,onvaseposerpleindequestions,ungarçonquitientlesmurs,onnesepose

paslaquestion.Unefillequimarcheenjupeà13ans,c’estunepute.C’estlaréputation.C’estplus

violentqu’uneagressionphysique.»Unehabitante.

37

«J’aimebienporterdesjupes,lesgensdisentquejesuisunepute.Ilsontmisuneétiquetteetaprès

c’estfini.»Unejeunefille.

Pouréviter«d’avoirune réputation», les jeunes fillesdoiventdoncadopterun rapportà l’espace

publicetuncomportementparticuliers:nepascirculerlesoir,nepasstationnerdanslarue,choisir

une tenue vestimentaire et adopter une attitude qui ne soit pas perçues comme«provocantes»,

fréquenterdesgroupesdefilles(pasdesgroupesmixtesetencoremoinsdesgroupesdegarçons).

Sur plusieurs sites, les élu-e-s et les équipes projets ont renchéri sur ces préoccupations en

soulignantla«disparition»desfilles,aumomentdel’adolescence,deslieuxpublicsetd’animation

desquartiers,qu’ils’agissedesruesoudesactivitésculturellesetsportives1.

LaquestiondelaplacedesadolescentesdanslaVilleet,pluslargement,delamixitéfilles-garçons

apparaîtcommeunsujetmajeuràapprofondir.Lesmarchesexploratoires,enparticulierdansleur

phase de pérennisation, sont un outil intéressant de co-construction de solutions entre élu-e-s et

habitant-e-s:ellespermettentàlafoisd’agirsurl’éducationparentale(àtraverslerôledesparents)

et sur la politique socio-éducative (activités et aménagements sportifs et culturels, actions

d’éducationetdesensibilisationparleséquipesdeproximité).

1DominiquePoggi,«Pourqu’activitésdeloisirsrimentavecégalité.Participationdesjeunesfillesetmixité,l’exempledesVVV»,2015.

Marchesexploratoires

Bilan&impactsdel’expérimentationLes impacts du projet ont été constatés à partir de l’évaluation réalisée par le LERFAS et de la

capitalisationréaliséeparFranceMédiationsurlesterritoiresexpérimentaux.

Lamobilisationdesparticipantes

Lamobilisationdeshabitantesétaitl’unedesprincipalesinterrogationsdeséquipesprojets,d’autant

qu’il s’agissait d’amener des femmes peu ou pas impliquées dans les instances participatives à

s’investir sur une durée relativement longue. Cette question a été largement abordée lors des

sessionsdeformationnationale.

Sur laplupartdessites, laparticipationauxmarchesaétésatisfaisante.Lerelaisd’information,de

sensibilisationetdemotivationeffectuéparlesassociationsdeproximité(associationsdemédiation

sociale, centres sociaux, associations d’habitant-e-s) s’est avéré décisif sur une majorité de

territoires.

Lieuxdemobilisation:àlasortiedesécoles,dessupermarchés,danslescentressociaux.

Moyens : campagnes d’affichage, flyers, exercices de cartographie sociale devant les lieux

fréquentésparlesfemmes,boucheàoreille,appuisurdesfemmes«leadersd’opinion»au

seinduquartier.

AffichesurlesmarchesexploratoiresdelaVilledeSaint-Etienne

39

CertainssitescommeBordeauxouCreilontvul’émergenced’unevolontédecréeruneassociation

d’habitant-e-s pour améliorer la vie dans le quartier. La création d’un réseau de femmes ayant

participéàdesmarchesexploratoiresaégalementétéévoquée, tout commecelled’un réseaude

villesporteusesduprojet.

Lesimpactsobservésduprojet

La mobilisation d’habitantes jusque-là «invisibles» des institutions: une majorité de

marcheuses n’avaient pas d’expérience préalable au sein d’associations ou de projets

participatifs.Acetitre,leprojetapermisunemeilleureinterconnaissanceentrelesélu-e-s

etleshabitantes.

Le renforcement du lien social au sein du quartier : le projet a permis aux habitantes de

redécouvrirleurquartier,maisaussidecréerdulienentredesfemmesquineseconnaissent

pas(décloisonnementdegroupesdeculturesdifférentes).

«Cam’apermisdemieuxmerepérer,dedécouvrirdespassagesquejeneconnaissaispas».

Unehabitante.

« Le groupe multigénérationnel était composé de femmes qui ne se connaissaient pas,

d’origineetdesituationsprofessionnellesdifférentes.Desliensetunecohésionsesontcréés.

Lesmarches ont aussi eu un impact en termes de reconnaissance dans leur famille ». Une

médiatricesociale.

Lerenforcementdel’estimedesoideshabitantes

«Celafaitunmomentque j’aiarrêtédetravailleret làçam’adonnéenviedereprendre le

travail,j’aienviedefairedeschoses.Onaplusconfianceennous».Unehabitante.

«C’estune reconnaissancedans laville,en tantquepersonneeten tantque femme.Etce

n’estpasrien.»Unehabitante.

Une «montée en compétences» des femmes: meilleure connaissance des rouages

institutionnels,capacitéàprendrelaparoleenpublic,inclusiondansuncollectifengagépour

lequartier.

«Lesmarchesexploratoiresnesontpasseulementdesdiagnosticsenmarchantcommeona

l’habitude d’en faire dans les territoires de la politique de la ville, c’est tout un processus

d’apprentissagedufonctionnementd’unecollectivité,[…]desonterritoireetdeconnaissance

40

desdifférentsacteursassociatifset institutionnelsqui interviennent»,Unchargédemission

politiquedelaville.

«L’empowerment» de collectifs d’habitantes: la dimension collective du projet est

fondamentaledansleprocessusd’empowerment:elleestfondéeàlafoissurladynamique

de groupe et les liens interpersonnels tissés pendant plusieurs mois. A ce titre, la taille

restreinte du groupe et la régularité de ses rencontres sont essentielles : la régularité des

rencontres (toutes les3semaines)permeteneffetde«fairemûrir» legroupeet les liens

entre des femmes aux profils très divers (âge, situation familiale, communauté). Les

habitantesapprennentainsiàseconnaîtreetconfrontentvéritablementleurspointsdevue

etleursidées.Plusieursprojetsd’associationsd’habitantessontainsiaujourd’huiencours.

«Onestdes femmesetdeshommesenmême temps. Si onne sebatpas,personnene se

battrapournous»Unehabitante.

Le formatde restitution trèsappréciépar lesélu-e-s et lespremières réponsesapportées

auxpréconisationsdesmarcheuses.

Leslimitesduprojet

Un «cadrage» de la parole des habitantes par les élu-e-s et les équipes projets, au

détrimentdessujets«structurels»

Les équipes projet ont pu exercer, de manière consciente ou non, une forme de filtre des

propositionsdesmarcheuses,enfonctionde leurpropreconnaissancedes institutionsetdecequi

leur semblait entendable ou non, possible ou non à réaliser dans un délai raisonnable. Ce filtre

aboutit le plus souvent à une focalisation sur les problématiquesd’aménagementurbain et réduit

l’espace de parole des femmes sur d’autres problématiques sociétales.1 Si l’aménagement des

espacesvertsestunethématiquefaciledelaparticipationcitoyenne,d’autressujetspluscomplexes

nedoiventpasêtreévités, comme la circulationdes femmesdans l’espacepublic, lamixitéou les

nuisancesinduitesparleschantiersàcertainsendroitsduquartieroulesdésertscommerciauxdans

lesquartiersprioritaires.

1Surcesujet,voirl’articleparuen2016dansMétropolitiques:«Unerépressionàbasbruit.Commentlesélusétouffentlesmobilisationsdanslesquartierspopulaires»,JulienTalpin.https://www.metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-talpin.pdf

41

On notera cependant que l’aménagement urbain constitue un point d’entrée de la participation

citoyenne, notamment parce qu’il s’agit d’un sujet très concret et donc potentiellement plus

«mobilisateur» que des principes plus théoriques comme l’égalité femmes-hommes. Les

expériences locales ont montré que les «sujets de fond» émergeaient rapidement des débats,

mêmesilaquestiondegenrerestaitinsuffisammentpriseencompte.

L’autre biais possible, et qui constitue le pendant négatif de «l’empowerment citoyen» des

habitantesdécritplushaut,résidedanslerisquedeprivilégierdeshabitant-e-s«légitimes»,formés,

ayantune«parolecompétente»danslesprojetsdeparticipationcitoyenne.

Ladifficilearticulationentrelesdifférentsservicesetacteurslocaux(Ville,agglomérations,

État,servicesdetransports,bailleurs…),ayantchacundescompétencespropresquinesont

pastoujourscomprisesparleshabitantesetquigénèrentsouventundélaidanslesréponses

apportéesàleurspropositions.

Lesinterrogations

La difficulté à mesurer l’impact du projet dans un temps court : le projet suppose une

véritable transformation sociale qui doit s’évaluer dans le temps (pérennisation et

développementdesmarchessur lessitesde l’expérimentation,réponsesapportéesdans la

duréeauxpréconisations,implicationdenouvellesmarcheuses,lienavecd’autresinstances

participativescommelesconseilscitoyens,...)

Lapérennitéduprojetetsacapacitéàprovoquerdestransformationsdefond:lesoutien

ministérielapuconvaincrecertainescollectivitésàs’engagerdansleprojet.Après lafinde

l’expérimentation, de nouvelles priorités sont venues s’inscrire à l’agenda local et la

dynamique créée avec les habitantes a cessé d’être nourrie. Il y a donc un réel besoin

d’animationdesprojetsparticipatifsetdespolitiquesdemixité.Silacollectivitén’apasde

professionneldédié sur cesquestions, il seradifficiled’accompagner la transformationdes

comportements. De même, les difficultés à créer de la transversalité entre les services

compétentsinterrogentlefonctionnementdescollectivitésetdesserviceslocaux.

Marchesexploratoires

Clésderéussite

Pourfavoriserlamobilisationdeshabitant-e-s:

Organiser lamobilisationauplusprèsdesactivitésquotidiennesdeshabitant-e-s, en

particulier, s’il s’agitd’impliquerdespersonneséloignéesdesprojets institutionnelsou

associatifs.Lessortiesd’écoleetlessupermarchésontpermisd’impliquerdeshabitantes

quin’avaientjamaisparticipéàdetellesinitiatives.

Bien identifierlesrelaislocauxpourmobiliserleshabitant-e-s: identifierlespersonnes

susceptibles de mobiliser et d’animer le projet et les marches, aux côtés des

professionnels.Lamobilisations’effectuetoutautant,voiredavantage,par leboucheà

oreillequeparmailouparaffiches.Leséquipesdemédiationsociale,descentressociaux

et d’animation (référent famille, parentalité, scolarité) doivent être pleinement

impliquéesdanscetravaildeproximité.

Bien choisir les horaires de mobilisation: organiser des séances de travail de 2 à 3

heuresmaximumparjour,enprivilégiantlesréunionsensemainelematinouaprès18h

et le samedi matin. Elles permettent d’avoir une plus grande diversité de profils. Il

convient également de prévenir les habitantes suffisamment en amont des dates de

réunion.

Choisirunlieuconvivialdédiéauprojet:ce lieusertà la foisdepointdedépartde la

mobilisation,delieupourorganiserlesréunionsmaisaussid’espaced’informationpour

savoiroùenestleprojet(sil’onaratéladernièreréunionousil’onaentenduparlerdu

projetetquel’onsouhaiteensavoirdavantage).C’estunlieuouvertqueleshabitantes

peuvent s’approprier. La convivialité (café, gâteaux...)est primordiale pour favoriser la

participation.

Faireuntourdetableàchaquedébutdeséancepourquechaquepersonneentendeet

comprennelesmotivationsdechacun-e,s’yidentifieetquelesnouveauxparticipant-e-s

soientbienintégré-e-s.

Organiser lesuivide laparticipationdeshabitant-e-s:noter lesdates, lesnomset les

numérosde téléphonedes habitant-e-s qui viennent aux réunions, éventuellement les

adressesmails.Tenirunefeuilledeprésenceàchaquesession.Cetoutilfaciliteralebilan

del’action.

43

Proposeruneanimationpourlesenfantsdurantlesréunionspermettraauxadultesde

serencontrerplusfacilementsansavoiràorganiserlagardedesenfants.

Afficher l’information partoutdans lequartier,pour informer régulièrementdu travail

encours,desdatesdesprochainesrencontres,etc.Lavisibilitéduprojetluiconfèredela

légitimité et créeun sentiment d’appartenance à unmouvement en construction, une

histoireàécrirecollectivement.

Ne pas laisser trop de délai entre chaque temps de mobilisation: il est préférable

d’avoir des dates rapprochées de réunion (trois semaines maximum entre chaque

réunion)pournepas«perdre»desparticipantsencoursdeprojet.

Pourgarantirlaparticipationetlaconstructioncollectivedansladurée:

Inscrire le transfertdeconnaissancesetdecompétencesaucœurduprojet: l’undes

objectifs du projet est de permettre à des femmes d’entrer dans un processus

d’apprentissagedufonctionnementd’unecollectivité,desonterritoireetdesdifférents

acteursassociatifsetinstitutionnelsquiyinterviennent.

Former les habitant-e-s, les professionnel-le-s et les élu-e-s à l’écoute active: cette

formation s’est révélée indispensable à la réalisation des marches, à la création du

collectif d’habitantes et à la prise en compte de leur parole par les services

institutionnels.

Former leshabitant-e-sà lagestiondustressetà laprisedeparoleenpublic : cette

étape s’est révélée essentielle pour transformer un groupe d’individus en collectif

d’habitantesengagépourchangerlequartier.

Co-construirelesobjectifsetlepérimètreduprojet:latransparencesurlesobjectifsdu

projetetsurlesmotivationsdesparticipant-e-sestunprérequisàlamobilisationdansla

durée.Ilconvientdoncdesensibiliserlesparticipantes,dèsledébutduprojet,àl’enjeu

deréappropriationdel’espacepublicparlesfemmes.L’empowermentsurlegenreetle

droità lavilledes femmessont la finalitémêmedesmarchesexploratoires. Il s’agitde

constituer un groupe autonome qui soit à la fois puissance invitante des décideurs et

forcedepropositionsdanssespréconisationssuiteaudiagnostic.

Éviter de se positionner en tant que «sachant» et d’employer des mots trop

«techniques»qui peuvent bloquer le dialogue. Les personnes en charge de la

coordination doivent agir comme une courroie de transmission des savoirs, expliciter

44

tous les sigles, vulgariser les termes: il fautquedans la communicationaugroupe, les

habitant-e-s sentent que les coordinateurs ont envie de partager leurs connaissances.

Cettetransmissionestl’undesfacteursdelacohésiondegroupe.

Consulter les participants avant toute prise de décision: même s’il faut parfois

«trancher», il est essentiel d’être «congruent» avec l’esprit du projet, donc de

consulteravanttouteprisededécisionetdenepasimposerlechoixdelacollectiviténi

de l’équipe de professionnel-le-s. Par exemple, prévoir des horaires de réunion en

consultationaveclesmarcheuses.

Montrer aux habitant-e-s les avancées positives de leur participation,

valoriserl’implication de chaque participant-e et les réussites du groupe(par des

techniquesd’animationdegroupenotamment).

Organiseruneinstanceofficiellededébat,entreleshabitant-e-setlesdécideurs(élu-e-

s,bailleurs,préfecture, services techniques, ...):planifierunemarchede restitutionau

cours de laquelle les habitantes présentent aux décideurs leur diagnostic et leurs

propositions d’amélioration de l’environnement social et urbain. Chaquepréconisation

doitêtredébattue,pourdéterminersafaisabilitéetsondélaideréalisation.Lefruitdu

travailcollaboratifdoitsetraduirepardesréponsesconcrèteset,pour lespropositions

validées, s’inscrire dans un calendrier de réalisations à court,moyen et long terme et

dansl’agendapolitique.

Mettre en place un portage partenarial avec des acteurs associatifs de proximité qui

possèdent une capacité de mobilisation sur le territoire et pourront continuer à

mobiliser.

Privilégier une équipe pluridisciplinaire qui mobilise la dimension de genre dans son

approche.

Suivrerigoureusementlaméthodologie:lesétapesduprojet,laformationetle«guide

simplifiédesmarches».

Mettre en place une méthodologie de suivi de la réalisation des préconisations au

traversd’uneinstancedédiéeetd’outilsdereportingetd’évaluation.

Prévoir un budget dédié à la formation et à la mise en œuvre du projet: à titre

d’exemple, 20 jours d’un agent ont été nécessaires pour coordonner la démarche au

local.

Marchesexploratoires

Pistesdedéveloppementduprojet&

préconisations

Inscrirelesmarchesexploratoiresdanslescontratsdeville

Auvudesimpactsconstatéslorsdel’expérimentationetdupotentieldetransformationpolitiqueet

sociétal de la méthode, France Médiation préconise de soutenir le développement des marches

exploratoiresdansdenouvellesvilles,enparticulierdans lesquartiersprioritairespolitiquede la

villeetlesquartiersinscritsdansladeuxièmevaguedesprogrammesnationauxderenouvellement

urbain(PNRU).

Plusieurs territoires ont en effet mis en œuvre des marches en 2015 et 2016: à Paris (dans les

arrondissements 13, 14, 18, 19, 20), dans 4 villes du Morbihan, à Champigny-sur-Marne, Saint-

EtienneduRouvray,etc.LeréseauFranceMédiationaétéparailleurscontactéparunequinzainede

villessouhaitantmettreenplaceleprojet.

De par leur proximité avec les populations et leur capacité à aller vers les personnes isolées, les

médiateurs sociaux doivent prendre une place centrale dans la mobilisation des habitantes et

l’accompagnementdeprojetsparticipatifscommelesmarches.Acetitre,leréseausouhaiteprendre

partaudéveloppementdecesmarches,ens’appuyantsursonréseaud’adhérents.

Afin de soutenir ce développement, il conviendraitd’affecter desmoyens financiers à lamise en

placedesmarches(enparticulier,pourlaformationdeséquipes).

Il conviendraégalementdeveillerà lapérennisationde ladémarchesur lessitesexpérimentaux,

afin d’alimenter les dynamiques locales engagées, qui suscitent de fortes attentes chez les

habitantes.

Pourappuyer lessitessouhaitantmettreenœuvre leprojet,FranceMédiationproposederéaliser

unguidereprenantlesprincipauxoutilsetpréconisationsissusdel’expérimentation.

Formerlesacteursetaccompagnerladynamique

Renforcerlaformationdesacteurspréalablementàtoutemiseenœuvreduprojet

• Formerlesélu-e-sauxdémarchesparticipatives,enintégrantlaquestiondegenre.

• Renforcerlaformationdeséquipesprojets:6jourssurchaquesite,dont3joursde

formationà laméthodologie,2 joursd’accompagnementsursite,+1 journéeavec

les marcheuses et les équipes-projets, sur le droit à Ville et l’égalité femmes-

hommes.

• Formerleshabitantesàlaméthodologiedesmarches,afind’associerlesfemmesdès

laphasedeconceptionduprojet.

• Renforcer la formation desmédiateurs sociauxauxméthodes participatives et aux

questionsdediscriminationsetd’égalitéfemmes-hommes.

Simplifier l’outildegéolocalisationafinqu’ilsoitplus intuitifetfaciled’utilisationycompris

pourdespersonneséloignéesdesoutilsnumériques.

Créer un réseau d’appui aux marches exploratoires, favorisant les échanges entre les

acteurs(élu-e-s,habitantes,servicesmunicipaux,associations)etmettreenplaceuntravail

deveillesurlesréponsesconcrètesapportéesparlesmunicipalités.

FranceMédiationproposed’organiserunerencontreentreles12territoiresexpérimentaux

fin2016,afinderenforcercettedynamiquecollectiveetdesusciterl’essaimageduprojetsur

denouveauxterritoires.

Lerôledelamédiationsocialedanslesmarchesexploratoiresetlesdémarchesparticipatives

Mobilisationetaccompagnementdeshabitant-e-sdanslecadreduprojet

Miseenconfiancedeshabitant-e-s

Gestiondeséventuellestensionsdanslegroupe

Déconstruction des représentationsmutuelles entre habitant-e-s et institutions: le

médiateurpermetdemettreenplacelesconditionsdudialogue

Permettrel’écouteentretouteslespartiesprenantes

Participerausuividuprojet,enfaisantlelienentreleshabitant-e-setlaVille.

Marchesexploratoires

PilotagenationaletpartenairesUneexpérimentationnationalesousl’égidede:

Coordonnéepar:

Aveclesoutiende:

Formationnationale: Évaluation

France Médiation, réseau d’acteurs de la médiation sociale, est une association loi

1901crééeen2008.Elle fédère70structuresdemédiationsociale, représentant1500médiateurs

sociauxenFrance.Enfavorisant lareconnaissanceet ledéveloppementde lamédiationsociale,sa

missionestde restaurer le lien socialetdepromouvoir l'accèsauxdroits, la citoyennetéet l'autonomie

desindividus.Leréseaua3activitésprincipales:l’animationduréseau,ledéveloppementdeprojets

innovantsetlaformationdesprofessionnels.www.francemediation.fr

Marchesexploratoires

Annexe1–Tableaudesporteursdeprojet

Ville,quartier

Pilotage Portage Animation

Amiens,

Amienssud-

est/Pierre

Rollin

AdjointeauMairechargée

delaDémocratielocaleet

delaVieassociative

AssociationL’Unet

l’Autre

Lacoordinatricedel’associationL’Unetl’Autreetdeshabitantesen

lienavecleChargédemissionDémocratielocaled’Amiens

Métropole.

Arcueil,Basd’Arcueil

AdjointeauMaireenchargedelaPrévention,médiationetsécurité

LaMaisondessolidarités

UnecollaboratriceduservicePréventionMédiationSécuritéet

uneConseillèreenéconomiesocialeetfamilialedelaMaisondes

solidarités.

Avignon,la

Barbière

Conseillèremunicipale

déléguéeauxDroitsdes

femmesetàlaLutte

contrelesdiscriminations

LeCLSPDdelaVille

Lamédiatricemunicipale,référente

auservicepréventiondela

délinquancesurlesviolencesfaites

auxfemmes.

Bastia,QuartierSud

Lupino

LaPréfecturedeHaute-Corse

LaDéléguéeduPréfetdanslesquartiers

populairesdeBastiaenlienavecleservice

RenouvellementurbainetCohésionsocialede

laVille

LaDéléguéeduPréfetdanslesquartierspopulairesde

Bastia.

Bordeaux,LesAubiers

AdjointeauMairedeBordeauxenchargedela

Cohésionsocialeetterritoriale

LeGIPBordeauxMédiationMétropole

LecoordinateuràlaDSU,duPointinfosProjeturbainAubiers-Lac,avec

leGIPBordeauxMétropoleMédiation,laréférentefamilleduCentred’animationBordeaux-Lacetl’animatricedudispositifDiapasonsurBordeaux(actiondesoutienàla

parentalité).

Creil,PlateauRouher

AdjointeaumaireenchargedelaViedémocratiqueetCitoyenneté

Interm’aide,associationdemédiationsocialeet

culturelle

Lamédiatricecoordinatriced’Interm’aide,enlienavecl’accompagnatriceàlavie

associativeduCIDFFetlaChefdeprojetsecteur"Viedequartier"duCentreGeorgesBrassensetle

soutiendelaMaisondelaVilleEco-citoyenneté

49

Ville,

quartierPilotage Portage Animation

Lille,

Faubourgde

Béthune

2èmeAdjointauMaire

déléguéauxpolitiquesdes

territoires(coordination

desquartiers,politiquede

laville)etàlaCitoyenneté

(démocratieparticipative,

concertationavecles

habitant-e-s)

Parolesd’habitants,

association

L’associationParolesd’Habitantsen

lienaveclaChargéedemission

égalitéfemmes-hommesetla

Concertation/GestionUrbainede

ProximitédelaVille,soutiendu

CORIF.

Mons-en-

Baroeul,4

secteursdu

Nouveau-

Mons

Adjointeàlasécurité,

politiquedelavilleet

citoyenneté

Citéo

LeCoordonnateurSécuritéet

PréventiondelaDélinquanceetle

chefdeprojetPolitiquedelaVille,

unebénévoleduCIDFFetun

médiateursocialViedelaCitéde

Citéo.

Montreuil,

LaNoue

Adjointedéléguéeau

développementterritorial

etàlapolitiquedelaville

LaDirection

Citoyenneté,Politique

delaVille,Jeunesseet

Viedes

Quartiers/Service

DéveloppementetVie

desquartiers

LecoordonnateurGUPenlienavec

leservicedemédiationsocialeet

sonéquiped’animationduPNRU.

Ville,quartier Pilotage Portage Animation

Paris20ème,

Belleville

Mairiedu20ème

arrondissementdela

VilledeParis

Quartiersdu

Monde

QuartiersdumondeenlienavecleCentre

socialArchipélia,l’équipedeDéveloppement

LocalBellevilleAmandiersetlaChargéede

développementlocaldeParisHabitat.

Rennes,

Maurepas

Conseillèremunicipale

déléguéeauxdroitsdes

femmesetàl'égalitéet

Vice-présidente

enchargedela

cohésionsocialeetde

lapolitiquedelaville

Optima35

LaChargéedemission"ÉgalitéDroitsdes

femmes"deRennesMétropole,enlienavecla

ChargéedemissionPolitiquedelaVillede

RennessurMaurepasetl’équipedes

médiatricesdenuitd’Optima35.

Saint-Etienne,

MontreynaudVilledeSaint-Etienne

Leservice

Politiquede

laVille

LaChargéed'étudeàlaMission

RenouvellementUrbainetSocialenlienavecle

servicemunicipaldemédiationsociale.

Marchesexploratoires

Annexe2–RevuedepresseListedesarticlesrecenséssurl’expérimentationnationaledemarchesexploratoires,dejanvier2014

àavril2016.

Presseécritenationale

La Gazette des communes, «Les marches exploratoires de femmes, une expertise de l’espace

urbain»,18avril2016.

Le Club Prévention Sécurité, «Les marches exploratoires de femmes, une expertise de l’espace

urbain»,13avril2016.

LePoint.fr,«"Stop-çasuffit":legouvernementchasseleharcèlementsexiste»,10novembre2015.LeMonde.fr,«Lancementd’unplande lutte contre leharcèlementdans les transports», 9 juillet

2015.

20minutes,«Harcèlement: comment les femmesse réapproprient les transportsencommun»,9

juillet2015.

Femmeactuelle,«Contreleharcèlementderue:lesfemmesveulentchangerlaville»,22juin2015.

LaCroix,«Quandlesfemmesmarchentpourluttercontrel’insécurité»,5mai2015.

LeFigaroMadame.fr,«PascaleBoistard: ladraguen’arienàvoiravecleharcèlementderue»,30

mars2015.

LeFigaro.fr,«ASaint-Etienne,desfemmesrecensentleslieuxpeusûrs»,30mars2015.

Metronews,«Lesfemmesveulentavoirdroitdecité»,13mars2015.

Metronews.fr,«Parisveutenfiniraveclesnogozonespourlesfemmes»,12mars2015.

AFP,«Desmarchesexploratoirespourquelesfemmeschangentlaville»,6mars2015.

BienPublic,«Cités:desfemmesàlareconquêtedelaville»,8mars2015.

LaGazette.fr,«Desmarchesexploratoirespourquelesfemmeschangentlaville»,6mars2015.

Femmeactuelle.fr,«PascaleBoistardsur lesexisme:«nousallons lancerunecampagnecontre le

harcèlementdanslestransports»,19février2015.

La Gazette.fr, «Violences faites aux femmes: France Médiation accompagne les marches

exploratoires»,30décembre2014.

LaGazettedescommunes,«Sécurité-Lavilleauscultéeparseshabitantes»,15décembre2014.

LeCourrierdesMaires,«Latranquillitéàl’épreuveduterrain...etducitoyen»,Décembre2014.

20minutes.fr,«Oui,lavilleaunsexequiestmasculin»,10juin2014.

Marchesexploratoires

TV,radios

France3Picardie,Journal19/20h(reportagesurlesmarchesexploratoiresàCreil),22mars2016.

FranceInter,Journalde13h(reportagesurlamarcheexploratoireàCreil),8mars2016.

France3Nord-Pas-de-Calais,Journal19/20(reportagesurlamarcheexploratoireàMons-en-Baroeul

en présence de Patrick Kanner, Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports et de Pascale

Boistard,Secrétaired’ÉtatauxDroitsdesFemmes),5février2016.

GrandLilleTv,MarcheexploratoireàMons-en-Baroeul,6février2016.

FranceBleu,«UnemarcheexploratoirepourlesfemmesàAvignon»,15décembre2015.

Franceinter,Larevuedepresse,6mai2015.

VivreFM,LaViedesassociations,18février2015.

Presserégionale/locale

LaVoixduNord.fr,«Mons-en-Baroeul:leMinistrePatrickKanneramarché3600pasauxcôtésdes

Monsoises»,5février2016.

Nord Eclair.fr, «Mons-en-Baroeul: le Ministre Patrick Kanner a marché 3600 pas aux côtés des

Monsoises»,5février2016.

Oise Hebdo, «Les femmes du Plateau Rouher font le bilan de leurs marches exploratoires», 20

janvier2016.

LeParisien-Creil,«Ellesmarchentpouraméliorerleurquotidien»,20janvier2016.

LeParisien.fr,«EllesparcourentlesruesdeCreilpoursuggérerdesaméliorations»,19janvier2016.

LeParisien.fr,«ACreil,lesfemmesontdespropositionspourlecadredevie»,15janvier2016.

La Voix du Nord.fr, «Élu-e-s et urbanistes à l’écoute des femmes du faubourg de Béthune», 24

septembre2015.

Le Progrès, «Cotonne-Devey-Malacussy: La marche exploratoire des femmes fait avancer les

choses»,3août2015.

LeProgrès,«Unplandeluttepouraiderlesvictimes»,18juillet2015.

CorseNet Infos, «Marches exploratoires des femmes dans les quartiers Sud: Bastia et 10 autres

villesseulement...»,2juin2015.

LaVoixduNord.fr,«FaubourgdeBéthune:lesfemmessemettentenmarchepourleurquartier»,

2juin2015.

LaVoixduNord.fr,«Desmarchesexploratoirespouridentifiercequiinsécuriselesfemmes»,4mai

2015.

53

LaVoixduNord.fr,«Cequivoient les femmesquandellesmarchentdans les ruesdeMons»,23

avril2015.

LaVoixduNord.fr,«Mons-en-Baroeul:Lesfemmessepréparentàsillonnerlavillepourencorriger

lesdéfauts»,13mars2015.

Nord Éclair, «Mons-en-Baroeul: Les femmes se préparent à sillonner la ville pour en corriger les

défauts»,13mars2015.

CourrierPicard,«Desmarchesexploratoirespourquelesfemmeschangentlaville»,6mars2015.

LeProgrès,«Cesfemmesquipartentàlareconquêtedelabanlieue»,8mars2015.

L’Aslsace.fr,«Journéedelafemme:femmesàlareconquêtedelaville»,8mars2015.

LeParisien–Oise, «Desmarchespourque les femmes réinvestissent l’espacepublic», 20 février

2015.

LaVoixduNord.fr,«Mons-en-Baroeul:desmarchesexploratoirespourque les femmesprennent

leurplace»,2février2015.

ParisNormandie.fr,«L’enseignementduterrain»,12décembre2014.

LeProgrès,«Élusetservicesmunicipauxàlarencontredesfemmesduquartier»,4novembre2014.

LeParisien,«Commentredonnerauxfemmesleurplacedanslaville»,EditionOise-Creil,14octobre

2014.

LeParisien.fr,«Commentredonnerauxfemmesleurplacedanslaville»,14octobre2014.

Web,blogs,sitesinstitutionnels,centresderessources

VilledeMonsenBaroeul,«RegardsdeMonsoisessurnotreville»,5février2016.

Ville.gouv.fr, «Marches exploratoires de femmes: Patrick Kanner à Mons-en-Baroeul», 5 février

2016.

Préfecture du Nord, «Cadre de vie: déplacement de Patrick Kanner et de Pascale Boistard», 5

février2016.

APRILES (Agence des pratiques et initiatives locales), «Les marches exploratoires de femmes:

rendreleshabitantesactricesdeleurcadredevie»,28septembre2015.

Sharknews, «Un plan de lutte contre le harcèlement dans les transports vient d’être lancé», 10

juillet2015.

MediapartleClub,«AveclesmarcheusesdeBastiapourladémocratieparticipativelocale»,2juin

2015.

Ville.gouv.fr,«Desmarchesexploratoiresexpérimentéesdans12villes»,avril2015.

54

FranceJeux.com«Politiquedelaville,sport:desmesuresconcrètesenmatièred’égalitéhommes

femmes»,29avril2015.

Creilendirect,«Creil,Villepiloteduprojetnationaldemarchesexploratoires:quand les femmes

changentlaville»,avril2015.

SaintéMag,«Laparoledesfemmes,çamarche»,N°61,décembre2014.

CheekMagazine,«Harcèlement:larueestànousaussi!»,25juin2014.

Marchesexploratoires

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