Introduction

Le Qatar est situé en Asie occidentale dans la péninsule arabique le long du Golfe arabo-persique. Ce pays possède une superficie totale 11 586km2, ce qui apparaît exigu à l’échelle mondiale et correspond peu ou prou à la superficie de la région Île de France. La densité est de 185 habitants par km2. Le PIB/habitants est très élevé à 145 894 $ tandis que l'IDH est de 0,86.

Le Qatar est une monarchie héréditaire dont l'émir est actuellement est Tamim ben Hamad Al Thani. Devenue indépendante très récemment cet péninsule était jusqu'en 1971 un protectorat britannique. Sa population est de 2 ,83 millions d'habitants en 2017 dont environ 80% vivent dans l’agglomération principale, la capitale Doha. Cette population est constituée de seulement un tiers de femmes ce qui est inédit à l’échelle mondiale.

En outre, le pourcentage d'étrangers, en quasi totalité des hommes, est de 80%. Cette situation résulte de la forte demande de main d’œuvre principalement dans le secteur bâtiment quia engendré un afflux depuis le début du siècle. Beaucoup des ces hommes migrent depuis leur pays, le Népal, le Pakistan ou l’Indonésie afin de subvenir aux besoins de leur famille. Ils vivent dans des conditions de vie déplorables dénoncées par les ONG et perçoivent des salaires ridicules au regard de la richesse du pays et de la difficulté (voire le danger) de travaux exécutés par des températures extrêmes.

Camille +

Au cœur des tensions du golfe arabo-persique

Le Qatar est situé dans le golfe arabo-persique. Il est entouré de plusieurs pays (Bahrein, Émirats Arabes Unis,…) mais c’est sa relation à ses deux

voisins principaux et rivaux, l’Arabie Saoudite et l’Iran qui le place au cœur des tensions actuelles de la région.

La richesse de ce pays repose sur l’exploitation des hydrocarbures avant tout le gaz naturel, exporté liquéfié, dans le monde entier.

Comment et pourquoi le Qatar est-il au coeur des tensions du golfe arabo-persique?

Un jeune EtatLe Qatar est devenu indépendant le 3 septembre 1971. Le gouvernement qatarien contrôle étroitement une population qui vit à 90% dans des espaces urbains côtiers, entre mer et désert. Les libertés sont restreintes. Particulièrement la place des femmes pose question quand bien même elles disposent du droit de vote.

Dans le sillage de l’Arabie Saoudite

Le Qatar est soutenu militairement, politiquement et économiquement par l’Arabie Saoudite depuis sa création. Avec la manne des hydrocarbures, la société est entrée dans une dynamique de développement qui s’est traduite par l’amélioration de l’habitat, de l’éducation et de la santé de la population. Comme la puissance régionale saoudienne voisine, le Qatar est entré dans l’orbite des Etats-Unis. Par exemple, à l’occasion de la Guerre du Golfe dans laquelle il s’engage en 1991 aux côtés de la coalition internationale menée par les Etats-Unis. Depuis 1992, en outre, le Qatar est lié aux Etats-Unis par un accord de défense secret qui permet à ces derniers de disposer d’une base stratégique importante au cœur du golfe.

L’impossible autonomisation du Qatar ?Mais le Qatar a depuis opéré un rapprochement diplomatique et économique avec son autre grand voisin, l’Iran. Il dispose, en effet, d’une frontière maritime avec l’Iran et exploite avec lui un des plus grands gisements gaziers off-shore du monde. Les conditions d’un rapprochement sont donc parfaitement compréhensibles. Cependant, ce rapprochement irrite les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite qui, à bout d’arguments, ont décidé depuis juin 2017, de soumettre Doha à un embargo commercial. L’objectif est de faire plier un gouvernement dont l’économie dépend à 90% des importations pour l’alimentation de la population. La raison officielle invoquée, le financement de groupes extrémistes islamistes, ne trompe personne. C’est bien l’Iran qu’il convient de maintenir dans l’isolement le plus hermétique possible, politique sur laquelle Doha ne s’aligne plus. C’est dans ce contexte tendu que le Qatar a décidé, en janvier 2019, de quitter l’OPEP, le cartel qui régit le marché du pétrole. Officiellement il s’agit de se concentrer sur la production de gaz naturel liquéfié dont il est le premier producteur mondial. Cela semble plutôt traduire la volonté de l’émir Al Thani de suivre une ligne diplomatique plus indépendante des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite.

Marie +

Le paradoxe qatarien : la puissance démesurée d'un petit

Etat

La place du Qatar dans le monde interroge. Emirat indépendant depuis 1971, ce petit état possède de grandes ambitions économique et politique. La richesse du Qatar lui permet, en effet, d'exercer une influence considérable dans le monde peu en rapport avec la superficie de son territoire.

Valoriser la manne des hydrocarbures pour préparer l’avenirDisposant des liquidités massives de la rente des hydrocarbures et soucieux de diversifier son économie, le Qatar a été au XXIe siècle l’un des plus gros investisseurs mondiaux. L'entreprise nationale qui réalise ces investissements au nom du Qatar (QIA) a investi environ 335 milliards de dollars dans le monde comme par exemple en Australie avec l’achat de terres (land grabbing).

Ces investissements ont été particulièrement importants en France. Les acquisitions y ont été nombreuses notamment dans le sport, les médias, l’hôtellerie de luxe et la distribution ce qui n’a pas été sans susciter des inquiétudes importantes.

Un partenaire économique important pour la FranceLa France entretient néanmoins des relations étroites avec le Qatar depuis de nombreuses années.

ouverture de l'ambassade du Qatar en France dès 1972;

signature de deux accords de défense en 1994 et 1998.

Depuis lors, les visites diplomatiques fréquentes attestent l’étroitesse des relations. A fortiori, elles impliquent régulièrement les deux chefs d’‘Etat.

Les investissements qatarien en France Les choix d’investissement en France sont à la fois stratégiques et symboliques. Ils accompagnent notamment la volonté des autorités qataris de diversifier leur économie.

Le pays possède ainsi des parts dans les plus grands groupes français tels que Lagardère, Véolia, Total et Vinci. Toutes ces entreprises mènent des activités au Qatar en exploitant des gisements de pétrole, construisant

des routes ou des lignes de métro.

L'investissement immobilier en France est aussi très important. Ainsi, l'émir Al-Thani possède lui-même un «palais» à Marne la Coquette, en proche banlieue de Paris. L’investissement dans le secteur du luxe et du tourisme haut de gamme, particulièrement emblématique, s’est appuyé sur le rachat d’hôtels parisiens de luxe comme le Royal Monceau ou de palaces de la Côte d'Azur comme le Carlton de Cannes. En retour, la restauration à grands frais de ces établissements est une aubaine pour l'artisanat de luxe et le savoir faire français. Enfin, plus de 120 entreprises françaises de l’industrie du luxe, un des fleurons français, sont présentes au Qatar (Dior, Louboutin…).

Les relations économiques entre les deux économies sont donc solides et tendent même à se renforcer. Les flux commerciaux dépassent depuis 2014 les 2 milliards d'euros. La balance commerciale penche en faveur de la France particulièrement avec le bond de 10% des exportations françaises vers le Qatar en 2017.

Mais l'acquisition la plus médiatisée de Doha reste celle de club de football du Paris Saint Germain en 2011.

Ce petit émirat, immensément riche, grâce à ses hydrocarbures et à sa réserve mondiale de gaz naturel est donc un partenaire privilégié de la France. Cela n’est pas sans susciter des réticences dans l'hexagone en raison de la place accordée aux femmes par Doha mais surtout d’un soutien dénoncé par certains à des groupes terroristes. Le Qatar qui veille à garder une bonne image, dit lutter en partenariat avec la France contre le financement du terrorisme.

Les relations économiques fortes entre la France et le Qatar se déploient aussi sur le plan politique. La France tente, en effet, de jouer un rôle de médiateur sur la scène très tendue du Golfe et particulièrement dans le conflit opposant l’Arabie saoudite au Qatar.

Etienne +

Qatar : pourquoi le PSG ?

En 2011, le fonds souverain Qatar Investment Authority rachète 70 % des parts du Paris-Saint-Germain. Alors que les icônes Grégory Coupet et Claude Makelele prennent leur retraite et que Ludovic Giuly est transféré à l'AS Monaco, Colony Capital, l’ancien propriétaire, signe l'arrivée du

gardien Nicolas Douchez avant de passer la main aux Qatariens. Les dirigeants de QSI, par l'intermédiaire de Nasser Al-Khelaïfi, encore à la tête du club aujourd’hui, fixent des objectifs ambitieux et apportent des moyens financiers considérables : un peu plus de cent millions d'euros pour recruter des joueurs pendant l'été 2011. QSI annonce vouloir remporter le championnat de France, les coupes nationales ainsi que la Ligue des champions à moyen terme. Le 6 mars 2012 QSI rachète les 30 % restant du club à Colony Capital. Dès ce jour QSI est propriétaire à 100 % du club parisien. Durant ces huit dernières années, le PSG est devenu un grand club européen notamment avec les arrivées de joueurs comme Neymar Jr et Kylian Mbappé pour respectivement 220 millions et 180 millions d’euros.

Ce que le PSG apporte au QatarL’achat du PSG a pour objectif de donner au Qatar une crédibilité sportive, un regain touristique ainsi qu’un levier diplomatique. Grâce au PSG, le Qatar s’est créé une place importante dans le monde du sport et surtout dans le monde du football. Le Qatar n'aurait peut-être pas racheté le PSG s'il n'avait pas obtenu l'organisation de la Coupe du monde 2022, six mois plus tôt. Si des soupçons de corruption pèsent sur la décision de la FIFA, l’acquisition du PSG traduit une volonté de s’établir durablement sur la scène du football européen et mondialisé. Le club de la capitale donne au Qatar l'occasion de mieux préparer un Mondial inédit sous de nombreux aspects. Nabil Ennasri, docteur en sciences politiques et directeur de l'Observatoire du Qatar, détaille : « Un peu plus de sept ans après [le rachat du club], le bilan est mitigé, mais, tant bien que mal, malgré les critiques, Neymar est au PSG, partenaire de QNB (Qatar National Bank) et ambassadeur du Mondial. Les clubs viennent faire des stages à Doha, les stars en fin de carrière jouent dans le championnat… Ça devient une terre de football. »

2022: Un Mondial automnal sur 40 km2

Caricature de Chappatte, Octobre 2019

Dans cette équation très politique, l'émirat tente aussi de rattraper son retard sur le plan touristique. Un objectif qui devient central au cours de la tournée marketing annuelle parisienne. Pour que les images soient bien relayées, le Qatar a étoffé la délégation médiatique en invitant un certain nombre de journalistes étrangers. Certes le pays n’est pas très attractif selon Nabil Ennasri mais les jeunes fans ayant dans leur chambre des affiches de leurs idoles seront inconsciemment attirés par ce pays qui possède leur club favori.

Dans l’optique d’accroître la visibilité internationale du Qatar, le PSG n'est qu'une pièce du puzzle, plus petite que la chaîne d'info

internationale Al Jazeera ou l'organisation de la Coupe du monde 2022. Mais les retombées sont concrètes dans un contexte régional très tendu pour Doha. Depuis 2017, ses voisins ont, en effet, instauré un blocus économique sur l’émirat. Un mois après, les Qatariens se sont offert une publicité mondiale en achetant Neymar.

Ce que le Qatar apporte au PSGDepuis son arrivée à la tête du PSG, le Qatar a investi pour plus de 1,2 milliard d’euros dans l’achat de joueurs internationaux et d’espoirs prometteurs. Aujourd’hui 20 des 28 joueurs du club sont internationaux, et tous les jeunes jouent dans les équipes nationales espoirs. Grâce à ces achats, QSI a apporté un rayonnement international au PSG si bien que ce dernier est connu dans le monde entier comme le club phare français.

Clémence +

La place de la femme au Qatar

Dans un Etat qui se veut moderne comme le Qatar, la place de la femme qatarienne ne peut être ordinaire. Au-delà des préjugés et des lieux communs, la femme qatarienne

«Répondre à un homme, c'est être une mauvaise fille » (Témoignage de Jihane cité dans «Le Point», Armin Arefi, décembre 2014).

Le Qatar est un pays islamique et la Charia est la base de son gouvernement. Cependant si le port du voile y est très présent, la loi n’oblige pas son port. Il est, la plupart du temps, imposé par la famille. Ce pays a pendant 18 ans été dirigé par l’émir Hamad avec une présence forte à ses côtés, celle assumée par sa deuxième épouse Sheikha Moza. L’élan qu’elle a créé a permis aux femmes du Qatar de s’insérer dans tous les rouages de la société qatarienne y compris dans des rôles hautement stratégiques. Les femmes au Qatar représentent seulement un tiers de la population. Cela est dû à la forte présence d’homme immigrés.

Les femmes sont libres de faire des études et d’exercer un emploi. Le code du travail qatari applique l’égalité salariale entre les hommes et les femmes. L'image et la représentation que l’on se fait de la condition féminine à l’extérieur du pays sont que les femmes du Qatar sont en position d’infériorité. Certes certains secteurs demeurent réservés

exclusivement aux hommes comme par exemple l’agriculture ou la pêche mais il n’est pas rare de voir des femmes occuper des positions de cadre ou de direction. En 2012, seulement 35% des femmes qatarienne en âge de travailler étaient actives. Un pourcentage qui évolue peu et montre que les libertés dans le monde du travail sont soumises à la culture du pays qui reste toujours très conservatrice. Les femmes continuent à faire face aux contraintes d’une société patriarcale et à des discriminations culturelles.

Droit de vote et lois aberrantesLes femmes au Qatar votent et peuvent se présenter à des postes électifs. Le droit de vote est récent. Il a été établi pour les premières élections municipales tenues le 8 mars 1999 et accordé aux femmes en même temps qu'aux hommes.

Pourtant si une femme dispose du droit de vote, elle peut en revanche être aussi jugée pour avoir été victime de viol. Il s’agit d’une situation aberrante dont a été victime une jeune néerlandaise en vacances dans l’émirat(source: Camille Gillet, L'Humanité, juin 2016).

La situation des femmes au Qatar est complexe. Si elle tend à s’améliorer, a condition féminine souffre encore de multiples restrictions. Le combat des Qatariennes continue pour tenter d’occuper une place égale aux hommes dans la société. La parité se heurte encore fortement à la tradition.